Le Scandaleux Mag' 29 – Printemps 2018

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« TOUTE PERSONNE QUI PENSE FORTEMENT FAIT SCANDALE » BALZAC

LE MAGAZINE DES ETUDIANTS LILLOIS

NE PAS JETER SUR LA VOIE PUBLIQUE, ESSAYEZ PLUTÔT DE LE VENDRE À VOTRE GRAND-MÈRE SÉNILE

#29 - PRINTEMPS 2018

Culture

Japon, aviation, cinéma

Divertissement Test, guide, horoscope

lescandaleuxmag.fr


ÉDITO Chères étudiantes, chers étudiants En ce début de fin d’année, il est de mon devoir de vous mettre en garde. La vie est faite de surprises et de rebondissements, n’oubliez pas de la vivre. Les études ne doivent être qu’un moment de rencontre et de plaisir alors pourquoi s’encagner pour de futiles problèmes ? Voilà un discours qui paraît bien naïf au milieu de votre vie associative, pleine de deadlines et de traditions, mais il faut parfois savoir remettre les choses à leur juste place.

Parce que… plot twist ! J’ai découvert le but de la vie : c’est être heureux. Alors place à l’amour ! Soyez tous des rayons de soleil qui illuminent le quotidien de vos proches, on est à Lille, on en a bien besoin. C’est sur ce magnifique discours que s’achève mon mandat de Rédac’ Chef (et là vous me dites « Il était temps, tu racontes vraiment n’importe quoi ! » et je vous réponds « Oui mais quand même, c’était chouette ! ») Sur ce je vous tire ma révérence. Ah oui et au fait, ce Mag parle de manipulation, mais vous le saviez c’est écrit dessus. Scandaleusement vôtre, Le Rédac’ Chef

Directeur de la publication : Émile Delevallée Rédacteur en chef : Marin Duclos Mise en page : Émile Delevallée, Christine Chow, Clarisse Delecroix, Paul Bernard 2

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SOMMAIRE DOSSIER : LA MANIPULATION Pourquoi se laisse-t-on manipuler ? Votre mémoire, un refuge non-manipulable La pub : du ciblage des élus au ciblage des masses Le fin fond de la forme Comment créer des fake news

p. 4-5 p. 6-7 p. 8-9 p. 10-11 ? p. 12

Petits meurtres entre amis Présentation de l’asso Assassin’s Creed : quand l’Histoire devient un jeu

p. 13 p. 14-15

Aviation japonaise Japanese horror story La légende du Concorde

Cinéma parlant

p. 16-17 p. 18-19

Pourquoi y a-t-il des accents en p. 20-21 France ? La montée de Netflix, est-ce la p. 22-23 mort du cinéma français ?

Divertissement

Test : Quelle théorie du complot es-tu ? Guide de survie étudiant Horoscope

p.24-25 p. 26 p. 27

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DOSSIER

Pourquoi se laisse-ton manipuler ?

« Se laisser manipuler », mais qui voudrait une chose pareille ? Si c’est ce que vous vous êtes dit en lisant ce titre, j’ai déjà réussi à vous prouver que c’est possible : eh oui, se faire avoir par un titre accrocheur, c’est un peu de la manipulation ! Mais n’ayez pas peur, lire cet article ne fera pas de vous un mouton sans cervelle, promis. Commençons par nous mettre d’accord sur le sens du verbe « manipuler » : d’après le Larousse, il s’agit « d’amener quelqu’un insidieusement à tel ou tel comportement ». Insidieusement ? En voilà un mot compliqué ! Il signifie tout simplement « qui cherche à tromper », re-merci le Larousse. Maintenant qu’on a posé les bases, rentrons dans le vif du sujet : que des gens mal intentionnés cherchent à nous faire agir dans leur intérêt en abusant de notre crédulité, pourquoi pas, mais quel intérêt aurions-nous à nous tromper nous-mêmes ?

Un film très déroutant : Memento de Christopher Nolan Pour comprendre ceci, rien de tel qu’un exemple : Memento, film de Christopher Nolan réalisé en 2000, celui qui l’a fait connaître au grand public. L’histoire est celle de Leonard Shelby, qui souffre d’amnésie antérograde depuis qu’un inconnu s’est introduit chez lui, l’a violemment assommé avant de tuer sa femme. Concrètement, depuis cette terrible nuit, Leonard oublie au bout de quelques dizaines de minutes ce qu’il vient de faire, même s’il n’oublie pas qui il est

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et quel est son but, à savoir : retrouver l’assassin de sa femme et lui faire payer son crime. Pour éviter d’oublier systématiquement ce qu’il a appris au cours de son enquête, Leonard se fait tatouer les éléments les plus importants dont il dispose, garde avec lui des photos de lieux ou de personnes qu’il a rencontrés précédemment, en les annotant pour se souvenir si telle ou telle personne est amie ou ennemie par exemple. Le film lui-même est construit dans une sorte de chronologie inversée : on commence par la fin, et c’est le début qui nous révèle le fin mot de l’histoire. Le spectateur est donc volontairement désorienté par Nolan, car il doit constamment remettre dans l’ordre les événements qui défilent à l’écran. Mais la manipulation dans tout ça ? Elle est présente tout au long du film, car l’amnésie de Leonard est utilisée par les différents personnages qu’il croise à leur avantage. Par exemple par Natalie, une jeune femme qu’il rencontre dans un bar, et qui le pousse à tuer Teddy, qui de son côté prétend être l’ami de Leonard. Pourquoi ? Elle est convaincue que Teddy est responsable de la mort de son petit ami, et cherche donc aussi à se venger. Mais cette manipulation-là n’est rien à côté de celle, bien plus complexe, qui est révélée à la fin du film. Et oui, ceci est bien une alerte spoiler.

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DOSSIER Comment Leonard s’est trompé lui-même Comme précisé plus haut, la fin du film nous présente ce qui est chronologiquement le début de l’histoire : alors que Leonard croit avoir tué le véritable meurtrier de sa femme, Teddy lui apprend qu’il l’a en fait tué il y a plusieurs années, et que sa femme n’est pas morte au moment de son accident, mais plus tard, des suites d’une surdose d’insuline. Leonard se rend alors compte qu’il s’est auto-manipulé : lorsqu’il a tué celui qu’il pensait être le meurtrier, il a volontairement oublié de se le rappeler (à l’aide d’un de ses petits post-it par exemple), car autrement sa vie n’aurait plus eu de sens. En oubliant qu’il a déjà assouvi sa vengeance, il peut continuer indéfiniment à chasser un meurtrier qui n’existe plus que dans son esprit torturé. Évidemment, ce n’est pas la seule explication possible à ce film très compliqué à comprendre, vous vous doutez bien que le créateur d’Inception n’allait pas livrer une solution trop simple à son intrigue. Nous avons donc un premier élément de réponse : on peut se mentir à soi-même lorsque la vérité nous est trop insupportable, donc se tromper dans son intérêt. Choisir d’oublier un fait pour échapper à la douleur qu’il nous cause, voilà un bon exemple d’auto-manipulation.

Se manipuler soi-même au quotidien Mais les exemples sont en fait bien plus nombreux qu’on ne le croit : en réalité, on se manipule soimême chaque jour ! La fille ou le garçon de votre classe qui vous plaît ne vous a pas regardé de la journée ? Vous vous dites que ses sentiments pour vous doivent être proches du néant… Et paf, vous voilà convaincu de savoir ce qu’il ou elle pense, sans avoir d’éléments solides pour en être absolument certain. Encore un exemple : il est tard, vous sortez de soirée, il pleut (il ne fallait pas venir habiter à Lille), vous avez juste le temps de prendre le dernier bus pour rentrer. Une fois à l’arrêt, vous attendez cinq, puis dix minutes, et vous commencez à vous demander si vous n’auriez pas mieux fait de prendre ce taxi qui est passé devant vous il y a deux minutes. Finalement, vous vous rendez compte que vous avez raté le dernier bus – comme quoi un bus en avance c’est

L’affiche du film Memento, de Christopher Nolan (2000)

possible – et vous rentrez bêtement à pied, en vous disant que vous auriez mieux fait de prendre ce taxi. Où est la manipulation ? Dans votre décision d’attendre coûte que coûte ce fameux bus, alors même qu’à partir du moment où vous auriez pu prendre le taxi, cela allait à l’encontre de votre intérêt. Ces exemples du quotidien mettent en lumière un aspect méconnu de la manipulation : le plus grand manipulateur, c’est nous-mêmes. Par habitude, par peur du changement, ou même par ignorance, nous agissons parfois de la pire des manières, même si les conséquences ne sont pas toujours dramatiques, fort heureusement ! Mais cela nous montre aussi que finalement, la manipulation n’est pas toujours quelque chose de néfaste : si l’on s’évite une plus grande souffrance, comme Leonard Shelby le fait en effaçant ses souvenirs, alors peut-être que la manipulation est une médecine douce, mais dont il ne faut pas abuser. Vous êtes prévenus !

