Le Scandaleux Mag' 25 – Hiver 2017

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« TOUTE PERSONNE QUI PENSE FORTEMENT FAIT SCANDALE » BALZAC

LE MAGAZINE DES ETUDIANTS LILLOIS #25 - HIVER 2016

DOSSIER :

NE PAS JETER SUR LA VOIE PUBLIQUE. NE LE JETEZ PAS DU TOUT, TRANSMETTEZ LE À VOS ENFANTS

Les nouvelles façons d’aimer au 21ème siècle

Actu : Des dictateurs, du sport et de la peur

Divertissement : Test, horoscope et amour lescandaleuxmag.fr


EDITO Chère lectrice, cher lecteur, L’année 2017 commence sur les chapeaux

mais également proche de vous, les étudiants.

de roue : à peine les élections présidentielles

Car 2017 sera sans doute, pour vous, l’année

américaines se sont-elles terminées par la sur-

de l’amour ! Peut-être aurez-vous le coup de

prenante victoire de Donald Trump que c’est

foudre pour un bel Apollon ou pour une jolie

la France qui s’engage dans la frénésie électo-

demoiselle en rentrant de soirée. Peut-être

rale. Comme tous les cinq ans, le pays va vivre

parviendrez-vous à vous mettre en couple. Et

au rythme des candidats, des interviews et des

peut-être, soyons audacieux, réussirez-vous à

débats. Vous l’aurez compris, 2017 va être une

réinventer votre vision de l’amour et à dévelop-

année intense, splendide, mémorable.

per de nouvelles façons d’aimer !

Mais trêve de discours politique, le Scandaleux

C’est pourquoi en ce début d’année où la gri-

est là pour vous sortir de l’info quotidienne en

saille lilloise sévit, il faut sortir, plus que jamais :

vous proposant un contenu que l’on souhaite

faire des rencontres, du sport, parler, échan-

inattendu, décalé,

ger, arpenter notre belle capitale des Flandres, et s’éloigner des sentiers battus. De la beauté à la prospection futuriste, en passant par un portrait de notre cher Kim Jong-un, il y en a pour tous les goûts dans ce magazine. On espère que vous trouverez votre bonheur en le parcourant ! Scandaleusement vôtre, Léo-Pol Charra Rédac’ Chef

Directrice de la publication : Lucie Prudhomme Rédacteur en chef : Léo-Pol Charra Mise en page : Émile Delevallée, Christine Chow, Aude Cormerois, Tiphaine Gerondeau 2

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SOMMAIRE Société :

Les canons de beauté, hier et aujourd’hui

p. 4-6

DOSSIER : LES NOUVELLES FAÇONS D’AIMER Amour, toujours Reproduction sociale : rien de nouveau sous le soleil Les sites de rencontres, cet univers impitoyable

p. 8-9 p. 10-11 p. 12-13

Real life ? Just fantasy ? Et si nous vivions dans un paradis virtuel ? Croyez-vous au surnaturel ?

p. 14-15 p. 16-17

Politique, bonheur et foot : Faut-il craindre Kim Jong-un ? Être heureux aujourd’hui Du pain et des hors jeux

p. 18-19 p. 20-21 p.22-23

Test : Quand auras-tu ton premier enfant ?

p. 24-25

Divertissement : Guide de survie étudiant Horoscope

p. 26 p. 27

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SOCIÉTÉ

Les canons de beauté, hier et aujourd’hui

«N

e mange plus de petit déjeuner, ne mange que de la salade au déjeuner et bois de l’eau tous les soirs jusqu’à la finale. » C’est le conseil que le présentateur du concours de beauté Grand International, aux États-Unis, a donné à Miss Islande 2015. Cette dernière a donc claqué la porte (parce que eh oh, faut pas pousser). Preuve que la « beauté » oscille de plus en plus entre diktats implacables et émancipation bienvenue.

Natural is so chic

prouver que même sans maquillage, les femmes sont belles.

En juin dernier, la chanteuse Alicia Keys annonçait qu’elle renonçait au maquillage. La raison ? Elle est devenue si « dépendante » de son fond de teint et de son trait d’eyeliner qu’elle n’arrive plus à sortir sans. Afin de s’affranchir de ce complexe, elle décide d’abandonner le maquillage et de revenir à une beauté plus authentique. Le #NoMakeUp est loin d’être généralisé, mais il prend de l’ampleur. Des stars et des instagirls (si si, Vogue dit que ce mot existe) postent des photos d’elles so natural à la sortie d’une salle de sport ou au saut du lit pour

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Au-delà du maquillage, c’est la femme avec ses « imperfections » qui est célébrée. Sur le modèle du compte Instagram Love your Lines sur lequel les femmes postent des photos de leurs vergetures, d’autres n’hésitent pas à montrer leur cellulite. Leur mot d’ordre : tu es belle comme tu es, leur hymne : une ode à la diversité. Rien d’étonnant alors à ce que Photoshop soit sous le feu des critiques : en quelques clics, les femmes sur les couvertures de magazine passent

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SOCIÉTÉ du simple « Salut je prends soin de ma peau » à « Salut on a effacé tous mes boutons ».

XL is the new size

« taille fine et poitrine généreuse » dans les années 1950, le mannequin de luxe Twiggy consacre le look androgyne la décennie suivante. L’anorexie commence à toucher de plus en plus de femmes à partir des années 1970. Puis les années 1990 voient arriver Kate Moss et sa silhouette brindille qui marquent une nouvelle étape dans la fashion industry : mannequins de tous les pays, soyez osseuses ! Parallèlement, des top modèles combinant corps élancé, membres athlétiques et formes voluptueuses connaissent une ascension fulgurante.

Pour répondre aux revendications croissantes d’une clientèle qui ne se reconnaît pas toujours dans les enseignes de prêt-à-porter, des mannequins plus size commencent à émerger, à l’instar d’Ashley Comment expliquer les contradictions entre des mentaGraham et de Tess Holliday. Les lités qui évoluent vers plus de tolérance et des référents remarques sur le poids, bien qu’enculturels toujours aussi malsains ? En fait, beaucoup de core trop présentes, sont de moins jeunes femmes vont se positionner contre les diktats aben moins acceptées dans la société. surdes de l’apparence, criant haut et fort que les formes D’ailleurs, pour lutter contre Candice Huffine c’est sexy, mais devant leur miroir, elles auront le réflexe l’idéalisation de pour Pirelli de vérifier leur tour de taille ; et si par malheur il leur arl’anorexie vérivait de ne plus rentrer dans leur jean, oh my gawd, elles hiculée par les marques et les mése jetteraient prompto sur les régimes. Sommes-nous dias et entretenue par les plus dures envers nous-mêmes ? Oui. Sommes-nous réseaux sociaux (avec par hypocrites envers les autres ? Oui. (Oui, mytho pas !) exemple, l’effrayante tendance Comme si le « surpoids » d’une telle rendait les minces messages du thigh gap), les plus minces et les moins minces moins seules. Les dénonçant les méfaits de l’extrême femmes ont tellement intériorisé ces idéaux de beauté maigreur se multiplient, tandis que les qu’il leur est devenu difficile, voire impossible, de campagnes mettant à l’honneur un rapport s’en détacher : elles ont beau savoir qu’ils sont taille-hanche plus réaliste sont applaudies (on irréalistes, y renoncer est contre-nature. pense à Candice Huffine dans le calendrier Pirelli). Et pour prendre le contrepied des Le culte de l’image est poussé à un mannequins ultra-minces qui peuplent point tel que le moindre défaut les défilés et les catalogues de mode, est scruté à la loupe – et éliminé on n’hésite pas à ériger des stars oh en 2spi. L’année dernière, RARE Digiso curvy en nouveaux modèles (coucou tal Art, une agence new-yorkaise spéBeyonce !). cialisée dans la retouche photo pour des Ces nouvelles tendances sont-elles clients comme Vogue ou H&M, a posté une Victoria’s Secret en train de produire de nouveaux cavidéo sur YouTube montrant comment effacer les nons de beauté ? Pas si sûr. Les traditionnels dikdéfauts du visage. La vidéo a été visionnée plus de tats sont ancrés dans nos idéaux sociétaux, et bien 6,6 millions de fois. Là encore, les femmes savent que décidés à le rester. les photos sont retouchées, pourtant elles n’en sont pas moins attirées par cette perfection impossiblement lisse.

