Le Fil 15 octobre

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Pareils, pas pareils ? p4

Fiers citoyens UL ! p8-9

Volume 51, numéro 8 15 octobre 2015

photo Keith Lévesque, ArcticNet

Ensemble pour le Nord

L’Institut nordique du Québec, qui a pour mission de développer les connaissances scientifiques du Nord en partenariat avec les communautés, les gouvernements et le secteur privé, prend de plus en plus forme. p2-3


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Sentinelles du Nord

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Takuvik est un élément moteur de la collaboration entre le Québec et la France pour les enjeux qui touchent le climat

Lors d’une journée spéciale organisée à l’intention des aînés de Qikiqtarjuaq, Joannie Ferland présente le type de travaux menés sur la banquise par les chercheurs de Takuvik. photo Pierre Coupel

Des chercheurs mettent leur expertise au service des communautés nordiques pour atténuer les répercussions négatives des changements climatiques par Jean Hamann C’est dans l’Arctique que le réchauffement climatique fera sentir le plus rapidement et le plus durement ses effets. Il est donc essentiel que les chercheurs unissent leurs efforts et mettent leur savoir-faire au service des communautés nordiques afin de mieux prévoir les répercussions de ces changements et d’en atténuer les effets négatifs sur ces populations. Voilà le cœur du message livré par les chercheurs de l’Université Laval qui ont participé à la table ronde « L’Arctique, sentinelle du réchauffement climatique », qui s’est tenue au Musée de la civilisation le 7 octobre. Organisée par le Consulat général de France à Québec avec la ­c ollaboration des Musées de la ­civilisation, cette ­activité s’inscrivait dans le cadre des French A m e r i - C a n C l i m a t e Ta l k S (FACTS 2015), un des nombreux événements qui précèdent la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques qui s’ouvrira à Paris à la fin novembre. D’entrée de jeu, Louis Fortier, professeur au Dé­­partement de biologie et di­­recteur scientifique du projet ArcticNet, a rappelé la nature du problème. En raison de la hausse du CO 2 dans l’atmosphère, la planète se réchauffe et cette hausse est particulièrement prononcée dans l’Arctique. L’une des manifestations les plus évidentes du phénomène est

la disparition progressive de la banquise. Sa superficie estivale, qui était d’environ 11 millions de kilomètres ­carrés jusque dans les an­­nées 1960, a diminué de ­moitié et elle pourrait disparaître complètement d’ici 35 ans. « Une partie de nos travaux consiste à étudier les répercussions de la dis­­ parition de la banquise sur les écosystèmes marins qui en dépendent et sur les ressources que les collectivités humaines tirent de ces écosys­tèmes, a souligné le professeur Fortier. Les Inuits seront ­touchés au premier chef par ces

changements et nous devons les aider à trouver des mesures pour en atténuer les effets négatifs. » De son côté, Michel Allard, professeur au Département de géographie et membre du Centre d’études nordiques, est aux premières loges pour observer les effets du ré­­chauffement climatique sur la terre ferme... qui est d’ail­ leurs de moins en moins ferme au Nunavik et au Nunavut. En effet, le ré­­chauffement climatique fait fondre une partie du pergélisol – le sol des régions froides gelé en permanence. Les routes, les pistes

Le chercheur Michel Allard examine un remblai de route qui s’est effondré à la suite de la fonte du pergélisol à Iqaluit au Nunavut. photo Emmanuel L’Hérault

d’atterrissage, les écoles, les édi­ fices publics et les maisons qui reposent sur ce sol auparavant ferme en subissent les contrecoups. « Lorsque le pergélisol fond, ces infrastructures bougent et subissent des dommages parfois très importants, explique le professeur Allard. Nous développons des techniques originales pour cor­ riger ces problèmes et pour assurer le suivi des rénovations. Notre rôle est de mettre notre expertise au service des décideurs locaux pour les aider à prendre les meilleures décisions dans ce genre de situation. » Marcel Babin, professeur au Dépar­­tement de biologie et directeur de l’Unité mixte interna­ tionale Takuvik – un centre qui re­g roupe des chercheurs du Conseil national de recherche scientifique de France et de l’Université Laval –, a rappelé à quel point la recherche nordique est exigeante sur le plan logistique. La mission menée cette année par une équipe de Takuvik dans la région de Qikiqtarjuaq au Nunavut en témoigne. Cette expédition scientifique, qui s’est déroulée de mars à juillet, a mis à contribution 47 chercheurs français, canadiens et américains qu’il a fallu nourrir et loger pendant 124 jours. « En prévision de cette mission, nous avons dû expédier par avion 2 tonnes de

nourriture et 14 tonnes d’équipement. Il a aussi fallu planifier l’équivalent de 1 000 nuitées pour les chercheurs », a souligné le professeur. Une expédition de cette envergure n’arrive pas dans un village inuit sans s’annoncer. « Nous avons pris soin de rencontrer les responsables inuits pour leur présenter notre projet et pour faire les demandes de permis requis, a précisé le chercheur. Pendant toute la durée du séjour, nous avons participé à des rencontres sociales et sportives avec les résidents du village. Nous avons aussi invité les aînés à venir passer une journée avec nous sur la banquise pour leur expliquer la nature de nos travaux. Nos recherches visent à déterminer si les changements climatiques vont conduire à une hausse ou à une baisse de la productivité des écosystèmes marins arctiques, une question qui aura des répercussions directes sur la vie et sur le développement des collectivités nordiques. » En préambule de la table ronde, le consul général de France à Québec, Nicolas Chibaeff, a souligné le rôle majeur que joue Takuvik dans les efforts concertés du Québec et de la France visant l’avancement des connaissances sur les changements climatiques. « Cette unité mixte internationale est un fleuron du partenariat entre la France et le Québec », a-t-il in­diqué. Le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, a abondé dans le même sens. « Takuvik est un élément moteur de la collaboration entre le Québec et la France pour les enjeux qui touchent le climat. Le Québec dispose déjà d’une solide expertise en études nordiques et la création de l’Institut nordique du Québec pourrait en faire le centre de la recherche nordique en Amérique du Nord », a-t-il ajouté, tout en rappelant la volonté de son gouvernement d’investir dans la construction de cet institut sur le campus de l’Université Laval.

De gauche à droite : le directeur général des Musées de la civilisation, Michel Côté, le consul général de France à Québec, Nicolas Chibaeff, et le premier ministre du Québec, Philippe Couillard. photo Consulat général de France à Québec


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L’INQ parmi les grands acteurs du Nord Des membres de l’Institut nordique du Québec participeront à la 3e assemblée annuelle de l’Arctic Circle, en Islande, du 16 au 18 octobre par Matthieu Dessureault Scientifiques, décideurs et représentants de différentes entreprises et associations sont réunis cette semaine à Reykjavik, en Islande, pour l’Arctic Circle. Il s’agit d’un forum international visant à faciliter les échanges et à favoriser la collaboration sur les enjeux liés à l’Arctique, notamment les changements climatiques. Parmi les participants se trouvent des membres de l’Institut nordique du Québec (INQ). Cet institut, rappelons-le, est piloté par l’Université Laval, l’Université McGill et l’Institut national de la recherche scientifique, en collaboration avec les secteurs public et privé. Ce projet vise à réunir les meilleurs talents en recherche nordique afin de fournir aux gouvernements, aux entreprises et aux communautés concernées les connaissances nécessaires au développement durable du Nord du Québec et de l’Arctique canadien. L’INQ re groupe plusieurs centres de recherche couvrant des secteurs aussi variés que les ressources naturelles, la santé, le génie et les sciences humaines et sociales.

L’Institut tiendra, ce sa medi, à Reykjavik, un colloque sur la recherche et l’innovation, qu’il organise avec la Société du Plan Nord. Plusieurs experts prendront la parole, dont Louis Fortier, directeur scientifique d’ArcticNet, chef scientifique du NGCC Amundsen et titulaire de la Chaire de re cherche du Canada sur la réponse des écosystèmes marins arctiques au réchauffement climatique, Marcel Babin, directeur de l’Unité mixte internationale Takuvik et titulaire de la Chaire d’excellence en recherche du Canada sur la télédétection de la nouvelle frontière arctique du Canada, et René Therrien, vice-doyen à la recherche de la Faculté des sciences et de génie et président du comité d’implantation de l’INQ. Il y sera question, entre autres, d’innovation technologique et de partenariat dans le monde de la recherche. Le mot d’ouverture sera prononcé par le premier ministre du Québec, Philippe Couillard. Pour la directrice de projet de l’INQ, Brigitte Bigué,

On peut le lire en ligne à lefil.ulaval.ca et s’abonner gratuitement à un avis de parution électronique.

Le journal de la communauté universitaire Fondé en 1965, Le Fil est un hebdomadaire publié 29 fois par an par la Direction des communications de l’Université Laval et distribué gratuitement sur le campus.

Vous désirez proposer un sujet d’article ? Écrivez-nous à l’adresse le-fil@dc.ulaval.ca au plus tard le jeudi midi précédant la prochaine parution. Les textes soumis doivent comporter le nom et le numéro de téléphone de leur auteur. Écrivez-nous ! Le Fil accueille vos idées avec plaisir. Le contenu de ce journal peut être reproduit à condition de mentionner la source et l’auteur.

Le développement des communautés nordiques, la santé, la protection de l’environnement et la formation font partie des axes de recherche de l’INQ. photo Sharif Mirshak, Parafilms

cette tribune de haut niveau Pour plus d’information contribuera à positionner le sur l’Arctic Circle : Québec comme un acteur clé arcticcircle.org du développement durable du Nord. « L’événement nous permettra de partager notre expertise avec les pays nordiques et la communauté scientifique. C’est l’occasion d’aller chercher un rayonnement international », fait-elle L’INQ tiendra, valoir. ce samedi, à Depuis un an, son équipe a participé activement à plu- Reykjavik, un sieurs rencontres interna- colloque sur la tionales, de la Canada-Norway N o r t h e r n I n n o v a t i o n recherche et Initiative, en Norvège, au l’innovation, Symposium international sur le développement nordique qu’il organise qui s’est tenu à Québec en avec la février dernier. Partout où il est présenté, le projet de l’INQ Société du est accueilli favorablement. Plan Nord « La réception à l’international est excellente. Les gens montrent une grande ouverture à une collaboration avec les meilleurs scientifiques québécois afin de développer l’expertise nordique et arctique », se réjouit Brigitte Bigué.

