Le Fil 26 février 2015

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Deux doses plutôt que trois p5

Des mots mordants p8-9

Tous pour le Nord Accueil du président islandais Ólafur Ragnar Grímsson et du premier ministre Philippe Couillard, journée sur la recherche nordique et symposium international : le Nord vole la vedette cette semaine ! p2-3

photo Marc Robitaille

Volume 50, numéro 22 26 février 2015


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Pour un développement durable du Nord L’Université collabore à l’organisation du premier Symposium international sur le développement nordique, qui se tient cette semaine au Centre des congrès de Québec par Matthieu Dessureault Au nord du 55 e parallèle, sur les rives du détroit d’Hudson, la compagnie Glencore exploite l’un des plus importants gisements mondiaux de nickel. Depuis 1998, la mine Raglan em­­ ploie quelque 1000 person­ nes, dont plusieurs Inuits de la région. Bien qu’elle apporte des revenus et verse des redevances aux com­ munautés locales, sa pré­ sence ne crée pas un déve­ loppement économique durable, témoigne le profes­ seur Thierry Rodon, du Département de science politique.

Le spécialiste des questions nordiques a mené une étude sur les effets de la mine dans les communautés de Salluit et de Kangiqsujuaq, situées pas très loin. « Après plus de dix ans d’exploitation minière, les indicateurs socioéconomiques ne sont pas plus élevés là-bas qu’ailleurs au Nunavik. Les gens reçoivent de l’argent, mais comme l’économie marchande n’est pas très développée dans ces communautés isolées, ils le dépensent ailleurs. Ça ne sert à rien de créer des revenus s’il n’y a pas de capacité de réten­ tion des fonds. »

Thierry Rodon est titulaire de la Chaire de recherche sur le développement durable du Nord et directeur du Centre interuniversitaire d’études et de recherches autochtones. Il fait partie des nombreux experts invités à se prononcer sur le développement du Nord à l’occasion du Sym­ posium international sur le développement nordique. Cet événement, qui se déroule du 25 au 27 février, réunit uni­ versitaires, décideurs, gens d’affaires, entreprises et re­­ présentants des populations nordiques, incluant les na­­ tions autochtones. Parmi les pays et régions représen­ tés, on compte notamment l’Islande, la Norvège, le Danemark, le Groenland et l’Alaska. L’objectif de ce grand rassemblement est de partager les connaissances, les expériences et les visions en lien avec le développement nordique durable. Le Symposium est coprésidé par le gouvernement du Québec et le Conseil nordique des ministres, en collaboration avec l’Université. « Le gouver­ nement veut positionner le Québec au cœur des recher­ ches sur le développement du Nord. On a une force vive dans la province, et cette force est particulièrement concen­ trée à l’Université Laval. Il est clair que nous avions intérêt à être présents dans cette aven­ ture, ne serait-ce que pour pro­ poser des noms de spécialistes dans différents secteurs », dit le vice-recteur adjoint à la recherche et à la création, Denis Mayrand, qui espère en faire un événement annuel. Les conférences et ateliers s’articulent autour de diffé­ rents thèmes, dont l’éduca­ tion, les changements clima­ tiques, le tourisme, l’envi­ ronnement, la faune et la

Le journal de la communauté universitaire Fondé en 1965, Le Fil est un hebdomadaire publié 31 fois par an par la Direction des communications de l’Université Laval et distribué gratuitement sur le campus.

La dégradation du pergélisol est un enjeu important. Guy Doré et son équipe de chercheurs travaillent à développer des solutions technologiques. Sur la photo : Julie Malenfant-Lepage, étudiante au doctorat en génie civil. photo Guy Doré

La communauté de Salluit, où Thierry Rodon a mené une étude sur les effets de la mine Raglan. Son constat : la mine apporte des revenus supplémentaires, mais sa présence ne crée pas forcément un développement économique durable dans la communauté. photo Thierry Rodon

gouvernance. « Il y a plein de projets qui sont en gestation un peu partout dans le Nord. C’est important que tout le monde soit conscientisé aux enjeux propres à ces régions », souligne Guy Doré, profes­ seur au Département de génie civil et de génie des eaux. Depuis une trentaine d’an­ nées, il se spécialise en infra­ structures de transport. Construire une route ou une piste d’atterrissage dans le Nord, où le territoire est re­­­ couvert en grande partie de pergélisol, n’est pas sim­ ple. Les ingénieurs doivent prendre en compte les risques de glissement de terrain, d’af­ faissement de route et de rem­ blai fissuré. « Il existe un équi­ libre thermique entre l’atmos­ phère et la capacité structurale du sol. Autrement dit, tant que le sol est gelé, il reste solide. En construisant une route, on vient perturber cet équilibre thermique et donc causer une dégradation du pergélisol », explique le chercheur. Sa conférence portait sur des techniques qui permettent de stabiliser les infrastructures, tout en permettant une régé­ nération du pergélisol. Le Symposium, qui se pour­ suit jusqu’à vendredi, sera éga­ lement l’occasion d’entendre

parler des travaux de recherche de Mylène Riva (Département de médecine sociale et pré­ ventive), de Gina Muckle (École de psychologie), de Michel Allard (Département de géographie) ainsi que de Steeve D. Côté, de Louis Fortier et de Marcel Babin (Département de biologie). Ils aborderont, entre autres, la santé des populations nor­ diques, l’insécurité alimen­ taire au Nunavik et les enjeux de la conservation du caribou migrateur dans la péninsule d’Ungava. « Ces chercheurs montrent l’étendue de l’ex­ pertise que nous avons à l’Uni­ versité Laval. Ils sont rattachés à l’un ou l’autre des grands rassemblements de recherche sur le Nord, que ce soit le Centre d’études nordiques,

On peut le lire en ligne à lefil.ulaval.ca et s’abonner gratuitement à un avis de parution électronique. Écrivez-nous ! Le Fil accueille vos idées avec plaisir.

Rédactrice en chef : Claudine Magny Journalistes : Matthieu Dessureault, Jean Hamann, Yvon Larose Collaborateurs : Pascale Guéricolas, Stéphane Jobin, Mathieu Tanguay, Brigitte Trudel, Julie Turgeon Collaborateurs au Web : Carl Bélanger, Thierry Mellon Rédactrice-réviseure : Manon Plante Agente de secrétariat : Josée Nadeau

Les lettres destinées au courrier des lecteurs – 400 mots maximum – doivent nous parvenir au plus tard le vendredi midi précédant la parution, à l’adresse le-fil@dc.ulaval.ca. Le contenu de ce journal peut être reproduit à condition de mentionner la source et l’auteur. Rédaction Éditeur : Jacques Villemure, directeur des communications

ArcticNet, Takuvik, Nasivvik ou le Centre interuniversitaire d’études et de recherches autochtones », fait remarquer Denis Mayrand. L e 2 7  f é v r i e r, S o p h i e D’Amours, vice-rectrice à la recherche et à la création, fera une présentation sur la vision de l’Université en matière de recherche nordique. Elle en profitera pour parler de l’Ins­ titut nordique du Québec, un projet annoncé l’automne dernier. Né d’un partenariat avec l’Université McGill et l ’ I n st i t u t n a t i o n a l d e l a recherche scientifique, ce nouvel institut vise à fournir les connaissances scienti­ fiques et le savoir-faire tech­ nique nécessaires au dévelop­ pement éthique et harmo­ nieux du Nord québécois.

L’objectif de ce grand rassemblement est de partager les connaissances, les expériences et les visions en lien avec le développement nordique durable

Production Infographie : Geneviève Bolduc, Service de reprographie de l’Université Laval Impression : Les Presses du Fleuve, Montmagny (Québec)

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Les changements climatiques représentent une nouvelle réalité et un défi pour tous les États nordiques

De g. à d. : Monique Richer, secrétaire générale, Denis Mayrand, vice-recteur adjoint à la recherche et à la création, Éric Bauce, vicerecteur exécutif et au développement, Ólafur Ragnar Grímsson, président d’Islande, Sophie D’Amours, vice-rectrice à la recherche et à la création, Bernard Garnier, vice-recteur aux études et aux activités internationales, et Denis Brière, recteur. photo Marc Robitaille

Til hamingju ! (Félicitations !) L’Université décerne un doctorat honorifique au président de l’Islande, véritable pionnier de la réflexion et de l’action sur le Nord par Yvon Larose Une cérémonie bien spéciale s’ e st d é r o u l é e l e m a r d i 24 février en fin d’après-midi au Grand Salon du pavillon Maurice-Pollack, dans le cadre de la Journée de la recherche, organisée par le F o n d s d e r e ch e r ch e d u Québec – Nature et technolo­ gies. Dans la vaste salle où prenaient place plus de 200 invités, sur une grande scène occupée par des digni­ taires, le recteur Denis Brière, au nom de l’Université Laval, a décerné un doctorat ho­­ norifique d’université au ­président de la République d’Islande, Ólafur Ragnar Grímsson, pour son

engagement en faveur de l’environnement. Dans son hommage au pré­ sident Grímsson, le recteur a qualifié le récipiendaire d’« homme d’État novateur, audacieux et fortement engagé dans la recherche de solutions durables et réalistes aux en­jeux soulevés par le Nord ». Il a ajouté que le président Grímsson est l’initiateur de l’Arctic Circle, un forum inter­ national visant à favoriser la collaboration sur les enjeux liés à l’Arctique. « Ces enjeux, a poursuivi le recteur Brière, sont également au centre des travaux de recherche menés à l’Université Laval. »

Le système de suivi climatique du CEN à Umiujaq, au Québec nordique. En avant-plan, un pluviomètre-nivéomètre pour mesurer les précipitations liquides et solides. photo Richard Fortier

Durant sa carrière, Ólafur Ragnar Grímsson a notam­ ment fondé le Département de science politique de l’Uni­ versité d’Islande. Il a occupé le poste de président de l’Action mondiale des parlementaires. Il s’est également illustré dans l’effort mondial pour com­ battre les changements clima­ tiques, notamment en mili­ tant, depuis des années, pour l’essor des énergies propres. Dans son allocution, le pré­ sident Grímsson a insisté sur la soudaine et nouvelle res­ ponsabilité qui incombe désormais aux nations nor­ diques en ce qui concerne l’Arctique à l’ère des change­ ments climatiques. « Dans ce territoire si vaste, a-t-il dit, l’interaction entre l’humain et la glace déterminera l’avenir du monde entier. » Il a rappelé que plus de la moitié des plus fortes économies du monde ont établi leur présence et

déclaré leur intérêt pour l’Arc­ tique depuis le début du 21e siècle. « Il s’agit d’une nou­ velle réalité et d’un défi pour tous les États nordiques. » Selon le président Grímsson, ces nations pourront surmon­ ter les défis qui se présentent à elles par une coopération qui doit reposer sur des alliances fortes. « La science et la recher­ che, a-t-il poursuivi, doivent fournir les fondations solides de l’Arctique de demain. » Le premier ministre Philippe Couillard a assisté à la céré­ monie. Il a déclaré que le Nord constituait « un formidable objet de recherche ». « Le Qué­ bec, a-t-il expliqué, entend être à l’avant-garde sur ce plan grâce, d’ailleurs, aux remar­ quables travaux menés ici à l’Université Laval. Nous vou­ lons faire et nous ferons du Québec le centre de la re­­ cherche nordique pour l’Amé­ rique du Nord. »