Toujours plus mince…

Malgré de timides avancées en matière de beauté plurielle, les critères traditionnels dominent au sein de la population. Les mannequins « taille zéro » peuplent les défilés des grands créateurs, et les paillettes – illusoires – du monde de la mode font rêver de nombreuses jeunes filles, qui n’hésitent pas à suivre des régimes drastiques pour rentrer dans du 32-34. D’ailleurs, tous les étés, les magazines appellent à mincir avant la redoutable « épreuve du bikini ». Ces régimes n’en portent pas toujours le nom, puisqu’ils sont souvent appelés « Desserts à moins de 100 calories » ou « J-30 avant la plage : c’est l’heure de se remettre au sport ». Mais comment est né le culte de la minceur ? Si la Renaissance puis le XIXème siècle exaltaient les femmes bien en chair, les rondeurs sont définitivement abandonnées au XXème siècle. Tandis que Marilyn Monroe lance l’idéal

La femme fatale Séductrice, mystérieuse… mais surtout « sexuellement insatiable », la femme fatale est omniprésente dans les publicités. Cette figure féminine, qui existe depuis longtemps mais qui n’a jamais été aussi exaltée, a la particularité d’accorder une place de choix à la gent masculine, puisque la femme oh so sexy doit plaire à l’homme. Trop souvent, elle est présentée comme un objet de convoitise réduit à ses atouts physiques. La femme fatale institue de

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SOCIÉTÉ Focus sur la virilité des hommes (ou le mythe du mâââle) Les hommes aussi sont régis par des diktats de beauté. Depuis la nuit des temps, l’homme viril fait office de référence pour les adolescents occidentaux. Chez les Grecs et les Romains, « un homme, un vrai », c’était un homme qui accumulait les exploits guerriers et les exploits sexuels. Depuis, il s’est un peu calmé : le Moyen Âge a douché les chauds lapins en imposant une morale religieuse stricte (« Aux orgies et à la sodomie tu renonceras – par contre la guerre et le sang t’iras à fond ! »), avant que la Renaissance et les Lumières ne déferlent avec leur lot de gentilshommes : un peu de raffinement dans ce monde de brutes, parbleu ! À partir de la fin du XIXème siècle, dans un contexte de guerre coloniale, le mythe du héros fait un retour fracassant. L’homme doit être brave, fort et autoritaire ; c’est le soldat qui amène la victoire, c’est le mec baraque qui assoit sa domination (souvent sur la gent féminine). Mais après les guerres mondiales, les hommes brisés et les femmes de plus en plus actives portent un coup au mythe de la virilité. Depuis quelques décennies, la figure du « mâle » (du « mâle alpha » si tu veux pousser) est revenue : le mâle est fort physiquement, ferme moralement, performant sexuellement – et il possède un petit côté dominateur. Les années 2000 ont vu cette obsession se développer à travers les héros de films (et vas-y qu’j’te fasse un gros plan sur son six pack !) et les personnalités du monde du sport. Bien sûr, des évolutions sociétales, au premier rang desquelles le mariage gay, ont introduit de nouveaux archétypes comme l’homme androgyne ou l’homme mince (les mannequins hommes anorexiques sont moins médiatisés mais existent), mais à ce jour, c’est encore le mâle traditionnel qui est le modèle culturel dominant. nouvelles normes où la limite entre beauté et sexualité disparaît, comme si une femme belle devait être une femme sexy. Nous vivons dans un monde d’illusion graphique où les affiches satinées habituent notre œil à ne voir que des corps « parfaits », si bien que le reflet que nous renvoie notre miroir nous paraît toujours imparfait. Mais si la perfection est la norme, l’imperfection est la normalité. Or, la société de l’apparence, affublée de son fashion system et de ses réseaux sociaux, a précisément fait de cette perfection la définition de la beauté. Dès lors, nous avons beau nous raisonner, nous subissons implacablement ces injonctions appelant à avoir un « corps de rêve ». L’enjeu est d’essayer de retourner la tendance, et donc de consacrer la normalité et l’imperfection en standards de beauté alternatifs.

Les Coréennes, Barbies 2.0. Nous parlons ici des critères occidentaux. Or, sachez qu’à l’autre bout du monde, l’homme beau est l’opposé de M. Muscles. En Corée du Sud, pays de pointe en matière de cosmétiques et de mode, les chanteurs de boysbands représentent un idéal de beauté loin de ce que l’on connaît ici. Ils sont minces, imberbes et so cute. Oh, et ils se maquillent. Les Coréens, hommes et surtout femmes, accordent une telle importance à la peau qu’ils s’appliquent une dizaine de soins par jour – en plus de passer sous le bistouri. Selon les études, entre 20% et un tiers des Coréennes auraient déjà eu recours à la chirurgie. La pratique est maintenant profondément ancrée dans les mœurs puisqu’il n’est pas rare pour les mères d’offrir à leurs filles un rendez-vous chez le chirurgien. D’ailleurs, les Coréens ne disent pas « chirurgie esthétique » mais

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« chirurgie de reformation » (semantics, semantics…). Cette tyrannie de l’image aboutit à une uniformisation des physiques sur le modèle de la poupée aegyo : une sorte de femme-enfant, petite (pas plus d’1m70), longiligne, avec de grands yeux, la peau pâle et un visage en forme de cœur. Pour comprendre ce phénomène, il faut s’intéresser à la société coréenne : dans un pays où 70% des chefs d’entreprise considèrent le physique comme un élément déterminant du recrutement (#choquéetdéçu, je sais), où la conformité et le mimétisme sont des pierres angulaires fondées sur la pression familiale, amicale et professionnelle, et où « tout le monde l’a fait sauf toi » (message publicitaire des cliniques de chirurgie), résister à ces canons de beauté semble difficile.

Beauty across the world Les standards de beauté peuvent être très différents à travers le monde. Dans des pays africains comme la Mauritanie ou le Nigeria, plus les femmes sont grosses, plus elles sont désirables. En Amérique du Sud, les femmes bien en chair sont valorisées. En Chine, au Japon et en Thaïlande, on fuit le soleil comme la peste pour conserver une peau blanche. Cependant, les standards occidentaux étendent leur influence. De nombreuses Japonaises et Coréennes se débrident les yeux pour ressembler aux Européennes. Au Brésil, pays connu pour ses top-modèles, la forme « guitare » a longtemps été la norme, mais elle est en passe d’être détrônée par le modèle occidental classique. Que dire également des femmes qui s’éclaircissent la peau dans toute l’Asie ?

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Christine Chow


DÉCOUVERTE

ou La Web TV du Scandaleux La WebTV c’est quoi ? Simplement une autre manière de voir l’actualité ! Notre équipe d’apprentis reporters se lance à la rencontre des Lillois pour s’immerger dans leur quotidien. Concerts, conférences, interviews et microtrottoirs : savourez l’ambiance de la métropole lilloise sous ses différents aspects !

CDTB n°56 – Microtrottoir Halloween Lille Plutôt zombie ou momie ? Vampire ou loup-garou ? Halloween est une fête pour se déguiser, manger des bonbons, faire des farces mais surtout pour faire peur et se faire peur ! La Web TV est allée à la rencontre des Lillois pour voir ce qu’ils pensaient de cette fête aux origines anglo-saxonnes et surtout comment ils la célébraient. Du costume de lézard au vieux sac poubelle, les lillois ont montré que, bien que souvent considérée comme commerciale, la nuit du 31 octobre restait un bon moyen de s’amuser et de partager un bon moment. CDTB n°57 – Microtrottoir Élections USA Vous avez été abasourdis par l’étonnante victoire de Donald Trump et vous vous demandez quel est l’avis des Français ? Que pensent-ils du futur président des États-Unis ? Donald Trump aurait-il eu le même succès en France ? Notre microtrottoir sur les élections présidentielles américaines vous permettra de découvrir ce que vous, Lillois, pensez de l’élection de ce président inattendu, habitué des dérapages et propos déroutants !

CDTB n°58 – Salon des Envies Culinaires Chocolats, charcuteries, tapenades et même insectes : notre équipe a tout testé pour vous au salon des Envies Culinaires ! Ce salon a lieu tous les ans à Lille. On y trouve aussi bien la tradition des produits du terroir et les bons petits plats de la région que le futur de la cuisine, innovations détonantes, techniques innovantes et autres prises de risque absolument étonnantes. Entre insectes façon « gâteaux apéros » et gésiers de canard à l’ancienne, spécialités lilloises et cuisine du Sud, il y en a pour tous les goûts !

Pour plus de vidéos, RDV sur notre site : www.lescandaleuxmag.fr ! LE SCANDALEUX MAG #25 - HIVER 2016

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DOSSIER

Amour, toujours Au centre de l’attention depuis des millénaires, voire depuis le Big Bang, l’amour préoccupe. Pourquoi, me direz-vous ? Pourquoi accorder à cette... « chose » que l’on peine à définir, à ce sentiment si complexe, une importance si particulière ? Aujourd’hui, « trouver l’amour » est perçu comme un objectif à atteindre ; il semble même que ce soit une quête commune à tout être humain normalement constitué, motivée par le besoin d’aimer et celui d’être aimé en retour. Joie pour les entreprises qui en profitent pour en faire leur business : rares sont aujourd’hui les personnes n’ayant jamais eu affaire à un site de rencontre ou ne côtoyant personne qui y aurait eu recours. De Tinder à AdopteUnMec en passant par Meetic, il y en a pour tous les goûts ! Certains se sont même spécialisés afin de mettre en relation des personnes partageant un même culte ou une même religion comme Mektoube (Islam), Jdream (Judaïsme) ou Jetunoo (Christianisme). Les puristes diront que ces sites et applications gâchent la spontanéité et le naturel d’une rencontre, qu’ils prônent le fantasme d’un amour idéal et inaccessible. Alain Héril, sexothérapeute, explique qu’en mai 1968, le couple était considéré comme objet d’oppression sociale. Pour le contrer, hommes et femmes tentaient d’établir un nouveau type de relation, dans laquelle chacun aurait la place d’évoluer comme il l’entendrait, mais où le risque et l’échec étaient envisageables. Les sites de rencontre ont changé la donne. Avec Internet, nous revenons en partie à une image traditionnelle, plus figée, de l’amour. En effet, Internet a radicalement changé notre façon d’envisager la rencontre et le discours amoureux, que nous soyons inscrits ou pas sur les

