2666 La revue de presse

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REVUE DE PRESSE

2666 de Roberto Bolaño adaptation et mise en scène Julien Gosselin Si vous pouviez lécher mon cœur Julien Gosselin et Si vous pouviez lécher mon cœur sont artistes associés au phénix scène nationale Valenciennes, en résidence à Valenciennes, au Théâtre National de Toulouse Midi-Pyrénées et au Théâtre National de Strasbourg.

résidence au phénix scène nationale Valenciennes du 4 au 23 janvier 2016 et du 16 mai au 25 juin 2016 création les 18 et 25 juin 2016 à 13h au phénix scène nationale pôle européen de création relations presse nationale : Myra Rémi Fort, Yannick Dufour, Alexandre Minel myra@myra.fr 01 40 33 79 13 relations presse régionale : Hugo Dewasmes Hugo Dewasmes dewasmes@lephenix.fr 03 27 32 32 21



AVANT LA CRÉATION AU PHÉNIX journalistes ayant rencontré Julien Gosselin avant la création de 2666 Anne DIATKINE, Libération Brigitte SALINO, Le Monde

journalistes venus pendant les répétitions de 2666 Fabienne ARVERS, Les Inrocks Emmanuelle BOUCHEZ, Télérama Joëlle GAYOT, Une Saison au théâtre – France Culture Nedjma VAN EGMOND, Le Parisien magazine

journalistes venus aux représentations de 2666 Jean-Christophe BRIANCHON, I/O Gazette Gilles COSTAZ, Politis, Le Masque et la plume – France Inter Victor DEKYVÈRE, Le Journal de la culture - France Culture Armelle HÉLIOT, Le Figaro, Le Masque et la plume – France Inter Vincent JOSSE, Le Masque et la plume – France Inter Lionel JULLIEN, Arte Charlotte LIPINSKA, Marie-Claire, Le Masque et la plume – France Inter Jacques NERSON, L’Obs, Le Masque et la plume – France Inter Réné SOLIS, Délibéré Jean-Marie WYNANTS, Le Soir


RADIOS


BILAN AUDIOVISUEL France Culture – Une Saison au théâtre Julien Gosselin est l’invité de Joëlle Gayot. Diffusion dimanche 12 juin 2016.

France Culture – La Dispute Coup de fil d’Arnaud Laporte à Romaric Daurier. Diffusion lundi 20 juin 2016.

France Culture – Le Journal de la culture Victor Dekyvère chronique 2666, la création de Julien Gosselin. Diffusion vendredi 8 juillet 2016.

France Inter – Le Masque et la plume Gilles Costaz, Armelle Héliot, Vincent Josse, Charlotte Lipinska et Jacques Nerson critiquent 2666 de Julien Gosselin. Diffusion dimanche 10 juillet 2016.


France Culture – Le Masque et la Plume / Dimanche 10 juillet 2016


France Culture – Le Journal de la culture / Vendredi 8 juillet 2016


France culture / Lundi 20 juin 2016


France culture / Dimanche 12 juin 2016



QUOTIDIENS


Le Figaro / Lundi 4 juillet 2016


LibĂŠration / Mercredi 6 juillet 2016



HEBDOMADAIRES


Politis / Jeudi 7 juillet 2016


Le Parisien Magazine / Vendredi 1er juillet 2016






Télérama / Mercredi 29 juin 2016





Les Inrocks / Mercredi 22 juin 2016


MENSUEL


ThÊâtral Magazine / Mai 2016



WEB


Délibéré.fr / Samedi 9 juillet 2016



MĂŠdiapart.fr / Samedi 9 juillet 2016




TV5 Monde.com / Vendredi 8 juillet 2016



Le Point.fr / Vendredi 8 juillet 2016



Le Parisien.fr / Vendredi 8 juillet 2016



La Croix.com / Vendredi 8 juillet 2016



L’Express.fr / Vendredi 8 juillet 2016



Les Inrocks.com / Mardi 14 juin 2016



PRESENCES PRESSE 2666 NOM

PRENOM

MEDIA

ANGOT BEAUVALLET BOUCHEZ CHEVILLEY CIACCAFAVA COIGNAC DARGE DAVID DESJOBERT DION EDELMAN ENJALBERT FABRE FRANCK-DUMAS FRANCQ GHALI GUILLOT HAN HERNANDEZ LALANNE LE ROY LE TANNEUR MEREUZE PASCAUD PILAUDEAU PONS PORQUET QUIROT ROTH SALINO SERVIN SIRACH SORIN SOURD TAPPOLET TION VOLLE

PRESSE ECRITE NATIONALE Christine REVUE JEU Eve LIBERATION Emmannuelle TELERAMA Philippe LES ECHOS Sophie LES INROCKUPTIBLES Anais LA SCENE Fabienne LE MONDE Gwénola LA TERRASSE Charles LA VIE Jack MARIANNE Frédéric LE MONDE Cédric PHILOSOPHIE MAGAZINE Clarisse LE MONDE Elisabeth LIBERATION Isabelle LA VIE Youssef IO Augustin IO Jean-Pierre FRICTIONS Brigitte LE POINT Jean-Marc LES INROCKUPTIBLES Tiphaine LA SCENE Hugues MOUVEMENT Didier LA CROIX Fabienne TELERAMA Amandine LA VIE Hervé LES INROCKUPTIBLES Jean-Luc LE CANARD ENCHAINE Odile THEATRE(S) Jean-Jacques LE MAG Brigitte LE MONDE Micheline LES TEMPS MODERNES Marie-Jo L'HUMANITE Etienne LE FIGARO Patrick LES INROCKUPTIBLES Bertrand SCENES MAGAZINE Guillaume LIBERATION Hadrien THEATRAL

BARTOLOMEU COSTA BATALLA FRANCH DEMIDOFF DUPLAT FISCHER FREUND GOUSKOV RAYKINA ROZENTALE

PRESSE ECRITE INTERNATIONALE Tiago PUBLICO (Portugal) Vincenc PUNT'AVUI (Espagne) Alexandre LE TEMPS (Suisse) Guy LA LIBRE (Belgique) Ulrich BAYERISCHER RUNDFUNK (Allemagne) Nicolas SUDDEUTSCHE ZEITUNG (Suède) Igor NEZAVISIMAYA GAZETA (Russie) Marina MOSKOVSKI KOMSOMOLETS (Russie) Inga TEATRA VESTNESIS (Lettonie)


TIELENS TODD UZOR VAN HETEREN VICENTE

Filip Andrew Charles Lucia Alex

ASSIER BIBILONI DUHAMEL FRESCHEL MARTINEZ POBEL SCOTTO

PRESSE ECRITE REGIONALE Violeta VAUCLUSE MATIN - LE DAUPHINE LIBERE Olga LA PROVENCE MARSEILLE Jean-marie LA VOIX DU NORD Agnes ZIBELINE Aurélien LE PETIT BULLETIN GRENOBLE Nadja LE PETIT BULLETIN LYON Audrey VAUCLUSE MATIN - LE DAUPHINE LIBERE

ADLER BENOIT CAPRON LE TAILLANDIER CHEMELNY COMMEAUX DIJKGRAAF DORNER FIORILE FLANDRIN FORSTER GAPP GAYOT GROSS JADE KADDOUR KLAEUI LABORDE LAPORTE LAZAROVA MAALOUF MACE MAUDUY MAYOT PECHAIRE PINA PLANK SHENOUDA SPRENG

PRESSE AUDIOVISUELLE Laure FRANCE CULTURE "Hors Champ" Sebastieb ARTE Stéphane FRANCE INTER "Les journaux" Agathe FRANCE INTER " ça va pas la tête" Marianne LCI Lucile FRANCE CULTURE "La grande table d'été" Margot NRC HANDELSBLAD Julia FRANCE 24 Thierry FRANCE INFO Michel FRANCE BLEU VAUCLUSE Siegfried RFI Estelle FRANCE CULTURE Joëlle FRANCE CULTURE "Changement de décor" Clémence RADIO FRANCE Christian RTBF (Belgique) Leila FRANCE INTER "Le magazine" Andreas SRF (Suisse) Valerio ARTE Arnaud FRANCE CULTURE Czveti BULGARIAN NATIONAL RADIO (Bulgarie) Murielle RFI Savannah HUFFINGTONPOST Chloé RADIO FRANCE Claire FRANCE CULTURE "LA GRANDE TABLE" Vincent SUD RADIO Maria-Carolina RFI Alexandre RADIO FRANCE Diane EUROPE 1 Eberhard DEUTCHLANDRADIO (Allemagne)

ATINAULT BELY BORIOLI BOURCIER CANDONI CONFAVREUX JOUVE DAVIDOVICI HOTTE KUTTNER LANDER LIBAN OTT

Marie-Laure Pascal Josselin Jean-Pierre Christophe Joseph Sophie Mireille Véronique Helene Selim Laurence Lise

KLARA (Pays Bas) THE GUARDIAN (Grande Bretagne) ST GALLER TAGBLATT (Suisse) THEATERKRANT.NL (Pays Bas) EL PAIS (Espagne)

PRESSE WEB WEBTHEA FESTIVALIER.NET TOUTELACULTURE RUE DU THEATRE.EU TOUTELACULTURE MEDIAPART CULTUREBOX THEATRE DU BLOG THEATRE DU BLOG ARTISTIK REZO MONDESFRANCOPHONES.COM L'EXPRESS LE BLOG RADIOFMPLUS.ORG


RUMELLO SERUSCLAT SOLIS THIBAUDAT VOUDIKLARIS

Joel Maud René Jean-pierre Georgios

84 LE MAG LES TROIS COUPS DELIBERER MEDIAPART POPAGANDA (Grèce)


PRESENCES PHOTOGRAPHES

2666 NOM

PRENOM

STRUCTURE

NUMERO

MAIL

Aventurier

Patrick

Getty Image

00 33 (0)6 08 50 15 05

patrickaventurier@yahoo.fr

Gély

Pascal

CDDS

00 33 (0)6 16 94 40 41

pascal.gely@wanadoo.fr

Horvat

Boris

AFP Marseille

00 33 (0)6 08 91 01 81

boris.horvat@afp.com

Jerocki

Arnold

Indépendant

00 33 (0)6 62 12 99 44

arnoldjerocki@yahoo.fr

Paris Raynaud de Lage

Anabel

Indépendant

00 33 (0)6 12 10 49 01

anabelparis2@gmail.com

Christophe

Festival d'Avignon

00 33 (0)6 74 49 57 68

raynauddelage@gmail.com

00 33 (0)6 46 48 69 98

angelique.surel@vauclusematin.com

00 33 (0)6 09 14 80 13

pascalvictor@artcomart.fr

Surel

Angélique

Victor

Pascal

Le Dauphiné/Vaucluse Matin ArtComArt


POINT PRESSE AUDIOVISUELLE 2666 TELEVISIONS 

FRANCE 3 National

« Le Grand Soir 3 » / Marie Berrurier Samedi 9 juillet à 23h20 Sujet : Le Festival d’Avignon 2016 Images de 2666

ARTE

« ARTE Info » - 13h20 / Lionel Jullien Vendredi 15 juillet Reportage sur 2666 Titre : « 2666, le marathon théâtral au festival d’Avignon » Interview de Julien Gosselin et Frédéric Leidgens

RADIOS 

FRANCE CULTURE

« Une saison au théâtre » / Joëlle Gayot Dimanche 12 juin Invité : Julien Gosselin « Les Matins d’été » / Benoît Bouscarel et Olivia Gesbert Vendredi 8 juillet à 8h30 Reportage sur 2666 « Le journal de 18h - Chronique du Festival d’Avignon » / Joëlle Gayot Dimanche 10 juillet à 18h Sujet sur 2666 de Julien Gosselin


« La Grande table d’été » / Lucile Commeaux Mercredi 13 juillet en direct et en public du musée Calvet de 12h45 à 14h Invités : Julien Gosselin et Jean Bellorini

 FRANCE INTER « Ca peut pas faire de mal » / Guillaume Gallienne Samedi 25 juin Emission spéciale Festival d’Avignon Lectures par Guillaume Gallienne de 2666, Place des héros, Le Radeau de la Méduse, L’Institut Benjamenta, La Rive dans le noir, les Frères Karamazov et Espèces d’espaces « Le Mag de l’été » / Léila Kaddour-Boudadi Lundi 11 juillet en direct et en public du Musée Calvet de 12h45 à 14h Invités : Guillaume Gallienne, Elsa Lepoivre, Julien Gosselin, Jonathan Capdevielle et Laëtitia Dosch « Le masque et la plume à Avignon » / Jérôme Garcin Dimanche 10 juillet de 20h à 21h Emission enregistrée en public au Musée Calvet le dimanche 10 juillet de 10h à 11h Avec Armelle Héliot (Figaro), Vincent Josse (France Musique), Jacques Nerson (L’Obs), Gilles Costaz (Politis) et Charlotte Lipinska (Marie Claire) Débat critique autour des spectacles Les Damnés, 2666, Ceux qui errent ne se trompent pas, ¿ Qué haré yo con esta espada ?, Alors que j’attendais et Prométhée enchaîné « Le Petit journal des festivals » / Stéphane Capron Samedi 9 juillet dans le journal de 9h Reportage sur 2666 avec interview de Julien Gosselin « Des oreilles plein les yeux » / Perrine Malinge Samedi 23 juillet de 18h à 19h Sujet bilan avec interview de Julien Gosselin

 RFI « Le rendez-vous des Amériques et d’Haïti » / María Carolina Piña Vendredi 22 juillet Chronique sur 2666 de María Carolina Piña avec interview de Julien Gosselin


 EUROPE 1 « Europe 1 matin » et « Les découvertes d’Europe Midi » / Diane Shenouda Samedi 9 juillet à 9h Reportage sur 2666 avec réactions de spectateurs

 FRANCE BLEU VAUCLUSE « Sujets culture » / Michel Flandrin Mercredi 13 juillet à 8h35 : billet sur 2666 à 17h15 : interview de Julien Gosselin

 FRANCE BLEU NORD « Journal de 12h » Vendredi 8 juillet Annonce de 2666

 DEUTSCHLANDRADIO KULTUR (Allemagne) « Fazit » / Eberhard Spreng Vendredi 8 juillet Chronique sur 2666

 RFI (Amérique latine) « La crónica cultural » / Maria Carolina Piña Mercredi 20 juillet Sujet sur 2666

 FRANCEBLEUVAUCLUSE.FR « Radio France fait son festival » / Michel Flandrin et Thomas Imbert Mardi 12 juillet Les artistes du Festival 2016 : Julien Gosselin


PRESSE ÉCRITE


Sommaire AVIGNON FACE A LA VIOLENCE

6

Le Matin Dimanche ­ 27/07/2016

de la nuée à la résistance

8

Les Inrockuptibles ­ ­ 27/07/2016

Du théâtre en résonance avec l'actualité

10

L' Indépendant Catalan Carcassone ­ Carcassone ­ 26/07/2016

Avignon, clap de fin : la belle évidence de l'édition 2016

11

Les Echos ­ ­ 25/07/2016

13

Δώδεκα ώρες, δύο μέρες, 2666... To Vima Kyriakis ­ ­ 24/07/2016

14

Le coup de foudre Les Echos ­ ­ 22/07/2016

15

Julien Gosselin, prince en Avignon Croix du Nord ­ ­ 22/07/2016

16

Le titan d'Avignon Le Temps ­ ­ 20/07/2016

18

MARDI LIVRE SOMME Télérama ­ ­ 20/07/2016

19

LA CHRONIQUE DE FABIENNE PASCAUD Télérama ­ ­ 20/07/2016

'2666", roman monstre de Roberto Bolano, adapté en 12 heures à Avignon

20

La Liberté ­ Le Commercial Provence ­ ­ 16/07/2016

21

Dodici ore con Roberto Bolaño Internazionale ­ ­ 15/07/2016

Rencontre avec Julien Gosselin, animée par Laure Adler

22

Vaucluse Matin Avignon et Carpentras ­ Avignon et Carpentras ­ 14/07/2016

23

2666 la pièce qui rend insomniaque La Provence ­ ­ 13/07/2016

24

«  C’est aussi une pièce politique  » Vaucluse Matin ­ ­ 13/07/2016

26

UNE PIÈCE QUI FAIT DU BRUIT Le Canard Enchaîné ­ ­ 13/07/2016

27

L'écran, moyen ! Le Canard Enchaîné ­ ­ 13/07/2016

28

"le théâtre est un art de combat" Les Inrockuptibles ­ ­ 13/07/2016

32

«2666», ce train fantôme qui sidère Avignon Le Temps ­ ­ 13/07/2016

34

Perverse Karrieren Der Tagesspiegel ­ ­ 13/07/2016

P.1


35

Un 2666 trepidant i frenetic a Avinyo El Punt Avui ­ 12/07/2016

De enscenering van het boek 2666 van Roberto Bolaño heeft een verbluffende theaterervaring van pakweg twaalf uur als resultaat.

36

De Volkskrant ­ ­ 12/07/2016

De carrière van de jonge franse theatermaker Julien Gosselin

38

De Volkskrant ­ ­ 12/07/2016

39

la presse en parle Nord Littoral ­ ­ 12/07/2016

40

« 2666 » : un étonnant voyage au long cours Nord Éclair Toutes éditions ­ Toutes éditions ­ 12/07/2016

« 2666 », voyage au long cours dans la démesure du théâtre et du récit

41

La Voix du Nord Lille ­ Lille ­ 12/07/2016

Deux mille « top » à envoyer en onze heures : « On étouffe en régie ! »

42

Le Monde ­ ­ 12/07/2016

44

Culture A Avignon, un chef­d'oeuvre fleuve Le Monde ­ ­ 12/07/2016

Douze heures, escales comprises, en zone d'ccupation théâtrale

46

L' Humanité ­ ­ 11/07/2016

48

" 2666 "douze heures de pur théâtre La Croix ­ ­ 11/07/2016

50

Massacre de femmes à Santa Teresa La Libre Belgique ­ ­ 11/07/2016

52

<<2 666>> odyssee en espace Libération ­ ­ 11/07/2016

56

« 2666 », un spectacle qui fera date Le Figaro ­ ­ 11/07/2016

58

« 2666 », livre­fleuve pour théâtre de combat Les Echos ­ ­ 11/07/2016

61

Doce horas con Bolaño El País ­ ­ 10/07/2016

62

Une œuvre littéraire magnifiée Vaucluse Matin ­ ­ 10/07/2016

63

"2666", labyrinthe sans issue La Provence Marseille ­ Marseille ­ 10/07/2016

64

Avignon Vosges Matin Toutes Editions ­ Toutes Editions ­ 09/07/2016

65

Le torrent d'Avignon. M ­ Le Magazine du Monde ­ ­ 09/07/2016

"2666", roman monstre de Roberto Bolano, adapté en 12 heures à Avignon

66

Agence France Presse Fil Gen ­ Fil Gen ­ 08/07/2016

68

Bonjour La Voix du Nord Valenciennes ­ Valenciennes ­ 08/07/2016

P.2


Le Lillois Julien Gosselin au festival d'Avignon avec « 2666 », un spectacle de douze heures

69

La Voix du Nord Lille ­ Lille ­ 08/07/2016

70

2666, "une folie théâtrale" La Provence Aix En Provence ­ Aix En Provence ­ 08/07/2016

Le Lillois Julien Gosselin crée l'événement à Avignon avec « 2666 »

71

Nord Éclair Toutes éditions ­ Toutes éditions ­ 08/07/2016

«  La nécessaire exploration de la question du mal  »

72

Vaucluse Matin ­ ­ 08/07/2016

74

Un retour prometteur Vaucluse Matin Avignon et Carpentras ­ Avignon et Carpentras ­ 07/07/2016

75

La décrue d'un roman­fleuve Politis ­ ­ 07/07/2016

76

LA COUVERTURE Politis ­ ­ 07/07/2016

77

SOMMAIRE Politis ­ ­ 07/07/2016

78

TROUVER LE TEMPS LONGE TAIMER ÇA Stylist ­ ­ 07/07/2016

79

2666, c'est loin, et 12 heures, c'est long ! L' Obs ­ ­ 07/07/2016

81

"Mystérieux, tragique et poétique" Avi City Local News ­ ­ 06/07/2016

82

Julien Gosselin Droit de vie et vie et de Nord Libération ­ ­ 06/07/2016

Treize compagnies de la région au Festival d'Avignon

85

Direct Matin Lille PLUS ­ ­ 05/07/2016

86

Julien Gosselin Inferno ­ ­ 01/07/2016

88

Marathonien du théâtre Le Parisien Magazine ­ ­ 01/07/2016

LE THÉÂTRE, REDOUTABLE MACHINE FICTIONNELLE

93

La Terrasse ­ ­ 01/07/2016

95

Le théâtre prend ses quartiers d'été Pleine Vie ­ ­ 01/07/2016

99

"2666", un polar apocalyptique L' Obs ­ ­ 30/06/2016

100

Leur théatre, c'est du roman L' Obs ­ ­ 30/06/2016

« J'aime les auteurs qui osent des sujets plus grands qu'eux »

105

Le Monde ­ ­ 30/06/2016

109

La profusion des sentiments Télérama ­ ­ 29/06/2016

P.3


113

2666 , d'après Roberto Bolaño Madame Figaro ­ ­ 24/06/2016

114

Qu'est­ce que la littérature ? Les Inrockuptibles ­ ­ 22/06/2016

118

"Le théâtre est un art de combat" Les Inrockuptibles ­ ­ 22/06/2016

124

2666, c'est déjà demarn Les Inrockuptibles ­ ­ 22/06/2016

Valenciennes, point de départ du marathon théâtral de Julien Gosselin

126

Nord Éclair Toutes éditions ­ Toutes éditions ­ 20/06/2016

127

La culture pour « ne pas perdre la lumière » Les Dernières Nouvelles d'Alsace Toutes Editions ­ Toutes Editions ­ 18/06/2016

« 2666 », le marathon théâtral de Julien Gosselin, part de Valenciennes

129

La Voix du Nord Toutes éditions ­ Toutes éditions ­ 18/06/2016

130

Mulhouse Faites vos choix Les Dernières Nouvelles d'Alsace Mulhouse et Thann ­ Mulhouse et Thann ­ 11/06/2016

132

Voyage au bout de la nuit La Gazette Nord­pas de Calais ­ ­ 10/06/2016

Théâtre: Stanislas Nordey annonce dix créations au TNS la saison prochaine

133

Agence France Presse Fil Gen ­ Fil Gen ­ 06/06/2016

134

2666 La Scène ­ ­ 01/06/2016

Par le rideau entrouvert, un petit bout de « 2666 »

136

La Voix du Nord Valenciennes ­ Valenciennes ­ 28/05/2016

137

Gosselin sur le pont d'Avignon L' Obs ­ 26/05/2016

139

RENDEZ­VOUS . . . Le Dauphiné Libéré Hors Série ­ Hors Série ­ 25/05/2016

Julien Gosselin, une expérience exceptionnelle de spectateur

140

Théâtral Magazine ­ 01/05/2016

142

Après Houellebecq, l'autre defi de Gosselin La Provence ­ 08/02/2016

144

LE CHIFFRE 2666 La Provence ­ 26/01/2016

145

"2666": le nouveau défi de Julien Gosselin Le Dauphiné Libéré ­ 26/01/2016

147

Retour de la Comédie­Française Le Dauphiné Libéré ­ 09/01/2016

148

Les dix événements de 2016 Midi Libre ­ 01/01/2016

149

Dix événements culturels à ne pas rater en 2016 Relaxnews ­ 01/01/2016

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17 juillet 2016

LE MATIN DIMANCHE

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LE MATIN DIMANCHE

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PAYS :France

DIFFUSION :36585

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27 juillet 2016 - N°nc - Suppl.

PERIODICITE :Hebdomadaire

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spécial

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de la nuée à la résistance

La bataille de la culture contre la terreur et l'obscurantisme est e le fait d'Avignon. Avec cette 70 édition, c'est un Festival plus combatif que jamais qui continue et ne dévie jamais de sa ligne. éterminée à mentir les après le nouveau massacre d'innocents perpétré dans la nuit du U juillet à Nice, la direction du Festival a décidé de continuer de jouer en rappelant ensemble aujourd'hui est notre force. C'est un geste de résistance. Ainsi, à l'image de la \servante\ - cette ampoule qui reste sans cesse allumée sur le plateau des théâtres même pendant la fermeture, et à laquelle, en 1995, Olivier Py avait dédié une pièce faisant la boucle sur vingt-quatre heures pendant sept jours -, Avignon a choisi d'honorer les morts et d'accompagner la souffrance des blessés en rassemblant public et artistes dans l'agora de ses salles, comme un défi à cette terreur dont le but est de diviser et d'isoler chacun dans la peur.

où des artistes témoignent d'une réflexion sur notre société. Usant du plateau comme d'un média, ils questionnent l'époque à travers leurs créations. C'est ce qu'lvo van Hove et la troupe de la ComédieFrançaise se sont proposé de faire dès l'ouverture du Festival en adaptant le scénario du film de Luchino Visconti Les Damnés. Un sommet d'excellence où les acteurs du Français et le metteur en scène flamand ont réussi le pari d'un théâtre à l'égal du de Visconti pour nous rappeler que cette contagion de l'idéologie nazie dans l'Allemagne de 1933 est à nouveau à en Europe. Les derniers événements donnent raison à la thèse d'Ivo van Hove qui, en faisant référence à la tuerie du Bataclan, voit dans les raisons d'adhérer aux thèses du nazisme des liens avec la fabrique des jihadistes.

Ni compétition ni offre visant à la surconsommation de spectacles, le Festival est d'abord un miroir de l'état du monde

De cette violence dont l'humanité n'arrive jamais à éteindre les foyers, aussi question dans la pièce-marathon

D

chef-d'œuvre

l'œuvre

il est

XXXVIlesinrockuptiblss 27.07.2016

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PAYS :France

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27 juillet 2016 - N°nc - Suppl.

PERIODICITE :Hebdomadaire

Les Damnés, mise en scène d'Ivo van Hove d'après Luchino Visconti

la direction du Festival a rappelé ensemble aujourd'hui est notre force. C'est un geste de

Autre raison de rire, Les Corvidés de Jonathan Capdevielle et Laetitia Dosch s'amusait de la critique à chaud du dernier spectacle d'Angélica Liddell, Queferai-je, moi, de cette épée? [approche de la loi et du problème de la beauté). Et il y avait de quoi se moquer... Sachant que dans son nombrilisme macabre, l'Espagnole se désigne comme la responsable des attentats du 13 novembre à Paris. C'est en compagnie d'un couple de vrais corbeaux et en jouant les vampires que Capdevielle et Dosch aiguisaient les saillies de leur irrésistible esprit critique. Très attendu, Rumeur et petits jours, le spectacle des Belges du Raoul Collectif a été accueilli d'un rire général, consensuel, et néanmoins non usurpé. Vaste réflexion ludique et \radiophonique\ sur l'état du monde tel qu'il est, où l'on tente, en direct et sur scène, de tuer les idées au revolver... Côté danse, l'enchantement de Caen amour de Trajal Harrell fit l'effet d'un baume au cœur. Le chorégraphe américain faisant le lien avec le voguing en se souvenant d'une enfance où il attendait son père devant des boîtes pour adultes, ces hoochie coochie shows où l'on pratiquait le nu et les danses orientales.

de douze heures que nous a présentée Julien Gosselin en adaptant 2666, le roman-fleuve de Roberto Bolafio. Là encore sont mises en perspective la par perpétrée par les nazis et la vague de crimes et de tortures dont sont victimes les femmes au Mexique. Oratorio contemporain où le théâtre, la musique et les images s'accordent pour embrasser toutes les facettes du sujet, la mise en scène de Julien Gosselin figure au nombre des succès de cette édition qui transforme en or la souffrance d'un siècle.

Dans la lumière de la Chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon, Thierry Thieû Niang embarquait une troupe de jeunes amateurs dans un périple aussi sensible que terrible. Dans Au cœur, des images inspirées par l'actualité récente - corps échoués sur une plage grecque, errance de migrants - se transformaient en long cérémonial à la mémoire de l'innocence perdue. Une juste chorégraphie pour dire le monde actuel entre repli et main tendue. Bouleversant.

Comme le fait le maître polonais Krystian Lupa dans Place des héros de Thomas Bernhard avec la troupe du Lithuanian National Drama Theatre en conciliant la dénonciation faite par son auteur dans les années 1980 de la persistance des nazis en Autriche avec le plus émouvant cérémonial de deuil dont fut jamais honoré Bernhard.

Dans le cauchemar du présent, défendre la culture qui nous réunit reste une priorité. Fidèle à son histoire et à sa volonté de faire de la scène un outil e de résistance, cette 70 édition du Festival d'Avignon persiste magnifiquement à opposer la fragilité de l'art à la barbarie qui nous cerne. Merci au public et aux artistes de rester unis pour mener ce combat. Hervé Pons, Philippe Noisette et Patrick Sourd

Sans pour autant quitter le territoire de la politique et du sociétal, le rire a aussi trouvé sa place sur les plateaux avignonnais. Ce fut le cas avec Ceux qui errent ne se trompent pas, où Maëlle Poésy et Kevin Keiss signent une fable digne de Luis Bunuel avec cette chronique qui épingle joyeusement le mépris de l'expression des volontés populaires par les représentants politiques d'aujourd'hui.

festival-avignon.com 27.07.2016 lesinrockuptibtes XXXVII

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26 juillet 2016 - Edition Carcassone

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Du théâtre en résonance avec l'actualité LE 70e FESTIVAL D'AVIGNON À FERMÉ SES PORTES DIMANCHE UNE SEMAINE APRÈS L'ATTENTAT DE NICELe théâtre aura rarement été autant en résonance avec l'actualité : alors que l'attentat de Nice endeuillait la France, le 70e Festival d'Avignon a poursuivi sans relâche jusqu'à dimanche son exploration des plaies du monde contemporain. En ouverture, le rituel de mort des « Damnés », mis en scène par le Flamand Ivo van Hove avec la Comédie Française, avec un simulacre de fusillade du public en point d'orgue, a glacé d'effroi les spectateurs. Et ce n'est pas la pièce visionnaire de l'Autrichien Thomas Bernhard qui pouvait les réconforter. Alors que l'Autriche doit choisir le 2 octobre entre un président d'extrême droite ou un écologiste, « Place des héros », publié en 1989, dresse le portrait acide d'un pays qui n'a pas réglé ses comptes avec le passé. « Il y a aujourd'hui plus de nazis à Vienne qu'en 1938 » , clame le dramaturge. « Ça ne finira pas bien, il n'y a pas besoin d'une intelligence particulière pour le comprendre » , dit un des personnages. « L'art doit devancer l'actualité » , estime sobrement son metteur en scène, le Polonais Krystian Lupa. Dans « Tristesses », la Belge Anne-Cécile Vandalem a raconté, à

la manière d'un polar scandinave, la prise de pouvoir cynique d'une dirigeante d'extrême droite au Danemark. Au moment où l'attentat de Nice faisait 84 morts, la pièce « 20 novembre », mise en scène par la Suédoise Sofia Jupither, décrivait minutieusement la confession d'un jeune homme qui s'apprête à commettre un massacre. Vidéo omniprésente La vidéo a pris souvent le pas sur le théâtre. Dans « Les Damnés », elle fouille la psychologie des personnages. « C'est de la réalité augmentée », dit Eric Ruf, le patron de la Comédie Française. Julien Gosselin en a fait une composante à part entière de son spectacle marathon (douze heures) « 2666 », adapté de l'oeuvre-monde du Chilien Roberto Bolaño et très applaudi. La vidéo était documentaire chez le Syrien Omar Abusaada ( « Alors que j'attendais » ) et poétique chez l'Iranien Amir Reza Koohestani ( « Hearing » ). Dans ce focus Moyen-Orient du festival, le chorégraphe libanais Ali Chahrour a choisi d'explorer la mort et les rituels des « pleureuses ». Critiqué l'an dernier pour son « Lear » dans la Cour d'honneur, Olivier Py, a donné une « petite » pièce sans décor ni costume, portée par les seuls acteurs, « Prométhée enchaîné ».

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Et Dieu dans tout ça ? Comment vivre sans Dieu ? Dostoïevski se pose la question dans son « Karamazov », adapté par Jean Bellorini. Son théâtre expressif a enthousiasmé particulièrement les jeunes. Dans « Le radeau de la méduse », Thomas Jolly a mis en scène la dérive d'un canot, où 13 enfants ont trouvé refuge. La foi rigide d'Anna, 12 ans, la conduira à sacrifier un enfant pour conjurer la malédiction biblique qu'elle croit voir dans ce chiffre 13. Dans un festival austère, l'humour est venu de Belgique. Le musée en délire du collectif FC Bergman a enchanté le festival. Les « Raoul Collectif », cinq trublions de la scène belge, ont fait rire avec leur parodie d'émission radio ( » Rumeur et petits jours » ). Les chorégraphes belges Sidi Larbi Cherkaoui et Damien Jalet ont délivré un message de coexistence joyeuse dans la Cour d'honneur avec leur « Babel 7. 16 ». ■

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25 juillet 2016 - N°22240

PAYS :France

RUBRIQUE :Idees et debats

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JOURNALISTE :Philippe Chevilley

PERIODICITE :Quotidien

IDEES & DEBATS

art & culture Avignon,clapdefin :labelle évidencedel’édition2016 THÉÂTRE

tous les sens. Autre choc – d’ne autre nature : la Le bilan de la 70 e édition miseenscèneultrasensible, Après deux éditions agipresque feutrée, offerte par tées, tant sur le plan social Krystian Lupa de la pièce’atitie, le directeur du festival d’Avi testament de Thomas Bernhard « Place des gnon, Olivier Py, peut respirer : la 70 e (sa héros », bouleversant cri d’alae face au troisième), close le 24 juillet, aura été la retourdunazismeenEurope.Leseulratage, bonne. Pas de grandes polémiques au côté grandes aventures, aura été le « Karamenu, des paris globalement réussis, des mazov » inaboutideJeanBellorinien5h30 découvertes (Anne-Cécile Vandalem, Sofia (une version revue, corrigée et resserrée est Jupither) compensant les inévitables annoncéepourjanvierauTGP). déceptions... et surtout – point de passage Toutes les formes de théâtre obligé pour le grand rendez-vous théâtral crééparJeanVilar–uncartonpleindansla OlivierPyabienfaitdelajouermodeste : ses Cour d’onne du Palais des papes. picedegeed’cle,oéec,an ’adaptation des « Damnés » de Visconti, décor, avec seulement trois comédiens ont façon requiem du Mal, par le maître belge ému et séduit. Quant à Thomas Jolly, tout Ivo Van Hove, avec une troupe de la Coméjustesortidesesfresquesshakespeariennes die-Française au top, a d’entée de jeu à grand spectacle, il a montré une nouvelle impressionné la critique et conquis le facette de son talent avec « Le Radeau de la public–plaçantlefestivalsouslesignedela Méduse »,unsuperbehuisclosmarin,interviolence du monde. En fin de festival, la prétéparlesélèvesduTNS. recréationduballetdeSidiLarbiCherkaoui Avignon aura rarement autant dit le etDamienJalet« « Babel7.16 »danslaCour, monde – sa brutalité, sa frayeur, sa perte de avec ses naïvetés, mais aussi ses fulguransens – que lors de cette 70 e édition. A travers ces, a aussi remporté un bon succès. toutes les formes de théâtre, allant des plus Violences du monde encore, dans cette high-tech l’age virtuose de la vidéo) aux version haletante, en douze heures, du plus dépouillées. Nos emballements, nos roman-fleuve de Roberto Bolaño, « 2666 », déceptions, vous pourrez les vérifier dès la signée du jeune metteur en scène surdoué rentrée, car nombre de productions sont Julien Gosselin. Un feuilleton théâtral de vouées à tourner et à venir à Paris (notamn haute volée, fluide, intelligent, convoquant entdanlecadedetivald’atone Philippe Chevilley @pchevilley

Festival d’Avignon

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25 juillet 2016 - N°22240

PAYS :France

RUBRIQUE :Idees et debats

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JOURNALISTE :Philippe Chevilley

PERIODICITE :Quotidien

Une version haletante, en douze heures, du roman-fleuve de Roberto Bolano, « 2666 », signée du jeune metteur en scène Julien Gosselin. Photo Boris Horvat/AFP

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PAYS :Grèce

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24 juillet 2016 - Politismos

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PAYS :France

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22 juillet 2016 - N°22 07 2016 - Week End

LASÉLECTION Par

David

, Judith

Barroux

Benhanzou-Huet

, Olivier

de Bruyn

, Philippe

Chevilley

et Thierry

Gandillot

LECOUPDEFOUDRE ENFERETDAMNATIONAVIGNON TÉTE Plus que jamais en 2016 , Avignon aura été le festival des grandes aventures: choix audacieux des oeuvres , longueur des spectacles ... Et pour nous , il y a pas de surprises: nos deux coups de foudre figurent parmi les sensations annoncées de la édition. ' Quand la Cour d honneur est réussie le Festival est bien parti . L 'adaptation fracassante du film de Visconti Les Damnés par le grand maître belge Ivo van Hove , avec la troupe ' de la Comédie-Française , placé d emblée la barre très haut . Le metteur en scène , ' doublement couronné par l Association de la critique , a su conjuguer son théâtre total , ultramoderne du beau , avec la tradition des acteurs du Français . Et tirer ainsi ' la substantifique moelle de l oeuvre au noir du cinéaste italien . L ' histoire sulfureuse de cette ' grande famille d industriels allemands qui passe un pacte avec le diable nazi devient opéra ' mortifère , qui résonne sinistrement aujourd hui. Podalydes , Sandre , Gallienne , Lepoivre , ' Berge , Montenez , Genovese , Corbety , d Hermy , ... toute la son sommet , à , troupe Hervieu-Léger ' paraît comme animée d un souffle maléfique. La fusion entre théâtre , musique et vidéo ( mélange d ' images captées en direct et enregistrées) donne le vertige . On sort ' sonné de ce spectacle d une violence ' et d une beauté inouïes. n'

70'

CINÉA ET TECHNO SUR SCÈNE Il a presque trente ans de moins , il est Français , mais il marche sur les traces de son aîné flamand: Julien Gosselin , le jeune prodige du Nord pas encore trentenaire , réussi la mission impossible d ' adapter pour la scène le roman-fleuve du Chilien Roberto Bolatio 2666 en presque douze heures (entractes compris) . Dans ce spectacle également centré sur la question du mal et de la violence , le metteur en scène convoque le cinéma et la musique techno pour créer une oeuvre fiévreuse et envoûtante . On ne se perd jamais ' dans ces récits croisés de la quête d un vieil écrivain allemand insaisissable et des centaines femmes assassinées dans la petite ville mexicaine de Santa Teresa . Chacune des cinq parties du livre est une pièce en soi: on passe au sitcom , puis au polar ... du marivaudage Julien Gosselin

déjoue tous les pièges

Les Damnés (photo) , à Paris , à la ComédieFrançaise 0144581515) , du 24 septembre au 13 januier. 2666 , à (Tél . 01448540 40) , du 10 septembre au 16 octobre. (

.

de ce roman-monstre , parvenant même l ' irreprésentable - l 'énumération à représenter horrifique des crimes de femmes- , en projetant les mots de Bolaho dans le noir. simplement Le décor , dépouillé , traversé de lumières blêmes et de fumées , se prête à tous les changements de temps et de lieux On ne ennuie pas s'

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une seconde durant ce long de voyage qui nous fait rire parfois mais surtout trembler . On a été heureux de vivre la création de ces deux merveilles dans la capitale éphémère du théâtre. Mais ces dernières étaient pas réservées seuls festivaliers: on pourra les voir à Paris et en tournée en France à la rentrée . Ph . C. n'

qu'

aux

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22 juillet 2016

PAYS :France

RUBRIQUE :Gens du nord

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JOURNALISTE :Jean Michel Stiev…

PERIODICITE :Hebdomadaire

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Julien Gosselin, prince en Avignon Jean Michel Stievenard Julien Gosselin a conquis Avignon ! On l'espérait sans certitude, on le pressentait, sans oser le dire pleinement. « 2666 », la création de Julien Gosselin faite au Phénix de Valenciennes mi-juin et présentée au festival d'Avignon est un triomphe. Par sa démesure même, la pièce est faite pour un tel festival : à Avignon, on parle théâtre, on mange théâtre, on dort théâtre, alors on est prêt à consacrer 12 heures pour un spectacle exceptionnel. En revanche la presse critique y est souvent sévère, elle sait que son verdict sera lu et commenté. Elle génère le bouche-à-oreille qui sur la place de l'horloge décide du succès ou de

l'échec. Julien Gosselin, jeune homme (il a 29 ans) de théâtre, a mis tout le monde de son côté, les articles d'avant spectacle avaient témoigné de sa cote de sympathie. Ceux qui le suivent le plébiscitent. Libération qui titre « 2666 le festival d'Avignon en état d'urgence » le dit sans nuance : « au 3e jour du festival, Avignon a son . Le Monde n'est pas en reste. L'envoyé spécial de La Voix du Nord est lui aussi conquis. Si le sacre se fait à Avignon, le spectacle préparé au Phénix, longtemps répété à Lille-sud, est parti de chez nous, porté par cet homme originaire du Pas-de-Calais, chef-d'œuvre »

dont la compagnie s'inscrit dans notre histoire du théâtre régional. Si nous voulons qu'il soit prophète en son pays, il faut faire pression sur les scènes nationales pour qu'elles programment ce spectacle total dans une prochaine saison. À moins que répondant à un nouveau défi qu'ils se seront lancé avec la compagnie « J'irai lécher mon les acteurs de ce triomphe ne soient indisponibles pour partager davantage leur réussite de l'année 2016. ■ cœur »,

0nAytY2DKMlrcB3H6QYHu6hhyLwXKJlEUQiCKQaQvgq-rTZwaaGqpaOOwUtJuNSgyZmY4

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PAYS :Suisse

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JOURNALISTE :Alexandre Demidoff

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20 juillet 2016 - N°nc

PORTRAIT Le

litaii

(lUigiiAii JULIEN GOSSELIN A 29 ans, il magnétise cette 70e édition du festival avec «2666», douze heures de spectacle orageux, adaptation brillante d'un roman de Roberto Bolano. Auréolé du beau titre d'«enfant prodige», l'artiste n'a qu'une ambition: empoigner le monde PARALEXANDREDEMIDOFF

«Ma troupe n'est pas un kibboutz. J'ai commencé avec un groupe d'acteurs, nous nous sommes bonifiés ensemble, mes comédiens sont parmi les meilleurs d'Europe» A première vue, Julien Gosselin a un côté routard. Une barbe de vadrouille habille une bouille d'adolescent. A Avignon, il pourrait camper au bord du Rhône en écoutant Pink Floyd, comme ses parents. Sur le perron brûlant d'un hôtel particulier, le jeune homme, 29 ans, tire sur sa cigarette. On se dit que ce gars-là est la «coolitude» incarnée. On a tout faux, évidemment. Car on ne monte pas un spectacle aussi formidable que 2666 (lire LT du 13.07.2016), aussi volcanique que cette adaptation du roman de Roberto Bolano, sans avoir une poigne titanesque. Le Festival d'Avignon en est baba. «Titanesque», comme vous y allez. Mais la saga de Roberto Bolano possède cette dimension, avec ses 1300 pages, sasoif de tout embrasser, les cataclysmes sud-américains comme les blessures de la vieille Europe. La traversée qu'elle inspire à Julien Gosselin est au diapason: douze heures de rebondissements, d'étreintes amoureuses, de manœuvres virtuoses, caméra au poing. Est-ce la griffe des grands? Comme Peter Brook, Antoine Vitez ou Olivier Py naguère, l'enfant d'Oye-Plage ose la traversée au long cours. Dans la ville des papes, ça peut faire de vous un saint. De Julien Gosselin, certains disent que c'est le nouveau Patrice

d'ailleurs comme une vedette. «Mais j e ne suis pas Rihanna», balaie-t-il, tandis que crissent les cigales. «Ma seule ambition, c'est de parler du monde sans passer par la métaphore. Roberto Bolano comme Michel Houellebecq [il a transposé avec maestria Les Particules élémentaires, accueilli à Vidy en 2015] ne s'embarrassent pas de vision humaniste, mais ils mettent le lecteur face à son intériorité et ses violences.» Sous le soleil, on cuit et Julien s'emballe. On imagine son

enfance. La naissance à OyePlage, à trois arrêts de bus de Calais. Un père éducateur spécialisé. Une mère institutrice. Des gens modestes et ouverts. Le petit Julien joue au foot. A la maison, on est attentif aux plaies des laissés-pour-compte. On s'inquiète du sort des réfugiés parqués dans les camps. A16 ans, il n'aspire pas à devenir Johnny Depp. Il lit, il ne fait que ça, dit-il. Racine à ce moment-là plutôt que Bret Easton Ellis. Mais aussi Tadeusz Kantor, cet artiste qui, sur les planches, dialogue avec les fantômes. On pourrait déduire que l'amour de l'épopée vient de ces nuits à tourner les pages. Sauf que les choses sont moins écrites que cela. Julien a 18 ans, un bac à inscrire sur son CV, mais un terrain vague devant lui. Que faire de sa jeunesse? Son meilleur ami, Pierre Martin, suit un cours de théâtre. Il l'accompagne, mais ne monte pas sur les planches, «pour

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ne pas montrer mon corps à tout le monde», confie-t-il au journal Libération. Il a des aptitudes. Il entre bientôt à l'école du Théâtre du Nord à Lille, dirigé par le metteur en scène Stuart Seide. Dans les studios, un esprit de bande naît. Avec son physique de footballeur nonchalant, Julien est un leader d'attaque. Il promet de marquer. Car l'enfant d'Oye-Plage est une turbine qui fouette les eaux à toute vitesse. A 23 ans, il lance une compagnie avec des copains, des infatigables comme lui. Il la nomme «Si vous pouviez lécher mon cœur», relique d'une phrase que Stuart Seide aimait répéter: «Si vous pouviez lécher mon cœur, vous mourriez empoisonné.» On remarque l'intelligence fougueuse de ses premiers spectacles. Alors directeur du Festival d'Avignon, Vincent Baudriller le découvre à ce moment, à Lille. «Je suis frappé par de ce garçon de 25 façon très simple de d'habiter le plateau.

la maîtrise ans, par la ses acteurs Je l'invite à

faire un petit proj et pour l'édition 2013 du festival, ma dernière. Il m'envoie une adaptation d'une centaine de pages des Particules élémentaires de Houellebecq, près de quatre heures de représentation. Je suis estomaqué par le culot et lui fais remarquer que si ça ne marche pas, sa carrière risque d'en pâtir. Il merépond: «Et

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PAYS :Suisse

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JOURNALISTE :Alexandre Demidoff

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20 juillet 2016 - N°nc

PERIODICITE :Quotidien

Le coup est magistral. Dans le chaudron d'Avignon, en juillet 2013, les thuriféraires couvrent de lauriers l'enfant prodige. «La France se relève», clament les plus lyriques. Julien Gosselin, lui, s'arcboute à sa tribu, ces comédiens qui sont les meilleurs d'Europe, soufïle-t-il et qu'il s'enorgueillit de payer 2500 euros brut par mois. Beaucoup d'administrateurs en France trouvent ça trop élevé. Ses modèles? Frank Castorf, ce créateur allemand qui d'un plateau fait un champ de cratères. Ou Krzysztof Warlikowski, ce Polonais qui transforme un récit en Rubik's cube fascinant. «Ils m'influencent, j'aime chez eux l'imperfection affolante de leurs créations.» Le refuge rêvé? Une île bretonne. La marée qui échancre les plages. Les goélands qui miaulent dans le vent. Et la lecture de ces auteurs qu'il chérit, ces maîtres de la miniature que sont Pierre Michon, Pierre Bergounioux et Jean Giono. «Je ne monterai jamais Giono, mais je suis fasciné par son talent de paysagiste.» Cet été, les lectures seront brèves. Julien Gosselin adaptera et monteraPlateforrne etSournission de Houellebecq au prestigieux Kammerspiele de Munich, en allemand. Affalé sur le perron comme un ado, il définit ainsi son dessein: «J'essaie de provoquer un choc.» Julien Gosselin est un titan cool, mais méfiez-vous de ses orages, H

PROFIL 1087 Naissance à Oye-Plage, dans le Pas-de-Calais.

2003

Il crée sa compagnie, «Si vous pouviez lécher mon cœur». 2013 Il monte au Festival d'Avignon «Les Particules élémentaires» de Michel Houellebecg. 2016 lltranspose sur scène, à Avignon encore, «2666», roman-culte de Roberto Bolano. 2016 llfera l'événement cet automne à Munich en adaptant «Plateforme» et «Soumission»,

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20 juillet 2016 - N°3471 - sortir

PERIODICITE : Hebdomadaire

MARDI LIVRESOMME Chut, jecommence 2666, de RobertoBolano : je sais,c'est risquéde ne prendrequ'unseullivre en vacances,maisvu le tabac qu'a fait au Festival d'Avignonla version théâtrale signéeJulien Gosselin,j'ai décidé de me préparerpour larentrée. 1024pagesen tout. Déjà plusque1023, j'avance... Allez,bonété I

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20 juillet 2016 - N°3471

LA CHRONIQUE DE FABIENNE PASCAUD E333

A Avignon

2666

adaptations.

Drame

auront

donc

abondé

les

qui se replie sur l'art, la littérature...

de

les atrocités sanglantes. 2666e st poème

De scénario, de roman,

ou

film. Les metteurs en scène ont-ils plus de liberté sur cette matière remo-

épique extravagant, prométhéen. Intellectuels au bord de la folie, journa-

Bolano

delée

listes dépassés par la vie tentent

| îlh30 1 Adaptation

Effaceront-ils

et mise en scène

ge ? Assiste-t-on

Julien Gosselin.

leur prise de pouvoir ? Les mieux intentionnés expliquent que scénarios et ro-

son éblouissante bande de comédiens, qui se jouent des formes, des rythmes

mans abordent

et des codes

D'après

Roberto

Du 10 septembre au 16 octobre,

que sur une

pièce

bientôt

ordinaire?

tout

au dernier

dramatur-

crocher

round

le dompter.

des thématiques

de

et des

Comme

Julien Gosselin

visuels,

musicaux

du

personnages que les écritures

l'Europe, Ateliers

explorent

Berthier, Paris 17e.

tout, si le spectacle est réussi. Le théâtre se nourrit de tout. Par-delà les mots, les

étrangement à la joie, malgré les histoires effroyables qu'il égrène sans fin.

gestes, le sens. Reste qu'empoigner

Sur le plateau,

Tél.: 01448540

40.

œuvre

Karamazov Drame D'après

Fiodor

Dostoïevski 15h30 1 Adaptation Jean Bellorini et Camille de La Guillonnière, mise en scène Jean Bellorini. Jusqu'au 22 juillet, carrière de

Pourquoi

littéraire

scéniquement

allemand,

anglais, espa-

n'est pas facile.

que le français ; un acteur noir (Adama

Surtout

résonnent

ainsi

aussi

naturellement

dans la durée. Car la plupart de ces adaptations s'attaquent à des romans-

Diop) impose, sans posture, son formidable talent. La diversité règne. Nor-

fleuves et flirtent

- a minima

malement.

cinq-six

de représentation.

heures

faut déployer

- avec les

sur scène une

Il

énergie

peu commune pour éviter la fatigue du public, pas forcément survolté par le dépassement

de ses résistances

siques ou la volonté

les acteurs une victoire Que Julien

phy-

de partager

ce fut bonheur,

avec

sur le temps.

Gosselin,

tél.: 04 90141414. Puis du 5 au 29

29 ans,

s'at-

tant il recomposa

avec

torren- Roberto

l'œuvre

Bolano

(1953-2003)

-

désespérément

engagé dans son temps, la violence

de

Superbement.

Tout autre Bellorini

est l'approche

de Jean

dans Karamazov.

Certes

tant Gosselin se réapproprie tant Bellorini où

2666, au-

ne fait qu'illustrer

saga familiale

s'opposent

la sul-

de Dostoïevski

jusqu'au

meurtre

père et

fils. Sur fond d'interrogation sur Dieu et le besoin de dieu, sur le libre arbitre et le mal, la possibilité

de rédemption

d'amour,

et la grâce...

la sainteté

de chacun d'entre nous, Bellorini

1920) que quatre jeunes critiques

pas assez. On attend

centaines jeunes

de viols femmes

et de meurtres à la

frontière

euroet les de du

Mexique, qu'il raconte ici? L'horreur d'un siècle comme épuisé d'exister et

et Du

récit à tiroirs qui puise avec fièvre et frénésie aux enfers et monstruosités

son temps. Quel lien entre laquête d'un mystérieux écrivain allemand (né en à rencontrer

à

près d'un siècle et demi de distance, les deux romans ont peu à voir. Mais au-

fureuse

repris à Paris) et

ambition et invention tielle d'un écrivain chilien

péens s'acharnent

Une adaptation trop illustrative des Frères Karamazov.

une

ment ouvert au monde et conduit

gnol

taque à 2666 (bientôt

Gérard-Philipe, Saint-Denis (93).

après

est magnifique-

et lui faire rendre gorge

Boulbon (13),

janvier 2017,Théâtre

pas,

temps. Ce spectacle-là

et

Odéon-Théâtre de

peu.

théâtrales

d'y ac-

le réel pour le dire et peut-être

vegardé

la parfaite

théâtrale

qu'elle

lisibilité.

a sau-

Ce n'est

d'une

création

transcende

un texte.

Pas qu'elle le résume, même au gré d'images fortes, parfois magnifiques et bouleversantes. directement

De longs monologues

tirés du livre ne suffisent

pas à faire un spectacle, surtout inégalement interprétés. Quand bien même seraient-ils musicale

conjugués étonnante

à une partition et à un dispositif

scénique qui parie sur le rêve, le cirque et l'onirisme. Bellorini l'œuvre,

pour

On aurait

préféré

que

soit moins respectueux de qu'il la fasse réentendre

l'aujourd'hui.

plus de cinq longues

Sinon,

au lieu de

heures

de spec-

tacle, mieux vaut lire chez soi le chefde Dostoïevski d'œuvre

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PAYS :France

JOURNALISTE :Marie-Pierre Ferey

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Liberté - Le Commer 16 juillet 2016 - N°3701

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théâtre roman monstre deRoberto Bolano, adaptéé adapt enn e 122 1 heuress heure àAvignonn à Avigno Par Marie-Pierre FEREY C'est le marathon du 70e Festi\al d'Avignon: le jeune metteur en scène Julien Gosselin adapte à la scène \2666\, livrelabyrinthe du Chilien Roberto Bolano, en douze heures dont quatre entractes. Un défi plus fou encore que celui de la transposition des de Michel Houellebecq, premier coup d'éclat à Avignon 2013 de Julien Gosselin, alors âgé de 26 ans, et de ses camarades du collectif vous pouviez lécher mon Publié en 2003, après la mort de Bolano à Barcelone, \2666\ est un \livre-monde\, qui embrasse en près de 1.400 pages et cinq romans distincts des centaines de destins individuels, se perd dans d'incessantes digressions et balaye l'histoire du XXe siècle à travers la vie d'un écrivain mystérieux, Archimboldi. Ses cinq parties peuvent se lire indépendamment, mais un fil ténu les relie: tout converge vers une sorte d'oeil du cyclone, une ville du Mexique où des centaines de femmes sont assassinées et retrouvées mortes dans le désert après avoir été- souvent mutilées et violées. La ville du livre s'appelle Santa Teresa. C'est le double de la ville mexicaine de Ciudad Juarez où se sont réellement déroulés des centaines d'assassinats de femmes et fillettes à partir de 1993. Le livre est aussi fascinant qu'agaçant, truffé de réflexions philosophiques, d'énumérations - la liste des écrivains de langue allemande comme celle des algues. Le lecteur se perd parfois entre ses nombreux personnages. La quatrième partie, qui relate par le menu les assassinats, est éprouvante, à la limite de l'insupportable. ressens une sorte de perdition chez les spectateurs, mais en même temps, c'est exactement ce que cela reconnaît Julien Gosselin. ne suis pas là pour simplifier l'oeuvre, ou la rendre plus vivable, je suis là pour qu'il y ait une sorte de voyage littéraire Le voyage dans la pièce n'est pas de tout repos. Le spectateur est

ges, de musique et de son. ENIGME L'image est omniprésente. Parfois, le plateau reste vide et le spectateur suit uniquement sur l'écran, comme au cinéma, l'action qui se déroule en coulisses. De très belles images en noir et blanc donnent des allures fantastiques à la deuxième partie, collant à la folie qui s'empare du professeur Amalfitano, une des figures centrales du roman. D'autres belles trouvailles émaillent la pièce, comme la conférence loufoque en anglais d'un prédicateur, ex-fondateur des Black Panthers et auteur d'un livre sur les côtelettes. are not the côtelettes ne sont pas la lance-til sous les rires du public. La pièce, montrée en avantpremière au Phénix de Valenciennes où Julien Gosselin est artiste associé, a besoin d'être rodée (elle sera à l'Odéon en septembre avant une tournée). reste un gros travail d'affinage à reconnait Julien Gosselin. 'Les particules élémentaires', on a travaillé trois mois pour monter quatre heures de théâtre. Là, on a travaillé quatre mois pour monter dix heures de

se risquent plus aux grandes oeuvres, imparfaites, torrentielles, celles qui ouvrent des chemins dans \2666\ est évidemment une de ces grandes oeuvres imparfaites et torrentielles, ouvrant un abîme de questions. Et la pièce aussi.

le public, il peut y avoir une forme de frustration liée au fait qu'il attend peut-être une partie qui soit la réunification des histoires, un Mais l'oeuvre reste une énigme, parce que Bolano, ni la littérature, ni la violence n'ont de pourrait trouver un sériai killer qui conviendrait à tout le monde, qui donnerait des réponses et mettrait fin au suspense, mais ça ne peut pas arriver, parce que ce qui crée la mort, c'est la question de la violence elle-même, c'est la question de la corruption* de l'Etat mexiQuant à la littérature, non plus n'a pas defin, elle est un combat continu contre la violence du Dans un exercice d'auto-dérision, Roberto Bolano déplore dans son livre que les lecteurs

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PAYS : Italie

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15 juillet 2016

Dalla

Francia

Dodici ore con Roberto Bolatio Avignune , la pruva genende di 2666

gato il regista . Una delle carattcristichedel libro la sua lunghezza: volevo rendere la fatica che difficoltĂ richiede leggerlo . I misteri diquesto romanzo incompiuto di pagine rimangono intatti nella versione teatrale di Gosselin . Il giovane regista di Calais riuscito a rimanere fedele all opera di Bolado mantenendo la suastruttura in cinquc lunghi capitoli scr,endosi di una quindicina di interpreti ottimi , di una modulare fatta di scenografia hlocchi traslucidi musica e video in diretta . Per la sua durata , quest' opera , andata in scena con cinque intervalli , sembra l equivalente teatrale dei bingewatching , l indigestione di puntate di una serie televisiva. Alex Vicente , El Pais "

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Il regista julien Gosselin trionfa al festival di con un dilatato Avignone adattamento teatrale di 2666 di Rober to Bolaiio Il festival di Avignonc noto per le sec maratone teatrali. Solo per fare un esempio , anni ottanta Peter Brook negli

fece la storia con il suo Mahabluirata di pin , della chuan' di dieci ore . Oggi , un regista francese di anni , Julien Gosselin , ha deciso di mettere in scena un adattamento di dodici ore di 2666 , il bizzarro romanzo di Bolado . Mi sem brava imprescindibile farlo durare cosi a lungo , ha spie "

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14 juillet 2016 - Edition Avignon et Carpentras

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Rencontre avec Julien Gosselin, animée par Laure Adler Avignon Leçon de l'université, campus Hannah Arendt Rencontre avec Julien Gosselin animée par Laure Adler Le campus Hannah Arendt de l’université d’Avignon et des Pays de Vaucluse accueille les “Leçons de l’Université” du 11 au 15 juillet dans le cadre du programme estival de la Villa créative (Supramuros). Julien Gosselin a ouvert le bal avec une leçon animée par Laure Adler. Metteur en scène au sein de “Si vous pouviez lécher mon cœur”, Julien Gosselin a formé ce collectif avec Guillaume Bachelé, Antoine Ferron, Noémie Gantier, Alexandre Lecroc, Victoria Quesnel et Tiphaine Raffier en 2009. Il a répondu aux multiples questions de la journaliste Laure Adler dans un amphithéâtre bondé composé d’un public averti. Alternant entre des questions plus intimes et des questions sur son spectacle joué en ce moment même au festival d’Avignon, “2666”, les spectateurs ont pu apprendre à mieux connaître Julien Gosselin et son univers. L’art, une réponse à la misère Il est attaché aux écritures contemporaines, notamment celles de Roberto Bolaño et de Michel Houellebecq, et aime utiliser la

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littérature au théâtre. Dans ses spectacles il souhaite bousculer son public en révélant par les formes, les récits, les sons et tous les médiums qui sont à sa disposition, les dépassements du monde réel. Il voit l’art comme une réponse à la misère, aux catastrophes qui envahissent le monde chaque jour. Le public a ensuite pris la parole pour poser des questions pertinentes à l’artiste, ravie d’avoir attisé leur curiosité.

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13 juillet 2016

2666, la pièce qui rend insornn est la tradition à Avignon: festival propose un marathon théâtral une expérience hors norme pour immerger dans une oeuvre . 2666 est cette plongée de douze heures dans l univers de l écrivain chilien Roberto Bolano , explorantdifférentes facettes du mal chiffre du diable) . Polyglotte et ( cinématographique , la pièce nous emmène aux quatre coins de la planète , de New York à Barcelone , de Barcelone Santa Cruz , au Mexique , ville maudite où sont commis d innombrables crimes sexuels . Elle perte l écriture poétique de Bolano avec brio . La seconde partie est pourtant moins bonne que la première . Comme si la descente aux enfers était plus vertigineuse que l enfer lui-même. 4 Jusqu' au16Juillet de14hà 2h à laFabrica C'

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13 juillet 2016

PERIODICITE : Quotidien

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«  C’est aussi une pièce politique  » Avignon RENCONTRE AVEC MARIA DE MEDEIROS « Les Bêtes » au théâtre des Halles « C’est aussi une pièce politique » “L es Bêtes” a été présentée en février. Depuis, l’acteur qui interprète votre mari, Paul, a changé. Comment ça se passe  Manuel Blanc qui a eu un problème est remplacé par Emmanuel Salinger, ce sont des choses qui arrivent dans le théâtre… Mais ça se passe très bien, parce que nous avons déjà joué ensemble, tous les trois, dans “Des feux mal éteints” de Serge Moati (sur la guerre d’Algérie ndlr). Ils sont très différents mais j’ai avec chacun une belle complicité. Avec Thomas Durand (Boris), nous nous sommes recalés. Pourquoi faut-il aller voir «  Les Bêtes  »? Parce que, même féroce et noire, elle est très amusante, un vrai plaisir de tte  Vivacité des dialogues, rapports entre les personnages, la pièce est très bien écrite. Chaque scène ressemble à un court-métrage. Sans que ce soit un reproche - c’est plutôt une observation - aujourd’hui on focalise sur la mise en scène. Alain Timar fait la part belle au jeu des acteurs… Emmanuel rend encore plus perceptible l’aspect politique de la pièce. Vous avez lu du Bolaño hier au musée Calvet. Irez-vous voir la pièce de Gosselin ? Je ne peux malheureusement pas. Roberto Bolaño est un de mes

auteurs Je l’ai ps  découvert il y a quelques années avec son roman-fleuve «  es détectives sauaes  » Après il a écrit «    » juste avant de mourir à Barcelone, le 14 juillet 2003, à 50 ans. Il a connu la dictature de Pinochet, vécu au Mexique… Je suis contente que le Festival, qui sert aussi à ça, permette de découvrir cet immense écrivain chilien. Parmi tout ce que vous avez joué ou réalisé, quelle est votre plus grande fierté ? Comme comédienne “Elvire Jouvet 40” de Brigitte Jaques (tournée mondiale). J’avais 20 ans et n’ai plus eu à faire quelque chose d’aussi difficile dans ma vie. Je me réfère encore aujourd’hui à Louis Jouvet, cet extraordinaire pédagogue. Une sténographe prenait des notes pendant ses cours, on en a une transcription fidèle. Tous les acteurs devraient le connate  Comme réalisatrice, à 30 ans, “Capitaines d’avril”, sur la Révolution des œillets au Portugal qui a mis fin au régime de Salazar. Je l’ai mûri pendant treize ans. Très sincèrement, ça me semble un vrai miracle, je l’ai fait au dernier moment où c’était possible. Après le Festival, Maria de Medeiros part tourner un film au Brésil, puis au Mexique (“De Frida”, histoire de l’infirmière de Frida Kahlo). À la rentrée sur Arte, dans "Square Artiste", elle fera le portrait d’un journaliste espagnol, aveugle et activiste dans l’humanitaire.

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L’info en + Bio express 1965 : naissance de Maria de Medeiros à Lisbonne. Mère journaliste, père attaché culturel, aussi chef d’orchestre et compositeur. Elle grandit à Vienne (Autriche), fréquente des écoles françaises. 1974 : revient au Portugal au moment de la Révolution des œillets.

1980 : à 15 ans, premier rôle au cinéma. 1982 : joue à Lisbonne dans Les Choéphores d’Eschyle (mes Philippe Fridman). 1983 : s’installe en Fr ance. 1985 : abandonne la philo et intègre l’ENSATT (classe de Brigitte Jaques), puis le Conservatoire de Paris (classes de Michel Bouquet et Jean-Pierre Vincent). 1986 : joue “Elvire Jouvet 40”. 1990 : récompensée comme comédienne par le prix Gérard-Philippe, suivi de nombreux autres dans des festivals internationaux de cinéma. 1994 : Pulp Fiction booste sa notoriété. 1999 : réalise son premier long-métrage, “Capitaines d’avril” sur la Révolution des œillets. En sélection officielle au Festival de Cannes en 2000, il obtient ensuite plusieurs prix au Brésil, au Portugal et en France. 2000-2016  :elle enchaîne théâtre, cinéma, télévision, chante, dessine… OÙ LA   Jusqu’au 28 juillet au théâtre des Halles (salle Chapitre). Relâche les 11, 18 et 25 juillet. Durée 1h30.

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13 juillet 2016

PERIODICITE : Quotidien

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Réservations  :04 32 76 24 51. Mercredi 13 juillet à 18h30  :à l’espace librairie de la FNAC (entrée libre dans la limite des places disponibles).

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13 juillet 2016 - N°4994

PERIODICITE : Hebdomadaire

UNE PIÈCE QUI FAITDUBRUIT

Jouée à Avignon , la pièce de Julien Gosselin intitulée « 2666 » dure la bagatelle de douze heures ( lire p . 7) . Aucun risque de endormir , à en croire « Le Monde » ( 12/ 7 ) , surtout lors de la quatrième Des soustitrages non-stop . Une longue liste de femmes violées , puis assassinées , au Mexique à partir de 1993 . Et cette musique techno qui assène des coups. Un spectateur se met à gueuler. Un régisseur lui apporte des bouchons d oreille . » Tant il est pas obligé de se bander les yeux s'

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JOURNALISTE : Jean-Luc Porquet

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13 juillet 2016 - N°4994

écran , moyen

Le Festival d Avignon fait aux 2 000 spectateurs des « Damnés » ,joués par les comédiens du Français et mis en scène par Ivo van Hove , accrochéau mur de la Cour d honneur , il y a un grand écran . attiretous les regards . est rare il soit vide , ou habité par un plan fixe. Un ou deux cameramen évoluent sur scène en permanence , et filment les acteurs en direct . est pratique , le cinéma. Quand une prostituée fourrage dans le pantalon de Martin , le fils dégénéré des von Essenbeck , on voit ça en gros plan. Quand les damnés se chacun leur tour enfermés retrouvent vifs dans un des cercueils alignés à droite de la scène, l oeil de la caméra est dans le cercueil , nous les voyons sedébattre et défunter en faisant d affreuses grimaces. Quand Denis Podalydès semet tout nu pour une bacchanale avec un de sesamis SA , un habile jeu d images préenregistrées nous fait croire par écran interposé ils sont des dizaines sur scène. En sortant , on se dit que le nazisme était féroce et les capitalistes ils étaient cupides , et faits pour entendre , et ça ne va guère plus loin : on en a pris plein les mirettes , on garde le coeur sec, vive le high-tech ? est pareil pour « 2666 » , la fameuse pièce monstre ( mise en scène par Julien Gosselin et tirée d un livre monstre plus de mille pages) qui dure douze heures . La moitié du temps , on ne regarde que les écrans . Quand sur scène, derrière un rideau de tulle , on devine que l héroïne spécialiste de l écrivain von Archimboldi va avec sesdeux amants eux forniquer aussi spécialistes de von Archimboldi nous rapproche , de leurs ébats. obligeamment

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Quand l affreux serial killer accusé d avoir tué , torturé , violé , empalé une ou plusieurs des 200 femmes assassinées depuis 1993 à Santa Teresa ( Mexique) affirme il est innocent comme l agneau , l écran nous le montre en grand et de face avec sa grosse barbe et sesméchantes lunettes , et on sait alors on a pas intérêtà le prendre en auto-stop. Curieux : tout ça est bien fabriqué , bien joué , plein de musique anxiogène et d effets coup de poing ; on a cette impression d être dans « Le silence des agneaux », mais en plus bavard ; et , au bout de dix heures , on a pas envie de lire le bouquin. Des écrans , on en trouvera aussi dans « Ceux qui errent ne se trompent pas» , une pièce

Sous des allures de polar

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joliment satirique , mise en scène par Maélle Poésy . Un jour , les électeurs votent blanc à 80%% , les gouvernants en retrouvent tout éberlués : quoi , ils nous désavouent ? Une pluie diluvienne tombe en permanence , le Premier ministre aimerait bien faire revoterce peuple pour lui à respecter la démocratie apprendre telle il la comprend , lui . Vue pile après le Brexit , cette pièce tape juste , et si, de temps à autre , une envoyée spéciale télé commente la situation sur un écran ça va , rien d envahissant. « Tristesses » :une vraie réussite , franchement désopilante , où la violence est pas montrée de façon bêtement crue et réaliste ce qui nous change. Sur une petite île danoise qui ne compte plus que huit habitants , une femme se suicide et sa fille , leader d un parti d extrême droite , débarque pour récupérer le corps. s'

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grotesque , une réflexion politique ,

signée Anne-Cécile Vandalem , sur les peuples poussés à la résignation , la culpabilité , la honte ... Sur scène, quelques chalets formant un village , dans lesquels les comédiens enferment parfois pour d étouffants huis clos . Et alors , devinez quoi ? Caméras , écran , etc. s'

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Sans doute se félicitera-t-on que tous-cesécrans transforment le théâtre en un lieu merveilleusement démocratique : le spectateur du dernier rang est plus lésé . Tout comme le fan de rock voit Mick Jagger au Stade de France agiter là-bas , au loin , comme une mouche , mais peut compter ses gouttes de sueur sur l écran géant qui le surplombe , le spectateur d Avignon même mal placé a droit à la moindre des acteurs. mimique La seule différence avec le cinéma , est que ceux-ci ont un micro scotché sur la joue , on voit en gros plan pendant ils déclament , crient , embrassent , pleurent , jouissent sur scène. Comme ça a pas l air de les gêner , alors on décide que nous non plus . Et puis çapermet de se souvenir on est au théâtre ! Exception : « L institut », d après Robert Benjamenta Walser , mis en scène par Bérangère Vantusso . Que se passe-t-il quand , dans une école de , l un d eux ne joue pas le domestiques jeu , que le pouvoir et les règles et l autorité sefissurent ?De la lenteur , d énigmatiques marionnettes , du trouble , pas de caméras : est magnifique , le théâtre est là , enfin nu. Jean-Luc Parquet n'

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PAYS : France

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JOURNALISTE : Hervé Pons

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13 juillet 2016 - N°1076

PERIODICITE : Hebdomadaire

le théâtre est 1 un art de combat

En s'attelant respectivement au 2666 du Chilien Roberto Bolarïo et au Radeau de la Méduse de l'Allemand Georg Kaiser, Julien Gosselin et Thomas Jolly posent leur regard sur la violence et la barbarie de la société.

propos recueillis

par Hervé Pons photo Aimée Thirion et David Betzinger

nanimement salué en 2013 avec Les Particules élémentaires d'après Michel Houellebecq, Julien Gosselin revient avec une ambitieuse adaptation du romanfleuve de Roberto Bolano, 2666. Quant au marathonien shakespearien Thomas Jolly, dont les dix-huit heures d'Henry VI firent événement en 2014, il met en scène les jeunes acteurs de l'école du Théâtre national de Strasbourg dans Le Radeau de la Méduse de Georg Kaiser. Ils se sont prêtés avec intérêt au jeu de l'entretien croisé.

