Le Fil 29 mars 2018

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Confusion à l’urgence p2

Avancées numériques p8-9

Volume 53, numéro 23 29 mars 2018

Citoyens et leaders de l’avenir

Les Chantiers d’avenir, qui réuniront des experts de diverses disciplines, viseront à créer des programmes destinés à former les agents de changement de demain. p3


médecine en bref Confusion à l’urgence

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La confusion mentale touche 12 % des personnes âgées qui patientent plus de 8 heures à l’urgence

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par Jean Hamann

Journées de la recherche en santé Quelles sont les répercussions de l’économie, des changements climatiques, des découvertes en sciences biomédicales et cliniques ou encore des inégalités sociales sur la santé durable de la population ? Les 23 et 24 mai, au pavillon Alphonse-Desjardins, assistez aux Journées de la recherche en santé pour rencontrer les étudiants et les chercheurs de l’Université Laval au cœur de ces réflexions. À l’occasion de ce grand carrefour multidisciplinaire d’échanges de connaissances, des centaines d’étudiants de différentes disciplines, tous cycles confondus, provenant de l’Université Laval et des centres de recherche, présenteront les retombées de leurs projets de recherche. Sous la présidence d’honneur d’Eugénie Brouillet, vice-rectrice à la recherche, à la création et à l’innovation, cet événement rassembleur et gratuit vous permettra d’échanger avec la coprésidente d’honneur et chroniqueuse au journal Le Soleil, Mylène Moisan, et d’entendre la vision du conférencier invité et directeur scientifique du Fonds de recherche du Québec – Santé, Serge Marchand. Des bourses seront remises aux meilleures affiches et aux meilleures présentations orales. Aussi au menu, des kiosques et des ateliers sur les perspectives de carrière et de recherche.

Douze pour cent des personnes âgées qui attendent plus de 8 heures à l’urgence sont victimes d’un épisode de delirium, révèle une étude publiée dans le British Medical Journal Open. Les répercussions de cet épisode confusionnel sur la santé des patients et les coûts additionnels d’hospitalisation qui en découlent appellent l’amélioration des mesures de prévention et de dépistage de ce problème, estime le responsable de l’étude, Marcel Émond, de la Faculté de médecine et du CHU de Québec – Université Laval. Le delirium est une perturbation transitoire de la conscience, de l’attention, de l’orientation, de la mémoire, de la pensée et des perceptions. « Ce n’est pas banal, insiste Marcel Émond. Les personnes qui en sont victimes peuvent adopter des comportements dangereux

pour elles-mêmes ou pour les autres. Certaines refusent de collaborer aux soins au point qu’elles peuvent en mourir. Un épisode confusionnel dure de quelques heures à quelques jours, mais il peut entraîner des séquelles. Cet état mental serait causé par un dérèglement des neurotransmetteurs qui provoque une tempête cérébrale. » L’équipe dirigée par le professeur Émond a étudié les cas de 338 personnes de plus de 65 ans qui avaient attendu au moins 8 heures à l’urgence dans quatre hôpitaux du Québec entre mars et juillet 2015. Ces patients étaient âgés en moyenne de 77 ans et ils étaient autonomes ou semiautonomes. À l’aide de tests de dépistage passés à intervalles réguliers, les chercheurs ont établi que la prévalence du problème variait de 8 % à 20 % selon l’urgence étudiée, pour une moyenne de 12 %.

Il faut adapter les soins pour composer avec les besoins particuliers des personnes âgées, notamment en améliorant la prévention et la détection du delirium à l’urgence

Le mercredi 23 mai et le jeudi 24 mai, au pavillon Alphonse-Desjardins. Pour plus d’information : www.fourwav.es/jrs2018

Relève en or Le Gala de la relève en or, une activité organisée par Coop Zone, s’est tenu le 21 mars au pavillon Maurice-Pollack. Le Gala vise à souligner l’engagement social de groupes étudiants de l’Université Laval et du Cégep Limoilou. Pour sa 22e présentation, le Gala a accueilli 18 groupes de l’Université Laval. Parmi les projets finalistes, six ont été lauréats dans leur catégorie respective. Ils ont reçu chacun une bourse de 800 $. Ces projets sont Sciences infirmières autour du monde 2018, le Réseau d’aide des étudiants en médecine de l’Université Laval, le projet théâtral Touche-moi pas !, l’Association des parents-étudiants de l’Université Laval, le comité organisateur des Jeux de génie du Québec 2018 ainsi que la délégation pour la Simulation de l’Union africaine de l’Université Laval. Une mention spéciale a aussi été accordée au projet Santé pour tous – UL. photo Anne Courivaud

Le delirium est un état confusionnel qui dure de quelques heures à quelques jours. Les personnes qui en sont victimes peuvent adopter des comportements dangereux, notamment en refusant de collaborer aux soins.

On peut le lire en ligne à lefil.ulaval.ca et s’abonner gratuitement à un avis de parution électronique.

Le journal de la communauté universitaire Fondé en 1965, Le Fil est un hebdomadaire publié 29 fois par an par la Direction des communications de l’Université Laval et distribué gratuitement sur le campus.

Vous désirez proposer un sujet d’article ? Écrivez-nous à l’adresse le-fil@dc.ulaval.ca au plus tard le mercredi midi précédant la prochaine parution. Les textes soumis doivent comporter le nom et le numéro de téléphone de leur auteur. Écrivez-nous ! Le Fil accueille vos idées avec plaisir. Le contenu de ce journal peut être reproduit à condition de mentionner la source et l’auteur.

Rédaction Éditeur : Jacques Villemure, directeur des communications Rédactrice en chef : Claudine Magny Journalistes : Matthieu Dessureault, Jean Hamann, Yvon Larose Collaborateurs : Jenny Aumais, Pascale Guéricolas, Stéphane Jobin, Mathieu Tanguay Collaborateurs au Web : Carl Bélanger, Thierry Mellon Rédactrice-réviseure : Manon Plante Agente de secrétariat : Sophie Leroux

Production Infographie : Geneviève Bolduc, Service de reprographie de l’Université Laval Impression : TC Imprimeries Transcontinental, Québec (Québec)

Les patients qui ont eu un épisode de delirium ont été hospitalisés 4,4 jours de plus que les patients qui ont été épargnés. Les 65 ans et plus constituent présentement 18 % de la population et, dans 15 ans, cette proportion aura doublé, rappelle le professeur Émond. « Les gens de 75 ans et plus sont les principaux usagers des services d’urgence et il faut adapter les soins pour composer avec leurs besoins particuliers, notamment en améliorant la prévention et la détection du delirium à l’urgence. » Le delirium peut être prévenu en veillant à une hydratation adéquate des patients et en les faisant bouger régulièrement, souligne-t-il. De plus, il est possible de re pérer les personnes at teintes de confusion mentale à l’aide de tests, notamment le RADAR (repérage actif du delirium adapté à la routine) développé par l’équipe du professeur Philippe Voyer, de la Faculté des sciences infirmières. Ce test, qui peut être réalisé en moins de 10 secondes, repose sur trois courtes questions auxquelles doivent répondre les infirmières qui veillent sur les patients. Un dépistage précoce permet une intervention rapide qui réduit la sévérité, la durée et les séquelles du delirium. « Le défi est d’intégrer ces tests à la routine de travail aux urgences, reconnaît Marcel Émond. Si quelques minutes de travail permettent d’éviter plusieurs jours d’hospitalisation, ça semble un bon investissement. » Les autres signataires de l’étude rattachés à l’Université Laval sont Valérie Boucher, Pierre-Hugues Carmichael, Philippe Voyer, Mathieu Pelletier, Simon Berthelot, Michèle Morin, Marie-Ève Lamontagne, Stéphane Lemire, Alexandra Nadeau et Natalie Le Sage.

Placements publicitaires Claudine Trudel 418 656-2131 poste 6415 Dépôt légal Bibliothèque nationale du Québec, ISSN 022-1-1965

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actualités UL 3 Les Chantiers d’avenir démarrent

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Les parcours d’apprentissage qui verront le jour auront comme objectif commun de former des agents de changement capables de contribuer concrètement aux grands défis de la société de demain par Yvon Larose Fin février, le plan stratégique de l’Université était déposé au Conseil d’administration. Les Chantiers d’avenir, l’une des initiatives les plus attendues de ce plan, sont sur le point de se mettre en marche. Le lundi 9 avril à midi, au Cercle du pavillon Alphonse-Desjardins, le vice-recteur adjoint aux études et aux affaires étudiantes, Claude Savard, animera une première séance d’échanges avec des professeurs dans le but d’expliquer les Chantiers d’avenir. « Les Chantiers d’avenir sont un projet assez audacieux, dit-il. Ils visent à développer rapidement des programmes de formation qui intègrent de la recherche, sur le modèle des programmes sur mesure. Ces parcours d’apprentissage originaux viendront enrichir l’offre globale de l’Université Laval. Ils seront avant-gardistes, car ils

seront destinés à résoudre de grands enjeux sociétaux, des problématiques complexes pour lesquelles les formations actuelles ne suffisent pas. » Claude Savard rappelle que les Chantiers d’avenir faisaient partie, l’an dernier, du programme de la candidate au rectorat Sophie D’Amours. « Il s’agit d’un projet prioritaire pour la haute direction, ajoute-t-il. La forte présence du comité de direction de l’Université dans le comité d’évaluation des propositions de chantiers démontre toute l’importance qu’attache la haute direction à ces projets. » Dans une précédente entrevue, la rectrice qualifiait les Chantiers d’avenir de « projet phare, car on se donne le droit d’expérimenter ce que pourrait être l’université de demain. On aura un cadre qui nous permettra de Les Chantiers d’avenir interpelleront plusieurs disciplines. En moyenne, chacun des chantiers comptera entre trois faire ça. C’est très excitant ! » et cinq professeurs et plusieurs partenaires externes.

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Nous voulons former des citoyens de l’avenir, des leaders en résolution de problématiques sociétales complexes

Le vice-recteur adjoint insiste sur la notion de laboratoire. « Le Chantier d’avenir sera un lieu où l’on expérimente, un lieu de création et d’élaboration, souligne-t-il. Nous allons innover en réalisant les projets de formation à l’extérieur de l’Université, dans le milieu, avec la collaboration de parte­naires externes. Ces partenaires seront de tous ordres : ministères comme entreprises privées, organismes à

