Le Fil 31 octobre 2013

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Un météorite près de Sept-Îles p2

La magie des mots p11

Patrimoine naturel remarquable Les espaces verts et les boisés correspondent aux deux tiers de la superficie du campus. L’Université se dote d’un plan directeur pour les protéger et les valoriser. p8 et p9

photo Marc Robitaille

Volume 49, numéro 9 31 octobre 2013


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Une énigme tombée du ciel Des chercheurs font la lumière sur l’origine d’une étrange structure géologique trouvée au large de Sept-Îles par Jean Hamann

Toujours plus de vélos et d’îlots sur le campus L’Université, grâce à l’appui du Fonds Éco IGA, vient d’acheter 20 vélos – ce qui porte sa flotte à 68 bicyclettes – et ouvert un troisième point de service de prêt de vélo au pavillon Alexandre-Vachon. Ce service, mis en place en 2005, permet aux étudiants et aux employés d’emprunter gratuitement ce moyen de transport pour leurs déplacements, et ce, de la mimai à la mi-octobre. De plus, toujours grâce au Fonds Éco IGA, l’Université a ajouté, au cours de la dernière année, 20 îlots de récupération extérieurs à ses 750 îlots déjà présents à l’intérieur des bâtiments. Ceux-ci permettent la récupération des matières compostables, des contenants recyclables et des déchets.

Soigner les plus démunis Une vingtaine d’étudiants et d’enseignants des facultés de Médecine, des Sciences infirmières et de Pharmacie ont participé à la 12e Nuit des sans-abri qui s’est déroulée le 18 octobre dernier à la Place de l’Université-du-Québec. Ceux-ci ont fourni sur place les premiers soins aux personnes itinérantes qui en avaient besoin. Ce bénévolat leur a permis d’offrir leurs services à une population qui n’a pas tendance à y recourir pour ne pas s’exposer au regard des autres. Cette expérience leur a également donné la chance de côtoyer des personnes marginalisées, une situation à laquelle ils seront confrontés dans leur profession. « La collaboration à la Nuit des sans-abri s’inscrit dans la mission et les valeurs de la Faculté, a déclaré Rénald Bergeron, doyen de la Faculté de médecine. L’engagement social est essentiel, c’est une façon d’assurer une formation qui répond aux besoins de la population. »

Un météorite de 4,1 km de diamètre s’est écrasé tout près de Sept-Îles... il y a plusieurs millions d’années. C’est l’explication la plus vraisemblable à laquelle arrive un groupe de chercheurs dirigé par Patrick Lajeunesse, professeur du Département de géographie et chercheur au Centre d’études nordiques, qui a étudié une anomalie sous-marine découverte il y a 12 ans, en face de cette ville de la Côte-Nord. En 2001, lors d’une opération de cartographie de l’habitat du homard, des employés du Service hydrographique du Canada ont repéré, au large de la baie de Sept-Îles, à 40 mètres de profondeur, une étrange structure de forme circulaire. « L’hypothèse d’un cratère d’impact météoritique avait été avancée, mais ce secteur a une géologie complexe. Il pouvait aussi s’agir de cheminées de volcan ou de remontées de sel », signale Patrick Lajeunesse. Pour en avoir le cœur net, son équipe a effectué des sondages à haute résolution dans ce secteur en 2005, 2006 et 2010. Les résultats, qui seront publiés dans la revue scientifique Meteoritics and Planetary Science, plaident en faveur de la chute d’un météorite.

Le cratère qui a résulté de cette collision est plus grand que celui du NouveauQuébec (3,4 km). Sa forme est celle d’un cercle presque parfait au centre duquel se trouve un noyau surélevé. Il s’agit de matériaux qui ont été déplacés vers le haut à la suite de l’impact, comme lorsqu’une goutte d’eau tombe dans un liquide, explique le professeur Lajeunesse. De plus, le cratère présente une série de trois anneaux concentriques. « Sa morphologie et sa géométrie sont semblables à celles des cratères d’impact météoritique », résume-t-il. On ignore encore à quel moment l’écrasement de ce météorite est survenu. « Nous savons que l’événement s’est produit il y a au moins 2,6 millions d’années, mais il pourrait remonter à aussi loin que 470 millions d’années. Le météorite est sans doute tombé sur la terre ferme alors que le niveau marin était plus bas qu’aujourd’hui », avance le professeur Lajeunesse. Un échantillon de roche recueilli à la surface du cratère a révélé la présence de minéraux produits par fusion à des températures dépassant 1600 degrés Celsius. « C’est le genre de température

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Nous savons que l’événement s’est produit il y a au moins 2,6 millions d’années, mais il pourrait remonter à aussi loin que 470 millions d’années

Des profils gagnants C’est le lundi 4 novembre que commenceront les inscriptions, pour la session d’hiver, à quatre des cinq profils d’études offerts à l’Université, soit le profil entrepreneurial, le profil en développement durable ainsi que les deux nouveaux créés cette année, le profil recherche et le profil distinction. Quant au profil international, son fonctionnement diffère un peu. La date limite de dépôt du dossier de candidature est le 7 février 2014 pour un départ à l’automne 2014 ou à l’hiver 2015. Offerts principalement aux étudiants du baccalauréat, ces parcours de 12 crédits chacun comportent pour la plupart des cours ainsi qu’un projet ou un stage et sont dûment reconnus par une mention sur le diplôme. Une nouvelle section Web (www. ulaval.ca/profils) rassemble désormais l’information les concernant. En la consultant, les étudiants peuvent tout savoir sur ces profils, de leur description en passant par leurs conditions d’admission ainsi que les programmes qui les offrent et le soutien financier accordé.

que peut produire l’écrasement d’un météorite », précise le chercheur. Toutefois, on ne peut écarter la possibilité que ce fragment provienne d’ailleurs et qu’il ait été transporté sur le site par les glaciers, reconnaît-il. « Pour apporter une preuve irréfutable à la thèse du météorite, il faudrait forer le cratère et trouver des traces de fusion dans les échantillons prélevés. Des travaux de terrain de cette nature sont toutefois très coûteux. Avant de nous attaquer à pareil projet, nous devions faire la démonstration que l’hypothèse du cratère météoritique tenait la route. » La découverte de cratères météoritiques et la datation de ces structures revêtent un grand intérêt pour les scientifiques parce qu’elles permettent d’expliquer des fluctuations dans les climats du passé. « Un météorite comme celui qui a formé le cratère près de Sept-Îles met en suspension d’énormes quantités de poussières qui peuvent perturber, pendant des années, les conditions climatiques à l’échelle continentale. » L’étude qui paraît dans Meteoritics and Planetary Science est signée par Patrick Lajeunesse (Géographie) et Jacques Locat (Géologie et génie géologique), de l’Université Laval, Guillaume St-Onge, de l’UQAR, Mathieu J. Duchesne, de la Commission géologique du Canada, Michael Higgins, de l’UQAC, Richard Sanfaçon, du Service hydrographique du Canada, et Joseph Ortiz, de l’Université Kent State.

Image du cratère situé au large de la baie de Sept-Îles, obtenue par sondages à haute résolution. Sa profondeur maximale atteint 250 mètres, ce qui témoigne de la force de l’impact.

On peut le lire en ligne au www.lefil.ulaval.ca et s’abonner gratuitement à un avis de parution électronique. Écrivez-nous ! Le Fil accueille vos idées avec plaisir.

Le journal de la communauté universitaire Fondé en 1965, Le Fil est un hebdomadaire publié 30 fois par an par la Direction des communications de l’Université Laval et distribué gratuitement sur le campus.

Les lettres destinées au courrier des lecteurs – 400 mots maximum – doivent nous parvenir au plus tard le vendredi midi précédant la parution, à l’adresse le-fil@dc.ulaval.ca. Le contenu de ce journal peut être reproduit à condition de mentionner la source et l’auteur. Rédaction Éditeur : Jacques Villemure, directeur des communications

Rédactrice en chef par intérim : Claudine Magny Journalistes : Jean Hamann, Renée Larochelle, Yvon Larose Journaliste nouveaux médias : Julie Picard Collaborateurs : Pascale Guéricolas, Mathieu Tanguay, Julie Turgeon, Pierre-Luc Tremblay Rédactrice-réviseure : Anne-Marie Lapointe Secrétaire à la rédaction et recherchiste photo : Josée Nadeau Production Infographie : Léa Robitaille, Service de reprographie de l’Université Laval Impression : Les Presses du Fleuve, Montmagny (Québec)

Ventes publicitaires Élisabeth Farinacci 418 656-2131 poste 4618 Dépôt légal Bibliothèque nationale du Québec, ISSN 022-1-1965 Pour nous joindre 2325, rue de l’Université, local 3108 Québec (Québec) G1V 0A6 Téléphone : 418 656-2131 poste 4687


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Il faut presque apprendre son texte par cœur, tout en ayant l’air d’improviser. C’est tout un défi à relever, mais c’est très motivant comme formule.

Tout comme l’ensemble des conférenciers, le professeur au Département de géomatique, Stéphane Roche, avait 18 minutes pour capter l’attention du public. photos Daniel Lévesque

Top chrono et techno Misant sur la séduction, le spectacle et le divertissement, les conférences TEDx proposent une façon plutôt originale de transmettre le savoir par Renée Larochelle Une expérience exaltante. C’est ce qu’a vécu, seul, sur la scène du Théâtre Périscope, le 20 novembre dernier, le professeur au Département de géomatique, Stéphane Roche. Devant 100 personnes triées sur le volet et provenant de divers milieux, ce spécialiste des sciences de l’information géographique a prononcé une conférence sur le thème de la ville intelligente. Jusque-là, pas de quoi fouetter un chat, direzvous. Sauf que Stéphane Roche ne disposait que de 18 minutes et pas une seconde de plus pour capter l’attention de son public et le faire vibrer sur un sujet complexe et pas trop captivant de prime abord : la spatialité ou l’ensemble des actions que les groupes ou les individus réalisent dans l’espace. Pas de période de questions, pas de lutrin derrière lequel se « protéger » : trois écrans gigantesques défilant des images au fond de la scène, et le conférencier tout fin debout muni d’une télécommande : voici la conférence TEDx.

« Comme universitaire, on est plutôt habitué à parler devant une assistance homogène avec la possibilité de se référer à des notes », dit Stéphane Roche, dont les travaux font l’objet de publications et de conférences internationales. « Avec ce type de conférences, poursuit-il, il faut presque apprendre son texte par cœur, tout en ayant l’air d’improviser. C’est tout un défi à relever, mais c’est très motivant comme formule. » Fondé à Montery en Californie en 1984, le mouvement international TED (Technology, Entertainment and Design) est une organisation sans but lucratif visant à réunir des personnes influentes dans les domaines de la technologie, du divertissement et du design. Ailleurs dans le monde, les événements portent le nom TEDx, le « x » signifiant independently organized TED events. Le premier

TEDx à s’être tenu en milieu universitaire a eu lieu le 8 novembre 2012 dans le grand amphithéâtre de l’Université Paris-1 PanthéonSorbonne, sur le thème « The New Age of Enlightment ». Depuis, plusieurs conférences de ce genre ont eu lieu en Europe et en Amérique du Nord. À Québec, ce type d’événement a eu lieu pour la première fois au Théâtre Périscope l’automne dernier. Sur les 35 projets de

conférences proposés aux responsables de TEDx Québec, 9 ont été retenus, d o n t c e l u i d e St é p h a n e Roche. Car ne devient pas conférencier TED qui veut : il faut non seulement posséder son sujet à fond, mais aussi être en mesure de transmettre ses connaissances dans les règles de l’art propres au genre. Les conférences sont ensuite diffusées sur le Web et peuvent donc être vues par des milliers d’internautes.

