Le Fil 19 avril 2018

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Besoin de fer ? p5

170 ans d’histoire p10-11

Volume 54, numéro 25 19 avril 2018

Au sommet, les meilleurs !

Douze étudiants-athlètes, tous membres du Rouge et Or, sont nommés athlètes par excellence au Québec et trois d’entre eux décrochent le même titre au pays. p 2-3


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Des athlètes par excellence En 2017-2018, 12 étudiants et étudiantes de l’Université Laval ont été nommés athlètes par excellence au Québec et 3 d’entre eux ont aussi reçu le titre d’athlète par excellence au Canada

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par Yvon Larose Qu’ils soient en pleine course sur une piste intérieure ou en plein air, qu’ils dévalent les pentes enneigées sur leurs skis, qu’ils frappent avec une adresse consommée une balle de golf, un ballon de volleyball ou un ballon de soccer, ou bien qu’ils jouent stratégiquement à l’attaque ou à la défense sur un vaste terrain de football, plusieurs étudiants-athlètes et étudiantes-athlètes de l’Université Laval passés maîtres dans leur art ont été récompensés en 2017-2018. Le Réseau du sport étudiant du Québec en a reconnu 12 comme athlètes par excellence. Tous sont membres du programme d’excellence sportive Rouge et Or. Dans le lot, U Sports, le réseau du sport universitaire canadien, en a reconnu trois comme athlètes par excellence au Canada. Ce sont, par ordre alphabétique, Adam Auclair et Mathieu Betts au football ainsi qu’Yves Sikubwabo au cross-country.

UN FOOTBALLEUR DANS L’ÂME

Adam Auclair, le numéro 2 du club de football Rouge et Or, ne cesse d’impressionner. En 2016, il faisait ses débuts au football universitaire canadien comme demi défensif. Ce solide gaillard de 6 pieds 2 pouces et de 200 livres sera de l’alignement de départ des huit matchs de la saison régulière de son équipe, puis il aidera celle-ci à remporter la coupe Vanier, symbole de la suprématie au football universitaire au Canada. Au terme de la saison, il sera nommé au sein de la deuxième équipe d’étoiles défensive du football universitaire canadien. En 2017, on confie à Adam Auclair le poste de secondeur hybride. Il s’acquitte brillamment de son nouveau rôle, au point d’être choisi, en fin de saison, joueur défensif par excellence au Canada. « Le rôle de secondeur hybride est une grosse responsabilité, explique l’étudiant-

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athlète de 22 ans inscrit au baccalauréat en enseignement de l’éducation physique et à la santé. Je suis un peu secondeur et un peu demi défensif. Cet entredeux est une position complexe à jouer. Il faut être rapide comme un demi défensif et rapide et puissant comme un secondeur. Mais j’aime vraiment cette polyvalence. Je peux être appelé à couvrir un receveur de passes. Je peux mettre la pression sur le quart-arrière lors d’un blitz. Je peux parfois me rendre jusqu’au quart-arrière et le plaquer. » Au cours de la saison 2017, Adam Auclair a réussi 41 plaqués, dont 32 en solo. Il a aussi réalisé 3 interceptions, en plus de rabattre 2 passes. « Avant les matchs, indique-til, quand je sais que je dois couvrir tel receveur, je vais beaucoup étudier les vidéos des parties que ce joueur a disputées. J’aime connaître la manière dont un joueur court ses tracés de passe. » Le footballeur vedette se passionne depuis son jeune âge pour ce sport spectaculaire, rapide, dur et intense. « J’ai commencé à jouer à neuf ans et je n’ai jamais arrêté, dit-il. J’ai fait tous les camps de perfectionnement, j’ai fait Équipe Québec. J’ai le football en moi. C’est un des plus beaux sports collectifs. Je joue parce que j’aime vraiment ça. » Adam est le frère cadet d’Anthony Auclair. Cet ancien porte-couleurs du club de football Rouge et Or s’est taillé une place, l’an dernier, dans l’alignement des Buccaneers de Tampa Bay, une formation de la National

1. Le secondeur hybride Adam Auclair a réussi 41 plaqués, dont 32 en solo, en 2017. photo Yan Doublet

Football League. Cet exemple lui sert-il d’inspiration ? « Je vis au jour le jour, répond Adam Auclair. J’aimerais me rendre le plus loin possible. Je m’entraîne chaque année pour pouvoir avoir de bonnes performances durant la saison qui vient. » UNE COUREUSE POLYVALENTE

La session d’hiver d’Aurélie Dubé-Lavoie, étudiante au baccalauréat en droit et membre vedette du club de cross-country Rouge et Or, a été fertile en émotions. En mars, elle prenait part au championnat universitaire canadien de cross-country, au cours duquel elle a récolté deux médailles de bronze. Puis, au début avril, elle s’est envolée pour la Suisse afin de participer au championnat mondial universitaire de cross-country. Résultat : une 35 e place à l’épreuve du 10 kilomètres et un temps de

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Le journal de la communauté universitaire Fondé en 1965, Le Fil est un hebdomadaire publié 29 fois par an par la Direction des communications de l’Université Laval et distribué gratuitement sur le campus.

2. La coureuse de cross-country Aurélie Dubé-Lavoie est aussi à l’aise au 1 500 mètres qu’au 5 000 mètres. photo Mathieu Bélanger

Vous désirez proposer un sujet d’article ? Écrivez-nous à l’adresse le-fil@dc.ulaval.ca au plus tard le mercredi midi précédant la prochaine parution. Les textes soumis doivent comporter le nom et le numéro de téléphone de leur auteur. Écrivez-nous ! Le Fil accueille vos idées avec plaisir. Le contenu de ce journal peut être reproduit à condition de mentionner la source et l’auteur.

38 minutes 43 secondes et 2 dixièmes. « Le 10 kilomètres n’est pas ma spécialité, dit-elle. Je suis assez satisfaite, même si je visais une position entre le vingtième et le trentième rang. Pour ce qui est de la performance, ce n’était pas la meilleure de ma vie. Mais, globalement, comme expérience et en tant que représentante du Canada, ce fut marquant. » L’étudiante-athlète a réalisé le quatrième meilleur temps de la délégation féminine canadienne, ce qui a permis aux Canadiennes de terminer la compétition en cinquième position. Ce qu’elle a retenu de cette course ? « Être plus audacieuse, plus combative, répond-elle, en particulier dans la seconde moitié du parcours où l’on peut avoir tendance à ralentir. » Au terme de la saison 2017, le Réseau du sport étudiant du Québec a décerné

Rédaction Éditeur : Jacques Villemure, directeur des communications Rédactrice en chef : Claudine Magny Journalistes : Matthieu Dessureault, Jean Hamann, Yvon Larose Collaborateurs : Jenny Aumais, Pascale Guéricolas, Stéphane Jobin, Nathalie Kinnard, Mathieu Tanguay Collaborateurs au Web : Carl Bélanger, Thierry Mellon Rédactrice-réviseure : Manon Plante Agente de secrétariat : Sophie Leroux

Production Infographie : Geneviève Bolduc, Service de reprographie de l’Université Laval Impression : TC Imprimeries Transcontinental, Québec (Québec)

à Aurélie Dubé-Lavoie le titre d’athlète par excellence en cross-country. L’étudiante venait de terminer septième du championnat universitaire canadien, ce qui lui a permis d’obtenir une place au sein de la première équipe d’étoiles au Canada. Durant cette compétition, l’équipe féminine de crosscountry Rouge et Or a remporté, pour la première fois de son histoire, une médaille nationale, le bronze. En 2015, Aurélie DubéLavoie prenait part au championnat panaméricain junior dans l’épreuve du 5 000 mètres. « C’était ma première équipe nationale, précise-telle. J’ai beaucoup appris. » La polyvalence caractérise cette étudiante-athlète. « Je suis à l’aise dans un large éventail de possibilités, indique-t-elle, autant au 1 500 m qu’au 5 000 m. Faire différentes distances est plaisant. Mais, éventuellement,

Placements publicitaires Claudine Trudel 418 656-2131 poste 6415 Dépôt légal Bibliothèque nationale du Québec, ISSN 022-1-1965

Pour nous joindre 2325, rue de l’Université, local 3108 Québec (Québec) G1V 0A6 Téléphone : 418 656-2131 poste 4687


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3. Cet hiver, le skieur alpin Simon-Claude Toutant a remporté un quatrième titre de champion de sa discipline dans le circuit universitaire québécois. photo Jean-Baptiste Benavent 4. Le volleyeur Vicente Ignacio Parraguirre Villalobos faisait partie de l’équipe nationale senior du Chili avant de se joindre au Rouge et Or. photo Mathieu Bélanger 5. Pour une deuxième saison d’affilée, l’ailier défensif Mathieu Betts a reçu le trophée remis au meilleur joueur de ligne universitaire au Canada. photo Yan Doublet 6. Recrue féminine de l’année dans sa discipline au Québec en 2015, la golfeuse Elizabeth Asselin a été sélectionnée dans la première équipe d’étoiles féminine au Québec en 2017. photo Mathieu Bélanger 7. Cet hiver, la joueuse de soccer intérieur Mélissa Roy a aidé son équipe à disputer six matchs sans défaite, pour la troisième fois en quatre ans. photo Mathieu Bélanger

ce sera pas mal le 1 500 m. » La détermination, l’endurance et le dépassement de soi font partie de ses qualités d’athlète. Elle dit ap précier la liberté que lui apporte courir en plein air. « En plein air, souligne-telle, être à la merci de la météo, du froid et de la pluie ajoute à l’expérience. » Et ces couleurs rouge et or qu’elle arbore sur le visage en compétition ? « Ce sont surtout les filles du club qui le font, et lors d’une compétition importante, répondelle. Nous affichons nos couleurs. Nous sommes prêtes à nous battre pour notre université. »

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Par ailleurs, le Rouge et Or honorait, le 12 avril, lors du 67e Gala Rouge et Or présenté par RBC, ses athlètes s’étant distingués au cours de l’année 2017-2018. Pour plus d’information, lisez l’article en p.19.

Douze étudiants-athlètes de haut niveau • Elizabeth Asselin (golf), baccalauréat en enseignement de l’éducation physique et à la santé • Adam Auclair (football), baccalauréat en enseignement de l’éducation physique et à la santé (aussi titre canadien) • Mathieu Betts (football), baccalauréat en enseignement de l’éducation physique et à la santé (aussi titre canadien) • Aurélie Dubé-Lavoie (cross-country), baccalauréat en droit • Jessy Lacourse (athlétisme), baccalauréat en éducation au préscolaire et en enseignement au primaire • Nicolas Morin (athlétisme), certificat en art et science de l’animation • Baptiste Mory (golf), baccalauréat en administration des affaires • Vicente Ignacio Parraguirre Villalobos (volleyball), baccalauréat en administration des affaires • Hugo Richard (football), baccalauréat en génie mécanique • Mélissa Roy (soccer intérieur), baccalauréat en service social • Yves Sikubwabo (cross-country), baccalauréat en mathématiques (aussi titre canadien) • Simon-Claude Toutant (ski alpin), études libres

9 Les 12 étudiants-athlètes par excellence au Québec se sont distingués en athlétisme, en cross-country, en football, en golf, en ski alpin, en soccer et en volleyball 8. En mars dernier, le coureur Nicolas Morin a remporté l’argent au 1 000 mètres au championnat canadien universitaire, aidant ainsi l’équipe masculine du Rouge et Or à terminer au troisième rang national. photo Yan Doublet 9. Pour une deuxième saison consécutive, le coureur de cross-country Yves Sikubwabo s’est affirmé comme le meilleur athlète masculin de son sport au Québec et au Canada. photo APShutter.com


actualités UL Un équilibre budgétaire maintenu

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En 2018-2019, l’Université disposera d’un budget de fonctionnement de 650 M $ par Yvon Larose « Nous avons réussi à produire un budget équilibré grâce à la contribution de la communauté universitaire et à l’expertise de l’équipe du Service des finances. La nouvelle direction de l’Université part du bon pied. » Le mercredi 18 avril, le vice-recteur à l’administration André Darveau a déposé la version finale du budget 2018-2019 au Conseil d’administration. Encore une fois, et ce, depuis plusieurs années, la direction de l’Université réussit le tour de force d’at­ teindre l’équilibre entre ses revenus et ses dépenses. « Cette situation, souligne le vicerecteur, nous donne une marge de ma­­ nœuvre. L’équilibre garantit notre entière autonomie de gestion. Nous restons maîtres de nos grandes décisions. » André Darveau insiste sur le caractère transitoire du budget. « Nous ne connaissions pas encore les détails du plan straté­ gique, qui a été présenté au Conseil cet hiver, explique-t-il. Nous ne connaissions pas non plus les détails, donc les conséquences réelles sur nos finances, de la mise à jour de la formule de financement des universités du Ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur (MEES). Le budget de l’an prochain sera différent. » Le budget de fonctionnement 2018-2019 prévoit des revenus totaux de 650 088 000 $, soit une augmentation de 1,9 % par rapport au budget de 2017-2018. Les principales sources de revenus sont le MEES (434,2 M $), en augmentation de 1,3 %, et les droits de scolarité et autres frais (114,3 M $), en augmentation de 3,1 %. Les principaux postes de dépenses sont l’enseignement régulier et la recherche libre (410,3 M $), en hausse de 1,0 %, et le soutien à l’enseignement et à la recherche (167,6 M $), en hausse de 3,8 %. Toujours dans la colonne des dépenses, 585 000 $ iront au service de la dette, une forte hausse par rapport à 2017-2018. « Cette augmentation

substantielle est due essentiellement à l’augmentation des taux d’intérêt en 2017 », in­­ dique André Darveau. Le budget de fonctionnement est assorti d’un budget d’investissement de 38,6 M $. Cette somme finance notamment les travaux de réaménagement et de rénovation, l’acquisition de mobilier, l’appareillage et l’outillage ainsi que le développement des systèmes d’information. « Si l’on ajoute le budget d’investissement au budget de fonctionnement ainsi que les fonds obtenus par nos chercheurs, l’Université disposera d’un budget global de l’ordre du milliard de d ­ ollars, souligne le vice-recteur. Cet outil considérable permet à l’Université d’atteindre ses objectifs, qui demeurent une formation et des activités de recherche de très grande qualité. » L’Université a connu, ces dernières années, des périodes de hausses importantes en matière de recrutement. On s’attend maintenant à une légère baisse de l’effectif, donc à des rentrées d’argent moindres. « Ce phénomène de baisse peut s’expliquer par le déclin démographique et par un marché du travail particulièrement attirant, soutient André Darveau. Une solution se trouve du côté des étudiants étrangers. L’Université mettra en branle toutes sortes de stratégies pour ­d évelopper da­­vantage le recrutement à l’international. » Le nouveau budget prévoit une somme de 66 M $ pour le soutien financier des étudiants de tous les cycles. « L’appui financier aux étudiants nous tient à cœur », affirme le vice-recteur. De plus, 10 M $ serviront à combler les déficits des régimes de retraite de l’Université. « Nous avons, dit-il, stabilisé une somme de 10 M $, qui le restera et qui sera constante pour les 10 à 12 prochaines années. » Enfin, une somme supplémentaire viendra en appui aux projets découlant de la planification stratégique, comme les Les principaux postes de dépenses sont l’enseignement régulier et la recherche libre ainsi que Chantiers d’avenir. le soutien à l’enseignement et à la recherche.

