Le Scandaleux Mag' 23 – Printemps 2016

« TOUTE PERSONNE QUI PENSE FORTEMENT FAIT SCANDALE » - BALZAC

LE MAGAZINE DES ETUDIANTS LILLOIS #23- PRINTEMPS 2016

DOSSIER:

NUITS SANS SOMMEIL

cannabis

Ce que cache la légalisation

EtuDES

Les financer sans se prostituer

Alcool

Plaidoyer pour un usage raisonné de la boisson

lescandaleuxmag.fr

LE SCANDALEUX MAG #23 - PRINTEMPS 2016

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EDITO Chère étudiante, cher étudiant, Même si votre humble et dévoué serviteur encore appeler cette immonde grisaille qui n’écrit ces lignes qu’en février et qu’on ne pré- pèse sur nos têtes « jour » ? Après dix années sente plus l’affreux climat de notre aimable d’existence féconde et lucrative (champagne !), ville, j’ose parier que d’ici avril, les journées nous ne pouvions donc pas passer à côté d’un se seront rallongées. Hélas, cela ne sera ja- tel sujet. mais assez car si le rythme nycthémère devait Pour ce magazine, dont l’édito signe la fin NE PAS JETER SUR LA VOIE PUBLIQUE

se calquer sur nos habitudes de vie, la nuit se d’une très courte carrière de rédac chef – réduirait à quelques maigres heures. Or, c’est sans débouchés, s’il vous plaît – nous avons malheureusement à nous d’évoluer dans un visé grand. Peut-être un peu trop pour nos fi-

brouillard quasi per- nances, mais que vaut l’argent dépensé face pétuel – qui au plaisir partagé de divertir une âme esseuose lée, même durant la pause chiottes ? Cher, certes, on ne va pas se mentir, mais le jeu en vaut la chandelle.

Je vous ai trop retenu. Votre serviteur s’efface une dernière fois et vous adresse avec émotion ses meilleurs vœux de lecture.

Scandaleusement vôtre, Le Rédac’ chef

Directeur de la publication : Lucas Terquem Rédacteur en chef : Paul-Alexandre Prodanic Mise en page : Mathilde Pierre, Lucas Terquem, Mathilde Skrzyniarz, Tiphaine Gerondeau, Aude Cormerois.

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LE SCANDALEUX MAG #23 - PRINTEMPS 2016

SOMMAIRE LE MAGAZINE DES ETUDIANTS LILLOIS

#14 - HIVER 2013

Étudiant :

Financer ses études sans se prostituer p. 5

International :

La FIV en Pologne va de mal en «PiS» p. 6-7

Dossier :

Nuits sans sommeil

p. 8-17

Politique : lescandaleuxmag.fr

Défense de l’absentéisme parlementaire p. 18-19

Interview :

Légalisation du cannabis

Santé :

Alcool et savoir-vivre

Économie :

La décroissance

p. 20-23

p. 24-25

p. 26-28

Mode :

Le complexe de vieillissement p. 29

Culture :

Morales d’antan

Sport :

La tradition du scandale

Divertissement :

Guide de survie étudiant Horoscope

p. 30-31

p. 32-33

p. 34 p. 35

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LE SCANDALEUX MAG #23 - PRINTEMPS 2016

ETUDIANT

Financer sa vie étudiante (et ses études) sans se prostituer Le don d’ovules ou de spermatozoïdes

Devenir un « Sugar Baby »

Le don d’ovule (ovocytes) interdit ? Le don de spermatozoïde gratuit ? Et bien non, pas dans tous les pays ! Choisissez-le bien. Si en France, les dons d’ovocytes et de sperme sont autorisés, gratuits et anonymes, il y a des endroits où votre fertilité peut être rémunérée. En Belgique, les femmes donnant leurs ovules sont rémunérées environ 1 000 euros par ovule. Aux Etats-Unis, c’est encore mieux, environ 3 000 euros par don d’ovule et entre 35 et 70 euros pour un échantillon de sperme. En plus, vous faites le bonheur de quelqu’un. En France, 2 000 femmes ont besoin chaque année d’ovocytes, mais à peine 500 dons d’ovocytes sont effectués tous les ans. Peut-être que le fait de rémunérer ce don pourrait régler le problème ?

« J’accompagne des hommes d’affaires à des dîners pour financer mes études » s’exprime une Sugar Baby à ce sujet.

Sur des sites comme SeekingArrangement.com, vous vous inscrivez et êtes rémunérés jusque 10 000 euros le dîner, avec comme seule mission d’accompagner un quadra. Le slogan de ce site ? « Là où les gens beaux qui ont du succès vivent des relations mutuellement bénéfiques ». Vous avez compris le principe. Le site va droit au but dans la description du concept : Qu’est-ce qu’un Sugar Daddy (ou Sugar Momma) ? « Des hommes et des femmes qui ont du succès et savent ce qu’ils veulent. Ils sont déterminés et apprécient la compagnie de belles personnes à leurs côtés. L’argent n’est pas un problème, ils sont donc généreux quand il s’agit de soutenir un Sugar Baby. » Qu’est-ce qu’un Sugar Baby ? « Des personnes attirantes qui recherchent les plus belles choses de la vie. Elles apprécient les cadeaux et les voyages exotiques. Les Sugar Babies font l’expérience d’un style de vie luxueux et rencontrent des gens riches régulièrement.»

Tester des sextoys pour des entreprises spécialisées Il y a quelques années déjà, Durex lançait une offre d’emploi un tantinet atypique. Des volontaires seraient rémunérés pour tester les nouveaux sextoys avant leur lancement sur le marché. En quoi cela consiste-t-il ? On vous envoie les jouets en question à domicile (faites attention à les récupérer très rapidement si vous vivez encore avec vos parents, cela vous évitera un moment des plus gênants).

Vous les testez, et faites un rapport complet et détaillé sur le produit. Ceci leur permet de s’améliorer, et vous aide à combler votre frustration d’avoir passé la Saint-Valentin seul(e) à regarder l’Amour est dans le pré la bouche pleine de chips.

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Marie-Cécile Clouet

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INTERNATIONAL

Pologne :

la FIV de mal en

La procréation médicalement assistée pourrait bientôt devenir un crime en Pologne. En effet, la droite catholique, arrivée au pouvoir en octobre dernier sous la bannière du parti Droit et Justice (PiS), est revenue sur les mesures sociales adoptées par l’ex-gouvernement libéral. Elle propose notamment de condamner les médecins pratiquant des fécondations in vitro à 2 ans de prison, sans que la femme, elle, soit inquiétée.

La religion comme remède « Nous allons nous défendre face à ces idées dégénérées du monde occidental pour revenir à une culture chrétienne authentique. » Cette phrase choc, prononcée par l’un des députés du PiS, Stanislas Pieta, annonce la couleur. La droite catholique a en effet frappé un grand coup en annonçant la fin du programme de financement des méthodes de procréation assistée d’ici juillet 2016. Lancée par l’ancien gouvernement libéral, cette loi rendait la fécondation in vitro remboursable en quasi-totalité, dans un pays où le coût de cette procédure atteignait fréquemment les 50 000 zlotys (environ 11 000 euros). Une aubaine pour la plupart des couples stériles, quand on sait que le salaire net moyen s’élevait fin 2015 à 2 805 zlotys (environ 641 euros). Mais, convaincu «qu’il [est inadmissible] d’autoriser la destruction d’un être humain, quelle que soit l’étape de son évolution», PiS entend bien, à terme, interdire purement et simplement la fécondation in vitro. Une partie influente du gouvernement estime en effet que la destruction des embryons non utilisés est une forme d’avortement, qui doit donc être punie d’une peine de prison pour les médecins qui la pratiquent.

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A une plus grande échelle, ce n’est pas qu’à la procréation médicalement assistée que le gouvernement ultra-conservateur s’est attaqué.

Dans l’ensemble, PiS promeut les « enseignements de l’Église catholique », valorisant le rôle de la mère au foyer.

A quoi le voit-on ? D’abord à la mesure phare du parti : l’allocation de 500 zlotys (114 euros) par mois et par enfant. Ainsi, une mère de 3 enfants touchera 1500 zlotys (343 euros). Le salaire minimum polonais étant de 1850 zlotys (423 euros), on voit vite qu’il sera presque aussi intéressant financièrement de rester à la maison que de travailler. D’autant que les aides accordées pour les gardes d’enfants seront probablement diminuées. Ensuite, c’est la position du gouvernement concernant l’avortement qui fait s’insurger les associations féministes et les défenseurs des droits de l’Homme. Certains députés considèrent en effet qu’« un enfant a le droit de naître même s’il est malade ou s’il est le fruit d’un viol ».

Or, la loi sur l’avortement, qui date de 1993, est déjà l’une des plus restrictives d’Europe. Une interruption volontaire de grossesse est autorisée uniquement si la vie ou la santé de la mère sont menacées, si le fœtus présente

SCANDALEUXMAG MAG #23 #23- -PRINTEMPS PRINTEMPS2016 2016 LELESCANDALEUX

INTERNATIONAL des malformations ou si la grossesse est le fruit d’un viol.

L’Église, restée discrète depuis la victoire du parti, n’en voit pas moins ce discours relayé par des organes religieux très radicaux tels que la « Croisade du rosaire », qui avait fait parler d’elle en décembre dernier lors de sa tentative d’ « exorcisme » devant le siège d’un quotidien national.

Ces organes font écho aux vœux d’une partie de la population qui espère retrouver avec le PiS les valeurs inculquées par leurs parents.

Genèse d’une radicalisation Historiquement, la Pologne est un pays conservateur. Bien que les prédécesseurs du PiS se soient montrés moins radicaux, ils n’en restaient pas moins traditionnels, surtout au regard des « standards européens ». Par exemple, alors que treize pays européens ont légalisé le mariage des couples homosexuels entre 2001 et 2015, quatre polonais sur cinq s’opposaient à une telle législation en 2010. Dans un pays où 90% de la population se déclare catholique, il n’est donc pas surprenant que les idées du PiS l’aient mené au pouvoir.

En outre, le poids de l’Histoire joue un rôle déterminant dans la montée en puissance de la droite catholique. Le régime communiste a en effet étouffé les valeurs religieuses pendant près de quarante ans. L’enseignement religieux a été supprimé des écoles, les fêtes catholiques interdites, l’Église mise sous surveillance… En 1966, le gouvernement communiste a même refusé la venue du pape Paul VI pour la célébration du millénaire de la Pologne. Même avec la chute du régime en 1990, les Polonais n’ont pas retrouvé leurs valeurs religieuses, car l’accent a été mis sur la transition économique et démocratique, reléguant les questions sociales au second plan.

Cette histoire politique explique donc le retour en force des valeurs traditionnelles. Le PiS répond à ce besoin de repères religieux, en menant des actions fortes comme celles concernant les FIV, ou des actions plus symboliques comme en 2011, lorsqu’il avait fait pression pour faire du 6 janvier, date de la grande procession de l’Epiphanie, un jour férié. La clé de son succès réside donc dans son positionnement radical, qui lui a permis d’obtenir la majorité absolue au Parlement polonais. S’il est tentant, pour nous, Européens de l’Ouest, de critiquer ces mesures en les qualifiant de « rétrogrades », tâchons de nous rappeler qu’en démocratie, le peuple est roi.