Les nouveaux programmes de formation seront destinés à résoudre de grands enjeux sociétaux, des problématiques complexes pour lesquelles les formations actuelles ne suffisent pas. photo Marc Robitaille

but non lucratif ou bien simples citoyens. Ils devront s’impliquer dans la formation des étudiants. » Toutes les thématiques seront possibles, mais aucune ne sera déterminée au départ pour éviter d’orienter les choix qui seront faits. Des thèmes aussi larges que la ville intelligente, l’engagement citoyen et l’intégration culturelle en se­­ raient des exemples. « Ingénieurs ou économistes, designers ou sociologues, ces experts, seuls, ne pensent pas s’attaquer à telle ou telle problématique, mais, en collaboration avec d’autres experts, tout devient possible, explique Claude Savard. Les Chantiers d’avenir interpelleront plusieurs disciplines. Nous voulons faire travailler nos experts ensemble sur des projets concrets. » En moyenne, chacun des chantiers comptera entre trois et cinq professeurs et plusieurs partenaires externes. Le nombre d’étudiants devra être suffisant pour permettre la viabilité du programme de formation. Ils proviendront de l’un ou l’autre des trois cycles d’enseignement. Les projets soumis devront réunir plusieurs conditions. La problématique ou thématique sociétale proposée devra répondre à des besoins ur­­gents de formation. Les projets devront présenter un fort potentiel de retombées de la recherche. L’équipe de professeurs et de partenaires devra offrir expérience et complémen­ tarité pour faire du chantier une réussite. « Nous voulons former des ci­­ toyens de l’avenir, des leaders en résolution de problématiques complexes qui ne peuvent être formés

par les programmes de formation actuels, souligne Claude Savard. Nous sommes en train de déter­ miner les compétences d’avenir que nous chercherons à inculquer aux étudiants participants et que l’on trouve dans la littérature ­scientifique. Ce sont notamment l’adaptabilité, la capacité à provoquer le changement, la pensée créative, le jugement critique et le leadership. » Chacun des petits groupes formés présentera un projet de chantier. Après évaluation, trois propositions seront retenues pour la phase suivante. Pour ses travaux d’idéation et de conception, chaque groupe pourra utiliser le portail de cours ENA comme espace collaboratif numérique. Il pourra également recevoir l’appui d’un conseiller pédagogique et d’un conseiller en développement de la recherche. À la fin, un projet sera retenu pour l’année 2018-2019. Le comité de chantier sera accompagné dans l’élaboration et l’implantation des activités d’enseignement et de recherche. Une première cohorte d’étudiants sera constituée. Il est prévu que les ­premières activités débuteront le 1er octobre 2018. La première étape des Chantiers d’avenir consistera en deux ­séances d’échanges avec des ­professeurs. Ces séances auront lieu le 9 avril et le 17 avril, à midi, respectivement au Cercle du pavillon Alphonse-Desjardins et à la salle Jean-Paul-Tardif du pavillon La Laurentienne. Pour information : ulaval.ca/chantiersdavenir, info@chantiersdavenir.ca


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actualités UL

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en bref L’Université Laval est la seule université au Canada à présenter, sans y être obligée par une loi, un bilan nul de ses émissions de GES

Stages et intégration en emploi : mieux se connaître pour réussir ! Le Centre d’aide aux étudiants offrira, dans le cadre de sa série « Les clés de la réussite », un atelier pour les étudiants en situation de handicap. Cet atelier vise à développer une meilleure connaissance de soi pour utiliser son plein potentiel dans la réalisation de ses stages et de son intégration professionnelle. Différents outils seront proposés afin de réfléchir à ses besoins d’accommodement, en stage ou en emploi, et à la manière de les aborder. Mercredi 4 avril, de 15 h 30 à 17 h 30, au local 3342 du pavillon Alphonse-Desjardins. Inscription obligatoire avant le lundi 2 avril. Pour plus d’information : 418 656-7987 ou www.aide.ulaval.ca

Trésors cachés

ÉMERGENCE Située dans la section centrale de la roseraie Bon-Pasteur du Jardin botanique Roger-Van den Hende, cette sculpture, de l’artiste Geneviève Roy, représente l’Homme, la ville et la nature. photo David Paradis / CAMEO

Curieux de découvrir d’autres œuvres de l’Université Laval ? Consultez le site sur l’art public à l’Université : bit.ly/2nmxXgK

L’efficacité énergétique des bâtiments du campus contribue beaucoup à la carboneutralité de l’Université. Ici, le pavillon Gene-H.-Kruger, dont la conception écoresponsable mise sur une utilisation maximale du bois d’ingénierie. photo Marc Robitaille

Toujours carboneutre ! L’Université a maintenu sa carboneutralité en 2016-2017 par Yvon Larose « Animée d’une profonde culture de développement durable… » Ces mots inspirants sont inscrits au cœur de la nouvelle mission que se donne l’Université Laval, pour les cinq prochaines années, dans sa récente planification stratégique. Selon le vice-recteur exécutif et vice-recteur aux études et aux affaires étudiantes, Robert Beauregard, cette culture de développement durable a donné jusqu’à présent de beaux résultats. « En 2016-2017, explique-t-il, le campus a maintenu la carboneutralité qu’il avait atteinte une première fois, après des années d’efforts soutenus, en 2014-2015. Le développement durable est désormais présent dans l’ADN de notre établissement d’enseignement. Il est constitutif de ce que nous sommes. La carboneutralité, c’est la poursuite d’un engagement devenu un accomplissement, dont on est fier et qu’on va poursuivre dans l’avenir. » C’est en février, devant les membres du Conseil d’administration, que Robert Beauregard a déposé le document intitulé Bilan des émissions de gaz à effet de serre 2016-2017. Comme on sait, les gaz à effet de serre (GES), surtout ceux produits par l’activité humaine, en particulier le dioxyde de carbone (CO 2), sont les principaux responsables du dérèglement du climat. La carboneutralité, elle, consiste à réduire massivement à la source ses émissions de GES et à compenser celles qu’on ne peut éliminer à l’aide de crédits carbone. C’est le tour de force que l’Université Laval a accompli trois années de suite. « Nous sommes là où nous souhaitons être, affirme le vice-recteur. On voit, dans le bilan, que notre efficacité énergétique s’est améliorée sur le plan de la

mécanique et de l’enveloppe des bâtiments grâce à la modernisation et à la mise aux normes qui se poursuivent sur le campus. Nous pensons avoir un potentiel d’amélioration à ce chapitre. D’une part, d’autres bâtiments vont être modernisés et mis aux normes. D’autre part, les opérations que nous menons à la Forêt Montmorency, une forêt d’enseignement et de recherche de 412 kilomètres carrés, devraient favoriser une augmentation du potentiel de captage et de stockage de CO2 par les arbres durant leur croissance et de substitution et de stockage dans les produits forestiers ; donc, il y aura moins de GES dans l’atmosphère. » Le bilan révèle que les émissions brutes de GES de l’Université s’élèvent à 24 187 tonnes de CO 2 pour la pé riode 2016-2017. Ce chiffre comprend les émissions dites de catégories 1 et 2 de la cité universitaire (23 820 tonnes) et les émissions liées aux opérations de la Forêt Montmorency (367 tonnes). Sur le campus, le chauffage constitue environ 95 % des émissions. La centrale d’énergie alimente la majeure partie des bâtiments. Elle fonctionne au mazout et au gaz naturel, ainsi qu’à l’électricité depuis 2007. « Ces dernières années, précise Robert Beauregard, nous avons diminué de façon considérable nos émissions dues aux combustibles fossiles. » Les émissions nettes de GES sont de 0 tonne de CO2 en 2016-2017. Différentes méthodes de réduction et de compensation des émissions utilisées ces dernières années ont conduit à ce résultat. Ainsi, on a soustrait du total brut le carbone stocké dans le réservoir forestier de la Forêt Montmorency, soit 13 945 tonnes. Puis, on a soustrait les

crédits carbone compensés. Ces crédits proviennent du partenariat avec le Séminaire de Québec (7 550 tonnes) et d’organisations reconnues (2 692 tonnes). En 2016-2017, le total brut des émissions de GES de catégories 1 et 2 était le plus bas depuis que l’Université procède à des bilans de GES. « Notre bilan net s’est nettement amélioré », soutient le vice-recteur. De l’an 2000 à 2016-2017, la quantité de GES émise en fonction du chauffage est passée de plus de 35 000 tonnes à quelque 22 000 tonnes, soit une diminution de 36 %. En fonction de l’électricité et de la substitution du mazout par le gaz naturel, les GES ont diminué de 332 tonnes à 257 tonnes, une baisse de près du quart. L’Université Laval est la seule université au Canada à présenter, sans y être obligée par une loi, un bilan nul de ses émissions de GES. Et dans l’avenir ? « Nous verrons comment améliorer encore plus la performance énergétique de la Forêt M o n t m o r e n c y, r é p o n d R o b e r t Beauregard. Nous sommes également en discussion avec nos fournisseurs pour l’acquisition de gaz naturel renouvelable et nous regardons toujours attentivement la possibilité de produire de l’énergie à partir de la biomasse forestière. En fait, nous sommes ouverts à l’acquisition d’autres formes d’énergies non fossiles. Nous regardons toutes les possibilités permettant d’abaisser encore plus notre bilan carbone et d’améliorer l’efficacité énergétique de notre parc immobilier. Par exemple, nous pourrions envisager de renouveler notre flotte de véhicules avec des voitures électriques ou hybrides. » Le lecteur peut consulter la version intégrale du Bilan à l’adresse suivante : www.ulaval.ca/fileadmin/ developpement_durable/documents/ BilansGES/Bilan-GES-2016-2017.pdf


international

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Mission fructueuse en Chine Au début mars, une délégation de l’Université pilotée par la rectrice Sophie D’Amours a séjourné dix jours à Pékin et à Shanghai

Toutes les universités rencontrées durant la mission figurent parmi les dix meilleures du pays

par Yvon Larose « La mission visait à intensifier les partenariats que nous avons avec des établissements chinois. Elle visait aussi à en établir de nouveaux par des signatures ou le développement d’ententes. Le voyage a permis d’ouvrir la porte au développement de plusieurs projets, en formation et en recherche, dans un esprit de réciprocité avec nos partenaires chinois. » Nicole Lacasse est directrice des affaires internationales et de la francophonie au Vice-rectorat aux af­­ faires externes, internationales et à la santé. Du 3 au 13 mars, elle a accompagné la rectrice Sophie D’Amours lors d’une mission en Chine, qui s’est déroulée entre Pékin et Shanghai. Le doyen de la Faculté des sciences et de génie, André Zaccarin, était également du voyage, de même que John Zee, ancien professeur de la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation et actuel directeur, pour l’Université Laval, des partenariats et du développement en Asie. « La rectrice a signé une vingt-­ neuvième entente pour l’Université Laval, cette fois-ci avec la China Geological Survey, explique Nicole Lacasse. Ce sous-ministère regroupe une dizaine d’instituts de recherche en géologie qui ont comme politique d’envoyer leurs diplômés du premier cycle faire leurs études aux cycles supérieurs à l’étranger. L’entente vise à valoriser les échanges d’étudiants ainsi que la recherche. » Un partenariat existe depuis plusieurs ­années entre l’Université Laval et le Lycée français de Shanghai, ainsi que le Lycée français international Charles-de-Gaulle de Pékin. L’accord signé cette fois porte sur le lancement de deux projets pilotes pour la création de passerelles permettant aux étudiants chinois de suivre, à Québec, des programmes de premier cycle dans certains domaines, notamment l’administration, le génie et la foresterie.

La mission a permis à l’Université Laval de jeter les bases d’une relation plus formelle avec l’Université Tsinghua. Cet établissement a la réputation d’être le meilleur de Chine. D’ailleurs, les 29 partenaires de l’Université Laval dans ce pays se classent parmi les premiers du vaste système universitaire chinois. « Toutes les universités rencontrées durant la mission figurent parmi les dix meilleures du pays », indique Nicole Lacasse. Cette dernière rappelle que la chancelière de l’Université Tsinghua, Chen Xu, a visité l’Université Laval en juin 2017. « Elle a vu le Centre d’op­tique, photonique et laser et elle s’est montrée intéressée à un partenariat plus global avec nous, précise la directrice des affaires internationales et de la francophonie. Nous lui avons rendu visite. Ensemble, la rectrice et la chancelière ont convenu d’établir de la mobilité étudiante. » Selon l’article paru dans le Tsinghua University News, Chen Xu et Sophie D’Amours se sont entendues sur l’importance d’accentuer la coopération en recherche et en éducation entre les deux universités. La chancelière a mentionné que la collaboration commençait à prendre forme, notamment dans le domaine du génie électronique. Après la rencontre, la rectrice et le doyen de la Faculté des sciences et de génie ont visité le Département de génie électronique, où ils se sont entretenus avec les chercheurs. La mission a permis de renouveler l’appui du China Scholarship Council (CSC) à l’Université Laval. Le CSC finance les études au doc­ torat et les séjours dans des uni­ versités étrangères d’étudiants chinois inscrits au doctorat ou au postdoctorat. Jusqu’à 30 étudiants chinois sont ainsi invités à l’Université Laval avec l’appui financier du CSC.