Rédaction Éditeur : Jacques Villemure, directeur des communications Rédactrice en chef : Claudine Magny Journalistes : Matthieu Dessureault, Jean Hamann, Renée Larochelle, Yvon Larose Collaborateurs : Pascale Guéricolas, Andréane Girard, Stéphane Jobin, Mathieu Tanguay Collaborateurs au Web : Carl Bélanger, Thierry Mellon Rédactrice-réviseure : Manon Plante Agente de secrétariat : Josée Nadeau

Production Infographie : Geneviève Bolduc, Service de reprographie de l’Université Laval Impression : TC Imprimeries Transcontinental, Québec (Québec)

À leur demande, l’INQ pourra appuyer les populations autochtones dans leur développement économique et social par la mise en commun des connaissances scientifiques et du savoir autochtone. photo Vincent L’Hérault, ArcticNet

Ventes publicitaires Élisabeth Farinacci 418 656-2131 poste 4618 Dépôt légal Bibliothèque nationale du Québec, ISSN 022-1-1965

Pour nous joindre 2325, rue de l’Université, local 3108 Québec (Québec) G1V 0A6 Téléphone : 418 656-2131 poste 4687

La superficie estivale de la banquise, qui était d’environ 11 millions de km2 jusque dans les années 1960, a diminué de moitié depuis. ArcticNet étudie comment ce phénomène affecte les écosystèmes et les collectivités humaines. photo Marc Tawil, ArcticNet


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en bref

Lancement des activités de la Chaire Goldcorp La Chaire de recherche et d’innovation Goldcorp en droit des ressources naturelles et de l’énergie a lancé officiellement ses activités le lundi 28 septembre au Cercle du pavillon Alphonse-Desjardins. Le temps fort de la s­ oirée a été l’annonce de la création de nouveaux prix et bourses d’excellence destinés aux étudiants des cycles supérieurs de la Faculté de droit. Ces récompenses de 1 000 $, de 2 000 $ et de 7 000 $ seront remises en 2016 lors du Gala Recon­nais­ sance et Distinction de la Faculté. Le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles et ministre responsable du Plan Nord, Pierre Arcand, et le ministre délégué aux Mines, Luc Blanchette, étaient sur place. photo Pascal Duchesne

Pour plus d’information sur les prix et les bourses : drne.ulaval.ca/fr/prix-et-distinctions

Les jumeaux fraternels sont un peu plus grands et ils ont un indice de masse corporelle légèrement plus élevé que les vrais jumeaux, mais ces différences s’atténuent avec l’âge.

Une étude de taille

Gala Forces AVENIR La récolte d’honneurs a été abondante pour l’Université Laval, le 7 octobre, à l’occasion du 17e Gala Forces AVENIR. Deux étudiants ainsi qu’un projet étudiant ont gagné dans leurs catégories respectives. David Drouin, inscrit au doctorat en médecine, a obtenu le prix Personnalité par excellence, auquel est rattachée une bourse de 15 000 $. William Tremblay, inscrit au baccalauréat en génie industriel, est le lauréat de la catégorie AVENIR Personnalité 1er cycle. Il a reçu une bourse de 4 000 $. Enfin, Geneviève Laroche, étudiante au doctorat sur mesure en agroforesterie, et Diomède Niyonzima sont les gagnants de la catégorie AVENIR Entraide, paix et justice pour leur projet Kira Burundi. Une bourse de 4 000 $ leur a été remise. Cinq autres projets de l’Université Laval faisaient partie des finalistes dans différentes catégories. Chacun a reçu une bourse de 2 000 $.

Hélène Richard nommée ombudsman Le Conseil d’administration, sur recommandation du recteur qui est appuyé par un avis du Comité conseil composé, sauf exception, de membres du Conseil universitaire ou du Conseil d’administration et dont la recommandation a été approuvée par le Conseil universitaire, a nommé récemment Hélène Richard à titre d’ombudsman de l’Université Laval. Relevant du Conseil d’administration, l’ombudsman remet chaque année un rapport public de ses activités et de ses recommandations au Conseil universitaire et au Conseil d’administration. Il s’agit d’une personne neutre et objective qui, en toute confidentialité, reçoit les demandes d’intervention et les plaintes et conseille tout membre de la communauté universitaire. Hélène Richard, dont le mandat s’étalera sur cinq ans, occupe cette fonction depuis le 14 octobre. ombudsman.ulaval.ca/accueil.html

Des chercheurs de 22 pays ont uni leurs forces pour tirer au clair une question touchant la grandeur et le poids des jumeaux par Jean Hamann À la naissance, les jumeaux fraternels ont, en moyenne, une taille supérieure à celle des vrais jumeaux. Si la science est formelle sur ce point, elle nage toutefois dans des eaux plus troubles quand vient le temps d’établir si ces différences se maintiennent tout au long de la vie. La raison ? Les cohortes de jumeaux sont rarement assez grandes pour permettre la détection de petits écarts entre les vrais jumeaux (homozygotes) et les jumeaux fraternels (hé­té­ rozygotes), surtout lorsqu’il faut fragmenter les données pour tenir compte du sexe et de l’âge. Des chercheurs de 22 pays, dont Michel Boivin de l’École de psychologie, ont décidé de trancher la question en mettant en commun les données qu’ils ont récoltées dans le cadre de 54 études sur des jumeaux. Cette collaboration inédite a permis de constituer une mégabanque de données contenant plus de 843 000 mesures de poids et de grandeur prises sur des milliers de jumeaux âgés de 1 à 102 ans. Les conclusions de l’étude ? Les ju­­ meaux fraternels sont un peu plus grands et ils ont un indice de masse corporelle légèrement plus élevé que les vrais jumeaux, rapportent les chercheurs dans un récent numéro de Twin Research and Human Genetics. Ces différences sont toutefois modestes. Elles sont de 2 cm pour la grandeur et de 0,3 kg/m2 pour l’indice de masse corporelle pendant l’enfance, mais elles s’amenuisent avec l’âge, passant à 0,9 cm et à 0,2 kg/m2 à l’âge adulte. Ces différences sont présentes chez les garçons comme chez les filles.

« Cette réduction d’écart suggère qu’il y a une compétition entre les jumeaux homozygotes pendant la grossesse et qu’un rattrapage survient pendant l’enfance, avance Michel Boivin. Ceci pourrait être lié au fait que, dans deux cas sur trois, les jumeaux homozygotes sont reliés au même placenta. » La cause ultime de l’écart entre les deux types de jumeaux demeure toutefois nébuleuse. Les chercheurs évoquent des effets sociaux – un milieu socioéconomique élevé favorise les grossesses gémellaires dizygotes – et des effets génétiques – les gènes qui agissent sur la taille pourraient être liés à ceux qui régissent la gémellité dizygote. « Les prochaines analyses vont nous per­ mettre de préciser à quel point les variations que nous avons observées dépendent de l’héritabilité de ces caractères anthropométriques », souligne le professeur Boivin. Les données québécoises qui ont servi à ce projet international proviennent de l’Étude des jumeaux nouveau-nés du Québec. « Entre 1995 et 1998, nous avons recruté plus de 400 paires de jumeaux que nous suivons depuis. Nous avons rencontré ces jumeaux à plusieurs reprises en laboratoire pour prendre des mesures sur leur développement physique, cognitif, émotionnel et comportemental. Il s’agit d’une cohorte de taille moyenne, mais, grâce au suivi que nous faisons, nous pouvons répondre à des questions très pointues », signale Michel Boivin. L’Étude des jumeaux nouveau-nés du Québec est une entreprise exigeante, mais elle produit des bénéfices

intéressants pour la science et pour les chercheurs. Grâce aux données re­­ cueillies depuis 20 ans, le professeur Boivin et les autres chercheurs québécois qui y sont associés, notamment sa collègue Ginette Dionne, font maintenant partie des équipes sollicitées pour des études exigeant de grandes cohortes. Un autre de ces projets, qui a porté sur 13 000 paires de jumeaux, a livré ses fruits plus tôt cette année. Les chercheurs ont démontré que 43 % de la variabilité dans la motivation scolaire est associée à des facteurs génétiques.

Cette collaboration internationale a permis de constituer une mégabanque de données contenant plus de 843 000 mesures de taille prises sur des milliers de jumeaux âgés de 1 à 102 ans


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Adieu, Monsieur le Professeur Malgré son départ à la retraite, Thomas De Koninck continue de servir la cause de la philosophie par Renée Larochelle Après 55 ans de carrière en enseignement, dont 51 à l’Université Laval, Thomas De Koninck a officiellement pris sa retraite le 1er septembre dernier. À 80 ans passés, ce professeur admiré et admirable a, en effet, décidé qu’il était temps de poursuivre sa route autrement. Dans les faits, il continue cependant d’accompagner plusieurs étudiants et étudiantes qui font leur mémoire de maîtrise ou leur thèse de doctorat en philosophie sous sa direction, car Thomas De Koninck ne saurait lâcher la main des étudiants qui l’ont choisi, comme Anne-Sophie Alain. Cette étudiante avoue d’ail­leurs avoir suivi à deux ou trois reprises certains des cours donnés par Thomas De Koninck au baccalauréat, no­­ tamment celui portant sur Platon. « Beaucoup d’autres étudiants ont fait la même chose, précise AnneSophie Alain, car, avec monsieur De Koninck, ce n’est jamais le même cours : il re­­travaille constamment ses exposés. Il possède aussi une telle somme de connaissances qu’on ne peut pas tout assimiler en une seule session. » Il est facile de parler à Thomas De Koninck. Un coup de téléphone, un courriel et l’homme répond rapidement et gentiment présent, prêt à répondre à des questions qu’on lui a sans doute posées des centaines de fois et dont les réponses, ou plutôt les réflexions, figurent dans les nombreux ouvrages qu’il a écrits sur le sens de la vie, la dignité humaine, la culture, l’éducation, l’intelligence, la liberté, le bonheur, la mort, etc. Le dernier, intitulé À quoi sert la philosophie ?, vient tout juste de paraître aux Éditions Hermann/Les Presses de l’Université Laval. « J’ai fait un effort pour être bref », assuret-il, en entrevue au Fil. Au cours de la conversation, Thomas De Koninck explique que « l’enseignement de la philosophie est le plus beau métier du monde » et qu’enseigner lui manquera sûrement davantage que les réunions et assemblées de professeurs… « J’ai toujours beaucoup aimé les étudiants », indique ce professeur chevronné, qui ne voit pas vraiment de différence frappante entre ceux du début des années 1960 – en pleine Révolution tranquille – et ceux qui peuplaient ses classes il y a encore quelques mois, à l’exception près que « les groupes étaient plus agités » et « l’ambiance, un peu mar­x iste ». Mais encore ? « Les ­étudiants d’hier étaient peut-être mieux préparés à certains égards, mais ils l’étaient moins à d’autres, souligne Thomas De Koninck. Toutefois, dans l’ensemble, les ­é tudiants en philosophie sont excellents. »