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Gautier Dubois

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DOSSIER

Qui dit manipulation dit imposer une pensée ou une croyance à quelqu’un. La méthode la plus efficace pour cela serait donc d’agir directement sur les pensées de la cible, non ? C’est une idée largement développée dans plusieurs fictions, notamment dans le très célèbre Inception, où les souvenirs sont implantés en passant par le rêve. Méthode très efficace, à condition évidemment que vous puissiez, comme Leonardo DiCaprio, influer directement sur le rêve de quelqu’un. Mais ça, c’est impossible… n’est-ce pas ? En 1975, Keith Hearne, de l’université de Hull parvient à montrer la possibilité pour un sujet d’être lucide dans son rêve (c’est-à-dire, conscient d’être dans un rêve) : entouré de témoins, il parvient tout en dormant à réaliser des mouvements d’yeux en réponse à un signal sonore bien réel. Il est donc possible, avec de l’entraînement, de réaliser que l’on rêve, et même de retourner vers un rêve que l’on aurait quitté. C’est bien joli, mais la manipulation, dans tout ça ? Le mécanisme du rêve étant principalement fondé sur ce qu’on apprend avant de dormir, il est possible d’avoir une légère influence en communiquant avec le sujet avant qu’il ne s’endorme. Mais… c’est tout. Au mieux, vous lui donnerez quelques cauchemars, si vous êtes vraiment bon.

Ce qui est beaucoup plus intéressant, c’est que nos cerveaux ont horreur du vide, alors que nécessairement ils en contiennent, puisque nous ne pouvons pas retenir ou analyser en permanence la totalité de ce que nous vivons. Pour exemple, si vous avez une montre qui indique les secondes, regardez-la. Normalement, à l’instant où vous avez posé les yeux dessus, la seconde que vous avez observée a duré un peu trop longtemps. Pourquoi ? Parce que votre cerveau n’a pas mémorisé tout ce que vos yeux ont vu entre le moment où vous avez détaché le regard de ce Mag et le moment où votre regard est arrivé sur votre montre. Il y a donc eu un vide dans votre mémoire, que votre cerveau a immédiatement comblé avec l’image de votre montre. Vous avez donc en tête le souvenir, complètement faux, d’avoir porté le regard sur votre montre pendant quelques centièmes de seconde de plus.

Nos cerveaux ont horreur du vide.

« Bon, finalement il nous fait tout un teaser mais la manipulation des pensées c’est impossible. Un peu nul cet article ! » Je n’ai jamais dit ça. C’est seulement que le rêve n’est pas la bonne porte d’entrée. 6

Alors évidemment, personne n’est manipulé pour l’instant. Mais on sait désormais que le cerveau

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DOSSIER crée de lui-même des faux souvenirs pour combler ses vides. Et pas seulement des vides de quelques millisecondes. Parce que le souvenir que l’on se crée d’un événement n’est jamais complet : vous vous souvenez peut-être d’un bon repas que vous avez fait il y a quelques semaines, mais est-ce que vous vous souvenez de comment vous étiez habillés ? De combien de temps vous avez mis pour manger ? De quel jour c’était précisément ? Non, probablement pas, et c’est bien normal car votre cerveau ne retient que ce qui est marquant pour vous. Il y a donc beaucoup de vides dans nos souvenirs, ce qui signifie beaucoup d’occasions pour notre cerveau de créer de faux souvenirs si, soudainement, un détail que l’on pensait insignifiant prend de l’importance. Cela pose un vrai problème lors des interrogatoires de police par exemple : le témoin choqué par ce qu’il a vu n’a pas prêté attention aux détails tels que l’apparence ou la tenue des personnes présentes, ou encore l’heure précise des faits. Or, c’est bien ce type d’éléments qu’on lui demande de fournir ! Ne nous alarmons pas, souvent, les témoins sont capables de distinguer ce qu’ils savent de ce qu’ils ont oublié. Mais ajoutez à ces oublis des préjugés totalement inconscients, par exemple si le témoin a vu un des suspects menotté dans le commissariat avant d’être interrogé… Oui, l’identification d’un coupable peut être totalement biaisée pour ces raisons. Mais, si les témoignages, même avec la meilleure volonté, ne sont pas fiables à 100 %, c’est très dangereux pour la justice de nos procès, non ? Surtout que les aveux sont, eux aussi, susceptibles d’être biaisés... En 2015, Julia Shaw et Stephen Porter, respectivement des universités de Bedfordshire et British Columbia, publient le résultat de leur étude : Constructing rich false memory of committing crime. Le principe est simple : les psychologues se documentent sur l’enfance des sujets de l’expérience puis leur racontent deux histoires, chacune contenant de nombreux détails. La première relate une vraie anecdote d’enfance du sujet. La seconde contient de nombreux détails réels, mais est fausse, et relate un délit/crime que le sujet aurait commis. Sur le moment, le sujet réagit comme on peut s’y attendre, en acceptant totalement la première histoire, mais en ne s’identifiant pas du tout à la seconde. Les expérimentateurs insistent, prétendent à une histoire racontée par les parents du sujet ou bien à la présence de photos qui prouveraient la chose, puis ils suggèrent au sujet de revenir une

semaine plus tard. Et la semaine suivante… Près de 70 % des sujets se « souvenaient » de la seconde histoire. Ils y ajoutaient même des détails qui ne leur avaient pas été suggérés… Certains aveux dans des procès criminels peuvent donc être remis en question. Aux États-Unis, de nombreuses personnes ont été inculpées puis innocentées par des tests ADN, mais dans un tiers de ces cas, les personnes avaient avoué leur crime ! Et tous ces aveux ne sont pas imputables à des méthodes d’interrogatoire controversées, ou à des aveux pour obtenir une remise de peine… L’implantation de faux souvenirs est donc possible. Et pas seulement par la parole. En 2013, Steve Ramirez et Xu Liu, du MIT, parviennent, en stimulant certaines zones du cerveau d’une souris de laboratoire, à créer chez cette souris un faux souvenir, à savoir celui d’avoir reçu une décharge électrique lorsqu’elle était placée dans une certaine boîte. Quelques jours plus tard, lorsque les expérimentateurs placent véritablement la souris dans cette boîte, elle se fige de peur. Tous ces phénomènes, toutes ces expériences, ne sont pas importants uniquement dans le domaine judiciaire : des questions éthiques se posent également. Car si nous formons notre identité en grande partie sur les expériences que nous avons vécues et donc les souvenirs que nous en gardons, qu’est-ce qui nous prouve que nous sommes bien la personne que nous pensons être ? À quel point notre comportement peut-il être influencé par des souvenirs créés de toutes pièces ? La capacité scientifique à jouer avec les souvenirs, si elle est très encourageante dans des cas comme la lutte contre la maladie d’Alzheimer par exemple, peut aussi s’avérer très inquiétante…

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Paul Bernard

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DOSSIER

Vous connaissez sûrement le terme de « lobbying », que l’on peut traduire par « groupe d’intérêt » ou « groupe de pression ». Mais que cache-t-il réellement ? Aujourd’hui, la publicité est partout, avant chaque film, chaque programme, jusque dans nos téléphones – mais qu’est-ce qui permet (et surtout, qui) à la publicité de venir nous trouver aussi bien ? On ne le sait pas toujours, mais auprès des parlementaires, il y a une foule, assez invisible mais très présente, de « représentants d’intérêts ». Tout est dans le titre : ce sont des personnes, des réseaux chargés d’orienter la fabrique de la loi dans un sens favorable à celui qu’ils ou elles représentent. Depuis 2013 et la création de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique, la liste de ces groupes d’intérêts – et leur coût pour leur employeur – est publique, et consultable en ligne. On y trouve EDF, la SNCF, Amnesty International… L’activité des lobbies n’est donc pas tout à fait obscure. Mais qu’en est-il exactement ?

Une affaire ancienne Le mot « lobby » désigne dans la langue de Shakespeare un vestibule ou un couloir – un endroit où l’on passe et où l’on attend, parfois. C’est dans les couloirs de la Chambre des communes du Royaume-Uni (leur équivalent de notre Assemblée nationale) que des représentants d’intérêts, généralement industriels et commerciaux, venaient rencontrer les membres du parlement. On impute à ces différents groupes (qu’ils soient un réseau ou tout simplement deux personnes) plusieurs grandes décisions : le canal de Panama, l’absence d’harmonisation du paquet de tabac neutre en Europe, etc.. Aujourd’hui, que ce soit au Congrès aux États-Unis, à

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la Commission Européenne ou à l’Assemblée nationale, les lobbies sont connus. Cette dernière les qualifie de « moyen pour le législateur de s’informer sur la manière dont la loi est appliquée et sur les moyens de l’améliorer. Ces informations sont, par nature, orientées puisqu’elles défendent un objectif particulier » tout en assurant « [qu’]il revient au parlementaire de faire l’analyse des données qui lui sont transmises et de les confronter à d’autres pour en vérifier la véracité et la cohérence ».

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DOSSIER Comprendre : aider le parlementaire c’est bien, après tout il ne peut pas tout savoir sur tout, mais il reste autonome et impartial, évidemment, l’intérêt général est au cœur de sa vocation. Il est évident que l’on ne parlerait pas des lobbies aussi fréquemment si nous étions sûrs qu’ils n’étaient qu’une « aide » au processus démocratique. L’émission Cash Investigation a suivi preuves à l’appui, entre 2012 et 2014, comment les entreprises du tabac ont tout fait pour diminuer l’impact d’une directive européenne de santé publique. Les journalistes montrent des députés qui reprennent tels quels des amendements écrits par les entreprises, comment ces députés sont ciblés, y compris sur des détails personnels. Mais cette activité de lobbying est coûteuse et parfois inutile (le paquet neutre s’impose, même si ce n’est pas au niveau de l’UE). Alors pour écouler les produits, le ciblage se fait parfois plus massif.