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L’équilibre garantit notre entière autonomie de gestion. Nous restons maîtres de nos grandes décisions.

L’Université entend mettre en branle toutes sortes de stratégies pour développer davantage le recrutement à l’international. photo Marc Robitaille

André Darveau, vice-recteur à l’administration.


médecine

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en bref

Construction du Centre de données massives

Les études consacrées à la fatigue rapportent que ce problème touche de 7 % à 45 % de la population et des patients qui consultent pour des soins de première ligne.

Besoin de fer ? Des chercheurs évaluent la pertinence d’une suppplémentation en fer pour les personnes fatiguées qui ne sont pas anémiques par Jean Hamann Vous vous sentez fatigué, vous n’avez plus d’entrain, vos réserves d’énergie sont à plat, mais vos analyses sanguines indiquent que vous ne souffrez pas d’anémie ? Des aliments riches en fer ou des suppléments de fer pourraient tout de même vous regaillardir, suggère une méta-analyse réalisée par une équipe de 12 chercheurs canadiens, dont Alexis Turgeon, de la Faculté de médecine et du CHU de Québec – Université Laval. Cet apport en fer ne fera pas de prodiges sur le plan de vos capacités physiques, mais il pourrait toutefois réduire votre perception de fatigue, concluent les chercheurs dans un article publié par le British Medical Journal Open. « Le manque de fer touche environ 2 milliards de personnes sur la planète. Selon l’Organisation mondiale de la santé, c’est la carence alimentaire la plus répandue », souligne Alexis Turgeon. Lorsque cette carence en­­ traîne une baisse importante de la production des globules rouges, on dit qu’il y a anémie de type ferriprive. Cette condition se traduit souvent par de la fatigue et par une capacité réduite de travail musculaire dont l’importance est en lien direct avec la gravité de l’anémie. Chez les personnes souffrant d’anémie, la prise de suppléments de fer aide à corriger ces problèmes. Par contre, l’effet d’une supplémentation en fer chez les personnes qui ont une carence en fer sans pour autant être anémiques ne fait pas consensus.

Pour tenter d’y voir plus clair, le professeur Turgeon, qui dirige le Centre Cochrane Canada francophone au Centre de recherche du CHU de Québec – Université Laval, et ses collaborateurs ont écumé la littérature scientifique sur le sujet. Ce travail leur a permis de réunir 18 études randomisées portant sur 1 170 sujets non anémiques qui avaient une carence en fer. L’analyse détaillée de ces études suggère que la prise de suppléments de fer pendant un mois n’améliore pas la capacité de travail musculaire, les performances à des épreuves chronométrées ou la consommation maximale d’oxygène chez les personnes qui ne sont pas anémiques. Par contre, cet apport en fer entraîne une augmentation du taux d’hémoglobine et de fer dans le sang ainsi qu’une réduction des indicateurs servant à évaluer subjectivement la fatigue. La fatigue est un problème très courant dans la population et chez les personnes qui consultent leur médecin. Selon différentes études consacrées à la question, sa prévalence va de 7 % à 45 %. Aux États-Unis seulement, les coûts économiques indirects engendrés par la fatigue se chiffrent à plus de 9 G $ par année. « Il y aurait lieu d’envisager la consommation d’aliments riches en fer ou une supplémentation en fer pour les personnes qui ressentent de la fatigue et qui ont un taux de fer bas, même si elles ne sont pas anémiques, résume le professeur Turgeon.

Cette approche est déjà répandue en milieu clinique, mais, avant d’en faire une recommandation de bonne pratique, il faudrait un niveau de preuve plus élevé. Considérant la prévalence de la carence en fer, il serait facile de recruter suffisamment de sujets pour mener une étude randomisée permettant de tirer la question au clair de façon rigoureuse. » Le professeur Turgeon met en garde les personnes fatiguées qui seraient tentées de s’autoprescrire des suppléments de fer pour améliorer leur condition. « Il n’y a qu’une façon de savoir si vous avez une carence en fer et c’est de consulter votre médecin qui demandera un test de fer sanguin pour vous. Sauf dans certaines situations précises, l’autodiagnostic n’est jamais une bonne idée. »

Aux États-Unis seulement, les coûts économiques indirects engendrés par la fatigue se chiffrent à plus de 9 G $ par année

Situé sur la rue de la Terrasse, entre le pavillon de Médecine dentaire et la Centrale d’eau re­­ froidie du secteur ouest, le Centre de données massives (CDM) aura pour objectif de mettre en place une offre de services liés à la collecte, au traitement et à la valorisation des données massives. En plus d’alimenter en électricité d’urgence le Centre de calcul de haute performance et différents pavillons, le CDM vise à soutenir les activités de recherche de l’Université qui génèrent ou font appel à de grandes quantités de données, tels les travaux de re­­ cherche de Sentinelle Nord, l’espace collabo­ ratif PULSAR ou encore les nouveaux programmes d’enseignement, dont le programme de maîtrise en informatique avec majeure en intelligence artificielle. Les travaux, estimés à 21,5 M $, sont financés par le programme fédéral du Fonds d’investissement stratégique (FIS) pour les établissements postsecondaires et s’échelonneront jusqu’en janvier 2019.

Chantiers d’avenir : les échanges se poursuivent ! Former des citoyens de demain capables de transformer nos sociétés : tel est l’un des objectifs inspirants et audacieux que s’est donnés l’Université Laval dans le cadre des Chantiers d’avenir. Les 9 et 17 avril, plus de 125 professeurs étaient rassemblés afin d’échanger sur les Chantiers d’avenir. En compagnie de l’équipe de direction, la rectrice, Sophie D’Amours, et le vice-recteur adjoint aux études et aux affaires étudiantes, Claude Savard, ont présenté le concept de ce projet mobilisant ainsi que ses objectifs, tout en répondant aux interrogations. « Quel grand enjeu de société vous semble prioritaire ? » et « Quelles expériences de formation interdisciplinaires peut-on ima­ giner pour former les citoyens qui contribueront à le résoudre ? » sont autant d’exemples de questions qui étaient adressées aux participants. Par ailleurs, le 2 mai, leaders, professeurs et partenaires sont invités à venir partager leurs idées et à enrichir les échanges lors de l’Atelier des Chantiers d’avenir. Qui sait, cette grande réflexion collective donnera peut-être lieu à de nouvelles collaborations ou, encore, incitera certains à proposer leur propre projet de Chantier d’avenir ! Venez vivre une expérience unique : celle d’imaginer ensemble la formation des leaders de l’avenir. photo Jean Rodier Inscription et information sur les Chantiers d’avenir : ulaval.ca/chantiersdavenir. Lisez le récent article du Fil à ce sujet : bit.ly/2HC8sRr


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Richesses infinies Les archives de l’Université conservées au pavillon Jean-Charles-Bonenfant gardent la trace du riche passé de notre établissement. On y trouve même des documents relatifs aux visites du général de Gaulle à Québec en 1960 et en 1967 par Yvon Larose Mille huit cent trente-cinq mètres linéaires. C’est la longueur qu’atteindraient, si on les mettait debout l’un à côté de l’autre, tous les documents contenus dans les 2 267 fonds d’archives conservés à la Division de la gestion des documents administratifs et des archives. Ces documents sont constitués notamment de plus de 40 000 photos et d’environ 20 000 heures d’enregistrement. « Les archives constituent une partie importante et même essentielle de la mémoire de l’Université, explique l’archiviste James Lambert. C’est la mémoire consignée. » Au p av i l l o n J e a n - C h a r l e s Bonenfant, une quinzaine d’employés répondent notamment à quelque 1 500 demandes de référence par an. Les demandeurs viennent de l’Université, qu’il s’agisse d’enseignants, d’administrateurs, de professionnels ou d’étudiants. Ils viennent aussi du grand public, des domaines de la culture, du patrimoine, de la politique ou de la vie quotidienne. « Les demandes sont très variées, indique James Lambert. Un professionnel peut vouloir éclaircir un aspect ou l’autre de l’histoire de l’Université, ou des éditeurs de livres peuvent rechercher des illustrations. » Des documents rares sont con­ servés aux archives. Parmi eux, ­mentionnons les lettres pastorales de 1853 annonçant l’érection de l’Université Laval et le plan directeur de la cité universitaire dessiné par Édouard Fiset en 1952. Il y a aussi des documents signés par

Napoléon 1er. On trouve même un dossier consacré au général Charles de Gaulle. Il contient une centaine de pièces, dont cinq photos prises lors des deux visites du président français à Québec en 1960 et en 1967. Le 20 avril 1960, Charles de Gaulle appose sa signature dans le livre d’or de l’Université Laval. La cérémonie se tient dans une salle du Séminaire de Québec. Dans son allocution, le recteur Mgr AlphonseMarie Parent mentionne que l’Université « s’est toujours efforcée de s’acquitter aussi bien que possible de la mission qui lui incombe de conserver en ce pays et de maintenir à un niveau supérieur cette vie française et la culture qui en est l’expression. » Prenant la parole à son tour, le célèbre visiteur insiste sur la persistance et le développement de la vie française. « Il faut qu’entre tous les établissements, tous les foyers de cette pensée qui existent sur la Terre, s’établissent et se maintiennent des rapports étroits. […] Toutes les fois qu’entre la France et vous, ou réciproquement, s’établit un échange d’idées, un échange d’hommes, ou un échange de valeurs, un service est rendu à ce à quoi il faut le rendre, c’est-àdire à la pérennité de ce que nous sommes. » Cet extrait est tiré du journal L’Action catholique du 21 avril 1960, qui reproduisait le texte du discours de Charles de Gaulle. Une version dactylographiée de l’époque existe de cette allocution. Elle se trouve

Le 23 juillet 1967, le général de Gaulle participe à un déjeuner en son honneur au Petit Cap, près de Cap-Tourmente, à l’est de Québec. Sur la photo, de gauche à droite, le premier ministre du Québec, Daniel Johnson, le recteur de l’Université Laval, Mgr Louis-Albert Vachon, madame Yvonne de Gaulle, le président de Gaulle et le cardinal Maurice Roy. photo W.B. Edwards, DGDAA, Université Laval, U519/8210/29.8

dans le fonds Antonio-Barrette, conservé au Centre d’archives de Québec de Bibliothèque et Archives nationales du Québec. Le 23 juillet 1967, le président de Gaulle débarque du Colbert au port de Québec. Le lendemain, il entreprendra un voyage en automobile jusqu’à Montréal, où il prononcera un discours, célèbre depuis, sur le balcon de l’hôtel de ville. Le 23, à midi trente, le général est au Petit Cap, près de Cap-Tourmente, pour un déjeuner organisé en son honneur par l’Université Laval et le Séminaire de Québec. Une équipe du Service des laboratoires de

En 1960, lors de sa première visite au Canada, le président de Gaulle a signé le livre d’or de l’Université Laval au Séminaire de Québec. On reconnaît, à l’extrême gauche, Antonio Barrette, premier ministre du Québec. photo Division de la gestion des documents administratifs et des archives (DGDAA), Université Laval, U519/8210/29

langues de l’Université est sur place pour enregistrer chants et discours. Les invités sont au nombre d’une centaine. Il y a de nombreux journalistes et photographes. « L’essentiel, pour vous, c’est de rester vous-mêmes, de ne pas vous dissoudre, affirme le président français. Car dans l’hypothèse où vous laisseriez faire, cette valeur que vous avez, cet exemple que vous donnez, aurait tôt fait de se diluer et de disparaître. Vous avez une tâche à remplir demain, comme vous l’avez eue hier, comme vous l’avez aujourd’hui. Une tâche qui est la vôtre, qui est à vous. »

Le dossier sur Charles de Gaulle contient une centaine de pièces

L’auteur du roman Menaud, maître-draveur serrant la main du président français, le 23 juillet 1967. Félix-Antoine Savard a longtemps été rattaché à l’Université Laval comme professeur, doyen et cofondateur des Archives de folklore. photo DGDAA, Université Laval, P123/11/3 Fonds Félix-Antoine-Savard


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Mémoires d’une bibliothèque La Bibliothèque de l’Université Laval souligne son 165e anniversaire avec  un ouvrage qui retrace son évolution  au fil du temps