Néanmoins, les manifestations de décembre 2015, pour dénoncer un « coup d’Etat rampant » du PiS, après sa tentative avortée de remplacer cinq juges du Conseil constitutionnel qui ne lui étaient pas favorables, font état d’une certaine polarisation de la société. Le PiS ferait donc mieux de ménager les esprits en trouvant un équilibre nécessaire à son maintien au pouvoir. Car s’il y a bien une chose dans laquelle les Polonais croient autant que la religion, après quarante ans sous l’égide communiste, c’est bien la démocratie.

Lucie Prudhomme

Beata Szydlo, nouveau Premier ministre polonais

LE LE SCANDALEUX SCANDALEUXMAG MAG #23 #23--PRINTEMPS PRINTEMPS2016 2016

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DOSSIER:

NUITS SANS SOMMEIL

« Je vous ai compris !

Je sais ce qui se passe ici. Je vois ce que vous voulez faire. Je vois que la route que vous avez ouverte à Lille, c’est celle de la distraction et des festivités. » Comme il serait doux d’entendre son directeur ou son président d’université nous assurer leur sympathie et leur indulgence à l’égard de nos impératifs nocturnes estudiantins. Au lieu de quoi, nous passons directement aux mesures académiques de rétorsion qui visent à renflouer le beau et braillard peuple noctambule que nous formons vers le modèle diurne de la vie active.

Soit. S’adapter est le mot d’ordre. Mais comment ? La médication va-t-elle nous aider à éradiquer ce frère jumeau de la mort ? Le monde animal peut-il nous inspirer un autre mode de vie ? Notre société le permet-t-elle seulement ? Et si nous surestimions les limites de notre corps ? Ce dossier est là pour apporter quelques éléments de réponses.

Si, au contraire, vous choisissez la voie de la résistance aux études et le sacrifice du sommeil sur l’autel de la débauche, la feuille de chou plastifiée que vous lisez à l’instant contient d’autres articles susceptibles de vous aider dans votre aventure !

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SCANDALEUX MAG#23#23PRINTEMPS - PRINTEMPS 2016 LELE SCANDALEUX MAG 2016

DOSSIER

Limitless est un film extraordinaire. Un écrivain qui n’arrive pas à vivre de son talent, puisqu’il est dépressif, paresseux, alcoolique, endetté et que, par-dessus tout, il se comporte en loser avec les filles. Un jour, il découvre la pilule miracle, qui lui permet d’utiliser 100% de ses capacités cérébrales. Sa mémoire est décuplée, il se passe allégrement de sommeil et est en constante activité intellectuelle et physique. Ceci lui permet de s’enrichir, séduire, devenir célèbre, réaliser la vie de ses rêves. L’existence d’une telle pilule est aujourd’hui le fantasme de toute une société, la nôtre.

Allume-toi et marche Jamais la suractivité n’a été tant valorisée qu’aujourd’hui. L’explosion des boissons énergisantes, comme le montre la hausse de 20% chaque année de la vente de ces produits vendus en grande surface, est un des nombreux signes de cette envie de performance sans dormir. En ce qui concerne les médicaments, l’Arcalion 200 connaît un succès énorme. Ce médicament sans ordonnance et classé dans la famille des antiasthéniques permettrait de lutter contre la fatigue mentale et physique. Il en est de même pour le Guronsan. Pourtant, les médicaments qui permettent de lutter contre le sommeil sont bien souvent, pour les moins chers, des dérivés du Viagra et ne font que fatiguer le corps en lui faisant ingurgiter des substances dont il n’a pas besoin.

Il est aussi constaté que le marché du café et ses dérivés a explosé : la part des ménages possédant, entre 2000 et 2008, une machine à expresso est passée de 15 à 21 %.

Plus inquiétant, les substances illégales visant à utiliser la totalité de son énergie pour être efficace sont aussi de plus en plus consommées. Les amphétamines, la cocaïne ou encore l’éphédrine et l’ecstasy sont en vogue ; et ce, dans tous les milieux sociaux, dans les bureaux de nos dirigeants ou sous un pont, alors que la consommation de cannabis semble avoir diminué ces dernières années, particulièrement chez les jeunes

de moins de 25 ans. La phase de « descente » peut se prolonger pendant parfois plusieurs semaines par des symptômes dépressifs, anxieux, confusionnels ou des troubles du sommeil. Et c’est là que le paradoxe intervient et que l’économie des calmants, anxiolytiques et somnifères profite de notre malaise.

« Chassez le naturel et il revient au galop » Si les dopants de tous types, consommés légalement ou non au quotidien, nous permettent de repousser nos limites, le corps en pâtit nécessairement à long terme. Épuisement, burn-out, dépression, insomnie… autant de phénomènes qui se sont généralisés et qui renflouent les poches de pharmaciens, psychologues et dealers. 131 millions de boîtes de médicaments de ce type ont été vendues en France en 2015, soit près de 4 % de la consommation totale de médicaments. Ce chiffre inquiétant montre tout le paradoxe de notre quotidien : il faut être performant, mais sur la durée, prendre des dopants ne le permet pas, alors il faut compenser par des calmants. Il semblerait finalement que nos cycles de vie et de sommeil soient artificiellement créés par nous-mêmes pour ressentir la fatigue ou l’énergie sur demande. Une vie désorganisée au possible, qui profite à ces vendeurs de cycles artificiels.

Marie-Cécile Clouet

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DOSSIER

Vers une société qui ne dort jamais ?

De nos jours, heureux sont les privilégiés qui parviennent à trouver le temps de dormir plus de huit heures par nuit. Certes, nous ne sommes pas tous égaux face au nombre d’heures de sommeil pour se sentir en forme. Les critères qui définissent notre besoin sont principalement notre âge et la génétique. Cependant, il est bien connu qu’au minimum sept heures de sommeil sont requises pour les adultes, le sommeil étant un élément indispensable au bon fonctionnement de notre organisme. En effet, le manque ou la mauvaise qualité de sommeil peut entraîner des troubles de l’humeur voire la dépression, de l’agressivité, du stress, une diminution des capacités physiques ou une prise de poids, sans compter une inévitable somnolence… Cela donne tout de suite envie de respecter son cycle biologique !

On peut alors se demander comment s’est développée une telle culture de la nuit dans notre société alors que le sommeil est un élément vital à notre bien-être. Que fait-on donc quand on ne dort pas ?

Vivre jusqu’à n’en plus pouvoir En tant qu’étudiante (à Lille, qui plus est), je suis bien

menté et expérimente toujours la phobie du réveil pour

placée pour répondre à cette question. Je suis moi-

aller en cours alors que je me suis couchée tard pour

même habituée aux soirées qui finissent à l’heure où

finir un devoir - bon, cette justification était surtout

certaines personnes se réveillent pour aller travailler.

vraie en classe prépa donc en école de commerce, on

Et Lille offre parfois des spectacles des plus amusants.

pourra la substituer par quelque chose de plus crédible.

En sortant de chez moi le vendredi à 7h du matin pour

Selon une étude réalisée par Harris Interactive pour la

me rendre en cours, il m’arrive de voir des jeunes (et un

mutuelle étudiante Smerep, plus de neuf étudiants sur

peu moins jeunes) faire encore la queue pour acheter

dix déclarent dormir moins des huit heures conseillées

des hamburgers au camion ambulant de la rue Solféri-

pour être en bonne santé. 18% annoncent quant à eux

no. Il faut croire que faire la fête et vivre quand tout le

qu’ils dorment moins de six heures par nuit ! « Mais que

monde dort contribue à la magie du moment : la nuit,

font-ils donc à la place ? » a-t-on envie de se demander.

tout est permis. Enfin, jusqu’à ce que les riverains ap-

Eh bien ! aujourd’hui, la plupart d’entre nous suivent

pellent la police pour « tapage nocturne » et qu’après

leur rythme de vie plutôt que leur rythme biologique.

une amende entre 45 et 180€ (quand on y est allé un peu

Entre les études qui demandent toujours plus de travail,

fort), la soirée revienne plus cher que prévu.

les petits boulots, les soirées entre amis et les repas de famille, c’est le sommeil qui en pâtit. Selon l’Insee, en

Mais parfois ne pas dormir « à sa faim » n’est pas qu’un

25 ans, il y a eu une baisse de sommeil de 50 min chez

choix : la société actuelle l’impose à grand nombre

les adolescents, qui aujourd’hui passent plus de temps

d’entre nous. Toujours en tant qu’étudiante, j’ai expéri-

devant la télévision et l’ordinateur.

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LE SCANDALEUX MAG #23 - PRINTEMPS 2016

DOSSIER Le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt… et non à ceux qui se couchent tard Combien de fois a-t-on entendu cet adage ? Et en quoi

chargé de la journée. Toutefois, ce célèbre dicton a été

est-il pertinent ? Finalement, on pourrait dire que le fait

remis en question par une étude menée par des cher-

de se lever tard et se coucher tard revient à la même

cheurs belges, suisses et français publiée dans la revue

chose que de se lever tôt et se coucher tôt. Pourquoi le

« Science ». Les lève-tôt et les couche-tard ont des per-

fait de voir plus d’heures de jour procurerait-il un avan-

formances comparables le matin mais en fin de journée

tage par rapport à ceux qui ne sont pas matinaux ? Tout

les couche-tard sont plus alertes et plus attentifs.

simplement parce qu’à 5h du matin, le monde s’éveille à peine et cela permet de se ménager du temps pour

Mais aujourd’hui, finalement, on peut dire que le monde

soi avant d’aller travailler. Le livre Morning Miracle de

appartient à ceux qui se lèvent tôt et qui se couchent

l’Américain Hal Elrod, best-seller aux Etats-Unis, vante

tard également : le sommeil est le dernier des soucis des

les bienfaits d’un réveil aux aurores et commence à faire

dirigeants et entrepreneurs de ce monde ! À cause de

de nombreux adeptes en France. Se réveiller avec « le

contraintes professionnelles, bon nombre d’entre eux

chant du coq » permettrait le développement personnel :

et de libéraux (avocats par exemple) finissent de tra-

séances de sport, méditation, lecture et réflexion sur la

vailler à des heures avancées de la nuit et le lendemain

journée à venir avant de se lancer dans le programme

matin à 7h30, ils sont debout pour retourner au travail.

Le travail de nuit, difficile mais mieux payé En France, on parle de travail de nuit pour tout travail

pompiers, taxis et traders. C’était le cas de nombreux

se déroulant entre 21h et 6h. La législation française en-

ouvriers avant la mécanisation des métiers de l’indus-

cadre le recours au travail de nuit qui doit prendre en

trie. Le travail en trois-huit, où trois équipes de travail

compte les impératifs de protection de la santé et de la

se succèdent toutes les huit heures, permettait de

sécurité des travailleurs et être justifié par la nécessité

faire fonctionner les installations d’une usine 24 heures

d’assurer la continuité de l’activité économique ou des services d’utilité sociale. La durée de travail de nuit ne peut dépasser 8 heures consécutives sauf dérogation.

