« TOUTE PERSONNE QUI PENSE FORTEMENT FAIT SCANDALE » BALZAC
LE MAGAZINE DES ETUDIANTS LILLOIS #28 - HIVER 2018
DOSSIER :
NE PAS JETER SUR LA VOIE PUBLIQUE. JETTES-Y PLUTÔT TON EX, QUI LE MÉRITE BIEN !
Que nous cachent les mythes ?
Mystères :
Jeu de société, chair de poule
Divertissement :
Guides, test, horoscope lescandaleuxmag.fr
ÉDITO Chères étudiantes, chers étudiants, Bienvenue dans ce mag qui est désormais
Quoiqu’il en soit comme ce mag est à vous,
vôtre, puisqu’il repose entre vos mains. Si votre
vous pouvez le mettre dans votre sac pour le
temps est compté, il va vous falloir faire vite.
lire quand et où bon vous semblera. En ce froid
Le sommaire à votre droite saura vous guider
début d’année il devrait vous apporter le cou-
pour aller droit au but. Vous cherchez à vous
rage et la force dont vous avez besoin pour
divertir ? Il y a un test et un horoscope. Envie de
affronter vos bonnes résolutions. Je rigole évi-
rire un coup ? Des articles sur les jeux de société
demment, ce n’est qu’un magazine ! Et puis la
ou la télévision devraient remplir leur mission.
vie étudiante n’est pas faite pour les bonnes
Vous souhaitez voyager ? Envolez-vous donc
résolutions. Dans tous les cas, après cette dure
pour le Libéria. Mais si vous avez le temps pour
année marquée par la lutte acharnée des élec-
une exploration approfondie, ouvrez le dossier
tions et les stupidités d’un certain Donald Tru-
et plongez dans l’univers
mp, 2018 est là pour vous apaiser devant sa
du mythe !
Coupe du monde de football ou ses Jeux olympiques d’hiver. Alors détendez-vous et reportez vos promesses d’ascétisme à l’an prochain (vous saviez bien que ça finirait comme ça de toute façon) ! Installez-vous plutôt confortablement et lisez ces pages que nous avons rédigées pour votre bon plaisir. Scandaleusement vôtre, Le Rédac’ Chef
Directeur de la publication : Émile Delevallée Rédacteur en chef : Marin Duclos Mise en page : Christine Chow, Paul Bernard, Clarisse Delecroix 2
LE SCANDALEUX MAG #28 – HIVER 2018
SOMMAIRE Pourquoi le Scandaleux ?
p. 4
DOSSIER : QUE NOUS CACHENT LES MYTHES ? Écoutons nos mythes L’Atlantide Le mystère de Jack l’Éventreur Le shintoïsme, entre mythe et doctrine religieuse Mami Wata, sirène des eaux Mythographie
p. 6-7 p. 8-9 p. 10-11 p. 12-13 p. 14-15 p. 16-17
Philosophie Et si notre vie était un jeu de société ?
p. 18-19
Chair de poule Guerre du Libéria : la transformation d’un monstre
p. 20-21
Divertissement Guide du glandeur apathique Quel mythe es-tu ? Guide de survie étudiant Horoscope LE SCANDALEUX MAG #28 – HIVER 2018
p. 22-23 p. 24-25 p. 26 p. 27 3
COUCOU
Pourquoi « Scandaleux » ? Tu ne devrais à priori rien trouver de choquant en parcourant les pages de ce magazine. Notre nom est issu de cette phrase : « Toute personne qui pense fortement fait scandale » écrite par la plume de Balzac. Nous n’avons donc pas pour vocation de scandaliser, mais plutôt de renseigner, de divertir, de faire réfléchir, voyager ou rêver. En un mot, nous traitons de sujets sérieux avec légèreté ou de sujets légers avec sérieux. Si ce mag te fait passer un bon moment, c’est que notre mission est réussie ! Toutefois celle-ci ne s’arrête pas à ce magazine papier entièrement fait-maison et distribué à travers les grandes écoles lilloises… Nous avons surtout un site web et une page Facebook sur lesquels nous publions quotidiennement des articles. Tu y découvriras aussi des reportages de notre WebTV, qui couvre régulièrement des événements insolites de la région comme le Salon du Tatouage, ou du chat, le Carnaval de Dunkerque et j’en passe… Si tu aimes ce mag, tu aimeras encore plus notre site ! En résumé, le Scandaleux c’est un mag trimestriel, des vidéos mensuelles et des articles quotidiens. En te pro-
menant dans les rues de Lille, tu pourrais croiser des membres de notre association, reconnaissables à leur veste de pompier arborant le logo Scandaleux. N’hésite pas à les interpeller si tu souhaites parler d’un sujet qui te tient à cœur… Ils connaissent très bien cette sensation de se poser sans cesse des questions et, dévorés par la curiosité, d’aller en chercher les réponses : pourquoi est-ce qu’on déprime en novembre ? Le phénomène des « Sugar Daddies » est-il une nouvelle forme de prostitution ? À quoi sert la ponctuation ? Faut-il interdire la chasse ? Qu’est-ce qui rend Rick et Morty si culte ? Notre page Facebook : Le Scandaleux Notre site : www.lescandaleuxmag.fr
Savais-tu que tu pouvais toi aussi écrire des articles ? Si un sujet t’intéresse, te tourmente ou que tu veux exercer ta plume journalistique, lance-toi et envoie ta prose à contact-sx@lescandaleux.fr, nos rédacteurs se feront un plaisir de la publier sur notre site.
COURRIER NEW 20
Que nous cachent les mythes ?
LE SCANDALEUX MAG #28 – HIVER 2018
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DOSSIER
Écoutons nos mythes
Récit explicatif et souvent fondateur, le mythe est cette parole quasi magique, douée d’un pouvoir, d’une force : c’est même une partie de notre histoire et par là, de notre identité. Homme idéal cherche femme parfaite pour fonder famille idéale… C’est donc à grands coups d’idéaux, d’utopies et de mythes, que la société se forge un présent comme un avenir. Mais que fait dire la société à ses mythes ? Et surtout, que murmurent-ils qu’on n’entend plus qu’à peine ?
Vous avez dit mythe? Oui, oui, c’est bien cela : j’ai dit mythe. Pareil terme renvoie des parents nostalgiques à leurs cours de rhétorique et, certains d’entre nous, à leurs cours de latin. Orphée, Prométhée, Tantale, Hercule, etc. : Grecs et Romains ont eu la main lourde en nous servant une bonne tranche de mythes ! Ces récits épiques d’hier, faisant intervenir créatures imaginaires et héros surhumains, ne ressemblent, à vrai dire, que de très (très) loin aux nôtres. C’est que leurs mythes disaient le monde et l’expliquaient. À cette même fin, au mythe nous avons peu à peu substitué l’Histoire, la science et la philosophie. Les mythes remplissent de nos jours d’autres fonctions, et tout autre est leur impact sur nos vies. Gentil, avenant, intelligent, drôle, beau, séduisant, fidèle et complexe dans sa simplicité même : l’homme idéal est le réceptacle de tous les désirs, tous les fantasmes. Idem pour la femme fatale, dont on attend autant, si ce n’est davantage… Eh bien, il y a mythe, là où il est question de ces deux figures de la masculinité et de
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la féminité. Ces mythes, en plus d’être des idéaux, irriguent une société qui sait maintenant pour quel avenir elle vibre. Et il en va de même de la majorité de nos mythes contemporains ; ce sont des caps qu’on s’assigne, des lieux imaginaires où se dirigent nos efforts. Dorénavant, devant les vidéos de youtubeuses beauté ou de coachs sportifs, demandezvous quel résultat comblerait vos attentes. Vous verrez apparaître une silhouette de rêve ou un teint exquis en arrière-fond de vos fantasmes : un mythe n’est pas loin…
LE SCANDALEUX MAG #28 – HIVER 2018
DOSSIER
Les mythes, ou comment cimenter une société
Croit-on encore à nos mythes ?
Ils sont dans nos rues, dans nos campagnes, dans nos greniers, et dans nos caves. Les mythes sont P-A-R-T-O-U-T. Jean-Pierre Vernant, MYTHOlogue tout à fait respectable, parle des mythes grecs comme d’un « système symbolique » véhiculant « des façons de classer, de coordonner, de grouper et opposer les faits, de sentir à la fois ressemblances et dissemblances, en bref d’organiser l’expérience. » En dire autant des mythes modernes est possible. À cet effet, nous appelons à la barre un témoin surprise : la démocratie. Exemple étrange, dira-t-on. À quoi il faut répondre ceci : avant d’être le régime que l’on connaît, c’est un concept, un idéal vers lequel on tend. « À prendre le terme dans la rigueur de l’acception, il n’a jamais existé de véritable démocratie, et il n’en existera jamais, » martelait Rousseau dans Du Contrat Social. N’est-ce pas ici l’aveu d’un fait souvent difficile à entendre ? La démocratie relève bel et bien d’un mythe. C’est par ailleurs un mythe tellement structurant qu’il conditionne et règle les modalités de nos existences mêmes. Vous verriez-vous vivre heureux là où l’on fusille pour un simple désaccord ? Goûteriez-vous aussi pleinement des vacances en terre hostile à la liberté individuelle ? Mais si les mythes se bousculent au portillon, qui nous traversent et nous façonnent, le mal du siècle semble pour certains émaner d’une carence d’idéaux, d’utopies et de rêves.