La mission a permis à l’Université Laval de jeter les bases d’une relation plus formelle avec l’Université Tsinghua. Ici, la rectrice Sophie D’Amours avec la chancelière de l’Université Tsinghua, Chen Xu.

L’UL et la Chine : • Toutes les ententes de ­l’Université Laval avec des ­universités ou instituts chinois ont pour but d’internationaliser et de faciliter les collaborations de recherche et de formation entre les établissements ­concernés. • À la session d’automne 2017, 155 étudiants chinois étaient ­inscrits à l’Université Laval, soit 47 au premier cycle, 33 à la ­maîtrise et 75 au doctorat.

À l’ambassade du Canada à Pékin, les membres de la délégation de l’Université posent avec cinq citoyens chinois ayant obtenu un diplôme à l’Université Laval.

Un autre fait saillant a été l’annonce, par la rectrice, de la création d’une association de di­­ plômés chinois ayant poursuivi des études à l’Université Laval.

Durant la rencontre de travail avec les partenaires de l’Université de Nankai. La rectrice Sophie D’Amours est au centre avec le doyen du College of History, Jiang Pei. Ils sont entourés de John Zee, directeur des partenariats et du développement en Asie pour l’Université Laval, de Nicole Lacasse, directrice des affaires internationales et de la francophonie au Vice-rectorat aux affaires externes, internationales et à la santé, d’André Zaccarin, doyen de la Faculté des sciences et de génie, du vice-doyen Fu Chengshuang ainsi que de quatre professeurs du College of History.

« La rectrice a rencontré quelquesuns de ces diplômés à l’ambassade du Canada, raconte Nicole Lacasse. Ils affichaient leur fierté d’être des diplômés UL. L’un d’eux avait même pris l’initiative de retracer sur les réseaux so­­ ciaux 158 diplômés de l’Université Laval en Chine. Mais il y en a beaucoup plus. L’as­sociation travaillera avec La Fondation de l’Université Laval afin de créer un réseau. Ce projet est très prometteur. » Selon la rectrice, la mission a permis à l’Université Laval de renforcer ses relations avec des partenaires universitaires de premier plan. « Un objectif im­­portant, dit-elle, était de préparer le terrain pour permettre à nos étudiants de vivre des expériences uniques en Chine, sous forme de stages et de courts échanges, et aussi d’amorcer un lien significatif avec nos diplômés de là-bas. »

• Entre 2013 et 2018, 132 étudiants de l’Université ont fait des stages d’été en Chine, alors que 185 étudiants chinois sont venus à l’Univer­ sité Laval, notamment 115 pour des ­stages de recherche. • Depuis 2016, l’Université Laval fait partie du Consortium CLIC (Canada liaisons inter­ nationales Chine). Les dix ­uni­versités ­membres sont parmi les plus importants ­établissements universitaires de recherche au Canada. Le Consortium a sélectionné 117 programmes dans 56 ­universités chinoises ­reconnues pour leur ­excellence. • Chaque année, quelque 900 étudiants de l’Université Laval vont poursuivre leurs ­études à l’extérieur du ­Québec. Cette année, le ­nombre ­d’étudiants étrangers ou ­résidents permanents ­inscrits à l’Université est de 5 675. Ils proviennent de plus de 120 pays.


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philantropie Des dons sur l’industrie qui comptent québécoise des jeux vidéo 6

Signe que la culture philanthropique prend de l’ampleur sur le campus, sept nouvelles facultés se sont jointes, cette année, à la Semaine de la philanthropie étudiante par Matthieu Dessureault Ordinateurs, microscopes, projecteurs, mobilier… Cette semaine, ne vous étonnez pas de voir des étiquettes apposées çà et là sur des objets utilisés dans des salles de cours, des laboratoires ou des cafétérias. Pour rappeler l’importance de la philanthropie, des étudiants ont identifié certains équipements achetés grâce aux Fonds d’investissement étudiant (FIÉ). Il s’agit de l’une des initiatives mises sur pied à l’occasion de la Semaine de la philanthropie étudiante, du 26 au 30 mars. C r é é e n 2 016 p a r l a Fa­c ulté de foresterie, de géographie et de géomatique, cet événement est porté, pour la première fois, par d’autres facultés, soit celles des Sciences de l’administration, de Pharmacie, de Médecine dentaire, des Lettres et des Sciences hu­m aines, des Sciences de l’éducation, des Sciences sociales et de Droit. Les étudiants qui y participent sont épaulés par La Fondation de l’Université Laval et par l’As­s ociation des jeunes philanthropes de l’Université Laval.

D’un pavillon à l’autre, ils tiennent des kiosques d’information et présentent diverses activités pour faire connaître à leurs collègues les effets positifs des dons dans leur quotidien. « Beau­ coup d’équipements, de matériel ou de projets sont financés par la philanthropie. À part ceux qui reçoivent des bourses dans des cérémonies, peu d’étudiants sont au courant de ce phénomène », remarque Charles Breton, étudiant à la maîtrise en sciences du bois. Présents dans 16 facultés et gérés par La Fondation de l’Université Laval, les FIÉ sont un modèle de financement unique au Québec. Chaque session, les étudiants y contribuent avec un montant prélevé dans leurs frais de scolarité. « Chaque don versé par un étudiant est ajouté à ceux faits par l’établissement et par La Fonda­ tion grâce aux dons qu’elle reçoit des diplômés et des amis de l’établissement, ex­­ plique le président-directeur général de La Fonda­t ion, Yves Bourget. Par exemple, pour un don étudiant de 15 $ par session, La Fondation verse 20 $, l’Université Laval verse 15 $ et la faculté verse 5 $. La contribution de 15 $

d’un étudiant est donc transformée en un montant disponible de 55 $ par session. Cet appariement est un effet de levier majeur qui permet des investissements annuels et une amélioration continue des conditions d’études à l’Université Laval. » Depuis trois ans, les FIÉ ont permis d’accumuler 8,4 M $. Pour 2016-2017, ce sont 2,9 M $ qui ont été versés dans les différents fonds. « Grâce à ces fonds, les étudiants peuvent déposer des demandes de financement pour leurs projets. Trop souvent, ils l’ignorent. C’est pourquoi nous profitons de la Semaine de la philanthropie pour les informer sur l’existence de ces fonds et sur comment ils peuvent présenter une demande », dit Charles Breton. Pour sa part, la présidente de l’Association des jeunes philanthropes de l’Université Laval, Maude Normand, voit dans l’événement l’occasion de promouvoir l’engagement étudiant. Pour cette étudiante en administration des affaires, la philanthropie n’est pas qu’une affaire de dons en argent. Aider les autres, partager des savoirs, faire du bénévolat, tout cela fait partie de l’action philanthropique ! « La philanthropie se définit par le fait de mettre l’humanité au centre de ses priorités. C’est une question d’engagement, de vouloir aider les autres. Beaucoup d’étudiants sont philanthropes sans le savoir, d’où l’importance de les sensibiliser et de mieux faire connaître la philanthropie dans la communauté universitaire. »

Mardi dernier, Gaëlle Thomas Lehrhaupt, étudiante en études internationales et langues modernes, Maude Normand, Maxime Blanchette et Mathieu Jedrychowski, tous trois étudiants en sciences de l’administration, ont animé un kiosque d’information et de distribution de muffins pour la Semaine de la philanthropie étudiante. photo Louise Leblanc

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Q De quelle façon se développe l­ ’industrie du jeu vidéo au Québec ?

Vincent Mauger

Dans quelques mois, un quart des nouveaux jeux vidéo proposés sur la console Nintendo Switch viendront de Québec. L’entreprise Nintendo a retenu les créations de trois studios indépendants d’ici pour sa console mobile. Cette proportion impressionnante témoigne de la vitalité de cette industrie. Le secteur emploie environ 10 000 personnes au Québec, et le nombre des studios indépendants ne cesse d’augmenter, comme le constate Vincent Mauger. Ce doctorant, dont les travaux portent sur la cyberculture, enseigne la scénarisation de jeu à l’École de design.

Q Comment expliquer que de petits s­ tudios de Québec, comme Bishop Games, parviennent à commercialiser leurs créations auprès de géants comme Nintendo ? R En fait, ces petites entreprises ne bé­néficient pas d’un lien direct avec les grandes compagnies. Elles vendent d’abord leur jeu sur des plateformes de distribution en ligne comme Steam, ce qui démontre déjà la qualité du produit. Les prix récoltés à l’étranger, lors des rencontres avec l’industrie, aident aussi à se faire connaître et remarquer de grands distributeurs comme Nintendo. Depuis le krach du jeu vidéo de 1983, ce sont surtout les consoles comme Sony qui vendent les jeux traditionnels, car les consommateurs ont confiance en leur sélection. C’est très impressionnant de voir que les jeux de Bishop Games, une compagnie qui comptait seulement trois personnes au départ, se retrouvent sur la même plateforme que des jeux développés avec des budgets de plusieurs dizaines ou de plusieurs centaines de millions de dollars. L’en­treprise a commencé ses activités en 2014 à Québec avec du sociofinancement. Puis, elle a gagné des prix avec Light Fall. Dans ce jeu d’action, le joueur dispose d’un cube pour se déplacer à travers des tableaux au graphisme de grande qualité et d’une très grande esthétique, entre lumière et ténèbres. C’est exactement le genre de produit destiné au grand public qui fonctionne très bien avec la console Switch de Nintendo, une console mobile.

R L’arrivée d’Ubisoft en 1997 à Montréal a donné une grande impulsion à cette industrie, d’autant plus que l’entreprise a développé à 100 % Assassin’s Creed ici. Ce jeu est devenu, par la suite, une franchise. Un peu comme dans le cas de grandes productions hollywoodiennes à la Star Wars, les produits dérivés se sont multipliés. On voit alors apparaître des complexes transmédiatiques, où l’on retrouve aussi bien des films que des bandes dessinées ou des jeux mobiles moins complexes qui restent dans l’univers d’Assassin’s Creed. En effet, les consommateurs ne se cantonnent pas au jeu disponible sur une grande console. Les grands studios ont aussi tendance à investir beaucoup dans la recherche documentaire au­­ tour du jeu pour sortir des sentiers battus. Certains embauchent des historiens et même des économistes pour bâtir un scénario de qualité. Leur rôle consiste à s’assurer du bon fonctionnement de l’économie artificielle d’un jeu multijoueur. Il faut éviter que certains ne trouvent des moyens détournés de s’enrichir trop vite. C’est très mal vu dans les communautés de joueurs de payer pour trouver des éléments qui, selon le scénario, prennent beaucoup de temps à acquérir. Q Selon vous, quel est l’avenir de cette industrie ? R La commercialisation des jeux sur des réseaux numériques mondiaux change actuellement beaucoup la donne pour les petits studios. Jusque-là, les grands studios, qui suivent la logique du cinéma ­ ollywoodien, avaient tendance à prendre h moins de risques, car les sommes investies pour développer un de leurs produits sont énormes. Ils doivent donc vendre des millions de jeux dès la première semaine suivant le lancement pour couvrir leurs frais. Parfois, cela ne fonctionne pas. Ce fut le cas pour For Honor, lancé par Ubisoft, qui n’a pas réussi à garder longtemps l’intérêt des joueurs en ligne. Aujourd’hui, les petits créateurs se re­­ groupent au sein d’organismes comme la Guilde des développeurs de jeux vidéo indépendants du Québec. Ils ont accès à des plateformes sur le Web comme Humble Bundle ou IndieGala, des vitrines qui permettent aux consommateurs d’avoir accès à de nouveaux jeux sur PC. Sur le nombre, certains se démarquent et ils aboutissent sur un réseau de distribution comme celui de Steam, qui sélectionne davantage les jeux. Par contre, le fait de pouvoir jouer à ce nouveau jeu sur une console demande une adaptation, car il faut réviser le code. Propos recueillis par Pascale Guéricolas


recherche

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Être réanimé ou pas ?

