LE SOFT INTERNATIONAL 1306

Page 1

L’année impossible

i n t e rn a ti o n a l Le plus fort tirage | la plus forte vente | la plus forte audience | de tous les temps

Droit de suite

www.lesoftonline.net

www.lesoft.be

since 1989

N°1306 | 1ère éd. mercredi 11 Février 2015 | 20 PAGES €6 $7 CDF 4500 | FONDÉ à kinshasa PAR TRYPHON KIN-KIEY MULUMBA

La pire face des réseaux sociaux

I

L’éducation critique aux médias voilà ce qu’il faut face à la puissance des TIC. Il faut expliquer aux gens d’où vient l’information découverte sur Internet. montage le soft.

lya deux ans, le débat a fait rage lors de l’événement annuel planétaire Télécom à Dubaï auquel le Congo prenait part pour l’une des rares fois. Ministres et

plénipotentiaires des TIC de la planète réunis dans la futuriste ville des émirats Arabes Unis n’étaient pas parvenus à s’accorder sur le sort de l’Internet et de ses moult dérivés, les cercles de discussion ou réseaux sociaux! Catastrophe: les missi dominici se séparèrent en se mettant d’accord qu’ils ne s’étaient accordés sur rien! à Pékin,

ville où la Terre entière va faire son business et prendre de l’argent en banque, il n’existe ni Google, ni Facebook, ni Twetter, ni Whatsap, etc., et cela ne dérange nullement les Grands qui s’y croisent dans les couloirs des plus beaux palaces. Dans un article paru au lendemain du débat au Palais du Peuple sur l’examen par les

élus du projet de loi électorale, le très sérieux quotidien français Le Monde écrit: «Au tout début du mouvement de protestation à Kinshasa, des images d’origine douteuse sont postées sur les réseaux sociaux, parfois reprises par certains sites d’information. Des photographies un peu floues que l’on imagine prises sur le

vif avec un téléphone mobile pour illustrer un mouvement de révolte en action. Sauf que des images qui se répandent alors sur les résaux sociaux ne proviennent pas de Kinshasa» (Le Monde du 26 janvier 2015) mais... du Burkina Faso voire de l’explosion de Mpila au Congo-Brazzaville! Ces images diffusées en prime time et en

boucle sur certains médias émeuvent les décideurs et fondent leurs décisions. Fautil interdire Internet? Il faut au contraire - comme le font les Nations du monde libre, sur les conseils des experts étatiques et des opérateurs privés - se prémunir des moyens pour les maîtriser et en assurer un juste développement. Comme toute

technologie, l’Internet et ses dérivés - les réseaux sociaux - ont des effets pervers et destructeurs de nos sociétés et se révèlent plus puissants que les moyens traditionnels d’information et de communication dont dispose aujourd’hui le monde. D’où l’importance de la régulation... Retour sur l’info ou droit de suite. Pages 6 à 10.


L’année impossible l’édito du soft |

I

Une scène d’affrontement le 19 janvier dans une rue à Kinshasa entre policiers et groupes de jeunes invoquant le chômage ou des raisons politiques. droits réservés.

l n’est pas facile d’être le... Zaïre! Ainsi se lamentait Mobutu à chacun de ses meetings légendaires! Il avait beau faire, le léopard avait toujours maille à partir face à ses protecteurs occidentaux qui lui cherchaient des poux sur la tête, à l’en croire! Il mit ça sur le compte du destin! Le Zaïre, ce pays tant désiré! Jamais l’extérieur dont il fut l’ami intime à sa prise de pouvoir et qui l’accompagna à ses débuts de pouvoir, ne lassa de le harceler. Surtout lorsque vînt la zaïrianisation dont tout le monde a dit tout le mal et quand sonna la perestroïka avec la fin de la guerre froide et que soudain, il s’aperçut qu’il avait terminé le boulot! Trois décennies plus tard, cette phrase se rappelle littéralement aux Congolais. Alors que le pays affiche les meilleurs chiffres économiques - un taux de croissance attesté de près de 10% qui fait pâlir l’Occident en dehors de tout programme avec le FMI voilà que le Congo qui s’est pris à rêver passe brutalement au cauchemar, renvoyé à ses réalités: un sous-continent

qu’il faut un jour avec courage politiquement appréhender, un demimillion d’ethnies et de cultures qui n’ont su vivre ensemble que dans un contexte, une classe politique déchaînée incapable de s’accorder sur l’essentiel, instrumentalisée à souhait. NéCESSAIRE ORDRE PUBLIC. C’est l’ambassadeure des états-Unis à Kinshasa Melissa Wells qui nota «plus de chaleur que de lumière» dans le débat kinois quand peu de temps avant le ministre état sénégalais - un certain Abdoulaye Wade - annonçait que le pays abritait «l’opposition la plus bête du monde». Si Mobutu est parti, les principaux lieutenants qui firent partie de son opposition comme de sa majorité - «la mouvance» - sont en place à la base du meilleur et du pire. S’ils n’avaient pas tous occupé les avant-postes du mobutisme, ils ont fourbi leurs armes dans l’ombre des personnalités mobutistes. Peu se sont réconciliés. Chacun reste loin de l’autre et les camps recomposés se regardent en chiens de faïence! La logique est sauve... Ceux qui demeurent loin du pouvoir et qui pensent que le pouvoir leur a été confisqué ressortent les vieilles

recettes mais doivent faire face aux nouveaux venus qui leur disputent les premières places en recourant aux recettes qui ont fait les icônes: la contestation aussi longtemps que ce n’est pas eux qui sont aux manettes! Objectif: se faire décerner l’étiquette de «chef de l’opposition» politiquement correcte. Car si hier, l’opposition ne nourrissait pas son homme, aujourd’hui - démocratie et droitsdelhommisme oblige! - elle marche très fort. Comment en effet être en paix quand on est au pouvoir sans entendre vous ressasser Burkina Faso? Cela ne servirait donc à rien d’aller à une rencontre internationale! C’est à croire qu’il ne sert à rien d’être dans l’action! Entre démocratie et développement, que choisir? Si, en Corée comme en France, en Grande Bretagne, en Allemagne, aux étatsUnis, etc. - développement fut synonyme de discipline - de l’ordre public jusqu’à l’interdiction de droit de grève en vue de sauver l’essentiel - comment nos pays iront-ils au développement dans la contestation et le chaos permanent? La révision de la loi électorale qui a donné le prétexte à des scènes d’émeute, de pillage et des tueries était-elle si