Dans les tourbières subarctiques du Québec, la fonte de buttes gelées en raison du réchauffement climatique génère des mares appelées polygones à coins de glace. Ces mares émettent des gaz à effet de serre. photo Isabelle Laurion, CEN, INRS

a Journée de la recherche avait pour thème la L recherche nordique. Parmi la quinzaine de chercheurs présents figuraient deux chercheurs de l’Université, dont Najat Bhiry, professeure au Département de géographie et directrice du Centre d’études nordiques (CEN). Selon elle, le réchauffement climatique récent et actuel provoque la dégradation du sol ou du roc gelé en per­ manence, notamment dans le Nord du Canada. Les chercheurs du CEN, en collaboration avec d’autres chercheurs, ont observé, entre autres, une dégradation rapide des buttes gelées qui caractérisent les tourbières subarctiques. Ce phénomène donne naissance à des mares qui émettent du dioxyde de carbone et du méthane, deux gaz à effet de serre. « Pour documenter ces changements et contrer leurs effets négatifs, ex­­ plique Najat Bhiry, il est primordial de travailler en collaboration étroite avec les résidents du Nord, de renforcer les recherches pluridisciplinaires et d’échanger des données en s’impliquant dans des réseaux. » Richard Fortier est professeur au Département de géologie et de génie géologique. Son exposé a porté sur le forage, à l’été 2012, de neuf puits d’observation des eaux souterraines. Ces puits ont été installés et instrumentés dans un petit bassin versant de deux kilomètres carrés, en zone de pergélisol discontinu, près de la communauté inuite d’Umiujaq, sur la côte est de la baie d’Hudson. « Le développement durable des communautés inuites au Nunavik dépend d’une source en eau potable fiable et de qualité, souligne Richard Fortier. L’exploitation des eaux souterraines dans le Grand Nord pour alimenter en eau potable ces communautés devient maintenant envisageable avec la dégradation du pergélisol, qui peut parfois être un effet positif du réchauffement climatique. »


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médecine

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en bref

La FSG première ! Près de 240 étudiants provenant de toutes les écoles et facultés de génie du Québec se sont affrontés, du 29 janvier au 1er février, lors des différentes épreuves de la Compétition qué­ bécoise d’ingénierie. L’événement, qui avait pour thème « Le génie des éléments », avait lieu à l’École de technologie supérieure, à Montréal. La délégation de l’Université Laval a récolté pas moins de cinq podiums (trois premières places et deux deuxièmes places) sur un total de huit épreuves, ce qui a fait d’elle la meilleure faculté de génie au Québec ! Curieux d’en savoir plus sur les résultats ? Consultez le lien bit.ly/1aghKk7

De problèmes sociaux à projets inspirants En 2014, le Vice-rectorat à la recherche et à la création a créé le Fonds de soutien à l’innova­ tion sociale afin d’offrir un soutien financier pour la réalisation d’activités de mobilisation et de transfert de connaissances et d’expertise. L’objectif : favoriser l’appropriation par une institution, une organisation ou une commu­ nauté d’une solution innovante qui répond à un problème social. Pour le tout premier con­­ cours qui vient de s’achever, 25 projets prove­ nant de 13 facultés ont été soumis. Parmi ceuxci, cinq se sont particulièrement démarqués au regard des moyens qui seront mis en œuvre pour favoriser l’appropriation de l’innovation sociale par un milieu preneur, de l’interdiscipli­ narité des acteurs impliqués dans le codévelop­ pement du projet innovant, du rôle attribué aux étudiants dans le cadre de ces partenariats et des bénéfices escomptés pour les partenaires et la société. Félicitations à toutes les équipes ! Pour découvrir les projets lauréats: bit.ly/1Bv64pH

Université Laval en spectacle : les gagnants Le 11 février se déroulait la 8e présentation d’Université Laval en spectacle. Plus de 200 personnes étaient réunies pour encoura­ ger les 16 artistes qui ont présenté au total 9 numéros. Les trois meilleures performances de la soirée sont, dans l’ordre, celles de Thomas Langlois, pour son numéro de slam, de Shayne Michael Thériault, pour son nu­­ méro de danse et de Giridhar Raghunathan, également pour un numéro de danse. Deux duos d’artistes sont arrivés ex aequo dans les votes du public et ont donc reçu le prix coup de cœur de l’événement : Justine Murray et Doriane Lemay, qui ont interprété une pièce à quatre mains au piano, et Sara Bolduc et Rebecca Breton, qui ont joué de la guitare. Signalons que Thomas Langlois représentera l’Université lors de la finale d’Univers-Cité en spectacle, présentée le 4 avril prochain, à Trois-Rivières.

Le manque de temps et la crainte que les relations avec leurs patients s’en trouvent affectées comptent au nombre des raisons pour lesquelles peu de médecins participent aux recherches cliniques.

Du temps pour son patient Les incitatifs financiers ne solutionnent qu’en partie le faible taux de participation des médecins aux études scientifiques par Jean Hamann Les recherches qui nécessitent la partici­ pation de médecins de famille se butent souvent au même problème : ils sont peu nombreux à répondre à l’appel de la science. Pour stimuler les troupes, les chercheurs offrent parfois une compen­ sation financière aux médecins qui prê­ tent leur concours à leurs travaux. Cette approche résout-elle le problème ? En partie seulement, conclut une équipe de la Faculté de médecine et du Centre de recherche du CHU de Québec qui a mené la première étude scientifique en bonne et due forme sur la question. Anik Giguère, Michel Labrecque, Francine Borduas et Michel Rouleau ont testé l’approche de la carotte finan­ cière auprès de quelque 1 300 médecins de famille du Québec. Ces médecins ont été invités par courriel à consacrer trois heures à l’évaluation de deux formats d’un programme de formation continue en rhumatologie. Le courriel d’invita­ tion envoyé à la moitié des participants leur faisait comprendre qu’il le faisait pour la cause, alors qu’une compensa­ tion financière de 300 $ était promise à l’autre moitié des participants. Les résultats de l’étude, parue dans BMC Research Notes, sont mi-figue miraisin. Premier constat : peu de médecins se donnent la peine de réagir à ce type d’invitation. Le taux de réponse, qu’il s’agisse d’accepter, de refuser ou de

demander des précisions, se situe à 2,6 % dans le groupe sans compensation et à 7,5 % dans le groupe avec compensation. Second constat : l’incitatif financier pro­ duit l’effet souhaité. Le recrutement est six fois plus élevé dans le groupe avec compensation (3,5 %) que dans le groupe sans incitatif financier (0,6 %). Malgré tout, constatent les chercheurs, la parti­ cipation des médecins reste anémique, à l’instar de ce qui a été observé dans d’autres études. Les raisons pour lesquelles peu de médecins participent aux recherches cli­ niques sont multiples : manque de temps, manque de personnel qualifié pour accomplir ce que les chercheurs deman­ dent, crainte des répercussions sur leurs relations avec les patients et sur le déroulement des consultations. Cette faible participation réduit le pouvoir sta­ tistique des analyses, limite la générali­ sation des conclusions et peut même empêcher la réalisation de projets de recherche qui pourraient améliorer les soins aux patients. À la lumière de l’étude parue dans BMC Research Notes, les chercheurs qui veulent s’assurer la participation d’un nombre suffisant de médecins doivent donc disposer d’une volumineuse liste d’envoi et ne pas adopter des règles d’ad­ missibilité trop restrictives. Par ailleurs, ils doivent aussi améliorer les façons

«

Lorsque la question soulevée par la recherche est pertinente, importante et qu’elle a des répercussions immédiates sur les soins aux patients, les médecins sont plus enclins à participer d’établir le contact avec les médecins; le recours aux réseaux professionnels est une avenue prometteuse à ce chapitre. Enfin, ils doivent envisager les choses du point de vue du médecin. « Lorsque la question soulevée par la recherche est pertinente, importante et qu’elle a des répercussions immédiates sur les soins aux patients, les médecins sont plus enclins à participer, souligne Anik Giguère. C’est pourquoi il faut impliquer les médecins dans l’élaboration des ques­ tions et leur demander de les hiérarchiser selon l’importance qu’ils leur accordent. Enfin, il faut toujours garder à l’esprit que ce que nous leur demandons ne doit pas exiger trop de temps. C’est essentiel pour obtenir leur participation. »


médecine

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Jamais deux sans trois ? Deux doses du vaccin contre le VPH suffiraient pour les campagnes destinées aux jeunes filles de moins de 15 ans par Jean Hamann Lorsque le vaccin contre le virus du papillome humain (VPH) a été intro­ duit en 2006, son fabricant, Merck, recommandait l’administration de trois doses pour assurer une protec­ tion maximale. Depuis, des données provenant de diverses sources sug­ gèrent que deux doses pourraient con­férer une immunité suffisante lorsque le vaccin est donné à des ­j eunes filles de moins de 15 ans. Alors, deux doses ou trois ? Marc Brisson et Jean-François Laprise, du Dépar­tement de médecine sociale et préventive, ainsi que Mark Jit et Yoon Hong Choi, du Public Health England, ont étudié la question et leurs conclusions, publiées dans un récent numéro du British Medical Journal, pourraient entraîner des économies se chiffrant en millions de dollars chaque année sur la planète. Rappelons que le VPH compte parmi les infections transmises sexuellement les plus courantes. Certaines formes du virus causent des verrues et des lésions génitales ou anales. D’autres formes ont des répercussions plus graves puis­ qu’elles sont associées à certains cancers. Au Québec, par exemple, le VPH cause annuellement 400 can­ cers du col de l’utérus. Depuis 2007, les provinces cana­ diennes et de nombreux pays ont implanté des programmes de vacci­ nation contre le VPH. Comme les vaccins sont plus efficaces lorsqu’ils sont administrés à des personnes qui n’ont jamais été infectées par ce virus, les campagnes ciblent les ­jeunes filles de 9 à 13 ans. Depuis, plusieurs études ont montré que, à court terme du moins, l’immunité contre le VPH était comparable, peu importe si deux ou trois doses étaient

administrées. « On ne connaît pas encore la durée exacte de protection du vaccin, mais si deux doses assu­ rent une protection à long terme, la troisième dose pourrait être trop coûteuse pour les bénéfices en santé qu’elle procurerait. Le nœud du pro­ blème consiste donc à déterminer quelle doit être la durée de protec­ tion conférée par deux doses pour rendre cette stratégie coût-efficace », résume Marc Brisson. C’est ce que son équipe et celle de Mark Jit ont fait en utilisant deux modèles de simulation mis au point de part et d’autre de l’Atlantique. Le modèle développé par le professeur Brisson tient compte de nom­breuses variables liées à la biologie du virus ainsi qu’à la dynamique de la sexua­ lité humaine, notamment le niveau d’activité sexuelle, le nombre de partenaires ainsi que la formation et la dissolution des couples selon les groupes d’âge. Il s’agit d’un modèle très complexe qui nécessite un grand temps de calcul sur des supe­ rordinateurs – dont le superordina­ teur Colosse de l’Université Laval – pour livrer ses fruits. Le modèle bri­ tannique emprunte une tout autre voie, mais la conclusion est la même dans les deux cas : deux doses du vaccin contre le VPH suffisent, à condition que la durée de la protec­ tion conférée par les deux doses soit d’au moins 20 ans. « Les données disponibles ne sem­ blent pas indiquer que l’efficacité vaccinale procurée par deux doses diminue dans les dix premières années, souligne le professeur Brisson. S’il devait y avoir une baisse, elle serait progressive. Les experts s’entendent sur le fait que la protection pourrait être d’au moins

Le VPH compte parmi les infections transmises sexuellement les plus courantes. Il causerait des lésions et des verrues génitales ou anales, de même que certains cancers. Au Québec seulement, on lui attribue quelque 400 cas de cancer du col de l’utérus chaque année.

