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FC MISTRAL: RAFALE DE TALENTS

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FOOT REVOLUTION

FOOT REVOLUTION

Le club de foot de Mistral survole son championnat. Mais le plaisir y passe avant la compétition.

C’est par un bel après-midi du mois de mars que l’équipe des U13 du Mistral FC, à savoir les gaillards de moins de 13 ans, reçoit l’équipe de la Vallée de la Gresse. A la mi-temps, le score est déjà de 3 à 0 en faveur des minots du quartier Mistral.

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Les champions en herbe, tout de bleu vêtus, sont assis autour de leur entraîneur. Les fronts perlent de sueur, il faut souffler, se réhydrater, tout en écoutant les consignes du coach, Edouard Comela. « Doudou », comme on l’appelle dans le quartier, est un grand gars fin aux cheveux poivre et sel, un pur produit du cru. Il a grandi dans le quartier et, pour lui, le foot est plus qu’une passion. Il a écumé plusieurs clubs de Grenoble et des environs, mais c’est à Mistral qu’il trouve son bonheur. Notamment avec l’équipe de futsal du quartier, avec laquelle il a été champion de France en 1998 et 2001.

Il aurait sans doute pu accéder au Saint Graal, le niveau professionnel, mais être pro, c’est un parcours du combattant. Il ne suffit pas d’être bon, il faut beaucoup de rigueur et de la chance à revendre. C’est un rêve qui trotte dans la tête de beaucoup de gamins et sûrement de leur famille. Mais la seule préoccupation du Club du quartier Mistral est de permettre aux enfants de se faire plaisir et de s’épanouir, nous assure Edouard Comela. Et si des clubs comme le GF38 détectent des talents ici et les accompagnent, tant mieux. Eren, le turbulent petit numéro 9 est par exemple facilement repérable avec sa conduite de balle parfaite et sa technique étonnante pour un joueur de son âge. Il doit encore apprendre à canaliser son énergie mais, pour l’heure, il met à mal la défense adverse. Cette formule basée sur le plaisir de jouer semble fonctionner: l’équipe survole son championnat. Comme pour le prouver, dès la cinquième minute de la reprise, Karim, le gaucher magique de l’équipe, envoie le ballon se loger en pleine lucarne adverse d’un magnifique tir enveloppé sur coup franc.

Pour un petit club de quartier comme le Mistral FC, être entraîneur est une fonction à plein temps. Le coach est en relation permanente avec les parents, qui lui demandent conseil ou font appel à lui lorsque ça ne va pas à l’école. La sanction suprême pour ces gamins ? Ne pas être sur la feuille de match... Et cela peut être conditionné par leur comportement à l’école.

« Le foot est leur véritable passion et nous utilisons aussi ce levier pour leur faire découvrir autre chose. Nous organisons des sorties pour aller voir du hand-ball, du hockey, du rugby, etc. », nous dit Edouard. Mais hors du sport, les activités extra-

scolaires se limitent le plus souvent au combo foot-futsal-Playstation. El-Hadji, talentueux stoppeur de l’équipe, fait figure d’exception. Outre son talent balle au pied, ce bon élève à l’école est aussi violoniste au Conservatoire et guitariste au Prunier Sauvage. El-Hadji prend à contrepied tous les préjugés.

Edouard en a conscience, il est aujourd’hui nécessaire de montrer d’autres réalités à ces enfants, d’élargir leur horizon, de leur donner les outils pour s’épanouir dans un monde qui ne s’arrête pas aux frontières du quartier.

Les trois coups de sifflet marquent la fin du match sur le score de 9 à 1 pour Mistral FC. Plus que la victoire, c’est la joie d’être ensemble qui semble dominer. L’équipe adverse est battue mais elle a été très bien accueillie et c’est là quelque chose de très important pour Edouard. De quoi lutter contre certains préjugés sur le quartier. Tout n’est pas rose ici, mais il y a aussi du positif, plein de belles choses et c’est une réalité qui reste encore à marteler…Mistral FC est un club chic ! Brahim Rajab

Balle aux filles

Le football féminin sort de plus en plus du vestiaire. En 2019, Grenoble accueillera plusieurs rencontres de la Coupe du Monde féminine de football. Est-ce que cet essor a atteint le quartier de Mistral? Pour en savoir plus, j’ai décidé de partir à la rencontre des joueuses du FC Mistral.