L’ouvrage Bibliothèque de l’Université Laval : 165 ans d’histoire, publié aux Presses de l’Université Laval, présente les mille et un bouleversements qu’a connus  cette unité

par Matthieu Dessureault Jadis dotée d’un seul em­­ ployé et de locaux exigus au Séminaire de Québec, la Bibliothèque de l’Université emploie aujourd’hui plus de 200 personnes et compte des millions de documents répartis dans deux pavillons. C’est dire qu’elle en a fait du chemin depuis 1852 ! L’ouvrage Bibliothèque de l’Université Laval : 165 ans d’histoire, publié aux Presses de l’Université Laval, présente les mille et un bouleversements qu’a connus cette unité : chan­ gements administratifs, dé­­ ménagements, rénovations, innovations technologiques, etc. Chronophage, ce projet ­l ittéraire est né de l’initiative d’un employé, Richard D u f o u r, b i b l i o t h é c a i r e -­ conseil diplômé en philosophie et en bibliothéconomie. « Durant mes études, j’ai fait un stage sous la direction de Gilles Paradis, qui m’a initié à l’histoire de la Bibliothèque, où il a été conseiller à la documentation pendant 41 ans. Dans la dernière décennie, une grande partie du personnel de la Bibliothèque a été renouvelée; je trouvais im­­ portant que l’on n’oublie pas l’histoire. J’ai écrit le livre pour les employés, mais aussi dans l’optique de rejoindre un large public », explique-t-il. Pendant deux ans et demi, l’auteur a passé un nombre incalculable d’heures à effectuer des recherches et à éplucher des archives. Il a aussi interviewé une vingtaine d’employés retraités et plusieurs autres qui sont toujours actifs. « J’ai rencontré d’anciens directeurs et des personnes qui se sont occupées de grands dossiers. Ils ont démontré un fort attachement pour la Bibliothèque, en plus d’avoir une mémoire incroyable pour retracer les faits. Certains ont connu les années 40, alors que la Bi­­ bliothèque était située dans le Vieux-Québec. J’ai combiné les archives avec ce que m’ont raconté ces gens qui ont vécu les différentes époques. » Abondamment illustré, l’ouvrage décortique plusieurs faits saillants. On y aborde, entre autres, la construction du Pavillon de la bibliothèque, qui deviendra plus tard le pavillon

Jean-Charles-Bonenfant. Avec le recrutement d’employés parmi les meilleurs candidats, ce déménagement sur le campus a permis à l’Université de se doter d’une bibliothèque universitaire digne de ce nom. L’arrivée des techno­logies de l’information dans les années 1990 marque aussi un point tournant. C’est durant cette pé­­ riode que l’on a procédé au lancement du catalogue in­­ formatisé Ariane et du premier site Web de la Bi­b lio­ thèque. Plus récemment, les rénovations du pa­­villon JeanCharles-Bonenfant ont permis d’offrir une importante cure de rajeunissement au bâtiment. Quant à l’avenir, Richard Dufour entrevoit un monde rempli de possibilités. « Si la Bibliothèque a été marquée par plusieurs changements, il risque d’y en avoir tout autant dans les 50 prochaines an­­ nées, notamment avec le numérique et les nouvelles façons d’apprendre qu’ont les étudiants. La planification stratégique 2017-2022 de l’Université Laval mise beaucoup sur l’en­seignement par l’expérience et le développement de compétences transversales : la Bibliothèque n’aura pas le choix de suivre et d’adapter ses services à la mission d’enseignement et de recherche de l’Université », conclut-il.

La construction du Pavillon de la bibliothèque en 1967-1968 a permis à la Bibliothèque d’améliorer considérablement ses services. photo William Bertram Edwards (U519 3522/3.2)

La Bibliothèque de l’Université Laval a été pionnière au Québec en matière d’automatisation de ses services. photo Yves Tessier

Le Centre de documentation de la Bibliothèque générale, que l’on voit ici en 1972, comprenait un atelier de saisie des informations et un atelier de microcopie. photo Yves Tessier

En 1903, la Bibliothèque était située au Pavillon central (qui deviendra le pavillon Camille-Roy). Pour y accéder, les étudiants devaient avoir l’approbation du bibliothécaire et circuler sous sa supervision. Les heures d’ouverture se limitaient à quatre heures par jour. photo Benoit-Philippe Garneau (U540 78-712 négatif #4)

Mezzanine de la Bibliothèque des sciences au pavillon Alexandre-Vachon en 1982. photo Michel Bourassa (U540 82-062 négatif #9)


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recherche

Repousser les frontières du savoir Des projets soumis par Christian Landry et Sylvain Moineau sont financés par le Human Frontier Science Program

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le fil | le 19 avril 2018

sur le numérique dans nos vies quotidiennes

Les professeurs Christian Landry et Sylvain Moineau, de la Faculté des sciences et de génie, font partie d’équipes internationales dont les projets ont été retenus au terme du plus récent concours de l’organisation Human Frontier Science Program (HFSP). Chacune des 23 équipes retenues recevra 1,3 M $ sur trois ans pour réaliser un projet audacieux qui repousse les frontières du savoir humain. Créée en 1989 dans la foulée du Sommet économique de Venise, l’organisation HFSP encourage la recherche fondamentale dans le domaine des sciences de la vie. Les projets qu’elle finance doivent être proposés par des équipes formées de chercheurs d’au moins deux pays, idéalement de con­ tinents différents, de façon à favoriser le croisement d’expertises et les ap­­ proches novatrices en vue d’élucider des questions complexes liées au fonctionnement des êtres vivants. Christian Landry, du Département de biologie, fera équipe avec Gasper Tkacik, de l’Institut de la science et de la technologie d’Autriche, et Judit Villen, de l’Université de Washington. Leurs travaux visent à déterminer jusqu’à quel point l’évolution est parvenue à rendre certains mécanismes cellulaires efficaces par rapport à leur limite théorique imposée par les contraintes biophysiques. Les chercheurs exploreront cette question en se penchant sur le cas des réseaux de signalisation faisant intervenir des protéines impliquées dans le transfert d’information et la régulation de l’activité protéique dans la cellule.

Sylvain Moineau, du Département de biochimie, de microbiologie et de bio-informatique, unira ses forces à celles de Lars Hestbjerg Hansen, de l’Université d’Aarhus au Danemark, et de Valérie de Crécy-Lagard, de l’Université de Floride. Leur projet vise à approfondir les connaissances sur des bases nucléiques autres que A (adénine), T (thymine), C (cytosine) et G (guanine), récemment découvertes dans le génome de bactéries et de phages. Pour ce faire, ils feront appel aux phages de la collection Félix-D’Hérelle, hébergée à l’Université Laval, dont ils éditeront le génome à l’aide du système CRISPR-Cas. Les chercheurs espèrent ainsi élucider le rôle de ces nouvelles bases nucléiques chez ces microorganismes.

L’organisation HFSP encourage la recherche fondamentale dans le domaine des sciences de la vie

Pour une troisième année, la Semaine numérique de Québec a rassemblé, du 5 au 15 avril, quelque 25 000 participants venus discuter de cette 4 e révolution industrielle. Que ce soit un écran tactile au musée, des applications connectées dans une automobile, des cours universitaires en ligne ou des conférences Web, le numérique est partout. Il est tellement intégré dans nos vies qu’on oublie parfois qu’il a révolutionné notre quotidien. Pier Tremblay, chargé de cours à l’École de design et entrepreneur dans le domaine du branding, nous parle du numérique et de ses répercussions.

Christian Landry

Sylvain Moineau

Q Pour plusieurs personnes qui ne sont pas nées dans l’ère numérique, le phénomène se résume à Internet. Le numérique, c’est quoi exactement ? R Le numérique, c’est d’abord et avant tout un outil qui nous permet de faire une multitude de choses plus rapidement et mieux qu’avant. On n’a qu’à penser aux étudiants qui ont accès en ligne à leurs notes de cours et à leur professeur, presque en tout temps. Un autre exemple plus précis : plusieurs détaillants installent des écrans numériques à côté de leurs produits exposés en magasin. Le client a ainsi rapidement accès aux caractéristiques techniques détaillées du produit. Le numérique devient ici un outil pour rehausser l’expérience client. Le numérique est aussi un support ou un moyen de communication au service des entreprises, d’un produit, d’un service ou d’un événement. La firme montréalaise Moment Factory exploite merveilleusement bien ce support, repoussant même les frontières de l’art nu­mé­ rique dans ses différentes productions. Pensons à l’expérience numérique de la Foresta Lumina dans le Parc de la Gorge de Coaticook ou au décor de l’aéroport international de Los Angeles. Par ailleurs, certains musées utilisent le support du numérique pour offrir des expositions virtuelles ou artistiques, alors que les entreprises l’exploitent de plus en plus pour rejoindre et fidéliser leurs clients.

Pier Tremblay

Q Pourquoi dit-on que le numérique est la 4e révolution industrielle ? R La généralisation du numérique bouleverse les manières de faire, comme l’ordinateur l’a fait lors de la 3e révolution industrielle. Le numérique a d’abord et avant tout apporté l’instantanéité. On trouve l’information qu’on cherche au bout de nos doigts. On peut participer à des conférences ou à des réunions sans se déplacer. On peut envoyer des documents en quelques secondes à des gens partout sur la planète. Le numérique ouvre aussi les frontières. Par exemple, les entreprises peuvent rejoindre des clients à travers la planète à peu de frais. D’ailleurs, l’avènement du numérique a changé les modèles d’affaires et les stratégies de marketing. Les entreprises, même les plus petites, peuvent se propulser en­­core plus loin grâce à l’interaction qu’offre le Web. Certaines ne sont présentes que sur le Web. D’autres n’existeraient pas sans le Web. Différents métiers ont aussi évolué avec le numérique. C’est le cas de ma profession de designer Autrefois, ce métier était limité à la « communication » et à la « publicité » ; maintenant le designer peut intervenir dans les modèles d’affaires pour aider les entreprises à définir et à structurer leurs propositions de valeur. Le designer de marque peut aider les firmes et les agences numériques à intégrer la ­marque dans les expériences numériques. Il peut également jouer un rôle important dans le design de services. Cette discipline consiste, entre autres exemples, à revoir les processus d’affaires et à optimiser les actions d’une entreprise en actualisant ses méthodes de travail. Q On dit que le numérique est encore en plein essor. Pourquoi ? R D’abord, le numérique n’est pas encore disponible sous toutes ses formes pour tout le monde. Plusieurs régions éloignées ne sont pas encore connectées ou sont mal connectées. Tous les secteurs professionnels n’ont pas encore pris le virage numérique. Les gouvernements mettent beaucoup d’efforts pour régler cette lacune. Il faut aussi penser à harmoniser les différents types de communication entre les différentes régions du monde et aussi à mieux assurer la sécurité autour du numérique (pour éviter le vol de données ou la fouille des traces laissées par notre navigation Internet). Enfin, il y a en­­ core beaucoup à faire avec le numérique, notamment dans le domaine de l’intelligence artificielle. Plu­sieurs dirigeants d’entreprises et gestionnaires croient encore que l’intelligence artificielle aura une incidence négative sur l’emploi. Les gens en ont peur parce qu’ils ne comprennent pas les changements et les bienfaits à venir et comment s’y préparer. Ce fut la même chose lorsque les ordinateurs ont envahi les usines et les bureaux au tournant des années 1990. L’intelligence artificielle va bouleverser une fois de plus nos manières de faire et soutiendra une multitude de nouveaux métiers. Chose certaine, le numérique et l’intelligence artificielle sont là pour rester. À nous d’en profiter ! Propos recueillis par Nathalie Kinnard


actualités UL

le fil | le 19 avril 2018

Un virage majeur en santé s’impose ce tsunami a atteint le Québec. Essayer de régler ce problème avec des médicaments équivaut à mettre des pansements sur une hémorragie. L’approche pharmacologique a atteint ses limites. La solution durable passe forcément par des changements dans les habi­ tudes de vie.

« L’activité physique n’est jamais un fardeau pour moi, affirme Jean-Pierre Després. Ça me permet de profiter pleinement de la vie et je veux vivre heureux et vieux. Je veux être encore en mesure de grimper des cols à vélo lorsque j’aurai 85 ans. » photo Elias Djemil

Le lauréat du prix Manuvie 2018, Jean-Pierre Després, fait le point sur la lutte contre les maladies causées par la mauvaise alimentation et la sédentarité par Jean Haman Jean-Pierre Després, professeur au Dépar­tement de kinésiologie, a remporté le prix Manuvie 2018 pour la promotion d’une santé active. Décerné par le Centre de convergence de la santé et de l’économie de l’Université McGill avec le soutien de Manuvie, ce prix doté d’une bourse de 50 000 $ récompense sa contribution à l’avancement des con­ naissances sur les maladies métaboliques ainsi que ses efforts pour diffuser dans la population les résultats des recherches sur les maladies causées par la mauvaise alimentation et la sédentarité. Chercheur depuis 32 ans, le professeur Després est aussi directeur de la recherche en cardiologie au Centre de recherche de l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec et directeur de la science et de l’innovation à Alliance santé Québec. Il est donc bien placé pour prendre la mesure du chemin parcouru et pour proposer la feuille de route que les Québécois devraient suivre pour aspirer à une santé durable. Le Fil a recueilli ses réflexions à ce sujet.

Q Au cours du dernier demi-siècle, les Québécois ont été exposés à un nombre incalculable de programmes d’action visant à les convaincre de mieux s’ali­menter et de bouger davantage. Pourtant, l’obésité est toujours en hausse tant chez les adultes que chez les jeunes. Comment expliquezvous que ce message ne passe pas ? R Pendant longtemps, les chercheurs, moi le premier, ont considéré l’obésité comme un simple déséquilibre entre la consommation calorique et la dépense énergétique. On réalise maintenant que le problème dépend aussi d’inégalités

sociales au chapitre de l’éducation, des revenus et de l’environnement. La médecine ne peut régler ces problèmes et c’est pourquoi il faut des approches sociétales pour s’y attaquer.