De plus, le travailleur de nuit peut souvent bénéficier d’une compensation financière et doit obligatoirement bénéficier d’une contrepartie en repos : il ne travaille pas tous les jours de la semaine. En effet, un travail de

sur 24. Pourtant, la part des travailleurs de nuit est en hausse depuis 1991 passant de 13 % à 15,4 % en 2012 et cela concerne particulièrement les hommes et salariés de la fonction publique.

En conclusion, vivre la nuit est souvent loin d’être un

nuit peut ne pas correspondre à tout le monde (vie fa-

choix. Sans compter les insomniaques qui essaient de

miliale, garde des enfants) et dormir la journée est dom-

s’endormir mais qui n’y parviennent que difficilement

mageable (manque de soleil, impacts sur la santé et la

après plusieurs heures passées à compter les mou-

vie sociale).

tons…

C’est ainsi le cas des médecins de garde, éboueurs, LE SCANDALEUX MAG #23 - PRINTEMPS 2016

Camille Manguer 11

DOSSIER

Une de perdue, dix de ruinées « Si tous nos remèdes étaient balancés au fond des océans, cela ferait le plus grand bien à l’humanité - et le plus grand mal aux poissons ».

Oliver Wendell Holmes, M.D. Plus que les examens, les rencards ou les entretiens de stage, ce que les étudiants ratent le plus, ce sont leurs nuits de sommeil. Loin d’être une énième parodie du fameux – et fumeux – proverbe sur les déboires de la vie amoureuse, cet article vise plutôt à rendre compte de leur importance au quotidien ; et de voir que ces privations de sommeil jouent leur rôle dans votre échec au dernier partiel ou lors de la dernière rencontre avec votre target.

Résultats des expériences Entre les soirées, le travail associatif, les soirées, les études, les soirées et les activités annexes, comme les préchauffes, le sommeil fait figure de parent pauvre dans l’allocation de nos 24 heures journalières. Mais qu’en est-il lorsque l’on cherche à le supprimer totalement ? Les privations complètes réalisées dans le cadre d’expériences fournissent des résultats qui sont synthétisés dans le schéma ci-dessous à partir du deuxième jour d’éveil.

Jour 2 : Après une nuit blanche, le niveau de dopamine produit dans le cerveau s’accroît significativement,

comme avec les amphétamines, afin de compenser le manque de repos et de stimuler la vigilance. Energie supplémentaire, motivation et euphorie sont fréquemment observées mais l’irascibilité aussi.

Jour 3 : Le cerveau éteint progressivement les aires du lobe préfrontal, sièges

des fonctions cognitives « supérieures » : langage, mémoire, raisonnement et exécution des tâches sont touchés. Les centres des émo« Je tions, désinhibés, sont en moyenne plus réactifs de 60%. comprends L’organisme perd son aptitude à métaboliser le glucose et dépourquoi Amnesty Inveloppe une résistance à l’insuline. Le corps réclame sans ternational a classé la pricesse de l’énergie et l’appétit vire à la boulimie.

Jour 4 : Si elles ne sont pas apparues avant, des

hallucinations peuvent se manifester.

Elles concernent bien sûr la perception visuelle, mais aussi auditive ; en fait, c’est tout le système sensoriel qui se trouve bouleversé. La réponse immunitaire aux infections est considérablement amenuisée, et les douleurs musculaires et articulaires, traduisent le manque de sommeil REM (“Rapid Eye Movement” ou “paradoxal”).

Jour 5 : Troubles du comportement et

risques pour la santé sont les raisons pour lesquelles les comités d’éthique refusent d’aller au-delà de cinq jours de privation totale. A ce stade, les facultés cognitives des volontaires sont au plus bas. L’amplitude des variations de températures, qui est fonction du rythme circadien, augmente et peut osciller entre des phases d’hypothermie (< 35°C) et de fièvre (> 38°C).

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LE SCANDALEUX MAG #23 - PRINTEMPS 2016

vation de sommeil parmi les actes de torture. »

« Mes réflexes sont ceux d’un individu avec 1 gramme d’alcool dans le sang. J’ai l’impression d’être en forme. En fait, je suis complètement bourré. »

DOSSIER Un américain de 17 ans, Randy Gardner, est resté éveillé 11 jours d’affilée sous surveillance médicale. Les derniers tests cognitifs ont été catastrophiques. Un médecin lui avait ainsi demandé de décompter de 7 en 7 à partir de 100.

L’étudiant, très lent, s’est finalement arrêté à 65. Lorsqu’on lui a demandé pourquoi, il a répondu qu’il avait oublié ce qu’il faisait !

L’insomnie tue-t-elle ?

Non aux somnifères !

Non, sauf dans les cas très rares de certaines pathologies neurologiques. Pourtant, plusieurs faits divers sordides, comme la mort d’épuisement d’un stagiaire à la Bank of America ou le décès de personnes rivées plusieurs jours devant un écran de télévision ou d’ordinateur, semblent contredire cette affirmation. En vérité, pour le médecin du sommeil Sylvie Royant-Parola, dire que quelqu’un meurt de fatigue est un raccourci. Sans sommeil, certains neurones vont en effet se « désactiver » pour leur permettre de récupérer malgré l’éveil forcé de l’individu, ce qui peut conduire à des « black » de fatigue. Le cœur non plus ne va pas lâcher – son repos à lui est particulier, une demi-seconde par battement – à moins qu’il n’y ait un antécédent de faiblesse cardiaque. En fait, les expériences menées sur des animaux sains, c’est-à-dire sans vulnérabilité cardiaque ou neurologique, conduisent au décès par hyperthermie (hausse de la pression artérielle) ou infection (effondrement du système immunitaire) après plusieurs se« J’ai l ’ i m p r e s s i o n maines de privation totale d’être passé sous les de somroues d’une bétonmeil.

Le somnifère idéal, capable de provoquer un authentique état de sommeil, ça n’existe pas ; et c’est fort dommage, car les hypnotiques occupent le 5ème rang des médicaments les plus vendus en France. Neuroleptiques (Noctran°, Théralène°…), benzodiazépines (Valium, Xanax, Noctamide…) et dérivés de ces derniers (Imovane°, Stilnox°…), tous engendrent une réduction de l’activité cérébrale. Ce mécanisme permet certes de lutter contre l’insomnie et de déclencher le sommeil, mais il en diminue la qualité et le rendement.

En réduisant l’activité cérébrale, le somnifère va ruiner le sommeil paradoxal (ou sommeil REM), moment privilégié du rêve, fondamental dans la maturation du système nerveux et l’apprentissage. C’est de ce sommeil dont aurait manqué Michael Jackson qui, selon le docteur Charles Czeisler, n’aurait pas véritablement dormi pendant les 60 jours précédant sa mort. Comprenez : la pop star a été privée deux mois durant de sommeil paradoxal à cause des médicaments qu’il prenait.

«Ce serait comme manger quelques boulettes de cellulose à la place du dîner. Votre estomac serait plein, et vous n’auriez plus faim, mais cela vous apporterait zéro calorie et ne comblerait aucun de vos besoins nutritionnels», a expliqué le docteur Czeisler, selon CNN. Un argument en plus en faveur du cannabis thérapeutique ?

nière »

« Il fait –10 °C. Je me sens de plus en plus fragile face au froid. »

Haro sur les « cash » !

« Je tente un jeu de tennis. Je n’arrête pas de refaire la MÊME partie. Et je perds. Quatre heures durant. J’ai les réflexes d’une mamie. »

Les étudiants qui enchaînent nuit blanche en boîte et cours le lendemain ont raison de considérer ces sessions comme des exploits individuels, car le sommeil nettoie le cerveau et l’organisme de ses toxines. S’en priver ainsi, c’est soumettre son corps à un stress physique d’autant plus intense que l’accumulation de fatigue antérieure est importante. Moins beaux, malades, mauvais en cours, rien ne justifie la privation répétée de sommeil. Quant à ceux qui le considèrent comme une perte de temps au détriment de la fête, une question : qui s’est déjà autant éclaté que dans ses rêves ?

Paul-Alexandre Prodanic

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DOSSIER

Nuit, rêves et superstitions Le char de la Nuit poursuit celui du Soleil, les esprits malins se glissent dans les huttes des dormeurs, les anges apparaissent aux saints et les entretiennent sur l’avenir de l’humanité… Bien avant la psychanalyse et l’interprétation des rêves freudiens - qui deviendront des références contestables mais quasi incontestées - la nature de ces moments où l’âme des hommes semblait s’envoler vers les cieux ou sombrer dans les ténèbres et que l’on appelle sommeil a donné naissance à de nombreux questionnements qui ont trouvé des semblants de réponses dans une multitude de mythes et qui sont autant d’histoires, aussi belles qu’incongrues.

Petit tour du monde de contes et légendes de la nuit, du rêve et du sommeil.

Il y a longtemps, sur les terres lointaines demeure souterraine de la Nuit par deux portes différentes ; l’une d’ivoire, pour les rêves tromde la Grèce antique…

Dans son char tiré par deux chevaux noirs, Nyx étend son sombre voile parsemé d’étoiles sur la surface de la Terre et, comme hypnotisé ou sous l’emprise de la morphine, l’homme tombe dans une transe onirique…

Chez les Grecs, la nuit (Nyx), le sommeil (Hypnos) et les songes (les Oneiroi, dont Morphée, armé de ses graines de pavot) sont, en effet, tous liés.

La famille de la déesse nocturne est d’ailleurs très nombreuse, on y compte par exemple la mort (Thanatos), la destinée (les Moires) ou encore le jour (Héméra).

Pour les Grecs, les rêves s’extirpent de la

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peurs, souvent liés aux activités réalisées pendant la journée, et l’autre de corne, pour les rêves prophétiques et donc véridiques. L’interprétation de ceux-ci prend dès cette époque une grande importance, comme en témoignent les nombreux sanctuaires et oracles ainsi que l’ouvrage d’Artémidore d’Éphèse, base de l’onirocritie, qui restera pendant longtemps une référence, même pour Freud.

LE SCANDALEUX SCANDALEUX MAG MAG #23 #23 -- PRINTEMPS PRINTEMPS 2016 2016 LE

DOSSIER « Dieu appela la lumière jour, et Il appela ie d’un Grand Esprit « commun » qui est le pourvoyeur des rêves de bon ou de mauvais augure, les ténèbres nuit. »

Dans l’Ancien Testament et la tradition juive notamment pour la chasse, la guerre ou la maladie. en général, le rêve revêt également une valeur C’est d’ailleurs l’origine des fameux attrapeurs de prophétique individuelle ou collective et est trans- rêves amérindiens, qui tels des toiles d’araignées mis par Dieu lui-même, ou par ses messagers, les filtrantes, attrapent les rêves et retiennent les mauanges. Le prophète Joseph, fils de Jacob, est no- vais qui seront détruits au matin par les rayons du tamment connu pour ses interprétations véridiques soleil. D’autres cultures pratiquent plus volontiers présentées dans la Genèse, qui l’aidèrent à s’élever les sacrifices pour favoriser l’accomplissement aux plus hautes fonctions de l’Égypte pharaonique. d’un rêve ou empêcher celui d’un cauchemar, chaDe même, la sagesse de Daniel lui permettra de re- cun son truc. cevoir la visite de l’ange Gabriel, qui l’entretiendra Quand la nuit dure un jour sur des événements futurs, et d’entendre la signifiDans le grand Nord, la nuit, Nott, est un élément cation des rêves des seigneurs de Babylone, interprétations ou prophéties qui trouvent encore écho central de la mythologie, mais avant tout de la vie des Scandinaves qui l’expérimentent au plus fort auprès de certains aujourd’hui.

