Coffret de l'amicale de production / portfolio

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l’amicale de production portfolio



prĂŠface


la truite au ralenti par GRAND MAGASIN

Comment procéder et par où commencer ? Une Méthode digne de ce nom congédie à jamais ces questions. La Méthode de travail véritable nous guide en toutes circonstances. Elle offre un mode d’emploi efficace, un plan de travail, des procédés, une succession appropriée de tâches qu’il suffit d’accomplir aveuglément et sans effort inutile. C’est une Méthode en OR permettant : A ) d’ORganiser son temps B ) d’ORienter ses recherches C) d’ORdonner idées et matériaux

À défaut et en attendant, voici 101 propositions de méthodes à usage ponctuel et limité. Nombre d’entre elles restent encore à vérifier, d’autres à définir.

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1. L a Méthode rotative : à partir de trois axes de réflexion solidaires 2. La Méthode du réveille-matin : se mettre au travail en général avant midi 3. La Méthode combinatoire

10. L a Méthode corrective : procéder par retouches successives et avancer de correction en correction 11. L a Méthode décorative : ne s’attacher qu’à l’ornement 12. L a Méthode négative : recenser ce qu’il ne faut pas faire

4. L a Méthode buissonnante : brefs segments de pensée multidirectionnels (launea arborescens)

13. L a Méthode interrogative : multiplier les questions sans attendre les réponses

5. L a Méthode flash : régler la question en une séance éclair ou deux

14. L a Méthode imitative : imiter, copier, pomper sans retenue

6. L a Méthode répétitive : augmenter l’ouvrage par répétition d’un motif

15. L a Méthode de l’éponge : s’imbiber du sujet, de l’ambiance, du contexte

7. L a Méthode comparative : associer des éléments par ressemblances ou différences

16. L a Méthode volontariste : refuser de s’adapter aux circonstances, ne rien attendre du hasard

8. L a Méthode floue : ne définir aucun concept, éviter de préciser sa pensée 9. L a Méthode répétitive floue : augmenter l’ouvrage par répétition d’un motif peu défini 5

17. L a Méthode de l’éponge volontariste : s’inscrire à tous les stages, s’abonner à toutes les revues


18. L a Méthode de l’impasse : ignorer à dessein tout un pan du savoir, de l’information disponible 19. L a Méthode des listes : rayer les étapes une à une 20. L a Méthode des ensembles : avec papier et crayon, répartir les éléments dans des ensembles 21. L a Méthode numérique : numéroter les problèmes 22. L a Méthode comptable : compter heures écoulées, décisions prises, points restant à aborder 23. L a Méthode sans douleur : refuser toute tâche ardue ou activité pénible 24. L a Méthode du report à nouveau : repartir chaque jour du résultat de la veille 25. L a Méthode du départ à zéro : chaque matin repartir de rien 26. L a Méthode sédimentaire : superposer les niveaux de sens comme les piles de dossiers 27. L a Méthode en triple aveugle : la main gauche ignore ce que fait la droite à l’insu des pieds 28. L a Méthode anticipative : imaginer directement le résultat sans se soucier des moyens d’y parvenir

29. La Méthode auto-descriptive 30. L a Méthode cryptique : s’exprimer par symboles et ne rien formuler qui ne soit codé 31. L a Méthode contractuelle : passer avec soi-même un certain nombre de contrats et les tenir 32. L a Méthode du vrac : entretenir le désordre qui engendre la surprise 33. L a Méthode à l’étuvée : retourner lentement la même idée à couvert et longtemps 34. La Méthode transparente 35. L a Méthode aseptique : séparer les concepts pour éviter toute contamination entre eux 36. L a Méthode épidémique : concevoir un virus mental et tenter de se l’inoculer 37. L a Méthode du lacet : contourner les questions pour mieux les enserrer 38. L a Méthode du recul : regarder son ouvrage de loin 39. La Méthode de la double contrainte 40. L a Méthode du kilo de plume : équivaut à celle du kilo de plomb 41. L a Méthode du kilo de plomb 42. La Méthode américaine 43. La Méthode japonaise 44. La Méthode passive 6


45. L a Méthode hyperglycémique : manger du chocolat, du sucre, des gâteaux

effectuer des opérations mais n’utiliser que les restes

46. L a Méthode du tir groupé : viser plusieurs objectifs dans l’espoir d’en atteindre au moins un 47. La Méthode Servan-Doppler 48. La Méthode Atkinson 49. L a Méthode organique : s’inspirer du mode de croissance des cellules, des plantes, des animaux

61. L a Méthode de la surcharge : en faire trop pour obtenir moins 62. L a Méthode de la soupape : s’offrir dix minutes de pause toutes les heures 63. L a Méthode sous-lemanteau : n’agir qu’en douce et à l’insu de tous 64. L a Méthode imaginaire : s’imaginer avoir une méthode juste le temps de l’appliquer

50. La Méthode Moreau-Vidal 51. La Méthode élémentaire 52. L a Méthode par 5 : grouper les éléments par 5

65. L a Méthode des quanta d’attention : n’accorder son attention que par petits paquets 66. La Méthode de la taupe

53. La Méthode par 7 54. La Méthode par la preuve 55. L a Méthode du couloir : suivre une piste jusqu’au bout sans regarder de côté 56. L a Méthode des échelles : changer constamment les rapports de taille

67. La Méthode du furet 68. La Méthode du cabri 69. L a Méthode de la salle d’attente : attendre les idées en feuilletant un magazine 70. La Méthode par alinéa

57. L a Méthode par simulations : expérimenter chaque hypothèse in vivo et en 3D

71. L a Méthode par prélèvements : consulter des notes dans plusieurs carnets

58. La Méthode par stipulations : s’imposer d’emblée une série arbitraire de préceptes

72. L a Méthode sans système (system-free method)

59. La Méthode par stimulations : se promettre une succession de récompenses 60. La Méthode des restes : 7

73. La Méthode du choux déplacé : déplacer un élément à la fois sans modifier la position des autres


74. La Méthode ubiquitaire 75. L a Méthode néologique : créer un mot nouveau à chaque étape du parcours 76. La Méthode ABCD 77. La Méthode ZYXW 78. La Méthode approximative

86. L a Méthode placebo : adopter une fausse théorie en connaissance de cause pour obtenir un résultat 87. L a Méthode du ménage en grand : ranger son appartement de fond en comble ( «Si vous rangiez mieux vos affaires, il y aurait un peu plus d’ordre dans votre esprit»)

79. L a Méthode agglutinante : s’adjoindre tout ce qui est à proximité 80. L a Méthode agglutinante approximative 81. L a Méthode variable : changer de méthode à chaque nouvelle étape 82. L a Méthode agglutinante variable 83. L a Méthode par inconnues : concevoir des structures applicables quels que soient les éléments 84. L a Méthode agglutinante variable par inconnues 85. L a Méthode du Dictionnaire illustré : se laisser distraire par la première image aperçue

88. L a Méthode latino-manuelle : sous-traiter l’ouvrage en Amérique du Sud 89. L a Méthode par extrapolation : tirer du moindre accident une théorie générale 90. L a Méthode par érosion : accélérer l’usure d’une idée en l’exposant aux avis et aux critiques 91. L a Méthode par dissolution : éliminer matériellement et un à un les obstacles 92. L a Méthode de l’escalade : utiliser la moindre aspérité comme prise et point d’appui 93. La Méthode par le vide 94. L a Méthode accumulative : accepter tout ce qui vient de près comme de loin 95. L a Méthode du trop-plein : ménager un vide de secours en cas d’envahissement 8


96. L a Méthode du jeu de massacre : décapiter toute idée avant de l’accepter 97. L a Méthode du lendemain : procrastination systématique et répétée 98. La Méthode infradisciplinaire : se cantonner de force en deçà de ses capacités 99. L es Méthodes simultanées : choisir 8 à 6 méthodes et les appliquer en même temps 100. L a Méthode du dimanche soir : attendre le 14 pour écrire un texte à rendre le 15 (deadline*) 101. La Ligne morte : méthode de pêche qui se pratique généralement au printemps. L’eau étant froide, la truite est au ralenti et se nourrit au fond ou au bord du lac. La ligne morte se pratique aussi pour la barbotte (poissonchat) pendant toute la saison de pêche. P our cette technique nous utiliserons le matériel de base : la canne, le moulinet avec fil à pêche et l’hameçon avec appât (ver de terre). Si on se trouve sur le bord d’un lac, on lance vers le large notre appât et on attend que notre ligne donne des coups.

