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PARTY TIME SAMBA

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CITY GUIDE

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SAMBA!

LA MUSIQUE IRRIGUE LES RUES ET LES PLAGES DE RIO DE JANEIRO. DE NUIT COMME DE JOUR, ON DANSE AUX SONS DE LA BOSSA, DU FUNK OU DU CHARME. REVUE EXPRESS DES PRINCIPAUX COURANTS 100% CARIOCAS.

Par Guillaume Jan Illustration Damien Vignaux / Colagene.com

DU CENTRE HISTORIQUE AU SOMMET DES FAVELAS EN PASSANT PAR LE BORD DES PLAGES, la musique est omniprésente à Rio. Tout au long du XXe siècle, la ville a engendré de nombreux genres musicaux, hérités du métissage culturel qui a façonné le Brésil : la douceur amérindienne, les rythmes africains, les instruments européens, auxquels il faut ajouter l’influence montante du hip-hop américain. Ces musiques, riches et sensuelles, sont une excellente entrée en matière pour découvrir l’âme du Brésil.

SAMBA, LA BANDE-SON DU CARNAVAL

Quand on pense au Brésil, on pense à la samba. Entraînante, ensoleillée, elle tire son origine de l’abolition de l’esclavage en 1888 et s’impose dans le centre historique de Rio au début du XXe siècle. Beaucoup d’anciens esclaves se retrouvent dans la ville portuaire, pour y travailler sur les docks ou dans les rues voisines. Enfin libres de s’exprimer, ils réinterprètent les danses et les sons de leurs ancêtres africains. Cette musique festive plaît au point d’être adoptée par tous les Cariocas. Chantées à plusieurs voix, les paroles décrivent le quotidien du peuple sur des rythmes vibrants, inspirant autant d’exaltation que de mélancolie. La samba devient le genre emblématique du carnaval de Rio à partir de 1930. Et continue, encore aujourd’hui, d’être célébrée dans tous les quartiers. L’ALBUM À ÉCOUTER : «Samba Esquema Novo», de Jorge Ben (1963)

BOSSA NOVA, L’ESPRIT NOUVELLE VAGUE

Plus suave que la samba, plus élaborée harmoniquement, la bossa nova (littéralement « chose nouvelle ») émerge à la fin des années 1950, alors que le Brésil entre dans une période de prospérité et de modernité culturelle. Autant influencée par la samba que par le cool jazz, la « bossa » devient rapidement populaire en Europe et aux États-Unis dès les années 1960, portée par des musiciens comme Tom Jobim ou João Gilberto. Avant que des interprétations trop souvent médiocres ne lui collent injustement une réputation de musique d’ascenseur. Au Brésil, la population lui préfère aujourd’hui la música popular brasileira (MPB), musique populaire « de qualité », qui prolonge le style bossa nova en le rendant plus abordable. L’ALBUM À ÉCOUTER : «Getz/Gilberto», de Stan Getz et João Gilberto (1964), qui contient «The Girl from Ipanema»

CHARME, L’HÉRITAGE DE LA SOUL NOIRE AMÉRICAINE

À la fois sensuelle et groovy, cette musique, inspirée du rythm’n’blues des années 1960, de la soul des années 1970 et du hip-hop des années 1980, s’est développée dans les quartiers pauvres du nord de Rio. Encore aujourd’hui, la plupart des bals charmes (baile charme) sont organisés loin du centre-ville. Mais cette musique, qui arrive à rapprocher la culture noire de la culture blanche (plus cloisonnées qu’on ne le croit à Rio), est en train d’élargir son public. Des fêtes à ciel ouvert sont organisées au cœur de la ville, réunissant, le temps d’une soirée enflammée, un public éclectique et enthousiaste dans de surprenantes chorégraphies. L’ALBUMÀÉCOUTER:«Racional,vol.1»,deTimMaia(1975)

FUNK CARIOCA, JEUNE ET PROVOCANT

Rapide, nerveux, cinglant, le funk de Rio est le genre musical le plus représentatif des favelas. Créé dans le sillage du hip-hop au début des années 1980, il mélange musique électronique, house et rock sur les tempos fiévreux du Miami bass. L’ambiance sulfureuse qui accompagne cette musique est liée aux gangs qui s’en sont emparés, produisant des disques aux allusions sexuelles de plus en plus explicites, voire des appels à la violence. De nombreux débordements étant survenus lors des bals funk (bailes funk) dans les années 1990, les autorités ont réagi en censurant davantage ce courant. Mais c’est aussi le moment où le funk carioca a quitté les favelas et est devenu populaire dans les classes moyennes… Très entraînant, il est aujourd’hui joué sur les dancefloors internationaux. L’ALBUMÀÉCOUTER:«RioBaileFunk:MoreFavelaBootyBeats»(2006)

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