Q Les messages sur la bonne alimentation et l’exercice prescrivent souvent un nombre de fruits et de légumes et une durée minimale d’activité physique à respecter quotidiennement. Cette approche, qui peut créer un ­sentiment de culpabilité chez ceux qui n’atteignent pas ces recomman­ dations, doit-elle être repensée ? R Il faut éviter les messages culpabilisants qui reposent sur la restriction et la souffrance. Ça ne fonctionne tout simplement pas. Il faut regarder ce que contient notre panier d’épicerie, augmenter la part des bons aliments et réduire la part des mauvais. Pour l’alimentation comme pour l’activité physique, il faut se fixer des objectifs réalistes à notre mesure. Tenter de faire passer son indice de masse corporelle de 32 à 25, c’est comme essayer de gravir l’Everest sans entraînement. C’est difficile et décourageant. Il faut y aller progressivement et ne pas oublier de se faire plaisir.

Q Comment le système de santé doitil s’adapter pour faire face à ce tsunami ? R Pour l’instant, le système de santé gère la maladie. Cette approche coûte cher sur le plan monétaire et aussi sur le plan de la qualité de vie. On utilise encore le poids, la pression artérielle et certains indicateurs comme le cholestérol pour évaluer l’état de santé d’une personne. Il est temps d’opérer un virage majeur en santé. Au lieu de continuer à brasser la même soupe, je propose une boîte à outils qui contiendrait un ruban pour mesurer le tour de taille, un test de capacité cardiorespiratoire et deux questionnaires, l’un sur la qualité de l’alimentation et l’autre sur le niveau d’activité physique. À partir des résultats, une équipe composée d’un médecin et de spécialistes en nutrition et en kinésiologie pourrait proposer un plan d’action individualisé pour améliorer les habitudes de vie de chaque patient.

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Il y a plus d’obèses, de diabétiques et de malades que jamais dans le monde, et ce tsunami a atteint le Québec. La solution durable passe forcément par des changements dans les habitudes de vie.

Q Vous intervenez régulièrement dans les médias et sur différentes ­tribunes pour faire la promotion des bonnes habitudes de vie. Cette visi­ bilité vous contraint sûrement à prêcher par l’exemple. Craignez-vous parfois d’être pris en flagrant délit d’acheter des chips ? R Il arrive souvent que les gens que je croise à l’épicerie regardent ce que Q A-t-on placé trop d’espoir dans la j’ai dans mon panier et, oui, il m’arrive recherche de nouveaux médicaments d’acheter des chips et des boissons su­­ ou de molécules miracles qui permet- crées. Il ne faut pas renoncer aux plaisirs traient d’être en santé sans avoir à que procurent certains aliments, mais il modifier ses comportements ? ne faut pas en abuser. Il faut que la vie R Les traitements pharmaceutiques et soit belle. un suivi médical serré permettent maintenant de prolonger de plusieurs Q Et pour l’activité physique ? années la vie des personnes atteintes de R Ce n’est jamais un fardeau. Ça me maladies métaboliques et de maladies permet de profiter pleinement de la vie cardiovasculaires. Le résultat est qu’il y et je veux vivre heureux et vieux. Je a plus d’obèses, de diabétiques et de veux être encore en mesure de grimper malades que jamais dans le monde, et des cols à vélo lorsque j’aurai 85 ans.

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dans les médias… Sur les différentes formes de la dépression De plus en plus d’études démontrent que la dépression a plusieurs visages et que des sous-groupes de la population sont vulnérables à certaines formes de la maladie. La professeure Caroline Ménard, dont les travaux récents ont montré comment l’inCaroline timidation sociale pouvait Ménard, Faculté conduire à la dépression, de médecine entreprend des études sur certains de ces sousMédium large, groupes. « Je m’in­téresse Radio-Canada beaucoup aux po­­pulations Première, du Nord, aux Premières 10 avril Nations et aux travailleurs exposés à la dépression saisonnière. On pense qu’on pourrait éventuellement avoir des traitements personnalisés, un peu comme pour le cancer. »

Sur l’état des routes

Guy Doré, Département de génie civil et de génie des eaux Québec Science, avril-mai

Les routes nord-­ américaines sont en ­piètre état. En cause : un sous-financement ­chronique, un climat rude et des camions de plus en plus lourds, mais aussi une complexité ­technique qui donne des maux de tête aux ingénieurs. Effectivement, même si le bitume résiste bien aux tests en laboratoire, son comportement sur le terrain réserve parfois des surprises. « Il y a tellement de facteurs qui entrent en jeu. Il ­suffit de deux ou trois erreurs pour que ce soit la catastrophe ! », ­prévient Guy Doré.

Sur le Partenariat transpacifique

Richard Ouellet, Faculté de droit Le Devoir, 13 avril

L’une des promesses phares du candidat à la présidence Donald Trump était le rejet du Partenariat transpacifique, qui vise à faire con­­ trepoids à la Chine sur le plan commercial. Or, des conseillers du président étudient la possibilité pour les États-Unis de se joindre à l’accord révisé. Selon Richard Ouellet, les Amé­ ricains voient que l’accord peut être bon pour eux. « Je suis intimement convaincu que les élections de mimandat qui approchent et la guerre commerciale avec la Chine sont deux éléments extrêmement importants qui amènent maintenant les États-Unis à faire des partenariats. »


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Une histoire qui s’écrit au fil d Depuis 170 ans, la Faculté de médecine œuvre à la formation et à la recherche en santé par Yvon Larose Le lundi 9 avril s’est tenue une cérémonie pas comme les autres dans le hall Marcelle-et-Jean-Coutu du pavillon Ferdinand-Vandry. Ce jourlà, la Faculté de médecine a effectué le lancement d’un livre sur sa propre histoire, un ouvrage justement nommé Histoire de la Faculté de médecine de l’Université Laval. Derrière la sobriété du titre se profile un long et riche récit, aussi passionnant qu’inspirant. Du milieu des années 1800 jusqu’à aujourd’hui, le livre survole 170 années d’histoire au cours desquelles la Faculté s’inscrit comme un acteur incontournable dans l’évolution de la société québécoise. Édité chez Septentrion, ce beau volume de 335 pages écrit dans une langue claire et précise recèle toute une somme d’informations que mettent en valeur de nombreuses photographies. Denis Goulet, l’auteur, a, pour sa part, publié de nombreux ouvrages sur l’histoire de la médecine et des spécialités médicales au Québec. « Les deux premiers chapitres sont consacrés à la fondation puis au démarrage de l’enseignement de la médecine à Québec, explique-t-il. Une première école de médecine est inaugurée en 1848. Quatre années plus tard, l’Université Laval voit le jour. En 1854, la Faculté de médecine ouvre ses portes. Elle fait appel aux médecins de l’École de médecine de Québec pour constituer son premier groupe de professeurs. » La même année, un des enseignants a pour mission d’aller en Europe s’informer sur le fonctionnement de certaines facultés de médecine et du contenu de leur enseignement. Il achète des livres, des instruments et des modèles anatomiques.

La Faculté de médecine est la première de langue française en Amérique du Nord. Ses premières affiliations hospitalières se font avec l’Hôtel-Dieu de Québec et l’Hôpital de la Marine et des Émigrés. Ce dernier accueille les matelots et les immigrants malades et sert de laboratoire d’enseignement clinique. Un fait saillant de cette époque est la création, par l’Université Laval en 1866, de la première chaire d’ophtalmologie et d’otologie (maladies des yeux et des oreilles) au Canada. En 1851, la ville de Québec compte 33 médecins pour une population de 42 000 habitants. Trente ans plus tard, ils sont 68 pour une population de 60 000. Le ratio est passé d’un médecin pour 1 224 patients à un médecin pour 877 patients. La Faculté de médecine entre dans le nouveau siècle avec les débuts de la médecine de laboratoire et de la bactériologie médicale. Un laboratoire d’anatomie pathologique et de bactériologie est aménagé en 1912. En 1914, une salle d’autopsie est inaugurée. « Trois médecins de la Faculté font un stage en bactériologie à l’Institut Pasteur à Paris, raconte Denis Goulet. La Faculté était parmi les premières au monde à s’initier à la bactériologie. » Un peu avant la fin du 19e siècle, la Faculté crée la première chaire de pédiatrie au Canada à l’initiative d’un pionnier, le Dr René Fortier. Professeur et clinicien, celui-ci est surnommé « le médecin des enfants ». Durant une trentaine d’années, sa contribution à la diminution de la mortalité infantile renforce le rayonnement social de la Faculté. En 1920, la Faculté de médecine compte 20 professeurs titulaires,

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5 professeurs agrégés, un chargé de cours et 6 professeurs assistants. Ils disposent de laboratoires de chimie, de physiologie, de microscopie et de bactériologie, de salles de dissection ainsi que des musées d’anatomie, de botanique et de zoologie. Fait à souligner, 26 de ces professeurs ont terminé leurs études en France. Selon l’auteur, le professeur Arthur Rousseau a profondément marqué l’histoire de la Faculté comme doyen entre 1921 et 1934. « Le programme des études subit une réforme majeure et le contenu scientifique est consolidé avec l’objectif “de former de vrais savants”, indique Denis Goulet. Le doyen intensifie les échanges avec la France. Chaque année, plusieurs professeurs français sont invités à donner des cours à la Faculté. Arthur Rousseau innove encore en soutenant la formation et le recrutement de plusieurs professeurs de carrière. » Un nouveau Pavillon de la médecine est inauguré en 1924. Transformée et agrandie, la Faculté accepte désormais une clientèle étudiante de plus en plus nombreuse. L’Institut d’anatomie pathologique ouvre en 1928 et l’Institut du cancer de Québec fait de même en 1932. En 1920, Arthur Rousseau crée les bourses d’Europe. Jusqu’en 1939, de jeunes diplômés en médecine vont se perfectionner en Europe, la majorité en France. Le prochain grand axe de développement de la Faculté de médecine survient dans les années 1950 avec l’amorce de la recherche biomédicale. On fait également l’inauguration, sur le nouveau campus de SainteFoy, d’un pavillon moderne consacré à la médecine, le pavillon FerdinandVandry. « Les années 1960 à 1990 se présentent comme un continuum, poursuit Denis Goulet. On assiste au développement de la pédagogie et de nouveaux programmes, tandis que la recherche biomédicale connaît un formidable essor. »

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médecine

des siècles

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Dans sa longue histoire, la Faculté de médecine a souvent été avant-gardiste Ces quatre décennies verront notamment la création, à la fin des années 1960, du Centre hospitalier de l’Université Laval, puis celle du Département de médecine sociale et préventive. Le Dr Jean Rochon prend la direction de ce département en 1970. La Faculté s’oriente alors vers une troisième approche, l’approche sociale, dans le développement des sciences de la santé, après l’approche clinique et l’approche de laboratoire. En 1987, elle crée le Département de réadaptation. En 1990, c’est au tour du Département d’ergothérapie de voir le jour. Au chapitre de la re cherche biomédicale, mentionnons, durant cette longue période, le développement, entre autres, des sciences neurologiques, de l’endocrinologie moléculaire, de la cytopathologie, de la cardiologie et de l’infectiologie. Et le troisième millénaire ? « On constate à la Faculté une plus grande ouverture sur le monde, répond Denis Goulet, ainsi qu’une plus grande implication sociale de la part des étudiants. » Les professeurs et les professionnels de la Faculté de médecine sont aujourd’hui présents à l’échelle internationale. Les étudiants de la Faculté également. En fait, ceux-ci sont parmi les plus actifs, au Québec comme au Canada, en ce qui concerne la formation à l’extérieur du pays et en ce qui touche à l’implication sociale et humanitaire. À titre d’exemple, chaque année, ils sont quelque 70 à vivre une expérience d’immersion culturelle et clinique de neuf semaines dans un pays à faible ou à moyen revenu. D’importants travaux d’agrandissement et de rénovation ont été réalisés au pavillon Ferdinand-Vandry. Depuis 2010, les facultés de Médecine, de Pharmacie et des Sciences infirmières cohabitent dans le bâtiment qui porte le nom de Complexe intégré de formation en sciences de la santé. L’approche privilégiée est la collaboration interprofessionnelle. Autre nouveauté : la création, en 2005, d’un centre de formation par simulation, le Centre Apprentiss, une première au Québec. Depuis 170 ans, la Faculté s’est souvent retrouvée à l’avant-garde de l’enseignement et de la recherche en médecine. Elle a également su relever avec brio de nombreux défis. Elle projette aujourd’hui l’image d’une faculté socialement responsable, ouverte à la collaboration, qui est en mouvement et qui est au service de la communauté universitaire, de la société et du monde.