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réseaux. L’échec n’est plus permis ; nous espérons trouver la personne qui finira sa vie à nos côtés et évaluons la durabilité d’une relation potentielle grâce à un échange artificiel. Mais tout ceci ne constitue qu’un jeu de dupes, car lors du retour à la réalité, la confrontation avec l’autre ne peut être que décevante. Nous faisons face à une désillusion, à une déception, car il y a des détails que l’on ne repère pas derrière un écran : le son de la voix, les odeurs, les mimiques, les imperfections qui pourtant font tout le charme d’une personne. Nous nous retrouvons démunis et sommes dans l’incapacité de nous projeter. L’image fantasmée de l’autre a pris une telle ampleur que la dimension érotique et le désir se réduisent à ce qu’Internet veut bien nous laisser voir. De ce fait, l’absence de charge érotique pénalise les couples issus de sites de rencontre, selon Alain Héril. Bien souvent, ils ne parviennent pas à être épanouis sexuellement. Qui plus est, la plupart des personnes ne peuvent réduire leurs attentes et aspirations amoureuses aux cases d’un site. D’autres, au contraire, développent la frénésie de jouer, deviennent accros aux sites et sélectionnent, manipulent puis jettent les autres utilisateurs à leur guise. Ce phénomène est de plus en plus constaté là où on ne l’attendait pas forcément : sur ce marché de l’offre et de la demande, on observe un renversement des rapports de force. Les sites de rencontre deviennent un harem pour les femmes. Alain Héril explique notamment

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DOSSIER

L’amour platonique est-il possible ? L’engouement pour les sites de rencontre en témoigne, nos sociétés ont rarement été autant hypersexualisées. A l’heure où nous confondons souvent sentiments et sexualité, il semble légitime de se poser la question : peut-on s’aimer sans jamais faire l’amour ? Selon Pascal Sutter, docteur en psychologie, il est évidemment possible d’aimer sans faire l’amour ! Près de la moitié des couples de plus de 70 ans vieillissent ainsi et c’est le cas d’autres personnes plus jeunes. Sur les forums qui leur sont dédiés, ils se surnomment les « A », comme asexuels, souvent perçus à tort comme malades, frustrés ou en attente de la bonne personne. Le fait est que, le sexe ne les intéresse tout bonnement pas ; car être asexuel signifie que l’on ne ressent pas le besoin ou l’envie d’avoir des relations sexuelles avec les autres. Ils n’éprouvent pas de dégoût pour le coït en lui même, ni de peur particulière mais simplement une vraie distance qui ne s’explique pas, comme on ne saurait expliquer le manque d’intérêt de certains pour les bananes (ce fruit étant bien sûr pris tout à fait au hasard). Un asexuel peut tout à fait éprouver des sentiments amoureux par ailleurs. Parce que – et c’est là toute la complexité de l’asexualité – beaucoup de ceux qui s’en disent atteints assurent également pouvoir aimer et rêver de couple. Être attiré sexuellement et tomber amoureux d’une personne sont deux choses bien différentes (même si chez la majorité des gens, elles sont simultanées).

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Hormones, molécules, gènes, on est très loin du romantisme. L’Homme est programmé pour tomber amoureux, et ce pour des soucis de prolongation de l’espèce. C’est d’ailleurs pour cela qu’il nous est quasiment impossible d’expliquer nos choix ! Alors bon, on va récapituler et vous donner de manière très exhaustive la liste des ingrédients pour fabriquer un philtre d’amour. Il vous faudra : – Une pincée de phéromones (molécules invisibles produites par des glandes), pour la compatibilité – Un zeste de dopamine (neurotransmetteur agissant sur plusieurs processus physiques et psychologiques), pour la motivation et l’envie de se reproduire – Un soupçon d’endorphine, pour un sentiment de bien-être que l’on ne veut pas interrompre – Pour finir, un peu d’ocytocine, qui rend totalement dépendant En fait, la dopamine, l’endorphine et les phéromones sont synthétisées depuis des années. Mais avant de pouvoir faire un philtre d’amour, il faudra attendre que l’on sache synthétiser l’ocytocine au même titre que l’endorphine ou les phéromones. Alors, tu seras libre d’assouvir tes désirs d’emprise (et de volonté shōkōgun », de créer un réel philtre ou « syndrome d’amour). du célibat », un phénomène qui pourrait bientôt s’étendre à tous les pays développés. En effet, à travers l’Asie urbaine, l’Europe et l’Amérique, les gens se marient plus tard, voire pas du tout, les taux de naissance s’écroulent, et les foyers à un seul habitant se font de plus en plus nombreux. On peut également noter qu’en France, l’asexualité fait de plus en plus parler d’elle, et il existe même une journée de l’asexualité, le 26 avril. En 2004, 1 % de la population déclarait ne pas désirer de relations sexuelles avec autrui et ce chiffre est sûrement plus élevé aujourd’hui.

En

qu’on pourrait croire que les hommes viennent pour le sexe et les femmes pour le sentiment. Cependant, c’est souvent l’inverse, par désir inconscient de vengeance généré par de précédents échecs. Mais il est presque impossible pour un homme de s’aventurer sur le chemin de la sensibilité sans rencontrer d’encombre. « Il est très compliqué d’avouer une calvitie naissante, un âge avancé ou des revenus trop faibles, alors ils mentent », affirme Alain Héril. Selon lui, ces sites « hystérisent » nos relations en avançant une promesse de sexualité sans le passage à l’acte.

Héloïse Vittecoq

Un site leur est dédié, Asexuality.org, dans lequel est notamment soulignée la différence avec les abstinents ou les asexués. Premièrement, les abstinents se privent de sexe, souvent pour des croyances personnelles ou religieuses, alors que les asexuels n’en ressentent pas le besoin. Deuxièmement, il n’y a pas d’être humain asexué. On parle de reproduction asexuée pour un organisme capable de se reproduire sans relation sexuelle et sans partenaire comme les bactéries par exemple. Or, dans la situation actuelle (puisque nous ne pouvons pas encore être clonés), nous sommes encore obligés de mélanger nos petits gamètes pour faire des bébés. Au Japon par exemple, une grande partie des jeunes sont asexuels. Ils ont tendance à éviter toute forme d’intimité et rejettent l’engagement et le mariage au plus haut point. Les médias japonais appellent cela « Sekkusu shinai

Eternal Sunshine of the Spotless Mind (Michel Gondry, 2004)

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DOSSIER

Reproduction sociale : rien de nouveau sous le soleil Il y a 52 ans paraissait Les Héritiers, les étudiants et la culture de Jean-Claude Passeron et Pierre Bourdieu. Vivement critiqué depuis pour le déterminisme qu’il pointait du doigt, cet ouvrage est resté néanmoins un pilier incontournable de la sociologie moderne. Si la procréation ne semble plus se faire par la reproduction du capital mise en lumière par Karl Marx, cette dernière était toutefois censée diminuer avec l’accès d’une partie considérable de la population française à l’enseignement supérieur. Dans l’idéal républicain, les frontières entre classes sociales devaient s’estomper avec pour trame de fond l’accès à l’université déterminé au mérite. Nous délaisserons ici la partie politique sur les dysfonctionnements de l’école pour nous concentrer sur la recherche du conjoint dans une nouvelle configuration de la rencontre de l’âme sœur. Un nouvel espoir ? D’après une étude de l’Institut National d’Études Démographiques de février 2016, les jeunes de 26 à 30 ans étaient 29 % à déclarer utiliser des sites de rencontre en 2013, contre 19 % en 2006. Chez les 31-35 ans, cette proportion est passée de 13 % à 21 % sur la même période. Que montrent ces chiffres ? Statistiquement, il est de plus en plus probable de trouver son âme sœur sur internet, alors qu’en 1980 toujours selon la même étude, les français étaient moins de 2 % à utiliser des moyens similaires (agences matrimoniales, annonces). Ceci augmente théoriquement les chances de trouver son âme sœur dans un autre milieu que le sien, selon le jeu des cinq photos de profil ou sa description générale. Une autre façon de discriminer, mais cette fois seulement ceux qui ne correspondent pas aux critères physiques appréciés de notre époque, et non plus ceux qui proviennent de familles moins aisées, pourrait-on croire. On pourrait penser que faire des études change fondamentalement la donne. En effet, à l’université, les chiffres évoluent de façon très positive. En 2013, 60 % des 20-24 ans avaient fait des études, contre 32 % de la génération des 45-49 ans. Aujourd’hui, les étudiants n’ont jamais été aussi nombreux (tout cela selon l’enquête annuelle du gouvernement). L’université est un géant vivier où l’on partage maintenant non seulement son appartenance sociale mais aussi les mêmes cours, les mêmes galères administratives, les mêmes professeurs qui nous inspirent, les mêmes activités et intérêts. Ceci semblerait aider à lutter contre cette reproduction sociale qui irrite tant nos amis sociologues. Enfin, qui dit accès à l’université dit concentration des étudiants dans les mêmes villes (on pense à Lille ou Montpellier connues pour leur Nightlife et leur population très jeune). Bref, tout est fait pour favoriser les rencontres interculturelles et intersociales. Pourtant, rien n’y fait.

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DOSSIER Le sexe peut parfois dépasser les barrières sociales, l’amour non La sociologue Teresa Himbert note que : « Désormais, une rencontre Tinder se rapproche d’une rencontre conventionnelle qui se réalise au travail, ou par l’entremise d’amis communs. Le schéma de reproduction sociale par une rencontre Tinder était déjà possible grâce aux cinq photos de profil qui permettaient de faire passer l’essentiel de son positionnement socioculturel. Avec la profession et le parcours académique, on boucle la trinité du conditionnement social. » Il semblerait donc qu’il y ait trop d’informations fournies sur le profil Tinder pour permettre un réel dépassement des barrières sociales. Et même si la première rencontre peut être fondée uniquement sur l’apparence et qu’elle peut se finir dans un lit, le fait de ne pas être dans le même « cercle d’amis » amoindrira la relation et celle-ci ne durera souvent que peu de temps. Ceci est permis par la banalisation générale de toutes les rencontres sur internet, où finalement la personne avec laquelle on pense sérieusement construire quelque chose devient une exception.

notamment la thèse de Michel Bozon et F.Héran dans Apparence physique et choix du conjoint. Ils expliquent entre autres que : « La demande d’hommes plus grands est particulièrement forte chez les femmes cadres, professions intermédiaires ou employées de bureau, de même que la demande d’hommes minces. Cette revendication est moins marquée chez les agricultrices et les ouvrières, où la demande d’hommes « forts » (ou l’indifférence à la silhouette) est proportionnellement plus importante que dans les groupes aisés. De même, le désir d’hommes bruns est relativement faible dans les groupes populaires, alors que les employées de bureau et les intermédiaires du secteur privé sont très demandeuses. Les traits physiques […] s’unissent à la taille, à la silhouette et éventuellement à la couleur des cheveux pour composer des types physiques bien différenciés qui se répartissent de façon très inégale selon les groupes sociaux ».

