Le Fil 4 mai 2017

Page 1

Au bord du gouffre ? p4

Précieuses lentilles p8-9

Volume 52, numéro 26 4 mai 2017

photo The Sustainable Sanitation Alliance

Pour la sécurité alimentaire d’Haïti

Le professeur Patrice Dion, du Département de phytologie, et la Fondation Chibas-Haïti collaborent à un projet d’urgence visant la production de semences de sorgho tolérant au puceron jaune. p3


2

actualités UL

en bref

le fil | le 4 mai 2017

Pour une visibilité accrue des connaissances La Bibliothèque lance la phase 2 de développement de la plateforme de dépôt institutionnel Corpus UL par Yvon Larose

Un 7e titre en 10 ans ! Pour la 7e fois en 10 ans, une délégation d’étudiants de l’Université Laval a remporté l’Éco-marathon Shell des Amériques, une compétition nord-américaine de design de véhicules à faible consommation d’essence qui se déroulait la fin de semaine dernière dans le centre-ville de Détroit. Le prototype conçu par des étudiants de la Faculté des sciences et de génie a devancé une trentaine de véhicules provenant de quelques-uns des meilleurs établissements d’enseignement supérieur des États-Unis et du Canada. Leur véhicule a réalisé une performance de 1 153 km / l (2 713 milles / gallon), devançant par plus de 400 km / l celui de leurs plus proches rivaux, des étudiants de l’Université Brigham Young (Utah). La trentaine d’étudiants qui forment la délégation se préparent maintenant à défendre leur titre lors de la compétition SAE Supermileage, l’autre grande épreuve nord-américaine de véhicules à faible consommation d’essence, qui se déroulera les 8 et 9 juin au Michigan. La Faculté des sciences et de génie de l’Université Laval tentera d’y remporter une quatrième victoire consécutive. photo Shell Eco-Marathon Americas

Laval en spectacle 2017 Neuf employés de l’Université monteront sur scène, accompagnés d’une quinzaine de musiciens, pour exposer leurs talents au grand jour. Un programme des plus variés, qui comprend musique, chanson et danse, attend le spectateur. Plus d’une vingtaine de bénévoles travaillent à la réalisation de cet événement. Laval en spectacle s’associe cette année à Fibrose kystique Québec. Sur le thème « Une bonne bouffée d’art », l’événement remettra à l’organisme 3 $ pour chaque billet vendu. Laval en Spectacle, c’est aussi une exposition d’œuvres visuelles conçues et créées par des employés de notre établissement. Il reste d’ailleurs encore quelques places pour ceux et celles qui aimeraient partager leurs œuvres avec la communauté universitaire et le grand public. Pour plusieurs, c’est une première occasion de « s’exposer au grand jour » ! Vendredi 26 mai, à 19 h 30, au Théâtre de la cité universitaire au pavillon Palasis-Prince. Les billets sont en vente à l’adresse suivante : lavalenspectacle.ulaval.ca/ L’exposition se tiendra, quant à elle, du 5 au 9 juin à la salle Hydro-Québec du pavillon Alphonse-Desjardins. Pour participer, remplissez le formulaire qui se trouve sur le site de Laval en spectacle, joignez des photos des œuvres que vous souhaitez présenter et transmettez le tout à lavalenspectacle@ulaval.ca au plus tard le 15 juin. Pour plus d’information : lavalenspectacle.ulaval.ca

Le professeur Thierry Ollevier enseigne au Dé partement de chimie. Entre avril 2016 et janvier 2017, il a déposé, sur la plateforme de dépôt institutionnel Corpus UL, 14 articles publiés au préalable dans des revues savantes à comité de lecture. Selon lui, le libre accès permet une diffusion très large des publications rendues disponibles à l’ensemble de la communauté scientifique. « Cet avantage, dit-il, est majeur dans le sens que nos articles peuvent être repérés beaucoup plus facilement par des moteurs de recherche et ainsi être téléchargés. L’intérêt est donc important en termes de rayonnement international pour les résultats de recherche des professeurs. » Le mardi 2 mai, la Bibliothèque a lancé la phase 2 de développement de Corpus UL. Cette phase permettra aux chercheurs de l’Université de pouvoir déposer de nouveaux types de documents, et ce, dans quatre nouvelles collections. L’une d’elles portera sur les textes ayant été soumis à un mécanisme éditorial distinct de la révision par les pairs. Les autres porteront sur les chapitres de livre, les livres et les rapports de recherche. Cette dernière collection regroupera des documents scientifiques ou techniques, publiés ou non, et habituellement archivés. « La phase 2 fait passer la collection de la phase 1 en deuxième vitesse, soutient le directeur du projet Corpus UL et directeur du soutien à la recherche et à l’apprentissage à l a B i b l i o t h è qu e , G u y Bilodeau. Nous souhaitons que la seconde phase fera adhérer davantage de chercheurs à Corpus UL. »

La plateforme de dépôt institutionnel a vu le jour il y a un an. Elle s’adresse aux professeurs, aux étudiants inscrits aux cycles supérieurs, aux postdoctorants et aux professionnels de recherche. Elle vise à rendre largement accessibles et réutilisables les résultats de la recherche universitaire pour en ac croître la visibilité et pour en favoriser le partage. Cette approche s’inscrit dans l’esprit des politiques de libre accès dont se sont dotés les gouvernements au fil des ans. Le gouvernement fédéral canadien, par exemple, exige depuis 2015 que les articles scientifiques publiés à partir de travaux de re cherche qu’il a subventionnés soient rendus publics 12 mois après leur publication dans une revue savante. Ministères, organismes à but non lucratif, hôpitaux, PME, chercheurs dans les pays en développement : la demande pour ce type d’information est réelle et diversifiée. Au moment de mettre sous presse, Corpus UL contenait plus de 1 470 documents. Cette collection est constituée uniquement d’articles publiés dans des revues savantes disposant d’un mécanisme de révision par les pairs. S’y ajouteront les nouveaux types de documents. Les sujets de recherche touchent à de nombreux do maines du savoir, dans les sciences exactes comme dans les sciences humaines et sociales. « Notre collection, c’est de la science de haut niveau, affirme Guy Bilodeau. La révision des articles chez les éditeurs, par trois ou quatre experts du domaine, garantit la qualité des données et constitue un sceau d’approbation. »

On peut le lire en ligne à lefil.ulaval.ca et s’abonner gratuitement à un avis de parution électronique.

Le journal de la communauté universitaire Fondé en 1965, Le Fil est un hebdomadaire publié 29 fois par an par la Direction des communications de l’Université Laval et distribué gratuitement sur le campus.

Vous désirez proposer un sujet d’article ? Écrivez-nous à l’adresse le-fil@dc.ulaval.ca au plus tard le jeudi midi précédant la prochaine parution. Les textes soumis doivent comporter le nom et le numéro de téléphone de leur auteur. Écrivez-nous ! Le Fil accueille vos idées avec plaisir. Le contenu de ce journal peut être reproduit à condition de mentionner la source et l’auteur.

Chaque année, les chercheurs de l’Université pu blient entre 9 000 et 10 000 articles scientifiques. « Pour notre première année d’existence, nous visions le dépôt de 10 à 15 % des articles, souligne le directeur. Nous avons atteint notre objectif. En fait, nous sommes d’autant plus satisfaits de notre bilan que nous avons entièrement respecté nos budgets et nos échéanciers. Ce projet a été extrêmement bien mené par toute l’équipe de développement à la Bibliothèque. » Maude Laplante-Dubé, bibliothécaire-conseil à la diffusion de la recherche à la Bibliothèque, fait partie de l’équipe de Corpus UL. Elle rappelle que de nombreuses présentations ont été faites durant la phase 1. « Il reste du travail à faire, poursuit-elle. Le concept est parfois encore mal compris. Souvent les professeurs s’informent au sujet du droit d’auteur. Sur ce plan, nous nous assurons de diffuser les articles en conformité avec les politiques d’accès libre des éditeurs. » Selon la bibliothécaireconseil, les contenus de Corpus UL sont indexés dans

La phase 2 de Corpus UL donnera accès à quatre nouvelles collections de documents des moteurs de recherche parmi les plus populaires, comme Google et Google Scholar. « Ils le seront bientôt dans des bases de données internationales qui répertorient du contenu en libre accès, explique-t-elle. L’une d’elles est la plateforme européenne OpenAIRE. D’ici 2020, la recherche subventionnée par l’Union européenne sera en libre accès sur cette plateforme, qui est également ouverte internationalement. Tous nos articles seront répertoriés à cet endroit. » On peut consulter la plateforme de dépôt institutionnel Corpus UL à l’adresse suivante : corpus.ulaval.ca

La plateforme de dépôt institutionnel vise à rendre largement accessibles et réutilisables les résultats de la recherche universitaire pour en accroître la visibilité et pour en favoriser le partage.

Rédaction Éditeur : Jacques Villemure, directeur des communications Rédactrice en chef : Claudine Magny Journalistes : Matthieu Dessureault, Jean Hamann, Yvon Larose Collaborateurs : Pascale Guéricolas, Stéphane Jobin, Caroline Leclerc, Mathieu Tanguay, Brigitte Trudel Collaborateurs au Web : Carl Bélanger, Thierry Mellon Rédactrice-réviseure : Manon Plante Agente de secrétariat : Josée Nadeau

Production Infographie : Geneviève Bolduc, Service de reprographie de l’Université Laval Impression : TC Imprimeries Transcontinental, Québec (Québec)

Placements publicitaires Claudine Trudel 418 656-2131 poste 6415 Dépôt légal Bibliothèque nationale du Québec, ISSN 022-1-1965

Pour nous joindre 2325, rue de l’Université, local 3108 Québec (Québec) G1V 0A6 Téléphone : 418 656-2131 poste 4687


actualités UL 3 Pour la sécurité alimentaire d’Haïti le fil | le 4 mai 2017

La subvention permettra de produire très rapidement 500 tonnes de semences de sorgho tolérant au puceron jaune

Le sorgho vient au 3e rang en importance parmi les céréales cultivées en Haïti. Environ le tiers des agriculteurs produisent cette céréale essentielle à la sécurité alimentaire du pays. photo The Sustainable Sanitation Alliance

Patrice Dion collabore à un projet d’urgence visant la production de semences de sorgho tolérant au puceron jaune par Jean Hamann Le professeur Patrice Dion, du Département de phytologie, et la Fondation Chibas-Haïti viennent de recevoir une subvention de 1,4 M $ d’Affaires mondiales Canada pour mener un projet d’urgence visant à organiser une réponse à la prolifération du puceron jaune en Haïti. L’annonce en a été faite le 4 mai à Bas Boen en Haïti, en présence de Jovenel Moïse, président de la République d’Haïti, de Carmel André Beliard, ministre de l’Agriculture, des Ressources naturelles et du Déve­ lop­p ement rural d’Haïti, et de Paula Caldwell St-Onge, ambassadrice du Canada en Haïti. Le puceron jaune Melanaphis sacchari est un ravageur du sorgho ainsi qu’un vecteur de virus chez la canne à sucre. « Il est apparu en Haïti en 2015 et depuis il a proliféré dans toutes les zones du pays, signale Patrice Dion. Les variétés locales de sorgho sont très sensibles aux attaques de cet insecte. » En septembre dernier, Haïti a sollicité l’aide du Canada pour organiser la lutte contre cet insecte qui menace la sécurité alimentaire de la population haïtienne. Le sorgho vient au 3 e rang en importance parmi les céréales cultivées en Haïti et environ le tiers des agriculteurs en produisent. « Il s’agit d’une céréale de soudure, c’est-à-dire qu’elle est la seule cé­­ réale consommée par les ménages

pauvres pendant la saison sèche, soit de janvier à avril. À ce moment, la famille a consommé tout le maïs qu’elle avait produit et le sorgho, qui est récolté en novembre et en décembre, lui permet de continuer à s’alimenter en attendant la récolte du printemps », précise le chercheur. Dans le cadre du projet AKOSAA de l’Université Laval, également financé par Affaires mondiales Canada, l’équipe du professeur Dion et la Fondation Chibas-Haïti ont développé des variétés haïtiennes de sorgho tolérantes au puceron jaune. La subvention qui

vient d’être annoncée leur permettra de produire très rapidement 500 tonnes de semences de lignées tolérantes. Ces semences seront distribuées en juillet et en décembre 2017 à tous les producteurs et productrices de sorgho du pays grâce au concours d’organisations canadiennes, haïtiennes et internationales. « Nous souhaitons en faire profiter prioritairement les victimes du cyclone Matthew, qui a dévasté la zone sud du pays et qui y compromet la sécurité alimentaire », souligne le professeur Dion.