Vous incarnez chacun un certain renouveau de la scène française et bien que vous soyez porteurs d'esthétiques différentes, voire opposées, vous avez en commun d'avoir été révélés par Avignon... Julien Gosselin - Oui peut-être même plus pour moi que pour Thomas, qui avait déjà été repéré grâce au prix du festival Impatience qu'il avait remporté. Quand Vincent Baudriller et Hortense Archambault m'ont programmé avec Les Particules élémentaires, je n'avais créé que deux spectacles. Pour eux, c'était un coup de poker, une prise de risque gigantesque de nous soutenir alors que nous étions très éloignés des scènes importantes de la vie théâtrale française. Effectivement, ce spectacle présenté à Avignon a fait décoller la compagnie, d'autant que pendant le Festival, le temps de la représentation est plus intense. Alors c'est sûr que j'y suis né ! Pour créer 2666, qui dure douze heures, il fallait aussi que ce soit au Festival, car Avignon est le lieu des aventures singulières, des spectacles de longue durée, Thomas en sait quelquechose ! Thomas Jolly - Je suis tout à fait d'accord, mais c'est vrai que, contrairement à Julien, La Piccola Familia n'est pas née à Avignon. Nous travaillions déjà depuis une dizaine d'années avant d'être invités, alors le Festival a plus été un point d'arrivée qu'un point de départ. Olivier Py a découvert notre travail au festival Impatience en 2009 et a continué à nous suivre. Henry VI devait être créé à l'Odéon lorsqu'il le dirigeait mais suite à sa non-reconduction à la tête du théâtre, le spectacle a continué son chemin avec d'autres partenaires. Quand Olivier a été nommé à Avignon, il a souhaité qu 'Henry VI soit programmé dès sa première édition en tant que directeur en juillet 2014, et pour la première fois dans son intégralité, soit dix-huit heures. Comme pour Julien, qui met en scène 2666, cela n'aurait pas été possible ailleurs. Le Festival nous a offert une mise en lumière extraordinaire et a été un nouveau point de départ. Avignon donne chaque

pour Les Inrockuptibles

Pourquoi Avignon est-il le lieu de tous les possibles ?

Thomas Jolly - Parce que activité quotidienne pour se trois semaines au théâtre et des aventures de ce type-là, en saison, sur un week-end. ces grandes aventures sont tant les représentations qui de vie traversés ensemble,

les gens arrêtent toute consacrer pendant que l'on peut leur proposer difficiles à programmer Et puis il y a la ferveur, des fêtes et ce n'est pas comptent que les temps les moments partagés.

Julien Gosselin - 2666 est un spectacle long bien que nous ne soyons pas dans des durées comparables au Henry VI de Thomas. Mais comme nous explorons des zones poétiques et esthétiques parfois violentes, il y a des parties qui seront longues, éprouvantes et difficiles, et si je sais que les gens travaillent le lendemain, je me dis que je vais leur faire passer une mauvaise nuit. A Avignon, les gens sont aussi là pour se faire un peu du mal ! Comme quand on a une expérience de lecture avec un roman très dense et que l'on se dit que le bonheur vient de l'effort que l'on fournit en tant que lecteur. Je crois que le spectateur avignonnais est dans cet effort-là, autant que dans le plaisir. C'est ce combat-là que j'ai envie de mener avec lui, à Avignon. Thomas Jolly - J'ai été étonné que les gens soient si friands de durée, mais à bien y réfléchir, la durée est inscrite dans l'ADN du théâtre. Dans notre monde de vitesse, de calibrage des projets, nous nous sommes familiarisés avec des formats plus courts, alors quand on propose ce type d'aventure, il y a de l'envie, du goût. Je pense également que nous avons besoin aujourd'hui de retrouver de grands récits, en atteste l'engouement pour les séries télévisées ou les sagas littéraires reprises au cinéma, comme Harry Potter, Twilight ou Hunger Games... Avec la question de la communauté, de l'être-ensemble, qu'offre en plus le théâtre. Les gens ont besoin de se sentir vivants, au même endroit, en même temps. C'est ce qui se passe avec Nuit debout.

Julien Gosselin - Quelques personnes me demandent si cela ne m'inquiète pas de faire peur aux gens, mais beaucoup d'autres me disent avoir hâte. Ça m'amuse car j'ai l'impression d'être dans la déconstruction de l'expérience collective. Ce doit être à cause du titre, 2666, qui laisse imaginer que l'histoire se passe dans le futur et que ce sera une épopée, comme j'imagine Henry VI être porteur d'un théâtre épique. Cependant, je fais l'inverse d'un théâtre épique! Tu évoquais Nuit debout, Thomas... Certains professionnels de la culture regrettent le manque d'engagement des artistes, et attaquent Olivier Py en lui reprochant de ne pas laisser sa place au mouvement pendant le Festival - place que Nuit

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PAYS : France

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JOURNALISTE : Hervé Pons

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13 juillet 2016 - N°1076

PERIODICITE : Hebdomadaire

debout ne revendique d'ailleurs pas... Thomas Jolly - J'étais en tournée quand a démarré Nuit debout. J'y suis allé à Caen, à Strasbourg, à Toulouse, sans pouvoir pour autant m'inscrire quelque part et construire quelque chose avec des gens. Nous en avons beaucoup parlé au sein de La Piccola Familia, le théâtre ne se fait pas dans un bunker et pourtant il a besoin d'isolement, il faut trouver le bon équilibre. Pendant la tournée de Richard III, nous lisions des textes sur le 49.3, la loi travail, pour ne pas uniquement aborder la question des intermittents; mais le rapport avec les spectateurs est complexe, ils ne viennent pas au théâtre pour ça. Il serait temps de se poser la question de comment les théâtres redeviennent constitutifs des mouvements de société, de la pensée et du vivre-ensemble, ce qu'est en train de faire Stanislas Nordey au TNS.

volonté politique. Je déteste, par exemple, les chansons gaies. Je ne peux écouter que de la musique sinistre. Je ne peux pas envisager la vie et l'art s'il n'y a pas quelque chose de profondément mélancolique dedans. Il y a vraiment deux choses qui m'intéressent dans l'art : la question de la violence et la présence de la poésie dans le monde. Elles sont chez Bolano, et c'était déjà le cas avec Houellebecq. La violence est protéiforme, en tout cas elle existe aujourd'hui et elle m'amène à des auteurs qui ne sont pas forcément les plus gais du monde. Ma catharsis, en tant que spectateur, lecteur ou auditeur, naît d'un moment de déchirement et de violence, rarement de communion.

Julien Gosselin -Je suis un peu houellebecquien pour ces choses-là. Je déteste les rassemblements, j'y suis très mal à l'aise, ce n'est pas une critique politique mais une sensation personnelle. Quand je repense aux Particules élémentaires, qui traitent de Mai 68 - bien que je ne sois pas nostalgique de cette période-là -, et que je revois des images de ces gaullistes en train de rire en regardant ces jeunes comme s'ils s'agitaient stupidement, alors qu'ils ont fini par diriger la société, je suis étonné de voir aujourd'hui un gouvernement de gauche traiter les gens de Nuit debout avec autant de mépris et de détachement. Quelles que soient les idées qui sont portées, et on peut dire qu'elles sont très variées dans ces mouvements-là, il se passe quand même quelque chose et les propositions politiques devraient être considérées comme ayant autant de valeur que celles venues d'un député de 7A ans qui s'endort sur son siège à l'Assemblée. En ce qui nous concerne, je ne supporte pas l'idée qu'un spectacle se mette en grève, mais je suis forcé de constater que parfois l'annulation vaut mieux et permet de faire avancer les choses. Certes, je suis d'accord avec Thomas sur le fait que les théâtres peuvent porter ces questionnements et inviter les gens à débattre, mais je ne crois pas que cela ait à voir avec la question de l'éducation populaire ou de la citoyenneté. Il faudrait un vrai positionnement. On a le droit dans les théâtres, quitte à être détesté par quelques-uns, d'affirmer des positions politiques. Certains déplorent un messianisme de l'institution culturelle... Thomas Jolly - Ah oui ? Franchement, quelle idée de monter Roberto Bolano, ou Georg Kaiser, un vieil auteur allemand complètement oublié du début e du XX siècle ! Il ne me semble pas que Julien et moi servions la messe... Et si Avignon, c'est la messe, alors elle est celle de la pensée en friche. Julien Gosselin - Parler de théâtre politique, ça soûle tout le monde. Et Olivier Py est forcément en première ligne... Un des moments les plus forts l'année dernière était Des arbres à abattre de Thomas Bernhard mis en scène par Krystian Lupa. Mais c'était certainement aussi l'un des plus politiques parce que Lupa est un artiste immense, son théâtre parle purement de politique. On peut créer des thématiques, des focus, utiliser des éléments de langage, mais si on peut imaginer et tracer des lignes politiques par avance, on ne peut pas décider de ce que produira le théâtre. Dans le choix des textes que vous montez, il y a une vision crépusculaire de l'humanité, tant chez Kaiser, avec cette jeunesse naufragée qui se détruit elle-même sur son radeau, que chez Bolano... C'est là l'état du monde aujourd'hui ?

Thomas Jolly - Je n'ai pas l'impression d'avoir un goût précis pour un type d'œuvre ou une manière de raconter le monde, il se trouve qu'à chaque fois, et c'est le cas avec Georg Kaiser, les auteurs auxquels je me consacre m'apportent des réponses. Nous évoquions Nuit debout, il se trouve que dans Le Radeau..., il y a la volonté de créer une société nouvelle, mais c'est impossible. C'est ce que pose Kaiser, il fait la démonstration que l'humanité est traversée par la barbarie, le mal, la méchanceté et la division.

catharsis naît d'un moment de déchirement et de violence, rarement de julienGosseim C'est pour cela que je suis metteur en scène, j'ai besoin de porter ces auteurs-là, qui traduisent les angoisses qui me traversent. Chez Kaiser, la société est divisée, ces jeunes gens s'engueulent sur des questions de religion, de sexualité, de culture, de langue... Ils se demandent comment on vit ensemble aujourd'hui. Kaiser dit que l'on n'y arrive pas.

Dans son édito, Olivier Py dit : est impossible il reste le théâtre... Julien Gosselin - Oh non ! Thomas Jolly - Ah si !

la révolution

Julien Gosselin - Je ne suis pas d'accord. Quand la révolution est impossible, il reste la révolution. Thomas Jolly - Oui, mais la révolution ne peut pas être sous couvert d'impossibilité, c'est l'impossibilité qui crée la révolution. Julien Gosselin - Je crois que ce que nous défendons Thomas et moi, à des endroits différents, c'est que le théâtre est un art de combat, un sport de combat comme dirait l'autre, mais pour moi cela ne vient pas quand on a raté une révolution ; le théâtre n'est pas là pour consoler. Bolarïo me touche quand il dit que la littérature livre un combat contre la violence du monde et que de toute façon la violence du monde gagnera toujours ce combat. Le seul intérêt de la littérature n'est pas de gagner mais de combattre. Comme un combat de samouraïs, dit-il. Je vois le théâtre de cette manière-là. Le combat est en luimême le but du théâtre. La révolution vient après, mais il vaut mieux qu'elle se fasse quand même. Thomas Jolly - Je pense que le théâtre peut générer la révolution parce qu'il est un art de combat et que plus nous montrerons que le monde dans lequel nous vivons est impossible à vivre, plus la révolution pourra advenir. Aujourd'hui, avec la montée de l'extrême droite, les attentats, je me dis que nous ne pouvons plus faire comme si de rien n'était. Jean Vilar pense Avignon pour consoler, et réunifier un pays divisé par la guerre. Je crois d'ailleurs que la première édition du Festival se fait pour les sinistrés de guerre d'Avignon. Le théâtre est aussi un soin, un endroit de reconstruction.

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JOURNALISTE : Hervé Pons

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13 juillet 2016 - N°1076

Est-ce que vous diriez que du fait de sa pauvreté, toute relative, et du désintérêt que lui portent les politiques, le théâtre est le dernier lieu de liberté d'expression? Julien Gosselin - Oui, et il ne faut pas transiger cela. Le théâtre est l'art qui a été le moins broyé

avec

par la machine libérale, le plus préservé, notamment parce qu'il est subventionné, contrairement à la musique, au cinéma, et même à l'art contemporain. Ni Thomas ni moi n'avons jamais été empêchés de dire ce que nous voulions dire, et je suis ébahi que bien que l'on ait cette chance-là, nous ne prenions pas plus de risques. L'indépendance que l'on a est absolue. Quand je parle à des amis qui font des films et me racontent qu'ils ont leur producteur sur le dos tous les deux jours, je me rends compte qu'au théâtre les directeurs nous laissent entièrement libres. Pourtant, on ne fait pas grand-chose, je m'inclus dedans... Je ne trouve pas la prise de risque gigantesque, il nous faudrait peut-être un peu plus de courage. Thomas Jolly - Je suis d'accord pour le manque de courage... Il va en falloir aussi dans les théâtres et sur les territoires. Tu as raison, le théâtre a été le moins broyé par la machine libérale mais c'est aussi l'art le plus facile à faire, il suffit de quelqu'un qui dise quelque chose devant quelqu'un d'autre. C'est l'art populaire. Julien Gosselin - Je suis d'accord sur le plan politique, mais je suis quand même surpris du peu de créativité dont nous faisons preuve. Tu parlais des séries, mais quand on voit la créativité délirante qui y est en jeu alors qu'elles sont les parangons de la machine libérale, j'ai l'impression parfois que le monde du théâtre se contente de faire du Julie Lescaut qu'il faudrait faire True Detective. Thomas

Jolly

- C'est

là qu'il

faut

du courage,

alors pour

imposer ce décalage... Julien Gosselin - ... et ne pas s'endormir, faire l'effort de dépasser notre créativité, car on ne peut pas se contenter de dire que le théâtre est l'art le plus libre qui soit et ne pas jouir de cette liberté. • 2666 d'après Roberto Bolano, mise en scène les 8, 10, 12, 14 et 16 juillet à Uh, la Fabrica

Julien

Thomas

Jolly

Gosselin,

Le Radeau de la Méduse de Georg Kaiser, mise en scène Thomas Jolly, du 17 au 20 juillet à 15 h, gymnase du lycée Saint-Joseph

gens ont besoin de se sentir vivants, au même endroit, en même temps. C'est ce qui se passe avec Nuit Thomas joiiy

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PAYS : France

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JOURNALISTE : Hervé Pons

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PERIODICITE : Hebdomadaire

spécial Festival d Avignon

entretien

j« |

Julien

Gosselin

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JOURNALISTE :Alexandre Demidoff

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PERIODICITE :Quotidien

«2666»,ce train fantôme qui sidèreAvignon SPECTACLE Jeune metteur en scèneflamboyant, le FrançaisJulien Gosselinadapte «2666»,roman-culte, maisà cadavresmultiples de l'écrivain chilien Roberto Bolano.Cespectacle de douze heuresépate et remet d'aplomb ALEXANDRE DEMIDOFF

if @aiexandredmdff Avignon est un marathon et ce n'est pas une formule. Il nécessite de bonnes semelles, desbouteilles d'eau à portée de main, des haltes pour se ravitailler. Les festivaliers le savent désormais: en cette 70e édition, il faut savoir durer pour bien jouir. Prenez 2666, spectacle à rebondissements, thriller littéraire captivant comme la plus ingénieuse des séries télé. En 2003, l'auteur chilien Roberto Bolano, 50 ans, meurt et laisse derrière lui un train fantôme de fiction, cinq romans secrètement reliés en un, autant de gares crapoteuses, de locomotives borderline oui, ça peut exister, de bordels improvisés au wagon-couchettes. Soupesez-le, ce 2 666: dans la collection Folio, la rame pèse 1365 pages. Le Français Julien Gosselin, à peine 30 ans, se glisse dans la cabine du conducteur Bolano, allège le convoi et fonce dans une nuit qui embaume le stupre, la grande histoire et le crime de bas de page, la passion de la lettre surtout: onze heures trente de représentation à la Fabrica, cette salle équipée pour tous les mystères, basée à un kilomètre à peine de la muraille d'Avignon, au milieu d'un pré. Il est quatorze heures, 600 spectateurs s'agglutinent devant les portes de la salle. Vous fermez les yeux et vous y êtes. Un vrombissement de cataclysme. C'est ainsi que 2666 commence. Et puis, tout de suite, une allure d'université. Sur scène, ils sont quatre pour un séminaire qu'on pressent pointu: la Britannique Liz N orton (Noémie Gantier), l'Espagnol Manuel Espinoza (Alexandre Lecroc), le Français Jean-Claude Pelletier (Denis Eyriey) et l'Italien Piero Morini (Joseph Drouet) ont l'intelligence croqueuse. Ils sont spécialistes de de l'écrivain Benito Arcimboldi. Roberto Bolano l'œuvre

est taquin: le nom d'Arcimboldi évoque Arcimboldo, ce peintre dont les portraits au XVIe siècle s'apparentent à des salades de fruits hétéroclites. Le quatuor est obsédé par le mystère d'un auteur jamais vu. Liz, Manuel et Jean-Claude collec-

tionnent les indices, tout en partageant souvent le même lit, ce qui peut aider à carburer. Mais voici qu'un poète mexicain surnommé «Le Porc»prétend avoir croisé un vieillard colossal, auxyeux bleus, Arcimboldi évidemment. A moins que... Sur le plateau, les modules glissent et composent un hall d'hôtel moite. Apparaît bientôt un certain Amalfitano (Frédéric Leidgens), philosophe brillant mais rongé par un mal, une sorte de schizophrénie. Le récit bascule dans une autre dimension, macabre et fantastique. Plus tard, vous suivrez l'incandescent Adama Diop dans le rôle d'un journaliste new-yorkais endeuillé que sa rédaction envoie couvrir à Santa Teresa, au Mexique, un combat de boxe. Il y croisera surtout Rosa Amalfitano (Victoria Quesnel), la fille du philosophe, traquéepardes voyous. Vous ne suivez plus? Il suffit de savoir que le Santa Teresa de Bolano est un pandémonium et qu'Arcimboldi passe là-dessus en ombre chinoise, comme le spectre d'une civilisation perdue. L'intérêt de ce 2666 ne tient pas seulement à la prouesse des acteurs, à ce punch conservé jusqu'au bout de l'enfer. Ou au brio de l'adaptation. Il montre surtout que Julien Gosselin est l'enfant de son époque, qu'il est de ceux qui renouvellent le théâtre, qui du moins enrichissent leur boîte à outils, les empruntant en grande partie au cinéma. Novateur? Disons que Julien Gosselin s'inscrit dans un courant qui a ses maîtres, le metteur en scène allemand Frank Castorfdans les années 1990-2000, le Polonais Krzysztof Warlikowski depuis une dizaine d'années. Point commun? Un souci de diffracter l'action, de la montrer sous plusieurs jours à la fois, de conjuguer le plan large et le zoom - oh bonheur de l'écran, d'aménager à vue l'espace de la fiction, comme un studio sans cesse mouvant.

On y assiste de loin, mais aussi de très près via le film des ébats tournés en direct. Cela dure une minute peut-être. Mais on a la sensation qu'une nuit a passé. Le double jeu de l'image et de la scène permet de travailler le temps de la fiction au corps. L'artiste, dont on a admiré à Vidy l'adaptation des Particules élémentaires de Michel Houellebecq, donne ainsi à sa saga un tempo de série formidablement ficelée, à niveaux de réalité multiples. 2666, le livre, est la fable d'une malédiction. Au théâtre, c'est une forme de bénédiction - pour le public. Le metteur en scène force certes le trait parfois, abuse du trémolo musical - ces pulsations rock qui gravent les images dans un marbre maléfique - quitte à prêter à la traversée une pompe de requiem. Il y a là des facilités d'illusionniste fasciné par son livre de magie. Mais il y a chez Julien Gosselin un amour et une science du récit qui en font un parfait camarade de Liz & Cie. 2 666 est un éloge exalté de la lecture. A Avignon, c'est aussi le spectateur, ce chasseur de signes endurant, qu'il célèbre, h 2GGS,Festival d'Avignon, la Fabrica, jusqu'au lSjuiLLet; rens.www.festivalavignon.com; puis Paris, Théâtre de l'Odéon, du 10 sept, au 16 oct.

En 2003, l'auteur Roberto Bolano, 50 ans, meurt et laisse derrière lui un train fantôme de fiction, cinq romans secrètement reliés en un

Le cinéma au théâtre a cet autre avantage. Il permet la proximité dans le jeu et donne aux scènes de sexe, par exemple, une volupté hollywoodienne. Admirez Noémie Gantier, sa liberté féline quand elle attire ses hommes. Leurs effusions sont brèves mais tropicales.

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PAYS :Suisse

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JOURNALISTE :Alexandre Demidoff

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PERIODICITE :Quotidien

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Avec «2666», le metteur en scène Julien Gosselin offre un spectacle palpitant comédiens impressionnants. (SIMONgosselin!

comme une série télé, souvent virtuose dans l'usage qu'il fait de la caméra, servi par de jeunes

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PAYS : Allemagne

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JOURNALISTE : E. Spreng

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PERIODICITE : Quotidien

DERTAUSPIEGEL

Perverse Karrieren

Theatergewitter Beim Festival in Avignon finden die Toten keine Ruhe und die Welt blutet aus Manchmal wählt das Theater in Avignon in seinem Kampf um die Deutungshoheit den direkten We Dann macht es ein schlankes Statement in Richtung Politik , bekennt sich unumwunden und markiert seine Position . Diesmal bringt Amos Jahr nach seiner filmische Recherche "Rabin , the last Day" bei der Mostra in Venedig und einer Multimediainstallation in Rom an einem einzigen Abend im Papstpalast der Rhonestadt das Attentat auf Jitzchak Rabin nun auf die Bühne. Wie ein Oratorium inszeniert der israelische Filmemacher seine Hommage an den 1995 ermordeten Ministerpräsidenten . Am Tisch in der Mitte sitzen zwei Schauspielerinnen , daneben zwei Musikerinnen .Links wartet ein Chor . Die vier Frauen stehen für die 2000 verstorbene die Witwe des Ermordeten . Die arabisch-israelische Schauspielerin Hiam Abbass und ihre israelisch-französische Kollegin Sarah Adler teilen sich Lektüre von Leah Rabins privaten , in die sich das politische Klima im Erinnerungen Israel mischt . Auf die Papstpalastfassade projizierte Fernsehbilder dokumentieren die Massendemonstrationen des rechten des Lagers und deren Legitimierung Mordanschlags . Amos Gitai zeigt , wie Israelam 4 . November 1995 eine Wunde zugefügt wurde , die nicht heilen kann. Für den Rabin-Abend wird die eines Stoffes unterbrochen , Aufffilirungsserie der ebenfalls zunächst als Ellin in die Kinos kam . Der belgische Regisseur Ivo van das Drehbuch Hove inszeniert Luchino Viscontis "Die Verdammten" ( 1969) . Am linken Rand der Bühne sind Schminktische aufgebaut , am rechten stehen sechs Särge . Dazwischen spielt sich das Leben ab ein prekäres , vorläufiges , von Intrigen , Leidenschaften und den erstarkenden Nazis bedrohtes Dasein . Ein Videobild auf der zentralen Leinwand zeigt jede der Figuren , die in einen der Särge gelegt wird , nochmals im . Die Sterbende stöhnen für die Todeskampf Nachwelt unhörbar , ringen um Luft . Das Alte kann nicht gehen , das Neue wird die Toten nicht los. Was im Salon der Industriellenfamilie von Essenbeck geschieht , verdoppelt sich als Video . Ivo van Hove baut die seiner Figuren in Entwicklung choreografierte Theaterbilder ein . Vor allem Martin von Essenbecks perverse Karriere deutet er aus. Der pädophile Familienneurotiker wird zum Werkzeug der . Christophe Montenez schlüpft hier NS-Strategen in eine Rolle , mit der Helmut Berger seine internationale Karriere begann . In

für Avignon erreicht die Inszenierung Momente Van Shakespeare-Niveau . Hove beweist hier erneut , dass er Kraftlinien freilegen kann , in denen die individuellen Leidenschaften zu Vektoren für politische Umbrüche werden . Rückschlüsse auf den Rechtsruck in Europa und seine neuen Nationalismen können allerdings nicht gezogen werden . Das martialische Schlussbild zeigt Martin von Essenbeck als Terroristen mit gereckter Maschinenpistole . Die Schauspieler der Comedic Française beweisen bis in die Nebenrollen hinein hohe Spielqualitäten. Im modernen Theaterneubau der Festivalstadt , der FabricA , inszeniert Julien Gosselin in einer zwölfstündigen Roberto Bolafios nachgelassenes Auffiittrung Romanmonstrum "2666 . Der Einstieg ist eine Menage trois: Literaturwissenschaftler , die sich in schicken Le-Corbusier-Sofas lümmeln. Bei einer hitzigen mit einem Begegnung pakistanischen Taxifahrer erleben sie dann einen Kulturschock und landen im Herzen der Gewalt dem , eigentlichen Romanthema. Die sonst so

20 . Jahrhundert mit seinen ideologischen Gewissheiten , mit all den politischen Parteien , Glaubensrichtungen endgültig untergegangen1st Die Theaterkunst findet hier zu ihrem Kern zurück . Sie zeigt ein unverblendetes Bild des Menschen , in das eine zügellose Globalisierung ihn verwandelt hat . in Avignon , das ist ein Theatergewitter . EBERHARDSPRENG "2666"

Zwölf Stunden dauert die Aufführung von Bolaiios Roman

"

anständigen

Wissenschaftler einen prügeln Mann krankenhausreif nachdem er die Kollegin und gemeinsame Geliebte eine Nutte genannt hat . Unheilvoll dröhnt jetzt der Soundtrack , mit dem Gosselin das Theaterabenteuer unterlegt. Drei Videoprojektionen sorgen für einenGenre-Mix zwischen Schauspiel und Kino . Die fünf Teile des -Zyklus werden zum Vexierbild , in dem sich ein immer blutigerer Weltzustand spiegelt. Die Geschichte führt immer wie der in die nordmexikanische Stadt Santa Teresa , mit der Roberto Bolafío wohl einen der weltweit brutalsten Orte meinte: Ciudad Juarez . Dort werden Wanderarbeiterinnen einer Hungerlohn ausgebeutet und in einer nicht abreißenden und Mordserie Vergewaltigungsumgebracht. Julien Gosselin hat den Kultroman in Bild und kongenial Spiel übersetzt . Dabei verzichtet er auf die große Politik . Der Zuschauer weiß nach zwölf spannenden Stunden zwar immer noch nicht , welchem höheren Zweck die ganze gedient hat . Doch ahnt er , dass in Anstrengung Bolailos literarischem Großwerk wie in Gosselins theatralischem Glanzstück das "2666"

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EL PUNT / AVUI

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12 juillet 2016 - N°27431

PERIODICITE : Quotidien

De enscenering van het boek 2666 van Roberto Bolatio heeft een verbiuffende van pakweg twaalf uur als resultaat. theaterervaring een bepaalde periode werden op vrouwen . Een en ander gepleegd gaatgepaard met gruwelijke details en dat wordt nog versterkt door een almaar onheilspellender von is VoornoemdeArchimboldi aanzwellende soundscape . Het is een de schimmige held van dit bijvoorbeeld , is de geheimzinnige schrijver hallucinerende ervaring , appellerend aan theatrale verhaal .Althans , van eenbescheiden oeuvre dat door duistere emoties. van het begin ervan - en een klein gezelschap zeer Het laatste deel stelt een beetje aan het eind zal hij ook wordtgewaardeerd , blijkt in het eerstedee! . teleur .Archimboldi duikt weer opener Het is eind jaren negentig van de weer opduiken . En is veel dat moet worden verteld . Maar ondertussenzullen weons soms afvragen waar hij eeuw Vier een Brit academic! , vorige is gebleven .Maar niet heel Italiaan , Fransman en Spanjaard -zij n wat eraan voorafging ,was dermate eigenlijk indrukwekkend , dat je als vaak, want ergebeurt ongelooflijk van plan hem een eerbetoon te toeschouwer haast geloutercl en in trance de veel in 2666 , de voorstelling naar het brengen en gaan naar hem op zoek. In de zaal uit loopt. circa duizend s er van alles russen gelijknamige , pagina' tussentijd gebeurt Karin Veraart teilende boek van deChileen Roberto ditviertal ,ook op hetgebied van de liefde . Uiteindelijk komen zeterecht 2666 (1953-2003). in SantaTeresa, eenfictieve stad aan Theater Julien Gosselin, dejonge it Lille die recentelijk zijn de Mexicaanse grens ,waar in alle theatermaker naam ves tigde met een wervelende verhaakielen belangrijke dingen gebeuren. Naar de roman van bewerking van Elementaire deeltjes Gosselin en zijn team verbeelden Roberto Bolaho van Michel Houellebecq ,beet zich door Si vous vast in een nog omvangrijker project: dit alles op wonderschone wijze .Op de speelvloer staan grote de enscenering van Bolario .Dat pouviez lécher mon coeur resulteerde in eenvaakverbluffende verplaatsbare dozen' ruimten die op allerlei manieren kunnen draaien en keren van pakweg twaalf uur. ( internationale theaterervaring en aan elkaarworden geschoven . coproductie) . Vrijdag wasde wereld premiere op het Festival d Avignon .In mei komt Bewerking on vervolgens bijvoorbeeld een chic het stuk naarAmsterdarn. regie: Julien appartementte vorm en en daarna een Gosselin. 2666 verscheen na de dood van congreszaal .Gosselin speelt met Bolario in 2003 . Her manuscript 8/ 7, Festival hoogten , licht en video . Hij durft te kiezenvoor muziek (van Guillaume d Avignon , komend bestaat uit vijf delen,die Bolario eerst Bachele en Remi Alexandre) en voor seizoen te zien in apartwilde publiceren . Uiteindelijk volume .En dan zijn er de acteurs , die de werd het groot caleidoscopisch Amsterdam in zich schijnbaar moeiteloos door de Stadsschouwburg epos, waarin hij talloze personages, elkaar in rap tempo opvolgende twee losse delen gebeurtenissen , plekken en scenes ambiances bewegen ,de enekeer ingeleefd in ( 17en 18/ 5) of als samenbrengt . Een heel duidelijke hun personage ,de andere keer snel marathon (21/ 5). lijn houdt hij daarbij ni et aan. even een anekdote oplepelend . Gosselin laat ookzijn enscenering ,overtuigend. uitvijf delen bestaan. Die wisselen in Zelfverzekerd Deel twee heeft nietveel van doen lengte en sfeer uiteindelijk beklijft het gevoel van eensoort wereldreis met het eerste, maar opnieuw wordt door corrupte ,vergeten hier meeslepend gespeeld , gaat het door over liefde en verlies , filosofie en hangskille poezie , poetisch is de toon . De en uiteenlopencle continenten waarin we verscheidene delen zijn `fysieker' :de muziek daaropvolgende voor een bepaalde tijd volgen op treed t meer op devoorgrond (we personages in ongure discotheken , er zijn hun levenspad , met alles wat daar in komen bokswedstrijden ,het milieu wordt praktische en emotionele zin bijhoort En hoewel er nooit echt sprake gewelddadiger) ,de video idem. Deel vier isgedurfd: het bestaat is van identificatie met een van hen of betrokkenheid bij hun lot , hetgeheel voor een groot deel uit een laat je niet onberoerd achter. van moorden die gedurende opsomming sprake is van identificatie met de karakters , laat het geheelje Met onberoerdl. Hoewel

er nooit

Benno

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Antoine en

Ferron

Noémie

Foto

PERIODICITE : Quotidien

( links) Gantier.

AFP

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PAYS : Pays-bas

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12 juillet 2016 - N°27431

DE CARRIÈRE

VAN

Met de bewerking van het boek Elementaire deeftjes gold Gosselin direct als belofte in . Ook zijn Frankrijk nieuwe voorstelling slaat aan. Julien Gosselin (1987) studeert in 2009 af aan de theaterschool van Lille en richt met zeven gelijkgestemden een collectief op genaamd Si vous pouviez

DE JONGE

FRANSE

THEATERMAKER

lécher mon coeur ( oftewel: Als u mijn hart zou kunnen likken' , ontleend aan een zin uit de film Shoah) . Hun doel is theater maken over de waarin we nu maatschappij leven , scherp en nauwgezet , naar hedendaagse teksten . Met de van Les particules bewerking élémentaires ( Elementaire deeltjes) van Michel '

Houellebecq

geldt

Gosse

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JULIEN

lin in 2013 als belofte van het Franse theater . Het is pas zijn derde regie , een energieke , vier uur durende mix van razende en dialogen , monologen vol dubbelrollen , en muziek , decorwisselingen over een gezin en een die steeds maatschappij meer mankementen vertonen . De voorstelling , de eerste in Frankrijk , be Houellebecq-enscenering

GOSSELIN leeft haar première op het Festival van Avignon. Daarop wordt het voor gezelschap uitgenodigd internationale festivals , zoals de Berliner . Afgelopen Festspiele september was Les Particules in de Stadsschouwburg Amsterdam te zien . De wil Gosselin schouwburg in de toekomst volgen en steunen en is coproducent van 2666.

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12 juillet 2016

PERIODICITE : Quotidien

la presse en parle « La première représentation publique à Avignon de 2666, l'adaptation par Julien Gosselin du livre fleuve du Chilien Roberto Bolano, a été magistralement menée » écrit le Figaro. fr « Une mise en scène sidérante de puissance et d'enjeux esthétiques et réflexifs. » Pour le Monde. fr, « Julien Gosselin ne cherche pas à jouer au plus malin : il restitue l'essence du roman de Bolaño, sa lucidité et son désespoir féroce. » ■

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12 juillet 2016 - Edition Toutes éditions

« 2666 » : un étonnant voyage au long cours Sur la scène de la Fabrica, salle un peu à l'extérieur de la ville, trois boîtes rectangulaires qui seront tour à tour pièces d'appartement avec escaliers, balcons, parois vitrées, bureaux, salle de police. En mezzanine, le dispositif pour la musique live où opérera Guillaume Bachelé, comédien et auteur des compositions. En fond de plateau, des écrans pour les projections quasi continues des vidéos, les insertions des titres de chapitres et incises littéraires. Toute la marque de fabrique du travail scénographique de Julien Gosselin, discours, méthode et esthétique qui avaient fait le choc des Particules élémentaires, la révélation de 2011. Enivrante bourrasque Une première partie (deux heures) pose les protagonistes du roman, de jeunes universitaires londoniens sur la trace d'un mystérieux écrivain nommé Archimboldi. Dialogues entrecoupés de récits, digressions, flashback, le jeu choral et polyphonique est lancé. Noémie Gantier, Alexandre Lecroc, Denis Eyrié, Joseph Drouet, en premières lignes déjà avec les Particules sont là. Le roman de Houellebecq est court, celui de Bolano est un fleuve, un océan (1350 pages écrit petit chez Folio) que Julien Gosselin s'attache à adapter au plus près. Avec tous les risques et les écueils que cela peut supposer. Cinq parties s'enchaînent -entrecoupées d'entractes- comme en un saisissant et étourdissant voyage au long cours et au bout d'un livre, en réalité cinq

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romans publiés en un volume après la mort de l'écrivain chilien en 2003. Ici à Avignon, on embarque à 14 h pour se quitter sur le coup de 2 h du matin. Enivrés par cette bourrasque qui ne ressemble à rien d'autre, un peu sonnés, groggys, traversés de sensations contradictoires. Chapeau bas devant le travail phénoménal et généreux des comédiens emmenés par Julien Gosselin - des Lillois, on le rappelle, formés à l'école du Théâtre du Nord - en train de se faire une place dans le monde du théâtre. Les Particules ont tourné pendant deux ans, 2666 s'apprête à faire de même pour 2016-2017 : Athènes dès cet été, l'Odéon à Paris cet automne, puis Toulouse, Brest, Grenoble, Strasbourg, Mulhouse.... Même fièvre, même enthousiasme, néanmoins tempérés par quelques réserves non sur la démesure mais sur la radicalité d'un propos qui joue sur une ligne passablement délicate comme une roulette russe, à l'exemple de cette Partie des crimes, effroyable énumération de dizaines de meurtres de jeunes femmes dans le Mexique des années 1990, scandée, une heure et demie durant aux martèlements d'une musique live techno répétitive, assourdissante, agressive, oppressive. Un voyage au bout de l'enfer, au cur du mal mais aussi de l'amour des livres, de la littérature, du récit. Jean-Marie Duhamel ■

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12 juillet 2016 - Edition Lille

PERIODICITE : Quotidien

« 2666 », voyage au long cours dans la démesure du théâtre et du récit par Jean-Marie Duhamel metro@lavoixdunord. fr Avignon. Sur la scène de la Fabrica, salle un peu à l'extérieur de la ville, trois boîtes rectangulaires qui seront tour à tour pièces d'appartement avec escaliers, balcons, parois vitrées, bureaux, salle de police. En mezzanine, le dispositif pour la musique live où opérera Guillaume Bachelé, comédien et auteur des compositions. En fond de plateau, des écrans pour les projections quasi-continues des vidéos, les insertions des titres de chapitres et incises littéraires. Toute la marque de fabrique du travail scénographique de Julien Gosselin, discours, méthode et esthétique qui avaient fait le choc des Particules élémentaires, la révélation de 2011. Une première partie (deux heures) pose les protagonistes du roman, de jeunes universitaires londoniens sur la trace d'un mystérieux écrivain nommé Archimboldi. Dialogues entrecoupés de récits, digressions, flashback, le jeu choral et polyphonique est lancé. Noémie Gantier, Alexandre Lecroc, Denis Eyrié, Joseph Drouet, en premières lignes déjà avec les Particules sont là. Le roman de Houellebecq est

court, celui de Bolano est un fleuve, un océan (1350 pages écrit petit chez Folio) que Julien Gosselin s'attache à adapter au plus près. Avec tous les risques et les écueils que cela peut supposer. Enivrante bourrasque Cinq parties s'enchaînent entrecoupées d'entractes pour souffler, reprendre des forces, échanger avec des spectateurs de rencontre - comme en un saisissant et étourdissant voyage au long cours et au bout d'un livre, en réalité cinq romans publiés en un volume après la mort de l'écrivain chilien en 2003. Ici à Avignon, on embarque à 14 h pour se quitter sur le coup de 2 h du matin. Enivrés par cette bourrasque qui ne ressemble à rien d'autre, un peu sonnés, groggys, traversés de sensations contradictoires. Chapeau bas devant le travail phénoménal et généreux des comédiens emmenés par Julien Gosselin - des Lillois, on le rappelle, formés à l'école du Théâtre du Nord - en train de se faire une place dans le monde du théâtre. Les Particules ont tourné pendant deux ans, 2666 s'apprête à faire de même pour 2016-2017 : Athènes dès cet été, l'Odéon à Paris cet automne, puis Toulouse, Brest,

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Grenoble, Strasbourg, Mulhouse.... Même fièvre, même enthousiasme, néanmoins tempérés par quelques réserves non sur la démesure - les spectacles au long cours sont dans le code génétique et la mémoire d'Avignon et constituent celle des amoureux du théâtre - mais sur la radicalité d'un propos qui joue sur une ligne passablement délicate comme une roulette russe, à l'exemple de cette Partie des crimes, effroyable énumération de dizaines de meurtres de jeunes femmes dans le Mexique des années 1990, scandée, une heure et demie durant aux martèlements d'une musique live techno répétitive, assourdissante, agressive, oppressive. Un voyage au bout de l'enfer, au cur du mal mais aussi de l'amour des livres, de la littérature, du récit. ■

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12 juillet 2016 - N°22236

PAYS : France

RUBRIQUE : Culture

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JOURNALISTE : Clarisse Fabre

PERIODICITE : Quotidien

CULTURE

FESTIVAL D’AVIGNON

Deux mille «top » à envoyer en onze heures: «On étouffe en régie!» Pause allaitement

à chaque entracte, provisions de sucres…Récit de la première du spectacle-fleuve « 2666 », des deux côtés du rideau

avignon

P

- envoyée spéciale

elouse de La FabricA. Le bébé dort. A l’ombre, dans sa poussette. Juste bercé par lechant des cigales.Lesgrandsparents, Sabine et Guy, jouent les baby-sitters pendant que leur fille fait «le marathon ».Le spectaclede Julien Gosselin, 2666, adapté du roman de Roberto Bolaño, dure onze heures. Cinq parties et quatre entractes :à chaque pause, la jeune mère sort pour allaiter : 16h 20, 18 heures, 20 heures, 23h 30…Vendredi 8 juillet, c’est la première date dans cette salle emblématique du «in », La FabricA, installée dans un quartier périphérique d’Avignon. Tout autour, des barres d’immeubles, des ronds-points, puis le supermarché Leclerc, juste

avant le tunnel qui ramène aux remparts. A 14 heures, les festivaliers embarquent pour la traversée qui s’achèvera samedi, vers 1h 30 du matin. Julien Gosselin, 29 ans, a déjà ses «fans ».Patricia et Nathalie, la cinquantaine, viennent de Rennes et avaient «adoré » sa précédente création, LesParticules élémentaires, d’après Michel Houellebecq. Cesdix étudiants de la faculté des arts d’Amiens (université JulesVerne) font du camping et sont venus «sur les conseils du professeur, M. Pinson».Il y a aussi des «marathoniens ». Cette jeune femme brune, de l’Institut français du Maroc, en a déjà fait deux. «En 2009, j’ai passéla nuit dans la Courd’honneur, pour la trilogie de Wajdi Mouawad, Littoral, Incendies, Fo-

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rêts. Puis, en 2014, j’ai fait les dixhuit heuresdu Henri VI,de Thomas Jolly,ici même à La FabricA.» Certains se souviennent, aussi, des onze heures du Soulier de satin, d’Antoine Vitez, en 1987, dans la Cour d’Honneur. « Vous tenez le coup ? »

« Vous voulez du chocolat ?» Ce spectateur a opté pour le sucre rapide… La salade de pâtes du bar manque un peu de sel. Ça commence. Première tranche de deux heures. Atmosphère désenchantée sur le plateau. Quatre universitaires, trois garçons, une fille, aux amours entremêlées, sont à la recherche d’un mystérieux auteur, Archimboldi. Le soleil éblouit. A la première pause, des spectateurs se précipi-

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12 juillet 2016 - N°22236

PAYS : France

RUBRIQUE : Culture

PAGE(S) : 16

DIFFUSION : 273111

SURFACE : 25 %

JOURNALISTE : Clarisse Fabre

PERIODICITE : Quotidien

tent sur leur smartphone : qui est Archimboldi ? Réponse: il n’existe pas, c’est un personnage imaginaire… Sabine et Guy, les heureux grands-parents, sont toujours assis sur le même banc, vers 18 heures. «Alors, vous tenez le coup?», nous demande Guy. Il a déjà vu le spectacle, avec sa femme, à la mijuin, le jour de sa création au Phenix, scène nationale de Valenciennes. Sa fille est la compagne de Pierre Martin, l’un des deux vidéastes de 2666. Le voici justement qui arrive, tout essoufflé. «Il fait chaud en régie, on étouffe ! », dit-il. Il raconte :sur le plateau, son collègue Jérémie Bernaert filme et retransmet en direct la scène qui se joue. En régie, Pierre Martin lance les sous-titrages, donne le départ des vidéos. Pendant ces

onze heures, il a «2000 tops à envoyer ». Dans la salle, on défait les sandales; dans l’herbe, on ne compte plus les pieds nus. Revoilà notre marathonienne, vers 20 heures. Un peu songeuse. Elle a bien lu le roman de Roberto Bolaño, et s’étonne de trouver «lescomédiennes aussi souvent en petite culotte » dans l’adaptation de Gosselin. Guy prévient : «Vous allez voir, la quatrième partie est dure.» En effet. Des sous-titrages nonstop. Une longue liste de femmes violées, puis assassinées,au Mexique, à partir de 1993.Etcette musique techno qui assène des coups. Un spectateur se met à gueuler. Un régisseur lui apporte des bouchons d’oreilles. Et les artistes, comment font-ils pour tenir ?Pen-

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dant la cinquième et dernière partie, la jeune actrice Caroline Mounier envoûte le public. Voix éraillée à la Jeanne Moreau, elle dénoue les fils de l’intrigue, ne s’arrête plus de parler, avec ce rythme qu’elle a su trouver. Une transe ?Oui, convient-elle, après la fin de la représentation. Nous voilà à 2 heures du matin. Ils sortent tous, lescomédiens, les techniciens, l’administratrice… Julien Gosselin et son équipe ont bien mérité le bar, en plein air. Bizarrement, le chant des cigales s’arrête tout net. On plaisante, c’est la fin de la cassette…On entend mieux alors sauter les bouchons de champagne. Qui ne réveillent même pas le bébé. Une performance. p clarisse

fabre

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PAYS : France PAGE(S) : 1-17 SURFACE : 73 % PERIODICITE : Quotidien

12 juillet 2016 - N°22236

CulturF AAvignon , unchef-doeuvre fleuve '

Julien Gosselin signe une adaptation exceptionnelle , en onze heures , de « 2666» , de Bolailo

ARNOLD JEROCKUDIVERGENCE

JulienGosselin remporte sonmarathon contrelemal Le metteur

-

en scène signe une adaptation de « 2666 » de Roberto Bolaho exceptionnelle Chili , il a vécu au Mexique , est passé par la France , la Belgique , l Italie , la Suède et l , avant de trouver sa terre d asile en Allemagne les petits Espagne . Longtemps , il a multiplié '

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ans , Julien Gosselin est le du Festival d benjamin . Il signe un spectacle Avignon exceptionnel , 2666 adapté du roman du Chilien RobertoBolai1o Il était déjà venu dans la Cité des papes , en 2013 , avec Les Particules élémentaires , de Michel , qui avait fait événement . Mais , cette Houellebecq fois , il va encore plus loin dans la finesse de la lecture et dans la puissance de la mise en scène d un roman . D abord parce qu' change d échelle : il y a pas quatre heures de spectacle , mais onze (dont deux d . faut les tenir , et il le fait si bien qu' on se entractes) laisse engloutir par le temps . Ensuite parce il à un monstre de la littérature , qu' attaque tant dans sa longueur (1352 pages dans l édition Folio) que dans son propos : une

A29

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exploration du mal au tournant

du XXIe siècle , qui a valeur testamentaire et prémonitoire. Roberto Bolarào luttait contre une maladie hépatique quand il a écrit 2666 . 11vivait dans la région de Barcelone avec sa femme et ses deux jeunes enfants , à qui il a dédié son livre. a pas pu Il espérait une greffe du foie ; elle se faire . Il est mort en 2003 , à 5o ans , au terme d une vie riche en aventures . Né au n'

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boulots . Toujours , il a écrit . Après sa disparition , la famille et l éditeur ont choisi de publieren un volume 2666 , que Roberto avait écrit en cinq parties , et sur lequel il Bolabo pensait revenir. Peu importe qu' il laisse un roman inachevé. '

Il lui fallait dire ce qu' il avait dire , et il l a fait , à travers une histoire dans laquelle on entre de quatre universitaires par la rencontre européens , un Français , un Espagnol , un et une Britannique , liés par une passion Italien pour un écrivain dont on ne sait rien , sinon il est allemand , né en 1920 , et qu' il signe qu' lp nnrn rip Rpnnn rchimhnldi quête des universitaires , obsédés par l idée de retrouver leur » auteur , les mène à Santa Teresa , une ville fictive du nord du Mexique à la frontière des Etats-Unis. Cette ville , est Ciudad Juarez , où des et des jeunes femmes ont disparu adolescentes par centaines , à partir de 1993 . Beaucoup retrouvées dans le désert , violées et furent . La plupart travaillaient torturées dans des , esclaves modernes dans une ville maquiladoras aux mains des groupes internationaux et des '

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c'

. Ce cimetière à ciel ouvert narcotrafiquants occupe une place centrale dans 2666 , dont le titre conjugue le chiffre du mal (666) et le 2 du

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en cours . Mais il ne condense pas millénaire le roman , qui lie Europe et l Amérique du Sud , l Histoire , de la seconde guerre mondiale à nos jours , et entraîne dans son mouvement une foule indescriptible de personnages. '

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Un alliage des arts Il fallait choisir , Julien Gosselin l a fait , en suivant le fil narratif du roman . Les cinq parties , clairement annoncées , ne laissent aucun ont pas lu 2666 , spectateur , même ceux qui sur le bord de la route . Toutes se déroulent '

n'

dans un dispositif réussi particulièrement (mis en place par Hubert Colas) , qui permet de traverser sans encombre les histoires et les continents : des cubes vitrés et des fauteuils et canapés façon Le Corbusier Selon leurs et leurs agencements , on est à mouvements

Londres , àBarcelone , à anta Teresa , dans une prison , un hôtel , sur les bords de la Baltique , dans un château sanglant de Roumanie ... A cela ajoute une musique , omniprésente , s'

de l qui joue le rôle de fil conducteur émotion : elle met le spectateur au coeur de état d esprit de la partie ou de la scène en cours. L usage de la vidéo , lui aussi omniprésent et très maîtrisé , va dans le même sens . Voilà pour l aspect technique , qui conjugue ce que seul le meilleur théâtre est capable d offrir aujourd hui un alliage des arts au service du récit . Car est bien un récit qu' offre cette mise en scène sidérante de puissance et d enjeux , '

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PAYS : France PAGE(S) : 1-17 SURFACE : 73 % PERIODICITE : Quotidien

12 juillet 2016 - N°22236

esthétiques et réflexifs. Julien Gosselin ne cherche pas à jouer au plus malin: il restitue l essence du roman de Bolario , sa lucidité et son désespoir féroce. Oui , le mal est là , je vous le montre , mais attendezpas que je refasse le monde ; battezvous avec ce que en dis , battez-vous avec la littérature , avec vous-mêmes . Ce à quoi la représentation , qui passe à côté de répond l humour de Bolario , dans la première partie , mais affronte droit dans les yeux celle des crimes , et jamais ne dévie de son dessein. Il y a une surprise dans ce 2666: Vincent est pas annoncé dans la Macaigne , qui '

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j'

pagnons de la première heure , avec qui il a fondé la compagnie nommée Si vous pouiP7 lbcher rrinn Ir pct ils font , ces excellents et valeureux qu' combattants de 2666 . Ils lèchent notre coeur ce que jusqu' à le déchirer , en nous offrant souvent l on cherche et rarement l on trouve : théâtre d aujourd hui , qui nous parle d aujourd hui. C'

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BRIGITTE

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distribution , apparaît , filmé , dans le rôle de la seule personne qui prétend avoir rencontré Benno von Archimboldi . Il y a aussi Frédéric Leidgens , qui parle allemand dans un spectacle l on entend de l anglais et de l espagnol. Et il y a la troupe de Julien Gosselin , ses '

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SALIN°

2666 , d après Robe Bolatio" Adaptation et mise en scène: Julien Cosselin . Avec Rémi Alexandre Adorno' Joseph Drouet , Denis yricy Antoine IrCrron , Noémie Gantier Carin Coron , Alexandre Lecroc Frédéric Leidyens Mounier , Vicioire Quesnel Tiphaine La Feria? , les 12 ,14 et à Raffier Millet : 04-9o-14-14-14 .De 14 heures . 49 f Durée: onze heures . fournée 206: Odéon'

Théôtre de l Europe , septembre aur6 octobre Théâtre national delbulouse du 26 novembre au décembre. '

,

ESTBIENUNRÉCIT OFFRE CETTE MISE SIDÉRANTE ENSCÈNE DEPUISSANCE ETD ENJEUX , C'

QU'

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ESTHÉTIQUES ETRÉFLEXIFS

Noémie Gantier

, 2,666» , à Avignon , le 6juillet.

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PAYS : France PAGE(S) : 17-18 SURFACE : 70 % PERIODICITE : Quotidien

11 juillet 2016 - N°21963

Douze heures , escales comprises , en zone occupation théâtrale '

est une plongée dans univers onirique de Roberto Bolafio à laquelle nous convient Julien Gosselin et toute sa troupe . Id , le mystère , la passion littéraire croisent la folie meurtrière au Mexique , où les jeunes -femmes sont méthodiquement assassinées. '

C'

voYée spéciale. Au commencement , un livre . Un livre au titre 2666 , d un auteur énigmatique inclassable. aussi étrange »Wel Roberto Bolafio écrit 2666 Une survivra pas à la maladie qui sachant le ronge Ultérieur . Voulait-il écrire le '

qu'

qu'

'

Rien est moins sûr tant sa trajectoire est aussi sinueuse une route dans le désert vaste étendue empruntée clandestinement par des dizaines de milliers d , de femmes et d enfants vers un paradis qui se révélera dantesque pour beaucoup. Bolafio est né au Chili , a grandi et vécu au Mexique , est revenu dans son pays natal lors de l élection d Allende pour en repartir aussi sec après le coup d État . Le Mexique à nouveau puis , en 1977, Barcelone . Il meurt le 14 juillet 2003 . année suivante , publication à titre posthume de 2666 . Bolario aura écrit de la poésie , fondé le mouvement infraréa liste , un mouvement poétique aussi éphémère iconoclaste . En Espagne , il aura exercé toutes sortes de métiers , un peu à la manière des auteurs américains des années 1930. Un solitaire par la force des choses plus que par goût de la solitude . Même si 2666 est un exercice de haute voltige , construit en cinq chapitres , de longueurs disparates , qui mêlent allègrement plusieurs genres littéraires , passant de l un à l autre sans crier gare. est foisonnant , par moments déconcertant , ironique , tragique . L écriture de Bolafio pioche dans le baroque , l épique , le nouveau roman , le thriller . Une narration caméléon qui se confond avec ses personnages , ses mises en situation , les lieux de l action. n'

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Une aventure théâtrale envoûtante , vertigineuse

Douze heures ( avec entractes) d un récit totalement fou , où l on passe d échanges feutrés entre universitaires passionnés par un certain von Archimboldi aux meurtres systématiques de jeunes femmes au Mexique. D Archimboldi , on ne sait presque rien . Il existe aucun portrait de l écrivain . Il serait né en Allemagne dans les années 1920, aurait vécu un temps en Grèce , puis à Venise , en '

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voyant ses manuscrits par la poste à son éditeur berlinois avant de disparaître au Mexique . Soit le trajet inverse de Bolario. Conversations feutrées aux accents germanopratins , nos sont quatre universitaires l archétype de ces intellectuels européens dont les littéraires se échanges confondent avec une sexualité libérée extrêmement bien codée. Chapitre deux . de décor . Santa Changement Teresa frontière . Ville mexicaine .Ville fantôme .Le double de Ciudad Juarez . Nous voilà propulsés dans la maison d Amalfitano , universitaire passionné de Marcel Duchamp ,qui vit là avec sa fille Rosa. Chapitre trois . Un jeune journaliste afroaméricain , Fate , est envoyé à Santa Teresa pour couvrir un match de boxe . Dans la discothèque fréquentée par l un des boxeurs , il fait la connaissance d une faune étrange. Fate est saoul d alcool et de musique . croise une journaliste mexicaine qui lui parle des disparitions mystérieuses de jeunes femmes dans la ville . Mais aussi Rosa, la fille d Amal '

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fitano du chapitre précédent qui enfuira avec lui après avoir été violentée par son amant mexicain . Elle aussi possèdeson double , une autre jeune femme au même prénom , une Rosa 100 %% mexicaine à la goi aille intarissable. Chapitre quatre . Janvier 1993. Commence la longue série de meurtres de jeunes filles dans l indifférence générale .Violées , battues , brûlées , torturées ... Beaucoup sont ouvrières dans les usines qui pullulent le long de la frontière . La police ne traque rien ni personne. Dans lescommissariats , les blagues misogynes les plus crasseusescirculent , faisant esclaffer les policiers . Après quelques années , un est arrêté : Klaus Haas . Cinquième et suspect dernier chapitre . Retour en Allemagne . Hens Reiter engage dans l armée du Reich puis déserte . Il deviendra écrivain sous le d Archimboldi . On perd sa trace pseudonyme alors il a acheté un billet pour le Mexique. s'

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DIFFUSION : 38196

PAYS : France PAGE(S) : 17-18 SURFACE : 70 % PERIODICITE : Quotidien

11 juillet 2016 - N°21963

Julien Gosselin incarne cette nouvelle génération de metteurs en scène qui ont pas froid aux yeux . En 2013, à vingt-six ans , il bluffe le public avignonnais en mettant en scène les Particulesélémentaires, d aprèsMichel . Immédiatement après, il propose à son Houellebecq équipe de se lancer dans un autre projet , de relever un nouveau défi aussi apparemment insurmontable que les Particules . ce moment-là , il en ignore tout . Et puis il tombe sur 2666 . Un texte qui , a priori , résiste à tout : à la simple mise en espace , au cinéma , au théâtre ... à cela ne tienne . Julien Gosselin en empare avec une énergie féroce , une fidélité faille et use sans vergogne de tous les outils à sa disposition pour embarquer le spectateur dans cette aventure théâtrale envoûtante , vertigineuse. Sur le plateau , cinq aires de jeu en incluant l écran vidéo , qui est pas, ici , un supplétif pour metteur en scène paresseux d illustrerle propos mais bien totalement intégré au dispositif scénique . Trois espaces amo vibles et le plateau lui-même . La scé- oge. n'

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Qu'

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Douze heures , escales comprises , en zone d occupation théâtrale '

est en rien nographie d Hubert Colas mais elle de tapageuse permet déployer et modifier les espaces de jeu , provoquant un effet kaléidoscopique amplifié par les prises de vues retransmises sur les écrans . Car Gosselin joue sur tous les fronts , créant un langage théâtral cinématographique qui appuie sur une partition musicale d une richesse inouïe , composée et interprétée par Guillaume Bachelé et Rémi Alexandre , qui ne quitteront jamais le plateau . Mais aussi sur l image , qui apporte une profondeur de champ efficace et pertinente . La scène de la discothèque résume à elle seule la virtuosité du spectacle . Elle se joue horizontalement sur deux premiers espaces bien délimités (le bar au premier plan et au loin la piste , filmée) auxquels ajoute un troisième dans les couloirs de la discothèque , lui aussi filmé ( dans les coulisses du théâtre) . Le spectateur suit aisémentl action en direct , les déplacements sporadiques des personnages , les échanges. On entend les souffles , les rires stupides , on devine l haleine chargée de tequila , la sueur , l inquiétude quand soudain deux - le jeune journaliste américain et sa personnages consoeur mexicaine - se retrouvent sur la terrasse de ladite discothèque , induisant un déplacement vertical loin de la caméra et dubroubaha de la discothèque Un procédé cinématographique _qui se métamorphose ou impose comme un procédé théâtral. est remarquable , '

n'

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'

Un spectacle labyrinthique qui sublime le récit originel en reste pas là Il appuie sur une écriture projetée permet soit d avancer dans le récit , soit de marquer des arrêts et de provoquer ainsi chez le spectateur le sentiment de partager en temps réel la lecture du roman . Ce est pas une voix off qui va s'

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à Santa Teresa Mais l écriture . Et donc la lecture Une lecture à plusieurs centaines. Dans unsilence proche du recueillement , entendre comme un ultime -queronpeut àces femmes assassinées. hOMmage L on pourrait aussi parler de la langue . Les acteurs vont exprimer en français mais aussi en espagnol , en allemand , en anglais. Des allers-retours comme une autre possibilité du voyage par l entremise de la langue , définissant des zones géographiques aux contours aussi flous et fous où nous conduit le récit de Bolafio . Il y a la langue policée du Vieux Continent (français , allemand) . La langue simple et efficace états-unienne . La langue minérale et onirique mexicaine , accueillante et débridée ... Julien Gosselin et sa formidable troupe d acteurs , dont il faut saluer la performance , relèvent haut la main le défi , livrant un spectacle impressionnant , un spectacle labyrinthique qui sublime le récit originel autitre apocalyptique , au rythme diffracté ,frénétique , captivant . est toute la violence du monde qui nous saute à la gueule . Chapeau . '

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C'

MARIE-JOSÉ SIRACH

au 16 juillet à 14 heures.Du 10 septembre au 16 octobre à lOdéon . Du 26 novembre au 8 décembre au Théâtre national de Toulouse. En 2017,le spectaclefera escaleau Quartz à Brest, la MC2 Grenoble, au Théâtrenational de Strasbourg. à la Filaturede Mulhouse. Jusqu'

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11 juillet 2016 - N°40540

PAYS : France

RUBRIQUE : Culture

PAGE(S) : 1-11

DIFFUSION : 93149

SURFACE : 41 %

JOURNALISTE : Didier Méreuze

PERIODICITE : Quotidien

2666 », douze heures de pur théâtre

2016

«2666» , douze heures chrono Avignon 2016 du roman emparant « monstre » du prix Nobel chilien Roberto Bolano , Julien Gosselin en livre une adaptation d une densité foisonnante. S'

'

2066 d après Roberto Bolano La Fabrica , à Avignon '

Qui dira le bonheur des longues plongées théâtrales comme seules peut en offrir Avignon , enfermé à l abri d une cour , coupé du monde le temps d une nuit , d une journée entière ? Les spectateurs des neuf heures du Mahâbhârata en 1985, des douze heures du Soulier de satin en 1987, de Henry VI , en 2014. était à la Fabrica , cette même salle où Julien Gosselin propose hui sesdouze heures de 2666. aujourd Trois ans après son adaptation des Particules élémentaires de Houellebecq qui l avait révélé à Avignon , ce metteur en scène de même pas trente ans, seconfronte à ce « colossal roman » de plus de 1300 pages, publié en 2004 , un an après la mort de son auteur , le prix '

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C'

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n'

qu'

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encore , celle de Fate , le journaliste sportif ; enfin , celle d Archimboldi retrouvé ... Toutes ramenant à la cité mexicaine de Ciudad Juarez , rebaptisée Santa Teresa , aux centaines de femmes , victimes , 1993 , de meurtres , de viols depuis et de tortures jamais élucidés - la quatrième partie de 2666. est cette matière , dense, borgésienne , abordant les questions de l art , la littérature , du mal et de l de la culture face àla impuissance violence du monde que met en scène Julien Gosselin avec une maîtrise impressionnante . Bravant les défis des changements de temps et de géographie , alors que , soudainement , les langues se mélangent - français , espagnol , anglais , '

De notre envoyé spécial

'

Nobel de littérature chilien Roberto Bolano (La Croix du 27 mars 2008) . Une oeuvre insaisissable , labyrinthique , composée de cinq histoires en font une. qui D abord , celle des « critiques », universitaires partis à la recherche d un écrivain disparu , Archimb oldi ; puis , celle d Amalfitano , enseignant en lettres et établi au Mexique . Et puis , philosophie

C'

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allemand ... Usant de tous les registres

du théâtre comme ceux de la vidéo ( un peu trop parfois) , quand , filmées en direct , sont projetées les

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situations jouées en arrière de la scène , masquées ou non par un rideautransparent . Dialogues , , citations du livre lues ou monologues affichées en surtitre entremêlent , créant juste ce il faut de distance ou renforçant , sans jamais verser dans l émotion facile , la force terrible du propos. Certes , incapable dans l instant de rassembler toutes les pièces de puzzle , ou relâchant son attention au fil de ces douze heures de spectacle - avec quatre entractes! - , il arrive que le spectateur se perde. Mais il est vite rattrapé par l d une distribution énergie galvanisée et galvanisante . Soit, outre Vincent Macaigne apparaissant furtivement sur écran , une quinzaine de comédiens: Alexandre Lecroc , Guillaume Bachelé , Noémie Gantier , Caroline Mounier , Antoine Ferron ... Ainsi que Adama Diop , le journaliste noir , et Frédéric Leidgens , dernier des humanistes au regard tout de douceur . Tous , à l unisson de Roberto Bolano et de Julien Gosselin , célébrant aussi , par-delà - ou à travers - le théâtre , l écrit , la matière livre. Didier Méreuze s'

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À 14 heures . Les 12 , 14 et 16 juillet. Rens . : 04 .90 . 14 .14 .14 .festival-avignon. com . Odéon-Théâtre de l Europe , à Paris , '

du 10 septembre

au 16 octobre.

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11 juillet 2016 - N°40540

PAYS : France

RUBRIQUE : Culture

PAGE(S) : 1-11

DIFFUSION : 93149

SURFACE : 41 %

JOURNALISTE : Didier Méreuze

PERIODICITE : Quotidien

Ce 2666 ,mis en scène par Julien Gosselin , galvanise

le public par son énergie . Pascal

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Victor/ ArtCotriArt

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PAYS : Belgique

DIFFUSION : 120647

PAGE(S) : 50,51

JOURNALISTE : Guy Duplat

SURFACE : 69 % PERIODICITE : Quotidien

11 juillet 2016 - N°123

Massacre de femmes à Santa Teresa Avignon Julien Gosselin s'attaque au monument \2666\ de Bolano, dans un marathon de douze heures. Guy Duplat Envoyé spécial à Avignon

E

n 2013, le très jeune Lillois Julien Gosselin avait enthousiasmé avec son adaptation des éléde Houellebecq. A 29 ans, le revoilà à Avignon avec un marathon théâtral de douze heures pour le romanmonde \2666\ de Roberto Bolano. Un des moments les plus attendus de ce festival.

juste après la mort de l'écrivain chilien et qui a déclenché par la suite un tsunami d'analyses et de critiques. Un livre profus, mélangeant tous les genres, de la poésie au thriller, de la philo à la politique. Roberto Bolano ouvre sans cesse d'autres chemins. Déjà le titre est un mystère. Le livre n'est nullement de la science-fiction, il est ancré dans la violence du réel. Sans doute signifle-t-il qu'après l'an 2000 on entre dans l'ère du Mal avec le sigie 666 du diable. L'horreur

des crimes de Santa Teresa

Mais il faut d'abord revenir à ce livre culte de plus de mille pages paru en 2004

Le livre est composé de cinq romans assemblés, reliés par des fils communs. D'abord la ville mexicaine à la frontière des Etats-Unis, de Santa Teresa (Ciudad Juârez), aux mains des narcotrafiquants et où se sont déroulés depuis vingt ans plus de 200 meurtres sordides

Julien

puissante,

Gosselin

utilise

tous les moyens

- vidéo

musique,

suspense...-

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et restés mystérieux de jeunes femmes. Tous les personnages du livre convergent vers Santa Teresa et d'abord, le mystérieux écrivain allemand Benno von Archimboldi, ancien de la Wehrmacht en 1940, meilleur écrivain allemand de l'après-guerre mais que jamais personne n'a vu. On apprendra qu'il est à Santa Teresa car son neveu, Klaus Haas, y est accusé des meurtres (ceux-ci sont sans doute plutôt dus aux narcos liés aux grandes familles riches). Il y a aussi un philosophe espagnol, Amalfitano qui glisse dans la folie et dont la fille est amoureuse d'un truand. On croise encore un journaliste noir américain venu enquêter. Dire cela n'est encore rien dire des digressions poétiques, des brusques virages du récit, des informations peut-être symboliques et codées. Le sens général réside sans doute dans

pour faire de \2666\

un kaléidoscope.