Il fait encore froid en cette fin de journée de mars où la pluie battante empêche le printemps d’éclore. Qu’importe, les joueuses du FC Mistral répondent présentes à l’entrainement. Elles sont une vingtaine à s’entraîner deux soirs par semaine sur le terrain de foot de la rue Anatole France. La majorité d’entre elles sont des seniors (plus de 18 ans). Les niveaux sont variés mais aucune d’entre-elles n’est laissée sur le banc de touche pendant un match. Il y a beaucoup de « nouvelles recrues » cette année. On sent une bonne cohésion dans l’équipe. Ce qu’elles aiment dans le foot, c’est avant tout l’aspect collectif du sport, pas qu’il soit vu comme « un sport de mec » comme elles se l’entendent dire souvent. Et contrairement aux préjugés, elles ne sont pas « toutes lesbiennes ou garçons manqués ». Le FC Mistral fait partie des deux seuls clubs grenoblois à jouer à 11 en équipe féminine. Elles jouent avant tout pour le plaisir plutôt que pour la compétition. Pendant la saison, elles ont des matches presque tous les week-ends, sans pour autant aspirer à devenir pro. A l’inverse de Marina Makanza, une habitante du quartier Mistral qui a commencé le foot au FC Mistral avant de devenir joueuse pro. Cette dernière joue aujourd’hui au Paris FC. Le statut d’une joueuse de foot professionnelle est encore bien loin de celui d’un joueur. Souvent, elles doivent travailler en parallèle à leur carrière sportive, car la pratique professionnelle du football féminin n’est pas rémunérée. Rares sont les joueuses à pouvoir vivre de cette discipline. Celles du FC Mistral se réjouissent de l’essor du football féminin, mais n’envient en rien les dérives du football masculin. La médiatisation du football féminin est réelle depuis que Canal + et M6 se sont récemment répartis ses droits de diffusion. M6 diffusera les matches de l’Equipe de France féminine pendant les cinq prochaines années, tandis que Canal + disposera des droits de diffusion de la L1 féminine sur la même période. Sami Zitouni a commencé à entrainer des joueuses de foot au club de Claix avant de continuer au FC Mistral. D’ailleurs, l’équipe ne compte qu’une seule habitante du quartier. Les autres joueuses s’entraînaient à Claix et ont suivi leur entraineur à Mistral. Sami semble attaché à cette équipe féminine à laquelle il consacre beaucoup de temps. Sur le terrain, ça va « moins vite qu’avec des garçons, mais le jeu est plus joli et moins haché », dit-il. Les filles sont dures mais plus à l’écoute. Pendant l’entraînement, elles déplacent une cage à l’insu de leur entraineur et font les vexées quand celui-ci s’en aperçoit. Mais les rires fusent de nouveau très vite. A la sortie du vestiaire, elles se retrouvent toutes, clope au bec, pour faire un brin de causette avant de rentrer chez elles. « Allez, salut les gars ! », lance l’une d’elles en quittant le stade.

Léa Deshusses

Du 7 juin au 7 juillet 2018, suivez la huitième Coupe du Monde féminine : le Stade des Alpes accueillera plusieurs matches cet été !

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Pascale Cholette : motarde à la gâchette sensible A deux reprises courant avril, une motarde blonde en Yamaha, toute de noir vêtue, s’est garée en trombe devant le stade du FC Mistral. Une bécane comme la sienne, ça ne passe pas inaperçu ici. Les gamins regardent, commentent.

“Eh madame c’est ta moto ?” “ouaip”

Elle s’appelle Cholette, Pascale Cholette. Elle est photographe et passionnée de ballon rond. Après une série sur le foot en Jordanie, c’est à Mistral qu’elle vient immortaliser joueurs, joueuses et entraineurs.

Pascale nous livre ici une série de photographies qui témoignent de la vie, de l’énergie et du plaisir libérés chaque semaine au sein du FC Mistral.

Merci l’amie pour tes images, et bonne route ! VVrrOooUuMM

La cavalière en cuir est déjà repartie vers de nouvelles contrées photographiques...

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