L’anthropologue Ariane Plaisance a eu un choc culturel lorsqu’elle est arrivée dans l’unité de soins intensifs. « Le personnel médical utilisait un langage que je ne comprenais pas. C’est aussi très déstabilisant de voir tous ces malades, la plupart très âgés, maintenus en vie à l’aide de machines. Je ne pouvais m’empêcher de me demander : est-ce vraiment ce qu’ils souhaitent ? »

Des chercheurs veulent encourager les discussions entourant la délicate question de la réanimation aux soins intensifs par Jean Hamann La mort est une habituée des unités de soins intensifs. Elle s’invite dès que l’on décide de débrancher un appareil essentiel au maintien des fonctions vitales d’un pa­­ tient. Jusqu’où doit-on pousser les soins avant de se résigner à poser ce geste ? Voilà une question délicate qui interpelle les patients, leurs proches et les médecins, mais que l’on pose trop souvent une fois que la spirale des soins est enclenchée. Dans un récent article paru dans PLOS ONE, Patrick Archambault, de la Faculté de médecine, et son équipe relatent les grandes lignes d’un projet qu’ils ont mené sur le sujet et qui montre qu’il reste beaucoup de travail à faire pour changer les choses. Dès son admission aux soins intensifs, chaque pa­­ tient devrait établir avec le médecin intensiviste les li­­ mites des soins qu’il veut recevoir, notamment en ce qui a trait aux interventions comme la réanimation cardiorespiratoire et la venti­ lation mécanique, rappelle le professeur Archambault, qui est aussi urgentologue et intensiviste au CISSS de Chaudière-Appalaches. La discussion devrait toucher aux valeurs et aux préfé­ rences du malade ainsi qu’aux

données probantes portant sur les bénéfices et les risques de ces interventions. « Nous essayons d’avoir cette discussion, mais, en pratique, ce n’est pas toujours possible, même lorsque les patients sont conscients et lucides, reconnaît-il. Il existe des outils pour faciliter ces discussions, mais ils requièrent beaucoup de temps et ils ne sont pas adaptés au contexte local. » Pour pallier ces lacunes, Patrick Archambault a piloté un projet visant à doter l’Unité de soins intensifs de l’Hôtel-Dieu de Lévis d’un outil d’aide à la décision en réanimation cardiorespiratoire. « Notre prémisse était qu’un outil qui va droit au but et qui tient compte des besoins locaux serait davantage utilisé, explique-t-il. Nous avons adapté un outil développé en Ontario en utilisant une plateforme collaborative wiki de façon à tenir compte des commentaires des patients, de leurs proches et du personnel soignant », précise-t-il. Pour réaliser ce travail, Ariane Plaisance, anthro­po­ logue et étudiante-chercheuse en santé communautaire à la Faculté de médecine, a passé plusieurs se­­maines à observer la dynamique de travail et les interactions au sein de cette

Il ne faut pas attendre d’être gravement malade pour réfléchir aux limites des soins que l’on souhaite recevoir communauté de malades et de soignants. « Au départ, j’ai eu un choc culturel, comme si j’étais débarquée en Inde, se souvient-elle. Le personnel médical utilise un langage que je ne comprenais pas et que les patients ne comprenaient pas, eux non plus. C’est aussi très déstabilisant de voir tous ces malades, la plupart très âgés, maintenus en vie à l’aide de machines. Je ne pouvais m’empêcher de me demander : est-ce vraiment ce qu’ils souhaitent ? » Grâce aux données colligées par l’étudiante-chercheuse, les chercheurs ont mis au point un prototype qui a été testé et amélioré en fonction des commentaires recueillis

auprès des patients et de l’équipe soignante. Le produit final est accompagné d’un calculateur qui présente les chances de succès et les risques d’une réanimation cardiovasculaire selon l’âge et la condition du patient. « Idéalement, le médecin intensiviste et le patient de­­ vraient parcourir en­­semble le contenu de cet outil d’aide à la décision, précise le professeur Archambault. Cette discussion devrait aussi être l’occasion de donner l’heure juste sur les chances réelles de survivre à une réanimation cardiorespiratoire sans séquelles neuro­l ogiques graves. » Malgré tous ces efforts, l’outil est encore peu utilisé à l’Hôtel-Dieu de Lévis. « Le vocabulaire demeure trop complexe pour une forte proportion des patients et le facteur temps demeure un obstacle pour les médecins », résume Patrick Archambault. Ariane Plaisance voit d’au­ tres problèmes propres à la culture organisationnelle des soins. « Les intensivistes sont formés pour sauver la vie des patients qu’on leur confie et leurs actions vont en ce sens. De plus, à leurs yeux, ces malades sont les patients d’autres médecins et ils estiment que c’est avec eux qu’ils devraient discuter des limites des soins. » Le professeur Archambault et l’étudiante-chercheuse insistent tous les deux sur un point essentiel : il ne faut pas attendre d’être gravement malade pour réfléchir aux limites des soins que l’on souhaite recevoir. « Il faut se renseigner et se faire une idée claire sur le sujet lors­ qu’on est en état de le faire. Il faut ensuite en discuter avec ses proches et consigner ses préférences par écrit, recommande Patrick Archambault. Ça facilite grandement les choses le moment venu. » La Journée nationale de la planification préalable des soins a d’ail­ leurs lieu le 16 avril. Pour alimenter les discussions avec votre entourage, consultez le site planificationprealable.ca. L’outil d’aide à la décision développé par l’équipe du professeur Archambault est disponible sur le site www.wikidecision.org. La plateforme utilisée pour ce projet peut servir à d’autres équipes soignantes qui souhaitent créer leur propre outil d’aide à la décision. Pour obtenir les accès, écrivez à patrick.archambault@ fmed.ulaval.ca.

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dans les médias… Sur les sports et le genre

Guylaine Demers, Département d’éducation physique LaPresse.ca, 21 mars

L’idée qu’il existe des sports de garçons, comme le football, et des sports de filles, comme le patinage artistique et la nage synchronisée, reste bien ancrée dans les esprits, déplore Guylaine Demers. « Les étiquettes excluent les garçons qui auraient le goût de pratiquer ces sports, car ils vont s’auto­ éliminer d’emblée. Tout comme les filles le font encore beaucoup avec le football, le hockey ou le rugby... Si elles veulent les pratiquer, c’est parce qu’elles ne sont pas de vraies filles, donc des lesbiennes. »

Sur le tramway et la valeur des propriétés

Jean Dubé, École ­supérieure d’ATDR Le Soleil, 21 mars

L’annonce du projet de tramway à Québec soulève la question des répercussions qu’aura ce mode de transport sur la valeur des propriétés. En 2016, une étude de la Fédération des chambres immobilières du Québec estimait à 8,7 % en moyenne l’augmentation de la valeur d’une maison unifamiliale située dans un rayon d’un kilomètre d’une station Métrobus à Québec. Selon Jean Dubé, l’effet [du tramway] risque d’être double. « On sait qu’il y a un aspect qualité et confort qu’on ne retrouve pas nécessairement dans les Métrobus. »

Sur les maisons luxueuses

Philippe Bélanger, Département de finance, assurance et immobilier Le Journal de Montréal, 23 mars

Montréal est la ville qui enregistre la plus forte croissance économique dans le domaine des maisons luxueuses vendues à plus de 1 M $ au Canada, selon la firme Sotheby’s. Philippe Bélanger n’est pas étonné. « Montréal est très loin derrière Toronto et Vancouver en ce qui a trait au marché immobilier de luxe, dit-il. En ce moment, je vois ces chiffres comme du rattrapage, la métropole du Québec a encore beaucoup de chemin à faire avant de devenir la ville avec le plus de ­maisons luxueuses au Canada. »


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Grand

Colloques, conférence expositions : les mordu et de technologies en a se mettre sous la dent d numérique de Québec par Matthieu Dessureault Difficile de savoir où donner de la tête en consultant l’impressionnante programmation de cette 3e Semaine numérique de Québec ! Du 5 au 15 avril, plus de 200 con­ férences, ateliers et autres activités seront offerts aux quelque 25 000 participants. Piloté par l’organisme Québec numérique, ce grand rendez-vous annuel a pour but de faire connaître les dernières avancées en numérique. Encore une fois, l’Université Laval y joue un rôle clé en présentant une trentaine d’activités. Le tout est chapeauté par l’Institut techno­ logies de l’information et sociétés (ITIS), qui collabore avec divers acteurs, dont l’Alliance santé Québec, le Centre de recherche en données massives et le Laboratoire Ex situ. « La participation de l’Université Laval à la Semaine numé­ rique augmente d’année en année, se réjouit Paul Fortier, directeur de l’ITIS. Le numérique est une grande priorité à l’Université. Plusieurs chercheurs s’y intéressent et travaillent dans les domaines non seulement technologiques, mais aussi culturels, de la santé, de la sécurité ou du patrimoine. Avec ses partenaires, l’ITIS offrira un panorama de ce qui se fait en numérique sur le campus. » Si les principales forces de l’Université sont représentées dans ce programme – on pense, entre au­­ tres, à la robotique, aux données

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L L u d l a 5

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1. L’une des rencontres des Matinées numériques aura pour thème l’innovation au service de la mobilité urbaine. À partir d’exemples concrets, cinq experts parleront de cet aspect important de la ville in porteront sur l’intelligence artificielle, un secteur en plein essor qui intéresse de plus en plus de chercheurs. 3. Lors de l’atelier « Les objets du futur », le professeur Vincent Richard, de la Faculté des scie aperçu du potentiel pédagogique de la robotique. Le 5 avril, à la bibliothèque Claire-Martin, il offrira également une formation aux parents et aux grands-parents intéressés par ce sujet. 4. Avec l’apport est appelé à changer énormément. Cette situation soulève plusieurs questions qui seront abordées lors du colloque Santé + Numérique Québec. Des conférenciers issus des milieux de la pratique, de la échangeront sur les innovations en santé.


innovation

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d happening du numérique

es, ateliers, us d’innovations auront beaucoup à durant la Semaine c massives et à la réalité augmentée –, plusieurs activités auront pour thème l’intelligence artificielle. Le 9 avril, au Hilton Québec, se déroulera le Rendez-vous IA Québec. Une dizaine de conférenciers de haut niveau, dont la sommité mondiale Yoshua Bengio, discuteront de sujets tels que l’apprentissage profond et l’industrie 4.0. Une trentaine d’affiches scientifiques réalisées par des étudiants inscrits aux cycles supérieurs seront également présentées. La rectrice Sophie D’Amours, qui prononcera le mot d’ouverture de cet événement, y voit l’occasion de faire converger science et industrie, avec la présence de gros joueurs