20 ans, de sorte qu’une troisième dose ne semble pas procurer d’avan­ tages. La protection offerte par deux doses couvrirait la période de vie pendant laquelle les femmes sont les plus actives sexuellement. L’économie de la troisième dose ne se ferait donc pas aux dépens de leur santé. »

Selon le chercheur, les conclusions des travaux qu’il a menés avec Mark Jit ont déjà une incidence sur les pro­ grammes de vaccination de plu­ sieurs pays, notamment ceux du Canada et du Royaume-Uni, qui ont délaissé la troisième dose pour les jeunes de moins de 15 ans. « Cette stratégie pourrait représenter une

économie importante qui se chiffre sans doute à plusieurs millions de dollars chaque année à l’échelle mondiale, avance-t-il. C’est encore plus important pour les pays en voie de développement qui dispo­ sent de ressources limitées pour mener des campagnes de vaccina­ tion contre le VPH. »

La stratégie des deux doses pourrait représenter une économie importante qui se chiffrerait à plusieurs millions de dollars chaque année à l’échelle mondiale

Le modèle développé par le professeur Brisson tient compte de nombreuses variables liées à la biologie du VPH ainsi qu’à la dynamique de la sexualité humaine. Il a fallu recourir au superordinateur Colosse de l’Université Laval pour effectuer les calculs. photo SAFRAN


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international

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ils ont dit... Sur le projet de tour de 65 étages

François Des Rosiers, Département de finance, assurance et immobilier Le Soleil, 20 février

Le Groupe Dallaire vient de dévoiler son projet de tour de 65 étages qu’il pré­ voit construire à l’entrée de Québec, près des ponts. Le projet comprend égale­ ment trois autres tours de 25 à 30 étages. L’ensemble re­­présentera près d’un mil­ lion de pieds carrés de lo­­ caux à louer. Pour François Des Rosiers, le promoteur est plutôt optimiste lorsqu’il avance que le projet ne ré­­ pondra qu’à une partie des besoins. « Il va y avoir des locataires de prestige, comme des compagnies d’assu­ rances, des banques, de grandes firmes comptables, dit-il. Mais est-ce que ça va attirer des firmes qui ne sont pas déjà à Québec ? Je crois que ça va plutôt déplacer celles qui y sont. »

Sur la popularité de PKP

Guylaine Martel, Département d’information et de com­ munication Huffington Post Québec, 23 février

Nouveau venu en politique, Pierre-Karl Péladeau do­­ mine les sondages dans la course à la chefferie du Parti québécois, et ce, même s’il multiplie les bourdes. Comment est-ce possible ? Après des années de langue de bois et de scandales qui ont rendu les citoyens cyniques envers la classe politique, sa spontanéité joue en sa faveur, croit Guylaine Martel. « Nous sommes dans une ère où on valorise énormément l’indi­ vidu. Donc, tout ce qui le fait pa­­raître comme un être humain avec ses défauts et ses qualités est particulière­ ment bien reçu. »

Sur les risques de reprendre le jeu après une commotion cérébrale

Bradford McFadyen, Département de réadap­ tation Le Soleil, 23 février

Il reste beaucoup d’éduca­ tion à faire sur les risques associés aux commotions cérébrales chez les jeunes sportifs, a souligné Bradford McFadyen lors d’une con­fé­ rence grand public qui a at­­ tiré environ 280 personnes sur le campus. « Chose cer­ taine, ce n’est pas le joueur qui est le mieux placé pour juger s’il retourne ou pas. Je peux le comprendre, ses pa­­ rents aussi, mais est-ce qu’on risque d’hypothéquer une vie pour un match ou une victoire ? Combien de jeunes vont réussir à faire une car­ rière professionnelle ? Est-ce que ça vaut le coût de mettre une vie en danger ? »

Quelque 2 500 entreprises chinoises donnent de l’emploi à environ 100 000 travailleurs africains

Un modèle à définir Beaucoup considèrent l’Afrique comme le continent de l’avenir par Yvon Larose En mai 2014, le numéro deux chinois, Li Keqiang, a effec­ tué une tournée dans quatre pays du continent africain. Les accords de coopération qu’il a signés portaient non seulement sur le pétrole et les ressources naturelles, mais aussi sur l’agriculture, l’in­ dustrie et les infrastructures. Durant sa visite, Li Keqiang a annoncé la volonté de son gouvernement de doubler, d’ici 2020, la valeur des échanges commerciaux entre son pays et l’Afrique. En 2013, ces échanges s’éle­ vaient annuellement à envi­ ron 200 milliards de dollars américains.

« En l’espace de 13 ans, le commerce sino-africain a beaucoup augmenté, soutient le professeur Zhan Su, du Département de manage­ ment. Cela dit, il demeure ­faible en comparaison de la valeur totale du commerce extérieur chinois, lequel s’élève à presque 4 000 mil­ liards de dollars américains annuellement. » Selon le professeur, le mar­ ché africain, pour certains aspects, est important pour le g o u ve r n e m e n t ch i n o i s . « Cependant, dit-il, il n’est pas la priorité pour Pékin. En 2013, les investissements directs de la Chine en Afrique

Au moins 20 % de la croissance économique africaine serait due aux investissements chinois. Ceux-ci financent notamment la construction de routes. photo Jean-Baptiste Dodane

ne correspondaient qu’à en­viron 4 % de la totalité des investissements chinois an­­ nuels dans le monde. » De telles mises au point, Zhan Su en a fait plusieurs, le 24 février, à l’occasion d’un colloque consacré à la pré­ sence de la Chine en Afrique. L’activité était organisée par la Chaire Stephen-A.Jarislowsky en gestion des affaires internationales et le CEDIMES-Canada. Selon le professeur, cette présence s’ i n c a r n e d a n s qu e l qu e 2 500 entreprises qui don­ nent de l’emploi à environ 100 000 travailleurs africains. « Depuis dix ans, souligne-til, le continent africain enre­ gistre une croissance annuelle de 5 %, ce qui est beaucoup. Les investissements chinois expliqueraient au moins 20 % de cette croissance. » Le développement écono­ mique de la Chine a été rapide, pour ne pas dire ful­ gurant. Pendant plusieurs années, la croissance annuelle du pays a tourné autour de 10 %, soutenue par un recours massif aux ressources natu­ relles et énergétiques. Au­­ jourd’hui, des voix accusent la Chine de « piller » les ma­­ tières premières du continent africain. « Au maximum, les entre­ prises chinoises consacrent le tiers de leurs investisse­ ments en Afrique à l’exploi­ tation des ressources natu­ relles et énergétiques, indique Zhan Su. Il est donc exagéré de p ­ arler d’une forme de néocolonialisme. » Selon ce professeur, la Chine a certaines répercus­ sions vraiment positives sur l’économie africaine. Cela

peut être constaté dans l’amé­ lioration des infrastructures, dans la création d’emplois, dans la croissance écono­ mique et dans l’augmenta­ tion du volume des échanges internationaux. « Mais, ajoute-t-il, à mon avis et pour le moment, les pays africains sont loin d’être de vrais ga­­ gnants dans leurs relations avec la Chine. » Selon lui, une forte majorité des entreprises chinoises se sont implantées en Afrique pour des raisons purement commerciales. Elles refusent de faire des transferts de con­ naissances vers les Africains. Elles amènent en général en Afrique des produits, des ­services et des technologies de basse qualité. Par ailleurs, leur compétitivité relative nuit à la survie des entre­ prises africaines locales. En raison de ses ressources naturelles abondantes et de son bassin démographique en croissance rapide, beau­ coup considèrent l’Afrique comme le continent de l’ave­ nir. Zhan Su se dit relative­ ment optimiste à ce sujet. « J’ai la forte conviction que cet avenir dépend avant tout de la propre capacité de l’Afrique à gérer son avenir, affirme-t-il. Ce continent doit trouver une voie de dévelop­ pement qui convient à ses spécificités, donc ni le modèle occidental pur, ni le modèle chinois. Il doit bien utiliser ses ressources comme un levier de négociation dans les relations internationales dans le but d’accélérer le dé­­ veloppement de ses compé­ tences. Enfin, il doit réaliser une industrialisation efficace et humaniste. »


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droit

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Justice pour le Rwanda

sur les vaccins

François Boucher

La vitesse avec laquelle la rougeole s’est propagée depuis le parc d’amusement Disneyland en Californie jusque dans la région de Lanaudière au Québec montre que cette maladie infantile n’est pas à négliger. Selon les spécialistes de la santé publique, le taux de vaccination de la population québécoise est trop bas pour éviter la propagation d’un virus aussi virulent. L’opinion de François Boucher, chef du service d’infectiologie pédia­ trique du Centre mère-enfant et médecin clinicien au Département de pédiatrie. Q Au Canada, le taux de vaccination tourne autour de 85 %. S’agit-il d’un chiffre constant ou varie-t-il selon les années et les vaccins ? Il existe plusieurs façons d’évaluer la couverture vaccinale. Au Québec, l’Insti­ tut national de santé publique fait une enquête tous les deux ans sur les vaccins qu’ont reçus les enfants de 24 mois. À partir de cette étude, on constate qu’il y a de 2 à 4 % des parents qui refusent toute vaccination pour des motifs religieux ou des convictions personnelles sur la santé. À côté de ce noyau dur de gens extrême­ ment difficiles à con­vaincre, un groupe estimé entre 15 et 25 % de la population représente les personnes « hésitantes » par rapport à la vaccination. C’est un concept que l’on utilise depuis une dizaine d’années pour mieux com­ prendre le fait que des parents qui ne rejettent pas systématiquement les vac­ cins choisissent souvent de faire vacciner partiellement leurs enfants ou de retar­ der leur vaccination. On peut souvent convaincre ces parents de choisir la vac­ cination en leur présentant des argu­ ments et en les rassurant. Un groupe de travail de l’Organisation mondiale de la santé, dans lequel s’implique Ève Dubé, professeure au Département de méde­ cine sociale et préventive, s’intéresse d’ailleurs aux interventions à mettre en place pour améliorer l’acceptabilité de la vaccination.

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car cela crée une méfiance, comme on le constate en France où l’on assiste à une éclosion de dizaines de milliers de cas de rougeole. Il vaut donc mieux préconiser une vaccination suggérée. La publica­ tion d’articles pseudo-scientifiques sur des effets secondaires terrifiants de la vaccination a également des con­ séquences dévastatrices. Pensez aux ­études associant le vaccin contre la rou­ geole à l’autisme ou à celles suggérant que des problèmes neurologiques peu­ vent découler du vaccin contre la coque­ luche. Ces dernières études ont d’ailleurs entraîné la non-vaccination de dizaines de milliers d’enfants au Japon dans les années 80. Une solution possible pour favoriser la vaccination, c’est d’être à l’écoute des parents. Je viens de terminer un projet de recherche, mené en colla­ boration avec des collègues des universi­ tés de Sherbrooke et de Montréal, sur une intervention faite au moment de l’accouchement. Nous avons rencontré un certain nombre de parents pour mener des entrevues motivationnelles, sur le même modèle que celui développé pour les rencontres visant l’arrêt du tabagisme. Il s’agit d’évaluer rapidement le niveau de motivation familiale à la vaccination pour ensuite intervenir lors d’une rencontre d’une quinzaine de minutes avec les parents pendant la­­ quelle on discute de vaccination selon leurs préoccupations. Il faut prendre le temps de nouer un lien de confiance afin que les gens soient à l’aise de poser ­toutes leurs questions. Nous allons éva­ luer si cette action a un effet en compa­ rant le taux général de couverture vacci­ nale à l’âge de 12 et 18 mois avec celui de notre échantillon. Q Certains partisans des médecines douces prônent l’utilisation de nosodes en lieu et place des vaccins. De quoi s’agit-il ?

