Le fil 14 septembre 2017

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Prédire les chutes p2

Vie de migrant p8-9

Volume 53, numéro 3 14 septembre 2017

Tendre la main

Environ 200 bénévoles sillonneront le campus au cours des prochaines semaines afin de sensibiliser la communauté universitaire à la campagne Centraide-Université Laval « Ensemble, changeons des vies pour la vie ». p3


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géologie

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Pierre qui roule ArcelorMittal, qui est propriétaire de la voie ferrée reliant Port-Cartier à Fermont, a intégré l’outil à son programme de gestion des chutes de pierres

Les chercheurs ont développé leur modèle en utilisant le cas du chemin de fer qui relie Port-Cartier à Fermont. Le tronçon sud de cette ligne ferroviaire traverse des secteurs au relief accidenté où peuvent survenir des chutes de pierres ayant le potentiel d’atteindre la voie ferrée. photo ArcelorMittal Infrastructure Canada

Un modèle pour mieux protéger les corridors de transport contre les chutes de pierres par Jean Hamann On pourra désormais mieux prévenir les chutes de pierres sur les voies ferrées et les routes du Québec grâce à un outil déve­ loppé par une équipe du Département de géologie et de génie géologique. Cet outil, conçu par Catherine Cloutier, Dominique Turmel, Mélanie Mayers, François Noël et Jacques Locat dans le cadre de leur pro­ jet ParaChute, permet de caractériser les parois rocheuses situées le long d’un corridor de transport et de déterminer cel­ les qui pourraient générer des chutes de pierres capables d’atteindre cette infra­ structure. Les chercheurs ont présenté leur modèle d’évaluation du danger des chutes de pierres à l’occasion du 3e Symposium nord-américain sur les glissements de ter­ rain qui a eu lieu cet été en Virginie. L’équipe de Jacques Locat a déve­ loppé cet outil à partir d’un cas bien ­précis : la partie sud de la voie ferrée qui relie Port-Cartier à Fermont. « Nous avons étudié une section de 220 km qui va du fleuve jusqu’aux monts Groulx, explique le professeur Locat. Certaines portions de ce territoire ont un relief assez accidenté avec des pentes relativement fortes où peuvent survenir des chutes de pierres ayant le potentiel d’atteindre la voie ferrée. » Il existait déjà un outil pour évaluer le danger d’éboulis le long des corridors de transport, mais il tient uniquement compte des parois rocheuses visibles à partir du sol. « Notre modèle inclut également les parois rocheuses plus éloignées, précise Jacques Locat. Les pierres qui tombent de ces parois peuvent atteindre les infrastruc­ tures si elles ont suffisamment d’énergie, si la pente est assez forte et si le sol n’absorbe pas leur chute. »

Pour développer leur modèle, les chercheurs ont utilisé des données récoltées à partir de la voie ferrée, mais aussi des photos aériennes et des scans laser obtenus lors de survols de la zone d’étude. Ils ont aussi fait appel à des ­drones afin de mieux caractériser certaines parois rocheuses difficiles d’accès à partir du sol. Ces données leur ont permis de construire un modèle numérique de terrain grâce auquel ils ont effectué des simulations de chutes de pierres sur quelque 70 parois éloignées. « On ob­­­tient ainsi la trajectoire et la portée poten­ tielle de pierres tombant de ces parois rocheu­ ses, ce qui nous donne un potentiel d’atteinte de la voie ferrée, explique le professeur Locat. Cette information est intégrée à d’autres va­­ riables pour estimer le risque d’éboulis dans différents secteurs. On peut ainsi prioriser les endroits qui doivent faire l’objet d’interven­ tions ou de mesures de mitigation, par exemple l’enlèvement de blocs jugés instables, la stabili­ sation de parois, l’installation de filets ou la construction de trappes de sable. »

Le modèle développé par les chercheurs pourrait aussi servir à assurer le suivi des risques d’éboulis le long des routes. photo David Restivo/National Park Service

La compagnie ArcelorMittal Infrastructure Canada et le ministère des Transports, de la Mobilité durable et de l’Électrification des transports du Québec étaient des parte­ naires de l’équipe de Jacques Locat dans le projet ParaChute. La compagnie minière, qui est propriétaire de la voie ferrée reliant

On peut le lire en ligne à lefil.ulaval.ca et s’abonner gratuitement à un avis de parution électronique.

Le journal de la communauté universitaire Fondé en 1965, Le Fil est un hebdomadaire publié 29 fois par an par la Direction des communications de l’Université Laval et distribué gratuitement sur le campus.

Vous désirez proposer un sujet d’article ? Écrivez-nous à l’adresse le-fil@dc.ulaval.ca au plus tard le mercredi midi précédant la prochaine parution. Les textes soumis doivent comporter le nom et le numéro de téléphone de leur auteur. Écrivez-nous ! Le Fil accueille vos idées avec plaisir. Le contenu de ce journal peut être reproduit à condition de mentionner la source et l’auteur.

Port-Cartier à Fermont, a intégré le modèle développé dans le cadre du projet à son pro­ gramme de gestion des chutes de pierres. Quant au ministère, il pourrait l’utiliser pour assurer le suivi des risques d’éboulis le long des routes et des voies ferrées qui sont sous sa responsabilité.

Rédaction Éditeur : Jacques Villemure, directeur des communications Rédactrice en chef : Claudine Magny Journalistes : Matthieu Dessureault, Jean Hamann, Yvon Larose Collaborateurs : ­Jenny Aumais, Pascale ­Guéricolas, Stéphane Jobin, Renée Larochelle, ­­Mathieu ­Tanguay, Brigitte Trudel Collaborateurs au Web : Carl Bélanger, Rédactrice-réviseure : Manon Plante Agente de secrétariat : Sophie Leroux

Production Infographie : Geneviève Bolduc, Service de reprographie de l’Université Laval Impression : TC Imprimeries Transcontinental, Québec (Québec)

Placements publicitaires Claudine Trudel 418 656-2131 poste 6415 Dépôt légal Bibliothèque nationale du Québec, ISSN 022-1-1965

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Unis pour aider les démunis Jusqu’au 13 octobre, la campagne Centraide-Université Laval sur le thème « Ensemble, changeons des vies pour la vie » bat son plein par Matthieu Dessureault La campagne Centraide, qui a pour but de récolter des fonds pour venir en aide à ceux qui en ont besoin, re­­ vient en force ! Cette année encore, elle peut compter sur l’Université Laval, parte­ naire de l’organisation de­­ puis près de 40 ans. Le lan­ cement de la campagne, qui se déroule sur le thème « Ensem­ble, changeons des vies pour la vie », a eu lieu mercredi en présence de la rectrice Sophie D’Amours et de Bruno Marchand, ­président-directeur général de Centraide Québec et Chaudière-Appalaches. «  L a c o n t r i b u t i o n d e s ­m embres du personnel de l’Université est vitale pour créer un véritable mou­­­ vement de solidarité envers Centraide. Nous sommes 9 370 em­­ployés à pouvoir faire la différence. Nous devons innover en philan­ thropie et miser sur la géné­ rosité des membres de la communauté universitaire pour mener une lutte durable contre la pauvreté et l’exclu­ sion sociale », a déclaré la rectrice. Les deux coprésidents de la campagne, qui ont pour mandat de mobiliser la com­ munauté univer­sitaire, sont Alain Rochon, doyen de la Faculté d’aménagement, d’architecture, d’art et de design, et Denis Beaudoin, directeur du Service des immeubles. Selon ce direc­ teur, donner à Centraide

est la meilleure option pour aider son prochain. « Centraide a une excellente réputation et une crédibi­ lité pour soutenir les orga­ nismes communautaires. Il n’investit pas dans une orga­ nisation sans avoir l’assu­ rance que celle-ci produira les résultats attendus. » Pour la prochaine an­­ née, Centraide Québec et C h a u d i è r e -A p p a l a ch e s compte aider 206 orga­ nismes et projets de la région. Cela représente plus de 250 000 interven­ tions auprès de personnes en situation de pauvreté ou d’exclusion. « Sans les organismes communautai­ res, c’est un pan complet de services qui ne serait pas accessible à la population. Le réseau communautaire répond à des besoins que le système de santé et de services sociaux n’est pas capable de combler », pour­ suit Denis Beaudoin, qui a fait carrière dans le réseau de la santé avant de venir à l’Université. Par son implication, Alain Rochon espère renverser certains clichés sur la pau­ vreté. « Il existe plusieurs idées préconçues. On peut penser que la pauvreté se manifeste uniquement par des itinérants dans la rue. En réalité, elle est présente aussi chez des gens comme vous et moi, qui ont connu des revers de la vie, comme la perte d’un emploi, un revenu

La pauvreté et l’exclusion, rappelons-le, peuvent prendre plusieurs formes. Centraide aide les personnes dans le besoin à reprendre du pouvoir sur leur vie et à trouver leur place dans la société.

insuffisant ou des problèmes psychologiques. Chacun a son histoire et mérite qu’on s’y attarde. » C’est pourquoi il encourage la communauté universitaire à s’impliquer auprès de ces organismes. « Donner n’est pas tout. Le geste le plus important, c’est de faire un effort pour com­ prendre la réalité des gens dans le besoin. Par la suite découlera l’action, c’est-àdire le don en argent ou en temps. »

Le lancement de la campagne Centraide-Université Laval a eu lieu le 13 septembre à l’atrium du pavillon Charles-De Koninck en présence de la rectrice Sophie D’Amours et du président-directeur général de Centraide Québec et Chaudière-Appalaches, Bruno Marchand (à gauche sur la photo). photo Jérôme Bourgoin

Dans les prochaines se­­ maines, une équipe d’envi­ ron 200 bénévoles sillon­ nera le campus pour sen­ sibiliser la communauté uni­versitaire. La campagne sera ponctuée de diverses activités pour amasser des fonds. Entre autres, une fête d’avant-partie aura lieu le dimanche 1er octobre dans le ­stationnement du PEPS. Le match de football qui suivra opposera l’équipe de football Rouge et Or aux Redmen de l’Université McGill. Le jeudi suivant se déroulera l’activité « Le Desjardins a des puces » dans l’atrium Jean-Guy-Paquet d u p av i l l o n A l p h o n s e Desjardins. Organisée par la CADEUL et l­ ’Association des jeunes philanthropes de l’Université Laval, cette vente de garage permet­ tra de faire de belles trou­ vailles tout en contribuant à la cause. Une nouveauté cette année : il sera possible d’effectuer un don en ligne grâce à une application Web, Clicdon Centraide. Le montant amassé durant la campagne sera dévoilé le 29 no­­vembre au cours d’une activité de clôture. Pour plus d’information : ulaval.ca/centraide

De gauche à droite : André Tardif, directeur de GRIS-Québec, un organisme soutenu par Centraide, Denis Beaudoin, directeur du Service des immeubles, Audrey Normand, présidente de l’Association des jeunes philanthropes de l’Université Laval, Alain Rochon, doyen de la Faculté d’aménagement, d’architecture, d’art et de design, et Bruno Marchand, président-directeur général de Centraide Québec et Chaudière-Appalaches. photo Jérôme Bourgoin

Pour la prochaine année, Centraide Québec et Chaudière-Appalaches compte aider 206 organismes et projets de la région


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architecture

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Dôme nature

L’équipe de l’Université Laval a proposé de créer, à proximité d’un village rural typique du Burkina Faso, un dôme destiné à capter et à stocker l’eau contenue dans l’air ambiant.