* littéralement : « ligne morte »

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portfolio des projets


métrage variable HALORY GOERGER Performance, 2004-2009 Durée : 50 min

Métrage Variable est une performance autour de la variation. Le dispositif, formaliste mais tordu, associe une vidéoprojection à une présence solo, entre stand-up savant et music-hall mutant. Métrage Variable est construit autour d’un ensemble d’images, dont l’ambiguïté permet de les associer librement. Dans le spectacle, ce catalogue est utilisé exhaustivement à plusieurs reprises, dans cinq pièces qui sont cinq variations autour d’un même corpus. Les spectateurs sont donc exposés aux mêmes données, dans le cadre de cinq courtes performances qui se suivent sans se ressembler. Les aléas du respect de la contrainte donnent lieu à diverses pirouettes sémantiques, effectuées avec une élégance variable mais dans la plus grande transparence. Métrage Variable donne à voir le hors-champ du spectaculaire et le hors-piste du grand schuss de l’invention. Dans ce cinéma de brouillon où combines et combinatoire livrent un match grotesque et doux, on va droit dans le mur en chantant.

Conception et interprétation Halory Goerger Lumière Annie Leuridan Régie Maël Teillant / Alice Dussart

Production Renseignements Généraux / Filage – Lille / L’Amicale de production Coproduction Vooruit – Gand / Buda kunstencentrum – Courtrai / Noorderzon Performing Arts Festival / L’L – Lieu de recherche et d’accompagnement pour la jeune création – Bruxelles

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Soutien le manège.mons-Maison Folie – Mons / TNTManufacture de Chaussures – Bordeaux / Le Carré des Jalles – Bordeaux / Le Vivat, Scène conventionnée danse et théâtre – Armentières Aide DRAC Nord-Pas-de-Calais / Ministère de la Communauté française Wallonie-Bruxelles


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indigence = élégance ANTOINE DEFOORT Performance, 2006 Durée : 50 min

Indigence = Élégance est à l’origine une compilation transdisciplinaire et antithématique de performances, de vidéos, de textes, le tout sous une forme de pseudo-conférence. Les éléments ont fini par se sédimenter, ce qui a donné lieu à l’apparition subreptice d’une quasi-architecture de presque-vrai-spectacle. Je reformule : comme j’explique au début de mon intervention, les choses qui seront montrées n’entretiennent pas de rapports directs les unes avec les autres. Ceci dit et cependant, il existe des liens entre ces choses, mais qui auraient plutôt tendance à être dissimulés, tacites, souterrains. Des sous-liens. Des méta-liens.

Conception et réalisation Antoine Defoort Résolution des problèmes relatifs et absolus Julien Fournet

En collaboration ou avec l‘aide pour certains trucs de Belinda Annaloro, Marie-Charlotte Moreau, Lou Gallet, Manuel Scalora, Halory Goerger, Sébastien Vial, Laurent Plessiet 16

Production L’Amicale de production Soutien L’L – Lieu de recherche et d’accompagnement pour la jeune création – Bruxelles / Le Vivat, Scène conventionnée danse et théâtre – Armentières / la malterie – Lille



cheval ANTOINE DEFOORT, JULIEN FOURNET Performance, 2007 Durée : 1h

On s’est appliqué à concevoir ce spectacle comme un traité abstrait du ricochet au cours duquel on essaye de faire rebondir des objets mous (idées, concepts ou stratagèmes) sur des surfaces dures (écrans, guitares ou piano). Pour donner un tour dramatique à l’ensemble, on a convoqué sans vergogne des morceaux de musique émouvants, mais pour dédramatiser un tant soit peu, on s’est attaché à les torturer, avec bienveillance toutefois, mais sans vergogne non plus. CHEVAL nous apparaît être un bon titre, d’abord parce que c’est un bon titre, et deuxièmement parce qu’on y retrouve cette dualité trivial/majestueux qu’on affectionne tant. En outre, c’est très pratique de pouvoir parler d’un spectacle comme d’une bête, de pouvoir le trouver fougueux, ou pénible, ou subtil, ou capricieux, ou bonne pâte.

Conception, réalisation et interprétation Antoine Defoort et Julien Fournet

Régie son, vidéo, plateau François Breux

Régie générale et lumière Jean-François Philips et Maël Teillant

Avec la participation de Laurent Plessiet pour le vent dans les cheveux

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Coproduction L’L – Lieu de recherche et d’accompagnement pour la jeune création – Bruxelles / Le Vivat, Scène conventionnée danse et théâtre – Armentières Soutien la malterie – Lille Ce projet a bénéficié de l’aide à la création de la DRAC Nord-Pas-de-Calais


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&&&&& & &&& ANTOINE DEFOORT & HALORY GOERGER Installation / performance, 2008 Durée : 3 h (performance de 40 min effectuée en boucle, prévoir une bonne heure pour visiter l’ensemble)

&&&&& & &&& traite de la science, de la fiction, et des deux réunis par un tiret. Dans cette opération qui tient à la fois du spectacle et de l’exposition, le plateau et les installations se partagent un espace où la circulation est libre. Le public vient quand il le souhaite dans un créneau de trois heures. La performance est exécutée en boucle sur le plateau. Cette boucle n’a ni début ni fin : les spectateurs peuvent y entrer à tout moment. On y invoque la présence du futur dans nos vies, on y envisage la possibilité de l’intergalactique dans une boîte en carton, on y résout des problèmes de logique par de petites danses folkloriques. Dans ce spectacle de câble et d’épée, on pose des questions à un moment et à un endroit, pour y répondre à un autre moment et à un autre endroit. Le spectacle se prolonge dans les installations, pour une narration éclatée où l’on se prend parfois les pieds dans le robot. Tantôt grave, tantôt d’une furieuse idiotie, ce pourrait être le spectacle conçu par Bill Gates à l’âge de 9 ans pour l’anniversaire de sa maman.

Conception, réalisation et interprétation Halory Goerger et Antoine Defoort Assistant scénographie Julien Fournet Régie générale et son Robin Mignot Régie lumière Sébastien Bausseron

Accompagnement technique François Breux, Jean-Marc Delannoy, Nicolas Guichard, Alice Dussart Anciens régisseurs ou collaborateurs techniques Jean-François Philips, Thomas Leblanc, Guillaume Hairaud Piano dans la vidéo Les génies du froid Belinda Annaloro 24

Production Julien Fournet / L’Amicale de production Coproduction Le Vivat, Scène conventionnée danse et théâtre – Armentières /  L’L – Lieu de recherche et d’accompagnement pour la jeune création – Bruxelles /  le manège.mons-Maison Folie – Mons / Maison Folie Wazemmes – Lille / le manège.mons-CECN – Mons / TNT-Manufacture de chaussures – Bordeaux Aide DRAC Nord-Pas-de-Calais Soutien la malterie – Lille


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& ANTOINE DEFOORT & HALORY GOERGER Spectacle, 2008 Durée : 50 min

& est la version «spectacle frontal» de &&&&& & &&&. Convoquant les mêmes matériaux, mais dans un agencement linéaire, & tente de poser les mêmes questions en tirant parti d’une logistique rodée : un début, une fin. & dissèque le désir d’exode vers des planètes plus engageantes dans une tradition qui tient autant du music-hall que de la performance. Avec un peu plus d’humour qu’un droïde de combat, mais un peu plus de sérieux qu’un droïde de variétés, on y aborde des questions telles que : est-il judicieux de monter dans un vaisseau spatial voué à coloniser l’espace, si c’est pour mourir de vieillesse avant d’être arrivé à mi-chemin ?