Ils prétendent que les nosodes mettent en solution des protéines ou des extraits d’organismes infectieux, on ne sait pas exactement… Il s’agirait de dilutions homéopathiques de ces substances des­ tinées à renforcer le système immuni­ taire contre des maladies infectieuses comme la diphtérie et la coqueluche. Or, c’est un mensonge, on n’est pas protégé contre ces maladies avec les nosodes. Ce qui nous choque à la Société canadienne de pédiatrie, c’est que ces produits ont pu obtenir de Santé Canada un numéro comme substance naturelle, ce qui ­semble confirmer la sécurité des pro­ duits, alors qu’aucune étude n’a été faite à leur sujet. Si les gens pensent que leur enfant est protégé contre la diphtérie ou le tétanos en prenant des nosodes, ils se trompent. Il risque d’y avoir des vic­ times innocentes qui vont souffrir de ces maladies-là, et même peut-être en mou­ Q Justement, quelles sont les stratégies rir ou avoir de sérieuses séquelles. On pour renforcer la couverture vaccinale veut donc faire pression sur Santé qui donnent des résultats concluants ? Canada et le gouvernement canadien pour que ces produits ne soient plus En fait, on sait surtout ce qu’on ne doit approuvés. pas faire ! La vaccination obligatoire, par exemple, nuit à la couverture vaccinale, Propos recueillis par Pascale Guéricolas

Trois conférenciers tenteront de faire le bilan du Tribunal pénal international au Rwanda qui a jugé 74 personnes depuis 1994 par Pascale Guéricolas En décembre dernier, on annonçait la fermeture du Tribunal pénal international au Rwanda (TPIR) après 20 ans consacrés au jugement des auteurs du génocide qui a fait près d’un million de morts en 1994. Trois conférenciers de la Clinique de droit interna­ tional pénal et humanitaire et de la Chaire de recherche du Canada sur la justice interna­ tionale pénale et les droits fon­ damentaux reviennent sur cet exercice de droit contre une impunité hors du commun. Chercheur à la Chaire de recherche du Canada sur la justice internationale pénale et les droits fondamentaux, Raymond Savadogo connaît très bien les rouages du Tribunal pour avoir consacré sa maîtrise en droit interna­ tional à l’Université Laval à la question des acquittés du TPIR. Le diplômé a d’ailleurs eu l’occasion de visiter la dou­ zaine de personnes blanchies des accusations de génocide dans la maison protégée par l’ONU qu’elles partagent à Arusha en Tanzanie, le siège du Tribunal. « Cela ressemble à une prison sans barreaux, explique le jeune homme. Les acquittés vivent là sans aucun document de voyage pour aller s’installer ailleurs. Ils savent qu’ils risquent d’être exécutés s’ils retournent au Rwanda et ils ne peuvent pas habiter en Tanzanie, mais les pays d’accueil, comme le Canada ou la France, leur refusent un visa. »

Le juriste spécialisé en droit international pénal et humanitaire déplore que la communauté internationale n’ait pas prévu le cas des acquittements quand elle a mis en place le Tribunal pour juger les auteurs du géno­ cide. En 20 ans, le TPIR a condamné 61 personnes, dont le quart sont considé­ rées comme de grands géno­ cidaires, mais il en a aussi acquittées 12, dont la vie est en suspens depuis plus d’une décennie. Une autre source de frus­ tration, selon Raymond Savadogo, mais également selon les deux autres con­ férenciers, Philippe Plourde, qui vient de terminer sa maî­ trise en droit pénal interna­ tional, et Alexis Larivière, ­présentement candidat à la maîtrise, est le parti pris que montre le Tribunal en faveur des vainqueurs, actuelle­ ment au pouvoir au Rwanda.­ « Au­­cun cadre du Front pa­­ triotique rwandais, dirigé par Paul Kagamé, le président

rwandais actuel, n’a été jugé sur les actions commises lorsque le FPR a quitté l’Ou­ ganda pour descendre sur Kigali en 1994, s’exclame Raymond Savadogo. Il est clair que, dans ce cas-là, la politique a influencé le pro­ cessus judiciaire. D’autant plus que le Conseil de sécurité a volontairement restreint le mandat du Tribunal à l’année 1994, alors qu’on sait que plu­ sieurs génocides ont eu lieu au Rwanda depuis son indé­ pendance en 1962. » Il reste beaucoup à faire, selon lui, pour que les ha­­bi­ tants de ce pays puissent vrai­ ment se réconcilier, car ce sont les vainqueurs, les Tutsis, qui assument encore la justice, et plusieurs opposants politiques sont victimes d’exécution, même à l’étranger. D’après les conférenciers, l’espoir de jus­ tice et de lutte contre l’impu­ nité repose peut-être sur les poursuites nationales entre­ prises aux États-Unis, en Finlande ou au Canada, où Désiré Munyaneza a été con­ damné à la prison à perpétuité pour crime contre l’humanité. Jeudi 26 février, à 16 h, au local 3244 du pavillon Charles-De Koninck. Entrée libre, mais inscription suggé­ rée : fd.ulaval.ca/formulaire26-fevrier-2015-CDIPH

Le génocide a fait près d’un million de morts en 1994

Il reste beaucoup à faire, selon le chercheur Raymond Savadogo, pour que les habitants de ce pays puissent vraiment se réconcilier, car ce sont les vainqueurs, les Tutsis, qui assument encore la justice, et plusieurs opposants politiques sont victimes d’exécution, même à l’étranger.


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Poème Lettre aux fils de l’époque d’Anthony Charbonneau Grenier

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Venez fils sans regarder devant nous jetterons tout ce qui brûle dans le ventre de nos trains puis jetterons nos trains dans le ventre de trains plus gros tous monteront fils nous construirons le train autour d’eux et jetterons leurs meubles dans la gueule de nos fournaises ceux qui demanderont la destination seront enterrés vivants dans le vacarme des roues des rails et du vent leurs appels seront distancés par la marche rapide de nos désirs

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nous brûlerons la mémoire et le train roulera sur les cimetières nous brûlerons le savoir et le train roulera sur les rides du front nous brûlerons les récoltes et le train roulera sur nos côtes nous brûlerons le sens des mots et le train roulera sur notre langue nous planterons des forêts à même la fournaise afin qu’elles poussent et brûlent sans perdre de temps

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le train ira plus vite que le regard et nul pas même nous, fils ne saura où il va avec le temps sa vitesse s’imprimera en nous si bien que le ralentir deviendra aussi dangereux que de le laisser sauvage mais peu importe fils puisque nous aimons le vent sa voix plus forte que toute autre à nos oreilles nous ne manquons ni de rails ni d’ouvriers et si les rails doivent manquer nous roulerons sur les ouvriers et si les ouvriers doivent manquer du plus grand au plus petit je vous coucherai sous le train fils et avec vous je regarderai le spectacle du train qui tout entier redevient vent Le poème Lettre aux fils de l’époque fait partie des sept textes qui sont en lice pour le prix de poésie Geneviève-Amyot. Son auteur, Anthony Charbonneau Grenier, est inscrit à la maîtrise en études littéraires.

1. Le collectif Exond&, composé de Myriam Breault, Véronique Langlais, Éric LeBlanc, Ariane Lessard, Isabelle photo Pascal Audet 2. La performance Normporn, qui met en scène des étudiants et des diplômés en littératu multidisciplinaire conçu par Thomas Israël, artiste multimédia reconnu sur la scène internationale. Il sera présent Pierre Brouillette-Hamelin forment Duo Camaro, lauréat du prix de l’Académie de la vie littéraire en 2012. Ils don le spectacle Les Anges de la rénovation littéraire réunira sur scène cinq auteurs-performeurs, qui revisiteront des


mois de la poésie

Perreault, Émilie St-Pierre et Émilie Turmel, présentera la performance Normporn, le 7 mars, au Studio P. ure, promet de ne laisser personne indifférent. photo Pascal Audet 3. Skinstrap est un spectacle littéraire té le 19 mars au Musée national des beaux-arts du Québec. 4. Le poète Alexandre Dostie et le musicien nneront une prestation le 25 mars, au Studio P. photo Jean-Luc Daigle 5. Présenté en ouverture du festival, s recueils à l’eau de rose. photo JMP

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Aficionados des mots Le Mois de la poésie viendra apporter un peu de couleur dans la grisaille de l’hiver avec un éventail d’activités littéraires, du 5 au 31 mars par Matthieu Dessureault

Permettre au public d’apprivoiser la bête poétique : ainsi pourrait-on for­ muler la mission du Printemps des Poètes, l’organisme derrière le Mois de la poésie. Durant ce festival, plus de 60 activités permettront aux ­n éophytes de découvrir quelque 300 artistes. « Pour plusieurs, la poé­ sie est quelque chose d’obscur, d’étrange ou d’insaisissable. La poé­ sie est une bête, mais une bête sympa­ thique, qui peut se laisser apprivoiser beaucoup plus facilement qu’ils ne le pensent », illustre Isabelle Forest, directrice artistique du Printemps des Poètes. Spectacles, performances, lectures publiques, expositions, cabarets litté­ raires, projection de courts-métrages poétiques et activités de réseautage seront au rendez-vous dans une pro­ grammation qui saura en charmer plusieurs. En plus de réunir de grands noms de la littérature, dont Pol Pelletier et Thomas Israël, l’événe­ ment fera la part belle aux artistes de la relève. Cette année encore, plu­ sieurs étudiants du Département des littératures font partie de la program­ mation. Pour Isabelle Forest, il est important d’accorder une place de choix à ces jeunes passionnés. « De nombreux auteurs sont passés par l’Université Laval et ont commencé leur carrière avec nous. Ça nous fait plaisir de leur donner ce tremplin vers la professionnalisation. De plus, ces étudiants apportent un regard neuf et beaucoup d’audace. » L’affirmation ne saurait être plus vraie qu’avec le collectif Exond&, qui viendra présenter Normporn, une performance « poético-trash » qui promet de faire réagir. Classé 18 ans et plus, ce spectacle aborde le thème de la marginalité sexuelle. Les artistes livreront des textes osés portant, entre autres, sur la confusion des genres, l’hypersexualité et les dévian­ ces. « Ce spectacle pose la question “qu’est-ce qui est normal ?”. Le but est de sortir le public de sa zone de confort en ce qui concerne la littéra­ ture, mais aussi en ce qui concerne ses valeurs. On lui propose un univers un peu décadent, sans être de mauvais goût », prévient Éric LeBlanc, le re­­ présentant masculin de cette troupe fondée l’an dernier par des étudiants en littérature. À voir le 7 mars au Studio P. Plusieurs activités sont prévues le 21 mars pour la Journée mondiale de la poésie. Toujours au Studio P, le Printemps des Poètes procédera, en collaboration avec l’Université, à la

remise du prix Jean-Noël-Pontbriand. Nommé en l’honneur d’un profes­ seur de littérature, ce prix vise à reconnaître l’apport remarquable d’une personne du milieu de la poésie dans la région de Québec. Une bourse de 1 000 $ sera attribuée par l’Univer­ sité. Il y aura également le dévoile­ ment des gagnants du premier prix de poésie Geneviève-Amyot, un con­ cours d’écriture ouvert à l’ensemble des poètes de la francophonie. Les participants étaient invités à sou­ mettre un texte de 250 à 350 mots. Anthony Charbonneau Grenier fait partie des sept finalistes qui ont été retenus parmi 210 candidats. Son poème Lettre aux fils de l’époque se veut une métaphore de notre société en changement. « La poésie me per­ met d’aborder des choses dont je ne pourrais pas m’approcher avec un essai, une nouvelle ou un article cri­ tique. Dans ce cas-ci, je voulais réflé­ chir au tumulte du monde. Le texte fait référence au train infernal dans lequel on vit », explique l’étudiant à la maîtrise en études littéraires, en lice pour l’un des prix de 1 000 $, 500 $ et 250 $. Au même endroit, à 20 h, suivra la Nuit de la poésie. Pas moins de trente poètes, dont la chargée de cours Anne Peyrouse, distilleront leur belle folie dans une ambiance festive et conviviale. Ce sera l’occasion idéale de venir apprivoiser la bête ! On peut consulter l’ensemble de la programmation du Mois de la poésie à l’adresse ­printempsdespoetes.ca.