Pierre-Alexandre Fradet compte parmi les étudiants qu’il supervise au doctorat. « C’est quelqu’un qui ne donne jamais l’impression qu’il a mieux à faire que d’échanger avec ses étudiants, dit le doctorant. Il se met volontiers dans la peau de ses interlocuteurs, ce qui lui permet de saisir la part de vérité contenue dans la pensée des autres. » Sa grande souplesse intellectuelle et son optimisme à l’égard des personnes sont d’autres aspects importants de sa

personnalité, explique en substance Pierre-Alexandre Fradet. Ses écrits le prouvent, tout au long de son existence, Thomas De Koninck s’est penché sur cette grave question qu’est le sens de la vie, « celle que la science ne pose pas », souligne-t-il. Interrogé sur les livres qu’il apporterait sur une île déserte, ce grand lecteur, reconnu pour son formidable esprit de synthèse, nomme les œuvres complètes de Platon, d’Aristote et de Shakespeare ainsi que la Bible, des œuvres pour lui toujours nouvelles qui alimentent sa soif de connaître depuis plus d’un demi-siècle. Heureusement, l’homme n’a pas l’intention de se terrer chez lui pour lire et relire ces chers auteurs, ayant

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L’enseignement de la philosophie est le plus beau métier du monde

à cœur la suite des choses en ce qui concerne la recherche en philosophie. En témoigne la création du Fonds Thomas-De Koninck destiné à la création de bourses pour les étudiants au doctorat en philosophie, qui sera lancé lors d’une soirée hommage et de financement, le mardi 3 novembre, de 18 h à 20 h, au Cercle du pavillon Alphonse-Desjardins. La soirée est organisée par le Vicerectorat exécutif et au développement, la Faculté de philosophie, La Chaire La philosophie dans le monde actuel, l’Association des diplômés de l’Université Laval et La Fondation de l’Université Laval. Pour renseignements : bit.ly/1GHCBGJ


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sciences et génie

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ils ont dit... Sur la violence dans les couples adolescents

Francine Lavoie, École de psychologie Coup de pouce, 1er novembre

Des études démontrent la présence de violence physique ou psycholo­ gique chez bon nombre d’adolescents dans leurs relations amoureuses. Selon Francine Lavoie, ce phénomène touche aussi les filles. « Peut-être parce qu’elles ont appris à s’affir­ mer, les filles usent davan­ tage de violence qu’avant dans leur couple. » Où es-tu ? Que fais-tu ? Le contrôle de l’autre à l’aide du téléphone cellulaire, un phénomène en recrudes­ cence, fait partie du pro­ blème. « On doit aider notre jeune à comprendre qu’il s’agit de contrôle et que ce n’est pas un signe d’amour. »

Sur le culte du corps musclé chez les jeunes hommes Sculpter son corps est une activité populaire chez les adolescents et les jeunes adultes. Selon Gilles Tremblay, « se préoccuper de sa santé, de sa présenta­ tion, de son corps, ce n’est pas mauvais en soi. C’est le dosage qui compte. Le danger, c’est de faire la Gilles Tremblay, promotion d’un modèle École de dominant auquel tout le s­ ervice social monde doit adhérer. La La Presse, question qu’il faut se poser, 4 octobre c’est “Qu’est-ce qui te convient à toi ? À ton corps ? À ce que tu es comme individu ? À ce que tu veux vivre ?” Il faut ­partir davantage de nos besoins et non pas de modèles idéalisés. »

Sur l’influence des éditoriaux sur le choix des électeurs

Colette Brin, Département d’information et de communication Le Journal de Montréal, 8 octobre

Le quotidien La Presse a publié un éditorial où il donnait son appui au Parti libéral de Justin Trudeau, et ce, à 11 jours du vote, soit une semaine plus tôt que d’habitude. Selon Colette Brin, cette décision n’est pas innocente. « On doit interpréter que La Presse place ses billets dans le panier libéral pour bloquer Harper. C’est sûr que c’est stratégique, le but est de dire “Votez libéral pour suivre les Ontariens.” »

Prix Summa 2015 Les récipiendaires des prix Summa : Steve Charette, Peter Vanrolleghem, Rodica Neagu Plesu et Marc Boutet.

La Faculté des sciences et de génie honore quatre personnes au parcours remarquable parmi ses diplômés, ses professeurs et les membres de son personnel Près de 200 personnes as­­ sisteront, le samedi 17 octo­ bre, à l’atrium du pavillon Alexandre-Vachon, à la cérémonie de remise des prix Summa 2015. Par ces prix de grande valeur remis annuellement, la Faculté des sciences et de génie

reconnaît publiquement le parcours professionnel remarquable de diplômés, de professeurs et de membres du personnel. La cérémonie se déroulera en présence du vice-recteur aux études et aux activités internationales, Bernard Garnier.

Le prix Summa – Carrière est remis à Marc Boutet, di­­ plômé du programme d’infor­ matique de gestion de la Faculté et président-directeur général de De Marque, chef de file dans la distribution de contenus culturels nu­­mé­ riques. Le prix Summa –

Recherche est décerné à Peter Vanrolleghem, professeur au Département de génie civil et de génie des eaux. Pour sa part, le professeur Steve Charette, du Dépar­tement de biochimie, de microbiologie et de bio-informatique, est le ré­­ cipiendaire du prix Summa – Enseignement. Enfin, Rodica Neagu Plesu, responsable de travaux prati­ques et de re­­ cherche au Dépar­tement de chimie, se voit attribuer le prix Summa – Service à la commu­ nauté facultaire. Voici le por­ trait de chacun des lauréats :

Marc Boutet (prix Summa – Carrière) Tout jeune, Marc Boutet commence à développer sa passion pour l’infor­ matique. En 1990, encore ­a dolescent, il cofonde De Marque inc., une com­ pagnie vouée à la commer­ cialisation de logiciels édu­ catifs. L’un de ses produits, le logiciel Tap’­Touche, sera vendu, en 20 ans, à plus d’un million d’utilisateurs répartis dans une vingtaine de pays. Aujourd’hui, cette firme de Québec s’affiche comme un chef de file dans la distribution de livres numériques. Marc Boutet travaille au cœur d’un ré­­ seau international de plus de 550 partenaires dissémi­ nés dans 40 pays et issus des sphères de l’édition, des librairies, des bibliothèques et de la distribution ainsi que de consortiums et d’as­ sociations. Apple, Amazon, Sony et Kobo figurent parmi ses clients. En 2010, il a reçu deux prix OCTAS décernés par le Réseau ACTION TI : le premier pour le meilleur projet informatique développé au Québec et le second dans la catégorie TI dans les sec­ teurs culturel, éducatif ou médiatique.

Peter Vanrolleghem (prix Summa – Recherche) Peter Vanrolleghem, bioingénieur, se passionne pour le développement de mo­­ dèles mathématiques dédiés à la conception et à la gestion optimale d’infrastructures urbaines assurant la santé des cours d’eau. Son arrivée au Département de génie civil et de génie des eaux en 2006 a contribué à accroître la crédibilité des program­ mes de formation dans ce do­­ maine et à faire de l’Univer­ sité un pôle de re­­cherche de calibre international. Titu­ laire de la Chaire de re­­ cherche du Canada en mo­­ délisation de la qualité de l’eau, il a obtenu près de 5 M$ en fonds de recherche, a participé à la formation d’une centaine d’étudiants aux cycles supérieurs et a publié près de 400 articles dans des revues internatio­ nales. Membre d’une cin­ quantaine de comités d’orga­ nisation de congrès interna­ tionaux, il continue à jouer un rôle im­­portant au sein d’organisations scientifiques prestigieuses. En 2014, il devient le premier fellow canadien et le troisième pro­ venant de l’ex­t érieur des États-Unis de la Water Environment Federation.

Steve Charette (prix Summa – Enseignement) Embauché en 2008 comme professeur au Département de biochimie, de microbiolo­ gie et de bio-informatique, Steve Charette a rapidement fait sa marque dans ce milieu. En sept ans, il a été le princi­ pal architecte de six nou­ veaux cours, en plus d’avoir été un important collabora­ teur à la refonte d’un sep­ tième. On lui doit notam­ ment d’avoir piloté le déve­ loppement des trois cours de communication scientifique pour les sciences de la vie que peuvent suivre les étu­ diants des trois programmes de baccalauréat rattachés au Dépar­tement. Son approche pédagogique est basée sur la vo­­lonté d’impliquer les étu­­ diants dans leur formation, de privilégier un contact étu­ diant-professeur soutenu, de superviser la progression de l’étudiant, d’utiliser de nou­ velles technologies et de pro­ poser des activités d’appren­ tissage et d’évaluation inno­ vantes et variées. Lauréat à cinq re­­prises de la distinc­ tion Pro­fesseur étoile de la Faculté, Steve Charette a aussi reçu, de la part des étu­ diants, le Prix du meilleur professeur du Département en 2014.

Rodica Neagu Plesu (prix Summa – Service à la communauté facultaire) Titulaire d’une maîtrise en chimie macromoléculaire, Rodica Neagu Plesu est res­ ponsable de travaux pratiques et de recherche au sein du Département de chimie. Depuis 25 ans, elle contribue de manière marquante au bon fonctionnement et à la réputa­ tion d’excellence de l’unité. Réputée pour sa grande capa­ cité d’adaptation, elle gère minutieusement un important parc d’équipements de pointe rattaché à quatre centres de recherche. Au plan pédagogi­ que, elle participe à la forma­ tion de personnel hautement qualifié et collabore à la plani­ fication et au développement d’activités d’apprentissage associées aux travaux prati­ ques des cours du baccalau­ réat. Les étudiants, les profes­ seurs et ses collègues sont unanimes à souligner sa dispo­ nibilité, sa gentillesse conta­ gieuse, son dévouement exem­ plaire et ses compétences mul­ tidisciplinaires, sans compter sa constante préoccupation de maintenir à jour ses connais­ sances. Affectueusement bap­ tisée « Mamie » par de nom­ breux étudiants, elle joue son rôle de coéquipière au sein du Département avec brio.

par Renée Larochelle


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littérature

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sur la production laitière canadienne

Maurice Doyon

Les répercussions du Partenariat transpacifique sur la gestion de l’offre inquiètent les producteurs laitiers du Québec. Il faut dire qu’à l’ouverture de 3,25 % du marché laitier consenti par le Canada s’ajoute l’importation de 17 500 tonnes de fro­ mages supplémentaires négociée lors de l’accord avec l’Union européenne. Tout ceci représente autant de lait qui ne sera plus fourni par les agriculteurs d’ici. De plus, les producteurs subissent les répercussion de l’arrivée massive de protéines laitières liquides qui franchissent librement la frontière amé­ricaine. Les explications de Maurice Doyon, professeur au Dépar­tement d’éco­­nomie agroalimentaire et des sciences de la consommation, sur la nouvelle réalité des producteurs de lait.