rebutante ou a-t-on usé de la recette contestataire pour faire comme le Burkina? Parmi ceux qui ont choisi le chienlit, qui a déployé vision, sens de l’état, responsabilité hormis «des antagonismes de frustration»? Installet-on une opposition à partir d’une frustration subie ou, au contraire, la construit-on à partir d’une vision partagée? De quelle crédibilité fait-on montre si aucune vision ne se dégage d’une action? De là à comprendre pourquoi aujourd’hui comme hier l’opposition peine à fournir une alternative au pouvoir... De là à comprendre pourquoi ce pays n’a jamais à ce jour connu de transfert de pouvoir pacifique.

PETITS TSHIkas SONT NéS. Le juriste étienne Tshisekedi qui rédigea le Manifeste de la N’sele qui permit à Mobutu d’installer la dictature aurait pu succéder pacifiquement à son ami. Il ne fournit jamais aucune posture à cet égard, refusant le simple respect des règles de la vie démocratique préférant s’installer dans l’extrémisme. Bien sûr, l’histoire lui reconnaîtra son rôle dans la désacralisation de Mobutu mais aussi celui d’avoir aidé son pays à plonger dans le précipice. A la prise de

pouvoir par l’AFDL, il remit le couvert oubliant que le pays avait changé de régime! Mzee ne su permettre. Et cela fait fort longtemps que le Sphinx a oublié d’exercer le pouvoir d’état... Qu’importe! Puisque d’autres petits Tshisekedi ont pris la relève, chacun poussant à la surenchère. à la vérité, s’il ne viendrait à l’esprit de personne de minimiser ce qui s’est passé dans quelques quartiers de Kinshasa et à Goma, il faut souligner une évidence: jamais aucune fois, lors de ces événements, le pouvoir ne donna l’impression d’avoir perdu le contrôle de la situation. Et c’est abusif de dire qu’à partir de ces événements, notre pays a voulu se burkinafasosiser! à Kinshasa, on a peu vu des groupes de jeunes partisans de l’alternance démocratique que des bandes de pillards d’établissements de commerçants chinois. Sur le campus, des soidisant étudiants ont été jusqu’à incendier leur propre laboratoire... nucléaire! Y voit-on signe de conscience politique? Reste que ces évènements inquiètent, à commencer par la majorité au pouvoir. Au lendemain de ces scènes de rues, la première question à se poser est celle de savoir

LE SOFT INTERNATIONAL | ÉDITION NATIONALE | N° 1306 | PAGE 2.

si la majorité existe ou si elle n’est pas un regroupement sans âme, qui se conteste ellemême, se tire des balles aux jambes!

IL EXISTE UN MALENTENDU. L’ennemi le plus dangereux n’est pas celui que vous connaissez; il est celui que vous ignorez et qui s’avachit dans vos propres rangs. Comment ne pas hurler son angoisse quand à longueur de journées, certains donnent au bourreau la corde avec laquelle ils doivent être pendus? à observer le déluge de mensonge et de trahison qui se déverse au sein de la majorité, on en vient à se demander ce qui, des années durant, n’a pas marché et ce que certains font ensemble quand ils ne peuvent composer! Il doit y avoir un malentendu... L’histoire demandera demain pourquoi la majorité accepta de lancer en public le débat électoral, plusieurs années avant le terme, entravant du même coup la conduite de l’action pour laquelle elle fut élue et pourquoi ne sut-elle pas clore ce débat ou le maîtriser à un niveau acceptable. Demain, l’Histoire donnera des réponses… Pour l’heure, notons qu’alors qu’elle dispose encore de 24 mois pour poser des actes

et conduire l’action, la majorité court le risque de rendre 2015 une année impossible depuis qu’elle s’est laissé prendre au piège de l’opposition qui n’a eu de cesse de la harceler et dont c’est finalement le rôle. Elle a d’abord littéralement contesté le président de la CéNI avant de le reconnaître de facto. Après cet échec, elle monte la pression sur ses délégués au sein de la CéNI, les sommant de quitter la centrale électorale mais voyant l’action perdue d’avance, elle trouve l’arme fatale: le projet de loi électorale accusée de tous les péchés quand c’est elle-même qui réclama recensement des habitants et identification des Congolais. Portée par sa success story, elle remet le couvert avec l’ultimatum du calendrier électoral global à publier par le même... abbé Président honni et désiré! De là, l’opposition fait sienne la demande des Occidentaux partenaires du processus électoral! Voit-on de la cohérence à tout ça? à la majorité de répondre. Elle qui à ce jour est menée par l’opposition et peine à rebondir ou à trouver la parade! Sans une thérapeutique de choc qui passe par la recomposition, quel va être son sort?

T. MaTotu n


LE SOFT INTERNATIONAL | ÉDITION NATIONALE | N° 1306 | PAGE 3.


l’actus |

En un an, détournement fiscal monstre: 180 milliards d’euros, les banques ne sont pas des enfants de chœur

P

lus de 180 milliards d’euros. Une somme qui donne le tournis et qui aurait été dissimulée au fisc entre 2006 et 2007. Derrière cette évasion fiscale géante, la banque HSBC, qui aurait encouragé ses clients à cacher leur argent. Cette affaire, révélée par le journal «Le Monde» et baptisée «SwissLeaks», éclabousse encore une fois le secteur des banques suisses mais aussi certaines personnalités françaises... Selon «Le Monde», il s’agit d’une «gigantesque fraude à l’échelle internationale». Le quotidien du soir s’est procuré l’ensemble des données volées par un ancien employé d’HSBC et qui contenait des informations sensibles sur des comptes cachés en Suisse. On découvre aujourd’hui que sur la seule période de novembre 2006 à mars

éclaboussée, la banque suisse reconnaît désormais les faits mais affirme avoir fait le ménage. droits réservés.

