Le Fil 12 novembre 2015

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Savoir ou pas ? p4

Entrepreneurs, nos étudiants ! p2

Enseignants d’exception Des membres de la communauté universitaire sont honorés lors de la cérémonie des Prix d’excellence en enseignement. p3

photo Marc Robitaille

Volume 51, numéro 10 12 novembre 2015


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en bref

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Un chef de file Entrepreneuriat Laval reçoit le titre de premier accélérateur universitaire d’entreprises en Amérique du Nord pour l’année 2015

De gauche à droite : Denis Rochon, directeur par intérim, Gilles Pelletier, directeur adjoint réseaux et voirie, Patrick Jobin, coordonnateur en technique du bâtiment, tous trois du Service des immeubles, et Josée Germain, vice-rectrice à l’administration et aux finances. photo Marc Robitaille

La nouvelle centrale de relève du réseau de vapeur Le réseau de vapeur de l’Université Laval comprend deux centres de production, soit la centrale thermique de l’est (CTE), située dans le pavillon Gérard-Bisaillon, et la nouvelle centrale de relève (CTR), située dans la centrale d’eau refroidie du secteur ouest (CERSO), dont les travaux d’agrandissement ont été réalisés entre mai 2014 et janvier 2015 et supervisés par le Service des immeubles. Le réseau de la CTR, qui emprunte des corridors souterrains sur près de 7 km, dessert 30 bâtiments et couvre près de 80 % des besoins en vapeur du campus. Cette nouvelle centrale est munie d’une chaudière à vapeur au gaz naturel d’une capacité de 100 000 livres de vapeur à l’heure (30 mW). En tout, les deux centrales produisent annuellement 550 000 gigajoules.

Fondation La Capitale groupe financier : un don d’un demi-million Le 3 novembre, la Fondation La Capitale groupe financier s’engageait à verser 500 000 $ d’ici 2020 pour favoriser la recherche en services financiers, en santé et en sécurité du travail ainsi que pour venir en aide aux étudiants de tous les cycles. « Ce soutien financier considérable de la part de La Capitale groupe financier permettra à l’Université Laval de former des chefs de file en services financiers et en prévention durable en contexte organisationnel, des experts dont la contribution sociale et économique sera un atout précieux pour la communauté », a souligné le recteur de l’Université Laval, Denis Brière, en remerciement de ce don. La contribution de la Fondation La Capitale groupe financier sera partagée en cinq versements de 100 000 $ entre 2016 et 2020. Ce geste philanthropique financera directement la formation des étudiants, notamment par des Bourses de leadership et développement durable en sciences sociales et des bourses à la maîtrise en lettres et sciences humaines. Les sommes versées soutiendront également les activités de la Chaire en gestion de la santé et de la sécurité du travail et la recherche en droit des services financiers. Pour plus d’info : bit.ly/1GMiGfw

par Yvon Larose Une surprise de taille attendait le président-directeur général d’Entrepreneuriat Laval, Yves Plourde, le 3 novembre, à Toronto. Au TIFF Bell Lightbox, l’organisme de recherche international suédois UBI Global a reconnu Entrepreneuriat Laval comme premier accélérateur universitaire d’entreprises en Amérique du Nord pour l’année 2015. Rappelons qu’un accélérateur a les mêmes caractéristiques qu’un incubateur d’entreprises classique, mais sans offrir d’espaces d’hébergement physique. « C’est une très bonne nouvelle, affirme Yves Plourde. Je suis très fier des résultats et je tiens à partager cette reconnaissance avec l’Université Laval et l’ensemble de nos partenaires. Je remercie chaleureusement tous ceux et celles qui ont bâti Entrepreneuriat Laval et qui font partie de son présent et de son avenir. » UBI Global considère la performance d’Entrepreneuriat Laval comme

exceptionnelle. L’organisme lui accorde une note de 72 sur 100, un résultat de loin supérieur à la note moyenne de 51 sur 100 attribuée à ses concurrents nord-américains. Parmi les points forts, mentionnons des revenus de vente plus élevés pour les entreprises en début de croissance lancées grâce à Entrepreneuriat Laval. Il y a aussi le nombre élevé d’étudiantsentrepreneurs qui, chaque année, viennent cogner à la porte de cet organisme.

Entrepreneuriat Laval a contribué à la création de plus de 710 entreprises

Cette reconnaissance est d’autant plus méritoire qu’En trepreneuriat Laval a terminé devant plusieurs incubateurs ou accélérateurs affiliés à des universités prestigieuses. Au classement final, les universités de Boston, York et de Caroline du Nord ont terminé respectivement deuxième, troisième et quatrième. Pour Entrepreneuriat Laval, il s’agissait d’une seconde participation en deux ans à ce test. Cinquante indicateurs mesurent en profondeur la performance et les meilleures pratiques des incubateurs ou ac célérateurs universitaires d’entreprises. « En 2014, explique Yves Plourde, nous avions terminé en force parmi les 10 meilleurs au monde dans la catégorie Valeur pour les clients, volet Développement des compétences entrepreneuriales. Nous avons ensuite amélioré certaines choses, notamment la chaîne d’étapes que doit suivre l’étudiantentrepreneur dans le développement de son projet. Cette chaîne est désormais fluide, et ce, dès l’entrée dans le système. »

Remise du certificat d’UBI Global à Entrepreneuriat Laval. De gauche à droite : Tom Corr, PDG des Ontario Centres of Excellence, Yves Plourde, PDG d’Entrepreneuriat Laval, Richard Buteau, président du conseil d’administration d’Entrepreneuriat Laval et directeur du Service de placement de l’Université Laval, et Ali Amin, PDG et cofondateur d’UBI Global. photo Russell Druiven

On peut le lire en ligne à lefil.ulaval.ca et s’abonner gratuitement à un avis de parution électronique.

Le journal de la communauté universitaire Fondé en 1965, Le Fil est un hebdomadaire publié 29 fois par an par la Direction des communications de l’Université Laval et distribué gratuitement sur le campus.

Vous désirez proposer un sujet d’article ? Écrivez-nous à l’adresse le-fil@dc.ulaval.ca au plus tard le jeudi midi précédant la prochaine parution. Les textes soumis doivent comporter le nom et le numéro de téléphone de leur auteur. Écrivez-nous ! Le Fil accueille vos idées avec plaisir. Le contenu de ce journal peut être reproduit à condition de mentionner la source et l’auteur.

Rédaction Éditeur : Jacques Villemure, directeur des communications Rédactrice en chef : Claudine Magny Journalistes : Matthieu Dessureault, Jean Hamann, Renée Larochelle, Yvon Larose Collaborateurs : Pascale Guéricolas, Andréane Girard, Stéphane Jobin, Mathieu Tanguay Collaborateurs au Web : Carl Bélanger, Thierry Mellon Rédactrice-réviseure : Manon Plante Agente de secrétariat : Josée Nadeau

Production Infographie : Geneviève Bolduc, Service de reprographie de l’Université Laval Impression : TC Imprimeries Transcontinental, Québec (Québec)

Cette fois, Entrepreneuriat Laval s’est particulièrement illustré dans les catégories Valeur pour l’écosystème et Attractivité. Ces catégories comprennent notamment les volets Rétention des talents dans la région et Qualité des services offerts. Selon le recteur Denis Brière, cette nouvelle reconnaissance internationale réaffirme le rôle de chef de file d’Entrepreneuriat Laval. « Ce fleuron de l’Université Laval, a-t-il déclaré, se démarque depuis 22 ans par l’accompagnement offert aux étudiantes et étudiants dans leur projet d’entreprise. Ces jeunes bâtisseurs ont collaboré de façon remarquable au développement socioéconomique du Québec en créant, à ce jour, plus de 710 entreprises. » Parmi les entreprises innovantes ayant vu le jour grâce à Entrepreneuriat Laval, mentionnons Hortau (gestion de l’irrigation), AddÉnergie (bornes de recharge pour véhicules électriques) et Feldan (protéines recombinantes). Depuis 1993, Entrepreneuriat Laval a accueilli quelques milliers d’étudiants dans ses locaux. Chaque année, plus de 600 personnes s’inscrivent à des ateliers d’apprentissage et de perfectionnement des compétences. Au nombre d’une cinquantaine, ces ateliers sont offerts par un réseau d’experts bénévoles du milieu des affaires. En 2015, UBI Global a évalué 330 incubateurs et accélérateurs universitaires d’entreprises dans le monde. Le 25 novembre prochain, l’organisme suédois fera connaître les 10 meilleurs à l’échelle planétaire.

Ventes publicitaires Élisabeth Farinacci 418 656-2131 poste 4618 Dépôt légal Bibliothèque nationale du Québec, ISSN 022-1-1965

Pour nous joindre 2325, rue de l’Université, local 3108 Québec (Québec) G1V 0A6 Téléphone : 418 656-2131 poste 4687


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Pour moi, l’enseignement, c’est d’abord et avant tout un contact entre êtres humains

Bernard R. Hodgson a déjà reçu deux prix décernés par la Société mathématique du Canada pour sa contribution importante et soutenue à l’enseignement des mathématiques au Canada (prix Adrien-Pouliot) et à la communauté mathématique canadienne (prix Graham-Wright). photo Marc Robitaille

Éloge de l’enseignement Professeur au Département de mathématiques et de statistique depuis plus de 40 ans, Bernard R. Hodgson reçoit le prix Carrière en enseignement 2014-2015 par Renée Larochelle Le 9 novembre, le recteur, Denis Brière, et le vice-recteur aux études et aux activités internationales, Bernard Garnier, ont remis huit prix d’excellence à des professeurs afin de souligner la qualité exceptionnelle de leur enseignement et leur contribution à l’amélioration continue de la formation. Bernard R. Hodgson, professeur au Département de mathématiques et de statistique de la Faculté des sciences et de génie, a récolté les grands honneurs en remportant le prix Carrière en enseignement. Passionné de mathématiques, l’homme enseigne à l’Université Laval depuis plus de 40 ans. Il a déjà reçu deux prix décernés par la Société mathématique du Canada pour sa contribution importante et soutenue à l’enseignement des mathématiques au Canada (prix Adrien-Pouliot) et à la communauté mathématique canadienne (prix Graham-Wright). « Pour moi, l’enseignement, c’est d’abord et avant tout un contact entre êtres humains », dit Bernard R. Hodgson, qui enseigne à des étudiants inscrits au baccalauréat en mathématiques, mais aussi à des futurs enseignants au primaire et au secondaire. Pour amener une classe un peu amorphe à « réagir », il lui arrive de faire mine de ne plus savoir où il en est dans ses explications. Cette astuce fonctionne bien, selon ce professeur dont le père était lui-même

enseignant en mathématiques à temps partiel à la maison, où il donnait des cours privés à quelques élèves. « J’étais tout petit et j’entendais mon père expliquer des concepts mathématiques, raconte Bernard R. Hodgson. Bien sûr, je ne comprenais rien, mais c’est demeuré pour moi quelque chose de mystique, voire de mythique ! » Sa plus belle récompense ? Arriver à mettre le doigt sur ce qui ne va pas quand un étudiant lui dit qu’il ne comprend rien et, par le fait même, provoquer un déclic. « Cela me fait vibrer », avoue-t-il. Une autre lauréate d’un Prix d’excellence est Catherine Vallée, professeure au Département de réadaptation de la Faculté de médecine, qui est récipiendaire du prix Distinction en enseignement pour les professeurs. On lui doit la mise en place d’une grande variété de méthodes pédagogiques telles que le journal de bord, les c­ artes conceptuelles et les séances d’affiches. Le prix Distinction en enseignement pour les chargés de cours, les responsables de formation pratique et les professeurs de clinique est allé à Paméla Farman, chargée d’enseignement à la Fa­­culté des sciences infirmières. Soucieuse du rehaussement continuel de la qualité des formations, cette enseignante propose aux étudiantes et aux étudiants des stratégies pé­d agogiques variées ainsi que des rétroactions fréquentes et

