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Les inspirations nordiques de Louise Campbell

Avec ses créations ludiques et poétiques, Louise Campbell apporte une touchante spontanéité à l’univers du design danois classique. On retrouve d’ailleurs ses œuvres dans les musées du monde entier. Nespresso a été conquis par son travail et lui a confié l’identité graphique de son offre de fin d’année produite en édition limitée. Rencontre.

Louise Campbell dans son atelier, avec une tasse Pixie Lungo, Festive dont elle a réalisé le design graphique.

C’est au dernier étage d’un immeuble du quartier de Nørrebro que Louise Campbell façonne son univers à la fois lyrique, sensible et envoûtant. De prime abord, son atelier lumineux paraît parfaitement rangé — mais on s’apercevra ensuite qu’il est constellé de détails révélant la créativité et le tempérament poétique de l’artiste : suspendus au plafond, des poissons en soie semblent nager autour d’elle, à côté de gigantesques roseaux de tissu adossés au mur blanc. Au sol, sur le parquet laiteux, un étrange fauteuil en forme de corolle immaculée, uniquement constituée de cercles — sa chaise Veryround, une de ses pièces les plus emblématiques. Sur les étagères de la bibliothèque, les livres d’art se mêlent aux albums photo, romans classiques et contemporains, recueils de poésie, en anglais et en danois. Bienvenue chez l’une des designeuses les plus reconnues et les plus appréciées au Royaume du Danemark. De père anglais et de mère danoise, la quarantenaire dynamique et cosmopolite s’est construite avec les deux cultures de ses parents : cela participe au charme de ses créations ludiques et expérimentales. « Le design danois prône des lignes épurées, minimalistes, il va droit à l’essentiel, estime-t-elle en nous servant un café. Alors que la culture anglaise est moins disciplinée, elle laisse plus de place aux ornements. Ma grand-mère paternelle avait des fleurs partout dans la maison, je trouvais ça très joli. »

Pour la première fois, les capsules d’un même café proposeront chacune une variation d’un même design.

Quand elle découvre Londres, à l’âge de 15 ans, Louise est séduite par la liberté d’expression anglaise : « J’ai surtout été fascinée par la facilité qu’avaient les Britanniques à mêler leurs sources d’inspiration : une peinture peut influencer le ton d’un roman, dont le thème pourra être repris dans une chanson ou une sculpture, etc. » Elle s’imprègne de tout ce qu’elle entend, de tout ce qu’elle voit, et se sent de plus en plus à l’aise avec les disciplines artistiques. Au point d’en faire son métier ? Cela ne rassure pas ses parents, qui préfèrent que leur fille s’oriente vers une voie plus classique, moins aléatoire. Son père entame de longues conversations à ce sujet, pour tenter de la raisonner. « Un jour, j’avais 17 ans, nous nous baladions en voiture, et il a remis une fois de plus le sujet sur le tapis. Pour couper court à cette conversation, alors que nous longions un magasin d’ameublement, je lui ai dit que c’était ça que je voulais faire, dessiner des meubles. C’est comme ça que je suis devenue designeuse ! » Elle fréquente le London College of Fourniture, au sein duquel elle entame sa formation. À 23 ans, elle rentre à Copenhague poursuivre son cursus à L’École danoise de design, option design industriel, où elle développe toutes les techniques de dessin et de créations de mobilier. « J’ai été ravie de renouer avec le pays », sourit-elle. Quand on lui demande quelle part de ses origines compte le plus, elle répond sans hésiter : « Je me sens plus Danoise qu’Anglaise. J’essaie d’aller vers la simplicité en toute chose. » Elle n’a pas de mal à expliquer pourquoi elle a préféré rester à Copenhague : « L’esprit de la ville, ce serait d’être à la fois relax, naturel et direct. C’est valable pour le design comme pour l’architecture, la nourriture ou les relations humaines. Nous nous faisons confiance, les gens sont plutôt honnêtes, nous fermons rarement nos portes à clé. La proximité est un autre atout, tout se trouve à moins de vingt minutes à vélo, ce qui n’est pas le cas à Londres. Les gens sont accessibles et, quand on boit un café avec un ami ou une amie, on prend le temps de savourer ce moment. L’air est pur, la mer suffisamment propre pour qu’on puisse y nager en plein centre-ville. Les Copenhaguois sont particulièrement attentifs à l’environnement, ils préfèrent circuler à vélo qu’en voiture et sont vigilants quant à leur production de déchets. Nous prenons d’ailleurs le recyclage très au sérieux au Danemark. Dans mes créations, je tiens à proposer des choses solides, qui durent dans le temps. »

Un travail à la fois précis, très graphique et facile à identifier.