Q Plusieurs manifestations d’agriculteurs ont eu lieu devant des usines de fromage au Québec pour dénoncer ­l’utilisation de protéines laitières. Que sont exactement ces protéines ? R Pour fabriquer une unité de fromage, il faut dix unités de lait. Or, en utilisant des ingrédients laitiers comme des poudres protéinées, on a besoin de moins de lait et cela coûte moins cher. Ces poudres sont importées principalement des États-Unis, et ce, sans grande restriction. Cependant, au Canada, pour recevoir l’appellation de fromage, des normes limitent le pourcentage d’utilisation de ces poudres surprotéinées. Par exemple, sur l’étiquette de certains bâtonnets, il est écrit « à saveur de cheddar » et non « fromage cheddar », car le taux d’utilisation d’ingrédients laitiers dépasse la norme permise pour être qualifié de « cheddar ». Depuis peu, les transformateurs utilisent un nouveau produit, le lait diafiltré. Ce lait contient 15 % de protéines, soit environ le double de protéines que contient naturellement le lait à la sortie du pis de la vache. Le lait diafiltré peut être employé pour fabriquer des produits qualifiés de fromage, car il s’agit réellement de lait. Les normes cana­ diennes en matière de fromage sont donc entièrement respectées, car le produit contient moins de 40 % de protéines. Le problème, c’est que, selon les règles douanières, il est classé dans la même catégorie qu’une poudre surprotéinée et donc exempt de tarifs. On assiste donc à deux traitements différents pour un même produit, le lait, ce qui avantage le transformateur et constitue une concurrence dé­­ loyale aux yeux des petits fromagers qui n’utilisent pas ce type de lait.

Q En d’autres mots, on peut dire que c’est autant de lait « normal » qui n’est pas vendu aux transformateurs par les agriculteurs d’ici, n’est-ce pas ? R Exactement. De plus, on pourrait même voir bientôt arriver par camionsciternes un lait fabriqué par Coca-Cola. Depuis janvier dernier, la compagnie distribue aux États-Unis Fairlife, un lait sans lactose, avec 50 % de protéines de plus, et moins de sucre grâce à une méthode de filtration qui s’apparente à celle du lait diafiltré. Notre système de gestion de l’offre a donc besoin d’être adapté, car la technologie laitière a beaucoup changé et certains produits contournent les règles. C’est exactement ce que fait le lait diafiltré, considéré comme un produit surprotéiné à la frontière, mais comme du lait par les fabricants de fromage et de yogourt grec. L’autre problème auquel font face les producteurs laitiers, ce sont les surplus, au Canada, de solides non gras qui, jusqu’à maintenant, entraient dans la composition du fromage. (NDLR : Ces solides sont constitués d’une proportion d’un litre de lait avec ses matières grasses et l’eau.) Une hausse de la de­­ mande en matière grasse combinée au remplacement des solides non gras par de la poudre protéinée ou du lait diafiltré par les transformateurs augmente le débalancement entre la matière grasse et les solides non gras, créant des surplus entreposés aux frais des producteurs. Q Le consommateur doit-il s’inquiéter de l’intégration de toutes ces composantes laitières aux produits qu’il achète ? R Le consommateur est protégé par les normes imposées aux fabricants de fromage. Il ne paye pas son produit moins cher, mais il n’y perd pas non plus. On remarque qu’il semble y avoir un retour vers des produits plus naturels, comme le beurre, dont les ventes enregistrent une légère croissance. C’est la même chose en ce qui concerne la crème glacée. Rappe­ lons que le marché de la crème glacée est maintenant dominé par des multinatio­ nales qui ont augmenté leurs ventes dans les années 90 en utilisant abondamment les ingrédients laitiers. Or, le goût de ce produit est vraiment mauvais et la con­ sommation de ce type de crème glacée est présentement en déclin. Aujour­d’hui, certains fabricants, comme La laiterie de Coaticook, fabriquent de la crème glacée à partir de crème et leurs ventes progressent d’environ 10 % par année dans un marché pourtant globalement en déclin. Pour conclure, c’est sûr que le secteur laitier va devoir s’ajuster à la suite de l’ouverture du marché à l’étranger. Cependant, cet ajustement dépendra de la volonté politique réelle du gouvernement de maintenir la gestion de l’offre. Si celui-ci décide de ne pas réagir à l’importation de lait diafiltré et invoque les règles du commerce pour ne rien faire, cela voudra sans doute dire qu’il n’est pas prêt à défendre ce système... Propos recueillis par Pascale Guéricolas

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Bain littéraire Le congrès du PEN, qui regroupe des écrivains des quatre coins de la planète, se déroule à Québec jusqu’à vendredi et mobilise plusieurs étudiants et professeurs par Pascale Guéricolas La deuxième semaine d’oc­ tobre 2015 pourrait passer à l’histoire à Québec comme la semaine de toutes les convergences littéraires. L’ouverture de la Maison de la littérature coïncide en effet avec la tenue du festival Québec en toutes lettres et avec celle du congrès international du PEN, un événement qui n’a pas eu lieu au Canada depuis 25 ans. Tant d’effervescence littéraire ne pouvait laisser indifférente la communauté universitaire. Une quarantaine d’étudiants de la Fa­­culté des lettres donnent bénévolement un coup de main à l’organisme PEN, tandis que plusieurs professeurs collaborent à l’organisation de cette rencontre internationale de 270 écrivains venus de 73 pays. Le Centre de recherche inter­ universitaire sur la littérature et la culture québécoises (CRILCQ) s’implique également dans la tenue de l’événement. Avocate de profession, mais aussi étudiante au baccalauréat en études hispaniques, Joanne Bilodeau aménage son horaire depuis de nombreuses semaines pour être disponible lors du congrès du PEN. « Je suis fascinée par la mission de cet organisme qui touche aux questions juridiques, explique la jeune femme. Le PEN défend la liberté d’expression des écrivains et de ceux qui sont emprisonnés. Il faut vraiment faire quelque chose pour eux ! » « Voir arriver des écrivains à l’aéroport, dont certains sortent de prison, c’est vraiment très touchant », lance, pour sa part, Marie-Ève Muller. Impliquée dans la coordination des bénévoles lors du congrès, cette étudiante à la maîtrise en études littéraires savoure sa chance de participer à cette ren­contre internationale unique de gens de lettres. La plupart des discussions ont lieu à huis clos pour ne pas nuire à la protection de plusieurs écrivains menacés dans leur pays. Issus des trois cycles universitaires, les étudiants de la Faculté des lettres qui participent activement aux activités du congrès donnent des informations aux visiteurs, apportent leur aide aux différents comités du PEN ou

accompagnent les participants entre les différents lieux de rencontre. C’est d’ailleurs la tâche dévolue à Emmanuelle Germain. « Je suis un peu gênée d’aller me présenter aux écrivains, mais j’apprécie beaucoup de participer à un événement aussi riche qui défend la littérature », explique l’étudiante à la maîtrise en études littéraires, qui finit par avouer, un sourire dans la voix, qu’elle va tenter de rencontrer l’au­ teur amérindien Louis-Karl Picard-Sioui. Pendant trois jours, les gens de lettres du PEN, impliqués au sein de différents comités, font connaître leurs idées pour défendre la liberté d’expression et promouvoir la littérature. Chaque rencontre internationale donne lieu à une déclaration. Cette année, elle porte sur les droits des traducteurs. C’est Louis Jolicoeur, professeur au Dé­­ partement de langues, linguistique et traduction, qui a œuvré sur le texte débattu et adopté par les congressistes. « Cela fait plusieurs mois que je travaille sur cette déclaration avec les membres du comité de la traduction et des droits linguistiques qui siège à Barcelone, et chaque point a été abondamment discuté », précise cet auteur et traducteur.

Traditionnellement, les traducteurs n’occupaient pas les devants de la scène littéraire, mais ils répugnent de plus en plus à rester dans l’obscurité, d’autant plus que leur métier comporte des risques. On se souviendra de l’assassinat du traducteur japonais de Salman Rushdie, cet écrivain britannique d’origine indienne sur lequel pèse une fatwa depuis la parution de son ouvrage Les versets sataniques. De tels événements amènent les traducteurs à s’interroger sur leur responsabilité par rapport au contenu des livres. Plusieurs voudraient aussi faire reconnaître la part de créativité de la traduction. « Une œuvre existe dans sa langue d’origine, mais, une fois traduite, elle devient une autre œuvre », fait remarquer Louis Jolicoeur. La déclaration de Québec sur la traduction risque de faire date, car il existe peu de conventions interna­ tionales pour protéger les droits de celles et de ceux dont le nom n’apparaissait même pas, il y a peu, sur la page de garde des livres traduits. Aujour­d ’hui, plusieurs traducteurs aimeraient bien voir leurs droits s’étendre à l’adaptation ciné­­matographique ou théâtrale d’une œuvre écrite.

Pendant trois jours, les gens de lettres du PEN font connaître leurs idées pour défendre la liberté d’ex­pression et ­promouvoir la littérature


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Mosaïque de récits Initiative étudiante inspirée d’un projet américain, la page Facebook « Humans of Laval University », qui réunit plus de 2 500 abonnés, présente des portraits de gens rencontrés par hasard sur le campus par Matthieu Dessureault

1 1. Le rêve de cette étudiante en psychologie ? Travailler à la Clinique Amis-Maux, qui offre des thérapies assistées par des animaux.

Chaque personne a une anecdote, un commentaire ou une histoire à raconter. Avec plus de 48 000 étudiants et 9 000 employés, l’Université est un terreau très fertile, se sont dit Gabriel Bergeron Morielli et Kevin Muzellec. Depuis la fin de septembre, ces deux amis sillonnent le campus, munis d’un calepin et d’un appareil photo. Leur objectif : parler aux inconnus afin de découvrir leur passé, leurs passions ou leurs rêves. Les clichés issus de ces

rencontres sont diffusés quotidiennement sur la page Facebook « Humans of Laval University », qu’ils ont créée. Chaque photo est publiée avec une courte citation. Ce projet est inspiré de « Humans of New York », le blogue d’un Amé­ ricain qui a entrepris de photographier, chaque jour, un habitant de cette ville. « On s’est dit que ce serait intéressant d’adapter le concept à l’Université Laval, où il y a un fort sentiment d’appartenance. Tous les

jours, on côtoie, sur le campus, plusieurs personnes sans faire attention à elles. Ce que nous voulions, c’était de mettre en valeur ces genslà », explique Kevin Muzellec, étudiant à la maîtrise en administration des affaires. Avec son complice, il a déjà fait plusieurs rencontres marquantes. Du PEPS aux résidences, en passant par les cafés étudiants et les espaces verts, il a aussi découvert une véri­ table fourmilière d’activités. « Depuis

d d m n s o C p

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2. Cet employé du Dépanneur Chez Alphonse apprécie particulièrement les couloirs souterrains de l’Université, qui lui permettent de se déplacer d’un pavillon à l’autre durant l’hiver. 3. Un entraîneur prend la pose devant la nouvelle piscine du PEPS.