Sarkozy en plein passage à vide

E

L’ancien président français est-il en train de perdre son pari, celui de revenir un jour à la tête de l’état. BONAVENTURE AFP. n France, l’échec législative partielle déconfiture. Seuls 39% dans le Doubs a point, mais qu’il s’était de l’UMP dans le Doubs face des sympathisants UMP enfoncé le clou. aussi révélé incapable (opposition de au FN et au PS. «Le souhaitent aujourd’hui «Sarkozy avait «vendu» de tenir ses troupes. droite) à la législative Doubs est le symbole sa candidature à la son retour à la tête Les consignes de vote partielle du Doubs du fait qu’il n’y a pas future présidentielle, de l’UMP avec deux pour le deuxième tour souligne l’errance de d’effet Sarkozy, en tout contre 65% en arguments: remettre ont en effet donné son chef cas dans l’opinion», septembre, soit une de l’ordre et de la lieu à une cacophonie: Ce n’est pas une remarque Eddy chute de 26 points en discipline dans le parti, Nicolas Sarkozy ne traversée du désert Fougier, politologue cinq mois, selon un et endiguer la hausse du voulait pas en donner, mais ça y ressemble. à l’Iris. Revenu sur sondage BVA - Orange FN», rappelle Thomas tout en appelant à faire Depuis son retour la scène politique en - iTélé paru samedi. Et Guénolé, politologue barrage au FN, mais annoncé comme prenant la présidence autant «l’esprit du 11 et auteur de Nicolas le bureau de l’UMP a triomphal, l’ancien de l’UMP, l’ancien chef janvier» post-attentats Sarkozy, chronique rejeté cette proposition, président multiplie les de l’état et candidat a bénéficié à François d’un retour impossible? appelant ses électeurs ratés, qui ont culminé non déclaré pour la Hollande, autant il a Or le résultat de à voter blanc ou à avec l’élimination de présidentielle de 2017 laissé Nicolas Sarkozy l’élection a montré que s’abstenir, sans leur l’UMP dès le premier ne s’attendait sans sur le bord du chemin. non seulement il avait demander de faire le tour lors de l’élection doute pas à une telle La défaite de l’UMP échoué sur ce second vote «républicain». LE SOFT INTERNATIONAL | ÉDITION NATIONALE | N° 1306 | PAGE 4.

I

2007, plus de 180 milliards d’euros ont transité à Genève par les comptes de «plus de 100.000 clients et de 20.000 sociétés offshore». Avec l’objectif de passer inaperçus et de ne pas être taxés par les services fiscaux. «Le Monde» raconte que la filiale suisse HSBC Private Bank aidait notamment ses clients fortunés à dissimuler leur argent derrière des sociétés offshores basées au Panama et dans les îles Vierges britanniques. La banque aurait eu un rôle actif pour encourager ses clients à procéder ainsi, leur facilitant aussi le retrait régulier de grosses sommes d’argent en liquide. Aujourd’hui, HSBC reconnaît ces pratiques illégales et évoque des «défaillances» qui seraient impossibles aujourd’hui avec les nouvelles normes bancaires. La banque affirme que ces pratiques de fraude fiscale ne sont plus d’actualité.

Comment Hervé Renard a conduit les éléphants au sacre

ntronisé après l’élimination au 1er tour du Mondial à la place de Sabri Lamouchi, Hervé Renard a resserré les boulons et transformé la Côte d’Ivoire. La planète football découvre un technicien exigeant avec ses troupes, amoureux du jeu et de la technique mais ne concevant pas le plaisir sans rigueur. Hervé Renard est sélectionneur de la Zambie et va parfaitement utiliser le souvenir douloureux de 1993. Cette année-là, les Zambiens perdent toute leur équipe de football, les Chipolopolos, dans un tragique accident d’avion à Libreville. Le Français fera d’une formation de second rang une machine indestructible et lui offrira la première CAN de son histoire. En 2015, le défi est autrement plus corsé pour Renard: prouver qu’il a l’étoffe pour guider une équipe composée de stars et attendue à chacune de ses appa-

ritions. Les débuts ont été laborieux mais le Français natif d’Aix-lesBains n’a jamais dévié de sa ligne, imposant une discipline tactique de fer aux vedettes ivoiriennes. Le déclic est survenu après un lourd revers à Abidjan face à la RD Congo (4-3), le 15 octobre 2014 en qualifications de la CAN. Renard, intronisé après l’élimination au 1er tour du Mondial à la place de Sabri Lamouchi, a resserré les boulons et transformé la Côte d’Ivoire en un bloc d’abord apte au combat. «Quand un adversaire affronte la Côte d’Ivoire, il y a tout ce que cela comporte: trois Coupes du monde consécutives, des joueurs qui jouent dans les plus grands clubs. Mais il faut passer à des choses moins bling-bling et plus efficaces», avait-il averti au début du tournoi. Le bilan comptable des Éléphants durant cette CAN est à cet égard édifiant: 3 victoires et 3 nuls, dont la finale gagnée aux tirs au but, et neuf buts inscrits pour quatre encaissés en six rencontres.


Dix gardiens du temple kabiliste

S

i le Président de la République a dit un jour être à la recherche de 15 collaborateurs de choc pour l’aider à mener le Congo à l’émergence, ce sont 10 «irréductibles fidèles» que Jeune Afrique a trouvés autour de «la forteresse Kabila» «qui veillent jalousement sur le président». Cette «garde rapprochée déterminée à défendre son chef» est composée d’une femme (la sœur jumelle du Chef de l’état Jaynet Kabila, Députée), de deux galonnés (le général Célestin Kanyama, chef de la police à Kinshasa et le général-major JeanClaude Kifwa Kambili, commandant de la IIème zone de défense), de Kalev Mutond, administrateur général de l’agence nationale de rensei-

gnements, de Théodore Mugalu, Député élu qui a opté pour le poste de directeur de la Maison Civile du Chef de l’état, de Zoé Kabila, Député et frère cadet du Président de la République, de son directeur de cabinet Gustave Beya Siku et de trois ministres: évariste Boshab Mabuj, Vicepremier ministre en charge de l’Intérieur et Sécurité, Tryphon Kin-kiey Mulumba, ministre des Relations avec le Parlement et de Lambert Mende Omalanga, porteparole du Gouvernement, ministre de la Communication et des Médias. Exercice périlleux. Florilège de commentaires de Jeune Afrique sur ces trois ministres: Lambert Mende Omalanga: «Son aplomb pour contredire les infor-