Le puceron jaune est un ravageur du sorgho ainsi qu’un vecteur de virus chez la canne à sucre. Il est apparu en Haïti en 2015 et il s’est depuis répandu dans toutes les régions du pays. photo Fondation Chibas-Haïti

Dans le cadre du projet AKOSAA de l’Université Laval, l’équipe de Patrice Dion et la Fondation Chibas-Haïti ont développé des variétés haïtiennes de sorgho tolérantes au puceron jaune. photo Ericka Moerkerken


4

biologie

le fil | le 4 mai 2017

Sur une pente glissante À l’île Bylot, les sites de nidification de la buse pattue sont mis à mal par des phénomènes géomorphologiques liés aux changements climatiques par Jean Hamann Les changements climatiques font la vie dure aux sites de nidification de la buse pattue dans l’Arctique canadien, rapportent des chercheurs du Centre d’études nordiques dans un récent article publié par la revue Arctic Science. En effet, leur étude montre que, pendant le suivi de neuf ans qu’ils ont réalisé sur l’île Bylot, plus du quart des nids de cette es­p èce ont été détruits par des phénomènes géomorphologiques liés aux changements climatiques. La buse pattue ne serait pas au bout de ses peines puisque plus de la moitié des nids encore intacts en 2015 étaient à r­ isque modéré ou élevé de destruction. Rappelons que la buse pattue est un prédateur circumpolaire qui se reproduit au nord de la limite des arbres. À l’île Bylot, elle niche dans les vallées que les rivières ont creusées dans des plaines de grès et de schiste. Les nids, qui font jusqu’à 90 cm de diamètre et 20 cm de hauteur, sont construits sur des escarpements rocheux ou sur des pentes abruptes qui bordent ces vallées. « Ils sont parfois installés sur des dépôts de sable ou de silt ou encore sur des roches non consolidées, ce qui les rend vulnérables à

certains phénomènes géomorphologiques », signale Andréanne Beardsell, ­é tudiante-chercheuse au Département de biologie et première auteure de l’étude. Entre 2007 et 2015, les chercheurs ont inventorié tous les nids de buse pattue trouvés dans une aire de 500 km2 sur l’île Bylot. Ils ont géolocalisé les 82 nids ainsi découverts et ils ont décrit les caractéristiques physiques du site sur lequel ils étaient construits. Les nids étaient revisités chaque année pour en déterminer l’état. Les chercheurs ont ainsi établi que 28 % de ces nids ont été détruits durant la période de suivi. Dans 87 % des cas, cette destruction était attribuable à des glissements de pente ou à des chutes de roches ; les autres 13 % résultaient de conditions météorologiques extrêmes. Les analyses des chercheurs indiquent que le risque de destruction est 12,6 fois plus élevé lorsque le nid est construit sur des sé­diments non consolidés. Il augmente aussi en fonction du nombre de jours de pluie abondante (≥ 7 mm) et d’un indice de température (la somme des températures moyennes quotidiennes

À l’île Bylot, la buse pattue construit son nid sur des escarpements rocheux ou sur des pentes abruptes qui bordent des vallées creusées dans la roche sédimentaire. Les nids installés sur des dépôts meubles ou sur des roches non consolidées sont vulnérables à certains phénomènes géomorphologiques. Par exemple, ce site de nidification découvert en 2014 par Andréanne Beardsell était disparu en 2015. photo Audrey Robillard

au-dessus de zéro) depuis la dernière visite du nid. « Nous croyons que les précipitations et la chaleur favorisent la fréquence et l’amplitude des mouvements du sol qui peuvent conduire à la destruction des nids », ré­­ sume l’étudiante-chercheuse. Dans l’Arctique, les changements climatiques se manifestent par un réchauffement rapide du climat et par des précipitations plus

La buse pattue est un prédateur circumpolaire qui se reproduit au nord de la limite des arbres. photos Andréanne_Beardsell

abondantes sous forme de pluie, ce qui n’annonce rien de bon pour la buse pattue. D’ailleurs, selon les observations des chercheurs, 54 % des 58 sites encore intacts à l’été 2015 étaient considérés à risque modéré ou élevé de destruction. Jusqu’à présent, la destruction des nids par des phénomènes géomorphologiques a eu peu d’incidence sur le succès reproducteur de la buse pattue à l’île Bylot. En neuf ans, les chercheurs n’ont observé que deux cas ayant conduit à la destruction d’un nid dans lequel se trouvaient des petits. Par contre, au rythme où vont les choses, les bons sites de nidification pourraient se raréfier rapidement. « Les buses pattues pourraient être contraintes de nicher dans des sites de moins bonne qualité, des sites plus facilement accessibles aux prédateurs, par exemple. Il risquerait alors d’y avoir des répercussions sur leur succès reproducteur », avance Andréanne Beardsell. L’étude parue dans Arctic Science est également signée par Gilles Gauthier, de l’Université Laval, Daniel Fortier, de l’Université de Montréal, Jean-François Therrien, du Hawk Mountain Sanctuary en Pennsylvanie, et Joël Bêty, de l’UQAR.

La disparition des sites de nidification de qualité pourrait contraindre les buses pattues à nicher dans des endroits plus facilement accessibles aux prédateurs


recherche

le fil | le 4 mai 2017

5

«

Nous avons obtenu des rendements dépassant 95 %, ce qui se compare avantageusement à ceux obtenus avec des solvants organiques

Cette image illustre ce qu’il y a de neuf sous le soleil en matière de catalyse biomimétique. Elle présente de façon humoristique les principaux éléments de la percée effectuée par les chercheurs de l’Université Laval. On y voit, dans l’eau, des polypeptides de forme hélicoïdale qui, à l’instar des enzymes dans les cellules, catalysent des réactions en milieu aqueux. Ces réactions conduisent à la synthèse de molécules à haute valeur ajoutée, symbolisées ici par les deux molécules qui se prélassent sous les palmiers. image Raphaëlle Théorêt

Biomimétisme chimique Grâce à des catalyseurs qui fonctionnent dans l’eau, des chercheurs ouvrent une nouvelle voie à la chimie verte par Jean Hamann Une équipe de la Faculté des sciences et de génie vient de réaliser une percée qui pourrait accélérer le développement de la chimie verte. Dans un article publié le 4 mai par la revue Chemical Communications de la Royal Society of Chemistry, ces chercheurs annoncent s’être inspirés des enzymes présentes dans les cellules vivantes pour développer un catalyseur efficace dans l’eau. « Cette avancée laisse entrevoir la possibilité de réduire le recours aux solvants chimiques, notamment pour la synthèse des médicaments », affirme Normand Voyer, professeur au Département de chimie, qui a dirigé l’étude.

La très grande majorité des composés synthétisés par l’industrie chimique résultent de réactions qui font appel à des solvants, rappelle le professeur Voyer. Ces produits sont toxiques et difficilement réutilisables, mais l’industrie y a recours parce que très peu de réactions se déroulent efficacement dans l’eau. « Pourtant, toutes les réactions cellulaires ont lieu en milieu aqueux, sans solvants organiques, fait valoir le chercheur. C’est ce qui nous a donné l’idée de développer un procédé biomimétique qui s’inspire des enzymes, les catalyseurs naturels retrouvés dans les cellules. »

La solution à laquelle sont arrivés les chercheurs est toutefois plus simple que celle de la nature, qui mise sur des protéines ou des complexes de protéines. Elle repose sur des polypeptides peu coûteux et homogènes – de courtes chaînes d’un même acide aminé – qui, en raison de leur caractère hydrophobe, catalysent des réactions impliquant des composés qui sont insolubles dans l’eau. « Le catalyseur le plus efficace que nous ayons testé jusqu’à maintenant est la poly-Lleucine, souligne le professeur Voyer. Nos travaux ont permis de déterminer les conditions qu’il faut réunir pour que son efficacité soit optimale dans une réaction classique très utilisée dans l’industrie chimique, la réaction d’époxydation. Nous avons obtenu des rendements dépassant 95 %, ce qui se compare avantageusement à ceux obtenus avec des solvants organiques. »

Le recours à de tels polypeptides pourrait donc être avantageux tant sur le plan de l’écologie que sur celui de l’économie puisque ces catalyseurs ne génèrent pas de déchets toxiques et qu’ils sont réutilisables. « Nous tentons maintenant de dé montrer que cette avenue est applicable pour d’autres procédés chimiques d’im portance utilisés dans l’industrie pharmaceutique, agrochimique ou alimentaire. » L’ é t u d e p a r u e d a n s C h e m i c a l Commu nications est signée par Christopher Bérubé et Normand Voyer, du Département de chimie, et par Xavier Barbeau et Patrick Lagüe, du Département de biochimie, de microbiologie et de bio-informatique.