Conception, réalisation et interprétation Halory Goerger et Antoine Defoort Assistant scénographie Julien Fournet Régie générale et son Robin Mignot

Jean-Marc Delannoy, Nicolas Guichard, Alice Dussart Anciens régisseurs ou collaborateurs techniques Jean-François Philips, Thomas Leblanc, Guillaume Hairaud

Régie lumière Sébastien Bausseron

Production Julien Fournet / L’Amicale de production Coproduction Le Vivat, Scène conventionnée danse et théâtre – Armentières / L’L – Lieu de recherche et d’accompagnement pour la jeune création – Bruxelles /  le manège.mons-Maison Folie – Mons / Maison Folie Wazemmes – Lille /  le manège.mons-CECN – Mons / TNT-Manufacture de chaussures – Bordeaux Aide DRAC Nord-Pas-de-Calais

Accompagnement technique François Breux,

Soutien la malterie – Lille

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bonjour concert HALORY GOERGER Vidéo, 2009 Durée : 20 min

Une campagne de publicité comparative destinée à départager deux grands concurrents de la modernité : le spectacle de danse contemporaine et le concert de rock. On saura enfin s’il faut échanger un baril de Jérôme Bel contre deux barils de Sonic Youth. Bonjour Concert est une réponse littérale à une commande imaginaire du ministère de la Culture, produite dans un mouvement candide et crétin. Ces campagnes sont diffusées dans les espaces semi-publicitaires que l’on trouve souvent dans les lieux d’art, sur ces écrans plats diffusant habituellement des diaporamas de présentation de saison.

10 clips organisés en 3 campagnes Diffusion en ligne ou installation Interprétation Halory Goerger et Arnaud Boulogne Caméra J.B.Delannoy et Mylène Benoit

Production Renseignements Généraux / L’Amicale de Production Coproduction  Le Vivat, Scène conventionnée danse et théâtre – Armentières / Le phénix scène nationale Valenciennes / Le manège, scène nationale de Reims / L’atheneum – Dijon / Le CENTQUATRE – Paris

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Soutien Buda kunstencentrum – Courtrai / la malterie – Lille / TNT-Manufacture de chaussures – Bordeaux / Le Carré des Jalles – Bordeaux / le mensomadaire


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le jeu de l’oie du spectacle vivant JULIEN FOURNEt Installation / édition, 2010

Ce jeu donne à voir les méthodes de production et les problèmes souvent épineux auxquels font face les équipes désireuses de « monter un spectacle ». Fonctionnant à la manière d’un tableau parodique de la production contemporaine, cette pièce se situe entre le récit documentaire, un outil propédeutique et une critique dérisoire du fonctionnement et des implicites de l’économie du spectacle vivant. À destination des personnes qui souhaitent éprouver les vicissitudes et les atermoiements qui jalonnent le parcours d’une création.

Conception et réalisation Julien Fournet

Textes Julien Fournet et Halory Goerger

Co-édition Centre Pompidou-Metz / L’Amicale de production

Avec la collaboration de Antoine Defoort et Halory Goerger

Sur une idée originale de Matthieu Goeury

Coproduction Le phénix scène nationale Valenciennes / L’L – Lieu de recherche et d’accompagnement pour la jeune création – Bruxelles / Centre Pompidou-Metz

Graphisme Les designers anonymes 34


départ É TA PE

6 PHASAGE DU CALENDRIER

Vous décidez de ne pas vous emmerder la vie avec les subventions, c’est un soulagement mais c’est con. Mais quel soulagement… mais c’est con. Relancez le dé

Votre projet est à cheval entre théâtre, danse, musique et arts plastiques : vous multipliez les demandes de tous types auprès d’organismes divers. Lancez le dé PAIR - Les subventions pleuvent, avancez étape 6. IMPAIR - Ils disent tous non en se renvoyant la balle, retournez étape 5.

Vous vous lancez dans des montages de dossiers complexes. Vous réalisez que leurs formulaires sont très mal conçus et que leur caractère ostensiblement procédurier et bureaucratique n’est qu’un écran de fumée destiné à maintenir l’argent public hors de votre portée. Vous passez outre : leur apparente rigidité peut tout à fait s’adapter à des situations particulières, dont la vôtre. Avancez étape 6

Vous vous lancez dans des montages de dossiers complexes. Vous réalisez que leurs formulaires sont très mal conçus. Vous en faites part avec véhémence à la secrétaire du ministère, qui n’y peut rien et vous prend en grippe. Relancez le dé

Vous vous lancez dans des montages de dossiers complexes. Vous rencontrez des difficultés pour comprendre les institutions. Leurs demandes vous semblent éloignées de vos préoccupations. Repli, incompréhension, acrimonie. Retournez étape 5

1 ÉCRITURE DU PROJET

Le chargé de production est « à donf de prod’», comme on dit. Il enchaîne les contrats et cale 4 mois de résidence dans 8 lieux avec un budget colossal. Avancez étape 7 en essuyant quelques sueurs froides

Votre chargé de diffusion fait un intense trafic d’informations pour faire l’intéressant. Les rumeurs les plus folles courent au sujet de votre prochaine création. Relancez le dé

Vous devez être à Knokke-le-Zoute mardi et à Rio de Janeiro mercredi : il va falloir faire un choix cornélien... Lancez le dé PAIR - Vous passez de longues heures au téléphone avec l’équipe de Knokke-le-Zoute (depuis le Brésil, c’est hors de prix). IMPAIR - Il pleut à Knokke-le-Zoute, relancez le dé.

Gauthier Simelon se fend d’un papier catastrophique dans la revue Mouvement : il a dé-tes-té. Relancez le dé

Simon Gottlieb se fend d’un papier dithyrambique dans la revue Scènes : il a a-do-ré. Relancez le dé

11 PREMIÈRE

Tonton file son Renault Express pour faire la tournée. Avancez étape 5

Le conseil d’administration de votre association est composé de gens précieux qui connaissent le projet et savent en parler avec de grands gestes et des trémolos dans la voix. Relancez le dé

Dans vos recherches, vous privilégiez les personnes qui connaissent déjà votre travail. On est toujours à 3 poignées de main du Pape : le Théâtre du Glaçon vous offre 2 mois de résidence sur son plateau.

PAIR - Avec les drogues adéquates, rien n’est impossible, avancez étape 7, l’écume aux lèvres. IMPAIR - Vous vous mettez l’équipe à dos : trop de dates tue la date, retournez étape 6.

PAIR - Vous rééquilibrez le planning, quitte à fâcher l’éclairagiste, avancez étape 7. IMPAIR - Votre éclairagiste est radieux, reculez étape 6.

PAIR - Immense soulagement, avancez étape 12. IMPAIR - Annoncez solennellement que vous quittez le projet, retournez étape 4.

La première a lieu devant 150 pros : 2 des interprètes vomissent avant d’entrer sur scène, mais l’énergie est là. Vous jurez de ne jamais le refaire. Relancez le dé

le jeu de l’oie du spectacle vivant

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RÉSID

Une série de pro techniques r la première, heure ce soir c’est la de l’Euro et pe n’est venu Avancez étap

Une série de probl ruine la première, m ce soir c’est la fin sur gazon et tout le Retour éta

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RELAN

LES RÈGLES Formez une équipe. Placez-vous sur la case départ, lancez un dé et suivez les indications.

Un ami un peu désœuvré propose de « chercher des dates ». Il épluche le Goliath (annuaire des lieux et compagnies du spectacle vivant) et appelle à tour de bras. Vous vous rendez vite compte que c’est totalement inutile, et vous ne savez plus comment lui dire. Retournez étape 10

Souffrant d’un terrible manque de temps, vous engagez un/e stagiaire pour le suivi de la diffusion. Inexpérimentée, cette jeune personne se décourage vite face à l’ingratitude du métier et envisage une réorientation. Lancez le dé

É TA PE

10 INVITATION DE PROFESSIONNELS

Un usage malheureux de l’option « répondre à tous » dans l’outil de messagerie du chargé de diffusion amène l’ensemble de vos partenaires à découvrir votre penchant pour les plaisanteries les plus graveleuses. Avancez étape 10

Si vous tombez sur une case étape ou sur une case déjà visitée, relancez le dé immédiatement.