Cette année encore, plusieurs étudiants du Département des littératures font partie de la programmation


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science

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en bref

Congrès international sur les maladies cardiométaboliques Le 5e Congrès international sur les maladies cardiométaboliques chroniques sociétales aura lieu du 8 au 12 juillet au Centre des con­ grès de Québec. Organisée par l’équipe du professeur Jean-Pierre Després, directeur scientifique de la Chaire internationale sur le risque cardiométabolique, la rencontre réu­ nira de 700 à 800 spécialistes d’une soixan­ taine de pays. Les présentations porteront sur les plus récentes études scientifiques et clini­ ques en lien avec l’obésité abdominale, le dia­ bète de type 2, les maladies cardiovasculaires, la nutrition et l’activité physique. Les cher­ cheurs qui souhaitent présenter une commu­ nication lors de ce congrès ont jusqu’au 29 mars pour soumettre un résumé. iccrcongress2015.org/fr

Omnium financier 2015 : le podium pour la FSA Du 30 janvier au 1er février avait lieu, à l’École des sciences de la gestion de l’UQAM, l’Omnium financier 2015. La délégation de la Faculté des sciences de l’administration (FSA) a ­fièrement atteint les marches du podium, se classant au second rang. Le groupe composé d’une vingtaine d’étudiants de finance et de comptabilité a rivalisé contre les représen­ tants de neuf autres universités et s’est parti­ culièrement illustré dans le cas de finance de marché, à la simulation boursière ainsi qu’à l’épreuve du quiz financier. L’objectif de l’Om­ nium financier est de donner l’occasion aux étudiants de mettre en pratique leurs connais­ sances et leurs aptitudes professionnelles. Pour plus d’info : bit.ly/1BQacjy

Piano à quatre mains Le duo TwinMuse, composé des pianistes Hourshid et Mehrshid Afrakhteh présentera prochainement à l’Université des œuvres pour piano à quatre mains. Sœurs jumelles originaires d’Iran, les duettistes Afrakhteh sont diplômées de l’Université Laval. Leur répertoire comprend des morceaux de musique classique occidentale, des pièces de musique classique persane et des com­ positions originales. photo Nicola Godin Mardi 5 mars, à 19 h 30, à la salle Henri-Gagnon du pavillon Louis-Jacques-Casault. L’entrée est libre.

Dans les cinq premières années qui suivent la chirurgie, les patients perdent en moyenne 55 kilos. La plupart maintiennent ce nouveau poids par la suite.

Nouvelle taille, nouvelle vie Les effets positifs de la chirurgie bariatrique sont loin d’être éphémères, montre un suivi sur 20 ans des patients qui ont profité de cette intervention par Jean Hamann La chirurgie destinée aux per­ sonnes souffrant d’obésité morbide produit des effets positifs très durables sur la santé. En effet, les améliora­ tions touchant le poids, la gly­ cémie, les lipides sanguins et la tension artérielle sont tou­ jours présentes 20 ans après l’intervention. C’est ce que révèle une étude rétrospec­ tive publiée dans la revue Obesity Surgery par une équipe de la Faculté de méde­ cine qui pratique cette chirur­ gie à l’Institut universitaire en cardiologie et en pneumolo­ gie de Québec (IUCPQ). Les chercheurs ont passé en revue les dossiers des 2 615 patients qui ont subi une chirurgie bariatrique à l’IUCPQ entre 1992 et 2010. Cette intervention, dont les pionniers sont les professeurs Picard Marceau et Simon Biron, comporte deux volets. D’une part, l’ablation d’une partie de l’estomac réduit la quantité d’aliments que le patient peut consommer. D’autre part, la dérivation des enzymes digestives produites par le foie et le pancréas réduit l’assimilation de la nourriture. Comme les aliments et les

Pour la moitié des patients, l’opération couvre ses frais en une seule année, si on considère ce qui est économisé en soins et en médicaments enzymes digestives entrent en contact plus loin dans l’intes­ tin, à peine 30 % des calories ingérées sont assimilées par l’organisme. Le résultat global est que les patients absorbent environ deux fois moins de calories après leur opération. Les analyses effectuées par les chercheurs indiquent que l’intervention ramène le taux de mortalité des patients à un

niveau comparable à celui de l’ensemble de la population, soit 4,7 % sur 10 ans. « Il s’agit d’un résultat remarquable considérant qu’un obèse mor­ bide a un risque de mortalité de deux à trois fois plus élevé qu’une personne de poids normal », soulignent les au­­ teurs de l’étude. Côté poids, les patients per­ dent 55 kilos en moyenne et cette réduction survient pen­ dant les cinq premières an­­ nées qui suivent l’opération. Par la suite, le poids demeure remarquablement constant. Cet amaigrissement se réper­ cute sur plusieurs paramètres métaboliques. Ainsi, 93 % des patients qui souffraient de dia­ bète retrouvent une glycémie normale et la maintiennent sans prise de médicament. Même constat pour 80 % des patients qui avaient un pro­ blème de cholestérol. Quant aux patients qui souffraient d’hypertension, 64 % affichent maintenant des valeurs nor­ males et 34 % ont connu une amélioration de leur état. « Aucun médicament sécuri­ taire pour la santé ne permet d’obtenir de tels résultats », commente Simon Biron. À noter que les chirurgiens ont, eux aussi, amélioré leur performance en 20 ans. Le taux de mortalité périopéra­ toire, qui se situait à 1,3 % pour la période entre 1990 et 1995, a chuté à 0,2 % entre 2005 et 2010. « Grâce aux progrès en imagerie médicale, on découvre maintenant de

petites choses après l’opéra­ tion et on intervient avant qu’elles ne causent de gros problèmes, explique le pro­ fesseur Biron. L’anesthésie s’est aussi améliorée, tout comme l’expertise des chirur­ giens. Le taux de mortalité périopératoire se situe main­ tenant sous la barre de 0,1 %. » Le nombre de chirurgies bariatriques pratiquées à ­l’IUCPQ a dépassé le chiffre de 600 en 2014, mais la liste d’attente comporte tout de même 3 000 noms. La situa­ tion est comparable dans les autres hôpitaux québécois qui offrent cette intervention. Pas étonnant, considérant que le Québec compte quelque 240 000 personnes souffrant d’obésité morbide. Le coût de l’intervention, soit 8 000 $, constitue tout de même un frein important dans le con­ texte économique actuel. « Pour la moitié des patients, l’opération couvre ses frais en une seule année, si on consi­ dère ce qui est économisé en soins et en médicaments, fait valoir Simon Biron. La chi­ rurgie bariatrique est un bon investissement pour le sys­ tème de santé. » L’ é t u d e p u b l i é e d a n s Obesity Surgery est signée par Picard Marceau, Simon Biron, Simon Marceau, Frédéric-Simon Hould, Stéfane Lebel, Odette Lescelleur, Laurent Biertho, Serge Simard et par leur ­collègue John G. Kral, de la State University of New York.


arts

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60 heures pour repenser le musée

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en bref

Des étudiants en muséologie et une chargée d’enseignement ont pris part au Festi’O’Muse, qui se tenait cette année au Musée québécois de culture populaire à Trois-Rivières par Matthieu Dessureault Le Musée québécois de culture populaire avait l’air d’une four­ milière lors du 2e Festi’O’Muse, qui s’est tenu du 6 au 8 février. Venus des quatre coins de la province, 25 étudiants en muséologie avaient comme mandat de trouver des solu­ tions à des problèmes soulevés par la direction. Ils disposaient de 60 heures pour lui proposer de nouvelles façons de penser, de vivre et de visiter le Musée. Un véritable marathon créatif, avec cahiers de notes et café à profusion ! Les établissements d’en­ seignement étaient divisés en petites équipes qui tra­ vaillaient chacune sur un pro­ blème. La délégation de l’Université Laval était com­ posée de Sabrina Deschênes, d’Aurélia Ducrot, de Joaquim Caldas, de Karell Larocque et

de Claire Dumoulin, tous étu­ diants ou récemment diplô­ més du diplôme d’études supérieures spécialisées en muséologie. Différents ex­­ perts, dont la chargée de cours Dominique Gélinas, étaient sur place pour aider les participants et alimenter leurs réflexions. Un groupe, par exemple, devait réfléchir à des façons d’embellir à peu de frais la façade extérieure du Musée. « A priori, le Musée est mas­ sif, gris, peu attrayant. C’est pourtant un musée ludique, qui n’est pas du tout élitiste; il fallait dynamiser le bâti­ ment pour le rendre plus accueillant », explique Claire Dumoulin, qui participait à ce projet. À l’aide de photos et de croquis, son équipe a pro­ posé de placer une enseigne

Venus des quatre coins de la province, 25 étudiants en muséologie avaient comme mandat de trouver des solutions à des problèmes soulevés par la direction du Musée

et des bannières au-dessus de la porte d’entrée, de décorer les colonnes extérieures de toiles lumineuses et de chan­ ger la position d’une œuvre d’art public. Une autre équipe devait trouver des façons de diversi­ fier l’expérience de visite dans la Vieille prison, qui fait partie du complexe muséal. Classée monument histori­ que, cette ancienne prison propose des visites guidées qui permettent de découvrir les cellules, les cachots et les conditions de détention de l’époque. La direction du Musée est à la recherche d’un concept de visite autonome destiné au grand public. La solution de nos étudiants ? Créer un parcours interactif, à l’aide de lunettes ou de cas­ ques immersifs. Plongé dans la peau d’un gardien de pri­ son, le visiteur pourrait ainsi déambuler, à sa guise, dans le Exposition, conservation, médiation, architecture, philanthropie… bâtiment tout en découvrant Les enjeux sont nombreux au Musée québécois de culture son histoire. Des dispositifs populaire. Les participants du Festi’O’Muse devaient proposer technologiques feraient appel des pistes de solution pour différents problèmes. à l’ouïe ou à l’odorat, comme photo Festi’O’Muse 2015 des appareils diffusant des sons d’ambiance ou distil­ lant une odeur de rouille et d’humidité. La responsable des commu­ nications, diffusion et déve­ loppement des publics du Musée québécois de culture populaire, Claire Pourde, s’est dite impressionnée par la qualité des propositions qu’elle a entendues. « C’était bien de voir de jeunes muséo­ logues se pencher sur nos problèmes quotidiens. Nous avons eu d’agréables surpri­ ses. Les avenues qu’ils ont explorées sont très intéres­ santes, et il y a certainement des propositions que nous La délégation de l’Université Laval était composée de Sabrina allons reprendre », dit-elle. Deschênes, Dominique Gélinas (chargée d’enseignement), Le Festi’O’Muse, en mettant Aurélia Ducrot, Joaquim Caldas, Karell Larocque, Annie-Laurence de côté tout aspect de compé­ Pauline (membre du comité organisateur) et Claire Dumoulin. tition, vise avant tout à créer photo Festi’O’Muse 2015

des ponts entre les étudiants en muséologie. Outre l’Uni­ versité Laval, les participants provenaient cette année de l’Université de Montréal, de l’Université du Québec à Trois-Rivières, de l’Université du Québec en Outaouais, de l’Université du Québec à Montréal et du Collège Mont­ morency. « Il existe douze programmes de muséologie au Québec, mais il n’y avait aucun événement rassem­ bleur dans le domaine. Nous avons fondé le Festi’O’Muse pour donner l’occasion aux étudiants de se rencontrer et d’échanger. Comme c’est un petit milieu, ils seront appelés à travailler ensemble. L’évé­ nement leur permet d’établir tout de suite un réseau de relations », souligne la coor­ ganisatrice du Festi’O’Muse, Noémie La Rue Lapierre. Pour Aurélia Ducrot, qui faisait partie de la délégation de l’Université, il est essentiel de repenser le musée avec ses pairs. Celle qui travaille comme professionnelle de recherche au Laboratoire de muséologie et d’ingénierie de la culture voit dans les tech­ nologies un support idéal pour intéresser de nouveaux publics. « De plus en plus de gens sont en contact avec les nouvelles technologies. Les musées sont obligés de s’adapter à cet environne­ ment s’ils veulent continuer à attirer des publics. » D’où l’im­portance, ajoute-t-elle, du Festi’O’Muse, qui permet un échange d’expertises et de points de vue.