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PAYS : Belgique

DIFFUSION : 120647

PAGE(S) : 50,51

JOURNALISTE : Guy Duplat

SURFACE : 69 % PERIODICITE : Quotidien

11 juillet 2016 - N°123

l'acte

du philosophe reproduisant de Marcel Duchamp: accrocher

l'œuvre

dehors,

sur un fil à linge,

que celui-ci pluie. Tout tion

un

livre

de vous pouviez lécher avec des acteurs qu'il dirige

pour

s'imprègne du vent et de la le roman est cette imprégna-

de la

littérature,

de

la philo,

de

l'écriture par la violence du monde, depuis la solitude des êtres jusqu'à l'horreur

des crimes

de Santa

Teresa.

a été stimulé par la tâde porter \2666\ à la

scène. Il aime les défis

et ne craint

le confort du prenant

comme modèle lucci pour dire

par l'épreuve. est un public

le

adore Brook cite

(dejusqu'à

en exemple

mémorable de Tom val sur les tragédies marathon change crée de nouvelles Gosselin voyage

aussi

l'enquête

nous

Olivier le

Py).

marathon

Lanoye e t Luk Percede Shakespeare. Le

notre idée du temps émotions. embarque

avec sa compagnie

une

et

dans un

long

au beau

nom

le roman,

IV où crimes

partie

y

défile la et viols

III épatante

sur

du journaliste.

Quand la littérature

est un combat

utilise

tous

puissante,

les moyens

musique,

-

genre

vidu

feuilleton, suspense, envolées poétiques - pour faire de \2666\ un kaléidoscope qu'on

suit souvent

Le marathon change notre idée du temps et crée de nouvelles émotions.

expérience L'émopassent

Le marathon exercice que

pas de

fidèlement

avec plaisir.

Gosselin

Castelqu'il re-

fuse théâtrale tion et le plaisir

Gosselin

mais

déo

Julien Gosselin che \impossible\

d'Avignon puis Peter

Il suit très

compris dans sa partie liste interminable des

Gosselin

Sur scène

déranger spectateur,

ment.

mon magnifique-

aime

littérature Il fait du martial. parfois

quand

est un théâtre

Certes, dépassé

vre. Mais

lui

la

combat. un art il semble par le li-

reprocher

récit où les chemins gent, sans rationalité

un diversuffi-

sante, avec des longueurs, ce serait s'attaquer à sa dé-

marche même. Et comment pourrait-on reprocher à un jeune surdoué son ambition de se mesurer à cet ovni littéraire venu tine et de nous en faire singulière?

) \2666\,

à Avignon,

Infos & rés.:

d'Amérique lasa passion

goûter

jusqu'au

16

juillet.

www.festival-avignon.com

ISçêScènes

Avignon

s'enthousiasme

pour Anne-Cécile

Vandalem

Festival. On ne se souvient pas d'avoir déjà connu un spectacle belge francophone aussi bien accueilli par le public et la critique du Festival \In\ d'Avignon ! Dès la première, jeudi soir au gymnase du lycée Aubanel, ce fut un triomphe Cécile Vandalem et sa fable politique et policière de \Tristesses\ fort apprécié

déjà le spectacle

à sa création

en Belgique).

Fabienne

pour Anneavait Darge dans

signe un grand article louangeur et parle d'un et de révélation de ce début du Festival Le Journal du Dimanche n'est pas en reste. Tout est déjà sold-out pour ce spectacle et le grand Thomas Ostermeier, présent à Avignon pourrait inviter Anne-Cécile Vandalem à venir jouer \Tristesses\ à la SchaubUhne de Berlin dans le cadre du projet européen Prospéra, c'est encore en discussion. Notons que malgré le football et les performances des Bleus, le Festival d'Avignon

attire

la foule.

Plus de 85 % de taux de remplissage

soirs de foot et de très nombreux

spectacles

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sold-out.

déjà, y compris

les

G.Dt

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JOURNALISTE : Elisabeth

Franck…

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11 juillet 2016 - N°10928

PERIODICITE : Quotidien

en espac

SpectresPendant douze

heures,l'urgencedu roman de RobertoBolano sedéploie magistralement sur scène. Voyageaux confins de la littérature et dans la ville des martyres de SantaTeresa. Par

ELISABETH FRANCK-DUMAS TION et GUILLAUME

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ce qui rend sa lecture, treize ans aprèssamort, si poignante. Et peutêtre aussi ce qui est au cœur de la magistrale réussite du 2666 de Julien Gosselin présentéà Avignon: cette urgence si bien retranscrite, cette angoissevénéneuse qui plane sur les pagesdu livre et traverse de bout en bout lespresque douzeheuresde l'épopée théâtrale, rythmées par d'incessantesboucles musicales flippantes comme le tic-tac d'un détonateur. Le sables'écouleentre nos doigts, etbientôt les spectres salueront et rentreront chez eux. Vite, faire entrer le livre entier sur ceplateau, saturer l'espace et les ondes sonores de mots. Faire exister le livre et exister en propre, à mi-chemin entre le théâtre de texte et le concert electro, la série télé et la tra-

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JOURNALISTE : Elisabeth Franck…

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D

e quoi parle 2666? D'un écrivain génial et insaisissable, d'universitaires amoureux lancésà sarecherche,de femmes assassinéesdans une ville mexicaine, du massacre des Juifs pendant la SecondeGuerre mondiale... C'est-àdire qu'il parle de littérature, et de son combat furieux, magnifique et perdu d'avance,contre le réel, «cette pute sidéenne en rut». Alors que l'écrivain chilien Roberto Bolano terminait sonlivre monstre, il semourait d'une maladie hépatique: épuiser le réel devint un combat contre la montre. C'estpeut-être gédie classique, pour que partout, tout le temps, au moins ici, existe la littérature. FLUIDITÉ

On y allait dubitatif. Au bout de deux heures, on était conquis, comme la plupart des présents à cette première représentation, qui, sortant titubants aux entractes, se souriaient sur la pelouse de la FabricA, heureux d'être là, de partager cette joie avec d'autres, de rester jusqu'au bout du voyage. C'était le troisième jour du festival, et Avignon tenait son premier 2666,1300 pages qui nous entraînent aux confins de la littérature, est un livre excessif, pas une matière dramaturgique qui va de soi. Mais la mise en scène de Gosselin parvient à trouver des correspondances scéniques aux partis pris de l'ouvrage. Les coupes et les ajouts, le choix d'adopter la structure du livre - cinq partiess autonome partie autonomess don dontt lesstitress le titre s'affichent - donne le rythme. On circule de manière fluide entre l'Europe des universitaires du début et le Mexique des trois parties suivantes, dans la ville fictionnelle de Santa Teresa, jumelle de la terrible Ciudad Juârez, cimetière à ciel ouvert de femmes violées, torturées et assassinées dans la plus grande impunité depuis 1993, pour terminer enfin en Europe durant la Sechef-d'œuvre.

conde Guerre mondiale: aux sources du mal qui créée, des années plus tard, de monstrueux avatars, rejetons grotesques de l'histoire et de la mondialisation. Sur scène, trois grandes boîtes rectangulaires servent de décor en mouvement, alignées ou en U, illuminées ou éteintes, sur un ou deux niveaux. Une économie de moyens se mariant avec harmonie aux écrans mouvants qui recueillent des images du théâtre en train de se fairee (ave fair (aveccunn u caméoo camé hilarantt hilaran dee d Vincent Macaigne, qui a bien fait d'en être). Des tubes de néons blancs aident à structurer l'espace, en venant s'imprimer sur fond noir, trouvant leur apogée formelle dans la cinquième et dernière partie, arrière-fond d'épouvante àla montée du Reich. L'itinéraire scénique de 2666 est lui aussi dantesque. Ce sont d'abord des réseaux de voix, celles des universitaires qui communiquent sans

iiamm.Lm.rf.iui BSBllB sfiBasffii cesse. Ce sont ensuite des films, des prototypes réalisés sous les yeux du public, avec des coupes, des changements de décor, des flash-back, le tout d'une fluidité parfaite. Gosselin s'impose dans ces deux parties filmées comme un maître d'ambiance lo-fi, ce qu'il avait déjà esquissé dans les Particules élémentaires, dont la présentation à Avignon en 2013 avait révélé ce prodige de 29 ans (aujourd'hui) et sa compagnie, Si vous pouviez lécher mon Le spectateur voyage en Espagne, en France et au de la folie sans sortir d'un appartement mexi-

cain ; s'ensuit une séquence virtuose en discothèque dont l'action se dilue dans les couloirs de la FabricA, en direct et sans filet. Ces - comment nommer cela?- «nouvelles écritures scéniques» conservent les règles du spectacle vivant, sans que jamais le théâtre ou le texte de Bolano ne s'en trouvent étouffés ou trahis. Car, à mesure que l'on s'enfonce dans la pièce, les phrases du livre s'impriment de plus en plus souvent à l'écran, font entendre la musique et la terrible ironie de leur auteur. Elles rendent, dans une quatrième partie sidérante, hommage aux mortes de Santa Teresa, le temps d'une litanie de noms et de crimes (viols, strangulation, tirs de revolver...) sur un fond sonore hypnotique (lire entretien ci-dessous), une avalanche étouffante qui vient rendre toute idée d'enquête, et de coupable, grotesque: ce sont les conditions d'existence de ce mal apocalyptique qu'il faudrait éradiquer. Certains trouveront qu'il y a trop de noms, que c'est trop long. C'est certainement l'idée. Dans la vraie vie aussi il y en eut beaucoup trop. ARISTO MEXICAINE La dernière partie de la pièce est une pointe venant s'aiguiser à même le livre, multipliant les longues lectures, les monologues. La troupe brille : Adama Diop, prodigieux en bateleur noir américain à la cadence de pasteur évangélique (et en VO), Caroline Mounier en aristo mexicaine déchaînant son énergie contre la corruption et le mal qui ronge son pays, Frédéric Leidgens, passé par des études de philologie germanique, ici prof de philo, inoubliable fonctionnaire

cœur.

cœur

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allemand... On aimerait pouvoir les citer tous, car si 2666 existe pardelà l'ouvrage d'origine, c'est à leur pouvoir d'incarnation qu'il le doit. Aussi, quand aux ultimes minutes de la pièce cette douzaine de comédiens sortent peu à peu de l'obscurité et s'approchent en rang serré du public, une émotion parcourt la salle. Celle d'avoir refermé dignement le tombeau des mortes de Santa Teresa, des esprits qui ont peuplé notre songe d'une nuit d'été, de Roberto Bolano lui-même, présent de bout en bout, et d'accueillir parmi les vivants ceux qui ont participé à leur résurrection éphémère, laissant alors la mort s'en aller vers le mur du lointain. • 2666 m.s. JULIEN GOSSELIN sur un texte de ROBERTO BOLANO, avec Rémi Alexandre, Guillaume Bachelé, Adama Diop, Joseph Drouet... Jusqu'au 16 juillet à la FabricA.

La comédienne Noémie Gantier, sur lascène de 2666.

PHOTO PASCALVICTOR. ARTCOMART

Trois grandes boîtes rectangulaires servent de décor en moi

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JOURNALISTE : Elisabeth Franck…

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uvement,

alignées ou en U, illuminées

ou éteintes, sur un ou deux niveaux,

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PHOTOS SIMON GOSSELIN

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RUBRIQUE : Culture

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JOURNALISTE : Armelle Héliot

PERIODICITE : Quotidien

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CULTURE 1.///0! 2

AVIGNON (

3!* ) !+ -!, ARMELLEHÉLIOT aheliot@lefigaro.fr blog.lefigaro.fr/theatre

«

t voilà tout, mes amis. J’ai tout fait, j’ai tout vécu. Si j’avais des forces, je me mettrais à pleurer. Je prends congé de vous. » L’écrivain chilien a laissé ce message d’adieu, se sachant perdu mais avec le sentiment d’avoir achevé 2666 . Cinq romans devenus cinq parties d’un ouvrage vertigineux, un livre monstre de 1400 pages (édition Folio disponible, après Christian Bourgois, dans la traduction de Robert Amutio). Cinq histoires qui peuvent selire indépendamment mais qui possèdent en commun une trame arachnéenne à thèmes insistants et dont le point de fuite serait ce titre énigmatique, cette date, 2666. Un ensemble qui a aussi un centre, un cœur palpitant : la reprise fascinée des crimes de Ciudad Juarez, dans la quatrième partie. Dans le roman, la ville mexicaine est Santa Teresa, et Bolano seconcentre sur les années 1993-1997, énumérant jusqu’à la suffocation près de deux cents viols et meurtres de femmes (il y en eut en tout beaucoup plus, 1653, selon Amnesty). Le spectacle est extrêmement tenu, construit, divers, changeant, maîtrisé, plein de musique - sans doute trop -, de bruit, de lumière et de jeu souvent repris par la vidéo. Peut-être est-on trop souvent, paradoxalement, obligé de lire des surtitrages (parties en langue étrangère, description des crimes). Dans un livre, on peut sauter des pages…pas ici !

E

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Autorité et audace qui forcent l’admiration Les comédiens, les vidéastes, les musiciens ont travaillé d’une manière hallucinante et l’on est embarqué. On ne s’ennuie pas. On analyse la manière dont Julien Gosselin, pas même 30 ans et une autorité, une audace qui forcent l’admiration, a résolu les problèmes de transcription scénique. C’est du très grand théâtre, pas de doute. Un long fleuve intranquille plein de fureur et d’amour, une célébration de la civilisation, des livres, de la littérature, tout cet art qui n’empêche pas la barbarie au XX e siècle, d’Europe aux Amériques, le règne du mal. La troupe de Gosselin, jeune et ardente, renforcée par la présence magnifique de Frédéric Leidgens, nous emporte. On nous raconte une histoire, des histoires. On est ému, on tremble, on rit, on est étonné, on a peur jusqu’aux larmes. On pense à Roberto Bolano et à ce défi qu’il s’imposa face à la mort. On salue le défi de Gosselin et l’on reparlera de ce monument à l’art du théâtre. À la Fabrica, les 12, 14, 16 juillet à 14 heures. Reprise à l’Odéon à la rentrée et en tournée.

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RUBRIQUE : Culture

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JOURNALISTE : Armelle Héliot

PERIODICITE : Quotidien

Avec 2666, JulienGosselin livre une adaptation fulgurante du roman de Roberto Bolano, décédéen 2003.

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RUBRIQUE : Idees et debats

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JOURNALISTE : Philippe Chevilley

PERIODICITE : Quotidien

11 juillet 2016 - N°22231

art & culture IDEES & DEBATS « 2666 »,livre-fleuve pourthéâtredecombat Philippe Chevilley @pchevilley Dans la seconde partie de « 2666 »,l’universitairefantasqueAmalfitanosuspend un livre à la corde à linge devant sa maison, histoire de voir quel sort vont lui réserver le soleil, la pluie et levent.Celivreouvertquicapteleregarddu public de la FabricA est une belle métaphore du spectacle-fleuve que nous offre Julien Gosselin pendant une demi-journée (onze heures trente minutes exactement, entractes compris). Le jeune metteur en scène tourne sous nos yeux les pages du roman monstre inachevé du Chilien Roberto Bolaño (1953-2003), les offre en pâture à ses acteurs incandescents : les lettres,lesmots,lesphrasesdeviennentlignes deforceprojetéesdanslenoir,voix,images, chair et ombres, musique synthétique, opéra du bien et du mal.

Lecture

limpide

sions poétiques hallucinées et son propos politique et philosophique. A travers les histoires croisées d’une poignée d’universitaires en quête d’un mystérieux génie de la littérature allemande, Benno von Archimboldi, et des meurtres atroces de femmes commis dans la ville mexicainedeSantaTeresa,sejouesousnos yeux un captivant bras de fer entre le réel qui blesse et la fiction qui console. Un combat déséquilibré, mais héroïque : la littérature, le théâtre – Bolaño-Gosselin – unis contre la cruauté de l’existence… Gosselin suit fidèlement l’ordre du roman.Lescinqpartiesplusoumoinsautonomes sont traitées de manière différente, interdisant ainsi les redites et l’ennui. « La partie des critiques », où quatre universitaires trentenaires français, espagnol, italien et anglaise poursuivent le fantôme d’Archimboldi jusqu’au Mexique, a des airs demarivaudagemoderne(DavidLodgeàla sauce latine). « La partie d’Amalfitano », où l’onvoitlevieuxprofbarcelonaisémigréau

Après avoir transposé avec brio « Les Particules élémentaires », de Houellebecq, sur les planches il y a trois ans, Gosselin et sa compagnieaunombaroque(« Sivouspouviez lécher mon cœur ») visent plus haut et frappent plus fort encore avec ce long voyage à travers la violence et la beauté du monde. Tout est là, on le sent, d’une œuvre qu’on a lue ou pas (publiée en 2004 à titre posthume), limpide dans son expression, son intrigue à rebondissements, ses digres-

Mexiqueconjuguerlalittératureend’étran-

ges schémas géométriques, s’effrayer de la folie des hommes jusqu’à en perdre la raison, est jouée comme une sitcom cauchemardesque.

Requiem

électronique

Nouveau changement

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de registre avec « La

partie de Fate », jeune journaliste noir nord-américain venu pour assister à

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RUBRIQUE : Idees et debats

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JOURNALISTE : Philippe Chevilley

PERIODICITE : Quotidien

histoires du monde.

un match de boxe à Santa Teresa et qui découvre l’affaire des meurtres sexuels : le spectacle vire

Bolaño pensait que la littérature ne pouvait pas l’emporter sur la violence du réel, mais avec le renfort d’un théâtre aussi

alorsaupolarhallucinésur fond de house music et de vapeurs de mezcal. Gosselinfranchittouslesobstacles–mêmecelui, lepluspérilleux,de« Lapartiedescrimes » (inspirée de faits réels : les meurtres des femmes de Ciudad Juarez). Evitant toute représentationgore,ilsecontentedeprojeter la description clinique des homicides écrite par Bolaño en lettres blanches sur fond noir, tandis qu’enfle un entêtant requiem électronique joué en live dans le noir.Puis,ilchavireunedernièrefoisnotre espritetnossensavecl’épopéedel’écrivain allemand, « La partie d’Archimboldi », alias Hans Reiter, inventant une pantomime abstraite dans une cage de verre enfumée et un univers de néons tremblotants. La scénographie dépouillée d’Hubert Colas est d’une grande efficacité. Trois modulesrectangulairessurroulettes,vitrés oumasquésderideauxtransparents,manipulés par des techniciens, figurent intérieurs d’appartement, chambres d’hôtel, bar, studios télé, discothèques… Comme chezIvoVanHoveouCyrilTeste,lavidéoest une pièce maîtresse de la mise en scène, créantgrosplans,flash-back,espacesmétaphoriques.S’ajouteune« quatrièmedimension » (évoquée par un des personnages du roman, chef d’orchestre) : la musique. Cachés dans l’ombre, Guillaume Bachelé et Rémi Alexandre nous offrent une envoûtantesymphonietechnoquirythmelerécit, parfois jusqu’à la transe.

inventifetgénéreux,onn’enestplussisûr… Lepublicselèveàlafinpourapplaudirlonguement ce qui ressemble à une victoire par K.O. Pour ceux qui l’auront raté à Avignon, le combat reprend à la rentrée, notamment à Paris, à l’Odéon-Théâtre de l’Europe. n

THÉÂTRE

2666

D’après Roberto Bolaño. Adapté et mis en scène par Julien Gosselin. Festival d’Avignon (04 90 14 14 14), La FabricA, jusqu’au 16 juillet. Puis tournée.

Spectacle-monde Le théâtre moderne de Julien Gosselin est images, sons, sensations, mais il est avant touthumain.Pasdejeuxd’egoici : impossible de départager les comédiens qui donnent tout, sans faillir, pendant les neuf heures trente minutes où ils sont en scène – changeant non seulement de peau, de voix, mais aussi de langue. Livre-monde, « 2666 » est devenu un spectacle-monde, où l’on joue en français, mais aussi en anglais,enespagnol,enallemand…Lethéâtre romanesque de Gosselin n’a plus de frontières, mixe tous les arts et toutes les

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RUBRIQUE : Idees et debats

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JOURNALISTE : Philippe Chevilley

PERIODICITE : Quotidien

Le théâtre romanesque de Gosselin n’a plus de frontières, toutes les histoires du monde. Photo Boris Horvat /AFP

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mixe

tous les arts et

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10 juillet 2016 - El País

PERIODICITE : Quotidien

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RUBRIQUE : E84

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10 juillet 2016

Une

PERIODICITE : Quotidien

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œuvre littéraire magnifiée Avignon C’était un des spectacles les plus attendus de cette 70e edition. Julien Gosselin a réussi son défi, l’adaptation risquée du roman “2666” du Chilien Roberto Bolaño. Lui et son collectif « Si vous pouviez lécher mon cœur » réservent à ceux qui se déplaceront à la FabricA un choc théâtral! L’année de travail aboutit à une mise en scène à couper le souffle. Aidé d’Hubert Colas à la scénographie, trois cubes évoluent sur le plateau (système sur roulette) et permettent de redimensionner l’espace scénique pour un décor multiplié et des ambiances transformées. Les cubes, véritables écrins d’architecture, sont aménagés par du mobilier « bauhaussien ». Couplés à des jeux de lumières soignés et à l’élégance vestimentaire des comédiens, ils plongent le spectateur dans les tableaux de Hopper : saisissants de beauté ! Et la mise en scène de Julien Gosselin ne s’arrête pas là… Discrètement, la caméra se promène sur scène, saisisssant toutes les expressions des visages, toute la souffrance qui s’échappe et qui fouette en pleine face les spectateurs. Et puis voilà que défilent nt sur l’écran géant des extraits du roman de Bolaño, quelques unes de ses 1353 pages. Les jeux de lumières stroboscopiques, les effets sonores, les musiques aux sons saturés et aux rythmes répétitifs, tous ces éléments convergent à souligner la puissance d’écriture et immergent totalement le spectateur dans l’univers de

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Bolaño! C’est cette intensité d’écriture que Julien Gosselin a réussi à transposer au théâtre en restant le plus fidèle possible à l’auteur chilien. Dialogues et monologues , en alternance, répondent aux joutes oratoires extrêmes. Et l’interprétation du Collectif est d’une infinie justesse, littéralement bluffante! Si les deux premières parties emportent les spectacteurs dans cet univers où l’ignominie humaine transpire, que la 3 e partie ralentit le souffle bolanien, les deux suivantes reprennent avec force et emmènent le spectateur au petit matin, après neuf heures d’une traversée théâtrale hors du commun ! La FabricA : les 10, 12, 14 et 16 à 14h - Durée 12h (entractes compris).

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10 juillet 2016 - Edition Marseille

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RUBRIQUE : Culture

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JOURNALISTE : Marie-Ève Barbier

PERIODICITE : Quotidien

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MARATHON

"2666", labyrinthe sans issue Marie-Ève Barbier C'est la tradition à Avignon : chaque été, le festival propose un marathon théâtral aux spectateurs, une expérience exceptionnelle pour s'immerger dans une oeuvre. 2666 fut cette plongée dans l'univers de l'écrivain chilien Roberto Bolano, explorant différentes facettes du mal dans ce millénaire (666, chiffre du diable). La mise en scène est signée par un trentenaire, Julien Gosselin, usant de la vidéo comme d'un langage naturel. Cinématographique, sa pièce porte l'écriture poétique et mystérieuse de Bolano, mais faiblit dans les deux dernières parties. La scénographie d'Hubert Colas (trois boîtes transparentes et modulables qui servent aussi d'écrans de projection) est à la fois élégante et utile ; elle nous transporte de New York à Barcelone, de Barcelone à Santa Teresa au Mexique, comme dans le roman. On fait connaissance avec une galerie de personnages, un journaliste américain, un professeur au bord de la folie qui entend des voix, des policiers mexicains englués dans d'innombrables meurtres sexuels commis à Santa Teresa, cité maudite, inspirée de la véritable Ciudad Juarez. 14h. " Bonjour Mademoiselle ! " Mon voisin est cordial, on va passer douze heures ensemble autant nouer de bons rapports. La pièce démarre avec le sujet le plus anti-théâtral qui soit, mais ça marche ! On assiste à un congrès de littérature avec quatre critiques : Liz, qui vit à Londres,

Manuel, à Madrid, Jean-Claude et Pierrot à Paris, tous les quatre fascinés par l'écrivain allemand von Archimboldi, qu'ils tiennent pour le plus grand auteur du XXe siècle et que " personne n'a jamais vu en chair et en os ". Bolano mystifie la figure de l'écrivain, aussi bien dans son oeuvre que dans sa vie, puisqu'on découvrira le manuscrit de 2666 à sa mort. Les quatre critiques deviennent amis et le colloque littéraire se transforme en Jules et Jim , prétexte à un triangle amoureux entre Liz, Jean-Claude et Manuel. Gosselin relève un pari audacieux, voire impossible : représenter un coït sur scène. Il parvient à installer une ambiance érotique grâce au jeu d'échelle entre les gros plans sur les visages filmés en direct sur le plateau, et les corps, dissimulés par un fin grillage en arrière-scène. Ces jeux d'échelle, constants dans 2666 , créent une esthétique, un deuxième échelon poétique au-dessus du texte. 18h. Entracte. En sortant, on est ébloui par la lumière du jour. La boîte noire du théâtre fait perdre tout repère temporel. On est coupé du monde, heureux de s'immerger dans le roman de Bolano. Un nouveau tour de force théâtral nous attend en salle : la troisième partie se déroule intégralement ou presque en discothèque. Le cinéma prend le pas sur le théâtre. Lorsque les acteurs réapparaissent en chair et en os, c'est pour un très beau dialogue entre un journaliste new-yorkais, envoyé en reportage à Santa Teresa pour couvrir un combat de boxe, et une

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journaliste locale qui boit pour oublier les menaces qui pèsent sur elle. La caméra permet tout (l'actrice est de dos sur scène et face caméra), les acteurs sont bons, leur peur contagieuse. A 21h s'ouvre le chapitre des "crimes". Ce thriller d'une violence insupportable nous emporte, mais on ressent pour la première fois la fatigue. La descente aux enfers est plus intéressante que l'enfer même. A minuit, dernier entracte, un café s'impose pour tenir. Le chapitre six est décevant : notre marathon se termine en queue de poisson. D'une part, parce que la troupe a manqué de temps, le travail est beaucoup moins abouti. Mais aussi parce que la pièce a les défauts du livre, beau mais touffu et digressif. Autant la première partie, qui distille des signes, des repères, entre les destins parallèles des personnages, est une horlogerie finement réglée, autant la fin se perd. Si on avait eu le livre de Bolano entre les mains, on ne serait sans doute pas allé jusqu'au bout de la nuit, pour l'avaler d'un trait. Jusqu'au 16 juillet. festival-avignon. com ■

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RUBRIQUE : France monde

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9 juillet 2016 - Edition Toutes Editions

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JULIEN GOSSELIN

Avignon Avignon C'est le marathon du 70 e Festival d'Avignon : le jeune metteur en scène Julien Gosselin adapte à la scène « 2666 », livre-labyrinthe du Chilien Roberto Bolano, en douze heures dont quatre entractes. Un défi plus fou encore que celui de la transposition des « Particules élémentaires » de Michel Houellebecq, premier coup d'éclat à Avignon 2013 de Julien Gosselin, alors âgé de 26 ans, et de ses camarades du collectif « Si vous

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pouviez lécher mon

cœur ».

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9 juillet 2016 - N°22234

PAYS : France

RUBRIQUE : La culture

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JOURNALISTE : Patrick Sourd

PERIODICITE : Hebdomadaire

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8 juillet 2016 - Edition Fil Gen

"2666", roman monstre de Roberto Bolano, adapté en 12 heures à Avignon Avignon, 8 juil. 2016 (AFP) C'est le marathon du 70e Festival d'Avignon: le jeune metteur en scène Julien Gosselin adapte à la scène "2666", livre-labyrinthe du Chilien Roberto Bolano, en douze heures dont quatre entractes. Un défi plus fou encore que celui de la transposition des "Particules élémentaires" de Michel Houellebecq, premier coup d'éclat à Avignon 2013 de Julien Gosselin, alors âgé de 26 ans, et de ses camarades du collectif "Si vous pouviez lécher mon coeur". Publié en 2003, après la mort de Bolano à Barcelone, "2666" est un "livre-monde", qui embrasse en près de 1.400 pages et cinq romans distincts des centaines de destins individuels, se perd dans d'incessantes digressions et balaye l'histoire du XXe siècle à travers la vie d'un écrivain mystérieux, Archimboldi. Ses cinq parties peuvent se lire indépendamment, mais un fil ténu les relie: tout converge vers une sorte d'oeil du cyclone, une ville du Mexique où des centaines de femmes sont assassinées et retrouvées mortes dans le désert après avoir été souvent mutilées et violées. La ville du livre s'appelle Santa Teresa. C'est le double de la ville mexicaine de Ciudad Juarez où se sont réellement déroulés des centaines d'assassinats de femmes et fillettes à partir de 1993. Le livre est aussi fascinant qu'agaçant, truffé de réflexions philosophiques, d'énumérations - la liste des écrivains de langue allemande comme celle des algues. Le lecteur se perd parfois entre ses nombreux personnages. La quatrième partie, qui relate par le menu les assassinats, est éprouvante, à la limite de l'insupportable. "Je ressens une sorte de perdition chez les spectateurs, mais en même temps, c'est exactement ce que cela raconte", reconnaît Julien Gosselin. "Je ne suis pas là pour simplifier l'oeuvre, ou la rendre plus vivable, je suis là pour qu'il y ait une sorte de voyage littéraire complexe". Le voyage dans la pièce n'est pas de tout repos. Le spectateur est immergé dans un magma d'images, de musique et de son. - Enigme -L'image est omniprésente. Parfois, le plateau reste vide et le spectateur suit uniquement sur l'écran, comme au cinéma, l'action qui se déroule en coulisses. De très belles images en noir et blanc donnent des allures fantastiques à la deuxième partie, collant à la folie qui s'empare du professeur Amalfitano, une des figures centrales du roman. D'autres belles trouvailles émaillent la pièce, comme la conférence loufoque en anglais d'un prédicateur, ex-fondateur des Black Panthers et auteur d'un livre sur les côtelettes. "Ribs are not the solution" ("Les côtelettes ne sont pas la solution"), lance-t-il sous les rires du public. La pièce, montrée en avant-première au Phénix de Valenciennes où Julien Gosselin est artiste associé, a besoin d'être rodée (elle sera à l'Odéon en septembre avant une tournée). "Il reste un gros travail d'affinage à faire", reconnait Julien Gosselin. "Pour +Les particules élémentaires+, on a travaillé trois mois pour monter quatre heures de théâtre. Là, on a travaillé quatre mois pour monter dix heures de théâtre!" "Chez le public, il peut y avoir une forme de frustration liée au fait qu'il attend peut-être une partie qui soit la réunification des histoires, un croisement". Mais l'oeuvre reste une énigme, parce que "pour Bolano, ni la littérature, ni la violence n'ont de fin". "On pourrait trouver un serial killer qui conviendrait à tout le monde, qui donnerait des réponses et mettrait fin au suspense, mais ça ne peut pas arriver, parce que ce qui crée la mort, c'est la question de la violence elle-même, c'est la question de la corruption de l'Etat mexicain". Quant à la littérature, "elle non plus n'a pas de fin, elle est un combat continu contre la violence du monde". Dans un exercice d'auto-dérision, Roberto Bolano déplore dans son livre que les lecteurs "ne se risquent plus aux grandes oeuvres, imparfaites, torrentielles, celles qui ouvrent des chemins dans l'inconnu". "2666" est évidemment une de ces grandes oeuvres imparfaites et torrentielles, ouvrant un abîme de questions. Et TX-PAR-CDN94

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8 juillet 2016 - Edition Fil Gen

la pièce aussi. mpf/na/bd Afp le 08 juil. 16 à 08 49.

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8 juillet 2016 - Edition Valenciennes

Bonjour Sous le soleil d'Avignon. Parmi les plus importants, si ce n'est le plus important festival de théâtre au monde, Avignon adore brûler ce qu'il a adoré. Ou inversement. Pas de place pour les tièdes sous le cagnard du Vaucluse : on aime ou on déteste ce qui y est présenté. Quand on est comédien, quand on est metteur en scène, il faut en accepter l'augure, cela fait partie du jeu. Encensé par la critique pour son adaptation des Particules élémentaires, qu'il avait justement présentée à Avignon en 2013, Julien

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Gosselin y retourne avec 2666. De ce roman-monde de Roberto Bolaño, l'artiste associé du Phénix a tiré une pièce fleuve de plus de douze heures. L'accueil à Valenciennes, où les deux premières représentations ont été données, les 18 et 25 juin, a été très positif. Mais c'est aujourd'hui que le jugement critique sera prononcé. Rendez-vous à 14 h, à La Fabrica. S. C. ■

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8 juillet 2016 - Edition Lille

PERIODICITE : Quotidien

Le Lillois Julien Gosselin au festival d'Avignon avec « 2666 », un spectacle de douze heures Avignon. Encore dans un rythme d'année scolaire jusqu'en ce milieu de semaine, Avignon a mis 24h pour entrer dans le vif du sujet. Dernière sortie des écoles, y compris, dans la rue du même nom, où le collège José-Viala s'est transformé en village du Off. Premières offensives de placardages, collages d'affiches et autres « dazibaos » qui font toute la spécificité du festival de théâtre le plus réputé du monde (1700 spectacles pour le seul Off). Côté In, la programmation a été ouverte mercredi soir avec la première des Damnés dans la cour d'honneur du palais des Papes, un événement à plus d'un titre. Une adaptation par Ivo Van Hove, patron du très réputé Toneelgroep d'Amsterdam, du film de Luchino Visconti sur les compromissions de la grande bourgeoisie industrielle avec le nazisme. Un spectacle monté avec la troupe de la Comédie française de retour à Avignon après près de vingt-cinq ans d'absence et à l'évidente dimension politique qui n'aurait pas eu la même signification il y a encore quelques années devaient souligner Olivier Py, directeur du festival, comme Ivo Van Hove. Même s'il ne s'agit pas d'un spectacle historico-réaliste sur le nazisme mais bien sur « le renversement des valeurs ». Adaptation de cinq romans L'autre événement de ce 70e festival, nous touchant directement

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dans la région des Hauts-de-France, et tout particulièrement à Lille, la programmation de 2666, nouveau spectacle porté par Julien Gosselin et la compagnie Si vous pouviez lécher mon cur. Il y a trois ans, ces jeunes gens, tout frais sortis de l'École de théâtre du Théâtre du Nord à Lille, saisissaient Avignon avec une adaptation des Particules élémentaires (Houellebecq). Le spectacle tourne depuis dans le monde entier. Julien Gosselin et ses quinze comédiens se frottent à un autre enjeu : l'adaptation de cinq romans du chilien Roberto Bolano (mort en 2003). Douze heures, cinq représentations à partir d'aujourd'hui. Avant l'ouverture officielle, le festival affiche un taux de remplissage de 84%, 105000 billets vendus sur 126000 proposés. « L'utopie d'un festival rare et magnifique, où le public vient en quête d'aventures », soulignait Olivier Py. Avignon, ou la démonstration que théâtre de recherche, exigeant, et théâtre populaire ne s'opposent pas. C'est aussi cela l'utopie du festival. Jean-Marie Duhamel ■

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JOURNALISTE : Marie-Ève Barbier

PERIODICITE : Quotidien

8 juillet 2016 - Edition Aix En Provence

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ON ATTEND

2666, "une folie théâtrale" Marie-Ève Barbier On le décrit comme l'enfant terrible d'Avignon, habitué aux défis impossibles. À 26 ans, le metteur en scène Julien Gosselin avait bluffé son monde en adaptant brillamment Les Particules élémentaires de Michel Houellebecq au théâtre, il y a deux ans. Cette année, il s'attaque au roman-fleuve du Chilien Roberto Bolano. Disparu en 2003, l'écrivain avait laissé un manuscrit de mille pages. Au théâtre, cela donne un marathon théâtral de douze heures, présenté à la Fabrica. Le titre est-il un faux ami ? Je ne veux pas trop l'expliquer, j'aime son côté mystérieux. Mais il ne s'agit pas de l'année 2666, il ne s'agit pas de science-fiction. Il porte sur la question du mal avec 666, le chiffre du diable. Bolano parle du mal dans le millénaire qui s'ouvre. Le livre est composé de cinq parties que Bolano pensait publier séparément. Est-ce un feuilleton ? Feuilleton je ne sais pas. Mais ça me fait penser au film Babel d'Iñarritu par exemple, où l'on assiste au croisement incessant de différentes histoires de personnes à différents endroits de la planète. Leurs histoires influent les unes sur les autres. Avec une forme de suspens que Bolano met en place. En même temps, il y a quelque chose d'inachevé, qu'on explique par la mort de Bolano. On peut aussi penser que Bolano désamorce lui-même le suspens qu'il met en place.

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Le caractère posthume, mystérieux du livre vous a-t-il attiré ? Ce serait mentir que de dire non. Le livre a créé un emballement médiatique à sa sortie. C'est fou de laisser une telle somme littéraire avant sa mort. Cela a évidemment aiguisé ma curiosité. On peut expliquer certaines choses dans le roman par le sentiment de la fin. L'auteur est Chilien. Y a-t-il une écriture sud-américaine ? Il y a des points d'accroche. L'irruption de la magie à l'intérieur du monde est assez typique. La deuxième partie de l'oeuvre nous amène par exemple à l'intérieur du cerveau d'un professeur de philosophie qui entend des voix. Comment le monde, les éléments agissent-ils sur la personnalité d'un homme ? C'est une thématique très latino-américaine, que j'ai accentuée par la mise en scène. La pièce dure 12h. Il n'y a qu'à Avignon qu'on peut faire ça ? Il se trouve qu'on le fera ailleurs ( 2666 sera à l'affiche de l'Odéon à Paris à la rentrée, puis en tournée, ndlr). Mais Avignon a été moteur dans cette aventure. En tant que spectateur, je n'ai pas la même capacité de réception un dimanche de novembre et au Festival d'Avignon. Les spectateurs sont dans une folie théâtrale. C'est le lieu privilégié pour ce genre de formes. Du 8 au 16 juillet à 14h à La Fabrica. 04 90 14 14 14. festival-avignon. com ■

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8 juillet 2016 - Edition Toutes éditions

Le Lillois Julien Gosselin crée l'événement à Avignon avec « 2666 » Premières offensives de placardages, collages d'affiches et autres « dazibaos » qui font toute la spécificité du festival de théâtre le plus réputé du monde (1700spectacles pour le seul Off). Côté In, la programmation a été ouverte mercredi soir avec la première des Damnés dans la cour d'honneur du palais des Papes, un événement à plus d'un titre. Une adaptation par Ivo Van Hove, patron du très réputé Toneelgroep d'Amsterdam, du film de Luchino Visconti sur les compromissions de la grande bourgeoisie industrielle avec le nazisme. Un spectacle monté avec la troupe de la Comédie française de retour à Avignon après

près de vingt-cinq ans d'absence et à l'évidente dimension politique qui n'aurait pas eu la même signification il y a encore quelques années, devaient souligner Olivier Py, directeur du festival, comme Ivo Van Hove. Même s'il ne s'agit pas d'un spectacle historico-réaliste sur le nazisme mais bien sur « le renversement des valeurs ». L'autre événement de ce 70e festival, nous touchant directement dans la région des Hauts-de-France et tout particulièrement à Lille, la programmation de 2666, nouveau spectacle porté par Julien Gosselin et la compagnie Si vous pouviez lécher mon cur. Il y a trois ans, ces jeunes gens, tout frais sortis de

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l'École de théâtre du Théâtre du Nord à Lille (à l'époque Epsad, aujourd'hui École du Nord), saisissaient Avignon avec une adaptation des Particules élémentaires (Houellebecq). Le spectacle tourne depuis dans le monde entier. Julien Gosselin et ses quinze comédiens se frottent à un autre enjeu : l'adaptation de cinq romans du chilien Roberto Bolano (mort en 2003). Douze heures, cinq représentations à partir de ce vendredi 8juillet. Jean-Marie Duhamel ■

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8 juillet 2016

PERIODICITE : Quotidien

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«  La nécessaire exploration de la question du mal  » RENCONTRE AVEC JULIEN GOSSELIN Pourquoi s’attaquer à ce roman sur la cruauté sans frontière ? « Quand nous avons terminé “Particules élémentaires” de Houellebecq, deux possibilités s’offraient à nous  : soit réduire la voilure avec un projet plus intime, soit explorer davantage les territoires poétiques et thématiques abordés dans l’ouvrage de Houellebecq. J’ai eu l’envie d’aller plus loin. “2666” m’est apparu évident. A la lecture, je me suis senti extrêmement proche de certaines parties comme la première, plus européenne. D’autres m’ont emmené ailleurs… Sur le plan poétique, c’est un auteur gigantesque !Et il ose embrasser la question du mal, des massacres commis à la frontière mexicaine jusqu’à ceux de la Seconde Guerre mondiale. Il établit une sorte de cartographie du mal du XX e et XXI e siècle. » Comment avez-vous monté cette pièce en cinq parties ? «  J’essaievraiment de rester dans les pas de l’auteur. J’utilise la machine romanesque, les personnages, les situations et les rebondissements. Et puis une fois sur le plateau, ce travail en amont est modifié par une approche commune dénuée de hiérarchie. Certaines parties sont plus musicales, d’autres davantage théâtrales. Et amènent forcément à des différences de traitement entre ces parties dont l’approche littéraire varie également. Ma préoccupation

majeure fut une traduction, voire une “trahison” théâtrale qui soit la plus intéressante possible avec les armes que nous possédons au théâtre. » Dans cette création, vous multipliez les supports visuels et auditifs. Cela en modifie-t-il le jeu d’acteur ? «  Oui. La théâtralité est parfois usuelle  :l’acteur joue une situation, un monologue… et à d’autres moments ils sont obligés de déplacer leur processus d’incarnation. De ne plus forcément mettre le personnage en avant mais d’essayer d’être un passeur physique du texte, parce que, par moments, la musique est le premier média, à d’autres, la vidéo… J’ai donc besoin d’acteurs qui soient dans un balancement constant entre toutes ces choses. Qu’ils sentent là où le plateau les emmène sans forcer la théâtralité si elle n’a pas lieu d’être. » Qu’apporte l’usage de ces supports aux spectateurs ? «  J’ai une utilisation assez pratique, usuelle de ces médias, comme bon nombre de ma génération. Même si l’utilisation que j’en fais est parfois complexe, elle me semble aussi naturelle que la lumière ou qu’un jeu d’acteur. Globale ?Je ne sais pas… Mon envie, est de placer le spectateur dans une forme d’isolement, tel un lecteur face à un texte. Un endroit où le spectateur serait à la fois dans un univers intime et plongé dans quelque chose de plus agressif, puissant, comme lors d’un concert de rock, d’électro. Pour lui amener une sensation

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physique qui n’est plus de l’ordre de l’émotion intellectuelle. » “2666”, à la Fabrica les 8, 10, 12, 14, 16 juillet à 14h (durée 12h, entractes compris). L’info en + BIO express 1987 : naissance dans le Nord-Pas-de-Calais, 2006 : Julien Gosselin intègre l’Ecole professionnelle supérieure d’art dramatique de Lille. 2009 : il fonde, avec sept de ses camarades, le collectif Si vous pouviez lécher mon cœur. Il poursuit, dorénavant, son ascension en étant artiste associé dans trois théâtres  :Le TNT à Toulouse, le théâtre national de Strasbourg et la scène nationale du Phénix à Valenciennes. créations 2010 : “Gêne 01”, de Fausto Paravidino. 2011 : “Tristesse animal noir””, d’Anja Hilling au théâtre de Vanves et en tournée en 2012. 2013 : c’est avec sa troisième pièce, adaptée du roman de Houellebecq, “Les Particules élémentaires”, que Julien Gosselin et son collectif connaissent un succès magistral. ateliers de la pensée Leçon de l’université avec Julien Gosselin animée par Laure Adler le 11 juillet à 11h sur le site de l’Université Sainte-Marthe.

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RUBRIQUE : E84

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8 juillet 2016

PERIODICITE : Quotidien

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7 juillet 2016 - Edition Avignon et Carpentras

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Un retour prometteur 2666- Julien Gosselin et son collectif L’immense succès rencontré au Festival d’Avignon en 2013 par l’adaptation de «  Particules Elémentaires  »de Houellebecq, a conduit Julien Gosselin et son Collectif «  Si vous pouviez lécher mon cœur  » à se représenter plus d’une centaine de fois. Cette année et plus précisément demain soir à la Fabrica, Le Collectif revient avec l’adaptation d’un roman d’envergure avec le gigantesque «  2666  » de Roberto Bolaño. Ce livre proclamé roman du XXI e siècle, à la littérature débordante, en fait un

choix très ambitieux pour ce Collectif dont le metteur en scène, Julien Gosselin, a tout juste vingt-neuf ans. Celui-ci est accompagné dans l’aventure par treize comédiens qui n’interprètent pas moins de soixante-dix personnages. Julien Gosselin s’essaie à créer l’émotion ressentie par le lecteur en s’appuyant sur de nombreux supports visuels et auditifs et en entremêlant dialogues et monologues. Tout en restant le plus fidèle possible à cette écriture majestueuse, il amènera le spectateur sur la question de la dureté du monde.

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La Fabrica, du 8 au 16 uniquement les jours pairs. Durée 12 heures (entractes compris).

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7 juillet 2016 - N°1411

PERIODICITE : Hebdomadaire

I

Unspectacled'une totalitéécrasante, malgréla classe desacteurs.

La décrue d'un roman-fleuve FESTIVAL D'AVIGNON

Malgréune scénographieimpressionnante,JulienGosselinplace la barretrop haut et peine à transposerl'énormerécit de RobertoBolano,2666. == Gilles Costaz

2666. FabricA,

la du 8

au 16 juillet, 04 90 14

14 14.

Texte en Folio Gallimard (traduction Roberto

de

Amutio).

C

réé au Phénix de Valenciennes, 2666 a pu être vu avant ses représentations au festival d'Avignon, dont il devrait être l'un des moments forts. Il s'agit d'un pari audacieux, à la fois pour son concepteur et metteur en scène, Julien Gosselin, et pour les structures qui se sont impliquées dans l'aventure (le Phénix, l'Odéon, qui donnera lespectacle en septembre à Paris...). Tout remonte au succès imprévu du spectacle tiré des Particules élémentaires de Michel Houellebecq à Avignon, en 2013. Cet été-là, le festival s'ennuie. Tout à coup, un artiste qui n'a pas 30 ans et sa jeune équipe, issue du Théâtre du Nord, à Lille, réveillent les spectateurs avec un style nerveux et rock'n roll. Rapidement, un certain nombre de directeurs se pressent autour du metteur en scèneinconnu et lui disent : « On va vous produire. Qu'aimeriez-vous monter ? » « 2666, de Roberto Bolano,

et cela durera douze heures », répond Gosselin. Trois ans plus tard, le spectacle est fait. Et il ne devrait pas provoquer le même enthousiasme que la création précédente de cette équipe nommée « Si vous pouviez lécher mon ». 2666 est un énorme roman qui est, en fait, un ensemble de cinq romans. Le Chilien Roberto Bolano est mort avant d'avoir pu finir son texte et son assemblage. L'ensemble est stupéfiant mais sur plusieurs notes. cœur

Dans le premier chapitre, quatre universitaires européens s'interrogent sur un énigmatique auteur allemand, Archimboldi, dont ils cherchent l'image et les traces. Puis l'on part en compagnie d'un professeur espagnol marqué par Marcel Duchamp, qui vient enseigner au Mexique. Ensuite, à l'occasion d'un combat de boxe et d'un reportage effectué par un journaliste afro-américain, des annales du crime dans une ville mexicaine sont longuement restituées : les victimes sont

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toutes des femmes, sauvagement abusées et liquidées. Enfin, le dernier volet éclaire la personnalité d'Archimboldi en remontant en Allemagne, pendant la Seconde Guerre mondiale. tous les niveaux, Gosselin place la barre à une hauteur folle. La longueur est démesurée. Et le langage théâtral cherche à rejoindre lesformes exploitées par lesgrands metteurs en scèneeuropéens comme Frank Castorf ou Krzysztof Warlikowski :cages de verre roulantes qui sont des scènes à l'intérieur de la grande scène, présence d'un caméraman parmi les acteurs qui envoie des images - le plus souvent en direct - occupant la moitié de l'espace, voix toujours relayée par le micro HF que les acteurs portent collé à leur joue... À

Le tout a de la gueule, c'est mais notre patience n'en atteint pas moins ses limites. Julien Gosselin ne parvient pas à être original à chaque épisode. Peuton faire fonctionner un acte de

sûr,

plus de deux heures l'essentiel de l'action est le défilé sur écran de la liste des meurtres perpétrés dans la ville de Santa Teresa ? Ou faire dire l'une des autres parties par une actrice, Caroline Mounier (excellente, au demeurant), filmée en gros plan, tandis que le jeu de ses partenaires et des images parallèles sont accessoires par rapport à la diction pure et simple du texte ? où

Avoir voulu conserver les cinq portiques de cette architecture romanesque est sans doute une erreur. L'histoire la plus intéressante est celle de l'écrivain mystérieux (Frédéric Leidgens lui donne une belle incarnation). Elle aurait constitué une matière riche et suffisante. Pourquoi chercher l'exploit avec une totalité écrasante, malgré la classe des acteurs qui se démultiplient en divers rôles, Adama Diop (formidable en bateleur afro-américain), Antoine Ferron, Tiphaine Raffier, Noémie Gantier ? Souvent, les romans-fleuves sont en décrue une fois sur scène. •

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7 juillet 2016 - N°1411

MICHEL ROCARD

LE BREXIT ET LA GAUCHE

DUPSUAUPS

I DIVISIONS

Politis AVIGNON

PIERRE PAULIN AU CENTRE POMPIDOU

2666, DE ROBERTO BOLANO, PAR JULIEN GOSSELIN

N°1411

DU 7 AU 14 JUILLET 2016

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otre -Dame P.76

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7 juillet 2016 - N°1411

PERIODICITE : Hebdomadaire

SOMMAIRE n° 1411 du 7 au 14 juillet 2016

Politis

Pour être informé de l'actualité de Politis, inscrivez-vous à notre lettre d'info gratuite

Les visages de la semaine : David Cormand / Françoise Verchère / Christian Rouaud

4 | ÉVÉNEMENT

14 | DOSSIER

HOMMAGE À MICHEL ROCARD

NOTRE-DAME DES RÉSISTANCES

Bernard Langlois livre ses souvenirs personnels et revient sur la tentative d'OPA sur le PS de l'ancien secrétaire national du PSU

Un demi-siècle d'entêtement - La bataille des arguments - Les fourches se lèvent à l'Ouest - Le melting-potes du bocage - Cultivons notre utopie Le jour où l'aéroport sera abandonné - «Au Larzac, on s'affrontait sur l'intérêt public», entretien avec le cinéaste Christian Rouaud

5 j À FLUX DÉTENDU

6 | SEMAINE Le bon et le mauvais « dumping » social du Dr Valls - La débandade des pro-Brexit - Illégale, la loi travail Fessenheim tourne toujours - Wiesel, l'ami des colons - Université d'été du PS : Nantes, c'est fini ! - Rémi Fraisse : bavure ou barbouzerie?

111 ANALYSE LE BREXIT ET LA GAUCHE L'Europe divise la gauche française - « Le Brexit nous oblige à changer », entretien avec David Cormand, d'EELV

261 CULTURE DESIGN. PIERRE PAULIN AU CENTRE POMPIDOU

Cinéma. Moi, Olga, de Tomas Weinreb et Petr Kazda - Musique. A Woman's Journey, de Clotilde Rullaud - Festival d'Avignon. 2666, de Roberto Bolano, par Julien Gosselin

301 COURRIER

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7 juillet 2016 - N°141

PERIODICITE : Hebdomadaire

PECTACL

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TROUVER LE TEMPS LONG ETT AIMERIMER E A Ç ÇAA Au Festival

d'Avignon,

du roman Bolano, pour

de Roberto

dure douze

heures.

une manifestation

un peu vicelarde... l'occasion comme un autre

yoga lors distribués cuisses différente

Prenez

Ou au contraire le théâtre

on squatterait

chez

rapport

du café

à volonté, et des

pour ronquer de son voisin.

14 et 16 juillet

:

du plaids

sur les Une manière

de binge-watcher.

scène de Julien

mémé

à la concentration

les entractes

de Roberto

ça

de sadisme

d'occuper

et la durée,

2666

l'adaptation

culte2666

Bolano, Gosselin,

au Festival

P.78

E.B.

mise

en

les 8,10,12, d'Avignon.

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7 juillet 2016 - N°4141

PAYS : France

RUBRIQUE : Sortir

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JOURNALISTE : Jacques Nerson

PERIODICITE : Hebdomadaire

LE CHOIX DE L’OBS

2666, c’est loin, et 12 heures, c’est long ! « 2666 », D’APRÈS ROBERTO BOLAÑO. LES 8, 10, 12, 14 ET 16JUILLET, LA FABRICA, FESTIVAL D’AVIGNON ; E 04-90-14-14-14. DU 10 SEPTEMBRE AU 16 OCTOBRE, ODÉON-ATELIERS BERTHIER, PARIS-17 .

Premièrequestion : douzeheuresdespectacle, c’estsupportable ?Ça pourrait l’être. Rappelez-vousla nuit magiquedu « Mahabharata »dePeterBrook.Ou « le Soulierde satin »,monté par Antoine Vitez.Notre appréciation de la durée d’un spectacle,c’estune vérité première,dépend de sonintérêt. Cequi conduit àla deuxièmequestion e: n l’occurrence, cemarathon sejustifi e-t-il ? Pasvraiment. Il ya pourtant desmoments très forts dans« 2666 »,le dernier roman du Chilien Roberto Bolaño. Et cesmoments-là, Julien Gosselin, dont l’adaptation des « Particules élémentaires »,deMichel Houellebecq,nousavaitemballésvoici trois ans,en tire desimagesetdesscènesd’unepuissance indéniable.(En particulier celles où interviennent Frédéric Leidgens et Adama Diop.) Alors pourquoi ne recommande-t-onpasle spectacle ? Parcequ’aprèsdouze heures,on ne sait toujours pasoù Bolaño veut en venir. Parceque cet énorme roman, rédigé dans l’urgence,la mort aux trousses,est resté inachevé.De là, peut-être, son aspect échevelé, voire hirsute. Les récits s’additionnent, plus ou moins captivantssi on lesprend isolé-

ment, mais rien ne fait avancer le schmilblick, comme dirait Coluche.On fait du surplace.Gosselindéclareàqui veut l’entendre qu’il a envie de s’attaquerà des œuvres colossales, torrentueuses,qui embrassentl’universentier, ambition plus présentedansle champ romanesqueque dansle répertoire du théâtre classiqueou contemporain. N’empêchequ’il ne faut pasdouzeheuresà Molière ou Tchekhov pour traiter dessujetslargement aussiessentiels que la poursuite d’un mystérieux romancier allemand à traversle monde ou une enquêteau Mexique, à la façond’un romannoir, surdesmeurtreset desviols de femmesjamaisélucidés. Dernière remarque.Inutile de sementir, proposer un spectacled’une telle durée,c’estrenoncerd’entréede jeu au grand public. Il est vrai que les directeurs du festival « in »l’en ont depuislongtempschassé.Nevous en faites paspour la recette,il y abien assezde branchésàAvignon pour remplir La FabricAcinqfoisde suite.Toutefois,outre salongueur,l’élitismede cespectacleestalarmant.Il fait du théâtreun art d’initiés.Pourne pasdire demandarins. JACQUES NERSON

P.79

GOSSELIN

SIMON

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7 juillet 2016 - N°4141

PAYS : France

RUBRIQUE : Sortir

PAGE(S) : 98

DIFFUSION : 460797

SURFACE : 85 %

JOURNALISTE : Jacques Nerson

PERIODICITE : Hebdomadaire

P.80

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PAYS : France PAGE(S) : 17 SURFACE : 55 % PERIODICITE : Hebdomadaire

6 juillet 2016 - N°41141

LES 8-10-12-14

ET 16 JUILLET

A14

H A LA FABRICA

tragique et

se, au moins

un temps,

insur-

explique-t-il. tragique le récit décline

en

retrouve des

autres.

scène

parties,

qui

indépendan-

des

sur

se

parties

être

les unes

et poéBolano

cinq

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de

je

les

veux

titres

que

le

spectateur soit conscient la façon dont se construit spectacle

sous

spectateur Julien de

Gosselin,

2666.

metteur

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en

archives

DL

mener

scène

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prendre

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que

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de

il le fut,

le sublime Thomas

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en 2014.

heures,

qui

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- il n'avait

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que

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la

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Photo

sur

la démarche Julien L'écriture -

con-

des

Gosselin

scène.

pro-

transpo-

Simon

Avec

\2666\,

intellectuelle

Gosselin

est

teur

de

similaire.

contemporaine,

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du

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le lecteur

\2666\,

théâtre

Ce

Douze

doivent

2013

heures.

belle

26ans

à l'écriture

temporaine

douze

le 8 juillet,

de ce

qui s'attaque

par

rebuter

le

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de

poète

chilien

mort en

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la

en scène.

du roman

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de séduire

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que fois

c'est

qui soit

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quelque

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la complexité

me

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lui

Dans

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Julien

Gos-

se rapprocher

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je cherche

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du

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des

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so-

puissants.

\2666\

s'annonce,

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bles

du

d'Avignon

Festival

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qui

indépenqu'aux que

On

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la cohé-

unroman-fleuve en cinq parties du

ne

2666

Cons-

parties

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rence

Roberto

en 2003.

cinq

pourraient

élé-

posthume

l'œuvre

inachevée

truit

quand par

et

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Bolano,

pas

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sur

Gosselin.

bruissait

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ou de

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Julien

qui

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sur

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intense

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Gos-

pour

la

est

thriller

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le temps

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en scène,

selin veut \2666\,

non

peiner

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aux spectateurs Parce qu'il n'y

suspend

Comme

ve-

y ait

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et,

moment

jeune heures

que Julien

selin fait d'Avignon.

ce

le

qu'il à endurer,

Le spectateur

plonger

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? Douze

de spectacle,

qu'à

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sur le plan

mais

physique.

veut

de sa résistan-

avec

total.

de qu'on ais

Ce

Gosselin

au bout

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Avec l'adaptation de \2666\, Julien Gosselin embarque le spectateur dans un marathon physique doublé d'un thriller haletant...

ses

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C.A.

de le

jonction (666)

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e

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XXI

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P.81

l'ad-

du

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du

Benno

von

écrivain

piteuse

ville

Santa ro-

énigmatique

né en 1920. entre

jeunes

chronique.

sujet-phare est

personnage,

inventée,

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défraie

sans

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important Ar-

qui

aborde

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de

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n'est le

plus

roman manière

tragique

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de

alleQuel

mexicaine

Teresa

la mort, l'histoire

le mal

et et

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PAGE(S) : 6,7

JOURNALISTE : Anne Diatkine

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6 juillet 2016 - N°10924 - suppl.

PERIODICITE : Quotidien

Julien Gosselin, le 15juin, à Valenciennes (Pas-de-Calais), PHOTO

AIMÉE

THIRION.

P.82

HANS

LUCAS

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JOURNALISTE : Anne Diatkine

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6 juillet 2016 - N°10924 - suppl.

PERIODICITE : Quotidien

Le jeune metteur en scène, qui avait marqué la cité des Papes avec «les Particules élémentaires» en 2013, est prêt à redynamiter le Festival avec «2666», de Roberto Bolano.

J

ulien Gosselin parle vite, et

il n'apasde cernes.«Ahbon ? Jesuis exploséde fatigue!» On est en juin, la première de 2666, adaptédu roman de Roberto Bolano, vient d'avoir lieu au Phénix,àValenciennes,et lejeune metteur en scène - moins de 30 ans- apu appréhender pour la première fois sonspectaclede onze heures- «On dit douze,à causedes entractes»- en entier, et il est content. «Jepensaisqu'on ne seraitpas prêt pour Valenciennes,maisje vois qu'on ne serade toute manière jamaisprêt!» Il rit. «Ily a plein de défauts, plein de chosesà corriger ou nulles, maisj'ai l'impression d'atteindre un endroit où je suis juste par rapport à moi. Jen'avaispasenvie defaire un spectacledu vivre ensemble.Desspectaclespropres, je saisquejepeux enfaire. Mais avec celui-ci, j'aimerais emporterle spectateur dansmonplaisir et inconfort quandje lis 2666.»Qu'il a lu en une semaine, d'une traite. Il y atrois ans,Julien Gosselinétait le jeune prodige d'Avignon, avec une autreadaptation,celledesParticules élémentaires de Michel Houellebecq,largementplusaccessible que le texte-monde de Roberto Bolano. «Jeuneprodige de quoi? Je n'ai pas envie d'être une star. Jene suispas Rihanna. Moi, mes idoles, cesont Pierre Bergounioux etPierre Michon, etj'aime les lire enpetits caractères, sur papier, sousla couverturejaune deséditions Verdier.» Julien Gosselinparle vite,et il parle de tout. De son enfance à OyePlage, près de Calais, et de son amour du Nord. Del'écoleet desrenoncements des gens de gauche. Desesparents-son père estéducateur spécialisé et sa mère institutrice-, de son frère, et de la nourriture. De la rencontre de deux misères extrêmes qui s'affrontent, celle de la grande pauvreté d'ici aveccelledes migrants. De théâtre aussi, et de comment on devient metteur en scène,alors que ni enfant ni ado, on n'y allait, ni ne connaissaitde spectateurs.Comment

naissaitde spectateurs.Comment ça commence, donc? L'EXPRESSION «FESTIVAL D'AVIGNON» Elle entre tard dans savie, après l'adolescence.Il vient de faire «un an de rien après le bac», mais son «pote», son «meilleur ami», Pierre Martin, qui aujourd'hui signelesvidéosde sesspectacles,estdans un atelier théâtre. Julien Gosselin le rejoint, mais évite de monter sur le plateau: «Jen'avais pas envie de montrer mon corps à tout le monde.» Depuis toujours, à OyePlage, Pierre Martin est ••• ••• le seul avec qui il parle d'art. «Ilfaut être deuxpour rêver, mais j'aurais aimé qu'on soit dix, quinze.» Il se souvient d'un sentiment d'enfermement. Puis il vit à Calais(«Calais, c'est à 45 milliards de kilomètres du quartier OberkampfàParis»), lagrande ville, «et j'ai eu un autre sentiment d'enfermement. J'avais envie d'être ébloui parplusgrand quemoi». Et enfin, étudiant à l'Ecole professionnelle supérieure d'Art dramatique dirigé par Stuart Seide, à Lille, «tout le mondeparle de théâtre, etdonc du Festival d'Avignon». Nouveau problème : il ne trouve plus personne pour jouer au foot. LE PREMIER SOUVENIR DETHÉÂTRE A16 ans,il passaitsontemps «à lire, à lire et à lire». Sespas le mènent souvent danslesfriches desanciens abattoirsde Calaisoù il sesent bien, et où la scènenationale de laville, le Channel, vient juste d'être construite. «Jevoyais lesgenssortir de la salle aprèsle spectacle, et ils seréunissaient, allaient dîner danslerestaurantdu théâtre. Il y a unelibrairie aussi. Etje trouvais fou quedes genssevoientpour parler de livres et de théâtre, après un spectacle. C'était hyper chaleureux. Je viens d'une famille où on s'est toujours dit: n'est pas pour Aujourd'hui encore,cequi sepasse avant et après lareprésentation lui sembleplus important quele spectacle lui-même. C'estcela,son premier souvenir d'Avignon: «On était un groupe detrèsjeunesartistes invitésparHortenseArchambault et VincentBaudriller [codirecteursdu Festival de 2003 à 2013,ndlr], un Iranien, deuxfilles turques, deuxLibanais, etjusqu'au bout de la nuit, saouls,on sedisputait sur des tmcs invraisemblables commela notion de théâtre populaire.»

L'ÉPINEUSE QUESTION DU THÉÂTRE POPULAIRE Le principe lerend sceptique.«Cela qui répètentquele théâtredoit exister car c'est un art populaire n'usent pas d'un bonargument. Onfait un art inutile pour 95% desgens.»Il ne pense pas qu'on puisse refaire les mêmes gestesque Jean Vilar qui envoyait desbus à lasortie desusinesde Boulogne-Billancourt pour aller chercher les ouvriers et les conduire jusqu'à Chaillot. «C'était une époqueoù le prolétariat était clairement identifié et où les usines existaient. Vilar choisissait desimplifier sesmisesen scènepour être plaisant. Aujourd'hui, lehimpenest éparpillé, réduit enmiettes, a plutôt envie demettre lefeu !» Durant lesrépétitions de 2666, cependant, le théâtre du PhénixàValenciennesavait mis des annonces un peu partout pour convier lesValenciennois àassister àune heure ou deux de répétition. «On discute ensuiteavec lesdeux-trois personnes qui ont étéplongéesdans lin bout de spectacle. Ils peuvent ne rien comprendre, car il y a un fil narratif mais la plupart du temps, ils sont secoués. Et c'est à cetteoccasion que l'on s'aperçoit de la faussetédescasesstatistiques. J'ai rencontré des gens très riches et très incultes, d'autres trèspauvres ettrès cultivés. Des gens très réceptifs et qui n'avaientjamais été au théâtre. Je nesuispas là, en tout cas, à leur expliquer pourquoi le spectacle est poureux.» LE PATRIMOINE Le théâtre est peut-être le seul art qui échappeà lalogique de «l'hyper libéralisme», dit Gosselin,car il est subventionné. Or, «ily a constamment un retour vers le patrimoine qui représente90% desspectacles. C'est dingue que les metteurs en scèneetprogrammateursn'utilisent pas leurssubventionspour la découverte de l'ultra contemporain.» UNE MISE EN SCÈNE MYTHIQUE JAMAIS VUE Ceserait Ten Oorlog, de Tom Lanoye, une adaptation de huit dramesde Shakespeareen douze heuresen néerlandais. Mais pourquoi pas?Gosselinvabien àBerlin pour voir la Cousine Bette montée par Frank Castorf, alors qu'il ne parle pas allemand, et il attend avecimpatience sonadaptation desFrères Karamazov au prochain Festival d'Automne, à la MC93. «Castorf, c'est impossible, parfois ennuyeux, et souvent génial. En tout cas, ce

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JOURNALISTE : Anne Diatkine

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6 juillet 2016 - N°10924 - suppl.

PERIODICITE : Quotidien

LES CACHETS Pendant les répétitions, toute la troupe est payée pareil, soit2500 euros brut par mois, pendant quatre mois. «C'estconsidéré commetrop cherpar beaucoupd'administrateurs. On enparle avec VincentMacaigne. On travaille avecdes acteurs géniaux, qui vont sur les plus grands plateaux-d'Europe. Et qui vivent mal. Moi, je peuxme rattraper parce queje donnedesstages, et lui, Vincent,fait du cinéna. Mais les comédiensde théâtre, eux, sont tributaires descachets.»

«2666» Cen'estpasunesagarassembleuse, et Julien Gosselin ne propose pas un digest. «Le livre est impossible, doncla pièce l'est aussi. Je nelefais pas exprès,je nefais pas le malin. Roberto Bolanodit quela littérature estun combatde samouraïcontrela violencedu mondeinexplicable. Un combat qu'ellevaperdre. Mais que lefait decombattre estdéjà une victoire.» A Avignon, Julien Gosselin met le spectateur au de ce combat. ANNE DIATKINE EnvoyéespécialeàLille cœur

L'HABITAT Depuis deuxans,Julien Gosselinvit «nullepart», travaille trop pour que ça vaille le coup de «mettre 800 euros dansunelocation», a des cartonsde livres chezson pèreàCalais. «Mais la conséquencedecela, c'est queje lis moins. Car il faut me toujours dix livres pour en trouver deuxqueje lis en entier, etje nepeioc plus lestrimballer.»

2666 m.s. JULIEN GOSSELIN La FabricA. Du 8 au 16 juillet.

DE VACANCES SUR TERRE Lire lesquotidiens papier, au café, protégé du vent, dans n'importe quelle île bretonne. «Les stations L'IDÉAL

balnéaires du Sudde la France, tout estfait pour que la joie règne, medonnent enviede mourir. J'ai enviede creverquandon me demande d'avoir la pêche.» où

VOCATION «J'aimerais bien êtrecuisinier, c'est vraiment mon rêve.» Selon Julien Gosselin,la création culinaire s'apparenteàcelledu metteur en scène. «Il nes'agitpas uniquement de rendre leconvive heureux, mais debrutaliser celui qui vient manger avec desexpériencesgustativesinédites. Alterner les caressesetles claques.» Son modèle: Alexandre Gauthier, qui dirige la Grenouillère, à laMadeleine-sous-Montreuil.