Le réalisme, la science, la rationalité, la technologie et enfin (et non des moindres), le progrès : serait-ce autant de coups portés à notre capacité à rêver ? Pragmatisme et logique, s’ils sont à l’origine du dévoilement progressif du monde, viennent néanmoins se heurter à la complexification des choses. Aux dires de certains, on aurait basculé dans cette ère technoscientifique où tout est envisagé selon le rendement, l’efficacité et la performance. Nous n’en voulons pour preuve que l’Amour, le mythe de l’Amour parfait, sans aucune tache, l’Amour comme on le voudrait pour soi. Jusqu’à cet idéal qu’est venue investir une science trop soucieuse de tout englober. À ce sujet, voir l’émission sur M6, Mariés au premier regard. Le principe ? Faire se rencontrer deux personnes dont la compatibilité est définie statistiquement. Sexologues et psychologues se relaient pour percer le mystère du grand amour. Est-ce à en conclure qu’on se dirige vers une société d’où tout mystère serait banni ? Ce serait le cas si l’art du récit, ou storytelling, ne connaissait pas un essor considérable. Toutes ces heures passées à ingurgiter des séries Netflix sans la moindre once de lassitude : à quoi doit-on autant de patience, sinon à cette propension chez l’homme à se raconter des histoires ? En somme, le mythe se diversifie, prenant les formes les plus surprenantes. À la barre, appelons cette fois-ci le 7e art. Fécond réservoir de symboles, le cinéma préside à nos soirs de désœuvrement. Les clés qu’on tourne lentement dans des serrures qui grincent (présage d’une scène de massacre à venir), les ladies poussant la séduction jusqu’à se dévêtir d’une façon qui ôte toute équivoque, les bagnoles cossues dont dépasse un pied richement chaussé. Richesse, amour, beauté, bonheur, tout est prétexte aux métaphores, matière aux symboles. À travers des ongles d’où ne dépasse pas un vernis rouge écarlate, c’est la féminité, la séduction et le charme qu’on nous signifie. S’ils sont souvent opposés au réel, les mythes demeurent pourtant une manière de l’envisager. Simplement, nos mythes ne sont peut-être pas ceux d’hier, ni ceux des autres. Espérons enfin que la tolérance ne reste pas qu’un vain mythe…
Khalil Grine
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DOSSIER
L’Atlantide a-t-elle existé ? Imaginez une île merveilleuse dont les habitants seraient fabuleusement riches, dont les sciences et les techniques auraient été développées à un niveau jamais égalé dans l’Histoire de l’humanité, et où l’harmonie la plus parfaite régnerait entre les habitants et la nature.
Les Atlantes sont bénis des dieux et protégés par Poséidon. Un métal précieux appelé l’orichalque (« cuivre des montagnes »), avec lequel le bouclier d’Hercule fut forgé diront certains, garantit une immense prospérité à l’Île. C’est Platon qui est à l’origine du mythe de l’Atlantide, qu’il relate dans deux de ses dialogues : le Timée et le Critias. Il reprend un récit transmis par des prêtres égyptiens de génération en génération. Mais les Atlantes sombrent dans l’orgueil et la décadence et, circonstance aggravante, entrent en guerre contre Athènes. Les dieux doivent sévir. L’île est alors balayée en un jour et une nuit par un terrible cataclysme et disparaît à jamais.
Où donc se trouvait l’Atlantide ? Plusieurs hypothèses ont été avancées : au Groenland, en Mongolie, en Amérique, dans le Sahara, sur une autre planète. Une première hypothèse est l’Océan Atlantique si l’on suit Platon. Dans le Timée 24d-25d, il situe sans ambiguïté l’Atlantide après Gibraltar (les fameuses « colonnes d’Hercule »), au large du Maroc actuel. Ainsi Madère, les Canaries et les Açores seraient les sommets encore émergés de ce continent disparu. Pourtant, une découverte archéologique majeure vient changer la donne. Au début du XXe 8
siècle, l’archéologue anglais Arthur Evans découvre un gigantesque palais bâti il y a au moins 3500 ans à Knossos, en Crète. Des éléments tels que l’architecture ou encore le système de canalisations se révèlent être bien trop avancés pour l’époque. Ce palais n’est pas toujours relié à l’Atlantide, mais très souvent au fameux labyrinthe du roi Minos, dans lequel fut enfermé le non moins fameux Minotaure. Pourquoi en parler alors ? Car l’époque du palais correspond aussi à celle d’une explosion volcanique démentielle sur l’île voisine de Santorin. Une éruption telle, qu’elle aurait marqué durablement l’imaginaire grec et qu’elle pourrait correspondre au cataclysme en question…
Dans la culture populaire Tout le monde connaît à peu près ce récit, que Disney a plus ou moins (surtout moins) fidèlement repris. En fait, il est omniprésent dans la littérature. Le génial Jules Verne est le premier, comme souvent, à mettre en scène l’Atlantide dans Vingt Mille Lieues Sous Les Mers (1870), que le capitaine Nemo fait découvrir au professeur Aronax au cours d’une promenade sous-marine.
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DOSSIER En bande dessinée, l’illustre E. P. Jacobs imagine une Atlantide futuriste et cachée sous les Açores, où des Blake et Mortimer arrivés un peu par hasard tentent d’empêcher un coup d’État (L’Énigme de l’Atlantide, 1956). Même nos séries télévisées ne sont pas à l’abri. Dans Game of Thrones, la famille Targaryen est originaire de Valyria, une civilisation orientale immensément puissante qui a construit un empire grâce à la « domestication » des dragons. Mais un terrible Fléau anéantit Valyria ainsi que la plupart des dragons 400 ans avant les événements de la série. Enfin, le Maître J.R.R. Tolkien raconte la gloire de Númenor, l’exact équivalent de l’Atlantide, dans des événements se déroulant 3000 ans avant Le Seigneur des Anneaux (Contes et Légendes Inachevées, 1980). Sauron corrompt le cœur des hommes et provoque l’anéantissement de l’île. Les survivants fondent en Terre du Milieu les royaumes d’Arnor et du Gondor. Vous connaissez la suite.
Encore plus fou : la théorie des Atlantes Changeons totalement d’univers et partons en Égypte et en Amérique du Sud. Ces deux civilisations priaient le même dieu (le Soleil), possédaient d’immenses connaissances en mathématiques ou encore en astronomie, construisaient des pyramides alignées sur les points cardinaux et les constellations. Elles momifiaient toutes deux leurs morts. D’ailleurs, des traces de cocaïne ont été retrouvées sur des momies égyptiennes, alors que celle-ci est censée n’avoir été découverte qu’en même temps que l’Amérique. En fait, aucune trace des origines de ces civilisations ou d’un passé quelconque n’a été retrouvée. Surtout si lesdites traces ont disparu. A alors été imaginée une souche commune pour ces deux civilisations, aujourd’hui éteinte, qui serait ainsi l’Atlantide. L’hypothèse est en même temps celle de la
réalité du Déluge, qui a quand même été décrite dans 13 récits différents, dont évidemment la Bible. Ce fameux Déluge aurait causé la fin de l’Atlantide et forcé ses habitants à s’éparpiller un peu partout, notamment en Égypte et en Amérique du Sud. Entre mythe et réalité, rêves et fantasmes, tout cela reste bien troublant.
Interprétation du mythe Mais alors, en quoi ce récit est-il utile ? D’abord parce qu’il décrit un âge d’or et un paradis perdus. Paradis à travers l’harmonie et la prospérité inimaginable des Atlantes, mais aussi par l’idéalisation totale de la cité. Même l’ordre mathématique est parfait : l’île est circulaire et divisée en dix royaumes. C’est surtout la nostalgie qui triomphe ici : si l’homme a perdu ce paradis, c’est uniquement par sa faute. Orgueil et démesure sont toujours punis. L’Atlantide tire sa puissance de la mer et du commerce, mais ce sont ses désirs d’expansion militaire et son avidité qui la perdent. Platon nous met ainsi en garde contre l’avidité et la démesure, nécessairement fatales. Il en profite également pour critiquer le grand système politique de son temps : la démocratie, y étant farouchement opposé par principe, et nourrissant une toute petite rancœur depuis la condamnation à mort de Socrate. L’Atlantide représente et dénonce l’Athènes impérialiste et hypocrite de son temps, alors que l’Atlantide des origines incarne la cité idéale décrite dans la République. Ce sont alors ses propres rêves d’une organisation politique et sociale parfaite qu’il décrit. Platon nous propose ainsi ici le premier modèle d’utopie.