L’Université Laval présentera une trentaine d’activités pour lesquelles on attend quelque 5 000 personnes

ntelligente. 2. Plusieurs activités ences de l’éducation, donnera un du numérique, le milieu de la santé a recherche et des affaires

comme CERVO, Thales et Groupe Optel. « Le Rendez-vous IA Québec est le premier événement du genre dans la capitale. Il permettra aux chercheurs et aux gens de l’industrie de se rencontrer et de montrer au public l’énorme potentiel de l’intelligence artificielle. » Ce thème figure également au cœur du colloque Avenirs numériques, consacré à la relève scientifique. Le 5 avril, au pavillon Alphonse-Desjardins, une dizaine d’étudiants à la maîtrise ou au doctorat présenteront les travaux qu’ils mènent notamment en imagerie numérique, en modélisation 3D et en données massives. La conférence d’ouverture portera sur le design thinking, une approche innovante en design. Les 7 et 8 avril, c’est au Musée de la civilisation que ça se passe ! L’activité familiale « Les objets du futur » offrira un aperçu des transformations qui nous attendent dans notre quotidien. Il sera question, entre autres, de technologies spatiales, de robots pédagogiques et de vêtements intelligents. De nombreux chercheurs seront sur place pour faire des démonstrations ou participer à des ateliers et à des tables rondes. Du 10 au 12 avril, l’ITIS présentera les Matinées numériques, une série de rencontres pour prendre le pouls des dernières tendances et des enjeux qui y sont associés. Trois thèmes seront abordés : le storytelling, la mobilité urbaine et les frontières entre vie privée et numérique. Autre événement incontournable : cette soirée portes ouvertes au LANTISS, le Laboratoire des nouvelles technologies de l’image, du son et de la scène. Le 10 avril, dès 17 h, les curieux pourront entrer dans cet espace du pavillon Louis-Jacques-Casault pour découvrir les projets de recherche et de création qui y sont menés. Il sera aussi question de santé. Une quinzaine d’experts de différents horizons viendront échanger sur l’apport du numérique dans ce milieu lors du colloque Santé + Numérique Québec, le 13 avril au Monastère des Augustines. Quels constats peut-on faire sur l’innovation dans le système de santé et des services sociaux ? Quelles sont les perspectives de recherche et de développement ? Que penser des changements structurels, organisationnels et culturels que nécessite le numérique ? Voilà un bref aperçu des questions qui seront abordées. À tout cela s’ajoutent de nombreuses activités grand public qui seront présentées, durant toute la semaine, par des chercheurs de l’Université Laval dans le réseau de la Bibliothèque de Québec. Pour tout savoir sur la programmation : semainenumerique.com Pour suivre l’événement sur les réseaux sociaux : #SNQuébec

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6 5. Jamais les possibilités de raconter une histoire n’ont été aussi vastes et variées ! Entre design et technologies, le storytelling se redéfinit. L’événement « L’art de raconter par le numérique », présenté à l’occasion des Matinées numériques, portera sur cette question. 6. Le LANTISS, qu’il sera possible de visiter, permet aux artistes et aux chercheurs de développer de nouvelles approches à l’aide des technologies. photo Ludovic Fouquet

Quelques événements à inscrire à l’agenda • Colloque Avenirs numériques, 5 avril, au pavillon Alphonse-Desjardins • « Les objets du futur », 7 et 8 avril, au Musée de la civilisation • Rendez-vous IA Québec, 9 avril, à l’hôtel Hilton Québec • Les Matinées numériques, du 10 au 12 avril, à la bibliothèque Gabrielle-Roy et au CAMP • Web à Québec, 10 au 12 avril, au Terminal du Port de Québec • Portes ouvertes au LANTISS, 11 avril, au pavillon Louis-Jacques-Casault • « Blockchain et santé », Rendez-vous Hacking Health Québec, 12 avril, à La Korrigane • Santé + Numérique Québec, 13 avril, au Monastère des Augustines


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sciences

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en bref

Colloque étudiant de l’IPAC Ouvert à tous, le troisième colloque étudiant de l’Institut du patrimoine culturel (IPAC) abordera le patrimoine sous ses aspects so­­ ciaux et identitaires. Plus précisément, l’événement a pour but d’inviter les participants à réfléchir sur les perceptions, les interprétations, les actions et les revendications patrimoniales de la société civile. Si le patrimoine et les processus de sa désignation ont longtemps été l’apanage d’experts, on assiste aujourd’hui à un changement de paradigme. De fait, des citoyens et des associations font entendre leur voix, à côté de celle des spécialiste, voire en opposition à celle-ci, afin de désigner et de défendre leur patrimoine. Jeudi 29 mars, dès 9 h, au Laboratoire de muséologie et d’ingénierie de la culture (LAMIC), situé au pavillon Louis-JacquesCasault. Pour plus d’information sur ce ­colloque  : bit.ly/2IVO51M

Avis officiel Directeur du Service des ­résidences : renomination Avis est par la présente donné, confor­ mément à l’article 11 des statuts de l’Université Laval, que le mandat du directeur du Service des résidences de l’Université Laval se terminera le 31 mai 2018. Le Conseil d’administration devra donc, sur présentation du vice-recteur à l’administration, renommer pour cinq ans le titulaire en poste, ce dernier ayant indiqué qu’il sollicite un renouvellement de mandat. Le présent avis a pour objet de solliciter l’avis des membres de la communauté ­universitaire sur l’opportunité de renommer le titulaire du poste. Le vice-recteur à l’administration invite donc toute personne de la communauté universitaire qui le désire à lui formuler son avis à ce sujet, au plus tard le 6 avril 2018 à 17 h. André Darveau Vice-recteur à l’administration Pavillon des sciences de l’éducation, bureau 1568 Université Laval vice-recteur@vra.ulaval.ca Ceci n’est pas un avis de concours. Monique Richer Secrétaire générale

Les chercheurs de l’INAF ont testé deux polyphénols reconnus pour leurs propriétés anti-inflammatoires. Le premier, le resvératrol, se trouve notamment dans le raisin et dans le vin. Le second, la curcumine, abonde dans la racine de curcuma. Ces deux molécules sont vendues sous forme de suppléments alimentaires.

Deux suppléments font chou blanc Des extraits de raisin et de curcuma ne parviennent pas à contrer l’inflammation qui suit un repas riche en gras par Jean Hamann Imaginez le bonheur si l’on pouvait contrer les effets inflammatoires d’un repas riche en gras à l’aide d’une simple pilule. Si, en plus, ce comprimé ne contenait que des extraits de plantes, ce bonheur serait naturellement décuplé. Malheureusement, on ne pourra pas compter sur les suppléments de res­vératrol – le fameux polyphénol du vin rouge – ni sur les suppléments de curcumine – le principe actif du ­curcuma – pour accomplir ce prodige, suggère une étude publiée par une équipe de l’Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels (INAF) dans The Journal of Nutrition. Les repas riches en graisses provoquent une élévation transitoire des li­p ides et des marqueurs inflammatoires sanguins, rappelle la première auteure de l’étude, Cécile Marie Vors, stagiaire postdoctorale à l’INAF. Cette hausse atteint un pic deux à quatre heures après chaque repas. Comme nous prenons quotidiennement trois repas et quelques collations, ces pics surviennent à répétition chaque jour et ils pourraient contribuer au développement de l’état inflammatoire chronique associé aux maladies comme l’obésité, le diabète de type 2 et les maladies cardiovasculaires. Afin de déterminer s’il était possible de contrer l’inflammation qui survient après un repas, les chercheurs de l’INAF se sont tournés vers deux polyphénols reconnus pour leurs propriétés anti-inflammatoires. Le premier, le resvératrol, se trouve notamment dans le raisin et dans le vin. Le second, la

curcumine, abonde dans la racine de curcuma, la plante dont on tire l’épice du même nom. Ces deux molécules, auxquelles on prête de nombreuses vertus, sont vendues sous forme de suppléments dans les pharmacies et les boutiques d’alimentation naturelle. « Des études menées in vitro et chez des animaux de laboratoire ont mis en lumière leur potentiel antiinflammatoire, souligne la chercheuse postdoctorale. Chez l’humain, les conclusions sont moins nettes. Nous avons voulu tester leur efficacité lors­ qu’ils sont pris simultanément, ce qui n’avait pas encore été fait chez des sujets humains. » Pour ce faire, les chercheurs ont recruté 22 personnes en santé qui présentaient toutefois un ou deux facteurs de risque de maladies cardiovasculaires. Ils les ont invitées à prendre soit une combinaison de suppléments de resvératrol (200 mg) et de curcumine (100 mg), soit un placebo. Trente mi­nutes plus tard, ils leur ont servi un milk shake de leur cru, particulièrement riche en gras (75 g). Résultat ? Les suppléments n’ont pas plus d’effet que le placebo sur les concentrations de triglycérides, de glucose et d’insuline dans les heures qui suivent le repas. De plus, ils n’induisent aucun changement sur les marqueurs inflammatoires sanguins ni sur l’expression des gènes liés à l’inflammation. « Il est possible que ces suppléments procurent d’autres bienfaits pour la santé, qui se manifestent à plus long terme, mais aux doses testées, ils ne

réduisent pas l’inflammation transitoire qui suit un repas riche en gras, résume Cécile Marie Vors. Le resvératrol est bien absorbé par l’organisme, mais il est rapidement métabolisé. Cela pourrait expliquer pourquoi ses effets chez l’humain sont moins prononcés que ceux observés in vitro. » L’étude parue dans The Journal of Nutrition est signée par Cécile Marie Vors, Charles Couillard, Marie-Eve Paradis, Iris Gigleux, Johanne Marin, Marie-Claude Vohl, Patrick Couture et Benoît Lamarche.

Les suppléments n’ont pas plus d’effet que le placebo sur les marqueurs inflammatoires sanguins ni sur l’expression des gènes liés à l’inflammation


arts

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Se lancer dans le vide de la création

L’exposition Cartes sur table est née d’une résidence de recherche au Musée McCord, où l’artiste s’est intéressée aux configurations des plateaux de jeux de société. photo Lucien Lisabelle

Professeure invitée à l’École d’art, Marie-Claude Bouthillier encourage ses étudiants à ne pas avoir peur du hasard dans le processus créatif par Matthieu Dessureault Marie-Claude Bouthillier est de ces artistes visuelles qui mènent une prolifique carrière. Jonglant avec la peinture, le dessin, l’installation et la sculpture, elle a présenté son travail dans des expositions individuelles et collectives, et ce, autant au Québec qu’à l’étranger. Depuis janvier, elle est professeure invitée à l’École d’art, où elle encadre douze étudiants du baccalauréat en arts visuels et médiatiques. La Montréalaise succède ainsi aux artistes Bruno Bouchard, Chantal Neveu, Thomas Bégin et AlainMartin Richard, qui ont occupé cette fonction ces dernières années. L’objectif de son cours est d’amener les étudiants à créer une œuvre visuelle, sonore ou écrite qui soit inédite et originale. « Les cours se déroulent sous forme d’échanges, un peu comme un séminaire. À l’Université Laval, les étudiants ont la chance d’avoir un atelier individuel. Je me promène dans les espaces de travail et je discute avec eux. La création, c’est beaucoup d’errance, de questionnements, d’aller-retour. L’objet final du cours est davantage la recherche que l’œuvre comme telle », explique Marie-Claude Bouthillier. L’artiste se nourrit énormément de ces rencontres. Elle s’initie à d’autres univers, notamment à celui de l’art sonore, qui lui était peu familier. « Les étudiants ont