Les rêves peuvent donc tous être porteurs d’un de l’hiver la plupart du temps, parfois plus de 20h sens divin et prophétique mais, sans une inter- par jour... Elle est ainsi associée à nombre d’êtres re prétation correcte de ceux-ci, ils ne sont d’aucune doutables, tels les trolls, les géants ou les loups. Ces croyances anciennes ont profondément marqué utilité. les populations et l’ÉvangéliDans le Nouveau Testament, c’est un autre Joseph, Les attrapeurs de rêves amérindiens, sation de ses terres ne s’y est pas faite sans encombres, l’époux de Marie cette fois, tels des toiles d’araignées mais… qui reçoit dans ses rêves filtrantes, attrapent les rêves et « La nuit avance à pas lourds, les messages des anges retiennent les mauvais qui seront autour de la cour et du foyer envoyés par Dieu, le prévedétruits au matin par les rayons du Alors que le Soleil quitte la nant que sa vierge femme soleil. terre, les ombres s’allongent est enceinte par l’opération Là dans notre sombre maidu Saint Esprit ; puis, qu’il faut fuir en Egypte, en revenir… Dans son qua- son, se lève avec des cierges allumés, trième rêve prophétique, c’est Dieu lui-même qui Sainte Lucie. »[1] lui conseille de ne pas retourner à Bethléem, ce qui La tradition de Sainte Lucie (on rappelle, à bon escient, qu’en latin “lumière” se dit Lux, Lucis…), conduit la Sainte Famille à s’installer à Nazareth. fêtée le 13 décembre, marque, dans le folklore suédois notamment, la période où les jours rallongent La nuit, toutes les âmes sont grises Le Chamanisme et l’Animisme sont par nature enfin, symbole de renouveau et d’espoir si fort qu’il pluriels tant ils sont géographiquement étendus, a permis de chasser peu à peu l’adoration des ande la Laponie à l’Afrique en passant par la Sibérie ciens cultes païens et résistera même à l’anti-idolâet les Amériques, mais leur essence, ayant trait à trisme protestant. la nature et à l’âme de l’homme et des choses, en fait l’unité.

L’âme y est souvent considérée comme vagabonde, elle quitte allègrement le corps-hôte, notamment lorsque celui-ci dort (ou est malade, ou encore saoul), mais il ne faut pas que celle-ci s’éloigne de trop, sinon, c’est la mort. Il y a donc interaction entre les âmes et les esprits lorsque le corps dort.

Ces âmes sont, dans certaines cultures, une part-

[1] Traduction du premier couplet de la chanson traditionnelle suédoise « Natten går tunga fjät », chantée en l’honneur de Sainte Lucie, interprétée dans toutes la Scandinavie par des jeunes filles couronnées de bougies, en tête d’une procession d’enfants ou de jeunes gens.

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Pierre-Louis Jeauffroy 15

DOSSIER

Ces bêtes au sommeil si étrange

Alors que nous autres humains dormons en moyenne 7 à 8 heures par jour, le sommeil des animaux est bien plus variable. Notre mode de récupération n’est pas l’apanage de tous : alors que certaines espèces n’ont besoin que de quelques petites heures dispersées sur la journée, d’autres n’hésitent pas à piquer des sommes pendant plus de douze heures !

L

e sommeil est un phénomène qui s’est complexifié durant l’évolution. En effet, les animaux les moins évolués comme les amphibiens, les poissons, les insectes ou les mollusques ne semblent pas connaître notre si précieux sommeil mais ont des périodes de « tranquillité » qui pourraient y ressembler de l’extérieur. Toutefois, les scientifiques n’ont pas de certitudes quant à sa nature véritable, forme de repos propre à ces espèces ou forme de sommeil immémoriale. Les reptiles auraient le droit au sommeil lent mais pas au sommeil paradoxal. En réalité le sommeil « évolué » serait apparu il y a environ 100 millions d’années avec les oiseaux mais encore sous une forme très différente du sommeil humain. Il faut chercher chez

les mammifères comme le rat ou le singe pour trouver un sommeil dont les stades s’approchent du nôtre.

Néanmoins, chez les mammifères, on peut distinguer une tendance : les chasseurs ont un sommeil plus profond que leurs proies qui, elles, auront une part plus large de sommeil léger, histoire de ne pas se faire croquer pendant leur nuit. Cet état de vigilance permanent pousse des espèces comme la girafe à ne dormir que durant de courts instants dont la totalité n’excède pas deux heures par jour. Alors qu’à côté les grands félins se permettent de dormir jusqu’à 14 heures par jour !

La taille a aussi son importance, les petits mammifères dorment globalement beaucoup plus que les gros. Les

Le dauphin de l’Indus, un micro-dormeur :

Cette espèce de dauphin presque aveugle vivant dans les eaux boueuses de l’Indus ne dort que par « micro moments » de 4 à 60 secondes afin de rester vigilante par rapport aux éventuels prédateurs.

La somme de ces « siestes » représente quand même 7 heures par jour.

La pieuvre, cette rêveuse:

Lors d’une observation nocturne dans le zoo de Bristol, des experts du sommeil ont remarqué que les yeux de celle-ci effectuaient de rapides mouvements pendant la nuit, signe de la présence de rêves ou de cauchemars !

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La chauve-souris, l’originale :

Pour commencer, elle dort la tête en bas, mais en plus celle-ci passe jusqu’à près de 20 heures chaque jour à dormir.

C’est le cas de la chauve-souris brune qui, selon l’Université de Washington, est la championne des dormeuses avec 19,9 heures de sommeil par jour, soit 82,9% de son temps !

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DOSSIER

chauves-souris ou les écureuils dorment, par exemple, plus de 15 heures par jour alors que les gros mammifères, comme l’éléphant ou la girafe, n’en ont besoin que de cinq. L’âge a, comme chez les humains, une influence importante ; en général, les jeunes animaux ont besoin de plus de sommeil que leurs aînés. De même, les animaux en captivité (qui n’ont pas à chercher leur nourriture) ont tendance à dormir plus que leurs congénères connaissant la vie sauvage. En effet, ces derniers doivent accorder un nombre conséquent d’heures à se nourrir ou à chasser, certains doivent même migrer pendant des semaines pour trouver un nouveau garde-manger.

Certaines habitudes de sommeil ont de quoi nous étonner. Le dauphin a un fonctionnement bien particulier.

Comme il doit remonter à la surface pour respirer et que cet acte est volontaire chez ces animaux, une moitié de cerveau dort à la fois : pendant qu’un hémisphère cérébral dort, l’autre reste éveillé. Cela permet au dau-

phin d’assurer simultanément deux fonctions vitales à la fois : dormir et respirer. Ainsi les deux hémisphères dorment chacun leur tour deux heures pendant douze heures. De nombreuses autres espèces de mammifères marins, comme les baleines, fonctionnent de manière similaire.

On remarque que les animaux adaptent leur façon de dormir pour survivre. Les loutres de mer mettent au point des stratégies pour éviter de dériver : s’enrouler dans des algues ou se regrouper par sexe en se tenant la patte pour former des sortes de radeaux qui les protègent de la dérive. Les oiseaux migrateurs doivent aussi s’adapter. Le martinet à ventre blanc peut par exemple voler pendant six mois sans se poser et dort en volant, quand la grive à dos d’olive vole de nuit et se repose le jour en additionnant les très courtes siestes.

Suricates, un pour tous, tous pour un :

Le flamand rose, l’équilibriste :

Le sommeil sur une patte du flamand rose est fameux, mais pourquoi fait-il ça? Ses longues pattes sont dépourvues de plumes et sont donc particulièrement vulnérables au froid, en dormant sur une patte il en cache une dans son plumage pour limiter les déperditions de chaleurs.

Nicolas Becker

La girafe, l’infatigable :

La girafe ne se couche que lorsqu’elle se sent en sécurité, la journée elle se contente souvent de somnoler.

Quand elle dort, elle replie son cou vers l’arrière et pose son menton sur le sol, mais seulement pendant 3 ou 4 minutes. En effet, la girafe dort très peu, moins de 2 heures par jour et elle peut s’en passer pendant des semaines !

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Les suricates dorment empilés les uns sur les autres au fond de leurs terriers mais restent toujours en alerte pour éviter les prédateurs. C’est la mère qui est au milieu et qui dort le plus profondément alors que les sentinelles sont à l’extérieur et seront donc les premières réveillées en cas de danger.

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POLITIQUE

Pourquoi nos députés sont-ils tellement absents ?

S’il est un endroit en France où l’on dort bien, c’est à l’Assemblée nationale. Allumons notre poste de télévision et, soyons fous, appuyons sur le troisième bouton de notre télécommande. Mercredi, 15h, questions au Gouvernement.

On distingue trois catégories de députés : gauche, centre et droite, me direz-vous ? A première vue, non, les trois groupes qui nous sautent aux yeux sont les suivants : d’abord ceux qui vocifèrent comme des animaux, crient, sifflent ou montrent les photos de leurs 18

dernières vacances à Saint-Martin à un voisin bedonnant qui rigole grassement en faisant fi des orateurs qui se succèdent au micro.

Ensuite, il y a ceux qui dorment. C’est qu’ils ont l’air confortables les cinq cent soixante-dix-sept fauteuils rouges du Palais Bourbon. Ceux qui auront pensé à faire un tour à la machine à café avant la séance somnolent, au mieux, devant une partie de Candy Crush sur leur smartphone.