« Comme conférencier, on doit respecter un canevas bien précis en commençant par le récit d’une expérience personnelle. Puis, on enchaîne avec le sujet, le tout dans un temps très limité. La conférence doit être dynamique, avoir du punch. Les gens viennent là comme s’ils allaient au théâtre. C’est très différent de ce qui se passe dans une salle de cours ! » En matière d’introduction, Stéphane Roche a ainsi raconté au public que,

La conférence se donne toujours devant 100 personnes provenant de divers milieux.

voyageant dans l’avion avec son jeune fils, celui-ci lui avait demandé pourquoi le livre de « géographie » que son père lisait (qui portait en fait sur la spatialité) ne comportait pas d’image. Il a ensuite devisé du concept de ville intelligente et donné des exemples de l’utilisation de données numériques et de leur intégration dans les actes du quotidien. À la fin, le public a applaudi chaleureusement sa prestation. Si plusieurs experts et chercheurs voient en cette formule un moyen original de partager des idées novatrices dans un cadre autre que universitaire, d’autres doutent que des savoirs compliqués puissent être transmis efficacement en plus ou moins 20 minutes. C’est le cas de Magali Uhl, professeure au Département de sociologie à l’UQAM. Venue donner une conférence sur le sujet lors d’un midi organisé récemment par le Centre interuniversitaire d’études sur les lettres, les arts et les traditions, Magali Uhl a parlé du danger que la formule dérape vers le vedettariat, au détriment des connaissances elles-mêmes. « Je ne veux pas diaboliser les TEDx et affirmer que le savoir doit à tout prix être transmis dans un amphithéâtre universitaire durant trois heures, a indiqué la sociologue. Mais c’est l’aspect séduction qui m’inquiète. À cet égard, les TEDx doivent rester dans la catégorie du divertissement intelligent. » Stéphane Roche estime qu’il n’y a pas péril en la demeure. « Tant que la formule des TEDx demeurera un moyen parmi d’autres pour transmettre le savoir, il n’y a pas à s’inquiéter, indique-t-il. Les prochaines conférences TEDx Québec auront lieu le 26 novembre au Théâtre Périscope, sur le thème : Les nouvelles frontières. Pour en savoir davantage sur cet événement : www.tedxquebec.com


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Nouvelle convention pour les chargés de cours Le Syndicat des chargées et chargés de cours (SCCCUL) a une nouvelle convention collective depuis le 25 octobre 2013 grâce à l’entente signée par Michel Beauchamp, vice-recteur aux ressources humaines, et Puma Freytag, président du SCCCUL. Cette convention, qui vient à échéance le 31 décembre 2016, a fait l’objet d’une réécriture complète pour en faciliter la compréhension. Parmi les modifications apportées, on trouve une procédure mieux définie d’élaboration de la charge de travail des chargés d’enseignement. Ces derniers ont aussi droit à de nouveaux avantages concernant le renouvellement de contrat, les congés sans traitement et à traitement différé. L’attribution des cours dans les unités a également été précisée, et des éclaircissements ont été apportés à la période d’essai, au perfectionnement et aux congés parentaux. Pour consulter cette nouvelle convention : https://www.rh.ulaval.ca.

Faire échec au vol d’appareils mobiles Tablettes électroniques, téléphones intelligents et ordinateurs portables sont de nos jours des outils précieux qui contiennent des informations sensibles et cruciales pour la protection de la vie privée. Le vol ou la perte de ces appareils peut donc occasionner des conséquences graves, allant même jusqu’au vol d’identité. À l’occasion de la Semaine nationale de prévention de la criminalité, qui se tient du 4 au 8 novembre, le Service de sécurité et de prévention (SSP) ainsi que le Bureau de la sécurité de l’information (BSI) organisent une campagne de sensibilisation au vol d’appareils électroniques sur le thème « Faites échec au vol! Protégez vos appareils mobiles. » À cette occasion, de judicieux conseils pour protéger les appareils mobiles seront mis en ligne sur le site Web du SSP, tandis qu’un agent de prévention sillonnera le campus pour sensibiliser étudiants et employés à ce problème. Information : ssp.ulaval.ca

Du ski en novembre La forêt Montmorency a une bonne nouvelle pour les fondeurs et fondeuses désireux de reprendre l’entraînement : elle ouvre ses pistes de ski de fond demain, vendredi 1er novembre. L’équipe technique a préparé et entreposé quelque 3 400 mètres cubes de neige artificielle tout l’été sous copeaux de bois. Résultat : une piste de 1,5 km attend les mordus qui pourront skier tout le mois de novembre, peu importe le climat.Les installations de cette forêt-école de la Faculté de foresterie, de géographie et de géométrique comprennent notamment une auberge et une cafétéria. www.fm.ulaval.ca/accueil.asp

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Fonds de recherche : Laval maintient le cap Les chercheurs de l’Université ont récolté 303 M$ en subventions et contrats en 2012, classant l’établissement 7e au pays par Jean Hamann Selon Research Infosource, l’Université Laval vient au 7e rang des universités canadiennes au chapitre des fonds de recherche obtenus l’année dernière en 2012. La plus récente compilation de la firme torontoise indique que les 1319 chercheurs de l’Université Laval ont récolté 303 M$ l’année dernière. Research Infosource établit le classement des 50 plus importantes universités canadiennes à partir de renseignements provenant de sa propre banque de données, de Statistique Canada et des universités elles-mêmes. Depuis 2007, l’Université Laval se maintient au septième rang dans ce classement annuel. Les sommes obtenues par les chercheurs de l’Université en 2012 représentent une réduction de 9 M$ (3 %) par rapport à 2011. « C’est surtout la recherche contractuelle, incluant la recherche clinique, qui a connu un ralentissement, analyse Sophie D’Amours, vice-rectrice à

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la recherche et à la création. La performance de nos chercheurs aux concours des trois grands organismes subventionnaires fédéraux nous place au 6e rang canadien. C’est intéressant parce que ces fonds déterminent ce qu’on peut obtenir au programme de Chaires de recherche du Canada et de la Fondation canadienne pour l’innovation. C’est donc un pilier important du financement de la recherche sur lequel nous pouvons compter. » Au chapitre de la moyenne des fonds obtenus par chercheur, l’Université Laval vient au 8e rang avec une récolte moyenne de 230 000 $. Les chercheurs de l’Université tirent également leur épingle du jeu pour le nombre de publications (11 e place), le nombre de publications par chercheur (16e) et le nombre de publications pondéré par le facteur d’impact des revues (13e rang). En tenant compte de tous les indices

de performance de Research Infosource, l’Université Laval décroche la 9e place au pays. « On maintient le cap malgré les coupes et même si la compétition est très forte, constate la vice-rectrice. Ce genre de classement est important parce qu’il envoie un message qui dit que l’Université Laval fait partie du groupe de tête des universités canadiennes en recherche. » Dans l’ensemble du pays, le total des fonds de recherche a augmenté de 1,1 % en 2012, soit un taux trois fois moins élevé qu’il y a deux ans. Certaines universités ressentent moins les contrecoups du ralentissement des investissements en recherche. C’est le cas de l’Université de Toronto qui a non seulement maintenu son traditionnel premier rang, mais qui est devenue la première université canadienne à briser le cap du milliard de dollars en fonds de recherche. «Le nombre de professeurs influence fortement ce total, rappelle toutefois Sophie D’Amours. Des universités comme Toronto et UBC ont un corps professoral pratiquement deux fois plus grand que le nôtre. L’embauche de professeurs est un facteur clé pour le développement de la recherche. »

Au cours de la dernière année, le Vice-rectorat à la recherche et à la création (VRRC) s’est restructuré pour mieux desservir la communauté universitaire et les partenaires de l’Université, souligne la vice-rectrice. Le Bureau des chaires est d e ve n u l e B u r e a u p o u r l’internationalisation et le partenariat en recherche, dont le mandat est de prom o u vo i r, d ’ e n c a d r e r e t de soutenir la création et le suivi des partenariats. Quant au Bureau de liaison entreprise-université, il a été remplacé par le Bureau de liaison université-milieu qui soutient non seulement l’innovation technologique, mais également l’innovation sociale. Le VRRC a entrepris la réflexion qui conduira au plan de développement de la recherche 2014-2019. Y trouvera-t-on des objectifs chiffrés sur la croissance des fonds de recherche ? « Je ne sais pas si nous allons aller jusque-là, répond la vicerectrice. Par contre, le plan contiendra des mesures qui permettront au VRRC de mieux jouer son rôle d’accompagnement des facultés et des chercheurs dans leurs efforts de développement de la recherche. »

Ce genre de classement est important parce qu’il envoie un message qui dit que l’Université Laval fait partie du groupe de tête des universités canadiennes en recherche

Research Infosource établit le classement des 50 plus importantes universités canadiennes à partir de renseignements provenant de sa propre banque de données, de Statistique Canada et des universités elles-mêmes.


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Dessine-moi ma télé Le Département d’information et de communication est le premier à être consulté par le CRTC à propos de la télévision de demain par Pascale Guéricolas Rire en différé des réparties de Dany Turcotte à l’émission Tout le monde en parle un jeudi soir, suivre les aventures d’Unité 9 sur une tablette ou s’informer en consultant les vidéos de La Presse sur un téléphone intelligent, est-ce encore regarder la télévision? Si oui, comment un organisme règlementaire, tel le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC), peut-il s’adapter à cette réalité contemporaine très mouvante? Est-il

d’ailleurs réaliste de disposer d’une législation encadrant le système de diffusion lorsque les outils technologiques dernier cri abattent les murs censés protéger les contenus audiovisuels canadiens? Voici quelques-uns des thèmes abordés par le président du CRTC, jeudi dernier, pour amorcer la vaste consultation pancanadienne sur l’avenir de la télévision. Une conversation qui, JeanPierre Blais l’espère, permettra aux consommateurs et aux citoyens des grandes

a considérablement évolué depuis dix ans. Simon Laterreur-Picard, étudiant à la maîtrise en communication publique, ne peut se permettre un abonnement au câble, mais cela ne l’empêche pas de suivre 19-2 comme ses parents, ou d’inviter ses amis chez lui lors des séries de la LNH. Bref, question de choix et d’économie, Simon préfère constituer lui-même son programme télévisuel en s’abreuvant à des sites Internet tels l’ONF, TOU.TV et RDI plutôt que de s’asseoir à une heure précise devant la télévision. « Je pense que le CRTC doit continuer à protéger la culture canadienne même si on regarde la télévision d’une façon différente aujourd’hui, souligne le jeune homme. Personnellement, je rêve d’émissions encore plus québécoises qui ne reprendraient pas des concepts importés d’ailleurs; une télévision véritablement à notre image. » Une position que partage Émilie Gagné, qui ne regarde pas non plus la télévision traditionnelle. Étudiante au baccalauréat en communication publique, Émilie souhaite que les règlements valorisent l’identité québécoise,

tout en lui permettant de suivre ses téléséries étrangères préférées sur Netflix, un service offrant des films moyennant un abonnement. « C’est difficile de définir la télévision quand les frontières entre les différents médias sont de plus en plus perméables », reconnaîtelle. Pour sa part, Geneviève Chacon, qui se définit « comme une citoyenne à l’œil aiguisé », espère que de nouveaux joueurs comme Shaw ou Netflix devront eux aussi suivre les règles en vigueur au Canada. « Si le CRTC lève une partie de sa règlementation, je me demande par quoi il va la remplacer », s’interroge l’étudiante au doctorat en communication politique. Ce à quoi le président de l’organisme règlementaire rétorque qu’il espère que cette consultation auprès des Canadiens l’alimentera en outils pour résoudre de nouveaux problèmes. « Il y a quand même une limite à ce genre de conversation, car le CRTC ne peut pas changer la Loi sur la radiodiffusion au Canada qui date de 22 ans, tempère Florian Sauvageau. Remarquez : tant que les conservateurs sont au pouvoir, j’aime mieux qu’ils

villes et des régions de s’exprimer sur leurs attentes face à la transformation radicale de ce média de masse. Fort conscient que la réponse ne vient pas toujours du marché, ce juriste et ancien sousministre adjoint au ministère du Patrimoine canadien souhaite préserver l’intérêt public. « La consommation audiovisuelle se conjugue de plus en plus à la première personne, mais il ne faut pas oublier la communauté, en s’assurant, par exemple, que les francophones en contexte minoritaire aient aussi accès à un contenu de qualité », indique Jean-Pierre Blais. Les études et les témoignages de plusieurs étudiants du Département d’information et de communication le démontrent : Jean-Pierre Blais, président du CRTC et Florian Sauvageau, prol’écoute de la télévision fesseur émérite au Département. photo Marc Robitaille