6

société

L’importance de la recherche féministe Réunie sur le campus, la relève en études féministes rappelle que cet angle de recherche est plus pertinent que jamais, et ce, dans tous les domaines par Brigitte Trudel Les 27 et 28 avril se tenait le troisième Colloque étudiant féministe de l’Université Laval sur le thème « Fémi­ nismes : recherches en mouvements ». Orchestré par un petit groupe d’étudiantes issues de disciplines diverses et « marrainé » par la Chaire Claire-Bonenfant – Femmes, savoirs et sociétés, l’évé­ nement avait notamment pour but de réunir la re­­ lève en recherche féministe de différentes universités québécoises. Durant ces deux journées, un total de 33 conférences ainsi que 2 ateliers pratiques – qui relevaient de domaines aussi divers que les lettres, la philosophie, le travail social, l’art graphique, la criminologie, etc. – ont été présentés. Au menu figuraient, entre autres, des réflexions sur les programmes éducatifs, les jeux vidéo, la maternité et les accords grammaticaux. « Les recherches féministes couvrent tout un éventail de disciplines, explique Dominique Tanguay, adjointe à la titulaire et professionnelle de recherche à la Chaire ClaireBonenfant – Femmes, sa­­ voirs et sociétés. Toutefois, ces travaux sont généralement marginaux dans leur faculté d’appartenance, d’où l’importance de favoriser le partage des savoirs. Les chercheuses féministes, à plus forte raison si elles sont étudiantes, sont souvent isolées dans leur département, où elles sont peu nombreuses, poursuit la chercheuse. Ce colloque est particulièrement important parce qu’il constitue une occasion de rassembler et de mettre en valeur la relève. » Dominique Tanguay précise que, dans le but d’élargir cette diffusion, le Réseau québécois en études féministes, un réseau panquébécois de chercheuses qui compte plusieurs membres à l’Université Laval, soutenait aussi l’événement. Po u r L o r e n a S u e l ve s Ezquerro, doctorante en an­thropologie et membre du comité organisateur, la per­ tinence d’un tel colloque allait de soi. « Les questions

entourant le féminisme ont été largement médiatisées ces derniers mois, rappelle-telle. Or, aborder ces sujets sous l’angle multidisciplinaire permet d’amener la réflexion encore plus loin. » Dans ses recherches, la jeune femme s’attarde notamment à la culture du viol et aux effets des politiques canadiennes sur l’immigration et le mariage. En plus de proposer un partage des savoirs, le Col­loque étudiant féministe ­servait également de lieu de convergence entre les mi­­ lieux scolaire, communautaire et militant. Des représentantes de ces milieux, dont deux adolescentes, sont venues témoigner de leur expérience et de leur point de vue. « L’exploration théorique et ce qui se passe sur le terrain s’imbriquent et s’influencent, explique Lorena Suelves Ezquerro. Les mouvements sociaux donnent le ton à la recherche et l’inverse est aussi vrai. La recherche permet de mettre sur la table des faits, de proposer des ­pistes de solution que les mi­­ lieux communautaire et militant peuvent appliquer par la suite. » D’ailleurs, le document de présentation du Colloque rappelait combien les études

féministes, au Québec et ailleurs, ont contribué à transformer les connais­ sances et les pratiques, participant ainsi à l’avancement de la condition des femmes. « Mais il reste du chemin à faire, rappelle Lorena Suelves Ezquerro. Il y a au Québec cette tendance à croire que l’égalité de genre est acquise, mais ce n’est pas le cas. » Ceci dit, pour mieux faire face aux défis de l’avenir, la relève en recherche est-elle assurée ? « Je suis très con­ fiante. La forte participation des étudiantes au Colloque, tout comme le nombre inattendu de propositions de communication acheminées au comité scientifique, en sont des manifestations éloquentes », assure Dominique Tanguay. La chercheuse ajoute qu’un autre rendez-vous viendra sous peu montrer la vivacité des études féministes sur le campus. L’Université féministe d’été se déroulera du 21 au 26 mai sur le thème « Femmes, violences, po­­ litiques et résistances ». L’évé­nement, qui en est à sa 15 e année d’existence, est déjà marqué par un record de popularité, fait valoir Dominique Tanguay. Plus de 200 personnes y sont inscrites, dont les deux tiers sont étudiantes. « Cela témoigne de l’intérêt des étudiantes et de la pertinence de la re­­ cherche féministe pour la relève », se réjouit-elle. Pour plus d’information sur l’Université féministe d’été : universitefeministedete.fss.ulaval.ca/

Les recherches féministes sont généralement marginales dans leur faculté d’appartenance, d’où l’importance de favoriser le partage des savoirs affirme Dominique Tanguay, adjointe à la titulaire et professionnelle de recherche à la Chaire Claire-Bonenfant – Femmes, savoirs et sociétés.

3Q

le fil | le 4 mai 2017

sur la Corée du Nord

Gérard Hervouet

Selon les experts, la situation a rarement été aussi tendue entre les États-Unis et la Corée du Nord. Cette dernière se dit prête à tenter un sixième essai nucléaire, alors qu’Américains et Sud-Coréens mènent actuellement des exercices militaires en Asie du Sud-Est. De son côté, le président américain a laissé entendre qu’il pourrait rencontrer son homologue nord-coréen si « les conditions sont réunies ». L’analyse de Gérard Hervouet, professeur associé au Département de science politique et spécialiste des relations internationales.

Q Pourquoi la tension entre la Corée du Nord et les États-Unis a-t-elle grimpé significativement depuis quelques mois ? R L’arrivée d’un nouveau président aux États-Unis, qui tient un langage parfois erratique avec un ton extrêmement déterminé, explique en partie la situation actuelle. Donald Trump a promis à la population américaine que jamais la Corée du Nord ne pourrait se doter de missiles intercontinentaux. Or, les Nord-Coréens ont fait beaucoup de progrès dans le domaine, autant dans la miniaturisation d’un engin nucléaire que dans le perfectionnement d’un missile capable d’at­­ teindre les États-Unis. Selon les hypothèses, un tel missile pourrait toucher la pointe de l’Alaska ou l’île américaine de Guam, dans le Pacifique, où se trouve une importante base militaire. Donald Trump veut donc arrêter les Nord-Coréens avant qu’ils ne se dotent d’armements nucléaires intercontinentaux. Lorsqu’il a déclenché une attaque surprise en Syrie avec des missiles de croisière Tomahawk pour répondre à l’utilisation d’armes chimiques, le message a été très clair pour la Corée du Nord. La Chine l’a aussi entendu, d’autant plus que le président Xi Jinping se trouvait à la résidence de Donald Trump le jour du déclenchement de l’attaque. Les États-Unis sont en effet persuadés que si les Chinois interviennent pour calmer les NordCoréens, la situation pourrait changer.

sacrifier son économie pour sauver la Corée du Nord. De la même façon, les États-Unis ne s’engageraient pas forcément pour sauver Taïwan. La Chine commence à appliquer les sanctions économiques contre la Corée du Nord, décidées au Conseil de sécurité des Nations Unies. Elle a d’ailleurs diminué ses exportations officielles d’hydrocarbures vers sa voisine, tout en restreignant ses importations de charbon, le principal bien nord-coréen d’exportation. Il faut aussi savoir que les observateurs et les voyageurs constatent un relâchement du contrôle de l’économie par l’État nord-coréen, un mouvement soutenu par des gens d’affaires chinois. Il existe presque 500 marchés libres fonctionnant sur le principe de ­l’offre et de la demande. La situation res­ semble à celle de l’économie chinoise dans les années 80. Ce début de libéralisation de l’économie nord-coréenne va sans doute amener la population à prendre conscience de la réalité des autres pays. Ce phénomène, appelé « péril de l’enrichissement », a déjà eu des répercussions sur certains régimes autoritaires de l’Asie du Sud-Est qui ont dû s’ajuster. Kim Jong-un voit bien qu’il doit relâcher de la pression puisque plusieurs haut placés du régime ont fait défection récemment.

Q Quel rôle peut jouer la Chine dans cette partie complexe de poker diplomatique ?

R C’est une situation compliquée pour la Chine puisque la Corée du Nord ne la consulte pas quand elle décide, par exemple, de faire des essais nucléaires. D’une part, depuis les années 50, on sait que les Chinois ne veulent pas d’une Corée réunifiée, et surtout pas d’un pays capitaliste à leur frontière, avec sa déferlante de modernité. D’autre part, les Chinois sont contrariés par les menaces de Donald Trump de taxer leurs exportations de marchandises vers les États-Unis s’ils n’imposent pas assez de sanctions économiques contre la Corée du Nord. Ce qui rend la situation encore plus complexe, c’est qu’en 2003, la Chine a déjà essayé de réunir autour d’une même table de négociation toutes les parties concernées pour parler de la dénucléarisation de la Corée du Nord. Cette dernière a fait semblant de jouer le jeu, mais elle s’est retirée des pourparlers en 2009. Elle devait adhérer à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et accepter des inspections surprises. La Chine a été très humiliée de ce retrait. Aujourd’hui, elle voudrait que les États-Unis et la Corée du Nord dialoguent directement entre eux, ce qui ne s’est jamais produit. La tenue d’un tel dialogue constituerait une reconnaisQ La Chine n’a-t-elle pourtant pas ­toujours soutenu le régime communiste sance diplomatique de facto et une grande en vigueur en Corée du Nord ? victoire pour Pyongyang. Cependant, pour établir un dialogue, encore faudrait-il que R Les deux pays n’ont jamais eu des rela- les États-Unis aient une preuve de la bonne tions très harmonieuses, même si l’on a foi du régime nord-coréen. tendance à les présenter comme des alliés. Je ne pense pas que la Chine soit prête à Propos recueillis par Pascale Guéricolas


international La difficulté de parler ils ont dit... d’une même voix le fil | le 4 mai 2017

7

Sur le conflit du bois d’œuvre

À maintes reprises, le conflit syrien a mis en lumière le manque de cohésion de l’Union européenne en matière de politique étrangère par Yvon Larose Le traité de Rome, l’acte fondateur de la Communauté économique européenne, l’ancêtre de l’Union européenne, a 60 ans. Afin de souligner cet important anniversaire, le Cercle Europe et la Chaire Jean-Monnet en intégration européenne de l’Université Laval ont tenu un colloque international de deux jours, au Cercle au pavillon Alphonse-Desjardins, les 27 et 28 avril. Le professeur Francesco Cavatorta, du Département de science politique, a prononcé la première conférence du colloque. Son exposé a porté sur la politique étrangère de l’Union européenne sous l’angle de la guerre civile en Syrie. Sa communication était tirée d’un texte qu’il a coécrit avec l’étudiant Pierre-Michel Turcotte, inscrit au baccalauréat intégré en affaires publiques et relations internationales. Cet article constituera l’un des chapitres d’un ouvrage collectif à paraître sous le titre de The Syrian Uprising : Regional and National Contexts – volume 2. Selon le professeur, l’Union a fait des progrès assez importants pour se doter d’une politique étrangère et d’une politique sécuritaire communes à l’en­ semble de ses États membres. « Mais, poursuit ce spécialiste du MoyenOrient, tout cela n’est encore qu’à un stade embryonnaire. C’est qu’il est assez difficile de mettre ensemble 27 pays tout à fait différents et ayant des intérêts stratégiques différents. On peut penser ici à la Finlande, qui s’intéresse da­­vantage à ce qui se passe en Russie qu’en Méditerranée. » Le professeur Cavatorta croit que l’Union souffre de graves problèmes institutionnels. « Les