Un de vos coproducteurs découvre que vous lui avez vendu le spectacle 3 fois plus cher qu’aux autres, après avoir promis un coût plateau « raboté plancher very minima ttc ». Lancez le dé PAIR - Il doit dépenser le reste de sa subvention, avancez étape 14. IMPAIR - C’est tendu, mais avancez étape 14 quand même.

Enfin décidé à conclure un accord de partenariat, vous emmenez le directeur dans un restaurant gastronomique où le bordeaux est non seulement excellent, mais en outre, servi exclusivement en magnum. Les contrats sont signés sur la nappe, ce qui n’a, rappelons-le, aucune valeur juridique. Avancez étape 14

fin

PAIR - Gloussement amusé, avancez étape 14. IMPAIR - Silence glacial, retournez étape 12.

Vous avez très bien vendu le spectacle (un spectacle de danses folkloriques bretonnes) à un festival nouvelles technologies : les 3 danseurs sont ravis. Relancez le dé

Vous oubliez de mentionner un des coproducteurs dans la communication. Lancez le dé PAIR - Avancez étape 10. IMPAIR - Retournez étape 9.

É TA PE

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É TA PE

14 TOURNÉE

Lancez le dé Le cube du résultat est égal au nombre total de dates de la tournée

Vous avez très bien vendu le spectacle (un montage de textes de Cioran) à un fest-noz : les 3 comédiens sont outrés, ils quittent le projet. Retournez étape 7

Le visuel choisi par les artistes représente une jeune fille nue empalée sur un espadon avec un brassard nazi : malgré le soutien de la profession, les institutions vous retirent l’ensemble de vos subventions. Lancez le dé PAIR - Scandale mémorable, avancez étape 14. IMPAIR - Scandale mémorable, reculez étape 1.

Vous envoyez 80 dossiers à une liste de lieux fournie par la chargée de communication des Halles du Scorbut. Bel effort,

Vous êtes complè train de danser, un Vous faites une votre voisine, i c’est la directric Chorégraphique q depuis 2 Elle vous ignore, Malheureusemen Retournez é

Superbe création de juin, la relance plus personne n’e aucune date p procha Retournez é

fébrilement

À votre neuvième rendez-vous avec la directrice du Théâtre des Trois Pintades, vous vous permettez une approche plus directe : tutoiement et tape dans le dos. Lancez le dé

avec l’aplomb du garagiste

Le titre du spectacle ne comporte aucune voyelle, signifie « pigeon fougueux » en peul, et présente la particularité de ne pouvoir être prononcé sans cracher. Retournez étape 9

Vous êtes complè train de danser un Vous faites une votre voisin, il s’av directeur du Cen que vous relancez Il apprécie votr et vous invite à b Avancez é

(Créateur/trice, Chargé/e de production, Agent)

5

PAIR - C’est une visionnaire philanthrope, avancez étape 5. IMPAIR - C’est une vieille pie acariâtre, reculez étape 4.

C’est un sur plate une lamp et une p Relan

Vous vous êtes engagés auprès de 4 festivals distants de plus de 400 km dans la même semaine. La mise en place logistique relève du tour de force. Lancez le dé

Vous prévoyez une demi-journée pour développer le patch Max/MSP qui gère l’affichage des 12 écrans présents sur le plateau, et 3 mois pour régler la lumière. Lancez le dé

Votre coproducteur, le Théâtre de la Montagne, vient de reporter la première - dont il a l’exclusivité pour la quatrième fois consécutive. Lancez le dé

É TA PE

Vous vous adressez à un programmateur connaissant bien les mécanismes du milieu. Il accepte tout à fait naturellement de vous donner la main sur quelques invitations. Avancez étape 11

PAIR - Vous le faites vous-même, avancez étape 11. IMPAIR - Vous le faites vous-même, reculez étape 10.

Au hasard d’une plongée dans les archives familiales, vous découvrez que votre grand-tante par alliance dirige un centre dramatique. Lancez le dé

PAIR - Vous faites un compromis, vous serez 3, et l’ours sera en peluche, relancez le dé. IMPAIR - Redéfinition du projet, passez à la case suivante.

PAIR - Drôle d’ambiance, avancez étape 11. IMPAIR - Sale ambiance, retournez étape 10.

É TA PE

RECHERCHE DE SUBSIDES

C’est une première création, mais vous avez choisi de travailler avec 17 interprètes, 1 ours, 1 piano à queue et 178 statuettes incas en carton que vous devez reconstruire tous les soirs. Lancez le dé

É TA PE

= 1

= 64

= 8 = 27

= 125 = 216

É TA PE

13 DIFFUSION

Les artistes font le forcing pour changer le titre du spectacle pour la septième fois : exaspéré, le chargé de diffusion claque la porte. Reculez étape 8 PAIR - Enfin débarrassés de ce titre, avancez étape 10. IMPAIR - Enfin débarrassés de ce type, avancez étape 8.

Tout le monde veut rédiger le dossier, vous vous perdez en arguties sur la fidélité à l’esprit du projet. Lancez le dé

Le dossier fait 50 pages et ressemble à une dissertation de philo. Vous n’avez

Lundi matin 8 h pile d’un bond, décroche téléphone et passez à la volée à 3 pr potentiels. Personne dans les bureaux directement sur eu temps de vous parl Relancez

Relance téléphoni 57 refus d’affilé du rouleau, vous app Raymond Barre sur u en prenant un acce totalement ridicule. n’est pas là ce c’est le directeur q Avancez éta

en répétant à qui ve que tout le monde est de peau avec c

É TA PE

9

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Le projet a grande l’environneme est inexistan


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france distraction Belinda Annaloro, Antoine Defoort, Julien Fournet, Halory Goerger, Sébastien Vial Installation vivante, 2012

France Distraction : une grande installation vivante qui tient autant de la kermesse expérimentale que du pot de départ dans les bureaux d’une PME. France Distraction s’articule autour de quatre modules : les thermes, une piscine à balles consacrée à la philosophie stoïcienne, l’open space, des bureaux animés par un cycle d’événements sonores et visuels, la salle du discours, un karaoké politique/poétique et coco-bar, un lieu de convivialité étrange entre cafétéria d’entreprise et stand forain. Le public peut déambuler librement dans cet espace en dégénérescence, et profiter des activations qui y sont périodiquement proposées : certaines se déroulent en boucle et sans interruption, d’autres ont lieu à intervalle régulier. Un philosophe vient donner quelques clefs autour de la philosophie stoïcienne, des comédiens se relaient pour prononcer un discours que l’on écoute assis dans une sculpture faite de châteaux gonflables, des musiciens interprètent Vivaldi en live, qu’on peut écouter via les téléphones de l’open space...

Conception Belinda Annaloro, Antoine Defoort, Julien Fournet, Halory Goerger et Sébastien Vial Régie Sébastien Bausseron et Émilie Godreuil Photos collectif AAA, Sarah d’Haeyer

Texte discours de politique générale : Anna Czapski Assistants Andrés Costa, Élise Simonet Coproduction Le CENTQUATRE – Paris / Le Vivat, Scène conventionnée danse et théâtre – Armentières / Buda kunstencentrum – Courtrai /

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Programme européen APAP / Performing Europe (DGEAC Programme Culture) / Le Musée de la Danse, Centre Chorégraphique National de Rennes et de Bretagne – Rennes / TNB - Théâtre National de Bretagne – Rennes Partenaire la malterie – Lille Remerciements Maryline Grimmer, Amélie Boissel, la malterie, et tous les participants des deux premières éditions


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germinal HALORY GOERGER & ANTOINE DEFOORT Spectacle, 2012 Durée : 1 h 20