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5 juillet 2016 - N°2521

PERIODICITE : Quotidien

En bref

TREIZE DE LA

COMPAGNIES

RÉGION

AU FESTIVAL

DAVIGNON

Treize compagnies représenteront les Hauts-de-France au festival «off» d'Avignon, dès demain et jusqu'au 30 juillet. Egalement soutenue par le conseil régional, une compagnie présentera, dans la programmation officielle («in»), un spectacle de 12 heures, entractes compris. Avec le collectif «Si vouspouviez lécher mon composé d'anciens élèves de du Nord située à Lille, Julien Gosselin a adapté 2666, un roman de Roberto Bolaho. ILire aussi page 15) cœur»,

l'École

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Inferno 1 juillet 2016

JULIENGOSSELIN Adapte le « 2666

inferno Parlez-nous de votre rencontre littéraire avec Roberto Salaria .. Julien Gosselin Quand nous avons terminé de créer Les particules élémentaires , nous avons commencé à chercher autre chose pour le prochain spectacle . Il y a quelques années , avais entendu parler de Roberto Bolafio et de 2666 comme du premier grand roman du 21ème ' siècle . Je me suis mis à le lire et ai trouvé l intérieurde ce texte exactement ce il me fallait ... j'

j'

qu'

Pouvez-vous

me dire quelque chose du processus de création de 2666? Tout le monde travaille en même temps . Dès le premier jour de répétition , je veux être en de travailler la vidéo , la musique , le son , la mesure lumière et le jeu avec les acteurs . Nous ' travaillonsde façon assez linéaire dans l ... Chaque scène est répétée , à chaque adaptation , avec tous les acteurs de la distribution. Donc chaque fois la scène est trouvée dans sa globalité. ' Comment avez-vous travaillé pour l adaptatMn ? Ça a pris du temps ( il soupire) . En répétition , je peux travailler douze heures par jour mais sur une adaptation ai du mal travailler plus de deux ou trois heures par jour surtout sur un ' texte aussi démentiel ... D abord ai pris le livre m'

j'

de Roberto Bolaho

>>

Y a-t-il un moment où , face à ce texte , vous avez eu envie d 'arrêter ? ' Avez-vous déjà regretté d avoir choisi de travaillersur ce roman Non . Le plus difficile était au début quand nous avons commencé à mettre en place les on choses administratives ... Mais depuis ai jamais eu de doutes . Au travaille dessus , je contraire , ai eu plutôt de bonnes surprises ... ai jamais eu envie de laisser tomber . Pendant c'

qu'

n'

j'

n'

les répétitions , en travaillant sur un texte aussi ' puissant que l est celui de Bolano , en entendant deux ou trois répliques je me dis: est délirant comme est bien écrit , est tellement ... Et chaque fois , ai juste envie de gigantesque c'

c'

c'

j'

Le spectacle va durer neuf heures , est long. Pouvez-vous me parler du rapport au temps? Oui il y a plusieurs choses ... D' abord , je travaille les textes à partir de leur structure , je ne fais pas des variations sur le texte ... Du coup est ' très difficile pour moi de réduire les choses d un de vue . Le au livre , pour point pratique rapport moi , est aussi lié à la masse du livre . Quand vous avez 2666 dans le main , vous savez que aune sorte vous en avez pour un moment . ' d angoisse qui se crée et une violence qui est là uniquement avec le livre dans les mains. c'

c'

j'

ne pouvais pas faire un spectacle qui ne donne pas cette idée de la violence , de la difficulté du chemin à faire pour le spectateur comme pour le lecteur , et de fait , fallait il y ait une notion de durée . Mais pas pour créer une saga! Je ne voulais pas faire simplement une traversée ennuyeuse de liceuvre de Bolet) . avais plutôt envie de transmettre au spectateur quelque chose que est lié à la densité du

travail très différent par rapport à la première partie où il y a quasiment que du dialogue ou de la narration prise en charge par les . Ce travail était surtout , pour chaque personnages partie , de trouver presque une nouvelle écriture et de créer une nouvelle écriture scénique.

texte.

j'

m'

j'

n'

c'

qu'

J'

24Infemo

hors-Série

c'

j'

'

A l intérieur de la forme théâtrale , je cherche toujours à créer quelque chose au niveau de l' atmosphère qui soit extrêmement fort (avec tout ce que peut apporter la technique au ' théâtre) , et en même temps , quelque chose d extrêmement précieux au niveau du traitement ' littéraire . Essayer d amener le spectateur dans zones des extrêmement différentes les unes des autres . Pour ça , la musique nous aide

beaucoup elle doit être extrêmement elle doit englober

violente ' à l intérieur.

le spectateur

et

est-ce que est pour vous une expérience totale au théâtre ? est très difficile à dire . est plutôt quelque chose que je cherche . Houellebecq , à propos Qu'

Dans le roman de Bolaho , il y a des centaines de personnages aux quatre coins du monde et ' on peut essayer d amener le spectateur dans une sorte d 'expérience assez longue . est ça ' que je cherche quand je parle d un théâtre total . est dans la continuité de ce que les gens la qui ont 20 ans de plus de moi appelaient est à dire on peut tout transdisciplinarité utiliser au théâtre pour arriver à une expérience extrêmement puissante. C'

C'

c'

qu'

Dans la foule de personnages de 2666 , quel est celui qui vous touché le plus ? Mes sentiments de lecteur ne sont pas forcément les mêmes que mes sentiments de en scène . Mais par exemple Amalfitano est metteur un personnage qui me touche beaucoup , ' d autant plus il me semblait un personnage très obscur à la lecture . Il a quelque chose qui est profondément lié à son intériorité , son intimité . Quand on travaille au plateau , est un personnage qui me touche énormément . Amalfitano est un professeur de philosophie qui la tête et à mon avis , est perd complètement un personnage qui en raconte beaucoup sur qu'

c'

c'

n'

c'

qu'

continuer.

et ai commencé à travailler chronologiquement , et ensuite ai fait des sauts . y avait des en sortir. parties où avais plus de mal à L' idée était de trouver comment avait différencié les parties et trouver comment je leur pouvais traduire théâtralement différenciation . Par exemple la dernière partie du livre est une grande narration épique et il uniquement y a quasiment aucun dialogue . Donc est un j'

du roman parfait , disait quelque part il fallait ' un roman avec aussi de la sociologie , de l économie , de la poésie pure ... En parlant de forme totale , est ça dont ai envie.

c'

C'

C'

Propos recueillis par Smaranda avril 2016

Olcèse

Festival d Avignon I 6-24 juillet 2016

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Inferno

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1 juillet 2016

théâtre Meeting with Julien Gosselin. Inferno: Your meeting with Roberto &daim .. . Julien Gosselin: When we finished creating Les Particules Élémentaires , we started to look for for the next show . A few yars ago , I heard about Roberto Bolatio and about 2666 considered as first great novel of the twenty first century . 1 started to read and inside this text I round exactly what I needed . .. Can you tell something about

creafion of 2666?

process of

Everybody works at die same time . Right from the first day of rehearsal , I want lobe ready to work on the video , the music , the sownl , the light and the actors' way pf acting . We work in a rather linearway in the adaptation ... Each scene is rehearsed the actors of the every time with distribution . So each the scene is repeated globally. did you work for adaptation? took me time (he whispers) . Durbg the rehearsals I can work twelve bouts a day ; when there is an adaptation , find it hard to work more than two or three hours , particularly on such an insane text . .. At first took the book and I started to work chronologically and then sometimes skipped: there were passages vvhere found it more difficult to find solutions . The idea was to tind how Bolano had differentiated the parts and find how could translate theatrically their differentiation . For example the last part of the book is only a long epic narration and there is practically no dialogue. So , it is a very different work , compared to the first part where there is a good quantity of dialogues or a narrative taken core of by the characters . Tint work was above for each part to find nearly a new writing and to a new scenic writing.

Is there a moment when , confronted with this text , felt like abandoning? Did you ver regret having chosen to work on that nover No . most difficult was at the beginning when we started to seule the administrative aspect . But t had any since I have been working on it I haven' doubt . On the contrary I had good surprises in fact. have never thought of giving up . During the rehearsals , working on such a powerful text such as Bolaho' s, hearing two or three replicas say to written is really fabulons , it is myself: the way gigantic . .. Ami I just feel like going on. The show going lare nine houri , it long. Can you talk to me about the relationship with duralion? Yes there are many things . .. First work on the texts starting from their structure , I don' t make any variation on the text .. . Consequently very difficultfor me to reduce binas from practical point of view . The relationship to the book is also linked to of the book . When you have 2666 in your bands you know you will have spend some time . There is a sort of anguish and a feeling of violence too when you have the book in your hands could not maire a show that did not give that idea of violence , of the hardship_ for the spectator as well as for the leader_ so as a motter of fact a notion of dotation was necessary . But not to create a saga! I didn' t want to make a boring work from Bolano' s work of art . On the contrary felt like transmitting something linked to the of the text to the spectator. density What is for you a total experience in the field of theater? s very difficult to say. It is radier something that I am locking for . Houellebecq - when talking about the perfect novel - said that in some it had to contain sociology economy , pure poetry .. .

Talking about total form would like to achieve . Inside die theatrical form , always try to create something intense in the atrnosphere (with everything that the technique in the theater can same , something extremely bring) but at precious in the field of the literary treatment. I try to lead the spectator into zones that are different .Music helps usa lot: it has to be violent and it has to englobe die spectator extremely inside . In Bolano' s nove! , there are hundreds of characters in the four corners of the planet , we can try to put die spectator in sort of rather long . That' s what I am looking for when I talk experience abouta total experience . in the continuity of what people who are twenty years older than me call tmnsdisciplinarity: that is to say we can use anything in the theater to reach an extremely powerful experience. In the multitude of characters in 2066 who moved you the mort ? My feelings as a reader are not necessarily the same as the ones when I ans a producer .But for example Amal fito is a moving character for me , the more that I found him obscure when I was reading . There is something profoundly linked to bis interiority , his intimacy .When we work on the stage this character touches me enonnously . his head Amalfito is a phi losophy teacher who completely and to my mind he is a character who reveals a great deal about Bolano. Interview by Smaranda Olcêse translation Blandine Rinke'

It'

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1 juillet 2016 - N°nc

PAYS : France

RUBRIQUE : Week end

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JOURNALISTE : Par Nedjmavan…

PERIODICITE : Hebdomadaire

P.88

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1 juillet 2016 - N°nc

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JOURNALISTE : Par Nedjmavan…

PERIODICITE : Hebdomadaire

Marathoniens du théâtre

La pièce 2666 , d une durée de douze heures , sera l un des temps forts du festival d Avignon , qui commence le 6 juillet . Une performance pour les acteurs , comme pour le public. '

'

'

PAR NEDJMA

VAN EGMOND

ans le hall du théâtre Le Phénix , à Valenciennes (Nord) , on sefrotte les yeux . Fatigués , émus , assaillis par IMAGE une foule d images , de sons, de sensations . Derrière nous , une longue , GETTY une folle traversée de théâtre . Le spectacle vient de achever . Est-ce le jour? La nuit? est 1h30 du matin . Si les repères sont brouillés , la DAZELEY/ . Il P mine hagarde et le corps fourbu , est que l on vient de passer plus de douze heures dans cette salle , aux côtés de 500 personnes . Douze heures ponctuées d GOSSELIN . S , entractes , est la durée de la pièce 2666 . On a eu froid , chaud .Tour à tour amusés , malmenés , comblés , puis LAGE est posé 1000 questions ,on a cherché la solution DE on de 1000 intrigues - certaines d entre elles étaient toujours pas résolues deux semaines plus tard ! RAYNAUD . 2666 , est l incroyable roman de l auteur chilien C Roberto Bolafio , paru en 2004 , quelques mois AFR après sa mort , à l âge de 50 ans. Il embrasse les époques , de la seconde guerre mondiale au X Xesiècle finissant , les pays ( Mexique , EtatsPOUJOULAT/ . Unis France , , Allemagne ...) et les décors ( salle -C A.. de colloque universitaire , discothèque , club de boxe , chambre de motel ...) . D un ARTenfumée livre de plus de 1000 pages , le metteur en COM scèneJulien Gosselin , 29 ans, atiré une riche ART matière théâtrale et orchestré une valse d émotions . La pièce réunit une foule de VICTOR/ . aux destins chaotiques , P personnages interprétés par treize acteurs . Elle convoque théâtre , vidéo et musique live pour un singulier voyage. Entre les cinq '

s'

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n'

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'

'

douze heures

P.89

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PAYS : France

RUBRIQUE : Week end

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JOURNALISTE : Par Nedjmavan…

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1 juillet 2016 - N°nc

du

le fourmillement , la multiplicité des intrigues , dont spectacle, des pauses de trente minutes à une heure fournissent du carburant àla machine : repas certaines peuvent rester en suspens. Depuis que je chauds ou froids , fruits secs, cafés et shots de tequila travaille sur ce projet , on me parle beaucoup plus du pour les plus vaillants .Lessportifs peuvent même, sur format de la pièce que du récit lui-même .Il impose une le parvis du théâtre , disputer une partie debadminton tension mentale délirante .» ou un petit match de football , les contemplatifs , se Thermos et couvertures dans les gradins prélasser dansles confortables canapés du hall , et les tendus ,bénéficier d un massage avant de replonger dans Evidemment , le format interpelle . Par son caractère cette oeuvre immense. exceptionnel , il embarque acteurs et spectateurs Après ces premières représentations au Phénix , dans une même épreuve, et crée une communauté de théâtre forte . Qui a déjà vécu ce genre de traversée , dont il est artiste associé, Julien Gosselin va offrir au festival d Avignon (qui se tient du 6 au 24 d expérience hors normes , en garde une empreinte juillet , dans le Vaucluse) ce spectacle vertigineux . Du durable . Et Avignon est le lieu idéal pour cela. Le public 8 au 16juillet , de 14h à 2h du matin . Dès l ouverture vient de toute la France et de plus loin encore pour un de la billetterie , le 14 juin , les réservations ont bain bouillonnant de spectacles , dans une ville afflué .Près de 4 000 personnes ont déjà leur 14 entièrement métamorphosée dès les pre ticket en poche . Mais est-ce qui pousse miers jours dejuillet . «Le public d Avignon un jeune metteur en scène à tenter une voit des pièces du matin au soir , explique telle aventure ? « Quand ai monté Les Bernard Faivre dArcier , qui a dirigé le Particules élémentaires, leroman de Michel festival de 1980 à1984 , puis de 1993à 2003 . EN EN ER en 2013 (à , NDLR) , Houellebecq Avignon mange théâtre , boit théâtre , parle théâtre , tout le monde considérait il était inadap dort théâtre .Les spectacles-fleuves font par table au théâtre . Après ça, ai eu envie d un projet au tie intégrante de l histoire d Avignon .Les spectateurs moins aussi insurmontable ! » confie Julien Gosselin , sont totalement disponibles et prêts àtenter des folles . Ils disent: ai vu La Servante d Olivier que nous avons rencontré quelques jours avant la aventures première à Valenciennes . Avec 2666 , le défi est de Py (présentée en 1995, NDLR) , ou ai vu Henry VI taille . « Houellebecq ouvrait une infinité de portes. (pièce de William Shakespeare jouée en 2014, Comme Bolafio . Avec une difficulté supplémentaire: NDLR) , comme ils diraient : ai grimpé le mont '

'

'

'

HENR

qu'

A Avignon , en 2009 , l 'auteur libano-canadien Wajdi Mouawad met en scène Le Sang des promesses g .), son quatuor de pièces autour du thème de la guerre et de la ' quête d identité. Douze heures de théâtre qui tiennent les spectateurs (presque) éveillés au petit jusqu' matin (à dr .).

'

j'

qu'

'

'

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J'

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J'

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1 juillet 2016 - N°nc

Ventoux vélo . est une forme d exploit !» Pour vivre un tel marathon , mieux vaut se préparer , bien dormir la veille pour tenir pendant la représentation , ne pas "

'

C'

hésiter à équiper d un thermos de café et , en cas de spectacle en plein air , de plaids et de coussins - même si les équipes du festival gardent en stock des couvertures pour les spectateurs frigorifiés. '

s'

Plus de 150 personnages interprétés!

Le premier à ouvrir la voie avec un spectacle-fleuve fut le metteur en scène britannique Peter Brook ( né en 1925) , à l été 1985 . Le Mahabharata , adapté de l épopée indienne une du même nom , investissait '

'

ancienne

carrière

de pierre , à une quinzaine de neuf heures . Deux ans

kilomètres d Avignon , et durait

mettait en scène plus tard , Antoine Vitez ( 1930-1990) Le Soulier de satin , de Paul Claudel , dans la cour d du Palais des papes , à ciel ouvert . Là , on pouvait honneur '

voir le jour se coucher , se plonger dans la nuit noire , puis assister au lever du soleil . Durée: douze heures. En 1995 , un jeune auteur et metteur en scène son nom dans la légende . Il enflammé , audacieux , inscrit est aujourd hui directeur Olivier il du appelle Py festival d Avignon ( lire l interview ci-dessous) .A tout '

s'

ART

'

'

juste 30 ans , il dirige 27 comédiens dans La Servante , spectacle sous-titré Histoire sans fin , qui dure heures et estjoué de façon ininterrompue vingtquatre

pendant sept jours ! Bernard

Faivre d Arcier se souvient « Cela a démarré calmement et , peu à peu , les gens se sont précipités pour découvrir ce spectacle incroyable dont la rumeur enflait . On pouvait voir la pièce sous '

: le premier jour forme de séquences indépendantes de midi à 18 h , le second de 3 h à 6 h du matin ... Puis manger un morceau ou boire un verre en écoutant

Miss Knife , le double travesti d Olivier Py, chanter aux entractes» (photo ci-dessous) . Le soir de la dernière , au moment des saluts , 35 acteurs et techniciens sont '

sur scène . Dans une ferveur

spontanée , le public les rejoint pour les embrasser . On a cru que le plateau allait écrouler , se souvient Py . La panique totale » Faut-il avoir la folie de lajeunesse pour se lancer dans de telles courses d endurance? Celui qui suit le record d Olivier Py appelle Thomas Jolly . 32 ans , ildévoile , en juillet 2014 , son Henry VI , adapté de William s'

'

'

s'

Shakespeare . L ceuvre ajamais été montée dans son en France? Il y colle ! Quinze actes , près intégralité de 10 000 vers , 21 acteurs , plus de 150 personnages , 400 costumes . Il fallait bien ça pour évoquer le '

n'

s'

COM

En 1995 , la pièce-fleuve d 'Olivier Py, La Servante , fait sensation à Avignon. Pendant les entractes , l ' auteur pousse la chansonnette sous les traits de Miss Knife.

ART

Le public d Avignon est héroïque 99 '

VICTOR/

PASCAL , AFP

Olivier

Py , 50 ans , directeur vous mettiez en scène à Avignon La Servante . Soit

POUJOULAT/

vingt-quatre heures de ANNE-CHRISTINE .

spectacle . .. A l 'origine , A la recherche

je voulais adapter du temps perdu , de Proust , puis ai ' ' écrit La Servante , avec l envie d une et qui devait finir ZAORSKI/pièce longue , RAPHO

j'

au moment

même où elle

. La servante , est recommençait cette lumière que l ' on met dans les décors et qui ne éteint jamais. On a joué le spectacle toute une c'

JEAN-MARC

s'

LAGE DE

semaine . La salle était pleine à craquer , le public ne bougeait pas , il était fou de joie . A la fin de

RAYNAUDla

, la frontière entre représentation la salle et la scène avait disparu. d 'esprit était Une communauté formée entre les artistes et les spectateurs . Nous avions 30 ans , s'

CHRISTOPHE

ce furent les plus belles heures de ma vie.

du festival

depuis

2013

Ce genre de défi nécessite-t-il une préparation particulière? A 30 ans , on se permet toutes

les audaces , on est dans la force de ' l âge , cela aide à tenir le coup . Certains acteurs physiquement ont besoin d 'énormément de sommeil , de repaséquilibrés , ' ' ' d une vie d ascèse , presque d un ' athlète D 'autres d entraînement . les excès en tout genre! préfèrent Moi , je ai posé aucune limite. Tout ce qui importait , était que les artistes ne loupent n'

m'

c'

pas leur entrée. public du festival est-il à part? Il est totalement disponible , ouvert , critique dans le bon sens , héroïque , prêt à braver un climat parfois hostile (la chaleur écrasante , le mistral glaçant et des durées record . Après

... )

des aventures

pareilles , les spectateurs applaudissent les artistes , qui lesapplaudissent aussi . On peut se féliciter mutuellement.

PHOTOS

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1 juillet 2016 - N°nc

. règne d Henri VI d Angleterre (1421-1471) sur fond de guerre de Cent Ans et des Deux-Roses . A l arrivée , un spectacle de dix-huit heures qui marie les genres : drame historique , tragédie politique et farce. '

'

'

Comme au temps de Shakespeare

'

'

'

J'

La salle jubile . Entre 10 h , quand se lève le rideau , et 4 h du matin , quand il tombe , très peu de déclarent forfait . Chaque soir , les valeureux spectacteurs applaudissent àtout rompre dix minutes durant . Pour Thomas Jolly « le public applaudit autant les acteurs il applaudit lui-même . Il a bien raison! Et tous repartent avecun badge qui immortalise l acte de . Sur fond jaune , en lettres noires , on peut lire : bravoure « ai vu Henry VI en entier . » Thomas Jolly assure : « Je trouve ça dément , miraculeux même , que des gens soient prêts à enfermer dans une boîte , dix-huit heures durant , pour écouter des acteurs .Au moment d Henry VI , on était vraiment tous dans un état incroyable , déconnectés du réel.Nos corps ne savaient plus où ils étaient , si était le jour ou la nuit .. On , dormait - épaulés par des assistants du sommeil mangeait qui surveillaient les plannings de chacun - , on jouait. Mais je ai rien inventé . Uceuvre de Shakespeare est toujours inscrite dans la vie .A l époque du théâtre du Globe , àLondres (au début du XVII' siècle, NDLR) , les gens entraient , sortaient , mangeaient , buvaient , dormaient , il paraît même que certains forniquaient » Moins festif , moins épique , mais tout aussi intense , 2666 rejoint Henry VI .Le théâtre au plus près dela vie , lavie dans le théâtre. Après avoir créé Richard III , suite de Henry VI , en 2015, Thomas Jolly caresse un nouveau rêve , monter qu'

les deux successivement , pour un spectacle d une durée de vingt-quatre heures . « Aujourd hui , ce projet se heurte à pas mal d obstacles , à commencer par le droit du travail . La législation française ne permet pas que des genspassent plus de douze heures sur leur lieu de travail . ai fait des demandes de dérogation , mais est compliqué . Ensuite , il faudrait un sacré plateau pour accueillir un tel bazar ! Assurément , le public hésitera pas àsuivre .Les accros à Henry VI ont créé un groupe Facebook ,fort de 300 membres , échangent des nouvelles de Thomas Jolly et évoquent les futurs projets de sa compagnie ,La Piccola Familia. Pendant Henry VIou d autres pièces-fleuves , des sont nées . Des histoires d amour , aussi . Bernard amitiés Faivre dArcier plaisante : « Quand ai constaté que des rencontres sentimentales avaient lieu pendant ces spectacles-marathons , ai suggéré au directeur du Club Méditerranée un package touristique : FestivalClub Med: une semaine pour serencontrer à Avignon , une semaine pour conclure à Corfou" ».

s'

'

J'

s'

'

c'

n'

'

'

j'

j'

"

c'

n'

LA DÉFERLANTE2666

s'

Dans son roman

publié en 2004 , le Chilien Roberto , imparfaites» . évoque les« oeuvres torrentielles Et2666 en est une . Construite autour de deux intrigues la recherche d un écrivain allemand , et de principales- ,la pièce mêle meurtresau mystérieux Mexique

'

Bolario

'

époques histoires

, genres , personnages , alterne huis clos , intrigues policières d amour , manie les ruptures de ton et de rythme . Renversant.

et

'

Du 8 au16 juillet à La FabricA , Avignon (Vaucluse) . Adaptation de Julien Gosselin . www .festival-avignon .com >

et mise en scène

Et pour les sprinteurs ...

En marge des pièces-fleuves du festival In, voici quatre spectacles courts * repérés dans le Off , ce gigantesque marché du théâtre. LEGORILLE Seul en scène, Brontis Jodorowsky , dirigé par son père Alejandro , fait merveille dans cette adaptation de Kafka qui montre la difficulté de vivre dans une société folle, quand on est passé du statut d animal à celui d homme. '

'

Du 7 au 30 juillet à15 h40 , au théâtre Les 3 Soleils . Durée :1h10. >

MADAME BOVARY Quatre acteurs revisitent , en musique , le roman de Flaubert (1821-1880), avec poésie et fantaisie . La pièce a valu à Sandrine Molaro (photo) une nomination au Molière de la révélation féminine. Du 6 au 30 juillet à 12h05 , au Théâtre Actuel . Durée : 1h25. >

DRÔLEMENT MAGIQUE Un jeu de cartes, des anecdotes... Après son succès à Avignon et Paris, l illusionniste québécois Alain Choquette (photo) en revient faire un tour au Off . Chouette! '

s'

Du 6 au 30 juillet à19 h30 , au Théâtre du chêne noir . Durée : 1h20. * www . avignonleoff .com >

MALIGNE Noémie Caillault , poignante , raconte son cancer du sein à 27 ans. Entre la mort qui menace et l instinct de vie , son solo, loin de tout pathos , est plein d humour et de culot. '

'

Du 7 au 30 juillet à12h 35 , au Théâtre des Béliers . Durée: 1h10. >

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1 juillet 2016 - N°245

ENTRETIEN

JULIEN GOSSELIN

LA FABRICA / 2666 ROBERTO BOLANO / MES JULIEN GOSSELIN D'APRÈS

LE THÉÂTRE, REDOUTABLE MACHINE FICTIONNELLE Dans 2666, roman laissé inachevé en 2003, l'écrivain brosse une fresque monumentale

chilien Roberto Bolano de l'histoire

et

l'art face au mal et le rapport entre littérature

qui évoque les désordres

et

le naufrage

des utopies,

expérience.

Le metteur en scène Julien Gosselin porte à la scène cette

monstre qui se déploie comme un gigantesque

2666

tresse

son

écheveau

deux

pôles:

d'une

part,

mythique,

Archimboldi,

spécialistes Teresa, où

de son

au

sont

qu'est-ce Julien

Mexique,

corps

violées.

Au-delà a touché

: Bolano

du défi dans

embrasse

les continents,

durant s'égarant

les quelque souvent

le foisonnement thèmes,

se dégagent

fondamentales,

transfigure conçoit comme

Bolano

tranche

des auteurs

la réalité

par l'imaginaire

la littérature

comme

le réa-

une quête:

la brutalité

que la fiction,

littéraire,

reste

un moyen

de lutte.

qui

poétique.

une machine

plus forte

qu'il est un combat

avec

latino-américains,

jours

et américain, les fils

qui s'entrechoquent:

en

Par-delà

et le dédale

deux questions,

nar-

le suspens

pages du roman tout

dans des digressions. des intrigues

magique

du réel sera mais

Il

active, tou-

l'imagination

L'art ne vaut que parce

continu.

tout un monde,

Il maintient

mille

et la violence.

centaines

ce roman?

enchevêtre

et les parenthèses.

Santa

maudite de

ture lisme

quatre

part,

ville-frontière les

de

allemand

pistent

dans le XX8 siècle européen

traverse

autour

; d'autre

qui vous

Gosselin

voyage ratifs

que

œuvre

découverts

de femmes

narratif

un écrivain

œuvre

jeu de piste.

pour

Comment nique

avez-vous

fin, qui mêle

l'adaptation

de multiples

sans styles,

scédébut

tons,

ni

récits,

thèmes...? J. G.: J'ai travaillé

des

et l'ai poursuivie

moi

après

la littéra-

conçu

de ce «roman-monde»,

car je la ré-agence

la pratique

P.93

longtemps durant

sur

l'adaptation

les répétitions sans

avec les acteurs.

cesse

et même au gré

Je me suis

de

appuyé

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1 juillet 2016 - N°245

NE VAUT QUE PARCE QU'IL EST UN COMBAT JULIEN

GOSSELIN

Par sa forme,

d'un

monde

chaotique.

Quelle

expérience

scé-

proposez-vous

aux

spectateurs

mouvant, nique cours

des

2666

douze

renvoie

heures

J. G. : Le changement férentes

formes

définitivement est aussi

sur la structure parties

très

d'ailleurs

de

de publier

me rapprocher cherchait

à travers

portées

près

la variété

théâtral

passages

plus mentales, intérieure. menté

stylistique,

avec beaucoup

le texte,

essayé

et cherché

des

sur

tel sujet

de person-

le met à l'épreuve.

pas seulement

pas seulement

au plateau,

c'est-à-dire

Nous avons de lui don'ner

solutions

une

une expérience

aux

marquante.

par le jeu, la vidéo,

se dispenser

narratives

et poétiques

dans le roman,

qui possède

sa force

personnage. le lecteur

me permet

des états

inhabituels,

Entretien

tout

en la

vécu

Il ne mais d'ame-

et des

modes

qui ne tiennent » du théâtre, tous

ensemble

est de lui faire

traverser

parfois

réalisé

pénible,

par Gwénola

mais

David

se déroule

la lumière,

des explications

La durée

totale,

Il

par les innombrables

ou tel

L'enjeu

:

sans

redoutable

dramatique

à satisfaire dans

en joue

pas une saga.

à la « communion

le spectacle.

caler

du roman

fictionnelle

au fait d'avoir

lisi-

la multitude où

de parvenir, qui puisse

expéri-

concrètes

différents

le son, la musique,

incises vise

une pensée

par exemple

à une représentation

de trou-

Des scènes

dans

extrêmement était

notamment

de fonctionnement

nous posait, L'objectif

une tension

désactivant,

séquences

d'endroits l'espace,

qui génère

de

! Bolano

il n'écrit

tenté

ou des

défis qu'il le récit.

autant,

une machine

ner le spectateur

l'adaptation

de création.

cesse. construit

Bolano

dif-

de

La durée

essentielle

pas le bout

Pour

entre

le public

positionnement.

on n'en voit

alternent

qui pénètrent

permanent

une dimension

de lieux,

narratifs

J'ai finalisé

l'équipe

J'ai

en cinq

son

au

de spectacle?

empêche

projetait

de ce que

le plus juste.

et de changements

avec des

bilité

séparément.

par l'action,

nages

qui s e déploie que l'auteur

au plus

ver l'équivalent

avec

l'œuvre,

hétérogènes,

l'écho

FESTIVAL D'AVIGNON. La Fabrica. Les 8,10,12,14

et 16 juillet

1016, à 14h.

Tél. 04 90 14 14 14. Durée: 12h.

décrites propre.

P.94

Réagissez

sur www.journai-laterrasse.fr

[

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1 juillet 2016 - N°362

loisirs ON SORT

ON LIT

prend ses

quartiers

DUPALAISDESPAPESÀ LA COLLINE DEFOURVIÈRE ETAUTEURS , COMÉDIENS ÉCRIVENT LESGRANDESHEURES DESFESTIVALS . FAITESCOMMELESOLEIL , COUCHEZ-VOUS TARD! GATIGNOI.

P.95

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1 juillet 2016 - N°362

LEFESTIVAL DAVIGNON '

ANJOU

Ledueldes deuxMichel Aumont en Roi Lear chezShakespeare ( photo) ; Bouquet dans la peau de Wilhelm Furtwangler , chef d orchestre accusé À Tort et à raison de complicité avec le régime nazi . .. Deux figures en tête d affiche de ce festival qui , du haut de ses 67 ans , doit leur faire l effet d un gamin . Pour répondre à leur '

'

'

'

celle de Mariejeunesse théâtrale: Julie Baup , délicieuse Irma la Douce , la réplique en qui donnera à son époux à la ville , le chansons Lorànt Deutsch . Et l métronomique humoursubtil d Alex Lutz . Ceux qui ne le connaissent que par Catherine (et Liliane sur Canal +) découvriront est que que la blonde choucroutée"

70'

6

ÉDITION

24

2016

'

'

n'

l ambassadrice d une irrésistible galerie de personnages . Dont un hilarant cultureux chevrotant. DU13JUINAU2JUILLET WWW '

IVO

'

LIVI

OU

LE

DESTIN

' D YVES MIGRANT DU CINÉMA

COMMENT UN MONTAND. POUSS PAR LA PASSION ET DU MUSIC-HALL HORS NORME ..

DEVINT

UN

ARTISTE

Les chiffres

2016

70

âge du festival créé par Jean Miar . La PiccolaFamilia, de ThomasJolly ( qui a triomphé en 2014avec Henry VI) L compagnie en contera l histoire du 6 au 23 juillet , dans le jardin Ceccano. Avecun optimisme assumé, puisque cefeuilleton gratuit , baptisé Ciel, la Nuit et la Pierre glorieuse, courra de 1947à 2086!

2

nombre d années d absence de la Comédie-Française à . Elleouvrira lesfestivités dans la courd honneur avec Le Avignon LesDamnés (du 6 au 16juillet) , adaptation du film de Visconti par Ivovan Hove, réputé pour sesmises enscène spectaculaires mêlant théâtre et vidéo . GuillaumeGaIlienne, DenisPodalydês, Didier Sandre, etc. interpréteront la chronique décadented une famille allemande qui, par appât du gain , pactise avecles nazis.

L ' ACTEUR , PIERRE , INCARNÉ ALEXANDRE SON PETIT-FILS , SE SOUVIENT ET RACONTE LA GENÈSE D ' UN FILM MYTHIQUE TOURNÉ PENDANT L ' OCCUPATION.

'

'

'

'

'

'

PAR

2

Le nombre d heures de l Incontournable marathon théâtral confié à Julien Gosselin ( du 8 au quille» . Très remarqué en 2013 pour son adaptation des Pa de Houellebecq à seulement 26 ans, il attaque à 2666, élémentaires monumental roman inachevé de l un des plus grands écrivains latino-américains contemporains, Roberto Bolano. '

'

s'

'

Le nombre de représentation ( le 10Juillet) du Dentier Jour elltzbak Rabin , adaptation théâtrale du film d Amos Gitat. '

Les tendances *

* Un tiers de la programmation Impuissance politique et la montée des nationalismes est confié à des femmes. parmi les grands thèmes de l * Le Moyen-Orient est au coeur édition 2016. expriment dans Les de six spectacles. Damnésou Placedes héros, pièce deThomas Bemhard conçuepour * 6 Aum JUILLET. les50 ans de l Anschluss 1938). '

s'

'

107

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1 juillet 2016 - N°362

PERIODICITE : Mensuel

mes loisirs ON SORT

PERIGUEUX

Debien beauxgestes Théâtre gestuel ou d objets , mime , danse,performance ... Mimos célèbre le corps en mouvement dans les rues , les jardins publics etles salles de , guidé parle souvenir du mime Périgueux Marceau qui l a inspiré en 1983. A son actif , un in , un et quelque '

'

"

"

"

off"

SARLAI Cherchezla femme. .. Le Festival desjeux du théâtre de

Sarlat se teinte d une couleur féministe. '

Parmi les 18spectacles de sa 65° édition , deux pièces aussi remarquées indispensables . Inspirée de faits réels, Tabou (28 juillet) de Laurence Février met en scène cinq femmes de viol qui témoignent devant la victimes police , la justice , sous un feu de questions qui les oblige à prouver leur innocence . Piècecoup-de-poing où la lumière surgit avec la célèbre plaidoirie prononcée le 3mai 1978par l Gisèle Halitni . Sur un mode plus avocate léger,Et pendant ce temps, Simoneveille qu'

"

(photo) revisite août) l histoire dela condition féminine depuis 1950, à travers trois lignées de femmes.D un côté, la violence desfaits , del autrel humour et la dérision , mais une ambition commune: aiguillonner la mémoire, inciter àla vigilance et continuer le combat. '

'

'

'

JUILLET 3 WWW . F1511VAL-THEATRE-SARLAT .

"

'

UN

AUSSI FILA LA PATTE ,

ANTHONY JURY DU MEC! REVIVRE CHANTEUR

MAGNIER

FESTIVAL PHILIPPE LES MOTS POÈTE

PAR MIS EN SCÈNE PRIX DU , GRAND D ' ANJOU EN 2015. FAIT TORRETON DU REGRETTÉ ALLAIN LEPREST.

/ /

Un cirque pour théâtre à Gavarnie

Merveillenaturelle,lecirquede Gavarniesefait, chaqueétédepuis trente et un ans, décordethéâtre. LacompagnieFébusy explorela légended Arthuret deseschevaliers ' avecMerlin , histoire d un enchanteur et tenteradetransposerau sein desPyrénéeslesprit desforêts de Brocéliandeet du Northumberland ou lemystèredesforteresses mythiquesde Tintagelet Camelot. '

'

26 JUILLET AU

WWW FESTIVAL-GAVARNIE

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1 juillet 2016 - N°362

PERIODICITE : Mensuel

250 artistes qui font feu de tout bois. tirent leur Quatre Messieurs Muscle" spectacle La Cosa ( 26 et 27 juillet) d un amas de bûches qu' ils construisent et en un équilibre déconstruisent '

'

LYON Quelquespièces aussià Fourvière

précaire comme celui de la vie ; un peu

de savon et voilà que La Dompteuse de bulles ( 26 et 27 juillet) se frotte les mains .. . Ici , tout est matière à création et récréation! DU

25 AU

WWW

30

MIMOS

JUILLET. . FR

Elles sont une poignée se rayer un chemin dans la grosse programmation musicale du festival . Parmi elles , Marius , Fanny et Césarjouées bout à

bout ( au 9 juillet) par la compagnie flamande Marius , dont les membres se définissent comme des fabricants de théâtre" spécialisés dans les spectacles en plein air . Après être frottés à Manou et Jean de Florale à Lyon en 2014 , ils se mesurent en quatre heures s'

à la trilogie de Pagnol . Fidèles à leur spécialité: un repas servi à l entracte. '

*

AU 30 JUILLET.

JUSQU'

WWW

. NIMSDEFOURVIERECON

ET AUSSI

IL Y AURA LA JEUNESSE D ' AIMER LECTURE À DEUX VOIX DES TEXTES D ' ARAGON SUR L ' AMOUR ET LE COUPLE

,

PAR

ARIANE ASCARIDE ET DIDIER BEZACE.

LIRE AUSSI Un A mémorial des civils dans la guerre à Falaise SUR

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LE

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JOURNALISTE : David Caviglioli

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“2666”, unpolar apocalyptique Pendant que Julien Gosselin adapte « 2666 » à Avignon, l’Américain Robert Falls le fait à Chicago, avec une pièce de cinq heures. Ces longueurs ne sont pas dues au hasard. Le roman du Chilien Roberto Bolaño, objet de culte chez les lettrés téméraires, est notoirement complexe. Composé de cinq parties à peu près indépendantes, il tourne autour d’un mystérieux écrivain allemand nommé Archimboldi et d’une ville-frontière mexicaine, Santa Teresa, secouée par d’abominables meurtres de femmes. Le sens général de l’intrigue est ouvert aux exégèses les plus diverses, mais le sortilège du roman se cache, comme Lucifer, dans les détails. « 2666 » est l’un de ces livres autoritaires qui n’ont pas honte de vouloir être des chefs-d’œuvre. Les esprits mystiques sont enivrés par son épais parfum

Les amateurs de rébus sont persuadés qu’il dissimule un subtil jeu de piste symbolique. Les fanatiques de la phrase aiment son classicisme sardonique et méticuleux, qui captive même quand le récit ennuie. Bolaño a terminé ce polar possédé juste avant de mourir, en 2003, à 50 ans seulement, d’une maladie du foie. Cette aura testamentaire a fait beaucoup pour la légende de « 2666 », au détriment de ses autres livres, souvent oubliés, couverts par sa gigantesque ombre. d’Apocalypse.

«2666»,lespectacle adapté d’un roman du Chilien Roberto Bolaño.

DAVID CAVIGLIOLI

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JOURNALISTE : Jacques Nerson

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CULTURE

Rencontre

LEUR THÉÂTRE, C’EST DUROMAN ! Ils ont la trentaineetnecroientplusaux piècestraditionnelles : Julien Gosselin adapteun roman-fleuvedeRobertoBolaño,et JeanBellorini un romanfou deDostoïevski.Ils enparlentensemble PROPOS RECUEILLIS

PAR JACQUES

oici deux jeunes metteurs en scène hyperdoués. Julien Gosselin n’a pas 30 ans, Jean Bellorini en a 34. Le premier a été révélé en 2013 grâce à son adaptation des « Particules élémentaires », le roman de Houellebecq. Le second, dont la mise en scène de « la Bonne Ame du Se-Tchouan », de Brecht, a obtenu un molière en 2014, dirige leThéâtre Gérard-Philipe de SaintDenis. Gosselin seraau Festival d’Avignon avec « 2666 », d’après le roman-fleuve (1000 pages) du Chilien Roberto Bolaño, disparu en 2003. Durée de la représentation : douze heures! Et Bellorini présentera « Karamazov », d’après Dostoïevski. Durée prévue : cinq heures. Ni le Pas-deCalaisien Gosselin ni le Parisien Bellorini n’ont souhaité monter de pièce de théâtre. Ils ont préféré partir d’un roman. Pourquoi aucun texte dramatique, classiqueou moderne, français ou étranger, n’a-t-il

V

NERSON

trouvé grâce à leurs yeux? Ils s’en expliquent ici. Jean Bellorini Pour moi, adapter un roman, c’estune manière de responsabiliser la troupe. Par leurs choix dramaturgiques, leur manière de se réalimenter sans cessedans le roman de Dostoïevski, nos acteurs sont aussi auteurs. On parle d’adaptation mais il s’agit plutôt de

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morceaux choisis. Camille de La Guillonnière et moi, qui cosignons l’adaptation, nous arrivons aux répétitions avec un commencement de réduction de l’œuvre, mais c’est lors des improvisations avec les acteurs que tout se construit. Ils ont vraiment leur mot à dire, ils s’approprient le roman, le malaxent comme de la pâte à modeler. Avec une pièce déjà construite, on s’interdit les inversions, les modifications. Chez Dostoïevski, c’est simple, 80% du texte estdéjà dialogué.On seposejuste la question de savoir quelle narration on veut conserver. Le théâtre, c’est ce qu’on raconte plutôt que ce qu’on montre. On y voit plus avecle cœur qu’avec les yeux. Et vous, Julien Gosselin, pourquoi un roman plutôt qu’une pièce ? Julien Gosselin Contrairement à« Karamazov », « 2666 » est tellement narratif que je me jette sur le moindre dialogue. Je voudrais que ça vive entre les acteurs, qu’on ne soit passeulement dansla projection poétique. Moi, je travaille sur des romans parce que j’ai envie de crouler sous une richesse poétique et thématique délirante. J’ai besoin de trouver des gensplus ambitieux que moi, de m’attaquer à des géants! Difficile aujourd’hui de trouver des auteurs qui tentent des choses aussi immenses et folles que Bolaño ou Houellebecq. J’ajoute que la question de la narration est pour moi essentielle.La dernière pièce que j’ai montée, « Tristesse animal noir », d’Anja Hilling, comportait une

Julien Gosselin, néen1987 à Oye-Plage (Pas-de-Calais), ancien élève del’Ecole d’Art dramatique deLille, amis enscène « les Particules élémentaires deMichel » Houellebecq en2013 et« lePèred’après », « l’Homme incertain » deStéphanie Chaillou, en2015. Ci-dessus, « 2666 ».

Jean Bellorini, néàParis en1981, dirige lethéâtre Gérard-Philipe de Saint-Denis depuis 2013. Ila misenscène « la Mouette et« » Oncle Vaniade »Tchekhov etdesspectacles adaptés des« Misérables », deVictor Hugo. Ci-contre, « Karamazov ».

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BENEDICTEDERAMAUX -

HUGUEN/AFP

PHILIPPE -

SIMONGOSSELIN -

CHAPELEAU

GUILLAUME

L’OBS/N°2695-30/06/2016

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bonne moitié de narration. Je n’aime pas que les auteurs de théâtre me simplifi ent la tâche. Mon travail ne consiste pasà imprimer ma patte sur une œuvre, mais à imaginer comment faire du théâtre avec. Vous déclarez proposer une épreuve aux spectateurs. Mais imposer douze heures de représentation, n’est-ce pas renoncer au théâtre populaire ? J.G. Je n’aime pas le terme « populaire ». On l’utilise mal. J’ai l’impression de monter du théâtre populaire, mais je reconnais que ceux qui s’approprient ce mot font le plus souvent l’inverse de ce que je fais. J.B. Moi, je suis convaincu qu’il faut du théâtre populaire au grand et noble sens du terme. Mais je penseque l’exigence que réclament cinq heures de Dostoïevski ou douze heures de Bolaño peut engendrer le choc qui vous rend fou de théâtre pour le reste de votre vie. Un spectacle tiède, formaté, ne marquera pas assezl’éventuel amateur pour lui donner la force et le courage de résister. Car pour beaucoup de nos concitoyens, aller au théâtre, c’est faire acte de résistance. Vous ne craignez pas d’intimider, de décourager une partie du public ? J.B. On a besoin d’être intimidé aujourd’hui pour être choqué, surpris par soi-même et fier de ce moment passé ensemble. Qu’est-ce que le théâtre sinon un moment de partage et de transformation ? On est un peu diff érent avant et après. Le théâtre est un des seuls lieux où l’on ait le droit de se retrouver soi-même. On y a des moments d’introspection et en même temps on est en face et à côté d’autres êtres.Parcequ’il est inimaginable et inhumain de demander une attention continue pendant cinq heures ou douze et plus, le spectateur est libre de voir, de prendre, ’rer de ’ler Evidemment, ’e antipédagogique dans le sens classique du terme… J.G. Entièrement ’r Le théâtre populaire tel que je l’ee est l’vere

du socio-culturel. Je ne suis pasun instituteur. Rien de plus horrible que les metteurs en scène qui se posent en instituteurs… J.B. On oublie que la pédagogie est un art. On la confond avec la transmission d’un savoir préconçu, et du coup on oublie que ce qu’il faut transmettre, c’est l’inconnu. Mon obsessionà Saint-Denis, c’estde lier l’art et l’éducation. L’art a besoin de la réalité et la réalité a besoin de l’art. J.G. En tant que metteur en scène citoyen (je n’aime pas non plus ce mot), je dois faire le théâtre le plus exigeant sur le plan artistique. Si j’ai pour obsession d’être populaire avant même de commencer à travailler, c’estmort. J.B. Moi, c’est l’inverse. Je ne me sens pas assezfou, j’ai donc besoin de Dostoïevski comme une assurance de folie. Pour ne penser qu’à la fluidité du passage entre l’œuvre écrite et l’œuvre reçue. J.G. Moi, quand je parle de Bolaño, les gensme disent, comme pour Houellebecq mais pour des raisons diff érentes : « Je ’rrve pas à le lire, ’e long, lourd, ennuyeux… » J.B. Même chose avec Dostoïevski. Qui a vraiment lu en entier et compris « leGrand Inquisiteur » ? Ce ’e tout simplement pas possible. On a refermé quinze fois le bouquin, on y est revenu, on a été fasciné, mais on ne l’ pas reçu. Ce qui me ramène à la question initiale : pourquoi un roman ? Moi, ce que je cherche au théâtre, ’e la même liberté, le même pouvoir de l’ naire u’re la littérature. Jepenseque le théâtre, au même titre que le roman, permet au spectateur de seréaliser soi-même j dans l’re u’l ne faut pastout lui donner. Beaucoup ’ueur de théâtre, on le sent bien danslesdidascalies,écrivent trop souvent en vue seulement ’re joués. J.G. ’e l’erelle question : théâtre de texte ou pas.Moi, je crois pouvoir dire que je fais du théâtre de texte. Mais la plupart desmetteurs en scène en qui je me reconnaisne font pasde théâtre de texte. Romeo Castellucci, par exemple. ’e pourtant celui qui a le plus à voir avec la littérature. J.B. Moi aussi je me considère comme

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un metteur en scène de textes. Ce qui m’importe, c’est de faire offi cede passeur. Le plus beau compliment qu’on me fait c’est quand on me dit aprèsun spectacle : « Je vaisacheterl’œuvrecomplètedeRabelais ou l’intégrale des “Misérables”. » Ces auteurs appartiennent à notre patrimoine collectif, leurs œuvres sont vulgarisées,on sait vaguement de quoi ellesparlent, mais qui les a vraiment lues ? C’était fl agrant pour Hugo. Pareil pour Dostoïevski. C’est pourquoi je me suisdonné pour règle :pas un mot qui ne soit de lui. Certains de vos prédécesseurs collaboraient régulièrement avecdesdramaturges : Patrice Chéreau avec Bernard-Marie Koltès, Marcel Maréchal avec Jean Vauthier, ou, plus loin de nous, Louis Jouvet avec Jean Giraudoux… N’avez-vous pas envie de prendre un jeune auteur sous votre aile? J.B. Moi, je crois beaucoup aux circonstances, aux rencontres. Ariane Mnouchkinea travaillé avecHélèneCixous,laquelle avait un profond amour pour la troupe du Théâtre du Soleil, ça allait bien au-delà d’une collaboration bilatérale. Mais pour moi, cetterencontre n’apasencoreeu lieu. Jene renonce pasà dénicher cette espèce d’alter ego.Ce serait le rêve. J.G. J’ai dans ma troupe une actrice, Tiphaine Raffier, qui écrit, mais elle monte elle-même sestextes. Maintenant lesauteurs veulent être metteurs en scène. Desgenscomme Joël Pommerat, Vincent Macaigne ou encoreAngelica Liddell sont a des auteurs-metteurs en scène.Je n’enlève donc le pain de la bouche à personne. J’étais récemment en Allemagne. Un administrateur avec qui je discutais me disait que là-bas les adaptations de romans et de fi lms commencent à saouler tout le monde. J’ai trouvé çatrès amusant. Ici aussi le temps des pièces reviendra. Pour le moment on fait une petite cure que durant laquelle le théâtre est nfi plus le lieu du spectacle que du texte. Et j’ai l’impression que cette cure stimulera les nouveaux auteurs.

J.B. C’est le lieu de tous les possibles.Je seraidansla Carrière de Boulbon, où je me souviensdu magnifi que « Mahabharata » présenté en 2014 par le Japonais Satoshi Miyagi etde celui de PeterBrook, qui reste très présent encore.Mais j’essaiede ne pas trop y penser.Mon spectacle,qui va tourner toute l’annéeprochaine, doit s’adresser àtous,passeulementàun public spécialisé. J.G. Avignon, pour moi, est le lieu de ma seconde naissance. Avant d’y jouer, j’ai assistéà desspectaclesdéterminants pour moi. Jan Lauwers, Romeo Castellucci, Christoph Marthaler, Krzysztof Warlikowski, je lesai découverts ici, et çaa bouleversé ma vie de spectateur. De plus, j’ai toujours considéré que la bière d’après spectacle est à peu près aussi importante que le spectacle. A Avignon, le débat compte parfois plus que la représentation. Aller au Festival en tant que metteur en scène, c’est prendre le risque d’être celui sur qui on s’acharne au bistrot. C’est comme çaque j’ai enviede vivre le théâtre. Fût-ce dans le désintérêt ou la plus violente révolte. Avignon autorise ces excès. C’estsainde seconfronter à cettepression. J.B. J’espère quand même qu’Avignon peut aussi être le lieu de la réconciliation entre profession et amateurs,qu’on n’y est pas entre initiés…

« 2666 »,d’aprèsRobertoBolaño.La Fabrica, 14 heures,du 8 au 16juillet.

« Karamazov »,d’aprèsFiodorDostoïevski.Carrière

que ça ignifi e pour vous à Avignon ?

Qu’est-ce d’aller

Il ne faut pas se mentir, depuis quelques années le « in » s’est délibérément coupé du grand public. J.B. N’empêche que je m’adresse aussi à lui. J.G. L’année des « Particules élémentaires », quand je me baladais dansla rue avec les anciens directeurs du festival, nombre d’Avignonnais les interpellaient : « Castelluccia changéma vie! » Pourtant depuis la trilogie de « la Divine Comédie », ses spectacles sont rudes. Et ce n’étaient pas des professionnels. Mais là où je vous rejoins, c’est que la profession occupe au festival une placeexcessivepar rapport aux spectateurs du « paysréel », si on peut les désigner ainsi.

de Boulbon,21h30,du11au 22juillet.

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le festival

d’avignon

«J’aimelesauteursquiosent dessujetsplusgrandsqu’eux » | Après«LesParticulesélémentaires»,JulienGosselinrevientà Avignonavecle livretestamentdu ChilienRobertoBolaño.Un spectaclede douzeheuresqui explorela questiondu mal ENTRETIEN

n 2013,Julien Gosselin entrait par la grande porte à Avignon, avec une mise en scène des Particules élémentaires , de Michel Houellebecq. Il avait 26 ans, le crâne rasé, un sweat à capuche, et c’était le benjamin du festival. Il conserve son titre cette année, où il vient avec un autre roman, 2666, de Roberto Bolaño. Le spectacle dure douze heures, le temps qu’il faut pour traverser les 1352 pages de la fantastique œuvre testamentaire du poète et écrivain chilien (1953-2003)qui explore le mal au XXI e siècle.

E

Y a-t-il un lien entre « Les Particules élémentaires » et « 2666 » ? Oui, au sens où le choix de l’un découle de l’autre. Après Les Particules élémentaires , je voulais faire un spectacle plus léger, dans sa forme, et parler de la violence révolutionnaire. J’ai cherché des textes, sans en trouver un qui me convienne. Ceux que je lisais traitaient d’un thème ou deux, mais aucun n’ouvrait un champ aussi large que le roman de Houellebecq, qui m’avait permis d’explorer différents types d’écriture, de la narration à la poésie, et une multitude de thèmes : la sexualité, le clonage, Mai 68… J’ai donc fait l’inverse de ce que je voulais faire au début : me tourner vers des romans encore plus «totaux » que Les Particules élémentaires . 2666 a été le premier que j’ai lu.

Pourquoi ce roman-là ?

Quand 2666 est sorti en France, en 2008, je lisais des magazines comme Chronic’art, qui faisait de vrais longs papiers sur des auteurs que j’aime, Don DeLillo, William T. Vollmann, Thomas Pynchon… Pour 2666, je me souviens qu’ils avaient titré : «Le premier grand roman du XXI e siècle ». Un de mes amis qui l’avait lu m’en a parlé. Je l’ai commencé, et dès le début, j’ai su que je pouvais avoir les armes pour le porter au théâtre. qui vous a particulièrement intéressé dans ce roman ? J’aime être face à des auteurs qui osent des sujets monumentaux, ou plus grands qu’eux. Et Roberto Bolaño parle d’une apocalypse qui pourrait recouvrir le monde. Qu’est-ce

A travers quelle histoire ? Il y a une multitude d’histoires dans 2666. Pour les raconter, il faut dévoiler la première partie du roman. Quatre universitaires européens sont fous d’un auteur allemand dont on ne connaît rien, sinon qu’il est né en 1920,qu’il a été jeune pendant la seconde guerre mondiale, et qu’il a pris pour pseudonyme le nom de Benno von Archimboldi.

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«Cequi m’intéresse, c’estde dessinerdesperspectives théâtrales,deschocs musicaux, des chocsde jeu. C’estce qui explique la durée de “2666”»

Les universitaires, qui sont prêts à tout pour le retrouver, suivent une piste qui les amène au Mexique : l’écrivain vivrait dans une ville frontière avec les Etats-Unis, où depuis une vingtaine d’années sont commis des centaines de meurtres sur de jeunes femmes. Cette ville, qui s’appelle Santa Teresa dans le roman, c’est Ciudad Juarez, où effectivement des centaines de femmes ont été tuées ou ont disparu, dans les années 1990 et 2000, sans que ces meurtres soient élucidés. Etiez-vous au courant ? Oui, mais de très loin. J’ailu des livres sur le sujet, en particulier Desos dans le désert, de Sergio Gonzales Rodrigues. Roberto Bolaño

place. Mon but est de transformer le roman de Bolaño en théâtre, en toute liberté. Comment votre projet a-t-il été accueilli par les programmateurs ? A une ou deux exceptions près, personne ne savait qui était Bolaño. Des collaborateurs de l’Espagnol Alex Rigola, qui a mis en scène 2666, n’en revenaient pas, tellement Bolaño est une mégastar, pour le dire vite, en Espagne et en Amérique latine. C’est surtout la durée de la représentation, douze heures, qui a fait peur aux programmateurs, au départ. Mais je savais que c’était le moment où je pouvais proposer une forme aussi longue. Les Particules élémentaires avaient été un succès, et tout ce qu’on me demandait, c’était de faire un nouveau spectacle. Sur le fond, c’était bizarre, pendant la préparation de 2666 ; je n’avais même pas de contradicteurs, comme avec Les Particules élémentaires, où l’on me disait «Houellebecq, c’est nul », ou «Houellebecq, c’est génial ». Qu’est-ce qui a guidé votre adaptation ? Je ne suis pas un metteur en scène qui prend des phrases dans un livre et en propose sa vision. Ma vision est dictée par les contraintes pratiques. Ce qui m’intéresse, c’est de suivre le fil narratif d’un roman, et, partant de là, de dessiner des perspectives théâtrales, des chocs musicaux, des chocs de jeu. C’est ce qui explique la durée de 2666. Je ne peux pas traiter une partie comme celle des crimes, qui fait 500 pages, en une heure. Dans mon travail, j’ai besoin de créer un suspense, comme Bolaño le fait. Il met en place une intrigue, qui est presque de l’ordre du roman de gare, à certains égards, même si littérairement on en est très loin. Mais ce suspense, Bolaño le désactive, il dit en substance au lecteur : on se fiche du suspense, le plus important, c’est le combat que vous menez avec ma littérature. Il y a ainsi dans 2666 une percussion entre un classicisme du grand roman et une extrême modernité de la violence. C’est cela qui m’intéresse.

s’estinspiré de ce livre pour « La part des crimes », qui occupe une place centrale dans 2666. Il a d’ailleurs donné le nom de Sergio Gonzalez dans son livre à un journaliste qui enquête sur le sujet. Bolaño reprend la thèse de Sergio Gonzales Rodrigues : ce n’est pas un, ou des serial killers qui ont tué, c’est la corruption généralisée au Mexique, où les narcotrafiquants sont liés à l’Etat, qui fait que de jeunes ouvrières sont violées, tuées et abandonnées dans le désert. Mais Bolaño va encore plus loin : il montre que le mal ne règne pas que dans l’Etat mexicain, il règne sur le monde entier. Avez-vous été tenté d’aller à Ciudad Juarez, quand vous prépariez le spectacle ? Oui, à un moment, même si je suis plutôt un voyageur immobile. Mais j’ai eu peur d’être dans la reproduction esthétique de détails. Jen’avais pas envie qu’il y ait des cactus partout sur le plateau, ni des vidéos du Mexique. Et puis mon travail n’est pas d’être un sociologue, ni de faire du théâtre politique, au sens où je pourrais porter une accusation concrète et étayée, avec des preuves ou des témoignages que j’aurais pu trouver sur

Qu’est-ce qui vous intéresse autant dans la violence ? Jele dis honnêtement : il faudrait entamer

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une longue psychanalyse pour savoir pourquoi la violence me questionne autant. En tout cas,le fait est que je suis rentré dans l’art avec desartistes qui travaillaient sur cesujet. Quels artistes ? Les deux premiers chocs esthétiques que j’ai eus, c’étaient deux films : Caché, de Michael Haneke, et Hors Satan , de Bruno Dumont, pour lequel j’ai une tendresse particulière parce qu’il sepasse dans ma région natale, le Nord. Ces deux cinéastes ont toujours filmé la violence à l’intérieur du monde, sans jamais verser dans l’esthétisation molle ou facile. Même si c’est bête de le dire, cette question de la violence revient tous les jours sur le devant de la scène. C’est l’un des thèmes fondamentaux dont il faut parler aujourd’hui. Y a-t-il pour vous un lien avec le fait que vous aviez 14ans en 2001, et que vous avez grandi avec cette violence ? J’ai du mal à le dire, mais c’est très envisageable. En tout cas, Houellebecq et Bolaño en parlent, chacun à leur façon. Là où je suis fou de Bolaño, et où je ressens une fraternité totale envers lui, c’estdans sa vision de la littérature. Il croit en la littérature, mais il ne dira jamais qu’elle peut être plus forte que la violence. On pourrait penser que c’est une vision pessimiste, mais je ne le crois pas : c’est une vision de combat. Une vision de samouraï, comme dirait lui-même Bolaño.

« Personne n’accorde d’attention à ces assassinats, mais en eux se cache le secret du monde », lit-on page 529 de «2666 ». Vous le pensez ? Jene sais même pas si je le pense, mais ça me tue. C’est-à-dire ? C’est pour des moments de littérature comme celui-ci que je mets en scène2666. Il y adans cette phrase quelque choseque je peux saisir. Mais le secret du monde, jene peux pas le saisir. Les jeunes femmes tuées sont des ouvrières, peu éduquées. Bolaño ne met pas en avant cet aspect, mais en même temps il est constamment présent. Et tout se passe comme si la laideur de celumpenprolétariat , la laideur de ce monde industriel cachait la plus grande pureté. Cette pureté, ce n’est pas celle de la non-culture. Elle est d’un autre ordre :quand le mal s’attaque àqui n’a rien pour se défendre naît la plus grande tragédie. Et c’estpeut-être là l’un des secrets du monde. propos

recueillis

par brigitte

p

salino

2666, d’après Roberto Bolaño. Mise en scène: Julien Gosselin. La FabricA, du 8 au 16 juillet (relâche les9, 11,13 et 15juillet), à 14 heures. Durée : 12heures (entractes compris). De 20 € à 49 € . L’édition de « 2666 » de Roberto Bolaño citée ici est celle de Folio (traduction de l’espagnol par Roberto Amutio, 2011).

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Répétition, fin juin à Avignon, de « 2666 », mis en scène par Julien Gosselin. SIMONGOSSELIN

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29 juin 2016 - N°3468

LE DOSSIER

70

e

édition

! Créé

en septembre

par Jean

Vilar

1947, le Festival

d'Avignon prend bien joliment de l'âge. Car il ne renonce pas à l'audace.

N'y verra-t-on

pas

nombre de formes d'exception? Que ce soit l'adaptation spectaculaire,

par le Flamand

Ivo van Hove et avec Française, Visconti;

de plusieurs Gosselin Bolano)

la Comédie-

des Damnés de ou ces créations-ogres heures

signées

(2666, d'après et Thomas Jolly

la nuit et la pierre

Julien

Roberto (Le Ciel,

glorieuse,

un feuilleton scénique donné quotidiennement à midi, cinquante Surtout,

minutes

durant).

le patron

du Festival,

Olivier Py, prend cet été, le risque la présence

plus que jamais, de l'autre. Enfin,

de femmes

metteuses

en scène et chorégraphes démultipliée. Enfin, des du Moyen-Orient, laminés mettront avec

et autres

par ia crise en théâtre

qui les rongent.

Grâce

à eux, sans doute

pistes neuves et réflexions nouvelles. Car la manière de jouer fait souvent la pensée. Avignon, joyeux

d'art

pays

ou la guerre, les tragédies

eux, apparaîtront

- Fabienne

est artistes

de dire,

naître laboratoire

et d'idées.

Pascaud

A lire :Histoire du Festival

d'Avignon,

d'Antoine de Baecque et Emmanuelle Loyer, Gallimard, nouvelle édition, 656 p., 42 €.

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29 juin 2016 - N°3468

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Après avoir transposé Houellebecq, Julien Gosselin et son collectif s'attaquent au roman fleuve de Roberto Bolano. Reportage dans les coulisses de cette adaptation choc, explorant délibérément la dureté du monde.

Par Emmanuelle

Bouchez

A

pôles symboliques Si vous Théâtre

quatre semaines du festival, Julien Gosselin et sa bande ont déjà accompli un beau voyage. Près de quatre mois de répétition pour neuf heures de spectacle, avec des allers et retours entre La FabricA d'Avignon et le Phénix de Valenciennes. Deux de leur destin, puisque leur compagnie,

pouviez lécher mon cœur, est née à l'école du du Nord de Lille et que le Festival d'Avignon 2013 a

propulsé d'un coup sous les feux de la rampe leur adaptation des Particules élémentaires de Michel Houellebecq. Pas moins de cent vingt dates pour leur tournée avec Avignon de nouveau en ligne de mire

en 2015 ! Alors, en ce mois de

juin, les derniers jours de répétition sonnent l'heure de vérité... Julien Gosselin, pas encore

comme 30 ans,

gaillard à la voix douce et tempétueuse, est franc : «J'ai douté à mi-parcours. Mais maintenant je suis arrivé au bout, même s'il y a des imperfections Quel pari fou, en effet, chilien Roberto récit foisonnant,

: seule compte la traversée. qu'adapter

»

2666, du romancier

Bolano (1953-2003) : plus de 1300 pages de organisé en cinq parties autour de deux in-

trigues principales. D'un côté, la quête, par des universitaires admiratifs, d'un mystérieux écrivain allemand né dans les années 1920 ; de l'autre, la description de meurtres en série d'ouvrières mexicaines de Santa Teresa (ville inspirée par Ciudad »>

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29 juin 2016 - N°3468

LE DOSSIER

FESTIVAL D'AVIGNON Juârez,

à la frontière

américo-mexicaine).

Le tout

addition-

nant personnages secondaires, époques multiples, digressions et fausses pistes avec un souci obsessionnel du détail. Pourquoi

choisir

cette littérature

débordante?

«Elle em-

brasse le monde. Or, après le succès des Particules, je cherchais un livre encore plus infaisable!» Le metteur en scène avoue aussi avoir aimé deux passages : la première

partie

sur les

universitaires, et la liste des cent treize victimes dont les identités sont déclinées à la file... Une radicalité à laquelle il a fallu trouver une résolution théâtrale : les descriptions des cadavres dans le désert défileront, projetées comme des haïkus entre les scènes jouées, dans un climat Pour parler au théâtre,

de notre

monde

de tension

sonore.

- la seule chose importante

à ses yeux -, Julien

Gosselin compte

sur la littéra-

ture car il n'a pas déniché de dramaturge contemporain son goût. Avec 2666, il tente de créer l'émotion ressentie

à en

tant que lecteur: «Une formidable overdose de mots que je rends sensible par la musique jusqu'à saturation. Celle-ci sera forte tout le temps mais pas insupportable. Elle créera de l'angoisse. J'aurais peu déplaisir à mettre en scène des œuvres détachées de la dureté du monde. Mon but n'est pas de célébrer manisme,defairedel'artpourle\feelgood\oule Même si la capacité de consolation du théâtre est magnifique,

j'en fais parce qu'iljoue

l'hu-

vivre-ensemble. (un art vivant !)

sur la durée et crée cette

poésie qui a aujourd'hui disparu de nos vies. L'enfant de Calais parle en moi quand je dis cela. Grâce à la scène du Channel et à tous les artistes que j'y ai vus - des défilés de Royal de Luxe aux galeries de personnages décalés de l'Italien Pippo Delbono ou des Flamands Jan Fabre ou Jan Lauwers

-, j'ai pu

transformer

les paysages de mon univers familier, considérés comme tristes par certains, en émotions fortes ou en mélancolie. Alors, à mon

AVOIR 2668

d'après Roberto Bolano, mise en scène Julien

tour, je ne veux faire, sur scène, aucun L'horloge

tourne.

Dans la petite

compromis!» loge du Phénix,

à deux

ensemble à l'école... C'est visible dès les répétitions: treize acteurs pour soixante-dix personnages révèlent plasticité

extraordinaire.

Ils passent,

comme

d'un universitaire français à un boxeur comme Caroline Mounier, de la cliente ivre

pas du patio où la table de ping-pong permet à tous de se détendre aux pauses repas (car les répétions vont bon train

tier à une riche héritière engagée en politique. blée crédibles, telle Tiphaine Raffier campant

au 16juillet à I4h, à La FabricÂ,

de 14 heures à minuit), Denis Eyriey (ex-étudiant du Théâtre national de Strasbourg, qui avait

une ouvrière

Avignon. Durée: douze heures,

groupe quand

entractes compris. Du 10 septembre

monte...

au 16octobre au Théâtre de l'Odéon, e Paris 6 . En tournée de novembre à mai.

pour endosser la défroque de Houellebecq) confie même ce matin-là qu'il a mal dormi. La pression Il leur a fallu bâtir

et construire

une telle architec-

ture ! «Nous n'avons joué certains passages que deux ou trois fois seulement en répétition ! Julien compte sur nous. Il nous demande

d'être autonomes.

titions en mode ment. » L'habitude

Alors

on fait des italiennes

rapide] sans lui, on se conseille d'un collectif dont les six piliers

[répé-

mutuelleont mûri

JULIEN GOSSELIN ETSABANDE Avant sa sortie en 2009 de l'école d'art dramatique de Lille, Julien

Un travail à base d'improvisations, monté sans un sou... qui a convaincu

Gosselin

Vincent

a demandé

à six copains

Baudriller

de produire

de l'accompagner dans un collectif. Et c'est leur deuxième spectacle,

Les Particules élémentaires dernière édition d'Avignon.

Tristesse animal noir, (pièce de l'Allemande Anja Hilling), créé en

fulgurant. Gosselin

octobre

trois

2011 au Théâtre

puis joué au Théâtre a commencé à faire

de Vanves

du Nord, qui parler d'eux.

Aujourd'hui, Julien est artiste associé dans

théâtres:

du Phénix, le Théâtre

pour sa Succès

la Scène

nationale

le TNT à Toulouse et national de Strasbourg.

de maquiladoras

gaire et pétillante. rôles, dont deux trois

boîtes-écrins

(usines

Eyriey,

mexicain d'un resto

Gosselin, du 8

de l'école rejoint le

Denis

ces une ou, rou-

Us sont d'emRosa Méndez,

délocalisées),

vul-

Chaque acteur défend quatre ou cinq principaux, quand il ne pousse pas les du décor conçues

par l'auteur

et metteur

en scène Hubert Colas - ici scénographe. De quoi ne pas chômer à l'arrière-scène pendant les neuf heures de spectacle. Mais

comment

se dépatouillent-ils

de cette

littérature-

monstre? La répétition du jour bute précisément là-dessus. Julien Gosselin s'attaque à la visite de la prison de Santa Teresa par deux journalistes.

