Banque Lambert

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BANQUE LAMBERT, GORDON BUNSCHAFT ≈ REZ de chaussée du Batiment Ing MARNIX Trône

(SOM)1965


~INTRODUCTION

J’ai décidé par honnêteté de commencer à décrire ma relation avec ce batîment à travers mon activité «parasite» (je me demande souvent si les architectes pensent aux utilisateurs clandestins) : la pratique courante de la planche à roulette qui m’a poussé à côtoyer couramment «le parvis» comme on l’appelle. Cette esplanade presque entièrement vide ( il reste aujourd’hui le socle d’une oeuvre qui y a jadis été exposée) est bordée d’un côté par une route émergeant du tunnel et distribuant sur la droite le quartier européen, en continuant tout droit l’embassade américaine et à gauche le centre ville historique; de l’autre côté s’élève une banque. J’ai décidé de m’y intéresser non pas vraiment par sa valeur Historique, témoin de l’époque joyeuse et optimiste annonciatrice des golden sixties, ni même par le lien qu’elle tisse dans sa géographie entre la ville Historique et la modernité, mais bien par une série d’anecdotes vécues sur place. La première relation qu’a le skateur avec la ville est le recouvrement du sol, les roues étant en contact direct avec le parterre, la composition du sol est un premier indice sur la possibilité qu’a un milieu de devenir attractif et praticable. L’assemblage du carrelage en béton ou travertin, avec des joints si fin que presque invisibles, en tout cas imperceptibles en font non seulement un lieu privilegié; mais cette étendue est si lisse qu’elle paraît satinée, et le reflet du soleil naviguant au dessus du traffic routier en devient presque éblouissant à certaines heures de la journée: «L’eclipse de trône» est même un terme utilisé par certains locaux qui désigne le moment au cours duquel le soleil se couche derrière le buste de Leopold 2, fier sur son cheval en bronze. A ce moment là la lumière, rasante, vient jusqu’a aveugler les promeneurs. En tant qu’usager régulier de cette esplanade immaculée où se cotoient régulièrement cadres supérieurs et intermittents de la gise que nous sommes, cette phrase, «je crois bien que c’est le seul endroit à Bruxelles où il fait d’autant plus jour après que le soleil se soit couché» exprimée par un ami est venu récemment donner à la mise en lumière de l’édifice une utilité et confirmer mon choix pour ce travail.


Ma démarche consistait ensuite à établir une forme de protocole permettant de cadrer la recherche, d’en extraire des informations précises, et à recenser les questions que posait l’énoncé même de l’exercice. A quelle échelle s’éffectue une étude de mise en lumière? En une année en fonction des saisons, en fonction d’un cycle solaire, d’un mois, d’une journée? Ce travail se présentera finalement comme un reportage photographique où chaque prise de vue est accompagnée d’un commentaire sur l’environnement lumineux qu’elle révèle..

Tout commencera par une rencontre avec l‘acceuil, de la réflexion sur le protocole en caféteria à une errance et quelques phrases notées sur une feuille à carreaux: Le choix du rez de chaussée Le choix des couleurs Les relations qu’entreprennent la lumière et les matériaux La lumière n’est possible que si elle est absorbée et réfléchie par un objet La plupart de l’installation électrique est destinée a mettre en valeur un élément de mobilier Le thème semble être celui d’un éclairage muséal Deux niveaux, le hall d’entrée inondé de lumière naturelle et l’étage d’en dessous, la caféteria et les salles de conférence Les salles d’en bas ne bénéficient d’aucun apport solaire Les séquences entre les différentes ambiances lumineuses Les milieux changent fondamentalement mais quels éléments de suture permettent d’assurer une forme de continuité


~QUELQUES IMAGES

L’édifice est composé de deux monolithes reliés par un couloir. Un «H» presque symétrique, dégageant deux alcoves au nord Est et au sud Ouest tandis que deux front batîs sont érigés au nord Ouest et au sud Est. Il s’apparente beaucoup plus au style classique et à la tradition européenne des cours d’honneurs et des esplanades que ces tours de verre venues d’Outre Atlantique. Il rompt avec l’image traditionnelle de la mystérieuse banque d’antan pour jouer de l’ouverture et de la transparence. L’unique oeuvre de Bunshaft en Europe affichait la suprématie bancaire Belge. Mais après la serie de manoeuvres dangeureuses des traders entraînant le rachat de la banque par le grouge hollandais ING, elle n’en incarne que le souvenir.