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7 1. Bibliothèque du pavillon Ferdinand-Vandry durant la période 1960-1970. photo Division de la gestion des documents administratifs et des archives (DGDAA), Université Laval, U519/3320/22.9 2. Les Augustines hospitalières de l’Hôtel-Dieu de Québec s’affairant à donner le repas aux malades, vers 1877. photo Archives de la Ville de Québec, NO16725 3. Instruments de chirurgie du Dr Noël Turgeon, qui a exercé son métier à Pont-Rouge à partir de 1929. photo Archives de la Faculté de médecine de l’Université Laval 4. Salle de pédiatrie à l’Hôpital civique de Québec, vers 1915. photo Archives de la Ville de Québec, NO10865 5. Les finissants de la Faculté de médecine de l’Université Laval en 1900. photo DGDAA, U541/47/3 6. Entrée de la Faculté de médecine et du Secrétariat général en 1952. Au-dessus, les armoiries de l’Université et sa devise latine. photo DGDAA, U519/3210.13 7. Trousse du Dr Noël Turgeon, qui a exercé son métier à Pont-Rouge à partir de 1929. photo Archives de la Faculté de médecine de l’Université Laval 8. Étudiants de première année de la Faculté de médecine dans un laboratoire, vers 1899-1900. photo Musée de la civilisation, fonds d’archives Séminaire de Québec, PH1997-695 9. Le Centre Apprentiss, un centre de formation par simulation pour les soins spécialisés et la chirurgie. photo Archives de la Faculté de médecine de l’Université Laval

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le fil | le 19 avril 2018

en bref

Le trésor végétal Le printemps ! Chaque année, on attend son retour avec impatience. La présence de verdure est réjouissante pour les yeux et pour l’âme, mais ce ne serait pas là son seul bénéfice. Les végétaux recèleraient des pouvoirs insoupçonnés dont on est loin d’avoir percé tous les secrets. Oui, les capacités naturelles des plantes et leurs effets curatifs habitent les savoirs anciens depuis des millénaires, mais, au cours des dernières années, des spécialistes de l’Université Laval ont choisi d’examiner ces connaissances traditionnelles et de s’en inspirer pour mener leurs recherches. Et ce qu’ils découvrent est étonnant. Le nouveau dossier Web du magazine Contact dévoile une partie des ressources inédites qu’abritent les jardins et les potagers et offre un tour d’horizon de leurs applications prometteuses dans des do­­ maines aussi diversifiés que la santé, l’environnement, l’éducation et le mieux-être social.

L’automatisation d’opérations forestières comme les inventaires à l’aide de drones nécessite la capacité de reconnaître une espèce à partir d’images. Contrairement aux feuilles, aux fleurs et aux fruits, l’écorce est présente en permanence pendant toute la vie de l’arbre et même plusieurs mois après sa récolte, ce qui en fait une caractéristique diagnostique de choix. photo Jason Blackeye

Entre l’écorce et l’arbre

contact.ulaval.ca/dossiers/le-tresor-vegetal

Des chercheurs développent un système intelligent pour identifier les espèces d’arbres à partir d’images de leur écorce par Jean Hamann

Une maîtrise en intelligence artificielle La Faculté des sciences et de génie lance un programme de maîtrise en intelligence ar­­ tificielle. Ce programme de 45 crédits permet aux étudiants de développer des con­naissances approfondies, particulièrement dans les do­­ maines de l’apprentissage machine, de la robotique intelligente, du traitement du langage, de la vision artificielle et du traitement de données mas­sives. Son cheminement comprend deux s­ tages en entreprise. « Le Québec est en voie de devenir un pôle important de l’intelligence artificielle en Amérique du Nord grâce, notamment, à d’importants investissements des gouvernements fédéral et provincial, à la venue de plusieurs multinationales spécialisées dans le domaine et à la création d’un centre d’excellence en intelligence artificielle, explique le professeur Brahim Chaib-draa, directeur des programmes de 2e et 3e cycles au Département d’in­forma­ tique et de génie logiciel. Notre programme contribuera à répondre à une forte demande en main-d’œuvre hautement qualifiée dans ce secteur, dont la croissance ira en s’accélérant au cours des prochaines années. » Le programme sera offert à partir de la session d’automne 2018, et les demandes d’admission peuvent être faites dès maintenant. Pour renseignements : bit.ly/2H8Tqpc

Les inventaires forestiers à l’aide de drones et la robo­tisation des opérations en fo­rêt ou en usine seraient grandement facilités s’il existait un système de recon­naissance automatique des es­pèces d’arbres à partir d’images. Une équipe du Dépar­te­ment d’informatique et de génie logiciel vient de faire une avancée significative dans le domaine en développant un système permettant d’identifier avec une efficacité de 98 % les espèces les plus courantes au Québec à partir de photos de leur écorce. Il faut un œil humain exercé pour identifier correctement un arbre en utilisant uniquement son écorce. Même pour une espèce donnée, les caractéristiques de l’écorce changent d’un arbre à l’autre, de même qu’en fonction de l’âge d’un spécimen et des conditions locales de croissance. L’écorce offre toutefois un grand avantage par rapport aux feuilles, aux fleurs et aux fruits : elle est présente en permanence pendant toute la vie de l’arbre et même plusieurs mois après sa ré­­colte. De plus, l’écorce est la seule partie de l’arbre facilement accessible aux robots terrestres. Pour développer un système intel­ ligent permettant d’identifier les ar­­ bres à l’aide de leur écorce, l’étudiantchercheur Mathieu Carpentier et les professeurs Philippe Giguère et Jonathan Gaudreault ont fait appel à l’apprentissage profond par réseaux neuronaux. « Nous fournissons des images au système et nous lui demandons de quelle espèce il s’agit, explique Mathieu Carpentier. Son analyse, qui

repose sur les pixels de l’image, conduit d’abord à des réponses erronées. Nous modifions alors les paramètres pour raffiner les analyses, et le système ap­­ prend progressivement à mesure que nous lui montrons plus d’images. » Des études réalisées par d’autres groupes de recherche ont montré que cette approche permettait de surpasser l’humain pour certaines tâches visuelles. Le problème est qu’il faut un nombre très élevé d’images pour y arriver. « La plus volumineuse banque publique de photos d’écorce à laquelle nous avions accès contenait 1 200 images de 11 espèces. Ce n’était pas suffisant, alors il a fallu créer notre propre banque », souligne l’étudiant-chercheur. L’été dernier, Mathieu Carpentier et l’étudiant-chercheur Luca Gabriel Serban, du Département des sciences du bois et de la forêt, ont donc pris la clé des bois pour photographier et identifier sur le terrain plus de 1 000 arbres appartenant à 23 espèces. Ils ont visité des parcs et des boisés urbains de la ville de Québec ainsi que la forêt Montmorency dans la réserve faunique des Laurentides. Pour chaque spécimen, l’écorce était photographiée de 10 à 40 fois sous différents angles et à différentes hauteurs du tronc. Il en a résulté une banque de 23 000 photos haute résolution ; chacune d’elles a été découpée en images de 224 x 224 pixels. Au terme de l’exercice, quelque 650 000 images ont servi à entraîner le système intelligent et les 163 000 images restantes ont été utilisées pour tester son efficacité.

Résultats ? Après une dizaine d’heures d’entraînement, le système, qui fonctionne sur un simple ordinateur de bureau, parvient à identifier correctement l’espèce qui figure sur une photo dans 98 % des cas. « On pourrait faire mieux en lui soumettant encore plus d’images ou en utilisant des réseaux neuronaux plus gros et plus performants. Le but de notre étude était d’abord de faire une preuve de con­ cept », précise Mathieu Carpentier. Ce système intelligent pourrait être d’un précieux secours pour la réalisation d’inventaires forestiers à l’aide de drones ou pour la robotisation de certaines opérations sur le terrain ou en usine. « Des opérations comme l’écorçage pourraient être optimisées en fonction de l’espèce d’arbre, précise l’étudiant-chercheur. Des discussions sont en cours avec une entreprise pour étudier la possibilité d’implanter notre système dans une scierie. »

Pour réaliser cette étude, l’étudiantchercheur Mathieu Carpentier a pris 23 000 photos d’arbres dans la grande région de Québec


arts

le fil | le 19 avril 2018

Il était une fois…

René Audet, Anne-Josée Lacombe, Bruno Marchand, Élisabeth Mercier et Samuel Matteau sont respectivement professeur en littérature, responsable de la médiation numérique au Musée national des beaux-arts du Québec, réalisateur chez Kabane, professeure en sociologie et cinéaste. photos Elias Djemil

Évolution technologique oblige, l’art de raconter une histoire n’a plus rien à voir avec ce qu’il était jadis, comme l’a démontré une table ronde de l’ITIS par Matthieu Dessureault Que ce soit au cinéma, à la télévision, au théâtre ou dans les livres, de nombreux créateurs sont passés maîtres dans l’art de raconter des histoires. Avec l’apport du numérique, de multiples possibilités s’offrent à eux. Grâce à la réalité augmentée, à la réalité virtuelle, aux ré­­ seaux sociaux ou aux technologies mobiles, ils peuvent trouver de nouvelles façons de capter l’attention de leur auditoire. Comment susciter interactions, engagement et émotions ? Pour répondre à cette question, l’Institut technologies de l’information et sociétés (ITIS) a eu la bonne idée de réunir cinq experts de différents horizons : René Audet, pro­ fesseur au Département de littérature, théâtre et cinéma, Anne-Josée Lacombe, responsable de la médiation numérique au Musée national des beaux-arts du Québec, Bruno Marchand, réalisateur de publicités, Samuel Matteau, cinéaste, et Élisabeth Mercier, professeure au Département de sociologie. La table ronde, présentée le 10 avril à la bibliothèque Gabrielle-Roy, faisait partie de la série des Matinées numériques de l’ITIS. En guise d’introduction, le professeur René Audet a démystifié ce qu’est le ­storytelling, une expression courante dans le milieu numérique. « C’est fascinant de voir à quel point ce terme s’est imposé dans la culture contemporaine, tout en étant

une notion très floue. Pre­ nant des couleurs variables selon les contextes, ce mot est d’abord et avant tout rattaché au monde de l’anthropologie, de l’ethnologie et de la littérature. Le storytelling est le fait de placer l’être humain en contexte de narration pour raconter une histoire », a-t-il rappelé. Directeur du Laboratoire Ex situ, ce professeur s’intéresse plus particulièrement à comment les auteurs utilisent les technologies pour réinventer l’approche narrative. Durant sa présentation, il a donné des exemples d’œuvres offrant des expériences immersives qui n’ont rien à voir avec celles du livre traditionnel. Entre autres, Modern Polaxis, une bande dessinée en réalité augmentée. Il suffit de télécharger une application et de cadrer chacune des pages de ce livre avec un téléphone pour que les images s’animent et fassent apparaître des textes cachés. Il a aussi parlé du jeu vidéo Device 6, qui invite le lecteur à devenir son propre narrateur. D’un intervenant à l’autre, la table ronde a permis de découvrir plusieurs autres projets créatifs, que ce soit en cinéma, en publicité ou dans le milieu muséal. Pour sa part, la sociologue Élisabeth Mercier a présenté les grandes lignes d’une re­­ cherche qu’elle mène sur l’utilisation des outils numériques par les femmes entrepreneures. On pense ici aux

spécialistes de la mode, du maquillage, de la coiffure ou de la maternité qui pullulent sur les blogues et les réseaux sociaux. « Les femmes investissent beaucoup la micro­ économie du numérique avec des contenus qui reproduisent les normes conventionnelles du genre féminin

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en bref en étant axés sur la domesticité, le bricolage, la cuisine ou la décoration, n’en dé­­ plaise aux féministes de la première heure. » La chercheuse remarque que la plupart de ces vedettes du Web n’hésitent pas à se mettre en avant dans leurs histoires et à expliquer les raisons qui les ont poussées à tenir un blogue ou à créer des vidéos. « On trouve chez plusieurs de ces femmes le même genre de narratif ou de récit de soi qui se caractérise par un rapport très particulier au travail. Pour elles, être blogueuse ne relève pas du travail, mais d’une passion ou d’une vocation. Elles racontent leur parcours de vie en mettant l’accent sur le fait qu’elles ont quitté leur travail qui nuisait à leur créativité afin de se consacrer à la poursuite de leur idéal ou de leur rêve. » Cette table ronde a été suivie par deux autres Matinées numériques portant sur la mobilité urbaine et sur les frontières entre vie privée et vie numérique. Présentées durant la Semaine numé­ rique de Québec, ces rencontres ont été organisées avec la collaboration de di­v ers partenaires, dont l’Unité mixte de recherche en sciences urbaines et le Centre de recherche inter­ universitaire sur la littérature et la culture québécoises.

Comment susciter interactions, engagement et émotions ? Pour répondre à cette question, l’ITIS a réuni cinq experts de différents horizons

La musique dans toute sa diversité Les jeux musicaux éducatifs, la musique po­­ pulaire, le métal noir, la cartographie sonore, l’improvisation jazz : voilà un aperçu des sujets qui seront abordés au 3e ­colloque étudiant de l’Observatoire inter­disciplinaire de création et de recherche en musique (OICRM). Les 26 et 27 avril, au pavillon Louis-JacquesCasault, plusieurs étudiants de l’Université Laval et de l’Uni­versité de Montréal présen­ teront les fruits de leurs recherches. L’événe­ ment a pour titre MusiqueS : Fenêtre sur la recherche étudiante. L’OICRM regroupe plus d’une centaine de chercheurs d’universités canadiennes et étrangères ainsi que quatorze unités de recherche. Pour consulter la programmation du ­colloque : bit.ly/2EjoBbb. Pour plus ­d’information sur l’OICRM : oicrm.org ou  www.facebook.com/ColloqueEtudiantOICRM

Deux cultures qui s’unissent Les cultures innue et québécoise sont réunies à l’occasion d’une exposition à la Galerie des arts visuels. Les falaises se rapprochent est une installation qui met en lumière les quatre points cardinaux et leur charge symbolique dans les cultures autochtones. L’artiste AnneMarie Proulx y présente une série de photographies et des enregistrements sonores issus de rencontres avec des membres de la communauté innue. Des extraits de dictionnaire témoignent de tentatives de traduction entre l’innu et le français, le tout créant un parcours poétique et visuel. Jusqu’au 20 mai, à la Galerie des arts visuels (295, boulevard Charest Est). Les heures d’ouverture sont de 12 h à 17 h du mercredi au dimanche. L’artiste donnera une con­ férence ce jeudi 19 avril, à 16 h 30.