C a w H U

L q 2 p s q d

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4. Les anciens travaux de recherche de ce professeur retraité de la Faculté des sciences et de génie portaient sur la gravité réduite. 5. Cette adepte de triathlon s’entraîne pour son prochain Ironman, une compétition qui consiste à enchaîner de la nage, du vélo et un marathon.


deux semaines, on a pris conscience de l’ampleur du campus. Il y a tellement de pavillons et de lieux qu’on ne connaissait pas ! Il y a aussi plusieurs associations étudiantes dont on n’avait jamais entendu parler. C’est cette vision générale du campus que l’on veut donner », dit-il. La page Facebook, qui réunit plus de 2 500 abonnés, présente une série de portraits que l’on se plaît à découvrir : une étudiante en communication qui fait part de son rêve de travailler au sein d’une ONG, un professeur retraité qui parle de ses anciens travaux de recherche, une adepte du triathlon qui s’entraîne pour son prochain défi, une étudiante en nutrition qui livre des conseils pour une alimentation saine, un couple d’amoureux qui profite d’un après-midi ensoleillé… Parfois drôles, parfois touchants, mais toujours authentiques, ces gens démontrent la grande di­­ versité culturelle et humaine de l’Université. Sur sa photo, Samuel Rooke porte un intrigant chapeau haut-deforme. L’étudiant en histoire, qui a été approché alors qu’il lisait un journal au pavillon CharlesDe Koninck, n’a pas hésité à participer au projet. Il y a vu l’occasion de partager sa passion pour les vieux chapeaux, ces vestiges du passé. « Mon chapeau, qui date de 1930, fait partie d’une autre époque. Son ancien propriétaire avait sa vie, ses occupations, ses amours, ses peines. Une forme de nostalgie et de fierté s’en dégage. Pour moi, ce n’est pas un chapeau; c’est le témoignage d’un ailleurs temporel. J’ai accepté de jouer le jeu de l’entrevue, car j’adore en parler ! » Cette photo, ainsi que plusieurs autres, se trouvent à l’adresse www.facebook.com/ Humans-of-LavalUniversity-946401122086143/.

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6. Ce musicien autodidacte joue quelques notes à la guitare. 7. Cette étudiante à la maîtrise en communication rêve de travailler au sein d’une ONG afin de sensibiliser les gens aux problèmes environnementaux du Sénégal.

8 8. Cet étudiant au baccalauréat en histoire porte un intérêt soutenu pour les vieux chapeaux.

La page Facebook, qui réunit plus de 2 500 abonnés, présente une série de portraits que l’on se plaît à découvrir

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9. Partenaires de laboratoire, ces deux étudiants en biologie travaillent sur le processus de compostage. 10. Cette étudiante partage sa passion du hooping, un sport qui fait de plus en plus d’adeptes. photos Gabriel Bergeron Morielli et Kevin Muzellec


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science

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en bref

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MARIE-EVE TREMBLAY, COLAGENE.COM

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De l’or pour Contact Un article du magazine Contact a remporté la médaille d’or des Prix d’excellence du Con­ seil canadien pour l’avancement de l’éducation (CCAE) dans la catégorie Meilleur article. Il s’agit de « Tuer dans l’œuf le cancer de la pros­ tate », paru dans le numéro d’automne 2014, sous la plume de Nathalie Kinnard. L’article rend compte de la diversité des points de vue des experts sur le dépistage de ce cancer. Voici ce qu’en ont dit les juges : « La conception graphique et la qualité de rédaction sont impeccables. Excellent outil d’information et de transfert de connaissan­ces. » Par ailleurs, l’Association des diplômés de l’Université Laval s’est également distinguée dans les prix du CCAE en remportant la médaille d’argent dans la catégorie Meilleur site Web. contact.ulaval.ca/article_magazine/ tuer-loeuf-cancer-prostate/

Les oméga-3 en périnatalité La liste des effets santé procurés par les oméga-3 ne cesse de s’allonger. Or, la prise de suppléments d’huile de poisson ou de krill pendant la grossesse peut-elle apporter des bienfaits à l’enfant et à la mère ? C’est à cette question que répondront Maria Makrides et Robert Gibson du Women’s and Children’s Health Research Institute, d’Adélaïde en Australie, lors d’une conférence intitulée « Omega-3 fatty acid interventions in the ­perinatal period ». Jeudi 29 octobre, à 12 h, à l’amphithéâtre Fisher du CHUL. La présentation des chercheurs sera aussi retransmise en visio­ conférence à l’amphithéâtre CRCEO de ­l’Hôtel-Dieu de Québec et au local A0-200G de ­l’Hôpital Saint-François d’Assise.

Pour une prise de décision éclairée Avez-vous le sentiment que vous avez des décisions à prendre au sujet de votre carrière, mais que vous tournez en rond ? Vous aimeriez avoir un meilleur contrôle de vos études et de votre vie personnelle? Dans le cadre de la Semaine québécoise de l’orientation, le Centre d’aide aux étudiants propose une conférence ayant pour thème « Déjouer ses obstacles, s’engager dans l’action ! ». L’activité s’adresse à toute personne, quel que ce soit son âge ou sa situation, qui a des choix à faire dans l’orientation de ses études ou dans sa vie professionnelle et qui veut être pleinement maîtresse de ses décisions. Les conseillères d’orientation Annie Brulotte et Catherine Desmarais donneront des conseils qui seront fort appréciés. Mardi 3 novembre, à 19 h, à l’amphithéâtre Hydro-Québec du pavillon AlphonseDesjardins. Entrée libre. Pour plus ­d’information  : bit.ly/1Lb9UWW

L’horaire de travail très variable des policiers force une adaptation continuelle de leur horloge biologique, et la qualité de leur sommeil peut en souffrir.

Remettre les pendules biologiques à l’heure Des chercheurs de la Faculté de médecine démontrent que les personnes de chronotype soir ne s’adaptent pas mieux aux quarts de travail variables par Jean Hamann Les gestionnaires qui espéraient régler le problème posé par les quarts de travail variables en embauchant des personnes dont l’horloge biologique est de type « soir » devront trouver d’autres solutions. En effet, ces travailleurs ne s’adaptent pas mieux que les personnes de type « jour » aux bouleversements d’horaire. C’est du moins la conclusion à la­­ quelle arrive une équipe de recherche de la Faculté de médecine après avoir étudié la qualité du sommeil chez un groupe de policiers soumis à des quarts de travail de jour, de soir et de nuit. Des études antérieures sug­­géraient que les gens « de soir » faisaient montre d’une plus grande adaptabilité au travail sur des quarts variables parce qu’ils composaient mieux avec le travail de nuit. Par contre, d’autres recherches laissaient penser que ces mêmes personnes dormaient moins bien lors­ qu’elles travaillaient sur des quarts de jour. Pour mettre les pendules à l’heure, Jeanne Sophie Martin, Alexandre Sasseville, Marilie Bérubé, Samuel Alain, Jérôme Houle et Marc

Hébert, du Centre de re­­ cherche de l’Institut universitaire en santé mentale de Québec, et leur collègue Luc Laberge de l’UQAC et du Cégep de Jonquière, ont analysé des données re­­ cueillies lors d’une étude longitudinale à laquelle ont participé 39 policiers de la Ville de Québec.

Peu importe que leur quart de travail soit de jour ou de nuit, les personnes de chronotype soir ont un sommeil moins efficace

L’horaire de travail de ces policiers repose sur un cycle de cinq semaines au cours duquel les quarts de jour, de soir et de nuit alternent rapidement. Les participants ont d’abord répondu à un questionnaire permettant de déterminer leur chronotype, soit leur préférence naturelle quant à la position de leur cycle éveil-sommeil sur une période de 24 heures. « En­­ viron 20 % de la population est de chronotype matin, ex­­ plique l’étudiante-chercheuse Jeanne Sophie Martin. Ces gens préfèrent se lever tôt, ils se mettent rapidement au travail et ils vont au lit tôt. Un autre 20 % est de chronotype soir; si la chose était possible, ces gens décaleraient toutes leurs activités plus tard en journée. Enfin, 60 % de la population, qui appartient au chronotype intermédiaire, se situe entre ces deux extrêmes. Dans notre étude, 26 policiers étaient de chronotype intermédiaire et les 13 autres étaient de chronotype soir. » Pour évaluer objectivement la qualité du sommeil, les chercheurs ont demandé aux policiers de porter au poignet un appareil, appelé actigraphe, qui détecte et enregistre les

mouvements et la luminosité ambiante. Les participants devaient également consigner dans un carnet le moment où ils se mettaient au lit, le moment où ils se le­­vaient ainsi que les siestes. Les données recueillies lors de quatre quarts consécutifs de jour et de quatre quarts consécutifs de nuit remettent en question l’adaptabilité des gens de chronotype soir. En effet, peu importe qu’ils soient sur un quart de jour ou de nuit, ces travailleurs ont un sommeil moins efficace, plus agité et plus hachuré, montrent les analyses que les chercheurs publient dans un récent numéro de Chrono­b iology International. « Ce sont de moins bons dormeurs, de jour comme de nuit, ré­­sume Jeanne Sophie Martin. Les différences avec les gens de chronotype intermédiaire ne peuvent être expliquées par le niveau d’activité, l’exposition à la lumière ambiante ou les occasions de dormir étant donné que ces paramètres sont comparables dans les deux groupes. » Les travailleurs soumis à des horaires variables ne sont pas abandonnés à leur sort pour autant. Les travaux que l’étudiante-chercheuse mène au sein de l’équipe de Marc Hébert visent justement à modifier l’environnement lumineux de ces personnes afin de les aider à synchroniser leur rythme circadien et leur horaire de travail.


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Le règne de la beauté

arts

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La Fabrique culturelle de TéléQuébec présente une websérie inspirante sur l’Atelier Pierre Thibault par Renée Larochelle « Le cadre dans lequel on vit est très important », laisse entendre Pierre Thibault dans plusieurs entrevues qu’il accorde. De prime abord, la phrase apparaît banale et l’idée, ressassée. Cependant, lorsqu’elle sort de la bouche de cet architecte réputé pour ses créations réalisées en harmonie avec le paysage environnant, on prête l’oreille. Qu’il s’agisse de maisons, de musées, de jardins, de belvédères, de salles de spectacle, d’hôtels ou d’édifices publics, l’homme ne cesse de travailler en relation étroite avec les personnes qui habiteront ces espaces. Comment fonctionne le processus de création de l’un de nos architectes les plus connus ? C’est ce que nous invite à découvrir La Fabrique culturelle de TéléQuébec dans une websérie portant sur l’Atelier Pierre Thibault. Au cours de sept épisodes d’une quinzaine de minutes, les internautes auront l’occasion de pénétrer dans le riche univers de ce professeur à l’École d’architecture, pour qui « le travail est un processus partagé et non solitaire. »

Le premier épisode montre le professeur en train d’échanger avec quelques-uns des 15 étudiants de l’École d’architecture inscrits à son atelier. C’est à cet endroit qu’il en­­ seigne sa vision du territoire et surtout sa préoccupation de créer un espace de vie adapté aux besoins de ceux qui y évolueront. Com­mentant cet épisode, Pierre Thibault explique sa conception de l’enseignement personnalisé. « Je rencontre les étudiants un par un. Chaque étudiant a un espace qui lui est dédié, il a ses propres maquettes, etc. On sort pour voir et revoir les sites sur lesquels on aura à travailler. C’est très stimulant pour tout le monde. » Intitulée Habiter la nature, la seconde capsule montre d’ailleurs quelquesuns des membres de l’Atelier Pierre Thibault en pleine conversation avec des clients. Puis, l’équipe se rend à l’ex­ térieur de la maison afin de ­s’imprégner de l’atmosphère, u n b o i s é m a g n i f i qu e e n l’occurrence. Dans un troisième épisode se déroulant en plein hiver, les membres de l’Atelier, raquettes aux pieds, partent à

L’abbaye cistercienne de Val Notre-Dame est un lieu dédié à la contemplation et au recueillement.