Marie-Cécile Clouet

Si les nouvelles configurations sociales semblaient bouleverser l’affirmation de Jean-Claude Kaufmann dans Sociologie du Couple : « N’importe qui n’épouse pas n’importe qui parce que n’importe qui ne rencontre pas n’importe qui », ceci est confirmé de nouveau, même au vu des changements de notre société qui paraissaient si prometteurs. Le milieu universitaire reste toutefois segmenté, avec un nombre plus important d’enfants de milieux moins aisés dans les filières dites « sociales » ainsi qu’une majorité de filles – les classes préparatoires et les études d’ingénieurs comptant un nombre supérieur de personnes de milieux favorisés et une majorité d’hommes. Dis-moi ton style de mec et j’te dis de quel milieu tu viens Si la tendance est à penser que l’amour vient de quelque chose de sombre et inexplicable, lié en majorité à une attirance physique, rien n’est plus faux. Car ce qu’on trouve beau dépend aussi de notre position sociale. C’est

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DOSSIER Happn française ier Rappa- Star t-up 14 par Did 20 en e éé bien Cohen - Cr Fa et n y Cohe s dans le ur port, Anton te sa ili ions d’ut ns des da - 23 mill t en m incipale s, Sao re nd monde, pr Lo lles (Paris, grandes vi e Paulo…) le sous form t disponib - Seulemen sur l’App Store ou n d’applicatio Google Play

L

a Saint-Valentin approche et vous n’avez pas encore trouvé votre âme sœur… Un de vos premiers réflexes va sans doute être de vous tourner vers un site ou une application de rencontre. De Tinder à AttractiveWorld, vous avez l’embarras du choix ! Au sein de ce marché ultra-concurrentiel, les entreprises doivent se battre pour avoir le plus d’utilisateurs possible. Aspects techniques, stratégies marketing… Le Scandaleux est parti à la rencontre de Claire Certain, membre de l’équipe de l’application Happn pour vous faire entrer dans les coulisses d’une application de rencontre. Déjà en 2014, on pouvait trouver des centaines d’applications de rencontre sur l’App Store. Dans ce contexte-là, comment vous est venue l’idée de créer Happn ? Même s’il y avait déjà beaucoup d’applications, les fondateurs de Happn ont identifié un manque sur le marché : aucune application ne prenait en compte à la fois la dimension de temps réel et la localisation. Par ailleurs, les rencontres via les applications restaient trop virtuelles : avec Happn, qui est la seule application à offrir l’hyper-localisation en temps réel, vous pouvez retrouver ceux que vous croisez dans la rue. Cela permet de remettre « la vraie vie » au cœur de l’application et de l’expérience de nos utilisateurs.

Avoir une idée, c’est bien, mais encore faut-il pouvoir la concrétiser…Quelle est la stratégie que vous avez adoptée pour vous faire une place sur le marché des applications et des sites de rencontre ?

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Le fait que la qualité de l’expérience client Happn et les fonctionnalités que proposent l’application soient de bonne qualité nous a permis de bénéficier d’un boucheà-oreille très positif et d’attirer de nouveaux utilisateurs. Nous communiquons également beaucoup sur les réseaux sociaux – principalement sur Facebook et collaborons avec de nombreux influenceurs. De même, nous sommes très actifs en termes de relations presse : nous alimentons les journalistes de tous les médias nationaux des pays dans lesquels nous opérons.

Une application, cela reste une entreprise qui doit dégager des bénéfices. Quel est le business model que vous avez choisi de suivre pour être rentable ? Happn

repose sur freemium :

un

modèle

l’accès et le téléchargement de l’application sont gratuits et seules certaines fonctionnalités sont payantes. Depuis peu, Happn commercialise des espaces publicitaires auxquels seuls sont exposés les utilisateurs qui n’achètent aucun service additionnel. C’est une façon de monétiser les clients qui ne paient pas et de garantir l’accès gratuit, ainsi financé par la publicité. Nous avons

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DOSSIER à cœur d’intégrer ces publicités de façon contextualisée pour ne pas perturber l’expérience et la navigation de nos utilisateurs ; par exemple, les publicités apparaissent au format d’un profil dans la timeline des utilisateurs. Pour l’instant, Happn continue son développement et l’entreprise n’est pas encore rentable, nous devrions l’être à l’horizon 2017.

Vous avez beaucoup insisté sur le fait que l’originalité d’Happn repose en grande partie sur l’hyperlocalisation. N’y a-t-il pas des risques associés à cette fonctionnalité ? Comment faites-vous pour éviter les dérapages (stalking, etc…) et garantir la sécurité de vos utilisateurs ? Dans une certaine mesure, on pourrait dire que rencontrer quelqu’un sur Happn est plus sécurisant qu’une interaction dans la rue ! Pourquoi ? Parce que Happn indique la position relative (c’est-à-dire par rapport aux autres utilisateurs) d’une personne dans un rayon de 250 mètres sans autre précision d’orientation, ce qui constitue un périmètre suffisamment large pour éviter tout « stalking », surtout en zone urbaine où les densités de population favorisent l’utilisation de l’application. Par ailleurs, l’application ne permet pas aux utilisateurs de traquer les mouvements des autres utilisateurs, ce qui rend impossible de suivre quelqu’un grâce à Happn (alors qu’il est tout à fait possible de suivre quelqu’un que l’on a physiquement identifié quelque part). Happn n’indique donc jamais où vous allez mais uniquement le périmètre dans lequel vous avez croisé d’autres utilisateurs dont le profil correspond à vos préférences. Si un utilisateur vous envoie un charme* ou qu’il like** votre profil et qu’après quelques échanges dans la messagerie in-app vous souhaitez mettre fin à la conversation – parce que vous avez changé d’avis ou que vous trouvez cette personne « collante » – vous pouvez rejeter son profil : il ne pourra ainsi plus jamais vous contacter et de même que son profil n’apparaîtra plus votre timeline, vous n’apparaîtrez plus non plus dans la sienne. * Sur Happn, un charme permet de montrer à un autre utilisateur que vous l’intéressez ** « Liker un profil » : une action secrète, que seule la personne concernée verra si elle-même vous a également « liké/e »

Et sinon, avez-vous l’intention d’introduire de nouvelles fonctionnalités dans l’application ?

fil personnel les musiques qui nous plaisent et même d’envoyer des chansons à des personnes que l’on souhaite séduire, et ce grâce une collaboration avec Spotify depuis plus d’un an maintenant. La messagerie privée d’Happn permet également aux utilisateurs d’envoyer des messages vocaux. Nous travaillons actuellement au développement d’une nouvelle fonctionnalité que nous espérons lancer au 2ème trimestre 2017, mais bien sûr je ne peux vous révéler laquelle pour le moment !

Pour finir, la question qui fâche : les sites et applications de rencontre sont constamment décriés dans les médias. A titre personnel, pensez-vous que les sites de rencontre facilitent réellement les rencontres ou qu’ils contribuent à transformer l’amour en rien d’autre qu’un bien de consommation ? Franchement, nous sommes las d’entendre ces critiques qui en plus de relever du cliché pur et simple, ne sont étayées par aucun chiffre. Ce sont des lieux communs et rien de plus que des avis. De nombreux « experts » autoproclamés prétendent que les applications dénaturent l’expérience de la rencontre ; mais les nombreux témoignages que l’on reçoit quotidiennement chez Happn de la part de nos utilisateurs prouvent le contraire ! Au sein même de notre équipe, 3 de nos membres ont rencontré leur conjoint via l’application… Je ne pense pas qu’une application mobile ait le pouvoir de changer le comportement des utilisateurs. Ce n’est pas le produit ou les services qui changent les comportements, au contraire, les outils (à commencer par les smartphones) s’adaptent aux comportements et besoins des utilisateurs. La mobilité étant désormais inhérente à notre mode de vie, Happn s’y adapte en développant des fonctionnalités compatibles avec ces nouveaux comportements. Aujourd’hui, en milieu urbain, la vie active va très vite et chacun est pris dans un quotidien dont le rythme n’est plus celui du 20ème siècle. Le temps nous happe : transport en commun, travail, amis, famille et loisirs laissent peu de place aux imprévus et donc à la rencontre. Les applications telles que Happn sont là pour y remédier ou à défaut, pour faciliter la vie des célibataires qui n’ont pas forcément envie de le rester… Les concepts et outils les plus plébiscités par les utilisateurs sont ceux qui leur facilitent la vie. Personne n’a demandé à Steve Jobs de développer l’iPhone, pourtant près de 60 % des habitants des pays occidentaux ne peuvent plus s’en passer. La raison en est simple : cet outil facilite leur vie. L’histoire n’est pas moins belle du fait que le premier contact se fasse via une application.