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Alexis Renaud
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DOSSIER
Le mystère de Jack L’Éventreur
Qui n’a pas tremblé face aux horreurs perpétrées par Jack l’Éventreur ? Deux siècles après ses méfaits, ce nom fait encore frissonner d’effroi et ses crimes frémir d’horreur. De nos jours, les enfants en parlent toujours la nuit pour se donner la frousse : Jack l’Éventreur, le serial killer insaisissable de Whitechapel qui n’a laissé derrière lui que les cadavres ensanglantés de ses pauvres victimes. Voilà maintenant plus de deux cents ans que ces crimes se sont produits et pourtant, son nom n’a pas été oublié. Journalistes, historiens ou encore archivistes forcenés essayent de percer ce mystère : qui était Jack l’Éventreur ? Car en effet les policiers de l’époque n’ont jamais pu l’attraper. Ainsi dans cet article Le Scandaleux vous propose de replonger dans l’énigme de Jack L’Éventreur, cet homme qui a réussi à faire trembler toute la société policée de Grande-Bretagne.
Posons tout d’abord le décor de ce mythe urbain macabre : Londres, en 1888. C’est la fin de l’ère victorienne. Peuplée de plus de cinq millions d’habitants, ces derniers commencent à connaître l’opulence. Cependant, à l’est des beaux quartiers, c’est la pauvreté et la misère. En effet, la Révolution Industrielle a laissé derrière elle bon nombre de personnes. Ces laissés-pourcompte habitent à Whitechapel : prostituées, ouvriers, 10
criminels, voici le portrait peu désirable de la capitale de l’Empire Britannique. Bien sûr, la « société londonienne bourgeoise » détourne le regard face à cette misère. Pour autant, les hommes de bonnes familles vont s’y balader et font des rencontres très intéressantes sur les trottoirs pour seulement 3 pennys. C’est dans ce décor lugubre que Jack L’Éventreur va sévir...
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DOSSIER Le 31 août 1888, une femme est retrouvée morte dans la cour d’un immeuble. Le policier qui a fait la macabre découverte est choqué par la brutalité de ce crime. Quelle horreur ! La victime n’a pas été tuée mais plutôt vidée. Quelques bouts de son estomac luisent encore sur les pavés du trottoir. Des renforts sont appelés en catastrophe, quelques photos sont prises, une foule de curieux s’amasse. Mais qui est la victime ? Tout le monde essaie tant bien que mal de l’apercevoir. Un cri retentit soudain dans la foule « C’est Polly Nichols ! » Très vite, une enquête est montée, les habitants du quartier sont interrogés. Après quelques jours d’investigation, la police est capable de reconstituer ses dernières actions. Vers 1h30, malgré la pluie et le froid, Polly marche le long de la route de Whitechapel, en attendant un client éventuel, prête à faire une passe, debout contre le mur ou, comme cela se faisait à l’époque, entre deux passages de rue, voire dans l’arrière-cour. À 2h30, elle rencontre une officière, Emily Holland, à l’angle de la route de Whitechapel et d’Osborn Street. Elle se vante auprès d’elle d’avoir bu pour trois fois le prix d’une chambre cette nuit-là. Elle souhaite faire une dernière passe pour s’offrir de quoi s’abriter avec une de ses connaissances. Dix minutes plus tard, elles se séparent. Polly part vers la rue Whitechapel. C’est la dernière fois qu’elle sera vue en vie. Après une intense enquête, aucun suspect n’est interpellé. Mais bon, la vie continue dans ce quartier, et la misère redevient le sujet principal des préoccupations. Cependant, ce « répit » n’est que de courte durée, un autre cadavre est retrouvé neuf jours plus tard gisant, la tête presque détachée du corps. La description du médecin légiste fait froid dans le dos : le ventre est ouvert et les intestins déposés sur l’épaule droite de la victime. Le vagin, l’utérus et les deux tiers de sa vessie ont été prélevés. À ses pieds, quelques pièces de monnaie, une enveloppe datée du 28 août et deux bagues sont retrouvées. La peur saisit Whitechapel. Un deuxième crime dans le même quartier en l’espace de neuf jours ! Vous parlez d’une coïncidence ! La violence du crime choque une nouvelle fois. Il semblerait que le meurtrier se soit acharné sur le corps. Les mutilations sont cependant post-mortems. On reconnaît la victime, Annie Chapman, une autre prostituée. Cependant, aucun suspect ne peut être localisé. Bref, l’enquête piétine et les habitants s’impatientent. Personne ne se sent en sécurité. C’est à ce moment-là que les journaux s’emparent de ce fait divers. Des éditions spéciales sortent chaque jour sur ce sérial killer, elles le surnomment Jack l’Éventreur en hommage à un message qu’ils reçoivent signé « Jack the Ripper ». Beaucoup de petits plaisantins apparaissent aussi : la police reçoit plus de 2000 lettres signées par Jack L’Éventreur. Un petit malin pense même à envoyer un bout de foie. Tout le monde se demande : à quand le prochain crime ?
dowes sont tuées, la première entre 00h36 et 00h56, la deuxième entre 1h30 et 1h45. Gustafsdotter ne présente aucune marque de strangulation et à la différence de Eddowes, ses jupes ne sont pas relevées. Le médecin légiste conclut que la victime se serait débattue. De même, ses mutilations sont beaucoup moins profondes et nombreuses que celles de sa malheureuse collègue. Les policiers supposent que le meurtrier a été interrompu. Il aurait fui le lieu du crime avant d’être repéré. Il serait ensuite parti à la recherche d’une autre victime, frustré de ne pas avoir pu assouvir ses pulsions perverses avec le cadavre d’Elizabeth. En l’espace de quarante-cinq minutes, Jack a fait deux victimes. Malgré sa précipitation, l’identité du criminel reste un mystère. Certaines personnes parlent d’une grande silhouette encapuchonnée avec un long manteau. Mais à part cela, rien du tout. Dès lors la police renforce la surveillance de Whitechapel. Des patrouilles permanentes y sont positionnées. Les prostituées sont accompagnées et un couvre-feu est instauré. Cela n’empêche pas Jack L’Éventreur de faire une dernière victime le 9 novembre 1888. Cependant, ce crime diffère des autres sur un bon nombre de points. Premièrement, le lieu de découverte du corps : Mary Kelly est retrouvée dans son appartement. Deuxièmement, à la différence des autres victimes, elle est jeune et jolie. Enfin, l’acharnement dont a fait preuve le meurtrier avec son cadavre dépasse de loin celui qu’il a fait subir à ceux de ses camarades. Elle n’a même plus forme humaine. Le dépeçage ayant eu lieu à l’abri des regards, le meurtrier a pu prendre son temps. Ce fut le dernier meurtre perpétré par Jack L’Éventreur. Après cela, des dizaines d’historiens, de journalistes et essayistes se sont penchés sur le sujet, mais ce personnage reste un mystère. Jack L’Éventreur demeure cette grande silhouette qui hante les ruelles sombres de Whitechapel. Certains le décrivent comme le premier serial killer de l’époque moderne, d’autres comme un détraqué ayant été chanceux de ne pas avoir vécu à notre époque : avec les avancées de la police scientifique, il n’aurait pas fait long feu. Détracteurs et admirateurs pourront s’accorder sur un point, l’histoire de Jack l’Éventreur en a inspiré plus d’un, des réalisateurs de cinéma aux petits enquêteurs du dimanche. D’ailleurs, des visites sur les différents sites des crimes sont proposées aux touristes curieux à Londres. Bref, l’histoire de Jack l’Éventreur constitue l’un des plus grands mythes urbains. Donc si un jour vous avez la chance (ou le malheur ?) de vous promener dans la rue Whitechapel à Londres la nuit tombée, restez sur vos gardes...
Linda Boulahrouz
Ce dernier ne se fait pas attendre : le 30 septembre 1888, Elisabeth Gustafsdotter et Catherine EdLE SCANDALEUX MAG #28 – HIVER 2018
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DOSSIER
Le�shintoïsme,�entre� mythe�et�doctrine� religieuse Le�shintoïsme,�kézako�? Il s’agit de la religion la plus pratiquée au Japon, avec plus de 100 millions d’adeptes de nos jours. Elle est aussi appelée « shinto » ou « voie du divin ». Elle s’inspire fortement du bouddhisme. Cependant, elle a intégré les religions des cultes locaux, ayant chacun son « Kami », équivalent japonais de “dieu” (non, ce ne sont pas des monstres à tentacules). C’est donc une religion polythéiste, mais elle peut aussi être qualifiée d’animiste car bien souvent les Kami sont inspirés d’éléments naturels qui seraient animés par une forme de force vitale. Néanmoins cette religion n’est pas apparue d’elle-même : c’est une décision de la famille impériale aux alentours du VIIIe siècle qui pousse à l’unification des croyances. Dans le but de renforcer ses pouvoirs sur l’ensemble du Japon la famille impériale mêle donc sa propre religion (le bouddhisme, et non le culte de la personnalité) et les croyances populaires (les Kami) en écrivant une compilation de mythes. Le shintoïsme consiste donc en une fusion de mythes locaux et bouddhistes visant à asseoir le pouvoir impérial. Toutefois, au XIXe siècle, sous l’ère Meiji, le shintoïsme connaît une nouvelle transformation : la création du Shinto d’État. Fusionnent en quelque sorte l’État et l’ordre religieux, l’empereur devient la figure de proue de ce culte, il est divinisé, un peu comme les pharaons, les pyramides et têtes d’animaux en moins. De plus, les prêtres et les propriétés religieuses passent sous le contrôle de l’État. Malgré les ressemblances, le shintoïsme ne s’est cependant pas transformé en communisme. Quoi qu’il en soit, avec la défaite du Japon à la fin de la Seconde
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Guerre mondiale, l’empereur se voit forcé de renoncer publiquement à ses prétentions d’origines divines. Bien qu’on puisse douter de sa conviction en disant cela, il n’empêche que peu de Japonais sont désormais uniquement Shinto. En effet, nombre de Japonais croient en plusieurs religions : bouddhisme, shintoïsme et syncrétismes entre les deux, mais aussi christianisme.