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ne changent pas la législation. J’ai trop peur que RadioCanada et CBC ne soient ramenées à une toute petite chose. » Professeur émérite au Département, il a d’ailleurs cosigné, en 1986, le rapport Caplan-Sauvageau, qui proposait la création d’une nouvelle loi sur la radiodiffusion reflétant mieux le nouvel environnement médiatique. Pour ce fervent partisan du service public, il n’y a aucun doute : le contenu canadien doit non seulement être protégé afin de permettre l’éclosion de talents locaux, mais aussi répondre aux besoins des consommateurs mécontents qui payent des frais d’abonnement pour des canaux qu’ils ne regardent jamais. Vous avez des choses à dire sur l’avenir de la télé? Sachez que la discussion se poursuit sur Internet et Twitter, notamment sur le site de l’Observatoire des médias sociaux en relations publiques de l’Université Laval ainsi que sur le site du CRTC. www.omsrp.com.ulaval.ca/ non-classe/1139/

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www.crtc.gc.ca/parlonstele

C’est difficile de définir la télévision quand les frontières entre les différents médias sont de plus en plus perméables

3,7 M$ pour le cancer de la prostate Un projet multicentrique piloté par le professeur Yves Fradet s’intéresse aux liens entre les habitudes de vie et cette maladie Une équipe interuniversitaire dirigée par le professeur Yves Fradet, de la Faculté de médecine de l’Université Laval, et Armen Aprikian, de McGill, a obtenu une subvention de 3,7 M$ pour une étude portant sur les interactions entre l’environnement, l’alimentation, l’activité physique, l’activité sexuelle et le risque de cancer de la prostate. Les travaux des 13 chercheurs qui collaborent au projet visent également la validation de biomarqueurs servant à personnaliser les interventions préventives contre le cancer de la prostate. Ce projet de cinq ans est appuyé par la Société de recherche sur le

cancer, le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Science et de la Technologie et le Fonds de recherche du Québec – Santé. Il s’inscrit dans le programme GRePEC (Groupe de recherche et de prévention en environnementcancer) qui encourage les projets multidisciplinaires et multi-institutionnels conduisant à des résultats concrets dans la prévention ou le traitement du cancer. Le cancer de la prostate est le cancer le plus fréquent chez les hommes au pays : 1 homme sur 7 en sera atteint au cours de sa vie et 1 homme sur 27 en décèdera.

Environ 23 600 Canadiens, dont 4 800 Québécois, recevront un diagnostic de cancer de la prostate cette année. Des facteurs héréditaires contribuent au risque d’être atteint par cette maladie, mais ce risque est modulé par l’environnement. Le groupe qui a obtenu la subvention est formé de chercheurs provenant de l’Université Laval, McGill, de Montréal et de Sherbrooke. L’équipe de l’Université Laval regroupe Yves Fradet, Isabelle Bairati, Vincent Fradet, Pierre Julien, Louis Lacombe et François Meyer, de la Faculté de médecine, Chantal Guillemette, de la Faculté de pharmacie, Benoît Lamarche, du Département des sciences des aliments et de nutrition, et Thierry Duchesne, du Département de mathématiques et de statistique.

On aperçoit le directeur scientifique de la Société de recherche sur le cancer, Mario Chevrette, la vice-rectrice à la recherche et à la création, Sophie D’Amours, le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Science et de la Technologie, Pierre Duchesne, le médecin clinicien et enseignant à l’Université Laval, Yves Fradet, ainsi que le président et chef de la direction de la Société de recherche sur le cancer, Andy Chabot. photo Marc Robitaille


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ils ont dit... Sur la communication entre chercheurs

Yves De Koninck, professeur au Département de psychiatrie et de neurosciences La Presse, 21 octobre

Yves De Koninck a remporté récemment le prix Jacques-Rousseau 2013 remis par l’Association francophone pour le savoir (Acfas). L’organisation veut souligner la réalisation de ses travaux multidisciplinaires qui ont nécessité la création de ponts novateurs entre différentes disciplines. « C’est vrai que j’ai une certaine facilité à rassembler des gens issus de domaines différents, convient Yves De Koninck. Vous savez, on parle souvent de vulgarisation pour le grand public, mais on doit souvent faire la même chose entre nous. Il faut réussir à trouver un langage universel compris par tous les intervenants qui participent aux travaux. »

Sur l’aide et la réussite en affaires

Jean-Marc Suret, professeur à l’École de comptabilité Le Soleil, 23 octobre

Les personnes qui veulent se lancer en affaires ont intérêt à bien préparer leur projet de démarrage auprès des mentors susceptibles de les aider, affirme JeanMarc Suret. « Ce qu’il faut soumettre, ce sont des projets innovants qui présentent du potentiel dans des secteurs d’avenir, dans les technologies, par exemple. Je dis parfois à mes étudiants, pour faire image, qu’il ne faut pas chercher à obtenir du capital de démarrage pour s’ouvrir une pizzéria en faisant valoir qu’on aura des clients demain matin. »

Les dépenses éhontées d’un évêque

Gilles Routhier, doyen de la Faculté de théologie Le Nouvelliste, 24 octobre

On apprenait récemment que Mgr Terbartz, évêque de Limburg en Allemagne, avait dépensé 31 M$ d’euros pour rénover ses appartements. Le même a aussi nié sous serment s’être rendu en Inde en première classe pour un projet d’aide aux pauvres, ce qui s’est avéré un parjure. Selon Gilles Routhier, « c’est un cas exceptionnel. On est très loin de la réalité des évêques québécois, même du confessionnal de verre de Mgr Ouellet. Mais ça montre bien que le pape François est sérieux quand il dit que l’Église doit être pauvre. »

La tête hors de l’eau L’enquête a été menée auprès de femmes traitées pour un cancer de l’ovaire, du péritoine ou de l’endomètre.

Pour certaines femmes atteintes de cancer, contrôler leur savoir sur la chimiothérapie devient un moyen de s’en sortir par Renée Larochelle Ne pas chercher à tout savoir sur sa maladie et ses chances de guérison. Laisser planer un doute comme seule façon de garder espoir. Tel un naufragé agrippé à une bouée de sauvetage, les femmes qui reçoivent un diagnostic de cancer associé à un traitement de chimiothérapie tentent de garder la tête hors de l’eau. Quand la maladie prend toute la place, il faut lui donner un sens, garder le contrôle, tout cela afin de ne pas couler à pic. Stagiaire postdoctorale au Département d’anthropologie, Armelle Lorcy a donné, lors de sa conférence, les premiers résultats d’une enquête menée auprès de 21 femmes traitées pour un cancer de l’ovaire, du péritoine ou de l’endomètre. Âgées de 45 à 72 ans, les participantes étaient traitées à L’Hôtel-Dieu de Québec en 2012 et 2013. Leurs traitements de chimiothérapie donnés par intraveineuse comportaient une moyenne de six traitements avec un intervalle de trois semaines entre chaque cure. « J’ai voulu savoir quel sens donnaient ces femmes à la chimiothérapie et ce qu’elles ressentaient à la suite de l’administration du traitement dans leur corps », explique Armelle Lorcy. Première constatation : avant d’avoir le cancer, la plupart des patientes ne connaissaient de la chimiothérapie que l’image souvent romancée qu’on en montre à la télévision ou dans les films. Plusieurs associaient toutefois le traitement à la mort. « Pour ces femmes, la chimiothérapie, c’est d’abord et avant tout l’inconnu, dit l’anthropologue. Au début du traitement, les patientes ne savaient rien sur sa durée

et sa fréquence. Elles s’interrogeaient sur la tenue vestimentaire à porter lors des séances de chimiothérapie. Certaines se demandaient si elles devaient venir à l’hôpital pour être soignées. » Petit à petit, les zones d’ombre vont s’éclaircir et les patientes vont tenter de donner du sens à ce qu’elles vivent. Avec les traitements viennent les effets secondaires qui minent l’organisme : fatigue, perte d’appétit, des cheveux, anxiété, peur, découragement. L’une des participantes comparera le médicament injecté par intraveineuse au bon vin « dont il ne faut pas perdre une goutte », tandis qu’une autre le qualifiera de véritable poison pour l’organisme. Une autre encore parlera d’« opération nettoyage du corps » qui brise les vaisseaux et détruit tout sur son passage ou encore de mal nécessaire. « Se faire brasser de tous les bords quand t’as un traitement de chimio à l’intérieur du corps, là, non merci ! », déclare une femme, qui signifie par là sa décision de s’abstenir de toute relation sexuelle durant la durée de son traitement.

Pour limiter cette sensation de perte de contrôle liée à leur médication, plusieurs femmes disent s’en remettre entièrement aux médecins et aux infirmières, remarque Armelle Lorcy. « J’ai confiance à 3000 % en eux. » « Je prends ce qu’on me donne et je laisse aller », affirment des patientes. Lire les statistiques sur le taux de guérison relié à leur cancer ne les intéresse pas outre mesure, ni les réunions entre malades où chacune dévoile ses difficultés. Enfin, des femmes entretiennent une certaine méfiance envers la chimiothérapie, alléguant que le traitement n’a pas réussi à sauver un membre de leur famille aux prises avec le cancer. À cet égard, elles parlent de « trahison », affirment ne pas être dupes, ce qui ne les empêche pas de continuer le traitement. Curieusement, la fameuse pensée positive, considérée comme une arme de choix pour lutter contre cette maladie, n’a pas été évoquée par les 21 patientes de l’étude. Selon Armelle Lorcy, le fait que les équipes soignantes aient tendance à dire les choses comme elles sont, sans chercher à enjoliver la réalité, a peut-être contribué à évacuer cet aspect dans le discours des participantes. « Chaque femme, à sa manière, essaie de contrôler l’étendue de ce qu’elle sait sur le traitement pour limiter l’anxiété et garder confiance, tant dans l’efficacité de ce dernier que dans la relation thérapeutique », constate Armelle Lorcy.

