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LE STADE DES ALPES : DE LA RUINE AU RE

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NOUVEAU

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Stade des Alpes : de la ruine au renouveau

C’est officiel depuis le 14 juin 2017 : le Stade des Alpes va accueillir cinq rencontres de la Coupe du monde de football féminin en 2019. Grenoble va à nouveau vibrer pour le ballon rond comme au bon vieux temps de l’inauguration de son stade il y a dix ans.

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Franchement, êtes-vous encore happés par la magie nippone quand vous passez aux abords de cette enceinte ultramoderne de 20 000 places qui peut être agrandie pour accueillir jusqu’à 25 000 spectateurs ? Non. Rien aujourd’hui ne laisse filtrer les rêves de grandeur du club de foot grenoblois et de son propriétaire japonais Index Corporation quand, le 15 février 2008, le stade clinquant situé dans le parc Mistral était inauguré. A l’époque, la réalité avait l’apparat d’un manga. La mascotte du club était dessinée par Yoichi Takahashi, concepteur d’Olive et Tom, le GF38 allait enfin retrouver la Ligue 1 et les premiers internationaux japonais traversaient l’océan pacifique pour venir porter ses couleurs.

Ne vous inquiétez pas, rien de plus normal à votre amnésie. Quatre ans après cette année euphorique, le club était redescendu au niveau amateur, placé en liquidation judiciaire, peu avant qu’Index Corporation ne se déclare en faillite et que son dirigeant ne soit arrêté pour déclarations mensongères de revenus de sa société.

Depuis, la métropole grenobloise, propriétaire du stade, se coltine une dette qui pèse sur les comptes publics, empêche certaines dépenses essentielles au territoire et fait grincer des dents ceux qui s’étaient opposés dès le départ à la construction du Stade des Alpes. « Tu connais le théorème du nombre Pi, 3,14 ? C’est le nombre de fois qu’a été multiplié le budget initial de 29 millions du Stade des Alpes », grogne encore Vincent Comparat, président du parti Association Démocratie Ecologie Solidarité dans le local où ce chercheur en physique nucléaire tient une permanence.

« L’intérêt public d’un stade, c’est son aspect multisport. Or ils ont construit un stade à l’anglaise, sans piste d’athlétisme, uniquement

pour le foot », enchaîne-t-il. Ce proche du maire Eric Piolle a mené sa propre enquête sur les coûts réels de l’entreprise, contestée avec

fougue à l’époque de sa construction, les manifestants allant jusqu’à dormir dans les arbres du parc Mistral. Selon l’Observatoire des finances et des politiques publiques qu’il a fondé, le montant du stade s’élèverait à 81,59 millions, et son entretien coûterait chaque année 5,2 millions d’euros à la Métropole.

La Métro, elle, se plie en quatre pour faire vivre son stade malgré tout, nous explique Yannick Belle, vice-président délégué au sport : « Au-delà de la polémique financière, il y avait cette réputation d’avoir une coquille vide avec ce Stade des Alpes. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas avec les deux clubs de rugby et de foot qui cohabitent », dit l’élu de Sassenage. Au-delà de la coexistence inédite entre ballon rond et ovalie, l’enceinte est surtout redevenue le réceptacle des ambitions politiques locales. Sauf que cette fois, elles se conjuguent au féminin. « Le 10 mars dernier, le match FranceAngleterre a battu le record de fréquentation de rugby féminin avec 18 000 personnes. L’an prochain, nous accueillerons la Coupe du monde de foot féminin. Nous avons la volonté de réinscrire la métropole comme un territoire d’accueil de compétitions d’envergure internationale », poursuit M. Belle, un brin emphatique.

Dès le mois de juin, des événements sportifs féminins auront lieu à Grenoble pour faire monter la pression autour de la Coupe du monde. Outre les cinq matches qui se tiendront au Stade des Alpes, la compétition permettra de développer le sport féminin sur tout le territoire, en levant les freins qui empêchent son développement, promet l’élu.

Une décennie après le mirage du foot grenoblois à la sauce manga, Grenoble compte désormais sur ses joueuses pour réveiller la passion du ballon rond… Et faire oublier le gouffre financier de son stade !

Emmanuel Haddad

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