États membres, affirme-t-il, ne veulent pas dialoguer. Il n’y a donc pas de véritable mise en commun lors de graves crises de politique internationale parce que les intérêts et les lectures de ces crises diffèrent grandement. Et lorsque surviennent des crises, c’est chacun pour soi. » Ces dernières années, trois crises relatives à la situation en Syrie ont démontré à quel point l’Union est incapable de parler d’une seule voix, forte, indépendante et crédible. La première de ces crises a débuté le 1er juin 2013. À partir de ce moment, les pays membres étaient libres d’expédier des armes à la Syrie, à la condition qu’elles ne servent qu’à la protection des civils. Durant les négociations pour en arriver à cet accord, l’Autriche et les Pays-Bas en particulier ont exprimé leur opposition avant de se rallier. Leurs représentants craignaient que l’on perçoive la prise de position de l’Union dans une guerre civile comme une trahison de ses propres valeurs. Un deuxième événement mis de l’avant par les chercheurs est l’emploi présumé d’armes chimiques par Damas contre sa population civile. Dès 2013, des accusations étaient portées en ce sens par la communauté internationale. Washington avait alors menacé le régime Assad d’une intervention militaire s’il franchissait cette « ligne rouge ». De son côté, la France se déclara prête à intervenir aux côtés des États-Unis. Elle tenta en vain de rassembler les autres États membres de l’Union dans une intervention militaire semblable à celle en Libye en 2011. Mais la vaste majorité

refusa. « L’Union, écrivent les deux chercheurs, n’est pas conçue pour discuter d’interventions militaires, encore moins pour les mener à terme. » Une autre source de divisions au sein de l’Union est la crise des millions de réfugiés syriens fuyant la guerre et cherchant à refaire leur vie dans les pays limitrophes, comme la Turquie, ou bien en Europe. Selon Francesco Cavatorta, on aurait pu s’attendre à ce que l’Union soit capable de gérer cette crise, compte tenu de son ouverture en matière d’aide humanitaire, de droits de la personne et de droit d’asile. Mais la réalité fut tout autre. Les États membres se sont ouvertement défiés. Aucun plan n’a vu le jour. Des désaccords profonds sont survenus. La stabilité de l’Union a été affectée. Quatre importantes élections auront lieu dans les prochains mois au sein de l’Union, en France, au Royaume-Uni, en Allemagne et en Italie. « Après, les nouveaux leaders vont probablement revoir les dossiers les plus importants, comme la monnaie unique, le Brexit et la Syrie, explique le professeur Cavatorta. Compte tenu de leur poids, ils donneront peut-être une nouvelle impulsion pour la conclusion d’un accord de politique étrangère. »

Luc Bouthillier, Département des sciences du bois et de la forêt Le Soleil, 26 avril

Sur la privatisation de Canam

Yan Cimon, Département de management Le Soleil, 28 avril

L’Union est toujours incapable de prendre des décisions qui lieraient tous ses pays membres

Fleuron québécois de l’acier, Canam a annoncé que ses actions seront rachetées par un groupe d’investisseurs dirigé ma­­ joritairement par l’entreprise American Industrial Partners. Est-ce que ce changement de garde est positif pour le groupe beauceron ? « Cette transaction pourrait être une manière de redonner un peu de liberté à la direction afin de revoir le mo­dèle d’affaires ou la direction à long terme de l’entreprise, croit Yan Cimon. C’est quelque chose de très difficile à faire lorsqu’on est à la Bourse, car la société subit la dictature des trimestres consécutifs. »

Sur la mission finale de Cassini

Christian Carles, doctorant en physique Les matins éphémères, CKRL, 27 avril

L’arrivée d’un nombre considérable de réfugiés syriens sur le versant sud-est de l’Union européenne a causé une véritable crise au sein des pays membres. photo ONU / Socrates Baltagiannis

Le cinquième conflit du bois d’œuvre entre le Canada et les États-Unis a démarré il y a quelques jours. Au cœur du litige se trouve un droit compensateur de près de 20 % sur les bois canadiens exportés au sud de la frontière. Pour Luc Bouthillier, l’occasion serait belle pour jouer à fond la carte juridique. « Vous nous accusez de pratique déloyale, dit-il, car nous avons accès à une forêt publique depuis 1982 ? Il faudrait peut-être aller au bout du processus juridique que l’ALÉNA permet. Et s’il le faut, nous irons à l’Organisation mondiale du commerce. »

Lancée en 1997 pour ­étudier Saturne, la sonde Cassini a révélé la présence d’eau salée sur l’une de ses lunes, ce qui laisse planer la possibilité que des formes de vie s’y trouvent. La sonde a entrepris sa mission finale, qui consiste à plonger à 22 reprises entre les anneaux et la planète d’ici le mois de septembre. « Elle terminera sa mission en s’écrasant sur la planète, signale Christian Carles. En descendant à travers les gaz, elle va brûler. C’est la façon la plus sécuritaire de s’assurer qu’elle ne contaminera pas les lunes où il y aurait potentiellement de la vie. »


8

le fil | le 4 mai 2017

Au temps des Lumière Les collections de la Bibliothèque de l’Université s’enrichissent de centaines de caméras et d’appareils de « précinéma » grâce à la contribution d’un généreux donateur par Matthieu Dessureault François Lemai est ce qu’on peut appeler un collectionneur passionné ! Cinéphile et amateur d’antiquités, il a accumulé au fil du temps une impressionnante quantité de caméras et de projecteurs datant d’aussi loin que 1830. Ces objets montrent avec éloquence les changements technologiques qui ont bouleversé l’histoire du cinéma. « L’intérêt de cette collection est qu’elle est très représentative de tout ce qui a été fabriqué dans le monde depuis la projection des frères Lumière, considérée comme les débuts du cinéma. On trouve aussi plusieurs lanternes magiques, l’an­ cêtre des appareils de projection. Environ 60 % des pièces n’ont jamais été vendues ni au Québec ni au Canada. Peu de collections dans le monde, voire aucune, offre un aussi large éventail », raconte celui qui a fait don à l’Université de 200 de ces appareils. À terme, ce sont environ

2 000 objets qui viendront garnir les collections de la Bibliothèque. À cela s’ajoutent plusieurs centaines de films en format 35 mm ainsi que des plaques de lanternes magiques. Français d’origine, François Lemai tenait à ce que sa collection demeure au Québec, sa terre d’adoption. Au départ, il avait acheté un presbytère qu’il prévoyait convertir en musée. C’est en discutant avec Jean-Pierre Sirois-Trahan, professeur au Dé­­partement de littérature, théâtre et cinéma, qu’il a changé d’idée et qu’il s’est tourné vers l’Université Laval. « Créer un musée demande des fonds, une équipe et beaucoup de préparation. La Bibliothèque avait à la fois l’espace et la volonté pour conserver précieusement les objets. L’en­thou­ siasme de Jean-Pierre Sirois-Trahan a cassé mon hésitation et m’a fait réaliser l’importance de ma collection sur les plans de la recherche et de l’enseignement », dit-il.

2

3

1

4


cinéma Ce don permettra à l’équipe de la Bibliothèque d’organiser diverses expo­ sitions thématiques et activités de médiation culturelle. Le professeur SiroisTrahan prévoit aussi la tenue d’un col­ loque réunissant plusieurs chercheurs. Pour ce spécialiste du cinéma des premiers temps, cette collection positionne l’Université parmi les grands joueurs du domaine de la conservation. « La valeur patrimoniale et historique de ces objets est pratiquement inestimable. Grâce à ce don, l’Université peut maintenant tutoyer les grandes cinémathèques. Aucune autre université dans le monde, sauf erreur, ne possède une collection semblable. » La valeur patrimoniale est une chose, mais ce n’est pas tout. Derrière la plupart des objets se cache une histoire, que François Lemai se plaît à raconter. Le volubile collectionneur donne en exemple la caméra Éclair Gillon 35 mm, qui date de 1912. Tout simple en apparence, ce petit appareil n’en demeure pas moins très précieux. « Quand je l’ai achetée sur eBay, la caméra était non identifiée. Son propriétaire avait mis une photo sans description. Après quelques recher­ ches, j’ai trouvé son brevet de fabrication. Il s’agit d’une caméra prototype de la compagnie Éclair, qui a possiblement été utilisée par le célèbre réalisateur Maurice Tourneur. Plus encore, j’ai trouvé la copie d’une photographie prise lors de la Révolution mexicaine, entre 1910 et 1920 ; on y voit un cinéaste qui tourne avec cette caméra durant la guerre ! » Les anecdotes comme celle-ci pleuvent. Pour Jean-Pierre Sirois-Trahan, tous ces objets viendront alimenter de nom­ breuses recherches. Il en profitera également pour bonifier le contenu de ses cours. « Avec la numérisation des archi­ ves, on pourrait croire qu’une telle collection n’a pas d’importance, mais c’est tout le contraire. De plus en plus, le monde de la recherche retourne à la matérialité. L’as­pect matériel est primordial puisqu’il n’y a pas d’histoire sans archives, pas d’archives sans traces et pas de traces sans matérialité. Manipuler une caméra permet d’en étudier les usages et ainsi de mieux comprendre la démarche esthétique des cinéastes qui l’ont utilisée. En plus d’être fondamentaux pour la recher­ che, ces objets historiques sont très enrichissants du point de vue de l’enseignement. Il suffit de voir les yeux pétillants des étudiants quand j’apporte en classe le même modèle que la caméra de Chaplin ! »

5

7

Pour en savoir plus sur les ­collections d’objets et de spécimens de la Bibliothèque : bibl.ulaval.ca/services/ objets-et-specimens

Ces objets montrent avec éloquence les changements technologiques qui ont bouleversé l’histoire du cinéma

9

8

6

1, 2 et 3. Une activité de reconnaissance, organisée par La Fondation de l’Université Laval et la Bibliothèque, a permis de découvrir une dizaine d’appareils rares, dont des lanternes magiques et les premiers modèles de caméra. 4. Loubna Ghaouti, directrice de la Bibliothèque, François Lemai, donateur, Bernard Garnier, vice-recteur aux études et aux activités internationales, Jean-Pierre Sirois-Trahan, professeur au Département de littérature, théâtre et cinéma, et Yves Bourget, présidentdirecteur général de La Fondation de l’Université Laval. 5, 6, 7 et 8. Un fait loin d’être anodin : la grande majorité des appareils fonctionnent encore aujourd’hui. photos Nicola-Frank Vachon


10

sciences

le fil | le 4 mai 2017

en bref

Un outil pour le financement en recherche L’Université Laval dispose maintenant d’un nouvel outil pour soutenir et développer l’excellence en recherche dans un contexte très compétitif. Research Professional est une base de données regroupant des occasions de financement à travers le monde. Il s’agit d’un outil exhaustif, fiable et pertinent qui s’adresse aux chercheurs, aux stagiaires postdoctoraux et aux étudiants. On peut y trouver rapidement des occasions de financement diversifiées correspondant aux besoins de la recherche en santé, en sciences naturel­les et génie, en sciences humaines et so­­ciales et en arts et lettres. Bien que l’interface et son contenu soient en anglais, il est tout de même possible d’y effectuer des recherches avec les noms et les acronymes français des organismes. Pour consulter cette base de données : https://www.ulaval.ca/la-recherche/­ services-a-la-recherche-et-a-la-creation/ financement.html

Les personnes qui souffrent d’aphasie éprouveront, à divers degrés, des difficultés à trouver leurs mots, à nommer des objets familiers, à construire des phrases ou à articuler correctement. La formation qui vient d’être lancée présente les stratégies que les bénévoles doivent adopter pour assurer une communication efficace avec ces personnes.