Le lieu et la date du pro­ chain Festi’O’Muse seront annoncés le printemps ­prochain. Pour suivre les activités de l’organisation : festiomuse.wordpress.com / festiomuse@gmail.com.

La Bibliothèque fait son cinéma ! Gangsters, femmes fatales et détectives privés sont les héros de l’exposition Sans l’ombre d’un doute : les origines du film noir, présentée au 4e étage de la Bibliothèque. Dédiée à l’âge d’or du cinéma noir, l’exposition décrypte ce courant cinématographique grâce à une sélec­ tion de longs-métrages disponibles pour le prêt et d’ouvrages spécialisés des collections de la Bibliothèque. photo Marc Robitaille Jusqu’au 18 septembre, au 4e étage de la Bibliothèque. Pour obtenir plus d’informa­ tion et connaître les heures d’ouverture, ­visitez le site bibl.ulaval.ca.

Burlesque à l’honneur Des étudiants de la Faculté de musique feront revivre l’opéra Il mondo della luna, une œuvre écrite par Franz Joseph Haydn, d’après le livret de Carlo Goldoni. Composé en trois actes, cet opéra s’inscrit dans la tradition de la commedia dell’arte du 18e siècle. Il raconte l’histoire d’un imposteur qui imagine un stra­ tagème pour épouser l’une des filles d’un ­seigneur autoritaire. Le récit sera interprété par les étudiants du cours Atelier d’opéra, qui seront accompagnés sur scène par l’or­ chestre de la Faculté. Le metteur en scène Jean-Sébastien Ouellette est épaulé dans sa tâche par la chef de chant Anne-Marie Bernard. La direction musicale est signée par le professeur Airat Ichmouratov. Les 10, 12 et 13 mars au Théâtre de la cité universitaire du pavillon Palasis-Prince. Les billets sont en vente au coût de 15 $ (10 $ pour les étudiants).

Des affiches à couper le souffle Trois étudiants en design graphique se sont démarqués lors du dernier concours d’affiches Bourse d’études Marc H. Choko. L’affiche Nature morte, de Virginie Lachapelle, a rem­ porté le troisième prix, alors que les affiches de Vanessa Cain Skaff et de Maxime Plante Maltais ont été sélectionnées pour faire partie d’une exposition au Musée McCord, à Mon­ tréal, jusqu’au 15 mars. Les affiches soumises ont été conçues dans le cadre des activités de l’atelier DIR et du cours Synthèse graphique du programme de design graphique, donné par Sylvie Pouliot en collaboration avec Maude Bouchard. Pour plus d’information sur l’exposition au Musée McCord : mccord-museum.qc.ca


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actualités UL

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Avis officiel FACULTÉ DES ÉTUDES SUPÉRIEURES ET POSTDOCTORALES Avis est par la présente donné que le mandat de la doyenne de la Faculté des études supérieures et postdoctorales prendra fin le 30 juin 2015. Conformément aux articles 11 et 176 des statuts de l’Université Laval, les membres de la communauté universitaire peuvent soumettre la candidature de personnes qu’ils jugent aptes à occuper ce poste. Les suggestions de candidatures doivent parvenir au cabinet du recteur au plus tard à 16 h le 19 mars 2015, par ­courriel de préférence à candidatures@­ rec.ulaval.ca avec la mention Candidature doyenne ou doyen – FÉSP en objet ou à l’adresse suivante : Candidature doyenne ou doyen – FÉSP Cabinet du recteur Pavillon des sciences de l’éducation, local 1656 2320, rue des Bibliothèques Université Laval

Le Nord du Québec sur l’échiquier mondial Sensibiliser et informer les acteurs québécois du secteur minier (industriels, investis­ seurs et instances gouverne­ mentales) ainsi que le milieu universitaire sur les enjeux globaux de ce secteur, voilà l’objectif premier du colloque « Géopolitique du secteur minier : le Nord du Québec

sur l’échiquier mondial ». Organisé par le Forum ­d’analyses géopolitiques 
des ressources naturelles – FORAGE, ce colloque est conçu comme une initiation aux problématiques actuelles qui touchent le secteur ex­­ tractif, particulièrement en lien avec le contexte mondial.

Il s’intéressera aux courants géopolitiques qui influencent le secteur ainsi qu’aux forces et acteurs internationaux en présence. Le participant aura ainsi une meilleure compré­ hension du Plan Nord du Québec considéré dans une dynamique internationale. Le président du Conseil des

HEI, Pierre Pettigrew, sera le président d’honneur de l’événement. Vendredi 13 mars, au local 3A du pavillon CharlesDe Koninck. Inscription obligatoire. Pour plus d’info : hei.ulaval.ca/ colloquemines2015

229 étudiants et enseignants honorés

Formation et recherche liées aux GES

Le 18 février, la Faculté des sciences sociales a tenu sa 25 e Soirée des prix d’excellence, sous la présidence d’hon­ neur de Rose Dufour, anthropologue et fondatrice de la Maison de Marthe. Au total, 229 étudiants et enseignants se sont vu décerner 500 000 $ en bourses, distinctions et prix d’excellence. Pour s o u l i g n e r l e 2 5 e a n n i ve r s a i r e d e

l’événement, un prix hommage a été remis à Hubert Laforge, doyen de la Faculté de 1984 à 1988, pour sa contri­ bution au développement de la Faculté, ses actions philanthropiques et toutes ses années de notables implications. Lors de la soirée, la Faculté a aussi remis deux nouvelles distinctions : la bourse Vincent-Lemieux (Département de

science politique) et le prix MarcAdélard-Tremblay (Dépar­tement d’an­ thropologie). Celles-ci portent les noms de deux hommes qui sont parmi les pères fondateurs de leur département respectif. Pour plus d’information sur cette ­soirée  : fss.ulaval.ca/?pid=273&n=1706

Dans son plan de lutte aux changements cli­ matiques, l’Université Laval mesure, réduit et compense ses émissions de gaz à effet de serre. Toutefois, son action ne s’arrête pas là. La formation, les ateliers et les activités de sensibilisation jouent aussi un rôle majeur pour favoriser le développement de compé­ tences chez des personnes qui pourront être des agents de changement dans leur milieu. Parmi l’offre de formation en développement durable, le microprogramme de 2e cycle en changements climatiques répond à cet objec­ tif. Ce microprogramme, offert entièrement à distance, s’adresse aux professionnels de tous les horizons qui désirent se spécialiser en changements climatiques et être partie pre­ nante du changement. Du côté de la recher­ che, plusieurs chaires se penchent également sur la même question, dont la Chaire de recherche du Canada sur la réponse des éco­ systèmes marins arctiques au réchauffement climatique. Ulaval.ca/jecompense

Jean Vézina, directeur de l’École de psychologie, accompagné de tous les récipiendaires des mentions d’honneur de la doyenne. photo Marc Robitaille


vie étudiante

le fil | le 26 février 2015

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Dans les coulisses du Parlement européen J’ai serré la main de l’ex-président polonais Lech Walesa; j’ai rencontré le président colombien Juan Manuel Santos; j’ai côtoyé des gens de partout dans le monde

«

La nature du travail de l’étudiant consistait à organiser les réunions interparlementaires et à assister les députés européens siégeant sur les délégations qui s’occupent des relations avec le Canada et les États-Unis.

L’étudiant David Paillé a couronné sa maîtrise en études internationales par un stage à la Direction générale des politiques externes – Unité des relations transatlantiques et G8 du Parlement européen par Brigitte Trudel L’automne dernier, David Paillé a vécu une expérience hors du com­ mun. Durant quatre mois, l’étudiant à la maîtrise en études internatio­ nales – concentration relations internationales a été stagiaire au Parlement européen à Bruxelles. Deux mois après son retour, il demeure encore enchanté par l’aventure. « J’ai serré la main de l’ex-­président polonais Lech Walesa; j’ai rencontré le président colombien Juan Manuel Santos; j’ai côtoyé des gens de par­ tout dans le monde; j’ai assisté à des discussions qui marqueront l’avenir de l’Europe », raconte David Paillé, qui ne compte plus les épisodes marquants de son séjour. De sep­ tembre à décembre 2014, le stagiaire a œuvré à la Direction générale des politiques externes – Unité des rela­ tions transatlantiques et G8 du Parlement européen. Cette occa­ sion unique a été rendue possible grâce à la Délégation générale du Québec à Bruxelles ainsi qu’au ministère des Relations internatio­ nales et de la Francophonie et a été créditée par les Hautes études inter­ nationales (HEI).

Son quotidien là-bas ? Des se­­ maines de quarante heures à gravi­ ter parmi les quelque 11 000 employés occupant les édifices de Bruxelles et de Strasbourg, en Alsace, qui logent la prestigieuse institution : « Juste de mettre les pieds dans l’un des deux hémicycles où se déroulent les débats, ça impressionne », assure l’étudiant. Ces hémicycles sont des salles immenses qui accueillent les 752 députés et leurs assistants, représentant 28 États membres. Ceux-ci s’expriment dans 24 lan­ gues officielles. « Le tiers du budget d’opération du Parlement sert à couvrir les services de traduction », précise David Paillé. La nature du travail de ce jeune avocat, qui s’est inscrit à la maîtrise après deux années de pratique, consistait à organiser les réunions interparlementaires et à assister les députés européens siégeant sur les délégations qui s’occupent des rela­ tions avec le Canada et les ÉtatsUnis. « Par exemple, illustre le bachelier en droit de l’Université Laval, j’alimentais par mes re­­ cherches des dossiers préparatoires sur les sujets de l’heure, comme les

« J’alimentais par mes recherches des dossiers préparatoires sur les sujets de l’heure, comme les accords de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada (AECG) ou les États-Unis (TTIP), le développement de l’Arctique, les politiques en matière de visa entre le Canada et les pays d’Europe, etc. », affirme le bachelier en droit de l’Université Laval.