Les�mythes�clefs�dans�cette�religion Quatre recueils forment les piliers de la mythologie shintoïste. Les deux premiers, à l’origine de la religion, sont le Nihon Shoki (littéralement Annales (shoki) du Japon (Nihon)) et le Kojiki (Chroniques des faits anciens). Ce sont ces deux-là qui furent vraiment à l’origine du shintoïsme, car écrits vers l’an 700 après Bouddh… Jésus-Christ. Dans le Kojiki, on retrouve notamment le mythe de Yamato Takeru. Fils de l’empereur, il punit sous les ordres de ce dernier son jumeau, en faisant preuve d’une grande cruauté : il lui arracha tous ses membres. Il terrassera ensuite les ennemis que son père l’envoie combattre par crainte de son propre fils : il se travestit pour faire baisser la garde de ses ennemis et n’hésite pas à échanger leur arme contre une en bois pour mieux les terrasser. La légende ne raconte cependant pas où il avait caché son arme dans ses habits féminins. Les deux autres livres piliers du shintoïsme sont le Shintōshū et le Hotsuma Tsutae. Le premier relate comment les Kami sont en fait des âmes réincarnées par le biais de plusieurs mythes, faisant ainsi le lien entre Kami et bouddhisme.
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DOSSIER Les�Yokai Les Yokai sont en quelque sorte l’équivalent des (mauvais) esprits européens, ils font partie intégrante des mythes Shinto et prennent d es formes très diverses. Leurs intentions et leurs pouvoirs varient aussi. Les�Zashiki�warashi�: Créature amenant prospérité à une maison qu’elle choisirait. Elle ressemblerait à un chérubin, ou du moins à un jeune garçon ou une jeune fille. Les Zashiki warashi sont représentés dans le manga Nekomata. Les�Tengu : Mi-homme, mi-oiseau, ces Yokai sont généralement maléfiques. Leurs traits ont été humanisés et on a gardé du bec un long nez qui est devenu leur caractéristique principale. Les�Tanuki�: Sorte de raton laveur aux formes rebondies, caractéristique dont il profite pour…faire du tambour. Il boit du saké, est porteur de bonne chance et peut changer de forme et d’apparence. Les Tanuki sont appréciés du public japonais, comme le montre le film d’animation Pompoko, mais aussi la série Uchouten Kazoku, où sont aussi représentés les Tengu.
Les�mythes�shintoïstes�de�nos�jours
ser une nuit blanche). Cette cérémonie est accompagnée de diverses prières visant à se protéger des Yokai. Ces événements prennent une telle ampleur que l’activité économique du Japon diminue fortement pendant cette période. Lors du passage de l’hiver au printemps (Setsubun), les Japonais jettent des haricots dans leurs maisons afin d’éloigner les Yokai. En juillet, il y a la fête des morts (O-bon). Cette fête vient des pratiques bouddhistes et notamment de Chine. Les autels à l’intérieur des maisons japonaises sont décorés et l’on prend soin de la tombe de ses ancêtres, certaines festivités peuvent accompagner ces traditions. Dans le folklore japonais perdurent aussi les mythes : on incite les enfants à prendre garde aux Yokai. Mais ce sont surtout certains lieux présents dans les mythes qui les font perdurer : le Mont Fuji comme bon nombre de montagnes au Japon est un exemple de lieu sacré dans la religion shintoïste, en effet, les mythes Shinto prétendent que plusieurs Kami y habitent. C’est enfin dans la culture pop que subsiste la mythologie shintoïste. On peut le voir dans les nombreuses adaptations sous forme d’animes ou de mangas. Une adaptation populaire au Japon serait Natsume yuujinchou, où le héros est capable de voir des Yokai. Ce n’est cependant pas une histoire d’horreur et cet anime montre que, même si les Yokai sont à respecter et craindre, ils ne sont généralement pas démoniaques. De nouvelles histoires mêlent mythes européens et japonais : Mahou Tsukai no Yome en est un exemple récent. Ainsi ne soyez pas surpris si, en visitant le Japon, vous croisez au bord du chemin un Yokai. Cependant, prenez garde à ne pas être pris pour l’un d’entre eux en tant que Gaijin (étranger), qui sait quel sera votre sort dans une campagne reculée…
Les mythes shintoïstes perdurent encore de plusieurs manières au-delà de la pure croyance religieuse, par exemple dans les fêtes traditionnelles qui sont avant tout un événement national. Ainsi, lors du Nouvel An, appelé Shôgatsu au Japon, qui est accompagné de festivités tout au long du mois de janvier, a lieu en particulier la traditionnelle visite dans un sanctuaire shinto le plus tôt possible après le lever du soleil (pour les fêtards c’est l’occasion de pas-
Guillaume Guedj-Swal
Mains jointes sous l’ondée Du village on entend Trois heures sonner au temple. Yamaguchi Sodo (1642-1716)
Torii, portail séparant le monde physique du monde spirituel
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DOSSIER
Mami Wata, sirène des eaux
Si je vous dis Achille, Prométhée ou encore Ulysse, vous avez sûrement une vague idée de qui je parle… En revanche, vous êtes perdus si j’évoque les Nommos ou encore Mami Wata ? Alors cet article est pour vous ! En effet, le Scandaleux se penche aujourd’hui sur un mythe méconnu bien que passionnant : le mythe de Mami Wata.
Entre Afrique et Occident Sirène d’une beauté fatale aux cheveux longs et à la peau pâle, Mami Wata hante les pêcheurs depuis plusieurs siècles. Déesse de l’opulence, elle a souvent sur elle des miroirs, des peignes et autres objets de valeur et peut rendre riche ses fidèles, ce qui amène certains à parler d’une figure capitaliste. Elle est aussi accompagnée d’un serpent niché dans sa poitrine. Séductrice, capricieuse et dangereuse, elle enlève ses victimes alors qu’elles sont dans l’eau. Elle peut alors choisir de les anéantir ou de les laisser partir. Dans ce cas, les heureux élus retournent dans le monde des humains plus riches et plus beaux. Dans d’autres versions du mythe, elle laisse délibérément ses possessions sur la plage et s’enfuit. Le passant qui les prend a ensuite la chance (ou la malchance, selon l’issue de la rencontre) d’avoir une visite de Mami
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Wata dans ses rêves. Elle réclame alors ses objets, et propose un marché à sa victime : lui être fidèle et rester abstinent pour qu’elle le rende riche, et celui qui refuse est condamné à une vie de misère et de maladie. Mami Wata est très liée à la luxure et à la sexualité, comme dans le folklore congolais où c’est une prostituée qui tente et pervertit les hommes. C’est aussi une déesse guérisseuse : elle peut infliger des maux incurables qu’elle seule peut soigner. Mais d’où vient donc cette figure terrifiante et mystérieuse ? Le culte de l’eau et des divinités associées à cet élément étant très courant en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale, il est difficile de le définir précisément. En étudiant les mythologies et les croyances de plusieurs ethnies de cette région, on retrouve de nombreuses figures similaires. Ainsi, les Yorubas* vénéraient traditionnellement Yemanja. Cette déesse mère est la divinité
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DOSSIER du fleuve Ogun, fleuve qui traverse la lagune de Lagos. Dans la civilisation Kongo, des esprits aquatiques féminins portaient le nom de mbumba. À ces mythes déjà existants se sont superposées d’autres croyances étrangères. Au 15e siècle, sous l’impulsion d’Henri le Navigateur, les Portugais abordent la côte occidentale du continent africain. Par le biais de leurs récits, les marins portugais vont ainsi faire pénétrer la sirène dans l’imaginaire collectif. Les habitants vont alors s’approprier cette figure européenne pour l’intégrer à leurs mythes et croyances existants. Exemple de syncrétisme par excellence, Mami Wata représente bien le choc culturel entre l’Afrique de l’Ouest et l’Occident. Son nom le montre : en effet, Mami Wata est la transposition de « mother water » (mère des eaux) en anglais pidgin*, un langage inventé pour faciliter les échanges. Pour certains, des caractéristiques de son apparence, comme sa peau pâle, sont inspirées des Européens. D’autres chercheurs et anthropologues mettent plutôt en avant le fait que la couleur blanche soit associée au monde des esprits dans de nombreuses ethnies, comme chez les Efik qui blanchissent leur peau avec du talc pour leurs rites traditionnels. Plus tard, les représentations modernes de Mami Wata se sont enrichies avec l’arrivée de troupes de charmeuses de serpent et de marchands indiens au Nigeria à la fin du 19e siècle. Une chromatographie « Die Schlangenbandinger » (Le Charmeur de Serpents) représentant une femme séduisante, à la longue chevelure noire et entourée d’un serpent, fut diffusée en masse à cette époque et impressionna tant ceux qui la virent qu’ils l’associèrent à Mami Wata.