mations dérangeantes est devenu légendaire à Kinshasa». évariste Boshab Mabuj: «Il est convaincu de la légitimité d’une révision constitutionnelle dans le but de maintenir le président au pouvoir». Tryphon Kin-kiey Mulumba: «Initiateur de l’Association Kabila Désir prônant la prolongation du dernier quinquennat de son champion, Kin-kiey Mulumba reste sur sa ligne: «Je ne crois pas que la RD Congo arrivera à mobiliser les moyens financiers nécessaires à la tenue des élections avant 2016», préconisant la mise en place, le moment venu, d’une transition politique. Mais pas sans Kabila». Exercice périlleux. Jeune Afrique: «S’ils n’ont pas tous la même influence sur le Chef (...), ils ont en commun la conviction

que le pays ne peut, ou ne doit, être dirigé par un autre». Puis: «La garde rapproche de Kabila a encore bien des cartes en main pour repousser l’échéance de 2016: des élections locales intermédiaires, complexes et non financées, qui pourraient être retardées; un redécoupage des provinces qui ne manquera pas de susciter des mécontentements; et la réactivation du fameux recensement préalable, dont il reste une trace dans l’article 115 de la loi électorale. Ne rien faire pourrait finalement suffire au clan pour obtenir ce qu’il souhaite. L’opposition appelle donc à la vigilance. Mais lutter contre une accumulation de petits retards sera une autre paire de manches» (n°2821, daté du 1er au 7 février 2015).

et locales.

morts et des pillages. ça y est: c’est désormais fixé. Ce séminaire de mise à niveau et en cohérence des membres du Gouvernement a été délocalisé: il se tiendra les 12 et 13 février dans la Capitale au chapiteau de la Cité de l’Union Africaine. Reste à savoir si les animateurs invités vont refaire le voyage retour. Ayant attendu à Kinshasa, ils avaient fini par regagner leurs pays respectifs.

T. matotu n

L’équipe Matata entre en séminaire

N

ommé le 7 décembre 2014, l’équipe Matata II dite de cohésion nationale s’apprête enfin à se lancer dans des dossiers. à ce jour - il faut le dire - l’équipe gérait plutôt les affaires courantes et n’avait pu faire le plongeon dans les affaires gouvernementales proprement dites. Il n’y a pas non plus eu à ce jour de Conseil des ministres hormis deux réunions extraordinai-

res - celle de prise de contact avec le Président de la République - qui préside le Conseil des Ministres, aux termes de la Constitution de la République - et celle d’urgence qui eût à connaître le fameux projet de loi modifiant et complétant la Loi n°06/006 du 9 mars 2006 telle que modifiée par la Loi n°11/003 du 25 juin 2011 portant organisation des élections présidentielle, législatives, provinciales, urbaines, municipales

Avant la mise à l’eau. Avant la mise à l’eau, il fallait un séminaire gouvernementale. Le Président de la République y tient. Prévue à l’origine pour se dérouler à Zongo, site touristique du Bas Congo, cette activité n’a pu avoir lieu, la ville de Kinshasa ayant été secouée par l’agitation d’après examen du projet de révision de la loi électorale qui fit des

Alungwa Mbuwa n

l’actus |

Ils prennent la caisse, à la base de la déconvenue des Léopards

I

ls sont revenus à la maison amputés de quelques-uns: Chikito Cédric Mongungo, Cédric Makiadi et Dieumerci Mbokani (qui ont sans doute préféré filer directement vers leur club où ils évoluent) et de... Lema Mabidi, Mabwati, qui a fait ses valises en catimini pour la Tunisie. Ceux qui sont revenus brandissaient un titre: une médaille de bronze de la XXXème CAN. Une chance pour nos Léopards que personne n’attendait à ce niveau de compétition. Mais on sait que si le Congo n’a pas investi dans la jeunesse et donc dans le sport depuis les jeunes âges comme par exemple la Côte d’Ivoire qui dispose d’une... académie de foot, notre pays avait la possibilité de faire mieux. Certes, cette fois, la prime consistante a suivi, mais il faut signaler que le Chef de l’état s’est rendu en Guinée équatoriale féliciter personnellement ces jeunes et les encourager avec à la clé une nouvelle prime d’encouragement... Mais c’est là que tout a dérapé. «Le 4 février 2015 à Bata, en Guinée équatoriale, ce fut une autre équipe des Léopards. Contrairement au 11 national, qui a sorti

les griffes samedi 30 janvier face aux Diables Rouges du Congo Brazzaville (4-2) en quarts de finale, la sélection alignée face aux éléphants de la Côte d’Ivoire était sans âme et dépourvue de toute rage de vaincre. Si le foot a toujours réservé des surprises et les Léopards ont habitué le Congo à des résultats en dents de scie ces dernières années, la déconfiture de cette demi-finale aurait pu être évitée si les rapaces ne s’en étaient pas mêlés. En tête, le président de la Fédération congolaise de football Fécofa, Constant Omari, accusé par les joueurs d’être à la base de la démotivation. En cause, la gestion opaque de la prime d’encouragement allouée par le Président de la République (...). Sabotage? Irresponsabilité? Mauvaise foi? On a craché dans la main du Président de la République, qui aura fait le nécessaire pour mettre les athlètes dans de bonnes conditions», écrit notre confrère AfricaNews (série II, n°1041, 6-8 février 2015). Pugilat dans les vestiiaires. Accusés, assène Ya Kakese qui signe l’article: Le ministre de la Jeunesse, Sports

et Loisirs Sama Lukonde Kienge, le président de la FéCOFA, Constant Omari, les deux viceprésidents de celui-ci Barthélémy Okito qui a déserté le comité d’organisation des IVème Jeux africains prévus en ce mois de février après mains reports, le coordonnateur Théo Binamungu déjà soupçonné en 2013 d’avoir compromis les chances des Léopards à la CAN sud-africaine et le président du Comité olympique congolais, Amos Mbayo. Selon des sources proches du dossier, le Chef de l’état aurait remis une enveloppe consistante mais à leur grande surprise, les joueurs se sont laissé remettre USD 10.000 chacun. «La tension est montée d’un cran. On a frôlé le pugilat dans les vestiaires des Léopards», écrit également Ya Kakesa. Les joueurs auraient déclaré aux officiels: «Puisque ce ne sont que vous qui avez besoin d’argent, alors gardez tout l’argent». Est-ce pour cela que certains joueurs ont pris la clé des champs? Oui et non! Mais le dépit est total. Âgé de 39 ans, Robert Kidiaba a fait ses adieux à la CAN et arrêté la carrière internationale. Il reste néanmoins au TPM.