L’Europe, estime David Paillé, incarne un condensé sans pareil de richesses historiques, linguistiques et culturelles. « Ce qui me plaît d’autant plus, c’est la volonté qu’ont les pays européens de travailler ensemble. Leurs différences n’empêchent pas l’espoir de bâtir en commun, au contraire. » photo Union européenne

accords de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada (AECG) ou les États-Unis (TTIP), le développement de l’Arctique, les politiques en matière de visa entre le Canada et les pays d’Europe, etc. » En plus des connaissances ac­­ quises en accomplissant ces tâches très variées, David Paillé a gran­ dement bénéficié de l’effervescent milieu où il évoluait. « J’avais la possibilité d’aller entendre au ­quotidien des conférences pro­ noncées par des acteurs majeurs de l’avenir de l’Europe. Parmi eux, il y a eu le financier milliar­ daire George Soros et Pascal Lamy, ancien directeur-général de ­l ’Organisation mondiale du commerce. » David Paillé n’en était pas à son premier passage en sol euro­ péen. Inscrit au profil international des HEI de l’Université Laval, il avait fréquenté l’Université libre de Bruxelles à l’automne 2013. Ce séjour, durant lequel il s’était fa­m iliarisé avec la politique et les relations européennes, avait jeté les bases d’un grand désir de pousser plus loin l’expérience. « Je voulais découvrir de l’intérieur les rouages de cette partie du monde qui me fascine depuis long­ temps », ex­p lique l’étudiant. L’Europe, croit-il, incarne un condensé sans pareil de richesses historiques, linguistiques et cultu­ relles. « Ce qui me plaît d’autant plus, c’est la volonté qu’ont les pays européens de travailler ensemble. Leurs dif­férences n’empêchent pas l’espoir de bâtir en commun, au contraire. » Cette mixité constructive, David Paillé dit en avoir été témoin tous les jours au Parlement. Il l’a aussi expérimentée dans ses relations avec ses collègues. Seul Canadien dans son unité de travail au sein de laquelle sept nations étaient repré­ sentées, le stagiaire s’est créé un solide réseau de relations. Ce sont des personnes avec qui il entretient encore des liens étroits. « J’ai lié des amitiés avec des représentants de tous les continents, des gens avec qui j’ai la chance d’échanger encore régulièrement. Tous, nous partageons la même passion des relations internationales. Pouvoir compter sur ce genre de relations n’a pas de prix. » Durant les mois à venir, le candi­ dat à la maîtrise achèvera la rédac­ tion de son essai en vue d’obtenir son diplôme. Par la suite, il cher­ chera un emploi dans le domaine des relations internationales. Commerce, droit, diplomatie, son champ d’expertise est large. « Grâce à la formation des HEI, j’ai acquis une palette de connais­ sances historiques, économiques, politiques et juridiques qui se­­ ront très utiles à ma démarche », ­soutient-il. Et si on lui proposait un poste de l’autre côté de l’Atlan­ tique ? « Je sauterais sur l’occasion sans hésiter ! »


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parutions

en bref Pour mieux protéger les aînés L’exploitation financière des personnes âgées est un réel problème, dont les effets dévastateurs se manifestent autant sur les plans économique, social que psychologique. Pour tenter d’approfondir les connaissances sur la na­­ ture et les effets du phé­ nomène, les professeurs Raymonde Crête et Ivan Tchotourian de la Faculté de droit, en collaboration avec la ­professeure Marie Beaulieu de l’Université de Sherbrooke, ont réuni divers spécialistes autour de la question. L’ouvrage collectif L’exploitation financière des personnes aînées : prévention, résolution et sanction, publié aux Éditions Yvon Blais, vise à donner des outils pour mieux prévenir, détecter et contrer ce problème.

Un roman sur l’eau et l’enfance Élisabeth Cyr, chargée de cours à l’École de ­langues, vient de publier son mémoire de maîtrise, Maman les petits bateaux qui vont sur l’eau ont-ils des jambes ? Cet ouvrage, en deux parties, propose tout d’abord un roman, qui met en scène le per­ sonnage de Ficelle, de la petite enfance à l’âge adulte, que l’on voit évo­ luer en parallèle de son fils Betha, jeune homme alcoolique qui perpétue un étrange rituel dans le but de rejoindre sa mère suicidée. Ce texte narratif expose deux « inexistences » au tra­ gique et commun destin, deux vies présentées de façon anachronique et em­­mêlées dans un jeu de pluralité narrative. La deuxième partie est un essai sur les traces de l’eau et de l’en­ fance dans l’histoire de Ficelle et de Betha ainsi que dans la nouvelle Le torrent d’Anne Hébert.

Savoir identifier les troubles psychologiques Peut-on vraiment avoir du contrôle sur son poids ? Peut-on guérir d’un choc post-traumatique ? Les rêves sont-ils liés à la per­ sonnalité ? Quels sont les facteurs de risque et les facteurs de protection de la maladie d’Alzheimer ? Vous trouverez réponse à toutes ces questions et à bien d’autres dans La psychologie au quotidien, volume 2. Les auteurs de cet ouvrage poursui­ vent le travail entrepris dans le premier tome, soit définir certains troubles psychologiques pour aider le lecteur à les identifier au quoti­ dien. Ils donnent également des pistes de solu­ tion concrètes pour aider les gens à composer avec ces troubles et indiquent où aller chercher de l’aide, si celle-ci est nécessaire. Ce livre est le fruit d’une collaboration entre huit professeurs actifs et un professeur retraité de l’École de psy­ chologie de l’Université Laval. Chaque chapitre est pris en charge par l’un des professeurs.

le fil | le 26 février 2015

La botanique naissante au temps de la colonie Un livre passionnant lève le voile sur l’étude des plantes en Nouvelle-France par Yvon Larose Curieuses histoires de plantes du Canada, tome 1. C’est le titre d’un ouvrage collectif aussi intéressant qu’instructif publié récemment aux édi­ tions du Septentrion. Les auteurs sont Jacques Mathieu, professeur émérite au Département d’histoire et spécialiste de la Nouvelle-France, Alain Asselin, pro­ fesseur au Département de phytologie, et Jacques Cayouette, botaniste à l’em­ ploi d’Agriculture et Agroalimentaire Canada. « Nous avons, ensemble, consacré environ trois ans à la réalisation de ce livre, explique Jacques Mathieu. Cet ouvrage, qui couvre la période de l’an 1000 à 1670, est unique en son genre. Il est à la fois très scientifique et très grand public. Et il montre claire­ ment la contribution du Nouveau Monde à la botanique naissante en Europe. » Ce livre de bonne dimension fait près de 300 pages. Il se subdivise en 25 cha­ pitres. Son contenu foisonne d’infor­ mations historiques et scientifiques. D’un chapitre à l’autre, les auteurs abordent une diversité de thèmes. Le savoir bo­­tanique européen de 1535 à 1760 en est un. Les traces de plantes européennes laissées après une tenta­ tive de colonisation près de Québec entre 1541 et 1543 en sont un autre.

Le chapitre sur la connaissance des plantes par les Amérindiens et la per­ ception des Européens se conclut par cette constatation. Dans le contexte de la colonisation, plusieurs plantes euro­ péennes se sont répandues en Amérique du Nord. En revanche, seules trois espèces canadiennes ont trouvé prise en sol européen: l’asclépiade com­ mune, le robinier faux-acacia et la ver­ gerette du Canada. La mise en page est rehaussée de ­nombreuses illustrations détaillées de plantes réalisées aux 17e et 18e siècles. Plu­sieurs encarts, au contenu original et parfois surprenant, viennent dynamiser la lecture. L’un d’eux traite de la famille iroquoise dite de la pomme de terre. Un autre situe les plantes dans le réseau international des Jésuites. Un troisième se penche sur le bois blanc de la grange de Lambert Closse. Ce marchand et courageux sergent-major de la garnison de Ville-Marie, premier nom de Montréal, est mort en défendant sa bourgade en 1662. Jacques Mathieu rappelle que le 17e siècle voit la naissance de la bota­ nique comme science en Europe. « Jusque-là, dit-il, les plantes ne ser­ vaient qu’à confectionner des médica­ ments. Au début du siècle, on com­ mence à faire de l’expérimentation sur

Avant 1620, on connaissait environ 2 300 espèces de plantes en Europe; quelques années plus tard, leur nombre était monté à 6 000

Le plus vieux spécimen d’herbier du robinier pseudo-acacia en France. Source : Chauvin, Mathurin, Hortus siccus, Orléans, 1655. Muséum national d’histoire naturelle, Paris.

le terrain. On mâche, on goûte, on res­ pire, on distille, la fleur comme la feuille et le fruit. On commence à faire la des­ cription des plantes, on jette les bases d’une sorte d’inventaire. Avant 1620, on connaissait environ 2 300 espèces. Quelques années plus tard, le nombre était monté à 6 000. » Au fil des pages, le lecteur apprendra que Jacques Cartier mentionne, dans ses récits de voyages, une cinquantaine de noms de plantes, dont le maïs, le tabac et l’annedda. Ce conifère aurait fourni un remède miraculeux contre le scor­ but. En 1614, la première illustration d’une fleur canadienne, le lis du Canada, paraît dans un florilège publié en Allemagne. Le récollet Gabriel Sagard séjourne en Nouvelle-France de 1623 à 1624. L’un des premiers, il mentionne dans ses écrits le transport en France de deux « fleurs rares », la lobélie cardinale et une espèce de lis. En 1635-1636, le médecin parisien Jacques Cornuti publie la première flore illustrée de l’Amérique du Nord. Il y décrit une qua­ rantaine d’espèces nord-américaines, dont 20 portent un nom canadien. Enfin, le jésuite Louis Nicolas rédige deux manuscrits sur l’histoire naturelle de l’Est de l’Amérique du Nord, à la suite de son séjour en Nouvelle-France entre 1664 et 1675. Il énumère environ 225 espèces végétales indigènes ou introduites. Il est le premier à mention­ ner la présence en Nouvelle-France d’une quarantaine d’espèces européen­ nes, entre autres, le pissenlit et le mille­ pertuis commun. Jacques Mathieu, Alain Asselin et Jacques Cayouette ont pratiquement terminé la rédaction d’un second tome sur les histoires des plantes du Canada. Le nouvel ouvrage couvrira la période comprise entre 1670 et 1758, soit jusqu’à la fin du régime français. Ce livre pré­ sentera d’autres découvertes de plantes et de leurs usages, ainsi que leur diver­ sité, leurs qualités et les bienfaits que l’humain a su en tirer. De nouveaux per­ sonnages entreront en scène, dont Joseph-François Lafitau, Pehr Kalm et Charles Linné. Jacques Mathieu insiste sur Michel Sarrazin. « Sarrazin, soulignet-il, fut le plus important des botanistes de la Nouvelle-France, notamment par le nombre de plants qu’il a envoyés en Europe. »


sports

le fil | le 26 février 2015

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en bref Alex Harvey est devenu le tout premier athlète canadien à remporter deux médailles aux mêmes Championnats du monde de ski de fond Sur le podium, après l’épreuve de skiathlon de 30 kilomètres, le samedi 21 février à Falun, en Suède, lors des Championnats du monde de ski de fond. Alex Harvey (à droite, bronze) en compagnie du Russe Maxim Vylegzhanin (au centre, or) et du Suisse Dario Cologna (à gauche, argent). photo NordicFocus