Les mots pour le dire Une équipe du Département de réadaptation a développé une formation destinée aux bénévoles qui travaillent auprès des personnes aphasiques par Jean Hamann

Code orange à l’Université Le campus a vécu une expérience hors de ­l’ordinaire le 28 avril. L’Association des étudiantes et étudiants en sciences infirmières de l’Université Laval avait organisé une simulation de désastre externe (code orange). Plus concrètement, cette journée a permis aux étudiants de la Faculté des sciences infirmières de mettre à profit leurs connaissances et leurs savoir-faire dans un scénario catastrophe comportant plus d’une quarantaine de faux blessés. Les étudiants de­­vaient prodiguer les premiers soins et évaluer l’état de chacun des faux blessés. La mise en scène, qui reproduisait les effets d’une explosion de gaz chimique (chlore gazeux), a été pensée en collaboration avec le Centre antipoison du Québec. La direction du ministère de la Sécurité publique (volet sécurité civile), des représentant de l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec ainsi que du Centre intégré universitaire de santé et des services sociaux de la Capitale-Nationale comptaient parmi les partenaires qui étaient présents lors de cette simulation. photo Pierre Yves Laroche Voltaic photographie S.E.N.C.

Les difficultés que les per­ sonnes aphasiques éprouvent à comprendre et à se faire comprendre sont pour elles une grande source de frustration. Lorsqu’elles vont chercher de l’aide et du soutien dans les associations créées à leur intention, la dernière chose dont elles ont besoin est de vivre davantage de frustration parce que les bénévoles qui y travaillent s’y prennent mal pour communiquer avec elles. Pour éviter de telles situations, une équipe du Département de réadap­tation et l’Association des personnes intéressées par l’aphasie et l’AVC (APIAAVC) ont codéveloppé une formation destinée aux bénévoles qui travaillent auprès des personnes aphasiques. Lancée officiellement le 24 avril, cette formation en ligne vient répondre à un problème commun à bien des groupes qui soutiennent les personnes aphasiques après leur hospitalisation et leur réadaptation. « Ces associations comptent souvent un seul employé, de sorte qu’elles dépendent du travail de bénévoles pour mener leurs activités, si­­ gnale Laura Monetta, du Département de réadaptation. Comme le roulement des bénévoles est très élevé,

l’employé doit consacrer beaucoup de temps à former les nouveaux venus. L’outil que nous avons dé­­ veloppé permet une au­­to­ formation de base sur l’apha­ sie et une initiation aux stra­ tégies de communication efficaces avec les personnes aphasiques. » Rappelons que l’aphasie est un trouble de commu­ nication qui survient après un accident vasculaire cérébral (AVC) ou plus rarement après un traumatisme craniocérébral ou une maladie neurodégénérative. En­­ viron le tiers des personnes qui ont eu un AVC souffriront d’aphasie. Elles éprouveront, à divers degrés, des difficultés à trouver leurs mots, à nommer des objets familiers, à construire des phrases ou à articuler correctement. D’autres parviendront difficilement à comprendre, à lire ou à écrire. « Pour des adultes qui communiquaient sans difficulté auparavant, il s’agit d’une condition handicapante et très frustrante qui conduit souvent à l’isolement, observe la professeure Monetta. Les associations de soutien et d’entraide jouent un rôle important et positif sur le plan social pour ces personnes. »

«

Je suis fière du produit final parce que j’ai l’impression que cette formation aidera les gens de façon concrète dans leur vie quotidienne

La formation destinée aux bénévoles de ces associat i on s com pre n d qu a t re modules présentés sous forme de capsules vidéo, accompagnés de documents vulgarisés et de questionnaires d’auto­évaluation. Le con­tenu a été développé en étroite ­c ollaboration avec Nicolas Germain-Pouin, coordonnateur de services à l’APIA-AVC, qui connaît bien la réalité du milieu. Les autres artisans de ce projet financé par le ministère de l’Éducation et de l’En­s eignement supérieur sont Élisabeth Déry, MarieÈve Lamontagne, Josiane Bourgeois-Marcotte et Claudia-Lynn Pelletier. « Toutes les informations que nous présentons reposent sur des données probantes issues de travaux de recherche », souligne Laura Monetta, elle-même chercheuse dans le domaine. Pour la professeure Monetta, il s’agit d’une première expérience en transfert de con­ naissances du milieu universitaire vers la communauté. « Il s’agit d’un exercice dif­ ficile, mais je suis fière du produit final parce que j’ai l’impression que cette formation aidera les gens de façon concrète dans leur vie quotidienne. » La formation est accessible gratuitement sur le site de l’APIA-AVC à l’adresse apia-avc.org/fr/formationsur-l-aphasie/ formation-aphasie.


arts

le fil | le 4 mai 2017

Un vibrant laboratoire d’expérimentation Les projets constituent autant des milieux de vie, d’apprentissage que de diffusion

Le bâtiment imaginé par Maude Beaupré et Jérémie Parent rappelle le passé industriel du site avec des volumétries coniques et cylindriques et l’utilisation de la brique. illustration Maude Beaupré et Jérémie Parent

Durant la session d’hiver, des étudiants à la maîtrise ont imaginé six versions de ce que pourrait être l’école d’architecture du 21e siècle par Yvon Larose Le Centre de recherche cli­ nique et évaluative en oncologie (CRCEO) est un centre de recherche médicale du Vieux-Québec rattaché à l’Hôtel-Dieu de Québec. Dans le contexte de la fer­ meture de l’Hôtel-Dieu, ce bâtiment verra ses services relocalisés à l’hôpital de l’Enfant-Jésus. L’architecte et professeur Jacques Plante croit qu’il y a là une occasion à saisir pour l’École d’architecture. « L’École est depuis longtemps à l’étroit au VieuxSéminaire, explique-t-il. Ce bâtiment ne répond plus vraiment à nos besoins en termes d’espace et de polyvalence. L’enseignement de l’architecture a beaucoup évolué avec le numérique. Il n’est pas évident d’y amé­ nager des laboratoires mo­­ dernes ou des ateliers multidisciplinaires. Enfin, l’effectif étudiant a connu une forte croissance ces dernières années. Pour toutes ces raisons, mes étudiants et moi avons analysé, cet hiver, la possibilité de transformer le CRCEO en une école d’architecture moderne capable d’accueillir 500 personnes. »

Douze étudiants à la maîtrise en architecture ont ­t ra­v aillé sur ce bâtiment lors de l’atelier-laboratoire Construc­tion et design. Pour Jacques Plante, le CRCEO est un édifice « formidable ». « Il a cinq niveaux et il donne sur trois rues et un passage piétonnier, dit-il. Il y a donc des fenêtres sur les quatre côtés, ce qui est extraor­dinaire pour l’ensoleillement. » Le professeur voit à cet endroit la possibilité d’un pavillon universitaire identitaire exemplaire, implanté au milieu des réalités urbaines, un bâtiment qui représente de façon novatrice l’utilisation et l’organisation de l’espace et qui constitue un signal urbain incontournable. « J’ai toujours cru, affirme-t-il, qu’une école d’architecture devait consister en un vivant et vibrant laboratoire d’expérimentation architecturale et technologique. Mes étudiants avaient donc comme défi d’imaginer un milieu de vie, d’apprentissage, de recher­che, de création, de démonstration et de diffusion. Cha­c une des six équipes a re­­levé ce défi avec brio. Elles ont réalisé des projets ex­­cep­tionnels de très grande qualité. »

Le projet de Marc-Antoine Juneau et de Laurence Lacroix s’intitule Brume. Il a retenu l’attention du jury en raison du recours à la fibre de verre pour l’enveloppe du bâtiment. Translucide, ce matériau permet une ou­­ verture visuelle sur les dif­ férents espaces intérieurs, comme les ateliers et les laboratoires. « Le principal défi, souligne Laurence Lacroix, a été d’aménager ce qui fait généralement office d’escaliers ou de couloirs en les transformant en de réels milieux de vie ac­­ cessibles à tous. La promenade habitable ainsi créée comprend désormais des es­­paces ou­­verts, fonctionnels et communicatifs qui appuient l’échange de savoirs. » Maude Beaupré et Jérémie Parent ont appelé leur projet La fabrique d’infinies personnalités. Dans leur ­dé­­marche, ils ont imaginé un bâtiment rappelant le passé industriel du site avec des volumétries coniques

et cylindriques et avec l’utili­ sation de la brique. L’aspect le plus original ? « La présence de trois imposantes cheminées de briques traitées pour leur apport en ventilation naturelle, répond Jérémie Parent. Elles servent de connecteurs entre les es­paces. » Le plus grand défi des étudiants a consisté à travailler avec une trame existante rigide et orthogonale et d’y mêler des volumes courbes et fluides. EAUL 2.0 est le titre du projet de Pascale Lacroix et de Josianne Ouellet-Daudelin. Leur bâtiment se démarque par une façade en résille laissant passer la lumière dans des ouvertures variables. Il y a aussi l’entrée, spectaculaire, qui donne immédiatement sur une salle d’exposition. À l’aide d’un logiciel paramétrique, les étudiantes ont créé les différentes ou­­ ver­tures de l’enveloppe extérieure du bâtiment et op­-­ timisé celles-ci en fonction du soleil et des fonctions intérieures.

11

en bref

Amoureux de théâtre, à votre agenda ! La grande messe du théâtre est de retour ! Du 25 mai au 10 juin, le 18e Carrefour international de théâtre se déroulera aux quatre coins de la ville. Au programme figurent plusieurs pièces, dont certaines présentées en première nord-américaine, ainsi que le spectacle déambulatoire Où tu vas quand tu dors en marchant… ?. Autre volet incontournable de la programmation, les Chantiers permettront de découvrir treize œuvres en cours de création, dont Mörbylånga, du collectif Exond&, composé d’étudiants et de diplômés en littérature. photo Renaud Philippe L’ensemble de la programmation est ­disponible à l’adresse carrefourtheatre.qc.ca

Discussions autour du septième art « Où (en) est le cinéma ? » Tel est le thème du prochain colloque du Groupe de recherche sur l’avènement et la formation des institutions cinématographique et scénique, qui aura lieu les 4 et 5 mai à la Cinémathèque québécoise. Des chercheurs du Québec, des États-Unis et de la France feront des présentations sur différents sujets, dont les nouveaux médias, le webdocumentaire interactif et les liens entre littérature et cinéma. L’événement est organisé par Julie Beaulieu, professeure au Département de littérature, théâtre et cinéma, Thomas Carrier-Lafleur, diplômé d’un doc­ torat en littérature et arts de la scène et de l’écran, et Richard Bégin, professeur à ­l’Université de Montréal. Pour plus d’information : crilcq.org/actualites/item/colloque-ou-en-est-le-cinema

F5 : l’art se connecte Dans le projet de Pascale Lacroix et Josianne OuelletDaudelin, la résille en façade crée différentes ambiances par le passage de la lumière dans les ouvertures variables. illustration Pascale Lacroix et Josianne Ouellet-Daudelin

Marc-Antoine Juneau et Laurence Lacroix ont transformé en de réels milieux de vie ce qui fait généralement office d’escaliers ou de couloirs. illustration Marc-Antoine Juneau et Laurence Lacroix