Des étudiants de l’École d’architecture ont réalisé un projet qui s’inspire des mécanismes des plantes vivant en milieu aride par Renée Larochelle On dit souvent que la nature fait bien les choses. Selon ce raisonne­ ment, on devrait sans contredit s’inspirer davantage de cette belle nature pour créer des projets archi­ tecturaux qui sortent de l’ordinaire tout en répondant à des besoins précis. C’est cette idée de biomimé­ tisme qui a guidé les travaux d’une équipe de quatre étudiants de l’École d’architecture lors du 2e BIOMinnovate Challenge, qui a eu lieu cet été à Senlis, en France. Pour leur projet intitulé Aeonium, du nom d’une plante poussant en milieu aride, Josianne OuelletDaudelin, Marc-Antoine Juneau, Marie-Jeanne Allaire-Côté et Théo Jarrand ont remporté les grands honneurs de ce concours mettant en compétition huit équipes fina­ listes françaises et américaines. L’équipe de l’Université Laval a proposé de créer, à proximité d’un village rural typique du Burkina Faso, un dôme destiné à capter et à stocker l’eau contenue dans l’air ambiant. Cette construction per­ mettrait non seulement de rappro­ cher la source d’eau potable des villages, mais aussi d’instaurer un lieu de rencontre convivial pour les femmes, à qui incombe tradition­ nellement la tâche d’aller chercher et de rapporter le précieux liquide. Le projet a été supervisé par Pierre Côté, professeur à l’École

d’architecture, dans le cadre du cours Méthodes en architecture et fabrication numériques. « Dans ce cours, nous nous interrogeons sur la façon dont la nature s’y est prise pour résoudre un problème donné, explique Pierre Côté. À cet égard, l’exemple des termitières est inté­ ressant. Pour refroidir leur habitat et maintenir une température assez basse pour pouvoir survivre, les

termites utilisent un procédé de convection, entre autres. Pour cli­ matiser un édifice, les humains peuvent s’inspirer de l’expérience des termites. Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres qui montre que l’on peut s’inspirer du vivant pour ré­­ soudre un problème. Ici, en l’occur­ rence, le problème était celui du manque d’eau potable dans un pays d’Afrique. »

Le concours, qui se tenait à Senlis, en France, mettait en compétition huit équipes finalistes françaises et américaines.

L’un des membres de l’équipe, Marc-Antoine Juneau, parle avec enthousiasme du projet qui leur a valu les grands honneurs de ce concours visant à trouver de nou­ velles solutions architecturales liées au développement durable. « Nous étions intéressés par la manière de récupérer l’eau dans un pays aride, explique l’étudiant. Pour résoudre le problème, nous avons imaginé un dôme qui s’ins­ pire du métabolisme des plantes xérophiles et des différentes stra­ tégies pour capter et stocker l’eau dans l’air. » Plus précisément, les étudiants se sont inspirés des stomates qu’on retrouve sur les plantes et qui ont la capacité de s’ouvrir lorsque l’air est humide pour laisser entrer l’eau dans la plante et de se refer­ mer quand l’air est plus sec afin de protéger l’eau de l’évaporation. D’une hauteur de 5 mètres et d’une circonférence de 10 mètres, le dôme est construit en bois, un matériau qui permet aux pièces de se courber pour laisser passer l’eau lorsque l’air est humide et de reprendre leur forme quand l’air est plus sec. L’eau est recueillie dans un bassin interne et filtrée par des plantes. Le lieu servirait également de lieu de rencontre pour les villa­ geoises. En effet, au-delà des aspects techniques de leur projet, les étudiants ont voulu simplifier la vie des femmes et agrémenter leur existence en rapprochant la source d’eau des villages. Comme le souligne Marc-Antoine Juneau, « nous ne voulions pas seulement apporter une solution à un pro­ blème physique – le manque d’eau potable –, nous souhaitions éga­ lement rendre hommage à la tra­ dition des porteuses d’eau par la mise en place d’un endroit ombragé où elles pourraient se reposer et échanger. » C’est d’ail­ leurs cette dimension sociale et communautaire qui aurait

séduit à l’unanimité les membres du jury, selon Marc-Antoine Juneau. « Pour nous, il ne s’agis­ sait pas seulement de résoudre un problème. Il fallait égale­ ment que le projet serve à la communauté. » Les autres projets finalistes pré­ sentés portaient, entre autres, sur un système inspiré du taupin pour aider les minirobots à se relever, une nouvelle approche de bio­ contrôle destinée à protéger les olives des ravageurs et un textile biofluorescent pour le suivi sani­ taire des pandémies.

Le projet Aeonium, du nom d’une plante poussant en milieu aride, a remporté cet été les grands honneurs du 2e BIOMinnovate Challenge

Cette construction permettrait non seulement de rapprocher la source d’eau potable des villages, mais aussi d’instaurer un lieu de rencontre convivial pour les femmes, à qui incombe traditionnellement la tâche d’aller chercher et de rapporter le précieux liquide.


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Ces profs qui changent des vies Le Fil vous présente une série d’articles sur des enseignants inspirants qui ont influencé le parcours d’anciens étudiants. Cette semaine : Simon Thibault rend hommage à Florian Sauvageau, professeur au Département d’information et de communication. par Matthieu Dessureault Quiconque a étudié en journalisme connaît bien Florian Sauvageau. Professeur et chercheur aguerri, récemment nommé officier de l’Ordre national du Québec, il a participé à la création du premier programme d’études universitaires en journalisme au Québec et a fondé le Centre d’études sur les médias, entre autres réalisations. Avant d’être enseignant, il a aussi mené une prolifique carrière de journaliste. Simon Thibault a fait sa connais­ sance en 2003. À l’époque, il tra­ vaillait comme consultant et son­ geait à faire le saut en journalisme. Le programme d’études supé­ rieures en journalisme internatio­ nal mis sur pied par le professeur s’avérait la meilleure option pour ce jeune homme avide d’aventures. « J’ai contacté Florian, ce qui a ­p ermis de m’aiguiller dans ma démarche. Comme j’avais peu d’ex­ périence en journalisme à ce moment-là, il m’a conseillé de faire un stage. Florian est quelqu’un d’extrêmement respecté et qui a un réseau de relations incroyable. Il m’a donc permis de vivre mes premières expériences en journa­ lisme avant de commencer le pro­ gramme d’études », raconte-t-il. En plus de confirmer son intérêt pour l’actualité internationale, ce programme lui a permis de prati­ quer le métier sur le terrain. En compagnie d’un autre étudiant

que le professeur a mis sur sa route, Simon Thibault a couvert l’exode de réfugiés fuyant la crise au Darfour. Il a aussi réalisé des reportages au Pérou, en Bolivie et en Équateur. Toutes ces expé­ riences l’ont incité à poursuivre ses études au doctorat, sous la supervision de Florian Sauvageau et d’un professeur de l’Université Sorbonne Nouvelle, à Paris. Son projet de recherche portait sur la réforme des systèmes médiatiques de la Bosnie-Herzégovine et du Kosovo. Aujour d ’h ui p r ofes s eur en science politique à l’Université de Montréal, Simon Thibault parle de son an­­cien mentor avec enthou­ siasme. « Florian est un gentleman respectueux et toujours à l’écoute de ses étudiants. Il n’hésite pas à leur donner des défis et à remettre en question ce qu’ils peuvent pen­ ser ou affirmer. S’il est en désac­ cord, il va s’exprimer de façon calme et posée. J’ai le souvenir d’un professeur très inspirant et charismatique. » Pour Florian Sauvageau, le métier d’enseignant est une belle façon de côtoyer la relève en journalisme. « Si, à travers ma passion pour le journalisme, j’ai pu susciter quel­ ques vocations, j’en suis très heu­ reux. L’une de mes plus grandes satisfactions dans la vie est de voir de mes anciens étudiants occuper des postes très intéressants dans

Lauréat d’une bourse du Centre de recherches pour le développement international en appui aux projets journalistiques d’étudiants, Simon Thibault a pu réaliser un reportage sur une mine artisanale au Pérou.

Florian Sauvageau est reconnu comme un fin observateur des médias. En 2014, la Fédération professionnelle des journalistes du Québec lui remettait le prix Judith-Jasmin Hommage pour souligner l’ensemble de sa carrière. photo Michaël Monnier

tous les médias. J’ai gardé contact avec plusieurs d’entre eux, ce qui me permet de ne pas vieillir trop vite ! », lance en riant le professeur associé de 76 ans. Même s’il a dimi­ nué sa charge de travail, Florian Sauvageau est toujours bien pré­ sent dans le milieu universitaire. Il collabore notamment aux recher­ ches du Centre d’études sur les médias, qu’il dirigeait jusqu’en février dernier. S’il reconnaît que la profession a bien changé depuis son époque, entre autres avec la crise des médias et la prolifération des fake news, il n’en demeure pas moins optimiste pour l’avenir du journa­ lisme. « Il faut garder un certain optimisme, mais il ne faut pas non plus se fermer les yeux : les pro­ blèmes sont énormes. Les fake news ne sont pas un phénomène nouveau. Historiquement, les fausses nouvelles ont toujours été un outil de propagande, particuliè­ rement durant les conflits. Ce qui est nouveau est l’accélération et la prolifération des fausses nouvelles que permettent les réseaux sociaux. Mais le public est intelligent : il ­parviendra à départager le vrai du faux. Ce qui est tragique est la si­­ tuation économique des médias. Il faut trouver une solution pour que l’information essentielle pour la vie démocratique puisse continuer à circuler. » Aux étudiants qui aspirent à une carrière dans le domaine, il leur dit de ne pas se décourager. « Des ­p ostes stables dans une grande salle de nouvelles, il y en aura de

moins en moins. Mais, bien que le métier change, il restera toujours des journalistes. En ayant du talent, de la persévérance et de la passion, on aboutit toujours quelque part. Il ne faut pas désespérer, loin de là ! »

Pour lire un autre article de la série « Ces profs qui changent des vies » : Le professeur Michel Piché, vu par Luc Langevin : www.lefil.ulaval.ca/profs-changent-vies-3/

Et vous, y a-t-il un enseignant qui a changé votre vie ? Les meilleurs enseignants, ce sont ceux dont on se souvient toute sa vie durant. Dévoués, pédagogues, enthousiastes, ils nous ont transmis leur passion, ont élargi nos horizons, nous ont donné envie d’être créatifs dans un domaine. Diplômé ou étudiant, vous avez une histoire qui implique un professeur ou un chargé de cours toujours à l’emploi de l’Université ? N’hésitez pas à écrire au journaliste Matthieu Dessureault pour lui faire part de votre témoignage (matthieu.dessureault@dc.ulaval.ca). Votre histoire pourrait faire l’objet d’un article dans le journal !