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POLITIQUE Enfin, le troisième groupe, celui qui s’attire les critiques

studieuses, plus propices au travail sérieux qu’aux cris

les plus nombreuses, c’est celui des absentéistes. On ne

d’animaux. C’est en commission que le texte est rédigé,

sait pas bien ce qu’ils font de leurs journées. Sont-ils à la

enrichi, amendé… par des spécialistes.

plage, au bureau, à la buvette de l’Assemblée ? Il y a peu, lors du vote hautement symbolique sur la déchéance

Le vote qui a eu lieu en février, et qui a attiré les foudres

de Nationalité, 441 députés sur 577 étaient absents des

des médias sur nos élus n’est aucunement un vote po-

bancs de l’Assemblée, soit 76% des effectifs. Alors po-

litique. Il s’agit d’un vote qu’on pourrait qualifier d’in-

sons-nous une question toute simple : pourquoi est-ce

termédiaire, pour officialiser la fin du travail autour de

que nos élus parlementaires n’en ont rien à foutre de

la première lecture. Les quelques députés présents re-

leur mandat de député ? Ou plutôt, pourquoi en avons-

présentent ainsi leurs collègues pour travailler sur un

nous l’impression ?

texte qu’ils connaissent parfaitement puisque c’est eux qui l’ont écrit et amendé. Les équilibres politiques sont

Comme souvent en politique, la réponse est un mé-

déjà plus ou moins connus et il n’est pas nécessaire que

lange de trois facteurs : les médias qui en font trop, une

chacun des 577 députés vote. Il faut bien comprendre

mauvaise compréhension du système par les citoyens

qu’il ne s’agit ici que de séances de travail sans grand

et le rejet de la classe politique dans son ensemble.

intérêt politique. C’est seulement ensuite, quand le

Revenons brièvement sur la façon dont travaille le Par-

vote solennel a lieu, que l’ensemble du corps parlemen-

lement. Il n’est pas possible d’écrire une nouvelle loi à

taire est requis. Le vote solennel, comme son nom le

577 (pour l’Assemblée nationale) ou 348 (Sénat) pour

laisse supposer est le seul à avoir un vrai rôle politique

deux raisons très simples : tout d’abord, le brouhaha im-

puisqu’il permet d’accepter définitivement (ou de refu-

mense que cela engendrerait et le temps démentiel qui

ser) un texte sur lequel il n’est plus question d’apporter

serait nécessaire pour laisser tout le monde s’exprimer.

de modifications. Tous les députés sont alors présents à

Mais la raison la plus évidente est qu’un parlementaire

l’Assemblée et apportent leur voix à leur parti en faisant

ne peut pas avoir une connaissance parfaite de tous les

confiance au travail réalisé auparavant par leurs collè-

sujets. A vrai dire, c’est plutôt logique qu’un spécialiste

gues de la commission en question.

des finances par exemple ne soit pas celui qui décide si, oui ou non, une substance litigieuse doit être auto-

N’écoutez pas les médias qui n’ont aucune connais-

risée dans un médicament. Alors, dans les faits, com-

sance de l’appareil politique et qui dénigrent la classe

ment est-ce que cela s’organise ? Les parlementaires

politique sur des sujets qui n’ont pas lieu d’être alors

sont regroupés en commissions qui sont constituées

qu’ils n’auraient que l’embarras du choix. Ne critiquez

de membres de chaque parti politique, spécialistes d’un

pas ces photos où l’on voit l’hémicycle vide aux deux

domaine particulier. Pour faire simple, une commission

tiers car il sera bien plein lors du vote solennel. Et, mieux

est une « mini Assemblée nationale » spécialisée dans

encore, c’est le Congrès, composé de plus de neuf cent

un domaine précis. On retrouve par exemple à l’Assem-

parlementaires de l’Assemblée nationale et du Sénat,

blée nationale la Commission des armées, de la finance

qui se réunira pour clore le débat sur la déchéance de

ou de la santé. Les commissions ne siègent pas dans le

nationalité et il n’y aura pas un seul absent.

grand hémicycle dont le faste souligne le côté théâtral des séances télévisées mais dans de petites salles plus LE SCANDALEUX MAG #23 - PRINTEMPS 2016

Arthur Hirel 19

L’INTERVIEW

Ce que cache la législation du cannabis La légalisation du cannabis est un débat qui prend de l’ampleur dans nos sociétés contemporaines. Pourtant, les législations diffèrent d’un pays à l’autre concernant l’usage, la culture ou encore la vente de cannabis. La France a toujours considéré le cannabis comme un stupéfiant et condamne pénalement son utilisation. Quels sont les enjeux et les dangers réels de la légalisation du cannabis ? Le Docteur Arnaud Muyssen, addictologue au CHRU de Lille, a accepté de nous rencontrer pour nous éclairer sur le sujet. Êtes-vous pour ou contre la légalisation du cannabis en France ?

Globalement, je suis plutôt contre. Je pense qu’on casserait le frein qui existe parce que sa consommation est illégale. Des gens pour qui le fait qu’il y ait un interdit suffit pour les aider à ne pas consommer ou alors de manière exexceptionnelle, consommeraient davantage.

La consommation d’alcool, substance considérée comme une drogue par certains, est légale. Pourquoi ne pas légaliser celle du cannabis ?

Parce que c’est une erreur d’avoir légalisé l’alcool !

En France, à l’époque de Louis Pasteur, on est en train de mettre en place la grande industrie, l’essor du capitalisme. Les populations rurales pauvres émigrent en ville dans l’espoir d’une vie meilleure, mais les conditions sociales qui les at-

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tendent sont finalement à peine meilleures, voire pires que celles qu’ils ont quittées. Les tenants du pouvoir redoutent des révoltes et une remise en cause du système. Le grand savant vient de mettre au point un procédé qui permet de multiplier par dix la production de vin et de bière (la « pasteurisation »). La production enfle, les prix dégringolent.

C’est classique dans le système marchand, mais certains voient là un excellent moyen de protéger leurs intérêts. L’absence de régulation de la part des législateurs a permis à l’alcool de se diffuser massivement. Pour certains bénéficiaires du nouveau système économique, il veut mieux avoir un public capté par l’alcool, avec moins de possibilités de se mobiliser, pour avoir cette paix sociale certes chimique, mais qui permet d’éviter la révolte organisée et la mise en danger du nouvel ordre social.

Et aujourd’hui, qu’en serait-il si le cannabis était légalisé ?

Aujourd’hui, la population jeune s’anesthésie chimiquement, on le voit avec le binge drinking, ou encore avec ce que Stromae a parfaitement décrit : « Alors, on danse ». C’est-à-dire qu’on travaille jusqu’à l’abrutissement, on est complètement exploité jusqu’au bout et les temps de loisirs, qui sont plus rares, doivent être rentabilisés au maximum. On est dans le mythe du zéro défaut. Le sala-

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rié, tel une machine, doit répondre parfaitement à la commande, au doigt et à l’œil, sans délai.

Les salariés ont rarement été sous un tel niveau de stress.

C’est pourquoi le cannabis peut tout à fait venir compléter le tableau. En légalisant aujourd’hui, on verrait, comme on l’a vu au XIXème siècle avec l’alcool, toute une frange de la population déjà stressée ou en souffrance poursuivre cette anesthésie.

Le risque, c’est que le cannabis devienne un anxiolytique accessible, facile, outil pratique et bienvenu pour tous ceux qui ont intérêt à maintenir la stabilité sociale.

Certains jeunes consomment du cannabis parce qu’il représente un interdit. Ne pensez-vous pas qu’en le légalisant, certains vont au contraire se détourner de cette drogue ?

En effet ! Mais certains vont se tourner vers d’autres produits interdits ou même vers des comportements interdits. Des consommations d’héroïne ou d’ecstasy, mais aussi vraisemblablement des comportements asociaux, de la violence conjugale, etc. On peut tout imaginer, c’est difficile à prévoir.

Donc oui, il y a un risque (même si ce n’est pas le risque principal) : ceux qui consomment parce que c’est interdit, par plaisir de défier la légalité, ceuxlà vont être obligés de se rabattre sur autre chose.

Les jeunes sont-ils les plus gros consommateurs ?

Oui, ce sont les jeunes mais, depuis qu’on dit que ce sont les jeunes, certains jeunes ont grandi.

Aujourd’hui, je reçois à ma consultation des ados qui viennent parce qu’ils sont inquiets pour leurs parents qui fument du cannabis. La population vieillit. La façon de consommer est différente aussi.

Dans les années 70, le cannabis était associé à une contre-culture, à un rejet de la société de consommation : on adoptait des comportements et des

signes pour montrer notre distinction, et la consommation de cannabis pouvait en faire partie. Aujourd’hui, on n’est plus du tout dans ce schéma, le cannabis est devenu un produit de consommation courante.

Les gens peuvent fumer seuls, alors que dans les années 70-80 c’était rarement le cas. C’est ce qui m’amène aussi à m’inquiéter. Imaginez qu’aujourd’hui on nous dise « On laisse tomber la loi Évin sur le tabac et l’alcool. Cigarettiers, alcooliers, faites ce que vous voulez, les gens sont assez grands pour se débrouiller ». On verrait alors s’envoler les ventes d’alcool et de tabac du fait de l’action efficace de la publicité et des techniques de marketing ! Si vous légalisez un produit, les gens qui le commercialisent vont chercher à tout prix des clients. L’addiction de ces commerçants est une addiction à l’argent. Ils vont vouloir faire

LE SCANDALEUX MAG #23 - PRINTEMPS 2016

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L’INTERVIEW de l’argent sur ça comme ils font de l’argent sur le reste, parce que c’est le système qui engendre de tels comportements.

Ne pensez-vous pas que la légalisation, à travers un monopole d’État, permettrait quand même des bénéfices économiques et une consommation plus encadrée ?

Là, ça revient au problème du tabac. On peut se demander si c’est éthique de prélever des impôts sur le tabac. Quand les gens sont accros, c’est une drogue, ils ne peuvent plus choisir de consommer ou pas, par définition. Ils paient alors leurs impôts sans broncher, mais en faisant souffrir leurs bronches, sans mauvais jeu de mots. D’un point de vue médical on peut se servir du prix final au consommateur comme d’un outil de santé publique pour baisser la consommation d’un produit légal dont la toxicité est connue. Certains pays ont fait ce choix stratégique pour diminuer la consommation de tabac, et ça a fonctionné. Mais pour que cela soit dissuasif, alors il faut que le prix final (après impôt), soit significativement plus cher. Et il faut réaliser l’augmentation de prix brutalement, pour que les personnes qui pensaient arrêter bientôt, puissent se servir de cette opportunité. Si vous répétez l’opération trois à quatre fois par an, la consommation de tabac baisse tellement que les recettes fiscales baissent malgré le taux d’imposition de plus en plus écrasant. A l’opposé, toute augmentation progressive du prix (toute augmentation inférieure à 7% du prix final) n’a qu’un objectif de faire entrer des recettes fiscales sans prendre le risque de voir diminuer le nombre de consommateurs. Il ne s’agit là aucunement de santé publique. Cette option est par contre fiscalement très lucrative. Cette logique comptable machiavélique me semble hautement condamnable et une atteinte grave aux principes démocratiques (inégalité devant l’impôt) et à la santé publique (le même nombre de personnes consommatrices d’une substance toxique). Je parle ici du tabac, mais le problème serait semblable en tous points si l’on légalisait le cannabis.

Le législateur se trouverait à devoir choisir entre une manne fiscale et la santé du groupe dont il a la responsabilité !

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Qu’est-ce que vous pensez des établissements comme les coffee shops, qui ont vu le jour dans certains pays ?

Les Néerlandais, si on parle bien d’eux, ont une autre approche du cannabis : elle laisse plus de place au médico-social. Là-bas, le premier intervenant que va rencontrer une personne qui est en difficulté avec la consommation de cannabis n’est pas le policier. Ça sera soit un médecin, soit un éducateur de rue. Les coffee shops faisaient partie de cet arsenal pour développer cette approche.

Aujourd’hui, les coffee shops n’ont plus le succès qu’ils ont pu avoir. Il y a eu beaucoup de soucis, et les Néerlandais sont moins enthousiastes par rapport à cette expérience.