Le ciblage du public Vous l’avez probablement déjà remarqué, mais les publicités que vous recevez sur Internet n’apparaissent pas par pur hasard. En effet, vous laissez pas mal de traces sur le web : votre âge, votre sexe, vos intérêts, vos goûts vestimentaires… Toutes ces données sont récupérées afin que les publicités qui s’affichent sur vos écrans soient les plus adaptées à votre profil.

Comment cela se passe-t-il ? Pour faire simple, vos données sont centralisées dans une Data Management Platform (DMP) dont le but est de récupérer, centraliser, gérer et utiliser vos données. Les DMP aujourd’hui peuvent aussi centraliser les données que vous avez laissées sans être sur Internet, à l’aide d’une comparaison entre les cookies ou les identifiants et les enregistrements faits par l’entreprise par exemple. De cette manière, une entreprise peut retrouver ses clients en ligne et les cibler lorsqu’ils vont sur un site, ou tout simplement un internaute au profil intéressant. Ensuite, dès que vous allez sur un site comprenant des encarts publicitaires, une plateforme d’Ad Exchange (DoubleClick de Google ou Right Media de Yahoo, pour ne citer que les plus connues) met en relation des acheteurs, agences ou annonceurs, et vendeurs, c’est-àdire le site qui vend des encarts sur sa page. Les annonceurs proposent alors tous un prix, celui ayant proposé le plus élevé gagne l’enchère et la publicité vous est proposée en conséquence. Dès lors, tout dépend de la stratégie de l’annonceur qui vous a identifié comme prospect ou

client. Il peut vous renvoyer la même publicité plusieurs fois, personnaliser sa publicité, le choix est vaste, et il lui appartient ! Ainsi si vous recevez plusieurs publicités pour un appareil photo, c’est que vos données ont indiqué que vous seriez potentiellement un acheteur d’appareil photo : vous avez recherché « appareil photo » sur des sites de commerce en ligne, ou « appareil photo bon prix » dans un moteur de recherche, par exemple. Ces techniques de ciblage permettent aux entreprises d’optimiser leurs campagnes marketing sur Internet et de personnaliser leurs offres. Pour les internautes, cette technique a des avantages et des inconvénients. Du côté des avantages, une publicité ciblée vous permet de voir des choses qui vous intéressent réellement, de découvrir des offres adaptées à vos goûts. De cette manière, si vous êtes identifié comme un homme de 20 ans, vous avez peu de chances de surfer sur des sites Web remplis de publicité pour les tampons (et ce n’est pas plus mal car vous vous en tamponnez probablement le coquillard). Aussi vous avez une probabilité plus grande que l’on vous propose des offres ou des promotions. En ce qui concerne les inconvénients, le plus contrariant, c’est que le prix des articles sur Internet augmente si le site web enregistre que vous êtes allé plusieurs fois voir le même produit. Sans compter les questions de vie privée et d’anonymat sur Internet que ces publicités soulèvent.

La résistance s’organise Si la publicité ciblée vous gêne ou que vous détestez le lobbying dont vous faites l’objet, des solutions existent. Sur Internet, on peut désormais facilement trouver des plug-in, des extensions à greffer à votre navigateur web qui permettent de réaliser tout un tas de choses. • Adblock+ et tous ses dérivés permettent de bloquer les publicités. Vous ne les verrez plus. Hop, disparues ! • Ghostery ou Disconnect s’assurent que les sites ne communiquent pas entre eux, qu’un site lambda ne communique pas à Facebook que vous êtes chez lui par exemple – oui, Facebook peut le savoir, dès qu’il y a un bouton « j’aime » dans une page web, il a un œil dessus. En contrepartie, ces extensions empêchent ces boutons d’exister. • NoScript permet de bloquer les scripts qui s’exécutent automatiquement sur une page s’ils viennent d’une autre page – si un site tiers est appelé, il est bloqué. Cette extension montre à quel point de nombreux sites sont interdépendants, à utiliser avec prudence. • Lightbeam sur Firefox permet de visualiser de façon très élégante tous les liens entre les sites web que vous visitez. Ça fait froid dans le dos, mais on se rend très vite compte du problème – et des progrès que l’on peut faire.

Émile Delevallée et Cécile Foraison

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DOSSIER

L Aujourd’hui comme avant, des discours politiques on attend beaucoup. Cela n’empêche pas qu’on s’en méfie comme de la peste. Démagogie, propagande, récupérations, mensonges : les accusations fusent de toutes parts et en tout temps. Autant de méfiance doit supposer une véritable force de ces discours. Comme s’ils avaient structurellement un pouvoir de séduction. Et si la forme était le fond de l’affaire ? Et si la manipulation passait essentiellement par la forme, non plus seulement par le fond ?

La forme et le fond, ces inséparables On veut souvent séparer la forme d’avec le fond. Ce faisant, on croit mettre à nu le discours et par là même aller au fond des choses. En somme, laisser l’apparence à la porte et faire entrer l’être d’une parole politique. À supposer qu’il faille ainsi procéder, ce qui demeure après l’opération, ce sont les idées, les propositions ; et, en filigrane, les convictions et les grands principes directeurs. À quelques différences près, cela donne : « Je vous veux du bien (à qui ? aux potentiels électeurs) ; et le mal, c’est mal. » Autant dire qu’on n’analyse pas grandchose. Il faudrait plutôt, sans que cela ne suffise, envisager la forme d’un discours comme ce qui le structure. Autrement dit, la façon de parler, le style. Le style Sarkozy, par exemple, est ce parler vrai qui souvent ne prend pas de gants. Quant à cette façon de ponctuer ses phrases de silences intenses, propre à Wauquiez comme à beaucoup d’autres, elle relève d’un certain agencement du discours et donc de sa structure interne. Les envolées lyrico-dramatiques « mélenchoniennes », elles, donnent à voir un discours plein de péremptoire et trop peu souvent traversé par le doute.

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Quand Éric Zemmour, personnage hautement polémique (mais est-ce une raison pour invalider tout son discours ?), dit de la forme qu’elle entraîne le fond, il y a une pensée. Dans un débat d’ « idées », avoir raison c’est avant tout avoir l’air d’avoir raison. Ne pas y mettre les formes est donc se condamner à ne pas être cru en dépit même du bien-fondé de ses dires. Parfois, et même souvent, le simple fait de brandir son discours comme une vérité incontestable suffit : ici, la forme n’entraîne pas le fond ; mais la forme EST le fond. Exemple : le « Non, je n’ai pas de comptes en Suisse » d’un Cahuzac micro à la main, au plus fort de la tourmente et devant un hémicycle au grand complet.

Cas d’espèce : l’anaphore en politique Ses plus récents usagers en politique sont Sarkozy et Hollande. Leur point commun : briguer l’Élysée, secondés de l’anaphore ! Souvenons-nous du fameux : « J’ai changé. J’ai changé parce qu’à l’instant même où vous m’avez désigné j’ai cessé d’être l’homme d’un seul parti, fût-il le premier de France. » Discours d’investiture où Sarkozy employa, selon les experts, des systèmes complexes d’anaphores emboitées les unes dans les autres.

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DOSSIER rendez-vous avec l’éternité. Aux premières heures de la libération de la capitale, le 25 août 1944, Place de l’Hôtel de Ville, de Gaulle prononce son fameux « Paris, Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! mais Paris Le discours et sa libéré ! » De là, de cette périphérie : parler parole venant du fond sans les mots de la nuit, naît le mythe fondateur du résistanDans un discours, il y a cialisme. L’histoire et les mots, mais les gestes ses humbles serviteurs aussi. La gestuelle, le (les historiens) diront non-verbal, s’ils traaprès coup quelle est la hissent souvent des part de vrai dans le disRoyal Bayrou Sarkozy Le Pen sentiments peu cathocours gaulliste. Toujours liques, n’en demeurent est-il qu’en naquit indépas moins des éléments Proportion d’anaphores dans le corpus électoral 2007 (selon niablement une vision, de communication. Le L.-J. Calvet et J. Véronis, 2007 : 34) un projet de société, regard, par exemple, un post-Vichy, comme le fait remarquer l’historien ou plutôt cette façon de fixer l’autre avec le plus Henry Rousso dans son livre Le Syndrome de Vichy. d’intensité possible. Aujourd’hui, il y a Wauquiez dont le regard très intense est employé à toutes Par ailleurs, dire après coup d’un discours qu’il a les sauces, histoire de noyer le poisson et de jeter marqué les esprits est donné à tous. En revanche, le doute dans les esprits. De même pour le sourire avant qu’on ne le prononce, un discours n’a pas déstabilisant arboré par certains politiques. L’idée encore le pouvoir de manipulation qu’il aura sur est la suivante : troubler, perturber. Tout se passe les âmes. Ce qui fera dire à Malraux qu’un grand comme si l’on disait à notre interlocuteur : « Vous discours jaillit de la rencontre du monde et de sa n’êtes pas sérieux en disant cela ? Voyez comme complexité. Quand la parole épouse les choses et j’en souris… » qu’elle les fait être, elle devient Histoire. En somme, manipuler n’est peut-être que l’autre mot pour dire En plus des gestes et des mots, l’attitude vestifaire événement. mentaire est à intégrer dans la forme même du discours. Lorsque le député François Ruffin vient au parlement vêtu d’un maillot de football, il habille son discours de façon à le rendre plus parlant aux Khalil Grine principaux concernés. Jusqu’au corps du député qui représente les intérêts malmenés des petits clubs de football français. Cette mise en scène du discours n’est pas superflue ; elle est même nécessaire à la vie de ce discours. S’habiller et/ou habiller son discours de telle sorte, c’est marquer l’endroit d’où l’on parle, et au nom de qui. L’ironie du sort retournera cette arme contre Sarkozy, permettant à Hollande, épaulé par son inoubliable « Moi, Président », d’emménager rue du Faubourg-SaintHonoré.