Nous avons déjà introduit de nombreuses fonctionnalités : telle que la possibilité d’indiquer dans son pro-

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Monique Bayama 13


FICTION Vous êtes dans une métropole, sans doute très polluée comme l’est l’ensemble du monde en ce début de siècle. Dans un somptueux immeuble du centre-ville, un conseiller vous attend. « Nous avions rendez-vous, veuillez me suivre s’il vous plait », et vous entrez dans un bureau. On vous tend des papiers que vos mains tremblotantes ont du mal à signer. Le conseiller, un psychiatre, vous pose de nombreuses questions : « Préférez-vous la ville ou la campagne ? », « La mer ou la montagne ? », « L’Europe, l’Afrique ou l’Asie ? », « l’Antiquité ou le XVIe siècle ? », « Aimeriez vous être brun ou blond ? Roux ? »… Après ce tac au tac, le psychiatre lance un logiciel pour inspecter votre profil sur les réseaux s o ciaux, et votre historique Internet d e s 90 dernières années : il remarque que vous avez tel type d’amis proches, qu’ils sont plutôt bons vivants, que c’est telle expérience qui vous a semblé importante dans votre jeunesse. Vous confirmez, vous infirmez, vous développez. Enfin, lorsque vous êtes en confiance, vous résumez votre vie : ce qui vous prend aux tripes, ce qui fut essentiel pour vous, et qui fit que votre vie fut belle, ou non. « Nous en tiendrons compte ». Le psychiatre vous remercie, il vous présente un collègue neurologue qui vous fait un examen complet, particulièrement centré sur la région du cerveau. Enfin, on vous fait patienter quelques instants, avant qu’un conseiller financier vienne à vous, et vous propose un devis. Exorbitant. Que vous, et votre famille, devez accepter, si vous voulez poursuivre l’aventure. Vous signez. Un mois plus tard, après avoir organisé une magnifique fête en compagnie de votre famille et de vos amis, vous montez dans l’avion pour la dernière fois. Direction : Digitalparadise, une immense station moderne dans un lieu éloigné de tous les risques, tant sismiques que politiques, autosuffisante en eau et en électricité. A l’accueil, vous faites vos adieux. Puis vous prenez l’ascenseur, qui vous emmènera sous terre. Alors, s’approche un jeune scientifique en blouse blanche, qui vous endort en quelques minutes. C’est votre dernière vision de ce monde. Vous ne sentez bientôt plus rien. Dehors, votre famille se tient sagement dans la salle d’attente, et croise les bras, attendant qu’on lui dise que l’opération a réussi. Dedans, une équipe de brillants scientifiques s’agite, et amorce une opération très délicate : on retire votre cerveau du corps dont il a toujours fait partie, sans pour autant arrêter son irrigation. Il faut à tout prix maintenir votre conscience, votre « âme », intacte. Puis votre cerveau est bran-

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Et si nous dans paradis v Imaginez-vous, en 2101. Vous avez 105, 106 ans, et vous vous faites vieux. Autour de vous, si vous en avez, vos enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants vous accompagnent peut-être.

ché à nouveau, mais cette fois-ci, ça n’est pas un corps qui l’accueille. C’est une poche de liquide, qui permet de gérer son irrigation. Bardé d’électrodes et de câbles en tous genres, votre cerveau est relié à une série d’ordinateurs quantiques. Votre vécu est stocké, quelque part dans la mémoire de l’ordinateur. Les vivants demeurés sur terre, comme votre famille, pourront toujours y accéder : un double virtuel de votre personne ayant été créé, il leur suffit de faire apparaître un hologramme pour leur donner l’illusion que vous êtes toujours parmi eux –ce qui n’est pas sans créer des problèmes éthiques. Mais vous n’êtes plus là. Vous êtes ailleurs, et votre mémoire a été effacée, intentionnellement.

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FICTION

s vivions s un virtuel ? Vous avez de la chance, car vous avez de l’argent. Et ça tombe bien, car vous ne voulez pas mourir. Heureusement, vous êtes au vingt-deuxième siècle, et il y a une solution : les paradis virtuels !

Quelque part, sur un continent où l’on vit 800 ans, où l’herbe est bleue, l’architecture néogothique et les paysages montagneux, un bébé vient de naître. Dès qu’il pourra voir, il regardera sans doute les nombreuses lunes qui l’entourent, et vers lesquelles il rêvera de voyager. Quand il grandira, il parcourra ce monde fantastique fait d e tout ce que le génie humain a pu imaginer : vous l’aurez compris, c e monde, c’est l’homme qui l’aura créé de fond en comble. Ce monde est virtuel. Il est immense, beaucoup de choses y sont laissées au hasard, un hasard généré informatiquement, mais construit sur des données humaines. Mais cela, le petit homme n’en saura jamais rien, sa mémoire a été effacée. Car ce nouveau-né, c’est vous : c’est le vieillard dont le cerveau a été prélevé. Vous avez

payé cher votre nouvelle venue au monde, mais elle en valait la peine : une deuxième vie, encore plus fantastique que la première, commence pour vous !

Vivons-nous dans la matrice ? Et si, au fond, nous n’étions que l’arroseur arrosé et que ce monde virtuel était le nôtre ? Et si nous avions déjà eu une existence antérieure, dont nous ne nous

rappellerions plus ? Et si, comme le pensait Platon, l’âme était immortelle, et ne faisait que se réapproprier ce qu’elle avait déjà connu par le passé ? Pourquoi ne serions-nous pas, nous aussi, le produit d’une expérience de cerveau dans une cuve, communément appelée « brain in a vat » ? C’est ce que pensent des gens tout à fait rationnels, comme Elon Musk ! En effet, le créateur de Tesla, Space X et inspirateur des Hyperloops, le croit : l’humanité vivrait dans une simulation, conçue par une civilisation infiniment plus avancée ou par des machines. Interrogé à ce sujet en juin dernier, lors de la conférence Recode, Musk a affirmé ceci : « L’argument le plus fort qui me fait dire qu’on est probablement dans une simulation, c’est le suivant. Il y a 40 ans, nous avions Pong, c’était deux rectangles et un point. C’est ce qu’étaient les jeux vidéo. Maintenant 40 ans plus tard, nous avons des simulations 3D photoréalistes auxquelles les gens jouent simultanément, et ça s’améliore chaque année. Bientôt nous aurons la réalité virtuelle, la réalité augmentée. [...] Si vous supposez n’importe quel rythme d’amélioration, alors les jeux deviendront indissociables de la réalité. Indissociables. Même si le rythme baisse à un millième de ce qu’il est aujourd’hui, [...] il me semble que les chances que nous soyons ancrés dans la réalité sont de une sur plusieurs milliards ». Elon Musk va même jusqu’à « espérer que nous sommes dans une simulation », car notre monde est fragile. À l’heure où l’humanité peut disparaître d’une simple pression sur le bouton actionnant l’arme nucléaire, mieux vaudrait en effet que ce scénario à la Matrix soit vrai. Si nous vivions dans la Caverne de Platon, et si notre monde n’était pas réel, il serait moins grave alors de le voir disparaître. Mais cela, jamais nous ne pourrons le prouver.

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Léo-Pol Charra

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PARANORMAL

Croyez-vous au surnaturel ?

L’idée de vie après la mort remonte à l’Antiquité, et même au-delà. De même que pour les phénomènes naturels, l’homme a besoin de trouver une raison, une cause, une explication à tout cela. Et ça ne passe pas forcément par la religion. 70 % des français pensent qu’il reste des phénomènes inexpliqués et inexplicables aujourd’hui. Et vous ? Tremblez, carcasses !

La religion peine à tout expliquer Bien pratique dans l’Antiquité pour expliquer phénomènes naturels ou catastrophes occasionnelles, la religion possède cependant quelques « limites ». Les âmes des défunts venaient déjà hanter nos ancêtres, celles-ci étaient d’ailleurs honorées lors des Lémuries dans la Rome antique. Autant éviter de se faire tourmenter par un membre de la famille mort brutalement – ou pas.

Ainsi, les origines du surnaturel viennent surtout de défunts pas tout à fait passés de l’autre côté. Dans cette catégorie, vampires et fantômes tiennent la dragée haute. D’ailleurs, aucun corps ne devait être laissé sans sépulture pendant l’Antiquité, sous peine de vengeance… Un décret a même été promulgué en ce sens. Au Moyen Âge, les sorcières rejoignent fantômes et vampires. Pourquoi chercher un coupable à ses problèmes plus loin ? On organise ainsi de grands barbecues pour éviter que les troupeaux ne se fassent décimer. Dans la grande famille des êtres surnaturels, n’oublions pas les zombies, autre forme de revenants très en vogue en ce moment. Ceux-ci sont principalement originaires d’Afrique, mais plus particulièrement des Caraïbes avec les rites vaudous (oui, les Caraïbes ne sont pas en Afrique, mais l’esclavage a entraîné de nombreux mouvements de population). Plus récemment, l’inexpliqué a trouvé une nouvelle source « d’explication » : les ovnis, les petits hommes verts et autres martiens qui s’amusent à kidnapper des fermières texanes pour faire des tests dessus.

On n’est pas des pigeons Même si les hommes ne sont plus enterrés avec une brique dans la bouche et les sorcières ne sont plus brûlées à tour de bras, l’idée du surnaturel n’a pas disparu aujourd’hui. Qui n’aime pas se faire peur en allant au cinéma voir un film d’horreur ou en visitant une maison hantée ? De tout le panel des êtres effrayants qui ont égayé nos ancêtres, nous ne conservons dans nos cœurs que les fantômes et pourquoi pas de charmants zombies (peut-être que la bactérie qui va transformer notre cerveau en bouillie existe déjà ?). Si la croyance en leur existence est toujours aussi tenace, c’est qu’ils existent, non ?