Est-ce qu’il y a eu une banalisation de la consommation de cannabis ? Qui aurait intérêt à ce que ça se produise ?

De manière générale oui, on observe sa banalisation, qui est sans doute dûe au fait qu’on s’arrête plus facilement de consommer du cannabis que de consommer du tabac. Le premier emploi, la mise en couple, la naissance du premier enfant sont les trois marqueurs principaux qui favorisent l’arrêt du cannabis, alors que les choses changent moins lorsqu’il s’agit du tabac. D’où l’intérêt pour l’industrie du tabac de laisser planer un vent de moindre gravité, de moindre toxicité de fumer du cannabis parce qu’ils savent très bien qu’indirectement, ils vont garder le client. Les joints, ça se consomme avec du tabac, et ils vont garder le client tabac.

Pourtant, certains pays utilisent le cannabis pour soulager les douleurs de certains malades atteints de cancer, de sclérose en plaques. Que pensez-vous des vertus thérapeutiques du cannabis ?

Oui c’est vrai, certains pays l’ont fait, et ça soulage les patients mais, si on parle d’antalgiques, pourquoi ne pas utiliser des antalgiques qui ont des effets moins indésirables ? Ça me semble un prétexte de mettre en avant le côté thérapeutique. Notre boulot de médecin, c’est d’induire le moins d’effets indésirables, de ne pas nuire. Pour être pertinent, il faudrait que le produit soit consommé sous forme de spray, de comprimés ou de gélules, et pas sous forme de joint. Il ne faut pas oublier tous les effets secondaires liés à la consommation de produits fumés comme les maladies cardio-vasculaires, les

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bronchites chroniques, insuffisances respiratoires, irritations et cancers dus aux goudrons et au monoxyde de carbone.

Pourtant, la légalisation du cannabis ne permettrait-elle pas de détruire les réseaux parallèles ?

Si, ça serait le côté positif ! Après, vous cassez le circuit mafieux, mais vous renforcez le système capitaliste. Quel que soit le circuit, la toxicité reste la même. Ça risque juste d’être pire à cause de la disparition du frein que représente l’illégalité de sa consommation. Enrichir les mafieux ou les actionnaires d’une société de tabac, je ne vois pas vraiment quelle est la différence.

Ne pensez-vous pas qu’un monopole d’État permettrait au moins de réduire les problèmes de santé dûs à la mauvaise qualité de certains produits vendus illégalement ?

Oui, on pourrait savoir ce qu’on vend, encore que, pour le tabac par exemple, on a eu énormément de difficultés pour savoir ce qu’il y avait dans le produit. Durant des années, jusqu’en 1998, les industries du tabac juraient que la nicotine ne rendait pas plus dépendant que les oursons en gélatine donc vous voyez, on peut aussi truander le monopole d’État. Ce n’est pas une garantie absolue qu’il n’y aura plus d’éléments toxiques dans le produit vendu. De plus, comme les mafieux sont devenus très riches, ce sont peut-être même eux qui rachèteraient les parts des entreprises légalisées !

Pauline Almecija

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SANTE

Plaidoyer pour un usage raisonné de la boisson Le sens commun conçoit fort bien qu’entre choisir et conduire, il faut boire. Certes. Mais la célèbre clairvoyance plébéienne fait souvent défaut chez ces mêmes roturiers, tacitement en charge d’édifier les croyances populaires, lorsqu’une liqueur au bistrot induit leur intuition vulgaire en erreur. Les idées reçues sur l’alcool sont donc légion, et il nous incombe de restaurer à ce seigneur son juste statut dans notre vie estudiantine.

L’alcool, parce qu’aucune grande histoire ne commence avec une salade Les plantes potagères ont aussi leur grande histoire.

Connaissez-vous celle de la salade Caesar ? Non, cette appellation ne fait pas référence au plus renommé des empereurs romains. Elle viendrait en fait d’outre-Atlantique, dans un restaurant mexicain à la frontière des Etats-Unis et en pleine période de… prohibition. Lors de leur fête nationale, de nombreux Etats-Uniens traversent la frontière pour s’enivrer en toute légalité.

L’afflux de fêtards chez Caesar Cardini le mène à court de vivres. Pour satisfaire ses clients, il composa avec ses restes une salade contenant des œufs, du parmesan, de la romaine, de l’ail et de la sauce Worcestershire.

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Cette recette eut le succès qu’on lui connaît aujourd’hui.

D’une part, on voit bien qu’une histoire peut commencer avec une salade, même si l’alcool intervient dans l’intrigue. D’autre part, et audelà de cette longue digression, ce plaidoyer pour un usage raisonné veut surtout mettre en lumière le sens de « grande histoire »; .

Car là où les étudiants insouciants que nous sommes lisent « amour », « odyssée », « rêve » ou « délire », les victimes voient « drame », « cauchemar » et « mort ». Comme celle il y a six mois de cet étudiant lillois qui s’est noyé à dixhuit ans parce que, ivre, il n’a pas su se contrôler. Gardons à l’esprit pour nos futurs débordements ces paroles, malheureusement trop justes, du chanteur Jacques Dutronc : « beaucoup de gens boivent, très peu savent être bourrés ».

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SANTE L’abus d’alcool doit se faire avec modération Or, « pour savoir qu’un verre était de trop, encore faut-il l’avoir bu ». Observateur avisé de la vie quotidienne, la pensée de Courteline s’avère être d’une aide précieuse pour comprendre que tout l’enjeu de l’ivresse n’est pas la modération – nous plaidons bien un usage raisonné et non modéré – mais l’intention.

Par exemple, baiser, comme le dit si joliment Coluche lorsqu’il défend que « Dieu a créé l’alcool pour que les femmes moches baisent quand même», est une finalité intéressante. Aux féministes alarmées, craintes libérez ; comme pour Rabelais, d’ironie il s’agit.

Pour autant, cela n’enlève rien au sens profond de l’idée suivante : boire avec excès n’est pas une fin en soi. Philosopher, copuler ou soutirer des aveux, en

voici des motifs ! D’ailleurs, l’écrivain Robert Escarpit a tort de comparer la colère à l’alcool en disant que les deux peuvent rendre service mais à petite dose. L’alcool, on l’a vu, sert même à forte dose.

S’abrutir pour devenir un échantillon de bêtise humaine supplémentaire n’est, en revanche, nullement un projet de vie sensé.

Si, au contraire, vous êtes friands d’extravagance, vos ridicules exploits seront immortalisés par l’objectif d’une caméra et vous pourrez alors constater par vous-même que la première composante de votre personnalité soluble dans l’alcool, c’est votre dignité.

Lever matin n’est point bonheur, boire matin est le meilleur Faisons appel à la sagesse des plus illustres penseurs français pour mieux avancer dans notre affaire. François Rabelais, en l’occurrence, redonne au coup de fouet matinal toute sa valeur. Dans une France en majorité paysanne et artisanale, donc rurale et laborieuse, se griser en douceur aux premières lueurs de l’aube est alors un moyen avisé de commencer son activité physique avec entrain et confiance.

Hélas, en vérité, cette citation est tirée d’un passage du roman Gargantua où Ponocrates, le percepteur de

l’horrifique géant, l’observe ripailler, licher et dormir à foison avant de reprendre en main son éducation.

Réfractaire aux remarques sur son hygiène de vie, Gargantua rétorque par cette citation que c’est un moyen efficace de rester en bonne santé. Cette phrase se situe donc aux antipodes de ce que pense et préconise Rabelais tout au long de son œuvre.

Espériez-vous vraiment avoir la bénédiction de nos éminents moralistes pour vous cocarder dès l’aurore, turbulents fripons ?

Peu importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse Sûrement l’une des plus belles sottises que la littérature française ait produite, quand bien même celle-ci viendrait du brillant Alfred de Musset. Le poète marque certes un point sur le plan pécuniaire, car l’Etat base en partie sa taxation sur le degré alcoolique des boissons, avec un traitement de faveur pour le vin et un taux réduit sur les bières très fortes. Mais sur la qualité tant gustative que sanitaire, notre romantique a tout faux; En ce qui concerne le goût, nul ne vous connaît mieux que vous-même et c’est à vous de trouver breuvage à votre godet. Sur la santé, vos organes

vous seront infiniment reconnaissants de préférer un vin rouge très tanné à une gnôle frelatée.

Les tanins du vin rouge auront une action bénéfique en tant qu’antioxydants – les proanthocyanidols réputés être à l’origine du « paradoxe français ». Démographes et statisticiens ont ainsi observé plusieurs « zones bleues », dont une en Sardaigne, où la probabilité de traverser un siècle est multipliée jusqu’à dix fois. Or, quelle est la particularité de leur vin ? Sa très haute teneur en tanin, pardi ! Rappelez-vous donc notre politique de taxation sur le vin : sublime bon sens français.

Paul Alexandre Prodanic

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ECONOMIE

Vite, la décroissance !

Aaaaaaah, la croissance. Quel mot magnifique. Porteuse de tous nos espoirs, annonciatrice d’augmentation de richesse et (donc ?) de bien-être, elle doit nous délivrer – enfin ! - de l’enfer du chômage, de la pauvreté, du malheur, de l’exclusion, des inégalités, de la violence et même de la pollution. Véritable religion, quasi totalitaire, à laquelle tous nous devons nous soumettre: Alléluia. Les institutions nationales et internationales nous le martèlent, chaque jour, inlassablement : pour les gouvernements, le FMI, la Banque mondiale et leurs acolytes, la croissance est la solution. Mais de nombreuses questions se posent. La croissance – ou le développement- de quoi ? Et jusqu’où ? Et puis, est-t-elle écologiquement possible, soutenable, souhaitable ? Le développement peut-il réellement être « durable » ?

T

out d’abord, il s’agit bien de la croissance du produit intérieur brut, le PIB. C’est la valeur totale de tous les biens et services produits dans un pays donné au cours d’une année donnée . Idole des gouvernants de ce monde, cette charmante boussole nous oriente vers la bonne voie, c’est certain. Or, le don, la beauté des paysages, la pureté des eaux ou l’amitié ne sont pas concernés. Selon le grand économiste états-unien J.K.Galbraith, « le niveau, la composition et l’extrême importance du PIB sont à l’origine d’une des formes de mensonge social les plus répandues ». L’indicateur ne considère pas que le temps libre soit une richesse qui vaille la peine d’être comptée… Comment espérer arriver à bon port, donc, avec un outil si biaisé ?

Ensuite, quelques lignes salvatrices de « pédagogie des catastrophes ». Nous assistons en ce moment même à la sixième grande extinction des espèces (animales et

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végétales), qui disparaissent aujourd’hui à la vitesse effrénée de deux cents par jour. Un rythme de 1000 à 3000 fois supérieur à celui des hécatombes précédentes - la disparition des dinosaures, il y a 65 millions d’années, s’est étalée sur une période beaucoup plus longue.

Chaque seconde, 200 kilos de déchets arrivent dans nos océans.

Selon l’OMS, près de 7 millions de personnes par an dans le monde décèdent prématurément du fait de l’exposition à la pollution de l’air. En France, environ 30% des colonies d’abeilles disparaissent chaque année. Toutes les sept secondes une surface de forêts primaires amazoniennes équivalente à un terrain de football est purement et simplement rasée.