pertinentes sur la progression de leurs apprentissages. Le prix Encadrement aux cy­­cles supérieurs a été décerné à Louis J. Dubé, professeur au Département de physique, de génie physique et d’optique de la Faculté des sciences et de génie. Chercheur réputé, Louis J. Dubé fait bénéficier ses étudiants de son vaste réseau de relations à l’international et les encourage à effectuer régulièrement des communications scientifiques. Directrice du programme de maîtrise en orthophonie au Département de réadaptation de la Faculté de médecine, Audette Sylvestre est, quant à elle, la lauréate du prix Direction de programme. Elle a su habilement mobiliser les membres de son équipe et les amener à collaborer au processus de réalisation du référentiel de compétences ainsi qu’à l’implantation de l’approche-­ programme. L’encadrement des étudiants et leur développement personnel et professionnel lui tient particulièrement à cœur. Professeur associé au Dépar­ tement d’études sur l’enseignement et l’apprentissage à la Faculté des sciences de l’éducation, Jacques Désautels a reçu le prix Interna­ tionalisation de la formation pour souligner la création du programme de maîtrise conjointe et délocalisée en sciences de l’éducation au Gabon et au Cameroun. En plus de soutenir les établissements africains

impliqués grâce à la création de précieux liens collaboratifs, ce projet a permis à ces mêmes établissements de construire progressivement leur propre programme de maîtrise en sciences de l’éducation. Pour son cours Introduction au droit de l’environnement et au développement durable, qui permet aux étudiants de toutes les provenances de s’approprier des connaissances juridiques associées aux domaines de l’environnement et du développement durable, Paule Halley,

professeure à la Faculté de droit, a reçu le prix Cours à distance. Enfin, le prix Ressource pédagogique numérique a été décerné à Lyse Langlois, professeure au Dépar­ tement des relations industrielles de la Faculté des sciences socia­ les, pour la conception du simulateur « Analyse éthique : le cas ­OPTI­MEX ». L’outil vise à développer une meilleure compréhension des enjeux éthiques associés au monde du travail et à l’exercice du ju­gement en contexte professionnel.

Les lauréats des Prix d’excellence en enseignement entourés du vice-recteur aux études et aux activités internationales et du recteur. De gauche à droite : Bernard Garnier, vice-recteur aux études et aux activités internationales, Audette Sylvestre, professeure à la Faculté de médecine, Paméla Farman, chargée d’enseignement à la Faculté des sciences infirmières, Lyse Langlois, professeure à la Faculté des sciences sociales, Bernard R. Hodgson, professeur à la Faculté des sciences et de génie, Paule Halley, professeure à la Faculté de droit, Catherine Vallée, professeure à la Faculté de médecine, Jacques Désautels, professeur associé à la Faculté des sciences de l’éducation, et Denis Brière, recteur. Était absent lors de la soirée Louis J. Dubé. Au total, 28 000 $ ont été remis aux lauréats du concours par La Fondation de l’Université Laval sous forme de fonds de développement pédagogique. photo Marc Robitaille

Pour consulter les profils complets et les entrevues vidéo des lauréates et des lauréats : ulaval.ca/excellence


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médecine

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Passer le test ou pas ? Les outils d’aide à la décision pour les tests prénataux de la trisomie 21 sont imparfaits et une équipe de la Faculté de médecine veut corriger la situation

Un tout nouveau service à la Bibliothèque Depuis le 2 novembre, un nouveau service de consultation en bureautique est offert aux étudiants de l’Université de tous les cycles. Une personne-ressource est présente à la Bibliothèque pour répondre à vos questions concernant l’utilisation des principaux logiciels bureautiques, tels Microsoft Word, Excel, PowerPoint, OpenOffice Writer et LaTeX. Celle-ci pourra également aider les étudiants de 2e et 3e cycles à appliquer les règles de ­présentation matérielle pour la rédaction d’un mémoire ou d’une thèse en vigueur à la Faculté des études supérieures et post­ doctorales (FESP). photo Pub Photo Vous pouvez vous présenter sans rendezvous aux périodes indiquées dans le ­calendrier se trouvant à la page suivante : bibl.ulaval.ca/services/consultation-enbureautique. Toutefois, il est préférable de prendre rendez-vous en écrivant à soutien-redaction@bibl.ulaval.ca.

Le Centre de recherche du CHU de Québec-Université Laval se distingue Selon le dernier classement de Research Infosource, le Centre de recherche du CHU de Québec-Université Laval a maintenu sa première position pour les fonds de recherche parmi les établissements francophones. Les chercheurs rattachés au Centre ont obtenu 85 M $ en fonds de recherche en 2014, une hausse de 1,6 % par rapport à l’année précédente, indique la firme d’analyse torontoise. Au Québec, seul le Centre de santé McGill (190 M $) le devance. Au classement canadien, le CHU de Québec-Université Laval vient au 11e rang. Les revenus de recherche comprennent les fonds sous forme de subvention, de contribution ou de contrat.

AIESEC Laval : séance d’information L’Association internationale des étudiants en sciences économiques et commerciales de l’Université Laval (AIESEC Laval) invite les étudiants intéressés par un stage à l’étranger à en apprendre davantage sur les possibilités qui s’offrent à eux lors de ses séances d’information. L’AIESEC Laval offre maintenant de nouvelles destinations, grâce à ses plus ré­­cents pays partenaires : la Chine, la Colombie, le Chili et l’Estonie. Tous les étudiants peuvent s’y inscrire, peu importe leur domaine d’études. Jeudi 5, mardi 10 et jeudi 19 novembre, à 11 h 30, au local 0325 du pavillon Palasis-Prince. Pour plus d’information : bit.ly/1Y4FN9r

par Jean Hamann Il existe plusieurs outils pour aider les femmes enceintes qui se demandent si elles doivent passer ou non un test prénatal pour la trisomie 21. Toutefois, aucun de ceux-ci ne répond aux ­normes minimales établies par l’International Patient Decision Aids Standards Collabora­tion (IPDAS), un regroupement de spécia­ listes versés dans les outils d’aide à la décision. Voilà la conclusion à laquelle arrive une équipe de la Faculté de médecine après avoir recensé et évalué les différents outils conçus pour faciliter cette difficile décision que doivent prendre les femmes enceintes et leur conjoint en début de grossesse. La trisomie 21, ainsi nommée en raison de la présence d’un troisième chromosome sur la 21e paire, est l’une des maladies génétiques les plus courantes. Elle entraîne une déficience cognitive, allant de légère à modérée, en plus d’augmenter le risque de problèmes de santé, notamment des problèmes de la vue et de l’ouïe, de même que des malformations gastrointestinales ou cardiaques pouvant nécessiter des interventions chirurgicales. Par ailleurs, les personnes vivant avec la trisomie 21 peuvent mener une vie gratifiante pour elles-mêmes et pour leurs proches et développer des relations affectives significatives avec leur entourage. Le risque de donner naissance à un enfant trisomique augmente de façon exponentielle en fonction de l’âge de la mère; chez les femmes de 20 ans, l’incidence est de 1 cas pour 1 528 grossesses, mais elle grimpe à 1 cas pour 28 grossesses chez les ­femmes de 45 ans. Le Québec, à l’instar de nombreux autres pays, a implanté un programme de dépistage prénatal de la trisomie 21. Toutes les femmes enceintes, peu importe leur âge, peuvent passer gratuitement un test de dépistage pendant le premier trimestre de la grossesse. « Le test quantifie le risque de trisomie. Comme il ne s’agit pas d’un test diagnostique, les parents ne sauront pas si leur enfant a cette maladie ou pas », ­p récise Maria

Esther Leiva Portocarrero, étudiante-chercheuse à la Faculté de médecine et membre de l’équipe de la Chaire de recherche du Canada en implantation de la prise de décision partagée dans les soins primaires. De plus, le test n’est pas parfait; il rate jusqu’à 15 % des cas de trisomie et, à l’inverse, il indique dans 5 % des cas que le risque est élevé alors que le fœtus n’a pas de trisomie. Lorsque le risque de trisomie dépasse 1 possibilité sur 300, un second test, diagnostique celui-là, est offert aux parents. Ce test nécessite le prélèvement de liquide amniotique, ce qui provoque 1 fausse couche par 300 am­­ nio­­centèses. « Ce test est très fiable, mais il ne donne pas d’information sur le degré de déficience intellectuelle ou la gravité des problèmes de santé de l’enfant », ajoute l’étudiante-chercheuse. Passer le test de dépistage pour la trisomie 21 est donc une décision conduisant à des choix difficiles qui doivent être faits dans un con­­ texte d’incertitude. « Les professionnels de la santé qui entourent la femme enceinte peuvent fournir des informations sur les pour et les contre de ces tests, mais la décision lui appartient parce qu’elle dépend de ses valeurs, de ses croyances et de ses préférences, souligne Maria Esther Leiva Portocarrero. Un bon outil d’aide à la décision doit tenir compte de tous ces éléments. »

L’étudiante-chercheuse s’est donc mise à la recherche de tous les outils d’aide conçus pour les femmes enceintes en vue de faciliter leur choix concernant les tests prénataux pour la trisomie 21. Elle en a réuni une vingtaine qu’elle a ensuite évalués en fonction des 16 critères de l’IPDAS que devrait minimalement respecter tout outil d’aide à la décision. Résultat ? Aucun des outils existants ne respecte toutes ces normes, conclut-elle dans un article publié dans BMC Medical Informatics & Decision Making. De plus, peu d’outils proposent des éléments

L’équipe de recherche a développé un outil d’aide à la décision plus complet qu’elle espère implanter au Québec

­ ratiques de soutien à la p décision ou des éléments d’aide à la compréhension des enjeux. Comme il existe un besoin manifeste pour un outil d’aide à la décision pour les tests prénataux de la trisomie 21, l’équipe de la Chaire de recherche en implantation de la prise de décision partagée dans les soins primaires a entrepris d’en développer un. « Nous avons adapté un outil existant, mis au point par la professeure Anik Giguère, pour qu’il respecte les critères de l’IPDAS, explique la titulaire de la chaire, France Légaré. Nous avons ensuite créé une vidéo montrant son utilisation dans le cadre d’une ren­ contre clinique entre une médecin, une femme en­­ ceinte et son conjoint, avec deux fins possibles : faire le dépistage ou ne pas le faire. La personne qui visionne la vidéo choisit la fin qui lui sied le mieux. » Les chercheurs sondent maintenant des femmes enceintes, des sages-femmes, des médecins de famille et des médecins obstétriciens pour connaître leur intention de recourir à cet outil ainsi que les bar­ rières qui empêcheraient son utilisation. « Notre but ul­­ time est d’élaborer un programme permettant d’implanter cet outil au Québec », conclut la chercheuse. L’article paru dans BMC Medical Informatics & Decision Making est si­­­ gné par Maria Esther Leiva Portocarrero, Mirjam Garvelink, Maria Margarita Becerra Perez, Anik Giguère, Hubert Robitaille, François Rousseau et France Légaré, de l’Université Laval, et par Brenda J. Wilson, de l’Université d’Ottawa.