subsaharienne, plus particulièrement en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale. Les commerçants sénégalais et maliens qui vont s’installer en République Démocratique du Congo ou encore les réfugiés nigérians exilés en Afrique de l’Ouest et en Afrique Centrale pendant la guerre du Biafra (1967–1970) emmènent avec eux leur version du mythe Mami Wata et favorisent son adoption dans les pays où ils s’installent. À cause de l’esclavage, le mythe de Mami Wata a aussi traversé l’Atlantique. Déjà dans les années 1740, un colonisateur en Guyane néerlandaise raconte dans son journal anonyme que certains esclaves lui disaient souvent qu’ils voyaient « Watermama » et qu’elle leur intimait d’arrêter de travailler pour la vénérer. Ce mythe a perduré : par exemple, aujourd’hui encore, ses adeptes brésiliens la célèbrent le 2 février à Salvador de Bahia, sur la plage du Rio Vermelho. Appelée Watramama au Surinam, Lamanté en Martinique ou encore Maman Dlo en Guadeloupe, le mythe de Mami Wata est un mythe commun à la plupart des afrodescendants à travers le monde. Mami Wata est également très présente dans l’art et la culture afro-caribéenne, que ce soit dans des statues, des portraits ou des ouvrages comme ceux de l’écrivaine nigériane Flora Nwapa (Mammywater, 1979) ou la franco-ivoirienne Véronique Tadjo (Mamy Wata et le monstre, 1993). Agrégation d’une multitude de croyances africaines et d’influences étrangères, le mythe de Mami Wata et son évolution au cours des siècles nous apprend beaucoup sur le rapport que ces populations entretiennent avec l’Europe, le reste du monde et la sexualité féminine.
Un mythe panafricain En dépit de ces inspirations étrangères, le mythe de Mami Wata est un véritable mythe panafricain. En effet, Mami Wata est la seule divinité africaine vénérée par des cultures et des peuples aussi divers que les Igbo du Nigeria, les Ewé du Bénin, les Bamiléké du Cameroun…
Monique Bayama Petit lexique * Les Yorubas : groupe ethnique présent principalement au Nigeria, sur la rive droite du fleuve Niger, mais également au Bénin, au Ghana, au Togo, et en Côte d’Ivoire. * Pidgin : langue véhiculaire simplifiée créée sur le vocabulaire et certaines structures d’une langue de base, en l’occurrence l’anglais.
Dès le 19e siècle, le mythe se répand à travers l’Afrique centrale grâce aux marchands Kru libériens. Au 20e siècle, ce processus s’accélère grâce à la multiplication des échanges au sein de l’Afrique
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Mythographie
Le temps du rêve, Australie Au commencement du monde, avant même l’apparition du temps, les Anciens parcouraient la terre. Ils chassaient, s’aimaient et mouraient. Et chaque nuit dans leurs rêves, ils imaginaient leurs aventures du jour suivant. Cette alternance du rêve et de la réalité a façonné le monde tel que nous le connaissons. Aujourd’hui, les Anciens sont retournés à la roche dont ils sont nés, mais dans leur sommeil, ils continuent de rêver le monde. On raconte que dans nos rêves, nous retrouvons ce temps propre aux Anciens.
La légende de l’Eldorado, Colombie Lors de son arrivée au pouvoir, le monarque des Indiens Chibchas dans l’actuelle Colombie avait pour coutume de s’enduire d’or et de jeter des objets précieux dans un lac pour apaiser les divinités avant de s’y baigner. Les conquistadors ont baptisé cet homme El Dorado, « l’homme doré », et n’ont eu de cesse de chercher son trésor. En 1545, ils tentent de vider le lac Guatavita et découvrent des centaines de pièces d’or sur ses rives, mais sont malheureusement incapables d’atteindre le fond où repose peut-être encore un fabuleux trésor.
Le mythe de Momotaro, Japon Étrange enfant découvert par une vieille femme, descendant une rivière dans une pêche géante, il se dit envoyé par les cieux pour être le fils de sa sauveuse et de son mari. Paresseux mais très fort, il sera envoyé pour combattre les démons de l’île d’Onigashima, où il vaincra les Yokai (démons japonais) avec l’aide de trois animaux auxquels il s’est lié d’amitié lors de son périple : un chien, un singe et un faisan.
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DOSSIER
Le mythe des assassins, Iran Pourchassé par les vizirs pour avoir soutenu un prétendant au trône défait au temps des croisades, Hasan-i Sabbah, ancien conseiller du roi, se réfugie dans les montagnes à Alamût, en Iran. Là, il devient le « vieux de la montagne » et étend son influence politique et religieuse dans toute la région. Son ombre plane jusque dans les cours d’Europe. Pour ce faire, il crée la secte des Hashishins (fumeurs de Hashish, qui donnera en français “assassins”), des tueurs implacables réputés invincibles et invisibles, qu’il envoie assassiner ses opposants dans le monde entier. Certains affirment que ce groupe n’a pas disparu, et qu’il veille encore aujourd’hui. Mais face à des tueurs invisibles, comment démêler le vrai du faux ?
Le cimetière des éléphants, Bénin Il y a bien longtemps, les éléphants et leur roi, le sage Khoro, vivaient au bord de la rivière Sankourou. Puis vinrent les hommes qui brûlèrent la forêt et décimèrent les éléphants. Bien que plus forts, les éléphants furent réduits à la famine par les hommes. Aussi Khoro décida-t-il de partir et le peuple des éléphants disparut. Mais les rives de la rivière Sankourou restent chères au cœur des éléphants, c’est pourquoi ils viennent y passer leurs derniers instants. Là se trouve leur cimetière, même si personne n’en connaît l’emplacement exact.
Le mythe des zombies, Haïti Mythe assez récent, du moins dans l’imaginaire occidental : inspiré par les croyances vaudoues africaines des anciens esclaves, c’est à Haïti qu’il se développe. La zombification est pratiquée par les « bokors » (et non pas beaux corps) en utilisant la tétrodotoxine qui induit un état proche de la mort. Une fois enterrées, les victimes se voient donner un antidote. Enfin, une drogue hypnotique serait administrée, privant de toute volonté les victimes, effet renforcé par les dommages causés par l’asphyxie dans le cercueil.
Louis Gauthier Guillaume Guedj-Swal LE SCANDALEUX MAG #28 – HIVER 2018
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IMAGINEZ...
Savez-vous qu’il existe un monde parallèle dans lequel chacun peut choisir, à la naissance, le jeu qui régira son quotidien ? C’est à l’aide d’une étrange rencontre durant la Paris Games Week 2017 que nous avons eu écho de cet univers hors du commun. De longues semaines de recherches et d’enquêtes nous ont finalement permis d’accéder à cette réalité. Nous y avons découvert Alphonse, le frère d’Isaure, qui a accepté de partager avec nous ses expériences. Cet article, raconte son histoire.
La veille du premier jour de son existence, Isaure dut procéder à un choix, le choix ultime, le choix qui guiderait ses pas pour le restant de ses jours. Et ce n’est pas sans stress ou sans angoisse que celui-ci fut pris. Les parents d’Isaure avaient tous deux sélectionné le Time’s Up (c’est d’ailleurs lors d’un achat d’extension qu’ils se sont rencontrés), néanmoins la difficulté résultait du fait qu’Isaure ne détenait pas cette information. Deux mondes l’attiraient presque autant l’un que l’autre et la complexité du choix reposait ici : Monopoly ou Cluedo ? Mais le temps manquait, si bien que l’instinct le plus puissant eut raison de son choix : Isaure sélectionna le petit Schnauzer miniature en acier, plaça son pion sur la case DÉPART, prit 200 dollars et lança les dés. Les débuts de parties sont souvent assez simples, et celui d’Isaure ne dérogea pas à la règle : les dés étaient lancés et Isaure naquit en une belle mati18
née ensoleillée de mai : 2, c’était donc une fille. Il n’y a pas spécialement de fait extraordinaire à relater concernant les débuts de cette épopée, tout allait pour le mieux : Isaure tombait régulièrement sur la case CHANCE, ce qui lui permit donc d’être considérée comme un des enfants les plus prometteurs dans la classe Monopoly (dans ce monde, les enfants sont regroupés, par souci de cohésion, dans des univers de divertissement similaires). Isaure habitait avenue des Champs Élysées avec ses parents, l’emménagement a d’ailleurs été à la hauteur des attentes de ces derniers : - Dis chérie, j’ai enfin trouvé l’appartement de nos rêves ! - Ah oui ? Alors c’est où ? - C’est, euuhhh, c’est... une avenue dans Paris, avec euh... - Avenue Henri Martin ???? - Non non, avec beaucoup de magasins, euh... Coin richouille... - Avenue Foch ?? - AVEC L’ARC DE TRIOMPHE AU BOUT ! - AH OUI ! LES CHAMPS-ÉLYSÉES ! - OUI GAGNÉ !!! Le nombre d’années à vivre dans ces conditions fut défini par un lancer de dés : double 6 !