D. dasei n

Retrouvez-nous sur notre site web: http://www.kabila-desir.org, sur Youtube ou rejoignez-nous directement phone number +243 851782310 LE SOFT INTERNATIONAL | ÉDITION NATIONALE | N° 1306 | PAGE 5.


droit de suite |

à L’agitation de début janvier à Kin, ils donnent une dimension inespérée

La pire face des réseaux sociaux

A

ucun doute: l’Internet et ses dérivés - les réseaux sociaux - se révèlent plus puissants que les moyens traditionnels d’information et de communication dont dispose aujourd’hui le monde. D’où l’importance de la régulation... Au Congo, cette technologie est arrivée sans que la loi n’ait pu être mise à niveau. Un nouveau cadre légal existe au Gouvernement et tarde à être présenté au Parlement... Entre-temps, comment gérer un secteur qui tient du sensible droit à l’information et de la liberté sensible d’expression? Surtout quand l’Internet et ses dérivés dérapent comme cela a pu être constaté lors de l’agitation de début janvier à Kinshasa et à Goma en marge du débat sur la révision de la loi électorale! La question est planétaire. Avec le débat sécuritaire, médias et recherche consacrent au sujet moult analyses. Il y a deux ans, la question fut au débat à l’événement annuel Télécom à Dubaï auquel le Congo prit part. Au Congo, on découvre soudain que les réseaux sociaux peuvent donner aux événements une dimension qu’ils n’auraient jamais pu espérer autrement. Des photographies un peu floues que l’on imagine prises sur le vif avec un téléphone mobile pour illustrer un mouvement de révolte en action. Sauf que des images qui se répandent alors sur les résaux sociaux ne proviennent pas de Kinshasa» (Le Monde du 26 janvier 2015) mais... du Burkina Faso voire de l’explosion de Mpila au CongoBrazzaville! Ces images diffusées en prime time et en boucle sur certains

L’Internet et ses dérivés Google, WhasApp, Twitter, Facebook, etc., certainement le meilleur et le pire. montage lesoft. qui ont attaqué la le gouvernement Si les thèses Jamin. Lors de l’affaire médias émeuvent les décideurs et fondent rédaction de Charlie israélien ou une conspirationnistes Dutroux (en Belgique), leurs décisions. FautHebdo n’étaient pas autre organisation prennent des formes de nombreuses il interdire Internet? ceux que l’on croit? Et mystérieuse. Les disparates, leurs théories ont circulé sur Il faut au contraire si les frères Kouachi attentats de Paris ne ressorts sont assez l’existence de supposés - comme le font les étaient morts depuis sont pas un cas isolé. semblables. «Ce réseaux. L’élément de Nations du monde plusieurs mois déjà? Et C’est désormais un qui relie les théories vérité, c’est que des libre, sur les conseils si Amedy Coulibaly, automatisme: chaque du complot, c’est dysfonctionnements des experts étatiques le preneur d’otages du fois que survient qu’elles tournent toutes ont bien eu lieu du et des opérateurs supermarché Casher, un événement autour de la notion de côté de la police, de privés - se prémunir avait été menotté bien hors du commun, pouvoir, relève Jérôme la gendarmerie et du des moyens en vue avant que les forces l’interprétation des Jamin, professeur de système judiciaire». de les maîtriser et de l’ordre ne donnent faits communément sciences politiques à Les théories du en assurer un juste l’assaut? Et si les admise se double l’Université de Liège. complot ne partent développement. djihadistes n’avaient d’un véritable festival Elles véhiculent un pas de rien. Elles se Comme toute rien à voir avec ces off sur Internet. Les soupçon généralisé: fondent toujours sur technologie, l’Internet attentats sanglants? inondations en Serbie, derrière le pouvoir se des bizarreries, des a ses effets pervers Et si tout cela était le crash d’un avion de cache un autre pouvoir; incohérences. Elles et destructeurs de orchestré par un lobby la Malaysia Airlines, derrière la vérité pointent ce qui pose nos sociétés. Droit de occulte? Il n’aura fallu et même la Coupe du officielle, existe une problème dans le suite. que quelques heures, monde de football, vérité officieuse». discours des autorités, Bien plus puissantes après les événements ont ainsi suscité un et à partir de là, que de simples tragiques de Paris, pour florilège de lectures les réseaux elles produisent une rumeurs, les théories qu’une multitude de «dissidentes». Point sociaux, le nerf explication alternative. du complot prétendent théories fumeuses se commun de toutes ces de la guerre. «Les tueries du Brabant dévoiler le pouvoir répandent sur le Net. théories alternatives: Motif récurrent: les ont généré énormément occulte des juifs, des De quoi troubler bien la réalité telle qu’elle décisions importantes de théories du complot, francs-maçons, de la des esprits. apparaît sous nos ne se prennent pas reprend Jérôme CIA ou des Illuminati. Selon un sondage yeux, telle que nous là où l’on croit, mais Jamin. à juste titre: Quelle est l’audience commandé par la montrent les grands «ailleurs». il s’est passé à ce réelle de ces thèses? le site Atlantico, médias et les autorités Le plus souvent, les moment-là quelque Contiennent-elles 17% des Français politiques, cette réalité- théories du complot chose de très spécial. une part de vérité? sont aujourd’hui là ne serait qu’un en vogue contiennent Ces attentats répétés Représentent-elles convaincus que ces gigantesque enfumage. cependant certains visaient sans doute un un danger pour la attentats ne sont pas Derrière le voile éléments de vérité. objectif précis. Mais démocratie? Et à qui l’œuvre d’extrémistes trompeur, une cohorte C’est d’ailleurs, en lequel? Les théories profite leur essor? musulmans, mais de pouvoirs occultes partie, ce qui fonde du complot fournissent Par François Brabant, relèvent d’un et de manipulateurs leur succès. «On n’est une réponse toute avec Olivier Rogeau complot impliquant chevronnés régiraient jamais dans l’invention prête». Et si les terroristes les services secrets, la marche du monde. pure, commente Jérôme Les théories du LE SOFT INTERNATIONAL | ÉDITION NATIONALE | N° 1306 | PAGE 6.