Promouvoir le patrimoine Le 21 avril, le groupe Soulwood offrira un voyage dans le temps avec un concert de musique traditionnelle celtique. Ce spectacle sera présenté à l’occasion des P’tits rendezvous ès TRAD, une série de concerts acous­ tiques qui se déroulent dans le cadre enchanteur des voûtes de la Maison Chevalier. Il s’agit d’une activité du Centre de valori­sation du patrimoine vivant, dirigé par Cassandre Lambert-Pellerin, doctorante en ethnologie et patrimoine. L’organisme p ­ résentera aussi un atelier d’initiation à la danse traditionnelle, le 28 avril, au Domaine de Maizerets. Pour plus d’information : cvpv.net


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actualités UL

en bref

le fil | le 19 avril 2018

Semaine numérique de Québec 2018

Jeudi 3 mai, à 19 h 30, au Noctem Artisans Brasseurs (438, rue du Parvis). Pour plus d’info, consultez le site de l’événement (bit.ly/2H6uT4g) ou la page Facebook (www. facebook.com/events/590458674625372/) Seulement 100 places sont disponibles. Pour réserver la vôtre : bit.ly/2J2OgaR

Trésors cachés

Pas moins de 25 000 mordus et curieux du numérique s’étaient donné rendezvous à la Semaine numérique de Québec, qui avait lieu du 5 au 15 avril. L’équipe du journal Le Fil, qui était sur place, en a profité pour s’abreuver des toutes dernières tendances du numérique, plus précisément en matière de diffusion optimale des contenus liés aux actualités universitaires (recherche, vie étudiante, vie sur le campus, philanthropie, arts, sports, etc.). Au nombre des conférences coups de cœur de l’équipe, soulignons notamment celles-ci : « L’ART DE RACONTER PAR LE NUMÉRIQUE » (MATINÉES NUMÉRIQUES, ITIS)

Au-delà de la transposition des ap proches narratives traditionnelles, il faut aujourd’hui réfléchir à de nouvelles façons de raconter. Lors d’une table ronde, cinq invités de diverses provenances, dont deux employés de l’Université Laval, ont exprimé leurs vues au moyen d’exemples de projets en cours ou réalisés. Pour plus d’info : voir l’article en p. 13 REFONTE IMPORTANTE DU SITE DE RADIO-CANADA.CA (WAQ 2018)

ÉQUILIBRE Forme de mouvement et de stabilité, cette sculpture accompagne le geste architectural qui marque les lieux de passage du plus récent bâtiment du pavillon de l’Éducation physique et des sports (PEPS). Elle se pose comme le centre d’une composition visuelle renouvelée. Les courbes et contre-courbes de cette œuvre, signée Hélène Rochette, tracent les dessins d’un mouvement fluide dont l’orientation latérale entraîne le regard dans un va-et-vient perpétuel. La longue forme blanche marque, pour sa part, l’aire de transition grâce aux contrastes créés par ses galbes et sa couleur. photo Marc Robitaille

Curieux de découvrir d’autres œuvres de l’Université Laval ? Consultez le site de l’art public à l’Université : bit.ly/2uBdIlm

À l’automne 2017, ce site, qui rejoint pas moins de 49 % des Canadiens francophones et qui recense plus de 4 millions de visites uniques par mois, a connu une importante refonte, obligeant ainsi Radio-Canada à se requestionner sur ses nombreuses priorités en termes de diffusion d’informations. Alors, quels sont les principaux constats à retenir lors d’une importante refonte d’un site qui présente un lot d’informations diverses ? Voici les grandes lignes à retenir, selon Natacha Mercure, première directrice Stratégie et création | médias numériques à la Société Radio-Canada : l’importance d’impliquer, dès l’amorce d’un projet de refonte, les différents secteurs concernés (experts en contenu et en Web) ; l’importance de bien catégoriser et de bien exploiter, sur la page d’accueil, le contenu qui met en valeur l’organisation ; l’importance de placer le client

principal au cœur de toutes les actions ; la priorité, incontournable, d’avoir une stratégie de diffusion de l’information sur les divers réseaux sociaux (elle rappelle que les deux tiers des visites sur le site de Radio-Canada.ca sont faites à partir d’appareils mobiles) ; et l’importance, cruciale, de la mise en place d’un excellent moteur de recherche. « L’ESPRIT NUMÉRIQUE » (FORUM DES INNOVATIONS CULTURELLES)

Figure connue dans le milieu des startups et considérée comme une sommité dans le domaine du numérique, Sylvain Carle, philosophe et grand visionnaire du Web, a présenté de manière pragmatique comment penser, ou repenser, l’ensemble des facettes des activités d’une organisation lorsque celle-ci passe au numérique, et ce, en passant par cinq étapes fondamentales. Chose certaine, ne parlez pas du numérique à Sylvain Carle comme d’un objet du futur ! « En 1995, Nicholas Negroponte, cofondateur du MIT Media Lab, disait que le numérique allait devenir la norme sous peu, affirme Sylvain Carle. Or, aujourd’hui, nous sommes dans le numérique. Le numérique est devenu la norme. Nous ne pouvons peut-être pas prédire l’avenir, mais nous avons une bonne idée de ce qui s’en vient... »

Par ailleurs, le gouvernement du Québec a fait l’annonce de la mise en place du Conseil du numérique, qui aura pour mandat de le guider relativement aux grandes priorités liées au numérique au Québec. Ce conseil sera également consulté pour tout ce qui concerne la mise en œuvre de la Stratégie numérique du Québec et des différents plans d’action numériques gouvernementaux qui en découlent. Et très bonne nouvelle pour l’UL : notre rectrice, Sophie D’Amours, a été nommée parmi les membres de ce conseil. « Le numérique est de plus en plus présent dans toutes les sphères de la société québécoise. Que ce soit à titre d’entreprise, d’organisme ou de citoyen, nous devons nous adapter à cette réalité du 21e siècle et apprendre à en tirer profit. Le Conseil du numérique, qui regroupe des experts reconnus pour leur savoirfaire en matière de nouvelles technologies, reflète la diversité des milieux concernés par la transformation numérique du Québec. Il favorisera la mobilisation du plus grand nombre d’acteurs possible pour accélérer le virage du Québec vers une société numérique des plus innovantes et compétitives », a indiqué Dominique Anglade, vice-première ministre, ministre de l’Économie, de la Science et de l’Innovation et ministre responsable de la Stratégie numérique.

photo André-Olivier Lyra / WAQ

Les soirées PechaKucha sont de retour à Québec ! Inspirantes, ces soirées sont un feu roulant de présentations sur la créativité. Leur formule est rapide et amusante : une dizaine de conférenciers d’horizons variés défilent sur scène, chacun prenant la parole pour 6 minutes et 40 secondes. Ils sont accompagnés d’un support visuel – 20 images, qui s’affichent pendant 20 secondes chacune à l’écran… et qui défilent de façon automatique, hors du contrôle du conférencier ! Lors de la première activité, prévue le 3 mai, qui aura pour thème « Dialogue », deux chercheurs de l’Université Laval seront présents. Alain A. Viau (Département des sciences géomatiques) viendra parler de l’objet « carte » comme support de dialogue, par le biais de la cartographie culturelle et sonore. Quant à Pierre Côté (École d’architecture), il présentera un projet de recherche (Habiter le Nord québécois) au fil duquel des chercheurs de l’Université Laval ont contribué au développement d’un dialogue à l’intérieur de communautés autochtones du Nord du Québec.

photo André-Olivier Lyra / WAQ

Soirées PechaKucha


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réalité augmentée

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L’avenue Cartier en planches

«

C’est une façon différente d’expérimenter la BD. Cela permet de faire éclater la case, de s’amuser avec la structure narrative grâce à des illustrations très proches de l’animation. L’histoire dessinée muette ne se limite pas aux dessins accrochés sur les murs : le récit se poursuit sur les tablettes ou les cellulaires des curieux lorsqu’ils téléchargent ­l’application liée à cette bande ­dessinée en réalité augmentée, car de nouvelles illustrations apparaissent.

Grâce à deux passionnés de l’Université, l’avenue Cartier fait ses premiers pas dans la réalité de la bande dessinée en réalité augmentée par Pascale Guéricolas Jusqu’au 30 septembre, les passants qui arpentent cette artère commerciale très fréquentée de Québec peuvent découvrir huit panneaux, installés entre la rue Crémazie et la Grande Allée, qui racontent une histoire dessinée muette mettant en scène deux personnages. Toute­fois, Les chroniques de Montcalm ne se limitent pas aux dessins accrochés sur les murs. Le récit se poursuit sur les tablettes ou les cellulaires des curieux lorsqu’ils téléchargent ­l ’application liée à cette bande ­d essinée en réalité augmentée, car de nouvelles illustrations apparaissent.  « C’est une façon différente ­d ’expérimenter la BD, explique Raymond Poirier, directeur général de Parenthèses 9, à l’origine du projet. Cela permet de faire éclater la case, de s’amuser avec la structure narrative grâce à des illustrations très proches de l’animation. » Ce chargé de communication à l’Institut technologies de l’information et sociétés (ITIS) a eu l’idée de marier ses deux passions : la bande dessinée et les nouvelles technologies. Il a parlé de son projet à Benoît Duinat, professionnel de recherche au Centre de recherche en géomatique de l’Université Laval. Très intéressé, cet expert en réalité augmentée et en modélisation ur­­ baine 3D a donc apporté son con­ cours technique durant ses heures de loisirs. Ses connaissances en encodage et en outils 3D ont aidé le scénariste Francis Desharnais ainsi que les dessinateurs Bach et Julien Dallaire-Charest à passer du simple dessin à la réalité virtuelle. Cette

nouvelle forme d’art devrait attirer vers la BD les curieux de technologie numérique. « Lorsque le passant pointe son cellulaire vers le panneau, il peut suivre les actions d’un des personnages, précise Benoît Duinat. Sur une des planches, par exemple, un chat perdu saute de case en case. Sur une autre, la corde à linge sur laquelle l’homme et la femme étendent leurs vêtements est volée par des oiseaux. C’est donc un mélange d’histoires fantaisistes et d’autres liées à la vie de quartier. » Ce résident de l’avenue Cartier a investi beaucoup d’efforts pour rendre l’application – disponible sur iOS et Android – facile d’accès. L’équipe a donc fait le choix de simplifier l’action des personnages pour limiter le temps de téléchargement et rendre l’application encore plus conviviale. La réalité augmentée des panneaux dessinés donne l’occasion de grossir certains détails ou de dé­­couvrir des points de vue sur les bâtiments ou les activités du site. La parade du Carnaval, le Grand Marché aux puces en juin, le Musée national des beaux-arts du Québec et les musiciens de rue occupent, en effet, une place très importante dans le récit muet, qui fait la part belle aux escaliers, aux balcons et aux murs de briques du quartier. Les personnages, eux, évoluent en pa­rallèle, déambulant sur l’artère commerciale pour le plaisir ou pour leurs tâches quotidiennes. Et le passant, lui ? « Il voyage à la fois dans l’histoire et dans la rue, répond Raymond Poirier. C’est une façon inusitée de visiter le quartier. »

La réalité augmentée des panneaux dessinés donne l’occasion de grossir certains détails ou de découvrir des points de vue sur les bâtiments ou les activités du site. images Julien Dallaire-Charest et Bach


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recherche

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Quatorze projets financés  par le Fonds des leaders John-R.-Evans Ces subventions aident l’Université à recruter et à maintenir en poste les meilleurs chercheurs en leur procurant de l’équipement et des installations de pointe

Le professeur Vincenzo Di Marzo a obtenu une subvention de près de 2 M $ pour l’achat et l’installation d’équipement servant aux travaux de la Chaire d’excellence en recherche du Canada sur l’axe microbiome-endocannabinoïdome dans la santé métabolique.

La FCI, le gouvernement du Québec et leurs partenaires investissent 5,7 M $ dans ces projets La Fondation canadienne pour l’innovation (FCI) vient d’accorder une somme totalisant 2,3 M $ à 14 chercheurs de l’Université Laval. Ces subventions, qui proviennent du Fonds des leaders John-R.-Evans, aident l’Université à recruter et à maintenir en poste les meilleurs chercheurs en leur procurant de l’équipement et des installations de pointe. Le gouvernement du Québec verse un montant équivalent à celui attribué par la FCI. À ces sommes s’ajoutent des contributions de l’Université et de partenaires, ce qui porte le total à près de 5,7 M $ pour les 14 projets retenus. Vincenzo Di Marzo, professeur à la Faculté de médecine et à la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation, a obtenu la part du lion, soit près de 2 M $, pour l’achat d’équipement destiné à la Chaire d’excellence en re­­cherche du Canada sur l’axe microbiomeendocannabinoïdome dans la santé métabolique. Le chercheur et son équipe étudient le microbiome intestinal et son rôle dans la digestion des aliments, la régu­ lation du métabolisme et du poids, la défense immunitaire, la mo­­ dulation de certaines fonctions régies par le cerveau et les maladies métaboliques. Voici la liste des chercheurs de l’Université Laval récemment fi­­ nancés par le Fonds des leaders John-R.-Evans :

Responsable  du projet

Titre du projet

Montant du  financement*

Bernier, Martin

Laboratoire de recherche sur la structuration par laser de composants photoniques

312 500 $

Bhiry, Najat

Dynamique spatio-temporelle des systèmes à la frontière de la taïga et de la toundra

121 773 $

Blanchet, Pierre

Laboratoire en ingénierie de la sécurité incendie

250 000 $

Campeau-Lecours, Alexandre

Intelligent mechatronic assistive technology for people living with disabilities and for the elderly

248 380 $

Caron, Jean

Plan dynamique de conservation des sols organiques

249 940 $

Di Marzo, Vincenzo

Study of the role of the gut microbiome-endocannabinoidome axis in metabolic health and its therapeutic exploitation

El Ali, Ayman

Laboratory of inter-cellular dynamics within the neurovascular unit in cerebrovascular diseases

299 943 $

Godefroy, Samuel

Towards an expanded analytical platform of food allergen and food authenticity detection

177 623 $

Hermawan, Hendra

Understanding the electrochemistry of biomaterials degradation for advancing innovation in medical implants

300 000 $

Julien, Jean-Pierre

Confocal microscopy platform for longitudinal imaging of pathological changes in ALS mouse models