Pour Florian Sauvageau, le métier d’enseignant est une belle façon de côtoyer la relève en journalisme


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technologies

Faire porter la voix des citoyens Un outil exclusif, développé sur le campus, permettra de mieux décoder et de mieux utiliser la parole citoyenne sur le Web par Brigitte Trudel Plus que jamais, les gens s’expriment sur le Web. Les Facebook, Twitter et autres plateformes numériques se font désormais les portevoix de citoyens branchés qui émettent leurs préoccu­ pations sur une foule de sujets qui les concernent. Parallèlement, un nombre grandissant de décideurs encouragent la participa­ tion en ligne pour recueillir, sur des pages destinées à cette fin, les commentaires des internautes à propos de divers sujets. Mais ce bour­ donnement d’opinions sertil au bout du compte ? Peut-il être utile aux admi­ nistrateurs de nos sociétés et, si oui, comment ? C’est la question que s’est posée Sehl Mellouli. En 2015, ce professeur au Dé­­ partement des systèmes d’information organisation­ nels avait suivi avec curiosité la refonte de la gestion des ordures ménagères à la Ville de Québec. L’opération sus­ citait la controverse et le maire Régis Labeaume avait invité les résidents à s’expri­ mer sur sa page Facebook. « Des centaines de mes­ sages déferlaient, plusieurs solutions étaient proposées, mais sans vue d’ensemble ; y voir une ligne directrice demeurait difficile », ra­­conte le spécialiste. C’est de là qu’est venue l’idée de déve­ lopper un outil d’analyse de données qui colli­g erait la quantité de messages résul­ tant de ce genre d’exercice pour en tirer l’essentiel sans avoir à les lire un à un. C’est à cela qu’il s’affaire avec son équipe dans le cadre d’un programme de re­­cherche en cours depuis deux ans. « Essentiellement, nous déterminons des algo­ rithmes à l’aide d’un en­­ semble de mots-clés. Cette technique permet d’extraire mécaniquement les grandes lignes des opinions et des propos émis par les citoyens et d’en faire un portrait exhaustif », précise Sehl Mellouli. Jusqu’à maintenant, le pro­ jet a été appliqué à quatre cas de figure : la plateforme d’une ONG où les citoyens sont invités à s’exprimer sur

la refonte d’un lieu public, une autre où des parents par­ tagent leurs préoccupations à propos de leur enfant dans le cadre d’un projet de santé portant sur le diabète juvé­ nile, les commentaires recueillis sur Twitter concer­ nant les visées du développe­ ment durable et ceux écrits sur une page Facebook créée afin de recueillir les préoccu­ pations citoyennes sur des problèmes urbains. « Dans l’ensemble des do­­m aines analysés, notre technique possède un taux de succès qui avoisine 85 % », fait valoir l’expert, qui ajoute qu’une fois développé, l’outil peut être adapté à une foule de situations. « Nous y voyons beaucoup de débouchés, par exemple du côté des ­son­dages d’opinion liés au ­marketing ou à l’hôtellerie », dit-il à propos de cette initia­ tive qui, à sa connaissance, s’avère unique au monde. Cela dit, pour l’heure, c’est surtout à la question d’une expression citoyenne trans­ mise de manière juste et efficace afin d’en tirer un usage optimal que s’attar­ dent le professeur Mellouli et son équipe. Le chercheur présentera les visées pro­ metteuses et les défis qui entourent son projet à l’oc­ casion d’une conférence publique présentée par l’Institut Technologies de l’information et Sociétés (ITIS) le 28 sep­t embre. « J’expliquerai aux gens comment les moyens que nous proposons contri­ buent à ce que ce qu’ils expriment sur le Web ne soit pas perdu, dit-il. Je mettrai également en valeur la

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sur l’après-ouragan Cette technique permet d’extraire les grandes lignes des opinions et des propos émis par les citoyens et d’en faire un portrait exhaustif qualité « gagnant-gagnant » de cette technique puis­ qu’elle rapproche les ci­­ toyens et les décideurs, ce qui leur permet de travailler de concert pour bâtir une meilleure société. » Le spécialiste en profitera toutefois pour rappeler à ses auditeurs que, malgré ses avantages, la consultation numérique comporte cer­ taines limites. « Prenez sim­ plement la fracture numé­ rique : un rapport commandé par la Ville de Québec à IBM évalue qu’en 2013, 19 % des citoyens n’étaient pas bran­ chés à Internet, indique-t-il. Lors­qu’on décide de mettre en place une plateforme de participation citoyenne, il faut en tenir compte avant de conclure qu’elle peut être représentative des perceptions de toute une population. » La conférence « Engage­ment citoyen : défis et succès » sera présentée le jeudi 28 septembre, de 19 h à 20 h 30, à la salle GérardMartin de la bibliothèque Gabrielle-Roy. Entrée libre. Réservation : 418 641-6789, poste 128.

Un nombre grandissant de décideurs encouragent la participation en ligne pour recueillir, sur des pages destinées à cette fin, les commentaires des internautes à propos de divers sujets. photo Flickr - CC - Davide Gambino

Q Tous les citoyens d’une ville ne sont pas égaux face aux désastres climatiques. Comment corriger ces iniquités ?

Étienne Berthold

Harvey, Irma, Jose, les ouragans se succè­ dent dans l’actualité, semant la mort et la désolation sur leur passage. Cet épisode climatique hors du commun pousse les décideurs publics et les experts à réfléchir à la manière de concevoir les villes, les premières entités touchées dans ce type de catastrophe. Les réflexions d’Étienne Berthold, professeur au Département de géographie, qui enseigne l’aménagement durable de la ville.

Q Quel type de reconstruction peut-on envisager à Houston ou en Floride ? R Comme plusieurs villes côtières améri­ caines, Houston a déjà connu de graves inondations. Cependant, les autorités ne semblent pas toujours avoir tiré des leçons de ces événements. Dans le sud des ÉtatsUnis, les tempêtes tropicales menacent tout particulièrement les zones inonda­ bles. Or, selon les prévisions, ces événe­ ments climatiques extrêmes risquent de se multiplier dans les années à venir. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) (qui réu­ nissait des experts de 195 pays à Montréal, du 5 au 10 septembre, ndlr) insiste sur deux points essentiels : la nécessité d’adopter des mesures d’atténuation et celle d’adopter des mesures d’adaptation. Les mesures d’atténuation consistent à limiter la hausse des températures et ainsi à prévenir le réchauffement de la planète. Pour leur part, les mesures concernant l’adaptation permettent de maintenir le plus longtemps possible notre mode de vie actuel. Certaines administrations limi­ tent, par exemple, la reconstruction en zone inondable. Dans les régions où les propriétaires peuvent s’installer à nou­ veau, des entreprises proposent des solu­ tions techniques comme le waterproofing. Il s’agit de rendre les fondations étanches pour lutter contre les infiltrations d’eau. On peut aussi s’inspirer de cités des PaysBas ou de la ville de Saint-Pétersbourg en Russie. Bâties sur des marais ou des tour­ bières, ces villes consolident leur sol avec des pieux. Souvent, elles ont recours à la construction sur pilotis.

R Les pluies très importantes ou les cha­ leurs extrêmes en ville accroissent la vul­ nérabilité des populations. Or, jusqu’à présent, l’information manque sur la diversité des personnes se trouvant sur un territoire. Les administrations doi­ vent donc disposer de systèmes d’infor­ mation très précis pour localiser les gens vulnérables et adapter leurs plans d’ur­ gence. Ce genre d’instruments favorise aussi un meilleur aménagement du terri­ toire. Par exemple, on n’ira pas bâtir une maison pour personnes âgées dans une zone où il y a un risque d’inondation. Il faut aussi prendre en compte les vagues de chaleur en ville, un phénomène qui devrait encore augmenter dans les années à venir. C’est d’ailleurs l’aléa cli­ matique le plus dangereux actuellement dans une ville comme New York. Cela nous touche aussi ici, au Québec. Des études ont montré un écart de tempéra­ ture de 8 ou 9 degrés Celsius entre des quartiers de l’est de Montréal, comme Hochelaga-Maisonneuve, où l’asphalte domine, et d’autres dans l’ouest de l’île, comme Outremont, qui comptent beau­ coup plus d’arbres. Ces différences ont de graves conséquences sur la santé des personnes, mais aussi sur la « justice spa­ tiale ». Cette notion fait référence à la capacité des individus de se payer un logement dans un quartier agréable. Q De quelle façon les villes peuventelles se préparer au risque accru ­d’épisodes climatiques extrêmes ? R La recherche évoque de plus en plus le concept de « vulnérabilité institution­ nelle », c’est-à-dire la capacité des insti­ tutions et des organisations à faire face aux aléas climatiques et à protéger les voies, les routes et les ponts. Par exemple, la Ville de Montréal, à la suite des inon­ dations de ce printemps, va renforcer son plan d’adaptation de 2015. Rappelezvous que le pont de l’île Bizard a failli s’effondrer, menaçant d’isoler les rési­ dents. Les municipalités américaines s’inquiètent aussi de l’accès à l’eau potable lorsqu’un événement climatique extrême survient. Les plans de mesures d’urgence veillent donc, entre autres, à protéger les réseaux d’aqueduc, mais aussi à s’assurer que les ambulances puissent circuler et que les hôpitaux soient opérationnels. À cela peut s’ajou­ ter la construction de murs de soutène­ ment ou de digues pour se protéger des inondations. À travers le monde, des réseaux se mettent en place pour échan­ ger de l’information et des expériences. Uniquement au Québec, le regroupe­ ment qui s’intéresse à ce sujet comprend plus d’un millier de villes et de localités résilientes. Propos recueillis par Pascale Guéricolas


recherche

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ils ont dit... Sur les programmes scolaires en Ontario

Lucie DeBlois, Département d’études sur l’enseignement et l’apprentissage

Après une chirurgie buccale, les aliments liquides ou semi-liquides sont recommandés pour éviter de blesser les tissus de la zone opérée et pour limiter la douleur au moment des repas. Les chercheurs ont découvert que certains de ces aliments pourraient apporter des bienfaits insoupçonnés sur le plan de la régénération des tissus buccaux.

Les liquides, c’est du solide ! Certains aliments liquides et semi-liquides stimuleraient la régénération des cellules gingivales après une chirurgie buccale par Jean Hamann Les chirurgiens recommandent sou­ vent à leurs patients de se tourner temporairement vers une diète liquide ou semi-liquide après une chirurgie buccale. Cette suggestion, qui vise d’abord à éviter de blesser les tissus de la zone opérée et à limiter la douleur au moment des repas, pourrait appor­ ter des bienfaits insoupçonnés sur le plan de la régénération des tissus buc­ caux, suggère une étude publiée par une équipe de l’Université Laval dans la revue Food Research International. M ah mou d R o u a b h i a, Douni a Rouabhia, Hyun Jin Park et Luc Giasson, de la Faculté de médecine dentaire et du Groupe de recherche en écologie buccale, et Ze Zhang, de la Faculté de médecine, arrivent à ce constat après avoir réalisé l’expé­ rience suivante. Pour simuler ce qui survient lors d’un repas après une chirurgie buccale, ils ont exposé pen­ dant 10 minutes des cellules épithé­ liales de gencive cultivées in vitro à trois aliments liquides : du jus d’orange, du yogourt à boire ou un substitut de repas liquide. « Nous avons retenu ces trois aliments parce qu’ils figurent dans le guide d’alimentation post­ opératoire en chirurgie buccale et maxillofaciale », précise le respon­sable de l’étude, Mahmoud Rouabhia. Après 24 heures d’incubation à la température du corps humain, les cellules épithéliales exposées aux aliments liquides produisent davan­ tage de kératine 5, 14 et 19 que celles des cultures témoins. « En général, ces protéines sont produites par des cellules jeunes, en bon état, qui sont en phase de prolifération », précise Mahmoud Rouabhia. Les cellules

exposées synthétisent également plus d’interleukine 6, ce qui sug­ gère qu’un processus inflamma­ toire lié à la régénération des tissus a été enclenché. Elles produisent aussi plus de ß-défensine 2, une molécule antimicrobienne, ce qui porte à croire que les fonctions immunitaires de ces cellules ont été stimulées. « Il s’agit d’une réac­ tion souhaitable étant donné que la cavité buccale contient des cen­ taines d’espèces microbiennes et que les cellules épithéliales sont la première ligne de défense de l’organisme. » Pour compléter leur étude, les cher­ cheurs ont provoqué une déchirure dans une couche d’épithélium gingi­ val et ils ont observé ce qui surve­ nait dans les 48 heures suivantes. Résultat ? Les cultures exposées à un aliment liquide produisent davantage de filaments d’actine, ce qui suggère une plus forte migration cellulaire favorisant la fermeture de la plaie. Chaque aliment testé avait ses for­ ces, mais les différences n’étaient pas très marquées, souligne le professeur Rouabhia. « Je ne peux pas dire qu’un aliment est préférable aux deux autres. Par ailleurs, il est possible que d’autres aliments produisent des effets encore plus intéressants sur la régénération de l’épithélium buc­ cal, mais il fallait bien commencer quelque part. Nous voulons main­ tenant déterminer quelles compo­ santes de ces aliments sont responsa­ bles des effets observés pour aider les cliniciens à faire les meilleures recommandations possible à leurs patients. »