Cette illustration tente de recenser les diverses expressions de la lumière naturelle dans l’environnement proche. L’ombre portée par le prisme qui révèle ses arêtes inclinées, la palette de couleur offerte par la végétation, le noir profond des fenêtres, comme le blanc immaculé de la surface plane.


Cette coupe remonte au projet d’extension du batîment, la partie qui nous interrèsse se trouve au milieu des deux volumes. La partie de gauche n’a pas été réalisée comme sur ce dessin mais un jumeau du volume de droite a été reconstruit, achevant ainsi l’oeuvre originale en «H» de G.BUNSCHAFT.

Les niveaux en sous sol ne sont malheureusement pas visibles sur la coupe


~LA FACADE

La lumière joue un rôle particulier et majeur sur l’esthètique du batîmen, soulignant la structure blanche immaculée des éléments préfabriqués en béton. Les aspérités du monolithe se laissent repeindre par l’ombre portée de la ville. L’ombre s’introduit dans l’épaisseur de la façade, joue avec la perspective et les nuances de gris, en passsant de l’éblouissement aux noirs profonds. Pourtant ces formes n’existent pas et changent selon le moment, témoins de l’écriture mouvante de la lumière sur le batî. La dentelle de pierre vibre, entourant la facade vitrée, au rythme incertain du mouvement solaire.


«Sans limites, la lumière crée le lien entre nature et architecture. L’ombre des feuilles sur une façade, celle d’un batîment sur une place publique, les jeux de pleins et de vides, de couvert et de découvert sont le jeux infini qu’elle révèle.» Emmanuelle Colboc, Qu’estce que la lumière pour les architectes?


~LE HALL

Le hall d’acceuil peut être considéré comme l’épine dorsale du projet, vitré de part et d’autre, il fait pénètrer la lumière de manière diffuse comme pour clarifier le parcours des usagers. L’homogénéité de la diffusion de la lumière dans cette pièce immense lui donne tout sa puissance. La transition jusqu’aux salles de réunion en sous sol éclairées de manière artificielle est assurée par des parois miroir censées réfléchir la lumière naturelle. Le haut de l’escalier est un point de rencontre entre les deux milieux.


La diffraction, comportement des ondes lorsqu’elles rencontrent un obstacle qui ne leur est pas complètement transparent, est presque nulle. Ce batîment est le témoin des progrès dans le domaine de la construction, ayant permis de soustraire les façades de leur contrainte de portée latérale. La façade du rez de chaussée libérée de la structure porteuse a pu perdre en matérialité, gagner en transparence. Les grandes filiales bancaires se sont appropriées ce vocabulaire afin de donner une nouvelle image du système finacier. Une figure nouvelle, fière de la libération du marché et de la dérèglementation des activités bancaires. La transparence du verre crée une continuité entre le dedans et le dehors, une forme d’accessibilité sciemment manipulée afin de répondre à la perte de confiance, à l’inquiètude du client quand à l’abstraction progressive du modèle capitaliste.


~LA LUMIERE ARTIFICIELLE DANS LE HALL

Après que tout ai été mis en oeuvre pour faire pénétrer, rebondir, diffuser la lumière naturelle, la lumière artificielle doit relayer l’action bienfaitrice du soleil. Ces sources lumineuses multiples rythment la déambulation, ordonnent et hiérarchisent les lieux d’attente et de repos, soulignent les matières et les couleurs que l’on côtoie, animent les visages que l’on croise.