Si on avait la possibilité de repartir de zéro, à l’intérieur de huit mètres par dix, on ferait comment ? Germinal met en scène quatre individus qui envisagent le plateau de théâtre comme un espace vierge dans lequel tout est à faire. De cet espace, ils font émerger un système. En étant candide, on dirait : un monde. L’observer se déployer nous donne l’occasion de voir se construire une nouvelle histoire du langage, des techniques et des structures sociétales. Dans Germinal, on est témoins de la naissance d’une civilisation, dont le territoire est le plateau de théâtre, et dont les habitants sont des comédiens. La pièce est aussi, à cet égard, une histoire du théâtre, qui part de la pantomime pour explorer de nombreux registres d’expression archaïques. On tente d’y comprendre si la stabilité quantique, ça vaut vraiment la peine, on réinvente le langage, on range le monde selon de nouvelles catégories. On casse tout mais avec solennité, application et bonhomie. Conception  Halory Goerger et Antoine Defoort Interprétation Arnaud Boulogne, Ondine Cloez / Beatriz Setien (en alternance), Antoine Defoort et Halory Goerger Direction technique, régie plateau Maël Teillant Lumière, vidéo Sébastien Bausseron Son, plateau Robin Mignot Consultante lumière Annie Leuridan

Constructeurs Christian Allamano, Cédric Ravier et Danny Vandeput (Kunstenfestivaldesarts)

Assistante de production et téléconseillère Mathilde Maillard

Le phénix scène nationale Valenciennes / le manège. Mons / CECN  – Mons / Beursschouwburg  – Bruxelles / Alkantara festival / Le Théâtre National de Bordeaux /  Le Théâtre de la Manufacture – CDN Nancy Lorraine / Festival Baltoscandal / Noorderzon, Groningen / Rotterdamse Schouwburg / NXTSTP, avec le soutien du Programme Culture de l’Union Européenne

Coproduction La Biennale de la Danse de Lyon / Les Subsistances – Lyon / Kunstenfestivaldesarts – Bruxelles / Buda kunstencentrum – Courtrai / Vooruit – Gand / Le Vivat, Scène conventionnée danse et théâtre – Armentières /

Soutien Conseil Régional Nord-Pas-deCalais / Ministère de la Culture et de la Communication (DRAC Nord-Pas-de-Calais) / Ville de Lille / Programme européen APAP / Performing Europe (DGEAC - Programme Culture)

Directeur de production, regard extérieur Julien Fournet

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un faible degré d’originalité ANTOINE DEFOORT Performance, 2012-… Durée : 1h

Un faible degré d’originalité est une causerie portant sur le sujet épineux de la propriété intellectuelle dans le domaine de la création artistique. Elle est élaborée en déployant des efforts de rigueur et de documentation, tempérés par quelques digressions thématiques qui évoqueront davantage un dimanche après-midi entre amis qu’un cours de droit.

Réfléchit, fait des schémas et parle aux gens Antoine Defoort Alimente la réflexion et met en perspective Julien Fournet Anticipe et résout les problèmes techniques Robin Mignot Coordonne les choses

et dispense des conseils Mathilde Maillard Fait les fiches de paie, les contrats et bien d’autres choses Sarah Calvez A pris une photo Belinda Annaloro A fait du consulting python Olivier Demarto 50

Production L’Amicale de production Coproduction en cours Le Vivat, Scène conventionnée danse et théâtre – Armentières / Le Centre National de la Danse – Paris / Buda Kunstencentrum – Courtrai / Bit Teatergarasjen – Bergen


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collectif jambe

ANTOINE DEFOORT, JULIEN FOURNET, SÉBASTIEN VIAL Installation, conférence, 2013-2015 Collectif jambe réunit un cercle de ludophiles qui explore de façon joviale et désordonnée de nouveaux terrains de jeux. Le loup-métro, Dents yeah, la boulasse, le jeu de l’ascenseur, le jeu de Georges Delerue, le fameux jeu du tennis avec la joue, le bon vieux tape tape main, le jeu du marin, Poï poï ou la pénitence du tronc par exemple sont présentés dans deux dispositifs autonomes ou complémentaires : « Le ludodrome », une installation qui prend la forme d’un terrain de jeux avec règles intégrées à jouer plus tard ou sur-le-champ au cours d’activations ponctuelles. « Il y a des règles », une conférence irrégulière sur des jeux inventés, donnée selon l’humeur avec force démonstration ou explicitation minutieuse des enjeux.

Conception et réalisation Antoine Defoort, Julien Fournet, Sébastien Vial

Coproduction en cours L’Entorse – Lille

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postface


soudaineté des découvertes et simplicité des moyens ou Defoort / Fournet / Goerger font du théâtre

par Romaric Daurier

Théâtre de variétés 12 janvier 1910, Teatro Rossetti à Trieste : Boccioni, Russolo, Severini et Marinetti organisent la première soirée futuriste. Plasticiens à l’origine, ils deviennent performers pour que l’auditoire prenne note directement de leurs idées : « Le geste que nous voulons reproduire sur la toile ne sera plus un instant fixé du dynamisme universel. Ce sera simplement la sensation dynamique elle-même1 ». Le mouvement futuriste naissant admire avant toute chose le théâtre de variétés : un mélange de cinéma, d’acrobaties, de chansons, de danse, de numéros de clowns et de « toute la gamme des imbécilités, des sottises, des absurdités qui repoussent insensiblement l’intelligence à la limite même de la folie 2 ». Il serait périlleux de dire que le travail de Defoort/Fournet/Goerger naît de nulle part. Certes, il ne naît pas dans l’orthodoxie d’une certaine tradition théâtrale, retravaillée par un siècle d’ajouts et de filiations, où priment le texte, la mise en scène et la réussite du signifiant.

1. M anifeste des Peintres futuristes, 11 avril 1910, cit. in Giovanni Lista, Futurisme. Manifestes, proclamations, documents, Lausanne, L’Âge d’homme, 1973, p. 163. 2. M anifeste du théâtre de variétés, 1913, cit. in RoseLee Goldberg, La Performance, du futurisme à nos jours, trad. de l’américain par Christian-Martin Diebold, Paris, Thames & Hudson, 2001, p. 17.

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Les placer dans un hors théâtre, ce serait restreindre le champ de l’histoire des arts de la scène en oubliant Jarry, Dada, les futuristes, la poésie sonore, le cirque, Grand Magasin… Ce serait oublier la magnifique histoire d’un art de l’échec et de l’expérimentation, constitutive du théâtre depuis la fin du XIX e siècle… L’histoire des arts se réinvente avec les formes accueillies en son sein, se réécrit dans le monde clos aux combinaisons infinies d’un héritage culturel mis à plat par l’âge postmoderne dans lequel nous flottons avec Louis Marin : « Il se trouve en effet que, loin de céder aux vertiges de la théorie, de jouer ou de rejouer abstraitement l’instance fondatrice de l’œuvre d’art dans sa pure virtualité critique, d’autres ont choisi la voie empirique, celle de l’expérience, ou mieux encore de l’expérimentation3 ». Alors oui, Defoort/Fournet/Goerger font du théâtre, tentent de faire encore du théâtre. Leur tentative est celle d’une redistribution de différents héritages, d’une manière décomplexée et joyeuse. Plasticiens eux aussi à l’origine, ils s’intéressent à un art qui doit « inventer sans cesse de nouveaux éléments d’étonnement» avec comme mots d’ordre «la soudaineté des découvertes et la simplicité des moyens4 ».

Pensionnat Defoort/Fournet/Goerger ont commencé à produire leurs premiers travaux au début des années 2000, au lendemain d’une formidable décennie de brassage des arts, des formes et des héritages initiée par la danse. Alain Buffard, Christian Rizzo, Boris Charmatz, Fanny de Chaillé, Rachid Ouramdane réinventent une danse d’auteur, qui va chercher différentes sources exogènes à la seule discipline chorégraphique, pour repousser les limites d’un corps culturellement contraint au seul danseur... Le son, la lumière, l’activisme politique, le vêtement, la scénographie, le storytelling, la réception des publics et leurs dispositifs, et parfois même la production en tant que telle, deviennent des extensions du domaine du corps. C’est dans cette lignée que s’incrit le travail de Defoort/Fournet/Goerger, grâce à l’initiative et au flair d’Éliane Dheygere, directrice du Vivat à Armentières, qui a accompagné trois décennies de création chorégraphique en France. C’est ici que les trois plasticiens se feront offrir l’espace de la scène, dans une première confrontation avec un public, dans une

3. Louis Marin, Jean-Charles Blais : du figurable en peinture, Paris, Blusson, 1989, p.11. 4. Manifeste du théâtre de variétés, 1913, op. cit.