Deux autres médailles pour Alex Harvey Le fondeur vedette de l’Université Laval récolte l’argent, puis le bronze aux Championnats du monde de ski de fond par Yvon Larose Le fondeur vedette et étu­ diant au baccalauréat en droit Alex Harvey est en feu de ce temps-ci ! Il l’a montré de façon spectaculaire les 19 et 21 février, à Falun, en Suède, lors de deux épreuves des Championnats du monde de ski de fond. Il a d’abord remporté la mé­-­ daille d’argent à l’épreuve de sprint style classique, termi­ nant la course de 1,4 kilo­ mètre en 3 minutes 2,4 secon­ des, à seulement 5 centièmes de seconde du champion

norvégien Petter Northug. Pour Harvey, il s’agissait d’un troisième podium en carrière aux Championnats du monde. Sa deuxième position l’a placé devant le champion olympique norvégien des Jeux de Sotchi. Après l’épreuve, il a déclaré qu’il s’agissait de sa meilleure fin de course en carrière. Deux jours plus tard, Alex Harvey remportait le bronze, après 1 heure 16 minutes 27,5 secondes de course, à 1,6 seconde du vainqueur, le Russe Maxim Vylegzhanin,

au terme de l’épreuve de skiathlon de 30 kilomètres. Ce faisant, il devenait le tout premier athlète canadien à remporter deux médailles aux mêmes Championnats du monde de ski de fond. Après sa course, il a déclaré que le skiathlon était son épreuve préférée. Selon lui, le ski­a­ thlon combine tout ce que le ski de fond a de meilleur. Ce podium était le qua­ trième de l’étudiant-athlète en carrière aux Championnats du monde. Ses deux premières

médailles, il les avait rempor­ tées en 2011 et en 2013. En janvier, à Oberstdorf en Allemagne, Alex Harvey a décroché la médaille d’argent de l’épreuve de poursuite de 15 kilomètres style classique, lors du Tour de ski. Cette compétition est inscrite au calendrier de la Coupe du monde. Il a terminé la course à six dixièmes de seconde du vainqueur. Le 14 février, à la Coupe du monde à Östersund en Suède, Harvey a pris la deuxième place du sprint classique, cette fois à 47 cen­ tièmes de seconde du vain­ queur. À mi-parcours, le fon­ deur québécois était passé du cinquième au troisième rang. Aux deux tiers de la course, il s’installait en deuxième place.

Campus dynamique

Pour la relâche : bains récréatifs et location de glaces Du 2 au 6 mars, le PEPS ouvrira son bassin avec jeux d’eau tous les matins de 10 h à 11 h 30 et tous les après-midi de 13 h 30 à 15 h. Voilà l’occasion idéale de découvrir soi-même ou encore de faire découvrir à la parenté des installations de qualité ! Vous préférez le patin ? Durant la semaine de relâche, plus de 15 heures de temps de glace sont libres et prêtes à être réservées dès maintenant. Ces périodes, toutes en soirée après 18 h, peuvent servir à organiser une activité familiale ou une partie de hockey entre amis. C’est l’occasion idéale de bouger à l’intérieur en cette période de grand froid ! photo PEPS Pour connaître les heures exactes de location, communiquez avec Élisabeth Bouchard : Elisabeth.bouchard@sas.ulaval.ca ou au 418 656-2131 poste 6027.

Formation RCR et premiers soins Vous aimeriez savoir comment réagir en cas d’urgence cardiaque ? Vous êtes un secouriste professionnel (surveillant de piscine, patrouil­ leur de ski, etc.) et devez reconnaître les ma­-­ laises cardiaques pour intervenir rapidement auprès d’enfants et d’adultes ? Sachez que, depuis plusieurs années, le PEPS intègre à sa programmation régulière des formations de premiers soins, de RCR-DEA et de secourisme d’urgence, dont certaines s’adressent au grand public et d’autres aux professionnels de la santé. Ces formations sont offertes à partir de maintenant jusqu’au mois d’avril. Pour en savoir plus, consultez l’onglet « Programmation/cours » sur le site du PEPS. Pour vous inscrire, composez le 418 656-PEPS ou faites-le en ligne au peps.ulaval.ca.

Dimanche 1er mars Soccer | Concordia Stade TELUS-Université Laval | 13h30 (f), 15h30 (m)

12 au 15 mars L’équipe féminine de basketball Rouge et Or peaufine sa préparation en vue du Championnat de SIC ArcelorMittal Dofasco 2015, qui se tiendra au PEPS de l’Université Laval du 12 au 15 mars prochain. Les représentantes de l’Université Laval joueront leur premier match le jeudi 12 mars à 18 h. Pour réserver vos places, contactez la billetterie du Rouge et Or au 418 656-PEPS. photo Yan Doublet

Basketball F | Championnat SIC PEPS


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au fil de la semaine

le fil | le 26 février 2015

Cueillez et apprêtez le sapin baumier  ! La forêt Montmorency vous invite à une activité alliant plein air, éducation et gastronomie. En effet, au cours de la même journée, vous pourrez faire un peu d’exercice, en apprendre davantage sur la forêt boréale et déguster un peu de conifère ! Inscrivez-vous sans tarder à l’activité « De la forêt à l’assiette ! » Le coût de l’inscription com­ prend une randonnée en raquette avec un guide natura­ liste pendant laquelle vous récolterez du sapin, un atelier sur le nettoyage et le séchage du sapin, un cours de cui­ sine pour apprendre à apprêter le produit, le dîner à la cafétéria, le sapin que vous aurez cueilli, un feuillet d’ins­ tructions et de recettes ainsi que le mets préparé durant le cours de cuisine. photo forêt Montmorency

07/03

Samedi 7 mars, de 9 h 30 à 14 h 30 à la forêt Montmorency. Coût : 50 $ (45 $ pour les membres UL). Vous devez appor­ ter un sac d’épicerie pour la cueillette. Seules 15 personnes pourront participer à cette activité. Réservez vite votre place au 418 656-2034. Pour plus d’information : info@ foretmontmorency.ca La forêt Montmorency organise de nombreuses autres activités pour la relâche scolaire. Pour consulter la pro­ grammation : foretmontmorency.ca/fr/activites/autresactivites/programmation-de-la-relache

26/02

27/02

09/03

09/03

Le système scolaire sénégalais

Coquetterie burlesque

Petite histoire du purgatoire païen

Que restera-t-il Les défis de la commission des étudiantes Charbonneau ? autochtones

Les systèmes éducatifs du monde ont subi, au cours des dernières décennies, de grandes transformations axées sur la recherche accrue de pertinence et d’efficacité. Ces change­ ments ont souvent pris la forme d’une décentralisa­ tion des services éducatifs – un phénomène qui est aujourd’hui grandement remis en question puisque les résultats escomptés ne se sont pas concrétisés. Pour en savoir plus sur la question, assistez à la visio­ conférence sur le sujet pré­ sentée par le Groupe inter­ universitaire d’études et de recherches sur les socié­ tés africaines. Le conféren­ cier Abdoulaye Anne, pro­ fesseur à la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université Laval, analy­ sera l’expérience sénéga­ laise de décentralisation de l’éducation appelée « stratégie du faire faire ». Jeudi 26 février, à 11 h 30, à la salle 1444 du pavillon La Laurentienne. Entrée libre. Pour info : giersa@giersa.ulaval.ca

Vous avez envie d’assister à un spectacle de chansonthéâtre qui s’appuie sur la coquetterie et l’humour ­burlesque ? Soyez présent à la première du nouveau spectacle d’Odile DuPont, « Accro­cher les jupons ». La chanteuse et ses musiciens se sont associés au metteur en scène Patric Saucier et à la comédienne Monika Pilon pour offrir au public un spectacle festif dans ­l’esprit du cabaret. Odile DuPont, alias Isabelle Lapointe, a reçu le soutien de Première Ovation – musique – pour la mise en œuvre de ce projet. Notons qu’Isabelle Lapointe est ­étudiante à la maîtrise en littérature et arts de la scène et de l’écran. photo Marion Desjardins

Vendredi 27 février, à 20 h, au Vieux bureau de poste de Saint-Romuald, 2172, chemin du Fleuve, Saint-Romuald. Coût : 17 $. Pour acheter vos billets : 418 839-1018. Pour mieux connaître l’univers d’Odile DuPont : odiledupont.com

Dans le cadre des Midis du Laboratoire de philosophie ancienne et médiévale, Adrien Mihai, postdoctorant en philosophie, présentera une communication sur la notion du purgatoire anti­ que, mieux connu sous le nom d’Hadès céleste. Le purgatoire n’est effective­ ment pas une invention chrétienne. Dans la pensée païenne existait également un lieu intermédiaire de purification pour l’âme. Le conférencier situera la doc­ trine de l’Hadès céleste dans l’eschatologie et la cosmolo­ gie du 4e siècle av. J.-C. au 6e siècle ap. J.-C. et mon­ trera que ce lieu purgatoire est un carrefour majeur de la philosophie et de la reli­ gion antiques. peinture

Le purgatoire ou Jardin des délices, de Jérôme Bosch, Musée du Prado, à Madrid

Lundi 9 mars, à 11 h 30, au local 413 du pavillon Félix-Antoine-Savard. Entrée libre.

11/03

La Commission Char­bon­ neau, créée en 2011 pour faire la lumière sur l’octroi des contrats dans l’univers de la construction, devait se terminer en avril 2015. Au début de l’année, la Com­ mission a demandé un nou­ veau délai pour rédiger son rapport final et proposer ses recommandations. Quelles seront les suites de ce colos­ sal exercice d’enquête ? Pour répondre à cette question, l’ÆLIÉS organise une chaire publique, où se rencontre­ ront quatre panélistes qui discuteront des éventuelles conséquences de la Commis­ sion. Les conférenciers invi­ tés sont Luc Bégin, profes­ seur de philosophie à l’Uni­ versité Laval, Mélanie Colleu du Journal de Mon­tréal, Martine Valois de la Faculté de droit de l’Université de Montréal et Vicky Poirier, juricomptable et chargée de cours à l’Uni­versité Laval.

Le niveau de scolarité des membres des Premières Nations est, hélas, relative­ ment faible et ce groupe est sous-représenté dans les ­inscriptions universitaires. Comment changer cette situation ? Les travaux de Jo Anni Joncas, doctorante en sciences de l’éducation à l’Université Laval, portent sur les enjeux et les défis aux­quels font face les ­femmes autochtones lors­ qu’elles entreprennent des études supérieures. Dans une conférence intitulée « Les étudiantes autochtones aux études universitaires : premières étapes d’une re­­ cherche critique sur les iné­ galités dans une perspective théorique de justice sociale », l’étudiante-chercheuse s’at­ tardera aux trois grands vec­ teurs d’inégalité qui affectent ces étudiantes, soit le genre, l’origine e­ thnoculturelle et le statut socioéconomique.

Lundi 9 mars, de 19 h à 21 h, à l’amphithéâtre Hydro-Québec du pavillon Alphonse-Desjardins. Entrée libre.

Mercredi 11 mars, à 12 h, au local 1475 du pavillon Charles-De Koninck. Entrée libre. Pour info : secretariat@ccb.ulaval.ca

Consultez le calendrier complet des activités sur le campus à ulaval.ca

12/03

Regard sur la Grande Guerre Il y a cent ans faisait rage la Première Guerre mon­ diale, aussi appelée Grande Guerre. Cette expression reflète l’importance cruciale qu’a eu cet événement non seulement sur la génération qui a combattu, mais aussi sur la politique des décen­ nies suivantes. Cette guerre a, en effet, signifié la fin d’une époque et a ouvert la voie à de nombreux change­ ments sociaux et politiques. Elle représente également un tournant militaire avec l’usage de nouvelles techno­ logies. Un siècle plus tard, quelles conclusions pouvonsnous tirer de ce mo­­ment charnière de l’Histoire ? Une conférence organisée par le Centre de sécurité internatio­ nale réunira les professeurs Pierre Grosser, de Sciences Po, à Paris, et Paul Miller, de McDaniel College, de Westminster, pour faire le point sur cette question. Jeudi 12 mars, de 14 h à 17 h, au local 2419 du pavillon Charles-De Koninck. Entrée libre.


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