Passion guitare Pierre Thibault souhaite conserver l’harmonie entre l’être humain et la nature.

Comment habiter la nature ? Voici une maison de rêve parfaitement intégrée au paysage.

la conquête du Parc national des Grands-Jardins, dans la région de Charlevoix, afin d’élaborer une installation éphémère visant à transformer le paysage. La quatrième émission est consacrée à un couple de collectionneurs d’œuvres d’art à qui Pierre Thibault propose des moyens de mise en valeur des sculptures qui ornent l’intérieur de sa résidence, une résidence qu’il a lui-même conçue. Dans le cinquième épisode, les collabo­ rateurs de l’Atelier passent une fin de semaine à l’Abbaye Val Notre-Dame afin de réfléchir aux notions de dépouillement et de contemplation émanant de cet endroit conçu par Pierre Thibault en 2009, alors que les moines cisterciens d’Oka cherchaient un nouveau lieu de prière et de recueillement. L’avant-dernier épisode montre le concept de

« chambres blanches », développé au bord du fleuve de Montréal à Métis-sur-Mer. Enfin, le dernier volet de la série nous transporte au Pérou, alors que l’Atelier se penche sur le design des parcs et des bâtiments péruviens qui pourront éventuellement servir d’inspiration aux futurs architectes. À visionner cette websérie, on comprend que la beauté constitue le mot d’ordre du travail de Pierre Thibault. D’ailleurs, ce n’est pas pour rien que le réalisateur Denys Arcand a choisi l’une de ses réalisations pour accueillir l’histoire de son film Le règne de la beauté. faaad.ulaval.ca/actualites/ une-webserie-sur-larchitecte-repute-pierre-thibault-en-primeur-sur-lafabrique-culturelle.html

Cet architecte est réputé pour ses créations réalisées en harmonie avec le paysage environnant

Les Chambres blanches : de grandes perches de bois appuyées les unes sur les autres afin de créer un corridor triangulaire. photos Vincent Gonneville

La Société de guitare de Québec, en colla­ boration avec la Faculté de musique, recevra en concert le guitariste thaïlandais Ekachai Jearakul. Au programme : des œuvres de Leo Brouwer, d’Agustín Barrios Mangoré, de Luigi Legnani, de Joaquín Turina et de Johann Kaspar Mertz. Ekachai Jearakul est considéré comme l’un des jeunes guitaristes classiques les plus talentueux de la scène internationale. En 2014, il est devenu le premier guitariste d’origine asiatique à gagner le prestigieux concours de la Guitar Foundation of America. Ce prix comprend une tournée d’une cinquantaine de concerts dans les Amériques, incluant un concert au légendaire Carnegie Hall de New York. Jeudi 29 octobre, à 20 h, à la salle HenriGagnon du pavillon Louis-Jacques-Casault. On peut acheter des billets au bureau 3312 du pavillon Louis-Jacques-Casault et à la porte le soir du concert.

Les Treize jouent Mine Bleue La troupe de théâtre Les Treize ouvre sa saison d’automne avec la pièce Mine Bleue, une œuvre collective combinant prose littéraire et jeu théâtral. Des paroles d’auteurs québécois connus et de la relève construiront un univers poétique où, au rythme d’une esthétique inspirée des eaux du Québec, surgiront des questions d’équilibres et de déséquilibres culturels, identitaires et écologiques. Inspiré par la pensée de Jerzy Grotowski, le jeu sera mis au service de la littérature pour transformer les mots en espace ludique. Mise en scène de Natalie Fontalvo et de Geneviève Lacroix. Du 22 au 25 octobre, au Théâtre de poche du pavillon Maurice-Pollack. lestreize.org

Le FIFEQ recrute Initié par des étudiants en anthropologie, le Festival international du film ethnographique du Québec (FIFEQ) est à la recherche d’un ou deux étudiants pour compléter son comité organisateur pour la saison 2016. Le FIFEQ permet aux étudiants et aux étudiantes, de même qu’au corps professoral, d’avoir accès à des films ethnographiques de grande qualité sur grand écran qui seraient autrement inaccessibles. Le Festival vise notamment à promouvoir le film ethnographique comme dis­ cipline de l’anthropologie et à sensibiliser la population à des sujets divers et à des enjeux variés. fifeq.ulaval.qc@gmail.com.


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Les midis Start-up Eggenius sont lancés ! C’est devant une foule de près de 100 étudiants ayant la fibre entrepreneuriale que s’est déroulée, le 8 octobre, la première présentation des midis Start-up Eggenius. À cette occasion, deux conférenciers de l’industrie sont venus partager leur expertise. Marc-Antoine Archambault, directeur des opérations chez Tak Design Industriel, s’est penché sur les bonnes pratiques pour obtenir le succès commercial d’un produit technologique, tandis que Pierre Pilon, président et fondateur de Jumpsmart – Stratégie de marque, a livré les secrets d’une marque de commerce ancrée qui dépasse l’image. Les personnes qui étaient présentes pourront bénéficier d’une heure de service-conseil de chacun des experts. photo Nathalie Fillion Eggenius est un projet de maillage des communautés scientifique et industrielle destiné à repousser les limites de l’innovation. Visitez le site eggenius.ulaval.ca.

Québec, ville en rose Pour une cinquième année, dans le cadre de la campagne « Québec ville en rose », des entreprises, organisations, sites et monuments de la ville s’illumineront de rose en octobre pour appuyer les femmes traitées au Centre des maladies du sein (CMS) du CHU de Québec-Université Laval. L’Université fait partie des partenaires qui participent à cette belle et grande campagne de solidarité. L’activité, qui se déroule jusqu’au 18 octobre, vise avant tout à sensibiliser les gens à la lutte contre le cancer du sein, tout en montrant l’importance du CMS et de son expertise en la matière, que ce soit pour les soins, la recherche ou l’accompagnement psychologique. La

Fondation du CHU de Québec convie la population à prendre part à ce grand mouvement d’illumination en devenant porteurs de lumière, c’est-à-dire ambassadeurs de la cause. L’argent recueilli cette année permettra l’achat d’un appareil de biopsie de 150 000 $ ainsi qu’un nouvel équipement de tomosynthèse. Pour appuyer la cause, l’Université a choisi d’illuminer en rose le socle des drapeaux situé à l’entrée sud du campus (près du boulevard Laurier). Pour plus d’info : quebecvilleenrose.ca/

Planifier et organiser un événement écoresponsable En 2014-2015, 50 activités ont été certifiées événement écoresponsable sur le campus. Simple et gratuite, la certification maison permet d’accompagner les organisateurs dans l’intégration du développement durable à leur événement, de l’étape de la planification jusqu’à celle du bilan. Pour l’obtenir, les organisateurs doivent remplir un formulaire électronique et satisfaire à 12 conditions d’éligibilité. Parmi celles-ci figurent l’utilisation de vaisselle lavable, l’usage de l’Internet et du courrier électronique pour les communications, l’offre de nourriture locale et la distribution limitée de matériel promotionnel. Le responsable de la certification évalue chaque demande et, si celle-ci est approuvée, l’événement peut arborer le logo « événement écoresponsable ». Plusieurs unités du campus dont le Service de placement, La Fondation de l’Université Laval et la Direction des communications ont fait des événements écoresponsables un mode de fonctionnement.

« Le médecin est-il appelé à devenir un simple intermédiaire entre le malade et l’ordinateur ? » Tel était le titre d’un des articles du Fil des événements du 31 octobre 1974. L’article relatait le contenu de deux exposés réalisés par Gilles Cormier, directeur de la section Pédagogie médicale de la Faculté de médecine, lors d’un congrès de médecins de langue française tenu à Québec. Les sujets abordés étaient les suivants : 1) les récents progrès de la psychologie « font mieux prendre conscience de l’importance de la relation interpersonnelle entre le médecin et le patient et des insuffisances de la formation médicale classique »; 2) « la supériorité de l’ordinateur sur le cerveau humain dans l’élaboration du diagnostic oblige la profession médicale à une profonde reconversion, comme l’introduction de l’informatique est appelée à modifier le métier de l’ingénieur ou de l’avocat. » photo Gordon Shehyn | Division de la gestion des documents administratifs et des archives


société

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Rencontre avec la lumière Un groupe d’étudiants en physique présente une exposition pédagogique sur la lumière et ses applications par Yvon Larose

Pour se situer dans le paysage politique Au moment de mettre sous presse, 1,4 million d’électeurs avaient rempli le questionnaire de la Boussole électorale sur les grands enjeux de l’actuelle campagne électorale fédérale par Yvon Larose Une forte majorité de répondants à la Boussole élec­ torale 2015 estime que les grandes entreprises devraient payer plus d’impôts. La moitié des répondants croit, par ailleurs, que le Canada devrait poursuivre, voire augmenter, son engagement militaire contre l’organisation armée État islamique au Moyen-Orient. Et un électeur sur deux se dit en faveur de la légalisation du cannabis pour usage récréatif. Ce sont là quelques-uns des résultats tirés de l’analyse des données recueillies ces dernières semaines par la Bous­ sole électorale 2015. Cet outil

La réduction des gaz à effet de serre, la place du secteur privé dans le système de santé et les réfugiés d’Irak et de Syrie sont des thèmes qui auront teinté la campagne électorale

Le questionnaire touche aussi à la santé, à l’environnement, aux questions éthiques, aux affaires étrangères, à ­l’ordre public, aux peuples ­au­­tochtones et aux relations du travail. En fait, les 30 ques­ tions de la Boussole électorale 2015 couvrent les dimensions sociale, économique et constitutionnelle. Elles abordent une foule de sujets ac­­ tuels. Mentionnons les sites d’injection supervisée, la place du secteur privé dans le système de santé et les efforts à faire pour que le Canada réduise ses émissions de gaz à effet de serre. Il y a aussi des questions relatives à l’abolition du Sénat, au soutien à l’État d’Israël et à la surveil­ lance des activités en ligne des Canadiens. L’indépen­dance du Québec, le contrôle des peuples au­­t ochtones sur leurs territoires ancestraux et le droit de grève pour les ­fonctionnaires sont d’autres thèmes abordés. Par ailleurs, des thèmes supplémentaires se sont invités dans la campagne électorale, thèmes que la Boussole a récupérés sous forme de questions ponctuelles. Il y a eu notamment la prestation du serment de citoyenneté le visage couvert par un niqab pour des raisons religieuses. Il y a eu également l’accueil des réfugiés fuyant les con­­flits en Irak et en Syrie. L’ana­lyse des ré­­ ponses révèle qu’environ les trois quarts des répondants sont opposés à une telle prestation de serment à vi­­ sage couvert. Les données indiquent également que près des deux tiers des ré­­ pondants croient que le gouvernement fédéral devrait accueillir davantage de ces réfugiés.