Trois acteurs-récitants

y partici-

pent. Au bout d'un quart d'heure, il comprend que ça ne marchera pas... Alors il coupe et lance à la cantonade : «Quelqu'un a une idée de génie?» Avant d'opter pour un récit pré-enregistré en vidéo. Ce sera la seule concession sur la totalité

de ce spectacle

très consommateur

d'images

en

direct. Pendant que Carine Goron et Adama Diop sont captés, sans le son, en train de déambuler dans les sous-sols du Phénix (à la photogénie quasi carcérale), Victoria Quesnel, restée sur scène, exprime en off leurs voix intérieures. Dans un troisième

espace,

Antoine

couvert de faux sang. L'image dans les couloirs sera montée

Ferron

est par terre,

des deux journalistes serrée avec cet autre

nu et errant plan si-

nistre. Dérushage immédiat projeté sur les parois-écrans du décor. L'effet est sidérant. «A la fin, Antoine accroupi, front

sur le sol, couvert

de sang... demande

Julien

Gosselin,

vous trouvez ça too much ?» Les comédiens éparpillés dans les rangées se taisent. «Ça ne serait pas mieux si c'était une

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Télérama

3468

29/06/1

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29 juin 2016 - N°3468

PERIODICITE : Hebdomadaire

femme?»

lâche Caroline

Mounier.

Gosselin

se retourne

sitôt vers Tiphaine Raffier qui joue Rosa Méndez, l'une futures ouvrières assassinées: «Bon, y a-t-il un travail

ausdes cor-

porel spécifique à faire?» lance Tiphaine en se renfonçant dans son fauteuil. Le metteur en scène l'encourage avec douceur, en s'allongeant lui-même une convulsion lente. Dénudée. » Hier, tion,

ils ont passé quatre

aujourd'hui,

: «Ainsi,

heures

ils ont trouvé

un peu

à chercher

vite. L'image

Electrochoc visuel, saturation sonore: Julien Gosselin et son collectif emploient les grands moyens.

comme

une transi-

silencieuse

de

Rosa agonisante est poignante. Antoine Ferron, d'abord volontaire désigné, commente : «On fait confiance à Julien : il

AVOIR

ne nous demande rien qu'on ne sache faire. Se rouler nu dans la peinture rouge, ça peut paraître de mauvais goût, mais c'est

Télérama dialogue

utile pour le climat

denhài3h, site Louis-Pasteur

de cette histoire. Pourtant,

d'habitude,

la

violence est imaginaire dans sa mise en scène, pas si réaliste. » Julien Gosselin aime de plus en plus la vidéo sur scène, de même qu'il aime la musique et les effets sonores, ou la lumière. Autant de pistes travaillées en même temps dès le début

des répétitions.

«Ils n'ont pas peur d'utiliser

la moder-

nité de notre époque, ni tout ce qui a changé notre relation à l'espace et à la communication... analyse l'aîné Hubert Colas. Avant,

on séparait

tout (musique,

lumière,

images,

paroles),

lui, il mêle tout avec rapidité et un même degré d'importance. » Avignon se rapproche mais c'est encore la forme, si complexe, centre

qui préoccupe Julien Gosselin. L'acteur du spectacle, mais progresse en même

n'est plus au temps que le

reste. C'est une sacrée «stimulation», précise Noémie Gantier, qui interprète la critique britannique de la première partie

: « Tout ce foisonnement,

ces choses \multivoques\

pas

toujours élucidées envahissant l'aire de jeu ressemblent à ces bouts de sens dispersés çà et là dans le roman :cela nous porte

Les 9 et et 16 juillet,

de l'université, Avignon. Avec Omar Abusaada, Macha Makeïeff, Cornelia Rainer, Adeline Rosenstein, Thierry Thieu Niang (le 9); Emmanuelle Béart, Charles Berling, Stanislas Nordey, Maëlle Poésy, Olivier Py (le 16)... Et pour lancer les Etats généreux de la culture,

et nous inspire... » Elle y puisera de quoi peaufiner son beau personnage de femme libre, encore un peu énigmatique

une rencontre avec Jack Lang,

pour elle, avant

le 16juillet à I5h.

le grand

bain d'Avignon

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24 juin 2016 - N°NC

PERIODICITE : Hebdomadaire

1

A

VOIR

\2666\, ROBERTO

AUSSI

EN

AVIGNON

D'APRES BOLANO

Trois ans après «les Particules

élémentaires

»,

pièce présentée en Avignon, Julien Gosselin signe un nouveau spectacle

dont le

titre associe la promesse du troisième

millénaire

d'une apocalypse

à celle prochaine.

les 8.10.12.14,16 juillet ù 14heures à la Fabrica.

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22 juin 2016 - Avignon

qu'

PERIODICITE : Hebdomadaire

est-ceque Littérature?

En faisant la part belle à de nombreuses adaptations littéraires Festival réaffirme la nécessité impérieuse pour le théâtre d avoir recours à la matière textuelle. Trois metteurs en scène répondent à la question sartrienne .

,

'

par

Herve

Pons

Pour Kirill Serebrennikov , attelle qui aux mortes de Gogol Mettre en scène un grand texte littéraire est chaque fois un defi , il faut solliciter de nouveaux muscles . . . s'

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22 juin 2016 - Avignon

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Lesinrockuptiblesm

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édition du festival d avignon

du 6au 74/07/ 201623

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22 juin 2016 - Avignon

Avec sa mise en scène de Karamazov après Dostoïevski , Jean Beltorini " essaie de donner au spectateur la meme place que celle du lecteur"

Frères Karamazov de Dostoïevski mis en scène par Jean Bellorini , 2666 de Roberto Bote° mis en scène par Julien Gosselin , Les Ames mortes de Gogol mis en scène - auxquels on par Kirill Serebrennikov peut ajouter le long poème d H?lderlin , Ménon pleurant Diotima , au coeur de la nouvelle création du Blitztheatregroup , 6 A . M. ta Disappear Completely ; nouvelle de Georg B?chner , Lenz , adaptée par Cornelia Rainer ; ou bien encore L Institut Benjamenta de Robert Walser , mis en marionnettes par Bérangère Vantusso . Et encore , sans doute , se dissimule-t-elle dans tes plis d autres spectacles . Car la littérature , cette folle du logis , irrigue le Festival d Avignon et l imaginaire en scène les plus variés , des metteurs traçant d un fil poétique des mouvements chorégraphiques. Pour la beauté , ce supplément de liberté qu' elle apporte au théâtre dans son rapport au spectateur , l indivisant de la masse , l isolant dans le son individualité , groupe , réinterrogeant la littérature reprenant possession d un champ théâtral qui l avait délaissée au nom de la performance , du politique , de l être-ensemble et de la socioculturelle , questionne bienpensance

Les

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261es inrockuptiblesm

70'

' édition du festival d avignon

la position du spectateur que l on ne peut comme un quota pour plus considérer les relations publiques , un groupe social défavorisé à éduquer et à prendre par la main ... Et surgit alors la fameuse et énigmatique phrase d Ernesto dans La Pluie d été de Marguerite Duras ne veux plus aller à l école , parce qu' on y apprend des choses que je ne sais pas . '

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Kirill Serebrennikov : un besoin de métamorphose" Si le metteur en scène russe empare mortes de Gogol , aujourd hui des est bien parce que pour lui , est un des livres les plus importants de la littérature russe" mais aussi parce que la langue russe développée par Gogol est unique et traite des traits de caractère russes que les Russes ne veulent pas mortes repose sur voir Les un mensonge liminaire , et tout y est que mensonge : On ne peut rien croire , chacun est présenté différemment de ce qu' il est véritablement! Tout alors devient très mouvant , fragile , et la réalité qui en détache devient très émouvante. ai mis en scène Gogol pour la première fois à l étranger au Théâtre national de Lituanie , ce qui offrait une certaine distance avec freuvre , notamment en travaillant avec les acteurs qui en sont emparés avec leur propre culture. "

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Et le spectacle était vraiment très russe! Plus je éloigne de la Russie , plus je suis russe ... Mettre en scène un grand texte littéraire est à chaque fois un défi , il faut inventer un déchiffreur déployer l oeuvre , solliciter de nouveaux muscles .. Dans Les mortes , il a une phrase , par exemple , qui décrit des gens , des hommes et des femmes en train de danser la fin de la phrase , ils se transforment en mouches collées à un morceau est peut-être par la question de sucre ... de la métamorphose que le littérature est au plus près du théâtre ... Notre besoin de littérature est un besoin de métamorphose . m'

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Jean Bellorini le lieu du récit et du politique politique imaginé" Le directeur du Théâtre Gérard-Philipe de Saint-Denis , familier des auteurs Renaude , contemporains Pauline Sales , Valère Novarina .. ), est aussi des grandes oeuvres dites classiques pour avoir mis en scène notamment Les Misérables de Victor Hugo ou être attaché à Uceuvre de Rabelais dans Paroles gelées. Et cette année , Olivier Py réouvre la carrière de Boulbon à Jean pour une oeuvre à la démesure du lieu , Karamazov , d après Les Frères Karamazov de Fiodor Dostoïevski. "

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du 6 au 24/07/2016

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22 juin 2016 - Avignon

littérature reprend possession d un champ théatral qui avait délaissée au nom de la performance '

'

-Avec cette adaptation , dont presque du texte sont des dialogues , je fais le travail inverse d avec Hugo , essaie d introduire plus de récit , de narration , là où cela pourrait être plus simplement du théâtre , carie crois que l on a besoin de se rappeler que est un livre. aime , et est pour cela que je occupe de littérature , retrouver le même plaisir au théâtre que celui éprouvé en lisant un livre aime retrouver la même liberté et essaie de donner au spectateur la même est un travail place que celle du lecteur d équilibriste que de attacher à ce que l on voit en se souvenant que ce l on voit est pas ce qui est , mais ce qui permet de rêver à ce qui pourrait être . ai cette obsession-là Certes , le théâtre rendra l oeuvre certainement plus épique elle est , sinon nous ne tiendrions pas cinq heures et l ennui l emporterait , mais ce est pas pour autant absolument important que de vouloir tenir en éveil le public en permanence On ne peut pas passer à côté de la traversée épique , cependant même dans l épique , il y a de la métaphysique . Notre besoin de littérature est un besoin de récit Elle fait que le théâtre devient le lieu du récit politique et du politique imaginé . Je crois une grande soirée théâtrale doit être épique , émotionnelle , intelligente et politique. Donc , par définition , littéraire. 80%%

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Julien

Gosselin seul intérêt de la littérature est pas de gagner mais de combattre" Pour travailler la matière même de la littérature , une certaine forme d ennui et de solitude face à Uceuvre et sa beauté , Julien Gosselin attelle lui à Uceuvre monumentale de Roberto Bolafio , 2666- 1 500 pages , douze heures de spectacle . -Le récit se construit en cinq parties , et la dernière partie du texte est un récit épique , une histoire dans l histoire dans l histoire de l Allemagne , quelque chose comme Handke pourrait en parler une forme de théâtre épique , et est difficile pour moi de penser la fin du spectacle comme une célébration d un moment partagé "

car la matière littéraire dont je occupe avec 2666 ne raconte pas ça ... Je ai pas la volonté d une représentation longue , en revanche , je travaille la volonté de l auteur - que la lecture soit longue et éprouvante . En écrivant , Bolario ne se pose pas la question de la représentation , il agit pour lui , mine de rien , d ennuyer ; de fatiguer d user le lecteur .. Et d une certaine manière , mon travail est de reproduire cela avec le spectateur aimerais que le spectateur se sente comme moi , sur mon canapé , avec ce livre de 1500 pages entre les mains Si le spectateur à un moment donné , est pas consterné par la longueur usé et flippé par elle , il me semble que je serais passé à côté de l ceuvre . Bolatio me touche quand il dit que la littérature livre un combat contre la violence du monde , mais que de toutes manières , la violence du monde gagnera toujours ce combat. Le seul intérêt de la littérature est pas de gagner mais de combattre , comme un combat de samouraï dit-il. y a le théâtre épique , les farces , les épopées joyeuses , les longues traversées , les grandes tragédies , les performances éclairées , la joie au théâtre du plaisir partagé , et puis il y a notre besoin ressurgissant de littérature , parce que la littérature , comme la beauté , est vaine. Elle est notre inconsolable besoin de combat . Impossible à rassasier . m'

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2666

daprèsRobertoBolario , miseenscèneJulienGosselin Les8, 10, 12, 14et 16juillet à 14h, la Fabrica lire aussi pp. 12-17 '

KARAMAZOV daprèslesfrèresKaramazov deFiodorDostoïevski. Miseenscène , scénographie etlumièreJeanBellorini. Traduction AndréMarkowicz . Adaptation JeanBellorini, CamilledeLaGuillonnière du au22juillet (relâcheles14et 20)à21 30, carrièredeBoulbon '

LES

MORTES

daprèsNikolaïGogol , miseenscèneKirill Serebrennikov. enrussesurtitréenfrançais Spectacle du20au23juillet à 15h, laFabrica lire critique p. 64 '

Lesinrockuptibles 70' éditiondufestivald avignon du6au24/07/201625 '

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22 juin 2016 - Avignon

théâtre estunart decombat"

Bien que leurs esthétiques diffèrent , Julien Gosselin et Thomas , en attelant respectivement au 2666 du Chilien Roberto Bolaho et au Radeau de la Méduse de Allemand Georg Kaiser , ont en commun d avoir posé Leur regard sur violence et la barbarie de la société . A travers Leurs personnages , la force politique du théâtre , et au fil d un échange enlevé , ils tentent de réinventer un idéal du vivre-ensemble. s'

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propos recueillis par Hervé Pons Aimée Thirion et David Betzinger photo pour Les InrockuptibLes

Julien

Gosselin

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22 juin 2016 - Avignon

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22 juin 2016 - Avignon

salué en 2013 avec Les Particules élémentaires d après Michel Houellebecq , Julien Gosselin revient avec une ambitieuse adaptation du roman-fleuve de Roberto Botano , 2666 . Quant au marathonien Thomas shakespearien Jolly dont les dix-huit heures d Henry VI firent événement en 2014 , il met en scène les jeunes acteurs de récole du Théâtre national de Strasbourg dans Le Radeau de la Méduse de Georg Kaiser. Ils se sont prêtés avec intérêt au jeu de l entretien croisé. '

IInanimement

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Vous incarnez chacun un certain renouveau de la scène française et bien que vous soyez porteurs d esthétiques différentes , voire opposées , vous avez en commun d avoir été révélés par Avignon ... Julien Gosselin - Oui peut-être même plus pour moi que pour Thomas , qui avait déjà été repéré grâce au prix du festival Impatience qu' il avait remporté. Quand Vincent Baudriller et Hortense Archambault avec ont programmé Les Particules élémentaires , je avais créé que deux spectacles , accompagné de camarades d école . Pour eux , était un coup de poker , une prise de risque de nous soutenir alors que gigantesque nous étions très éloignés des scènes de la vie théâtrale française. importantes Et effectivement , ce spectacle présenté à Avignon a fait décoLler la compagnie , d autant que pendant le Festival , le temps de la représentation est incomparablement plus intense. bouleversée Uénergie est complètement est sûr que par Avignon , alors y suis né! Et pour créer 2666 , qui dure douze heures , fallait aussi que ce soit au Festival , car Avignon est le lieu des aventures singulières , des spectacles de longue durée , Thomas en sait quelque chose! Thomas Jolly - Je suis tout à fait d accord , mais est vrai que , '

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à Julien , La Piccola contrairement est pas née à Avignon. Familia Nous travaillions déjà depuis une dizaine d années avant d être invités , alors le Festival a plus été un point d arrivée un point de départ . Olivier Py qu' a découvert notre travail au festival Impatience en 2009 et a continué à nous suivre Henry VI devait être créé il Le dirigeait mais à Odéon Lorsqu' suite à sa non-reconduction à la tête du théâtre , le spectacle a continué son chemin avec d autres partenaires. Quand Olivier a été nommé à Avignon , a souhaité qu' Henry VI soit programmé dès sa première édition en tant que directeur en juillet 2014 , et pour la première fois dans son intégralité , soit dix-huit heures . Comme pour Julien , aurait pas qui met en scène 2666 , cela été possible ailleurs . Le Festival nous a offert une mise en lumière extraordinaire et a été un nouveau point de départ. Avignon donne chaque année une du théâtre. photographie très impressive Pourquoi Avignon est-il le lieu de tous les possibles? Thomas JoUy - Parce que les gens arrêtent toute activité quotidienne pour se consacrer pendant trois semaines au théâtre et que on peut leur proposer des aventures de ce type-là , difficiles en saison , sur un à programmer week-end . Et puis il y a la ferveur , ces grandes aventures sont des fêtes et ce est pas tant les représentations qui comptent que les temps de vie traversés ensemble , les moments partagés. n'

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Julien Cassetin -2666 est un spectacle long bien que nous ne soyons pas dans des durées comparables au Henry VI de Thomas . Mais comme nous explorons des zones poétiques et esthétiques parfois violentes , il y a des parties qui seront longues , éprouvantes et difficiles , et si je sais que les gens travaillent le lendemain , je me dis que je vais leur faire passer une mauvaise nuit. A Avignon , les gens sont aussi là pour se faire un peu du mal! Comme quand on a une expérience de lecture avec un roman très dense et que l on se dit que Le bonheur vient de l effort que on fournit en tant que Lecteur . Je crois que le spectateur avignonnais est dans cet effort-là , autant que dans le plaisir. est ce combat-là que ai envie de mener avec lui , à Avignon. Thomas Jolly ai été étonné que les gens soient si friands de durée , mais à bien y réfléchir , la durée est inscrite dans l ADN du théâtre . Dans notre monde de vitesse , de calibrage des projets , nous nous sommes familiarisés avec des formats plus courts , alors quand on propose ce type d aventure , a de l envie , du goût . Je pense également que nous avons besoin aujourd hui de retrouver de grands récits , en atteste l engouement pour les séries télévisées ou les sagas littéraires reprises au cinéma , comme Harry Potter , Twilight ou Hunger Games . .. Avec la question de la communauté , de être-ensemble , offre en plus le théâtre . Les gens qu' ont besoin de se sentir vivants , au même endroit , en même temps . est ce qui se passe avec Nuit debout. Julien Gosselin - Quelques personnes me demandent si cela ne inquiète pas de faire peur aux gens , tu as dû l entendre Thomas , mais beaucoup d autres me disent avoir hâte. amuse car ai l impression Ça d être dans la déconstruction de l expérience collective . Ce doit être à cause du titre , 2666 , qui laisse imaginer que l histoire se passe '

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les gens ont besoin de se sentir vivants , au même endroit , en même temps. est ce qui se passe avec Nuit debout" C'

ThomasJolly

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22 juin 2016 - Avignon

Coulisses de 2666 au Phénix , Scène nationale Valenciennes , 9 juin

est en train de faire Stanislas Nordey au TNS . Je suis intimement persuadé de la force de frappe , du discernement et de la construction de la pensée offrent les objets que on voit sur qu' les plateaux , mais il faut trouver le bon accompagnement. Julien Gosselin -Je suis un peu houellebecquien pour ces choses-là. Je déteste les rassemblements collectifs , je suis très mal à aise dans ce genre d endroits , ce est pas une critique politique mais une sensation personnelle . Quand je repense aux Particules élémentaires , qui traitent de Mai 68 - bien que je ne sois pas de cette période-là - , et que nostalgique je revois des images de ces gaullistes en train de rire en regardant ces jeunes comme ils agitaient stupidement , alors qu' ils ont fini par diriger la société , je suis étonné de voir aujourd hui un gouvernement de gauche traiter les gens de Nuit debout avec autant de mépris et de détachement . est aberrant . Quelles que soient tes idées qui sont portées , et on peut dire qu' elles sont très variées dans ces mouvementslà , se passe quand même quelque chose et les propositions politiques devraient être considérées comme ayant autant de valeur que celles venues d un député de 74 ans qui endort sur son siège à LAssemblée . En ce qui nous concerne , je ne supporte pas idée un spectacle se mette en grève , mais qu' je suis forcé de constater que parfois l annulation vaut mieux et permet de faire avancer les choses plus rapidement. Certes , je suis d accord avec Thomas sur fait que les théâtres peuvent porter ces questionnements et inviter tes gens à débattre , mais je ne crois pas que cela ait à voir avec la question de l éducation populaire ou de la citoyenneté. faudrait un vrai positionnement , quelque chose de franc . Oser des choix , on a le droit dans les théâtres , quitte à être détesté par quelques-uns , d affirmer des positions politiques. qu'

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dans le futur et que ce sera une épopée , comme imagine Henry VI être porteur d un théâtre épique . Cependant , je fais inverse d un théâtre épique ! Tu évoquais Nuit debout , Thomas ... Certains professionnels de la culture le manque d engagement regrettent des artistes , et attaquent Olivier Py en lui reprochant de ne pas laisser sa place au mouvement pendant le Festival - place que Nuit debout ne revendique d ailleurs pas . .. Thomas Jolly étais en tournée quand a démarré Nuit debout . y suis allé à Caen , à Strasbourg , à Toulouse , sans pouvoir pour autant inscrire j'

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quelque part et construire quelque chose avec des gens . Nous en avons beaucoup parlé au sein de La Piccota Familia , le théâtre ne se fait pas dans un bunker et pourtant il a besoin d isolement , faut trouver le bon équilibre . Pendant tournée de Richard III , nous lisions des textes sur le 49 .3 , la loi travail , pour ne pas uniquement aborder la question des intermittents ; mais le rapport avec les spectateurs est complexe , ils ne viennent pas au théâtre pour ça. serait temps de se poser la question de comment les théâtres redeviennent constitutifs des mouvements de société , de la pensée et du vivre-ensemble , ce '

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22 juin 2016 - Avignon

Certains déplorent un messianisme de institution culturelle . .. Thomas Jolly - Ah oui? Franchement , quelle idée de monter Roberto Bolario , ou Georg Kaiser , un vieil auteur allemand complètement oublié du début ne me semble pas du X» siècle que Julien et moi servions la messe ... Et si Avignon est la messe , alors elle est celle de la pensée en friche. Julien Gosselin - Parler de théâtre politique , ça soûle tout le monde. Et Olivier Py est forcément en première Ligne .. . Un des moments les plus forts année dernière était Des arbres à abattre de Thomas Bernhard mis en scène par Krystian Lupa . Mais était certainement aussi l un des plus politiques parce que Lupa est un artiste immense , son théâtre parle purement de politique. On peut créer des thématiques , des focus utiliser des éléments de langage , ce que font beaucoup de théâtres et de festivals , et affirmer une chose politique , mais si on peut imaginer et tracer des lignes politiques par avance , on ne peut pas décider de ce que produira le théâtre. Dans le choix des textes que vous montez , il y a une vision crépusculaire de l humanité , tant chez Kaiser , avec cette jeunesse naufragée qui se c'

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détruit elle-même sur son radeau , est là l état que chez Bolatio .. du monde aujourd hui ? Julien Gosselin - Pour moi , le choix du texte est plus lié à une expérience sensitive et personnelle à une volonté qu' politique . Je déteste , par exemple , les chansons gaies . Je ne peux écouter que de la musique sinistre . Je ne peux pas envisager la vie et Fart y a pas quelque chose de profondément dedans . Il y a vraiment mélancolique deux choses qui intéressent dans Fart la question de la violence et la présence de la poésie dans le monde . Elles sont chez , et était déjà le cas avec Houellebecq. La violence est protéiforme , en tout cas elle existe aujourd hui et elle amène à des auteurs qui ne sont pas forcément les plus gais du monde. Ma catharsis , en tant que spectateur , lecteur ou auditeur , naît d un moment de déchirement et de violence , rarement de communion. Thomas Jolly - Je ai pas l impression d avoir un goût précis pour un type d ceuvre ou une manière de raconter le monde , il se trouve à chaque fois , et est le cas avec qu' Georg Kaiser , les auteurs auxquels je me consacre apportent des réponses. Nous évoquions Nuit debout , se trouve '

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que dans Le Radeau .., il y a la volonté de créer une société nouvelle , mais est est ce que pose Kaiser , impossible . fait la démonstration que humanité est traversée par la barbarie , le mal , la méchanceté et la division . adorerais écrire mes propres textes , car les auteurs arrivent à mettre des mots sur des choses complexes de notre monde et de notre humanité , des mécanismes , des mouvements politiques ou de âme , mais je y arrive pas . est pour cela que je suis metteur en scène , rai besoin de porter ces auteurs-là , qui traduisent les angoisses qui me traversent. Chez Kaiser , la société est divisée , ces jeunes gens engueulent sur des questions de religion , de sexualité , de culture , de langue ... Ils se demandent comment on vit ensemble aujourd hui. Kaiser dit que l on y arrive pas. Dans son édita , Olivier Py dit: Quand la révolution est impossible il reste le théâtre ... Julien Gosselin - Oh non! Thomas Jolly - Ah si! Julien Gosselin - Je ne suis pas d accord Quand la révolution est impossible , reste la révolution. Thomas Jolis - Oui , mais la révolution ne peut pas être sous couvert d impossibilité , est l impossibilité qui crée La révolution. c'

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ma catharsis , en tant que spectateur , lecteur ou auditeur , naît d un moment de déchirement et de violence , rarement de communion"

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JuLien

Gosselin

Julien Gosselin - Je crois que ce que nous défendons Thomas et moi , à des endroits différents , est que théâtre est un art de combat , un sport de combat comme dirait autre , mais pour moi cela ne vient pas quand on a raté une révolution ; le théâtre est me touche pas là pour consoler . livre quand il dit que la littérature un combat contre la violence du monde et que de toute façon la violence du monde gagnera toujours ce combat. Le seul intérêt de ta littérature est pas de gagner mais de combattre . Comme un combat de samouraïs , dit-il . Je vois théâtre de cette manière-Là . Le combat est en lui-même Le but du théâtre. La révolution vient après , mais il vaut mieux qu' elle se fasse quand même. Thomas Jolly - Pour ma part , je pense que le théâtre peut générer révolution parce qu' effectivement est un art de combat et que plus nous montrerons que le monde dans Lequel nous vivons est impossible à vivre , plus la révolution pourra advenir . Aujourd hui , avec la montée de extrême droite , le choc des attentats , je me dis que nous ne pouvons plus faire comme si de rien était . Jean Vilar pense Avignon pour consoler , mais aussi pour réunifier un pays divisé par la guerre . Je crois d ailleurs que la première édition du Festival se fait pour les sinistrés de guerre d Avignon . Le théâtre est aussi un soin , un endroit de reconstruction. Est-ce que vous diriez que du fait de sa pauvreté , toute relative , et du désintérêt que lui portent Les politiques , le théâtre est le dernier Lieu de liberté d expression ? Julien Gosselin - Oui , et it ne faut avec cela Le théâtre pas transiger est art qui a été le moins broyé par machine libérale , le plus préservé , est subventionné notamment parce qu' , contrairement à la musique , au cinéma , et même à l art contemporain. Ni Thomas ni moi avons jamais été empêchés de dire ce que nous voulions c'

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dire , et je suis ébahi que bien que on ait cette chance-là , nous ne prenions pas plus de risques . Je ne parle pas que de risque politique , je parle aussi de que risque artistique . Eindépendance [ on a est absolue , totate . Quand je parle à des amis qui font des films et me racontent ils ont leur producteur sur qu' dos tous tes deux jours , je me rends nous compte qu' au théâtre tes directeurs Laissent entièrement libres . Pourtant , on ne fait pas grand-chose , je inclus dedans ... Je ne trouve pas la prise de risque gigantesque , il nous faudrait peut-être un peu plus de courage. Thomas Jolly - Je suis d accord pour le manque de courage ... va en falloir aussi dans tes théâtres et sur les territoires . Tu as raison Julien , théâtre a été le moins broyé par machine libérale mais est aussi art le plus facile à faire , il suffit de quetqu' un qui dise quelque chose devant quelqu' un d autre. est Lart populaire. Julien Gosselin - Je suis d accord sur te plan politique , mais je suis quand même surpris du peu de créativité dont nous faisons preuve . Tu parlais des séries , mais quand on voit créativité délirante qui y est en jeu alors qu' elles sont les parangons de la machine libérale , ai [ impression parfois que te monde du théâtre se contente de faire du Julie Lescaut alors il faudrait faire True Detective. qu' Thomas Jolly est Là qu' il faut du courage , pour imposer ce décalage ... Julien Gosselin - ... et ne pas endormir , faire effort de dépasser notre créativité , car on ne peut de dire que le théâtre pas se contenter est art Le plus libre qui soit et ne pas jouir de cette liberté m'

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2666 daprèsRoberto JulienGossetin , miseenscène 8, 10,12, 14et 16juillet 14h, laFabrice '

RADEAUDELAMEDUSE deGeorg Kaisermiseenscène Thomas Jorty du17au20juilletà 15h, gymnase du lycéeSaint-Joseph

tesinrockupUblesa édition dufestivaleavignon du6au24/07/201617

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JOURNALISTE : " Hervé Pons

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22 juin 2016 - N°1073

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co 2666, c'est déjà demarn Metteur en scène des Particules élémentaires en 2013, Julien Gosselin est au Phénix de Valenciennes pour préparer et créer, avec Les acteurs de son collectif Si vous pouviez Lécher mon cœur, l'adaptation du roman de Roberto Bolano, 2666. Répétitions marathon pour spectacle fleuve. longer dans les 1016 pages de l'ultime roman de Roberto Bolano, 2666, ou s'immerger dans les répétitions du spectacle de douze heures que Julien Gosselin prépare avec ses acteurs en adaptant le livre a ceci de comparable qu'on ne peut plus décrocher. Mais si l'on peut toujours

consiste à laisser filer le temps et à s'abandonner au plaisir inouï de voir s'incarner ce texte magistral. Si Julien Gosselin est bien le metteur en scène et l'adaptateur du roman, le terme de \collectif\ désignant le groupe qu'il a fondé avec ses acteurs n'est pas usurpé. Ici, tout le monde a son mot à dire sur tout - le jeu,

célèbre pour ses centaines de meurtres de femmes dans les années 2000, elle aspire en un tourbillon ténébreux la succession des histoires et des personnages qu'on suit dans chaque partie et qui ne coïncident que rarement. Pour ne pas dire accidentellement. Et quand cela advient, c'est moins sous la forme d'une

interrompre la lecture quelques heures sans en perdre le fil, assister au travail de l'équipe artistique

la scénographie, la musique, la lumière, la vidéo et la mise au point d'une séquence, qui nécessite

passerelle qui donnerait l'apparence d'unifier le réel décrit par Bolano qu'en empruntant une porte

et technique soudée autour de son metteur en scène

un nombre impressionnant d'essais et de reprises, les intègre à mesure.

dérobée qui creuse un peu plus l'atmosphère de mystère qui baigne tout

Composé de cinq blocs narratifs autonomes, 2666 gravite autour d'un point central, la ville de Santa Teresa, située à la frontière du Mexique et des EtatsUnis. Double littéraire de Ciudad Juârez, sinistrement

le livre. Car le motif récurrent de 2666, c'est celui de l'enquête : littéraire, policière ou journalistique. Le 25 et le 26 mai, la troupe répète le début du spectacle qui suit le déroulé du livre. C'est la partie des

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la langue de Bolano résonne avec toute sa force, son irréductible désir de se battre même si le combat est perdu d'avance

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JOURNALISTE : " Hervé Pons

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22 juin 2016 - N°1073

il faut prendre Houellebecq au premier degré

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Rencontre avec Julien Gosselin, qui poursuit son adaptation de de Michel Houellebecq. évélé au Festival d'Avignon en 2013 par sa mise en scène des Particules élémentaires, le metteur en scène Julien Gosselin présentera à l'automne prochain, au Kammerspiele de Munich, une nouvelle création d'après les de Michel Houellebecq Plateforme et Soumission. a l'impression que Plateforme est te livre du tourisme sexuel et Soumission celui du combat entre l'islam et l'Occident, dit-il, alors que Plateforme est le livre qui questionne ce que l'on appelle salement le choc des civilisations, entre le libéralisme occidental poussé à l'extrême et tes valeurs les plus traditionalistes poussées à l'extrême, celles de l'Orient. Plateforme se termine par un attentat islamiste dans un centre de tourisme sexuel. Le spectacle que j'imagine commencerait par cette chose-là, la vision qui au début des années 2000 questionne une sorte de combat potentiel entre l'Occident libéral et l'islam, pour finir en 2022, vingt ans plus tard, avec l'élection d'un président musulman et un islam complètement apaisé qui gouverne la France. Il ne s'agit pas de prendre les choses à contrepied mais d'aller dans le sens de Soumission, au plus loin dans la parabole possible d'un monde l'islam serait à la tête d'un Etat occidental. Ne pas jouer la provocation même si évidemment la matière fait Julien Gosselin compte traverser houellebecquienne en dépit de sa sulfureuse actualité, au plus proche de la matière littéraire. idée est de présenter ces deux ouvrages en trois parties et de placer le spectateur, comme je le faisais dans Les Particules élémentaires, dans la position du public de 2022 qui vit dans un pays islamique. Il y a un terme arabe qui veut dire 'terre d'impiété' : c'est la matière de Plateforme, qui parle de la terre libérale impie et non islamisée. Il y a un autre terme qui signifie 'terre de combat', c'est le moment du choc et à la fin, il y a la islamique' pacifiée. Je pense qu'il faut absolument prendre Houellebecq au premier degré, véritablement. Au théâtre en tout cas. Il n'est pas nécessaire d'ajouter de l'ironie à une ironie supposée, du cynisme à un cynisme supposé. Si l'on cherche la provocation ou te clin permanent, on passe à côté de la matière littéraire. Il faut croire Houellebecq quand il propose des paraboles complètement folles, même si celle-là est peut être la moins folle de toutes. Hervé Pons l'œuvre

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œuvres

critiques, ou les tribulations d'un quatuor d'universitaires unis d'abord par leur passion pour un obscur écrivain allemand, Archimboldi, puis par une relation amoureuse. Partis à la recherche de leur auteur fétiche, ils feront le voyage jusqu'à Santa Teresa. Comme dans Les Particules élémentaires, adapté par Gosselin en 2013, il est fascinant de retrouver, quasi intacte, la substance du récit, l'ironie de Bolano face à la noirceur du monde, en assistant à sa métamorphose dans le champ théâtral. Incarnée, sonorisée, spatialisée, la langue de Bolano résonne avec toute sa force, son irréductible désir de se battre même si le combat est perdu d'avance. Pour redonner vie au mot de dignité que le réel s'échine à dénigrer. Fabienne

Arvers

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de Roberto

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en scène

Bolano, Julien

le 25 juin au Phénix Va le ne ien nés, du8au au Festival 10 septembre Festival

d'Avignon

Gosselin,

l'œuvre

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de 16 juillet et du

au 16 octobre

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à Paris

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Valenciennes, point de départ du marathon théâtral de Julien Gosselin Valenciennes. Une pièce de neuf heures et demie. Le petit monde du théâtre français est aux aguets à l'approche de la première, en un mélange exquis où la curiosité le dispute à l'excitation. La dernière audace de Julien Gosselin, 2666, est passée au banc d'essai public samedi. Il remet ça samedi prochain, toujours au Phénix de Valenciennes, dont il est artiste associé. Avant de filer au festival d'Avignon, à compter du 8juillet. Il avait osé « Les Particules élémentaires » Le gamin d'Oye-Plage (29 ans), sorti en 2009 de l'École professionnelle

supérieure d'art dramatique de Lille, avait laissé pantoise la critique avec son adaptation réussie des Particules élémentaires de Michel Houellebecq, en 2013. Personne n'avait osé le faire avant lui, dans l'Hexagone. Ce succès foudroyant l'autorise aujourd'hui à transposer sur scène, avec sa troupe (Si vous pouviez lécher mon c ur) un « roman-monde » de 1 400 pages, uvre posthume du Chilien Roberto Bolaño. « Aujourd'hui, j'ai la chance de pouvoir fonctionner à l'envi sur ce spectacle-là. Ce texte, je le trouve magistral, je ne vais pas m'en priver. » Il en a fait une pièce hors

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normes (douze heures trente avec les entractes!) qui embarquera le spectateur dans un vrai marathon théâtral. SÉBASTIEN CHÉDOZEAU « 2666 », adaptation et mise en scène de Julien Gosselin : représentation samedi 25 juin, à 13 h, au Phénix de Valenciennes, boulevard Harpignies. Tarifs : 22, 17, 13 et 9 .Renseignements et réservations : www. lephenix. fr et 03 27 32 32 32. ■

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JOURNALISTE : Claudine Studer-C…

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18 juin 2016 - Edition Toutes Editions

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MULHOUSEÀ LA FILATURE, SAISON 2016/17

La culture pour « ne pas perdre la lumière » Monica Guillouet-Gélys et ses collaborateurs ont dévoilé la nouvelle saison de la Scène nationale mulhousienne. La Filature affiche pour 2016/17, une riche sélection de 60 spectacles, où dominent le théâtre et la danse sans faire de l'ombre au cirque et à la musique. Éclairage. Claudine Studer-Carrot C'est par une longue citation de Victor Hugo extraite de1871, que Monica Guillouet-Gélys, signe son éditorial dans la plaquette de la saison 2016/17 de la scène nationale mulhousienne.

Une aventure théâtrale inédite, une traversée de l'univers littéraire de Roberto Bolaño : 2666mis en scène par Julien Gosselin, en mai 2017, de12h environ entractes inclus. (PHOTO Simon Gosselin)

La directrice de La Filature fait le parallèle entre cette année terrible pour la Commune et l'année terrible que nous venons de vivre : « Ne pas perdre la lumière, donner du sens à nos existences, les poètes d'hier et d'aujourd'hui nous y invitent. Pour nous ils affrontent les angoisses aiguës de notre temps et nous sollicitent pour participer au débat ». Julien Gosselinest indiscutablement

de ceux-là : 2666, tiré de l'ouvrage de l'écrivain chilien Roberto Bolaño, sera à l'affiche de La Filature le 6 mai. Dix heures de spectacle entrecoupé de quatre entractesMême pas peur! Gosselin dévoilera cette création cet été au festival d'Avignon. Autre metteur en scène prompt à susciter le débat, Krysztof Warlikowski, qui s'inspire de Marcel Proust pourLes Français, à découvrir les 2 et 3 décembre. Avec la venue en novembre de Wajdi Mouawad, auteur, metteur en scène et désormais patron du Théâtre de la Colline s'inspire de Sophocle pourDes mourants. Avec lavenue de l'atypique Pippo Delbono, La Filature affiche ainsi quelques poids lourds de la scène artistique européenne. Toujours viveà susciter le débat elle aussi, Sophia Aram, que l'on découvrira avec curiosité sur les planches le 28 septembre. Quarante-cinq kilos toute mouillée, mais un sacré gabarit verbal! Autres maîtresses femmes, dans la catégorie "grande carrière et cheveux fous", Marianne Faithfull (en octobre) et Carla Bley (en mai 2017) La première célèbre sur scène ses cinquante années de carrière :

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premier album en 1964, dernier en 2014, Give My Love To London. Une sélectionde chansons enregistrée avec une bonne partie de The Bad Seeds, le groupe de Nick Cave, qui signe un titre aux côtés d'autres plumes comme Roger Waters ou Anna Calvi. Icône encore, Carla Bley! Avec une carrière tout aussi fournie et des dizaines d'albums comme leader ou "sidewoman". A 80 ans, Carla Bley proposera à Mulhouse le 23 mai 2017 en première partie de soirée une reprise deEscalator over the Hill, qu'elle composa en 1972 avec un big band. Puis elle jouera en trio. Chucho Valdés, Michel Portal ou Benjamin Biolay constituent d'autres propositions musicales d'envergure. À quoi pourra bien ressembler le voyagePalermo-Hollywood? Côté danse, on se réjouira duRetour à Berrathamd'Angelin Preljocaj en mars et de l'incursion hip hop deThe rootsde Kader Attou. Quelques spectacles familiaux complètent cette riche programmation, dans laquelle citons encore, pour la douceur en bouche, l'installation vidéo100000 bizzz-si les abeilles étaient syndiquées, autour de l'installation de ruches et la fabrication de miel sur les toits de

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JOURNALISTE : Claudine Studer-C…

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La Filature! Enfin, la saison sera scandée par deux festivals désormais bien installés : Scènes d'automne en Alsace (avec la Comédie de l'Est, le Créa de Kingersheim et le Relais culturel de Thann) : les compagnies d'ici, Munstrum Théâtre, et Premiers Actes y présenteront notamment leurs dernières créations en novembre. Quant au festival Les Vagamondes, dédié aux cultures du Sud, il ouvrira l'année 2017. La Scène nationalea fédéré la dernière saison 3883 abonnés et, au vu du succès de la soirée de présentation de saison au public –une salle quasi complète–, elle les retrouvera à l'automne. Programme complet www. lafilature. org ■

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18 juin 2016 - Edition Toutes éditions

« 2666 », le marathon théâtral de Julien Gosselin, part de Valenciennes Valenciennes. Une pièce de neuf heures et demie. Le petit monde du théâtre français est aux aguets à l'approche de la première, en un mélange exquis où la curiosité le dispute à l'excitation. La dernière audace de Julien Gosselin, 2666, passe au banc d'essai public ce samedi (et le suivant) au Phénix de Valenciennes, dont il est artiste associé. Avant de filer au festival d'Avignon, à compter du 8juillet. Le gamin d'Oye-Plage (29 ans), sorti en 2009 de l'École professionnelle supérieure d'art dramatique de Lille, avait laissé pantoise la critique avec

son adaptation réussie des Particules élémentaires de Michel Houellebecq, en 2013. Personne n'avait osé le faire avant lui, dans l'Hexagone. Ce succès foudroyant l'autorise aujourd'hui à transposer sur scène, avec sa troupe (Si vous pouviez lécher mon c ur) un « roman-monde » de 1 400 pages, uvre posthume du Chilien Roberto Bolaño. « Aujourd'hui, j'ai la chance de pouvoir fonctionner à l'envie sur ce spectacle-là. Ce texte, je le trouve magistral, je ne vais pas m'en priver. » Il en a fait une pièce hors normes (douze heures trente avec les

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entractes!) qui embarquera le spectateur dans un vrai marathon théâtral. SÉBASTIEN CHÉDOZEAU « 2666 », adaptation et mise en scène de Julien Gosselin : représentations aujourd'hui et le samedi 25, à 13 h, au Phénix de Valenciennes, boulevard Harpignies. Tarifs : 22, 17, 13 et 9 . Renseignements et réservations : www. lephenix. fr et 03 27 32 32 32. ■

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JOURNALISTE : C.S.C.

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11 juin 2016 - Edition Mulhouse et Thann

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LA FILATURELA SAISON 2016/2017 ÉVOLÉE

Mulhouse Faites vos choix C'est à une nouvelle saison foisonnante que La Filature, Scène nationale de Mulhouse, convie le public : soixante propositions très diverses, en théâtre, musique et danse mais aussi cirque et jeune public. C.S.C. Monica Guillouet-Gélys et son équipe ont levé hier le voile sur la programmation 2016/2017 de la Scène nationale. La Filature est l'une des 71 salles labellisées "Scène nationale" en France, avec les objectifs suivants : "Les Scènes nationales organisent la circulation des œuvres du spectacle vivant et sont des interlocuteurs essentiels dans le système de production. Élevées au rang de référence nationale pour leur projet artistique, elles bénéficient d'un rayonnement sur le plan local, national, voire international. Elles servent un même projet social et démocratique en multipliant les initiatives d'action culturelle pour sensibiliser le plus grand nombre aux œuvres de la création contemporaine".

Benjamin Biolay, entre Palermo et Hollywood. Photo Mathias Augustyniak

De Marianne Faithfull à Michel Portal

Gare à Sophia Aram!Photo Benoit Cambillard

La Scène nationale mobilise 44 salariés permanents et partage, au sein du bâtiment réalisé en 1993 par Claude Vasconi, sa programmation avec celles de l'Opéra national du Rhin et de l'Orchestre symphonique de Mulhouse, qui y est également logé, de même que la Médiathèque.

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A voir en famille, Machine de cirque. Photo Loup William Theberge

C'est avec les mots de Victor Hugo que la directrice de la Scène nationale ouvre le programme, toujours coloré, de la saison. Hugo en 1871, année terrible de la Commune, avec laquelle Monica Guillouet-Gélys fait un parallèle : "Nous venons, nous aussi, de vivre notre année terrible, frappés en plein cœur par ceux qui ont perdu ''la lumière'' ". Et d'enchaîner avec le

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JOURNALISTE : C.S.C.

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11 juin 2016 - Edition Mulhouse et Thann

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rappel du spectacle de Joël Pommerat qui fit événement, accueilli il y a à peine quelques semaines : incontestable réussite artistique mais aussi citoyenne, récompensée par trois Molières, que les Mulhousiens ont eu la chance de voir. Mais que leur réserve la nouvelle saison? Beaucoup de théâtre (24 pièces), pas mal de danse (12 chorégraphies) et de musique (11 concerts dont quatre de jazz), du cirque et des spectacles jeune public ainsi que 5 expositions. La bataille pour les places sera ouverte dès mardi prochain aux abonnés (ils furent 3883 la saison passée). Parions que les dix spectacles suivants s'arracheront : Sophia Aram (l'humoriste caustique de France Inter sera sur scène le 28 septembre), Marianne Faithfull ("50 years anniversary tour", mercredi 12 octobre), Chucho Valdès (mardi 18 octobre), "Des mourants", de Sophocle, par Wajdi Mouawad (adaptation et jeu, 24 et 25 novembre), Benjamin Biolay le 24 janvier 2017, Pippo Delbono en février, le "Retour à Berratham" de Preljocaj le 1er mars, Michel Portal invité par Émile Parisien le 5 avril, Julien Gosselin et son "2666" (créé au festival d'Avignon cet été : 12 heures!, avec quatre entractes) et Carla Bley en trio le 23 mai. Soirée de présentation au public de la saison, mardi 14 juin à 19h en entrée libre. Ouverture des abonnements (dès 3 spectacles) samedi 18 juin à 11h et des locations (billets à l'unité) mardi 6 septembre à 13h30. www. lafilature. org ■

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10 juin 2016 - N°8782

2666

DE ROBERTO BOLANO

À VALENCIENNES

AVANT

LE FESTIVAL

D'AVIGNON

Voyage au boutde la nuit Après sa renversante adaptation théâtrale des Particules élémentaires, Julien Gosselin s'attaque à 2666, roman-monde de Roberto Bolano, auteur chilien disparu en 2003. Une œuvre monumentale brassant genres, époques, villes et personnages dans un maelstrôm de sensations multiples. Une aventureuse traversée au long cours -12 heures de spectacle ! - à découvrir les 18 et 25 juin au Phénix, coproducteur

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est

dramatique

invité

à

et poé-

textuel.

réunissant

nouveaux à

esthétiques.

a donc

débordant

tique

équipe

obsessions

en scène

musiciens,

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émotion-

aiguisé

s'attache

en cinq

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mille

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magique

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de

entremêlant

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Accompagné

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tisse

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de l'Europe

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Avec

contemporain, -

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policier

Enfin,

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1993.

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après

Seconde

vocation

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les

embrassent

époques

teur

audacieux,

-

Représentations la

mais

parfois suspense

y infusant

levard

les 18 et 25 juin à 13h au Phénix, bou-

Harpignies

réservations

à Valenciennes.

Puis les 8, 10, 12, et

ses

d'Avignon.

Renseignements

et

au 03 27 32 32 32 ou sur www.lephenix.fr 14 et 16 juillet

Renseignements

à 14h au festival

et réservations

au 04 90 14

14 14 ou sur www.festival-avignon.com

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6 juin 2016 - Edition Fil Gen

Théâtre: Stanislas Nordey annonce dix créations au TNS la saison prochaine Strasbourg, 6 juin 2016 (AFP) Le Théâtre national de Strasbourg (TNS), seul théâtre national hors de Paris, proposera pour sa saison 2016-17 pas moins de dix créations sur 17 spectacles, dont l'une, "Le radeau de la Méduse" sera présentée dès juillet au festival d'Avignon, a dévoilé lundi son directeur Stanislas Nordey. Mis en scène par Thomas Jolly et interprété par les élèves de l'école du TNS, ce "radeau", écrit en 1940-43 par le dramaturge allemand Georg Kaiser, dépeint la cruauté d'enfants confrontés à un naufrage. Il sera d'abord joué en Avignon en juillet 2016, puis en juin 2017 à Strasbourg et enfin à l'Odéon à Paris. Outre Kaiser, le TNS fera la part belle au théâtre de langue allemande: dès septembre avec "Iphigénie en Tauride", où Goethe insufflera l'esprit des Lumières sur la tragédie grecque (la pièce partira ensuite, notamment, à Lille, Marseille, Genève et au Théâtre de la Ville à Paris). En novembre, avec "Le temps et la chambre" de Botho Strauss, mis en scène par Alain Françon (ensuite à Villeurbanne, la Colline à Paris, Grenoble, Lille et Dijon, notamment). En avril, avec "Le froid augmente avec la clarté", de Thomas Bernhard, mis en scène par Claude Duparfait (ensuite à la Colline, à Paris, en mai-juin). Enfin en mai, avec "Médée-Matériau", de l'Allemand de l'ex-RDA Heiner Müller, sous la direction du grand metteur en scène russe Anatoli Vassiliev (le spectacle sera monté aux Bouffes du Nord à Paris en mai-juin 2017). Stanislas Nordey, qui depuis son arrivée à la tête de la scène strasbourgeoise a toujours dit vouloir défendre "un théâtre de création" plutôt que de "patrimoine", mettra lui-même en scène "Erich von Stroheim", de Christophe Pellet, une pièce écrite en 2006 autour d'un trio amoureux, avec Emmanuelle Béart dans le rôle féminin (ensuite à Rennes, Marseille, au Rond-Point à Paris, puis à Grenoble). Parmi les autres créations, "Neige", mis en scène en février par Blandine Savetier, est adapté du roman homonyme du Prix Nobel turc Orhan Pamuk (ensuite à Dunkerque, Ivry, Marseille et Toulon). Le TNS est également coproducteur de la fresque théâtrale "2666", adaptée par Julien Gosselin d'après un roman du Chilien Roberto Bolaño. Ce spectacle de 12 heures, qui sera l'un des événements à Avignon cet été, sera également montré à Paris (l'Odéon), Toulouse et Grenoble, avant Strasbourg en mars. ab/yo/mm Afp le 06 juin 16 à 16 38.

TX-PAR-TRF07

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PAYS : France

DIFFUSION : (8000)

PAGE(S) : 6,7

JOURNALISTE : Simon Gosselin

SURFACE : 167 %

1 juin 2016 - N°81

PERIODICITE : Trimestriel

P.134

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PAYS : France

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JOURNALISTE : Simon Gosselin

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1 juin 2016 - N°81

PERIODICITE : Trimestriel

2666

Compagnie

Si vous

Lécher Mise en scène

A

mon

pouviez

coeur

de Julien

GosseLin

bien y regarder, l'adaptation la scène du roman-fleuve

pour 2666,

majeure et posthume, de l'auteur chilien Roberto Bolaho œuvre

sera l'un des grands temps forts de la 70 e édition du Festival d'Avignon. Véritable plongée dans un univers baroque, fourmillant de personnages

étonnants,

se jouant

de l'espace et du temps, 2666 offre un défi à tout metteur en scène ou réalisateur. Après Les particules

élémentaires,

revient à Avignon une «expérience

Julien Gosselin avec ce qui promet d'être

totale» de théâtre.

PHOTOGRAPHE SIMON GOSSELIN

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PAYS : France

DIFFUSION : 238564

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28 mai 2016 - Edition Valenciennes

Par le rideau entrouvert, un petit bout de « 2666 » PAR SÉBASTIEN CHÉDOZEAU valenciennes@lavoixdunord. fr VALENCIENNES. Imaginez un chef étoilé qui ouvrirait sa cuisine à quelques clients. Il y a un peu de ça dans la démarche de Julien Gosselin, metteur en scène de 29 ans que la critique avait porté au pinacle, en 2013, pour son adaptation des Particules élémentaires, de Michel Houellebecq. Artiste associé au Phénix, le meneur de troupe (Si vous pouviez lécher mon cur) revient à Avignon, en juillet, avec un projet à sa démesure : une adaptation d'un roman « monstrueux », le 2666 de Roberto Bolaño, qu'il fait tenir, sur scène, en une pièce d'un peu plus de douze heures... À trois semaines et demie de la première (le 18 juin), il a levé un (tout) petit coin du voile pour une poignée de spectateurs privilégiés, ceux que le Phénix appelle affectueusement ses complices. Ce n'est pas la première fois, ni la dernière, que Julien Gosselin accepte ainsi d'ouvrir les coulisses. « La plupart du temps, on est enfermés, rien qu'entre nous, les comédiens l'équipe technique. » Ces regards extérieurs, c'est comme « un appel d'air », « la manière dont le public réagit, ça permet de sentir des choses ». Ouvert à la discussion mais seul maître à bord, au bout du compte. « Si je laisse de la liberté aux acteurs? Pas mal, au début en tout cas. Quand on approche de la première, un peu moins. » ■

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PAYS : France

DIFFUSION : 460797

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JOURNALISTE : Jacques Nerson

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26 mai 2016 - N°2690

PERIODICITE : Hebdomadaire

AVANT-PREMIÈRE

Gosselin sur le pont d’Avignon Bien que natif du Pas-de-Calais, Julien Gosselin se dit enfant d’Avignon. Révélé en 2013 par son éblouissante adaptation des « Particules élémentaires », de Michel Houellebecq, il remercie les précédents directeurs du festival de l’avoir accueilli alors qu’il était, comme ses camarades de l’Ecole du Nord, tout à fait inconnu. Il revient à Avignon, dans le in, avec un spectacle de douze heures tiré du romanfl euve du Chilien Roberto Bolaño, « 2666 » ( La FabricA, du 8 au 16 juillet ). « Cequi semble a priori impossible à représenter m’attire, ditil. J’ai tendance à rechercher les textes ambitieux. » Comme « les Particules élémentaires », « 2666 » est d’inspiration apocalyptique. Seraitil pessimiste? « Faut croire. Je n’envisage pasde spectaclessans rapport avec la mort et une vision brutale de la société. »Pas triste, le rire de ce prophète de malheur! JACQUES NERSON

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PAYS : France

DIFFUSION : 460797

PAGE(S) : 89

JOURNALISTE : Jacques Nerson

SURFACE : 75 %

26 mai 2016 - N°2690

PERIODICITE : Hebdomadaire

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25 mai 2016 - N°41 - Edition Hors Série

NDEZ-VOU

POUR UNE BALADE EN NÉGO-CHIN PORT-SAINT-LOUIS

( BOUCHES-DU-RHÔNE)

Autrefois utilisé pour la pêche ou la chasse dans les marais, le négochin (traduction noie-chien) est une embarcationà fond plat , rustique, légère, maniable, typiquement provençale. Aujourd hui , depuis la plage Napoléonà Port-Saint-Louis, letouriste embarque à bord pour découvrir le mondedes theys, où bandesde sableet lagunesforment un mouvant, sauvage, d une grande beauté. Sorties le r dimanche univers '

'

du mois , les 5 juin , 3 juillet et 7 août à partir de 9

30 . Adultes 4Euro.

+ d Infos www.portsaintlouis-tourisme.fr '

OVIE PARTY

POUR UNE RHÔNE

ARLES (BOUCHES-DU-RHÔNE) Le spectacle, Les Voyageursnocturnes fonctionne très bien mêmeavec les enfants , affirme Marianne Salmon, comédienne dans cette création de la compagnieTroisième Rêve. Montage-collage "

de textes sur la Camargueet les marécages, poétique

musique live, vidéo. . . Onse laisse entraîner dans un curieux trip . Le spectacle fait partie d uneRhône '

movie party le 2 juillet au musée départemental Arles antique. Entrée libre. : www .aries-antigue.cg13.fr

ET AUSSI

Rendez-vousen. .. enfer avec Legion Run qui organise (Isère), l un de ces parcours d obstacles infernal (5 km), où boue, glace, feu voustendent des traquenards. On y participe tout âge, même à 87 ans, se vante-t-on dans l organisation. est pour le 23 juillet . Attention, le prix de l inscriptiongrimpe au fil des jours ! + d Mfos : http : leglonrun.com '

'

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»

Revivezla Guerre des Gaules en mode ludique lors des Journées gallo-romaines au musée de Saint-Romain-en-Gal (Rhône). César contre Vercingétorix, quelle affiche Et mille lieuesdes clichés" de la littérature, de la bande dessinée ou des peplums auxquels le cinéma nousa habitués. Les samedi 4 et dimanche 5 juin. Adultes 10 une journée), 15 les 2 jours). Gratuit -18 ans. + d Infos : www .musees-gallo-romains.com "

'

Ne laissez pas passer Caravan' Jazz sans vous y rendre Du 30 juin au 7 juillet, Jazzà Viennebat la campagne, entre Chonas-l Amballan '

(Isère) et Saint-Romain-en-Gal (Rhône) en passant par Seyssuel (Isère). Entrée libre. + d Infus http ://jazzavienne.com '

Embarquez-vousdans un marathon.. . théâtral de 12 heures au FestivaldAvignon (Vaucluse). Jeune metteur en scènesans tabou diton , Julien Gosselin empare du roman-fleuve 2666 (1100 pages en '

s'

cinqtomes dans l édition espagnole)de l auteurchilien RobertoBalane. Le livre est inspiré, en partie , d un fait divers" la mort violente, et non élucidée, de plus de 370 jeunes femmes dans la seule ville de CiudadJuarez(Mexique). Du 8 au 16 juillet à La FabricA. + d Infos : www .festival-avignon.com '

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Pour ses 900 ans , l abbatiale de La construction de cette vaste que Notre-Dame-de-Paris le tombeau de Elle va abriter

Saint-Gilles

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foules

. Ne ratez

est en vedette.

église ( 96 m de long autant en effet en 1116. démarré saint Gilles , qui attire les

les Bâtisseurs du Moyen pas , où cette reconstitution d un chantier médiéval , vous pendant d un jour ou les copistes de pourrez jouer les manoeuvriers service ! Les jeudi 21 et vendredi 22 juillet . Entrée libre. "

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'

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+ d Infos : http : tourisme.saint-gMesir '

'

Offrez-vous un petit déjeuner naturaliste au Mas-Thibert (Gard). Rendez-vous 8h pour ce petit dé]' dans un cabanon au coeur de la Réserve Naturelle des Marais du Vigueirat. Un repas Made in avant de partir en vadrouilleavec un guide pour mater hérons Camargue ouspatules. Adultes : 17 enfants( 6-17 ans) : 8,50 gratuit -6 ans. Durée : 3 30. Les mercredi, vendredi et dimanchede juin + d Infos www .marais-vigueirat.reserves-naturelles.org

août.

'

VR Magazine

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Date : Mai-Juin 2016

THEATRAL MAGAZINE

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Date : Mai-Juin 2016

THEATRAL MAGAZINE

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Date : 08 FEV 16 Journaliste : F.B

Périodicité : Quotidien OJD : 124580

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pectacles en Vauchis FESTIVAL D'AVIGNON

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Après Houel lebocq, l'autre defi de Gosselin

Julien Gosselin, 28 ans, metteur en scène de "2066", un spectacle de dix heures créé cet été à Avignon. /PHOTO JERÔME REY

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Date : 08 FEV 16 Journaliste : F.B

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fl devrait être le benjamin du 70e Festival

U

ne fois dè plus, il devrait être, a 28 ans, l'un des benjamins du Festival d'Avignon, dont on attend la 70e edition du 6 au 24 juillet Lui c'est Julien Gosselin, phénoménal metteur en scene qui, en un Théâtre-rock essentiel, s'était frotte en 2013 aux 'Particules élémentaires' de Houellebecq, déjà au Festival In Avec a la clef, un succes critique et public (150 représentations au total, en France et a l'étranger) Lom de se reposer sur ses lauriers, il monte cet ete "2666" de Roberto Bolano (1953-2003), un auteur chilien certes moins identifie en France maîs pas moins incendiaire A Avignon-sur-scene, de Vincent Macaigne a Thomas Jolly et Gossehn, le theâtre français en ebulhtion nous explose chaque ete au visage Et on en redemande '

I ATTENDU AU TOURNANT Suite au plebiscite de 2013, il serait légitime de redouter le snobisme des critiques, qui aiguisent leurs lames avant I heure "Honnêtement, ça ne rn 'empêche pas de dormir pour l'instant En juin, je serai peut-être un peu plus tendu "

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HO HEURES DE THÉÂTRE Apres Les Paiticules', qui duraient 4 heures, je voulais quelque chose de plus pose Cest rate ' "2066" (am sera cree a la FabncA) durer a 10 heur es" 2066 de Roberto Bolano, est une œuvre-monde de 1000 pages en 5 parties, évoquant notamment le viol et l'assassinat de jeunes ouvrières a Santa Terasa (Mexique) S il cite le film d'Inantu ' Babel" pour le côté grand-tout-dans-le-morcellenent-qui-resonne, Julien Gossehn parle surtout de la

prose de Bolano Une opposition entre la violence du reel et la pure pensée, la poesie délirante C est un auteur mort il y a 13 ans maîs qui par le du monde d aujourd hui "

I UN COLLECTIF Quand on le titille pour savoir si "Si vous pouviez lécher mon cœur' est une confrérie, il rit et retorque 'c'est un collectif avec des comédiens, des techniciens, qui n est pas ferme Maîs e est une compagnie tres soudee, pas une confrérie ni un kibboutz1 Pour ce projet, je voulais reinjecter de l'énergie dans la troupe "

I PLUS ÉLECTRO QUE ROCK ' 2066 ' sera moins rock que Les particulmes élémentaires " et peut-être plus electr o A I epoque, en préparant le spectacle, j écoutais beaucoup le post-rock de Mogwai, la, j ecoute Nds Frahm (piano et musique electronique) La musique sera encore une fois "live", au centre d'une tension Et surtout pas decorative "

I FESTIVAL D'AVIGNON "J'y viens en tant que spectateur depuis 7 ou 8 ans C'est a Avignon, en juillet, que j'ai decouver tRomeo Castellucci, avec "Inferno", c'est a Avignon aussi que j'ai vu "Das System" de StanislasNordey, qui rn 'avait r etour ne Ce que] aime pendant le Festival, quand je suis spectateur, c'est boire un coup avant dalter voir le spectacle, voir la piece, et boire des coups en m'enguelant avec mes amis apres, au sujet de ce qu'on vient de voir ' F.B. Prochaine rencontre du Festival d'Avignon le mardi 23 fevrier a 19h30 a la FabncA avec Aurelien Bory autour de "Espèce d'espace"

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Date : 26 JAN 16 Périodicité : Quotidien OJD : 124580

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LE CHIFFRE

2666

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Ce soir, lejeune et brillant metteur en scène Julien Gosselin est à 19h30 à la FabricA pour présenter au public le spectacle adapté de "2666" de Roberto Bolaiïo, qu'il présentera en juillet prochain au Festival d'Avignon. Ce sera sa deuxième venue dans le Festival ln. Il y a trois, Julien Gosselin avait fait l'unanimité avec son adaptation des "Particules élémentaires" de Michel Houllebecq.

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Date : 26 JAN 16 Journaliste : Vincent Marin Périodicité : Quotidien OJD : 223785

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Avignon Le metteur en scène présente ce soir, à la FabricA cette création collective qui sera jouée lors du Festival

"2666": le nouveau défide Julien Gosselin Jeune et brillant metteur en scène, Julien Gosselin, est de nouveau invité par le Festival d'Avignon pour y présenter sa dernière création : "2666" d'après le roman du chilien Roberto Bolano. Nouvelle création collective et nouveau défi pour la compagnie "Si vous pouviez lécher mon cœur" qui après le succès de l'adaptation des "Particules élémentaires" (le roman de Michel Houellebecq) s'attaque à un autre "gros morceau" de la littérature contemporaine.

Julien Gosselin, quèlques mois nous séparent du Festival d'Avignon 2016 : où en êtes-vous de cette création d'envergure ? Tout juste à la mi-temps ! "2666" nécessite près de cinq mois de travail et nous en sommes juste à la moitié, nous étions encore en résidence la semaine dernière. Nous avons volontairement segmenté toute la phase de création pour palier à deux difficultés : celle de regrouper tout le monde et celle de conserver une énergie forte, puissante, fondamentalement nécessaire pour ce projet.

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Tout de même ! Un texte source de 1000 pages, un spectacle dont la durée serait de 7, 8 voire 9 heures, entre 15 et 20 comédiensC'est un projet un peu fou non ?

Julien Gosselin évoquera ce soir cette création d'envergure qui pourrait s'étendre sur 7, 8 voire 9 heures. Un projet un peu fou ! Mais « Avignon est fait pour ça » estime le metteur en scène.Photo Simon Gosselin

Avignon est fait pour ça ! C'est toute la magie de ce festival et surtout sa fonction. Disons qu'après avoir monté "Les particules élémentaires", revenir ici ne pouvait se faire sans un autre défi, une autre création d'envergure. Et puis, pour revenir à cet imposant texte, je ne peux pas m'empêcher de m'attaquer à des écrivains ambitieux.Une œuvre ne peut se résumer à une simple question de style, il faut de la grandeur, de l'ampleur, de l'élévation !

Pas moins de 1000 pages pour un spectacle non moins fleuve, "2666" pourrait être la démonstration de la maîtrise de Julien Gosselin à étirer le temps alors même qu'il sort tout droit d'une génération dévolue à la vitesse. Rencontre sur un quai de gare dans l'attente, d'ailleurs, de son TGV.

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Date : 26 JAN 16 Journaliste : Vincent Marin Périodicité : Quotidien OJD : 223785

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"2666", c'est un roman structure autour de 5 parties à proposer à Hubert Colas d'assurer la scénographie. C'est pour un voyage de l'Europe d'après-guerre au Mexique du théâtre contemporain pour un texte contemporain, c'est contemporain. Comment mettre en scène une telle œuvre ? le cœur de mon travail.

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J'ai conserve la colonne du roman et ses cinq parties. Festival d'Avignon, rencontre avec le public et Julien Roberto Bolano réussit la prouesse littéraire d'opérer Gosselin. Aujourd'hui à 19h30 à la FabricA, ll rue Paul des croisements entre ces différentes parties et parfois Achard, 84000 Avignon. Entrée libre.Tel : 0490276650 même des croisements qui n'aboutissent pasC'est une écriture d'une immense subtilité qui m'a d'ailleurs conduit Propos recueiUispar Vincent MARIN

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Date : 09 JAN 16 Journaliste : V.A. Pays : France Périodicité : Quotidien OJD : 223785

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Retour de la Comédie-Française Olivier Py, directeur du Festival d'Avignon depuis septembre 2013, dévoilera sa programmation le 24 mars à Avignon et le 25 à Paris. En attendant de connaître le détail des œuvres présentées, on sait d'ores et déjà que la Comédie-Française ouvrira cette /(lédition dans la Cour d'honneur du Palais des Papes.

déchaînés après la prise du pouvoir par les nazis en 1933 et qui tourne la perversion à son paroxysme. Parmi les artistes invités, le jeune prodige lillois Julien Gosselin, 28 ans.C'est lui qui avait créé la surprise en 2013 en relevant le défi de mettre en scène le roman de Michel Houellebecq "Les particules élémentaires".!! mettra à nouveau la barre haute en adaptant sur scène le roman de 1000 pages du Chilien Roberto Bolanoun spectacle de huit heures !

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VA.

Eric Ruf, administrateur général Française.LEDL/VA.

de

la

Comédie-

La maison de Molière signera ainsi son retour après 23 ans d'absence, avec "Les damnés", adaptés par le grand metteur en scène belge Ivo Van Hove, d'après le film de 1969 de LuchinoViscontiChronique d'une famille d'industriels allemands, traumatisée par les appétits

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Date : 01 JAN 16 Pays : France Périodicité : Quotidien OJD : 130065

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AGENDA

Théâtre, cinéma, musique, expositions, littérature...

Les dix événements de 2016 L

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Voici une sélection de ce qu'il ne faudra pas rater en France dans les mois à venir. e retour de Jacquouille, Paul Klee au centre Pompidou, Les Damnés à Avignon ou encore le dernier film de Leonardo di Caprio, déjà annonce comme la promesse d'un oscar pour l'acteur... L'année 2016 en quèlques points d'actualité culturelle marquants. O Les damnés. La Comédie-Française ouvrira le 70e Festival d'Avignon après 23 ans d'absence avec Les Damnés adaptés par le grand metteur en scène belge Ivo van Hove d'après le film de Visconti de 1969. Pour le patron de la troupe Eric Ruf, «celle histoire de haine familiale et de collusion entre la politique et le grand capital» sur fond de montée du fascisme en Allemagne a inspire à Visconti «un grand film shakespearien» et «unematière théâtrale magnifique». Q Fleuve. Le jeune prodige lillois Julien Gosselin, 28 ans, qui avait relevé le défi d'adapter au théâtre les Particules élémentaires de Michel Houellebecq en 2013, s'attaque à un monstre : 2666. un roman en cinq parties et 1000 pages du Chilien Roberto Bolano publié à titre posthume en 2004 pour l'édition originale. Huit heures de spectacle à découvrir les 18 et 19 juin à Valenciennes, avant le Festival d'Avignon. Q Coupole. Après son élection à l'Académie Française, l'essayiste Alain FïnMelkraut sera reçu sous la Coupole le 28 janvier. Fils d'immigrés juifs polonais, le philosophe (66 ans) s'est fait le chantre de l'identité française menacée aujourd'hui, selon lui, par une immigration mal maîtrisée et un déclin des valeurs traditionnelles de la République, notamment à l'école. Ses prises de position, parfois jugées réactionnaires, lui ont valu des critiques. Lors de son élection à l'Académie, huit bulletins avaient été barrés d'une croix en signe de désaveu.