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Nous voulons maintenant déterminer quelles composantes de ces aliments sont responsables des effets observés pour aider les cliniciens à faire les meilleures recommandations possible à leurs patients

Waterloo Region Record, 7 septembre

Des consultations ­publiques auront lieu en Ontario dans le but d’améliorer la réussite ­scolaire dans les compé­ tences de base, comme les mathématiques. Pour Lucie DeBlois, certaines initiatives au Québec pour­raient inspirer ­l’Ontario. « Les associa­ tions en ma­­thé­matiques sont particulièrement ­fortes. Elles proposent régulièrement des sémi­ naires, des colloques. Ce sont des organisations très structurées et qui aident à motiver les troupes. »

Sur les services médicaux d’urgence en région

Richard Fleet, Département de médecine familiale et de médecine d’urgence Au cœur du monde, Radio-Canada, 7 septembre

L’absence de spécia­ listes en région pose un problème d’équité pour l’accès aux soins de santé. Cette situation « force souvent le trans­ fert de patients des régions rurales vers les grands centres, rappelle Richard Fleet. Ces transferts sont un indi­ cateur de l’incapacité du milieu local d’offrir les soins dont les patients ont besoin et un signal qu’il faut revoir la répartition des ressources et détermi­ ner quels sont les besoins locaux et les moyens pour mieux y répondre. »

Sur le développement de l’amitié chez les enfants

Égide Royer, Département d’études sur l’enseignement et l’apprentissage La Presse Plus, 11 septembre

Certains enfants n’ont pas eu l’occasion de d ­ évelopper suffi­ samment certains ­comportements et ­habiletés pour se faire des amis. Leur soli­ tude peut p ­ rovenir de leur impulsivité, de leur manque de partage ou d’une d ­ ifférence rela­ tive à leur physique ou à leur habillement. Selon Égide Royer, ces enfants peuvent décider de s’isoler par eux-mêmes. « Ça fait tellement mal de se faire rejeter qu’ils pré­ fèrent se rejeter euxmêmes plutôt que de le vivre encore. »


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Sur la route des Balkans Cet été, la géographe Danièle Bélanger a parcouru la route terrestre empruntée, ces dernières années, par les centaines de milliers de demandeurs d’asile qui ont rejoint l’Union européenne par Yvon Larose La professeure Danièle Bélanger, du Département de géographie, a comme thème de recherche les dynamiques migratoires mondiales. Cet été, elle a parcouru, en autocar et en train, la distance qui sépare la Grèce de l’Allemagne. Son but était de mieux com­ prendre ce qu’ont vécu les centaines de milliers de demandeurs d’asile, princi­ palement syriens, irakiens et afghans, qui ont traversé six pays européens dans l’es­ poir d’une vie meilleure. Ce faisant, elle a remonté le très long corridor migratoire, ouvert en 2014 et fermé depuis le début de 2016, que l’on a surnommé la route des Balkans. Il traversait la Macédoine, la Serbie, la Croatie, la Hongrie, pour atteindre l’Autriche et fina­ lement l’Allemagne. Le voyage de la profes­ seure Bélanger a duré 17 jours. Son conjoint et leur fils de 13 ans l’accom­ pagnaient. Le périple avait pour objectif de produire du matériel didactique pour les étudiants de la professeure et pour le grand public. « Aujourd’hui, explique-telle, les migrants sont invi­ sibles sur l’ancienne route des Balkans. Ceux qui sont restés coincés lors des fer­ metures de frontières vivent maintenant dans des camps gérés par les gouvernements des différents pays, ou bien ils sont logés dans les villes. Outre les petits effectifs d’entrée autorisés, ceux qui tentent de traverser les fron­ tières sont entre les mains de passeurs qui exigent des sommes exorbitantes, ou ils sont rapidement interceptés par la police. C’est un tout autre paysage qu’en 2015 alors que 885 000 migrants sont entrés dans l’Union européenne après avoir transité par différents pays via la route de l’Est de la Méditerranée. » À ce jour, très peu de pro­ jets de recherche universi­ taires ont porté sur l’in­ croyable drame humani­ taire qui s’est produit entre 2014 et 2016 dans cette par­ tie du monde. Cette marée hu­­m aine fut qualifiée, par certains, de plus im­­ portant déplacement de

populations depuis la Seconde Guerre mondiale. Les migrants de la Syrie, les plus nombreux, étaient constitués à 50 % de jeunes de moins de 18 ans, parmi lesquels un grand nombre d’enfants. « Ceux qui ont quitté leur pays étaient les plus j­ eunes, les plus en santé et les plus i­ nstruits, indique D a n i è l e B é l a n g e r. L e s adultes avaient de l’argent, car le passage est coûteux. L’image du réfugié misé­ rable, désespéré et anal­ phabète n’était pas celle de la majorité. » Le projet de la chercheuse a consisté à observer la route des migrants et à interviewer des témoins et des observateurs de la mi­­ gration, que ce soit des tra­ vailleurs d’organisations non gouvernementales humanitaires, des policiers ou des chercheurs universi­ taires, quand il ne s’agissait pas de simples citoyens. Douze entrevues de fond ont été réalisées avec autant de personnes, dans six pays différents. « Je voulais voir les répercussions de cette migration sur les localités et sur les gens, souligne-t-elle. J’ai filmé et enregistré pour produire un documentaire afin de raconter ce qui s’était passé. » Une bonne partie de son périple, Danièle Bélanger l’a passée en Grèce, puis en Macédoine. En Grèce, elle a visité le lieu où était situé le camp informel de réfugiés aménagé près du village d’Idomeni, juste à la fron­ tière avec la Macédoine. Quelque 12 000 personnes étaient coincées dans ce camp lors de la fermeture de la frontière macédonienne, à la fin février 2016. Des personnes ayant été près des réfugiés ont accepté de livrer un témoignage à la professeure Bélanger. Selon ces témoins, les migrants démontraient beaucoup de frustration. Ils ont dénoncé la gestion chaotique des autorités du pays d’accueil. Ils ont aussi commenté l’ins­ trumentalisation politique de la situation en Hongrie. Dans ce pays, le gouver­ nement de droite a joué la carte de la peur de l’étranger, disant que le territoire était

envahi, pour renforcer son pouvoir sur la population. Selon la chercheuse, ce gou­ vernement a une attitude radicale dans le dossier. La frontière est très surveillée. Aujourd’hui, de larges sec­ tions de la frontière hon­ groise sont bloquées par une imposante clôture de barbelés. « Les migrants, dit-elle, ont dénoncé une espèce d’improvisation dans le dossier, un sentiment de déshumanisation vis-à-vis la situation, au mépris d’obli­ gations, comme celles de la Hongrie en tant que membre de l’Union européenne. » Les témoins de la migra­ tion ont tous été fortement marqués par les réfugiés. «  I l s m ’o n t d i t q u ’ i l s n’auraient jamais pensé vivre quelque chose d’aussi exceptionnel, explique Danièle Bélanger. Pour eux, ce phénomène migratoire relevait de l’Histoire. Ils ont vu beaucoup de désarroi chez les migrants, d’impuis­ sance, mais aussi beaucoup de résilience. Les réfugiés et les habitants des pays qu’ils traversaient ont fait preuve d’organisation, de prise en charge, même si c’était sou­ vent désordonné. » Les travailleurs humani­ taires, eux, ont fait preuve de constance. « Ils sont demeu­ rés très actifs et très engagés depuis la fermeture des fron­ tières, indique la professeure Bélanger. Ils ont, entre au­tres, continué à s’occuper de l’éducation des enfants dans les camps et à faire pression pour le respect des droits des réfugiés. » Parmi les experts univer­ sitaires rencontrés par Danièle Bélanger, plusieurs se sont sentis tellement interpellés par la situation qu’ils se sont impliqués à titre personnel en dehors de leur travail de cher­ cheurs. « Ils ont eu envie de documenter cette page de l’Histoire, affirme-t-elle. Certains ont transporté des migrants dans leur véhicule personnel sur des segments de la route. À Munich, une chercheuse allemande ara­ bophone a offert ses ser­ vices comme interprète auprès des réfugiés le soir et les fins de semaine pendant plusieurs mois. »

Depuis 2016, des milliers de migrants, qui n’ont pas réussi à atteindre l’Union européenne, demeurent coincés dans des camps de réfugiés


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Ces photos de Georgios Katsagelos, professeur à l’Université Aristote de Thessalonique et photographe professionnel, montrent la vie de migrants à la frontière nord de la Grèce en 2016, au camp informel situé près d’Idomeni. Pendant plusieurs mois, Georgios Katsagelos a pris des photos afin de documenter la crise humanitaire qui s’y déroulait. Cet été, il a fait visiter les lieux à Danièle Bélanger. 1. Trois femmes migrantes kurdes près de la frontière. 2. Une image typique de femmes, qui transportent leurs effets personnels et leurs enfants, en route vers la frontière. 3. Une mère réfugiée avec son enfant manifeste devant les policiers grecs qui tentent d’empêcher le blocage du chemin de fer. 4. Au camp, la nourriture était parfois rare et les files d’attente pour en obtenir étaient habituellement longues. 5. Un jeune réfugié joue avec un jouet que lui a fabriqué son père. 6. Une jeune fille a trouvé refuge dans un bâtiment abandonné de la station de train d’Idomeni. photos Georgios Katsagelos


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sciences

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en bref

Les profs, ces intellectuels Qu’on leur cole ou pas l’étiquette d’intellec­ tuels, les universitaires qui se prononcent sur des questions publiques font œuvre utile. C’est ce que soutiennent les trois inter­ locuteurs de Contact dans un reportage du numéro d’automne. Avec ses 80 000 exem­ plaires par numéro, le magazine des diplômés contribue justement à faire rayonner la parole des professeurs, sans compter que les repor­ tages connaissent une seconde vie sur son site Web, visité plus de 200 000 fois par an, où l’on trouve aussi des blogues. Ce numéro de Contact fait également une belle place à la nouvelle rectrice. Dans le por­ trait que la journaliste brosse d’elle, Sophie D’Amours parle de l’avenir de l’Université, de son parcours personnel et de ses valeurs. À lire aussi : un état de santé de l’aquaculture au Québec, un bilan des 10 ans du Régime québécois d’assurance parentale ainsi que les besoins des frères et sœurs d’un enfant malade auxquels il est impérieux de répondre. illustration Marianne Chevalier

Certains phages ont développé des armes qui inhibent le système de défense des bactéries. Grâce à cette contremesure, ils parviennent à infecter les bactéries et à se multiplier. photo Graham Beards

Les phages contre-attaquent

contact.ulaval.ca/magazines/automne-2017

Études aux cycles supérieurs : des outils pour vous ! Êtes-vous étudiant au 2e ou au 3e cycle et apprécieriez-vous avoir des conseils sur la rédaction ou, encore, sur la relation d’enca­ drement ? Voici une conférence pour vous ! Le Centre d’aide aux étudiants vous propose d’assister à une rencontre dans laquelle les thèmes suivants seront abordés : la gestion du temps, l’anxiété de la page blanche et divers aspects de la relation avec le directeur de recherche. De plus, des conseils et des outils vous seront proposés afin de favoriser une bonne adaptation. Mercredi 20 septembre, de 12 h à 13 h 30, au local 2320 du pavillon Alphonse-Desjardins. Entrée libre.