Ce qu’est un grand discours Si la forme est d’une importance capitale, à elle seule, celle-ci ne peut produire ce qu’on appelle les grands discours, ceux appelés à entrer dans les esprits et à y demeurer. Il y a, pensons-nous, une part irréductible, un facteur X, une donnée ou paramètre faisant d’une harangue destinée à un groupe, une parole pour tous. Les grands discours sont ces LE SCANDALEUX MAG #29 – PRINTEMPS 2018

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PLEASE DO NOT TRY THIS AT HOME

En janvier, Trump annonçait les gagnants des « Fake News Awards », un classement établi par lui-même des médias ayant transmis les informations les plus erronées et « malhonnêtes » à son égard lors de sa première année de mandat. Si toi aussi tu rêves de te voir décerner un award par le président américain, alors n’attends plus et lis vite notre tuto sur comment créer des fake news !

#1 Choisis un thème qui touche un maximum de monde Je te conseille de prendre en particulier tous les thèmes qui peuvent transformer un tranquille dîner de famille en champ de bataille. Ainsi, la politique est un sujet de prédilection : immigration, aides sociales, écologie, féminisme. Mais il est aussi possible d’inclure les stars préférées des Français. Surtout ne te retiens pas de faire des combos entre les différents sujets : tire au sort un nom parmi les célébrités préférées des Français, tire au sort un sujet qui est actuellement au centre de l’actualité et hop le tour est joué. Exemple rapide : prenons Johnny et paradis fiscal, ça nous donne : Johnny avait un compte au Luxembourg... Ah merde c’est vrai ça !

c’est gros, plus tu as de chances que ta publication soit partagée, que trois différentes pétitions sur Internet soient lancées et qu’un expert passe sur BFMTV pour discuter du nouveau scandale (alors qu’en fait il a été créé de toutes pièces par toi petit sacripant). En effet, si le titre est assez attrayant, ta publication aura de bonnes chances d’être partagée même si les gens ne l’ont pas lue en entier. Selon une étude réalisée par l’université de Columbia et l’INSEE, « 59 % des liens partagés sur les réseaux sociaux ne sont pas ouverts. La plupart des gens partagent des nouvelles qu’ils n’ont même pas lues ». Ainsi seul ton titre doit être soigné, ne t’inquiète pas du contenu, de toute façon, personne ne va le lire.

#2 Prends bien soin d’illustrer tes fake news

#4 Fais preuve de la plus grande mauvaise foi possible lorsque l’on t’accuse de mentir

Eh oui, même quand on ment il faut soigner son image. Ainsi tu peux utiliser des photos trouvées un peu partout sur le net et inventer une légende qui n’a absolument rien à voir. Si tu préfères la plume à l’image, tu peux toujours écrire tout un article sur ce que tu viens d’inventer. Pour être encore plus crédible, mélange tes tromperies avec des faits réels pour embrouiller le maximum de lecteurs. Avoir recours à la vidéo te sera aussi très utile : prends un JT dans une langue que presque personne en France ne connaît, en anglais par exemple. Rajoute des sous-titres à ta guise. Et voilà une preuve convaincante que ta fake news est vraie.

Sur le vaste Internet tu tomberas forcément sur une ou deux personnes t’accusant d’être un fieffé menteur. Pour te défendre, rien de plus simple : • Dis leur que tu as des sources fiables (bien évidemment ne donne jamais lesdites « sources fiables ») • Accuse l’autre personne d’être un mouton qui se cache la dure vérité que tu essayes de montrer au monde entier (car tu es avant tout un bienfaiteur de l’humanité) • Ou encore plus simple reconnais ton erreur en disant cette phrase magique : « c’est peut-être pas vrai mais ça aurait pu, donc c’est vrai » (si si je t’assure ça marche !)

#3 N’hésite pas à dire des mensonges énormes pour être assuré de faire le buzz Après tout plus c’est gros, plus ça passe. Et surtout, plus

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LE SCANDALEUX MAG #29 – PRINTEMPS 2018

Cécile Foraison


PRÉSENTATION

Tu ne devrais à priori rien trouver de choquant en parcourant les pages de ce magazine. Notre nom est issu de cette phrase : « Toute personne qui pense fortement fait scandale », écrite par la plume de Balzac. Nous n’avons donc pas pour vocation de scandaliser, mais plutôt de renseigner, de divertir, de faire réfléchir, voyager ou rêver. En un mot, nous traitons de sujets sérieux avec légèreté ou de sujets légers avec sérieux. Si ce mag te fait passer un bon moment, c’est que notre mission est réussie ! Toutefois celle-ci ne s’arrête pas à ce magazine papier entièrement fait-maison et distribué à travers les grandes écoles lilloises… Nous avons surtout un site web et une page Facebook sur lesquels nous publions quotidiennement des articles. Tu y découvriras aussi des reportages de notre WebTV, qui couvre régulièrement des événements insolites de la région comme le Salon du Tatouage, ou du chat, le Carnaval de Dunkerque et j’en passe… Si tu aimes ce mag, tu aimeras encore plus notre site ! En résumé, le Scandaleux c’est un mag trimestriel, des vidéos mensuelles et des articles quotidiens. En te promenant dans les rues de Lille, tu pourrais croiser des membres de notre association, reconnaissables à leur

veste de pompier arborant le logo Scandaleux. N’hésite pas à les interpeller si tu souhaites parler d’un sujet qui te tient à cœur… Ils connaissent très bien cette sensation de se poser sans cesse des questions et, dévorés par la curiosité, d’aller en chercher les réponses : quelle est la symbolique des fleurs ? Comment être communiste en école de commerce ? La transparence est-elle souhaitable ? Faut-il interdire la chasse ? Qu’est-ce qui rend Rick et Morty si culte ?

Notre page Facebook : Le Scandaleux Notre site : www.lescandaleuxmag.fr

Savais-tu que tu pouvais toi aussi écrire des articles ? Si un sujet t’intéresse, te tourmente ou que tu veux exercer ta plume journalistique, lance-toi et envoie ta prose à contact-sx@lescandaleux.fr, nos rédacteurs se feront un plaisir de la publier sur notre site.

LE SCANDALEUX MAG #29 – PRINTEMPS 2018

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CULTURE GEEK

Assassin’s Creed : quand l’Histoire devient un jeu

Depuis dix ans, Ubisoft nous fait découvrir chaque année une nouvelle époque, de nouveaux lieux, un nouveau scénario, une nouvelle facette de la guerre sans merci que se livrent Assassins et Templiers. Le joueur prend ainsi part à ce conflit fictif millénaire entre ces deux organisations secrètes qui luttent pour le pouvoir, organisations qui ont pourtant réellement existé. Les Templiers : un ordre de chevalerie tout puissant L’ordre du Temple est fondé en 1120 par Hugues de Payns. Son objectif est de protéger les pèlerins européens se rendant à Jérusalem. Cet ordre est donc autant monastique que guerrier. La mort n’est pour eux pas un frein, elle est une conséquence logique de leur mission. Mais les Templiers sont très riches : d’abord grâce aux dons, mais surtout grâce à leur immense patrimoine foncier (fermes, commanderies, terres cultivées). Ils développent un véritable système bancaire : il suffit de déposer ses petites économies à un point A, pour les récupérer à un point B, sur présentation d’une lettre de change indiquant le montant d’argent. Les Templiers sont très très riches. Le Roi de France Philippe IV le Bel s’énerve, fait arrêter les Templiers, leur fait avouer tout et n’importe quoi sous la torture, et brûle leur Grand-Maître Jacques de Molay en 1314. Logiquement, l’ordre s’éteint.

Les Assassins : une secte de tueurs d’élite shootés

parfaitement invisible. Le Mentor a alors à disposition des hommes de main surefficaces et complètement dévoués, puisque sous l’effet de drogues. Des hommes là encore prêts à mourir pour la cause. Le Mentor dirige toutes les opérations depuis son nid d’aigle d’Alamut, faisant é l i m i n e r tous ses opposants et accroître en même temps sa propre influence. Les Assassins semblent apparaître autour du XIe siècle, avant de disparaître au XIIIe. L’Histoire semble donc s’arrêter ici : les Templiers partent en fumée et les Assassins disparaissent sans laisser de traces

Il a vraiment existé des « Assassins », localisés en Iran actuel, qui obéissaient à un mentor : le Vieux de la Montagne. L’Assassin, hashashyn en arabe, est celui qui fume du hashish. C’est en quelque sorte un ninja : un tueur surentraîné, invincible et

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CULTURE GEEK au milieu des montagnes iraniennes. Mais ces deux ordres ont survécu !

ments historiques et des masses par une poignée d’individus.