I "Leo" di Caprio joue dans le très attendu "The Revenant", en salles le 24 février. AFP

O Pléiade. L'écrivain péruvien Mario Vargas Llosa, 79 ans, aura le rare privilège d'entrer de son vivant dans la prestigieuse collection de La Pléiade. Seuls 16 écrivains avant lui ont connu cette consécration. Les œuvres romanesques de l'auteur de La tante Julia et le scribouillard sortiront en deux volumes le 24 mars. Au total, ce sont huit romans, publiés entre 1963 et 2006 et choisis par l'auteur, qui seront publiés dans la collection. © Concert. Les patrons du Bataclan où sont mortes 90 personnes le 13 novembre espèrent rouvrir fin 2016. Une date encore hypothétique tant cette réouverture sera chargée d'émotion sans compter un gros enjeu de sécurité pour un lieu devenu emblématique. Les Eayles of Death Mêlai avaient annonce fin novembre qu'ils souhaitaient être le premier groupe à rejouer dans la salle. En attendant, Us

ont programme leur retour le 16 février, à l'Olympia, afin de "finir" le concert tragiquement interrompu trois mois plus tôt. Ils se produiront également le 2 mars à la Paloma de Nîmes, l'une des trois seules dates prévues en France. O Louise Attaque. Louise Attaque, groupe phare de la scène rock française de la fm des années 1990, doit mettre fin à une pause de dix ans avec un nouvel album, prévu le 12 février. L'ex-quatuor est de retour en trio toujours mené par le chanteur et guitariste Gaétan Roussel. Un événement dans le petit monde du rock français, le premier album du groupe (sorti en 1997) restant «l'album rock le plus vendu en France» avec 3 millions d'exemplaires écoulés, rappelle Barclay. Q Jacquouille. Le troisième volet des Visiteurs, la saga à succès réalisée par Jean-Marie Poiré, sortira le 6 avril.

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Dans Les Visiteurs - La Révolution, Godefroy de Montmirail (Jean Reno) et son fidèle valet Jacquouille (Christian Clavier) se retrouvent en plein cœur de la Révolution française, pendant la Terreur. Pour ce nouveau volet. Sylvie Testud, Franck Dubosc, Karin Viard ou Alex Lutz rejoignent les acteurs historiques de la saga. @ Di Caprio. The Revenant, réalisé par l'Oscarisé Alejandro Gonzalez Inarritu (Blrdmaii), avec un Leonardo di Caprio au meilleur de sa forme, est l'un des films très attendus du début 2016. Sorti le 25 décembre aux États-Unis, ce western au budget colossal (135 millions de dollars), qui a déjà décroché quatre nominations pour les prochains Golden Globes, arrive en France le 24 février. Il raconte les aventures d'un trappeur grièvement blessé et laissé pour mort qui tente de survivre, porté par un désir de vengeance. Q Paul Klee. 250 oeuvres de Paul Klee pour la plus grande rétrospective de cet artiste en France depuis 1969 : le Centre Pompidou a largement puisé dans les 4000 pièces du Zentrum Paul Klee à Berne (Suisse), la plus importante collection de ce créateur majeur du XXe siècle. Intitulée L'ironie à l'œuvre, l'exposition proposera une traversée de la production du peintre, du mouvement Dada à la Seconde Guerre mondiale (du 6 avril au I" août). dj» Monumenta. Il a installe un sqneIci 11' de serpent de mer de 120 rn de long dans l'estuaire de la Loire et une énorme pieuvre à Lille 3000: Huang Yong Ping va investir le Grand Palais dans le cadre de Monumenta à Paris. Né en 1954 et installe en France, cet artiste chinois adepte de la démesure préparerait une installation-parabole sur le monde économique actuel (à voir du 8 mai au 28 juin).

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Date : 01 JAN 16

Pays : France Périodicité : Quotidien Paris

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Divertissement / Cinéma - 201//0 09:3 Dix événements culturels à ne pas rater en 2016 (AFP) - Le retour de Jacquouille, Finkielkraut sous la Coupole, Paul Klee au centre Pompidou. "Les Damnés" à Avignon: les événements culturels de 2016 à ne pas rater. DAMNÉS La Comédie-Française ouvrira le 70e Festival d'Avignon après 23 ans d'absence avec "Les Damnés" adaptés par le grand metteur en scène belge Ivo van Hove d'après le film de Visconti de 1969. Pour le patron de la troupe Eric Ruf, "cette histoire de haine familiale et de collusion entre la politique et le grand capital" sur fond de montée du fascisme en Allemagne a inspire à Visconti "un grand film shakespearien" et "une matière théâtrale magnifique". FLEUVE Le jeune prodige lillois Julien Gosselin, 28 ans, qui avait relevé le défi d'adapter au théâtre les "Particules élémentaires" de Michel Houellebecq en 2013, s'attaque à un monstre: "2666", un roman en cinq parties et 1.000 pages du Chilien Roberto Bolano publié à titre posthume en 2004 pour l'édition originale. Huit heures de spectacle à découvrir les IS et 19 juin à Valenciennes, avant le Festival d'Avignon. COUPOLE II aura fallu plus de 21 mois après son élection à l'Académie française pour que l'essayiste Alain Finkielkraut soit reçu sous la Coupole. Ce sera chose faite le 28 janvier. Fils d'immigrés juifs polonais, le philosophe (66 ans), s'est fait le chante de l'identité française menacée aujourd'hui, selon lui, par une immigration mal maîtrisée et un déclin des valeurs traditionnelles de la République, notamment à l'école. Ses prises de position, parfois jugées "réactionnaires", lui ont valu des critiques. Lors de son élection à l'Académie, huit bulletins avaient été barrés d'une croix en signe de désaveu. PLÉIADE L'écrivain pénivien Mario Vargas Llosa, 79 ans, aura le rare privilège d'entrer de son vivant dans la prestigieuse collection de La Pléiade. Seuls 16 écrivains avant lui ont connu cette consécration. Les oeuvres romanesques de l'auteur de "La tante Julia et le scribouillard" sortiront en deux volumes le 24 mars. Au total, ce sont huit romans, publiés entre 1963 et 2006 et choisis par l'auteur, qui seront publiés dans la collection. Tous les romans bénéficieront d'une traduction révisée. ÉMOTION A quand un nouveau concert au Bataclan? Les patrons de la salle parisienne où sont mortes 90 personnes le 13 novembre espèrent rouvrir fin 2016. Une date encore hypothétique tant cette réouverture sera chargée d'émotion sans compter un gros enjeu de sécurité pour un lieu devenu emblématique. Les Eagles of Death Metal avaient annonce fin novembre qu'ils souhaitaient être le premier groupe à rejouer dans la salle. En attendant, ils ont programme leur retour le 16 février, à l'Olympia, afin de "finir" le concert tragiquement interrompu trois mois plus tôt. Les personnes présentes au Bataclan qui souhaiteraient assister à ce concert seront invitées, ont annonce les producteurs. Tous droits réservés à l'éditeur

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Date : 01 JAN 16

Pays : France Périodicité : Quotidien Paris

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LOUISE ATTAQUE Louise Attaque, groupe phare de la scène rock française de la fin des années 90, doit mettre fin à une longvic pause de dix ans avec un nouvel album, attendu le 12 février. L'ex-quatuor est de retour en trio avec son chanteur et guitariste Gaëtan Roussel, son bassiste Robin Feix et son violoniste Arnaud Samuel. Un événement dans le petit monde du rock français, le premier album du groupe (sorti en 1997) restant "l'album rock le plus vendu en France" avec 3 millions d'exemplaires écoulés, rappelle Barclay. Dans la foulée du disque, les "Louise" seront l'une des attractions des festivals avec des passages au Printemps de Bourges, aux Francofolies de la Rochelle ou aux Vieilles Charmes. JACQUOUILLE Le troisième volet des "Visiteurs", la saga à succès réalisée par Jean-Marie Poiré, sortira le 6 avril. Dans "Les Visiteurs - La Révolution", Godefroy de Montmirail (Jean Reno) et son fidèle valet Jacquouille (Christian Clavier) se retrouvent en plein coeur de la Révolution française, pendant la Terreur. Pour ce nouveau volet, Sylvie Testud, Franck Dubosc, Karin Viard ou Alex Lutz rejoignent les acteurs historiques de la saga. DI CAPRIO "The Revenant", réalisé par l'Oscarisé Alejandro Gonzalez Inarritu ("Birdman"), avec un Leonardo DiCaprio au meilleur de sa forme, est l'un des films très attendus du début 2016. Sorti le 25 décembre aux Etats-Unis, ce western au budget colossal (135 millions de dollars), qui a déjà décroché quatre nominations pour les prochains Golden Globes, arrive en France le 24 février. Il raconte les aventures d'un trappeur grièvement blessé et laissé pour mort qui tente de survivre, porté par un désir de vengeance. PAUL KLEE 250 oeuvres de Paul Klee pour la plus grande rétrospective de cet artiste en France depuis 1969 : le Centre Pompidou a largement puisé dans les 4.000 pièces du Zentrum Paul Klee à Berne (Suisse), la plus importante collection de ce grand créateur du XXe siècle. Intitulée "L'ironie à l'oeuvre", l'exposition proposera une traversée de la production du peintre, du mouvement Dada à la 2e guerre mondiale, mais veut aussi "poser un nouveau regard" en la reliant au romantisme allemand (du 6 avril au ler août). MONUMENTA II a installe un squelette de serpent de mer de 120 rn de long dans l'estuaire de la Loire et une énorme pieuvre à Lille 3000 : Huang Yong Ping va investir le Grand Palais dans le cadre de Monumenta. Né en 1954 et installe en France, cet artiste chinois adepte de la démesure préparerait une installation-parabole sur le monde économique actuel (8 mai - 28 juin). Tous droits réservés à l'éditeur

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PRESSE WEB


RUE DU THEATRE.FR

22 juin 2016

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2666 Kaléidoscope d’un monde chaotique Par Michel VOITURIER

Roman foisonnant (d’ailleurs inachevé), « 2666 » de Bolaño comporte cinq autres romans qui se croisent, se télescopent, se répondent aussi bien en échos qu’en complémentarité. Gosselin a tenté de conserver l’essentiel des plus de mille pages qui le composent. Il s’en sort mieux que bien.

Après l’essai réussi de mettre sur scène « Les particules élémentaires » de Houellebecq, Julien Gosselin s’est mis à réaliser un autre défi. Celui de porter à la scène les derniers écrits de Roberto Bolaño. Son roman étant inégal, l’adaptation l’est aussi mais parvient à brasser les éléments d’histoires qui voyagent à travers l’espace, le temps, les genres littéraires sans souci d’unité ou de cohérence. Réussite qui conditionne le reste : le dispositif scénique composé de cages de verre, amovibles, assemblables et modulables. Grâce à elles, les changements de lieux s’effectuent avec la fluidité de fondus enchaînés. L’utilisation de tulles permet des effets de flou, de brumes, d’écrans, de passages entre la transparence et la translucidité. Un compartimentage subtil offre des gros plans isolés, des couloirs reliant présent et passé autant que réalité vécue et fantasmes délirants, le tout souligné par un incessant travail sur l’éclairage. Il y a là des rappels récursifs du langage cinématographique. Gosselin use d’ailleurs de caméras filmant les protagonistes en direct, projetant dans l’espace des séquences réalistes ou allusives, crues ou mystérieuses, sollicitant le regard aussi bien que l’imaginaire, le trivial que le poétique. Le foisonnement du roman s’en trouve restitué, transposé, imposé. Le spectateur sera donc emporté, happé, accompagné dans un univers qui brasse le délicat et le sordide, la sensualité à fleur de peau et la froideur cynique, la tendresse et la brutalité, l’enquête policière et le conte féérique, la tragédie et la comédie.

Brassage s de mots, d'actions, d'image s Le reste est à l’avenant. On y parle plusieurs langues dans la mesure où la version française alterne avec des séquences surtitrées. On y vit dans l’insouciante opulence d’intellectuels ou la violence quotidienne de la pauvreté du quart monde. On y effectue des incursions dans le fonctionnement du système néolibéral comme des plongées dans le délire intérieur d’imaginations débridées. À travers des intrigues pas toujours menées jusqu’à leur terme par Bolaño (mais n’en est-il pas ainsi dans la vie réelle ?), Gosselin nous parle de solitude, de quêtes d’identité, d’économie, de politique, de clivages sociaux et culturels. L’œuvre est au plus haut point shakespearienne.


RUE DU THEATRE.FR

22 juin 2016

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La troupe affronte avec brio les difficultés de textes baroques qui contraignent à explorer tous les registres d’interprétation. Sur la durée étirée de la représentation, on lui reprochera un débit vocal parfois trop précipité ; quelques moments agaçants de jeu vociférant longuement sans nuance une logorrhée hargneuse. Ce sont défauts mineurs par rapport à l’ensemble et qui tiennent en partie au roman lui-même dont le metteur en scène tient à conserver même ce qui est susceptible de crisper. C’est le cas de l’interminable litanie des femmes assassinées dont les dossiers judiciaires similaires s’énumèrent avec l’indifférence administrative des rapports d’autopsie, quelquefois proches de l’humour noir d’un Fénéon narrant en trois lignes des faits divers ordinaires. C’est aussi une lassitude, vers la fin, lorsque les zooms avant arrière systématiques d’une cage se succèdent, identiques, de manière purement répétitive, sans apporter vraiment de sens nouveau à la démarche. Mais ce ne sont que broutilles face à l’ensemble qui brasse des images du monde posant questions à propos de ce qui, dans nos existences, a une véritable importance ; de ce qui vaut la peine d’être vécu alors que l’incapacité individuelle s’avère impuissant pour engendrer équilibre et bonheur. Une sorte de pessimisme profond soutenu par des musiques jouées en direct et héritières des Klaus Schulze et Edgar Froese.


NORD PAS DE CALAIS PICARDIE.FR

1 juillet 2016

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2666, un marathon de théâtre made in Hautsde-France

Julien Gosselin séduira-t-il Avignon avec 2666?© Simon Gosselin

Du 8 au 16 juillet, Julien Gosselin présente 2666 au Festival d’Avignon. Adapté d’un roman de Roberto Bolaño, le spectacle créé au Phénix de Valenciennes dure 12 heures. En 2013, Julien Gosselin avait été la révélation du Festival d’Avignon avec son adaptation des Particules élémentaires de Michel Houellebecq. Originaire de Oye-Plage dans le Pas-de-Calais, le metteur en scène âgé alors de 26 ans s’est formé à Lille, à l’École Professionnelle Supérieure d’Art Dramatique (Epsad), comme la plupart des membres de son collectif Si vous pouviez lécher mon cœur.

12 heures de suspens et de rebondissements Cette année, Julien Gosselin est à nouveau programmé au Festival d’Avignon avec un spectacle créé au mois de juin au Phénix de Valenciennes, dont l’artiste est associé. Il s’agit de 2666, une adaptation fleuve d’un roman fleuve écrit par l’auteur chilien Roberto Bolaño peu avant sa mort, et publié à titre posthume en 2004. Le roman de plus de 1000 pages devait à l’origine être édité en cinq tomes. L’adaptation proposée par Julien Gosselin respecte ce découpage en cinq parties, entrecoupées de quatre entractes, pour un total de… 12 heures.


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1 juillet 2016

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Difficile de résumer 1000 pages et 12 heures de spectacle en quelques lignes ! Comme le suggère le titre de l’ouvrage, il est surtout question de la noirceur du monde et de la cruauté des hommes. Le fil conducteur de l’histoire est un mystérieux écrivain allemand, né en 1920, qui a vécu la guerre et le génocide juif et que l’on suit jusqu’à Santa Térésa, une ville du nord du Mexique où ont lieu d’atroces crimes contre de jeunes femmes. Avec beaucoup de suspens et de rebondissements, la pièce tient à la fois du polar, de l’histoire d’amour et du roman historique. Les variations d’ambiances et d’époques sont habilement orchestrées par l’usage de la vidéo et la présence de musiciens sur scène.

Ambiance de festival au Phénix Les 18 et le 25 juin, le public du Phénix de Valenciennes a pu découvrir en avant-première ce marathon théâtral programmé à Avignon. Pour l’occasion, le Phénix avait mis les petits plats dans les grands et bichonné les spectateurs : eau, café et fruits secs à volonté à chaque entracte, mini terrain de foot et tables de ping-pong pour se dégourdir les jambes, cours de yoga et massages pour détendre ses cervicales… À elle seule la pièce de Julien Gosselin avait un petit air de festival. À l’image de Nicolas, 30 ans, de nombreux habitués du Phénix étaient venus voir comment Julien Gosselin allait adapter le roman de Bolaño après avoir mis en scène celui de Houellebecq : “C’est quelqu’un qui maîtrise la mise en scène, ce qui m’intéresse c’est ce défi. Avec ma copine on s’était dit qu’on viendrait voir les trois premières parties, mais maintenant qu’on a vu le début, on a envie de rester jusqu’au bout.”

Première à Avignon le 8 juillet À l’inverse, Titi, 47 ans et Geneviève, 71 ans, habitant respectivement Preux-au-Bois et Grand-Fayt dans l’Avesnois découvraient le Phénix pour la première fois : “nous sommes venues avec notre association culturelle. C’est cette notion de temporalité qui nous intéresse. C’est une expérience à vivre collectivement. C’est une sorte de performance qu’on vit avec les acteurs.” Venu de Bordeaux pour la représentation, Robert Anutio, traducteur officiel de Roberto Bolaño était curieux de voir comment le metteur en scène allait adapter ce roman qu’il avait mis deux ans à traduire. Même si forcément, il regrettait que quelques personnages du roman aient disparu, au bout des 12 heures de spectacle il s’est déclaré tout simplement “impressionné” par le travail du collectif Si vous pouviez lécher mon cœur. Il reste maintenant à voir quel accueil la critique réservera à ce marathon. Réponse à Avignon dans la nuit du 8 au 9 juillet. http://www.nordpasdecalaispicardie.fr/2666-marathon-de-theatre-made-in-hauts-de-france/


8 juillet 2016

SCENEWEB.FR

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[itw] Julien Gosselin : « Je ne vais pas ménager le public ! »

Photo Simon Gosselin

C’est le gros morceau de l’édition 2016 du Festival d’Avignon: 12 heures de théâtre. Julien Gosselin révélé en 2013 à Avignon avec « Les particules élémentaires » d’après le roman de Michel Houellebecq adapte une autre œuvre littéraire: « 2666 » de Roberto Bolaño. Rencontre avec le metteur en scène avec ce marathon théâtral. Votre spectacle « 2666 » est le plus long de ce festival, cela fait partie des traditions du Festival de présenter des marathons…Et vous présentez une adaptation d’un roman de 1300 pages. Comme se lance-t-on dans une telle adaptation ? Après Les particules élémentaires au Festival d’Avignon en 2013, je ne savais pas vraiment quoi faire. Je voulais un spectacle plus réduit parce que l’expérience était fatigante. Mais deux choses ont joué dans la volonté de remonter une adaptation littéraire. Le rapport à l’équipe d’abord. On avait besoin de remettre dans un défi dans notre groupe. Et puis je me suis retrouvé face à des textes avec une seule thématique alors que Les particules parlent de plein de choses. J’étais frustré. Alors j’ai cherché des œuvres monumentales et je suis tombé sur celle là. Et il y a plusieurs livres dans ce livre. Oui il y cinq livres et c’est ce qui m’a intéressé. Il y a donc cinq parties dans le spectacle avec quatre entractes. Je me lance dans des territoires qui me sont connus et parfois dans des théâtralités étrangères parce que les cinq parties du livre sont différentes les unes des autres. Est-ce que cette matière romanesque vous donne plus de liberté qu’avec une matière dramatique écrite pour le théâtre ?


SCENEWEB.FR

8 juillet 2016

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C’est très relatif. Si je montais un classique mon intérêt serait de le faire résonner avec aujourd’hui. Là je travaille sur une œuvre que peu de monde a lu et qui n’a jamais été représentée. Du coup je suis libre. C’est une œuvre qui aborde deux thématiques. Elle parle de littérature et de la violence. Quel est le combat de l’écrivain et quel est le combat du lecteur face à la taille du livre ? Et je relie ce combat à celui des spectateurs. Je le mets parfois dans une situation de plaisir de lecture et par moment dans celle de la fatigue face à un ouvrage de 1300 pages. Ce qui a été mon cas à la lecture. C’est dans cette usure que l’on trouve des choses magnifiques. Sur la question de la violence Roberto Bolaño évoque le drame de ces jeunes ouvrières à Ciudad Juarez à la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis qui ont été retrouvées violées et tuées dans le désert. De ce fait divers il parle des racines de la violence dans le monde actuel. Comment on se prépare pour se mettre en condition pour jouer 12 heures ? C’est très difficile. Il faut arriver à préserver l’équipe de la fatigue et travailler sereinement. Le travail ne s’achève pas le soir de la première, il est permanent. Est-ce que le spectateur doit lui aussi se préparer ? En tout cas je ne vais pas forcément le ménager. Il sera heureux par moment. Il sera frustré et violenté. J’ai envie de mettre les spectateurs face à une œuvre monumentale qui est parfois difficile. Propos recueillis par Stéphane CAPRON http://www.sceneweb.fr/julien-gosselin-je-ne-vais-pas-menager-le-public/


DELIBERE.FR

9 juillet 2016

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2666, même pas mal par René Solis 9 juillet 2016 On saluera bien sûr la performance sportive. Enfermés ensemble durant une douzaine d’heures à la Fabrica, acteurs et spectateurs ont toutes les raisons, vers 2 heures du matin, de se féliciter mutuellement. Avec ce spectacle auquel nous avons assisté lors de sa création au mois de juin au Phénix de Valenciennes, Julien Gosselin a relevé le défi : son adaptation de 2666, le roman fleuve posthume du Chilien Roberto Bolaño [1], tient la route, fidèle à la structure du roman, restituant l’histoire et les principaux personnages, se baladant d’Europe au Mexique sans lâcher le fil de la narration, et révélant à de nombreux spectateurs un auteur majeur de la littérature du XXIe siècle [2]. Pari réussi donc ? Tout dépend de ce que l’on entend par là. D’un roman au théâtre, on peut faire beaucoup de choses. S’en servir comme d’un matériau prétexte à une forme neuve, le faire entendre sur un mode proche de la lecture (ce ne sont pas les options retenues par Gosselin), le scénariser en le découpant en scènes ou séquences… Le roman de Bolaño s’y prête, avec à chacune de ses étapes, une structure narrative et un style particuliers. La première partie – “la partie des critiques” –, est une comédie en forme de chassécroisé amoureux entre quatre universitaires européens (trois hommes, une femme) qui partagent l’obsession pour un auteur allemand aussi culte que confidentiel, que personne n’a jamais vu. Suit le portrait d’un philosophe chilien en train de basculer dans la folie, exilé dans la ville de Santa Teresa – le double fictionnel de Ciudad Juárez – à la frontière du Mexique et des États-Unis. Puis vient un récit à la Hemingway, l’histoire d’un journaliste new-yorkais envoyé couvrir un combat de boxe à Santa Teresa… cette ville étant le cœur des cinq parties du roman et du spectacle.

© Simon Gosselin


DELIBERE.FR

9 juillet 2016

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Avec cela, il est bien sûr possible de faire du théâtre et Gosselin a le savoir-faire pour embarquer les spectateurs dans un récit frontal auquel on s’intéresse. Le début du spectacle – “la partie des critiques” – se voit comme un vaudeville contemporain, avec sa suite amusante de coucheries et de quiproquos. Aussi plaisant que réducteur, le parti pris fonctionne. Cela se gâte après. Le traitement anecdotique se prête beaucoup moins à l’histoire du philosophe schizophrène, et à l’angoisse au cœur de la relation avec sa fille adolescente. Il retrouve sa pertinence au début de la troisième partie, qui offre la meilleur séquence du spectacle via un numéro d’acteur particulièrement réussi : le prêche, dans l’église où l’on enterre la mère du journaliste, d’un ancien Black Panther reconverti dans des émissions de cuisine à la télé. Adama Diop, le comédien qui tient le rôle, joue à fond le jeu de l’identification avec son personnage et le rend totalement crédible. Mais ce moment réussi a un effet paradoxal : il met en lumière l’une des faiblesses du spectacle, le défaut d’incarnation, justement. À partir du moment où Gosselin opte pour un traitement réaliste, il lui faudrait des comédiens aptes à jouer le jeu. Ce n’est pas toujours le cas, et les torts sont partagés entre interprètes et metteur en scène. Les premiers oscillent entre le surjeu – la véhémence des voix, renforcée par la saturation des basses, comme si cela était nécessaire pour souligner les tensions du roman – et l’entre-deux, parlant par moments espagnol avec l’accent français (l’effet est étrange, vaguement gênant), comme embarrassés de leurs rôles. Le même Adama Diop, excellent en prêcheur, a plus de mal avec le rôle de Fate, le journaliste en route pour Santa Teresa. Certains parti pris ne les aident pas, quand tel personnage – le géant allemand soupçonné des viols et meurtres de jeunes femmes à Santa Teresa – est caricaturé en Hannibal Lecter, ce qui tient carrément du contresens. Les choses se gâtent encore dans la quatrième partie, celle qui plonge au cœur de l’horreur avec son interminable litanie de noms de jeunes femmes assassinés, et d’extraits de rapport de police ou d’autopsie. Julien Gosselin choisit de projeter ces listes sur un écran au dessus de la scène, mais est bien en peine d’en imaginer une traduction théâtrale, qu’elle soit de l’ordre de l’image ou du vide. Sans doute touche-t-on la limite de l’audace de Julien Gosselin, que l’on pouvait déjà pressentir dans son précédent spectacle, Les Particules élémentaires, d’après le roman de Michel Houellebecq. À l’époque, l’évidente ferveur qui animait le metteur en scène et sa compagnie Si vous pouviez lécher mon cœur, n’occultait pas tout à fait le reste : un traitement du roman rythmé et plaisant mais souvent anecdotique et bien trop sage, une façon de rendre accessible – acceptable – un livre autrement plus dérangeant. Pour 2666, le hiatus est flagrant. Le roman de Bolaño se prête à toutes les entrées, toutes les lectures (on pourrait dire tous les fantasmes). Il est tout à la fois simple –on peut le lire comme un thriller – et complexe – les pistes et les interprétations qu’il ouvre sont infinies. Le spectacle de Gosselin lisse tout cela, fermement accroché au fil des événements sans succomber au vertige, et l’excursion en enfer se transforme en visite guidée. Moins confortable, la lecture du roman dure beaucoup plus de douze heures ; elle peut être une aventure inoubliable. Ce n’est pas le cas du spectacle. René Solis [1] 2666 de Roberto Bolaño, traduit de l’espagnol (Chili) par Robert Amutio, Christian Bourgois éditeur, 2008. [2] Signalons la prochaine parution d’un ouvrage consacré à l’œuvre de Roberto Bolaño : Florence Olivier, Sous le roman, la poésie. Le défi de Roberto Bolaño, Hermann, juillet 2016.

2666, d’après Roberto Bolaño, mise en scène de Julien Gosselin, La Fabrica, jusqu’au 16 juillet


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9 juillet 2016

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2666, la fabuleuse épopée théâtrale et littéraire de Julien Gosselin par Thierry Fiorile samedi 9 juillet 2016 19:47

Julien Gosselin a adapté au théâtre les 1200 pages du roman de Roberto Bolaño © MaxPPP

C'est une tradition au festival d'Avignon, des spectacles longs, très longs même parfois. Cette année, c'est 2666 de Julien Gosselin qui embarque le public dans une épopée de douze heures, avec quatre entractes et un triomphe à la clef. Le reportage de Thierry Fiorile 2666 du Chilien Roberto Bolaño, c’est un roman monde de 1200 pages. Julien Gosselin l’adapte en suivant l’architecture labyrinthique du livre. Au commencement, quatre universitaires européens cherchent Archimboldi, mystérieux écrivain allemand.

La violence contre les femmes de Ciudad Juarez Cette quête romanesque les mène au Mexique, à Santa Teresa où des centaines de jeunes femmes et d’adolescentes sont enlevées, violées, assassinées. Bolaño n’invente rien sauf le nom de la ville. Cette tragédie satanique, jamais élucidée, s’est vraiment passée dans les années 90 dans la ville de Ciudad Juarez où règnent les narcotrafiquants et les politiciens véreux.


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9 juillet 2016

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Mais l’auteur bifurque sans cesse, ajoute des personnages, change de lieu, d’époque. Le pari fou de Julien Gosselin c’était d’en faire du théâtre : « Il digresse sans arrêt pour pouvoir dire finalement que seule la littérature ou là dans ce livre, la question de la violence compte, et pas tant la machine fictionnelle ou l’attention liée au suspense. Bolaño il est tout le temps en train de me faire faire un pas de côté et c’est passionnant pour moi. C’est cela que je cherche avec ce genre de livre."

12 heures à travers plusieurs époques Les treize comédiens sont une foule de personnages. Ils jouent aussi en anglais, allemand, espagnol. Ils passent d’un théâtre intime à de grandes tirades. La performance est totale et Hubert Colas signe une scénographie flamboyante mais jamais vaine. On voyage sans cesse, d’une boite de nuit mexicaine à une chambre d’hôtel à Paris, des champs de batailles de la deuxième guerre mondiale à un taxi londonien. Les douze heures sont passées et on repense ému, sonné, à l’été 2013 quand Avignon a révèlé Julien Gosselin et sa bande avec la brillante adaptation des Particules élémentaires de Michel Houellebecq. Avec 2666, Julien Gosselin fait plus que confirmer, son travail fait avancer le théâtre. Julien Gosselin n’a pas encore 30 ans et toute sa tête : « Fallait pas s’éparpiller je suis resté assez concentré là-dessus. Après, ce qui est formidable c’est que cela a pu nous permettre d’avoir les productions nécessaires pour pouvoir monter un projet de cette ampleur-là. Le plus important c’est l’art qu’on fait pas le bruit qu’on génère ». 2666 mis en scène par Julien Gosselin au festival d'Avignon jusqu'au 16 juillet http://www.franceinfo.fr/culture-et-medias/expos-spectacles/article/un-roman-adapte-avec-brio-en-12heures-de-spectacle-avignon-804353


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9 juillet 2016

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Avignon: la critique salue "2666", une adaptation de Julien Gosselin d'une durée de... 12 heures Avignon s'enthousiasme pour l'adaptation, en très longue durée, d'un roman chilien, par un jeune metteur en scène de 29 ans.

La pièce s'est terminée le samedi 9 juillet à 2 heures du matin, après quasiment douze heures de représentation. ©Boris Horvat/AFP

Le festival d’Avignon propose parfois des pièces à la durée sortant largement des standards classiques du spectacle vivant. Mais la performance de l’adaptation de Julien Gosselin, qui adapte 2666, un roman du chilien Roberto Bolaño s’apparente à une performance hors norme. La pièce dure en effet… douze heures, sur la scène la plus prestigieuse du festival, la Cour d’Honneur du palais des papes. Ce samedi 9, à 2 heures du matin s’est donc terminé le marathon 2666, dans une adaptation du metteur en scène de 29 ans que la critique a, pour ne rien gâcher, reconnu comme étant très largement réussie. L’homme, il est vrai, est un adepte des paris osés: il avait déjà adapté en 2013 Les Particules élémentaires de Michel Houellebecq, une épopée sociale et familiale, narrant le destin de deux frères évoluant dans deux milieux sociaux très différents, particulièrement ardue à rendre captivante au théâtre. C’était déjà un succès pour Julien Gosselin. L’ouvrage original raconte en cinq histoires, séparées les unes des autres, où deux fils conducteurs lient l’ensemble : le mythe de l’écrivain allemand Benno von Archimboldi, que personne n’a jamais vu et que quatre jeunes critiques européens s’acharnent à rechercher, et une série de meurtres de femmes dans la ville mexicaine de Santa Teresa. Le livre original sera publié après la mort de l’auteur en 2004. Inachevé, il comportait déjà la bagatelle de 1.000 pages. Le roman avait été récompensé par le prix de la ville de Barcelone. Un an plus tard, en 2005, le jury du prix Salambó le célébrait à son tour.

Auteur : La rédaction de FranceSoir.fr http://www.francesoir.fr/culture-art-expo/avignon-la-critique-salue-2666-une-adaptation-de-juliengosselin-dune-duree-de-12


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FESTIVAL D’AVIGNON : RENCONTRE AVEC JULIEN GOSSELIN Posted by infernolaredaction on 9 juillet 2016 · Laisser un commentaire

FESTIVAL D’AVIGNON 2016 : Julien Gosselin – 2666 – Création 2016 – 8-16 juillet – La FabricA – 14h00. Inferno : Parlez-nous de votre rencontre littéraire avec Roberto Bolaño… Julien Gosselin : Quand nous avons terminé de créer Les particules élémentaires, nous avons commencé à chercher autre chose pour le prochain spectacle. Il y a quelques années, j’avais entendu parler de Roberto Bolaño et de 2666 comme du premier grand roman du 21ème siècle. Je me suis mis à le lire et j’ai trouvé à l’intérieur de ce texte exactement ce qu’il me fallait… Pouvez-vous me dire quelque chose du processus de création de 2666 ? Tout le monde travaille en même temps. Dès le premier jour de répétition, je veux être en mesure de travailler la vidéo, la musique, le son, la lumière et le jeu avec les acteurs. Nous travaillons de façon assez linéaire dans l’adaptation… Chaque scène est répétée, à chaque fois, avec tous les acteurs de la distribution. Donc chaque fois la scène est trouvée dans sa globalité. Comment avez-vous travaillé pour l’adaptation ? Ça m’a pris du temps (il soupire). En répétition, je peux travailler douze heures par jour mais sur une adaptation j’ai du mal à travailler plus de deux ou trois heures par jour surtout sur un texte aussi démentiel… D’abord j’ai pris le livre et j’ai commencé à travailler chronologiquement, et ensuite j’ai fait des sauts. Il y avait des parties où j’avais plus de mal à m’en sortir. L’idée était de trouver comment Bolaño avait différencié les parties et trouver comment je pouvais traduire théâtralement leur différenciation. Par exemple la dernière partie du livre est uniquement une grande narration épique et il n’y a quasiment aucun dialogue. Donc c’est un travail très différent par rapport à la première partie où il n’y a quasiment que du dialogue ou de la narration prise en charge par les personnages. Ce travail c’était surtout, pour chaque partie, de trouver presque une nouvelle écriture et de créer une nouvelle écriture scénique.


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Y a-t-il un moment où, face à ce texte, vous avez eu envie d’arrêter ? Avez-vous déjà regretté d’avoir choisi de travailler sur ce roman ? Non. Le plus difficile c’était au début quand nous avons commencé à mettre en place les choses administratives… Mais depuis qu’on travaille dessus, je n’ai jamais eu de doutes. Au contraire, j’ai eu plutôt de bonnes surprises…Je n’ai jamais eu envie de laisser tomber. Pendant les répétitions, en travaillant sur un texte aussi puissant que l’est celui de Bolaño, en entendant deux ou trois répliques je me dis : c’est délirant comme c’est bien écrit, c’est tellement gigantesque… Et chaque fois, j’ai juste envie de continuer. Le spectacle va durer neuf heures, c’est long. Pouvez-vous me parler du rapport au temps ? Oui il y a plusieurs choses… D’abord, je travaille les textes à partir de leur structure, je ne fais pas des variations sur le texte… Du coup, c’est très difficile pour moi de réduire les choses d’un point de vue pratique. Le rapport au livre, pour moi, est aussi lié à la masse du livre. Quand vous avez 2666 dans le main, vous savez que vous en avez pour un moment. Il y a une sorte d’angoisse qui se crée et une violence qui est là uniquement avec le livre dans les mains. Je ne pouvais pas faire un spectacle qui ne donne pas cette idée de la violence, de la difficulté du chemin à faire pour le spectateur comme pour le lecteur, et de fait, il fallait qu’il y ait une notion de durée. Mais pas pour créer une saga! Je ne voulais pas faire simplement une traversée ennuyeuse de l’œuvre de Bolaño. J’avais plutôt envie de transmettre au spectateur quelque chose que est lié à la densité du texte. Qu’est-ce que c’est pour vous une expérience totale au théâtre ? C’est très difficile à dire. C’est plutôt quelque chose que je cherche. Houellebecq, à propos du roman parfait, disait quelque part qu’il fallait un roman avec aussi de la sociologie, de l’économie, de la poésie pure… En parlant de forme totale, c’est ça dont j’ai envie. A l’intérieur de la forme théâtrale, je cherche toujours à créer quelque chose au niveau de l’atmosphère qui soit extrêmement fort (avec tout ce que peut apporter la technique au théâtre), et en même temps, quelque chose d’extrêmement précieux au niveau du traitement littéraire. Essayer d’amener le spectateur dans des zones extrêmement différentes les unes des autres. Pour ça, la musique nous aide beaucoup : elle doit être extrêmement violente et elle doit englober le spectateur à l’intérieur. Dans le roman de Bolaño, il y a des centaines de personnages aux quatre coins du monde et on peut essayer d’amener le spectateur dans une sorte d’expérience assez longue. C’est ça que je cherche quand je parle d’un théâtre total. C’est dans la continuité de ce que les gens qui ont 20 ans de plus de moi appelaient la transdisciplinarité : c’est à dire qu’on peut tout utiliser au théâtre pour arriver à une expérience extrêmement puissante. Dans la foule de personnages de 2666, quel est celui qui vous a touché le plus ? Mes sentiments de lecteur ne sont pas forcément les mêmes que mes sentiments de metteur en scène. Mais par exemple Amalfitano est un personnage qui me touche beaucoup, d’autant plus qu’il me semblait un personnage très obscur à la lecture. Il a quelque chose qui est profondément lié à son intériorité, son intimité. Quand on travaille au plateau, c’est un personnage qui me touche énormément. Amalfitano est un professeur de philosophie qui perd complétement la tête et à mon avis, c’est un personnage qui en raconte beaucoup sur Bolaño. Propos recueillis par Camilla Pizzichillo https://inferno-magazine.com/2016/07/09/festival-davignon-rencontre-avec-julien-gosselin/


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Massacre de femmes à Santa Teresa Guy Duplat Envoyé spécial à Avignon Publié le samedi 09 juillet 2016 à 09h40 - Mis à jour le samedi 09 juillet 2016 à 09h40

En 2013, le très jeune Lillois Julien Gosselin avait enthousiasmé avec son adaptation des Particules élémentaires de Houellebecq. A 29 ans, le revoilà à Avignon avec un marathon théâtral de 12 h pour le roman-monde « 2666 » de Roberto Bolano. Un des moments les plus attendus de ce festival. Mais il faut d’abord revenir à ce livre culte de plus de 1000 pages paru en 2004 juste après la mort de l’écrivain chilien et qui a déclenché par la suite un tsunami d’analyses et de critiques. Un livre profus, mélangeant tous les genres, de la poésie au thriller, de la philo à la politique. Roberto Bolano ouvre sans cesse d’autres chemins. Déjà le titre est un mystère. Le livre n’est nullement de la science-fiction, il est ancré dans la violence du réel. Sans doute signifie-t-il qu’après l’an 2000 on entre dans l’ère du Mal avec le sigle 666 du Diable. Le livre est composé de cinq romans assemblés, reliés par des fils communs. D’abord la ville mexicaine à la frontière des Etats-Unis, de Santa Teresa (Ciudad Juarez), aux mains des narcotrafiquants et où se sont déroulés depuis vingt ans plus de 200 meurtres sordides et restés mystérieux de jeunes femmes. Tous les personnages du livre convergent vers Santa Teresa et d’abord, le mystérieux écrivain allemand Benno von Archimboldi, ancien de la Wermacht en 1940, meilleur écrivain allemand de l’après-guerre mais que jamais personne n’a vu. On apprendra qu’il est à Santa Teresa car son neveu, Klaus Haas, y est accusé des meurtres (ceux-ci sont sans doute plutôt dus aux narcos liés aux grandes familles riches). Il y a aussi un philosophe espagnol, Amalfitano qui glisse dans la folie et dont la fille est amoureuse d’un truand. On croise encore un journaliste noir américain venu enquêter. Dire cela n’est encore rien dire des digressions poétiques, des brusques virages du récit, des informations peut-être symboliques et codées.


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Le sens général réside sans doute dans l’acte du philosophe reproduisant l’œuvre de Marcel Duchamp : accrocher dehors, sur un fil à linge, un livre pour que celui-ci s’imprègne du vent et de la pluie. Tout le roman est cette imprégnation de la littérature, de la philo, de l’écriture par la violence du monde, depuis la solitude des êtres jusqu’à l’horreur des crimes de Santa Teresa. Sur scène Julien Gosselin a été stimulé par la tâche « impossible » de porter 2666 à la scène. Il aime les défis et ne craint pas de déranger le confort du spectateur, prenant comme modèle Castellucci pour dire qu’il refuse « une expérience théâtrale molle ». L’émotion et le plaisir passent par l’épreuve. Le marathon est un exercice que le public d’Avignon adore (depuis Peter Brook jusqu’à Olivier Py). Gosselin cite en exemple le marathon mémorable de Tom Lanoye et Luk Perceval sur les tragédies de Shakespeare. Le marathon change notre idée du temps et crée de nouvelles émotions. Gosselin nous embarque dans un long voyage avec sa compagnie au beau nom de « Si vous pouviez lécher mon coeur », avec des acteurs qu’il dirige magnifiquement. Il suit très fidèlement le roman, y compris dans sa partie IV où défile la liste interminable des crimes et viols mais aussi une partie III épatante sur l’enquête du journaliste. Gosselin utilise tous les moyens -vidéo puissante, musique, genre du feuilleton, suspense, envolées poétiques) pour faire de 2666 un kaléidoscope qu’on suit souvent avec plaisir. Gosselin aime quand la littérature est un combat. Il fait du théâtre un art martial. Certes, il semble parfois dépassé par le livre. Mais lui reprocher un récit où les chemins divergent, sans rationalité suffisante, avec des longueurs, ce serait s’attaquer à sa démarche même. Et comment pourrait-on reprocher à un jeune surdoué son ambition de se mesurer à cet ovni littéraire venu d’Amérique latine et de nous en faire goûter sa passion singulière ? http://www.lalibre.be/culture/scenes/massacre-de-femmes-a-santa-teresa-5780aa5c3570142c1445abd9


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Avignon: Julien Gosselin, la voie féconde du théâtre-récit En portant à la scène «2666 » le roman fleuve aux eaux tournoyantes de Roberto Bolaño avec l’équipe gagnante des « Particules élémentaires », spectacle créé au festival d’Avignon il y a deux ans, Julien Gosselin et ses acteurs savaient que l’aventure serait excitante et risquée. Ils sont comblés. Nous aussi.

Scène de "2666" © Simon Gosselin

Avignon, ce 8 juillet, 14h. Il ne manquait qu’une personne à la première de « 2666 » à la Fabrica, la création attendue de Julien Gosselin et de sa compagnie Si vous pouviez lécher mon cœur : Christian Bourgois. Hommage à l'éditeur absent d'Avignon J’ai souvent pensé à cet homme pendant les entractes au fil des 12h que dure l’adaptation respectueuse de « 2666 »,ce roman de 1353 pages (dans son édition de poche) – durée somme tout assez courte, puisqu’il faut bien plus que les 12h du spectacle (dont deux heures cumulées d’entracte) pour lire chez soi une telle somme. En rentrant, vitres ouvertes, chez mes amis à une heure d’Avignon,l’air qui pénétrait dans la voiture était chaud et moite, prolongeant étrangement celui qui traverse le roman, en particulier lorsque ses pages retournent à Santa Teresa au Mexique, ville imaginaire, sœur jumelle de Ciudad Juarez proche de la frontière entre le Mexique et les Etats Unis , connue pour les femmes qui y disparurent en série, violées et assassinées. C’est au Mexique que le Chilien Roberto Bolaño passa son adolescence. Qu’aurait pensé Christian Bourgois de ce spectacle qui, littéralement, portele roman sur un plateau? Depuis 2002 et « Etoile distance » (il est aussi question d’étoiles, dans « 2666 »), Bourgois avait édité plusieurs livres de Roberto Bolaño, certains courts, d’autres moins, aucun n’avait la rare ampleur de «2666 ».


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Quand Bolaño l’écrit, il se sait malade, il sait qu’il ne vivra pas vieux, il achève une version très élaborée des cinq parties constituant le roman. Et dit souhaiter une parution en cinq volumes séparés pour multiplier les droits d’auteur (il pense à ses deux enfants Alexandra et Laurato auxquels « 2666 » est dédié). Il meurt en juillet 2003. Le roman sera publié l’année suivante en unseul volume comme l’on souhaité ses proches, avec raison. Christian Bourgois qui aimait les livres impossibles, a dû avoir un léger sourire en voyant arriver le manuscrit. Il était déjà malade, lui aussi. Il mourra à la fin 2007 et ne sera plus là lorsque le roman paraitra dans la maison d’édition qui porte son nom, traduit de l’espagnol par Robert Amutio. Dominique Bourgois a poursuivi ce qu’avait entamé son mari en publiant des livres inédits en langue française de Bolaño, en en republiant d’autres en poche dans la collection "titre", en confiant à Foliol’édition de poche de « 2666 » ( pour un survol, voir la fiche Wikipédia au demeurant trop sommaire). Lors de la sortie du livre en 2008, la couverture médiatique avait été justement élogieuse (je vous y renvoie également). Mais comment définir ça? Outre la maison d’édition qu’il avait fondée, Bourgois avait présidé l’IMEC (Institut de la mémoire de l’édition contemporaine), la commission d’aide du CNC (Centre national du cinéma) et le conseil d’administration le MC93. A un tel homme, curieux de tout, la démarche de Julien Gosselin aurait probablement plu. Mais comment la définir ? Quel nom lui donner ? Théâtre-Roman ? Roman-théâtre ? Théâtre romanesque ? Revenons en arrière. Au festival d’Avignon 1975, à la chapelle des Pénitents blancs occupée alors chaque année par le Théâtre Ouvert des Attoun (Micheline et Lucien), Antoine Vitez et ses acteurs proches, assis autour d’une table, partagent un dînertout en disant, livre en main (ou pas), un roman d’Aragon « Les Cloches de Bâle ». Bientôt la table devient un tréteau, les couverts, les serviettes, la nappe, les chaises se métamorphosent comme on sait le faire depuis l’enfance, le « théâtre-récit » est né. Ce spectacle est devenu mythique mais le genre n’a pas fait vraiment florès. Certes, on a vu beaucoup d’adaptations de roman, voire de détournements, mais c’est tout autre chose. Adaptation est un terme fourre-tout où l’on peut être infidèle, s’accaparer un texte, le tordre,dialoguer avec lui ou s’en servir comme d’un paillasson. Le « théâtre-récit » c’est autre chose. La démarche de Gosselin (né en 1987) rejoint celle de Vitez (mort en 1990): l’un et l’autre portent à la scène un roman follement aimé. C’était déjà le cas pour Gosselin et sa compagnie au festival d’Avignon 2013 avec « Les particules élémentaires » de Michel Houellebecq, c’est le cas cette année avec « 2666 » et cela le sera, ici ou là, dans les années qui viennent avec d’autres textes de Houellebecq. Si la démarche est identique, l’approcheest tout autre. Un nouveau Théâtre-récit Dans son « théâtre-récit » Julien Gosselin se fonde sur le texte du livre qu’il honore, non plus en le tenant en main comme Vitez, mais en projetant les titres de chapitres et nombre delignes de textes sur un écran de cinéma, en confiant des morceaux du texte à une voix off qui deviendra in à la fin de la dernière partie de « 2666 » , non dans un effacement du texte mais dans sa bouleversante et galopante glorification. A cela s’ajoute et se superpose un constant travail musical (Rémi Alexandre, Guillaume Bachelé qui, dans « 2666 » trouvera son point culminant dans l’accompagnement des textes projetés où Bolaño, inlassablement, jusqu’à la nausée et l’écœurement, décrit de façon clinique les assassinées le plus souvent violées de Santa Teresa, soit des dizaines et des dizaines.


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Gosselin a l’intelligence et le tact de ne pas sombrer dans les facilités du digest, de la coupe, de l’ersatz (en se contentant de citer quelques exemples d’assassinats) comme auraient été tenté de le faire d’autres adaptateurs. Ce qu’il met en évidence, au-delà du plaisir à raconter les histoires que le roman raconte et, subrepticement entrelace, c’est le mouvement de l’écriture, les cassures de style. Bolaño se coule derrière ses personnages dont le métier, l’âge, l’origine façonnent le langage, il les entend respirer. Ce qui rend d’autant plus belle sa voix narrative qui apparaît comme une basse continue. C’est cadeau pour Gosselin, les acteurs et les musiciens. Astucieusement, Hubert Colas, qui signe la scénographie, ne cherche pas à reconstituer des décors, des salons, des boites de nuit, des chambres d’hôtels, des commissariats, des cuisines, tous ces espaces que traversent le roman, dans toutes ces villes : Londres, Turin, Mexico, Santa Teresa, etc. Les espaces en mouvement qu’il propose sont plutôt des réceptacles pour l’écriture, des halls de son accueil. Les chaises, les tables, les canapés sont simplement fonctionnels. C’est là qu’intervient un usage probant de la vidéo (Jérémie Bernaert, Pierre Martin),agents de liaison sans pareil pour les gros plans et les plans d’ambiances festives ou oniriques. Les dimensions imposantes du plateau, la machine à raconter et à jouer que constituent la scénographie, la musique enregistrée et live omniprésente, et, il va sans dire une équipe d’acteurs (jouant plusieurs rôles le plus souvent), il fallait cette amplitude pour retrouver les souffles du roman car, en tout dans « 2666 », le pluriel s’impose, il n’y a pas d’ »un » sans son écho, même furtivement comme ce « regard d’aveugle » qui revient. Tous les acteurs sont à saluer En 2009, faisant partie de la promotion sortante de l’école de Lille, Guillaume Bachelé, Antoine Ferron, Noémie Gantier, Julien Gosselin, Alexandre Lecroc, Victoria Quesnel et Thiphaine Raffier fondent la compagnie Si vous pouviez lécher mon cœur. Ils sont tous là dans « 2666 », ainsi que Joseph Drouet et Denis Eyriey arrivés pour « Les particules élémentaires », et nouveaux venus Rémi Alexandre et Carine Goron. Tous font partie de la même génération, celle des trentenaires. Vincent Macaigne (curieusement absent du générique) passe en coup de vent faire un clin d’œil : il serait le seul à avoir vu l’écrivain que quatre universitaires cherchent. Et puis il y a, non comme un père, mais comme un oncle d’Amérique, Frédéric Leidgens dont la carrière est longue. Il a travaillé avec nombre de metteurs en scène, on se souvient de son compagnonnage avec Daniel Emilfork, ces dernières années on l’a retrouvé autour de Bruno Meyssat, Leigdens est un acteur qui se bonifie magnifiquement avec l’âge. Si tous les acteurs sont à saluer, Leigdens l’est particulièrement. De plus, étant germaniste, il participe pleinement au concert de langues qui traverse le spectacle.

Scène de "2666" © Simon Gosselin


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Là où le roman, écrit en espagnol (même si, ça et là, un mot apparait en français ou en anglais), on le lit soit dans la langue originale, soit dans la langue de traduction, dans le spectacle on double la mis, grâce à la magie du sous-titrage. Mieux, Gosselinfait jouer des scènes en espagnol, en allemand ouen anglais en fonction de tel ou tel personnage ou situation. C’est un enrichissement. En revanche, les lecteurs fans du roman de Bolaño (je renvoie les autres aux sites consacrés à l’écrivain chilien) peuvent regretter certaines ellipses, comme l’histoire du critique espagnol avec la très jeune fille du marché de Santa Teresa dans la première partie, l’effacement relatif du tableau de la police mexicaine dans la quatrième partie. C’est un appauvrissement Pour ce qui me concerne, j’ai vécu comme un curieux chassé-croisé : la première partie du livre, celle de l’histoire des quatre critiques (trois hommes et une femme) spécialiste du mystérieux écrivain Archimboldi, si agréableà la lecture semblesimplement assurer le job dans la version scénique. En revanche, pour la quatrième partie, celle des crimes, c’est exactement l’inverse. En fait, cela cache un autre jeu (comme dans « 2666 » une partie en cache toujours une autre) : à travers ce cheminement on observe comme une montée en puissance progressive, de partie en partie, de la théâtralisation de la lecturedu roman. Dans « 2666 », tout tourne autour du mal sous différentes formes, selon les parties du livre. Il est question de sexe, d’amour, de guerre, d’amitié, de forêts, d’eaux mystérieuses, de littérature et de poésie mais le mal est partout. C’est le fil souterrain du roman, et Gosselin le dévide à son tour. L’humour y surgit aux pires moments, comme une bouffée d’air, une friandise, une coupe aux trois boules de glace rafraichissante. Quel voyage ! Dans « Le gaucho insupportable » (traduction Robert Amutio, Christian Bourgois), où il fait preuve comme toujours d’une érudition exceptionnelle, Bolaño titre l’un des chapitres « Littérature + maladie=maladie ». Il énumère toutes les maladies attrapées durant ses nombreux voyages. Et poursuit : « j’ai abusé de sexe, mais jamais je n’ai attrapé de maladie vénérienne. J’ai abusé de la lecture, mais jamais je n’ai voulu être un auteur à succès. Même la perte de mes dents a été pour moi une sorte d’hommage à Gary Snyder, dont la vie de vagabond zen lui avait fait négliger la dentition. Mais tout arrive. Les enfants arrivent. Les livres arrivent. La maladie arrive. La fin du voyage arrive ». Puis parlant du poème de Baudelaire « Le voyage », il le qualifie de « long et délirant », et précise : « c’est-à-dire qu’il possède le délire de l’extrême lucidité ». Gosselin, ses acteurs et ses techniciens face au monstre « 2666 », sont comme cela : délirants et d’une extrême lucidité. Par Jean-Pierre Thibaudat https://blogs.mediapart.fr/jean-pierre-thibaudat/blog/090716/avignon-julien-gosselin-la-voie-feconde-dutheatre-recit


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Avignon: la tempête «2666» de Julien Gosselin

adaptation et mise en scène par Julien Gosselin, d’après le roman de Roberto Bolano, jusqu’au 16 juillet au Festival d’Avignon.Simon Gosselin

« 2666 »,

Une aventure de douze heures qui nous mène droit au cœur de « 2666 », l'un des spectacles les plus attendus du Festival d'Avignon. Ce voyage littéraire au théâtre-cinéma a fêté sa première la nuit dernière 8 juillet. Julien Gosselin livre une adaptation fulgurante du roman-fleuve posthume de presque 1 400 pages de l’auteur chilien Roberto Bolano, décédé en 2003. Avec sa création multi-scènes et multi-écrans, le metteur en scène français de 29 ans joue avec malice sur tous les tableaux artistiques et avec les nerfs des spectateurs… qui adorent sa pièce. C’est une œuvre monumentale, aussi déroutante que le roman Ulysse de James Joyce ou L’Homme sans qualités de Robert Musil. Plusieurs histoires racontées en parallèle nous mènent sur des fausses pistes, nous emmènent de Paris à Londres, de Londres à Barcelone en passant par New York, jusqu’à Santa Teresa, une petite ville hantée par des meurtres de plusieurs centaines de jeunes filles, située à la frontière du Mexique et des États-Unis. Dans ce roman couronné d’un écrivain marqué par la dictature au Chili et son engagement contre la barbarie, on passera des années 1990 aux années 1920 et la Seconde Guerre mondiale pour revenir à l’époque contemporaine. Une traversée de continents et d’histoires familiales, d’enquêtes littéraires et criminelles, des aventures sexuelles et littéraires. « 2666 », un jeu de piste en cinq parties Julien Gosselin - deux ans après son adaptation époustouflante des Particules élémentaires de Michel Houellebecq - en fait un jeu de piste en cinq parties refusant à dévoiler son ultime destination. Tout commence avec une mise en scène la plus classique. Assis sur des chaises, face au public, trois universitaires trentenaires se disputent le privilège de découvrir enfin la vraie identité du plus grand écrivain allemand du XXe siècle, Benno von Archimboldi.


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Mais leur enquête piétine. Pierro, Jean-Claude et Liz finissent dans un ménage à trois. On ne sait vraiment plus où Julien Gosselin veut en venir, d’autant plus que leur seule piste, un autre universitaire à Santa Teresa, au Mexique, semble peu crédible… Au théâtre, les heures défilent, l’enthousiasme des premiers monologues spectaculaires est passé, la valse des cubes mobiles sur scène commence à lasser, par moments, on se croit presque au théâtre de boulevard, on se plaint du temps volé et des effets superficiels tournant dans le vide. Eh bien, mine de rien, l’histoire avance, à l’image des cent premières pages d’un roman, souvent pénibles, qui préparent le terrain, mènent le lecteur au bord de la falaise pour se retrouver tout d’un coup suspendu au-dessus d’une mer de mots. Un jeu de cadrage exceptionnel Dans « 2666 », le réveil est saisissant. Julien Gosselin fusionne et tourbillonne avec délectation et malice théâtre à texte, spectacle lumière, boîte à musique, création vidéo et caméras mobiles. On plonge dans des sensations à la fois fracassantes et éblouissantes, et cela dans les deux sens du terme. Les histoires partent d’un son, d’une image, d’un geste, d’un mot. Gosselin multiplie les scènes et le jeu des acteurs, augmenté et projeté par des caméras mobiles sur plusieurs grands écrans. Un jeu de cadrage exceptionnel nous permet de rester sur les rails, de suivre une histoire complètement dispersée. En attendant, la musique nous tape sur les nerfs avec des rythmes monotones et obsessionnels. Par exemple quand, dans le noir absolu, les noms de 200 femmes victimes sont projetés un par un sur grand écran, le débit hystérique et saccadé de la musique nous empêche à penser à autre chose qu’à ces viols restés dans l’impunité totale. Un marathon théâtral de douze heures Bien sûr, à la fin de ce marathon théâtral de douze heures, on retrouvera Benno von Archimboldi, après un combat de boxe, après le récit d’une guérisseuse, après l’obsession d’une jeune maman pour un poète en asile psychiatrique, après l’histoire d’un administrateur du bureau pour les questions juives dans l’Allemagne nazie, après des réflexions sur la littérature mineure et majeure, les recettes de cuisine et de bonheur d’un ancien du mouvement Black Panther et la guerre sainte de Ben Laden… On reviendra dans cette petite ville mexicaine Santa Teresa pour retrouver le destin de l’écrivain allemand. Avec stupéfaction, on constatera qu’on ne l’avait jamais quitté. Par Siegfried Forster Publié le 09-07-2016 Modifié le 09-07-2016 à 23:34 http://www.rfi.fr/france/20160709-avignon-2666-julien-gosselin-voyage-theatre-cinema-festival-avignon


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[critique] 2666 : le marathon théâtral ambitieux de Julien Gosselin

2666 © Simon Gosselin

Julien Gosselin s’est fait un spécialiste de l’adaptation de romans. Après Les particules élémentaires au Festival d’Avignon en 2013, il entraine le public dans un nouveau marathon avec l’adaptation de 2666 de Roberto Bolaño. Une fresque littéraire et policière qui s’appuie un fait divers horrible : les meurtres et les viols non élucidés de centaines de mexicaines dans les années 90. Un combat pour les spectateurs, on pique quelque fois du nez, mais l’inventivité et la maitrise de Julien Gosselin nous ramènent toujours au centre de l’action. Cela débute comme une enquête littéraire. Des critiques, des universitaires partent à la recherche d’un écrivain allemand Archimboldo. Le jeu sur la scène et les séquences vidéo se complètent à merveille (malgré un petit décalage dans le son qu’il serait bon de régler car cela peut devenir perturbant). Julien Gosselin guide le spectateur du plateau vers l’écran – comme avait si bien su le faire Cyril Teste dans son Nobody l’année dernière et comme n’a pas réussi à la faire Ivo van Hove dans la Cour avec Les Damnés. On voyage beaucoup dans cette fresque de 12 heures. De Barcelone dans le milieu gay des années 80 (la deuxième partie) à Santa Teresa au Mexique. On s’arrête à Harlem dans la troisième partie lorsque l’on suit le reportage d’un journaliste sportif du « Block Dawn » envoyé couvrir un match de boxe à Santa Fe (excellente prestation d’Adama Diop). Sur sa route il se confronte aussi aux mystérieuses disparitions de ses femmes mexicaines.


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La très belle scénographie d’Hubert Colas évolue tout le temps grâce à trois scènes en mouvement qui définissent l’espace de jeu. La musique jouée en direct par Guilaume Bachelé et Remi Alexandre est excellente; mélange d’électro, de techno et de transe. Pendant la quatrième partie douloureuse de l’énumération des viols et des meurtres au Mexique, elle nous a permis de fermer les yeux pour s’évader face à l’insoutenable violence des mots. Julien Gosselin a eu l’intelligence de ne pas rajouter d’images à la description macabre de Roberto Bolagno dont le texte est projeté sur écran – il suffit à lui-même – il est entrecoupé de scènes sur l’enquête de ce fait divers hallucinant. Le spectacle est parfois éprouvant, on décroche de ce marathon, Julien Gosselin n’épargne pas le public. C’est une volonté. Il ne faut pas céder face à la fatigue, quitter le spectacle, pour mieux le retrouver. Car à la fin, on recolle facilement les morceaux. La dernière partie féérique fonctionne comme un conte et permet de retrouver le personnage du début, l’écrivain allemand Archimboldo, de son vrai nom Hans Ritter. On apprend toute son histoire , de sa jeunesse dans l’Allemagne nazie à sa fuite en Italie et au Mexique. La mise en scène de Julien Gosselin est inventive malgré les mouvements répétitifs des éléments scéniques qui ralentissent le rythme et donc allongent le temps. La détermination de la troupe est contagieuse (même si parfois le jeu est un peu des filles est un peu exacerbant). Elle nous entraine dans ce spectacle qui au-delà de son aspect « performance » est une réflexion puissante sur la violence dans nos sociétés. Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr http://www.sceneweb.fr/ladaptation-de-2666-le-roman-fleuve-de-roberto-bolano-par-juliengosselin/#wlscB144Bhk58S6U.99


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10 juillet 2016

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14H/ 2666/LA FABRICA/ THEATRE : 10. 12. 14. 16 JUILLET : PIECE DE 11H30 dont 3 heures d’entracte. Un chef-d’œuvre de Julien Gosselin, jeune metteur en scène surdoué, qui a eu l’envie et le courage de monter ce roman fleuve de l’écrivain chilien Roberto Bolano (plus de mille pages), non terminé à cause de la mort de l’auteur. Cette œuvre est divisée en cinq parties qui seront indiquées sur un écran, fil directeur de l’histoire. Une mise en scène très claire, constituée de trois unités mobiles dans ou devant lesquelles les acteurs vont évoluer, permettent les grands mouvements qui marquent les changements de lieux ou d’époque, l’écran se fait le relais des acteurs en donnant la version sensible et intimiste, comme dans les Damnés, et là aussi la musique est importante et présente tout le long de la pièce. Comme dans toutes les œuvres-monde on y trouve toute une société et la violence de son histoire à travers la recherche d’un auteur mystérieux Archimboldi, double de l’auteur, des rencontres universitaires des critiques de son œuvre, ou de ses compagnons occasionnels de route (la Première partie) , en passant par des rencontres importantes de personnages : les parties deux et trois (la plus drôle ), dans la partie quatre, la plus dure à supporter pour le spectateur, tant par le son que par la description de la violence ordinaire au Mexique avec une liste effrayante de crime perpétrés sur des femmes très jeunes, heureusement mises en forme de litanie projetée sur l’écran, jusqu’à la dernière partie, où sont évoqués les crimes nazies (sujet d’un précédent ouvrage de Bolano) à travers un personnage du roman, l’acteur qui l’incarne, double d’Eichmann est placé comme lui dans sa cage de verre lors du procès de Nuremberg. Les acteurs nombreux, 13, sont tous formidables par leur investissement et la performance que représente cette pièce, à la fois par la densité du texte à retenir et par l’expressivité nécessaire. La partie technique (cameraman …) nécessaire à cette pièce est aussi très importante. BRAVO à tous pour cette grande réussite. Les spectateurs ont presque tous atteint le milieu de la nuit où se termine la pièce, grâce à l’excellent découpage des entractes. Si vous trouvez encore des places vous pouvez tenter l’aventure sans regret. A VOIR ABSOLUMENT pour tout public adulte, plutôt littéraire, à condition de pouvoir vous reposer le lendemain. 15H/LUDWIG, UN ROI SUR LA LUNE/ L’AUTRE SCENE DU GRAND AVIGNON VEDENE/ THEATRE MUSICAL/ jusqu’au 13 juillet. Une formidable évocation de la vie de Ludwig, roi de Bavière, personnage romantique jusqu’à la folie, sur un texte de Frédéric Vossier, par Madeleine Louarn et la troupe de l’atelier Catalyse, issue de l’ESAT des Genêts d’Or de Morlaix. La magnifique musique du spectacle en assure toute la cohésion, elle est assurée par Rodolphe Burger, Julien Perraudeau et Loïc Touzé en alternance avec Agniezka Ryszkiewicz. La succession de tableaux qui éclairent les évènements de la vie de Ludwig sont mis en scène avec une grande inventivité et joués avec beaucoup de sensibilité. AVA. Pour tout public adulte, s’il reste des places là aussi. 18H / TRISTESSES/ GYMNASE DU LYCEE AUBANEL/ THEATRE MUSICAL/ jusqu’au 14 juillet (sauf le 11) : Une pièce sociale et politique, une remarquable tragi-comédie conçue, mise en scène et interprétée par Anne Cécile Vandalem, qui, malgré son nom est souvent pleine d’un humour distancié par sa résonnance avec l’actualité politique de l’Europe. Dans une petite île du Jutland danois, appelée Tristesse, quasiment désertée par ses habitants à la suite d’une faillite économique, revient une jeune femme, représentante d’un parti extrémiste, dont la mère vient de se suicider en signe de protestation contre les prises de position politique de son mari et de sa fille. Celle-ci veut transformer les anciens locaux des abattoirs de son père en studios de cinéma de propagande pour son parti, cela va l’opposer aux huit habitants restants. La mise en scène est celle de petites maisons de bois du Jutland dont les scènes intérieures sont retransmises sur écran. La musique et les chants, une formidable soprano Françoise Vanhecke, font de cette œuvre un véritable petit opéra. A VOIR ABSOLUMENT s’il reste quelques places pour tout public adulte.


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10 juillet 2012

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22H/ LENZ/ COUR DU LYCEE SAINT JOSEPH/ THEATRE en allemand surtitré en français/ jusqu’au 13 juillet : D’après les œuvres de Lenz, Buchner et Oberlin, mises en scène par Cornélia Rainer. Une pièce sur le poète allemand Jakob Michael Reinhold Lenz dont la spectaculaire mise en scène de montagnes russes en bois traduit bien les états d’âme de ce poète romantique du début du XIX siècle, dans ces périodes d’exaltation et de dépression. Le temps où se situe cette pièce dans la vie de Lenz est celui durant lequel il est accueilli par la famille du pasteur Oberlin (soit 21 jours), Lenz souffre de la grande ombre que lui porte son maître Goethe et n’arrivera pas à trouver un équilibre personnel, malgré la beauté de ses poèmes. Ce spectacle est aussi accompagné de chants et musique (un percussionniste qui joue de la résonnance du bois des montagnes russes) et les acteurs sont tous excellents dans leur rôle, surtout le rôle –titre tenu par Markus Meyer. AVA. Pour public adulte plutôt littéraire, là aussi s’il reste quelques places !! 22H ET MINUIT/ CAEN AMOUR/ CLOITRE DES CELESTINS/ DANSE /jusqu’au 12 juillet : Une installation scénique originale comme un petit castelet ou une installation de poupée, dans lequel Trajal Harrell nous invitera à déambuler aussi bien devant que derrière, où on pourra découvrir en coulisses les danseurs en train de se déguiser. Le thème de ce spectacle court et réjouissant est une interrogation sur les formes et les attitudes de la féminité. Il se déroule un peu comme un défilé de mode où se présentent successivement : mousmées, geishas, gitanes et autres orientales, jouées aussi bien par des danseurs que danseuse. Un spectacle bienvenu, très récréatif, entre deux pièces plus lourdes. AVA pour tous les amateurs de danse. Geneviève Coulomb


10 juillet 2016

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Avignon 16, premier épisode : Embrasser le monde Les Damnés

Jusqu'au 24 juillet 2016

Triomphe des « Damnés » en ouverture de la Cour d’Honneur le mercredi 6 juillet, voyage Mise en scène de Ivo van Hove époustouflant de douze heures par Julien Gosselin pour « 2666 »à la Avec la Troupe de la ComédieFabrica, et entre les deux, la jeune Française : Sylvia Bergé, Éric Maëlle Poesy qui nous plonge dans Génovèse, Denis Podalydès, une politique-fiction terriblement Alexandre Pavloff, Guillaume actuelle et l’Espagnole Angélica Gallienne, Elsa Lepoivre, Loïc Liddell qui ne nous surprend plus Corbery, Adeline d'Hermy, Clément Hervieu-Léger, Jennifer vraiment. Le Festival d’Avignon Decker, Didier Sandre, Christophe démarre de manière fulgurante cette année, avec une forte présence Montenez de vidéo et de la musique en direct. Et Basile Alaïmalaïs, Sébastien En voici le premier compte-rendu. Baulain, Thomas Gendronneau, Ghislain Grellier, Oscar Lesage, Stephen Tordo, Tom Wozniczka Avec Bl!ndman [Sax] : Koen Maas, Roeland Vanhoorne, Piet Rebel, Raf Minten De Visconti

Les 11, 12, 13, 14 et 15 juillet à 22h puis reprise à la Comédie Française dès le 25 septembre 2016 Durée : 2h10 Cour d'Honneur du Palais des Papes

Les Damnés : une descente aux enfers magistrale C’est l’événement de ce Festival 2106 : la troupe de la Comédie Française à son plus haut niveau, un metteur en scène star qui se produit partout en Europe, le Flamand Ivo Van Hove, et un scénario cinématographique de Luchino Visconti sorti dans les années 70. Les Damnés est l’histoire de la descente aux enfers d’une puissante famille allemande, les Von Essenbeck, en 1933, au moment de l’incendie du Reichstag. Peu à peu, alors que l’on célèbre l’anniversaire du père, ses fils, gendre, fille et belle-fille se disputent la maîtrise des aciéries sur fond de rivalités et de compromission financière et politique avec les Nazis. Loin des fastes de Luchino Visconti, le metteur en scène trace un rectangle orange et totalement nu que les personnages arpentent et traversent comme un jeu d’échecs, se


changeant à même le plateau, poursuivis par un ballet de caméras hyper-sophistiquées qui viennent traquer les visages, les émotions et la perversité de leurs actes, qui à les poursuivre même dans leurs cercueils capitonnés. Images en gros plans, en noir et blanc, projections sur écran géant qui démultiplient les corps durant les scène de débauche ou la Nuit des Longs Couteaux, ralentis ou pixellisation marquée, la production utilise aussi des images d’archives des grands événements nazis, pour plonger le spectateur dans le funeste basculement de personnages hautement policés de la haute bourgeoisie allemande en monstres froids et manipulateurs. Denis Podalydès est un piètre baron qui vire SA, Eric Génovèse un machiavélique tyran d’indutrie, Guillaume Gallienne et Elsa Lepoivre, couple à la Macbeth, organisent la déportation d’enfants, et les deux fils Esssenbeck, incarnés par Clément Hervieu-Léger et Christophe Montenez, formidable d’ambiguité, glissent subrepticement dans l’obéissance face aux SS. Seul contre tous, Loïc Corbery y sacrifie sa vie. Avec la réserve d’une utilisation massive de la vidéo, ce spectacle qui sera dès la rentrée à la Comédie Française dans un dispositif plus resserré, n’en sera que plus vibrant.