Passer le test de dépistage pour la trisomie 21 est une décision conduisant à des choix difficiles qui doivent être faits dans un contexte d’incertitude, d’où l’intérêt d’un outil d’aide destiné à la femme enceinte, à son conjoint et à l’équipe soignante.


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Les questions touchant la nutrition et la santé du cerveau vont devenir prioritaires compte tenu du vieillissement de la population

Bien nourrir le cerveau Des chercheurs de l’INAF et de Bordeaux unissent leurs forces pour veiller à la santé nutritionnelle du cerveau à tous les âges de la vie par Jean Hamann « L’expertise complémentaire des équipes qui font partie du laboratoire OptiNutriBrain est unique et elle nous place en position de force pour profiter des occasions de financement qui se présenteront au cours des prochaines années dans le domaine prometteur des effets de la nutrition sur la santé cérébrale. » C’est en ces mots que Frédéric Calon, professeur à la Faculté de pharmacie, chercheur au CHU de Québec-Université Laval et à l’Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels (INAF) et codirecteur d’OptiNutriBrain, résume ce qui a conduit des chercheurs des deux côtés de l’océan Atlantique à s’unir pour créer ce laboratoire international associé (LIA). Les partenaires de cette aventure internationale se rencontrent d’ailleurs cette semaine sur le campus pour lancer les activités de leur regroupement.

OptiNutriBrain a été of­­fi­ c i e l l e m e n t c r é é e n n o ­­ vembre 2014. Les représentants des trois établissements partenaires, Denis Brière, recteur de l’Université Laval, François Houllier, présidentdirecteur général de l’Institut national de la recherche agronomique (INRA), et Alain Dupuy, directeur de l’Institut polytechnique de Bordeaux (Bordeaux INP), avaient alors signé l’entente créant officiellement ce la­­ boratoire. Les LIA sont des structures mises sur pied par le CNRS pour faciliter la coopération scientifique entre des chercheurs français et des équipes de chercheurs étrangers. OptiNutriBrain réunit en son sein deux équipes de re­­ cherche. On y trouve d’abord le laboratoire de la codirectrice du LIA, Sophie Layé, rattaché à l’INRA, à l’Université de Bordeaux et à Bor­ deaux INP, réputé pour ses travaux portant sur le rôle

protecteur de la nutrition pour le fonctionnement cé­­ rébral, en particulier pour la mé­­moire et l’humeur et leurs altérations au cours de la vie. On y trouve aussi l’équipe de Frédéric Calon, qui s’est signalée par ses travaux démontrant les effets bénéfiques des oméga-3 sur des modèles ­a nimaux reproduisant les symptômes de la maladie ­d’Al­zheimer, de la maladie de Parkinson ou d’accidents vasculaires cérébraux. « Nos programmes de recherche se complètent, ce qui nous permet de couvrir les liens entre la nutrition et la santé du cerveau à tous les âges de la vie, depuis le développement cérébral de l’enfant jusqu’aux maladies neurodégénératives liées au vieillissement », souligne le professeur Calon. OptiNutri­B rain dispose pour le moment d’un finan­ cement modeste, provenant des établissements partenaires, pour amorcer ses travaux. « Nous croyons toutefois que le regroupement de nos forces aura un effet de levier qui nous aidera à aller chercher des fonds, que ce soit lors de concours internationaux, dans des programmes de chaires ou encore grâce à des collaborations avec des partenaires industriels. D’ici quelques années, les questions

touchant la nutrition et la santé du cerveau vont devenir prioritaires compte tenu du vieillissement de la population et de la popularité des ap­­ proches nutritionnelles plutôt que pharmacologiques pour prévenir la dégénérescence du cerveau. Nous serons prêts lorsque ça se produira. »

« Nos programmes de recherche se complètent, ce qui nous permet de couvrir les liens entre la nutrition et la santé du cerveau à tous les âges de la vie, depuis le développement cérébral de l’enfant jusqu’aux maladies neurodégénératives liées au vieillissement », affirme Frédéric Calon, professeur à la Faculté de pharmacie, chercheur au CHU de Québec-Université Laval et à l’Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels (INAF) et codirecteur d’OptiNutriBrain.


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ils ont dit... Sur les rapports entre les ruraux et les néoruraux

Guy Mercier, Département de géographie La Presse, 9 novembre

Les citadins qui vont ­s’établir à la campagne déchantent parfois lorsqu’ils découvrent les bruits et les odeurs générés par les activités des producteurs agricoles du coin. Les ­études montrent que le nouveau résident non agriculteur sera plus prompt à se plaindre que le voisin agriculteur, rappelle Guy Mercier. « Les problèmes de cohabitation se posent principalement lors d’une urbanisation diffuse, c’està-dire lorsque des résidents non agriculteurs s’installent en milieu agricole. Cette ­oc­­cupation du territoire est contradictoire, c’est nécessairement explosif. »

Sur les ventes de voitures Volkswagen

Yan Cimon, Département de management La Presse, 9 novembre

Le 18 septembre, les médias révélaient que le fabricant automobile allemand Volkswagen avait équipé ses modèles diesel d’un logiciel capable de déjouer les contrôles antipollution. Or, des rabais et des offres particulières faits aux États-Unis en octobre dernier ont permis une hausse des ventes de 0,2 %. Selon Yan Cimon, la perception des consommateurs à propos des voitures Volkswagen est donc encore généralement bonne. « La marque est entachée, dit-il, mais ils ont été très actifs pour rassurer les consommateurs et ont fait un effort publi­ citaire soutenu. »

Sur les églises transformées en condos

Tania Martin, École d’architecture Le Soleil, 8 novembre

La vague de transformations d’églises en condos de luxe est finie, selon Tania Martin, et pas seulement parce que l’industrie du condo est au ralenti. En effet, réussir à rendre habitable un volume aussi important que celui d’une église c­ omporte beaucoup de contraintes techniques. De plus, les potentiels ­propriétaires ne seraient pas toujours si emballés à l’idée d’y emménager. « Certains aiment ça parce que ça fait loft et tout, mais d’autres ne se font pas à l’idée d’habiter un lieu qui autrefois était sacré », affirme-t-elle.

Offrandes de fleurs au caporal Nathan Cirillo, le 23 octobre 2014, devant le Monument commémoratif de guerre du Canada à Ottawa. Le jour précédent, un homme armé a abattu le caporal qui montait la garde devant le monument, avant de s’introduire dans l’édifice du Parlement. Le tireur allait être abattu à son tour par les policiers. photo The Canadian Press / Sean Kilpatrick

S’unir pour mieux comprendre Un réseau pancanadien de recherche sur le terrorisme comptera bientôt quelques étudiants de l’Université Laval en son sein par Yvon Larose Johanna Massé est inscrite au doctorat en science politique. Ses travaux de recherche portent sur un aspect dont on entend peu parler dans le dossier du terrorisme : la radicalisation des femmes. « On a tendance à penser que le phénomène de la radicalisation touche essentiellement des hommes, explique la ­p rofesseure Aurélie Campana, du Département de science politique. Pourtant, récemment, en Europe comme au Québec, on a vu des femmes, en particulier de jeunes femmes, partir pour la Syrie avec l’intention de se j­ oindre aux djihadistes. » Selon elle, les services de renseignement de divers pays savent que plusieurs jeunes femmes, une fois en Syrie, se sont mariées avec des djihadistes. D’autres sont devenues des pièces maîtresses dans les entreprises de propagande du groupe armé État islamique. « Sur les ­ré­­seaux sociaux, poursuit-elle, ces femmes, en véhiculant le message de cette organisation, essaient de con­ vaincre d’autres jeunes filles de rejoindre la Syrie. » Johanna Massé fait partie des quelques étudiants de l’Université Laval inscrits aux études supérieures qui deviendront bientôt membres du Réseau canadien de recherche sur le terrorisme, la sécurité et la société. Ce réseau, aussi désigné sous l’acronyme anglais TSAS, a vu le jour en 2012. Selon Aurélie Campana, sa création faisait suite à un constat. « Con­ trairement à divers pays européens et aux États-Unis, il n’y avait à l’époque au Canada aucun centre de recherche sur le terrorisme, rappelle-t-elle. Par ailleurs, des chercheurs, un peu isolés, travaillaient sur cette probléma­t ique ça et là sur le territoire. Les fondateurs du réseau ont voulu fédérer ces chercheurs. »

Le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada vient d’octroyer au TSAS une aide financière de 2,1 M $ pour les sept prochaines années. L’un de ses directeurs associés est Aurélie Campana, une experte des questions de radicalisation et de terrorisme. « J’ai intégré le Réseau en 2013, ­précise-t-elle. Je fais partie du comité directeur, lequel comprend 11 mem­ bres. Nous décidons collégialement de la codirection de projets de recherche et de l’attribution de bourses d’études, ainsi que de l’organisation de colloques et d’une école d’été. » Le TSAS mène des recherches sur des enjeux entourant trois axes. Un de ces axes est la radicalisation, qui conduit des individus à s’engager ou à soutenir des organisations extrémistes et des groupes terroristes. Un autre porte sur les di­verses questions relatives à la sécurité nationale. Le troisième axe aborde les répercussions dans la société canadienne des phénomènes de radicalisation et de lutte contre le terrorisme, notamment au sein des communautés culturelles. L’objectif du TSAS consiste à créer un réseau pancanadien regroupant des chercheurs universitaires, aussi bien expérimentés que novices. Les chercheurs novices sont des étudiants à la maîtrise ou au doctorat, ainsi que des chercheurs postdoctoraux. Le TSAS vise à donner à tous ses membres des ressources supplémentaires pour mener leurs travaux. Il favorise, auprès des jeunes chercheurs, le développement de réseaux de relations canadiens et internationaux. Entièrement indépendant, le Réseau compte actuellement quelque 130 membres. Une vingtaine d’universités québécoises et canadiennes constituent son assise.

« Le Réseau a un caractère multidis­ ciplinaire très fort, souligne Aurélie Campana. Il couvre tout le spectre des sciences humaines et sociales, y compris la psychologie. » De plus, estime-telle, le TSAS s’inscrit dans une approche de dialogue avec ses partenaires gouver­ nementaux. « Nous voulons que nos recherches puissent servir la société, affirme-t-elle. Nos partenaires sont très ouverts à ce que l’on peut apporter. » Le site Web du TSAS contient de nombreuses études, notamment une analyse préliminaire des actes extrémistes ou terroristes perpétrés à Ottawa entre 1963 et 2013. « Quatre-vingts incidents sur autant d’années est un nombre très faible, soutient Aurélie Campana. Le Canada est très peu touché comparativement à l’Europe de l’Ouest et aux États-Unis. L’attentat le plus meurtrier de l’histoire canadienne a été l’explosion au-dessus de l’Atlantique de l’avion d’Air India en 1985. La majorité des passagers avait la nationalité canadienne. »

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Le Réseau a un caractère multidisciplinaire très fort, il couvre tout le spectre des sciences humaines et sociales, y compris la psychologie


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environnement

Cap sur la Conférence de Paris

sur les changements climatiques en Antarctique

Florent Dominé

Un article publié au début de novembre dans les Geophysical Research Letters, la revue de l’Union américaine de géophysique, révèle que la zone côtière de l’ouest de l’Antarctique a reçu des précipitations de neige records pour les 30 dernières années. Ces conclusions ont été tirées à partir de l’étude d’échantillons de différentes glaces, dont les plus anciennes remontent à 1712. Membre de l’Unité mixte internationale Takuvik et professeur spécialisé dans les propriétés physiques de la neige au Département de chimie, Florent Dominé s’intéresse de près au climat en zone polaire.