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première résidence qui interroge la nature même de son déroulé, de sa légitimité en se positionnant contre, pour déjouer l’attente spectaculaire comme cela est raconté dans France Distraction contre la commission de sécurité (2008). Une limite de légitimité que souligne le sentiment de ne pas être du « métier », agent exogène agitateur : « On pourrait résumer cette crise empathique à la formule “il va tuer le métier avec ses conneries”. Si j’étais boulanger, je serais de ceux qui entrent chez les collègues en disant d’une voix énorme “et tu appelleu ça du paing ?”. Et on se foutrait sur la gueule aimablement. Et on en ressortirait meurtris, mais dignes5. » Il faudrait mentionner ici l’importance dans leur travail de nouveaux protocoles en amont de la production. Contre le système de productivité à marche forcée, ces structures sont suffisamment rares en Europe pour souligner leur importance. En effet leur démarche a été abritée par L’L - lieu de recherche à Bruxelles dirigé par Michèle Braconnier, permettant de multiplier les essais à l’abri de regards funestes, revendiquant une nonobligation de résultat et illustrant cette devise Shadok : « plus ça rate, plus on a de chances que ça marche. » Il faut donc aller chercher ailleurs, toujours à l’extérieur des attendus clivants, une démarche s’annonçant, dans sa définition même, comme exogène. Tentative réalisée depuis les années 1960 par la performance.

Performance La performance trouve son origine dans les arts visuels, comme technique permissive, flexible, ouverte, engagée par des artistes désireux d’outrepasser les limitations de formes d’art plus établies et résolus à soumettre leurs œuvres directement au public. Une autre caractéristique de la performance est d’être interprétée par les artistes eux-mêmes. On trouve Defoort/Fournet/Goerger sur le plateau, se démêlant avec les intentions de mise en scène devant nos yeux et en direct. Posture risquée mais constitutive de leur démarche : tout peut arriver tout le temps. Dans Cheval, les spectateurs se voient distribuer à l’entrée de la salle des bouchons d’oreilles en cas de dépassement de volume sonore, au cas où… C’est dans ce risque assumé, dans cette perte de contrôle, dans cette attitude résolument punk que le spectacle sera au-delà de lui-même pour devenir

5. H alory Goerger, France Distraction contre les programmateurs, 2008, publication internet, blog du TNT- Manufacture de Chaussures (Bordeaux).

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autre chose. Dans &, opus sur la science-fiction, les dispositifs scéniques (plantes musicales, caméras en prise directe, baudruche cornemuse) peuvent fonctionner ou pas. La performance est un moyen d’interroger le théâtre, de le questionner, de le maltraiter pour secouer ce qu’il en reste. Alors oui, cela peut rater, et chez Defoort/Fournet/Goerger, c’est tant mieux. Ce que l’on nomme performance fait appel librement à de nombreuses disciplines et techniques : nous trouvons chez Defoort/Fournet/Goerger chant, vidéo, musique, informatique, texte, football, tennis… Une profusion de médias et savoir-faire qui marquent une singularité forte de leur travail : l’intégration de formes de sous-culture, de mouvements underground, de geek-culture… Dans Cheval, le commentaire sportif côtoie Haendel, la flûte à bec Mickael Jackson. Dans &, Robocop se marie à l’art minimal, le fin’amor du chant médiéval flirte avec Star Trek… L’effet premier de ce savant mélange de registres opposés est le burlesque, provoquant des fous rires dans le public, s’attachant au grotesque avec finesse.

Idiotie Au-delà du comique, une forme de récit s’agence dans la monstruosité hétéroclite de ce patchwork de références culturelles. Ce qui nous est raconté, c’est l’histoire de la mise à plat dans l’ici et maintenant de la société de l’information, de toute forme de savoir, d’art et de savoir-faire… Ce qui se crée sous nos yeux, c’est la tentative critique de mettre en spectacle toute narration, sans a priori de valeur ou de jugement esthétique. Un art de l’idiotie au sens où l’entend Jean-Yves Jouannais, une capacité à rester au même endroit et à répéter la même chose, tout en étant traversé du déluge de références culturelles. Le trio est d’ailleurs fasciné par la tautologie, la répétition du même et des variations violentes de remplacement d’une chose par une autre, à l’exemple de la litanie sur le yaourt de Cheval. Idiots consentants d’un village utopique, Defoort / Fournet / Goerger inventent cet endroit, la scène, comme un poste d’observation alpin et isolé où arrivent en vrac Shakespeare, les lolcats, une raquette de ping-pong et le dernier livre de Jacques Rancière…

Langage Nous sommes face aux spectacles de Defoort/Fournet/Goerger comme face au web : un réseau tissé de références – de référencements – où tout peut être lié sans hiérarchie, où Stendhal amène sur le site d’un alcool de moines… 61


Dans Métrage variable, Halory Goerger s’appuie sur les ressorts du storytelling pour conter cinq histoires différentes à partir d’une situation scénique identique. Une photo de maison devient successivement un asile psychatrique, la demeure d’une cantatrice ou un palais… Le langage devient la capacité de qualifier le contenu culturel, sa valeur, son héritage et l’esthétique de sa réception par le public. Cette primauté du langage oral, de l’énoncé, rapproche leur démarche de l’art conceptuel, où le mot est la chose. Mais la situation théâtrale permet d’approcher une dramaturgie de ces contenus culturels, en construisant une syntaxe singulière et inédite, en mettant en tension les signifiants variés que sont œuvres plastiques, contenus culturels, lumière, son et mouvement. « On a beau dire ce qu’on voit, ce qu’on voit ne loge jamais dans ce qu’on dit, et on a beau faire voir, par des images, des métaphores, des comparaisons, ce qu’on est en train de dire, le lieu où elles resplendissent n’est pas celui que déploient les yeux, mais celui que définissent les successions de la syntaxe6. »

Production La tentative scénique du trio est bien celle de réagencer différents récits face au poids écrasant des narrations contemporaines des industries culturelles analysées par Bernard Stiegler. Il s’agit bien de théâtre dans la capacité à retrouver du jeu dans ces formes de récits cadenassées sous une apparence de foisonnement. Il s’agit de théâtre pour remettre du jeu – créer de l’espace vacant – entre les contenus fermés générés par une société où la culture – entendue dans son sens large – est bien le premier mode de domination, de marketing et de consommation. Face à cette culture d’entreprise, le trio a décidé de créer une entreprise de la culture pour remonter la chaîne des signifiants de la production de leurs œuvres en créant L’Amicale de production, structure administrative où toute notion est interrogée, jusqu’à la qualification et la gestion des droits d’auteurs. Ce thème est au centre de la dernière performance d’Antoine Defoort dans Un faible degré d’originalité. Livré avec cet ouvrage, Le jeu de l’oie du spectacle vivant s’empare aussi des processus de création en regard des processus de production, de l’horizon d’attente des publics et des professionnels ainsi que de l’économie sociale. Dans Con forts fleuve, Boris Charmatz avait divisé le plateau et la salle en deux, mettant les spectateurs et les danseurs de chaque côté. Il s’empare

6. Michel Foucault, Les Mots et les choses, Paris, Gallimard, 1966, p. 25.

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ainsi de l’économie de la situation de représentation pour en changer le mode et le rendre signifiant. Cette volonté de contextualiser la création dans ses propres modes de production, dans son esthétique relationnelle, est au cœur de la démarche de Defoort/Fournet/Goerger. Comme Dada en son temps, le trio tente l’invention de nouvelles situations, avec la force d’avoir esquissé un lieu utopique qui fixe l’horizon de leur démarche.

Remerciements à Bertille Coudevylle pour sa relecture.

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l’amicale de production Coopérative de projets vivants L’Amicale est une expérience coopérative qui répond à des questionnements esthétiques, technologiques et économiques liés aux nouvelles écritures de la scène. Nous développons une réflexion autour de la production de formes hybrides (du spectacle à la sucette géante). L’Amicale édite des formes transversales, entre spectacle vivant et arts visuels. L’Amicale a été créée en 2010 par Antoine Defoort, Julien Fournet et Halory Goerger. Elle est basée à Lille et à Bruxelles.


acteurs & participants L’Amicale se définit comme une plate-forme collaborative : chacun participe à son niveau et selon sa disponibilité au développement technique, administratif ou artistique du projet.