complot prospèrent souvent à partir d’un mécanisme basique. Elles partent d’un postulat de départ (les autorités mentent) et ensuite, elles rassemblent tout ce qui fait farine à leur moulin. «Un tel procédé s’oppose radicalement à la démarche scientifique, où l’on doit toujours démontrer de façon rigoureuse ce qu’on avance, explique Jérôme Jamin. La théorie du complot s’engouffre dans les failles du discours officiel et établit un scénario dissident. à partir de là, elle va sélectionner des éléments qui vont dans le sens du scénario voulu. Ce n’est donc pas une démonstration, mais une accumulation de données triées sur le volet, en ne sélectionnant que ce qui confirme la théorie». Pour cette raison, les théoriciens du complot sont très difficiles à contredire. Comment établir que leur démonstration ne tient pas la route quand, justement, il n’y a pas de démonstration? La politique internationale, en particulier, excite l’imagination des complotistes. à les croire, la majorité des événements seraient téléguidés en coulisses par les Juifs, le Mossad, la CIA, les communistes, les Jésuites, voire les extraterrestres. Plus fort encore: une congrégation secrète le groupe de Bilderberg ou les Illuminati - dicterait sa loi à l’Union Européenne, aux états-Unis, à l’ONU. Une variante interprète l’ensemble de l’actualité à partir d’une grille de lecture unique: l’axe américano-sioniste. Dans ce schéma, le gouvernement américain ne serait qu’une marionnette aux mains d’Israël et des Juifs. «Là encore, la théorie du complot repose sur des éléments (suite en page 7).


droit de suite |

La planète entière s’en plaint

Ils sont plus puissants que les moyens traditionnels

(suite de la page 6).

de vérité, note Jérôme Jamin. Les étatsUnis sont la première puissance mondiale et ils soutiennent de longue date Israël. Mais c’est une chose d’analyser cette proximité politique, ç’en est une autre de penser que les Juifs dominent le monde et ont soumis les étatsUnis à leur pouvoir». Le carburant qui alimente la prolifération des théories du complot, c’est bien sûr l’énorme défiance dont souffrent aujourd’hui les médias traditionnels. Outre Atlantique, les principales chaînes de télé et les quotidiens de référence paient encore la facture des années Nixon et Bush. Auteur d’un ouvrage de référence sur le sujet, l’historien et biologiste Nicolas Chevassusau-Louis le rappelait récemment: «Le scandale du Watergate, puis les mensonges sur les armes de destruction massive en Irak, ont profondément décrédibilisé la parole publique aux états-Unis. Si le gouvernement a manifestement menti à la population à deux reprises, pourquoi ne lui mentirait-il pas tout le temps? C’est en substance le terreau du raisonnement conspirationniste». Les théories du complot présentent encore un point commun: elles rejettent le hasard. Un événement dramatique ne peut pas être le fruit d’un enchaînement de coïncidences malencontreuses. Non, assoiffés d’explication, les complotistes veulent que tous les faits d’actualité résultent d’une volonté claire. Cela s’est remarqué après le tragique accident de train qui a eu lieu à BrétignysurOrge, en France, le 12 juillet 2013. Diverses hypothèses de sabotage, voire de machination à grande échelle, ont aussitôt circulé sur les réseaux sociaux. Qu’une fissure soit apparue dans le rail depuis plusieurs mois, que plusieurs boulons se soient détachés, que l’aiguillage ait été défectueux, cela ressemblait à une

Le monde révolutionné. Les journalistes ont cessé d’exister. La parole est désormais aux réseaux sociaux grâce à un clic. dréservés. succession de hasards invraisemblables aux yeux des théoriciens du complot. L’école démuniE. Un an après la catastrophe, un rapport d’enquête soulignant le mauvais état du réseau ferroviaire français écartera pourtant l’hypothèse d’une intervention humaine. Internet favorise bien sûr l’expansion des théories du complot. Autrefois cantonnées dans la marginalité des librairies ésotériques, elles sont désormais à portée de clic. Et elles circulent à toute vitesse, sans contrôle. Mais le facteur technologique est-il le plus décisif? L’impression d’un monde de plus en plus complexe joue également. «Si on se contente du flux médiatique quotidien, on ne sait plus très bien qui dirige l’Union Européenne, constate Jérôme Jamin. Les peuples? Quand on voit la Grèce ou la France, on peut en douter. La Commission? Les chefs d’état? Ce n’est pas clair non plus. Quand on ne comprend pas ce qui se passe, il est rassurant de se dire qu’il existe une explication, même si elle est secrète». Là se situe toute la différence entre une simple rumeur et une théorie conspirationniste. La première se contente d’être colportée, elle ne concerne le plus souvent qu’un aspect bien particulier d’un événement. La seconde, au contraire, fournit une explication globale. Elle prétend