Q Comment expliquer qu’il neige davantage dans l’Antarctique ? R Il faut d’abord comprendre que l’ar­ ticle décrit une situation qui a lieu essentiellement sur la côte de l’Antarctique et que les conditions ne sont pas les mêmes partout sur ce continent. En effet, 90 % de la surface de l’Antarctique se situe en altitude, sur un plateau, et ce territoire comptabilise à peine de 2 à 10 centimètres de précipitations par année. Par contre, en zone côtière, l’humidité abondante entraîne davantage de précipitations. Or, ces précipitations jouent un rôle très important sur le climat, car la neige constitue le matériau le plus réfléchissant. Pour calculer le pouvoir réfléchissant d’une surface, on analyse la fraction de lumière solaire qu’elle réfléchit, ce qui donne son albédo. Habituellement, cette mesure tourne autour de 85 % pour la neige, comparativement à 15 % pour la forêt. Or, l’albédo d’un corps contribue à refroidir les zones qu’il recouvre, ce qui est encore plus vrai dans des régions polaires comme l’Antarctique, entièrement blanches. De plus, l’albédo de la neige est plus élevé dans une neige fraîchement tombée. Ainsi, une augmentation des précipitations aura tendance à refroidir encore plus la surface. Il faut également prendre en compte un autre processus pour avoir une idées juste du climat sur la côte de l’Antarctique : la fonte de la neige quand la température monte au-dessus de 0 degré Celsius. Comme la neige qui fond a un albédo plus faible, la surface devient plus chaude, car l’énergie solaire est davantage absorbée par ce type de neige. Or, une augmentation des précipitations accompagnée d’un réchauffement accélérerait la fonte des neiges.

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Q Comment peut-on évaluer les répercussions sur le climat de l’augmentation des précipitations en Antarctique ? R C’est une question très complexe, car, pour l’instant, on ignore encore si l’augmentation des précipitations ira de pair avec des températures positives ou négatives, ce qui pourrait avoir des incidences sur un réchauffement accéléré. Sur le plateau, les températures restent très basses, les précipitations faibles et la mesure de la neige délicate, car les vents la soufflent dans certaines zones. Tou­ tefois, on peut présumer que, dans un premier temps, le climat se réchauffera sur la côte, car, tous les étés, la neige fond dans cette région. La glace des marges de l’Antarctique, qui a tendance à ramollir avec ce phénomène, s’écoulera de plus en plus vite – une situation accentuée par la désintégration des plateformes glacières qui ralentissaient l’écoulement de la calotte. Ce processus contribuera certainement à faire monter le niveau des mers. L’étude du Groenland, plus chaud que l’Antarctique, nous fournit d’ailleurs certains indices. Là-bas, il y a jusqu’à 3 250 mètres de neige, mais la température au sommet de la calotte glaciaire s’approche dangereusement de 0 degré Celsius. Des collègues, notamment de l’Université d’Utah, ont démontré que la quasi-totalité du Groenland fondait l’été, provoquant une diminution de l’albédo de la neige, ce qui accélère sa fonte. Q Tous ces phénomènes sont-ils suffisamment pris en compte par les experts afin de produire des prévisions climatiques fiables ? R Malheureusement, les effets de la neige sur le réchauffement climatique restent sous-étudiés. Par exemple, les rapports du GIEC, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, n’en parlent pas beaucoup. Les climatologues ont tendance à s’intéresser aux zones pour lesquelles on dispose de données abondantes. Or, il est plus facile et agréable d’aller prendre des mesures en régions tropicales que dans l’Arctique, un endroit extrêmement hostile et très peu habité, sur lequel on ne dispose que de quelques dizaines de stations météo sur un territoire de plusieurs millions de kilomètres carrés. Pourtant, ce sont les zones polaires, sujettes aux plus fortes variations climatiques, qui influenceront le plus le climat global. Les zones po­laires sont une zone de refroidissement de la planète qui capte une partie de l’énergie des zones à plus basses altitudes. Lors d’un réchauffement, elles ne pourront plus accomplir cette fonction, ce qui ne peut qu’accélérer le réchauffement des latitudes où se concentre la population mondiale. Par exemple, la descente de masses d’air polaire vers le Québec en hiver provoque des épisodes de grands froids, qui ne se produiront plus si la ­t empérature aux pôles se réchauffe. Le ­climat polaire nous concerne donc directement. Propos recueillis par Pascale Guéricolas

Les participants à cette importante rencontre planétaire feront tout pour parvenir à un accord sur un réchauffement planétaire en deçà de deux degrés Celsius par Yvon Larose Les chefs d’État et de gou­ vernement du monde en­­ tier, accompagnés de leurs équipes de négociation, con­­ vergeront vers la capitale française, à la fin de novem­ bre, pour prendre part à la Conférence de Paris de 2015 sur le climat. Cette 21e Con­ férence des Nations Unies sur les changements climatiques doit aboutir à un nouvel accord international. Le traité espéré sera juridiquement contraignant, durable et ap­­ plicable à tous les pays à partir de 2020. Son objectif : contenir le réchauffement de la Terre en deçà de deux degrés Celsius. Au-delà de cette limite, les habitants de la planète s’exposeraient à des conséquences irréversibles pour leur avenir. Ce grand rendez-vous international doit attirer plus de 40 000 participants, du 30 novembre au 11 décembre.

ronde sur la Conférence de Paris à l’amphithéâtre Hydro-Québec du pavillon Alphonse-Desjardins. L’activité est organisée par l’Institut Hydro-Québec en environnement, développement et société (EDS), avec la collaboration de la Chaire de recherche et d’innovation Goldcorp et la Chaire de recherche du Canada en droit de l’environnement. Seront également présents la professeure Nathalie Barrette, du Département de géographie, et le chargé de cours Hugo Séguin, de l’École de politique appliquée de l’Université de Sherbrooke. Selon Géraud de Lassus Saint-Geniès, il faut accentuer l’effort. « Les experts, soutient-il, disent qu’il est encore possible de limiter la hausse des températures sous le seuil critique de deux degrés Celsius d’ici la fin du

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La Conférence permettra de mesurer les efforts que les États sont réellement prêts à faire pour protéger le climat « Avec cette conférence, la communauté internationale a l’occasion d’envoyer un signal clair », indique Géraud de Lassus Saint-Geniès, chargé de cours à la Faculté de droit et directeur adjoint de la Chaire de recherche et d’innovation Goldcorp en droit des ressources natu­ relles et de l’énergie. Selon lui, la Con­férence « permettra de mesurer les efforts que les États sont réellement prêts à faire pour protéger le climat. » Mais il ne faut pas avoir d’attentes trop élevées, expliquet-il. Un traité sera peut-être adopté, mais il ne comportera pas de solutions toutes faites. Il contiendra des objectifs gé­­ néraux qui devront sans doute être précisés dans les a n n é e s à ve n i r. «  Ave c 195 États, dit-il, le processus de négociation est une très grosse ma­­chine. Et les préoccupations nationales sont extrêmement variées. » Le mardi 17 novembre, Géraud de Lassus SaintGeniès participera à une table

siècle. Mais il faudra aussi agir sur le plan de l’adaptation aux effets des changements climatiques. » En 2009, à Copenhague, la précédente grande conférence sur le climat avait tourné au fiasco. Cette fois, la Conférence a fait l’objet d’une plus grande préparation en amont. De nombreuses rencontres ont eu lieu et les pays ont en grande partie déjà fourni leurs objectifs nationaux d’atténuation des changements climatiques. « Cela donne une trajectoire, ­souligne-t-il. On sait qu’on s’achemine vers une augmentation de la température entre deux et trois degrés. » Plusieurs rondes de pourparlers multilatéraux ont abouti à un projet d’accord d’une trentaine de pages. « Ce texte, dit-il, a été adopté le 23 octobre. Il constitue une base de travail, mais de nombreux éléments sont encore entre crochets et différentes options sont donc sur la table. »

En marge de ces négociations internationales, les ­villes, les régions et les en­­ treprises agissent à leur ni­­ veau pour faire face aux changements climatiques. « On a vu apparaître différents types d’actions, précise Géraud de Lassus Saint-Geniès, en dehors de celles des États. De nombreuses entreprises se sont prononcées en faveur d’un prix pour le carbone et des initiatives régionales, comme le marché du carbone Québec-Californie, se développent. » Depuis 1997, date de l’adoption du Protocole de Kyoto, les États ont une meilleure compréhension de la lutte contre les changements climatiques et des implications que cela peut avoir sur leur territoire. Mais paradoxalement, cela rend les négociations internationales plus compliquées. « Les États, ­soutient-il, sont plus prudents parce qu’ils savent ce qu’implique de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. » Cela dit, plusieurs rapports d’experts ont démontré qu’il y a certainement quelque chose à gagner à lutter contre les changements climatiques. « On commence à comprendre que ne rien faire s’avère une option plus coûteuse que d’agir, et que cela ne nuit pas forcément à l’économie, explique Géraud de Lassus Saint-Geniès. Au Québec, on a un bon ­exemple de ça. Entre 1990 et 2011, les émissions de gaz à effet de serre ont diminué de 4,2 %, alors que le PIB a augmenté de 51,9 %. Si l’on veut plus d’engagements de la part des États, il est sans doute important que ceux-ci soient convaincus que la lutte contre les changements climatiques peut être une source d’avantages. » La table ronde se tiendra le mardi 17 novembre à l’amphithéâtre Hydro-Québec du pavillon AlphonseDesjardins. L’entrée est libre. Pour information : ihqeds.ulaval.ca


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Marathon technocréatif Pendant trois jours, des étudiants passionnés de numérique ont envahi le Musée national des beaux-arts du Québec pour participer au Museomix par Matthieu Dessureault Une installation immersive reproduisant l’univers de grands artistes québécois. Une borne interactive qui permet aux visiteurs de partager les émotions que leur inspirent des ­toiles. Une application de réalité augmentée pour faire apparaître la dimension religieuse de certaines œuvres. Voici quelques-unes des technologies qui ont été créées du 6 au 9 novembre, dans le cadre du Museomix Québec. À l’instar de dix musées à travers le monde, dont ceux de Berne, de Mexico, de Nice et de Paris, le Musée national des beaux-arts du Québec (MNBAQ) participait à cet événement consacré à la culture et à l’innovation. Desi­gners, dévelop­ peurs, graphistes, communicateurs, scientifiques, ar­­tistes et étudiants étaient réunis afin de croiser leurs talents et leurs idées. Leur mission ? Enrichir l’expérience muséale grâce à l’utilisation de

nouvelles technologies. Ordinateurs, imprimante 3D, casques de réalité virtuelle, découpeuses laser, projecteurs et scanneurs étaient mis à leur disposition. Le MNBAQ est ainsi devenu un immense laboratoire, où une cinquantaine de passionnés de numérique, divisés en petits groupes, ont conçu des prototypes de toutes sortes. Le public était invité, di­­ manche et lundi, à expérimenter ces dispositifs. Le succès de l’événement découle en grande partie du travail d’AlexandraÉlisabeth Bérubé, étudiante à la maîtrise en histoire de l’art. Membre du comité d’organisation avec d’autres étudiants, elle était responsable du recrutement et des communications aux participants. Elle a, entre autres, collaboré à la réalisation d’un guide sur le déroulement de l’activité. « J’avais participé au Museomix au Musée de la civilisation en 2013 et j’avais adoré l’expérience, se