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PARANORMAL La peur, un genre de drogue ? Qui n’a jamais fait tourner les verres dans sa jeunesse ou cru à la Dame Blanche durant son enfance ? Qui n’a jamais regardé les 30 histoires les plus extraordinaires sur la première chaîne ? Les fantômes, on en demande et on en redemande, pour se faire peur, avoir un petit coup d’adrénaline, et aussi se dire qu’après la mort, tout n’est peut-être pas « foutu ». Les phénomènes inexpliqués ne se résument cependant pas aux fantômes. Avez-vous déjà entendu parler du magnétisme ou des coupeurs de feu ? Je ne parle pas des utilisateurs

de pendules que vous pouvez retrouver en appelant le 3615, mais de ces vieux – ou non – qui hantent nos campagnes, trouvent des sources à l’aide de baguettes de noisetier, coupent la douleur grâce à leur main, devinent des choses à l’aide d’un pendule ou prédisent le sexe de votre futur enfant ? Avec un taux d’échec nul ou presque, il y a de quoi réfléchir… Alors vous y croyez ? Même pas un peu ? Voici un petit classement qui va finir de vous convaincre ou qui va – peut-être – vous mettre au pied du mur. Bouh.

Top 3 des maisons hantees dans le Nord

La maison de Lambersart

Avenue de l’Hippodrome se trouve une célèbre maison hantée du Nord. On raconte qu’elle a été construite sur un ancien cimetière… Longtemps inhabitée, de nombreuses familles s’y sont succédées, mais peu ont décidé de rester. Bruit, coups dans les murs, crises des enfants, de quoi vous filer les chocottes. Aujourd’hui, une famille y vit paisiblement… Mais pour combien de temps encore ?

La maison de Hem

Pour faire une bonne maison hantée, prenez : un enfant de 5 ans qui y meurt, plusieurs suicides identiques (des hommes se pendent dans la même pièce), des locataires qui se succèdent mais ne restent pas et les engins de démolitions qui tombent en panne avant l’acte. Vous obtenez la maison de Hem. Aujourd’hui la maison n’existe plus, détruite par les flammes en 2014.

La maison de Béthune

Une famille qui entend des bruits étranges, le chat constamment effrayé, des horloges qui s’arrêtent et le père de famille qui tombe en dépression. Du classique mais ça marche toujours. Le Nord regorge de maisons hantées, beaucoup de légendes, encore aujourd’hui, tournent autour d’elles. Vous avez vérifié la vôtre avant d’emménager ?

Aude Cormerois LE SCANDALEUX MAG #25 - HIVER 2016

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INTERNATIONAL

Faut-il craindre Kim Jong-un ? Cela fait maintenant cinq ans que Kim Jong-un dirige la Corée du Nord d’une main d’acier. Les essais nucléaires qu’il a entrepris font froid dans le dos… Mais à quoi joue donc le dictateur nord-coréen ? Croyez-le ou non, Kim Jong-un a eu une enfance des plus banales. Certes, elle débute en Corée du Nord, mais se poursuit en Suisse, à Berne où il vivait et étudiait au collège avec ses frères dans le plus grand secret. Il parlait allemand, faisait du basket avec ses amis et les invitait à jouer à la console chez lui. Si sa date de naissance de 1983 a été modifiée pour entretenir le mythe, tout le monde le voit, Kim Jong-un est jeune. Si jeune que certains s’interrogeaient en 2011 à la mort de son père Kim Jong-il sur sa capacité à prendre la tête du pays, et ce d’autant plus que Kim Jong-un est le dernier de sa fratrie. C’est pourtant lui qui a été choisi pour succéder à son pèrejugé plus apte à gouverner que ses deux grands frères.

Le culte de la personnalité Arrivé au pouvoir à 26 ans, Kim Jong-un est en quête de crédibilité. Il lance alors une purge au sein du régime, allant même jusqu’à exécuter son propre oncle en l’accusant de trahison ! Il fait changer de nom tous ceux qui se nomment comme lui.

« Si jeune que certains s’interrogeaient sur sa capacité à prendre la tête du pays »

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Reprenant le culte de la personnalité initié par son père et son grand-père avant lui, Kim Jong-un n’est présenté dans les médias que comme un dieu tout puissant pour son pays et ses habitants. On le voit donnant des cours de natation ou de pilotage, acclamé par des foules qui lui courent après. Il apparaît souriant et soucieux de chacun, c’est un réel paradoxe avec la situation politique du pays.

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INTERNATIONAL La vie en Corée du Nord Il est assez difficile d’imaginer la vie en Corée du Nord car très peu de personnes y ont accès et les images qui en sortent sont très contrôlées. Voici néanmoins ce qu’elles laissent transparaître :

Une organisation bipolaire

La vie sur place semble très dure et inégalitaire. Les bons travailleurs et les proches du parti ont accès à la capitale Pyongyang, une ville très propre dans laquelle presque aucune voiture ne circule. Les autres vivent à la campagne où la vie est encore plus rude, les travaux dans les champs se font à la main. C’est l’État qui détermine les métiers de chacun, et leur fournit leurs vêtements, leur nourriture et leur logement.

Le contrôle de la vie privée

Il n’y a aucune liberté de pensée. Internet n’existe pas, seul subsiste un ersatz de réseau, réservé aux élites proches du parti. Il est interdit d’appeler une personne à l’étranger. La télévision n’a que trois chaînes qui passent en permanence des messages de propagande. Des slogans révolutionnaires sont diffusés dans la rue chaque matin. Chaque foyer possède une photo de Kim Jong-un et de ses ancêtres. Le service militaire est obligatoire et dure 10 ans.

La répression

Tous les opposants politiques sont envoyés dans des camps où ils sont torturés et privés de nourriture. Selon l’ONU, entre 80 000 et 120 000 prisonniers politiques y sont internés.

·····

Pour en savoir plus, n’hésitez pas à regarder Envoyé Spécial : Corée du Nord, le pays du secret de Mai 2015

La politique du dictateur

En réalité, Kim Jong-un semble suivre la ligne politique de son grand-père : Kim Il-sung. Celui-ci était le fondateur de la Corée du Nord et jouit toujours d’une grande renommée. À l’époque, c’était un pays prospère qui se développait même plus rapidement que la Corée du Sud grâce à l’aide de l’URSS. Son fils Kim Jong-il a joui d’une aura moindre, d’une part à cause de la Grande Famine des années 1990 qui a fait plusieurs millions de morts, d’autre part parce qu’il restait timide et peu présent dans les médias. Kim Jong-un préfère donc ressembler à son grand-père, allant même jusqu’à tenter de prendre son apparence physique ou à imiter sa voix lors de grands discours. Suivant le modèle du voisin chinois, Kim Jong-un tente de redresser le pays. Il fait progresser l’agriculture qui part de très loin (on voit dans certains reportages des images de champs nordcoréens où les paysans utilisent encore une charrue et des bœufs !) et il laisse plus de liberté à l’élite qui peut désormais partir étudier à l’étranger. Mais le dictateur n’est pas dupe, il sait pertinemment que donner trop d’avantages à cette élite contribuerait à remettre son pouvoir en question. Ses marges de manœuvre restent donc toujours très limitées.

Un statu quo nécessaire Nommé Commandant Suprême de l’Armée Populaire de Corée avant son arrivée au pouvoir sans avoir aucune expérience militaire, Kim Jong-un doit ici encore faire ses preuves. Il développe donc fortement l’armée nord-coréenne et n’hésite pas à afficher dans les médias les nombreuses simulations de guerre des soldats ou les nouvelles armes dont dispose le pays. D’autant qu’avant lui, les armes que possédait la

Corée avait été fournies par l’URSS et n’étaient donc plus au goût du jour ! Tout est fait pour faire croire que Kim Jong-un est un grand stratège, mais aussi pour impressionner les autres pays. Le but est que la Corée du Nord paraisse crédible à l’international, qu’elle ne soit pas ignorée par les grandes puissances mais considérée comme un vrai État (la France ne reconnaît d’ailleurs toujours pas la Corée du Nord aujourd’hui). C’est le rôle de la force nucléaire de la Corée du Nord, qui a été développée clandestinement par Kim Il-sung dans les années 1980. Aujourd’hui, le pays possèderait entre 6 et 12 bombes et aurait les moyens d’en créer d’autres. Les récents essais nucléaires qui ont eu lieu ne sont là que pour démontrer la force de Kim Jong-un autant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la Corée. Même s’il n’est pas certain que Kim Jong-un cherche réellement à déclencher une guerre par l’usage de l’arme nucléaire, le dictateur n’a pas non plus tant d’intérêt à faire preuve de pacifisme et à développer le commerce extérieur. S’il le faisait, son pouvoir serait fragilisé de l’intérieur. Kim Jong-un préfère donc entretenir une forme de statu quo. Une réunification des deux Corées paraît donc impensable, d’autant que soixante ans après leur séparation, il n’existe presque plus aucun lien entre les Coréens du nord et ceux du sud. La Corée du Nord poursuit donc sa route, seule, en quasi-autarcie. Aujourd’hui, l’Occident a peu de raisons de craindre une guerre avec la République démocratique de Corée, puisque le pouvoir de Kim Jongun reste largement cantonné à ses frontières. Frontières à l’intérieur desquelles les Nord-Coréens continuent de subir cette dictature sanguinaire, en silence.