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IMAGINEZ...
UN BRUIT RETENTIT. Isaure se réveilla, en sueur. Tout ceci n’était donc qu’un rêve... ? Rassurée, elle tourna la tête doucement, vit des yeux jaunes scintillants et terrifiants à la fois qui la fixaient. Une haleine chaude qui empestait le chien mouillé parvenait jusqu’à son visage. La dernière phrase qu’elle entendit fut : « Edgard Moutarde, dans la chambre à coucher, à l’aide de ses crocs ».
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C A FO VIE EV R T IS CH EZ PA QU AQ UN SS E U E EZ VO E IC US I.
Après maintes et maintes heures passées à enquêter, Edgard en avait déduit que parmi les habitants se cachaient de sinistres créatures. Il attira Isaure dans la contrée le soir même afin qu’elle puisse observer le carnage de plus près. Quelle ne fut sa surprise lorsqu’Isaure découvrit que c’était un soir de conseil : les habitants s’étaient réunis afin de désigner le coupable de ces acharnements dans le
Héloïse Vittecoq
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C’est ainsi que son choix initial la rattrapa. Alors qu’elle se prélassait dans le parc gratuit, elle fit la rencontre d’un jeune homme dénommé Edgard Moutarde, le fils d’un très célèbre colonel. Lui, avait choisi de s’orienter dans le monde qui lui faisait envie, celui de l’ombre et de l’obscur, de la chair et du sang. Bien qu’elle ait choisi l’immobilier, Isaure gardait toujours dans un coin de sa tête la possibilité de devenir policière, de passer outre les barrières du jeu, de s’extraire du sien et, l’espace d’une journée, de se mettre dans la peau de son héros favori : Sherlock Holmes. Edgard lui fit part d’une enquête qui le tracassait depuis maintenant plusieurs mois. Dans un petit village de la banlieue parisienne, appelé Thiercelieux, des choses étranges se déroulaient durant les nuits de pleine lune. En effet, des habitants disparaissaient chaque nuit (car c’était la saison des pleines lunes – oui c’est physiquement et astralement impossible, mais ce cosmos n’est pas régi par les mêmes lois).
Elle réussit à rejoindre la civilisation grâce au réseau ferroviaire de la Gare de l’Est, mais en arrivant devant chez elle, elle tomba nez à nez avec un policier. Ses parents n’étaient pas au courant des clauses parisiennes et n’avaient pas payé l’impôt sur le revenu, mais seuls les agents immobiliers peuvent être inculpés pour ce genre de crime. Isaure finit donc en prison, et derrière elle résonnait le grincement des grilles qui se fermaient peu à peu.
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La caisse de communauté dans sa poche, Isaure prit d’assaut toutes les gares de la capitale (de Lyon à Montparnasse), et elle passa des années à parcourir le monde. Une fois sa lubie voyagesque terminée, Isaure reprit ses études en école supérieure de commerce, où elle apprit à devenir une capitaliste, une vraie. Puisqu’elle adorait les voyages plus que tout, elle décida d’en faire profiter le monde entier. Paris étant, selon elle, la plus belle ville du monde, elle y développa sa propre chaîne d’hôtels et s’implanta aux quatre coins de l’ancienne Lutèce. Mais le moment fatidique arriva : Isaure devait relancer les dés étant donné qu’elle avait précédemment exécuté un double. 4 + 5 = 9.
village. Malheureusement, ce qu’Isaure ignorait la condamna : toute personne présente au conseil peut être considérée comme coupable. Edgard clama haut et fort qu’Isaure était l’auteur des faits puisque personne ne l’avait vue avant le meurtre, elle n’avait donc pas d’alibi. La majorité acquiesça et l’envoya au bûcher ! Prise de panique, Isaure décida de s’enfuir. Durant sa course, elle prit un moment pour réfléchir à ce qu’il venait de se passer et ne trouva pas d’explication cohérente...
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Durant cette période, Isaure bâtit seule son éducation, sans aucune peine. Elle adorait passer du temps dans le parc gratuit qui longeait sa seconde propriété, et passait des après-midis entiers à s’y relaxer.
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CHAIR DE POULE
Guerre du Libéria : la transformation d’un monstre L’histoire que je vais vous raconter n’est pas un mythe, même si elle est invraisemblable. Elle n’est pas très joyeuse mais elle mérite d’être entendue. Tout se passe au Libéria, pendant la guerre civile. La situation est totalement chaotique. Les morts se comptent par centaines de milliers, des enfants sont drogués pour partir en guerre, les femmes sont violées, on mange de la chair humaine… Un des responsables de toutes ces atrocités : le général Butt Naked.
Le Libéria est un pays sur la côte ouest de l’Afrique. Il a été fondé en 1840, par d’anciens esclaves noirs revenus des États-Unis avec une Constitution pour leur nation. La capitale Monrovia tire d’ailleurs son nom du président américain James Monroe.
Toutefois, beaucoup de rivalités opposent les Afro-Américains aux autochtones déjà présents. Une paix donc relative règne pendant plus d’un siècle avant que, en avril 1980, Samuel Doe, descendant des natifs libériens, ne prenne le pouvoir par un coup d’État sanglant. Il fait assassiner le président et presque tous ses ministres et impose sa dictature. Très vite, des Afro-Américains s’opposent au nouveau dirigeant et montent un groupe d’opposition : le National Patriotic Front of Liberia (NPFL). C’est le début d’une guerre civile atroce. Le NPFL est dirigé par Charles Taylor et Prince Johnson. Ils arrivent à reprendre l’intégralité du pays
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excepté Monrovia. S’ensuit un désaccord entre eux qui conduit à la scission du parti : d’un côté Charles Taylor, et de l’autre l’INPFL de Prince Johnson qui prend son indépendance (d’où le « I »). Chacun des deux essaie donc de capturer avant l’autre le président, réfugié dans la capitale et entouré de 500 soldats. C’est Johnson qui y parvient en premier. Il torture Doe et le dévore vivant devant des caméras. Après ce charmant dénouement, Taylor est élu président à 75 % des voix. Son slogan de campagne ? « Il a tué mon père, il a tué ma mère, mais je vais quand même voter pour lui ! » La guerre reprend pourtant quelques années plus tard car Taylor est corrompu et incapable de gérer l’opposition. Elle s’achève avec son exil en 2003. Que s’est-il donc passé pendant ces années de guerre ? C’était un enfer total. Les chefs de guerre
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CHAIR DE POULE semaient la panique dans le pays et décimaient la population. Pour effrayer leurs ennemis, ils se donnaient des surnoms : Rambo, Ben Laden, Mosquito… Afin de chasser ce dernier, un warlord se surnomme Mosquito Spray ! Ils enrôlent des enfants dans leurs rangs, plus faciles à convaincre : il suffit de les droguer et de leur dire quoi faire, en leur promettant encore plus de drogue.
cidé de le rencontrer et de lui pardonner.