Le jeu Assassin’s Creed imagine la survie de ces deux ordres, et nous laisse prendre part à la terrible guerre qu’ils se livrent pour le pouvoir. Derrière tous les événements historiques, les guerres, les grandes découvertes, il y a eu des Templiers et des Assassins. Depuis 2007, les jeux nous emmènent en Terre Sainte à l’époque des Croisades, à Rome, à Florence, à Venise ou à Constantinople pendant la Renaissance italienne, aux Caraïbes des pirates, au moment de la guerre d’indépendance américaine, de la Terreur de la Révolution française, de la Révolution industrielle. Le dernier jeu se déroule en Égypte, à l’époque de Cléopâtre.

Pourtant, ces deux sociétés secrètes ont le même objectif : la paix. Si elles s’entretuent, c’est parce qu’elles proposent des moyens radicalement différents pour arriver à leurs fins.

Plusieurs personnages historiques de premier plan ont appartenu à ces ordres, mais ne divulgachons pas, comme on dit au Québec. Assassins et Templiers se battent aussi pour le contrôle des Pommes d’Eden, sortes d’artefacts magiques conçus par une antique civilisation très avancée, qui permettent de contrôler l’esprit humain. Mais encore une fois ne spoilons pas, et poursuivons cet excellent exemple, qui est celui de la manipulation fictive d’événe-

Les valeurs des Assassins : « Rien n’est vrai, tout est permis » Les Assassins défendent la liberté et le libre-arbitre des individus à tout prix. Dans les jeux, nous incarnons surtout des Assassins, dont la mission est de tuer furtivement des Templiers, qui cherchent eux à contrôler les masses et à s’accaparer tous les pouvoirs politiques et économiques. Pour les Templiers, la liberté est source de chaos et le libre-arbitre est un leurre : les individus peuvent facilement être corrompus et ont donc besoin d’être guidés par une élite qui saura quoi faire. Les Templiers ont toujours recherché le contrôle, mais aussi le savoir, en dirigeant les recherches scientifiques, aujourd’hui par le biais de l’entreprise Abstergo. Les deux camps recherchent bel et bien la paix et l’accomplissement de l’humanité, mais l’usage de la violence ne leur pose aucun problème et ils n’ont jamais hésité à éliminer leurs opposants.

Conclusion : un jeu exceptionnel Ajoutez ainsi à ce scénario d’excellentes reconstitutions des lieux, de très bons graphismes et gameplays, d’immenses mondes ouverts à explorer librement, des personnages ultra charismatiques et badass, une pincée d’humour, et vous obtenez l’un des meilleurs jeux de la décennie. Assassin’s Creed est la preuve qu’un jeu peut être à la fois fort divertissant, et faire apprendre de très nombreuses choses, en même temps qu’il raconte l’Histoire sous un tout autre angle. Car les reconstitutions sont vraiment très impressionnantes : quand on se promène dans la ville de Rome au XVe siècle ou de New York au XVIIIe siècle, on s’y croit ! Finalement, la manipulation de l’Histoire par quelques individus est-elle la seule dimension fictive du jeu ? Pas si simple... Puisse le Père de la Sagesse nous guider.

Alexis Renaud LE SCANDALEUX MAG #29 – PRINTEMPS 2018

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CULTURE

Japanese horror story Si dans le précédent magazine, j’ai pu vous faire découvrir l’imaginaire japonais entourant le shintoïsme, et notamment les Yokai, ces créatures mystérieuses ressemblant aux monstres des contes occidentaux, je vous propose de découvrir dans cet article d’autres contes et légendes, centrés autour du thème de l’horreur. C’est que les histoires d’horreurs japonaises sont très anciennes et font désormais partie de la tradition, comme le montre l’adaptation de Botan Dōrō – histoire d’amour entre un homme et un fantôme – au Kabuki et au Rakugo, deux arts japonais hautement respectés. Mais il existe aussi des histoires modernes, utilisant les nouvelles mœurs et technologies, se développant notamment via la pop culture. C’est donc un genre populaire qui a évolué avec le Japon. Les contes traditionnels Qui dit histoire d’horreur, dit fantôme. Et au Japon, s’il y a bien un endroit où sont censés résider les fantômes, c’est dans les puits ! On pourrait voir une explication dans le fait que culturellement, les fantômes soient attachés à l’eau, ce qui pourrait être exacerbé par le fait que cette eau soit stagnante. Cette explication aurait encore plus de sens si l’on avait en tête le lien dans la culture nippone entre Yokai et contact humain, comme le montrent les tsukumogami, ces objets qui gagnent une conscience à part entière après cent ans d’utilisation. Et puis, les mystérieux clapotements de l’eau à plusieurs dizaines de mètres de profondeur ne rappellent-ils pas les voix des fantômes ? Mais cette explication n’était qu’une digression intellectuelle. Il est plus probable que cette croyance populaire provienne du conte de Banchō Sarayashiki, récit où une jeune servante se retrouve torturée et ligotée après avoir cassé une des assiettes préférées de son patron. Parvenant à se libérer, elle est alors tombée dans le puits, s’y noyant. Il est dit qu’une voix peut être entendue depuis ce puits. Si certains récits narraient la création des fantômes et autres esprits, d’autres illustraient leurs dangers. Ainsi, le conte de miminashihouichi relate comment un barde aveugle se fît inviter à plusieurs reprises par un noble pour lequel il joua devant un public manifestant fortement son approbation. Un de ses amis inquiet le fit suivre et découvrit qu’il jouait seul au milieu d’un cimetière ! La nuit suivante il le fit couvrir de charmes protecteurs, lui disant d’ignorer les invitations du fantôme. Offensé par son refus, l’esprit lui coupa les oreilles, seule partie du corps non couverte par les charmes. Il fût ensuite connu sous le nom « d’Hoichi le sans oreilles », ironique pour un troubadour.

Les légendes post-modernisation Avec l’avancée des nouvelles technologies, de nouvelles légendes ont fait leur apparition. Le jinmenken est une de ces récentes créations. Chiens à tête d’hommes apparaissant au bord des autoroutes, ils seraient de rapides coureurs. Ils seraient même apparemment doués de parole mais peu accommo-

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CULTURE dants. Ils ne seraient cependant pas dangereux, étant en effet probablement confondus avec les macaques japonais. Non, ce n’était pas un propos raciste. Oui, il y a des singes au Japon. Ce sont aussi les modes de vie et les mœurs qui ont changé, notamment avec l’urbanisation et la chirurgie plastique. L’histoire de kuchisake-onna, ou la femme à la bouche fendue, est qu’elle erre incognito grâce à un masque de malade dans les rues des grandes villes. Elle poserait alors à ceux dont elle croise le chemin plusieurs questions, menant à la mort de sa victime selon différentes modalités. Le seul moyen de lui échapper serait de lui retourner une question, ou de la distraire et d’en profiter pour s’enfuir.

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abcdefghijklmnopqrstabcdefghijklmn Les légendes de la pop culture La pop culture japonaise a une identité qui lui est propre, se manifestant par l’animation, les mangas mais aussi les films et les livres. Le genre de l’horreur n’y fait pas exception, utilisant bien souvent le vaste folklore japonais. Ainsi, le film d’horreur Ring rappelle le mythe du fantôme dans le puits mais avec l’utilisation des écrans et vidéos, par sa nature même de film, mais aussi par l’intrigue. De la même manière, l’anime Gugure ! kokkuri-san, s’inspire sans s’en cacher du jeu kokkuri, mais aussi d’autres éléments purement japonais, les reprenant de manière entièrement comique. Cette touche de modernité prend un autre tour dans des animes tels que Jigoku shoujo ou Serial Experimentation Lain, où les barrières entre le numérique et le fantastique se brouillent et ne sont pas statiques. C’est enfin dans les œuvres de Junji Ito, mangaka écrivant surtout des histoires d’horreur, que l’on peut retrouver une inventivité baignée dans le Japon mais qui reste originale. Son talent a d’ailleurs été récemment reconnu, comme le montre l’adaptation d’une partie de son œuvre en anime cette saison.

Guillaume Guedj-Swal

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TECHNOLOGIE Une cocréation franco-britannique Pensé dans les années 1950, conceptualisé dans les années 1960 et créé dans les années 1970, le Concorde c’est avant tout un projet. Projet fou puisqu’en 1950, les avions de chasse ne pouvaient pas dépasser le mur du son plus de trois minutes et qu’avant 1947, on croyait même son franchissement impossible. C’est aussi un projet pensé simultanément par la France et la Grande-Bretagne en pleine guerre froide. Toutefois, plutôt que de se faire concurrence, les deux pays décidèrent de s’allier pour donner naissance à cet avion incroyable, en signant en 1972 un accord de coopération. Il fallut, pour travailler ensemble, franchir les barrières de la langue et surtout d’un système de mesure différent. L’URSS tenta de copier l’idée en lançant le Tupolev 144. Celui-ci aurait été construit sur des plans de Concorde volés. Il réussit à atteindre Mach 1 et Mach 2 avant ce dernier, mais le projet fut abandonné après le crash d’un Tupolev au Bourget le 3 juin 1973. Concorde est donc un bel exemple de coopération européenne qui confirme la conviction de l’époque selon laquelle « l’union fait la force ».

Un vol Paris - New-York en seulement 3h40, que le son, voyager en passant par la stratosy a quelques années. Il suffisait de prendre un grâce à un concentré de technologies de pointe. d’être un avion supersonique, a été un symbole. d’avancée industrielle, symbole de vitesse...