éclairer sous un jour nouveau les guerres, les catastrophes, les rapports de pouvoir. «Quand on parle de théorie du complot, c’est le mot théorie qui importe», insiste Nicolas Chevassusau-Louis. Si les conspirationnistes rencontrent autant d’intérêt, c’est aussi parce que leurs théories sont valorisantes pour les personnes qui y adhèrent. De nombreux professeurs, confrontés en classe au phénomène, le confirment: les élèves adeptes des théories du complot ont un sentiment de supériorité. Ils se perçoivent comme plus lucides, moins crédules que la majorité de leurs condisciples. «Il y a une forme d’autopromotion, souligne Jérôme Jamin. Celui qui adhère à la théorie comprend ce que les autres ne comprennent pas. C’est une façon de se mettre soi-même sur un piédestal». Du coup, les enseignants se retrouvent démunis à l’heure de contrer ces raisonnements fallacieux. Faut-il ordonner aux élèves de ranger leur scepticisme au placard? Leur demander de croire aveuglément tout ce que disent les médias et les gouvernements? Non, bien sûr. La mission de l’école est précisément d’aiguiser l’esprit critique des adolescents. Mais alors, que faire? Jérôme Jamin pointe une contradiction. «D’un côté, ces jeunes - et moins jeunes - se présentent comme faisant preuve d’esprit critique. De l’autre,

leur esprit critique disparaît dès qu’ils adhèrent à la théorie dissidente. à partir du moment où ils tombent dans cette autre lecture, c’est le plus souvent sans aucune réserve. Certains universitaires très sérieux soulignent que beaucoup de choses ne sont pas claires dans les attentats du 11 Septembre. Mais exprimer un doute, une méfiance, ce n’est pas encore affirmer que la CIA a tout organisé. Ce n’est pas du tout le même degré d’enfoncement dans la théorie du complot». Quant à l’audience des théories du complot, elle varie de l’une à l’autre. D’après un sondage réalisé pour BFM TV, 57 % des Français pensaient, en mai 2011, que Dominique Strauss-Kahn avait été victime d’un complot à New York. Une autre enquête, en 2008, évaluait à 28 % la part de la population française doutant qu’AL-Qaeda soit à l’origine du 11 Septembre. Avant cela, en 1999, un sondage avait montré que 6 % des Américains considéraient que les missions Apollo avaient été truquées et qu’aucun astronaute n’avait jamais mis le pied sur la Lune. Il n’existe cependant pas de profil type de l’adepte des théories du complot, même si les jeunes y sont plus réceptifs que leurs aînés. «Il y a pour eux un aspect ludique et excitant à cette accumulation d’indices et au partage de pseudo-révélations», estime le sociologue

Gérald Bronner, auteur de La démocratie des crédules (Paris, PUF). Des différences existent aussi, semblet-il, en fonction des sensibilités politiques. Dans le cas de l’attentat contre Charlie Hebdo, la thèse complotiste séduit en France surtout les sympathisants du Front national (27 %), puis les écologistes (18 %), les supporters de la droite classique (15 %) et du Parti socialiste (9 % ). Les théories du complot ne se contentent pas de véhiculer la suspicion vis-à-vis des pouvoirs établis. complotite bat son plein. Elles charrient le plus souvent des arrière-pensées idéologiques, même si leur message est difficile à cataloguer, car il emprunte à diverses sources: la traditionnelle logorrhée d’extrême droite, un vieux fond d’antisémitisme, une pincée d’antiaméricanisme, des références tiersmondistes, le phrasé direct des rappeurs de banlieue, l’éloge des petites gens et des exclus... Dans l’espace francophone, l’humoriste (français d’origine camerounaise) Dieudonné est devenu l’un des principaux diffuseurs de ces théories, à travers son site Quenel+. En Belgique, l’exdéputé Laurent Louis a lui aussi contribué à propager la rhétorique «antisystème». Avec un succès non négligeable. Aux élections de mai 2014, son parti Debout Les Belges a recueilli 5,3 % à Châtelet, 5,2 % à Boussu, 5,1 % à Charleroi, 4,4 % à Mons... Les théories du complot brouillent tous les clivages classiques et leur substituent une seule ligne de fracture: système antisystème. De quoi semer la confusion dans le débat démocratique. Comment s’opposer sur l’orientation à donner au pays si on ne parvient même pas à s’accorder sur les faits les plus élémentaires, si on ne perçoit pas la même réalité? La montée en puissance des théories du complot désarçonne d’ailleurs

LE SOFT INTERNATIONAL | ÉDITION NATIONALE | N° 1306 | PAGE 7.

tous les courants politiques, y compris l’extrême gauche et l’extrême droite. Ainsi, quand JeanMarie Le Pen a déclaré dans un tabloïd russe que l’attentat contre Charlie Hebdo «portait la marque des services secrets», il a été sèchement recadré par Florian Philippot, le n°2 du Front national français, qui a affirmé que le vieux fondateur du parti «avait bu trop de vodka» au moment de son interview. à l’autre bout du spectre politique, l’organisation anarchiste Alternative libertaire a mis en garde ses militants: «Sous couvert de subversion, le conspirationnisme simplifie le monde, instille de l’irrationnel dans la pensée, et au bout du compte, décourage toute action collective - à quoi bon agir en effet puisque «tout est joué d’avance» par les «maîtres occultes»?» «Mais attention, les

vrais complots existent aussi!», met en garde Jérôme Jamin. L’Histoire en est même jalonnée, depuis l’assassinat de Jules César jusqu’au coup d’état contre le président guatémaltèque Arbenz, avec la complicité de la CIA, en passant par le «Neuf Thermidor», qui a vu tomber Robespierre et SaintJust, et par la Nuit des longs couteaux, au cours de laquelle les SS éliminèrent les SA. De tout temps, il y eut des gens pour essayer de peser sur le cours des événements de façon discrète ou secrète. «Il y a cependant une marge énorme, conclut Jérôme Jamin, entre reconnaître ces réalités historiques et déceler des complots partout, voire imaginer un seul complot mondial».

François Brabant n Olivier Rogeau n

Le Vif-L’Express Paris-Bruxelles. 6-12 février 2015 n°3318.