~ENTRE DEUX MILIEUX

Maîtriser la lumière constitue un défi et un enjeu pour l’architecture dans un subtil mélange et une complémentarité entre éclairage artificiel et éclairage naturel. Comment les associer ? Sans doute en imaginant des dispositifs qui font que l’on passe de l’un à l’autre sans rupture, progressivement, en acceptant l’obscur, la pénombre. La cafétéria au sous sol ne bénéficie d’aucune lumière naturelle. Elle n’est accessible qu’après une série de dispositifs visant à soulager le regard du traumatisme provoqué par le changement de milieu lumineux.


~DESCENDRE A LA CAFETERIA

La lumière artificielle est inévitablement accompagnée d’un luminaire. L’objet émetteur de lumière est il dissimulé, confondu avec le rayon lumineux, ou fait il partie du mobilier? Les luminaires prennent l’apparence d’oiseaux incandescent qui survolent les plateaux repas ou revêtent des allures de nuage.

Naturelle, la lumière enveloppe ; artificielle, la lumière pointe, souligne. Elle oriente le regard et assume une attitude théatrale mettant en scene le mobilier et les pensionnaires qui s’improvisent respectivement décors et comédiens.



~DESCENDRE DANS LES SALLES DE REUNION

En descendant quelques marches du hall principal, on accéde aiséement aux salles de réunions où règne une atmosphère absolument différente. La symétrie associée aux matériaux luxueux assurent une certaine monumentalité. Les jeux d’artifices renvoient à l’architecture baroque. Avec l’éclairage artificiel la question du choix et du positionnement de la source devient primordiale. Le travail de la lumière est inséparable de la nature des parois éclairées. Les bois de couleur chaude, les marbres lisses réfléchissants, le sol en travertin froid, les colonnes en inox miroitant, créent un paysage séquencé. Chaque matière révélée par la lumière propose une émotion, une sensation.



~LA SALLE SACREE


Certaines mises en scènes semblent parfois portées jusqu’au ridicule. La salle de réunion de trader corrompus fait l’objet d’un tableau touchant au sacré. Le centre de la table ronde est creux et des LED diffusent de la lumière réfléchie sur les parois blanche de l’ovale central. La lumière d’une émouvante pureté concentre les regards autour d’une discussion commune.


~LE JOUR ET LA NUIT

Il est important d’évoquer le rapport diurne/nocturne. Et particulièrement de ce temps d’attente au crépuscule. Le batîment s’illumine avant que la nuit ne tombe, impatient de se reposer. Mais peu de répit est accordé à cette lampe urbaine. Véritable lanterne elle reproduit à peu de chose près mais de manière immobile, l’abondance lumineuse du jour. Cette mise en lumière par le jeu du contraste, du reflet, de la couleur expose un signal urbain qui se veut oeuvre. L’éclairage nocturne sans nécessité d’usage est un maquillage qui flatte les édifices contemporains, les réduisant parfois à des répliques vulgaires de fête forraine.

Chaque fenêtre de la façade possède une barre LED RGBW en haut et en bas déssinée sur mesure pour offrir un maximum de définition. Chaque LED, de chaque barre représente un Pixel de définition de cet écran virtuel. Ce gyrophare est géré en vidéo avec gestion en local ou à distance via tablette et autre Smartphone. Inytium et magic monkey, experts en communication monumentale depuis 1995 ont été retenus pour l’intégration de l’ensemble du projet avec la rédaction des plans ; le synoptique câblage, étude de cas, mise en œuvre, gestion du chantier.



RAPHAEL Léo 000393338

Travail d’analyse critique de la mise en lumière d’un lieu / espace architectural:

Marnix , ING

Je me présente, je m’appelle Léo RAPHAEL, étudiant en architecture à la Cambre Horta, et souhaite consacrer un travail d’étude de la mise en lumière architecturale au Bâtiment ING de trône réalisé par Gordon BUNCHAFT en 1965 aujourd’hui surnommé MARNIX. Mon travail porterais principalement sur la relation remarquable qu’entretient le bâtiment avec l’espace public, sachant que le rez de chaussée est très ouvert (grandes baies) mais aussi très nuancé (les patios en contrebas au niveau de la cafétéria contrastant la façade à rue) ... ] ]

|extrait d’un mail, le 02/11/2015|


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