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J’ai voulu savoir quel sens donnaient ces femmes à la chimiothérapie et ce qu’elles ressentaient à la suite de l’administration du traitement dans leur corps


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politique

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Stéphane Leman-Langlois sur l’atteinte à la vie privée Les révélations autour de cas d’espionnage se succèdent depuis plusieurs jours. L’Association de défense des droits et libertés de ColombieBritannique vient d’ailleurs de déposer une plainte contre le Centre de la sécurité des télécommunications Canada (CSTC) qui recueille beaucoup de données sur les citoyens, en l’accusant de violer la Charte des droits et libertés. La compagnie Bell, de son côté, prévoit utiliser les renseignements personnels de ses clients pour leur envoyer de la publicité ciblée. Des situations qui n’étonnent pas Stéphane Leman-Langlois, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la surveillance et la construction sociale du risque et professeur à l’École de service social.

l’eau chaude pour avoir nié devant le Comité du Sénat que l’Agence de sécurité nationale (NSA) recueille des informations sur de très nombreux citoyens américains. Or, il a carrément menti, car les fichiers d’Edward Snowden, publiés un peu plus tard, montrent clairement le contraire. C’était la première fois qu’on disposait d’un document confirmant l’ampleur de la collecte de données, ce dont les experts se doutaient depuis plusieurs années. Au Canada, il n’existe même pas de comité consultatif qui se penche sur les activités du Centre de la sécurité des télécommunications Canada. Les commissaires civils enquêtent sur les activités de cet organisme et effectuent un suivi général de ses activités. Cependant, leur manque de budget les limite beaucoup et l’interférence entre le travail des programmes canadiens de surveillance et ceux à l’étranger complexifie beaucoup la tâche. En plus, les citoyens n’ont accès qu’à une version abrégée et expurgée du rapport annuel du commissaire Q Quels liens établissez-vous sur le Centre de la sécurité des téléentre cette nouvelle politique communications. On ne sait même commerciale de Bell et la plainte pas si le CSTC respecte le peu de déposée par l’Association de règlementation le concernant. Au défense des droits et libertés de moins, aux États-Unis, on a la posColombie-Britannique ? sibilité de prendre les responsables R Dans les deux cas, il s’agit de en défaut, documents à l’appui. la défense du droit à la vie privée, ou plus exactement à l’autono- Q Comment rendre cette informamie. Autrement dit, notre capacité tion davantage transparente ? à agir par nous-mêmes, sans être R Des scandales comme ceux constamment surveillés, contrôlés, impliquant le CTSC au Canada ou mesurés. Quand je suis à l’ordina- la NSA aux États-Unis ne mobiteur, j’aimerais que personne ne me lisent pas vraiment les citoyens, regarde par-dessus l’épaule, qu’il même si la quantité de données de s’agisse de l’État ou d’une entre- surveillance amassées par l’État, prise privée. Il ne faut pas oublier loin de diminuer, augmente. Depuis d’ailleurs que les renseignements 20 ans, les médias ressortent périoachetés par Bell sont justement diquement ce genre d’affaires, sans acquis par le CSTC. De plus en plus, que le système ne change véritablece type d’organisme gouvernemen- ment. Les gens ont l’impression de tal utilise des données de fournis- ne rien avoir à cacher et pensent seurs d’accès à Internet plutôt que que nous avons tout à gagner d’une de les prélever à la source, sans que surveillance accrue en matière de les citoyens ne soient au courant. sécurité même si les coûts sont très Une collecte très floue, très opaque, élevés. Le problème, c’est que la qui concerne aussi l’interception majorité des citoyens ne comprend d’informations lors d’appels télé- pas ce qui est en jeu. Il faut savoir phoniques placés. En déposant une qu’un client de Bell, par exemple, plainte devant le tribunal, l’Associa- laisse derrière lui des informations tion de défense des droits et libertés sur 80 % de sa vie, sans même s’en cherche justement à comprendre apercevoir. Il s’agit de données sur s’il existe un cadre règlementaire ses déplacements par le cellulaire, pour ce genre de surveillance. sur ses appels, ses courriels, ses habitudes télévisuelles, les adresses Q Que pensez-vous de l’encadreInternet visitées, le type de technoment législatif des autres pays sur logie utilisée à la maison. En croicette question? sant tout ça avec des algorithmes, R Aux États-Unis par exemple, ce on peut obtenir un portrait d’usatype d’activités est davantage enca- ger très précis et estimer le revenu dré, mais la règlementation laisse à annuel de quelqu’un à 1000 $ près… désirer puisque l’enfreindre n’en- Et il ne faut pas oublier que c’est la traîne pas trop de conséquences. même chose avec les autres fournisIl suffit de penser à l’affaire James seurs de télécommunications ! Clapper, le directeur actuel du renseignement national des États- Propos recueillis par Pascale Unis, qui est présentement dans Guéricolas

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Voisins et fortement alliés Les relations canado-américaines sont uniques en soi et se poursuivent dans un monde en mutation par Yvon Larose Quelques jours avant le 11 septembre 2001, un sondage révélait qu’un Canadien sur cinq et un Québécois sur trois croyaient en l’éventualité d’une annexion du Canada aux États-Unis. « Nous avions l’Accord de libreéchange avec les États-Unis et le Mexique (ALENA), rappelle Louis Balthazar, professeur émérite au Département de science politique. La progression des échanges économiques avec notre voisin du Sud était fulgurante. Il y avait une sorte de vue très positive d’aller plus loin dans l’intégration entre nos deux pays », rappelle celui qui donnait, le 15 octobre dernier, une conférence au Montmartre canadien sur les relations canado-américaines. En fait, aux yeux de ce spécialiste, les deux pays sont liés depuis longtemps par une relation exceptionnelle. Un lien qui demeure en dépit, entre autres, du malaise suscité par l’invasion américaine de l’Irak en 2003. « La proximité géographique n’a pas changé, dit-il. Environ 90 % de la population canadienne vit à moins de 100 km de la frontière. Notre voisin du Sud est encore une très grande puissance. Et nous demeurons son allié par excellence en faisant partie de deux organisations militaires, le NORAD et l’OTAN. Notre destin, comme Canadiens et comme Québécois, est de subir de fortes influences de la part des États-Unis. » Dans le monde, on ne trouve pas deux pays dont l’intégration l’un à l’autre soit aussi poussée. C’est particulièrement vrai du point de vue économique. En 2002, 85 % de l’ensemble des exportations canadiennes avaient pour destination les États-Unis. Toutefois, depuis ce sommet historique, le pourcentage a diminué à 70 %. Parmi les

causes de cette baisse : l’augmentation d’un tiers de la valeur du dollar canadien par rapport au dollar américain et la récession de 2008-2009 qui a diminué de façon importante la demande américaine pour les produits canadiens. Dernièrement, le Canada a entériné une entente de principe relative à un accord de libre-échange avec l’Union européenne. Au fil des ans, la Chine est devenue le principal exportateur à destination des ÉtatsUnis. Et les pays de la zone du Pacifique sont en voie de devenir des partenaires économiques importants pour les Américains. « Dans ce contexte de changements, les États-Unis demeurent notre premier partenaire commercial, souligne Louis Balthazar. L’augmentation des échanges avec l’Europe affectera peu notre commerce avec les Américains. L’avantage que l’on a toujours avec ce pays est que nos exportations dépassent de beaucoup nos importations. » Louis Balthazar croit que les dirigeants canadiens ont tout intérêt à maintenir des rapports

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Nous demeurons leurs alliés par excellence en faisant partie de deux organisations militaires, le NORAD et l’OTAN

étroits avec leurs homologues américains, comme ça a été maintes fois le cas dans l’histoire commune entre les deux pays. Dans les années 1940, le président Roosevelt et le premier ministre Mackenzie King étaient deux grands amis « et se traitaient comme tels », indique le professeur. Même chose entre Reagan et Mulroney dans les années 1980. « Avant le référendum de 1995 sur la souveraineté politique du Québec, raconte-til, le président Clinton a donné un coup de main au premier ministre Chrétien et au camp du Non par l’intermédiaire de son ambassadeur au Canada. Celui-ci ne s’est pas gêné en déclarant qu’en cas de sécession du Québec, le gouvernement américain exigerait de renégocier l’entrée de ce dernier dans l’ALÉNA. » La forte influence des ÉtatsUnis sur le Canada se constate également dans le domaine de la culture. Selon Louis Balthazar, les Canadiens anglais s’en défendent bien, eux qui ont pris toutes sortes de mesures pour affirmer leur différence. « Au Canada anglais, poursuit-il, on lit davantage de littérature américaine que de littérature canadienne. Un phénomène assez remarquable est qu’un Américain vit quasi incognito au Canada parce qu’il est tellement bien intégré, et vice-versa. » Selon lui, le rempart qu’est la langue française fait que la société québécoise s’américanise moins vite que la société canadienneanglaise. « Mais il faut se rappeler que notre culture est assez proche de la culture américaine, explique Louis Balthazar. Nous vivons beaucoup à l’américaine. Comme eux, nous avons un goût prononcé pour la simplicité dans les relations humaines. La meilleure carte de visite du Québec dans la francophonie est son américanité. » La conférence de Louis Balthazar avait lieu dans le cadre des Grandes Conférences du mardi de l’Université du troisième âge de Québec.

Le premier ministre canadien Brian Mulroney (à gauche) accueillant le président américain Ronald Reagan à l’aéroport de Québec, le 17 mars 1985. Le Sommet des Irlandais allait symboliser la bonne entente entre les deux leaders. photo Paul Chiasson/PC


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Un campus verdoyant L’Université se dote d’un plan directeur pour ses espaces verts, ses arbres et ses boisés par Yvon Larose La cité universitaire occupe une superficie de 1,8 kilomètre carré. Les deux tiers, soit quelque 115 hectares, sont couverts par les espaces verts et les boisés. En 2005, on dénombrait plus de 3 000 arbres hors boisés sur le campus. « Le patrimoine naturel est devenu une composante essentielle de l’identité du campus », souligne Robert Desmeules, président du Comité d’aménagement et de mise en œuvre (CAMEO). Le 23 octobre, Robert Desmeules a déposé le Plan directeur du patrimoine naturel du campus de l’Université Laval lors de la séance ordinaire du Conseil d’administration. Consultatif, le CAMEO est placé sous la responsabilité du vicerecteur exécutif et au développement. Son personnel a élaboré le Plan directeur avec divers intervenants et experts du campus. Le substantiel document de 68 pages contient 24 recommandations. L’une d’elles consiste en un « lien vert » orienté est-ouest. Ce lien est susceptible d’accueillir un réseau de lieux publics entre le Jardin botanique Roger-Van den Hende, le Grand Axe au centre de la cité universitaire et le boisé situé à l’arrière du pavillon Louis-Jacques-Casault. Au printemps prochain, la Ville de Québec procédera à la plantation d’une centaine d’arbres et d’arbustes dans le prolongement de l’avenue de la Médecine. Ce projet correspond à l’une des recommandations. Une autre vise à aménager et à consolider les sentiers de transit entre le campus et les quartiers résidentiels périphériques. Il est également recommandé d’éviter les empiètements dans les boisés qui ont une vocation de conservation et de récréation. « S’il y a de nouvelles constructions, il est clair qu’elles se feront ailleurs que dans les boisés, affirme Robert Desmeules. Pour les besoins institutionnels, l’Université privilégiera d’autres espaces, comme les stationnements. » Selon le président du CAMEO, le Plan directeur contient une vision pour le court, le moyen et le long terme. « Le plan, explique-t-il, vise à formaliser des orientations institutionnelles prises en 2005. Plus technique, il va permettre au Service des immeubles, entres autres, de préciser et de mieux planifier les interventions en matière de patrimoine naturel. » La mise en œuvre du Plan directeur a été confiée au vice-recteur exécutif et au développement. Le document contient un projet de plan d’action pour la période 2013-2017. D’ici l’été prochain, le CAMEO prévoit la nomination d’un responsable du Plan directeur, la réalisation d’un devis sur la protection des arbres et la création d’un fonds pour le financement des opérations. Selon Robert Desmeules, la direction de l’Université a toujours manifesté, au fil des décennies, une très forte sensibilité à protéger et à enrichir le patrimoine naturel. « Cela est dû, en bonne partie, à l’intérêt des membres de la communauté universitaire, dit-il. La communauté a

toujours réagi fortement à l’abattage des arbres. Une autre raison réside dans le fait que nous avons la plus imposante faculté de foresterie au Canada. » Le patrimoine naturel rayonne également au-delà des limites de la cité universitaire. Des quartiers résidentiels, pour la plupart très urbanisés, entourent le campus. Les résidents utilisent certains espaces verts comme lieux de détente et d’activités. Le réseau de sentiers du boisé à l’arrière du pavillon Louis-JacquesCasault sert notamment à la marche. Dans son Projet particulier d’urbanisme, la Ville de Québec prévoit densifier l’offre résidentielle dans le secteur voisin de Saint-Denys, ce qui pourrait amener une plus grande demande pour l’accès aux espaces verts de l’Université. « Il est exceptionnel d’avoir des boisés en milieu urbain, indique Robert Desmeules. Le campus va devenir une oasis verte dans le contexte d’une densification accrue. Ce sera une raison supplémentaire pour protéger et mettre en valeur le patrimoine naturel de l’Université. » D’autres recommandations portent sur la préservation du jardin biologique