Marin Duclos Les informations de cet article sont principalement tirées du reportage Le dernier prince rouge réalisé par Anthony Dufour et diffusé en avril 2016

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PHILOSOPHIE

Peut-on être heureux aujourd’hui ? La conception du bonheur, cet état de béatitude tant recherché par le genre humain n’a fait qu’évoluer à travers l’Histoire et varie d’une civilisation à l’autre. Un changement majeur s’est opéré depuis moins d’un siècle dans notre société occidentale : celui de la distinction entre bonheur collectif et épanouissement personnel – distinction qui allait moins de soi chez nos ancêtres. Bien que le bonheur collectif ait évolué de manière positive au fil du temps, on peut se demander s’il en a été de même pour l’épanouissement de soi.

Un décalage lié à la conception que l’on a du bonheur aujourd’hui…

et d’autre part grâce à une harmonie sociale permise par la démocratie (en ce qui concerne le bonheur collectif). La religion catholique, quant à elle, associe avec nostalgie le bonheur à une plénitude perdue, en lien avec l’exercice d’une spiritualité et la quête d’un salut possible au paradis. Les sociétés asiatiques, pour leur part, et plus particulièrement les civilisations influencées par le bouddhisme conçoivent le bonheur comme une sérénité. À la manière des ascètes, mais aussi des épicuriens de l’Antiquité, ils estiment que le détachement de l’ego – ego qui est source de souffrance – est le meilleur moyen d’accéder au bonheur.

Pendant l’Antiquité grecque par exemple, le bonheur À partir du 16e siècle se crée une construction sociale était considéré principalement universelle du bonheur en comme un état auquel on pouOccident. Cela s’explique par « Cette construction sociale univervait parvenir, d’une part par la substitution de l’Homme l’exercice d’une sagesse à traselle du bonheur est caractérisée par à Dieu comme référent du vers la philosophie (en ce qui monde, contribuant alors à la la poursuite de celui-ci en tant que concerne le bonheur individuel) découverte, non sans enchan-

chose manquante. »

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PHILOSOPHIE tement, du monde qui nous entoure. Cette construction sociale universelle du bonheur est caractérisée par la poursuite de celui-ci en tant que chose manquante. Cette notion d’une quête du bonheur collectif est prolongée au 18e siècle avec les philosophes des Lumières et la nécessité de construire un ordre social et politique fait pour l’homme afin que l’individu puisse être heureux sur Terre. Cette utopie va ainsi inspirer la Déclaration d’Indépendance des États-Unis avec le fameux pursuit of happiness qu’elle garantit à tous les hommes, au même titre que la vie et que la liberté.

première en taux de dépression avec 21 % de la population suivie par les Etats-Unis avec 19,2 %. Comme quoi, l’argent ne fait pas le bonheur ! D’après le rapport 2016 sur le Bonheur mondial (World Happiness Report), le Danemark serait à nouveau le pays où l’on est le plus heureux. Mais pourtant, c’est également le 7e pays le plus consommateur d’antidépresseurs !

À cette époque-là et jusqu’à la moitié du 20e siècle, bonheur collectif et bonheur individuel étaient encore intimement liés mais l’objet du bonheur avait déjà radicalement changé.

Une question préalable à se poser avant celle de « comment atteint-on le bonheur ? » est « qu’est-ce que le bonheur » ? Or, dans les sociétés occidentales, les sources de satisfaction matérielles et la multiplication des biens ont amené à confondre bonheur et plaisir, nécessairement instable. Le bonheur tel qu’on le conçoit aujourd’hui est donc un objet ou un état que l’on rechercherait à l’extérieur de nous et qui dépendrait alors forcément d’autrui ou de biens matériels. Devonsnous donc revenir à l’ancienne conception du bonheur où il prenait place au sein de la vie contemplative par exemple ?

Quelle est la conception actuelle du bonheur dans notre société ?

Cette quête du bonheur est-elle donc illusoire ?

« Il ne faut pas tomber dans la nostalgie d’une époque passée ou croire que le bonheur, c’était mieux avant. »

Comme le souligne Caroline Guibet Lafaye dans son essai Penser le bonheur aujourd’hui, l’étymologie du mot « bonheur » est lié à la chance. En effet le mot « heur » en ancien français que l’on retrouve dans « bonheur » et « heureux » signifie « bonne fortune », « chance ». Pour nos ancêtres, le bonheur était donc dépendant de ce qui nous arrivait et de ce que l’on rencontrait dans notre vie plutôt que la quête actuelle de la satisfaction d’un manque. Aujourd’hui, le bonheur semble beaucoup plus matériel et attaché aux choses (la richesse, la renommée, le ou la partenaire idéal(e)…). Et le fait de ne pouvoir atteindre ces choses, ces objets du désir conduit nécessairement au malheur.

Par ailleurs, il serait hypocrite de le cacher : aujourd’hui, l’individualisme prime alors même que le bonheur commun est une problématique qui semble tarauder chefs d’Etat et d’entreprise. Comme l’a dit Benjamin Constant, « le but des Anciens était le partage du pouvoir social entre tous les citoyens d’une même patrie, [...] le but des Modernes est la sécurité dans les jouissances privées ». C’est pourquoi bonheur collectif et bonheur individuel ne font plus partie du même panier. L’individualisme est sans aucun doute une raison pour laquelle l’Homme, plus seul qu’autrefois, est nécessairement plus malheureux. Une étude menée en 2011 par des chercheurs du monde entier parmi lesquels l’équipe de Jean-Pierre Lépine, chercheur à l’hôpital de la Lariboisière, a révélé que le taux de dépression était plus élevé dans les pays riches que dans les autres (étude menée dans 18 pays parmi lesquels la France, l’Allemagne, l’Ukraine, le Japon, le Mexique et l’Afrique du Sud). Selon les chiffres de l’Organisation mondiale de la Santé, la France serait même la

Je n’en suis pas convaincue. Il ne faut pas tomber dans la nostalgie d’une époque passée ou croire que le bonheur, c’était mieux avant. Les progrès sociaux et technologiques dans les sociétés occidentales ont rendu au moins possible la satisfaction des besoins primaires pour la grande majorité des individus alors que ce n’était le cas que pour une élite par le passé. Et la satisfaction de ces besoins est sans aucun doute un facteur menant au bonheur. Pourquoi finalement ne pas suivre une conception minimaliste du bonheur pour commencer, en se satisfaisant des petits moments de joie, en ne considérant pas le « Bonheur » comme une chose à laquelle il nous faudrait accéder mais comme quelque chose que nous aurions déjà.

Camille Manguer

Le Cercle des poètes disparus (Peter Weir, 1989)

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SPORT

Du pain et des hors-jeux La nouvelle futuriste Du Pain et des Jeux de Bernard Werber, sur un football mortel et tout-puissant, nous montre-t-elle notre avenir ou vivons-nous déjà dedans ?

Le foot du futur D’un simple jeu de ballon, Bernard Werber a su tirer en 2002 une télé-réalité mortelle aux règles complexes et sauvages, utilisée comme alternative mondiale à la guerre. Dans sa nouvelle L’Arbre des Possibles, il imagine le football de 2022 comme une sorte de Battle Royale où les équipes doivent s’entretuer dans des arènes dignes des Hunger Games pour marquer des buts. C’est là que les petites nations peuvent enfin s’illustrer, et que des pays en guerre décident de régler leurs conflits en un seul match. Les joueurs de foot deviennent des mercenaires, leurs entraîneurs sont les anciens tacticiens de la guerre traditionnelle. La pelouse verte a disparu pour laisser peu à peu la place à des arènes remplies de pièges mortels, que les joueurs doivent éviter devant les caméras. Le tout se passe sous l’œil assoiffé de sang des foules du monde entier. Des ballons en or Alors que 2022 est un futur de plus en plus proche, il ne semble pas que nous soyons sur le point d’appliquer ces règles mortelles. Pourtant, la passion que déclenche le football sur la planète n’est à nulle autre pareille, nous amenant à justifier le fait de payer l’équivalent du PIB d’un petit pays à ceux qui nous la font vivre. Cristiano Ronaldo, 31 ans et toutes ses belles dents, se fait 18 millions d’euros par an au Real Madrid, soit plus d’1 million par mois, et selon un calcul de 2013 (donc largement en dessous de son salaire actuel), 32€ la minute. À 96€ le brossage de dents, pas étonnant qu’elles soient si blanches ! Jet privé, voiture de sport, épouse mannequin, ballon d’or, rien n’est trop 22

beau pour ces gamins qui savent courir et taper dans un ballon en même temps, et mettre la tête dans leur t-shirt quand ils mettent ledit ballon dans un filet. Ils ont le mérite d’être divertissants, avec leurs maillots aux couleurs d’une ville ou d’un pays, qui ne sont pas sans rappeler les oriflammes du Moyen Âge. Le foot n’a pas inventé l’activité physique sur une étendue d’herbe bien dégagée. On faisait la guerre, avant, mais depuis les tranchées on est beaucoup moins jouasses. Faire la guerre d’accord, mais alors à distance et avec le moins de monde possible, s’il-vous-plaît. Le mieux serait de ne la voir qu’à la télé, en fait. Merci. Messi et mon droit Dans la vraie vie, le football ne règle pas les conflits des hommes, mais il y est intimement mêlé. La politique comme la religion s’insinuent dans les matchs, jusqu’à y semer la mort. Le record du monde est détenu depuis 1964 par les 318 morts de Lima lors d’un match entre le Pérou et l’Argentine qui a mal tourné, où l’obsession des supporters péruviens de faire déclarer un match nul les a menés jusqu’à la résidence présidentielle. Plus récemment, nous avons vu l’émeute de Port-Saïd et ses 74 morts sur fond de luttes de pouvoir entre le gouvernement égyptien et les Frères Musulmans. Et bien sûr, n’oublions pas les éternels débordements qui ont consacré le petit nom des hooligans. Mais en plus des émeutes, d’autres conflits moins visibles ont lieu sous les damiers du ballon rond. La lutte pour décrocher le privilège discutable d’organiser la prochaine Coupe du Monde montre bien à quel point même les hommes d’État sont investis dans ce