Mieux vivre au travail La Direction santé et mieux-être au travail de l’Université vient de produire 8 capsules vidéo sur différents thèmes qui touchent ­l’ergonomie. L’objectif de ces capsules est de permettre aux membres de la communauté universitaire d’avoir un meilleur ajustement au travail en quelques minutes seulement afin de diminuer l’inconfort physique et de prévenir la douleur. Les thèmes portent sur le fauteuil ergonomique, la surface de ­travail, le moniteur, le clavier et la souris, ­l’ordinateur portable, le porte-documents, le téléphone et l’éclairage. On peut visionner les capsules au bit.ly/2vTWKuN.

Des chercheurs découvrent une arme utilisée par certains virus pour déjouer un mécanisme de défense des bactéries par Jean Hamann Un nouvel épisode de la course à l’ar­ mement que se livrent les bactéries et les virus qui les infectent – les phages – vient d’être révélé dans Nature Microbiology. En effet, une équipe internationale, dont font partie Sylvain Moineau et ses collaborateurs du Département de biochimie, de micro­ biologie et de bio-informatique, a ré­­ vélé l’existence de phages capables de rendre inopérant le système de défense CRISPR-Cas utilisé contre eux par les bactéries. Aujourd’hui connu comme un ­puissant outil d’édition du génome, CRISPR-Cas est d’abord un méca­ nisme de défense déployé par les bac­ téries pour se protéger des phages. C’est d’ailleurs l’équipe de Sylvain Moineau et les mêmes collaborateurs qui ont décrit, dans la revue Science, en 2007, l’existence de ce système de défense chez les bactéries. Cette contremesure, qui existe chez environ 40 % des espèces bactériennes, repose sur des séquences d’ADN que les ­bactéries accumulent à partir du maté­ riel génétique de leurs assaillants. En 2010, dans un article publié dans la revue Nature, l’équipe du professeur Moineau démontrait que, lors de ren­ contres subséquentes avec ces virus, les bactéries utilisent les composantes du système CRISPR-Cas, dont la pro­ téine Cas9, pour scinder l’ADN de leurs envahisseurs à des endroits pré­ cis de leur génome.

Les phages n’avaient cependant pas dit leur dernier mot. Depuis cinq ans, quelques études ont mis en lumière l’existence d’anti-CRISPR chez cer­ tains types de phages. L’équipe du pro­ fesseur Moineau vient d’ajouter un élé­ ment au dossier en démontrant l’exis­ tence d’un nouvel anti-CRISPR chez un autre type de phage qui attaque S. pyogenes, une bactérie pathogène utilisée comme modèle pour l’édition du génome. Les chercheurs ont isolé un phage qui échappe 40 000 fois plus sou­ vent que les autres au système de défense CRISPR-Cas9 de S. pyogenes. « Nous avons séquencé le génome d’un de ces phages, nous avons ana­ lysé et cloné plusieurs de ses gènes et nous avons découvert un gène codant pour une protéine dite anti-CRISPR qui inhibe efficacement le système de défense de la bactérie », explique Sylvain Moineau. Les chercheurs ont aussi démontré que cette protéine antiCRISPR inhibe complètement le sys­ tème de défense de S. thermophilus. « Il s’agit de la bactérie, utilisée pour la fabrication de yogourt et de certains fromages, qui avait permis la décou­ verte du système CRISPR en 2007 », rappelle-t-il. Le mode d’action de cet anti-CRISPR n’a pas encore été élucidé, mais déjà les chercheurs entrevoient les réper­ cussions concrètes de leurs travaux. « Puisque le système de défense CRISPR-Cas peut être contourné par

certains phages, il faudra trouver de nouvelles façons de protéger les cul­ tures bactériennes utilisées par l’in­ dustrie alimentaire contre les attaques des phages, constate le professeur Moineau. Il n’y a pas de fin à la lutte que se livrent ces microorganismes. C’est ce qui rend notre domaine de recherche si fas­cinant. » Par ailleurs, la découverte de cet anti-CRISPR ouvre la porte à un meilleur contrôle de l’activité de la protéine Cas9. « On pourrait notamment utiliser l’antiCRISPR comme interrupteur pour ralentir ou pour bloquer les coupures provoquées par Cas9 lors d’expé­ riences d’édition des génomes », sug­ gère le chercheur. L’article paru dans Nature Micro­ biology est signé par Alexander Hynes, Geneviève Rousseau, Marie-Laurence Lemay et Sylvain Moineau, de l’Uni­ versité Laval, et par leurs collabora­ teurs Philippe Horvath, Christophe Fremaux et Dennis Romero, de la com­ pagnie DuPont.

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Il n’y a pas de fin à la lutte que se livrent ces microorganismes. C’est ce qui rend notre domaine de recherche si fascinant.


arts

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Quand le numérique fait corps avec la danse

Faire corps se veut une célébration de « l’être ensemble, de l’émulation qui naît de la rencontre des corps ». photo Jean-Ambroise Vesac

Les visiteurs de la Maison pour la danse de Québec pourront apprécier une installation technologique du doctorant Jean-Ambroise Vesac par Matthieu Dessureault Avec ses grandes fenêtres et son architecture moderne, la Maison pour la danse ne ­manque pas d’attirer le regard dans le quartier Saint-Roch. Ce bâ­­timent, inauguré à la fin août après neuf années de réflexion et de travail, est un centre de création et de déve­ loppement consacré à la pra­ tique professionnelle de la danse. Rési­dences d’artistes, spectacles, conférences et expositions, entre autres ini­ tiatives, sont au programme. Les trois étages sont divisés en studios et en bureaux adaptés pour ac­­cueillir les danseurs, les chorégraphes et le grand public. Chaque jour, tous ces gens passeront devant une œuvre d’art numérique de JeanAmbroise Vesac. Installée sur le mur du hall d’entrée, là où les danseurs se déchaussent, Faire corps est une installation interactive qui réagit au mou­ vement des visiteurs. Des cap­ teurs, installés derrière l’œu­ vre, activent des lumières qui révèlent des images sur une série de petits écrans. Peu à peu, une figure se dévoile, celle d’un personnage symbo­ lisant la diversité des utilisa­ teurs du lieu. « Cette œuvre traduit le dé­­placement des corps dans l’espace. Je me suis mis dans la peau de quelqu’un qui entre dans le couloir en laissant derrière lui le stress de l’extérieur. L’œuvre repré­ sente cette transition dans le mouvement », explique le doc­ torant en arts numériques, dont le dispositif invite les passants à générer ensemble des animations lumineuses.

L’aspect participatif de l’œuvre fait référence à la mission de la Maison pour la danse, celle d’être un lieu de synergie et de rencontre. Sa création relève d’un long processus au cours duquel l’artiste a conçu une ma­­ quette et expérimenté divers procédés informatiques. Chaque petit dessin sur les écrans a été réalisé à par­ tir d’un logiciel dont les paramètres ont été modifiés. « J’ai eu recours au glitch, un procédé qui consiste à

esthétiser des erreurs prove­ nant d’un bogue numérique. En grossissant les images, j’ai été surpris d’y voir des formes et d’y recon­n aître des éléments, un peu comme si l’algorithme du logiciel se révélait », indique l’ar­ tiste, qui a effectué ce tra­ vail dans un laboratoire de La Chambre Blanche. L’œuvre a été produite dans le cadre du Programme d’in­ tégration des arts à l’architec­ ture, aussi appelé « politique du 1 % », qui consiste à allouer

Récurrent dans l’œuvre de Jean-Ambroise Vesac, ce personnage que l’on peut voir s’animer à l’écran représente la diversité des utilisateurs du lieu.

1 % du budget de construc­ tion d’un bâtiment à la réa­ lisation d’une œuvre d’art. Fait p ­ articulier : il s’agit de la deuxième œuvre inter­ active à voir le jour à Québec, après celle de Jonathan Villeneuve au Centre Vidéo­ tron. Le di­­rec­teur général du Groupe Danse Partout et de La Rotonde, Steve Huot, qui faisait partie du comité de sélection du projet, admet que le recours au numérique était un pari audacieux. « Nous avons profité de la politique du 1 % pour prendre des risques. D’abord, il était audacieux d’offrir à l’artiste une place aussi centrale, soit le premier mur que l’on voit en entrant dans l’immeuble. Le concept de Jean-Ambroise Vesac, qui signe sa première intervention dans le cadre de la politique du 1 %, nous a charmés. Il a réussi à faire des liens entre plusieurs éléments qui sont au cœur de la Maison pour la danse, comme la col­ laboration, la synergie et les possibilités créatives. Sa pro­ position nous a surpris et nous a plu énormément », ­dit-il, pas peu fier du résultat. Au tour des visiteurs main­ tenant de « faire corps » pour donner vie à cette œuvre ! La Maison pour la danse est située au 336, rue du Roi. Pour plus ­d’information  : maisonpourladanse.ca

L’aspect participatif de l’œuvre fait référence à la mission de la Maison pour la danse, celle d’être un lieu de synergie et de rencontre

en bref

Les Treize à la recherche de talents Vous souhaitez présenter une pièce de théâtre au cours de la saison 2017-2018 de la troupe Les Treize ? Vous avez ­jus­qu’au 22 septembre pour faire le dépôt de votre projet. La troupe de théâtre recrute également des nouveaux membres pour son conseil d’administration. Il n’est pas nécessaire d’avoir une expérience dans le domaine. Fondée en 1948, la troupe Les Treize vise à faire connaître les ­créateurs d’aujourd’hui et de demain. Plusieurs personnalités en ont fait partie, dont Jean Barbeau, Normand Chouinard, Rémy Girard, Denise Proulx, Marie Tifo et Gilles Vigneault. Pour plus d’information : lestreize@asso.ulaval.ca. Pour suivre la troupe sur Facebook : www.facebook.com/lestreize/

Images du Sud L’association étudiante « Les images viennent du Sud » a comme mission de faire connaître le cinéma et la culture de l’Amérique latine. Elle invite la commu­ nauté universitaire à une série de projec­ tions gratuites qui auront lieu un vendredi sur deux, dès 17 h 30, au local 4417 de la Bibliothèque (pavillon Jean-CharlesBonenfant). Tous les films sont sous-titrés en français ou en anglais. La prochaine projection aura lieu le jeudi 21 septembre. On présentera Gloria, du cinéaste chilien Sebastián Lelio. Ce film raconte l’histoire d’une jeune célibataire qui fait une ­rencontre qui viendra bouleverser sa vie. Pour consulter la programmation : bit.ly/2w6GZQs