375 000 $

Kobinger, Gary

Platform for the isolation of monoclonal antibodies for therapeutic and diagnostic purpose

567 453 $

Lambert, Jean-Philippe

Establishment of an infrastructure for functional proteomics studies of cancer

299 750 $

Proulx, Christophe

Probing neural pathways underlying emotions processing in normal and pathological states : from molecules to behavior

299 980 $

Veilleux, Alain

Establishment of an organoid culture laboratory for the study of small intestine metabolism

214 973 $

1 984 920 $

*L es sommes indiquées sont une approximation du montant total obtenu incluant la part de la FCI (40 %), du gouvernement du Québec (40 %) et de l’Université et de ses partenaires (20 %).


archéologie

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Vestiges mis au jour L’exposition Carnet de fouilles, 40 ans à la découverte du palais d’Amathonte présente les fouilles archéologiques menées sur cet important site de l’île de Chypre par Matthieu Dessureault Des monuments majestueux, des rues, des sculptures, une colline avec vue sur la mer : ainsi peut-on imaginer Amathonte il y a près de 3 000 ans. Située sur l’île de Chypre, près de l’actuelle ville de Limassol, cette cité était un important carrefour culturel et commercial qui abritait un palais royal. Depuis 1975, des équipes d’archéologues fouillent les vestiges de ce site géré par l’École française d’Athènes. Jusqu’ici, elles ont mis au jour moult trésors, comme des fragments de bâtiments, des sculptures, des figurines en terre cuite et des objets en céramique. Le professeur Thierry Petit, du Département des

sciences historiques, s’est joint à l’aventure il y a 31 ans. Régulièrement, il se rend à Chypre avec ses étudiants pour poursuivre les fouilles. « Amathonte est une ville abandonnée en bord de mer ; c’est immense ! Le chantier du palais royal mesure environ 400 mètres carrés, soit peut-être le dixième de sa superficie totale si on pense que certains palais qui ont été en­­ tièrement fouillés font parfois un demi-hectare », dit-il pour illustrer l’ampleur de la chose. Jusqu’au 1 er octobre, ce chantier fait l’objet d’une exposition à la Bibliothèque de l’Université Laval. Pré­ parée par des étudiants de

l’Université de Rennes, où elle a été présentée en 2016, cette exposition jette un regard fascinant sur l’histoire des fouilles et la nature des découvertes. Son titre, Carnet de fouilles, 40 ans à la découverte du palais d’Amathonte, fait référence à cette méthode utilisée jadis par les archéologues pour prendre des notes sur les chantiers. L’exposition réunit plusieurs photos, documents d’archives et artefacts. On y trouve aussi une reproduction 3D d’une stèle hatho­ rique. La découverte de cette pièce en 1983 marque un jalon dans l’histoire des fouilles puisqu’elle a permis d’avancer l’hypothèse que le

bâtiment situé tout près était le palais des rois d’Amathonte. D’une dimension d’environ 120 centimètres de haut et de 80 centimètres de large, la stèle représente la déesse Hathor, qui garantissait une protection divine au pouvoir royal. Une sélection d’objets et de fragments issus de la ­c ollection chypriote de l’Université Laval est également présentée. « Quelques objets ont été trouvés au palais d’Amathonte, mais la plupart proviennent de missions antérieures effectuées au nord de l’île, explique Thierry Petit. C’est le professeur Jean Des Gagniers qui a constitué cette collection à des fins pédagogiques à la fin des années 60 et au début des années 70. Pour une collection uni­ versitaire, elle est absolument remarquable, et même exceptionnelle. » Pour Thierry Petit, Ama­ Parmi les nombreux objets qui ont été trouvés, cette thonte est un creuset extra­ stèle hathorique polychrome proviendrait du palais royal. ordinaire pour étudier le photo École française d’Athènes, équipe du palais développement de l’identité chypriote. « Les fouilles per­ mettent de mieux com­ prendre les influences culturelles et religieuses des peu­ ples conquérants, en plus de donner une tout autre image de celle que l’on trouve dans les textes. Par exemple, on sait que la population d’Amathonte était fidèle au roi de Perse et hostile aux Grecs. Or, nous avons trouvé une énorme quantité de céramiques grecques au palais. Les rois d’Amathonte utilisaient cette vaisselle de luxe et importaient des vins grecs, même si Chypre produisait du vin, car ils voulaient se doter des meilleurs crus. Nous avons aussi trouvé des statues de personnages féminins drapés, ce qui est typiquement grec, alors que la

ville était plutôt favorable aux Perses du point de vue politique. » Dès juin, le professeur sera de retour sur l’île avec cinq étudiants, cette fois pour faire l’analyse d’artefacts. Ce projet de recherche couronne une série de dix campagnes de fouilles archéo­ logiques menées ces der­ nières années.

Les vestiges du palais d’Amathonte constituent un ensemble archéologique remarquable. photo Lionel Fadin

Préparée par des étudiants de l’Université de Rennes, où elle a été présentée en 2016, cette exposition jette un regard fascinant sur l’histoire des fouilles et la nature des découvertes

Depuis 1975, des équipes d’archéologues fouillent les vestiges de ce site géré par l’École française d’Athènes. photo Thierry Petit

Une étudiante, Élianne Gravel, classe la céramique découverte sur le site du palais. photo Meganne Tremblay

L’exposition Carnet de fouilles, 40 ans à la découverte du palais d’Amathonte est présentée au 1er étage du pavillon Jean-CharlesBonenfant, du 19 avril au 1er octobre. L’entrée est libre. Les heures d’ouverture de la Bibliothèque sont de 8 h à 23 h, du lundi au vendredi, et de 10 h à 17 h 30, les samedi et dimanche.


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vie étudiante

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Fonctionnaires d’été Chaque année, près de 300 étudiants de l’Université travaillent comme stagiaires dans la fonction publique par Pascale Guéricolas Son filet anti-mouches bien installé sur sa tête, Julie Perreault sort de sa tenteprospecteur et saisit son sac à dos, quelque part dans la région de la Baie-James, au nord de l’Abitibi. Une nouvelle journée de marche commence pour l’étudiante au baccalauréat en génie géologique. Elle parcourt un environnement d’épinettes tissées serré, de lichens, de tourbe spongieuse et de rochers à escalader, un environnement très éloigné des paravents beiges censés composer l’univers des fonctionnaires. Pour­tant, la jeune fille ac­­complit son stage pour un ministère, celui de l’Énergie et des Ressources naturelles, qui, chaque année, embauche des étudiants dans ses équipes pour actualiser ses cartes du territoire. « J’ai adoré mon expérience dans le bois, à marcher 8 à 10 km chaque jour en terrain difficile, raconte Julie Perrault. Durant les étés 2015 et 2016, je devais décrire les affleurements ro­­ cheux, prélever des échantillons, puis les analyser. Ces informations servent

ensuite au Ministère pour produire des cartes très précises qui sont mises à la disposition des explorateurs miniers. Personnellement, grâce à cette expérience, je suis revenue à l’Université avec un bagage énorme de connaissances. » Supervisée par un géologue sur le terrain, l’étudiante a mis en pratique des concepts vus dans ses cours, reconnaissant d’un seul coup d’œil les microfissures dans les ro­­ chers ou les orientations de faille qu’elle ne connaissait qu’en croquis ou en photo.  Chaque année, un millier d’étudiants au Québec sont immergés dans la réalité de la fonction publique – dans des ministères ou dans une trentaine d’organismes publics. Bon nombre de ces stagiaires proviennent de l’Université Laval, qui fournit 47 % des étudiants universitaires. « Les étudiants proviennent beaucoup des domaines des sciences et de génie, de la foresterie, de l’administration et de l’actuariat, mais il y en a aussi qui sont issus des domaines de l’agriculture, du design graphique et de

Julie Perreault a passé deux étés à arpenter le territoire  de la région de la Baie-James pour actualiser les cartes géologiques du Ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles utilisées pour l’exploration minière.

l’économie, remarque André Raymond, directeur du Ser­ vice de placement de l’Université Laval. Un stage cons­ titue une excellente occasion pour valider son choix de ­carrière, développer son réseau de relations et, surtout, “mettre un pied dans la porte”, une situation qui peut avantager un candidat lors du processus d’embauche. » Cette situation correspond en tous points à l’expérience vécue par Marjorie LapointeAubert lors de son stage au ministère des Transports, de la Mobilité durable et de l’Électrification des transports. L’étudiante au baccalauréat en génie géologique a énormément appris sur la réalité des glissements de terrain en travaillant avec une unité spécialisée dans ce phénomène. Pendant quatre mois, elle a documenté un nombre record de glissements de terrain un peu partout au Québec, liés aux nombreuses inondations de l’an dernier. Bien intégrée dans l’équipe, elle contribuait à produire le schéma décrivant ce qui s’était passé sur le terrain, tout en rédigeant le rapport qui proposait des mesures pour réparer la situation. « Ce stage m’a permis de mettre en application des notions mathématiques et physiques en mécanique des sols, que je trouvais jusque-là très théoriques, explique l’étudiante. Sur le terrain, cela devenait applicable. »  Cette expérience a conforté Marjorie Lapointe-Aubert dans son choix de carrière, elle qui a déjà œuvré comme publicitaire à imaginer des campagnes pour des clients. Ce stage l’a d’ailleurs convaincue au point qu’elle retourne travailler en mai avec la même équipe de fonctionnaires ­p assionnés et qu’elle envisage sérieusement de mettre ses compétences au service des citoyens à la fin de son baccalauréat.  Un sondage effectué chaque année par le Conseil du trésor montre d’ailleurs que plus de 90 % des stagiaires de la fonction publique sont très satisfaits ou plutôt satisfaits de leur stage. Ces stagiaires ont ensuite la possibilité, à la fin de leurs études, de postuler directement dans les ministères qui recrutent des candidats, une prérogative réservée aux étudiants qui ont déjà travaillé pour le gouvernement.

La délégation de l’Université Laval a rendu visite à la mission permanente de l’Inde aux Nations unies à New York. Olivier Clavet est à l’avant avec la première secrétaire de la mission, Eenam Gambhir. À l’extrême gauche se trouve l’ambassadeur indien à l’ONU, Tanmava Lal. photo Étienne Hivon

Jeunes diplomates onusiens Une trentaine d’étudiantes et d’étudiants se sont familiarisés avec le monde des relations internationales à New York, en mars, dans le cadre de la simulation des Nations unies par Yvon Larose Ils étaient 36. Des étudiantes et des étudiants de l’Université Laval inscrits au premier ou au deuxième cycle dans des dis­ciplines telles que l’administration, l’économie, la communication, la science politique et les études internationales. Durant une semaine, du 18 au 23 mars, ils ont représenté l’Inde à la compétition universitaire internationale National Model United Nations 2018. L’activité a débuté à l’ONU dans la salle de l’Assemblée générale. Elle s’est poursuivie dans deux hôtels situés près de Times Square. Cette simu­lation des Nations unies a attiré quelque 5 000 participants des quatre coins du monde. Au terme de l’exercice, la délégation de l’Université Laval a mérité le Outstanding Delegation Award. Avant la simulation, la délégation avait été récompensée à trois reprises par le prix Outstanding Position Paper couronnant la qualité de documents préparatoires. « Nous avons remporté le prix Outstanding Delegation Award pour une sixième année consécutive, explique son président, l’étudiant à la maîtrise en études internationales Olivier Clavet. Notre association existe depuis 27 ans. Au fil des ans, il y a eu partage de connaissances et de compétences entre vétérans et recrues. À l’automne et à l’hiver, les six membres du comité de direction ont assuré à eux seuls l’encadrement des délégués dans leur prépa­ration. Ces six membres ont tous vécu la simulation ONU. Chaque soir durant la simulation, nous rencontrions toutes les équipes pour un debriefing. » Durant leur préparation, les 36 délégués ont développé leur habileté à parler en public et en anglais. Ils ont assimilé les rè­gles de procédure propres à ce genre de simulation. Ils ont aussi appris comment écrire une résolution qui respecte les critères de l’ONU. Par l’intermédiaire de cet apprentissage, les délégués se sont familia­ risés avec le pays qu’ils allaient représenter à New York, l’Inde. Cet immense pays de 1,3 milliard d’habitants situé au sud de l’Asie est une puissance économique en émergence ainsi qu’une puissance nucléaire. « La préparation a servi à bien cerner la position de ce pays sur différents enjeux

connus à l’avance et à apporter telle et telle solution, souligne Olivier Clavet. Ce pays complexe a une position tranchée sur différents enjeux internationaux. La prépa­ra­tion a représenté un défi particulier. Par exemple, l’Inde siégeait à la Commission de la condition de la femme. Or, plusieurs de nos délégués ont dû adopter une position neutre compte tenu du conservatisme de la société indienne. Ils ont trouvé ardu le fait de ne pas prôner des valeurs progressistes. » Si Élisabeth Huot (études internatio­ nales) a agi comme déléguée de l’Inde à la Com­m ission des stupéfiants, Noémie Beauclair (droit) a représenté ce pays au Conseil économique et social, tandis qu’Isabelle Richard (études internationales et langues modernes) et Diego Garcia (sciences de la consommation) ont été délégués à la Commission de consolidation de la paix. Selon Olivier Clavet, les délégués ont appris à négocier et à faire preuve de diplomatie et de finesse au quotidien. Ces aptitudes étaient particulièrement utiles durant les séances qui se déroulaient en comité. « Durant une pause, poursuit-il, nos délégués pouvaient approcher, par exemple, les délégués de l’Afghanistan parce qu’ils avaient lu avec intérêt un de leurs position papers sur un enjeu commun. Ils leur proposaient alors de travailler avec eux. Si leurs vis-à-vis étaient d’accord, ils débattaient ensemble de l’enjeu et rédigeaient une résolution qui était ensuite présentée au comité. » Durant leur séjour, les délégués de l’Université Laval ont visité la mission permanente de l’Inde à l’ONU et ils ont rencontré l’ambassadeur indien ainsi que la première secrétaire de la mission. Les étudiants ont également rendu visite aux représentants de la Délé­gation générale du Québec à New York. Enfin, ils ont rencontré le porteparole du secrétaire général de l’ONU. Le recrutement de la prochaine délégation de l’Association pour la simulation des Nations unies de l’Université Laval débutera en septembre prochain. Pour information : page Facebook de l’Association, assnul@pol.ulaval.ca


sports

photo Yan Doublet

le fil | le 19 avril 2018

67e Gala Rouge et Or Justine Pelletier et Mathieu Betts sont nommés étudiante-athlète et étudiant-athlète de l’année 2017-2018 par Mathieu Tanguay La joueuse de rugby Justine Pelletier et le footballeur Mathieu Betts ont été sacrés étudiants-athlètes féminin et masculin de l’année 20172018 lors du 67e Gala Rouge et Or présenté par RBC. À cette occasion, près de 600 convives s’étaient réunis au PEPS, jeudi dernier. Mathieu Betts reçoit cette distinction pour la deuxième année consécutive, un exploit réalisé à six reprises seulement en 67 ans d’histoire. Par le passé, il fut réalisé par