Le décollage

Une prouesse technologique

Le 21 janvier 1976, il est prêt. Deux Concorde décollent simultanément en France et en Grande-Bretagne. C’est un rêve qui se réalise, aussi bien pour les ingénieurs qui travaillent sur le projet depuis des années, que pour les passagers, le personnel d’équipage ou les pilotes. Mais les billets sont chers et réservés à une élite privilégiée. « À Mach 1,01 tout le monde prenait une photo voire applaudissait, c’était magique pour eux ! » rapporte une ancienne chef de cabine. De l’extérieur, le franchissement du mur du son est un moment impressionnant qui se fait dans un bruit d’explosion, mais à l’intérieur de l’avion, sans la petite lucarne indiquant la vitesse aux passagers, personne ne soupçonnerait de l’avoir passé.

Ce qui est sûr c’est que les ingénieurs du Concorde étaient les champions du « think out of the box » ! Pour battre des records de vitesse, de température et d’altitude, il faut tout repenser. • La coque doit résister à une température extérieure de -56° C et à un frottement de 128° C lorsque l’avion est à Mach 2. À cause de cette différence de températures, elle peut s’étirer de 20 centimètres au cours d’un trajet ! Il fallut donc créer un nouveau métal rien que pour le Concorde : un alliage d’aluminium, de cuivre et de magnésium. • L’avion est très cambré lors du décollage et de l’atterrissage. Pendant ces phases, le nez de l’appareil bascule vers l’avant pour permettre aux pilotes de mieux voir la piste.

Tous les matins, un Concorde décolle de Roissy à 11h, il arrive à New-York à 8h45 heure locale ! L’avion supersonique vole en vitesse de croisière à 2200 km/h, là où un avion de ligne classique ne vole qu’à 900 km/h. C’est Mach 2.02, plus de deux fois la vitesse du son. Il monte jusqu’à 18 000 kilomètres d’altitude au lieu de 12 000 kilomètres maximum pour les avions subsoniques, c’est une hauteur stratosphérique. Pour faire simple, Concorde, c’est cent personnes transportées dans une balle de fusil.

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Si le Concorde n’existe plus aujourd’hui, une grande pour améliorer la qualité et la sécurité des autres

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TECHNOLOGIE La fin de la légende Bon, tu es au courant, le Concorde n’existe plus. Alors pourquoi avoir entrepris ce long projet pour l’arrêter si brusquement ? Plusieurs facteurs conduisirent à mettre fin à cette belle aventure. Tout d’abord, le coût. Le Concorde coûtait cher en maintenance et en carburant, si bien qu’il n’était rentable ni pour Air France ni pour la British Airways. Ceci d’autant plus que les deux chocs pétroliers de 1973 et 1979 firent exploser le prix du kérosène et annuler toutes les commandes étrangères de l’avion. Au total, seuls vingt Concorde furent construits. Ajoute à cela une baisse du trafic vers les États-Unis après les attentats de 2001 et tu obtiens un coût d’exploitation beaucoup trop élevé.

ça te paraît fou ? Te déplacer deux fois plus vite phère, ça te plairait ? Eh bien c’était possible il Concorde pour réaliser tous ces rêves à la fois, De sa conception à sa mort, le Concorde, avant Symbole de coopération européenne, symbole Replongeons un instant dans sa légende ! • •

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Pour pouvoir utiliser les mêmes pistes que les autres avions et ainsi accéder à tous les aéroports, des freins spéciaux en carbone furent inventés. Évidemment les moteurs sont particuliers : l’Olympus 593 fut créé par l’entreprise anglaise Rolls-Royce et la française Snecma (aujourd’hui Safran) pour résister à des températures et une vitesse extrêmes. Il contient un système d’entrée d’air à géométrie variable capable de ralentir le vent rapide. L’aile Delta inspirée des avions de chasse fait la taille d’un terrain de basket. Les treize réservoirs de kérosène permettent au carburant de s’écouler pour changer le point de gravité du Concorde. En phase supersonique par exemple, tout le carburant est placé dans la queue de l’avion.

partie de ces inventions révolutionnaires fut réutilisée avions de ligne.

Puis vient la pollution. À la fois sonore et environnementale, celle du Concorde est très critiquée. L’avion était même, pour cette raison, interdit aux ÉtatsUnis au moment de son lancement – eh oui, il fut un temps où les États-Unis se préoccupaient de l’écologie ! Il suffit de contempler la longue traînée noire qui s’échappe de l’avion en vol pour comprendre que le Concorde n’est pas très propre : il consomme en moyenne trois fois plus qu’un avion de ligne classique. Enfin, un accident vint porter le coup de grâce à l’avion supersonique. Le 25 juillet 2000 à Roissy, un Concorde au décollage roule sur une pièce de titane laissée sur la piste par un autre avion. Le pneu éclate et un morceau est aspiré par le moteur qui s’enflamme pendant que l’avion décolle. Le Concorde s’écrase sur un hôtel à Gonesse une minute après son départ. Le crash fait 113 morts, il n’y a aucun survivant parmi les passagers. Ce fut le seul accident d’un Concorde après 27 ans d’exploitation. Ainsi, c’est en 2003 que le Concorde effectue son dernier trajet, marquant la fin d’un mythe. Un avion qui savait make an impact grâce à toutes les innovations qu’il permit ! Toutefois, la résurrection d’un avion de ligne supersonique plus propre n’est pas improbable. C’est par exemple le projet de la start-up américaine Boom Supersonic, qui prévoit pour 2023 un premier vol commercial pour 55 passagers à 2334 km/h…

Marin Duclos

Informations extraites du reportage RMC L’extraordinaire histoire du Concorde.

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PARDON MY FRENCH

Pourquoi y a-t-il des accents en France ? Entendez-vous la différence entre « saute » et « sotte » ? Entre « cahier » et « poulet » ? Chez vous, on est « gaugé » quand « ça drache » ? Et le persil, l’anis, et l’encens, ont-ils des lettres muettes ? Selon la région d’où vous venez, les réponses divergent. Et ce n’est pas le fruit du hasard. Les personnes qui ont déjà déménagé le savent : le français n’est le même nulle part. La langue s’est largement standardisée, d’abord avec la fondation de l’Académie Française en 1634, qui éditera jusqu’à nos jours de nombreux dictionnaires et grammaires, puis avec l’école obligatoire de la IIIe République. Mais le français, même en métropole, résiste encore et toujours à l’uniformité.

Une histoire riche et complexe On le sait tous : le français, c’est du latin altéré par vingt siècles d’usage. Et pourtant, le latin est incompréhensible pour les francophones, à tel point qu’on est obligés de l’apprendre. C’est que l’histoire est

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plus complexe que cela : le français est, pour reprendre les termes de la linguiste Henriette Walter, « la langue romane la plus germanisée ». Et pour cause : quatre siècles d’administration romaine et des grandes migrations germaines (notamment celles

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PARDON MY FRENCH des Francs) plus tard, le français des origines, c’est du latin parlé par des Germains – des gens qui parlent une sorte d’allemand, donc. On date le français à 842, aux Serments de Strasbourg, couramment appelés « acte de naissance de la langue française ». Mais n’essayez pas de les lire, c’est parfaitement incompréhensible. Lorsque les petits-fils de Charlemagne (vous savez, celui qui a inventé l’école) prêtent serment, l’empire de leur grand-père s’étend des actuels Pays-Bas aux Pyrénées, du Cotentin à Munich. De cette histoire impériale, la cour du Roi de France gardera un principe : avoir de nombreuses langues sur son territoire, c’est avoir de nombreux peuples, c’est être puissant. Voilà pourquoi, sous l’Ancien Régime, les langues régionales ont prospéré. Elles ont aussi le bon goût de diviser un peuple qui, de fait, a plus de mal à s’organiser contre le pouvoir. Durant treize siècles, les langues régionales, c’est prestigieux, et c’est pratique. Et chaque région verra sa langue se développer et évoluer au gré des échanges avec les régions voisines.

L’uniformisation Et puis la Révolution française et ses idéaux d’universalisme entrent en scène : il faut faire de chaque Français un citoyen de la même nation, celle de la France, il parlera donc français. Mais plutôt que d’utiliser une langue qui serait à mi-chemin entre toutes (une « langue-toit »), on i m p o s e le français que l’on parle à Paris. Comme le toscan en Italie, le français est en fait un « dialecte qui a réussi », qui s’est imposé en dehors de sa zone originelle. À travers l’école de la IIIe République, on stigmatise les langues régionales, que l’on renomme « patois », alors qu’elles sont les sœurs du français standard (du moins, celles issues du Latin). C’est que les impératifs politiques ont changé : au-delà de l’idéal de l’homme universel cher à la Révolution, les Allemands s’unifient et menacent les frontières françaises.. Il s’agirait que l’on se comprenne tous une fois sur le champ de bataille ! L’urbanisation et le développement des médias de masse vont dans le même sens : le besoin d’une unité linguistique se fait de plus en plus pressant. De fait, de plus en plus d’enfants grandissent et deviennent bilingues français-patois, mais très peu se servent encore de ce dernier. Au fur et à mesure, les personnes capables de parler franc-comtois ou picard vieillissent, et leur usage se fait de plus en plus rare.