LE SCANDALEUX MAG #25 - HIVER 2016


SPORT passe-temps. De là à suggérer que c’est un bon moyen de contrôler les foules pendant qu’ils vaquent à leurs occupations avant de s’organiser pour leur réélection... Les mesures radicales prises contre les coupes de cheveux « excentriques » (ou plutôt non islamiques) des footballeurs en Arabie Saoudite nous montrent aussi l’importance que ce simple jeu peut avoir. Nous sommes des milliards à les idolâtrer, cela donne aux joueurs une influence immense, jusqu’à leur coupe de cheveux. Un pays a même besoin de gagner un tournoi international pour pouvoir montrer à quel point son peuple est uni : la France black blanc beur, ça vous rappelle quelque chose ? Il nous faudrait une petite victoire en Coupe du Monde avant 2017, ça nous ferait peut-être du bien. Nous avons inventé la guerre sur canapé Pourquoi sommes-nous à ce point sujets à la surexcitation quand il est question de ballon ? « On constata une baisse générale des conflits durant les matchs, comme si le fait d’observer les joueurs se défier suffisait à faire perdre l’envie de se trucider. » Cet extrait de la nouvelle de Bernard Werber est criant de vérité. Aujourd’hui, il n’est plus guère possible de participer à une belle bataille rangée, avec l’archerie d’un côté et la cavalerie de l’autre. Plus question de se charcuter entre vestes

rouges et casques à pointe sur des kilomètres de front, aujourd’hui chacun attend avec anxiété qu’un drone lâche une bombe sur sa maison. Et en attendant, il faut bien s’occuper et sortir toute cette rage contenue, apaiser son cœur de patriote qui ne demande qu’à s’enflammer pour telle ou telle cause. Nous avons besoin d’idoles, dont on pourra vanter les actions héroïques et autres coups de boule pour les siècles à venir. Alors quoi de mieux que le football ? Pas besoin de connaître les règles pour se passionner le temps d’un match, ni de mettre un maillot aux couleurs de son équipe, ni même de sortir de chez soi. Nous avons inventé la guerre sur canapé, dont les batailles peuvent être menées en famille, entre amis, au bar, sur une place publique devant des écrans géants ou, Graal ultime, dans les gradins d’un stade. Hormis les drames ponctuels provoqués par ceux qui cherchent de la vraie violence et pas uniquement un exutoire, le football est un outil parfait de contrôle des foules et de régulation de la hargne. Il donne même des rêves de grandeur aux plus démunis, avec ses stars d’origine modeste qui étalent leur nouvelle richesse comme un enfant irait dépenser son argent de poche en bonbons. Bref, le foot a tout pour plaire, alors que demande le peuple ? Allez bisous, ce soir, y a match.

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Anne Charpignon

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TEST

TEST :

Quand auras-tu ton premier enfant ?

Cette question te taraude sans que tu oses te l’avouer : à quand le bébé ? Repose ton téléphone, pas la peine d’envoyer « enfen » au 38 20 20, « enfen » au 38 20 20, le SX va te venir en aide (une fois encore !)

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Pour commencer, tu es : Célibataire Marié En couple Amoureux de ton chat

La vie de couple c’est : Selon la personne Le paradis Sympa de temps en temps Une horreur

Tu portes des jeans : Serrés Normaux Très serrés Jamais, que des joggings

C’est moche, ça pue, ça braille T’aimes bien les tiens mais pas ceux des autres

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Et sinon, le sekse... :

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Pour toi les enfants c’est : Un don de Dieu Pourquoi pas

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Tous les jours si possible C’est pas trop ton truc De temps en temps mais seulement avec quelqu’un que tu connais Tu es un PAM

Niveau famille tu as : Ton papa et ta maman qui t’aiment 1 frère/soeur 2-3 frères/soeurs 4 frères/soeurs ou plus

Niveau masturbation : Jamais sans un bon porno Tu pratiques assez le sekse pour t’en passer Bah t’es humain après tout, et ça rend pas sourd C’est pas trop ton truc non plus

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Tu as une majorité de e : Tu auras un enfant demain. Tu te souviens de ton coup d’un soir d’il y a 9 mois ? Non ? Et bien il va falloir reprendre contact rapidement, ou pas d’ailleurs. Tu as une majorité de t : Tu auras un enfant en 2017. Bien installé dans ta vie de couple, vous vous sentez prêt à sauter le pas, contre l’avis de votre entourage. Mettre un bébé en route, quel beau projet, et sûrement plus intéressant que tous les cours prévus l’année prochaine.

Tu adores ceux qui brillent dans le noir Tu ne sors jamais sans Tu fais un petit trou dedans à chaque fois Tu les oublies parfois mais tu essaies de faire attention

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Aude Cormerois

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Tu as une majorité de q : Une fois bien installé dans ta vie, ton job et ton couple, tu décideras comme la plupart des gens de procréer pour perpétuer ta triste espèce. Ennuyeux à mourir.

Rien Un chat Un chien Un rat

Tu as ou as déjà eu : Assez régulièrement Jamais De temps en temps Très souvent

Les coups d’un soir ça t’arrive : Le kebab La compote La salade La raclette

Et ton plat préféré : Le canard Le lapin La mante religieuse Le paresseux

Quel est ton animal totem : Les préservatifs :

Tu as une majorité de , : Tu n’auras jamais d’enfants. Et pas parce que tu es stérile. Une fois ta jeunesse passée (aux alentours de tes 25 ans), tes amis se désintéresseront de toi et tu finiras seul, avec un chat éventuellement. Il mangera ton cadavre après ton overdose de Miel Pops le jour de tes 37 ans.

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4 ComMent surmonter une rupture ? Une rupture, provoquée ou non, c’est parfois difficile. Plutôt que d’être mal pendant des semaines, voici quelques astuces pour passer à autre chose. Parce que c‘est toujours ce que l’on finit par faire.

1. Appeler ses amis

Rien de tel que des amis pour se sortir d’une mauvaise passe. Vous pouvez compter sur eux pour débarquer dans la minute avec chocolat, kleenex et haine envers votre ex.

2. Manger

La bouffe = le réconfort. L’habituel pot de Nutella peut être complété par des gâteaux, des sushis, du fromage ou tout autre source de gras qui vous causera une belle poussée d’acné dans quelques jours. Mais qu’importe, l’heure est au réconfort.

3. Se réinscrire sur Tinder

Mater des beaux mecs / des belles zouzs, rien de tel pour se sortir l’image de son ex de sa tête. Quoi ? Vous avez un match avec Jessica 22 ans 95D ? C’est peut-être votre jour de chance en fait.

4. Boire

L’alcool n’est pas la solution, diront certains, mais l’eau non plus. Tout le monde sait qu’une bonne cuite permet d’expier ses malheurs et d’oublier son spleen pour quelques heures.

5. Se taper un / une inconnu(e)

Les Français ont en moy enNe 10 partena ires sexuels dans leur vie 26

Qui a dit que rompre était triste ? Vous trouverez, qui sait, un meilleur coup sur la piste de n’importe quelle boite de nuit miteuse. L’alcool aidant, il/elle sera sûrement magnifique. Comptez sur vos potes pour vous jeter dans les bras du premier inconnu qui passe d’ailleurs.

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HOROSCOPE Bélier / Ver de terre :

Tu es peut-être l’animal le plus sexy de cet horoscope. 2017 s’annonce bien, mais ne lésine pas sur le maquillage si tu espères choper.

Cancer / Ver de rhum :

Taureau / Ver luisant :

Tu brilles dans la nuit, c’est bien. Ça ne fait pas de toi une lumière, ne t’attends pas à beaucoup de réussite en 2017.

Lion / Ver solitaire :

Bien tenté mais ça n’existe pas.

Balance / Ver blanc :

Gémeaux / Ver géant : Gros et visqueux, tu es et tu resteras. Mais l’alignement de Mercure et Vénus te prédit de la chance en amour. Cependant, a-t-on vraiment envie que tu te reproduises ?

Vierge / Ver de farine :

Pas besoin d’être Einstein ou de demander aux astres pour savoir que tu passeras 2017 seul. Sauf les quelques fois où tu réussiras à t’incruster, au grand dam de ton / ta partenaire.

La farine permet de faire des pâtes et l’horoscope de prédire ton avenir. Désolée mais je suis meilleure en cuisine.

Scorpion / Ver du bois :

Sagittaire / Ver de peau :

La conjonction de Jupiter et d’Uranus est formelle. Entre amour, gloire et beauté il te faudra choisir l’un et renoncer aux autres. Indice : laisse déjà tomber la beauté.

Manger des grosses poutres en bois est ta passion ? 2017 sera riche en poutres en tout genre.

Beurk. Crois-moi, personne ne veut savoir ton avenir.

Capricorne / Ver à soie :

Verseau / Vert :

Poissons / Ver du chat :

Qui eût cru qu’une chose si douce que la soie soit produite par un sale ver ? Mercure est formelle : tu produiras aussi de belles choses cette année. Tu devrais faire un test de grossesse asap.

C’est une couleur, imbécile.

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Tu continueras en 2017 à t’attaquer aux plus faibles que toi. Mars te prédit beaucoup de réussite dans ce domaine.

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