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NOUVEAU
Au bonheur des FILLES
On ne naît pas footballeuse, on le devient.
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« Une athlète ne dit pas qu’elle pratique l’athlétisme féminin. Quand on ne dira plus que les filles jouent au football féminin mais simplement au football, ce sera un grand pas ». Ce témoignage de Dominique Crochu, paru dans l’ouvrage Au bonheur des filles de Pascal Grégoire-Boutreau en 2003, fait date. Pourtant, 15 ans après, force est de constater que cette déclaration vise encore juste dans l’imaginaire collectif français. Certes, des compétitions phares s’installent dans le paysage médiatique. C’est vrai, l’équipe de France ou l’Olympique Lyonnais suscitent une curiosité croissante auprès du public. Oui, des stars émergent, telles Louisa Necib, Wendy Renard ou Laure Boulleau.
Reste que le football féminin est toujours et encore le football féminin, un sport « à part » aux yeux de l’opinion, peu pris au sérieux, à 18 mois de la prochaine coupe du monde organisée dans l’hexagone. Seules deux Unes du journal l’Equipe ont été attribuées aux femmes sur les 287 consacrées au football sur l’ensemble des Unes du journal L’Equipe. Un discours inlassable oppose le foot business corrompu mais néanmoins athlétique des hommes au foot « cheap » mais épris de grandes valeurs des femmes qui, elles, ne se corrompent pas. Son évolution n’en reste pas moins spectaculaire depuis le début du 20ème siècle, et Au bonheur des filles la retrace à la manière d’une encyclopédie. Des matchs semi-officiels organisés façon « fête de village » de l’entredeux guerre à la coupe du monde estampillée FIFA de 2003, l’Histoire du foot féminin a beau être chaotique, elle n’en est pas moins épique et forgée de luttes. Elle suit en filigrane l’évolution de la place de la femme dans la société dite « moderne », ponctuée par l’intervention de personnages charismatiques, féminins comme masculins : Pierre Geoffroy, Michèle Wolff ou Elisabeth Loisel pour ne citer qu’eux. La bonne surprise de l’œuvre de Pascal Grégoire-Boutreau, c’est son absence de larmoiement, d’apitoiement sur les conditions difficiles dans lesquelles les femmes pratiquent leur sport. Alors certes, le quotidien d’une footballeuse est bien souvent un chemin de croix, obligée qu’elle est de jongler entre les entraînements et sa vie professionnelle annexe. Sans oublier la misogynie de la presse de l’époque… Malgré tout, le livre délivre un bel hommage à ce sport, à ses valeurs et à l’incroyable volonté des personnalités hors-normes qui le composent, joueuses comme entraîneurs. Antonin Delabouglise