Belinda Annaloro Installation, scénographie, vidéo, interprétation Sébastien Bausseron Lumière, vidéo, régie générale Arnaud Boulogne Interprétation François Breux Son, plateau, construction, électronique Sarah Calvez Administration, comptabilité, vie associative, production, logistique Ondine Cloez Interprétation Antoine Defoort Mise en scène, interprétation, scénographie, installation, vidéo, programmation, édition, coordination artistique Julien Fournet Direction, production, scénographie, lumière, installation, édition, interprétation, coordination artistique Émilie Godreuil Assistance, régie générale, production, plateau Halory Goerger Mise en scène, interprétation, écriture, installation, vidéo, communication, édition, coordination artistique Mathilde Maillard Coordination, diffusion, logistique, communication, production, interprétation Robin Mignot Son, plateau, régie générale 66


Jean-François Philips Lumière, régie générale Maël Teillant Direction technique, production, plateau, lumière, régie numérique Sébastien Vial Installation, scénographie, construction, interprétation Arnaud Willez Consultation comptable Joëlle Reyns (lumière), Alice Dussart (lumière, plateau), Annie Leuridan (consultante lumière), Thomas Leblanc (régie générale) et Aurélie Brousse (consultante) ont aussi participé ponctuellement au développement des activités.

Les membres du conseil d’administration Tom Bonte Conseiller Romaric Daurier Conseiller Éliane Dheygere Conseillère Matthieu Goeury Président Rémi Laidebeur Trésorier Karlien Vanhoonacker Conseillère 67


lieux amicaux Le Vivat à Armentières (France)

Soutient L’Amicale de production depuis de nombreuses années et Antoine Defoort depuis plus de sept ans. Scène conventionnée danse et théâtre, le Vivat met en avant l’accompagnement des artistes et des publics : elle soutient les jeunes artistes tout en permettant à un large public d’avoir accès aux créations, notamment par le biais de collaborations avec de nombreuses structures sociales et culturelles d’insertion ou de soin. Danse, théâtre et spectacles pluridisciplinaires sont au cœur de la programmation. Le Vivat propose également des rencontres avec les artistes, des débats, des stages ou encore la visite du théâtre. Sans oublier l’incontournable festival Vivat la danse ! qui a fêté ses 16 ans en 2013.

Le phénix à Valenciennes (France)

A démarré une association avec L’Amicale de production en 2013. Le phénix scène nationale Valenciennes, dirigé par Romaric Daurier depuis 2009, accueille une programmation pluridisciplinaire et met en place chaque saison les Cabarets de Curiosités, un temps fort autour de l’émergence et de l’inédit. Autre élément essentiel du projet, les ateliers nomades accueillent chaque année de nombreux amateurs dans des actions participatives en lien direct avec les artistes.

La malterie à Lille (France)

Accueille et accompagne L’Amicale de production depuis le début. Lieu d’expérimentation artistique dans le domaine des arts visuels et des musiques actuelles de création, centré sur la présence de l’artiste au cœur des projets, des expériences et du territoire, la malterie est ouverte à de multiples propositions artistiques et permet les rencontres : entre les artistes, entre les disciplines, avec les publics (passionnés, curieux ou non-initiés), entre l’artiste en phase de création et son espace physique et social, entre les professionnels du secteur et les formes émergentes. 68


L’L – Lieu de recherche et d’accompagnement pour la jeune création à Bruxelles (Belgique) A rencontré Antoine Defoort sur un quai de gare bruxellois en mai 2005.

L’L n’est pas un théâtre, mais un lieu de recherche. Autrement dit, son enjeu premier n’est pas la présentation/production de spectacles mais d’offrir un accompagnement, du temps de réflexion et des espaces de travail à de jeunes artistes en arts de la scène, afin de leur permettre de creuser des axes de recherche contemporains et singuliers, d’approfondir leurs connaissances et de renforcer leur langage propre. Tout en veillant à respecter l’intégrité des artistes en recherche, ce processus est stimulé, entre autres, par le développement de dialogues tangibles sur des questions artistiques/dramaturgiques et par l’intervention de « mentors » (artistes plus expérimentés). De cette manière, L’L souhaite mettre en question les stratégies de fonctionnement des processus de création actuels et proposer des possibilités d’exploration libres et dégagées de toute obligation de résultat. Entre Antoine Defoort et L’L, une longue histoire d’accompagnement et de recherche a débuté en 2005 et s’est officiellement achevée en 2012 au cours du VRAK N°3, avec la présentation de la version installation du Jeu de l’oie. Tout au long de ce fructueux parcours, quatre projets sont nés ou ont été peaufinés à L’L : Indigence = Elégance ; Cheval ; &&&&& & &&& et &.

Le CENTQUATRE à Paris (France) Est associé à L’Amicale de production depuis 2010.

Espace de programmation et de création, d’expériences et d’innovations, perméable aux vibrations du monde contemporain, le CENTQUATRE est un véritable lieu de vie et de convivialité pour les artistes et les publics. Ouvert aux foisonnantes pratiques artistiques et culturelles d’aujourd’hui, ainsi qu’aux expressions spontanées, le CENTQUATRE suit une ligne éditoriale très large et s’intéresse à toutes les disciplines artistiques, sans hiérarchie de genres : théâtre, danse, musique, cinéma, vidéo, mais aussi arts culinaires, numériques et urbains… Accompagnateur de projets, le lieu s’ouvre à de multiples formes d’associations. Son programme de « platesformes collaboratives » se traduit avant tout par la présence d’artistes en résidence tout au long de l’année (parmi ceux-ci, une dizaine sont actuellement associés à l’établissement). 69


Le Beursschouwburg à Bruxelles (Belgique) A démarré une association avec L’Amicale de production en 2013.

Le Beursschouwburg est un centre d’art multidisciplinaire dans le centre de Bruxelles. Une plate-forme d’inspiration pour les arts : ici les artistes réfléchissent, exposent, éliminent et recommencent le tout en dialogue constant avec des Bruxellois créatifs et pensants. Un foyer créatif, où l’art est un plat qui est servi quand il est encore chaud. Un lieu qui permet ici et là aux artistes d’intervenir dans la programmation. Où il y a plus dans la vie que l’art. Où le jeu, la fête, la rencontre et la folie dansent tous ensemble.

APAP / Performing Europe & Budakunstencentrum à Courtrai (Belgique) Antoine Defoort, Julien Fournet et Halory Gerger sont associés au réseau APAP depuis 2011.

APAP est un réseau européen qui regroupe huit centres d’arts, dont Budakunstencentrum à Courtrai, et une vingtaine d’artistes. Les partenaires du réseau s’engagent à supporter la création de ces artistes sur une période de cinq ans. Au cours de cette période sont organisés des résidences, des coproductions, des présentations, des transferts de connaissances et des workshops autour de thématiques spécifiques liées au champ des arts de la scène en Europe. Le centre d’art BUDA développe plusieurs activités en différents lieux de Courtrai : un cinéma alternatif, des espaces de résidence où se croisent chaque année quelque 450 artistes et de façon ponctuelle, une plateforme de présentation pour jeunes artistes de la scène contemporaine. BUDA cherche à supporter la création contemporaine en engageant un dialogue constant avec les artistes afin de définir leurs besoins spécifiques ; de la recherche à la présentation en passant par la production.

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biographies Antoine Defoort Je cherche à maintenir une bonne ambiance et un taux de porosité élevé entre mes lubies de saison, la vie, la vraie, et l’art contemporain. Je me retrouve donc souvent aux prises avec des contradictions flagrantes qui sont soit fièrement assumées, soit honteusement dissimulées au moyen de sauts du coq à l’âne et de digressions sauvages. Les ratés et les accidents sont accueillis à bras ouverts et forment une granularité croustillante particulièrement appréciée des connaisseurs. Et puis comme disent si bien les Néérlandais, « Antoine Defoort springt van de hak op de tak en maakt als humoristiche beeldenstormer de gekste zijsprongen ».