«

Dans le contexte d’une densification accrue, le campus va devenir une oasis verte, et ce sera une raison supplémentaire pour protéger et valoriser le patrimoine naturel de l’Université

Le Sentier de la santé se trouve dans le boisé situé entre le pavillon Alphonse-Desjardins et le pavillon Agat

communautaire sur le campus et sur l’augmentation de la proportion de conifères dans les nouvelles plantations. Par leur rôle d’écran l’hiver, ces arbres permettent d’amoindrir les effets du vent. Il est également recommandé de régénérer les zones fragilisées des boisés qui ont une vocation de conservation et de récréation. Enfin, il est proposé de créer un outil géoréférencé pour l’inventaire des arbres. On peut consulter le Plan directeur du patrimoine naturel du campus à l’adresse suivante : www.cameo.ulaval. ca/cms/site/cameo/page104119.html

Le « lien vert » unirait le Jardin botanique Roger-Van den Hende, le Grand Axe et le boisé situé à l’arrière du


the-Lacerte. photo Martine Lapointe

u pavillon Louis-Jacques-Casault. photo Marc Robitaille

patrimoine naturel

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Le plan d’action 2013-2017 prévoit notamment la plantation d’arbres dans différents lieux du campus. photo Marc Robitaille

Plus de 70 % de la superficie du campus est occupée par des espaces verts, des arbres et des boisés. image CAMEO


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science

en bref Les mathématiques au service de la Terre C’est le jeudi 7 novembre que la professeure du Département de mathématiques et de statistique de l’Université de Montréal, Christiane Rousseau, viendra donner une conférence grand public intitulée « Des mathématiques pour comprendre et gérer la planète ». La professeure Rousseau démontrera que les mathématiques donnent des clefs pour découvrir l’histoire de la Terre, explorer ses territoires, étudier ses climats, comprendre ses écosystèmes et tenter de la protéger. Elle se penchera sur la variété des problèmes scientifiques dans lesquels la recherche en mathématique actuelle joue un rôle important. Christiane Rousseau a toujours mené en parallèle des activités de recherche et de vulgarisation en mathématiques. Elle est l’instigatrice et la coordonnatrice de l’année internationale « Mathématiques de la planète Terre » et de la série pancanadienne de conférences sur ce sujet. Jeudi 7 novembre, à 19 h, à l’amphithéâtre Hydro-Québec du pavillon Alphonse-Desjardins.

La science à bon escient Deux professeurs de l’Université viendront parler des conséquences des politiques scientifiques actuelles du gouvernement Harper sur le public lors d’une assemblée publique régionale organisée par l’Association canadienne des professeures et professeurs d’université (ACPPU). Cette activité se tiendra lundi prochain, 4 novembre, au Musée de la civilisation, dans le cadre de la campagne visant à exhorter le gouvernement à utiliser « La science à bon escient » et à conscientiser le public. Pour l’occasion, Diane Parent, professeure à la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation, et Louis Bernatchez, professeur au Département de biologie, témoigneront de leur situation en compagnie de la journaliste Françoise Guénette.

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Le bon docteur Wiki ? Les sites comme Wikipédia ont de l’avenir en santé, mais un grand ménage de leur contenu s’impose par Jean Hamann Les applications de type wiki font des adeptes en sciences de la santé, mais le manque de fiabilité de ces sites reste leur point faible. Voilà l’un des constats qui se dégagent d’une étude menée par le professeur de la Faculté de médecine, Patrick Archambault, et par 17 autres chercheurs qui publient un article synthèse sur la question dans l’édition d’octobre du Journal of Medical Internet Research. Cette équipe a passé en revue 111 études consacrées à des wikis renfermant des informations sur la santé. Les wikis sont des applications Web qui permettent à un groupe d’usagers de créer et de modifier des contenus afin de partager leurs connaissances et leurs expériences, ou encore d’obtenir de l’information sur un sujet donné. L’archétype des wikis est Wikipédia, qui vient au sixième rang mondial dans la liste des sites Web les plus consultés. Les observations effectuées par le professeur Archambault et ses collaborateurs indiquent que plus de 50 % des médecins et des étudiants universitaires en sciences de la santé ont recours aux wikis. Les plus grands utilisateurs ? Les étudiants s’y réfèrent dans une proportion de 81 %. Les professionnels de la santé ne sont pas totalement en reste puisque 55 % consultent également ces sites. Par contre, rares sont ceux qui créent ou modifient le contenu de pages wiki. Cette participation ne dépasse pas 18 % chez les jeunes étudiants et elle est de moins de 1 % chez les chercheurs.

Quant aux 25 études qui ont porté sur la qualité de l’information – dont 24 ciblaient Wikipédia –, leurs conclusions montrent que le docteur Wiki n’est pas omniscient. Quarante-quatre pour cent de ces études jugent que les informations sur la santé véhiculées par les wikis sont partiellement fiables et doivent être améliorées, alors que 28 % concluent que leur contenu n’est pas fiable et ne doit pas être utilisé. L’absence de modérateur expert contribue au joyeux

Les étudiants en sciences de la santé ont recours aux wikis dans une proportion de 81 %

mélange de bon grain et d’ivraie trouvé dans plusieurs sites collaboratifs. Malgré ces faiblesses, le professeur Archambault croit fermement au potentiel des wikis en santé. « En médecine, il existe présentement un important problème de mise en application des connaissances issues de la recherche, souligne-t-il. Les meilleures données probantes ne sont pas utilisées et les patients ne reçoivent pas toujours les traitements les plus appropriés. Comme la planète consulte déjà Wikipédia pour trouver de l’information médicale – on parle de 150 millions de téléchargements par mois dans ce domaine –, il faut utiliser la puissance de cet outil et en améliorer la qualité en faisant participer plus de médecins et de professionnels de la santé à l’élaboration du contenu. » Un groupe d’experts médicaux s’est attelé à cette tâche en créant le WikiProject Medicine, poursuit le chercheur. Ce groupe vient de conclure une entente avec la collaboration Cochrane, un phare en médecine pour la fiabilité des données scientifiques, afin d’augmenter le nombre de résumés vulgarisés dans Wikipédia. Il existe aussi un partenariat entre Wikipédia et la PubMed Health des National Institutes of Health des États-Unis pour accroître le nombre de revues d’études scientifiques dans ses pages. « Il faudra trouver des incitatifs pour encourager les professionnels de la santé à transmettre leur expertise ainsi que des façons d’intégrer cette transmission de connaissances à leur travail quotidien sans les surcharger, précise Patrick Archambault. Si nous y arrivons, nous verrons un changement radical dans la production et l’application des connaissances en santé, pour le plus grand bien de nos patients. »

Lundi 4 novembre, de 19 h à 21 h, au Musée de la civilisation (85, rue Dalhousie). www.lascienceabonescient.ca

Jeunes boursiers des Grands Québécois 2013 La Chambre de commerce et d’industrie de Québec, en collaboration avec la Jeune Chambre de commerce et l’Université Laval, a décerné quatre bourses de 1000 $ chacune à autant d’étudiants de l’Université Laval soulignant leurs résultats remarquables au collégial et leur engagement communautaire. Il s’agit de : Rosie Belley, étudiante au baccalauréat en théâtre (jeune boursière Hydro-Québec – secteur culturel), Alexandra Lapointe, étudiante au baccalauréat en affaires (jeune boursière Bell – secteur économique), David Drouin, étudiant au baccalauréat en administration (jeune boursier Groupe Entreprises en santé/GlaxoSmithKline), et Béatrice Turcotte-Ouellet, étudiante au baccalauréat en service social (jeune boursière Desjardins – secteur social). Cette cérémonie s’est déroulée le 22 octobre dans la salle de bal du Fairmont Le Château Frontenac lors d’un déjeuner-causerie.

Patrick Archambault propose d’utiliser le rayonnement de Wikipédia pour diffuser les meilleures données probantes en santé afin que les patients reçoivent les traitement les plus adéquats. photo Marc Robitaille


arts

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en bref

Œuvre tirée de l’exposition « ANTICOSTE » de Richard Baillargeon

Prix d’excellence des arts et de la culture

« J’aime beaucoup l’approche du faux documentaire, explique Fred Pellerin. Ce qui m’intéresse, c’est l’équilibre entre le merveilleux et le réel, entre le vrai et le faux ». photo Marc Robitaille

Derrière l’arbre à « paparmanes » Fred Pellerin trouve son équilibre de conteur entre le merveilleux et le réel par Renée Larochelle Dans l’histoire de Saint-Éliede-Caxton, il y a un avant et un après. Avant, c’était avant que Fred Pellerin mette littéralement sur la carte ce village de Mauricie jusquelà inconnu. Après, c’est aujourd’hui, alors que des milliers de touristes convergent chaque été vers l’endroit pour marcher sur la traverse de lutins ou encore pour voir de leurs yeux le fameux arbre à « paparmanes ». Mais il n’y a pas que les touristes qui affluent à Saint-Élie-de-Caxton, il y a aussi de jeunes familles qui viennent s’y établir, attirées par le dynamisme du village. L’école, qui accueillait il y a cinq ans une cinquantaine d’enfants, en compte maintenant le double. Or, a pour son dire Fred Pellerin, là où il y a des enfants, il y a de l’avenir. Sans compter les nouveaux arrivants qui ouvrent ici une boulangerie, là un restaurant. Tout cela dans le respect des lieux. « Chez nous, il y a un comité de vigilance qui accueille le nouveau avec une corbeille rempli de cadeaux. Veux veux pas, tu t’intègres ! », assure avec humour le célèbre conteur, qui était l’invité de la Chaire pour le développement de la recherche sur

la culture d’expression française en Amérique du Nord (CEFAN). Comme la Chaire n’avait pas ébruité la venue du conteur, craignant un afflux trop grand de personnes dans cette petite salle du pavillon Charles-De Koninck, Fred Pellerin s’est donc adressé, le 25 octobre, à une vingtaine d’étudiants inscrits au séminaire de la CEFAN qui porte cette année sur les processus de création-production de la culture d’expression française nord-américaine. Du bonbon. De façon méthodique, puis en perdant soudainement le fil pour le retrouver ensuite comme lui seul peut le faire, l’homme a raconté ses débuts comme guide touristique à Saint-Élie-de-Caxton, au début des années 2000. Au volant de son tracteur auquel il a ajouté des sièges d’autobus, le voilà qui promène ses premiers touristes à travers le village. « Ma référence, c’était le gars en calèche dans le Vieux-Québec », dit Fred Pellerin. Au bout de trois voyages cependant, Fred en a le sien de toujours répéter la même chose. Alors, il se met à raconter l’histoire de Méo le coiffeur, celle de Ti-Zoune ou de Toussaint Brodeur. Pour donner de

l’ampleur à la visite, il élabore un circuit touristique audio qui fonctionne comme au musée, à la seule différence que le visiteur ne s’arrête pas devant une toile ou un objet, mais devant la maison d’un Ésimésac Gélinas ou d’un Souris Garand. Certains personnages sont des résidents actuels du village, tandis que d’autres l’ont été. « J’aime beaucoup l’approche du faux documentaire, explique Fred Pellerin. Ce qui m’intéresse, c’est l’équilibre entre le merveilleux et le réel,