2666 D'après Robert Bolaño Mise en scène de Julien Gosselin

2666 : un voyage de douze heures au coeur d’un romanmonde

Le jeune metteur en scène Julien Gosselin, Avec Rémi Alexandre, Guillaume 29 ans, nous avait Bachelé, Adama Diop, Joseph épatés en créant au Drouet, Denis Eyriey, Antoine Festival d’Avignon Ferron, Noémie Gantier, Carine 2013 une adaptation Goron, Alexandre Lecroc, Frédéric magistrale des « Particules élémentaires » de Michel Houellebecq. Leidgens, Caroline Mounier, Victoria Quesnel, Tiphaine Raffier Avec sa troupe de jeunes comédiens surdoués et multi-langues, il remet le couvert avec une adaptation du roman-fleuve testamentaire Les 10, 12, 15 et 16 juillet à 14h du Chilien Roberto Bolaño, un véritable défi pour une oeuvre de plus puis reprise au Théâtre de l'Odéon de 1000 pages en cinq parties qui déploient des personnages aux quatre coins du monde. L’Europe, l’Amérique du Sud, le désert dès le 10 septembre 2016 mexicain, un quatuor de jeunes journalistes en quête d’un mystérieux écrivain allemand au nom italien qui se cacherait à Santa Teresa du Durée : 12h entractes compris Mexique, où vit le serial killer auteur des centaines des crimes sur des jeunes femmes assassinées et violées… Le roman embrasse le monde La Fabrica et les 20° et 21° siècle, et sa furieuse cohorte de guerres mondiales, de guérillas et de mafias diverses. C’est à cette folie littéraire, cette multiplicité de points de vue par différents narrateurs à laquelle s’attache Julien Gosselin avec une époustouflante maestria visuelle et sonore. Dirigeant ses comédiens caméléons comme dans des séquences cinéma, il les fait évoluer dans des cubes de verre (Hubert Colas) en alternant scènes jouées en live et filmées, faisant jouer les comédiens en français, anglais, allemand ou espagnol, leur permettant d’exceptionnels numéros d’acteurs. Vincent Macaigne décoiffe par son show d’écrivain shooté au mescal, tandis Frédéric Leidgens est bouleversant dans en vieil universitaire fou en en ex fonctionnaire nazi. Les décibels des tempos électroniques entêtants pulsent à fond, trop parfois, quitte à nous secouer entièrement le corps. La quatrième


partie, dédiée aux meurtres de femmes mexicaines violées, est à ce propos à la limite de l’insoutenable, comme doit l’être la liste des dizaines de crimes de femmes violées dans le livre. Bolaño embrasse tout, les anciens nazis corrompus avec les régimes du Sud de l’Amérique, les nouveaux riches narcissiques de Miami, les sectes, les narco-trafiquants protégés par les dirigeants mexicains, et Gosselin et ses comédiens et techniciens font exploser le cadre du théâtre en l’ouvrant au cinéma et la musique avec la violence métallique et sanglante du monde actuel. On n’en ressort pas indemne.

Ceux qui errent ne se trompent pas : une politique-fiction prémonitoire

Ceux qui errent ne se trompent pas De Kevin Keiss avec Maëlle Poésy Mise en scène Maëlle Poésy Avec Caroline Arrouas, Noémie Develay-Ressiguier, Marc Lamigeon, Roxane Palazzotto, Cédric Simon, Grégoire Tachnakian Durée : 1h45 Théâtre Benoît-XII www.festival-avignon.com

En 2004, l’écrivain portugais José Saramago fait paraître « La lucidité », une fiction qui met en avant la défaite de la démocratie par la généralisation du vote blanc. Maëlle Poésy, jeune metteuse en scène de 29 ans, s’est associé avec l’auteur Kevin Keiss pour adapter le roman à la France d’aujourd’hui. La farce est saisissante et bien plus percutante aujourd’hui, après les inondations diluviennes et le Brexit. Un dimanche pluvieux sur Paris, jour d’élections nationales, pas un votant ne se présente alors que les élus sont déjà sur le qui vive. A 17h, c’est l’afflux de votants, alors qu’on achemine déjà dans les QG des politiques des caisses de champagne. Le JT de 20 heures fait tomber la sanction : le vote blanc atteint 80% des voix ! Horreur, désastre, abomination, le gouvernement aux abois se terre comme dans un bunker et lance une grande enquête policière pour tenter de débusquer le complot à travers le service de La Vérité. Mais le blanc gagne la capitale, ses murs, ses drapeaux, et l’Etat policier durcit répressions et couvre feux. Le spectacle colle à l’actualité récente et combine astucieusement le réel et la burlesque en y instillant du fantastique et un peu d’Histoire. Les comédiens, tous épatants, nous plongent dans une chimère cauchemardesque mais très justement visionnaire sur l’état actuel de nos démocraties ! A suivre dans le prochain épisode, le dernier coup de coeur du In signé Anne-Cécile Vandalem.

Hélène Kuttner [ Crédit Photos : © Christophe Raynaud de Lage et Simon Gosselin]

http://www.artistikrezo.com/spectacle/critiques/theatre/avignon-16-premier-episode-embrasser-le-monde.html


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Avignon 16, premier épisode : Embrasser le monde Les Damnés

Jusqu'au 24 juillet 2016

Triomphe des « Damnés » en ouverture de la Cour d’Honneur le mercredi 6 juillet, voyage Mise en scène de Ivo van Hove époustouflant de douze heures par Julien Gosselin pour « 2666 »à la Avec la Troupe de la ComédieFabrica, et entre les deux, la jeune Française : Sylvia Bergé, Éric Maëlle Poesy qui nous plonge dans Génovèse, Denis Podalydès, une politique-fiction terriblement Alexandre Pavloff, Guillaume actuelle et l’Espagnole Angélica Gallienne, Elsa Lepoivre, Loïc Liddell qui ne nous surprend plus Corbery, Adeline d'Hermy, Clément Hervieu-Léger, Jennifer vraiment. Le Festival d’Avignon Decker, Didier Sandre, Christophe démarre de manière fulgurante cette année, avec une forte présence Montenez de vidéo et de la musique en direct. Et Basile Alaïmalaïs, Sébastien En voici le premier compte-rendu. Baulain, Thomas Gendronneau, Ghislain Grellier, Oscar Lesage, Stephen Tordo, Tom Wozniczka Avec Bl!ndman [Sax] : Koen Maas, Roeland Vanhoorne, Piet Rebel, Raf Minten De Visconti

Les 11, 12, 13, 14 et 15 juillet à 22h puis reprise à la Comédie Française dès le 25 septembre 2016 Durée : 2h10 Cour d'Honneur du Palais des Papes

Les Damnés : une descente aux enfers magistrale C’est l’événement de ce Festival 2106 : la troupe de la Comédie Française à son plus haut niveau, un metteur en scène star qui se produit partout en Europe, le Flamand Ivo Van Hove, et un scénario cinématographique de Luchino Visconti sorti dans les années 70. Les Damnés est l’histoire de la descente aux enfers d’une puissante famille allemande, les Von Essenbeck, en 1933, au moment de l’incendie du Reichstag. Peu à peu, alors que l’on célèbre l’anniversaire du père, ses fils, gendre, fille et belle-fille se disputent la maîtrise des aciéries sur fond de rivalités et de compromission financière et politique avec les Nazis. Loin des fastes de Luchino Visconti, le metteur en scène trace un rectangle orange et totalement nu que les personnages arpentent et traversent comme un jeu d’échecs, se


changeant à même le plateau, poursuivis par un ballet de caméras hyper-sophistiquées qui viennent traquer les visages, les émotions et la perversité de leurs actes, qui à les poursuivre même dans leurs cercueils capitonnés. Images en gros plans, en noir et blanc, projections sur écran géant qui démultiplient les corps durant les scène de débauche ou la Nuit des Longs Couteaux, ralentis ou pixellisation marquée, la production utilise aussi des images d’archives des grands événements nazis, pour plonger le spectateur dans le funeste basculement de personnages hautement policés de la haute bourgeoisie allemande en monstres froids et manipulateurs. Denis Podalydès est un piètre baron qui vire SA, Eric Génovèse un machiavélique tyran d’indutrie, Guillaume Gallienne et Elsa Lepoivre, couple à la Macbeth, organisent la déportation d’enfants, et les deux fils Esssenbeck, incarnés par Clément Hervieu-Léger et Christophe Montenez, formidable d’ambiguité, glissent subrepticement dans l’obéissance face aux SS. Seul contre tous, Loïc Corbery y sacrifie sa vie. Avec la réserve d’une utilisation massive de la vidéo, ce spectacle qui sera dès la rentrée à la Comédie Française dans un dispositif plus resserré, n’en sera que plus vibrant.

2666 D'après Robert Bolaño Mise en scène de Julien Gosselin

2666 : un voyage de douze heures au coeur d’un romanmonde

Le jeune metteur en scène Julien Gosselin, Avec Rémi Alexandre, Guillaume 29 ans, nous avait Bachelé, Adama Diop, Joseph épatés en créant au Drouet, Denis Eyriey, Antoine Festival d’Avignon Ferron, Noémie Gantier, Carine 2013 une adaptation Goron, Alexandre Lecroc, Frédéric magistrale des « Particules élémentaires » de Michel Houellebecq. Leidgens, Caroline Mounier, Victoria Quesnel, Tiphaine Raffier Avec sa troupe de jeunes comédiens surdoués et multi-langues, il remet le couvert avec une adaptation du roman-fleuve testamentaire Les 10, 12, 15 et 16 juillet à 14h du Chilien Roberto Bolaño, un véritable défi pour une oeuvre de plus puis reprise au Théâtre de l'Odéon de 1000 pages en cinq parties qui déploient des personnages aux quatre coins du monde. L’Europe, l’Amérique du Sud, le désert dès le 10 septembre 2016 mexicain, un quatuor de jeunes journalistes en quête d’un mystérieux écrivain allemand au nom italien qui se cacherait à Santa Teresa du Durée : 12h entractes compris Mexique, où vit le serial killer auteur des centaines des crimes sur des jeunes femmes assassinées et violées… Le roman embrasse le monde La Fabrica et les 20° et 21° siècle, et sa furieuse cohorte de guerres mondiales, de guérillas et de mafias diverses. C’est à cette folie littéraire, cette multiplicité de points de vue par différents narrateurs à laquelle s’attache Julien Gosselin avec une époustouflante maestria visuelle et sonore. Dirigeant ses comédiens caméléons comme dans des séquences cinéma, il les fait évoluer dans des cubes de verre (Hubert Colas) en alternant scènes jouées en live et filmées, faisant jouer les comédiens en français, anglais, allemand ou espagnol, leur permettant d’exceptionnels numéros d’acteurs. Vincent Macaigne décoiffe par son show d’écrivain shooté au mescal, tandis Frédéric Leidgens est bouleversant dans en vieil universitaire fou en en ex fonctionnaire nazi. Les décibels des tempos électroniques entêtants pulsent à fond, trop parfois, quitte à nous secouer entièrement le corps. La quatrième


partie, dédiée aux meurtres de femmes mexicaines violées, est à ce propos à la limite de l’insoutenable, comme doit l’être la liste des dizaines de crimes de femmes violées dans le livre. Bolaño embrasse tout, les anciens nazis corrompus avec les régimes du Sud de l’Amérique, les nouveaux riches narcissiques de Miami, les sectes, les narco-trafiquants protégés par les dirigeants mexicains, et Gosselin et ses comédiens et techniciens font exploser le cadre du théâtre en l’ouvrant au cinéma et la musique avec la violence métallique et sanglante du monde actuel. On n’en ressort pas indemne.

Ceux qui errent ne se trompent pas : une politique-fiction prémonitoire

Ceux qui errent ne se trompent pas De Kevin Keiss avec Maëlle Poésy Mise en scène Maëlle Poésy Avec Caroline Arrouas, Noémie Develay-Ressiguier, Marc Lamigeon, Roxane Palazzotto, Cédric Simon, Grégoire Tachnakian Durée : 1h45 Théâtre Benoît-XII www.festival-avignon.com

En 2004, l’écrivain portugais José Saramago fait paraître « La lucidité », une fiction qui met en avant la défaite de la démocratie par la généralisation du vote blanc. Maëlle Poésy, jeune metteuse en scène de 29 ans, s’est associé avec l’auteur Kevin Keiss pour adapter le roman à la France d’aujourd’hui. La farce est saisissante et bien plus percutante aujourd’hui, après les inondations diluviennes et le Brexit. Un dimanche pluvieux sur Paris, jour d’élections nationales, pas un votant ne se présente alors que les élus sont déjà sur le qui vive. A 17h, c’est l’afflux de votants, alors qu’on achemine déjà dans les QG des politiques des caisses de champagne. Le JT de 20 heures fait tomber la sanction : le vote blanc atteint 80% des voix ! Horreur, désastre, abomination, le gouvernement aux abois se terre comme dans un bunker et lance une grande enquête policière pour tenter de débusquer le complot à travers le service de La Vérité. Mais le blanc gagne la capitale, ses murs, ses drapeaux, et l’Etat policier durcit répressions et couvre feux. Le spectacle colle à l’actualité récente et combine astucieusement le réel et la burlesque en y instillant du fantastique et un peu d’Histoire. Les comédiens, tous épatants, nous plongent dans une chimère cauchemardesque mais très justement visionnaire sur l’état actuel de nos démocraties ! A suivre dans le prochain épisode, le dernier coup de coeur du In signé Anne-Cécile Vandalem.

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10 juillet 2016

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Avignon : 12 heures de traversée douloureuse et exaltante avec Julien Gosselin

Gaspard et Quentin, 12 heures de traversée avec Julien Gosselin

Il y avait foule hier à la première de "2666" de Julien Gosselin (qui avait connu un triomphe en 2014 avec "Les Particules élémentaires"). Une foule prête à embarquer pour 12 heures de spectacles (avec quelques entractes), prête à en découdre ! Et Parmi eux, Quentin et Gaspard, 23 et 27 ans. Nous avons vécu avec eux cette aventure exaltante, douloureuse parfois, prenante jusqu'au bout. Ils ont quitté les remparts, direction la Fabrica, profitant du ciel voilé et d'une température clémente pour parcourir les quelques kilomètres par une marche bienvenue, avant de s'embarquer pour une toute autre aventure : la traversée par Julien Gosselin et sa troupe de "2666", le livre monde, le livre testament du Chilien Roberto Bolano, qui explore la question du mal. Quentin, étudiant en théâtre à Mons s'installe. Il a entrainé sa sœur et une copine, Fany et Gloria. "Moi ce sont les 12 heures qui m'attirent, une expérience collective sur la durée. On sait quand on arrive, que ce seront les mêmes gens autour de nous 12 heures plus tard, c'est fascinant et en décalage complet avec ce qui se passe dans nos sociétés contemporaines", me dit-il, le plus sérieusement du monde. Gaspard, lui, a étudié les Arts du spectacle. Il vient au festival depuis quatre ans et a déjà vu trois pièces cette année : "Les Damnés" de Ivo van Hove, Angélica Liddell et Maëlle Poesy. Il a trouvé les trois "extraordinaires". 14H : Le spectacle démarre comme un brulant polar. Dans un congrés international de littérature allemande, à la Sorbonne, quatre universitaire européens (qui deviendront amis), partagent leur fascination pour un auteur que personne n'a jamais rencontré. On sait de lui qu'il est né en 1920, qu'il est prussien, qu'il était un jeune homme pendant la 2e guerre mondiale et qu'il a pris pour pseudonyme : Benno von Archimboldi. Ils sont prêts à tout pour le retrouver.


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4 universitaires sur les traces d'un mystérieux auteur allemand © Boris Horvat/AFP

Cette première des 5 parties que compte le spectacle (comme les 5 chapitres du livre ) est halletante. Avec une incroyable intensité, les comédiens nous entrainent dans leur enquête qui les conduira de Paris au Mexique, dans une ville frontière, Santa Teresa, où depuis des années sont assassinées des centaines de femmes anonymes. Ce déplacement géographique se double de relations intimes complexes, puisque ces universitaires sont composés de trois hommes, tous amoureux de Linda, la femme du groupe, la numéro 4 (Noémie Gantier).

© Boris Horvat/AFP


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16H15 : 1er entracte. Mais Quentin nous met en garde : "Je n'aime pas parler d'un spectacle à l'entracte, parcequ'il s'agit d'un objet incomplet". Au contraire Martine, psychologue dans la vie, partage son enthousiasme : "J'adore pour l'instant. Quand je rentre dans un bon bouquin j'ai envie d'aller jusqu'au bout, là c'est pareil, alors que j'étais venue à reculons à cause de la longueur."

Martine et Roger © Sophie Jouve/Culturebox

16H45 : Le spectacle reprend avec de nouveaux personnages : un professeur de Barcelone, Oscar Amalfitano et ses filles dont le destin va aussi croiser le Mexique et sa corruption généralisée. Nous voilà en Amérique du Sud, ventilateurs à pales, narcotraficants et climat tropical, un autre monde. Les comédiens jouent tous plusieurs personnages, faisant preuve d'un engagement et d'un art du dédoublement qui force l'admiration. Comme Denys Euriey qui passe de l'universitaire au boxeur mexicain, avec la même crédibilité. 18H : 2e entracte et premiers coups de fatigue. A l'extérieur, le soleil brûle à nouveau.

© Sophie Jouve/Culturebox


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18H30 : 3e partie. Un journaliste américain de Detroit est dépéché au Mexique pour couvrir un match de boxe… à Santa Teresa. Tout l'acte se déroule dans la fièvre d'une boite de nuit et par immenses écrans interposés. Gosselin tisse sa toile, ose les digressions, multiplie les mondes. En utilisant la vidéo et les effets lumineux, la musique et les sons, jusqu'à saturation. Le metteur en scène, qui n'a pas encore 30 ans, avait prévenu : "J'aimerais emporter le spectateur dans mon plaisir et inconfort quand je lis 2666".

Vidéo, musique et effets sonores © Boris Horvat/AFP

20H15 : 3e entracte, d'une heure celui là, car il est temps de se restaurer. L'organisation et le service ont beau ne pas être à la hauteur, l'ambiance est détendue et bon enfant. Et puis il y a encore 7 heures de spectacle à vivre !

La bonne humeur malgré une organisation qui laisse à désirer © Sophie Jouve/Culturebox


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© Sophie Jouve/Culturebox

21H15 : La collation a été frugale, heureusement. Car cette quatrième partie nous plonge en enfer. Pendant deux heures et dans l'obscurité, s'incrustent en projection la listes des jeunes femmes assassinées entre 1993 et 2000 dans cette ville du nord du Mexique. La litanie de leurs noms, énumérés les uns après les autres, leur âge, leurs sévices, dans le moindre détails. Une overdose de musique et de supplices, d'autant plus osée et insupportable qu'il s'agit là d'un fait divers réel, relaté dans le livre de Bolano. 23H15 : 4e entracte. La fatigue et le choc de ce qui vient de se vivre se lisent sur les visages. On grille une cigarette, on oublie de rallumer son portable.

© Sophie Jouve/Culturebox


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23H45 : Un peu soulagé à l'idée d'aborder la dernière ligne droite, on regagne son siège et ses voisins, devenus compagnons de traversée. Nous irons encore du siège de Sébastopol à la Roumanie, de l'Italie au Mexique, sur les traces d'Archimboldi. Des monde surgissent, vertigineux, mais Gosselin ne nous perd pas. 2H00 : C'est l'ovation. Dans les travées, très peu de défections. Fany et Gloria ont lâché Quentin, après tout de même 4 heures de spectacle.

© Sophie Jouve/Culturebox

Quentin est maintenant assis à côté de Gaspard, tels de bons vieux copains. "Il y a des moments superbes et des moments où je me suis ennuyé", confie Gaspart un peu sonné, "les propos finissent par se déliter". Les yeux de Quentin, eux, pétillent : "La 4e partie est très dure, il y a des moments où c'est une soufffrance, mais ça fait partie de l'expérience globale. C'était gigantesque !" Par Sophie Jouve @sophiejouve1 Rédactrice en chef adjointe de Culturebox, responsable de la rubrique Théâtre-Danse http://culturebox.francetvinfo.fr/avignon/le-festival-d-avignon/avignon-12-heures-de-traverseedouloureuse-et-exaltante-avec-julien-gosselin-242839


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Avignon 2016 : le triomphe de Julien Gosselin

Par Armelle Héliot Publié le 10/07/2016 à 11h40 LE FEUILLETON D'ARMELLE HÉLIOT - 3 - La première représentation de 2666 a été triomphale. Mais comme partout, la ville attend surtout la finale de foot. Chaleur d'enfer dès le matin et pas un souffle aujourd'hui pour que l'on respire un peu. Avignon, le dimanche, c'est le marché à la brocante de la place des Carmes, c'est la bousculade aux Halles et c'est un monde fou dans les rues dès potron-minet. Hier matin, dès avant 9h, une longue file se déployait le long de la rue Joseph Vernet pour l'enregistrement du Masque et la Plume sous la direction de Jérôme Garcin dans la cour arborée du magnifique Musée Calvet. Mais une imposante branche d'un des quatre platanes majestueux était tombée durant la nuit. Laurence Bloch, directrice de France Inter et Jérôme Garcin sont sortis et ont remonté la longue file pour expliquer la situation aux spectateurs. Certains font quand même des centaines de kilomètres pour assister à l'enregistrement. Mais les services techniques de la ville, la direction du musée et celle de France Inter ne pouvaient prendre le moindre risque même s'il s'agissait d'une branche morte, tombée sur les fauteuils des spectateurs. Pompiers, élagueurs sont donc intervenus. C'est à midi qu'étaient finalement fixés les enregistrements. L'un pour le «in», l'autre pour le «off». Toute la ville se prépare au match et la direction du festival a, un moment, pensé retarder d'une heure la soirée d'Amos Gitaï dans la cour d'Honneur. Mais il n'y a pas de solution et, victoire ou non de la France, il y aura des clameurs dès 21heures. Le dimanche, le feuilleton de Thomas Jolly s'interrompt. Le public était très nombreux hier pour assister à l'épisode sur le «off». Le metteur en scène, pied cassé, assistait à l'écart au triomphe de ses camarades. Vendredi après-midi, il a passé à Rennes le «Grand oral» pour la direction du TNB.


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Mais c'est Arthur Nauzyciel qui a été nommé et à Avignon, professionnels comme public, s'étonnent qu'on ne rajeunisse pas les cadres alors que le grand discours est en ce sens. Pas grave. Thomas Jolly a un grand avenir. «C'était pas ma semaine!» dit-il dans un sourire de bon joueur. La première représentation publique à Avignon de 2666, l'adaptation par Julien Gosselin du livre fleuve du Chilien Roberto Bolano, a été magistralement menée. La troupe a retravaillé depuis Valenciennes. On vous en dit un peu dans Le Figaro du 11 juillet, avant d'y revenir. Un sommet d'émotion et d'intelligence dramatique Il y a des pépites dans ce festival. «In» comme «off». Ainsi François Fehner et ses amis Ibrahima Bah et Pascal Papini proposent-ils (22h45 aux Hauts-Plateaux jusqu'au 17 juillet), une version formidablement intelligente et ludique de Sankara Mitterrand de Jacques Jouet. Beaucoup d'archives et un jeu oulipien donnent à ce moment bref (1h05) de la force et de la grâce. A la Chatreuse de Villeneuve-les-Avignon, au Tinel, c'est un joyau que l'on peut découvrir. Un de ces moments exquis de charme insolite, de profondeur, de beauté, de joie. La Rive dans le noir ou Une performance dans les ténèbres a été imaginé et est vécu devant nous par Pascal Quignard et Marie Vialle. Ils ont comme partenaires des oiseaux dont s'occupe un oiseleur-poète, Tristan Piot, qui se dit «éducateur d'oiseaux». La présence puissance d'un Quignard toujours émacié et grave, belle voix, la beauté et l'art du jeu de Marie Vialle qui a appris à pousser des cris...d'oiseau, les costumes sculptures et la scénographie de Chantal de La Coste, le texte magnifique, tout fait de ce moment un sommet d'émotion et d'intelligence dramatique avec quelque chose d'espiègle. Deux enfants, Quignard et Marie Vialle... C'est jusqu'au 14 juillet à 18heures. Durée: 1h15. Courez-y! http://premium.lefigaro.fr/theatre/2016/07/10/03003-20160710ARTFIG00045-avignon-2016-letriomphe-de-julien-gosselin.php


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2666 adapté et mis en scène par Julien Gosselin

2666 – Festival d’Avignon – Houellebecq est-il un génie ou un imposteur ? Si la question ne cesse de faire couler de l’encre, c’est qu’il s’agit assurément d’un personnage médiatique que l’on retrouve aussi bien en littérature, au cinéma qu’au théâtre. Julien Gosselin et sa compagnie Si vous pouviez léchez mon cœur se sont fait connaître grâce à l’adaptation des Particules élémentaires. Pour sa deuxième création, le jeune metteur en scène confirme son intérêt pour l’écriture contemporaine en s’attaquant à une deuxième adaptation du roman fleuve 2666. La pièce est longue, le spectateur se voit récompenser du badge « Estuve aqui » que les vétérans pourront accrocher à leur vareuse aux côté de celui du Henry VI de la Piccola Familia. Il n’y a pas d’autres comparaisons entre les deux pièces que leur longueur et cette ambition de durer. On a beaucoup glosé sur ces « expériences théâtrales » très prisées des festivaliers et qui posent pour autant la question du spectateur. Qui a le temps d’aller voir ces monstres ? Si Thomas Jolly a pensé à une articulation entre ces différents épisodes et a bien fait attention à la façon dont sa passionnante saga pourrait tourner, il faut bien constater que 2666 est conçue comme une expérience totale à laquelle il faut consentir le sacrifice de son temps. La question récurrente de Roberto Bolaňo, le long de son roman, sur la distinction entre œuvre majeure et mineure résonne ainsi différemment dans ce contexte qui laisse penser à une bataille d’égo. L’adaptation à la scène de ce grand roman inachevé avait tout d’une gageure alors que retenir de 10h de spectacle ?

2666 – un marathon de 11h30 L’oeuvre se compose de cinq parties inégales, on suit différents personnages, des critiques, des journalistes, un professeur de philo dont le chemin se croisent autour de la ville mexicaine de Santa Teresa où plus de deux cents femmes ont été assassinées. La figure d’un écrivain, Benno von Archimboldi plane sur la scène et introduit un semblant d’intrigue ; à défaut de jamais vraiment chercher les coupables du féminicide, l’identité mystère de cet Archimboldi sera peu à peu révélée. Le déséquilibre du roman se traduit sur scène par un problème de rythme qui va croissant. On pourrait même dire qu’il s’agit d’une expérience du vide tant au fur et à mesure l’intérêt de la pièce diminue. Il s’agit encore une fois pour Gosselin de parler de l’intérieur de l’ennui de la société de consommation et l’épuisement progressif des hommes et des femmes dont on suit les errances intérieures. S’il y est des pièces qui se lisent dans un fauteuil, celle-ci pourrait tout entière se jouer sur le divan, même si de nombreux intertitres évoquent une géographie mondialisé entre Allemagne, Espagne, Etats-Unis et Mexique. Qui dit monde actuel, puisque cette fresque se situe à la charnière des XXème et XXIème, dit aussi théâtre contemporain. Cette pièce ne nous aide pas à prendre du recul sur notre époque et elle n’a pas l’ambition de


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proposer des clés de compréhension. Elle colle plutôt à l’actualité, ressassant les faits divers jusqu’à saturation. Peu de perspectives dans ce spectacle qui finalement peut se voir au mieux comme un exercice méta-théâtral, au pire comme une parodie de théâtre contemporain. On retrouve tous les clichés, de la nudité gratuite à l’omniprésence des écrans. La faute sans doute à notre société du spectacle qu’il s’agit encore de dénoncer… Le décor, minimaliste, modulable et post moderne, rappelle des containers. Les comédiens évoluent rarement en dehors de ces boites, donnant une impression de 2d, encore renforcée par le jeu des caméras. Si l’on comprend le discours sur l’individualisme, l’isolement et la dépersonnalisation des rapports humains on peut regretter que les déplacements soient réduits et répétitifs. On ne mentionnera pas des longueurs mais loin des expérimentations promises, ce spectacle semble planter les bases d’un nouvel académisme. Rappelons au passage que la compagnie Si vous pouviez lécher mon cœur est pressentie pour bénéficier du label et des subventions « Compagnie nationale » délivrée par le ministère de la Culture. On ne dira rien du budget de cette grandiloquente production qui tournera finalement assez peu mais l’on imagine qu’une bonne partie a été investie dans les écrans, dans le décor et pour la musique. Autant d’effets dont use et abuse 2666 qui semble ne pas faire confiance au jeu de ses acteurs, par ailleurs très inégal. Les scènes filmées succèdent aux monologues et la pièce fonctionne par écrans interposés si bien que les rares interactions entre acteurs sur le plateau méritent d’être soulignés ; elles donnent un peu de dynamisme à l’ensemble. La musique très présente, et de bonne facture, ne parvient pas à transcender l’apathie générale et même les scènes de boites de nuits restent classiques. Le spectateur reste passif sur son siège pendant que continue de se dérouler derrière la caméra la fête auquel il ne participera pas. Heureux les heureux ; voilà un spectacle qui prend malgré la performance en direct du DJ peu de risques. Ne pas parler enfin du texte, multi-présent, dans cette adaptation littéraire serait un oubli ; mais pour autant il n’est pas si facile d’évoquer sa place sur la scène. Sans mentionner les coupes ou les passages qui ont été mises en scène ; les lignes vidéo-projetées tout au long de la représentation posent question. Bien au centre de la salle, plutôt en hauteur, jusqu’à 3 lignes de textes défilent pour une durée qui semble interminable. Il est bien plus confortable de lire le livre, mais alors que le son monte il n’a rien d’autre à faire pendant la partie des victimes, sinon égrener la liste des assassinées et prier pour que cela s’arrête… Cette imposition du texte pour rappeler le médium d’origine a tout de l’idée géniale mais est enfin un dispositif lourd et encombrant que le metteur en scène lui même relègue en fond de scène sans vraiment d’explication, n’assumant qu’à moitié un parti pris trop littéral. Une nouveau spectacle pour parler de la vacuité du monde contemporain laisse toujours une impression de gâchis. Tout n’est pas mauvais dans le spectacle et certaines scènes méritent d’être signalées comme l’introduction-conférence d’un des co-fondateurs des Black Panther de la 3ème partie ou même la scène de confrontation finale de la 4ème partie entre députée et journaliste. Mais tant d’intelligences pour en arriver à cette conclusion nous poussent à nous interroger et s’il était temps d’agir ? De faire du théâtre par exemple. 2666 pour l’heure n’a pas franchi le pas et reste de l’ordre du non événement. Henri GUETTE


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2666

dans Théâtre Avec 2666, Julien Gosselin parvient à nous plonger pendant douze heures dans une sorte d’irréalité surprenante en nous questionnant sur notre ressenti face à l’horreur et à la brutalité du monde. Incarnée par des comédiens aux jeux multiples, la performance est impressionnante et la scénographie d’Hubert Colas s’assemble naturellement avec le théâtre technologique de Julien Gosselin. Cette année, au tour de Julien Gosselin de remporter le prix du spectacle le plus long : une adaptation du roman de Roberto Bolaño, « 2666 », qui dure près de douze heures. Cinq parties du roman composent les cinq parties du spectacle : la partie des critiques, celles de Fate, d’Archimboldi ou d’Amafiltano, sans oublier la brutale partie des crimes durant laquelle défile le nom de victimes de meurtres et la façon dont elles ont été tuées. Si elles sont cloisonnées et pourraient chacune se suffire à elles-mêmes ces parties ont une destination commune : la ville de Santa Teresa (avatar de Ciudad Juárez) au Mexique, où des centaines de meurtres de filles et de femmes n’ont jamais été élucidés. Sans jamais se rencontrer, les différents héros cherchent des réponses à leurs questions. « 2666 » mélange grande et petite histoire, le destin de chacun est confronté à celui plus général de la brutalité du monde. La longueur du spectacle permet de bien développer le caractère des personnages. Personnages dont sont exposés tous les travers et les névroses, incarnée par des comédiens aux jeux multiples. La performance est impressionnante, d’autant qu’ils jonglent entre l’allemand, l’anglais et l’espagnol avec un talent déconcertant. La scénographie d’Hubert Colas s’assemble naturellement avec le théâtre technologique de Julien Gosselin. Composée de plusieurs modules cubiques qui s’assemblent, elle permet de créer tantôt des espaces profonds, tantôt des écrans sur lesquels est projeté le clou du décor : la vidéo. Son utilisation permet de faire un théâtre très particulier, celui duquel se réclame par exemple Cyril Teste, à savoir la performance filmique : tout ce qui est projeté est composé en direct et les caméramans sont visibles dans l’espace des comédiens. Gosselin l’emploie pour créer des ambiances qui s’étalent sur plusieurs mètres de hauteurs. On retiendra la scène particulièrement marquante dans une boîte de nuit de San Teresa, car la vidéo est accompagnée d’une musique à la hauteur. Froide, électronique, mais jouée en live par deux musiciens hauts perchés, elle est le point d’orgue du spectacle. Si les parties sont d’intensités diverses, Julien Gosselin parvient à nous plonger pendant douze heures dans une sorte d’irréalité surprenante. Il souligne les conditions de vies atroces des faibles à travers une histoire mystérieuse et haletante. Il questionne ainsi notre rapport, notre ressenti d’humain face à l’horreur en nous confrontant à celle-ci et à ceux qui ne la ressentent pas. Est-ce nous ? Cette réalité dure mais jamais insoutenable est intéressante : il y a toujours la place pour l’imagination et la réflexion.

Par Hadrien Volle


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"2666" beim Theaterfestival AvignonEin großes verwirrendes Wimmelbild Der junge Regisseur Julien Gosselin hat sich beim Theaterfestival in Avignon an die Inszenierung des 1.100 Seiten zählenden Romans "2666" von Robert Balaño herangewagt. Dass die Zuschauer dafür zwölf Stunden ausharren müssen, stört sie nicht. Es geht um Sexualität und Gewalt, Literatur und Philosophie, Poesie und die Lösung des Welträtsels. Von Eberhard Spreng

Das Ensemble von "2666" beim Schlussapplaus in Avignon (Foto: Eberhard Spreng) Ein Flügel steht auf der weiten Bühne und ein großer Tisch mit zwei Mikrophonen. Wie ein Oratorium inszeniert Amos Gitai seine Hommage an den 1995 ermordeten Ministerpräsidenten Israels. Am Tische in der Mitte sitzen zwei Schauspielerinnen, daneben zwei Musikerinnen. Links wartet ein Chor. Die vier Frauen stehen für Leah Rabin, die Witwe des Ermordeten. Unterbrochen von den musikalischen Interventionen teilen sich die bekannte palästinensische Filmschauspielerin Hiam Abbas und die israelisch-französische Darstellerin Sarah Adler die Lektüre von Leah Rabins Erinnerungen: "Il est parti confiant, l’esprit tranquille. Il n’aurait jamais accepté de porter un gilet pare-balles. Il n’avait aucune espèce d’inquiétude." Mit einigen riesig auf die Papstpalastfassade projizierten Ausschnitten damaliger Fernsehbilder dokumentiert Gitaï auch das gefährliche politische Klima im Israel des Jahres 1995, die Massendemonstrationen des rechten, friedensunwilligen Lagers und deren Legitimierung des Mordanschlags. Amos Gitaï, der in zahllosen Filmen die Entwicklung seines Landes nachgezeichnet hat, weist in diesem Requiem zurück auf den Moment eines historischen Umbruchs in der Geschichte Israels und legt den Finger an eine Wunde, die seitdem nicht mehr verheilt.


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Im modernen Theaterneubau in einem Außenbezirk der Festivalstadt, der FabricA, ist, soviel darf man jetzt schon prophezeien, das Ereignis des 70. Festival d’Avignon zu sehen. Roberto Bolanos 1200-seitiges Monstrum "2666" hat der 29 Jahre junge Julien Gosselin inszeniert. Der Einstieg in den gewaltigen und gewalttätigen Weltroman geht im ersten "Teil der Kritiker" recht beschaulich vor sich: Die amouröse Verwicklungen von ein paar Literaturwissenschaftlern, die sich in schicken Le Corbusier–Sofas lümmeln. Ihre Ménage à trois erlebt in der hitzigen Begegnung mit einem pakistanischen Taxifahrer einen Kulturschock und landet so im Herzen des Romanthemas Gewalt: Die sonst so anständigen Wissenschaftler prügeln einen Mann krankenhausreif, nachdem der die Kollegin und gemeinsame Geliebte eine Nutte genant hatte.

Genre-Mix zwischen Schauspiel und Kino Unheil-böse dröhnt jetzt der Soundtrack, mit dem Julien Gosselin das gesamte lange Theaterabenteuer wirkungsmächtig unterlegt. Drei Videoprojektionen sorgen für einen Genre-Mix zwischen Schauspiel und Kino. "C’est une idée de Marcel Duchamp. Il suspendait les livres pour que le vent puisse les feuilleter" Die fünf Teile des 2666-Zylkus sind Kriminalroman, Gesellschaftsstück, Poesie, Allegorie, absurder Alptraum und quälender Realismus gleichzeitig. Vor allem sind sie Teile eines Vexierbildes, in dem sich ein von immer mehr blutiger Gewalt geprägter Weltzustand beim Eintritt ins 21. Jahrhundert spiegelt. Es geht um Sexualität und Gewalt, Literatur und Philosophie, um Poesie, um das Gehirn und die Lösung des Welträtsels. Der narrative Sog führt immer wieder in die nordmexikanische Stadt Santa Teresa, mit der der früh verstorbene chilenische Autor wohl den mörderischsten Ort des Planeten meinte: Ciudad Juárez, wo arme Wanderarbeiterinnen für einer Hungerlohn ausgebeutet werden und in einer nicht abreißenden Vergewaltigungs- und Mordserie umkommen. Wie der Leser, so bewegt sich auch der Zuschauer wie ein kurzsichtiges Insekt über die Oberfläche eines großen verwirrenden Wimmelbildes, folgt einzelnen Figuren und ihren Passionen, wechselt Thema und Protagonisten, und erlebt neue Überraschungen. Und er wird auf der Suche nach dem Sinn des großen Ganzen immer wieder verzaubert von den ungeheuer schön und einfach skizzierten Formen des besonderen Einzelnen. Julien Gosselin hat die Seele des Kult-Romans treu und kongenial in Bild und Spiel übersetzt. Und das bedeutet, dass er auf die große Politik verzichtet. Der Zuschauer weiß nach 12 spannenden Stunden immer noch nicht, welchem höheren Zweck die Anstrengung gedient hat und ahnt, dass in diesem literarischen Großwerk und in diesem theatralischen Glanzstück das 20. Jahrhundert und seine ideologischen Gewissheiten mit ihren politischen Parteiungen, Fraktionen und Glaubensrichtungen endgültig untergegangen ist. Die Theaterkunst findet hier zu ihrem Kern zurück – zum unverblendeten Bild des Menschen und dem Material, das zügellose Globalisierung aus ihm macht.


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2666 d’après Robert Bolano, traduction Robert Amutio, adaptation et mise en scène de Julien Gosselin (Gallimard, Folio, 2011) Crédit photo : Simon Gosselin 2666 d’après Robert Bolano, traduction Robert Amutio, adaptation et mise en scène de Julien Gosselin (Gallimard, Folio, 2011) Julien Gosselin adapte et crée 2666, l’ultime création du chilien Roberto Bolano, roman visionnaire dont le metteur en scène se propose de tisser les formes et les moyens à articuler pour le plateau, soit une esthétique à réinventer pour le théâtre. L’art est entendu comme le geste extrême qui révèle la lutte entre l’imaginaire et la violence du réel, et si l’intensité littéraire ne peut concurrencer le réel, la beauté souveraine de la littérature demeure dans la vitalité même du mouvement. Se battre contre la violence crée l’œuvre d’art, même si la fiction finalement déçoit. Cinq parties scandent la représentation de 2666 : quatre universitaires trentenaires –anglais, français, espagnol et italien – cumulent les conférences européennes sur un écrivain énigmatique du XX é siècle dont ils recherchent l’identité inconnue. Ils poursuivent leur traque jusqu’à Santa Teresa au Mexique, près des Etats-Unis. Ils sont accueillis par un universitaire espagnol, installé au Mexique avec sa fille. À Harlem, un jeune journaliste afro-américain, qui vient de perdre sa mère, va couvrir un combat de boxe à Santa Teresa, il y rencontre la fille de l’Espagnol et enquête en secret en même temps sur une série de meurtres de fillettes, jeunes filles et femmes. Violences, strangulations, brûlures et tortures, le coupable est insaisissable. La piste suivie est celle d’un allemand, gérant d’un magasin d’informatique. Enfin, on découvre que l’écrivain énigmatique du début, après s’être engagé dans l’armée allemande lors de la Seconde Guerre mondiale, s’est envolé pour le Mexique… Traque, suspens, évocation de la littérature en même temps que du passé douloureux de l’Histoire, évocation d’un état du monde où le Sud s’oppose au Nord, où l’oppression des riches soumet encore les pauvres à travers les narcotrafiquants et l’argent sale, entre fausse libération féminine et tyrannie des mâles – brutalité virile des conquérants sur les femmes – écolières, ouvrières, épouses et autres. Une vision où le décalage grandit entre les tenants des richesses et les autres. Le monde n’est décidément pas beau et sa réflexion approfondit l’écriture de Bolano dont Julien Gosselin se saisit à bras ouverts, comme s’il voulait à tout prix faire glisser l’œuvre littéraire et la réduire sous les fourches caudines de la représentation. Un sentiment d’urgence et de précipitation imprime la teneur du spectacle qui n’aura de cesse d’aller au bout de la nuit de sa représentation, envers et contre tout.


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Les comédiens qui déclament un récit narratif à dimension épique ont maille à partir avec la dramatisation. Ils s’adonnent à des « conversations » qui ne font pas dialogues de théâtre, et livrent un discours à bâtons rompus, sans pause ni silence, avec pour outils de travail et de sauvetage des micros HF dont il faut savoir user. Gagner du temps, la contrainte simplifie l’écoute d’une déclamation en sur-énergie. La vidéo utilisée en live lors de la représentation projette les visages sur un grand écran qui surmonte l’habitacle scénographique, des cubes transparents avec rideaux blancs qui avancent du lointain sur le front de scène ou latéralement de jardin à cour. Des lignes d’écriture romanesque s’inscrivent en blanc sur l’écran noir, sortes de SMS intimes délivrés à propos de la succession des mortes d’une région mexicaine appauvrie. Ce noir et blanc de l’écriture inscrit des temps de silence visuel qui font du bien à l’écoute patiente du spectateur, en dépit des horreurs humaines égrainées. La question, au-delà d’un travail scénographique et visuel magnifique, consiste à se poser la question de la disparition du théâtre au profit de l’image vidéo et du cinéma. La rivalité est inégale, et la scène théâtrale se délite au profit de la prégnance de l’écran, abandonnant en route et sur la scène le jeu des comédiens – verbe et geste, présence charnelle et physique –, pour la surenchère d’images et de portraits en plan rapproché qu’illustre une déclamation verbale en force un peu trop bruyante et vaine. Un spectacle à « tourner » dans les métropoles européennes et internationales, où on saluera l’usage efficient de toutes les langues, la belle présence de Frédéric Leidgens et la capacité de conviction et de persuasion scénique d’Adama Diop. Véronique Hotte Festival d’Avignon – La Fabrica, les 8, 10, 12, 14 et 16 juillet.


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Festival d'Avignon 2016. "2666" de Roberto Bolano .Un torrent de mots, d'images, de sons pour vivre la douleur du monde. Impressionnant.

2666 ROBERTO BOLANO M.E.S JULIEN GOSSELIN - © Christophe Raynaud de Lage

Et de trois. Avignon 2016 commence fort. Après la cérémonie rituelle des " Damnés " d’Ivo Van Hove, puis le monde étrange d’Anne Cécile Vandalem dans Tristesses, Julien Gosselin, confirme tout le bien qu’on pensait de lui après sa remarquable adaptation des " Particules élémentaires ", (Avignon 2013). A 29 ans il se lance dans une adaptation, en douze heures, entractes compris, d’un roman fleuve en 5 épisodes du Chilien atypique, Roberto Bolano. Un défi gigantesque que se donne ce jeune fou tranquille, avec ses copains de promotion, regroupés en un collectif au nom qui fleure bon son surréalisme picard (il est de Valenciennes). " Si vous pouviez lécher mon cœur ". Avec un tel emblème la passion de Gosselin pour le monde baroque foldingue de Bolano allait de soi. Bolano, un Chilien partagé entre le Mexique et l’Espagne, est entré en littérature par pure " folie langagière ", comme on disait jadis, et n’a vécu longtemps que de petits boulots pour assumer cette folie. Quand il a pu vivre de sa plume il a appris qu’une grave maladie le menaçait et il s’est lancé dans la rédaction de 5 volumes qui devaient assurer la prospérité de sa petite famille. Les 5 "tomes" n’ont paru qu’après sa mort en UN énorme volume de plus de 1300 pages, au titre mystérieux 2666, traduits en français en 2009. Enfin cet homme adoré de tous les hispanos, couverts de prix prestigieux est peu connu chez nous. Le spectacle de Julien Gosselin donne envie de le lire. Anecdotes ? Oui et non. Vaut mieux avoir une ou deux clefs de lecture ou d’écoute pour entrer dans son monde. Sa vie en est une. Autre clef : cet autodidacte sud-américain avait lu tous les livres, s’intéressait à toutes les philosophies, se gorgeait de toutes les théories artistiques et était incroyablement sensible, de manière obsessionnelle à toute la misère du monde. L’actualité géopolitique, officiellement il s’en foutait comme de l’an 40, Bolano, préférant s’intéresser aux oublié(e)s de l’histoire, ici l’incroyable série de jeunes femmes violées dans les années 90 au Mexique dans la ville de Ciudad Juarez, rebaptisée ici Santa Teresa. Avant de vous plonger ans ce roman de 1300 pages ou dans ce marathon de 12 heures il est aussi bon de savoir que " l’intrigue " de départ, la recherche par 4 jeunes universitaires européens d’un romancier allemand génial mais jamais vu, nommé Benno von Archimboldo est un prétexte à faire le tour du monde et de l’histoire de l’Europe et de l’Amérique au XXè siècle. Une histoire pleine de fureur, de pitié, de dérision aussi. L’énigme de départ se résout finalement, tous les chemins mènent au massacre des innocents, qu’ils (elles) soient femmes mexicaines en 1994 ou juifs en 1944. Le fait qu’Arcimboldo soit né en 1920 en Allemagne n’est pas innocent.


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Une adaptation claire, dynamique, ambitieuse.

2666 Roberto Bolando .m.e.s Julien Gosselin - © christophe Raynaud de Lage

Et le spectacle de Julien Gosselin face à ce texte-monde, ce fouillis quand même ? Son défi initial, transmettre sa passion pour un texte " fou " est superbement relevé. L’énergie de cette vingtaine d’acteurs et musiciens est impressionnante. Ils essaient de rendre clair chacun des épisodes par des surtitres qui les situent. Les changements de lieux de l’action s’effectuent par diverses " boîtes " à transformation rapide et la vidéo " générationnelle " fournit autant de gros plans qu’il faut pour soutenir le rythme d’un récit à rayons multiples. Les acteurs ont une belle présence et parlent toutes les langues…surtitrées, anglais, espagnol, allemand. Impressionnant de voir un spectacle français aussi naturellement multiculturel, ouvert aux langues européennes. La perfection de leurs accents est surprenante. J’ai deux bémols quand même : le son quasi continu d’un ensemble live m’a parfois saturé les oreilles. La musique s’apprécie aussi par ses silences et dans certains monologues les " cantatrices " étaient englouties par l’orchestre qui les obligeait à hurler. Pour un texte déjà compliqué, bourré d’allusions c’est un peu se tirer une balle dans le pied. L’autre bémol est structurel : le quatrième épisode, 2H20, est une insupportable énumération chronologique (à peine entrecoupée par une enquête policière) de centaines de jeunes filles et femmes mortes et des tortures qu’on leur a infligées. On vous oblige à les lire avec la musique qui les souligne imperturbablement. Or je suis totalement allergique au sadomasochisme à fortiori pendant une durée aussi longue. Quand on lit un bouquin on peut interrompre ou sauter les pages. Ici on est prisonnier d’une litanie et si on quitte le quatrième acte, si long, on rate le 5è, très beau. Fermer les yeux très souvent a été ma seule défense. Je n’ai pas regretté d’être resté mais une " adaptation " théâtrale ne doit pas être fidèle "ad nauseam ". Au total, avoir réussi à vous passionner 12 heures ou presque et que vous sortiez heureux d’une épreuve physique et psychique lourde prouve que Gosselin a réussi son bac/marathon : après le Mahabarata de Peter Brook (1985), le Soulier de Satin d’Antoine Vitez (1987) la Servante d’Olivier Py, (1995), les tragédies grecques de Mouawad (2011), il entre dans cette tradition-là à 29 ans : chapeau ! 2666, de Roberto Bolano, de Julien Gosselin, jusqu’au 16 juillet ; -Paris, Odéon (Atelier Berthier) du 10 septembre au 16 octobre. -Amsterdam, Stadsschouwburg, du 17 au 21 mai.2017. Christian Jade (RTBF.be) http://www.rtbf.be/culture/scene/detail_festival-d-avignon-2016-2666-de-roberto-bolano-un-torrent-demots-d-images-de-sons-pour-vivre-la-douleur-du-monde-impressionnant-christian-jade?id=9350549


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#JeSuisGosselin Gosselin a tout d’un grand, avec son spectacle fleuve de douze heures il use de tous les outils nécessaires aux grands metteurs en scène de ce monde pour inscrire son spectacle dans l’histoire. On salut la performance polyglotte des acteurs, l’allemand, le français, l’anglais et l’espagnol sont au rendez-vous. On lève notre chapeau à une musique d’une beauté à faire trembler les murs de La FabricA, lieu de création et de représentation de ce spectacle à Avignon. On applaudit longuement les comédiens et nousmêmes pour la performance qu’est de tenir l’attention et l’intérêt sur une telle durée. On se régale de l’œuvre monumentale inachevée et publiée à titre posthume de Roberto Bolaño. On se confronte à un sujet difficile et essentiel. On profite de ces comédiens hors pair, de ces décors magistraux, mobiles, à deux niveaux. On se laisse prendre par le jeu de lumières et la fumée. On est heureux des différentes adresses. On mange à volonté de la vidéo en directe. On sait que l’on vit un moment historique parce que…Un tel format est rare à La Fabrica (rires)… Le problème de Gosselin sur ce spectacle n’est pas compliqué. Tout ceci a l’apparence nécessaire pour le projeter dans la cours des grands, mouvement qu’il avait déjà engagé avec Les particules élémentaires salué unanimement par la critique et les spectateurs d’Avignon, de France, et de Navarre, il a tout d’un géant mais fait semblant. En fait ce spectacle bénéficie d’une jolie gueule mais est complètement vide. Il emporte le spectateur dans une envolée intellectuelle qui ne peut que le rendre passif, et qui ne peut donc que le satisfaire (puisqu’on sait depuis bien longtemps maintenant que spectateur passif est équivalent à spectateur satisfait).


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Gosselin nous endort avec une carte de visite à en faire pâlir toutes les compagnies françaises. Il signe là un spectacle très intelligent que nous ne pouvons pas qualifier de lisse, de propre, de gentil, de par les moyens techniques déployés et les subterfuges utilisés pour se débarrasser de pans entiers du marathon qu’inflige ce texte qu’il n’a absolument pas voulu toucher. Pourtant ce spectacle est lisse, propre et gentil. On regrette l’absence d’évolution de la folie créatrice qui apporterait un intérêt à ces douze heures. Gosselin a les moyens financiers mais se laisse sans doute déborder par ce qui lui ait donné par ce système vérolé. Il justifie son enveloppe budgétaire par une technique mal maîtrisée, micros pas allumés au bon moment, manipulation de ces imposants modules-scènes très hasardeuses, vidéo sans grand intérêt qui ne joui pas d’une belle originalité, même pas d’une véritable maîtrise technique (sauts de l’image, transitions un peu aventureuses…). Tout cela donne l’impression d’un enfant gâté à qui on a donné un nouveau jouet un peu compliqué à manipuler. Je crois qu’on appelle ça du gâchis. Et là se pose alors une question centrale sur l’état du théâtre français et du système dans lequel nous sommes embourbés. Gosselin construit son théâtre sur la propreté, la sagesse, la maîtrise (qui faisait la force et le talon d’Achille des Particules élémentaires qui présentait une maîtrise parfaite du plateau, nous plaçait dans une position de délectation mais n’était pas forcément approprié à un Houellebecq qui se veut sali, vomi et déchiré). Le problème est que le spectaculaire insufflé à 2666 n’est pas véritablement maîtrisé et que la propreté et la sagesse n’est pas vraiment adapté à un spectacle de douze heures si on veut ne pas s’ennuyer (et on le veut). Ce manque de douceur, de finesse, de féminité nous fait glisser vers une indécence à la limite du supportable quand on pense à ces dizaines de dizaines de milliers d’euros accordée par des coproducteurs aveuglés qui se permettent de parier sur une nouvelle figure starifiée du théâtre français qui se regarde le nombril. Le problème de Gosselin est qu’il a tout eu tout de suite, qu’il est jeune et que personne n’a dû œuvrer à réfréner sa mégalomanie. Ce garçon est sans doute très sympathique mais il perd ici son urgence à dire et sa nécessité de raconter cette histoire si essentielle à entendre aujourd’hui. On ne sent en rien son urgence à dire cette parole… Lui qui est pourtant si attaché à un texte qu’il a élevé au rang du sacré et n’ose pas toucher pour ne pas le dénaturer. Il n’y a aucune indignation, aucune évolution au cours de toutes ces heures durant lesquels il nous tient la jambe. C’est effrayant cette standardisation. Lorsqu’on est metteur en scène on peut se planter, et lui se plante, mais il n’avait pas le droit sur un tel texte, dans un tel lieu, avec une telle attente. La profession du spectacle ou de la critique ne lui en tiendra pas rigueur… Moi si. Quand on pense à cette orgie sidaïque on ne peut que pleurer, où sont les soutiens à ces metteurs en scène qui eux ont des choses importantes, belles et nécessaire à exprimer ? Gosselin passe à côté d’un élément essentiel de l’œuvre de Bolaño qui rend ce spectacle plat et vide de sens, l’aspect épique du récit. Il confond sans doute l’épique au spectaculaire. C’est dommage. Il laisse à l’abandon ses acteurs d’un courage exemplaire qui s’engouffrent dans des monologues durant parfois plus de trente minutes sans respirer, sans vivre. Qui jouent du coup en pléonasme du texte…C’est bon…On a compris. Ces tunnels sont assassins pour ces comédiens comme pour les spectateurs et installent la performance dans une musique redondante. Le plus horrible de tous est sans doute le plus âgé de la troupe, qui joue presque faux, on salut la part féminine du groupe qui est un des rares éléments à tenir à bout de bras le spectacle. La musique est excellente mais très significative de la tumeur de cette création. Elle nous prend par la main, nous indique quoi penser, où et comment regarder (comme la vidéo utilisée à outrance d’ailleurs, comme une envie d’en vomir tellement il nous en fait manger), elle nous conditionne et nous prive de notre liberté, elle nous rend passif et personnellement la passivité au théâtre… C’est drôle (parce qu’il vaut quand même mieux en sourire) la façon dont Gosselin se prive lui-même de liberté. Au nom du respect du texte et de l’invention du nouveau genre théâtral dont il se fait figure de proue, l’adaptation de romans sur scène, il n’ose rien toucher au texte de Bolaño et nous oblige à être spectateur littéraire, j’en veux pour preuve la demie heure passée à la troisième partie à lire le texte défilant sur la moustiquaire nous séparant de la scène.


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NB : Moustiquaire, élément indispensable à utiliser pour entrer dans la cour des grands. On note aussi le manque d’inventivité de ce Gosselin qui se défile sur bien des points décidément. Les structures très contraignantes imaginées par celui qui doit être son super pote, Hubert Colas, sont très belles et nous offrent des vitre transparentes antireflets parfois, fumées d’autres fois. Résultant d’un bel effet miroir sur le public à l’entrée de la quatrième partie. Quelle originalité ! Je suis triste de l’utilisation de la vidéo (NB : Vidéo, à ne pas oublier dans un spectacle créé dans les années 2010) qui est presque l’unique mode de représentation de la troisième partie (qui dure quand même 2h20). Quand on pense à son utilisation magistrale par Ivo Van Hove dans The Fountainhead on se dit qu’il y a du chemin à parcourir pour que Gosselin trouve l’intérêt de cette manie de la scène contemporaine. En conclusion, on salut l’apparition de Macaigne qui est une petit bulle d’air dans ce spectacle camisolé. On trouve que Julien se prend pour ce qu’il n’est pas. On a peur pour l’avenir du théâtre français parce que si c’est ça l’avenir du théâtre français, on part en Belgique. On ressent que « La douleur s’accumule » et on aimerait que « La folie soit contagieuse » comme dirait Bolaño. On en veut à Gosselin et on aimerait bien boire une bière avec lui pour lui dire deux mots. On sourit de tristesse…On se lève ce matin avec la gueule de bois et on poursuit malgré tout ce festival en attendant de belles émotions. 2666 par Julien Gosselin, La Fabrica, les 12, 14, 16 juillet. Durée : 12h. Photographie à la Une – Portrait de Julien Gosselin © Simon Gosselin Par Antoine GUILLOT http://www.carnetdart.com/2666-2/


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«2666», ce train fantôme qui sidère Avignon

Jeune metteur en scène flamboyant, le Français Julien Gosselin adapte «2666», roman-culte, mais à cadavres multiples de l’écrivain chilien Roberto Bolano. Ce spectacle de douze heures épate et remet d’aplomb Avignon est un marathon et ce n’est pas une formule. Il nécessite de bonnes semelles, des bouteilles d’eau à portée de main, des haltes pour se ravitailler. Les festivaliers le savent désormais: en cette 70e édition, il faut savoir durer pour bien jouir. Prenez 2666, spectacle à rebondissements, thriller littéraire captivant comme la plus ingénieuse des séries télé. En 2003, l’auteur chilien Roberto Bolano, 50 ans, meurt et laisse derrière lui un train fantôme de fiction, cinq romans secrètement reliés en un, autant de gares crapoteuses, de locomotives borderline – oui, ça peut exister, de bordels improvisés au wagon-couchettes. Soupesez-le, ce 2666: dans la collection Folio, la rame pèse 1365 pages. Le Français Julien Gosselin, à peine trente ans, se glisse dans la cabine du conducteur Bolano, allège le convoi et fonce dans une nuit qui embaume le stupre, la grande histoire et le crime de bas de page, la passion de la lettre surtout: onze heures trente de représentation à la Fabrica, cette salle équipée pour tous les mystères, basée à un kilomètre à peine de la muraille d’Avignon, au milieu d’un pré. Il est quatorze heures, 600 spectateurs s’agglutinent devant les portes de la salle. Vous fermez les yeux et vous y êtes. Un vrombissement de cataclysme. C’est ainsi que 2666 commence. Et puis tout de suite une allure d’université. Sur scène, ils sont quatre pour un séminaire qu’on pressent pointu: la Britannique Lis Norton (Noémie Gantier), l’Espagnol Manuel Espinoza (Alexandre Lecroc), le Français Jean-Claude Pelletier (Denis Eyriey) et l’Italien Piero Morini (Joseph Drouet) ont l’intelligence croqueuse. Ils sont spécialistes de l’œuvre de l’écrivain Benito Arcimboldi. Roberto Bolano est taquin: le nom d’Arcimboldi évoque Arcimboldo, ce peintre dont les portraits au 16e siècle s’apparentent à des salades de fruits hétéroclites. Le quatuor est obsédé par le mystère d’un auteur jamais vu. Liz, Manuel et Jean-Claude collectionnent les indices, tout en partageant souvent le même lit, ce qui peut aider à carburer. Mais voici qu’un poète mexicain surnommé Le Porc prétend avoir croisé un vieillard colossal, aux yeux bleus, Arcimboldi évidemment. A moins que… Sur le plateau, les modules glissent et composent un hall d’hôtel moite. Apparaît bientôt un certain Amalfitano (Frédéric Leidgens), philosophe brillant mais rongé par un mal, une sorte de schizophrénie. Le récit bascule dans une autre dimension, morbide et fantastique.


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Plus tard, vous suivrez l’incandescent Adama Diop dans le rôle d’un journaliste new-yorkais endeuillé que sa rédaction envoie couvrir à Santa Teresa, au Mexique, un combat de boxe. Il y croisera surtout Rosa Amalfitano (Victoria Quesnel), la fille du philosophe, traquée par des voyous. Vous ne suivez plus? Il suffit de savoir que le Santa Teresa de Bolano est un pandémonium et qu’Arcimboldi passe là dessus en ombre chinoise, comme le spectre d’une civilisation perdue. L’intérêt de ce 2666 ne tient pas seulement à la prouesse des acteurs, à ce punch conservé jusqu’au bout de l’enfer. Ou au brio de l’adaptation. Il confirme surtout que Julien Gosselin est l’enfant de son époque, qu’il est de ceux qui renouvellent le théâtre, qui du moins enrichissent sa boîte à outils, les empruntant en grande partie au cinéma. Novateur? Disons que Julien Gosselin s’inscrit dans un courant qui a ses maîtres, le metteur en scène allemand Frank Castorf dans les années 1990-2000, le Polonais Krzysztof Warlikowski depuis une dizaine d’années. Point commun? Un souci de diffracter l’action, de la montrer sous plusieurs jours à la fois, de conjuguer le plan large et le zoom – oh bonheur de l’écran, d’aménager à vue l’espace de la fiction, comme un studio sans cesse mouvant. Le cinéma au théâtre a cet autre avantage. Il permet la proximité dans le jeu et donne aux scènes de sexe par exemple une volupté hollywoodienne. Admirez Noemie Gantier, sa liberté féline quand elle attire ses hommes. Leurs effusions sont brèves mais tropicales. On y assiste de loin, mais aussi de très près via le film des ébats tournés en direct. Cela dure une minute peut-être. Mais on a la sensation qu’une nuit a passé. Le double jeu de l’image et de la scène permet de travailler le temps de la fiction au corps. L’artiste, dont on a admiré à Vidy l’adaptation des Particules élémentaires de Michel Houellebecq, donne ainsi à sa saga un tempo de série formidablement ficelée, à niveaux de réalité multiples. 2666, le livre, est la fable d’une malédiction. Au théâtre, c’est une forme de bénédiction. Le metteur en scène force certes le trait parfois, abuse du trémolo musical – ces pulsations rock qui gravent les images dans un marbre maléfique – quitte à prêter à la traversée une pompe de requiem. Il y a là des facilités d’illusionniste fasciné par son livre de magie. Mais il y a chez Julien Gosselin un amour et une science du récit qui en font un parfait camarade de Liz & Cie. 2666 est un éloge exalté de la lecture. A Avignon, c’est aussi le spectateur, ce chasseur de signes endurant, qu’il célèbre. Par Alexandre Demidoff https://www.letemps.ch/culture/2016/07/12/2666-train-fantome-sidere-avignon


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[Festival d'Avignon] 2666… et autant d’effets ! 12 juillet 2016 Par Christophe Candoni A partir du roman de Roberto Bolano, 2666, Julien Gosselin signe un feuilleton théâtral au long cours, sombre, dense et haletant mais qui finit par se perdre dans un trop plein d’effets appuyés. Donnée à la Fabrica, l’ambitieuse odyssée annoncée bascule dans un vain exercice d’épate. Un gâchis.

Fort du considérable succès des Particules Élémentaires d’après Houellebecq, Julien Gosselin cherchait un nouveau défi à relever. Quelque chose d’énorme. Il l’a inévitablement trouvé dans la somme littéraire restée inachevée du romancier chilien Roberto Bolano : plus de mille pages dont il propose une adaptation aux très larges dimensions, fidèle à la structure de l’œuvre découpée en 5 parties. Au fil des nombreuses péripéties du livre et d’un parcours géographique insensé, c’est tout un monde qui est convoqué sur le plateau. On suit d’abord quatre universitaires partis à la fin des années 1990 sur les traces d’un mystérieux écrivain allemand, Benno von Arcimboldi, d’origine prussienne mais au patronyme italien. Célibataires voués à leur travail de recherche, ils se lient très intimement au point que les trois garçons, tout sentimentalement désenchantés pour des raisons diverses, désirent et se partagent la seule femme du groupe, une croqueuse d’hommes à l’envie, ce qui donne lieu à de belles scènes d’ébats délicats et d’états profondément mélancoliques. Leur quête les mènera à Santa Teresa au Mexique. S’y trouvent aussi Amalfitano, fantasque professeur espagnol en proie à des hallucinations visuelles et auditives, installé, avec sa fille Rose, et un journaliste afro-américain pour couvrir un important match de boxe. Tous prennent de plein fouet la réalité terrifiante de la ville où plusieurs centaines de filles et de femmes sont enlevées, violées, assassinées et abandonnées


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dans le centre ou le désert à la périphérie. La police recherche plus ou moins activement le meurtrier. On plonge alors dans les luxueux hôtels et lofts comme dans les bas-fonds des restoroutes et discothèques de la ville. Le sexe, la moiteur et la violence s’y affichent sans complexe. Julien Gosselin réalise un travail très habile et absolument maîtrisé sur le plan formel mais qui tombe vite dans la grandiloquence. Il emploie magistralement et à satiété l’image et le son, omniprésents, tonitruants, exténuants. Indéniable beauté, fumée nébuleuse, néons clinquants, musique électro jusqu’au tapage. Il pêche davantage sur la direction d’acteurs. Les comédiens sont bons même si parfois trop livrés à euxmêmes dans d’interminables monologues. Ils parlent trop, ils crient trop. C’est dommage. On reconnaîtra dans ce gros spectacle nombre de citations, d’emprunts à la scène internationale contemporaine : les salons chics et froids de Thomas Ostermeier et d’Ivo van Hove sans la finesse d’analyse des deux metteurs en scène, l’utilisation très castorfienne de la vidéo en direct pour filmer les acteurs confinés dans des endroits excavés ou hors champs sans la géniale flamboyance trash du Maître berlinois ; et d’autres constantes encore comme les boîtes vitrées de Warlikowski ou Kusej, le jeu frontal et éructé de Nordey… On peine finalement à trouver ce qui fait la singularité du geste de Gosselin. Entre fureur et désillusion, voilà douze heures de théâtre colossal qui assomment plus qu’elles n’emportent. 2666 © Christophe Raynaud de Lage http://toutelaculture.com/spectacles/theatre/festival-davignon-2666-et-autant-deffets/


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Im Herzen der Gewalt Die Ermordung von Jitzchak Rabin, Martin von Essenbecks perverse Nazi-Karriere und Vergewaltigung und Mord in Mexiko: Das Theaterfestival Avignon zeigt eine blutige Welt. Eberhard Spreng

Kühl und abgebrüht: Eine Szene aus der Inszenierung "2666" von Julien Gosselin.Foto: Simon Gosselin

Manchmal wählt das Theater in Avignon in seinem Kampf um die Deutungshoheit den direkten Weg: Dann macht es ein schlankes Statement in Richtung Politik, bekennt sich unumwunden und markiert seine Position. Diesmal bringt Amos Gitaï ein Jahr nach seiner filmischen Recherche „Rabin, the last Day“ beim Filmfest Venedig und einer Multimediainstallation in Rom an einem einzigen Abend im Papstpalast der Rhonestadt das Attentat auf Jitzchak Rabin nun auf die Bühne. Wie ein Oratorium inszeniert der israelische Filmemacher seine Hommage an den 1995 ermordeten Ministerpräsidenten. Am Tisch in der Mitte sitzen zwei Schauspielerinnen, daneben zwei Musikerinnen. Links wartet ein Chor. Die vier Frauen stehen für die im Jahr 2000 verstorbene die Witwe des Ermordeten. Die arabisch-israelische Schauspielerin Hiam Abbass und ihre israelisch-französische Kollegin Sarah Adler teilen sich die Lektüre von Leah Rabins privaten Erinnerungen, die vom politischen Klima in Israel grundiert werden. TV-Bilder, auf die Papstpalastfassade projiziert, dokumentieren die Massendemonstrationen des rechten Lagers und deren Legitimierung des Mordanschlags. Amos Gitaï zeigt, wie Israel am 4. November 1995 eine Wunde zugefügt wurde, die nicht heilen kann.