Joshua se bat pour des projets solidaires pour aider des enfants drogués et errants. Il tente tant bien que mal de réparer les fautes qu’il a commises, bien qu’il n’ait jamais été condamné par la justice. Si cette histoire est troublante, c’est parce que le pire et le meilleur dont l’homme est Le général Butt capable sont tous les Naked est sans doute le deux incarnés dans cet pire des chefs de guerre. individu. D’un côté, Il s’est battu contre le l’aspect diabolique, président Charles Taycruel et sanguinaire lor, aux côtés de Roode Butt Naked, et de sevelt Johnson, chef de l’autre, Joshua Blahyi l’opposition (oui, enqui tente d’œuvrer core un Johnson). S’il pour la paix. L’ange porte ce surnom qu’on et le démon dans une pourrait traduire par seule personne. Il ad« Cul-nu », c’est parce met cependant qu’enJoshua Blahyi, militant aujourd’hui pour la paix qu’il avait l’habitude de core aujourd’hui toute combattre sans aucun vêtement. Une manière sa violence n’a pas disparu, et qu’elle continue de pour lui d’éviter les balles. Avant chaque combat, s’incarner dans des cauchemars ou des flashbacks. il pratiquait des sacrifices humains : il choisissait un enfant, « quelqu’un dont le sang frais satisferait le Le Libéria aujourd’hui commence à se stabidiable », et lui arrachait le cœur pour le donner à liser, notamment grâce à la lutte acharnée de la prémanger à ses troupes. Ce rituel était censé leur donsidente contre la corruption. Ellen Johnson (pour ner de la force, du courage et un pouvoir d’immorchanger) Sirleaf est élue depuis 2006 et tente de talité. Au total, Butt Naked a reconnu avoir causé reconstruire le pays politiquement et économiquedirectement ou indirectement la mort d’au moins ment. Son prédécesseur, président de transition, 20 000 personnes. avait détourné plus d’un million de dollars. Au sortir de la guerre, en 2003, le Libéria comptait 50 % d’illet À la fin de la guerre, croyez-le ou non mais trés, environ 85 % de chômeurs et on estimait que Butt Naked aurait eu une vision. Un homme et une 70 % des femmes avaient été violées au moins une femme dans un halo de lumière lui auraient dit : fois au cours de leur vie. La paix aujourd’hui reste « Pourquoi n’es-tu qu’un esclave ?... Repens-toi et relative dans le pays, beaucoup des anciens warvis, ou refuse et meurs. » Dès ce jour, il devint incalords se targuent de pouvoir rassembler une armée pable de se battre. Joshua Blahyi - de son vrai nom d’un millier de Libériens en moins d’une heure… Si a depuis demandé pardon pour ses crimes et s’est la guerre revient, une question se pose concernant converti au christianisme. Il est aujourd’hui pasteur notre homme : restera-t-il le pasteur Joshua Blahyi ? évangélique et prêche la paix ! Bien sûr, ce changeOu redeviendra-t-il le général Butt Naked ? ment de situation n’a pas été bien perçu par tout le monde et il a été victime de plusieurs tentatives Marin Duclos d’assassinat. Toutefois, nombreux sont ceux qu’il persécutait qui se sont tournés vers lui et assistent à ses offices. L’un d’eux, Thomas Manjoe, raconte avoir vu le cœur de son fils de dix-sept ans dévoLa plupart des informations de cet article sont extraites du reportage de Vice The Cannibals ré sous ses yeux par les troupes rebelles de Butt Warlords of Liberia disponible sur Youtube (âmes Naked. Mais comprenant que le cercle vicieux de la sensibles s’abstenir de le regarder). vengeance n’entraînerait que plus de morts, il a dé-
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Lundi
CULTURE
Les 12 coups de midi : Démarrage en beauté avec l’anonyme Vincent et sa chemise orange, qui après nous avoir parlé de sa vie passionnante de baby boomer de la classe moyenne, nous prouve l’étendue de sa culture. Nous n’aurons pas la mauvaise foi de dire que ce n’est pas instructif : saviez-vous d’ailleurs que Patrick Bruel avait reçu un prix pour son huile ? Passons sur les plaisanteries émises par les candidats. Si cette émission m’a appris une chose, c’est que tout le monde ne peut pas être comique. Vite, je retourne mon salon pour retrouver ma télécommande. Ouf elle est là, passons à une autre chaîne. Sur la deux, même chose, mais avec Nagui. Parce que clairement, il en fallait plus.
Sur la 8, une équipe est partie à la recherche des paresseux sauvages. J’envisage de leur envoyer mon adresse, tant qu’ils me payent des royalties… Quoique, la sauvagerie c’est pas mon truc, passons à autre chose. La 9 est une petite pépite. J’arrive sur les pubs, qui durent une bonne vingtaine de minutes. Passons sur les pubs de mécanophiles qui ont des orgasmes en conduisant, sur celles de McDo expliquant que ses produits sont bons pour la santé, ou même sur celles de filles à la peau parfaite faisant semblant de percer un bouton inexistant. Il semblerait qu’ils aient trouvé la bonne solution : si l’on ne diffuse aucun programme, personne ne pourra les critiquer. Imparable.
Sur la 4, des gens naturellement beaux prennent naturellement un verre et la pose dans un décor au charme naturel au milieu d’un décor naturel. Parce que qui ne va pas déguster son vin au bord d’une barque au milieu de la forêt ? Tiens, ça aurait probablement été une meilleure façon d’occuper ma journée, maintenant que j’y pense… Hélas, je n’ai pas de bon vin, ni de gens beaux, ni même de barque à ma disposition, je décide donc de passer à une autre chaîne. Sur la 6, apocalypse : une émission dévoile le prochain modèle de taxi new-yorkais, sorte d’énorme ambulance mais en plus moche et en jaune. Ferons-nous une blague sur l’obésité aux Etats-Unis ? C’est trop tentant, mieux vaut changer tout de suite.
De guerre lasse, je zappe sur différentes chaînes, jusqu’à tomber sur le Saint-Graal : Les Vacances des Anges. Pour ceux qui l’ignorent, les Anges est une émission qui regroupe les perdants d’autres émissions de télé-réalité. La crème de la crème de ce que ce genre peut offrir. Passons sur les blagues graveleuses qui feraient rougir un commentateur de patinage artistique, sur l’usage de l’expression « chasse à la fille » ou sur la tendance des protagonistes mâles à se promener torse nu. Penchons-nous plutôt sur le clou du spectacle, entre le saut en parachute et la soirée disco du malaise : la tondeuse. L’une des anges (nous l’appellerons Samantha), avait été mise au défi de passer la tondeuse sur la pelouse (bien sûr déjà rase) de
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CULTURE N’y a-t-il vraiment rien à la télé ? Techniquement, si vous allumez votre télé, vous trouverez probablement une chaîne qui diffuse un programme. Voire plusieurs. Toutefois, si c’est de la qualité que vous recherchez, ça se complique. Pour vous lecteurs, je me suis plongée durant 12 heures dans le monde de l’audiovisuel français en journée, à la recherche de programmes potables.
- La mère macaque reste 18 mois avec son petit pour le protéger. - Enchaînement de pubs Ferrero-Pilules minceurSubway because why not. - Tiens, ils ont fait un remix de Beyblade. Bon, je ne suis pas une grande fan de télévision, mais je crois que l’on peut tirer une conclusion de cette étude : effectivement, il n’y a rien à la télé. Je suis sûre que ça vous fait du bien de l’apprendre. Ne me remerciez pas. Julie Sauvegrain
Pizzeria Reggio Spécialités italiennes Pizzas et plats sur place & à emporter Ce sont deux restaurants de pizzas et de spécialités italiennes, situés à Lille et à Lomme. Dans une ambiance chaleureuse, vous pouvez déguster nos fameuses pizzas à la pâte artisanale, croustillante et légère, nos délicieuses pâtes ou nos spécialités italiennes, uniquement à base de produits frais. PIZZERIA REGGIO vous propose également son tiramisu, ainsi que ses vins et apéritifs italiens. Pour organiser un anniversaire, un repas de travail ou toute autre réception, privée ou professionnelle, contactez l’équipe de REGGIO, qui sera ravie de vous recevoir.
276 rue Nationale 59000 Lille Tél : 03.20.74.06.96 www.pizzeriareggio.fr
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Lundi
la villa. Tous les spectateurs ont donc eu le plaisir intense de regarder Samantha en bikini et talons hauts tenter de démarrer la tondeuse en poussant des cris plus dignes des programmes de minuit. Cette émission provoque en moi un doute épouvantable : serait-ce pour cela que nous les femmes sommes censées rester dans la cuisine ? Autant dire qu’après un tel programme, mes idées sont confuses. Petit florilège d’entre les zaps : - Les pubs pour les jouets de Gulli et le contraste avec une émission montrant des parents vendant leur bétail pour envoyer leurs enfants à l’école. - Le gobage d’un œuf d’autruche dans Fort Boyard. - Il y a 7000 km de canalisations à Singapour.
TEST
TEST : Quel mythe es-tu ? À quelle époque aurais-tu aimé vivre si tu étais né plus tôt ?
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L’Antiquité, parce que les Grecs avaient des valeurs politiques et sociétales intéressantes L’Antiquité, parce que tout le monde couchait avec tout le monde en permanence et il y avait de beaux miroirs ornés L’Antiquité, parce qu’à l’époque on savait faire de belles statues L’Antiquité, parce que leurs tissus étaient vraiment de qualité supérieure
Où te sens-tu le plus en sécurité ?
^ Dans un bon gros pull en cachemire une grotte, loin des gens o Dans un restaurant avec tes amis ou 4 Dans collègues A Devant un miroir Quel est ton passe-temps favori ? regarder et t’admirer parce que t’es A Tevraiment beau gosse ^ Netflix and Chill dans un plaid bien fluffy 24
les architectures, la brique, la o Contempler pierre, le marbre, le plâtre... ectuer des tâches supplémentaires au 4 Eff travail Qu’est-ce qui t’effraie le plus ? blaireau, insensible au venin du o Leserpent, il tue même ces derniers, ça fait peur chaussures neuves qui te font d’hor4 Tes ribles ampoules tu ne sais pas nager (même si on A L’eau, se reflète dedans et que c’est stylé) ^ L’insecticide Tu dois partir sur une île déserte mais tu ne peux emporter qu’un seul de ces objets, lequel prends-tu ?