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museomix 2015 souvient-elle. Ça m’a apporté une nouvelle façon de voir et de penser le musée. Les participants sont là pour réfléchir à la façon dont la technologie peut être mise au service du musée, sans toutefois prendre trop de place ni dénaturer les œuvres. Voir toute cette créativité, c’est merveilleux ! » Julien Saint-Georges Tremblay, aussi étudiant en histoire de l’art, a conçu avec ses coéquipiers un dispositif visant à mettre en valeur la sculpture aLomph aBram de David Moore. Située en haut de la tourelle du pavillon Charles-Baillairgé, cette œuvre est inconnue de plusieurs en raison de sa position excentrée. Munis d’un casque immersif, les visiteurs étaient invités à suivre un parcours agrémenté d’ambiances so nores qui les guidait vers la sculpture. L’action était filmée grâce à une caméra posée sur le casque, puis diffusée en direct au rez-de-chaussée du pavillon. On pouvait ainsi découvrir, en même temps que les participants, cette œuvre grandiose. Julien Saint-Georges Tremblay ne cache pas sa fierté d’avoir conçu un tel prototype en si peu de temps. « J’ai passé une fin de semaine incroyable, très exigeante et enrichissante au plus haut point ! Je n’arrive pas à croire qu’en deux jours et demi, on ait eu le temps de produire ce prototype. Le Museomix m’a prouvé que je pouvais apporter beaucoup dans une équipe de travail, et ce, même sous le stress et la pression d’un court délai de conception et de production. » Sa création, à l’instar de plusieurs autres, a contribué à alimenter la réflexion sur les possibilités technologiques des musées. La directrice des expositions et de la médiation du MNBAQ, Anne Eschapasse, s’est dite impressionnée par la qualité des différentes propositions. « Au-delà de l’aventure technologique, il faudra retenir l’incroyable force de création des personnes engagées dans cette édition du Museomix. Elles ont fait beaucoup dans un temps exceptionnellement court. Il y a matière à inspirer les équipes du Musée pour tous les projets à venir », conclut-elle, enthousiaste.

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Pour plus d’information sur le Museomix : museomix.org

La mission des participants ? Enrichir l’expérience muséale grâce à l’utilisation de nouvelles technologies

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1. Designers, développeurs, graphistes, communicateurs, scientifiques, artistes et étudiants ont carburé aux échanges ainsi qu’au partage d’idées et de connaissances. photo Mika Thermer et Thibault Caron 2. Toute la fin de semaine, les participants du Museomix se sont creusé les méninges pour réinventer le musée. photo MNBAQ 3. À l’instar de dix musées à travers le monde, dont ceux de Berne, de Mexico, de Nice et de Paris, le Musée national des beaux-arts du Québec (MNBAQ) participait à cet événement consacré à la culture et à l’innovation. 4. Le couloir entre le pavillon central et le pavillon Charles-Baillairgé proposait aux visiteurs des projections 3D d’éléments architecturaux. photo MNBAQ 5. Le musée était exceptionnellement ouvert lundi pour permettre au public d’expérimenter les dispositifs. photo Mika Thermer et Thibault Caron 6. Une équipe a créé une application de réalité augmentée qui permet de mettre en lumière la dimension religieuse de certaines œuvres. photo MNBAQ 7. Les participants sont là pour réfléchir à la façon dont la technologie peut être mise au service du musée, sans toutefois prendre trop de place ni dénaturer les œuvres. photo MNBAQ 8 et 9. Pendant trois jours, le MNBAQ est devenu un immense laboratoire, où une cinquantaine de passionnés de numérique, divisés en petits groupes, ont conçu des prototypes de toutes sortes. photos MNBAQ


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science

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Télésanté : les apports de la technologie aux domaines de la santé L’ÆLIÉS, en collaboration avec la Commission de l’éthique en science et en technologie et l’Institut technologies de l’information et sociétés, présentera une soirée d’information et de réflexion sur les technologies dans le domaine de la santé. Les échanges porteront notamment sur la place de l’usager dans le développement de la télésanté au Québec, sur les interactions entre les chercheurs, les patients, les cliniciens et les décideurs dans la prise de décision, sur les défis auxquels doivent faire face les services de santé dans les villages éloignés du Nord ­québécois et sur les enjeux éthiques liant ­technologies et santé. Mercredi 18 novembre, à 19 h, à l’amphithéâtre Hydro-Québec du pavillon Alphonse-Desjardins. Entrée libre. Pour plus d’info : on.fb.me/1O4iUhH

Conférence sur la chimie de l’alcool Plusieurs mythes entourent la consommation d’alcool. Pour les déboulonner, l’Association des diplômés de l’Université Laval organise une conférence de vulgarisation scientifique, accessible et ludique, qui répondra à toutes les questions liées à la consommation d’alcool. Le conférencier, Normand Voyer, professeur en chimie organique et directeur du Département de chimie, vous apprendra tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sujet sans jamais avoir osé le demander. Mercredi 2 décembre, à 19 h, à l’amphithéâtre Hydro-Québec du pavillon Alphonse-Desjardins. Pour plus d’infor­ mation : bit.ly/1QvOEi7

Professionnels de recherche : un nouveau prix Le SPPRUL-CSQ annonce le lancement par le Fonds de recherche du Québec (FRQ) des Prix d’excellence des professionnels de recherche. Ces prix visent à reconnaître l’apport des professionnelles et des professionnels de recherche (PPR) à l’avancement de la recherche. Le concours vise tout PPR ayant un minimum de cinq ans d’ancienneté, quel que soit son diplôme ou sa catégorie d’emploi. Les critères de sélection portent, entre autres, sur les mérites en matière d’innovation et de découvertes, d’excellence en gestion d’instruments ou de centres de recherche et de formation des étudiants. Un prix de 5 000 $ sera attribué par fonds, par année. Les candidats intéressés doivent postuler selon leur champ de recherche au Fonds FRQ approprié. Pour plus d’information : spprul.ulaval.ca/ 2015/10/lancement-prix-dexcellence-des.html

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La protéine clé qui ouvre le cadenas Des chercheurs de la Faculté de médecine élucident le mécanisme d’action d’une protéine qui joue un rôle crucial dans la réparation de l’ADN par Jean Hamann Chaque jour, entre 10 000 et 20 000 bris surviennent dans l’ADN de votre corps. Heu­ reusement, une armada de quelque 200 protéines intervient rapidement pour réparer les dommages. On savait que ce système de réparation était complexe, mais les ­équipes de Guy Poirier et de Jean-Yves Masson, de la Fa­­ culté de médecine, et celle de Michael Hendzel, de l’Université de l’Alberta, viennent de mettre en lumière, dans la revue scientifique Nature Cell Biology, un nouvel élément qui en démontre l’étonnante sophistication. La grande majorité des bris d’ADN résultent de phénomènes qui surviennent à l’intérieur de la cellule, rappelle Jean-Yves Masson. « Les réactions qui se déroulent dans les mitochondries produisent des radicaux libres qui attaquent les bases azotées formant l’ADN. Il s’ensuit différents types de cassures de la molécule d’ADN. Lorsqu’elles se produisent dans une section d’ADN qui code pour une protéine, soit environ 1,5 % du génome, une mutation peut en résulter. » L’un des mécanismes de réparation de l’ADN, appelé jonction d’extrémités non homologues, entre rapidement en action pour réparer les cassures, mais il présente toutefois une lacune : il ne restaure pas toujours intégralement la séquence originale d’ADN et les mutations ainsi produites peuvent avoir des répercussions néfastes sur la santé. De plus, la protéine Ku80, qui participe à ce type de réparation, peut demeurer solidement ancrée à l’ADN, bloquant ainsi toute possibilité de correction subséquente par un deuxième mécanisme, la recombinaison homologue, qui répare fidèlement l’ADN. « Il devait pourtant exister une façon de retirer ce “cadenas” pour que l’ADN soit correctement réparé avant qu’il y ait division cellulaire », souligne le professeur Masson. Les travaux menés par l’équipe ­québéco-albertaine ont ré­­ solu l’énigme. « Nous avons découvert qu’une protéine,

la RNF138, dégrade la Ku80, ce qui permet le désassemblage de la réparation non homologue et l’entrée en jeu de protéines assurant une réparation fidèle de l’ADN », explique le chercheur. Pour l’instant, l’intérêt de cette découverte est essentiellement fondamental, reconnaît Jean-Yves Masson. « Cette avancée s’inscrit dans la lignée des travaux sur la biologie des enzymes de ré­­ pa­r ation de l’ADN, qui ac­­ croissent notre compréhension des mécanismes protégeant notre génome. Dans quelques années, par contre, quelqu’un pourrait s’inspirer de nos travaux pour mettre au point un nouveau traitement contre le cancer. Par exemple, si on découvrait un inhibiteur de la RNF138 et

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On ne peut jamais prédire à quoi pourra un jour servir une découverte fondamentale comme celle-ci

qu’on le faisait pénétrer à l’intérieur de cellules cancéreuses, leur ADN ne pourrait pas être correctement réparé, ce qui pourrait conduire à leur instabilité et à leur mort. On ne peut jamais prédire à quoi pourra un jour servir une découverte fondamentale. Par exemple, un système de défense, appelé CRISPR/Cas, découvert il y a une trentaine d’années chez les bactéries et les phages, permet maintenant de ch a n g e r d e s s é qu e n c e s d’ADN de façon ciblée dans le génome humain. » L’article paru dans Nature C e l l B i o l o g y e st s i g n é par Ismail Hassan Ismail, Hilmar Strickfaden, Darin McDonald, Zhizhong Xu et Michael Hendzel, de l’Université de l’Alberta, et par Jean-Philippe Gagné, MarieMichelle Genois, Guy Poirier et Jean-Yves Masson, de la Faculté de médecine de l’Université Laval et du Centre de recherche du CHU de Québec-Université Laval.