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Le conteur organise à l’occasion des apéros littéraires dans une salle attenante à sa maison et des soirées d’étoiles filantes par ciels nuageux

entre le vrai et le faux. Les gens viennent chercher chez nous du délire; l’important n’est pas de créer de la vérité. Mon affaire, poursuit-il, c’est d’embarquer le monde du village dans le projet. Avant de sortir une nouvelle capsule audio par exemple, on fait tout approuver par les gens concernés. Demain matin, t’en as assez que le monde s’arrête devant ta maison ? Pas de problème, on t’enlève du parcours. » Fred Pellerin ne cache pas que le projet, qui roule depuis 2006, est un peu poussiéreux. « On était un village près de Shawinigan; là, on est SaintÉlie-de-Caxton. Il ne faut pas seulement continuer, il faut se renouveler. » Dans cette foulée, il se pourrait bien que les touristes découvrent le village non plus seulement durant l’été, mais aussi durant l’hiver. En attendant de concrétiser ce projet, l’artiste lauréat du Félix du Spectacle de l’année – Interprète pour « De peigne et de misère », au dernier gala de l’ADISQ, organise des apéros littéraires dans une salle attenante à sa maison et des soirées d’étoiles filantes par ciels nuageux. Ce qu’il a fait pour Saint-Élie-de-Caxton pourrait-il s’appliquer à d’autres villages, comme le lui a demandé une étudiante lors de la conférence ? « Je sais que cela a marché pour Saint-Élie. Pour moi, l’essentiel consiste à chercher et à trouver le sacré du lieu qu’on habite. »

Le Conseil de la culture des régions de Québec et Chaudière-Appalaches a dévoilé récemment les noms des finalistes aux Prix d’excellence des arts et de la culture 2013. Parmi eux figure Richard Baillargeon, professeur à l’École des arts visuels. Il est en nomination pour le prix Videre Création en arts visuels pour son exposition « ANTICOSTE » présentée à l’automne 2012 à la Galerie des arts visuels. Pour sa part, Nataliya Petkova, diplômée en arts visuels et médiatiques de l’École des arts visuels, est en nomination pour le prix Videre Relève en arts visuels pour son exposition « pata… graphies » présentée également à la même galerie. Ces prix sont remis par la Manifestation internationale d’art de Québec. Les noms des lauréats des Prix d’excellence seront dévoilés le 25 novembre.

Ateliers de modèle vivant L’École des arts visuels propose un atelier de dessin libre avec modèle vivant durant tout l’automne. L’atelier permet aux étudiants et aux artistes de se regrouper autour d’un modèle à moindre coût. C’est aussi une façon d’échanger et de partager la passion du dessin en s’encourageant mutuellement. L’activité est supervisée par l’artiste Anne-Marie Robert. Coût d’inscription pour les étudiants : 20 $. Chaque séance coûte 3 $. Jusqu’au 15 décembre, le mardi de 19 h à 22 h et le samedi de 9 h à 12 h, au local 3220 de l’édifice La Fabrique, 295, boul. Charest Est. Renseignements : www.arv.ulaval.ca ou annemarier@videotron.ca .

Soirée jazz Quand des professeurs de jazz de la Faculté de musique se réunissent pour un concert, ça décoiffe ! Donc avis aux amateurs de jazz : ils ne voudront pas manquer la soirée présentée par Janis Steprans au saxophone, Gabriel Hamel à la guitare, Adrian Vedady à la contrebasse, Rafael Zaldivar au piano et René Roulx à la batterie. Les interprètes présenteront, pendant la soirée, des classiques du jazz ainsi que quelques-unes de leurs compositions. Mercredi 6 novembre, à 19 h 30, à la salle Henri-Gagnon du pavillon Louis-JacquesCasault. Entrée libre.


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sur le campus

courrier Diminution du nombre d’infirmières en CHSLD : une mise en garde J’aimerais ajouter ma voix au débat qui a cours présentement sur la pertinence de remplacer des infirmières par des préposées aux bénéficiaires. Il y a présentement des CHSLD qui veulent aller plus loin encore avec un ratio d’une infirmière pour 50 résidents de jour par exemple. Il y aura des conséquences à cette diminution trop importante du nombre d’infirmières pour prendre soin des résidents (au-delà du 40/60, comme on dit dans le jargon). En effet, les études révèlent que, dans les milieux où il y a un manque d’infirmières – mais où il y a un nombre équivalent d’infirmières auxiliaires et de préposées aux bénéficiaires –, on observe davantage de plaies de pression, d’infection urinaire, de pneumonie d’aspiration, de dénutrition, de chute, d’erreur de médicaments et d’effets indésirables de médicaments (chute, délirium), etc. Il y a donc des conséquences à aller trop loin. De plus, dans le contexte québécois, il y a d’autres questionnements qui émergent. Moins d’infirmières dans les CHSLD du Québec voudrait dire, premièrement, qu’il y aurait moins d’infirmières pour donner des soins de fin de vie. Or, pourquoi faudrait-il que, dans les unités de soins palliatifs des hôpitaux du Québec, on trouve 1 infirmière pour 5 à 8 patients alors qu’en CHSLD, où 20 % des résidents décèdent par année, il n’y aurait qu’une infirmière pour 50 résidents ? Deuxièmement, cela voudrait dire moins d’infirmières pour donner des soins aux résidents atteints de maladies chroniques. Or, pourquoi un aîné qui vit à domicile aurait droit au suivi serré d’une infirmière pour son emphysème alors que celui qui réside en CHSLD n’aurait plus droit à la même qualité de suivi en raison du manque d’infirmières? Pourtant, le projet FORTERESS a démontré que les infirmières peuvent réduire de 50 % les transferts des résidents souffrant de difficultés respiratoires vers les urgences lorsqu’elles ont le temps de les évaluer. Troisièmement, cette perte signifierait moins d’infirmières pour prendre soin des aînés atteints de la maladie d’Alzheimer. Rappelons que 3 % des aînés se retrouvent en CHSLD et qu’ils demeurent les plus vulnérables de la société (multimorbidié, polypharmacie, etc.). Compte tenu de cette très grande vulnérabilité, je ne pense pas qu’il soit sage de diminuer encore plus le nombre d’infirmières. Certaines personnes pourraient penser que nous n’avons pas le choix. Or, il y a des gestionnaires au Québec qui réussissent à maintenir un nombre acceptable d’infirmières en CHSLD. Philippe Voyer, professeur à la Faculté des sciences infirmières

le fil | le 31 octobre 2013

Votez pour votre stade préféré Le stade TELUS-Université Laval est en nomination avec six autres immeubles pour le Prix du public du concours des Mérites d’architecture de la Ville de Québec 2013. Le public est donc invité à voter, jusqu’au 10 novembre, pour

son bâtiment préféré parmi, notamment, la Coopérative Les Grands Rangs sur la rue Saint-Joseph Est ou encore PECH – SHERPA situé sur le boulevard Charest Est. Pour participer, il suffit de se rendre sur

le site de la Ville de Québec et de remplir le formulaire en ligne. Les participants courent la chance de remporter des prix alléchants, dont un forfait évasion au Capitole de Québec. Le concours des Mérites

d’architecture met en valeur les projets architecturaux réalisés pendant l’année et récompense les efforts visant l’embellissement urbain. www.ville.quebec.qc.ca, section Culture et patrimoine, onglet Prix et concours

photo Rémy Gendron

Le Service des finances récompensé Le Service des finances vient d’obtenir la certification de l’Association professionnelle des responsables des organisations publiques et parapubliques aux États-Unis et au Canada, la Government Finance Officers Association (GFOA). Celle-ci reconnaît au Service des finances, après l’analyse de son document budgétaire 2013-2014, l’établissement d’un processus financier et budgétaire conforme aux critères d’implantation des meilleures pratiques en gestion des fonds publics en Amérique du Nord. L’Université Laval est la deuxième université québécoise à obtenir cette certification après l’Université McGill. Le document du Service des finances a été évalué selon 27 critères, dont la présentation, le contenu financier, les objectifs stratégiques de l’Université et de ses choix budgétaires. Cette certification est le fruit du travail effectué depuis trois ans par plusieurs secteurs du Service mis à contribution.

Rangée du haut, de gauche à droite : Micheline Moore, agente de recherche et de planification, Michèle Drolet, coordonnatrice d’opérations financières, Andrée Fortier, technicienne en administration, et Michèle Viger, coordonnatrice d’opérations financières. Rangée du bas : Louise Barbeau, agente de recherche et de planification, Louise Leblanc, directrice adjointe au budget, et Anick Golden, technicienne en administration. photo Marc Robitaille


science Un astrophysicien dans le siècle le fil | le 31 octobre 2013

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Les carnets de Jean-René Roy racontent comment ce bâtisseur a parcouru la planète, les yeux tournés vers le ciel par Jean Hamann Jean-René Roy a parcouru les quatre coins de la Terre pour observer le ciel sous toutes ses coutures. De ses quatre décennies de pérégrinations, il a tiré un ouvrage Les Carnets d’un astrophysicien (Éditions MultiMondes), véritable voyage dans l’espace-temps où s’enchevêtrent le récit de sa vie personnelle et les grands événements qui ont marqué la science et le monde à partir de la deuxième moitié du 20e siècle. Tout y passe. Ses premières contemplations du ciel dans son village natal d’Acton Vale qui l’inciteront à devenir un « savant », la passion scientifique que lui ont communiquée le journaliste scientifique Fernand Seguin et quelques enseignants qui ont croisé sa route, le voyage de Spoutnik, l’Expo 67 de Montréal, les manifestations étudiantes de 1968, l’émancipation des femmes, les premiers pas de l’homme sur la Lune et ses propres premiers pas dans la communauté scientifique internationale.