interactif construit par l’équipe de politologues de Vox Pop Labs se veut un moyen d’éducation politique dans le cadre de l’actuelle campagne électorale fédérale. En clair, il aide l’électeur à se situer par rapport aux positions des partis en lice. La Boussole est hébergée par le site Web de la Société RadioCanada et celui de CBC News. Au moment de mettre sous presse, plus de 1,4 million d’électeurs avaient rempli le questionnaire de la Boussole. « Nous sommes très contents des résultats à ce jour », in­­ dique François Gélineau, professeur au Département de science politique et l’un des trois membres du comité scientifique de la Bous­ sole 2015. Un autre chercheur de l’Université Laval, le stagiaire postdoctoral Yannick Dufresne, a agi comme analyste principal des contenus. Faut-il équilibrer le budget du Canada coûte que coûte ? Réduire les impôts est-il le moyen le plus efficace de créer des emplois ? Plusieurs des 30 questions de la Bous­ sole électorale portent sur l’économie. Selon le professeur, les utilisateurs considèrent ce thème comme l’enjeu le plus important. « C’est généralement le cas durant les campagnes électorales, dit-il. Cet enjeu est considéré le plus important chez les électeurs proches des idées conservatrices. Il est également plus Pour plus d’information : important chez les hommes boussole.radio-canada.ca/ home que chez les femmes. »

L’ONU a proclamé 2015 Année internationale de la lumière. Afin de souligner la chose, neuf étudiants, la plupart inscrits à la maîtrise ou au doctorat en physique et rattachés au Centre d’optique, photonique et laser (COPL), ont mis sur pied une exposition de vulgarisation scientifique sur la lumière et ses applications. Destinée au grand public, l’exposition Rencontre avec la lumière se tiendra à la Salle d’exposition du pavillon Alphonse-Desjardins du 19 octobre au 7 novembre. « Le but que nous visons est que monsieur et madame Tout-le-monde en apprennent un peu plus sur la lumière », explique l’étudiant au doctorat en physique Xavier Dallaire. Selon lui, l’exposition peut servir de premier contact, ou encore peut aider à approfondir ses connaissances dans le domaine de l’optique et de la photonique. « Les phénomènes physiques montrés sont simples, dit-il, et ne nécessitent pas d’explications ardues pour leur compréhension. Nous avons conçu l’exposition de façon à ce que le visiteur chemine par l’observation et les lectures. » Cinq thèmes sont abordés. Le spectre électromagnétique est présenté sous forme d’affiche explicative. Les quatre autres thèmes que sont la fibre optique, le laser, la couleur et la vision ainsi que la nature de la lumière ont chacun leur vitrine de démonstration. De petites capsules, des schémas ou des vidéos, ainsi qu’une affiche explicative au contenu vulgarisé accompagnent chacune des vitrines, dont les dimensions sont de 1,4 mètre de haut, 0,7 mètre de profond et 1 mètre de long. La vitrine consacrée à la fibre optique décrit le principe de guidage de la lumière. « On peut comparer la fibre optique à un fil électrique qui conduit la lumière au lieu de l’électricité », indi­ que, pour sa part, Simon Duval, inscrit lui aussi au doctorat en physique.

Une autre vitrine montre trois types de laser. Ces appareils sont constitués d’un amplificateur de lumière, d’une source d’énergie et d’un mécanisme de recirculation des rayons lumineux. « Dans cette vitrine, une carte infrarouge permet de voir un faisceau invi­ sible provenant du laser à fibre op­­ tique », souligne Simon Duval. Dans la vitrine consacrée à la couleur et à la vision, le visiteur a la possibilité de régler l’intensité relative de trois sources de lumière, une rouge, une verte et une bleue, de façon à obtenir diverses couleurs. « Cette vitrine, dit-il, met de l’avant le principe d’addition et de décomposition des couleurs à la base de la lumière blanchâtre/jaunâtre émise par le soleil ou une ampoule. Cette lumière se compose de plusieurs couleurs. » En complément à l’exposition, une affiche explicative présente l’historique de l’optique dans la région de Québec. Le COPL a fourni certaines pièces optiques ainsi que des sources électriques coûteuses. Les autres pièces, les étudiants les ont achetées avec l’argent fourni par les partenaires. Ils ont également ajouté plusieurs pièces et sys­ tèmes qu’ils ont conçus grâce à l’expertise acquise durant leurs stages. Les organisateurs de l’exposition ont reçu le soutien financier du ministère de l’Économie, de l’Innovation et des Exportations du Québec, de l’Uni­ versité Laval, du COPL et de plusieurs entreprises de la région, la­­ quelle compte plus de 40 entreprises d’optique. L’exposition sera présentée du 19 octobre au 7 novembre au local 2470 du pavillon AlphonseDesjardins. Les heures d’ouverture de la Salle d’exposition sont de 9 h à 16 h 30, du lundi au vendredi, et de 12 h à 16 h, le samedi.

Xavier Dallaire et Simon Duval, dans un laboratoire du COPL, avec la vitrine consacrée à la couleur et à la vision. On observe, à gauche, le principe d’addition des couleurs et, à droite, le principe de décomposition de la lumière, provenant d’une ampoule, en un arc-en-ciel de couleurs. photo Marc Robitaille


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forêt Montmorency

le fil | le 15 octobre 2015

La bête lumineuse Chaque automne, depuis neuf ans, la forêt Montmorency attire les amoureux de la nature avec ses safaris d’observation de l’orignal

Le safari, qui fait partie d’un vaste programme d’activités récréatives, s’inscrit dans une perspective de gestion intégrée des ressources

par Matthieu Dessureault À quelques minutes de notre départ, la tension est palpable parmi le groupe : allons-nous, ou non, voir des orignaux ? Avec un taux de ­succès d’observation de 80 %, les chances sont plutôt bonnes. De plus, nous apprend-on, la fin du mois de septembre est très propice à l’observation, puisque c’est la période du rut, durant laquelle ils s’exposent davantage. C’est donc avec fébrilité que nous entrons dans la forêt boréale en compagnie du guide Pierre Vaillancourt. Il faut dire que nous sommes entre bonnes mains : cet éminent naturaliste connaît très bien l’orignal puisqu’il l’étudie depuis plus de 30 ans. Ses connaissances de la faune, il les a acquises auprès de nombreux chercheurs, dont le biologiste Claude Dussault. Charis­ matique, Pierre Vaillancourt est un conteur-né qui sait transmettre son enthousiasme. « Ce que j’aime, c’est de voir l’émerveillement des gens et de répondre à leurs questions. L’orignal est un animal mythique; c’est le plus gros cervidé de la planète, le roi des forêts, la bête lumineuse. Le safari d’observation est aussi un prétexte pour être dans le bois. Ici, tout est fascinant, que ce soit le lever du soleil, une mésange à tête brune ou le silence de la nature », dit-il. Offert à l’aube et au crépuscule, le safari permet de développer des connaissances sur la biologie, l’habitat et le comportement de l’orignal. C’est aussi l’occasion d’apprendre sur la plus grande forêt

d’enseignement et de recherche au monde, qui appartient à l’Université Laval depuis 50 ans. Le safari, qui fait partie d’un vaste programme d’activités récréatives, s’inscrit dans une perspective de gestion intégrée des ressources. Le premier arrêt que nous faisons, un belvédère situé près du pavillon central, permet d’avoir une vue d’ensemble des lieux. Au loin se trouve une zone de coupes forestières. Ce secteur dégagé est apprécié des orignaux, qui viennent souvent se nourrir de feuilles ou de bourgeons. Il n’est pas rare, non plus, d’y voir d’autres animaux. « La forêt Montmorency est un territoire très giboyeux, principalement à cause de son aménagement écosystémique. En plus de l’orignal, c’est un habitat propice pour le castor, le loup et le renard. En faisant des coupes forestières de façon écologique, on peut non seulement maintenir, mais aussi créer de nouveaux habitats fauniques », explique le guide. Une fois arrivés dans le secteur du lac Joncas, il nous invite à emprunter un chemin de terre battue. Nous le suivons en silence, à pas feutrés. La route est parsemée de traces fraîches, signe qu’il y a des orignaux tout près. L’expert imite des vocalises et frotte un bout de bois contre des arbustes. Des gémissements se font entendre. Puis, des craquements de branches. C’est à ce moment qu’il est apparu : un mastodonte, là, à dix mètres de nous. Notre guide le reconnaît,

avec son énorme panache : c’est Bob, un mâle âgé d’environ 8 ans. Un brin timide, le cervidé nous observe quelques instants, les oreilles dressées, puis disparaît comme il est arrivé. Nous tentons alors de le retracer, sans succès. La prochaine fois, peut-être. Bilan du safari : trois orignaux (un mâle, une femelle et un veau), ainsi qu’un paysage à couper le souffle, dont un ciel rose magnifique. La touriste Carla Mottaz retournera chez elle, en Suisse, la tête remplie de beaux souvenirs… et une carte mémoire surchargée de photos ! « C’était très impressionnant et instructif. Avant, j’ignorais ce qu’était une forêt d’enseignement et de recherche. Le safari se fait dans le plus grand respect de la nature afin de préserver l’environnement de l’orignal », constate-t-elle, ravie.

Guide naturaliste d’expérience, Pierre Vaillancourt a travaillé pendant plusieurs années au Parc national de la Jacques-Cartier avant de venir œuvrer à la forêt Montmorency.