Plus de 200 protéines participent à la réparation des cassures dans les brins d’ADN. Les cher­ cheurs ont démontré de quelle façon la protéine RNF138 entre en jeu pour corriger certaines réparations imparfaites. photo Tom Ellenberger, Washington University School of Medicine


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Avez-vous lu Don Quichotte ? Une exposition présentée à la Bibliothèque propose une sélection d’éditions rares et précieuses du chef-d’œuvre de Miguel de Cervantes occasion que nous avons découvert que la Bibliothèque possédait une collection de 200 ouvrages de Don Quichotte, que ce soit des traductions ou des éditions du roman. » Grâce à une sélection d’éditions rares et précieuses de Don Quichotte (dont une édition française de 1702), l’exposition nous plonge dans l’univers de ce roman, qui a remporté un immense succès dès sa mise en vente dans les boutiques de Madrid le 16 janvier 1605. Traduite en plusieurs langues, l’histoire raconte les aventures d’un Alonso Quichano, un noble appauvri obsédé par les livres de chevalerie, qu’il collectionne dans sa bibliothèque de façon maladive. Hanté par ses lectures, ce grand rêveur devant l’Éternel en vient à se prendre pour le chevalier errant Don Quichotte, dont la mission est de parcourir l’Espagne pour combattre le mal et protéger les opprimés. Monté sur son vieux cheval Rossinante, il prend la route avec son fidèle écuyer Sancho Panza. À la fin du deuxième volume, après bien des péripéties, Don Quichotte retourne chez lui et finit par retrouver la raison, ayant abandonné la lecture des romans de chevalerie qu’il aimait tant, mais qui le rendait fou. Il meurt, entouré de l’affection des siens. « Don Quichotte est un véritable trésor littéraire, une œuvre universelle, souligne Emilia Ines Deffis. Cervantes est âgé de 58 ans quand il publie la première partie du roman. Il s’agit d’un

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en bref

Atelier sur la bande dessinée

par Renée Larochelle « Aimer jusqu’à la déchirure / Aimer, même trop, même mal, / Tenter, sans force et sans armure, / D’atteindre l’inaccessible étoile. » Qui ne reconnaît pas ces paroles extraites de La Quête, cette célèbre chanson de Jacques Brel ? En revanche, bien des gens ignorent que Brel l’a composée pour le spectacle L’homme de la Mancha, version française de la comédie musicale américaine Man of La Mancha. Le grand chanteur belge y interprétait le rôle de Don Quichotte, à la fois rêveur idéaliste et pauvre chevalier errant, qui voit dans les moulins à vent des géants à combat­ tre, entre autres chimères. Cette adaptation de Don Quichotte, chef-d’œuvre de la littérature espagnole et mondiale, ne constitue que l’une des nombreuses adaptations théâtrales, cinématographiques et musicales du roman de Miguel de Cervantes. Pour célébrer le 400e anniversaire et des poussières de la publication de la deuxième partie de Don Quichotte, écrite en 1614, la Bi­­ blio­thèque présente jusqu’au 19 février une exposition intitulée Avez-vous lu Don Quichotte ? Vous pouvez la visiter au premier étage de la Bibliothèque. Emilia Ines Deffis, professeure au Département des littératures, est la commissaire de l’exposition. « En 2005, cela faisait 400 ans que la première partie du roman avait été publiée, raconte Emilia Ines Deffis. Nous avions alors organisé un colloque international sur les influences qu’avait eu Don Quichotte sur le roman européen. C’est à cette

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Dessin tiré de l’ouvrage d’Ermilo Abreu Gómez et de Joseph S. Flores, Historias de don Quijote : basadas en la inmortal obra de Cervantès, 1950.

texte qui révolutionne le panorama narratif en remettant en question les limites entre la fiction et la réalité. D’ailleurs, beaucoup le considèrent comme le premier roman moderne. » Ce héros solitaire, qui refuse de voir la vie telle qu’elle est, a inspiré quelques grands noms de la philosophie et de la psychanalyse, comme Nietzsche et Freud. Des écrivains tels Flaubert, Dickens, Dostoïevski, Joyce, Kafka, Garcia Marquez et Carlos Fuentes ont vu en Don Quichotte un texte fondateur de la littérature. Si la visite de l’exposition vous incite à lire ou à relire ce grand classique, les organisateurs de cette exposition auront atteint leur but. En attendant, il faut réécouter La Quête, dans laquelle éclate toute l’espérance – ou la désespérance – de l’homme de la Mancha...

À l’occasion du 6e Concours interuniversitaire de bande dessinée se tiendra un atelier à l’intention des étudiants désireux d’approfondir leurs connaissances en BD. Ceux qui souhai­ tent commencer un processus de création sur le thème du concours de cette année, « Trente », sont les bienvenus. Divisé en trois volets, l’atelier offrira aux participants l’occasion d’acquérir diverses connaissances en lien avec le 9e art, comme la structure, l’histoire, les codes de lecture, l’ellipse, les différents angles de vue, l’interaction entre les mots et l’image, le découpage et l’encrage. Mardi 17 novembre, de 19 h à 21 h 30, au local EDB-603 de l’édifice du Boulevard (350, boul. Charest Est, en haut du restaurant Subway) Information et inscription : bit.ly/1WRWBOf

Trésors de l’âme slave Ceux et celles que la musique slave fait vibrer ne voudront pas manquer le concert donné par le Chœur Slava, organisé par le programme d’études russes et le Centre MoscouQuébec de l’Université. La première partie du concert sera consacrée à la musique orthodoxe sacrée, tandis qu’on entendra des airs folkloriques slaves populaires comme Le temps du muguet, Kalinka, Le temps des fleurs et autres succès planétaires en seconde partie. Ce concert est la reprise du concert du Chœur Slava donné dans la région de Lac-Mégantic en novembre 2013 pour la ­communauté affectée par la tragédie ferroviaire de juillet 2013. Dimanche 15 novembre, à 15 h, à ­l’amphi­­théâtre Hydro-Québec du pavillon Alphonse-Desjardins. Gratuit.

La Bibliothèque possède une collection de 200 ouvrages de Don Quichotte, que ce soit des traductions ou des éditions du roman

Musique et Web Nous savons tous un peu comment le Web est intégré et exploité dans le domaine des affaires ou des médias. Mais qu’en est-il du travail des créateurs et artistes de l’audionumérique ? Com­ ment les musiciens peuvent-ils profiter du po­­ tentiel de ces nouveaux outils et modes de travail ? Quelles sont les options pouvant favoriser la promotion et le rayonnement des artistes ? Vous en saurez davantage sur le sujet en assistant à la conférence d’Aaron Liu-Rosenbaum, directeur du certificat en réalisation audionumérique de la Faculté de musique. L’événement est organisé par l’Institut technologies de l’information et sociétés (ITIS).

Après bien des péripéties, Don Quichotte retourne chez lui et finit par retrouver la raison, ayant abandonné la lecture des romans de chevalerie qu’il aimait tant, mais qui le rendait fou. Il meurt, entouré de l’affection des siens. gravure de Gustave Doré

Jeudi, 19 novembre, à 19 h, à la salle GérardMartin de la bibliothèque Gabrielle-Roy. Entrée libre. Réservation : 418 641-6789, poste 128.


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actualités UL

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L’architecture des arbres

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Le fascinant monde géospatial Afin de vous faire découvrir les systèmes d’information géographique (SIG) et leur portée dans la vie courante, la Bibliothèque organise, en collaboration avec la Faculté de foresterie, de géographie et de géomatique ainsi que quelques centres de recherche affiliés à l’Université Laval, l’événement « Venez jouer sur notre territoire ». Au cours de cette journée, vous pourrez assister à l’une ou l’autre des conférences présentées par des experts de cette technologie et vous plonger dans un monde virtuel grâce à différentes stations d’expé­ riences géospatiales. D’autres activités sont également au ­p rogramme. Laissez-vous surprendre par ce domaine passionnant !

Savez-vous qu’un arbre peut fourcher pour cinq raisons différentes ? Savez-vous également que, à partir d’un seul regard porté sur la structure d’un arbre, vous pouvez connaître son stade de développement ? Toutes ces questions vous intéressent ? Assistez à la conférence « L’architecture des arbres accessible aux forestiers », qui sera prononcée par la biologiste Jeanne Millet. Spécialiste de l’analyse architecturale des arbres, cette biologiste ex­­ pliquera ce que l’architecture d’un arbre peut révéler de son mode de développement. Cette information, qui se décrypte très aisément et peut être accessible à tous, est très utile pour tous ceux qui recensent, gèrent, exploitent ou protègent les forêts. Cette conférence est présentée par le Centre d’étude de la forêt.

Les activités se tiendront le 16 novembre, à l’atrium JeanGuy-Paquet du pavillon Alphonse-Desjardins. Entrée libre. Pour con­naître la programmation détaillée de cette journée : bibl.ulaval.ca/conferences-geospatiales-2015

Bac à sable à réalité augmentée.

CONFÉRENCES

STATIONS D’EXPÉRIENCES GÉOSPATIALES (de 11 h à 18 h)

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Lundi 16 novembre, à 10 h, au local 1340 du pavillon Gene-H.-Kruger. Entrée libre.

12 h 45

« SIG et... patrimoine : le potentiel archéologique amérindien de la ville de Québec », par Michel Plourde, chargé de cours au Département des sciences historiques

• Bac à sable à réalité augmentée • Les drones et la photogrammétrie réinventée • Necropolis : La ville des fantômes • Découvrir la géomorphologie des fonds marins et la­­ custres avec l’hydroacoustique • Numérisation 3D du monastère des Ursulines de Québec : une visite virtuelle en Web immersif • Robot LiDAR forestier autonome • Les données géographiques gouvernementales au service de l’enseignement et de la recherche • Campus 3D (regroupement de plusieurs stations permettant de visualiser en 3D) • Imprimante 3D du FABLAB • Casque immersif Oculus avec modèle du campus • Poste stéréoscopique numérique 3D Summit DAT/EM avec image du campus • Stéréoscopes avec photographies aériennes du campus • Poste avec anaglyphes réalisés à partir de photos du campus • Table tactile du Centre GéoStat

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CHASSE AU TRÉSOR VIRTUELLE (de 11 h à 17 h)

« Utilisation des SIG pour l’étude des grandes perturbations naturelles en forêt », par Martin Simard, professeur au Département de géographie

CONCOURS D’AFFICHES SCIENTIFIQUES (de 11 h à 18 h)

« Découvrir la géomorphologie des fonds marins et lacustres grâce à la ba­­thymétrie multifaisceaux », par Patrick Lajeunesse, professeur au Département de géographie 12 h 15

« Élaboration d’un atlas interactif en ligne de la vulnérabilité de la population québécoise aux aléas climatiques », par Benoît Lalonde, professionnel de re­­cherche au Département de géographie « L’imagerie des drones civils en géomatique : enjeux et défis », par André Verville de Kildir Technologies 13 h 15

« Localisation et navigation de type Teach-and-Repeat pour un robot mobile tout-terrain équipé d’un LiDAR (Light Detection and Ranging) », par Philippe Giguère, professeur au Département d’informatique et de génie logiciel 13 h 45

L’approvisionnement, un mode de responsabilité sociale L’approvisionnement responsable a pour objectif de répondre à un besoin par l’acquisition d’un bien ou d’un service qui intègre des critères de qualité et de coût, ainsi que des critères environnementaux et sociaux. Il permet de maximiser les retombées positives pour la société tout en assurant la protection de l’environnement et la viabilité économique du consommateur. À l’Université, l’acquisition de biens et de services pour les opérations administratives et les activités d’enseignement et de recherche est également faite de manière à ré­­duire l’empreinte environnementale. Lancée lors du Jour de la Terre, le 22 avril ­dernier, la démarche pour les laboratoires respon­sables encourage les chercheurs et les membres de leur équipe à faire des achats centralisés et écoresponsables. photo Marc Robitaille

Pour plus d’information, consultez la boîte à outils sur le site ulaval.ca/DD.