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Les étudiants doivent apprendre à travailler en dehors de leurs habitudes, de leurs goûts et de leurs affects pour se laisser guider par le hasard

sorte que la ligne ne soit pas droite. Ce handicap est de­­ venu ma signature. » Dans ses plus récentes œuvres, l’artiste s’intéresse aux configurations visuelles des plateaux de jeux de so­­ ciété. Son exposition Cartes sur table, présentée au Musée d’art contemporain des Laurentides, est constituée de peintures inspirées des formes géométriques typiques de ces jeux. La salle d’exposition, d’ailleurs, a des airs de plateau de jeu avec ses lignes au sol. À l’intérieur d’une boîte en bois, un jeu de cartes, conçu par l’artiste, invite les visiteurs à interagir avec l’œuvre. Toujours sous un angle l u d i qu e , M a r i e - C l a u d e Bouthillier présente une vidéo dans laquelle une ma­­ rionnette animée propose des réflexions sur la vie d’artiste. Il est question, entre autres, du travail en atelier, du marché de l’art et de la place de la muséologie. Avec son chignon et ses lunettes, cette figurine a été créée à l’effigie de Marie-Claude Bouthillier. « Elle me ressemble, mais ce n’est pas moi. Il y a un décalage un peu étonnant : elle bouge et elle parle comme une marionnette, mais elle dit des choses qui font réfléchir. Loin d’être naïve, elle présente au public certains enjeux de l’art. C’est à la fois drôle et doux-amer. »

de leurs affects pour se laisser guider par le hasard. » Ce concept de hasard se trouve au cœur de sa propre démarche. Pour ses toiles comme pour ses sculptures, Marie-Claude Bouthillier utilise des matériaux qui donnent des résultats aléatoires. « Je me place dans des situations où il y aura des accidents provoqués par la matière qui résiste. Par exemple, si je trace une ligne, j’utilise de l’eau ou un autre matériau sur lequel je n’ai L’exposition est présentée pas de contrôle pour faire en jusqu’au 1er avril.

beaucoup de cordes à leur arc. Ils sont polyvalents, ils font des œuvres hybrides, ils naviguent dans des zones où je ne vais pas habituellement. C’est encourageant, stimulant et même réconfortant de voir cette relève porter un flambeau. » À ces jeunes, Marie-Claude Bouthillier conseille d’explorer l’inconnu, de sortir de leur zone de confort, d’aller là où on ne les attend pas. Et aussi, de ne pas hésiter à re­­ commencer une œuvre ad vitam æternam. « La création, c’est l’incertitude absolue. Il ne faut pas avoir peur de revenir sur ses paroles et sur ses actes. Les étudiants doivent apprendre à travailler en dehors de leurs Une vidéo dans l’exposition permet de découvrir Marinette, une habitudes, de leurs goûts et marionnette qui discourt sur de grands enjeux de la vie d’artiste.

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en bref

Revisiter des bâtiments emblématiques Certains bâtiments marquent l’imaginaire. L’Empire State Building, l’Opéra de Sydney et le Stade olympique de Pékin, entre autres, sont devenus, au fil des années, des emblèmes pour leur ville. Sous la supervision du pro­ fesseur Samuel Bernier-Lavigne, des étudiants de l’École d’architecture ont été invités à s’intéresser à ces bâtiments, à les analyser, et… à les recomposer ! À partir de logiciels, ils ont modélisé des projets innovants, puis ont fabriqué des répliques miniatures à l’aide d’outils numériques. Le résultat de ce travail est présenté à la bibliothèque Gabrielle-Roy, où l’on propose un parcours à travers cinq continents qui offre un aperçu des méthodes et des approches technologiques utilisées dans le domaine de l’architecture. image Olivier Dubois Bergevin, Félix Arsenault-Ouellet, Felix Hamel et Maxime Nadon-Roger

L’exposition, réalisée par le FabLab de l’École d’architecture, en collaboration avec la Bibliothèque de Québec et l’ITIS, est présentée jusqu’au 25 avril à la bibliothèque Gabrielle-Roy. Pour plus d’information : ­ bit.ly/2IH1nzm

À la mode de chez nous Êtes-vous amateur de mode ? Jeudi prochain, au Centre des congrès de Québec, l’association des étudiants du baccalauréat en communication publique présente son traditionnel défilé Odās. Les créations d’une vingtaine de designers québécois seront dévoilées. Les profits de l’événement seront remis à la Maison L’Éclaircie, un organisme qui accompagne les jeunes dans leur combat contre les troubles alimentaires. Chaque année depuis 15 ans, le défilé Odās est organisé par quelque 80 étudiants en communication. Jeudi 5 avril, dès 18 h 30, au Centre des congrès de Québec (900, boul. RenéLévesque Est). Pour plus d’information : www.facebook.com/DefileCommul18

Mozart et Schubert au programme Les amateurs de musique de chambre ne ­voudront pas manquer le prochain concert du Quatuor Arthur-LeBlanc. Au programme, le Quatuor no 17 en si bémol majeur, K 458 « La chasse » de Wolfgang Amadeus Mozart et le Quatuor à cordes no 15 en sol majeur, D 887 de Franz Schubert. Constitué des violonistes Hibiki Kobayashi et Brett Molzan, de l’altiste Jean-Luc Plourde et du violoncelliste Ryan Molzan, le Quatuor Arthur-LeBlanc est un ensemble professionnel en résidence à la Faculté de musique. Samedi 7 avril, à 19 h 30, à la salle HenriGagnon du pavillon Louis-Jacques-Casault. L’entrée est libre.


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actualités UL

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Planification stratégique Avis officiel

L’équipe de direction de l’Université Laval a officiellement présenté la planification stratégique 2017-2022 aux membres de la communauté universitaire lors d’un rassemblement tenu le mardi 27 mars à l’atrium du pavillon Charles-De Koninck. Cette ambitieuse stratégie est une invitation, pour tous

les acteurs de la communauté, à se mobiliser pour réinventer des volets importants de l’Université en vue de mieux répondre à la mission d’enseignement et de recherche ainsi que de générer davantage de retombées positives pour les collectivités.

photo Elias Djemil

Visionnez la vidéo de la présentation officielle : youtu.be/4wm28ke6RaE. Consultez la planification stratégique : ulaval.ca/notre-universite/planstrategique. Relisez l’article du Fil sur la planification stratégique : lefil.ulaval.ca/ensemble-batirluniversite-de-demain.

CONSEIL UNIVERSITAIRE Séance ordinaire du 3 avril 2018 ORDRE DU JOUR 1. Ouverture de la séance 2. Ordre du jour 3. Procès-verbal de la séance ordinaire du 6 février 2018

4. Procès-verbal de la séance ordinaire du 6 mars 2018

5. Communications de la présidente 6. Questions des membres Huis clos (pt 7)

8. Suivi de la planification stratégique 9. Programme de doctorat en médecine : évaluation périodique − Rapport du vice-recteur aux études et aux affaires étudiantes − Plan d’action du doyen de la Faculté de médecine

10. Programmes de maîtrise avec mémoire

Un bilan positif ! Bravo Alex !

et de doctorat en biophotonique : évaluation périodique − Rapport du vice-recteur aux études et aux affaires étudiantes − Plan d’action du doyen de la Faculté des sciences et de génie

Le 18 mars, à Falun, en Suède, l’étudiant en droit et fondeur d’élite Alex Harvey a mis un terme à sa saison de ski avec une deuxième place dans l’épreuve de poursuite 15 kilomètres style libre, remportée par le Russe Alexander Bolshunov. Au classement cumulatif de la Coupe du monde, Alex Harvey termine donc sa saison au quatrième rang. L’an dernier, il était troisième. En 2017-2018, il aura

accumulé son plus haut total de points en carrière en Coupe du monde. L’un des faits saillants de sa saison aura été une troisième place dans l’une des épreuves au programme du Tour de ski. Pour la première fois, un non-Européen montait sur le podium à cette compétition. Autre fait saillant : sa quatrième place au 50 kilomètres des Jeux olympiques de Pyeongchang.

11. Programmes de maîtrise et de doctorat en neurobiologie : changement d’appellation − Présentation du doyen de la Faculté de médecine − Recommandation du vice-recteur aux études et aux affaires étudiantes

12. Regroupement québécois de recherche sur la fonction, l’ingénierie et les applications des protéines (PROTEO-ULaval) : évaluation périodique − Avis de la Commission de la recherche − Recommandations de la vice-rectrice à la recherche, à la création et à l’innovation

13. Clôture de la séance Alex Harvey durant le 15 kilomètres style libre aux Jeux de Pyeongchang. Il a terminé la course au septième rang, à 35,5 secondes du gagnant. photo Bernard Brault, La Presse


actualités UL 13 L’Université, chef de file de la formation en construction en bois

le fil | le 29 mars 2018

Deux nouvelles chaires de leadership en enseignement feront la promotion d’une plus grande utilisation du bois dans la construction d’édifices non résidentiels et multi-étagés par Yvon Larose L’Université lance non pas une, mais deux chaires de leadership en enseignement (CLE) sur la construction en bois. Les travaux de l’une seront axés sur la construction intégrée en bois ; les travaux de l’autre porteront sur la conception de structures durables en bois. Le lancement simultané des deux CLE a eu lieu le jeudi 22 mars au pavillon La Laurentienne en présence notamment de la rectrice Sophie D’Amours et du mi­­ nistre des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec, Luc Blanchette. À cette occasion, le ministre a annoncé le ver­ sement, par son ministère, d’une aide financière globale de 650 000 $ sur une période de cinq ans, soit 325 000 $ à chacune des chaires. À ces dons s’ajoutera une contribution, pour cinq ans, de la Faculté de foresterie, de géographie et de géomatique et de la Faculté des sciences et de génie. Après ces cinq années, les facultés assumeront entièrement le salaire des titulaires. « Il est essentiel que les professionnels de l’industrie soient bien outillés en ce qui a trait à la construction des bâtiments en bois, a déclaré le ministre Blanchette. En plus d’ajouter au cursus scolaire des cours ou des notions en construction utilisant le bois, nous souhaitons que les établissements d’enseignement inculquent aux étudiants une ouverture à l’utilisation du bois dans la construction. La capacité du bois à séquestrer le carbone en fait un matériau de premier choix qui contribue à la lutte contre les changements climatiques, en plus de favoriser le développement économique du Québec. Nous préparons, grâce à cette initiative, la construction du Québec de demain. » Pour sa part, la rectrice a souligné que la mise en place des deux chaires « enrichira considérablement l’offre de formation de l’Université Laval en incluant de l’enseignement et de la recherche

sur les enjeux associés à la construction en bois et en béton. En plus de contribuer à attirer les meilleurs talents et à former de futurs ingénieurs et architectes com­p étents dans des domaines no­­vateurs, les nouvelles for­mations ap­­ puyées financiè­rement par le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs positionneront le Qué­bec et l’Université Laval sur la scène nationale et internationale comme chefs de file en matière de développement sur les bâtiments, en assurant un leadership quant aux be­­soins d’aujourd’hui et de de­­main pour loger les collectivités. » Dans un esprit de développement durable, la construction de bâtiments à haute efficacité énergétique et à faible impact environnemental prend de l’ampleur dans le monde. La principale cause du dérèglement du climat, ce sont les gaz à effet de serre (GES), surtout ceux produits par l’activité humaine. Dans cette lutte, le bois s’avère une arme de choix. Durant leur croissance, les arbres captent et séquestrent le dioxyde de carbone (CO2), le principal gaz à effet de serre. De plus, contrairement au bois, la fabrication de matériaux de construction classiques, tels l’acier ou le béton, nécessite