Des vestiges, et une reconstruction ? De ces langues aujourd’hui au bord de l’extinction ne restent aujourd’hui que quelques traits, quelques éléments : du vocabulaire, des expressions, des sons. Parfois, ils forment un ensemble suffisamment cohérent pour être appelé « accent », mais ce n’est que l’ombre de ce qui fût autrefois une langue à part entière, avec sa littérature et sa culture. Il semble que rien ne sera fait pour changer cet état de fait : la France reste démesurément attachée à son monolinguisme centralisateur. C’est un des huit pays d’Europe à ne pas avoir ratifié la Charte européenne des langues régionales, qui prévoit leur promotion et leur sauvegarde. Mais heureusement, pour les langues les plus éloignées (l’alsacien, le basque, le corse, le breton et l’occitan), des initiatives de sauvegarde sont en cours : écoles bilingues, signalisation bilingue, les Corses se battent même pour pour que leur langue obtienne un statut particulier, une « co-officialité ». Emmanuel Macron a répondu avec une formule dont il a le secret : « le bilinguisme, ce n’est pas la co-officialité ». Comprendre : c’est non. Et rappelant l’article 2 de la Constitution, qui dispose que « la langue de la République est le français » – cela impose que toutes les affaires publiques soient en français – la proposition est enterrée. Alors qu’il paraît plutôt logique, pour encourager le bilinguisme, de tout proposer en deux langues, non ? Cela n’a pas empêché les nationalistes corses de faire de nombreux discours en langue corse, puisqu’au fond, parler autre chose que le français n’est pas un crime. Mais en fait, la question de la langue en France est – et vous l’avez déjà compris en lisant la partie précédente – avant tout une question d’idéologie et de politique, plutôt que de culture et de pratique. Les Français sont convaincus depuis la Révolution qu’on est français si et seulement si on parle la langue des Français, et tout écart est pris comme un nationalisme concurrent ; de l’autre côté des Alpes, des Pyrénées ou du Rhin, ils ne se posent pas ce genre de questions, et tout va pour le mieux de ce point de vue-là.

Émile Delevallée

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ACCUEIL

SÉRIES TV

FILMS

PROGRAMMES ORIGINAUX

AJOUTS RÉCENTS

La montée de Netflix, est-ce la mort du cinéma français ? Bien rares sont les personnes qui n’ont jamais entendu parler de « Netflix », la fameuse plateforme américaine proposant des séries et films en flux continu. Alors oui, j’aurais pu employer le mot « streaming » mais ici nous sommes en France, nous parlons français, donc nous écrivons français monsieur – ou madame, je ne suis pas sexiste. Zut à la fin. Néanmoins, peu connaissent l’histoire de l’entreprise, et savent précisément comment tout ceci a commencé…

Netflix, l’apogée d’une succession d’échecs Narrateur : « Il était une fois, un homme brillant nommé Reed Hastings. Reed obtint en 1991 un diplôme d’IA, ou Intelligence Artificielle pour les non-initiés, à l’Université de Stanford. Grâce à la vente d’une application Unix qui lui rapporta 75 millions de dollars (ah ué quand même), il fonda Netflix en 1997 à l’aide de Marc Randolph, un développeur. Comment a-t-il eu l’idée ? Eh bien c’est très simple Jamy, Reed a reçu une pénalité de $40 auprès d’une maison de location de films après avoir rendu un exemplaire trop tard et il s’est dit qu’il y avait quelque chose à creuser dans le domaine. FIN. »

Veuillez nous excuser pour la seconde gêne occasionnée, le second narrateur a été dispensé de ses fonctions, les personnes l’ayant engagé ont, elles aussi, été licenciées. Narrateur 3 : « ET LE DRAME SE PRODUISIT. Puisque l’être humain n’est en réalité qu’un gros mouton, tous les abonnés souhaitaient, COMME PAR HASARD, regarder le MÊME FILM, en MÊME TEMPS. Ne disposant pas assez d’exemplaires différents de chaque film, Netflix a dû se résigner à changer de stratégie. – Ellipse narrative assez puissante, préparez-vous ça va vous faire un choc –

Veuillez nous excuser pour la gêne occasionnée, le narrateur incompétent que nous avions engagé a été licencié. Nous avons déniché un nouveau conteur, nous pouvons continuer cette histoire.

C’est alors qu’en 2010, Netflix lance un nouveau service : les films en FLUX CONTINU sur Internet, compatible avec ordinateur, tablette, Xbox, PS3, PS4, Wii, Wii U, le chien de ta grandmère, en bref TOUT. »

Narrateur 2 : « Ce que vous ne savez pas encore, chers lecteurs, c’est que le Netflix que vous connaissez n’a pour l’instant rien à voir avec celui dont on parle dans cet extrait. Mais ça, vous vous en serez douté puisqu’on le rappelle, nous sommes encore en 1997. En effet, Netflix était à la base un service de location de disques vidéonumériques en ligne (oui, ça veut dire "D-V-D" mais c’est plus classe de l’écrire en entier). Grâce à une réservation - en ligne -, les consommateurs pouvaient recevoir à domicile les DÉVÉDÉ (c’est mieux là ?) commandés. FIN. »

Alors là, nous ne savons vraiment pas quoi dire, nous sommes vraiment confus. L’horripilation du précédent narrateur nous a permis de le licencier (aux côtés bien sûr des personnes qui l’avaient embauché). Nous allons donc continuer le récit nousmême – en priant pour que l’on ne se fasse pas virer.

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« En 2011, Netflix commence à développer sa bibliothèque personnelle. House of Cards devient la première série originale Netflix et à cette époque, aux heures de pointe, c’est-à-dire en

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MA LISTE

KIDS

soirée, la plateforme est responsable d’environ 29,7 % du trafic Internet en Amérique du Nord (c’est assez conséquent). La signature en 2012 d’un contrat de diffusion avec les géants Walt Disney Animation Studios, Pixar Animation Studios et Marvel Studios n’a fait que booster l’audimat. Au 31 décembre 2017, Netflix compte 117,6 millions d’abonnés payants à son offre de streaming, dont 54 millions d’abonnés payants aux ÉtatsUnis. » Si vous souhaitez vous abonner à Netflix voici les tarifs – mais nous vous conseillons fortement de vous trouver un ami qui a déjà un abonnement et de lui taxer une session : •

Essentiel à 7,99 €/mois : Netflix sur un seul écran en même temps en qualité standard ;

Standard à 10,99 €/mois : Netflix sur 2 écrans à la fois jusqu’en HD ;

Premium à 13,99 €/mois : Netflix sur 4 écrans en même temps jusqu’en HD et même UHD.

Netflix Original, une attaque ouverte envers l’industrie du cinéma ? Un « Netflix Original » est un contenu produit, coproduit, ou distribué exclusivement par Netflix sur leur plateforme, à l’origine des séries House of Cards, Orange Is the New Black, Sense8, Black Mirror ou encore Stranger Things. Cependant, depuis 2016, le géant de la vidéo à la demande s’attaque au cinéma, avec des films qui sont sortis aussi bien dans les salles que sur la plateforme en ligne. Alors serait-ce signer l’arrêt de mort du cinéma français – musique de suspense, même si je ne sais pas qui c’est, pense : Ceci est une analyse personnelle, qui en aucun cas ne doit servir de sainte vérité, même si je suis un demi-dieu. Et non, je n’ai pas été rémunérée pour un potentiel placement de produit, je nierai jusqu’au bout. Analyse personnelle de ma personne : L’être humain a, en général, une fâcheuse tendance à la procrastination et à la fainéantise. Ainsi, l’idée de « regarder des films » apparaît en première position lorsqu’il faut s’occuper. La chaleur du foyer du petit être humain, son plaid bien chaud, ses M&M’s et son Coca beaucoup moins cher qu’au cinéma sont d’autant plus de facteurs permettant de trancher quand le temps est venu de

prendre une décision. De plus, l’être humain peut bénéficier de pas mal d’avantages avec ladite plateforme. Ceci est une liste non exhaustive : • Il peut essayer GRATUITEMENT la plateforme pen dant 1 mois (ça en fait des films gratuits) ; • Il est très facile de résilier ou de se réabonner ; • Il est présent sur des supports illimités (même dans les toilettes ou le placard à balais du petit être hu main) ; • Il y a une option multi-profil (pour que l’être humain puisse regarder ses séries douteuses sans être sus pecté par sa petite sœur qui cafte tout aux parents puisqu’il y a un contrôle continu pour « les kids ») ; • Il existe un système de carte cadeau, quand l’être humain n’a vraiment pas d’idée. Néanmoins ; quelques points négatifs persistent. Il faut impérativement se munir d’une connexion Internet. Si l’être humain se situe dans une zone sans couverture Internet ou mobile, ou avec un mauvais débit, par exemple dans les transports (avion, voiture, métro), ou un mauvais forfait (s’il est chez Orange) il ne pourra pas voir de contenus ou alors dans une qualité dégradée. Et il ne faut pas oublier qu’il est difficile (même avec un rétroprojecteur) de retrouver l’ambiance du cinéma qui nous fait vivre le film à son paroxysme grâce aux effets sonores qui accompagnent l’image. L’être humain a également rarement la place pour accueillir tous ses potes sur un canapé, ainsi le cinéma combat les fameuses soirées où ton coccyx te supplie de rentrer chez toi-même quand tu regardes Hawy Potta. Enfin, les films sont beaucoup moins diversifiés que les séries, il est donc plus difficile de se renouveler. Avec cette logique, Netflix s’inscrit même dans un rôle d’ambassadeur des films français : dans les autres pays, Netflix dispose dans son catalogue d’une rubrique « films français » qui permet à notre production nationale de toucher 50 millions de spectateurs. Cela a été très efficace pour certains films français qui ont été plus vus sur Netflix qu’ils n’ont fait d’entrées en salle ! Ainsi, Netflix ne serait pas la faucheuse prête à détruire cette industrie, mais serait peut-être l’opportunité pour la France d’exporter un peu plus sa culture cinématographique… À vous les studios.