Un peu de culture maintenant. L’empreinte écologique (en superficie) correspond à l’espace bioproductif nécessaire à la vie d’un être humain. L’empreinte disponible actuellement, étant donnée la population mondiale, est de 1,8 hectare par personne.

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ECONOMIE Un citoyen des Etats-Unis consomme en moyenne 9,6 hectares, un Français 5,26 hectares. Ce qui signifie qu’il faudrait, pour que l’humanité entière vive à la française, au moins trois planètes Terre – et six pour vivre à l’américaine.

Dès lors, comment voir dans la croissance – l’hubris, tant méprisée par les grecs de l’Antiquité - un phénomène durable ? Comment considérer que la généralisation de nos modes de vies occidentaux est simplement possible ?

Comment croire honnêtement que le PIB mondial, de 6000 milliards de dollars en 1950, puisse s’élever – avec une croissance annuelle de 3%, préconisée par la Banque mondiale - en 2050 à environ 185 000 milliards de dollars sans bouleverser dramatiquement les équilibres naturels actuels, telle une mécanique vertueuse ?

Si vous transformez tout en climatiseurs, en pommes frites, en voitures, à un moment vous n’aurez plus rien ».

En réalité, même le statu quo économique, sans aucune croissance, ne serait pas durable écologiquement : nous polluons, abattons, creusons, pêchons et extrayons déjà beaucoup trop pour la seule planète vivable que nous ayons trouvé jusqu’à aujourd’hui. La doxa actuelle justifie la possibilité d’une croissance soutenable par trois points principaux :

« Il faudrait, pour que l’humanité entière vive à la française, au moins trois planètes Terre – et six pour vivre à l’américaine. »

- La substituabilité des facteurs de production : oui, messieurs dames, grâce aux nouvelles technologies, il sera bientôt possible de produire autant de pain avec moins de farine !

- L’émergence d’une économie de l’immatériel - bien que celle-ci viendrait plus compléter que remplacer l’économie traditionnelle, industrielle et bien polluante, dont l’activité est elle en augmentation constante…

Selon l‘économiste américain Kenneth Boulding, « celui qui pense qu’une croissance exponentielle peut continuer indéfiniment dans un monde fini est soit un fou, soit un économiste »… à bon entendeur ! Et Arundathy Roy d’ajouter : « Nous n’avons qu’une quantité limitée de forêts, d’eau, de terre » .

- L’amélioration de l’éco-efficience. Beau principe en soi.

Malheureusement, le paradoxe de Jevons, ou « effet rebond » en montre les limites : si les locomotives à vapeur consomment chacune de moins en moins de charbon, la consommation totale de charbon croît inexorablement du fait de l’augmentation du nombre de locomotives en service…

C’est pourquoi le concept même de développement durable – aussi connu sous le doux nom de capitalisme vert, ou croissance verte – est un désespérant oxymore… qui saupoudre de bonne conscience cette idéologie allègrement destructrice et mortifère.

Par ailleurs, qui dit augmentation de la production, dit augmentation de la consommation. Achetez, faites-vous plaisir : c’est bon pour l’économie ! La croissance est opposée à tout sens de la mesure, à toute satisfaction du

présent. Cette folie du « toujours plus » repose par essence sur la surconsommation, efficacement servie par le matraquage publicitaire qui nous pousse quotidiennement à mépriser ce que nous avons, pour désirer ce que nous n’avons pas… Le bien-être n’est plus qu’un misérable beaucoup-avoir ; pauvre Epicure. C’est pourquoi la société doit entretenir en nous ce manque permanent: un homme heureux – et donc satisfait - n’achète pas beaucoup… Notre économie encouragerait-elle donc notre perpétuelle frustration ?

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ECONOMIE Comment expliquerons-nous à nos enfants que l’humaEnfin, l’augmentation des échanges est incontestablenité a choisi la déforestation massive, la pêche intensive, ment source de déculturation, et d’uniformisation masla défiguration des paysages, l’épuisement rapide des sive – d’occidentalisation – du monde entier… Beau ressources et la pollution sans fin de nos fleuves, nappes monde dans lequel nous vivons déjà, où seuls la Corée phréatiques, océans, terres arables au nom de l’accroisdu Nord et Cuba ont refusé le Coca-Cola ! L’ultralibérasement du sacro-saint bonheur matériel ? Comment lisme défait les normes sociales et écologiques, sanctifie expliquerons-nous que nos actes, en moins de cent ans, le droit commercial et l’intérêt privé, dérégule sans cesse ont sérieusement remis en question la survie même de la finance et met la démocratie sous tutelle. Vive le TTIP ! notre espèce ? Victor Hugo Le libre échange bâillonne l’intédéclarait déjà, visionnaire: rêt général, met en concurrence Victor Hugo déclarait déjà, « C’est une triste chose de les populations et sacrifie la plasonger que la nature parle et nète sur l’autel du profit. visionnaire : que le genre humain n’écoute pas. » Apparaissent (ou subsistent ?) néanmoins des raisons d’espérer: « C’est une triste chose de Face à ce constat peu affriole Bhoutan, situé entre l’Inde et la songer que la nature parle et lant, que faire ? Changer Chine, a inscrit dans sa Constitude paradigme, sans doute. tion le devoir du gouvernement que le genre humain Revoir notre vision de la finad’augmenter le BIB, le « Bonheur lité de l’économie, du sens Intérieur Brut », indicateur comn’écoute pas. » global de nos sociétés. Cultiposite comprenant entre autres ver une humilité réaliste et la protection de l’environnement salutaire. Sans doute nous faut-il mettre en œuvre les 8 et de la culture ancestrale, du lien social, de l’accès à la «R» chers à Serge Latouche : réévaluer, reconceptualiser, santé, etc. La publicité y est souverainement interdite, restructurer, redistribuer, relocaliser, réduire, réutiliser, et le tourisme – très réglementé - contribue à financer la recycler. Restons conscients du fait que tous nos actes gratuité absolue de l’éducation et de la santé… influent sur les conditions de vie de nos descendants.

Inspirons-nous de ce proverbe amérindien, qui soutient Quand Donald Trump affirme que le réchauffement clique « nous n’héritons pas la Terre de nos ancêtres, nous matique est un « canular total » défendu par la Chine l’empruntons à nos enfants.» pour affaiblir la compétitivité industrielle Etats-Unienne, heureusement ! une certaine révolution des consciences Etre « objecteur de croissance » enfin, c’est considérer est en cours. Le pape François, dans son encyclique que tout modèle non généralisable à la planète entière « Laudato Si », dénonce ardemment le règne de plus en n’est pas moralement acceptable; c’est exiger le progrès plus incontesté de « l’Idole Argent ». A l’heure de l’ende la qualité de l’air, de la beauté de nos paysages, de la trée dans l’ère de l’anthropocène, il fait état du formapureté des eaux, du bonheur individuel. C’est voir à plus tage généralisé de nos comportements et du consumélong terme que les cycles d’investissement. C’est préférisme compulsif d’une société marchandisée à outrance. rer la simplicité volontaire de Paul Ariès au consumérisme Une spirale du vide semble aspirer inexorablement les déshumanisant et funeste du « modèle » occidental. populations, devenues agrégats de « consommateurs », C’est refuser fermement l’omnipotence de l’argent, anosortes de citoyens comateux : économie de l’utile bonnyme et vagabond. C’est dénoncer et refuser une idéosoir, économie du futile bonjour. logie totalitaire qui refuse foncièrement tout sens de la limite.

Le souverain pontife note que, si par le passé (c’est-àdire depuis la naissance de l’Humanité) les activités économiques étaient strictement soumises aux relations sociales, la révolution libérale de la fin du XXème siècle a Gabriel Bernerd réussi le tour de force d’inverser ce phénomène, annonçant le triomphe de l’économisme et du règne de « Saint Lucre ». Selon Lloyd Blankfein, PDG de Goldman Sachs, supprimer les critères éthiques « is good business».

Mœurs, morale, culture, traditions, écartez-vous donc!

Voici l’argent.

Sa solution ? Une audacieuse et engagée « écologie intégrale », issue d’une analyse résolument holiste qui ne peut séparer le moral, l’environnemental et le social de l’économique. L’éveil des consciences individuelles, radical s’il en est, changera les peuples, qui mettront en mouvement le politique, qui retrouvera alors la force de changer la dynamique de l’économique. Ainsi soit-il.

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MODE

Le vieillissement : une certitude mais aussi un complexe Dans notre société, où l’on porte une grande importance à l’apparence physique, garder un air jeune relève de l’obsession. En effet, l’image que nous renvoie le miroir joue beaucoup dans notre développement personnel. Plus on prend de l’âge, plus on se scrute dans le miroir et l’on redoute le moment où la première ride fera son apparition et où les kilos en trop auront du mal à se déloger. La peur de vieillir se fait sentir dans une société où le vieillissement est constamment dévalorisé et le jeunisme, la norme. La crise de la quarantaine est l’exemple même de cette phobie du vieillissement : on perd confiance en soi et, pour se rassurer, certains ont recours à tout type de pratique.

Une obsession vieille comme le monde Depuis l’Antiquité, l’humain voue un culte du corps et de la jeunesse. Il n’y a qu’à voir comment les athlètes dans la Grèce antique étaient représentés tels des héros. Cependant, à côté de cette jeunesse, les anciens avaient également le droit à une reconnaissance pour leur sagesse. Les plus anciens remèdes anti-rides au monde ont ainsi été utilisés par les Pharaons dans l’Egypte ancienne, sachant que quatre pharaons ont vécu plus de 90 ans – un miracle pour leur époque. Par exemple, Cléopâtre se baignait quotidiennement dans un bain au lait d’ânesse et au miel favorisant le renouvellement des cellules. Elle utilisait également un masque anti-rides à base d’huile d’abricot, apportant ainsi à son visage minéraux et vitamines. Il était aussi d’usage d’enduire la peau de masques de boue et de terre glaise.

De plus, ce sont les Egyptiens qui ont découvert l’importance d’une bonne alimentation dans la médecine anti-âge.

Miroir miroir, dis-moi qui est la plus belle La littérature regorge en effet de nombreuses allusions à cette envie de rester jeune jusqu’à notre mort. La schizophrénie du jeunisme atteint son paroxysme dans le Portrait de Dorian Gray de Oscar Wilde dans lequel le héros devient jaloux de son portrait qui ne vieillira jamais et formule le souhait - en échange de son âme - que le tableau vieillisse à sa place.

Des techniques modernes parfois douteuses Le rajeunissement par le plasma est le résultat d’une étude publiée en 2015 par un jeune neurologue américain Thomas Rando grâce à un système reliant les circulations sanguines d’une souris jeune et d’une souris plus âgée : il a noté le rajeunissement des muscles, du cerveau et du foie de la vieille souris. Déjà, à partir de 1990, l’ancien dictateur nord-coréen, Kim Il-sung recevait régulièrement des transfusions de sang d’hommes jeunes afin de vivre le plus longtemps possible. Autrement, de nombreuses solutions anti-rides ont vu le jour : des crèmes anti-rides à la chirurgie en passant par le botox (acide hyaluronique).