Son parcours emprunte le même chemin que l’astrophysique au Québec. Il passe d’abord par l’étranger où, pendant huit ans, il fait des études de maîtrise et de doctorat avant d’occuper ses premiers postes en recherche. En 1977, Jean-René Roy rentre au Québec pour relever le défi que lui confie l’Université Laval : mettre sur pied un programme de formation et de recherche en astrophysique qui gravitera autour du nouvel Observatoire du Mont-Mégantic. Ses propres travaux de recherche l’amènent à utiliser de grands télescopes étrangers, notamment celui de l’Observatoire CanadaFrance-Hawaï. En 1997, le Conseil national de recherche du Canada le nomme au poste de responsable scientifique canadien du Projet des télescopes Gemini, un ambitieux projet international qui consiste à construire deux télescopes de huit mètres, l’un à Hawaï et l’autre au Chili. Ses talents de gestionnaire

Les travaux de recherche de Jean-René Roy l’amènent à utiliser de grands télescopes étrangers, dont celui de l’Observatoire Gemini à Hawaï.

sont remarqués en haut lieu. En 2000, le conseil d’administration des télescopes Gemini lui offre le poste de directeur scientifique du télescope d’Hawaï. En 2009, sa trajectoire de gestionnaire le conduit dans la constellation de la National Science Foundation et du Space Telescope Science Institute,

Histoires à mourir debout Loin d’être figée dans le temps, la figure du zombie au cinéma a évolué au cours des ans par Renée Larochelle Dans I Walked with a Zombie, tourné en 1943 et considéré comme l’un des premiers films du genre, les zombies ne sont pas vraiment différents des êtres humains. Si ce n’était leur regard fixe et vide, on pourrait presque les confondre avec des individus normaux. Un quart de siècle plus tard, en 1968, le film culte de George Romero, Night of the Living Dead, montre des zombies à la démarche erratique et à la bouche ensanglantée. Même s’ils donnent des frissons dans le dos, leur allure est toutefois moins effrayante que celle des zombies au corps en décomposition qu’on trouve dans 28 Days Later (2002), pour ne citer que cet exemple. Mais il n’y a pas que l’apparence physique qui change chez les zombies, au fil des décennies : leur comportement se transforme également, constate Marie-Ève St-Gelais, dont le mémoire de maîtrise en cinéma porte sur l’évolution de la figure du zombie au cinéma. « Les zombies sont de plus en plus violents et agressifs, remarque l’étudiante au Département des littératures. Le besoin de se nourrir

devient secondaire à leur instinct meurtrier. Ils sont aussi beaucoup plus rapides. Dans Zombieland, sorti en 2009, on les voit poursuivent leurs victimes à une vitesse effarante. Ils sont littéralement infatigables. » Les zombies « intelligents », capables de se servir d’une arme ou d’un outil sont aussi plus répandus dans les films récents comme dans Land of the Dead (2005). Sans compter qu’ils s’améliorent sur le plan de la communication. En effet, s’ils sont le plus souvent silencieux, il leur arrive d’émettre des grognements ou même de parler. On voit ainsi un zombie avoir un semblant de conversation dans Return of the Living Dead 2, tourné en 1988. « Le zombie cherche toujours à nous dire quelque chose sur la société où il voit le jour, souligne Marie-Ève St-Gelais. Pensons à I Walked With a Zombie qui parle des limites de la science ou à Day of the Dead, sorti en 1985, considéré comme une métaphore de la peur et des angoisses liées à la guerre froide. Certains spécialistes voient même 28 Weeks Later,

sorti en 2007, comme une allégorie de la guerre en Irak. En somme, les films de zombies seraient porteurs de messages qu’on ne décode pas toujours. » Jouant le jeu à fond, la jeune femme a elle-même écrit un scénario de film. Celui-ci compose la première partie de son mémoire et s’intitule L’homme qui murmurait à l’oreille des morts. C’est l’histoire d’un musicien qui a reçu en cadeau un saxophone de sa femme et de sa fille, juste avant que ces dernières meurent lors d’un accident. Pour le plus

l’organisme créé par la NASA pour gérer le télescope spatial Hubble. Ce scientifique, qui a joué dans les ligues majeures de l’astrophysique, est toujours resté soucieux de communiquer ses connaissances au commun des terrestres. Les longues heures passées à écouter Fernand Seguin à Radio

«

Le zombie cherche toujours à nous dire quelque chose sur la société où il voit le jour

Collège, La science en pantoufles et Le Roman de la science ont laissé des traces. Le premier ouvrage de vulgarisation de Jean-René Roy, publié en 1982, s’intitulait L’Astronomie et son histoire. Trois décennies plus tard, il boucle la boucle en racontant l’astronomie à travers sa propre histoire.

grand malheur du pauvre homme, il s’avère que l’instrument en question possède le pouvoir de réveiller les morts… « Mes zombies sont hétéroclites sur le plan physique, dit-elle à propos de ses personnages. Les vivants peuvent être victimes de l’envoûtement, mais les morts se réveillent également. C’est donc un mélange de zombies à l’apparence plus humaine et d’autres en putréfaction, ce qui me permet de donner dans le gore. Somme toute, mes morts-vivants sont plus près des zombies des films tournés avant les années 2000. Ils reproduisent un mouvement typique des premiers zombies, la marche erratique avec les bras tendus vers l’avant, un peu comme dans Night of The Living Dead. À son avis, l’originalité du zombie contemporain tient au fait qu’il se réapproprie de plus en plus les caractéristiques humaines. De cette manière, il vient brouiller les frontières entre les deux mondes. « Il y a tellement de films qui portent sur le sujet qu’il devient difficile de réinventer le genre, soutient Marie-Ève St-Gelais. Pour certains réalisateurs, donner davantage la parole aux zombies sera peut-être un moyen d’y parvenir. Personnellement, je préfère mes zombies lourdauds et bien en lambeaux : ils sont plus éloquents par leur silence ! »


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vie étudiante

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Le joueur de ligne offensive Karl Lavoie blessé lors du match du 20 octobre contre l’Université de Sherbrooke au stade TELUS– Université Laval. Il est entouré des étudiants-soigneurs Julien Lamy, Laurence Boucher et Laura Belley. photo Yan Doublet

Au cœur de l’action Cet automne, 18 étudiants en physiothérapie travaillent comme soigneurs auprès des équipes sportives Rouge et Or par Yvon Larose Julien Lamy était littéralement aux premières loges le dimanche 20 octobre pour assister à la victoire de l’Université Laval par le compte de 38-3 aux dépens de l’Université de Sherbrooke. « Aucune blessure grave n’est survenue aux joueurs du Rouge et Or lors de la partie, dit-il. Le jeu m’a semblé rude, mais rien de particulier ne s’est produit sur le plan médical. » Inscrit en troisième année du baccalauréat en physiothérapie, celuici est aussi l’un des quatre étudiants-soigneurs de l’équipe de football du Rouge et Or L’équipe soignante du Rouge et Or football comprend huit personnes, dont un médecin, un chirurgien orthopédiste et deux physiothérapeutes. Les étudiants assurent les premiers soins, qu’il s’agisse d’appliquer de la glace sur une inflammation ou de faire un bandage compressif autour des chevilles des étudiantsathlètes avant les parties. Si un joueur se blesse sur le terrain, l’étudiant-soigneur se rend toujours à son chevet en compagnie d’un physiothérapeute. « Si l’intervention

intervenir plus d’une vingtaine de fois. » Cet automne, 18 étudiants en physiothérapie, soit 9 en deuxième année et 9 en troisième, consacrent entre 12 et 18 heures chaque semaine à leur tâche d’étudiants o i g n e u r ave c l ’ u n e o u l’autre des équipes sportives du Rouge et Or. Ces intervenants en premiers soins peuvent donner des conseils généraux visant notamment la protection articulaire. Ils peuvent également superviser des exercices prescrits par le physiothérapeute de l’équipe. En aucun temps un étudiant-soigneur ne peut réaliser des tests en vue d’un diagnostic ou prendre la décision du retour au jeu d’un

blessé. De plus, l’étudiant de troisième année a le privilège de suivre son équipe sportive dans des compétitions qui se déroulent à l’extérieur de Québec. « Dans leur évaluation, la plupart des étudiants de troisième année reçoivent des éloges du physiothérapeute responsable, indique Pierre Frémont. L’évaluation considère des aspects tels le professionnalisme, le sens de l’éthique et la capacité de communication. Durant leur séjour avec le Rouge et Or, les étudiants-soigneurs ont compris, entre autres, que la santé de l’étudiantathlète passe avant le succès de l’équipe. »

L’équipe soignante du Rouge et Or football comprend un médecin, un chirurgien orthopédiste et deux physiothérapeutes. photo Steve Deschênes

Rosine Castonguay est pour sa part étudiantesoigneuse de troisième année de l’équipe de basketball féminine du Rouge et Or. « Savoir ce que vivent les étudiantsathlètes, explique-t-elle, m’aide à comprendre comment les filles réagissent. J’adapte mes interventions. Ce que j’ai vécu comme athlète et aussi comme coach m’aide aujourd’hui à avoir une perspective plus globale. » Pour cette ancienne nageuse de compétition, intervenir sur le terrain ne constitue que la pointe de l’iceberg. « Il faut faire des massages avant et après les parties, pour réchauffer et pour détendre les muscles, dit-elle. Mon rôle est également éducatif. Les étudiantes-athlètes

nécessite les premiers soins pour une plaie, par exemple, nous pouvons le faire nousmêmes, indique Julien Lamy. Sinon, nous faisons toujours les interventions avec le physiothérapeute. » Fractures, ruptures de tendon, déchirures ligamentaires ou musculaires, entorses et commotions cérébrales : le football, sport de contact par excellence, entraîne une multitude de blessures. Les contusions, notamment aux cuisses, sont aussi fréquentes, de même que les claquages, en particulier aux muscles derrière la cuisse. « Les coups font partie du football », explique Pierre Frémont, médecin clinicien et professeur au Département de réadaptation. Ce dernier est aussi responsable du partenariat entre le Département et le programme d’excellence Rouge et Or. « Au football universitaire, poursuit-il, si l’équipe soignante intervient moins de dix fois au cours d’un match, cela veut dire que la partie s’est très bien passée côté blessures. Il n’est Le physiothérapeute Guy Asselin et l’étudiant-soigneur Julien Lamy avec Brandon Tennant, blessé pas exceptionnel de devoir lors du match du 20 octobre au stade TELUS–Université Laval. photo Yan Doublet

posent des questions sur le bon moment pour s’entraîner, sur la nutrition, sur le dopage. Je reçois aussi beaucoup de confidences qui permettent de mieux approcher l’athlète. Je connais le dossier médical des filles par cœur. » En basketball, les blessures les plus fréquentes comprennent la subluxation de l’épaule, la lésion du ligament croisé antérieur du genou et le claquage à la cuisse ainsi que l’entorse à la cheville. L’équipe soignante n’intervient habituellement qu’une ou deux fois par match. Mais chose certaine, et comme pour tous les clubs du Rouge et Or, la contribution des étudiantssoigneurs est appréciée et on sollicite leur avis.

Au football universitaire, l’équipe soignante peut intervenir une vingtaine de fois par match


sports

le fil | le 31 octobre 2013

Le Rouge et Or prêt à surprendre Le championnat de rugby féminin de Sport interuniversitaire canadien commence dès aujourd’hui au PEPS par Mathieu Tanguay De toute évidence, la saison 2013 du club de rugby féminin Rouge et Or n’a malheureusement pas été à la hauteur de ce que la formation nous avait habitué. La troupe de l’entraîneur-chef Bill McNeil a toutefois une chance unique de faire amende honorable lors du Championnat de rugby féminin de Sport interuniversitaire canadien (SIC) qui se déroule au stade TELUS-Université Laval du 31 octobre au 3 novembre. L’événement est présenté par le Secrétariat à la Capitale-Nationale. En neuf ans d’histoire du club, c’est la toute première fois que ce championnat canadien, qui réunit les six meilleures équipes au pays, a lieu à Québec. Le Rouge et Or y prendra part pour la quatrième fois, après des présences comme champions du Réseau du sport étudiant du Québec (RSEQ) en 2011, 2008 et 2006. Laval a obtenu son meilleur résultat, une troisième place, lors de sa plus récente participation. Après une défaite en demi-finale de ligue qui suivait une fiche en saison régulière de quatre gains contre trois échecs, ce qui a placé les filles du Rouge au Or au quatrième rang du RSEQ, il va donc s’en dire que le club n’entre pas cette fois-ci par la grande porte. Ce qui ne décourage pas outre mesure Bill McNeil. « C’est toujours une erreur de sous-estimer une équipe qui est au championnat canadien. Ce n’est pas mon genre d’y amener une équipe qui va faire de la figuration », explique l’entraîneur-chef. McNeil se dit d’ailleurs à l’aise avec l’étiquette de négligé. « Ça me rappelle notre saison 2006, où peu d’étudiantesathlètes avaient l’expérience de

championnat d’envergure. Nous avons une équipe jeune, mais je trouve qu’on a progressé pendant la saison, et la volonté d’apprendre est encore là. » La position du Rouge et Or fait en sorte qu’ils auront comme adversaires, en ronde préliminaire, les champions de l’Ouest et de l’Ontario. « De grosses pointures », admet Bill McNeil. L’instructeur-chef refuse de nommer une ou des athlètes de sa formation qui devront mener la barque pour relever ce défi. « L’équipe doit montrer la voie. Plusieurs ont fait leur part cette année,