Charles Philibert-Thiboutot (athlétisme), Sophie Simard (natation), Marlène Taliana (natation), Claude Lessard (volleyball féminin) et Odette Lapierre (athlétisme). Au sein des finalistes de la Coupe Vanier, Mathieu Betts a été choisi meilleur joueur de ligne au pays pour la seconde saison de suite. Membre de la première équipe d’étoiles cana­dienne, l’ailier défensif a été le meneur pour les sacs du quart, les passes rabattues et

Près de 600 convives étaient réunis au PEPS pour l’occasion

les échappés recouvrés dans le RSEQ. Outre Betts, qui a devancé pour l’obention du titre le golfeur par excellence du RSEQ et vice-champion canadien Baptiste Mory, un seul autre footballeur avait déjà été sacré athlète de l’année du Rouge et Or, soit Étienne Légaré en 2009. Justine Pelletier, pour sa part, crée un précédent puisqu’aucune joueuse de rugby n’avait auparavant été élue athlète de l’année du Rouge et Or. La demi de mêlée a été préférée à Aurélie Dubé-Lavoie, membre de la première équipe d’étoiles U SPORTS en cross-country et double médaillée de bronze au championnat canadien d’athlétisme. Les performances individuelles de Justine Pelletier ont eu une incidence majeure sur celles de l’équipe, qui a obtenu le meilleur résultat de son histoire, une médaille d’argent au championnat national. Lors de cette compétition, Justine Pelletier a été sélectionnée sur l’équipe d’étoiles, après avoir notamment été choisie joueuse de la rencontre en quart de fi­­ nale. Membre de la première équipe d’étoiles canadienne, elle a réussi six essais en saison régulière. Le club d’athlétisme Rouge et Or a remporté trois des quatre autres prix. JeanSimon Desgagnés a été élu recrue masculine de l’année ; sa coéquipière Jessy Lacourse a reçu le même honneur chez les femmes ; et Geneviève Gagné a remporté le prix Jean-Marie De Koninck du mérite académique. La persévérance du footballeur Dante Djan a été saluée puisqu’il est reparti avec le prix de l’équipe médicale.

Campus dynamique

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en bref

Défi 5-10 km Le Département d’éducation physique, en colla­boration avec la Direction santé et mieuxêtre au travail, le PEPS et Mon équilibre UL, invite les membres de la communauté universitaire à participer au 13e Défi 5-10 km. Profitez de cette occasion unique pour faire de l’exercice en compagnie de vos collègues et amis. Cette activité a pour but de sensibiliser les gens à la pratique régulière d’activités physiques. Elle consiste à relever un défi de marche ou de course, sur un parcours sécuritaire aménagé sur le campus, dans un cadre non compétitif et amical. Les participants pourront choisir une épreuve adaptée à leur niveau de condition physique parmi les trois suivantes : le 5 km de marche, le 5 km de course et le 10 km de course. Mercredi 25 avril, dès 12 h. Pour en savoir plus : www.peps.ulaval.ca/defi510km

Championnat mondial universitaire de ­ cross-country L’étudiante-athlète Aurélie Dubé-Lavoie a pris le 35e rang du championnat mondial ­universitaire de cross-country, présenté la semaine dernière à Saint-Gall, en Suisse. À sa première participation à cette compétition, Aurélie Dubé-Lavoie a terminé l’épreuve de 10 kilomètres en un temps de 38 minutes 43 secondes 2 dixièmes. Elle a obtenu le quatrième meilleur chrono des cinq Canadiennes. L’étudiante-athlète du Rouge et Or a aidé la formation féminine du Canada à terminer en cinquième position. Claire Sumner, de l’Université Queen’s, a réalisé la meilleure course chez les Canadiennes – la huitième plus rapide de la compétition – avec un temps de 35 minutes 40 secondes 5 dixièmes. Au classement par équipe, ce sont les Japonaises, détentrices de trois des cinq premières positions individuelles, qui ont remporté l’or.

Perfectionnez votre technique ! Si vous pratiquez le tennis, le golf ou la natation depuis plusieurs années, vous n’êtes pas sans savoir que la technique apporte beaucoup d’avantages ! En plus d’améliorer vos performances, la technique vous permet de développer des aspects plus faibles de vos mouvements et de vous donner plus de plaisir à jouer ou à vous entraîner. Les tarifs des cours privés et semi-privés du PEPS sont très abordables et, en plus, vous bénéficiez d’installations de très grande qualité.

Ce sont les 25 et 26 avril, entre 12 h et 21 h, à l’entrée de la réception principale du PEPS, qu’auront lieu les inscriptions des équipes pour les ligues intra-muros de l’été 2018. Pour effectuer une inscription individuelle, visitez le peps.ulaval.ca/intra. Vous pourrez vous inscrire sur une liste de réserve, qui sera consultée par les capitaines qui veulent compléter leur formation. photo Hubert Gaudreault

Vous êtes intéressé par ce service ? Informezvous en visitant le www.peps.ulaval.ca ou en téléphonant au 418 656-2131, poste 6031.


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au fil de la semaine

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le fil | le 19 avril 2018

Panorama de musiques sacrées Vous aimeriez entendre des voix actuelles interpréter certains des plus beaux morceaux de l’histoire de la musique sacrée ? Assistez au prochain concert du Chœur de la Faculté de musique, qui réunit une cinquantaine de chanteurs sous la direction de Josée Vaillancourt. Le Chœur du Département de musique du Cégep de Ste-Foy, sous la direction de Pierre Grondines, se joindra aux chanteurs de l’Université pour ce spectacle présenté dans le magnifique décor de la basilique-cathédrale Notre-Dame de Québec. Au programme de ce concert intitulé Autour de musiques sacrées figure un répertoire d’exception issu ou inspiré du chant grégorien et des périodes baroque et classique. Vous découvrirez ainsi un large éventail de musiques sacrées, depuis la Renaissance jusqu’au 20e siècle. Des œuvres de Carpentras, de Dufay, de Byrd, de Purcell, de Buxtehude, de Haendel, de Mozart et d’Arvo Pärt mettront en vedette les solistes Maude Bernier, alto, Étienne Quirion, ténor, et Francis Belcourt, baryton. Marc D’Anjou, organiste titulaire de la basilique-cathédrale, accompagnera les deux chœurs. photo Daniel Abel Jeudi 26 avril, à 19 h 30, à la basilique-cathédrale Notre-Dame de Québec. Billets en vente sur lepointdevente.com ou à la porte le soir du concert.

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30/04

Le sublime dans les arts

Du tissu à l’ordinateur

Des classiques à l’école ?

Contours juridiques de l’œuvre

Viser l’estomac des enfants

Des aînés dignes et heureux

La notion de sublime ­ap­­paraît dans la littérature et la peinture du 18e siècle. Il s’agit alors d’une émotion qui se manifeste de­­ vant le grandiose. Selon certains, cette notion se transpose aisément dans les pratiques ar­­tistiques con­temporaines. Dans l’expo­sition Le su­­blime, vous pourrez admirer les œu­­vres de 12 artistes qui ont revisité l’idée de su­­ blime avec des matériaux variés, allant de la peinture à la projection vidéo, en passant par la sculpture et l’installation. Cette expo­ sition a été mise sur pied par le Comité d’exposition des étudiants en histoire de l’art, qui souhaite ainsi favoriser la c­ ollaboration entre les é­ tudiants en histoire de l’art et ceux en arts visuels. p ­ einture

Entre 1751 et 1772 parais­ sent en France les 28 vo­­ lumes de l’Encyclopédie, dont l’une des visées est de valoriser les métiers techniques et les outils du quotidien. Parmi ceux-ci, le métier à tisser fait l’objet de quelques commentaires de la part de Denis Diderot, qui compare cette machine à un raisonnement. Afin d’analyser plus en profondeur cette analogie, le professeur Michel Delon, de l’Université Paris-Sorbonne, propose, dans sa conférence « Toile, texte, machine. ­Ré­­sonance d’une métaphore de Diderot, du 18e au 21e siècle », de parcourir près de trois siècles de littérature autour des relations entre le tissu, les mots et les machines. Selon ce professeur, c’est le système de programmation des métiers à tisser qui est adapté aux premières machines ana­ lytiques, ancêtres de nos ordinateurs actuels.

La lecture des grands au­­ teurs est-elle encore utile à l’éducation des adolescents québécois d’aujour­d’hui ? Quels bénéfices peuvent-ils tirer d’Aristote, de Descartes, de Racine, de Kant ou de Zola ? Pour le savoir, par­ ticipez à la causerie avec Raphaël Arteau McNeil au­­ tour de son essai La perte et l’héritage. Essai sur l’édu­ cation par les grandes œu­­ vres. Dans son ouvrage, ce chargé de cours à la Faculté de philosophie constate lu­cidement la perte pour les jeunes générations du retrait complet des programmes scolaires – au nom d’une « démocratisation à courte vue » – d’une initiation à la « grande » culture occidentale. Sans prôner un illusoire retour en arrière, il propose la simple réactivation de cet héritage pour ses beautés et ses vérités toujours actuelles. peinture L’École

Au Québec, comme dans plusieurs autres sociétés occidentales, la population est vieillissante. Les questions éthiques liées au ­vieillissement individuel et ­col­­lectif – ce qui inclut la préservation de la di­­gnité humaine, l’achar­­ne­ment et l’abandon thérapeutiques, l’accessibilité aux soins de santé, l’isolement et la ­maltraitance – se présen­ tent donc à nous avec da­­ vantage d’acuité. Une journée d’étude sur le thème « En ma vieillesse, ne me délaisse pas. Les enjeux éthiques liés au vieillissement » réunira des spécialistes de plusieurs disciplines, dont Cory Andrew Labrecque, professeur à la Faculté de théologie et de sciences religieuses, ainsi que Pierre J. Durand et Caroline Sirois, professeurs au Département de médecine sociale et préventive.

planche de l’Encyclopédie

d’Athènes de Rapahaël, 1509-1510

Connaissez-vous des en­­ fants incapables de résister à un cornet de crème glacée ? C’est une situation fort répandue… Si la plupart des parents ne voient pas d’inconvénients à ce que les petits en dégustent à l’occasion, ils souhaitent tout de même que leurs enfants, de manière générale, se nourrissent sainement. Or, la publicité alimentaire a des répercussions sur les comporte­ments alimentaires des enfants. Devrait-on mieux encadrer cette pu­­ blicité ? C’est la question à laquelle répondra MarieÈve Labonté, professeure à l’École de nutrition, dans la conférence « Restrictions de la publicité alimentaire destinée aux enfants : le profilage nutritionnel a-t-il sa place ? ». Cette activité est présentée dans le cadre des ateliers « Parlons bouffe », des rendez-vous de réflexion multidisciplinaire pour ana­ lyser les enjeux inhérents à l’acte de manger.

Mardi 24 avril, à 14 h, au local 5242 du pavillon Charles-De Koninck. Entrée libre.

Jeudi 26 avril, à 18 h, à la Librairie Pantoute (1100, rue St-Jean). Entrée libre.

Une avalanche dans les Alpes de Philippe-Jacques de Loutherbourg, 1803

Vernissage : jeudi 19 avril, à 18 h, à la Salle d’exposition du pavillon Alphonse-­ Desjardins. Entrée libre. L’exposition se poursuivra jusqu’au samedi 5 mai.

Qu’est-ce qu’une œuvre ? Voilà une question à la­­ quelle les mondes juridique et artistique ne donnent pas la même réponse. Chez les juristes, la notion d’originalité et la dichotomie idée / expression sont les principaux concepts pour carac­ tériser une œuvre. Or, ces concepts sont en décalage avec les définitions proposées dans divers domaines de la création. Dans la conférence « Les contours juridiques de la notion d’œuvre », Georges Azzaria, professeur à la Faculté de droit et directeur de l’École d’art, présentera les critères propres au droit et dégagera les zones de divergence et de convergence avec les définitions de la notion d’œuvre propres au milieu littéraire. Cette rencontre entre droit et littérature est une invitation du Centre de recherche inter­universitaire sur la littérature et la culture québécoises. Jeudi 26 avril, à 12 h, au local 4433B du pavillon Louis-Jacques-Casault. Entrée libre.

Vendredi 27 avril, à 10 h, au local 1724 du Pavillon des services. Entrée libre.

Consultez le calendrier complet des activités sur le campus à ulaval.ca

Lundi 30 avril, de 9 h à 15 h, au local 2320-2330 du pavillon Gene-H.-Kruger. Pour consulter le programme : bit.ly/2EWYkQx. Pour ­s’inscrire  : ­cory-andrew.labrecque@ ftsr.ulaval.ca


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