Table tactile du Centre GéoStat. photos Joëlle Brault

CONCOURS MA THÈSE EN 360° (de 16 h à 17 h)


politique

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en bref L’appui à la souveraineté est tombé à 32 % chez les francophones actifs de 18 à 24 ans

Les tenants du oui et du non ont mené une rude bataille lors du référendum de 1995 au Québec. La victoire, très serrée, est allée au camp du non. photo La Presse / Robert Skiner

Le projet d’une génération En 20 ans, l’appui à la souveraineté du Québec a considérablement diminué chez les francophones actifs de la classe moyenne par Yvon Larose L’horizon de l’indépen­ dance s’éloigne et tout semble indiquer que la ­s ouveraineté aura été le ­projet d’une géné­ration, les baby-­b oomers. C’est la conclusion à laquelle est arrivé le professeur Simon Langlois, du Dépar­tement de sociologie, au terme de sa vaste ana­lyse de données tirées de 44 ­sondages effectués entre 1995 et 2015 auprès de 45 000 répondants. « Les francophones actifs de la classe moyenne âgés entre 18 et 54 ans ont constitué le groupe porteur du projet de souveraineté, indiquet-il. En 1995, lors du référendum, 70 % d’entre eux ont voté pour le oui. Aujourd’hui, cette proportion est tombée à 40 %. » Simon Langlois était l’un des conférenciers au colloque La démocratie référendaire dans les États plurinationaux. L’activité, organisée par le Centre de recherche interdisciplinaire sur la diversité et la démocratie, s’est déroulée les 29 et 30 octobre au Cercle du pavillon Alphonse-Desjardins. Dans son étude sur l’évolution de l’appui à la souveraineté depuis 20 ans, le conférencier est arrivé à divers constats. « Une des choses qui m’ont frappé, dit-il, est le fort déclin de l’appui à la

souveraineté chez les nouveaux groupes d’électeurs en âge de voter. Entre 2001 et 2015, les 18-24 ans en faveur du oui sont passés de 55 % à 32 %. » Selon lui, les jeunes Québécois d’aujourd’hui ont une identité forte, mais qui ne va pas nécessairement jusqu’à appuyer l’indépendance. En ce sens, ils contredisent le député et essayiste Jean-François Lisée qui postule que plus on s’identifie au Québec, plus on peut appuyer le projet souverainiste. « Les jeunes, soutient le professeur, se sentent Québécois, mais au sein du Canada. Il y a une sorte de divorce, de césure entre l’identité et le sentiment d’appartenance. » Un autre constat de Simon Langlois concerne les ­femmes actives. Son analyse révèle que la démobilisation de celles-ci au sein du groupe porteur a été plus prononcée que celle des hommes. « Leur nombre, précise-t-il, est en baisse depuis 2000. Ce phénomène a suivi la grève très dure des infirmières, en 1999, qui avait pris fin par une loi spéciale. Je pense que ce déclin s’explique par le fait que les femmes sont plus sensibles aux questions de justice sociale. Or elles retrouvent moins ces aspects dans le programme du Parti

québécois, où l’on met davantage l’accent sur la création de la richesse. » Moins de jeunes, plus de retraités et davantage de gens de 65 ans et plus : la structure sociale du Québec a passablement changé en 20 ans. Et cette évolution a inévitablement eu des répercussions sur l’adhésion au projet souverainiste. « Ceux qui avaient 55 ans en 1995 se sont socialisés à l’époque du Canada français, souligne le professeur. Ils ont de l’attachement pour le Canada. » Ménages plus riches et ménages plus pauvres, an­­ glophones et allophones, personnes sans emploi ou prestataires de l’assitance sociale : depuis 20 ans, un noyau dur d’environ 50 % d’électeurs n’appuie pas le projet souverainiste. Il ne faut pas non plus oublier les indécis, dont le nombre augmente sans cesse depuis une dizaine d’années. « Les an­­ glophones, dit-il, vont s’opposer à ce projet parce qu’ils rejettent l’idée d’être mis en minorité dans un Québec indépendant. » Et la région de Québec ? Simon Langlois répond que le groupe porteur du projet indépendantiste dans cette région, en 1995, a voté à 59 % pour le oui comparativement à une moyenne de 64 % dans

les autres régions du Québec, à l’exception de l’Outaouais. « Depuis, ajoute-t-il, on as­­ siste à un déclin prononcé du oui dans la région de Québec. De 2001 à 2015, le pourcentage de oui fermes est passé de 45 % à 30 %. Ce phénomène peut s’expliquer par trois raisons : l’assurance qu’apporte le statut de capitale pour Québec et la proximité du pouvoir politique, la francisation réussie des im­­ migrants et l’absence de l’anglais dans les milieux de travail. » La loi fédérale sur la clarté référendaire, le jugement de la Cour suprême canadienne sur la question référendaire et la reconnaissance, par le gouvernement fédéral, de la nation québécoise sont autant de facteurs qui ont pu, à leur façon, diminuer l’intérêt pour le projet indépendantiste. « Une question claire sur la rupture qu’entraînerait l’indépendance, explique le professeur, em­­ porterait moins l’adhésion des citoyens qu’une question relativement complexe, comme celles des référendums de 1980 et 1995 au Québec. » Selon Simon Langlois, le Québec a beaucoup changé depuis les an­­nées 1960. « À cette époque, rappelle-t-il, il y avait des déficits collectifs à combler. Aujourd’hui, le Québec est une so­­ciété développée et relativement riche, une société mature et bien outillée. Le mouvement souverainiste se trouve un peu victime de cette réussite. »

À vos skis ! La saison de ski de fond à la forêt Mont­mo­ rency est bel et bien commencée ! Cette année encore, l’équipe technique a préparé et entreposé plus de 6 000 mètres cubes de neige artificielle sous une épaisse couche de bran de scie durant tout l’été, qu’elle a étendus pour former la première piste. Endroit de prédilection pour pratiquer ce sport, la forêt Montmo­rency offre un grand réseau de pistes, entretenues à l’aide d’une surfaceuse, en plus d’un service de location d’équipement, d’une salle de fartage, de douches et d’une cafétéria. Tous les hivers, de nombreux skieurs de tous les calibres ainsi que des adeptes du ski-raquette viennent profiter de ces installations. photo Julie Moffet Pour plus d’info : foretmontmorency.ca

Auditions d’Université Laval en spectacle Vous êtes un chanteur, un musicien, un humoriste, un danseur ou tout autre artiste de la scène et vous aimeriez montrer vos talents à la communauté universitaire ? Inscrivez-vous dès maintenant aux auditions d’Université Laval en spectacle. Les candidats sélectionnés courront la chance de remporter divers prix. La 9e présentation de ce concours aura lieu le mercredi 9 mars 2016 à l’amphithéâtre HydroQuébec du pavillon Alphonse-Desjardins. Les auditions se tiendront les 28 et 29 no­­ vembre. Pour y participer, vous devez remplir, au plus tard le 14 novembre, le formulaire électronique à bit.ly/20MxUri. Pour connaître tous les règlements du concours : bit.ly/1MnYPjE.

11 novembre 1971. Des étudiants de l’École des arts visuels en plein cours de sculpture. La nouvelle du journal Le Fil des événements porte en fait sur les locaux temporaires que doivent occuper ceux-ci au PEPS, en attendant le nouvel emplacement de leur école, prévu dans la deuxième tour, alors en construction. photo W.B. Edwards | Division de la gestion des documents administratifs et des archives


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histoire

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Métro, auto, dodo Dans les années 1950 et 1960, Québec et Montréal ont emprunté deux voies différentes en matière de développement du transport en commun par Renée Larochelle Si le transport en commun est aujourd’hui vivement encouragé dans la capitale, il n’en a pas toujours été ainsi. À Québec, dans les années 1950 et 1960, le développement du transport en commun était le moindre des soucis des habitants de la ville. Le tramway, symbole d’un autre âge, associé aux pauvres et aux vieil­ lards, ne circulait plus dans les rues depuis la fin des an­­ nées 1940. Il sera graduellement remplacé par l’autobus, considéré comme un moyen de transport beaucoup plus souple, une incarnation du passage vers la modernité. L’usage de l’autobus sera ce­­ pendant vite rattrapé par celui de l’auto, dont le n ­ ombre de partisans explosera dans les années 1960, avec le résultat que des milliers de kilomètres d’autoroute feront leur apparition dans le paysage de la ville au cours des décennies suivantes.

« La ville de Québec est représentative de ce qui se passe partout en Amérique du Nord en ce qui concerne l’engouement pour l’automobile », explique Dale Gilbert, conférencier au 3e Salon des sociétés d’histoire de la ville de Québec, qui a eu lieu ré­­ cemment. Chercheur post­ doctoral à l’Institut national de la recherche scientifique et spécialiste de l’histoire ur­­ baine et sociale, Dale Gilbert a comparé le développement du transport en commun entre Québec et Mon­t réal. Selon lui, ce qui distingue Montréal de Québec est la construction du métro, ­inauguré en grande pompe par le maire Jean Drapeau le 14 octobre 1966. « Il ne faut pas oublier que Montréal est une île et qu’on va compter alors sur le métro pour soulager la congestion automobile, dit Dale Gilbert. Mais la construction du métro est

Un tramway circulant à la place d’Youville de Québec, 1946. Ce moyen de transport, associé aux pauvres et aux vieillards, en était alors à ses dernières années. photo Société historique de Québec

d’abord et avant tout une question de prestige pour la métropole, qui ne veut pas se laisser distancer par d’autres villes nord-américaines. À part celui de la ville de

Un ancien autobus du RTC sur la Grande-Allée, à Québec, en 1947. photo Archives RTC

Des citoyens s’apprêtant à prendre le tramway sur la rue Saint-Laurent, à Montréal, en 1918. photo Thomas Fisher, Rare Book Library University of Toronto

Mexico en 1965, ce sera le seul métro inauguré dans les années 1960 en Amérique du Nord. Le fait qu’il roule sur des pneus au lieu de rails était aussi très innovateur pour l’époque. C’était une façon de se distinguer. En revanche, ce choix oblige le métro à de­­ meurer souterrain, à cause de la neige et du froid, ce qui freine son développement. » Si le métro est le symbole par excellence de la modernité pour Montréal, c’est l’autoroute qui marque une ère nouvelle pour Québec. Dans

les années 1980, Québec détenait d’ailleurs la première place des villes canadiennes pour le nombre de kilomètres d’autoroute par habitant, avec 23 km d’autoroute par 100  000 ha­­bitants, rapporte Dale Gilbert. À titre d’exem­ ple, Montréal comptait 8 km pour le même nombre d’habitants et Toronto, 7 km. Si on frémit aujourd’hui devant les ravages causés par le passage des autoroutes dans les villes, Dale Gilbert rappelle qu’« à l’époque, dé­­ truire des paroisses pour faire

passer des autoroutes représentait le progrès ». À l’ère du développement durable, l’avenir du transport en commun passe nécessairement par l’ajout de voies réservées aux autobus, croit-il. Quant au tramway, que bien des gens espéraient revoir dans le paysage urbain de Québec, il semble que le projet soit au point mort, une situation loin d’être préoccupante pour Dale Gilbert. « Québec a besoin de projets, oui, mais le tramway n’est pas une panacée. »

À Québec, l’usage de l’autobus est vite rattrapé par celui de l’automobile, dont le nombre de partisans explose dans les années 1960

Livraison des premières voitures du métro de Montréal, en 1965, en présence du maire Jean Drapeau, du président Lucien Saulnier, du cardinal Paul-Émile Léger et de Lucien L’Allier, ingénieur en chef du réseau initial du métro de Montréal. photo Robert Vandensteene, Archives de la Ville de Montréal


sports

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photo André Beaudoin

en bref Pas moins de huit styles différents d’arts martiaux sont proposés à la clientèle du PEPS Football : au tour suivant !

La cohabitation fait la force Depuis plus de 30 ans, 10 mois par année, le dojo du PEPS accueille des adeptes d’arts martiaux de tous les niveaux par Andréane Girard Aïkido, iaïdo, jiujitsu, judo, karaté, kendo, kung-fu et tai-chi sont les huit styles d’arts martiaux enseignés au PEPS par des professeurs expérimentés. Les écoles d’arts martiaux sont nombreuses en ville, mais le fait de retrouver huit différentes disciplines sous le même toit est une force pour le pavillon sportif. « Vous ne verrez ça nulle part. Ici, une personne peut essayer jusqu’à ce qu’elle trouve chaussure à son p i e d  » , a f f i r m e F r a n c e Le Bel, coordonnatrice du programme.