LE SCANDALEUX MAG #29 – PRINTEMPS 2018

Héloïse Vittecoq

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TEST

Test : Quelle théorie du complot es-tu ? Ton meilleur ami, c’est : Une personne chiante et plate Un animal rampant Quelqu’un qui plane complètement Tu ne fais confiance à personne

Ton principal défaut : Tu es un peu voyeur Tu es complétement lisse Tu es toxique Tu as de gros problèmes de peau

Ta principale qualité :

Tu passais ton temps à espionner la voisine et son mari Tu confondais les pastilles de pesticide avec les Pez

Sous les draps, c’est plutôt : Tu fais la planche en attendant que ça se passe Toujours en levrette, pour éviter que ton partenaire ne voie ta tronche Seul, mais en écoutant les voisins en pleine action Tu fais partie du Mile High Club (les gens qui ont fait crac crac en avion)

Ta phrase préférée :

Tu as le sang froid Tu es toujours au courant de tout Tu sais garder la tête haute Tu es sûr de toi

Les scientifiques sont tous à la solde des laboratoires et du gouvernement Chuuuuut ! On nous écoute Ils sont parmi nous Mais ça se voit, ouvrez les yeux !

Durant ton enfance : Tu dépeçais de petits animaux et tentais d’enfiler leur peau Tu n’écoutais rien aux cours d’histoire/géo de Mme Béchamel

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Ton film préféré : La vie est un long fleuve tranquille Tomb Raider L’avion Suicide Squad (Killer Croc t’excite)

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Julie Sauvegrain SOLUTIONS Tu es membre de la Flat Earth Society ! La seule façon que tu aies trouvé de tromper la platitude absolue de ton existence, c’est de t’imaginer que la Terre entière était pareille. Le pire, c’est qu’on trouve des gens comme toi aux quatre coins du monde…

Tu crois à la théorie des chemtrails ! Abruti de naissance, tu as longtemps cherché qui blâmer. La génétique ? La faible distance berceau-mur ? Puis tu as eu une idée : tout vient des traînées d’avions… S’il te plaît arrête de planer et redescends sur terre !

Les œufs au plat Une pyramide de desserts De la chair humaine L’aile de raie

Ton plat préféré : Agent de la NSA Pilote d’avion Maroquinier Paysagiste spécialisé dans l’aplanissement de terrain

Ton métier de rêve, c’est : Tu es un illuminati ! Incapable de trouver un job, tu as décidé de créer un petit groupe secret pour manipuler le monde et vous gorger de pouvoir au lieu de travailler comme d’honnêtes gens. Mais dis-moi, le triangle, c’est pour compenser quelque chose ?

Tu célébrerais ta victoire avec un voyage de l’autre côté du globe Tu accuserais tout le monde autour de toi pour détourner les soupçons Tu pourrais enfin enlever ton masque à gaz, ton époux verrait à quoi tu ressembles et te quitterait Tu serais probablement pendu, lynché, exterminé par tes anciens pions

Tu es un reptilien ! Victime depuis ton plus jeune âge à cause de tes écailles et de ta sale gueule, tu n’as pas trouvé mieux que de tuer un humain pour revêtir sa peau et te cacher parmi la population. Très lâche, mais pouvait-on attendre autre chose de la part d’un lézard vil et répugnant ?

Si on nous disait tout : On ne nous dit pas tout On ne nous dit pas tout On ne nous dit pas tout On ne nous dit pas tout

Ta devise :

TEST


7 ComMent ne pas rater ses partiels ? On a beau dire, être étudiant, ce n’est pas toujours facile. La période des partiels en est un exemple typique : un moment stressant où tu dors peu, où tu bois peu et où tu travailles beaucoup. En bref, tu n’es pas du tout dans ta zone de confort ! Alors pour résister survivre à cet horrible moment, voici quelques conseils. Tu noteras soit dit en passant que ce test ne s’intitule pas « Comment réussir ses partiels ? », l’ambition c’est bien, mais il faut savoir rester réaliste. 1. N’y va pas Tu ne peux pas rater un examen si tu n’y vas pas… On commence par du facile, c’est une solution qui peut être à ta portée. Reste donc chez toi, tu seras mieux dans ton lit à mater une série plutôt que de te torturer l’esprit assis sur une chaise. Et puis, être étudiant c’est cool, alors pourquoi ne pas recommencer ton M1 l’année prochaine ? 2. Apprends... à tricher Par contre, quand je dis tricher, c’est tricher de façon efficace. Oublie tout de suite la technique du « Eh ! T’as mis quoi à la 4 ? » d’une part parce que c’est sans doute la moins discrète de toutes et d’autre part parce que ton voisin est exactement dans ton cas et que lui aussi se demande encore dans quelle langue est écrite la question. Moi je te parle d’un art, je te parle d’une étiquette de bouteille d’eau sur laquelle tout ton cours est imprimé, je te parle d’une oreillette secrète qui a la forme d’une boule Quies… À défaut d’être intelligent, sois un peu imaginatif ! 3. Fais l’impasse Pour cette technique, il ne te faut réviser qu’une seule matière : les probabilités. Tu peux être sûr d’une chose, c’est que tous les sujets ne vont pas tomber, il te suffit donc de savoir lesquels vont tomber pour briller sans te fatiguer. 4. Révise ton cours Bon alors là, on ne va pas se mentir, c’est la technique des professionnels. Je la mets au cas où, mais je me doute bien que tu ne seras pas à la hauteur… Il parait que si tu découvres ton cours (eh oui, tu as un cours) plus d’une semaine avant les partiels, la probabilité d’obtenir une note positive à l’épreuve augmente de 30 %. Ce n’est pas grand-chose je te l’accorde, mais tu sais comme moi que ton résultat aux exams sera surtout dû à un coup de bol. 5. Aie de la chance L’ultime solution : avoir un bon karma. Si pendant un mois tu ne croises pas de chat noir, si tu n’es jamais passé sous une échelle et si tu n’as pas cassé de miroir les sept dernières années, il se peut que tu aies quelques points aux partiels. Utilise la technique dite du « PIF » lors des QCM et celle du « blablatage » pour les épreuves plus rédactionnelles et tu verras, ça va bien se passer !

Les cheveux po ussent plus vite chez les fe mmes que chez les hommes. Oui tu n’en as rien à fa ire mais tu le retiend ras sûrement m ieux que ton cours de microéconomie !

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Marin Duclos


HOROSCOPE Bélier / Twix

Vénus et Saturne ont créé un conflit interne entre la partie droite et gauche de ton corps. Ton cœur de caramel n’aide en rien à sa résolution.

Cancer / Cigarette en chocolat

Tu as tout essayé pour arrêter de fumer mais les astres ont décidé que c’était ta destinée. Alors fais toi plaiz, tu es condamné de toute façon.

Balance / Chamallows

Gros, mou, sans saveur : voilà comment les autres te qualifient. Jupiter te met en garde, mais nous te conseillons le chalumeau.

Capricorne / Carambar

Tu as un handicap dans la vie : ton physique ingrat. Alors arrête de coller tout le monde comme ça, c’est assez gênant…

Taureau / Fraise Tagada

Félicitations, tu es le bonbon préféré de 33% des français. Mais je serais toi je ne me réjouirais pas trop vite parce que tu seras comme toujours exploité à des fins douteuses.

Lion / Barre chocolatée Lion

À force de rugir, tout le monde te fuit. L’alignement d’Uranus et de Mercure t’aidera à trouver le bon chemin : celui de la solitude.

Scorpion / KitKat

Gémeaux / Dragibus

Tu es petit, tu es coloré, mais tu te fais manger tout cru à la wmoindre occasion. Révolte toi ou tu finiras comme tous tes compatriotes dans le bide d’un enfant de 8 ans hyperactif.

Vierge / Nounours guimauve

Certes, tu es attendrissant et mignon sous tes airs de petit ourson, mais le monde n’est pas dupe. La fourberie cachée derrière ta niaiserie sera révélée au grand jour.

Sagittaire / Crocodile

KitKat, tu craques : ce semestre s’annonce pour toi lourd en nervous breakdown. Les astres se sont réunis pour te gâcher la vie et le moral. Sois fort.

Ah les crocrocro, les crocrocro, les crocrodiles, sur les bords du Nil ils sont partis, n’en parlons plus ne reviendront plus parce qu’ils sont insupportables et mal aimés. Et méchants. Comme toi.

Verseau / Schtroumpf

Poissons / N’importe quoi, à la réglisse

Tu es bleu, un tantinet coco avec ton chapeau rouge, et tes idées révolutionnaires insufflées par Mars vont te causer de bien vilains tours.

Déjà que ton genre fait débat (« du » ou « de la » réglisse, sauf que c’est une plante donc « de la »), le reste ne va pas beaucoup t’aider. Tu dégoûtes tous les moins de 68 ans.

Héloïse Vittecoq LE SCANDALEUX MAG #29 – PRINTEMPS 2018

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