Pascale LeBlanc-Lavigne, récemment ­diplômée d’un baccalauréat en arts visuels et médiatiques, réalise des œuvres aux ­mouvements imprévisibles et poétiques qui oscillent entre création et destruction. Elle s’est associée aux entreprises Kabane et iXmédia pour créer une œuvre alliant vidéo et programmation Web. Celle-ci est présentée au Musée de la civilisation de Québec à l’occasion de l’exposition F5 : l’art se connecte. Ce projet, qui visait à réunir des artistes et des entrepreneurs, a été ­réalisé par le Musée de la civilisation et La Chambre Blanche, en partenariat avec La Fabrique culturelle. À voir au sous-sol du Musée jusqu’au 10 juin. Pour plus d’information : bit.ly/2pvWRgz


12

actualités UL

en bref

le fil | le 4 mai 2017

Des athlètes inspirants Quinze athlètes émérites âgés entre 18 et 40 ans ont reçu, le 27 avril à Montréal, une bourse de 2 000 $ ou de 3 000 $ grâce au Programme de bourses Loto-Québec de la Fondation de l’athlète d’excellence du Québec (FAEQ). En tout, ce sont 41 000 $ qui ont été octroyés. Ce programme, réservé exclusivement aux athlètes ayant une limitation physique ou sensorielle, en est à sa 10e année d’existence. Parmi les athlètes récompensés figurent deux étudiants de l’Université Laval. Il

s’agit de Josué Coudé, étudiant en traduction (goalball / bourse de 3 000 $) et de Béatrice Guay, étudiante en psychoéducation (badminton / bourse de 2 000 $). Bravo à nos deux champions ! Pour plus d’information : faeq.com/index.php/communications-et-evenements/ communiques/483-communique-lotoquebec-2017

PME et entrepreneuriat Le Conseil canadien pour les PME et l’entrepreneuriat (CCPME) tiendra son colloque annuel du 11 au 13 mai au pavillon PalasisPrince. L’événement est organisé par trois chaires de l’Université Laval et par le Carré des affaires FSA ULaval-Banque Nationale. Le colloque portera sur le thème du développement des PME et de l’entrepreneuriat dans le nouveau contexte de la mondialisation. Depuis 2008, la mondialisation est entrée dans une phase tumultueuse. L’environnement des affaires est bouleversé, créant d’immenses débouchés tout comme d’importants défis pour les entreprises. Les PME, moteur de l’innovation et de la création d’emplois, sont plus que jamais interpellées par la mondialisation et appelées à s’internationaliser.

Josué Coudé, étudiant en traduction (goalball / bourse de 3 000 $).

Béatrice Guay, étudiante en psychoéducation (badminton / bourse de 2 000 $). photos Loto-Québec

Pour plus d’information sur le colloque du CCPME : fsa.ulaval.ca/ccsbe2017, ccsbe2017@fsa.ulaval.ca

Une nouvelle doyenne à la Faculté de musique Les membres du Conseil d’administration, réunis en séance ordinaire le mercredi 19 avril, ont procédé à la nomination de Carmen Bernier au poste de doyenne de la Faculté de musique. Celle-ci est entrée en fonction le 1er mai pour un mandat se terminant le 30 juin 2021.

septembre 1967

Voici un pavillon fort connu et très fréquenté sur le campus lors de sa construction ! Le pavillon Jean-Charles-Bonenfant abrite notamment la Bibliothèque ainsi que plusieurs services administratifs. Avant que son nom soit attribué à un pavillon, Jean-Charles Bonenfant a occupé les fonctions de journaliste, de bibliothécaire et de professeur de droit à l’Université Laval. Photo Moderne / Collection Jocelyn Paquet

Des étudiants honorés à la Faculté de médecine dentaire La Soirée des prix d’excellence de la Faculté de médecine dentaire de l’Université Laval a permis de remettre 43 prix et bourses d’excellence, soit plus de 30 000 $, aux étudiants qui se sont démarqués au cours de la dernière année. L’événement, qui avait lieu le 26 avril, a réuni près d’une centaine d’étudiants, professeurs, partenaires et donateurs de la Faculté. L’activité visait à souligner le leadership, le professionnalisme, les performances scolaires, l’engagement communautaire et en recherche ainsi que la qualité des soins et des services offerts aux différentes clientèles des cliniques dentaires.

La doyenne, Cathia Bergeron, et le président-directeur général de La Fondation de l’Université Laval, Yves Bourget, ont tenu à féliciter les étudiants pour leurs excellents résultats et leur engagement envers les valeurs de la Faculté et de l’Université Laval. La doyenne a aussi tenu à souligner la présence du nouveau professeur émérite, Jean-Paul Goulet, qui incarne, selon elle, l’excellence et le rayonnement chers à la communauté facultaire. Plusieurs partenaires, associations et regroupements professionnels ont participé à la remise des prix. Un bon nombre de professeurs avaient également préparé des éloges bien sentis pour les lauréats.

Cathia Bergeron, doyenne de la Faculté de médecine dentaire (à l’extrémité gauche), et Catherine Mongrain, représentante de Sogedent Assurances, qui est l’entreprise partenaire dans l’octroi de ce prix (à l’extrémité droite), entourent les lauréats du Prix de la collaboration professionnelle, remis aux résidents du programme de dentisterie multidisciplinaire. Ces lauréats sont Vanessa Dufour, Marianne Bouchard-Asselin, Fanny Morin-Roy, Samuel Pelletier et Josée Roy-Lafrance (absent : Charles Tremblay). photo Université Laval / Pascal Duchesne


société

le fil | le 4 mai 2017

13

Reporters sous tension Jusqu’au 6 mai, des journalistes et des chercheurs venus du Québec, du Brésil, de l’Afrique et de l’Europe se penchent sur l’état du journalisme à l’occasion d’un colloque international par Pascale Guéricolas Organisé tous les deux ans, le colloque MEJOR (Mu­­ tations structurelles du journalisme) a lieu cette année à l’Université Laval. Orches­ trée par François Demers, professeur au Département d’information et de communication, cette rencontre se déroule autour du thème « Le journalisme impuissant ? Projet séculaire du journalisme et contextes extrêmes ». Une table ronde réunissant quatre journalistes passionnés par leur expérience de reportages à l’international a ouvert le bal le 3 mai. Tour à tour, Benoîte Labrosse, qui écrit pour le site d’information Ricochet, Marie-Claude Dupont, de Radio-Canada, Martin Forgues, journaliste indépendant, et Frédérick Lavoie, auteur et journaliste, ont partagé réflexions et anecdotes sur la couverture d’évé­ nements dans un contexte de guérilla ou d’instabilité politique. Sont-ils téméraires les journalistes qui partent dans des pays dominés par la violence ou ébranlés par un coup d’État ? Interrogée sur la question, Benoîte Labrosse reconnaît que le risque fait partie de la mission qui consiste à ­rendre compte de la situation politique incertaine d’une région. Partie juste après un coup d’État au Burkina

Faso à l’automne 2015 pour couvrir les élections présidentielles, la jeune femme a souvent eu le sentiment que les réunions politiques auxquelles elle assistait pouvaient dégénérer rapidement. « Je suis allée dans une réunion près de la frontière malienne, mais, sur place, je me sentais très tendue, témoigne-t-elle. Tous mes sens étaient aiguisés, je me sentais en état d’hyper­ vigilance. J’avais l’impression que cela pouvait devenir très violent en quelques secondes. » Consciente qu’en tant qu’étrangère dans un pays africain elle pouvait repré­ senter une cible, Benoîte Labrosse a soigneusement préparé son voyage. Deux ans avant de couvrir les élections burkinaises, elle avait travaillé plusieurs mois dans un grand quotidien de ce pays et avait établi un réseau de relations sur place. Ce réseau l’informe aujourd’hui ou peut l’assister en cas de coup dur. « Lorsque je pars, je passe plusieurs semaines ou plusieurs mois dans la région qui m’intéresse et je demeure chez l’habitant pour partager le plus possible la vie des gens, explique cette amoureuse de l’Afrique subsaharienne. Comme journaliste, j’ai envie qu’on parle davantage de ce continent au Québec. »

La journaliste indépendante Benoîte Labrosse, en avril 2013, alors qu’elle terminait trois mois de travail bénévole au quo­­ tidien Le Pays, à Ouagadougou, au Burkina Faso. Elle est ici entourée de collègues journalistes. photo Yannick Sankara.

Rentrée à Montréal quelques semaines à peine avant l’attentat de Ouagadougou dans lequel six Québécois ont trouvé la mort le 15 janvier 2016, la jeune femme a aidé les journalistes d’ici à comprendre ce drame dans le contexte du Burkina Faso. Ce fut l’occasion pour elle de prendre conscience que l’ouverture médiatique à une région du monde dépend notamment de la présence de Québécois à cet endroit précis. C’est un sentiment que partage Martin Forgues, parti en novembre 2013 en Afghanistan pour prendre le pouls de la population face à la présence des forces militaires étrangères. « Cela n’a pas été facile d’intéresser les journaux et les magazines québécois à la situation afghane, car l’intérêt pour ce pays était un peu passé depuis que l’armée canadienne s’y impliquait moins », explique le jeune homme. Avec le recul, cet ancien soldat, qui a été en mission en Afghanistan en 2007, avoue qu’il fallait être « un peu culotté pour partir seul à Kaboul, et surtout à Kandahar, avec très peu de ressources. » Son objectif pour ce voyage était de voir la réalité de l’autre côté du canon, car, comme militaire, il n’avait eu que très peu de contacts avec la population. Son envie de découvrir la vie quotidienne des Afghans lui a d’ailleurs causé quelques sueurs froides. Martin Forgues a vécu un interrogatoire avec le chef des renseignements de Kaboul, qui se demandait bien pourquoi cet étranger se promenait dans les rues de la ville avec une caméra GoPro attachée à sa poitrine. Manque de chance, le journaliste avait oublié son passeport ce jour-là ! Finalement cette aventure n’a pas eu de conséquences fâcheuses pour le journaliste indépendant, qui a pu continuer son périple. Un périple qu’il a mené quand même avec prudence, car plusieurs villageois rencontrés autour de Kandahar entretenaient sans doute des liens étroits avec les talibans. Rentré au Qué­ bec, le journaliste indépendant rêve, lui aussi, de repartir et de mieux partager, avec les Québécois, ses connaissances sur un pays fascinant. Pour plus d’info sur le colloque : www.mejor2017.com/

Jusqu’ici, les historiens qui se sont penchés sur les rébellions de 1837-1838 ont géné­ ralement nié l’engagement des femmes. Les recherches de Mylène Bédard révèlent une diversité d’actions et de prises de parole des Bas-Canadiennes, dans l’espace privé comme dans l’espace public. œuvre Charles Alexander Smith (1864-1915)