Julien Fournet Vit sur-le-champ entre Lille et Bruxelles. Diplômé en bricolage culturel. Monte et démonte les ressorts des productions artistiques. Très concentré un peu maniaque. À l’origine, une formation en philosophie qui s’incarne dans le développement de projets artistiques singuliers en tant que scénographe, vidéaste, assistant ou tennis-partner. Dirige très sérieusement L’Amicale de production (coopérative administrative, lieu de rencontres, d’édition et de développement de projets). Par ailleurs, organise des événements avec le cinéma et les arts performatifs et appartient au collectif France Distraction (installations plastiques).

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Halory Goerger Je conçois des spectacles et des installations au lieu de construire des maisons ou de réparer des animaux, parce que c’est mieux comme ça pour tout le monde. Je travaille sur l’histoire des idées, parce que tout était déjà pris quand je suis arrivé. Je construis des systèmes spectaculaires en vase clos, qui sont autant de petites maisons Bouygues dans lesquelles je ne voudrais pas vivre, sauf s’il y avait le feu dedans. Le discours y tient lieu de ciment, pour faire tenir une forme qui se construit en direct et se consume le temps de la représentation. Dans chacune de mes opérations, l’indigence absolue flirte avec la rigueur formelle, dans un rapport détendu aux pratiques artistiques et avec le souci d’en sortir vivant.

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france distraction France Distraction est composé de Belinda Annaloro, Antoine Defoort, Julien Fournet, Halory Goerger et Sébastien Vial.

Belinda Annaloro Attentive à tous les détails du quotidien, Belinda Annaloro gratte les couches du réel et entrouvre les portes d’un nouveau monde sensible. Elle collecte dans sa vie les ingrédients pour créer des livres, des spectacles visuels, des performances sonores, des dessins animés, des installations vivantes ou encore des installations audioguidées. Les spectateurs sont propulsés dans des espaces où le géant côtoie le miniature, où les aspects les plus insignifiants de la vie revêtent des habits magiques. Nous avons accès à une réalité autre, augmentée, riche de couleurs et de motifs.

Sébastien Vial Dans le peintre Sébastien Vial cohabitent un paysagiste un peu vieille France qui lave ses pinceaux tous les soirs, un dandy de la postabstraction qui n’a pas peur du rose et des coulures, une brute épaisse avec un permis de peindre dont tous les points ont sauté et un figuratif mélancolique qui peint des hommes qui nous ressemblent mais qui foutent les jetons.

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contributeurs Ont participé à la rédaction de cet ouvrage :

Romaric Daurier Romaric Daurier est directeur du phénix scène nationale Valenciennes depuis 2009, où il développe un projet fondé sur l’ouverture et l’innovation. Après des études littéraires et une activité critique, il devient directeur et commissaire d’exposition pour l’Espace Gantner en 1999, puis secrétaire général de la Maison de la Culture de Grenoble en 2002 et de Bonlieu – scène nationale d’Annecy en 2004. S’intéressant particulièrement à l’économie et à la gestion des organisations, il est titulaire d’un Executive MBA de Sup de Co Lyon.

GRAND MAGASIN « Depuis 1982 (avènement de GRAND MAGASIN) nous prétendons, en dépit et grâce à une méconnaissance quasi-totale du théâtre, de la danse et de la musique, réaliser les spectacles auxquels nous rêverions d’assister. À cet égard, ils sont très réussis et nous émeuvent. Notre ambition consiste à croire possible que d’autres partagent cet enthousiasme.» GRAND MAGASIN a été fondé par Pascale Murtin & François Hiffler. Sous ce nom ils ont conçu ensemble une trentaine de pièces, numéros et performances, s’adjoignant à l’occasion les services de leurs amis (dont Bettina Atala de 2001 à 2010). Conférences en auditorium, interventions en décor naturel, démonstrations dans une galerie d’art ou déploiements sur une scène de théâtre, il s’agit dans tous les cas de GRAND SPECTACLE.

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L’Amicale de production est associée au phénix scène nationale Valenciennes et au Beursschouwburg à Bruxelles pour une résidence jumelée transfrontalière et interdisciplinaire. Antoine Defoort est artiste associé au Vivat, Scène conventionnée danse et théâtre d’Armentières et L’Amicale de production est accueillie en résidence à l’année à la Maison des artistes. Antoine Defoort, Julien Fournet et Halory Goerger sont artistes associés au CENTQUATRE-PARIS. Antoine Defoort, Julien Fournet et Halory Goerger font partie du programme européen APAP (DGEAC – programme culture). L’Amicale de production bénéficie du soutien du ministère de la Culture et de la Communication (DRAC Nord-Pas-de-Calais), du Conseil Régional du Nord-Pasde-Calais et de la Ville de Lille.

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Le Centre Pompidou-Metz est la première décentralisation d’un établissement public culturel national, le Centre Pompidou, réalisée en partenariat avec une collectivité territoriale, la Communauté d’agglomération de Metz Métropole. La maîtrise d’ouvrage a été assurée par Metz Métropole, principal financeur de l’équipement, associé à la Ville de Metz (mandataire) et au Centre Pompidou. La construction du Centre Pompidou-Metz a également bénéficié du soutien financier du Conseil général de la Moselle, du Conseil régional de Lorraine, de l’État et de l’Union européenne (Fonds européen de développement régional, Feder). Le Centre Pompidou-Metz est un établissement public de coopération culturelle, dont les membres fondateurs sont l’État, le Centre Pompidou, la Région Lorraine, la Communauté d’agglomération de Metz Métropole et la Ville de Metz.

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CENTRE POMPIDOU-METZ Président Alain Seban Vice-président Jean-Luc Bohl Direction Laurent Le Bon Responsable du pôle Programmation Hélène Guenin Chargée de programmation Auditorium Wendel et Studio Géraldine Celli Chargée de production pour le spectacle vivant Marie Pessiot Régisseur spectacle vivant Thibault Leblanc


OUVRAGE Directeur de collection Matthieu Goeury Édition Clarisse Bardiot Claire Bonnevie Secrétariat de rédaction Chloé Andries Conception graphique Thomas Bizzarri pour la collection Les Designers Anonymes pour le présent ouvrage Production Julien Fournet Administration Sarah Calvez Crédits photographiques Livret L’Amicale de production Reinout-Hiel (p. 13), Halory Goerger (p. 14-15, p. 32), Antoine Defoort (p. 17), Renaud Laithienne (p. 19), Guillaume Schmitt (p. 24-25), L’Amicale de production (p. 43 haut), Olimpio Mazzorana (p. 20-21), Julien Fournet (p. 25, p. 26-27, p. 28-29, p. 31, p. 35, p. 36-37, p. 45), Claudia Petagna (p. 39), Amélie Boissel (p. 40-41, p. 42, p. 43 bas), Alain Rico (p. 46-47, p. 48-49), Belinda Annaloro (p. 51), Jambes (p. 53-55).

Livret Message du futur du passé Illustrations d’Antoine Defoort et Halory Goerger, photographie de Julien Fournet (p.17). Cet ouvrage, quatrième titre de la collection « Instantanés », est publié à l’occasion de la programmation « Instantané Antoine Defoort /  Halory Goerger / Julien Fournet » (1er - 7 décembre 2011) initiée par le Centre Pompidou-Metz, en coproduction avec l’Espace Bernard-Marie Koltès – Théâtre universitaire du Saulcy et en partenariat avec l’École supérieure d’art de Lorraine à Metz et l’École supérieure d’art à Nancy. Exhibition des rouages et logistique de la monstration Antoine Defoort, Julien Fournet et Halory Goerger © Éditions du Centre PompidouMetz, 2013 © L’Amicale de production, 2013 Avec le soutien du phénix scène nationale Valenciennes et de L’L – Lieu de recherche et d’accompagnement pour la jeune création (Bruxelles). ISBN : 978-2-35983-013-2 ISSN : 2116-4134 Imprimé en Belgique Achevé d’imprimer en juillet 2013 sous les presses d’Impresor-Ariane, Bruxelles Dépôt légal : juillet 2013

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