Les safaris ont lieu les vendredis, sa­­medis et dimanches jusqu’au 1er no­­vembre. Deux départs ont lieu chaque jour. Le premier safari, de 6 h à 10 h, s’adresse aux initiés. Le second, de 15 h à 19 h, est destiné au grand public. Pour plus d’information : 418 656-2034 ou foretmontmorency.ca

On retrouve, à la forêt Montmorency, un territoire particulièrement giboyeux, qui abrite de cinq à huit orignaux aux 10 km2. photos Marc Robitaille


le fil | le 15 octobre 2015

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photo PEPS

Quand on grimpe, on doit se concentrer sur ses prises, […] aucune déviation de l’esprit n’est permise

Au sommet… avec le bout des doigts ! Le PEPS possède des installations impressionnantes qui sauront plaire à tous les adeptes de l’escalade par Andréane Girard Le stade couvert du PEPS est un endroit immense. Pour les visiteurs qui s’y aven­ turent pour la première fois, la vue est impressionnante. On y trouve quatre terrains de tennis, ceinturés par une piste de jogging de 200 mètres, des espaces réservés aux différentes épreuves d’athlétisme, un trampoline ainsi que des gradins pouvant accueillir 700 spectateurs… Immense, disait-on ! Les plus cyniques diront que seuls les murs demeurent à être exploités. Tou­ tefois, ils auront tort, car même les murs y ont leur

utilité, pour le plus grand bonheur des grimpeurs de la région. Logées sur deux murs et montant parfois jusqu’au toit sous plusieurs angles, huit surfaces différentes offrent aux amateurs d’escalade des défis variés et à la mesure de leur niveau. Murs verticaux ou inclinés, bloc, caverne, traverse, fissure, tout y est ! La plupart des grimpeurs vous le diront, l’escalade ne sera jamais uniquement un entraînement physique. Certains osent même parler d’un style de vie. « Person­ nellement, l’escalade me détend. C’est presque de la

méditation. Je n’ai pas le temps de penser à autre chose, aux petits tracas de la vie, explique Frédérick Desgranges, gérant des activités d’escalade au PEPS depuis 2000. Quand on grimpe, on doit se concentrer sur ses prises, sur la voie à prendre. On doit rester accroché au mur, alors aucune déviation de l’esprit n’est permise. » LE PEPS SE DÉMARQUE

d’entraînement. D’ailleurs, six cours répondent aux différentes demandes de formation des grimpeurs de la région. Et si vous êtes plus réservé, l’escalade en pratique libre est pour vous. En effet, au PEPS, nul besoin d’être ac­­ compagné. « Si vous êtes seul, on ne vous laissera pas tomber, lance spontanément Frédérick Desgranges. Un de nos moniteurs aura le plaisir de vous guider et de vous soutenir pendant votre parcours. ». Pour profiter de la pratique libre, il suffit de détenir une certification du PEPS et de vous rendre aux installations d’escalade se­­ lon un horaire préétabli en début de session.

Deux caractéristiques permettent au PEPS de se dé­­ marquer des autres centres Pour plus de renseignements d’escalade : la qualité des for- sur l’escalade au PEPS, mations offertes et le club ­visitez le site peps.ulaval.ca.

Campus dynamique

sports en bref

Coupe Vanier : tarifs de groupe possibles Le PEPS offre désormais un tarif de groupe pour les achats de 50 billets et plus pour la Coupe Vanier. Ainsi, les groupes qui désirent se procurer de 50 à 99 billets pour un siège réservé bénéficieront d’un rabais de 10 %. Les groupes qui achèteront de 100 à 149 de ces mêmes billets obtiendront une réduction de 15 %, alors que ceux qui achèteront 150 billets et plus auront une réduction de 20 %. Pour tout groupe de 50 personnes et plus souhaitant des billets sans siège réservé, le rabais sera de 10%, peu importe la taille du groupe. Des billets à l’unité sont également toujours disponibles. photo Rouge et Or Pour plus d’information : 418 656-FOOT (3668), ou rougeetor.ulaval.ca

Soccer : l’Université Bishop’s en visite L’équipe féminine de soccer Rouge et Or se rendra à Montréal, vendredi soir, afin de se mesurer aux Carabins, la seule autre équipe invaincue du RSEQ cette année. Puis, dimanche, à 14 h, elle recevra au PEPS la visite des Gaiters de l’Université Bishop’s, qui sont en quête d’un premier gain en 2015. Les championnes canadiennes en titre trônent toujours sur le classement provincial grâce à une fiche de six victoires, aucune défaite et deux matchs nuls, ce qui leur confère 20 points.

Dimanche 18 octobre Soccer F | Bishop’s PEPS (Terrain 6) | 14 h Soccer F | UQTR PEPS (Terrain 6) | 18 h Basketball F | Dalhousie PEPS | 18 h Soccer M | UQTR PEPS (Terrain 6) | 20 h

Samedi 24 octobre Badminton mixte | Compétition par équipe F & M PEPS | 13 h Basketball F | Toronto PEPS | 19 h

Dimanche 25 octobre

Vivez votre passion ici, sur le campus ! Le PEPS est le seul centre sportif à Québec à offrir des bains libres continus en semaine de 7 h à 21 h, un service accessible gratuitement aux étudiants à temps complet et aux membres du PEPS. photo Marc Robitaille

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Football | Sherbrooke Stade TELUS-Université Laval | 13 h Basketball F | UPEI PEPS | 14 h Badminton mixte | Compétition par équipe F & M PEPS | 8 h


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au fil de la semaine

le fil | le 15 octobre 2015

Un Amérindien à Paris Au 16e siècle, il n’est pas rare de croiser un Tupinamba du Brésil ou un Montagnais du Canada dans une rue de Dieppe ou de Saint-Malo, dans un salon parisien ou même à la cour. En effet, plus de 187 Amérindiens font le voyage jusqu’en France entre 1505 et 1615. Parmi eux figurent Domagaya, Taignoagny et leur père Donnacona, chef de Stadaconé (Québec) lors du passage de Jacques Cartier au Canada. Tous ces Amérindiens sont emmenés en France par les explorateurs pour devenir interprètes, pour consolider des alliances ou pour être esclaves. Parfois retournés en Amérique, ils deviennent des auxiliaires précieux des Français ou encore contrecarrent les projets des conquérants en informant leurs compatriotes des véritables desseins des nouveaux arrivants. Vous désirez en savoir plus sur le sujet ? Assistez à la conférence « Les voyages d’Amérindiens en France au 16e siècle » qui sera prononcée par Éric Thierry, professeur d’histoire et de géographie au lycée Paul-Claudel de Laon. Mercredi 28 octobre, à 12 h, au local 3244 du pavillon Charles-De Koninck. Entrée libre. Pour plus d’info : cieq.ca

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Qu’advient-il de l’autorité éducative ?

Regard philosophique sur le cinéma

Vers une Les migrants meilleure gestion sénégalais du recyclage en Europe

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Dans le cadre du 50 anniversaire de la Faculté des sciences de l’éducation, quatre à cinq conférences grand public seront présentées. La première, intitulée « Ce qui arrive à l’autorité », aura lieu dès cette semaine. Eirick Prairat, professeur à l’Université de Lorraine, expliquera que l’autorité éducative est dans une crise sans précédent. Pour mieux comprendre cette réalité, il proposera trois lectures de la situation. La lecture sociologique mettra en lumière le paradoxal affaiblissement de la légitimité de l’école dans les sociétés de la connaissance. La lecture philosophique montrera comment les valeurs démocratiques ont engendré un affaiblissement de la relation d’autorité, alors que la lecture anthropolo­ gique soulignera le souci de l’immédiat qui fragilise la relation éducative. Vendredi 16 octobre, à 12 h 30, à la salle JeanPaul-Tardif du pavillon La Laurentienne. Entrée libre.

Une certaine habitude nous porte à attribuer à la critique sociale un aspect empli de tristesse, voire destructeur et haineux. Pourtant, il semble que certaines formes de comédie sachent tout autant critiquer la société que des genres plus sérieux. La Société philosophique de Québec vous invite à participer à son atelier de philosophie et de cinéma dédié cet automne au thème du cinéma comique et critique. Le 19 octobre, vous pourrez assister à la pro­ jection du film Monsieur Verdoux de Charlie Chaplin, alors que le 2 novembre, ce sera le long-métrage Trafic de Jacques Tati qui sera présenté. Les films seront suivis d’une discussion. Les lundis 19 octobre et 2 novembre, à 19 h 30, à la grande salle de projection au 4e étage de la Biblio­ thèque. L’entrée est libre, mais l’inscription est ­requise à olivierpbouffard@ gmail.com.

L’Institut EDS en environnement, développement et société organise une table ronde sur la gestion des matières résiduelles à différentes échelles. Quatre intervenants seront appelés à faire part de leurs expériences dans le domaine. Ils révéleront leurs bons et leurs mauvais coups ainsi que les obstacles qui limitent la portée de leurs actions. Les conférenciers invités sont Hugues Philippin, propriétaire du restaurant Chic Alors !, Guylaine Bernard, coordonnatrice d’opération au Service de immeubles de l’Université Laval, JeanFrançois Mathieu, con­seil­ ler en environnement à la Ville de Québec, et Jérôme Cliche, agent de développement industriel à RecycQuébec. Mardi 20 octobre, à 12 h, à l’amphithéâtre HydroQuébec du pavillon Alphonse-Desjardins. Entrée libre. Pour info : mylene.bergeron@ihqeds. ulaval.ca

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Darwin et la sélection artificielle

Cercle de lecture

Le Cercle de lecture du Centre de recherche inter­ Pourquoi les immigrants Quoiqu’elle relève d’abord universitaire sur la littérasénégalais vivant en Europe de la science, la théorie de ture et la culture québé­ ont-ils tant de mal à mainl’évolution proposée par coises invite tous les étutenir des liens économiques Charles Darwin en 1859 a diants, peu importe leur et affectifs avec leur pays d’importantes implications cycle ou leur programme d’origine ? Dans la conféphilosophiques. Pour d’études, à participer à ses rence « Statut juridique, cir- approfondir ce sujet, la activités. Seule exigence, il culation et pratiques trans- Faculté de philosophie, en suffit d’aimer lire et de vounationales des migrants collaboration avec la Chaire loir découvrir la littérature sénégalais en Europe », le La philosophie dans le québécoise contemporaine. doctorant en sociologie et monde actuel, reçoit JeanLa prochaine rencontre politique sociale de l’UniClaude Simard qui enseigne portera sur le dernier livre versité de Princeton Erik l’histoire des sciences et des de Patrick Nicol, La na­­ Vickstrom montrera que la techniques à l’UQAR. Lors geuse au milieu du lac, recherche sur les activités d’un Atelier de philosophie publié au début de 2015. transnationales n’a pas suf- moderne et contemporaine, Ni roman ni recueil de fisamment pris en compte le conférencier révélera les nouvelles, cet ouvrage le rôle de la mobilité phy­ questions philosophiques raconte, dans une forme sique dans le maintien des cruciales que met en jeu la éclatée qui convoque pluliens affectifs et matériels sélection artificielle. Après sieurs personnages, la qui sous-tendent l’entretien avoir rappelé les principaux ­relation entre le narrateur des activités transnationaconcepts de la théorie et sa mère qui souffre de les. Ainsi, il posera l’hypodarwinienne, il discutera de la maladie d’Alzheimer. thèse que la contrainte juri- l’insuffisance des explicadique du statut d’immigrant tions apportées par Camille Jeudi 5 novembre, à 16 h, irrégulier empêche les Limoges en 1970 et par au local 7160 du pavillon Sénégalais de participer à Jerry Fodor en 2010 et il Charles-De Koninck. l’investissement dans des proposera une nouvelle ­ L’entrée est libre, mais l’insbiens durables au Sénégal. interprétation du sens de cription est obligatoire à la sélection artificielle. daniel.letendre.1@ulaval.ca. Mardi 20 octobre, à 12 h, La librairie Zone offre un au local 3470 du pavillon Mercredi 21 octobre, à rabais de 25 % sur le prix Charles-De Koninck. 15 h 30, au local 413 du du livre à tous les particiEntrée libre. pavillon Félix-Antoinepants inscrits à la séance. Savard. Entrée libre.

Consultez le calendrier complet des activités sur le campus à ulaval.ca


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