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Unten auf der Bühne Schauspiel, oben die Dokumentarbilder. Bild aus Amos Gitaïs "Yitzhak Rabin : chronique d'un assassinat".Foto: © Christophe Raynaud de Lage / Festival d'Avignon

Für den Rabin-Abend wird eine Aufführungsserie unterbrochen, deren Stoff ebenfalls aus dem Kino stammt. Der belgische Regisseur Ivo van Hove inszeniert das Drehbuch zu Luchino Viscontis „Die Verdammten“ (1969). Am linken Rand der Bühne sind Schminktische aufgebaut, am rechten stehen sechs Särge. Dazwischen spielt sich das Leben ab, ein prekäres, vorläufiges, von Intrigen, Leidenschaften und den erstarkenden Nazis bedrohtes Dasein. Ein Videobild auf der zentralen Leinwand zeigt jede der Figuren, die in einen der Särge gelegt wird, nochmals im Todeskampf. Die Sterbenden stöhnen für die Nachwelt unhörbar, ringen um Luft. Das Alte kann nicht gehen, das Neue wird die Toten nicht los. Was im Salon der Industriellenfamilie von Essenbeck geschieht, verdoppelt sich als Video. Ivo van Hove baut die Entwicklung seiner Figuren in choreografierte Theaterbilder ein. Vor allem Martin von Essenbecks perverse Karriere deutet er aus. Der pädophile Familienneurotiker wird zum Werkzeug der NS-Strategen. Christophe Montenez schlüpft hier in eine Rolle, mit der Helmut Berger seine internationale Karriere begann. In Avignon erreicht die Inszenierung für Momente Shakespeare-Niveau.

Auch Kinder werden Opfer in Ivo Van Hoves Inszenierung von " Les Damnés".Foto: Christophe Raynaud de Lage / Festival d'Avignon


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Van Hove beweist erneut, dass er Kraftlinien freilegen kann, in denen die individuellen Leidenschaften zu Vektoren für politische Umbrüche werden. Rückschlüsse auf den Rechtsruck in Europa und seine neuen Nationalismen können allerdings nicht gezogen werden. Das martialische Schlussbild zeigt von Essenbeck als Terroristen mit gereckter Maschinenpistole. Und mit den Schauspielern der Comédie Française verfügt Ivo van Hove über ein Ensemble, das bis in die Nebenrollen hinein hohe Spielqualitäten aufweist. Im modernen Theaterneubau der Festivalstadt, der Fabrica, inszeniert Julien Gosselin in einer zwölfstündigen Aufführung Roberto Bolaños nachgelassenes Romanmonstrum „2666“. Der Einstieg ist eine Ménage à trois: Literaturwissenschaftler, die sich in schicken Le-CorbusierSofas lümmeln. Bei einer hitzigen Begegnung mit einem pakistanischen Taxifahrer erleben sie dann einen Kulturschock und landen im Herzen der Gewalt, dem eigentlichen Romanthema. Die sonst so anständigen Wissenschaftler prügeln einen Mann krankenhausreif, nachdem er die Kollegin und gemeinsame Geliebte eine Nutte genannt hat. Unheilvoll dröhnt jetzt der Soundtrack, mit dem Gosselin das Theaterabenteuer unterlegt. Drei Videoprojektionen sorgen für einen Genre-Mix zwischen Schauspiel und Kino. Die fünf Teile des „2666“-Zyklus werden zum Vexierbild, in dem sich ein immer blutigerer Weltzustand spiegelt. Die Geschichte führt immer wieder in di nordmexikanische Stadt Santa Teresa, mit der Roberto Bolaño wohl einen der weltweit brutalsten Orte meinte: Ciudad Juárez. Dort werden Wanderarbeiterinnen für einer Hungerlohn ausgebeutet und in einer nicht abreißenden Vergewaltigungs- und Mordserie getötet. Julien Gosselin hat den Kultroman kongenial in Bild und Spiel übersetzt. Dabei verzichtet er auf die große Politik. Der Zuschauer weiß nach zwölf spannenden Stunden zwar immer noch nicht, welchem höheren Zweck die ganze Anstrengung gedient hat. Doch ahnt er, dass in Bolaños literarischem Großwerk wie in Gosselins theatralischem Glanzstück das 20. Jahrhundert mit seinen ideologischen Gewissheiten, mit all den politischen Parteien und Glaubensrichtungen endgültig untergegangen ist. Die Theaterkunst findet zu ihrem Kern zurück. Sie zeigt ein unverblendetes Bild des Menschen im Zeitalter einer zügellosen Globalisierung. „2666“ in Avignon – ein Theatergewitter.


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13 juillet 2016

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« 2666 » : l’hypnotique spectacle-monde de Julien Gosselin

« 2666 » / Crédit photo : Christophe Raynaud de Lage.

Julien Gosselin prenait le risque se faire écraser. Écraser par le poids de 2666, le roman-fleuve de Roberto Bolaño, qu’il a choisi d’adapter dans le cadre du Festival d’Avignon. Mais, bien au contraire, le jeune metteur en scène, qui s’était déjà emparé, avec succès, des Particules élémentaires de Michel Houellebecq, maîtrise l’unique œuvre du romancier chilien de bout en bout avec un spectacle – forcément – marathon qui dépasse les 11 heures. Maître des rythmes qu’il manie avec une aisance déconcertante, Gosselin jongle aussi avec les styles scénographiques, comme les comédiens de sa compagnie « Si vous pouviez lécher mon cœur » le font avec les rôles. Renversante d’intensité, son odyssée dégage un doux parfum de solidité et d’apparente facilité qui prouve, plus que jamais, sa grande intelligence théâtrale. Et pourtant, elle n’était pas aisée cette adaptation du millier de pages que compte le roman de Bolaño. Scindée en cinq parties plus ou moins autonomes (celles des critiques, d’Amalfitano, de Fate, des crimes, et d’Archimboldi), il conduit aux quatre coins du monde, de Stuttgart à Paris, en passant par New York et la ville mexicaine de Santa Teresa (qui n’est autre, en réalité, que Ciudad Juárez) où les différentes histoires se télescopent. Dans ce lieu de toutes les perversions, se mêle une population hétéroclite faite de professeurs d’universités, de journalistes, de policiers, d’écrivains, de poètes, de narcotrafiquants et, surtout, de victimes en série, des femmes plus ou moins jeunes que l’on assassine froidement après les avoir sauvagement violées. Dans ces années 1990-2000, tous sont pris au cœur d’investigations profondes, qui se confondent subtilement : les uns à la recherche d’un mystérieux écrivain connu sous le nom de Benno Von Archimboldi, les autres à la poursuite de meurtriers, et les derniers en quête d’euxmêmes, sur fond de passions amoureuses et philosophico-littéraires, comme autant d’échappatoires.


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Fluidité et limpidité En conservant son identité visuelle si particulière dont il se sert comme fil rouge, Julien Gosselin orchestre ces cinq moments en optant pour des concepts scénographiques singuliers et très marqués. Hypnotique, notamment grâce à la musique entêtante et omniprésente de Guillaume Bachelé et Rémi Alexandre, ainsi qu’aux sublimes lumières de Nicolas Joubert, le spectacle, et c’est une prouesse au vu de la durée, ne perd quasiment jamais en intensité. De l’ambiance boîte de nuit à celle plus intime d’un salon ou d’une chambre à coucher, à deux ou à dix, l’atmosphère est toujours des plus (up)percutantes, et souvent des plus oppressantes, comme pour dire l’horreur de cette mort qui irrigue, plus ou moins directement, la pièce de façon constante. Se servant de l’espace scénique comme d’un atout, Gosselin n’hésite pas à multiplier les changements de décors et de registres avec une remarquable fluidité, à l’image de ce texte que l’on entend toujours avec une limpidité absolue. Limpide, l’utilisation de la vidéo l’est également. Jamais accessoire, toujours justifié, le regard cinématographique nous rapproche encore davantage de l’ensemble des personnages, tout en sublimant le travail des comédiens. Car, sans eux, évidemment, la pièce ne serait rien. Exception faite de Frédéric Leidgens qui paraît parfois en retrait par rapport à ses camarades, la totalité des membres de la compagnie « Si vous pouviez lécher mon cœur » atteignent régulièrement des sommets dans leur jeu multifacette, avec une mention spéciale – mais elle n’est pas la seule – pour Caroline Mounier tout bonnement subjuguante dans les deux dernières parties du spectacle. Donnant parfois jusqu’au tournis, ce shoot théâtral hors normes prouve que la démesure peut, à grands renforts de moyens techniques, se révéler captivante, même (et surtout) lorsqu’elle dure plus de 11 heures. Par vincentbouquet https://dutheatrepargrostemps.wordpress.com/2016/07/12/2666-lhypnotique-spectacle-monde-de-juliengosselin/


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LA CRITIQUE

/EN BREF/ Après avoir adapté Les Particules Élémentaires, déjà présenté au Festival d’Avignon, Julien Gosselin a entrepris de monter un autre roman culte, fleuve, exigeant. Il met en scène 2666 de Roberto Bolano, un immense fresque sombre et désespérée, ultime et vertigineuse, sur l’humanité malade du XXème siècle. Une gageure que le jeune metteur en scène relève en grande partie, malgré des longueurs et quelques excès : il illumine la noirceur d’un travail d’adaptation remarquable et d’une scénographie saisissante. C’était un sacré pari, presque une folie. Comment oser adapter le roman culte de Roberto Bolano, qui embarque le lecteur aux quatre coins du monde, dessine les contours d’un monde malade, dresse le portrait d’un humanité misérable ? Comment rendre visible la noirceur, la dynamique funeste et sinistre qui émane du roman ? Le tragique d’un Mal et d’une incapacité au bonheur qui s’installent jusqu’à faire partie de la nature de l’homme ? Comment enfin parvenir à donner corps à ces récits imbriqués, en puzzle, et cette narration spiralaire, comme un vortex aspirant inéluctablement vers un climax infiniment tragique, au sens le plus grecque du terme ? Julien Gosselin a l’ambition de son talent. Il a pris la matière du roman pour en fabriquer une œuvre monument : 9h de spectacle total. La scénographie signée Hubert Colas est fascinante, imposante, faite de mobiles qui glissent et transforment l’espace du plateau en voyages incessants, entre bureaux, chambres, demeures aussi différentes les unes des autres, prisons, etc… En y ajoutant les créations musicales de Guillaume Bachelé et de Rémi Alexandre, il ajoute à la dimension spatiale un climat, une ambiance, qui vacillent entre suspens et angoisse. Pour peu, on penserait à l’ambiance 20 days after (Danny Boyle), signée John Murphy. Omniprésente, elle agit avec force, et densité. Et lorsqu’elle parait trop insistante, on la vit comme un écho à l’oppressante destinée du récit. En y ajoutant aussi une utilisation intensive, parfois jusqu’à l’excès, de la vidéo, sur 3, puis 4 écrans , sur les parois des mobiles, sur l’écran en fond de scène, sur un rideau de toile baissé au devant de la scène. Tout est incessamment projeté. Malgré cet abus épisodique, force est de reconnaitre que la vidéo, bien que pas nécessairement au service du récit, complète l’aspect fresque déjà entrepris par la scénographie et la musique ; elle renforce la dimension monde et permet par moment des instants réussis de profondeur, de multiplication ou d’ouverture de la scène. Ces éléments, aussi remarquablement utilisés soient-ils, ne font que consolider une écriture excellente : le travail d’adaptation du roman de Bolano par Gosselin lui-même fait preuve d’équilibre et de force tragique. En choisissant de laisser dans son adaptation une multiplicité des langues utilisées (allemand, anglais, espagnol, allemand..), le patron de la compagnie « Si vous pouviez lécher mon cœur » insuffle une dimension de mythe à la Babel tout à fait remarquable. Dirigeant ses comédiens entre énergie, sensibilité, émotion, second degré ou parfois grotesque, il entraine les spectateurs dans une tragédie du 20ème siècle, où sont balayés le sida, la frustration, l’abandon, le meurtre, le nazisme, l’arrivisme, la corruption, l’incapacité d’aimer, la drogue, le viol, l’absence… au rythme de l’anecdote et du fait divers. Les trois premières parties sont excellentes. La cinquième, mais surtout la 4ème, gagneraient peut-être à être moins dans la déclamation, dans l’illustration ou dans l’exposition ou la citation littéraire. « La folie est contagieuse » cite l’un des personnages : il semblerait, en voyant ce 2666 que la folie soit aussi belle à voir, et à écouter, et à penser… Rick Panegy http://www.ricketpick.fr/2016/07/13/festival-davignon-2016-2666-de-julien-gosselin/



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14 juillet 2016

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Julien Gosselin et sa compagnie Si vous pouviez lécher mon cœur reviennent sur le devant de la scène en grande pompe en présentant, dès le 10 septembre 2016 aux Ateliers Berthier du Théâtre de l'Odéon, une adaptation du roman-fleuve de Roberto Bolaño, 2666. Julien Gosselin, depuis son arrivée sous les projecteurs de la scène théâtrale française, n'a cessé d'offrir au public des spectacles d'une rare intensité. Premièrement, il y avait eu Tristesse Animal Noir, adaptation d'une pièce d'Anja Hilling sur un groupe d'amis qui partait camper en forêt quand un incendie ravageur se déclenche pendant lui. L'adaptation du collectif Si vous pouviez lécher mon cœur était bouleversante, d'une force inouie. Puis, le metteur en scène s'était démarqué avec son adaptation du roman de Houellebecq Les Particules Elementaires, une pièce de quatre heures qui transportait le spectateur au cœur de l'univers si particulier de l'écrivain français. La critique et le public, à l'unisson, avait crié leur ravissement. Alors que le festival IN d'Avignon bat son plein, Julien Gosselin vient encore une fois de défrayer la chronique avec sa nouvelle création, une adaptation d'un roman-fleuve et posthume de l'auteur chilien Roberto Bolaño, 2666 et ses quelques 1300 pages. Julien Gosselin et sa compagnie, a qui rien ne fait peur, pousse la performance plus loin, car cette fois, ils convient les spectateurs à s'immerger pendant douze heures à leur côté... Une expérience qui, depuis la première à Avignon, est ovationné aussi bien par le public que la presse et qui sera reprise à partir du 10 septembre aux Ateliers Berthier du Théâtre de l'Odéon. Au programme, les cinq parties du roman de Bolaño comme elles le sont présentées dans le livre, en débutant par la rencontre de quatre universitaires de quatre origine différente. Une chose les unie : leur passion pour l'écrivain allemand Benno von Archimbold. Un grand moment de théâtre en perspective. http://www.sortiraparis.com/scenes/theatre/articles/120821-2666-de-julien-gosselin-au-theatre-de-lodeon#xuvmXfQGPRTmJui8.99


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16 juillet 2016

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2666, de Roberto Bolaño par Julien Gosselin au Festival d'Avignon - Prémices Après "Les Particules élémentaires" de Houellebecq, l'année dernière, Julien Gosselin poursuit son intérêt pour le roman et monte "2666", de Roberto Bolaño. Un roman titanesque de cinq parties, un spectacle haletant de 11h30, entractes compris.

De Londres à Turin, de la France en passant par Harlem et toujours pour rejoindre le Mexique, les premières intrigues ont un point commun: la violence qu'on s'inflige à soi, à l'autre et la quête impossible. L'insatisfaction naît et tout se concentre sur les sentiments humains et l'obligation de se confronter à soi et à sa folie. L'action est prenante, l'écriture limpide, poétique et impitoyable. Immergées, comme dans une enquête policière, les deux premières heures sont fascinantes. Nous sommes désireux de connaître la suite et de nous plonger à corps perdus dans cette atmosphère déroutante et parfois inconfortable.

HUFFINGTON POST.FR

16 juillet 2016


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Les lumières sont jaunies et tamisées. Les corps se laissent aller à leurs pulsions. Tout est franc, cru mais jamais vulgaire. Le brut et l'essentiel sont comme dans la réalité de notre fiction, comme dans notre imagination lorsque nous parcourons un roman. La littérature occupe une grande place dans la structure et produit beaucoup d'effet chez chacun. Le metteur en scène parvient à recréer, sur le plateau de La Fabrica, l'addiction que procure un bon roman: le manque lorsqu'on fait une pause, la tristesse de l'achever et de rejoindre la réalité. Le lecteur s'attache aux personnages et parcourt les pages avec avidité. Ici, le spectateur s'attache aux comédiens et se laisse porter par leur quête littéraire et poétique. La littérature comme échappatoire, une fuite pour se sauver du réel, un remède contre sa propre vérité, trop extrême. Les comédiens sont justes et singuliers, naturels et intrigants. Ils évoluent à l'intérieur et devant une structure intéressante, de plus en plus à la mode sur les plateaux. Plusieurs compartiments, des blocs sur roulettes, à taille humaine, représentent des espaces familiers. Ils sont occupés par des décors réalistes, symbolisant plusieurs lieux: salon, chambre, hall d'hôtel, terrasse... Au-dessus de ces cubes se tiennent deux musiciens au doigté lyrique et effréné. Si la première partie est une réussite qui laisse rêveur, avec la sensation de découvrir un vent nouveau, la seconde partie réduit tous nos espoirs à néant. Une partie de 1h10, pendant laquelle la vidéo est omniprésente. Le spectateur passe cette heure rivé à un grand écran qui retransmet tout de la scène, même les visages des corps, qui trop éloignés, sont imperceptibles. Du roman au théâtre nous atterrissons au cinéma. Une vision est alors imposée, celle de la caméra. L'œil n'est plus libre de cibler à sa guise. Tout le monde est dans le même panier et ne réfléchit plus. Du spectacle VIVANT, qui par le biais de la technique, même si c'est du live, n'en est plus tellement.

De plus en plus présente sur les planches des Théâtres, l'usage maladroit et excessif de la vidéo transforme les angles et les points de vue. Elle détruit la spontanéité et la présence du comédien, indispensables au Théâtre. Mais ne blâmons pas trop vite ce spectacle dont il reste les trois parties suivantes à découvrir à partir du 10 septembre au Théâtre de L'Odéon. Une suite qui, si elle est à la hauteur du premier volet, s'annonce riche de sens et de bouleversements. Par Savannah Macé


LES TROIS COUPS.FR

17 juillet 2016

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« 2666 », de Roberto Bolaño, la Fabrica à Avignon Monumental ! Par Maud Sérusclat-Natale Quand l’œuvre de deux génies se rencontre, la terre n’a plus qu’à trembler. « 2666 » est une odyssée théâtrale remarquable aussi folle que brutale, d’une intensité et d’une qualité inégalée. Les superlatifs vont manquer. Le manuscrit de Bolaño compte plus de mille pages, le chef-d’œuvre de Gosselin se jouera en une douzaine d’heures, il est donc impossible de vous raconter l’histoire. En deux mots, nous partons à la recherche d’un mystérieux écrivain allemand, peut-être le plus important de la seconde moitié du xxe siècle à en croire quelques universitaires. Il répond au patronyme loufoque et suspect de Benno von Archimboldi. L’homme, réputé très grand, demeure énigmatique et très discret. Introuvable. Sa dernière trace semble se situer au nord du Mexique, dans l’État du Sonora, au cœur d’une petite ville qui sent la mort : Santa Teresa. En effet, Santa Teresa est le théâtre du plus effroyable massacre de femmes jamais dénoncé au Mexique, et ce depuis plusieurs années. Des corps sont retrouvés chaque semaine, la ville est plongée dans l’horreur et la police s’enlise. Aucune explication n’est jusqu’alors apportée. Le roman compte cinq parties, la pièce également. Nous suivrons donc des critiques universitaires passionnés par l’œuvre du mystérieux géant allemand puis un philosophe mexicain qui a croisé funestement son chemin. Nous rencontrerons ensuite Fate, un jeune journaliste américain envoyé couvrir un simple combat de boxe à Santa Teresa et qui se retrouvera perdu dans le ventre de cette ville terrifiante. D’autres personnages, aussi riches que complexes à interpréter grandiront dans le giron de cette intrigue-fleuve, onirique et puissante, totalement ensorcelante. Si les personnages disent du fameux Archimboldi qu’il est « meilleur que bon », on peut retourner le compliment à Julien Gosselin. Les superlatifs vont manquer pour qualifier ce travail parce que tout est prise de risque. D’abord, il fallait concevoir une adaptation fine et subtile de ce texte narratif tentaculaire. Il y parvient brillamment. La réécriture est rythmée, juste, clairvoyante et très fidèle à l’atmosphère poisseuse et pesante du roman original. Aucune faiblesse dramaturgique n’est à déplorer, aucun moment de répit ne nous sera accordé. Nous sommes même plongés dans la position du lecteur fasciné, et vissés à notre siège. Gosselin réussit ce miracle d’alterner récits et dialogues, conjugue les situations narratives complexes, sans nous perdre ou nous ennuyer un seul instant. Comment ? En associant son immense talent avec celui d’un excellent scénographe.


LES TROIS COUPS.FR

17 juillet 2016

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Dans le ventre de la terre En effet, l’un des défis imposés par ce texte est de pouvoir représenter en un lieu toute l’épopée de Bolaño qui traverse les époques et les continents. Nous serons tour à tour en France, en Angleterre, en Allemagne, au Mexique, aux États-Unis, en nous-mêmes et dans le ventre de la terre. La scénographie se doit donc d’être à la fois explicite et astucieuse. Elle sera bien au-delà de cela. Trois parallélogrammes vitrés et mobiles se déploient sur une vaste scène. Ils sont surmontés d’une terrasse et d’un écran. Jouant sur leur disposition, tantôt fragmentés tantôt réunis, et sur la profondeur du plateau, soulignée par des néons, Hubert Colas nous plonge dans un univers multidimensionnel incroyablement bien conçu. Ces espaces éphémères et polymorphes sont également propices au doute. Ils sont à la fois opaques et transparents. Ce que le plateau ne renverra pas clairement sera présent à l’écran, filmé en direct par les comédiens eux-mêmes parfois. En noir et blanc et en gros plan. On est saisi par tant de justesse et littéralement hypnotisé par la cohérence esthétique de cet ensemble complexe. À chaque entracte, l’envie de replonger nous hante. Il est hors de question de sortir avant la fin ou de souffrir pour la beauté du geste. On est contaminé… Pour nous conduire dans les entrailles de ce monde apocalyptique, deux musiciens jouent en direct. Des pièces électro, assourdissantes parfois, feront vibrer votre banquette de velours et résonner vos battements de cœur. Les moments de guitare vous guideront comme le chant des sirènes et accompagneront votre voyage. C’est effroyablement beau, c’est d’une beauté folle, irrésistible et insondable. Impossible de conclure sans saluer l’extraordinaire performance des comédiens. Non seulement ils portent ce marathon de bout en bout, mais ils l’envoûtent, l’habitent, le mordent avec une puissance et un engagement qu’il ne m’a jamais été donné à voir avec tant d’intensité et de générosité. Ils sont monstrueusement sublimes. Tous. Douze heures de voyage crépusculaire, donc. Et ce sera sans compter les applaudissements. Préparez-vous au choc théâtral de votre vie. ¶ Maud Sérusclat-Natale


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17 juillet 2016

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Avignon. Le journal d’un festivalier (4) On attendait avec impatience la dernière création de Julien Gosselin, « 2666 » d’après le roman fleuve de Roberto Bolano. On a vu et on a été déçu.

Depuis longtemps, le festival d’Avignon s’est spécialisé dans la production d’œuvres au long cours, tenant autant du défi physique que de l’endurance intellectuelle. Les plus anciens se souviennent du « Mahabharata » de Peter Brook (1985), proposé dans le cadre de la carrière de Boulbon, ou du « Soulier de satin » de Paul Claudel mis en scène par Antoine Vitez (1987). Cette année, c’est le jeune Julien Gosselin, 29 ans et toutes ses dents, qui a pris le relais à La FabricA avec une adaptation de « 2666 », le roman fleuve (plus de 1000 pages) de l’écrivain Roberto Bolano, décédé en 2003. Résultat : près de douze heures de spectacles, avec quatre poses destinées à reconstituer la capacité d’attention du spectateur. Voilà qui demande une certaine condition. Une partie du public est éliminé d’office, à commencer par ceux qui ont déjà du mal à mettre les pieds dans une salle de théâtre qui ne lui semble pas destinée. Mais on ne peut s’arrêter à cette simple considération. Sauf à se renier, le festival d’Avignon est aussi le lieu des expérimentations, des innovations, des révolutions. Le tout est de les réussir, et de ne pas se contenter des vivats des intellos qui considèrent qu’un bon spectacle doit d’abord être inaccessible au plus grand nombre. Malgré sa courte carrière, Julien Gosselin ne recule devant aucun défi. On a pu le vérifier avec sa mise en scène réussie des « Particules élémentaires », d’après l’oeuvre de Michel Houellebecq, toujours au festival d’Avignon. Il a de l’audace, du talent, des idées, et la volonté affirmée de ne s’embarrasser d’aucun a priori formel. Avec sa compagnie (« Si vous pouviez lécher mon cœur »), il s’est entouré d’acteurs partageant sa volonté de bousculer les codes traditionnels pour découvrir de nouveaux univers et s’attaquer à de nouvelles formes, quitte à en déranger certains, assis dans les fauteuils moelleux du culturellement correct. Mais avec « 2666 », la mayonnaise ne prend pas. Julien Gosselin a suivi le découpage en cinq temps du roman de Bolano, qui a laissé une oeuvre protéiforme, énorme, labyrinthique sur la violence du monde et l’obsession de la mort. Il y est question aussi bien des échanges entre quatre universitaires à la recherche d’un mystérieux écrivain allemand que des meurtres de femmes mexicaines dans la ville de Ciudad Juarez, ou encore des aventures d’un journaliste américain envoyé couvrir un match de boxe au Mexique.


MARIANNE.NET

17 juillet 2016

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Sur scène, malgré une utilisation fort maîtrisée de la vidéo, de la lumière et de la musique (encore que l’on ait parfois l’impression d’être plongé dans une rave partie) le foisonnement des sujets finit par user l’intellect au point de l’embrumer. Certes, on apprécie l’aptitude à faire spectacle de tout, le sens de l’invention, l’implication hors normes des acteurs, mais on finit par perdre pied devant ce Tsunami qui noie tout sur son passage. Julien Gosselin explique qu’il a voulu un spectacle « énorme, infini, jouissif, pénible parfois ». Chacun de ces adjectifs a sa place, mais à la longue, le dernier finit par l’emporter sur les autres.

Jack Dion http://www.marianne.net/theatre/avignon-journal-festivalier-4-100244546.html


LA VIE.FR

17 juillet 2016

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2666

Que retient-on d’une vie ? Avec 2666, Julien Gosselin et sa troupe, signent après la révélation il y a trois ans des particules élémentaires une adaptation spectrale et saisissante du roman de Roberto Bolaño. 2666 n’est pas un roman de science-fiction et la réalité tragique dans laquelle il nous plonge pendant douze heures commence paradoxalement comme une recherche intellectuelle, presque futile : qui se cache derrière l’auteur germanophone à succès, Benno von Archimboldi ? Personne ne semble avoir vu cet homme dont parlent pourtant les colloques littéraires du monde entier. La quête qu’entame innocemment quatre universitaires de la vieille Europe les mènera en réalité jusqu’au nouveau monde, dans la ville de Santa Teresa où la violence de ce point névralgique et en même temps lointain de la terre, à la frontière du Mexique, nous rejoint dans la nuit. Quatre séquences, comme autant de chapitres bien charpentés, suivent ces deux premières heures. Le drame se noue peu à peu dans la violence car à Santa Teresa, les morts s’accumulent. La musique se fait oppressante quand la liste des jeunes femmes violées et tuées — le nom même de ces centaines de victimes — est égrainé comme une prière ou comme la description froide d’un rapport médico-légal pendant plus d’une heure et demi. Que retient-on d’une vie ? À la FabricA, où le noir est complet et la vidéo omniprésente, ces douze heures sont une immersion qui entrainent avec elles une part de notre vie : on ne sort pas indemne quand le temps est ainsi perforé. Douze heures de pièce pour nous sortir, à la force des bras, du son et des lumières de notre aveuglement. Pour Julien Gosselin, qui concède lui-même que ce roman était inadaptable, le pari était risqué mais superbement relevé : 2666 est puissant, terrible et magnifique.


THÉÂTOILE.COM

18 juillet 2016

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2666 : la pureté de la violence selon Julien Gosselin Après avoir mis en scène Les particules élémentaires de Michel Houellebecq, Julien Gosselin s’attaque avec une autre œuvre littéraire colossale en s’emparant du roman inachevé en cinq parties de l’auteur chilien Roberto Bolaño dont il propose une adaptation magistrale à la FabricA durant la 70e édition du Festival d’Avignon. Une épreuve théâtrale de douze heures qui tient le spectateur en haleine jusqu’au dernier souffle de vie sur le plateau.

© Christophe Raynaud de Lage / Festival d’Avignon Pour tous ceux qui se sont délecté des quelques mille trois cents pages du roman de Roberto Bolaño, rassurez-vous, Julien Gosselin conserve cette structure en cinq parties et tout l’esprit de l’auteur chilien. Dans la première partie, nous suivons quatre critiques, Pelletier, Morini, Espinoza et Norton dans la relation amicale qu’ils nouent en raison de leur passion commune pour l’œuvre d’un mystérieux écrivain allemand, Benno von Archimboldi et dans le voyage qu’ils entreprennent pour partir sur ses traces, à Santa Teresa, au Mexique, dans le désert du Sonora. La deuxième partie est consacrée à Amalfitano, un professeur de philosophie en poste à l’université de Santa Teresa où il vit en compagnie de sa fille Rosa tandis que la partie trois s’intéresse plus particulièrement à Quincy Williams, alias Fate, un journaliste afro-américain chargé de couvrir un combat de boxe dans la ville mais qui décide de s’intéresser, avec une journaliste mexicaine, aux assassinats de femmes qui s’y déroulent, malgré le désaccord de son rédacteur en chef. La partie suivante, la plus poignante, est celle des crimes avec une succession des meurtres qui sont décrits les uns après les autres, tout en suivant les investigations de Juan de Dios Martinez, un policier. Enfin, la dernière section raconte l’enfance et la carrière militaire de Hans Reiter et de sa vocation littéraire qui l’a conduit à prendre le nom de plume d’Archimboldi. De l’œuvre qui n’a pas de réel début ni de fin, Julien Gosselin en fait un spectacle-fleuve qui, malgré des passages inégaux, fait preuve d’une incroyable maîtrise et d’une maturité artistique indéniable. Complexe et riche, le roman de Roberto Bolaño renait sur scène en faisant entendre à nouveau toute l’émotion littéraire ressentie à sa lecture et permet de relever le défi d’adaptation haut la main. Avec habileté, le jeune metteur en scène mêle des formes de théâtre très diverses, des moyens variés, des langues allant de l’anglais à l’espagnol ou à l’allemand, des registres différents à chaque partie… mais toujours au service de son art avec un traitement poétique sans égal. Nous pouvons même y voir une certaine forme de pureté dans les descriptions, parfois insoutenables cependant, comme dans la partie des crimes où le texte nous est donné à lire, dans de courts résumés en lettres blanches qui se détachent sur l’écran noir, soulignant la pénétration intime des mots en chacun des spectateurs. Une véritable expérience sensorielle s’engage alors dans une qualité extraordinaire du silence de la salle. Le texte nous remue, nous touche, nous émeut et est traité avec sobriété ce qui nous submerge rapidement. La liste des victimes s’égraine et s’amplifie en proportion des larmes qui roulent sur nos joues.


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18 juillet 2016

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La scénographie d’Hubert Colas est particulièrement efficace, décuplant les espaces géographiques et scéniques parfaitement maîtrisés tandis que Julien Gosselin, bien ancré dans sa génération de metteurs en scène prometteurs et talentueux, fait usage de la vidéo avec pertinence et délicatesse. Un incroyable travail sur l’image et le son est d’ailleurs mené en profondeur et transpire tout au long de la représentation. La singularité de son geste créatif, riche et vif, se dessine peu à peu et bien qu’il se cherche encore (on pense évidemment à Romeo Castellucci dans les parties qui se déroulent derrière un voile blanc) et semble par moment hésitant, nous apprécions fortement son enthousiasmante proposition faite à une œuvre aussi complexe. Il multiplie les effets visuels, sonores, scéniques qui se justifient pleinement dans une énergie qui se suffit à elle-même. Du point de vue de la distribution, tous les comédiens sont infiniment investis dans une homogénéité parfaite, ce qui nous empêche de n’en citer qu’une partie. Cependant, saluons la prestation ahurissante d’Adama Diop, bouleversant dans le rôle de Fate. Néanmoins, aucun ne démérite parmi Rémi Alexandre, Guillaume Bachelé, Joseph Drouet, Denis Eyriey, Antoine Ferron, Noémie Gantier, Carine Goron, Alexandre Lecroc, Frédéric Leidgens, Caroline Mounier, Victoria Quesnel et Tiphaine Raffier, tous abordant avec brio leur rôle. A travers le roman de Roberto Bolaño, Julien Gosselin nous dit le monde, à la fois dans sa cruauté et dans sa beauté. Il livre sur le plateau un véritable combat entre la violence du réel et celle de la fiction dont nul ne ressortira indemne, que ce soit victorieux ou vaincu par l’expérience théâtrale proposée qui fut pour notre part intensément haletante et poignante, nous faisant passer par une multitude d’émotions. Absorbés, captivés par le déroulement de la pièce, nous avons même laissé s’échapper un soupir de frustration au moment de voir apparaître à l’écran, avec regret, le mot « entracte ». Sonia Bos-Jucquin


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20 juillet 2016

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Du 08/07 au 16/07/2016 à la FabricA | Durée : 11H30 | Pour y aller

Parfois en lisant un livre, en regardant un film ou un spectacle, on a le sentiment intime de vivre quelque chose de puissant, d’être porté par une immense vague de force et de beauté. C’est peut-être ce qui fait les chefs-d’œuvres… Avec l’épopée phénomène de Julien Gosselin au festival d’Avignon 2016, ce sentiment n’a fait que croître pendant et après la pièce. Tout commence par un genre de prologue, un enregistrement radio où une medium en larmes parle de ses visions de meurtres de femmes à Santa Teresa, au Mexique. On garde ça en tête, puis on se retrouve en un clin d’œil sur un plateau de télévision où commence une émission sur un mystérieux écrivain allemand. On suit ensuite les invités de l’émission dans leurs échanges professionnels, puis dans leur vie privée, et on entre dans le spectacle sans même s’en rendre compte… Il sera divisé en cinq parties, séparées par quatre entractes et chacune abordant un angle précis de la narration.

L’urgence de dire Dans 2666 on assiste à la vie de personnes ordinaires prises dans des événements qui les dépassent – des universitaires qui enquêtent sur un auteur insaisissable, des femmes retrouvées mortes et mutilées, un journaliste américain perdu au Mexique qui y tombe amoureux, un père qui se méfie du petit ami de sa fille, une députée qui découvre les activités mafieuses de son amie…


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20 juillet 2016

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Et nous allons peu à peu dénouer cette intrigue, comprendre comment tout cela est lié : la petite expérience de chacun, avec les politiques de nos sociétés et avec la grande Histoire. On sent de la part de Julien Gosselin, à travers le texte de Bolaño et à travers ses comédiens, l’urgence de nous dire quelque chose d’important, de nous faire prendre conscience de l’ampleur de ce qui se passe de nos jours. La violence gagne, partout, des femmes meurent, des artistes se mutilent, des politiques trafiquent dans l’ombre et il faut que le monde le sache. Voilà un metteur en scène qui a réellement quelque chose à dire, comme un reporter enquêtant sur le monde de notre époque. Les comédiens, plus vrais que nature, sont tous extrêmement justes et intenses dans leur jeu. Chacun interprète plusieurs rôles et passe de l’un à l’autre sans que la narration en soit brouillée. Adressant souvent le texte directement au public, avec une force rare, ils le récitent avec leurs tripes comme s’ils avaient réellement vécu tout cela et qu’il leur fallait absolument nous le transmettre, à nous témoins, pour qu’on découvre la vérité avant qu’il ne soit trop tard.

Lecture, film, émission, série TV, reportage, documentaire, jeu immersif, théâtre Julien Gosselin, fils de son temps, mobilise les technologies actuelles pour porter son spectacle. La vidéo notamment est très présente, avec un traitement cinématographique presque chorégraphié. Pendant de longues séquences les comédiens, évoluant dans le décor, sont filmés en temps réel et projetés sur grand écran ; cela nous permet de voir leurs visages comme dans ces films d’angoisse tournés caméra au poing, ou comme dans les reportages de guerre… Ce qui colle parfaitement au sujet. On est chez eux, on vit l’histoire avec eux, on est sur le terrain et on mène nous aussi l’enquête, avec la peur au ventre. On se croirait presque dans un des derniers jeux vidéo immersifs.


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20 juillet 2016

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Ces séquences filmées rappellent également les meilleures séries actuelles au suspense haletant, du type True Detective dont une partie de l’intrigue est similaire. Cette impression est renforcée par ce découpage en plusieurs épisodes, par la multiplicité des personnages qui s’y croisent, ou encore par cette bande-originale si singulière. Sauf qu’on est au théâtre, plongés dans le noir et les lumières stroboscopiques, immergés dans une énorme batterie d’enceintes et retenant notre souffle avec les 800 autres spectateurs…

Énorme dispositif scénique Les changements de décor viennent également rythmer le spectacle : trois gros blocs sur roues, pourvus de rideaux, d’escaliers et de baies vitrées, permettent de métamorphoser la scène en un instant. Au long du spectacle elle deviendra ainsi des appartements, une maison, une boîte de nuit, des hôtels et autres bureaux. Cet énorme dispositif est complété par un superbe travail de la lumière et du son, créant un univers sensoriel très fort. Cela contribue grandement à donner une identité distincte à chaque partie, et à maintenir notre attention pleinement éveillée pendant les 11H30 que dure le spectacle : tantôt pêchu comme une émission, tantôt intime, glauque ou survolté. Au final la pièce passe étonnamment vite. On en veut encore ! On veut en savoir plus sur ces réseaux mafieux, mieux connaître chacun des personnages, rencontrer nous aussi le poète et l’écrivain, tout savoir sur les pratiques louches du gouvernement mexicain et sur la fin de la seconde guerre mondiale…

Avec qui y aller ? Un auteur, un poète, une amoureuse, un Espagnol, un psychopathe, un professeur, un médecin légiste, une universitaire, une Mexicaine, un Américain, un journaliste, une ado, une comédienne, un homme politique, un pervers sexuel, une prostituée, un dealer, une Française, une serveuse, un prêtre, une vidéaste, un assassin, une avocate, un rescapé, un metteur en scène, un nazi, Pinochet, Léonard de Vinci, Gabriel García Márquez, et pourquoi pas Dieu pour qu’il s’explique enfin sur toutes ces histoires. Clémence GROS


21 juillet 2016

THEATRE DU BLOG.UNBLOG.FR

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2666, d’après Roberto Bolaño 2666, d’après Roberto Bolaño, adaptation et mise en scène de Julien Gossselin Les cinq romans, imposants et touffus, de l’auteur chilien disparu en 2003, avant leur publication en 2004, annoncent par le titre qui les réunit en un seul volume, le triomphe du mal, dans un troisième millénaire apocalyptique (666 étant le chiffre du mal, 2 celui du siècle). « J’ai été frappé, écrit Julien Gosselin par le passage dont le titre est extrait, qui figure dans une autre roman de Roberto Bolaño, Amuleto : « À cette heure, l’avenue avait l’allure d’un cimetière, mais pas un cimetière de 1974 (…), un cimetière de l’année 2666 (…) oublié sous une paupière morte ou inexistante, aux aquosités indifférentes d’un œil qui, en voulant oublier quelque chose, a fini par tout oublier.» Une citation qui reflète la nature poétique et énigmatique de la prose bolañesque. Le manuscrit de mille pages que l’écrivain, réfugié en Espagne après le coup d’Etat d’Augusto Pinochet, a laissé inachevé, nous transporte dans cinq histoires distinctes qui ont toutes en commun, Ciudad Juarez, ici baptisée Santa-Teresa, à la frontière nord du Mexique, la ville de tous les trafics et de tous les crimes. Un thème : la violence et les atrocités qui ont ravagé le XX ème siècle et qui perdurent. Et des ramifications qui renvoient, d’une partie à l’autre, à un étrange auteur allemand, Benno von Archimboldi. L’adaptation respecte cette partition : pour chaque récit, séparé par un entracte, le metteur en scène adopte un dispositif différent : décor, musique, éclairages, et présence souvent importante de la vidéo qui relaye les actions en gros plan sur des écrans multiples. Des éléments mobiles, boîtes géantes aux parois translucides, imaginées par Hubert Colas, créent, par glissements et subtiles combinatoires, des lieux différents. Une façon de traduire dans le temps et l’espace, les va-et-vient des personnages, et la polysémie de 2666. De plus, Julien Gosselin a voulu jouer avec les langues, avec des passages en allemand, espagnol et en anglais. Une bonne idée en soi, mais, s’il n’y avait le surtitrage, nous n’y entendrions rien… Le jeune metteur en scène, qui revient en Avignon après le succès des Particules élémentaires, de Michel Houellebecq en 2013, s’est courageusement attaqué à un monument de la littérature hispanophone : «Le livre parle beaucoup, tente presque de parler de tout, digresse souvent, sur la seconde guerre mondiale, sur les prisons mexicaines, sur une voyante, star de la télévision, sur une femme à la recherche d’un poète aimé, sur les paysages, les rues, le désert… ». Dans ce roman-monde, on voyage de Londres puis à NewYork, Paris, Barcelone, et d’Allemagne en Russie, de Roumanie au Mexique, depuis le début du XXème siècle à nos jours, et au-delà…


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21 juillet 2016

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A commencer par les quatre universitaires germanistes, protagonistes de la première partie (La Partie des critiques), en quête du légendaire auteur allemand, au rang des écrivains sans visage comme Thomas Pynchon, ou J.D. Salinger. Quête qui donne lieu, lors de leurs nombreux périples, à des chassés-croisés amoureux entre eux, et qui verse parfois dans le roman-photo… Nous ne découvrirons la véritable identité de l’auteur qu’au dernier épisode, dit La Partie d’Archimboldi. Cette quête littéraire se double d’une enquête policière dans La Partie de Fate (troisième partie) et dans la longue Partie des crimes (la quatrième), où des dizaines de meurtres de femmes sont énumérés, in extenso, avec force détails, musique assourdissante à l’appui, pour produire un effet de sidération. Julien Gosselin l’avoue lui-même : «Le livre est impossible, donc le pièce l’est aussi. Roberto Bolaño dit que la littérature est une «combat de samouraïs contre la violence du monde inexplicable (…) » Pour qui connaît le roman, le spectacle va décevoir (comme souvent les transpositions d’œuvres-culte au théâtre ou au cinéma). Mais le public suit sans se lasser cette saga, de midi à deux heures du matin car les enquêtes croisées (recherche d’un écrivain, puis d’un tueur en série) ménagent le suspense. La musique omniprésente, bien accordée au récit, quand elle ne nous assomme pas pendant les points d’acmé, et les personnages, bien dessinés et attachants, quand ils ne deviennent pas des clichés, nous tiennent en haleine. Mais cette plongée au cœur des ténèbres et ce malaise obscur que procure la lecture du roman, se trouvent souvent réduits ici à des scènes anecdotiques. D’autant que le recours systématique à la vidéo-une tentative de mise en abîme qui ne réussit pas à rendre l’épaisseur fictionnelle-peut parfois agacer. Il y a cependant de beaux moments de théâtre, lors des digressions caractéristiques de 2666, comme le monologue d’Amalfitano (un universitaire espagnol installé au Mexique, à qui est dédiée la deuxième partie), ou le discours extravagant d’un fondateur des Black Panthers joué par Adama Diop en anglais. On entend alors la langue dense de Roberto Bolaño, son humour caustique, avec des acteurs d’exception comme Vincent Macaigne, filmé en « cameo » dans le rôle d’Almendro, dit Le Porc, seul témoin qui ait rencontré Archimboldi. Ou Fréderic Leidgens qui parle très bien allemand, contrairement aux autres acteurs qui s’essayent à l’anglais et l’espagnol. Dans l’ensemble, les comédiens de la troupe Si vous pouviez lécher mon cœur jouent le jeu : prêts à endosser plusieurs rôles à la volée, ils se griment et se métamorphosent avec talent. Malgré des ellipses forcées, surtout dans la dernière partie, sacrifiée (alors que La Partie des crimes s’éternise sans nécessité), douze heures ne sauraient suffire à théâtraliser ce roman insaisissable et inclassable de 1.353 pages en livre de poche. Il faut quand même saluer cette initiative audacieuse ; et le spectacle-roboratif-fait sortir de l’ombre un écrivain jusque là réservé à quelques heureux élus, et que Christian Bourgois avait pris le risque d’éditer en 2008, dans la traduction française de Robert Amuto. Mireille Davidovici http://theatredublog.unblog.fr/2016/07/21/2666-dapres-roberto-bolano/


22 juillet 2016

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2666 au Festival d’Avignon et à l’Odéon – Ateliers Berthier par Marie-Laure Atinault 2666 © Christophe Raynaud de Lage L’époustouflant voyage de Julien Gosselin La compagnie Si vous pouviez lécher mon cœur fut la révélation du Festival d’Avignon 2013 avec la mise en scène de Julien Gosselin des Particules élémentaires d’après le livre de Michel Houellebecq. Le retour de l’équipe avec l’adaptation de 2666 d’après le roman de Roberto Bolaño était très attendu. Une attente récompensée par un spectacle de plus de 11heures. Un véritable marathon, passionnant, époustouflant. Il fallait trouver une œuvre qui puisse enthousiasmer l’équipe pour poursuivre leur aventure artistique commencée au théâtre du Nord de Lille, alors sous la direction de Stuart Seide. Julien Gosselin, lecteur compulsif a découvert le roman de l’auteur Roberto Bolaño et a su qu’il allait le mettre en scène. Roberto Bolaño est né à Santiago du Chili en 1953. Il a vécu à Mexico, à Barcelone, puis après plus de 25 ans passés à l’étranger, il est rentré au Chili. Ses nombreux déménagements se ressentent dans son œuvre. Il est mort en 2003 terrassé par une maladie hépatite. Il a laissé une œuvre importante peu connue en France, quoique l’ensemble de son œuvre soit traduit. 2666 a été publié en France après le décès de l’auteur. Ce qui devait être cinq livres distincts devint un gros volume ; un ouvrage de plus de mille pages que Julien Gosselin a dévoré. Il a trouvé une œuvre d’une importance qui dépasse les clivages. Un roman monde. Les histoires qui nous sont racontées nous entraînent dans un parcours étonnant. Au début, nous avons l’impression de suivre un film policier. Quatre universitaires européens cherchent à rencontrer le grand et mystérieux auteur allemand Benno von Archimboldi, que personne n’a pu voir. Leur périple a tout de la quête du Graal, un parcours semé d’embûches, de déception et de révélation. 2666 © Christophe Raynaud de Lage Le spectacle est divisé en cinq parties. Le spectateur est à la fois séduit, parfois un peu perdu mais il ne lâche pas prise. La mise en scène et les comédiens impriment un tel mouvement que nous sommes comme des globetrotters voyageant dans un univers à la fois familier et fantasque. Lors du périple, nous touchons une réalité d’une cruauté révoltante. Nos universitaires se retrouvent au Mexique à Santa Teresa. Cette ville apparemment paisible est en réalité le théâtre de crimes horribles : des femmes sont enlevées, torturées, violées et tuées. Parfois on retrouve leur corps dans le désert sans que cela semble émouvoir les pouvoirs publics. Le journaliste Fate, venu de New York pour couvrir un match de boxe (ce qui n’est pas sa spécialité) apprend la sinistre affaire des femmes assassinées. Il décide d’enquêter, lui aussi va rencontrer des personnes, qui telles les cailloux du Petit Poucet sont des indices. Mais quelle alchimie peut relier les morts atroces des jeunes femmes à Santa Teresa, les quatre


universitaires, et Rosa Almalfitano, Klaus Hass, Tate et Hans Reiter ? Jeu de piste, puzzle monumental, la révélation nous laisse pantois d’admiration. 22 juillet 2016

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La multiplication des lieux, des personnages et des histoires qui semblent n’avoir aucune connexion entre elles nécessite un maître d’œuvre. Julien Gosselin organise, crée des espaces, des modules de vie, de narration. On retrouve la patte de la compagnie, avec les titres projetés sur un écran, l’utilisation des micros et la maîtrise de la vidéo. Le décor est constitué de modules comme de grands vivariums. Ce sont des boîtes rectangulaires montées sur roulettes. L’équipe technique émérite, pousse, tourne, avance, créant mille espaces. Les espaces deviennent salon, commissariat, hôtel. Il y a ce que nous voyons sur l’écran et ce que nous voyons sur scène. Fascinant de voir l’impact de la caméra et ses moments choisis, morcelés créant une autre vision. La scène de la boîte de nuit entre autre, est un cas d’école car nous croyons en voyant l’image être dans une boîte enfumée, pleine à craquer de dizaine de danseurs. Julien Gosselin s’approprie tout l’espace se servant des couloirs, des coulisses du théâtre. 2666 © Christophe Raynaud de Lage Ici tout est théâtre, nous sommes immergé dans un voyage au cœur d’un roman, de ces histoires qui se mêlent s’emmêlent sans que nous comprenions où nous allons atterrir. Comme les universitaires, nous allons de Londres à Barcelone, de Barcelone au Mexique à la recherche de cet écrivain mystérieux, mythique. L’intérieur des boîtes est meublé, changé et cela fonctionne à chaque fois. Les lumières, les tubes de néons, le jeu des caméras et de la vidéo ainsi que la musique omniprésente créent une ambiance qui déconnecte les spectateurs de leur réalité pour les plonger dans un monde cru, dur. Le spectateur rit, palpite, s’inquiète pour les protagonistes. Des sentiments forts nous bouleversent, nous révoltent. Nous rions en voyant cet homme qui affirme avoir vu Benno Von Archimboldi. Il témoigne par le biais de la vidéo. Affabulateur ? Vincent Macaigne fait une apparition filmée des plus réussies comme une guest star. Mais cette quête est une fuite en avant, un parcours initiatique pendant lequel, ils vont se découvrir euxmêmes. On cherche la source du mal. Évidemment, nous assistons à des scènes difficiles. Difficile de ne pas sauter sur le plateau pour ordonner au flic macho de se taire. Difficile d’écouter et de voir la liste des noms des femmes assassinées et de supporter cette litanie. L’une des grandes réussites du spectacle est d’avoir gardé la spécificité du roman. On aimerait en sortant pouvoir acheter le livre de Roberto Bolaño. Il faut souligner le bien que Julien Gosselin fait aux maisons d’édition ! Il faut parler du son, des voix des comédiens, ils jouent, ils récitent, ils commentent comme les chanteurs d’un oratorio d’un opéra baroque. Les comédiens sont tous exceptionnels de Guillaume Bachelé à Frédéric Leidgens, à Adama Diop, un nouveau venu qui campe Fate. Les comédiennes sont fabuleuses, nous retrouvons la ravissante Victoria Quesnel, la pathétique Thiphaine Raffier, Noémie Gantier et son élégance détachée, et Caroline Mounier et sa force incantatoire. 2666 est un spectacle qui fera date. Les spectateurs restent jusqu’au bout, passionnés, « scotchés » par ce spectacle fleuve qui est un véritable voyage. Marie Laure Atinault



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AVIGNON-In – Autour de « 2666 » : entretien avec Julien Gosselin Après avoir déjà mis sur scène un roman il y a trois ans, avec Les

Particules élémentaires, Julien Gosselin et son collectif Si vous pouviez lécher mon coeur s’attaquent cette année à un monument de la littérature contemporaine, 2666 de Roberto Bolaño. Au prix d’un spectacle en cinq parties qui dure douze heures, dont trois pour les entractes. La perspective de passer un après-midi et une partie de la nuit au théâtre pourrait décourager, mais qu'on se rassure : on ne s'y ennuie pas. Ou si cela arrive quelquefois, c'est qu'il s'agit de cette sensation douce-amère qui nous traverse parfois à la lecture d'un roman fleuve captivant – cette sensation analogue à la piqûre heureusement nostalgique que ressent celui qui séjourne un peu longuement à l'étranger lorsqu’il se retourne sur sa situation. C'est que, de même qu'un pays d'accueil, la mise en scène de Julien Gosselin est belle et sans compromis.

2666, ce sont cinq romans indépendants qui sortent les uns des autres de façon rhizomatique : l'œuvre n'est pas centrée, et ses parties ne sont pas hiérarchisées. En revanche elles se développent les unes à côté des autres et dans leurs directions propres. Dans le premier, des universitaires, passionnés d'un auteur allemand que personne n'a jamais vu, se fréquentent, de colloques en colloques, et finissent par juger qu'ils pourraient retrouver l'homme dans une ville du Mexique, où ils se rendent. Dans cette ville, des femmes sont mystérieusement assassinées. Dans le second roman, un professeur de philosophie, venant de Barcelone, s'installe dans cette même ville mexicaine avec sa fille. Il médite sur la géométrie et bascule dans une folie douce, pendant que sa fille se met à fréquenter un malfaiteur local. Dans le troisième, un journaliste politique afro-américain new-yorkais se trouve chargé de couvrir un match de boxe dans cette ville-là. Avec une journaliste mexicaine, et contre l'avis de la rédaction de son journal, il enquête sur les assassinats de femmes, qui ont attiré son attention. La série interminable des meurtres est donnée et leurs circonstances décrites dans le quatrième roman. Le dernier raconte l'enfance, la carrière militaire pendant la seconde guerre mondiale et la vocation littéraire de l'auteur allemand évoqué dans le premier : Hans Reiter, alias Benno von Archimboldi.

La scénographie, la musique, la lumière, la vidéo, le son, les costumes et le jeu des comédiens représentent un travail impressionnant. Non pas seulement un travail d'ailleurs, mais une créativité qui s'est peut-être bien développée, elle-aussi, en rhizome. Comme le décrit Julien Gosselin, le rythme fou de quatre mois de préparation a fait de chacun des artistes participants un créateur à part entière, relié à tous les autres de manière vivace.


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Il en résulte un spectacle intense et prospectif, qui donne le sentiment que tous les moyens connus du « théâtre de machines » d'aujourd'hui ont été pris en main, testés, éprouvés, sélectionnés en fonction des nécessités esthétiques imposées par la cause de ce roman. À cette somme romanesque, il ne fallait pas moins, peut-être, que cette somme théâtrale titanesque.

Dans l'entretien qu'il a donné à Nonfiction, Julien Gosselin revient sur ses intentions et le sens de son œuvre.

Nonfiction : Julien Gosselin, peut-on dire que votre intention, avec 2666, est de communiquer un plaisir simple, celui de lire un roman-fleuve récent et génial ?

Julien Gosselin : C'est d'essayer, au moins, que le spectateur ait à la fois une sensation de spectaculaire – que la musique par exemple soit ultra-présente pour qu'il y ait une sensation très forte, voire une sensation physique de la représentation – et qu'il y ait en même temps un rapport quasi-littéraire à cette représentation. Il ne s'agit pas seulement du plaisir de la lecture, mais aussi de l'expérience de ce que c'est qu'une lecture, c'est-à-dire du moment où on se retrouve seul face à un chef d'œuvre de la littérature, du moment où cette œuvre est jouissive, du moment où elle est pénible – le livre fait 1 500 pages. Il s'agit de montrer comment on peut presque avoir la sensation du livre en main pendant qu'on est en train de voir le spectacle. Pour qui aime la lecture, il y a donc bien une sensation de fraternité, qui peut s'éveiller devant le spectacle, et d'affinité avec cette sensation-là.


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Mais quand on a commencé à travailler, mon idée n'était pas uniquement d'être dans cette dimension festive. Je ne voulais pas que la durée implique uniquement une dimension « fraternelle » entre le spectateur et les acteurs. Je voulais aussi que les gens aient un rapport très frontal avec la littérature. Je voulais qu'il n'y ait aucun compromis.

NF : Ce qui est amusant, c'est de songer que les institutions culturelles développent assez laborieusement des politiques pour sensibiliser les jeunes à la lecture...

JG : J'ai tendance à penser que les jeunes gens qui viennent voir le spectacle sont très joyeux parce qu'il n'y a pas de simplification pour eux de ce que c'est que la littérature. Nous ne sommes pas là à leur expliquer que c'est sympathique. Ils sont plongés dans un univers et ils en ressortent souvent assez bouleversés.

NF : Concernant la musique, on est frappé de vous voir retrouver des techniques anciennes, comme le récitatif dans l'opéra, ou même la litanie dans les églises.

JG : Absolument. On n'échappe pas à ça. C'est le rythme même de la lecture. Du reste, j'ai beaucoup de mal avec l'opéra, mais je peux aller voir des récitals avec simplement des musiciens et un chanteur, car dès qu'on sort un peu de tout ce fatras, usant pour moi, du décor d'opéra et de l'obligation qu'on donne aux chanteurs de jouer alors qu'ils ne savent pas jouer, on dégage quelque chose qui est extrêmement pur, un chant, un texte, un récitatif et une musique derrière, quelque chose qui porte. Cette pureté-là, cette simplicité-là que la musique apporte, j'essaie aussi souvent de l'utiliser au théâtre.

NF : Dans un spectacle aussi contemporain, il est frappant d’observer la pérennité d'un procédé qui remonte à l'Antiquité.

JG : Cette dimension musicale me permet de ne pas déguiser la littérature. Le spectateur peut être conscient qu'on est dans un passage narratif. Je ne lui fais pas croire qu'il s'agit de personnages dramatiques. Le spectateur est conscient de cette dimension-là. Et je pense que cette conscience apporte un plaisir.

NF : Pour représenter une lecture, on peut tout simplement lire une narration, la réciter ou encore la mettre en espace, distribuer les personnages et la jouer. Mais vous ne vous arrêtez pas là. Vous employez alors les boîtes transparentes, la musique, la lumière et la projection vidéo avec une intensité supérieure, un rythme impérieux.


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Avec toutes ces techniques – les projections de visages en gros plan, la musique parfois très forte, etc. – on passe à un niveau particulièrement poussé de dramaturgie qui semble avoir pour but de figurer sur la scène l'imaginaire même du lecteur ? Est-ce bien cela, votre projet : présenter la littérature non plus du côté de son « émission » (la narration), mais de sa « réception » (l'imaginaire) ?

J.G : L'avantage et l'inconvénient avec ces techniques vidéo, c'est que d'une certaine manière, ils réduisent l'imaginaire ; parce qu'on montre des objets, ce qui est presque « athéâtral » en tant que tel. Le théâtre, justement, consiste à ne pas montrer, à suggérer, à laisser entendre, ou à laisser imaginer, un peu comme la lecture. Pour ma part, j'essaie de faire un aller-retour entre le texte et son lecteur. Parfois on montre beaucoup, parfois le spectateur est plutôt guidé, et à d'autres moments on lui laisse une liberté beaucoup plus grande que dans de nombreux spectacles de théâtre. Je pense par exemple à la quatrième partie, où nous récitons une litanie des morts. À ce moment-là, on est uniquement dans la lecture. L'imaginaire du spectateur est alors absolument libre, je ne lui impose plus rien. Bien sûr, j'ai conscience que la caméra est un medium qui amène des choses différentes au théâtre, mais mon principe n'est pas de me dire : « je vais faire de la vidéo ». Mon principe, c’est plutôt de me dire : « j'ai toutes ces armes qui sont à ma disposition, qui sont aussi celles des acteurs, de la lumière, de la littérature, maintenant comment est-ce qu'on peut le mieux raconter cette histoire-là ? » Parfois, la vidéo peut se révéler utile, parfois la lumière, tout simplement, s’impose comme la ressource la plus efficace. J’essaye de composer avec tout ça. Et puis remarquez une chose : aujourd'hui, il est moins cher pour un adolescent de faire un film que de faire du théâtre, parce qu'il n'y a plus besoin de lieu, mais seulement d'un ordinateur et d'une caméra. Tout le monde peut le faire. Ça a toujours l'air de demander des moyens qui paraissent dispendieux ou luxueux ; mais en réalité ces moyens sont devenus élémentaires aujourd'hui, et des moins coûteux. Construire un décor, en revanche, cela revient bien plus cher que d'acheter une caméra. Pour faire des économies, on projette alors des décors réalistes en vidéo, ce qui est souvent très laid d'ailleurs. Au bout du compte, c'est souvent une contrainte économique qui dicte les choix du metteur en scène, et non pas une contrainte esthétique. Il faut requestionner complètement l'esthétique théâtrale à cette aune-là. Il faut la questionner non seulement esthétiquement, mais aussi économiquement.

NF : N'y a-t-il pas malgré tout de votre part un acte fort de manipulation, qui impose au public de se faire « visionnaire », de le pousser très loin dans un imaginaire déjà élaboré, aux moments où la musique et la vidéo sont puissamment utilisés ?


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JG : Sans doute. Mais j'ai envie que le public, à certains moment, soit contre moi. Je n'ai pas envie qu'ils soient uniquement dans la consommation agréable. J'ai envie de provoquer le public à certains moments, et de lui faire dire : « ok, là c'est trop pour moi ». Ce sont les armes du théâtre qui me permettent ça, la vidéo, le son. Mais dans le livre qu'écrit Bolaño, il y a aussi un moment où le lecteur se dit « c'est trop pour moi. » Et comment rendre cette chose-là au théâtre ? Chez moi, ça se fait parfois par le « trop », précisément parce que j'ai envie que le public réagisse à cette brutalité-là. J'aime bien qu'il soit un peu contre.

NF : Vous est-il possible de caractériser le problème esthétique que vous a posé chacune des parties, et d'expliquer la solution que vous avez choisie ?

JG : La première partie est très narrative, très mise en espace, très classique et accueillante. Là où je voulais me décaler, c'était à l'égard précisément des armes dramaturgiques un peu brutales dont vous parliez. J'avais envie d'être dans une partie de la délicatesse, j'allais dire « bourgeoise », d'un certain point de vue, parfois boulevardière. Et c'était aussi un décalage que je m'imposais à moi-même, parce qu’il ne m’était pas facile de procéder ainsi. Musicalement, on est sur des notes de piano, des choses très délicates. Je sentais que je devais tirer la représentation vers cet endroit-là, et ce n'est pas forcément ma pente naturelle. Même si rythmiquement j'ai obtenu ce que je voulais, car le rythme étant assez soutenu, on suit très bien l'histoire. La difficulté de la deuxième partie, c'était d'accéder à l'intériorité du personnage principal, un professeur de philosophie. Pour ça, il a fallu le cinéma, qui permet d’entrer dans sa psyché et de représenter sa folie. L'idée était surtout d'arriver à trouver une porte d'entrée sur une partie très intime, psychologique, un peu folle. Comment arriver à rendre ça ? Scèniquement, il n’est vraiment pas évident d'arriver à rendre la solitude. Le cinéma peut nous le permettre, car il permet de vraiment isoler les corps. La difficulté de la troisième partie, « la partie de Fate », c'était le côté thriller et aussi le nombre de lieux. Dans le roman, les scènes se jouent dans beaucoup d'endroits différents : il y a des restaurants, des salles de presse, une boîte de nuit... On a essayé de tout réunir dans une boîte de nuit, ce qui nous permet de créer une unité de lieu, dont on peut difficilement se passer au théâtre. Et puis il fallait rendre ce côté très « film américain » qu’il n’est pas facile de transposer au théâtre. Là, pour le coup, encore une fois, il a fallu aller chercher du côté du film, car le théâtre est incapable de rendre ça bien par ses propres moyens. Faire une scène où les gens dansent, ou faire une scène de théâtre dans un night-club, c'est quasiment impossible, en tout cas c'est très rarement réussi. La scénographie de la quatrième partie, c'est davantage le résultat d’un désir de ma part d'être plus dans une installation d'art plastique que dans du théâtre. Je voulais vraiment installer la scène au cœur de la lecture, et même dans un pur dispositif de lecture.


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Je savais dès le départ que je voulais que tout le texte soit projeté et qu'il y ait de la musique, que le spectateur ait vraiment une relation très personnelle, une sorte de solitude par rapport à cette chose-là, et pas quelque chose de scandé ou de politisé. Je ne voulais pas qu'il y ait un choeur pour chanter les victimes, mais que leur évocation soit liée à quelque chose d'assez froid. Et puis cette lecture est interrompue par des scènes de recherche du meurtrier, mais qui ne servent à rien, car de meurtrier, il n'y en a pas. C'est la société qui tue. C’est elle qui génère cette violence endémique qui dévore de la femme. Pour la partie d'Archimboldi, la dernière, la difficulté tient à ce qu'elle est écrite comme une sorte de grand roman épique du XIXème siècle. Le défi, c'était de ne pas tomber dans des images de pacotille, parce que je déteste le côté « vieux théâtre » qui se contente de dérouler la grande histoire. Comment arriver à garder les armes du contemporain à l'intérieur de ça ? Comment rester dans l'esthétique du contemporain, et en même temps pénétrer cette chose épique, ce grand roman historique ? On a cherché comment faire, ça a mis du temps. Puis on s'est dit : on va créer comme des images, comme un livre d'images, mais en essayant de rester dans des esthétiques très fortes. C’est de cette démarche que résulte par exemple l'apparition d'Archimboldi nu à contre jour avec les mouvements lents d'un fœtus. Les formes de ces images vivantes sont presque à chaque fois dictées par des nécessités du plateau, qui les ont faites surgir. Il ne s'agit pas de choix dramaturgiques conscients de ma part.

NF : Et le spectacle se termine par un retour progressif et très beau... à la lecture. Comme si on retrouvait le livre pour le refermer.

JG : Une fin très simple. C'est du texte. Une partie en est lue sur un lutrin ; c'est très classique en soi. Je l'aime, cette fin. Elle ramène à une sorte de pureté du roman, de la littérature, et c'est ça que ça raconte aussi. Ça parle de la violence, mais ça parle de la littérature.

NF : Et l'alignement final des personnages qui avancent lentement vers le public est en correspondance avec l'alignement des personnages du départ : les universitaires passionnés d'Archimboldi.

JG : Si bien qu'on pourrait reprendre le spectacle à son début.

NF : Y a-t-il à ces cinq parties une unité profonde qui les relie ?

JG : L'unité des cinq parties, c'est la violence et la littérature. Littérature et non pas seulement lecture. Mais Bolaño parle souvent du fait de lire. Il demande souvent : qu'est-ce qu'un écrivain en train d'écrire ? Car on le sent presque « en train d'écrire », dans le spectacle. Qu'est-ce qu'un livre ? Qu'est-ce qu'une œuvre majeure ? Qu'est-ce qu'une œuvre mineure ? Il pose tout le temps ces questions.


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NF : Vous avez donc représenté le désir de l'auteur ?

JG : Un peu. Il y a la présence du désir de l'auteur, mais surtout celle de son combat. Il envisageait la littérature comme un combat. C'est cela que j'ai voulu rendre.

NF : Quelle nécessité vous a poussé vers ce grand œuvre ? Quelle est l'injonction ?

JG : J'ai dit que grâce à une œuvre pareille, je suis obligé de trouver des solutions scèniques, mais c'est très égoïste. La plus forte nécessité, c'est que lorsque je lis un livre de cette nature, je me dis que le théâtre doit se nourrir de ces œuvres-là. Ce n'est pas la nécessité de partage qui joue, mais c'est quand même lié à ça. Ma nécessité, c'est de pouvoir travailler égoïstement sur des œuvres aussi géniales. Moins égoïstement, il y a une forte nécessité que les gens qui sont dans leurs vies totalement en dehors de la littérature, qui sont dans un monde qui nie complètement l'art, puissent accéder un moment, pendant une paire d'heures, à ce qui est un art absolument majeur. C'est fondamental pour moi. Encore une fois, je ne fais pas du socio-culturel : bien au contraire, je ne dis pas qu'il faut que ce public ait le plaisir de la culture, mais qu’il doit accéder à l'art. Et comme l'art de la littérature de Bolaño est élevé, il est ma nécessité, il est l'injonction.

NF : Y a-t-il dans le public un désir de célébrer la lecture romanesque ?

JG : Il y a une surprise parfois, et un plaisir sans aucun doute, de se retrouver devant des choses gigantesques. Il y a un plaisir de ne pas tout comprendre. Il y a une force de se retrouver face à une littérature qui est immense. L'intérêt de cette haute littérature, c'est de nous rappeler que l'émotion n'est pas un sentiment facile. L'émotion naît d'une incompréhension face au monde. Chez le public, l’impossibilité d’une appréhension totale du monde crée quelque chose qui est bouleversant. C'est ça que j'ai envie de raconter.

NF : Il est encourageant de sentir que le public est réceptif à cette expérience.

JG : Plus la société sera stupide, et plus cela pourra être ! Je crois vraiment qu’il faut des romanciers comme ça pour sortir un peu de la stupidité ambiante. Ça me fait du bien de me sentir face à plus grand que moi, et je pense que le public le sent aussi.

Régis BARDON


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REVUE DE TWEETS – FDA16 //////////////////////////////

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