Apôtres du YOLO « YOLO », acronyme de « You Only Live Once », est utilisé pour évoquer une action irréfléchie. Neuf auteurs se sont inspirés de cette expression pour écrire des nouvelles, réunies dans le dernier numéro de la revue XYZ. L’ouvrage, réalisé sous la direction de Gaëtan Brulotte, comprend également le texte de la lauréate du 27e concours de nouvelles XYZ, Christiane Vadnais, ­étudiante à la maîtrise en études littéraires. En tout, 53 textes provenant de la France et du Québec ont été soumis. Le jury était composé des écrivains France Boisvert, Jean-François Chassay et David Dorais. Pour plus d’information : xyzrevue.com

La Maison pour la danse a été inaugurée à la fin août après neuf années de réflexion et de travail. photo Maxime Daigle

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actualités UL

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Au service des étudiants Situé à l’entrée des pavillons AlphonseDesjardins et Maurice-Pollack, Le Point est un espace de service et d’information où les membres de la communauté universitaire et les visiteurs peuvent obtenir une foule de renseignements utiles. Du lundi au vendredi, de 8 h à 17 h, les agents du Point sont là pour répondre, sur place seulement, aux questions sur les études, les finances, les ressources ­universitaires ou les activités sur le campus. On peut y effectuer certaines transactions, payer ses droits de scolarité, récupérer sa carte d’identité, obtenir une attestation ­d’inscription destinée au RTC ou encore ­recevoir un agenda universitaire. En plus de ce kiosque d’accueil, les étudiants disposent de monPortail. Cet environnement numé­ rique d’études vise à simplifier leur expérience en rassemblant en un point d’accès unique les sites de leurs cours, des outils d’appui à la réussite et le calendrier universitaire. On peut également consulter la section « Étudiants actuels » du site Web de l’Université pour connaître les services et les ressources ­spécialisées à portée de la main. photo Marc Robitaille

Colloque sur les femmes dans la profession juridique Le 22 septembre en après-midi, à la salle Power Corporation du Canada du pavillon La Laurentienne, un colloque, organisé par la Faculté de droit, aura lieu sur le thème « La progression et la rétention des femmes dans la profession juridique ». On y présen­ tera notamment les résultats d’une vaste étude menée par des chercheurs de l’Univer­ sité Laval. Cette recherche porte sur les obsta­ cles auxquels se heurtent les avocates. Elle aborde aussi les pratiques organisationnelles susceptibles de favoriser le parcours de leur carrière. Une autre présentation, offerte par le Barreau du Québec, fera connaître des initia­ tives favorisant la rétention et l’avancement des avocates. Des pratiques inspirantes pour outiller les gestionnaires seront discutées durant le colloque. Enfin, des pistes de réflexion seront formulées pour adapter la pratique du droit aux aspirations et aux besoins de la nouvelle génération de juristes. Le colloque se tiendra de 13 h 30 à 16 h 45, au local 3452 du pavillon La Laurentienne. L’entrée est gratuite, mais l’inscription est obligatoire. On peut consulter le programme à l’adresse suivante : bit.ly/2xyg3yv. Pour information : relations@fd.ulaval.ca

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Nouveaux membres de la Société royale du Canada Trois membres de la communauté uni­ versitaire feront leur entrée à la Société royale du Canada en 2017. Les profes­ seurs Mario Leclerc et Sylvain Moineau seront reçus membres de l’Académie d e s s c i e n c e s , a l o r s qu e F a n n i e Lafontaine se joindra au Collège des nouveaux chercheurs et créateurs en arts et en science. Professeur au Département de chimie et ­titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les polymères électro­ actifs et photoactifs, Mario Leclerc est un ­l eader mondial dans le domaine de l’électronique plastique. Ses

contributions originales, qui vont des biocapteurs aux cellules solaires plas­ tiques, ont gé­­néré de nombreuses retom­ bées scientifiques et technologiques. Sylvain Moineau, professeur au Département de biochimie, de micro­ biologie et de bio-informatique, est un expert mondial des virus bac­ tériens. Titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les bacté­ riophages, il a réalisé des travaux qui ont contribué de façon remarquable à l’avancement des connaissances sur les virus bactériens, notamment sur le système CRISPR-Cas. Cet outil est

maintenant en voie de révolutionner l’édition des génomes. Fannie Lafontaine est professeure à la Faculté de droit, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la justice internationale pénale et les droits fon­ damentaux et directrice du Partenariat canadien pour la justice internationale financé par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH). Ses travaux, en particulier ceux liés au rôle des États dans la lutte contre l’im­ punité, font autorité et ont influencé les tribunaux au Canada et à l’étranger. photos Marc Robitaille

Mario Leclerc

Sylvain Moineau

Fannie Lafontaine

Vive les boursiers ! au baccalauréat en éducation physique et à la santé et membre de l’équipe de volleyball Rouge et Or a été nommé au sein de la première équipe d’étoiles en 2017 et de la deuxième équipe d’étoiles en 2015 et en 2016 des championnats provinciaux collégiaux. Il a d’ailleurs décroché le bronze au Championnat collégial division 1 du RSEQ en 2017.

Le 7 septembre, David Côté, botteur du club de football Rouge et Or et étu­ diant au baccalauréat en enseignement de l’éducation physique et à la santé, a reçu une bourse de 3 000 $ du Programme de bourses Cominar, cha­ peauté par la Fondation de l’athlète d’excellence du Québec (FAEQ). Lors de son passage dans la ligue de football collégiale, l’étudiant-athlète de 20 ans a fait partie de l’équipe du Campus Notre-Dame-de-Foy, près de Québec. En 2014, il était nommé joueur par excellence des unités spéciales du foot­ ball collégial division 1 du Réseau du sport étudiant du Québec (RSEQ). Toujours en 2014, puis en 2015 et en 2016, David Côté a été nommé au sein de l’équipe d’étoiles collégiale de foot­ ball division 1 du RSEQ.

Par ailleurs, deux autres étudiants-­ athlètes de l’Université Laval ont obtenu des bourses dans le cadre du Programme de bourses de la Fondation des Gouverneurs de Québec, également chapeauté par la FAEQ. Il s’agit d’Alexis Dumas (ski de fond) et de Rémi Cadoret (volleyball). Médaillé d’or au 15 km ­c lassique poursuite à la NORAM de Rossland en Colombie-Britannique en 2017, le fondeur et étudiant en génie mécanique Alexis Dumas a reçu une bourse de 4 000 $. Classé 33e au ski­athlon de 15 km du Championnat du monde U-23 à Soldier Hollow, en Utah, en 2017, il vise rien de moins qu’une place parmi les vingt meilleurs au prochain championnat du monde. Le volleyeur Rémi Cadoret a reçu, pour sa part, une bourse de 3 000 $. Cet étudiant

Pour plus d’info sur la Fondation de l’athlète d’excellence du Québec : faeq.com. Pour en savoir davantage sur le Programme de bourses Cominar et le Programme de bourses de la Fondation des Gouverneurs de Québec : bit.ly/2f6kU28 et bit.ly/2jn6ax4

Récipiendaire d’une bourse Cominar, David Côté est botteur pour le club de football Rouge et Or. photo Daniel Mallard

Alexis Dumas est accompagné de René Côté, de la Fondation des Gouverneurs de Québec. photo André Kedl

Rémi Cadoret est accompagné de Jacques Amyot, de la Fondation des Gouverneurs de Québec. photo André Kedl

Bravo aux lauréats !


société

le fil | le 14 septembre 2017

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Pour une mobilité plus sécuritaire L’Université se dote d’une politique sur la sécurité des séjours à l’étranger par Yvon Larose Chaque année, plus d’un mil­ lier d’étudiants de l’Univer­ sité poursuivent leur forma­ tion à l’étranger ou dans des régions éloignées du Canada. Le 5 juillet, leur niveau de sécurité a été haussé d’un cran avec l’adoption, par le Conseil d’administration de l’Université, d’une nouvelle politique en la matière. « La Politique sur la sécurité des séjours à l’international ou dans les régions éloignées du Canada est placée sous la responsabilité conjointe du Vice-rectorat aux affaires externes, internationales et à la santé (VRAEIS), et du Vice-rectorat aux ressources humaines (VRRH), explique le directeur du Bureau inter­ national, Richard Poulin. Elle a ceci de particulier qu’elle s’étend, pour une première fois, aux membres du per­ sonnel et aux bénévoles qui ont à se déplacer à l’étran­ ger ou dans les régions éloi­ gnées du Canada dans le cadre de projets ou d’activités universitaires. » La nouvelle politique couvre tous les types de séjours de mobilité universitaire : stage, études, création, re­­cherche et conférence. Le Registre des séjours de mobilité en constitue la pièce maîtresse. Ce registre sécurisé permet d’assurer une gestion d’ur­ gence efficace. Toute per­ sonne inscrite peut être loca­ lisée à un moment et à un endroit précis. De plus, le Registre donne accès rapide­ ment à des renseignements sur le séjour de mobilité de la personne. Richard Poulin a mené une consultation auprès des diffé­ rentes instances de l’Univer­ sité. Son groupe de travail, composé de représentants du VRAEIS, du VRRH, du Vicerectorat à l’administration, du Bureau du secrétaire général et du Service de sécu­ rité et de prévention, a réper­ torié les bonnes pratiques en matière de sécurité interna­ tionale. Le comité a, de plus, rencontré les deux grandes associations étudiantes, la CADEUL et l’AELIÉS, la table des doyens ainsi que le Syndicat des professeurs et professeures de l’Université Laval. « Tous ont répondu favorablement au projet de politique, indique le directeur

du Bureau international. L’Université, comme em­­ ployeur, est responsable de la sécurité de ses employés. » La Politique permet une meilleure gestion des risques associés aux projets et aux activités à l’international. Elle uniformise les mesures de sécurité à prendre. Elle comprend également une procédure prédépart spécifi­ que. Celle-ci consiste princi­ palement en l’inscription au Registre des séjours de mobi­ lité et en une évaluation et une mitigation des risques. L’Université reconnaît trois niveaux de risque. Les étu­ diants du premier cycle ne peuvent choisir que des desti­ nations à risque faible ou à risque moyen. Ces risques ne sont pas plus importants que ceux encourus ici dans la vie quotidienne. Quant aux desti­ nations à risque élevé ou à risque très élevé, elles nécessi­ tent une préparation spéciale. Ainsi, l’étudiant des cycles supérieurs, l’employé ou le bénévole intéressé par un de ces pays doit remplir un for­ mulaire de planification et de mitigation des risques. En­­ suite, il doit soumettre son projet ou son activité à un comité-conseil qui se pronon­ cera sur sa faisabilité. Enfin, une personne en autorité donnera son autorisation. « Ces mesures visent à s’as­ surer que l’étudiant, l’em­ ployé ou le bénévole séjour­ nera à l’étranger dans les

con­­ditions les plus sécuri­ taires possible, soutient Richard Poulin. Pour cela, il doit faire la preuve qu’il est sensibilisé au risque associé à sa destination, qu’il con­ naît et qu’il va appliquer les mesures qui vont lui per­ mettre de minimiser ce risque au maximum. L’objectif de la Politique n’est pas d’empê­ cher les gens de voyager. C’est plutôt de nous assurer qu’ils voyageront de façon vraiment sécuritaire et que nous pourrons leur venir en aide, tout le long de leur sé­­ jour, en cas de difficulté. » Dans certains pays con­ sidérés comme difficiles, l’étudiant, l’employé ou le bénévole est tenu d’arriver par un vol de jour lorsque c’est possible. Un arran­ gement doit avoir été pris avec le partenaire local pour qu’il envoie chercher le voyageur à l’aéroport. Le chauffeur doit connaître le nom de celui-ci. Le parte­ naire pourra lui remettre une liste d’hôtels et de res­ taurants reconnus comme sécuritaires pour des visi­ teurs étrangers. L’étu­diant, l’employé ou le bénévole doit, pour sa part, s’engager à respecter ladite liste. « Il y a quelques années, le Chili a été secoué par un tremblement de terre, ra­­ conte Richard Poulin. Nous avons appelé tous nos étu­ diants qui séjournaient làbas. Tous allaient bien. Ils ont apprécié que l’on se sou­ cie de leur sécurité. » On peut consulter le texte intégral de la Politique à l’adresse suivante : bit.ly/2xkeWBq

Les destinations européennes, dont la ville de Bordeaux, en France, font partie des nombreux séjours à l’international offerts par l’Université Laval.