Patriotisme au féminin

L’auteure Mylène Bédard reçoit le Prix du Canada en sciences humaines et sociales pour son ouvrage sur la place des femmes durant la rébellion des Patriotes par Matthieu Dessureault Point marquant de l’histoire du Canada, les rébellions de 1837-1838 ont fait couler beaucoup d’encre. Nombre d’his­ toriens et d’auteurs se sont intéressés à ce soulèvement opposant les patriotes à l’armée britannique. Cependant, très peu se sont attardés à l’engagement des ­femmes pour la cause. C’est ce qui a mené Mylène Bédard, professeure de littérature et membre du Centre de recherche interuniversitaire sur la littérature et la culture québécoises, à aborder le sujet sous cet angle. Son livre Écrire en temps d’insurrections. Pratiques épistolaires et usages de la presse chez les femmes patriotes (18301840) analyse 300 lettres écrites par des femmes liées à ce mouvement. Exclues des débats parlementaires et des activités militaires, celles-ci ont néanmoins joué un rôle décisif. Leurs textes révèlent une grande diversité d’actions et de prises de parole. À partir de recherches dans des archives et de dépouillement de journaux, Mylène Bédard a dressé un portrait de ces femmes. « On retrouve chez les femmes une pensée politique et un rapport très fort avec l’actualité. Elles lisent constamment les journaux et sont bien au fait des événements. En l’absence des hommes, emprisonnés ou forcés de s’exiler, c’est par elles que l’information continue de circuler. Leurs lettres servent aussi de relais à la presse, victime de la censure. Des historiens disent que les femmes n’ont pas contribué aux événements insurrectionnels ou qu’elles ont adopté, pour la plupart, une attitude contre-révolutionnaire. Avec mon livre, j’ai voulu montrer le contraire : même s’il ne s’inscrit pas sur les champs de bataille, leur rôle politique a été très important et réunit une large palette de positions », affirme l’auteure. Son ouvrage, une version remaniée de sa thèse de doctorat, lui a valu le Prix du Canada en sciences humaines et so­­ ciales 2017. Chaque année, cette prestigieuse récompense est attribuée aux meilleures publications canadiennes dans le domaine. Les lauréats sont choisis parmi les œuvres ayant bénéficié d’une subvention du Prix d’auteurs pour l’édition savante, un programme chapeauté par la Fédération des sciences humaines.

Dans un communiqué, le jury dit avoir apprécié « le style remarquablement ac­­ cessible de l’ouvrage de Mylène Bédard. Son analyse captivante pratiquée sur des sources jusque-là inexploitées redonne aux femmes leur place en tant que sujets d’une période mouvementée de l’histoire canadienne. Ce nouvel éclairage transforme le récit historique officiel principalement établi autour de figures masculines du mouvement révolutionnaire patriote. » De toutes ces femmes inspirantes, l’auteure admet éprouver de l’admiration pour Julie Bruneau-Papineau. L’épouse du célèbre Louis-Joseph Papineau a rédigé plusieurs lettres à son mari. Très riche, le contenu de cette correspondance fournit une foule de détails sur son engagement politique. « Julie Bruneau-Papineau était très radicale et faisait même preuve de clairvoyance. Dès 1836, elle écrit à son mari qu’elle ne voit pas d’autres options que la violence, alors que l’activité parlementaire ne mène à rien. Très tôt, elle voit poindre la possibilité d’une insurrection, tandis que son mari n’est pas du tout rendu à ce stade. Constamment dans ses lettres, elle lui reproche de ne pas lui parler d’événements politiques importants. Celui-ci veut qu’elle consacre plutôt ses écrits aux enfants et à la vie familiale. Julie BruneauPapineau ne répond pas du tout aux at­tentes épistolaires de son époque. » Un autre exemple d’implication féminine ? « Lors de la seconde insurrection de 1838, une association paramilitaire a été formée de part et d’autre de la frontière américaine : les Frères chasseurs. Ceux qui voulaient en faire partie devaient prêter serment. Ils se sont regroupés dans un village, chez un patriote, mais celui-ci ne savait pas lire. C’est donc sa femme qui a assermenté les Frères chasseurs. Les historiens ont occulté cet épisode, dont on trouve pourtant des traces dans les témoignages de l’époque. » En abordant cet angle mort de l’histoire du Québec, Mylène Bédard espère non seulement renouveler la perspective historique, mais aussi rectifier certaines idées reçues sur la littérature au 19e siècle, à laquelle les femmes ont également contribué. Son prochain ouvrage portera sur leur représentation dans la presse à partir des années 1840.


14

actualités UL

le fil | le 4 mai 2017

Je suis DD dans mon approvisionnement ! D’ici 2018, l’Université vise à ce que 45 % de ses achats présentent des avantages de durabilité, que ce soit avec un produit recyclable ou avec un autre qui consomme peu d’eau ou d’énergie

La consommation responsable à l’Université, c’est notamment : • Une offre alimentaire qui répond aux principes du développement durable ; • Une certification pour les événements écoresponsables ; • Des laboratoires responsables pour encourager les chercheurs à adopter des comportements qui ont un effet positif sur l’environnement. Benjamin Laramée, président et directeur technique d’AgroCité, Marjorie Audet, directrice du Pub universitaire, et Vanessa Desrosiers, vice-présidente aux finances et au développement de la CADEUL, devant le nouveau système hydroponique du Pub universitaire.

Le Fil présente une série d’articles sur les 10 grandes actions en développement durable que vise l’Université Laval pour les trois prochaines années et qui guideront nos gestes collectifs et individuels. Cette semaine : l’achat et la consommation responsables. par Matthieu Dessureault Il y a AgroCité, la Fromagerie du campus, VIA Agroécologie, Le Carnivore, la BoULangerie du Comtois... L’offre alimentaire respon­ sable ne manque pas de fiers représentants sur le campus. Chacune à leur façon, ces associations étudiantes incitent la communauté universitaire à consommer local de manière à éviter les transports coûteux et polluants de la nourriture. En avril, un nouveau joueur s’est ajouté : fruit d’un partenariat entre AgroCité et la CADEUL, une installation hydropo­ nique permet désormais au Pub universitaire de faire pousser sa propre laitue. On prévoit aussi la production de fines herbes. Pour Benjamin Laramée, le président d’AgroCité, ce projet vient démontrer, une fois de plus, la pertinence de l’agriculture urbaine. « Grâce à ce partenariat, la visibilité d’AgroCité a augmenté. Des chefs sur le campus nous ont approchés afin d’offrir, eux aussi, des produits issus de l’agriculture urbaine. Nous voyons ce projet comme une étape de plus vers un campus

nourricier. En produisant localement, on contribue à la lutte contre les changements climatiques et on évite le gaspillage et l’utilisation d’engrais et de pesticides. » Avec son équipe, le doctorant en sciences animales ne manque pas d’idées pour améliorer l’offre alimentaire responsable à l’Université. En plus de la production de légumes, AgroCité fait de l’élevage d’écrevisses, de perchaudes et de la culture de champignons. Elle travaille aussi à la mise en place d’une entité qui réunira plusieurs acteurs de l’agroalimentaire. « Nous sommes en train de consolider nos liens avec ­toutes les associations étudiantes qui œuvrent dans ce secteur, ce qui permettra de diversifier notre production et, surtout, de valoriser les déchets de chacun. Par exemple, la microbrasserie Brassta génère beaucoup de drêche, que nous pourrons réutiliser comme engrais pour produire des cham­pignons. » Tous ces projets s’insèrent dans une stratégie de l’Université qui vise à encourager l’approvisionnement et la

consommation responsables. En plus du domaine de l’alimentation, l’établis­sement a adopté cette ap­­proche dans ses activités d’enseignement et de re­­cherche et ses opérations administratives. « La con­som­mation responsable vise à réduire les déchets et les gaz à effet de serre et à éviter l’accumulation de biens. Elle nécessite de penser

autrement la consommation, un défi dans une société qui fait la promotion des achats pour faire rouler l’économie », souligne Gale Ellen West, professeure au Dépar­ tement d’économie agroalimentaire et des sciences de la consommation. Chaque année, l’Université acquiert pour plus de 115 millions $ en biens et en services. D’ici 2018, son but est que 45 % de ses achats présentent des avantages de durabilité, que ce soit avec un produit recyclable ou avec un autre qui consomme peu d’eau ou d’énergie. Autre objectif : 53 % de la valeur des achats en biens et en services de­­ vront être faits auprès de fournisseurs répondant à un

Pour consulter les autres articles de la série DD : • « Je suis DD en recherche ! » : lefil.ulaval.ca/suis-recherche-38578 • « Je suis DD en formation ! » : lefil.ulaval.ca/suis-formation-38734 • « Je suis DD en déplacement ! » : lefil.ulaval.ca/suis-dd-deplacement • « Je suis DD en changements climatiques ! » : lefil.ulaval.ca/suis-dd-changements-climatiques • « Je suis DD dans mon engagement ! » : lefil.ulaval.ca/suis-dd-engagement • « Je suis ouvert sur le monde ! » : lefil.ulaval.ca/suis-ouvert-monde

critère de durabilité. Il peut s’agir, par exemple, d’une entreprise d’économie so­­ ciale, d’une coopérative ou d’un fabricant certifié pour ses bonnes pratiques environnementales ou son respect des droits humains. Selon Gale Ellen West, l’implication de tous les

Le Pub universitaire peut désormais faire pousser sa propre laitue. Très simple d’utilisation, ce système nécessite un entretien d’une dizaine de minutes par jour. photos Marc Robitaille

membres de la communauté universitaire est plus que ja­­ mais nécessaire. Des laboratoires aux salles de classe, en passant par les bureaux ad­­ ministratifs, chacun peut faire sa part. « Les exemples de bonnes pratiques sont nombreux : utiliser un stylo avec une cartouche d’encre rechargeable plutôt qu’une quantité farfelue de stylos jetables, ou encore fabriquer des blocs-notes à l’aide de feuilles imprimées d’un seul côté… De tels petits gestes font toute la différence. » Pour la professeure, l’acquisition de biens et de ser­ vices dans une perspective de durabilité permet à l’Université d’exercer une in­­ fluence positive sur les marchés d’approvisionnement. « Cette démarche met une pression sur les fournisseurs pour qu’ils offrent des biens durables. S’ils veulent remporter des contrats de vente ou de service, ces entreprises doivent proposer des solutions différentes qui font avancer la cause de l’Université à un prix abordable. »


le fil | le 4 mai 2017

«

Ignoré lors du repêchage de la NFL, Antony Auclair a eu à choisir parmi une quinzaine d’offres d’équipes différentes au terme de la séance de sélection, preuve indéniable de l’intérêt marqué de la NFL pour ce membre du Rouge et Or. photo Yan Doublet

L’objectif n’était pas d’être repêché, mais de faire partie d’une équipe à la suite du repêchage. L’objectif a été accompli.

Cap sur Tampa Bay L’ailier rapproché Antony Auclair sous contrat avec les Buccaneers par Mathieu Tanguay L’ i n t é r ê t m a r qu é p o u r Antony Auclair au cours des derniers mois s’est concrétisé samedi, alors que les Buccaneers de Tampa Bay de la Ligue nationale de football (NFL) ont mis sous contrat l’ailier rapproché du Rouge et Or. Le natif de Notre-Damedes-Pins devient le deuxième membre de l’histoire du programme d’excellence sportive de l’Université Laval, après Sébastien Sejean, à parvenir à une entente avec une formation du circuit Goodell. En 2008, les Rams d e Sain t -L o u i s av a i e nt

ajouté le maraudeur à leur équipe de pratique, l’habillant lors de trois parties présaison. Malgré le fait qu’il n’ait pas été repêché lors de la séance de sélection de la NFL qui prenait fin samedi, Antony Auclair n’a pas tardé à trouver preneur sur le marché des agents libres. « Ce fut une énorme journée ! L’objectif n’était pas d’être repêché, mais de faire partie d’une équipe à la suite du repêchage. L’objectif a été accompli », a déclaré l’étudiant-­ athlète de 6 pieds 6 pouces et de 256 livres.