A Un miroir duvet en coton avec oreiller intégré ^ Un besoin de rien ni personne, tu es une o T’as personne indépendante 4 Un pote
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Héloïse Vittecoq SOLUTIONS
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Tu as un maximum de Tu es Méduse. Tu constitues à toi seul la terreur, les gens te craignent plus que la peste. Pourquoi ? La réponse est simple : tu es littéralement une langue de vipère, intolérant, impassible, et surtout cruel. Personne ne souhaite t’approcher ou communiquer avec toi par peur de ressembler à Han Solo dans L’Empire Contre Attaque à la 167e minute (ouais pétrifié quoi). Tes seuls potes sont tes 43 serpents (tous des espèces assez rares et dangereuses cela dit). Tu es condamné à vivre reclus pour le restant de tes jours et à haïr tes prochains.
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Tu as un maximum de Tu es Narcisse. Tu te trouves beau, tu t’aimes, tu t’admires, tu en es même réduit à être tombé en amour de toi-même. Hop un selfie par ici, hop un (ou deux ou trois) coups d’œil dans le miroir quand tu passes à proximité, sourire Colgate, chevelure soyeuse... Élu pour la 4e année consécutive Mister Camping Les Douces Brumes, tu ne t’habilles qu’avec des articles qui proviennent de chez « les Grands ». Délégué de classe depuis que tu es en 5e, tu as un charme naturel et tu n’es pas le seul à l’avoir remarqué... MAIS COMMENT TU TE LA PÈTES ! C’est dingue ça... Je te conseille de ralentir un peu parce qu’en continuant sur cette pente tu vas finir noyé, et tu ne ressembleras plus à rien.
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Tu as un maximum de Tu es une mite. Sûrement le plus connu de tous, la mite est un véritable fléau. Tu sèmes la pagaille où que tu ailles, et à défaut de les boucher (quoi que...), ton truc à toi c’est de créer des trous. Ton mets préféré est le cuir de bœuf (mais cru). Ta vocation première dans la vie, eh bah c’est d’emmerder tout le monde. Enquiquineur de première, ce qui te fait vibrer c’est de voir les autres partir en dépression par ta faute. Toujours au mauvais endroit au mauvais moment, tu fais vivre un enfer à ton entourage. Mais le pire ? Il est impossible de se débarrasser complètement de toi.
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Tu as un maximum de Tu es Achille. Les gens t’aiment, tu aimes les gens. Successful dans ta vie personnelle comme au travail, tu es invincible en apparence, mais c’est bien ta faiblesse qui causera ta perte. Tes amis t’adorent parce que tu es un bon vivant et tu profites de la vie ? Tu mourras d’une crise cardiaque à cause de ton obésité précoce et tes carences en magnésium et en calcium. Tes patrons te vénèrent parce que tu produis un travail de qualité en temps et en heure ? Tu mourras broyé dans la photocopieuse ou d’asphyxie dans le placard des archives qui se sera refermé sur toi pendant les vacances d’été durant lesquelles personne n’est au bureau à part toi parce que les gens ne sont pas des lèche-bottes dans ton genre. Bien fait.
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selfies Le printemps : parce que tu peux faire des pique-niques avec tes potes sous les cerisiers en fleurs L’hiver : car la nature se meurt et le gel fige tout sur son passage L’automne : ça commence à être la saison des pulls chauds et des plaids
: pour voir son reflet tout bronzé A L’été dans l’eau de la piscine et prendre des Ta saison préférée, c’est :
le moustique, t’as toujours été le ^ Loïc plus petit de tes potes le gros dur, tu rackettais les o Arthur bonbons et cartes Pokémon de tout le monde l’intello, toujours premier de la classe 4 Léo et le chouchou de la maîtresse le BG, toutes les filles étaient A Giuseppe amoureuses de toi Quand tu étais petit, à l’école tu étais :
TEST
7 ComMent se réchaufFer en hiver ? Un problème bien trop récurrent dans la capitale des Flandres : comment éviter de se peler les miches lorsque la bise vient caresser les fenêtres de ton taudis d’étudiant ? Il faut dire que comme le veut la rumeur, il fait toujours treize degrés de moins à Lille que dans le reste de la France. C’est la raison pour laquelle l’hiver dure ici les deux tiers de l’année. Il est donc absolument crucial de résoudre ce problème. Lis attentivement ces conseils, et tu n’auras plus jamais froid ! 1) Mettre le chauffage Oui, tout simplement. Si tu as froid, c’est certainement parce que ton radiateur est éteint. Il faut donc tourner le bouton vers la gauche et tu verras, bientôt le givre disparaîtra de tes lunettes ! 2) Mettre plus de vêtements Cette astuce communément appelée Technique-du-gros-rat-qui-veut-pas-payer-le-chauffage aura l’avantage de te faire économiser quelques sous. Ouvre ton placard et enfile tout ce que tu y trouves. Ce sera l’occasion de vérifier si l’anorak et la combinaison de ski que tu prévoies de porter pour les prochaines vacances sont toujours à ta taille. Ensuite, glisse-toi sous ta couette, et ça y est tu as chaud ! 3) Manger de la soupe Rien de tel qu’une bonne sousoupe bien chauchaude pour ne plus avoir froid. Inutile de savoir cuisiner, la première soupe en brique trouvée fera l’affaire. Je tiens à en profiter pour attirer ton attention sur le fait qu’on ne boit pas de la soupe mais qu’on la mange. Voilà, maintenant tu sais. 4) Boire de l’alcool Bon j’imagine que tu pratiques déjà cette technique, mais un petit remontant, c’est vrai que ça réchauffe le cœur ! N’hésite pas à te descendre un grand verre de vodka avant de te coucher et tu n’auras plus froid aux pieds ! 5) Faire un feu Alors ne me dis pas que tu n’as pas de cheminée. On ne fait pas un feu avec une cheminée, mais avec des allumettes et du papier. Choisis les cours qui t’intéressent le moins et allume-les sur le sol de ta chambre. Bientôt, de chaudes flammes viendront réchauffer les murs de ton appartement et tu n’auras plus froid. Je te l’accorde, c’est une technique à usage unique. 6) Mixer toutes les propositions à la fois Finalement, pourquoi choisir une solution quand on peut en choisir cinq ? Tu peux très bien faire chauffer une soupe à la vodka sur un feu après avoir allumé le radiateur et mis une tonne de vêtements. Dans ce cas, je te garantis que tu auras aussi chaud que dans le Sahara au mois d’août ! Mais bien sûr cette dernière astuce t’oblige à répondre préalablement à une question cruciale : une soupe à la vodka, on la mange ou on la boit ?
Le foyer d’u ne cigaretTe alLumée pe ut atTeindre une tem pérature de 900°C. La cl ope est encore une so lution pour te réchaufFe r!
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LE SCANDALEUX MAG #28 – HIVER 2018
Marin Duclos
Bélier/Mars : Comme tous les ans, ton anniversaire sera en Mars. Et si tu n’es pas né en mars, c’est que tes parents ne sont pas tes parents. Forcément.
Taureau/Neptune : Neptune rime avec ? THUNES ! Tu sais, ce qui n’apparaîtra pas ce mois-ci dans ton porte-monnaie, ni le prochain d’ailleurs. Déso.
Gémeaux/Lune : C’est bien connu, tu es dans la lune. Ce mois-ci encore plus que les autres parce que tu vas perdre tes clefs, ton ordinateur, et ta dignité.
Cancer/Jupiter : Jupiter est à l’origine de la Jupiler. Conséquence logique : ce mois-ci c’est la grosse beuverie.
Lion/La planète inconnue : Tu n’as pas encore été découvert. Actuellement tu n’existes pas, tu n’es personne, tu n’es rien. Je ne sais même pas comment tu peux lire d’ailleurs !
Ouloulouh, Saturne tout autour de toi ! Tu vas énormément chanceler ce mois-ci, tu auras le tournis, ce qui va te causer la nausée. Tu es enceinte. Félicitations.
Balance/Mercure : Une drôle d’odeur se propage : pour toi, ça sent le roussi ! Tu vas t’enflammer pour un rien et partir au quart de tour face aux critiques qui te seront faites.
Scorpion/Pluton : Pour les scorpions, c’est le mois de la défaite. Tu vas être radié de la surface du système solaire, personne ne voudra plus jamais de toi.
Capricorne/Soleil : Tu es bouillant en ce début de d’année, mais prends garde ! Tu vas être trahi, ton entourage te jalouse et va chercher à stopper ton rayonnement.
Verseau/Vénus : Puisque les femmes viennent de Vénus, alors elles viennent de toi. Tu vas (encore une fois) enfanter l’humanité, et bien la vercer dans son verseau.
Vierge/Saturne :
Sagittaire/Terre : Sagittaire, Terre. Ce mois-ci tu devras te taire, sous peine de ne dire que des choses qui pourraient te nuire. Be careful.
Poissons/Uranus :
Non. Non je ne ferais pas de blague sur le nom de ta planète parce que c’est vu et re-vu. Alors ta vanne tu peux la mettre dans your ___. (Mince j’avais promis que je ne la ferais pas, comme quoi...).
Héloïse Vittecoq LE SCANDALEUX MAG #28 – HIVER 2018
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