Le stade TELUS – Université Laval a ouvert en 2012. Il se distingue par sa grande toiture courbe à ossature de bois lamellé-collé supportée par 13 arches à inertie variable. photo Marc Robitaille

une consommation importante d’énergie fossile émettant des GES en quantité. Pour répondre aux besoins de la construction étiquetée « développement durable », l’industrie forestière a récemment créé de nouveaux produits, ainsi que des structures innovantes. De nouveaux enjeux liés au transfert de connaissances et aux techniques associés à la construction en bois sont apparus. Selon Xiaodong Wang, ­professeure au Département des sciences du bois et de la forêt et titulaire de la CLE en ­cons­truction intégrée en bois, c’est ici qu’intervient sa chaire. « Aujourd’hui au Canada, ­dit-elle, il y a de plus en plus d’édifices multi-­ étagés en bois, mais il y a peu

de formations dans ce do­­ maine pour les étudiants en génie et en architecture. Quant aux professionnels de la construction, leur peu de connaissances dans le do­­ maine fait qu’ils ont de la difficulté à introduire le matériau bois dans la cons­truction. La Chaire permettra de combler ces besoins en bonifiant l’offre de formation de la Faculté. » À la Faculté de foresterie, de géographie et de géomatique, les formations offertes par la CLE en construction intégrée en bois toucheront notamment aux notions d’enveloppe du bâtiment et de physique du bâtiment, ainsi qu’aux bonnes pratiques relatives, entre autres, à la protection incendie et à la performance énergétique. « Nous

De gauche à droite : Michel De Waele, adjoint du vice-recteur aux études et aux affaires étudiantes, Paul Lessard, directeur par intérim du Département de génie civil et de génie des eaux, Sophie D’Amours, rectrice, Xiaodong Wang, titulaire de la CLE en construction intégrée en bois, Luc Blanchette, ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs, André Zaccarin, doyen de la Faculté des sciences et de génie, Guy Mercier, doyen de la Faculté de foresterie, de géographie et de géomatique, et Yves Bourget, président-directeur général de La Fondation de l’Université Laval. photo Louise Leblanc

La contribution totale du Ministère s’élèvera à 650 000 $ sur cinq ans créerons de nouvelles activités de formation pour les futurs architectes et ingénieurs du bois, ingénieurs civils et ingénieurs mécaniques, poursuit la professeure. Bientôt, je donnerai le cours Enveloppe du bâtiment à des étudiants du premier cycle en sciences du bois, en génie civil et en architecture. Nous travaillerons en collaboration avec la CLE en conception de structures durables en bois. La synergie interfacultaire qui en ressortira renforcera les programmes en génie civil, en génie du bois et en architecture. » À la Faculté des sciences et de génie, la CLE en conception de structures durables en bois viendra compléter l’offre de formation en génie des structures dans les pro­ grammes du premier cycle et des cycles supérieurs. Elle collaborera aussi à différents projets de recherche, in­­cluant ceux sur les structures mixtes bois / béton et bois / aluminium, ainsi que ceux sur la conception des édifices multi-étagés. Le matériau bois a fait son entrée, comme élément structurel, dans la construction de bâtiments de moyenne et de

grande hauteur ou de bâtiments de plus grande super­ ficie grâce à la mise au point de produits de bois d’ingénierie particulièrement bien adaptés à la construction in­­ dustrielle. Les techniques de construction de ces types de bâtiments étant différentes de celles des bâtiments unifa­ miliaux, une formation spé­ cifique pour les ingénieurs s’avère essentielle. « Le béton et l’acier sont des matériaux très utilisés dont on connaît les comportements dans des structures, explique le directeur par intérim du Département de génie civil et de génie des eaux, Paul Lessard. Mais on connaît moins de choses sur les comportements du bois et de l’aluminium dans des structures. Des cours spécifiques sont donc nécessaires. La nouvelle CLE sera utile sur ce plan. Par exemple, le Dépar­tement compte offrir, dans un avenir rapproché et en collaboration avec le Département des sciences du bois et de la forêt, un cours optionnel sur les charpentes en bois. Nous l’intégrerons dans le programme de cours réguliers de génie civil. »


histoire de l’art Peindre et sculpter, même plaisir !

le fil | le 29 mars 2018

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Une conférence a levé le voile sur les pratiques artistiques multiples de certains géants du monde de l’art, comme Giacometti, Matisse et Picasso par Pascale Guéricolas D’Alberto Giacometti, le grand public connaît surtout les personnages filiformes en mouvement, à la fois forts et fragiles. L’exposition actuelle du Musée national des beaux-arts du Québec (MNABQ) révèle pourtant une autre facette de cet artiste marquant du 20e siècle. Les tableaux, les dessins, les esquisses, qu’il n’a cessé de produire toute sa vie, faisaient intrinsèquement partie de sa démarche artistique, comme l’a sou­ ligné Françoise Lucbert, professeure au Département des sciences historiques, dans

Cette toile d’Alberto Giacometti, Caroline assise en pied, peinte vers 1964-1965, fait partie des nombreuses œuvres présentées dans l’exposition consacrée à l’artiste au Musée national des beaux-arts du Québec jusqu’au 13 mai. © Succession Alberto Giacometti / SODRAC pour le Canada (2018)

sa conférence prononcée le 28 mars au MNABQ. Cet artiste gardait ses toiles près de lui, dans son atelier, comme s’il s’agissait de son bien le plus précieux. Ses sculptures portent également la marque de son trait de crayon. Il les reprenait régulièrement en dessin, une manière de marier deux expressions plastiques différentes. « Giacometti révolutionne la sculpture, mais, malgré tout, il a aussi besoin de travailler de façon traditionnelle, à l’huile, sur ses toiles, fait valoir la professeure d’histoire de l’art. À une certaine époque, il pratique les deux arts en même temps, profitant de la présence d’un modèle dans son atelier pour le peindre et s’en inspirer pour ses sculptures. » Tout comme il passe et repasse avec ses doigts sur ses créations en trois dimensions, l’artiste promène encore et encore son pinceau autour de certains portraits, formant une sorte de halo sur la toile. Ce geste répétitif donne une matérialité au tableau et rappelle aussi l’aspect morcelé de ses sculptures. Comme le fait remarquer la conférencière, plusieurs autres artistes passent volontiers d’un matériau à l’autre tout au long du 20e siècle, sans que personne ne s’en formalise. Des têtes d’affiche comme Picasso ou Matisse – des artistes surtout célébrés pour leurs toiles – sculptent aussi. « La série de personnages nus du début du 20e siècle de Matisse s’affranchit très tôt du naturalisme, qui caractérise sa peinture à la même époque, fait valoir Françoise Lucbert. On retrouvera ce style plus schématique dans la série des Nus bleus, peints beaucoup plus tard dans les années 50. » Chez Picasso, la fameuse sculpture Tête de femme (Fernande), exécutée en 1909, avec sa crête de coq, marque l’entrée de l’artiste dans le cubisme au même titre que la célèbre toile Les Demoiselles d’Avignon, peinte en 1907. Cette toile comporte d’ailleurs des personnages qui rappellent les statues d’Afrique et d’Océanie qui influencent fortement le peintre à cette époque. « Je pense que les sculptures constituent un laboratoire d’essai

Avis de convocation

Aux membres de la Caisse Desjardins de l’Université Laval

Alberto Giacometti, Le Nez, 1947. Bronze, 80,9 x 70,5 x 40,6 cm © Succession Alberto Giacometti / SODRAC pour le Canada (2018)

pour Picasso, remarque l’historienne de l’art. Au fond, il en a très peu vendu dans sa vie. La plupart se trouvent aujourd’hui dans le musée consacré à son œuvre à Paris. » Le passage informel d’un matériau à un autre témoigne donc d’une liberté artistique très

en vogue au siècle dernier, ainsi que dans les siècles précédents. Rappelons-le, MichelAnge a non seulement peint le plafond de la chapelle Sixtine, mais il a aussi sculpté le David, tout en dessinant les plans de la basilique Saint-Pierre, à Rome….

La présente exposition du Musée national des beaux-arts du Québec révèle une autre facette d’Alberto Giacometti, un artiste marquant du 20e siècle

Mardi 24 avril 2018

Lieu :

Salle Le Cercle du pavillon Alphonse-Desjardins Université Laval | 2325, rue de l’Université, 4e étage

Vous êtes, par les présentes, convoqués à l’assemblée générale annuelle pour l’année financière 2017. Les membres pourront prendre connaissance du rapport annuel et du rapport du conseil de surveillance, décider de la répartition des excédents annuels, de l’intérêt payable sur les parts permanentes et sur les parts de ristournes, le cas échéant, élire les membres du conseil d’administration et du conseil de surveillance et traiter de tout autre sujet inscrit à l’ordre du jour. Deux périodes de questions sont également prévues, l’une destinée au conseil d’administration et l’autre destinée au conseil de surveillance.

Modification au Règlement de régie interne de la Caisse Les membres seront appelés à se prononcer sur le projet de modification de l’article 10.1 du Règlement de régie interne de la Caisse visant à diminuer le nombre de conseillers au conseil de surveillance de cinq (5) à trois (3). La modification au règlement prendra effet dès son adoption. Les membres peuvent obtenir une copie ou un résumé de la modification proposée en s’adressant à la Caisse pendant les heures d’ouverture.

Heure :

17 h 15

Un goûter sera servi

Date :

Fière partenaire de la communauté universitaire

poste à combler au conseil de surveillance. Veuillez noter que, lors des élections, est éligible toute personne physique qui est membre de plein droit de la Caisse, pourvu qu’elle soit admise depuis au moins 90 jours avant l’assemblée, qu’elle ne soit pas inéligible en vertu de la Loi sur les coopératives de services financiers et qu’elle n’exerce pas une fonction incompatible en vertu du Code de déontologie Desjardins. Tout candidat devra consentir par écrit à une enquête de sécurité et de crédit le concernant et devra s’engager à développer les connaissances et compétences requises à l’exercice de la fonction de dirigeant. Une candidature ne pourra être soumise à l’assemblée que si un avis écrit, signé par un membre de plein droit et contresigné par le candidat, a été remis avant la fermeture de la Caisse le 13 avril 2018. Des bulletins de mise en candidature sont disponibles à la Caisse.

Élections

Tous les membres de la Caisse sont cordialement invités à participer à cette assemblée.

Prenez note que trois (3) postes seront à combler au conseil d’administration et un (1) au conseil de surveillance. Cependant, si la modification concernant le nombre de conseillers est adoptée telle que proposée, il n’y aura aucun

Signé le 13 septembre 2017 Hélène Lee-Gosselin, secrétaire


sports

photo PEPS

le fil | le 29 mars 2018

Le printemps, synonyme de vie et d’action ! C’est le temps de s’inscrire aux cours de la session printemps-été du PEPS par Jenny Aumais Dès aujourd’hui, la communauté universitaire est invitée à passer à l’action en s’ins­ crivant à l’une des nombreuses activités sportives proposées dans la programmation ­printemps-été 2018 du PEPS. L’inscription se fait uniquement en ligne à l’adresse peps.ulaval.ca. Vous pourrez y consulter la programmation complète, qui comprend une panoplie de choix pour tous les goûts. Les activités commenceront, pour la plupart, au début du mois de mai.

DES COURS À L’EXTÉRIEUR

Les adeptes de cours de conditionnement physique seront gâtés. Le cours de conditionnement physique printanier, en formule 40 minutes ou 55 mi­­ nutes, et celui d’entraînement extrême extérieur sauront ­certainement plaire à ceux et ­celles qui veulent un entraînement intense. Le cours circuit campus, en formule midi de 50 minutes, charmera, quant à lui, les participants friands d’activités demandant un grand effort cardiovasculaire.