Finalement, il vaut mieux prévenir que guérir : privilégier une alimentation peu calorique privilégiant l’optimisation nutritionnelle, une consommation d’antioxydants, de compléments alimentaires, une protection de la peau, une hydratation suffisante et une activité physique et intellectuelle régulière ! Mais si l’on remarque quelques rides, ne vaut-il pas mieux s’accepter tel que l’on est malgré le fait qu’il y ait un décalage entre qui nous considérons être et la façon dont nous apparaissons ?

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Camille Manguer

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SPORTS

LES SPORTIFS LES PLUS SCANDALEUX #2 Maintenant que Michel Platini a jeté l’éponge dans la course à la présidence de la FIFA, et temporairement (au moins pour huit ans) perdu la direction de l’UEFA pour une sombre affaire de pot-de-vin, en relation avec le si vertueux et intègre Sepp Blatter, les plus grands champions du monde continuent à attirer la presse à scandale.

Toujours à l’affût de gros titres, la presse du monde entier se fait une cible privilégiée de ces sportifs ultramédiatisés, et ne demande qu’à les déloger de leur piédestal.

Certains diront « rançon de la gloire », d’autres parleront de « victimes de la presse ».

Sans trancher, force est de constater que certains n’ont pas besoin de la presse pour exceller dans l’art du scandale.

Continuons notre tour d’horizon des sportifs les plus scandaleux.

Serge Aurier, qui n’a plus que la prière pour espérer reporter un jour le maillot du club de la Capitale.

Comment ne pas mentionner Serge Aurier, tant il fait l’actualité des scandales médiatico-sportifs ?

Connu jusque-là pour ses prouesses sur les terrains sous le maillot de l’équipe nationale de la Côte d’Ivoire (29 sélections) et du Paris Saint-Germain où il avait acquis cette saison un solide statut de titulaire à seulement 23 ans, Serge Aurier fait désormais le bonheur de la presse à scandale.

Dans la fameuse vidéo où, entre deux remarques peu sympathiques à propos de ses coéquipiers, le latéral droit du PSG profère à l’encontre de Laurent Blanc des injures homophobes, il démontre toute l’étendue de son intelligence et du respect des autres. Et notamment de son entraineur, qu’il devrait au moins respecter comme champion du Monde 1998 et d’Europe 2000 avec l’équipe de France (entre autres), si le respecter en tant que personne est déjà trop lui demander.

Ce qui pouvait passer pour une erreur de jeunesse commise dans l’emballement d’une qualification à suspens du PSG , lorsqu’il avait insulté l’arbitre Néerlandais de Chelsea-PSG Björn Kuipers dans une vidéo diffusée sur internet par ses soins (erreur pour laquelle il avait écopé de trois matchs de suspension), commence aujourd’hui à poser de sérieuses questions sur l’essence même du personnage et sur sa capacité intellectuelle à réfléchir et se contenir un tant soit peu. Faut-il encore voir là un exemple de l’éducation reçue par les jeunes espoirs dans les centres de formations des grands clubs français ?

Jon Drummond allongé sur la piste du Stade de France en 2003.

Découvert par le public français un après-midi d’été 2003, le sprinteur américain (champion du monde et champion olympique du relais 4*100m) a marqué l’histoire de l’athlétisme par un caprice mémorable qui a perturbé toute l’organisation des championnats du monde au Stade de France.

Disqualifié pour faux-départ en finale du 100m et persuadé de 32

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SPORTS l’être injustement, Drummond était retombé en enfance, allongé au milieu de la piste, refusant de quitter le stade et répétant en boucle le désormais célèbre « I did not move ». Il fallut un bon quart d’heure aux officiels afin de l’évacuer et que la course puisse avoir lieu.

Un grand exemple de fair-play, confirmé onze ans plus tard, en 2014, lorsque devenu entraîneur, il est suspendu huit ans par la fédération américaine pour avoir fourni et administré des produits dopants à plusieurs de ses athlètes.

Le coup de pied rageur d’Angel Matos durant la petite finale des JO de Pékin en 2008 Pourtant champion olympique à Sydney en l’an 2000, faute à la sous-médiatisation de son sport, le taekwondo, le champion Angel Matos était encore inconnu du grand public jusqu’au « coup » d’éclat qui lui vaut sa présence ici.

2008, petite finale des Jeux olympiques de Pékin, le Cubain légèrement blessé au pied se voit accorder un délai de soixante secondes par l’arbitre pour être soigné. Mais voilà qu’une fois ce délai écoulé, et malgré le fait qu’il soit en tête aux points, l’arbitre prend la décision de disqualifier notre héros, toujours au sol.

Face à cette décision, aussi discutable soit-elle et le privant de médaille, Matos, plus si blessé que ça, voit rouge et se fend de son plus beau coup de pied, non pas à destination de son adversaire du jour mais de … l’arbitre !

Le geste aussi violent qu’inattendu envoie l’arbitre suédois Chakir Chelbat au tapis, la lèvre ouverte. Dans sa rage, le cubain bousculera un second juge avant de quitter les lieux, sans oublier de cracher sur le malheureux, toujours à terre.

Qualifié par la fédération mondiale de « violation caractérisée de l’esprit du taekwondo et des Jeux olympiques », ce coup de sang vaudra à Matos, et son entraineur, une exclusion à vie de toute compétition internationale, et donna un coup de projecteur mondial à ce sport, dont il se serait sûrement bien passé dans ces circonstances.

John McEnroe, délicieusement vintage dans son état naturel.

Râleur devant l’Éternel, John McEnroe a marqué, pendant ses quinze années de carrière, l’histoire du tennis, non seulement par son palmarès (sept tournois du Grand Chelem, cinq Coupe Davis, entre autres) mais surtout par son caractère bien trempé.

Les cours du monde entier raisonnent encore de ses colères, généralement contre les décisions arbitrales, qui ponctuaient chacune de ses rencontres, qu’il gagne ou qu’il perde, chaque point avait une importance capitale et méritait qu’il s’emporte au moindre litige.

S’il s’attirait ainsi les foudres du public, des arbitres, des instances du tennis et même souvent de ses adversaires, l’impétueux gaucher a réussi à monnayer son mauvais caractère, d’abord financièrement en se singeant lui-même, par exemple pour une publicité du constructeur automobile Seat où il « discutait » de la position d’une roue sur ou à côté de la ligne avec un policier, à la manière d’une balle avec un arbitre.

Et ensuite, en terme d’opinion publique puisqu’il a réussi autour de son personnage à créer une image attachante et appréciée du public, qu’on a plaisir à retrouver dans les divers tournois d’anciennes gloires, comme le tournoi des Légendes, chaque année Porte d’Auteuil, pendant Roland Garros.

John McEnroe est donc sans conteste délicieusement vintage, et franchement jouissif à revoir dans un monde du tennis et du sport en général de plus en plus aseptisé.

Antoine Amzallag

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Base de l’alimentation étudiante, il en existe de toutes les formes, de toutes les couleurs, de tous les goûts. Même si cela suffit généralement à faire un repas, voici quelques conseils pour relever l’ordinaire. Enjoy !

1.Si tes potes viennent dîner

-De bons vieux spaghetti, n°3 ou n°5En vrai ils s’en fichent, ils ont juste faim. Impressionne-les et remplace la sauce bolo par une pesto. Succès garanti !

2.Soirée romantique avec ta copine/ton copain

-Des tagliatelle ; fraiches de préférenceToute bonne superette qui se respecte peut te vendre de la crème, des champignons de Paris frais, du persil et des échalotes. Si si, on te promet, ça existe. Tu as compris ce qu’il te reste à faire. Et s’il ne reste que des night-shops, rabats-toi sur les champignons en conserve. (Ils sont cachés entre la Leffe et la Kro d’habitude).

3.Les parents débarquent ?

-Surpends les avec des fusilli bucatiJoue la malin et ouvre ton congelo. Ô miracle ! Il reste de la sauce bolognaise maison que ta maman t’a donnée la dernière fois que tu lui as rendu visite. Il ne te reste plus qu’à la décongeler. Tu peux même oser lui dire que tu as copié sa recette. Ça lui fera plaisir.

4_.6 heure du mat’, tu rentres de boite ?

-Les coquillettes, y a que ça de vraiTu as faim, très faim. Trop faim. Pas le temps de cuisiner, de bonnes vieilles pâtes au beurre, c’est ce qui suffit à ton bonheur.

5.La recette du chef

IL EXISTE P LUS DE 300 FOR MES DE PATES D ANS LE MONDE !!

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-Des farfalle, pour mettre un peu de poésie dans ton assiettePour un peu d’exotisme sans trop te fouler, investis dans du curry ! Un brin de crème fraiche, une escalope de poulet et bien sûr des pâtes, de quoi se pourlécher les babines.

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HOROSCOPE Bélier/Tisane bonheur :

Tu étais heureux de vivre. Jusqu’à ce que ta femme te quitte, que tu perdes ton job et que tu te fasses voler ton vélo. Ha, on t’annonce que ton chat va bientôt y passer.

Taureau/Camomille :

Les astres t’envoient un signe : quitte ta vie de mamie pour partir à l’aventure. Commence par tester la nouvelle boulangerie qui vient d’ouvrir.

Gémeaux/Nuit miel : La conjonction de Vénus et de Mars annonce que tes prochaines nuits seront poisseuses. A toi d’en déduire le reste.

Cancer/Nuit paisible

Lion/Nuit tranquille

Vierge/Thé 5 fruits rouges

Après avoir discuté avec Mercure, il advient que tes prochaines semaines seront douces et paisibles. Et oui, cet horoscope n’est pas que méchant.

Balance/Thé pêche mangue

Tu n’as aucun problème de sommeil en ce moment ! Il faut dire que tu vis seul et que tu ne sors jamais, mais essaye de voir le côté positif…

Scorpion/Thé vert menthe

5 changements pour la saison à venir.

Personne n’a dit qu’ils seront bons.

Sagittaire/Thé vert

L’alignement de Mars et Mercure va épancher ta soif d’exotisme ; il te prédit une mutation au soleil. Fais tes valises, ton boss t’a muté à Vesoul.

C’est toujours plus au sud que Lille.

Chaleureuse et piquante... Les astres ne te prédisent pas une rencontre avec une femme mais plutôt une bonne vieille grippe.

Bonne nouvelle ! Aucune mauvaise nouvelle, si ce n’est que tu vas continuer ta vie médiocre et insipide. Tu peux remercier Uranus pour cette prédiction. Bisous.

Capricorne/Tisane ménopause

Verseau/Nuit calme

Poissons/Tisane règles douloureuses

Les astres annoncent la fin de ta vie sociale et professionnelle. Certes, tu n’as que 22 ans, mais il ne faut pas contredire les astres.

Jupiter et Mars te conseillent de te calmer. Cesse donc ta soirée tricot hebdomadaire. Ça ira mieux après.

D’après Vénus, ta vie va devenir douloureuse et se finir dans un bain de sang. Regarde bien des deux côtés avant de traverser la route.

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