Dans les semaines qui ont précédé le repêchage, des visites avaient été organisées au sein de 10 organisations de la NFL, dont les Buccaneers. « Après ma visite à Tampa Bay, j’ai averti mon agent que c’est là-bas que j’avais eu le meilleur feeling. Les entraîneurs avaient fait leurs devoirs. On a regardé la Coupe Vanier et la Coupe Dunsmore ensemble et j’avais le sentiment qu’ils voulaient vraiment travailler avec moi », affirme Antony Auclair, détenteur d’un baccalauréat en intervention sportive de l’Université Laval.

L’entraîneur-chef du Rouge et Or, Glen Constantin, ne tarissait pas d’éloges envers son poulain. « On est super fiers de ça. C’est une autre étape dans l’histoire du Rouge et Or. Il faut comprendre que tout le mérite revient à Antony. Il a démontré beaucoup de maturité durant tout le processus. C’est son talent et son extraordinaire éthique de travail qui l’ont amené où il est. » En quatre saisons avec le Rouge et Or, Antony Auclair aura remporté deux fois la Coupe Vanier, en 2013 et en 2016. Il a été choisi sur l’équipe d’étoiles offensives du Réseau du sport étudiant du Québec (RSEQ) lors des deux der­ nières années. En 44 parties, dont 22 à titre de partant, il a capté 66 passes pour des gains de 1 019 verges et 6 touchés.

Campus dynamique

sports

15

en bref

Mini-foot Rouge et Or : les parents aussi pourront bouger ! Les responsables de la ligue de mini-football Rouge et Or / Ville de Québec ont décidé d’innover cette année en offrant aux parents des jeunes participants l’occasion de s’en­ traîner avec un spécialiste pendant que leurs enfants s’amusent sur le terrain. L’instigateur du projet est le kinésiologue du programme Rouge et Or, Marc-Antoine Pépin. Il préparera un entraînement de 30 minutes adaptable en fonction de la condition physique de chaque personne. Chaque dimanche, du 7 mai au 11 juin, ­Marc-Antoine Pépin sera présent lors des activités de chacune des trois catégories (titan, atome et novice) pour offrir cet entraînement gratuitement à ceux qui voudront se délier les muscles en plein air. Il répondra aussi aux questions des parents sur les différents aspects de la santé (activité physique, sommeil, nutrition, etc.) Nul besoin de s’inscrire, il suffit de se joindre au groupe sur place. photo Rouge et Or Pour plus de détails : pepin.marc.antoine@gmail.com

Volleyball à la plage  Bonne nouvelle ! Les amateurs de volleyball de plage pourront profiter, dans quelques jours, des six terrains extérieurs du PEPS. Pour vous amuser ou vous entraîner sur ces terrains, devenez membre du Club de volleyball de plage et bénéficiez de nombreux privilèges : accès illimité aux terrains, possi­bilité de réserver en ligne un terrain jusqu’à 70 heures à l’avance et accès à des douches et à des vestiaires de qualité. Bref, vous profiterez d’installations exceptionnelles et de t­ errains faciles d’accès. Les jours d’opération du Club sont du lundi au vendredi et la saison s’étire parfois jusqu’en octobre. Toutefois, si vous préférez utiliser seulement à l’occasion ces terrains pour un match entre amis, sachez que vous pouvez réserver en ligne un terrain le jour même (si les disponibilités le permet­tent) sur le site de réservation RT-PEPS. Pour plus d’information, visitez le peps.ulaval.ca.

Samedi 13 mai Défi Est-Ouest de football Stade TELUS-Université Laval | 12 h 30 Grâce à l’appui de nombreux donateurs individuels et de plusieurs entreprises, le programme d’excellence sportive de l’Université Laval a remis 81 332 $ en bourses à 58 étudiants-athlètes du Rouge et Or lors d’une cérémonie qui s’est déroulée le 20 avril au salon Desjardins-Université Laval situé au PEPS. photo Mathieu Bélanger


16

au fil de la semaine

10/05

le fil | le 4 mai 2017

Ménage des boisés Le Service des immeubles vous invite pour une ­septième année consécutive au nettoyage des boisés. Chaque printemps, après la fonte des dernières neiges, les boisés de l’Université Laval se refont une beauté grâce aux soins de dizaines de bénévoles. L’an dernier, ce sont 130 personnes (étudiants, employés et retraités) qui ont ramassé 653 kg de déchets. Dans les années passées, plusieurs objets insolites ont été trouvés tels une tente, un sac de couchage, une base de lit en métal, une caisse de son, une table à massage, un lavabo et une bière datant des années 70. L’objectif de ce grand ménage du printemps est bien entendu de conserver des sous-bois en santé et d’embellir le campus. Vous aimeriez participer à l’activité ? Inscrivez-vous en ligne avant le lundi 8 mai. L’inscription permet de planifier la quantité d’équipements nécessaires (gants, lunettes de sécurité, sac à déchets, etc.) et d’être admissible aux prix de présence. photo Marc Robitaille Mercredi 10 mai, de 11 h 30 à 13 h 30. Le lieu de rendez-vous est situé entre les pavillons AlphonseDesjardins et Agathe-Lacerte. Pour plus d’information, écrivez à eco-info@si.ulaval.ca. Pour s’inscrire : www.surveymonkey.com/r/MNWZ5XZ

04/05

08/05

10/05

12/05

13/05

20/05

Décrochage scolaire en France

Rester au Québec ?

Café-rencontre sur l’innovation en santé

L’eau du robinet estelle bonne ?

Des légumes sur son balcon

Voguons jusqu’à Grosse-Isle

Nul besoin de posséder un grand terrain pour c­ultiver des légumes. Il est en effet possible de faire pousser des tomates, des concombres et bien d’autres bons aliments sur un balcon ou dans un stationnement grâce à la culture en pots. Lili Michaud, agronome spé­ cialiste du jardinage écologique et de l’agriculture urbaine, donnera de précieux conseil aux jardiniers amateurs lors d’une activité présentée par le Jardin universitaire RogerVan den Hende. Dans l’atelier « Cultiver ses légumes, c’est possible, même en ville ! », elle abordera plusieurs thèmes, dont les plantes propices à la cul­ ture en pots, le substrat, les contenants, la fertilisation et la gestion de l’eau.

De 1832 à 1937, la GrosseIsle a été la station de quarantaine du port de Québec et la principale porte d’entrée pour les immigrants au Canada. Plus de 4 millions de personnes s’y sont arrêtées. Aujourd’hui lieu historique national du Canada, cette île abrite 40 bâtiments patrimoniaux et 8 km de sentiers de randonnée pé­­ destre. Le Bureau de la vie étudiante y organise sa première sortie printanière afin de vous faire découvrir tout un pan de l’histoire du pays. En compagnie de ­guides chevronnés, vous pourrez visiter le Mémorialdes-Irlandais et en en apprendre sur les difficiles conditions de vie et les espoirs des immigrants.

Repartir chez soi ou s’installer de manière permaLes Grandes Conférences nente ici après avoir décrode la Faculté des sciences ché son diplôme ? C’est une de l’Éducation accueilleront question que se posent pluThierry Berthet, directeur sieurs étudiants internatiode recherche en science naux. Pour les aider à s’y politique au CNRS. Ce retrouver dans les méan­spécialiste prononcera la dres des programmes, lois conférence « Décrochage et règlements concernant scolaire en France : des le travail et l’immigration politiques qui se consolidans la province, le Bureau dent et se territorialisent ». de la vie étudiante organise En s’appuyant sur une série la conférence « Demeurer de travaux portant sur les au Québec après vos étupolitiques de lutte contre le des ». Les sujets traités in­­ décrochage scolaire, cette cluent le permis de travail présentation vise à fournir post-diplôme, le Programme quelques clés de lecture de l’expérience québécoise des politiques françaises de (PEQ), le Certificat de sé­­ persévérance scolaire et de lection du Québec (CSQ) remédiation au désengageet la demande de résidence ment scolaire. Le conférenpermanente. Bref, cette cier analysera, entre autres, ­ac­­tivité permet de bien la territorialisation progres­planifier son projet sive des politiques de lutte d’immigration. contre le décrochage scolaire et il dévoilera le point Lundi 8 mai, à 13 h, au de vue des jeunes Français local 2860 du pavillon sur les dispositifs de reméAlexandre-Vachon. Entrée diation qui leur sont libre. Pour plus d’info : adressés. accueil@bve.ulaval.ca ou 418 656-2765. Jeudi 4 mai, à 15 h, au local 0314 du pavillon J.-A.-DeSève. Entrée libre.

Vous rappelez-vous du premier Marathon Innovation Santé, qui a eu lieu du 4 au 6 novembre 2016 ? Organisé par le mouvement Hacking Health, cet événement a réuni des professionnels de la santé, des designers et des gestion­naires de projet, qui, en quelques heures, ont produit 12 prototypes de so­­lution technologique pour le monde de la santé. Afin de favoriser la discussion entre des acteurs de mi­­lieux différents qui pourraient collaborer lors du prochain Marathon prévu à l’au­­tomne 2017, le mou­ vement organise un caférencontre. Hacking Health est une initiative citoyenne soutenue notamment par l’Université Laval.

photo Léa Fortier

Mercredi 10 mai, à 17 h, à l’amphithéâtre Fisher du Centre hospitalier de l’Université Laval. Entrée gratuite, mais inscription obligatoire à bit.ly/2o0meXu. Pour consulter l’article du Fil sur le premier Marathon : bit.ly/2qswQPa

Êtes-vous de ceux qui ­préfèrent consommer de l’eau en bouteille plutôt que celle venue des aqueducs municipaux ? Vos craintes con­cernant la ­qualité de l’eau qui coule des robinets ne sont ­pourtant pas justifées. Pour vous en convaincre, as­sistez à la conférence « L’eau du robinet, un choix avantageux », or­­ ganisée par le comité ­étudiant de CentrEau. François Proulx, chimiste et directeur de la Division de la qualité de l’eau du Service de traitement des eaux de la Ville de Québec, vous parlera de la gestion de l’eau potable municipale. Il en profitera également pour comparer la qualité de l’eau du robinet à celle de l’eau embouteillée. Vendredi 12 mai, à 12 h, au local 2783 du pavillon Adrien-Pouliot. L’entrée est gratuite, mais l’inscription est obligatoire à ­ bit.ly/2qs999P

Samedi 13 mai, à 13 h 30, au local 1240 du pavillon Envirotron. Pour s’inscrire : bit.ly/2oYdVvN

Consultez le calendrier complet des activités sur le campus à ulaval.ca

photo Cephas

Samedi 20 mai, départ à 8 h 30 de l’Université et retour vers 18 h. Achetez votre billet avant le jeudi 11 mai, à 16 h au local 2344 du pavillon Alphonse-­ Desjardins. Pour plus ­d’info  : bit.ly/2pxsbup


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.