Détendue, chaleureuse, passionnée, Louise Campbell exprime une spontanéité et une convivialité que l’on retrouve dans sa collaboration avec Nespresso. « Mon objectif est de communiquer la vibration nordique en un claquement de doigts », résume Louise Campbell à sa manière, en joignant le geste à la parole. « Mais ce style de vie est riche et complexe, précise-t-elle aussitôt. Il est composé de plusieurs cultures, plusieurs histoires et lieux différents. En m’interrogeant sur ce qui pouvait le mieux nous rassembler, j’ai trouvé que la nature constituait notre plus beau dénominateur commun. Une nature sauvage, magnifique, presque fantastique, de grands espaces dominés par le froid en hiver. Même si on est citadins, les éléments naturels imprègnent notre imaginaire. Pour trouver l’inspiration, j’ai regardé de près à quoi ressemblaient les villes et territoires nordiques. J’ai vu des côtes découpées, des reliefs très escarpés, notamment dans les fjords de Norvège. J’ai poursuivi mes recherches en m’intéressant aux cartes géologiques. J’ai alors réalisé que la bonne idée après laquelle je courais depuis plusieurs semaines était juste sous mes pieds ! » Les courbes multicolores, inspirées des relevés topographiques du Grand Nord, constituent la matrice de cette œuvre vivifiante. Cette création se déclinera sur l’ensemble de l’offre pour les fêtes de fin d’année, disponible en édition limitée. Capsules des cafés inspirés par la culture nordique, tasses Pixie, décors des boutiques Nespresso du monde entier : tous s’habilleront de ce souffle graphique et naturel. À l’occasion de notre rencontre, Louise retrouve les premières maquettes de ce projet d’envergure. Elle les dispose sur la grande table de travail au centre du studio. Certaines esquisses sont en papier. D’autres sont imprimées sur des plaques fines de métal. Quelques unes sont découpées au laser pour permettre à la designeuse de les modeler afin de se projeter dans le volume d’une capsule. Les couleurs pastel évoquent les pâtisseries scandinaves qui ont inspiré les arômes des cafés en édition limitée. Les formes sont précises, graphiques, faciles à identifier, avec un soin porté aux détails — son côté anglais. Et, comme toutes les cartes, son travail fait voguer l’imagination. C’est la première fois que la Copenhaguoise manipule les capsules enfin achevées. Chacune offre un design graphique légèrement différent des autres qui composent un même étui, une première pour Nespresso. « Cela paraît abouti aujourd’hui, mais, en phase d’élaboration, j’ai eu l’impression que c’était le projet le plus dur que j’ai jamais eu à réaliser », ajoute Louise Campbell en nous apportant un autre café — un lungo servi dans les tasses en porcelaine dont elle a assuré le relooking pour la marque historique Royal Copenhagen.

Le fauteuil Prince Chair, en acier, feutre et caoutchouc, pour Hay (2001).

Les cafés en édition limitée proposés pour les fêtes s’inspirent de la culture nordique.

Ses lignes et teintes sensibles se déploient aussi sur les tasses Pixie Espresso et Lungo, Festive.

Le café, elle s’y est mise tard. À 20 ans, en Angleterre. « Je me souviens très bien de ma première gorgée, qui m’avait été servie par un de mes meilleurs amis. C’était un café turc, préparé à la perfection. » Revenue à Copenhague pour poursuivre ses études de design, elle prend vite le rythme danois : des cafés longs, que l’on boit lentement. « D’autant que nous travaillions parfois vingt-quatre heures d’affilée quand nous avions des projets à rendre. Nous ne tenions que par le café. » L’Anglo- Danoise remarque à quel point la qualité des grains s’est améliorée au cours des vingt dernières années : « Dans les années 1990, on ne buvait que de l’industriel, au goût toujours identique et plutôt insipide. Puis l’offre a commencé à se perfectionner dans les années 2000. Aujourd’hui, le niveau d’exigence est élevé au Danemark. Au point qu’il est considéré comme impoli de ne pas proposer un café de qualité à ses invités… Nespresso est idéal pour ça, les machines à café nous facilitent la vie ! » Un environnement agréable, une conversation plaisante et détendue, un café à portée de main : on en vient soudain à penser que, sans l’avoir prémédité, on vit un pur moment hygge, cette fameuse recette danoise du bonheur qui intrigue les journaux du monde entier depuis plusieurs années et qui nous arrive avec grâce et naturel dans le fascinant atelier de Louise Campbell. _

La porcelaine Royal Copenhagen, dont Louise Campbell remet le design au goût du jour depuis 2008.

Bio express

1970 Naissance à Copenhague.

1995 Diplômée de l’École danoise de Design, à Copenhague.

1996 Crée son premier studio, dans le centre de Copenhague. Elle travaille pour des grands noms comme Louis Poulsen, Royal Copenhagen, Holmegaard, Stelton, Muuto, Interstop ou encore pour le ministère de la Culture du Danemark.

2005 Sa suspension dessinée pour Louis Poulsen obtient la Médaille d’or de l’iF Product Design Award (l’un des prix de design les plus réputés au monde).

2019 Lancement de l’offre pour les fêtes de fin d’année, fruit de sa collaboration avec Nespresso.

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