»

Il n’y a pas de plus belle occasion d’observer les meilleures équipes universitaires au pays et de mesurer le haut niveau de performance de notre sport

et on a besoin de l’apport de tout le monde pour aller jusqu’au bout. » Question de mettre au défi ses troupes, l’entraîneur-chef n’a pas hésité à faire appel à d’anciennes joueuses étoiles du Rouge et Or lors de récents entraînements. Et que dira ce dernier à ses protégées avant la première rencontre de ce jeudi ? « D’avoir du plaisir à jouer ! Et la seule façon, c’est d’être courageux et de mettre toute l’énergie possible dans le jeu, parce qu’on ne sait jamais ce qui peut arriver, rien n’est jamais écrit d’avance », lance-t-il. Bill McNeil espère que la foule sera nombreuse pour appuyer son équipe, mais également pour admirer le spectacle. « C’est important que la communauté de rugby féminin en profite. Il n’y a pas de plus belle occasion d’observer les meilleures équipes universitaires au pays et de mesurer le haut niveau de performance de notre sport. Plusieurs de ces athlètes cognent à la porte des équipes nationales. » Jeudi, vendredi et samedi, les rencontres auront lieu à 10 h 30 et à 13 h 30. Dimanche, le match de la cinquième place aura lieu à 10 h, celui pour la médaille de bronze, à 12 h, et la grande finale du championnat débutera à 14 h. Le Rouge et Or entamera la compétition ce jeudi 31 octobre à 13 h 30. À noter que toutes les rencontres se dérouleront au stade TELUS-Université Laval, à l’exception de celles de samedi, qui se tiendront au terrain n° 11, situé derrière le pavillon Louis-Jacques-Casault. Les billets sont disponibles à la billetterie du Rouge et Or. Tous les matchs du championnat seront webdiffusés au www.cis-sic.tv. Pour sa part, la station radiophonique CHYZ 94,3 va présenter le deuxième match du Rouge et Or s’il a lieu vendredi, mais diffusera assurément celui que la formation disputera au dernier jour du championnat, le dimanche 3 novembre.

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en bref

« La grande vadrouille » Le tournoi de hockey cosom « La grande vadrouille » du programme intra-muros du PEPS aura lieu les 15, 16 et 17 novembre. Ce tournoi est réservé aux équipes de la ligue et aux équipes composées, pour au moins la moitié, de joueurs provenant du campus. Toutefois, quelques équipes de l’extérieur pourraient être acceptées, advenant le cas où il reste des places disponibles. Plusieurs catégories de jeu sont proposées : B, C, mixte et mixte +. Le coût pour participer est de 145 $ par équipe de la ligue ou du campus et 190 $ pour les équipes provenant de l’extérieur. La date limite pour s’inscrire est le 10 novembre. Pour télécharger le formulaire d’inscription, consultez le site web du PEPS dans la section ligues intra-muros.

Atelier de yoga : son et mudras L’équipe d’intervenants en yoga et pilates a préparé un atelier bien spécial pour le début novembre : le son et mudra. Pendant cet atelier, vous explorerez la mudra, un geste symbolique de la main qui peut avoir un effet bénéfique sur les plans psychique, émotif et physiologique. Tout au long de ces 120 minutes, vous découvrirez le yoga sous sa forme vibratoire par une combinaison de postures, de mudras et du son (voix, bols tibétains, tambours, etc.). Offrez-vous une pause pleine de douceur pour refaire le plein d’énergie. L’atelier se déroulera le samedi 9 novembre, de 14 h à 16 h, et le coût est de 20 $ pour les étudiants, de 28 $ pour les membres et de 35 $ pour les non-membres Pour réserver votre place, composez le 418 656-PEPS.

Beaucoup d’action au PEPS Le rugby n’est pas le seul sport en vedette ce week-end au PEPS. D’autres compétitions retiennent l’attention dans ce qui s’avère être une fin de semaine chargée. Vendredi soir à 19 h, l’équipe masculine de soccer accueille l’UQAM pour une des deux demi-finales québécoises. Notons que les femmes seront aussi en action vendredi pour leur match de demi-finale, mais à Sherbrooke. Si leur parcours devait se poursuivre, les finales RSEQ auront lieu dimanche, le lieu et l’heure restant à déterminer selon les résultats des parties de vendredi. Au football, le Rouge et Or reçoit Sherbrooke samedi à 13 h en demi-finale du circuit universitaire. La troupe de Glen Constantin vise une 11e présence consécutive en finale québécoise. Finalement, c’est aussi Sherbrooke qui vient rendre visite à nos équipes de volleyball dimanche pour la poursuite des activités du calendrier régulier. Les dames fouleront le terrain à 13 h, alors que les hommes suivront à 15 h. En neuf ans d’histoire du club, c’est la toute première fois que ce championnat canadien, qui réunit les six meilleures équipes au pays, a lieu à Québec. photo Pierre Bonenfant


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au fil de la semaine

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Tout savoir sur les Juifs de Québec Le dimanche 3 novembre se tiendra le tout premier colloque universitaire sur la communauté juive dans la Vieille Capitale : « Les Juifs de Québec – quatre cents ans d’histoire ». Il sera question de la contribution singulière de cette population qui a joué un rôle important dans l’évolution économique de Québec, sa configuration urbaine et son ouverture au monde. L’apport de plusieurs personnalités sera d’ailleurs examiné, dont Sigismund Mohr, Léa Roback, Maurice Pollack et Marcel Adams. Ce dernier sera l’objet de l’allocution prononcée par Guy Mercier, professeur au Département de géographie. Parmi les autres sujets traités, mentionnons la contribution de la modernité architecturale par la communauté juive (Luc Noppen, UQAM) ou encore l’histoire du judaïsme à Québec (Ira Robinson, Université Concordia). Ce colloque est organisé, entre autres, par le Centre interuniversitaire d’études sur les lettres, les arts et les traditions (CELAT).

03/11

Dimanche 3 novembre, de 9 h à 17 h, au Théâtre Périscope (2, rue Crémazie). On s’inscrit au : www.celat. ulaval.ca. Un repas cacher, au coût de 20 $, sera servi aux participants.

01/11

03/11

04/11

05/11

06/11

06/11

Pour une économie moins polluante

Prendre soin d’autrui selon Jean Désy

Se révolter avec amour  !

Retour sur le Moulin à images

Une vie virtuelle comme aide à la détresse ?

L’image au service de la musique

Le réseau social Second Life, qui permet de se créer un soi idéal sur Internet, peut-il véritablement aider les personnes âgées à surmonter leur détresse ? C’est ce que nous apprendra Benny Rigaux-Bricmont, professeur à la Faculté des sciences de l’administration, lors de l’exposé « Le potentiel de la vie virtuelle comme aide à la détresse » qu’il donnera mercredi devant les membres de l’Association des retraités de l’Université Laval (ARUL). Après une présentation de cet espace virtuel, le conférencier parlera de l’étude qu’il mène et qui consiste à « relocaliser » des personnes âgées sur Second Life afin d’analyser leurs comportements et de mesurer les effets de cette numérisation de soi sur la qualité de leur vie réelle.

C’est mercredi que le spécialiste du documentaire musical Bruno Monsaingeon viendra fouler la salle HenriGagnon afin de donner une conférence sur « L’art de filmer la musique ». Celui qui a dressé les portraits du violoniste Yehudi Menuhin, de la soprano Barbara Hendricks ou encore du pianiste Glenn Gould viendra parler du processus créateur qui comporte comme point de départ une partition et comme résultat un interprète. Il s’attardera, entre autres, aux choix artistiques qui permettent de mettre visuellement en valeur la musique tout comme l’interprète. Cette activité originale est présentée par le Club musical de Québec.

C’est lundi que sera projeté le film Occupy Love (2012), Si les questions de compSi vous êtes adepte de un autre documentaire prétabilité environnementale, simplicité volontaire ou en senté par l’association étud’indice de progrès durable quête de sens, vous serez diante Cinéma Politica qui et de marché du carbone peut-être intéressé par le vise à nous faire réfléchir vous intéressent, vous aime- colloque du Groupe de sur des thématiques sociales. rez sans doute assister à la simplicité volontaire de Pour les besoins de ce film table ronde organisée par Québec qui se tient toute la qui clôt sa trilogie, le réal’Institut Hydro-Québec en fin de semaine au pavillon lisateur canadien Velcrow environnement, dévelopAlphonse-Desjardins. Parmi Ripper est allé à la renconpement et société sur les les conférenciers, on trouve tre des militants de la place « Alternatives économiques le médecin et écrivain Jean Tahrir, en Égypte, ainsi qu’à et perspectives de transition Désy, chargée de sessions ceux d’Occupy Wall Street, au Québec ». Cette activité cliniques à la Faculté de de même qu’en Espagne et aura lieu lors de son école médecine. Celui-ci vienen Alberta afin d’explorer d’automne qui se déroule dra donner, dimanche, comment il est possible aujourd’hui et demain. une conférence intitulée de transformer les crises Outre Harvey Mead (ancien « Prendre soin du monde sociales en histoire d’amour commissaire au développeaujourd’hui ». Pour lui, la et comment, de cette transment durable du Québec) et parole poétique permet formation, peut émerger un Robert Smith (conseiller en de prendre soin d’autrui, nouveau paradigme. Il s’agit économie environnemendemande plus de silence que tout autant d’un essai cinétale), le panel comprendra le de bruit et se satisfait d’un matographique que d’une professeur au Département peu de verdure et d’air pur. invitation à se révolter par d’économique Markus Jean Désy travaille notamamour de soi, des autres et Herrmann. Ce dernier vien- ment auprès des Cris de du monde. La projection dra parler de deux outils l’Eeyou Istchee. sera suivie d’une discussion. possibles pour une économie moins émettrice de Dimanche 3 novembre, à Lundi 4 novembre, à 19 h, GES : les taxes et le permis 15 h 15, à l’atrium Jean-Guy- au Théâtre de poche du de pollution. Paquet du pavillon pavillon Maurice-Pollack. Alphonse- Desjardins. er Vendredi 1 novembre, de Pour en savoir plus sur le 12 h à 13 h 30, au local colloque : www.gsvq.org/col1289A du pavillon loque.htm. Ferdinand-Vandry.

Mario Brien, le directeur de production d’Ex Machina, sera de passage à l’Université mardi afin de parler des défis techniques et technologiques qui ont fait du Moulin à images une des plus grandes projections multimédias de l’histoire. Il présentera les grandes étapes de production ainsi que les problèmes et les solutions imaginées pour les résoudre. Le Moulin à images a été présenté pendant 5 étés sur les élévateurs à grain de la Bunge, dans le Vieux-Port, et a nécessité 27 projecteurs vidéo, 329 haut-parleurs et 238 appareils d’éclairage. Mardi 5 novembre, de 11 h 30 à 12 h 30, à l’atrium Jean-Guy-Paquet du pavillon AlphonseDesjardins.

Mercredi 6 novembre, à 16 h, au local 2320 du pavillon AlphonseDesjardins. Réservation au 418 656-5508 ou encore à arul@arul.ulaval.ca. Entrée libre.

Consultez le calendrier complet des activités sur le campus à ulaval.ca

Mercredi 6 novembre, à 12 h 30, à la salle HenriGagnon du pavillon LouisJacques-Casault. L’entrée est libre.


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