Quelque 62 000 automobilistes, chauffeurs de taxi et motocyclistes empruntent chaque jour, aux heures de pointe, les deux ponts reliant les villes de Québec et de Lévis. photo Marc Robitaille

Congestion rime avec perte économique La congestion routière autour des ponts de Québec et Pierre-Laporte ferait perdre des millions de dollars annuellement à la société, révèle le mémoire d’un étudiant par Yvon Larose Quelque 105 000 automobilistes, chauf­ feurs de taxi et motocyclistes emprun­ tent chaque jour les deux ponts reliant les villes de Québec et de Lévis. Aux heures de pointe, le nombre total s’élève en une journée à environ 62 000. Une telle affluence se traduit inévita­ blement par de la congestion routière autour du pont de Québec et du pont Pierre-Laporte. Mais qu’en est-il au juste des coûts économiques engendrés par le ralentissement global de la cir­ culation dans ce secteur ? Pour tenter de répondre à cette question, le finis­ sant à la maîtrise en économique Marc Therrien a consacré son mémoire à ce sujet. Il a effectué sa recherche sous la direction du professeur Philippe Barla, du Département d’économique, et du professeur Luis Miranda-Moreno, de l’Université McGill. Il a déposé son mémoire il y a deux semaines. « J’ai choisi ce thème comme sujet de recherche alors que les décideurs par­ laient beaucoup de la congestion rou­ tière autour des ponts et de la construc­ tion d’un troisième lien entre les deux rives comme solution, explique-t-il. Il me semblait qu’il y avait là, sur le plan du transport, une question utile à étudier. » Les données nécessaires à sa recher­ che, Marc Therrien les a tirées de deux sources. Il a consulté les résultats d’une enquête sur les habitudes de déplace­ ment des habitants de la région de Québec, une étude réalisée notamment par le ministère des Transports (MTQ), le Réseau de transport de la Capitale et la Société de transport de Lévis. Il a aussi utilisé des données GPS de déplace­ ments recueillies par la Ville de Québec au moyen d’une application mobile. « Une équipe d’étudiants en génie de l’Université McGill a collaboré à mon projet, souligne-t-il. Ils ont rendu une partie des données GPS exploitables pour ma recherche. » Selon Marc Therrien, la congestion routière autour des ponts de Québec et Pierre-Laporte entraînerait des retards

10 % des coûts économiques proviendraient de la consommation supplémentaire d’essence et de la pollution atmosphérique supplémentaire annuels de 3 millions d’heures pour les automobilistes, les chauffeurs de taxi et les motocyclistes – les conducteurs de camion lourd et d’autobus n’ayant pas été considérés dans la recherche. « Ces heures correspondraient à 90 % des coûts globaux engendrés par la conges­ tion routière, affirme-t-il. La consom­ mation supplémentaire d’essence et la pollution atmosphérique supplémen­ taire totaliseraient 10 % de l’ensemble des coûts. » Globalement, estime-t-il, la société perdrait ainsi chaque année plu­ sieurs millions de dollars à cause de la congestion routière autour des ponts. Dans son mémoire, Marc Therrien aborde la question d’un lien sous-fluvial entre les deux rives. « Une étude com­ mandée par le MTQ en 2016 sur la fai­ sabilité d’un tunnel estime les coûts de construction à près de 4 G $ et les coûts annuels d’entretien et d’opération à 23 M $, indique-t-il. Pour qu’une telle infrastructure soit rentable, il faudrait qu’elle engendre des bénéfices annuels de près de 110 M $. Même si un troisième lien éliminait toute la congestion obser­ vée autour des ponts, notre mémoire suggère que ce ne serait pas suffisant pour qu’un troisième lien soit rentable. »


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société

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Courir pour la vie Employé de l’Université Laval, Louis Vézina a fait de la prévention du suicide la cause de sa vie par Renée Larochelle Courir 70 km sur la Grande Muraille de Chine, ça vous dirait ? Et si, en plus, c’était pour une bonne cause ? C’est l’idée folle qu’a lancée et concrétisée Louis Vézina, fondateur de Courir pour la vie, un organisme à but non lucratif consacré à la pré­ vention du suicide. Une première réalisation de cette belle aventure a eu lieu en 2015 et une autre a suivi en 2017, comptant respectivement 5 et 6 participants. Louis Vézina a décidé d’immortaliser ce périple en faisant un court-métrage, réalisé par Antoine Trudeau. Intitulé PǍO : Courir la Muraille, le film a été lancé le 10 septembre sur le campus à l’oc­ casion de la Journée mondiale de la prévention du suicide. On y voit les participants affronter la chaleur, la fatigue et le vertige sur les chemins parfois cahoteux de la Grande Muraille, sans compter ses escaliers souvent vertigineux. Mais le jeu en valait la chandelle, car le groupe a récolté près de 20 000 $, chaque ­personne s’étant engagée à amasser au moins 3 000 $. En 2015, la somme recueillie s’élevait à presque 12 000 $. « Il s’agit d’une expérience absolu­ ment fabuleuse », explique Louis Vézina, chargé de projets en res­ sources informationnelles à la Direction des technologies de l’in­ formation. « De savoir qu’on est dans le pays le plus peuplé du monde et, en même temps, de se retrouver complètement seul sur certaines sec­ tions du site, c’est une sensation vraiment intense ! » Pour la petite histoire, soulignons que la course s’étend sur 5 jours et que les partici­ pants courent de 10 à 12 km quoti­ diennement. Ils ne reprennent pas la course à l’endroit où ils se sont arrê­ tés la veille, mais changent de tron­ çon. Mais pourquoi donc aller courir à l’autre bout du monde quand on peut le faire près de chez soi ? « Je voyais d’autres fondations du même genre que Courir pour la vie se dérouler dans des lieux lointains, comme le Kilimandjaro, dit Louis Vézina. Alors, je me suis dit : “Que puis-je offrir à la personne qui veut faire quelque chose de grand ?” ». Coureur aguerri, Louis Vézina a eu l’idée de fonder Courir pour la vie alors qu’il participait à un demimarathon à Nashville, en 2009. « Je montais une côte, c’était difficile, et je me suis mis à penser à une per­ sonne de ma famille qui s’était suici­ dée quelques années auparavant. De fil en aiguille, j’ai commencé à parler de prévention du suicide autour de moi et cela a suscité de nombreuses confidences. » Passant à l’action, il met sur pied son orga­ nisme et invite les gens intéressés à courir pour cette cause à s’inscrire sur son site Internet. « Je rêvais de

10 personnes, mais 56 personnes se sont inscrites en 3 semaines. De ce nombre, 52 n’avaient jamais couru. C’est à ce moment que j’ai compris que le projet intéressait d’abord des gens sympathiques à la cause – qui avaient été touchés par le suicide d’un proche, par exemple – plutôt que des coureurs. On s’intéresse à une cause quand on est touché par elle. Et des gens endeuillés à cause du suicide, il y en beaucoup. » Depuis sa fondation, Courir pour la vie a récolté un montant de 626 835 $. Cet argent va directe­ ment aux différents centres de pré­ vention du suicide de la province. Le principe est simple : une per­ sonne choisit de s’inscrire à un marathon ou à un défi quelconque en lien avec la course et s’engage à remettre un montant de 300 $ à Courir pour la vie. Si l’argent demeure important, Louis Vézina souhaite avant tout qu’on parle du suicide, un sujet tabou dans notre société. C’est d’ailleurs l’atteinte de cet objectif qui rend cet homme le plus fier. « Mille coureurs qui parlent chacun en moyenne à 20 personnes, cela fait beaucoup de gens sensibilisés au phénomène du suicide… » Avec plus de 50 courses à son actif, du Marathon de Rimouski au Défi escaliers Québec en passant par la Walt Disney World Goofy’s Race et le Trail de la chute du Diable, Louis Vézina continue d’al­ ler de l’avant pour la cause de sa vie. « Tout cela me rapporte bien plus que ce que je donne », affirme-t-il.

En compagnie de 6 autres participants, Louis Vézina s’est attaqué au Trail de la Muraille de Chine afin d’amasser des fonds pour la cause de la prévention du suicide Louis Vézina a décidé d’immortaliser ce périple en faisant un court-métrage, PǍO : Courir la Muraille, réalisé par Antoine Trudeau

Une représentation du court-métrage suivie d’une ­discussion avec le réalisateur aura lieu le mardi 26 septembre, à 19 h (accueil à ­compter de 18 h), à la brasserie La Korrigane (380, rue Dorchester). Pour information : bit.ly/2y5DHz6 . Cet automne, des représen­ tations du court-métrage auront lieu à Saint-Jeansur-Richelieu, à Bécancour et à Saguenay. Prochaine expédition en Chine : du 3 au 13 mai 2018. Pour information : grandemuraille.ca

La course s’étendait sur 5 jours et les participants couraient de 10 à 12 km quotidiennement.

Le film a été lancé le 10 septembre sur le campus à l’occasion de la Journée mondiale de la prévention du suicide.

PǍO : Courir la Muraille montre les participants affronter la chaleur, la fatigue et le vertige sur les chemins parfois cahoteux de la Grande Muraille, sans compter ses escaliers souvent vertigineux. photos Contrastes Running


sports

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Trinity Western et l’Univer­ sité de Guelph pour la cou­ ronne nationale, lors du Championnat U SPORTS, à l’Université de Victoria, en Colombie-Britannique, le 11 novembre.

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en bref

UN RECRUTEMENT FÉMININ QUI S’ANNONCE PAYANT

L’équipe masculine de cross-country Rouge et Or, en novembre 2016, alors qu’elle remportait le premier titre national de son histoire. photo Mathieu Bélanger

Le défi de défendre un titre national

Vainqueur l’automne dernier du premier titre canadien en cross-country universitaire masculin de son histoire, sur les plaines d’Abraham, le Rouge et Or fait maintenant face à un défi encore plus grand : demeurer au sommet du classement national par Mathieu Tanguay L’entraîneur-chef, FélixAntoine Lapointe, a la tâche de guider sa troupe vers cet objectif ultime. À l’aube de la première compétition de la saison, ce samedi à Montréal sur le mont Royal à l’occasion du McGill Open, il n’est pas inquiet du niveau de motiva­ tion des étudiants-athlètes. « Les gars ont encore faim. On ne veut pas être l’équipe qui a eu une grosse année et qui disparaît ensuite. » Malgré le départ d’éléments clés de la dernière conquête

– Emmanuel Boisvert, Alexandre Ricard et Benjamin Raymond ayant terminé leur parcours universitaire –, ­l ’entraîneur-chef Lapointe peut compter sur un quatuor de vétérans de cinquième année pour montrer la voie. Yves Sikubwabo, athlète de l’année au pays en 2016, Antoine Thibault, membre de la première équipe d’étoiles U SPORTS, Nicolas Morin et Dany Racine voudront termi­ ner leur carrière universitaire sur une bonne note.