L’inscription se fait uniquement en ligne à l’adresse peps.ulaval.ca

Pour profiter pleinement de l’extérieur, pensez aux cours de golf offerts sur le champ de pratique, qui ouvrira en avril si la température le permet. Des cours intérieurs de tennis sont également offerts. La consolidation des techniques apprises pourra s’effectuer sur l’un des six terrains extérieurs du PEPS. Au nombre des autres activités proposées ce printemps, mentionnons les populaires cours de kinfit, de cardio-vélo, de yoga (avec huit choix de style), de danse et d’arts martiaux. Dans la programmation estivale, le programme ­j eunesse offre également des activités intéressantes, dont quelques-unes se dé­r oulent à l’extérieur, comme le golf. En plus de cette activité, mentionnons les nombreux cours où les parents peuvent s’inscrire avec leur enfant pour partager un moment d’activité sportive. Le yoga, l’escalade, les circuits cardio Xtrême et le cardiovélo ne sont que quelques exemples des activités pouvant être pratiquées avec un jeune. Les nombreux cours proposés, d’une du­­ rée de 7 à 10 séances, sauront certainement plaire aux jeunes âgés entre 6 et 15 ans. Pour en savoir plus sur la programmation, visitez le www.peps.ulaval.ca. Pour être fin prêt à pro­ céder à votre inscription, obtenez dès maintenant votre numéro d’identi­ fication à l’adresse inscriptionsweb@ sas.ulaval.ca.

Campus dynamique

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en bref

Les Harlem Globetrotters sur le campus Les Harlem Globetrotters, l’équipe de basketball la plus célèbre au monde, seront au PEPS le di­­ manche 8 avril, à 14 h. Avec plus de 144 millions de spectateurs à travers le monde, un match des Harlem Globetrotters est assurément un événement à voir dans sa vie. Le groupe vous fera vivre une expérience sportive hors du commun grâce à des acrobaties étonnantes, des dunks spectaculaires et un maniement du ballon hallucinant ! Bon match ou, plutôt, bon spectacle ! photo Mathieu Bélanger

Pour les voir en chair et en os, achetez vite vos billets sur le site réservatech.net.

À vos bâtons et à vos vélos ! Que ce soit pour profiter d’une belle sortie avec le club de triathlon Rouge et Or, pour contribuer au Fonds Rouge et Or ou pour se préparer au Grand défi Pierre Lavoie, toutes les raisons sont bonnes pour participer à la 5e randonnée à vélo Rouge et Or présentée par ABB. Elle se tiendra dans la région de Portneuf, près du lac St-Joseph, le jeudi 31 mai. Anne-Marie Comeau, membre de l’équipe canadienne de ski de fond aux Jeux olympiques de Pyeongchang, et Marc Corriveau, directeur général Mesure et Analyse Canada, Division – Automatisation industrielle chez ABB, en sont les présidents d’honneur. La même journée, le 30e tournoi de golf Rouge et Or présenté par l’Hôtel Le Concorde Québec aura lieu au club de golf Le Grand Portneuf, sous la présidence d’honneur de Manon Fortin, directrice des opérations de l’Hôtel Le Concorde Québec. Les deux événements réuniront de 250 à 300 gens d’affaires d’une cinquantaine d’entreprises, qui contribuent au Fonds Rouge et Or et appuient ainsi la cause des étudiants-athlètes des 14 disciplines du programme d’excellence sportive de l’Université Laval. Pour information et inscription : www.rougeetor.ulaval.ca/velo ou jerome.pelletier@sas.ulaval.ca

Mini-football Rouge et Or La période d’inscription pour la ligue de minifootball Rouge et Or / Ville de Québec tire à sa fin. Il est toujours possible d’inscrire votre enfant pour ce camp qui, depuis 2016, est sans contact. Ce changement majeur permet aux jeunes de développer leurs habiletés dans un environnement encore plus sécuritaire. Au menu : des exercices d’entraînement pour les jeunes, qui seront toujours habillés en tenue de football (avec casque et épaulettes) ainsi que des matchs opposant des équipes composées de sept joueurs. Ces équipes seront dirigées par des étudiants-athlètes du Rouge et Or, avec qui les enfants pourront tisser des liens privilégiés. La saison de compétition 2017-2018 de cheerleading universitaire du Réseau du sport étudiant du Québec a pris fin samedi dernier à l’amphithéâtre Desjardins – Université Laval. L’équipe des Carabins de l’Université de Montréal a été sacrée championne provinciale. En dépit de ses immenses efforts, le Rouge et Or a terminé au quatrième rang. photo Pascal Ratthé

Pour plus de détails sur ce camp qui se déroulera entre le 28 avril et le 17 juin : www.rougeetor.ulaval.ca/mini-foot


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au fil de la semaine

03/04

le fil | le 29 mars 2018

Pour découvrir la justice internationale pénale  Souhaitez-vous mieux connaître les liens qui unissent les différents États aux instances de justice internationale pénale ? Aimeriez-vous en savoir plus sur les mécanismes et les lois qui régissent ces instances et qui cherchent à établir une certaine forme de justice à la suite de génocides et de crimes de guerre ? Assistez à la table ronde « Je t’aime moi non plus : les États et la justice internationale pénale en 2018 », à laquelle participeront les professeurs de droit Julian Fernandez, de l’Université Paris II – Panthéon-Assas, et Fannie Lafontaine, de l’Université Laval. Cette discussion, ouverte à tous, constitue l’activité d’ouverture de la Semaine de la justice internationale pénale, qui se tiendra sur le campus du 3 au 5 avril. Plusieurs activités sont au programme de ces trois jours, dont des présentations d’étudiants aux cycles supérieurs et un quiz ludique. Table ronde : mardi 3 avril, à 11 h 30, au local 2320 du pavillon Gene-H.-Kruger. Entrée libre. Pour la programmation de la Semaine de la justice internationale ­pénale  : bit.ly/2IaLDnb

29/03

29/03

29/03

05/04

05/04

06/04

40 ans de fierté gaie !

Autochtones devant la colonisation

Commerce autour du Pacifique

Liaisons dangereuses et sulfureuses

Quand le photographe crée le musée

Génomique évolutive des microsporidies

Au 19e siècle, les Autoch­ tones du Moyen Nord font face à de nou­velles réalités, dont les ré­­serves, la Loi sur les Indiens et le catholicisme. La co­­lonisation et le développement forestier sur le ­territoire de ces nations de chasseurs les obligent à re­­ voir leur mode de vie. Dans la conférence « La transformation sociale des bandes autochtones en con­texte colonial : deux exem­ples algonquins au 19e siè­cle  », la chercheuse post­doctorale Leila Inksetter examinera comment les Algonquins des lacs Abitibi et Témisca­ mingue ont intégré ces nouvelles réalités à leur organisation sociale pour des raisons qui leur sont propres. Cette con­férence, présentée par le Centre interuniversitaire d’études québécoises, vous fera découvrir une dynamique insoupçonnée chez les Autochtones !

L’Accord de Partenariat transpacifique global et progressiste (PTPGP) est une entente qui lie plus de 500 millions d’habitants. Une fois entré en vigueur, il sera l’un des plus im­­ portants accords de libreéchange au monde et créera un marché beaucoup plus éclaté que l’ALÉNA ou l’AÉCG. Pour discuter des répercussions politiques et économiques du PTPGP, le Groupe d’études et de recherche sur l’Asie con­ temporaine et la Chaire Stephen-A.-Jarislowsky en gestion des affaires inter­ nationales organisent une table ronde qui réunira les professeurs Jean-Frédéric Morin, du Département de science politique, Zhan Su, du Département de management, Mathieu Arès, de l’Université de Sherbrooke, et Éric Mottet, de l’UQAM. La discussion sera animée par Gérard Hervouet, professeur au Département de science politique.

Le Cénacle des littéraires curieux, un groupe de discussion étudiant qui souhaite faire découvrir des œu­vres québécoises issues des nouvelles pratiques ­littéraires, vous invite à un ­rendez-vous convivial au­­ tour d’un sujet singulier et intrigant : l’érotisme dans le re­­cueil collectif. Quoi­qu’elle soit une pratique marginale au Québec, la publication de collectifs composés de récits érotiques n’est pas un phénomène à négliger. Parmi ces ouvrages, citons Nu et Pulpe, dirigés par Stéphane Dompierre, Première nuit, dirigé par Léonora Miano, le livre tiré du blogue Caresses magiques et le c­ ollectif de bandes dessinées Crémage. Encore trop souvent ignorée, cette littérature est à la recherche d’une certaine légitimation, à laquelle vous pourrez peut-être contribuer grâce aux propos échangés lors de cette discussion très libre !

Le professeur Eduardo Ralickas, du Département d’histoire de l’art de l’UQAM, émet ce postulat : l’image photographique est dotée d’une agentivité (capacité d’agir sur le monde et de l’influencer) que l’histoire de l’art n’a pas encore suffisamment approfondie. Selon lui, cette image pos­ sèderait une efficacité indépendante du discours. Dans la conférence « L’œuvre d’art, l’image et l’image de l’image. Pour une histoire de l’art à plusieurs voix », le chercheur se penchera sur quelques images pho­to­ graphiques « qui en ont long à dire » sur les fonctions de l’historien de l’art. À partir de ces exemples, il cherchera à dévoiler le discours que tient l’image à propos de sa propre teneur épistémo­ logique. Une autre histoire de l’art serait-elle donc possible ? photo Michaelangelo Pistoletto

Les microsporidies sont des parasites intracellu­laires, proches des cham­pignons, qui infectent de nombreux animaux. Pour survivre à l’intérieur des cellules animales, ces or­­ganismes se sont adaptés, notamment en réduisant la taille et le contenu de leur génome. Dans la communication « Génomique évolutive de parasites intracellulaires et de champignons multinucléés », Nicolas Corradi, professeur de biologie à l’Université d’Ottawa, a­ nalysera les mécanismes impliqués dans la réduction du génome des microspo­ridies. Il mettra aussi en lumière le fait que certains de ces parasites ont acquis du matériel gé­­ nétique de leur hôte afin d’augmenter leurs capacités métaboliques. Cette con­ férence est présentée par le Centre d’étude de la forêt et l’Institut de biologie in­tégrative et des systèmes.

Jeudi 5 avril, à 11 h 30, au local 5242 du pavillon Charles-De Koninck. Entrée libre.

Vendredi 6 avril à 11 h, à la salle Hydro-Québec du pavillon Charles-EugèneMarchand. Entrée libre.

Le Groupe gai de l’Uni­ versité Laval célèbre ses 40 ans. Pour marquer l’événement, l’association organise une soirée vin et fromages pendant laquelle se­­ ront commémorées quatre décennies de rencontres, d’amitiés, de revendications et de gains pour la communauté LGBTQ2+. Cette soirée de fête constitue l’activité de clôture du Festival de la diversité sexuelle et de genre, qui se tenait du 25 au 29 mars à l’Université Laval. En après-midi, une dernière conférence in­­ titulée « Trousse de survie pour discuter de la diversité des genres » sera présentée pour faire l’éducation et la promotion d’une plus grande ouverture à tous les genres. Jeudi 29 mars. Conférence à 14 h, au local 3344 du pavillon Alphonse-­ Desjardins. Entrée libre. Vin et fromages à 18 h, au Cercle du pavillon Alphonse-Desjardins.

photo BAnQ Rouyn-Noranda

Jeudi 29 mars, à 12 h, au local 3470 du pavillon Charles-De Koninck. Entrée libre.

Jeudi 29 mars, de 13 h 30 à 15 h 30, au local 1651 du pavillon Palasis-Prince.

Jeudi 5 avril, de 17 h à 19 h, au café Fou AELIÉS du pavillon Alphonse-­ Desjardins. Entrée libre.

Consultez le calendrier complet des activités sur le campus à ulaval.ca


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