DES STYLES POUR TOUS LES GOÛTS

La clientèle qui fréquente le dojo est composée d’étudiants et de membres du personnel de l’Université Laval, mais aussi d’abonnés du public. Les styles qui y sont pratiqués touchent diffé­ rentes facettes de l’autodéfense, en fonction des techniques qui leur sont propres. Par exemple, l’aïkido est basé sur des déplacements et des mouvements circulaires du corps par lesquels l’énerg i e d e l a p e r s o n n e qu i agresse est déviée. L’iaïdo, quant à lui, consiste en l’art

bien-être, car il s’exécute lentement et sans mouvements brusques. Le kung-fu, un art martial chinois, permet, pour sa part, un renforcement musculaire et une excellente mise en forme, en plus d’apporter confiance et maîtrise de soi. Finalement, le kendo est le plus ancien des arts martiaux japonais et représente la version moderne de l’escrime au sabre, pratiquée autrefois au Japon par les samouraïs. En plus de proposer différents styles, les clubs d’arts martiaux offrent une « formule club » avec un horaire stable, des durées et des coûts pour répondre à tous les besoins.

de dégainer le sabre japonais. Le jiujitsu est le seul art martial adapté à la réalité du Québec, puisqu’il enseigne la prévention des agressions par des mises en situation réelles (que ce soit dans un stationnement, un ascenseur, lors d’une marche nocturne, etc.). Le judo est une méthode douce qui allie équilibre et synchronisme. Le karaté permet d’acquérir c­ ertaines habiletés de base comme le coup de poing, le coup de pied avant ou circulaire, le blocage, etc. Le tai-chi est idéal Pour plus de détails sur les pour favoriser la relaxation clubs : peps.ulaval.ca/actiprofonde et la recherche du vites-adultes/arts-martiaux

Campus dynamique

Samedi dernier, le Rouge et Or s’est mis en route vers un neuvième titre national et le résultat a été fort satisfaisant. Les hommes entraînés par Glen Constantin l’ont emporté par la marque de 52 à 8 contre les Stingers de l’Université Concordia et ont, par le fait même, accédé à la finale du Réseau du sport étudiant du Qué­bec. Le Rouge et Or affrontera les Carabins de l’Université de Montréal le samedi 14 no­­ vembre, à 14 h, au stade TELUS-Université Laval. Le gagnant poursuivra ensuite sa quête vers la Coupe Vanier ArcelorMittal, présentée par Promutuel Assurance, dont les Carabins sont les champions en titre. Ceux-ci ont défait le Vert & Or de l’Université de Sherbrooke dans la seconde demi-finale québécoise la semaine dernière. photo Mathieu Bélanger Pour réserver des places : 418 656-FOOT ou reservatech.net

Suivez le sens de la course  Que ce soit pour un entraînement de fond, une mise en forme quotidienne ou une ­marche de santé, pensez à venir essayer la piste de jogging intérieure du PEPS. Athlètes confirmés et amateurs pourront courir à leur rythme sur cette piste d’une longueur de 200 mètres, divisée en six corridors. Elle est ouverte de 7 h à 23 h, du lundi au vendredi, et de 8 h à 21 h, le samedi et le dimanche. Notez qu’à certains moments, l’espace de la piste peut être réduit ou non disponible en raison de la présence de certains clubs. Les membres du PEPS peuvent profiter de ce service à volonté et gratuitement. Pour consulter l’horaire et les consignes générales : peps.ulaval.ca/horaire-des-­ activites-libres/piste-de-jogging/

Vendredi 13 novembre Basketball féminin | Concordia PEPS | 18 h Basketball masculin | Concordia PEPS | 20 h

Samedi 14 novembre

Grâce à une victoire de 5-1 obtenue dimanche dernier au PEPS contre le Vert & Or de Sherbrooke, l’équipe féminine de soccer Rouge et Or est championne provinciale pour la deuxième année de suite. La troupe d’Helder Duarte commence jeudi à Vancouver la défense de son titre national remporté l’an dernier au stade TELUS-Université Laval. photo Stéphane Gaudreau

Volleyball féminin | Sherbrooke PEPS | 18 h Volleyball masculin | Sherbrooke PEPS | 19 h 30


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au fil de la semaine

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Semaine de l’éducation internationale Pendant trois jours, l’Université Laval souhaite mettre en valeur l’internationalisation de la formation en ­organisant des activités variées. Deux conférences portant sur le travail à l’étranger seront présentées. La première portera sur les principaux programmes de stage et d’emploi à l’extérieur du pays. La seconde sera prononcée par Jean-Marc Hachey, auteur du livre The Big Guide to Living and Working Overseas, qui vous con­seil­­ lera sur les compétences profession­nelles à développer pour aspirer à une carrière à l’international. Vous êtes également invité à visiter l’exposition À travers votre lentille : expériences étudiantes à l’international. photo Raphael Désilets (Grenoble et le massif du Vercors), prix Coup de cœur du public de l’exposition de l’an dernier

17/11 12/11

12/11

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Élections haïtiennes

50 ans de présence juive au Québec

« Viens voir Quand la Les lois relatives Rappelez-vous les comédiens… » musique se au VIH sont-elles de Srebrenica marie à la poésie justes ?

Depuis l’adoption de la Constitution de 1987, ­chaque élection en Haïti a été le théâtre de troubles politiques. Le premier tour des législatives du 9 août laissait présager que le cycle électoral actuel se déroulerait dans le chaos habituel. Or, les élections du 25 octobre, lors desquelles se sont tenus le premier tour de la présidentielle, le second tour des législatives, les sénatoriales et les municipales, ont été marquées par le calme. Est-ce là un signe d’espoir pour la démocratie haïtienne ? C’est ce dont discuteront François Gélineau, professeur au Département de science politique, et Nicolas Falomir Lockhart, étudiant au doctorat en études internationales, dans la conférence « Haïti 2015 : le calme avant la tempête ou la normalisation du processus électoral ? »

La troupe de théâtre de l’Institut de cardiologie et Même si à son apogée, en de pneumologie de Québec1961, la communauté juive Université Laval, Les fous de la ville de Québec ne de la rampe, présente la comptait que 500 représenpièce de théâtre La Cuite de tants, son influence n’a pas Pierre Chesnot. Un homme été négligeable dans la se réveille avec un mal de région. Pour mieux comtête, dans une maison in­­ prendre les relations établies con­nue, auprès d’une au fil des ans entre les Juifs et femme dont le visage ne lui la majorité catholique de la rappelle rien. Son pantalon province, le professeur Gilles est maculé de sang et dans Routhier, de la Faculté de ses poches se trouve une théologie et de sciences religrosse somme d’argent. Il en gieuses, organise une jourdéduit que la nuit a été aginée d’études sur le thème tée. Que s’est-il donc passé ? « 50 ans de relations entre Huit comédiens vous raconjuifs et ca­­tho­liques au teront les péripéties de cette Québec ». Au programme nuit, dans une mise en scène de la journée figurent di­­­ d’Yvon Sanche. verses conférences comme « La naissance des relations Vendredi 13 novembre judéo-chrétiennes à et samedi 14 novembre, à ­Mon­tréal » et « Le dialogue 20 h, au Théâtre de la cité judéo-chrétien au Québec universitaire du pavillon aujour­d’hui : les groupes Palasis-Prince. Pour achede fraternité, les avancées ter vos billets en ligne : et les difficultés ». http ://fondation-iucpq.org/ activites/les-fous-de-laJeudi 12 novembre, de rampe-presentent-la-cuite9 h à 15 h, au local 813 de-pierre-chesnot-54 du pavillon Félix-AntoineSavard. Pour consulter le programme de la journée : bit.ly/1Y5eKe8

Jeudi 12 novembre, à 11 h 45, au local 5325 du pavillon CharlesDe Koninck. Entrée libre. Pour information : cei@hei.ulaval.ca

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Première conférence, mardi 17 novembre, à 11 h 30, au local 3105 du pavillon Maurice-Pollack. Pour s’inscrire : bit.ly/1ljpVlg. Deuxième conférence, jeudi 19 novembre, à 11 h 30, à l’amphithéâtre Hydro-Québec du pavillon Alphonse-Desjardins. Pour s’inscrire : bit.ly/1NIBPA8. Exposition, mardi 17 novembre et mercredi 18 novembre, à l’atrium du pavillon Charles-De Koninck, et jeudi 19 novembre, à l’atrium Jean-Guy-Paquet, du pavillon Alphonse-Desjardins.

Vous aimez les vers ? Venez assister au prochain mercredi musico-poétique. Organisée et animée par Chantale Masson-Bourque, de la Faculté de musique, et par Denyse Noreau, du Département des littératures, cette activité propose aux spectateurs de se laisser bercer, pendant une heure, par une série de poèmes et de pièces musicales. Des étudiants de la Faculté de musique, du Département des littératures et d’ailleurs se feront un plaisir de réciter, de chanter ou de laisser leurs doigts glisser sur les touches d’un piano ou les cordes d’une guitare pour vous faire passer un mo­­ ment des plus agréables. Mercredi 18 novembre, à 16 h 30, à la salle Henri-Gagnon du pavillon Louis-Jacques-Casault. Entrée libre.

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Considéré comme le pire massacre commis en Europe La huitième présentation de depuis la Seconde Guerre l’activité « Droit et cinéma » mondiale, le génocide de sera animée par Christine Srebrenica a eu lieu en juilVézina, professeure au Dé­­ let 1995, soit il y a 20 ans. partement de droit. Celle-ci Pour souligner ce triste vous invite à assister à la anniversaire, la Chaire de projection de deux docurecherche du Canada sur la mentaires canadiens, justice internationale pénale Femmes et séropositives : et les droits fondamentaux, dénonçons l’injustice, réale Centre sur la sécurité lisé en 2012, et Consent : internationale, la Clinique HIV Non-Disclosure and de droit international pénal Sexual Assault Law, réalisé et humanitaire et Amnistie en 2015. Le premier est internationale de l’Univerconsacré aux témoignages sité Laval ont invité Marco de quatre femmes devant Sassòli, professeur de droit vivre avec les répercussions à l’Université de Genève, de la divulgation obligatoire et Renéo Lukic, professeur de la maladie, alors que le d’histoire à l’Université second porte sur l’utilisation Laval, à offrir la conférence malavisée des lois qui tou« Il y a 20 ans, Srebrenica ». chent l’agression sexuelle Les deux professeurs prédans des affaires de nonsenteront un survol histodivulgation du VIH. Le vi­­ rique, politique, social et ju­­ sionnement sera suivi d’une ridique de l’ex-Yougoslavie période de discussion. au cours des années 90. Mercredi 18 novembre, à 15 h 30, au local 1289 du pavillon CharlesDe Koninck. Entrée libre, mais places limitées. Pour information et réservation : Louis-Philippe.Lampron@ fd.ulaval.ca

Consultez le calendrier complet des activités sur le campus à ulaval.ca

photo Michael Büker

Jeudi 19 novembre, à 17 h, au local 2419 du pavillon Charles-De Koninck. Entrée libre, mais inscription suggérée. Pour vous inscrire : fd.ulaval.ca/formulaire19-novembre-2015


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