« L’objectif demeure le même que l’an dernier, c’està-dire gagner le champion­ nat national. Quand on ana­ lyse les forces en présence, bien qu’il soit tôt dans l’an­ née, on croit que c’est en­­ core très réaliste », déclare Félix-Antoine Lapointe. L’Université Laval est la favorite au Québec. Rap­ pelons qu’elle a remporté les six dernières bannières du Réseau du sport étudiant du Québec (RSEQ). Elle devrait se battre contre l’Université

Chez les femmes, l’ajout des étudiantes-athlètes de haut niveau Anne-Marie Comeau et Jessy Lacourse devrait per­ mettre au Rouge et Or de se battre pour le titre provincial. Ce titre lui a échappé l’an der­ nier au profit des Martlets de l’Université McGill. Cette équipe devrait batailler ferme encore cette année contre le Rouge et Or pour obtenir la bannière du RSEQ. Anne-Marie Comeau et Jessy Lacourse formeront avec Aurélie Dubé-Lavoie, l’étudiante-athlète par excel­ lence en sport individuel du programme Rouge et Or l’an dernier, un trio de tête qui fait rêver leur entraîneur à de belles choses. « C’est moti­ vant, d’autant plus que le reste du groupe progresse bien aussi. On veut remporter le championnat provincial et s’approcher des cinq pre­ mières positions au pays. » UNE COURSE SUR LE CIRCUIT DE LA NCAA

Une première dans l’histoire récente du programme : le Rouge et Or ira se me­­su­ rer à des équipes de col­ lèges amé­ricains du cir­cuit de la National Collegiate Athletic Association (NCAA), le 14 octobre, lors d’une compétition à l’Uni­ versité de Princeton, au New Jersey. D’ici là, les plaines d’Abraham accueilleront l’Invitation Rouge et Or le samedi 7 octobre.

Campus dynamique

L’Université Laval toujours invaincue en soccer Après les deux premières semaines d’activités du Réseau du sport étudiant du Québec, ni l’équipe féminine ni l’équipe masculine de ­soccer Rouge et Or n’a encore subi de défaite. Vendredi dernier, la recrue Marie-Mychèle Métivier a marqué son deuxième but gagnant en autant de parties, tandis que Bastien Aussems a joué le héros en marquant l’unique filet du match d’ouverture. Après un match contre les Stingers de l’Université Concordia lors d’un premier voyage à Montréal, ce ven­ dredi 15 septembre, les deux formations de l’Université Laval retrouveront leurs partisans, au PEPS, le dimanche 17 septembre, pour un programme double face aux Redmen (13 h) et aux Martlets (15 h 30) de l’Université McGill. photo Mathieu Bélanger Des billets seront disponibles à la porte. Vous pouvez également réserver vos places au 418-656-PEPS.

Le plus de marches possible ! Mon équilibre UL vous invite à la 5e présenta­ tion de l’activité Les escaliers ça marche SSQ, qui se déroulera le mardi 19 septembre sur l’heure du midi au stade TELUS-Université Laval. Cette année, SSQ Groupe financier se joint à l’événement à titre de partenaire prin­ cipal. L’objectif de cette activité est de gravir le plus de marches possible en un temps chro­ nométré de 30 minutes. La première vague de participants partira à 11 h 15 et la deuxième, à 12 h 15. Que ce soit par plaisir ou par défi, venez vous dépasser seul ou en équipe ! Inscrivez-vous gratuitement dès maintenant au peps.ulaval.ca/lesescalierscamarchessq.

Samedi 17 septembre Soccer masculin | McGill Peps - terrain 6 | 13 h Soccer féminin | McGill Peps - terrain 6 | 15 h 30

Vendredi 22 septembre Volleyball féminin | UBC - Okanagan Peps | 19 h 30

Samedi 23 septembre Rugby féminin | Concordia Stade Telus-Université Laval | 13 h Volleyball féminin | UBC - Okanagan Peps | 19 h 30

Dimanche 24 septembre Le dimanche 10 septembre, la relève était sur le campus lors du 10 km de l’Université Laval présenté par lululemon. Quelque 350 enfants ont pris part à l’épreuve du 1 km. Les épreuves du 5 km et du 10 km ont, quant à elles, accueilli 1 090 coureurs dans une ambiance festive. Cet événement couronné de succès sera de retour en 2018. photo PEPS

Football | Concordia Stade Telus-Université Laval | 13 h


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au fil de la semaine

le fil | le 14 septembre 2017

Pour favoriser la mobilité durable Chaque année, depuis 1991, Accès transports viables – un organisme à but non lucratif voué à la promotion et à l’amélioration des modes de transport collectifs et actifs dans la région de Québec – organise la campagne J’EMBARQUE ! (anciennement appelée Semaine des transports collectifs et actifs). Parmi les activités propo­ sées, deux se dérouleront sur le campus. Tout d’abord, grâce à l’initiative de deux étudiantes de l’Université et à la collaboration de la Coop Roue-Libre, un CycleHack se tiendra pour la première fois à Québec. Le CycleHack est un mouvement mondial, fondé en 2014 en Écosse, qui invite les cyclistes à se réunir pendant deux jours pour discuter de solutions innovantes aux problèmes liés à l’usage du vélo comme moyen de transport. Ensuite, l’Université participera au Défi sans auto solo, une ­com­pétition amicale entre les entreprises, les institutions publiques et les établissements d’enseignement. Vous êtes donc invité à délaisser votre auto une journée pour essayer un mode de transport alternatif. La campagne J’EMBARQUE ! se tient du 11 au 24 septembre. Pour info : transportsviables.org/jembarque. Le CycleHack Québec aura lieu du 15 au 17 septembre, au pavillon Jean-Charles-Bonenfant. Entrée gratuite, mais inscription obligatoire à bit.ly/2vUxGUn. Le Défi sans auto solo aura lieu le 20 septembre. Inscrivez-vous à defisansauto.com.

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21/09

Conseils pour obtenir une bourse

Sain traitement des eaux urbaines

Installation vidéo

Savez-vous planter des bulbes ?

Améliorer sa concentration

L’histoire des lois spéciales

Vous arrive-t-il de rêvasser durant vos cours ? Au lieu de prendre des notes sur la matière exposée par le professeur, vous surprenezvous à dresser une liste d’épicerie ou à planifier l’horaire de votre fin de semaine ? Si oui, vous avez peut-être besoin de quelques trucs pour ­améliorer votre concen­ tration et votre écoute en classe. Le Bureau d’aide aux étudiants vous propose de participer à une ren­ contre qui s­ ’attardera à trois points : q ­ u’est-ce que la concen­tration et qu’estce qui l­’influence, comment ­développer une attitude active propice à l’écoute en classe et quelles sont les différentes stratégies à privilégier pour s’assurer d’une prise de notes optimale.

Depuis 1964, 39 projets de loi spéciale ont été adoptés au Québec pour suspendre les règles de droit et ordonner la fin d’une grève, généralement « légale », sous peine de sanctions sévères. Mesure exceptionnelle hautement contestée dans les an­­ nées 1960, la loi spéciale est devenue un dispositif quasi permanent de gestion de la contestation sociale depuis les an­­nées 1980. Dans la conférence « Une histoire politique des lois spéciales : les o ­ rigines ­autoritaires du néolibéra­ lisme au Québec », Martin Petitcler, professeur d’his­ toire à l’UQAM, analysera l’évolution de cette législa­ tion et expliquera pourquoi elle est un élément essentiel pour comprendre l’histoire récente de la province. Cette activité est présentée par le Centre interuniversi­ taire d’études québécoises.

Envisagez-vous de pour­ suivre des études aux cycles supérieurs ? Si c’est le cas, vous aimeriez certainement être conseillé sur la meil­ leure façon d’obtenir une bourse d’un des grands or­­ ganismes subventionnaires. Le Bureau des bourses et de l’aide financière organise deux séances d’information pour vous présenter ces organismes et vous donner quelques trucs pour que votre dossier de candida­ ture se démarque de celui des autres. Pour les étudiants en sciences naturelles et en génie : jeudi 14 septembre, à 9 h, au local 3820 du pavillon Alexandre-Vachon. Pour les étudiants en sciences sociales, en sciences humaines, en musique, en arts, en lettres et en langues : lundi 18 septembre, à 11 h, au local 1B du pavillon CharlesDe Koninck. Entrée libre pour chacune des conférences.

Le Centre de recherche en aménagement et déve­ loppement (CRAD) et la Chaire de recherche CRSNG en eau potable vous convient à la confé­ rence « Life Cycle Thinking Approcah for Sustainable Urban Planning : A case of Water System through the lens of Water-EnergyCarbon Nexus », qui sera prononcée en anglais par Gyan Chhipi Shrestha, ­stagiaire posdoctoral. Dans cette communication, le conférencier expliquera comment un système d’aide à la décision facilite la conception et l’évalua­ tion des interactions entre l’eau, l’énergie et le car­ bone. La compréhension de ces liens est nécessaire à la planification et à ­l’aménagement d’un bon système de traitement des eaux en ville. Jeudi 14 septembre, à 11 h 30, au local 1613 du pavillon Félix-AntoineSavard. Entrée libre.

Comme à son habitude, la Galerie des arts visuels amorce la rentrée culturelle par une exposition mettant en vedette la recherche d’un finissant de la maîtrise en arts visuels. Cette année, la Galerie a choisi de pré­ senter chut, une installa­ tion vidéo de Geneviève Chartrand. Dans cette œu­vre, l’artiste peint un portrait composé de récits entrecoupés, qui brisent la linéarité attendue afin de proposer « des frag­ ments de quelque chose de plus grand ». Grâce au travail de transformation du lieu, cette exposition sur le thème du silence se veut un espace tissé de notes, d’images et de mots, entre le rêve et les souvenirs. Exposition jusqu’au 22 octobre. Vernissage le jeudi 14 septembre, à 17 h, à la Galerie des arts visuels (295, boul. Charest Est).

Quand doit-on planter des bulbes d’automne ? À quelle profondeur et à quelle distance les uns des autres doit-on les placer pour avoir une platebande bien garnie ? Les tulipes devraient-elles être traitées comme les narcisses ? Existe-t-il des cultivars davantage adaptés au ­climat québécois ? Si ces questions vous intéres­ sent, assistez à l’atelier « Tout savoir sur les bulbes d’automne » offert par le Jardin universitaire Roger-Van den Hende. Le con­fé­rencier Larry Hodgson donnera des réponses à toutes ces ­interrogations qui ­préoccupent les jardiniers amateurs. Suivez les conseils d’un pro et ­admirez vos fleurs l’été prochain ! Samedi 16 septembre, à 9 h 30, au local 1240 du pavillon Envirotron. Pour s’inscrire : bit.ly/2x1DKxk

Lundi 18 septembre, à 19 h 30, au salon du 1er étage du pavillon H.Biermans-L.-Moraud. Entrée libre.

Consultez le calendrier complet des activités sur le campus à ulaval.ca

Jeudi 21 septembre, à 12 h, au local 3244 du pavillon Charles-De Koninck. Entrée libre.


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