Samy Badibangi pris la main dans le sac du mensonge

L

undi 19 janvier 2015 fut le jour de la visite d’état à Kinshasa du président Edouardo Dos Santos. La visite avait été prévue de longue date et ses conditions mises au point entre les deux parties angolaise et congolaise notamment de couverture médiatique. Personne n’avait prévu - la planification et le protocole n’ont jamais été le point fort - c’est une lapalissade - de Kinshasa - que ce même 19 janvier, le Sénat débattrait en deuxième lecture du projet de révision de la loi électorale et que la Chambre haute du Parlement exigerait une couverture en direct sur la 1ère chaîne de la télévision publique Rtnc. Or, la même demande avait été formulée par la partie angolaise pour la visite du Chef de l’état angolaise et acceptée par la partie congolaise! Du coup, le Sénat

n’avait qu’à prendre son mal en patience. à 9h30’, la délégation gouvernementale avait pris place dans l’antichambre du Sénat, attendant le début de la plénière. Impossible sans le direct sur la Rtnc. Information donnée aux ministres que sans cette condition, le Sénat ne pouvait valablement siéger... Plénière reportée au lendemain, 9h00. C’était sans compter avec les opposants qui tentaient de mobiliser par tous les moyens. Et l’(ex)-Udps Samy Badibangi de lancer un tweet, criant victoire: «ça y est! On a gagné! Le Sénat annule la plénière. Il refuse de débattre du projet de loi gouvernemental...». Il fit un buzz qui tourna sur la planète... avant d’être démenti par un contre tweet tueur parti de la délégation gouvernementale au Sénat! Moralité: si l’Internet peut être redouté, il faut faire vite de se l’approprier...


droit de suite |

Profession piéger les lecteurs

L’âge d’or des sites de fausses nouvelles

A

u Congo, nombre de personnes sont à se demander à quel media ils peuvent se fier pour s’informer. Même les annonceurs se tournent désormais vite et fréquemment vers les médias étrangers ne trouvant aucun média local «digne»! Il n’est pas rare de lire à la une de nos journaux ou d’entendre à longueur de journées sur notre audiovisuel public ou privé des nouvelles au minimum à manipuler avec une extrême prudence. En fait, quiconque peut faire diffuser ce qu’il veut au Congo... Il suffit de remettre au premier rédacteur deux ou trois billets verts. En septembre 2014, une effrayante rumeur se répand jusqu’aux États-Unis: un certain Doug Stephener, un pédophile cannibale condamné à mort au Texas, aurait exigé, pour son dernier repas, de manger... un enfant. Tout vient d’un article sur internet, complètement faux, mais partagé par des milliers de personnes, bientôt des millions! «L’article a été vu 4 millions de fois! C’est mon record», rigole encore Vincent Flibustier, l’auteur de cette fausse info. Le jeune Belge de 24 ans est le créateur et le principal contributeur du site «Nord Presse» (une parodie du site du journal à succès «SudPresse»). Flibustier (c’est évidemment un pseudo) n’est pas peu fier de son exploit: «J’ai même traduit le texte en anglais pour un maximum d’impact », dit-il. Et il a décliné dans les jours qui ont suivi trois autres articles farfelus sur le même thème: «Un enfant a été trouvé pour le dernier repas d’un condamné à mort», «Le condamné à mort refuse de manger l’enfant parce qu’il est trop cuit», pour finir par «Le condamné à mort s’est étouffé à cause de son enfantrepas, sa femme porte plainte». Une parodie potache, plutôt drôle,

Cabu, le caricaturiste assassiné de Charlie Hebdo en compagnie d’autres de ses collègues. dr.

mais qu’un nombre incroyablement élevé de lecteurs a pris au premier degré. Certains ont même lancé une pétition... Une victoire pour Vincent Flibustier: «Oui, mon but est de piéger les lecteurs, ce n’est pas juste pour la bonne blague. Et, pour parler sérieusement, cela me dérange de constater à quel point les gens ne vérifient pas ce qu’ils lisent sur internet!». Au rayon «carton», une autre info amusante «made in Nord Presse» a également fait le tour du monde en juillet dernier, après la défaite historique du Brésil face à l’Allemagne à la Coupe du monde de football: «Ivre, il parie 7-1 pour l’Allemagne et devient millionnaire». Partagé essentiellement sur les réseaux sociaux mais aussi sur des sites sérieux, le sujet a été vu près de 4 millions de fois lui aussi! Mais le risque de dérapage plus ou moins contrôlé n’est jamais loin, comme en témoigne un autre fait tout récent concernant encore «Nord Presse». Il y a trois semaines, des ados se sont battus dans une cour d’école à Bruxelles. Ils se disputaient à propos des théories du complot qui ont fleuri sur internet après l’attentat de «Charlie Hebdo». Pour convaincre ses camarades, un des ados leur a produit un article de «Nord Presse», titré «Après 7 millions d’exemplaires de «Charlie Hebdo» vendus, Charb avoue: «C’était une blague »». En photo, un montage, bien fait, du dessinateur

Charb tenant la Une du «Charlie Hebdo» paru une semaine après l’attaque... Les ados ont voulu vérifier, en demandant à un enseignant si «Nord Presse», c’était bien sérieux. Le prof a répondu par l’affirmative... Bonjour les dégâts! «Je suis partagé entre l’effondrement le plus complet et l’amusement total après avoir entendu cette histoire que j’ignorais», réagit Vincent Flibustier, également l’auteur de cette fausse info sur Charb. Mais il n’envisage pas pour autant de cadenasser son imagination fertile. Son site décolle. «En moyenne, je suis à 4 à 5 millions de pages vues par mois! J’ai même pu arrêter mon activité dans l’immobilier pour vivre entièrement des revenus publicitaires générés par mon site», explique le pirate de l’info (en supposant cette fois qu’il dise la vérité...), par ailleurs chroniqueur de l’émission «C’est presque sérieux» animée par Walid sur La Première (RTBF). regard critique. La mode du «fake» («faux», en anglais) ne date pas d’hier. La référence des journaux satiriques basés sur de fausses nouvelles, «The Onion» («L’oignon»), a été éditée pour la première fois aux États-Unis en 1988. En France, on se souvient d’ «infos du Monde», un journal de canulars des années 90 (trois exemples de manchettes pour rire: «Trois ministres sont

des extraterrestres», «De superbes quintuplés à 70 ans», «Ce bébé a la tête d’un adulte»). Aujourd’hui, l’héritier de cette tradition parodique en France est «Le Gorafi» (jeu de mot sur «Le Figaro»), passé maître dans la diffusion de boniments sur internet et les réseaux sociaux, les nouveaux instruments du relais à tout va. Ici aussi, bon nombre de lecteurs se laissent prendre au piège. Plusieurs organes de presse traditionnels relayent régulièrement des infos du «Gorafi». Christine Boutin, femme politique française, a même pris pour argent comptant une de leurs balivernes en direct sur BFMTV... Autre exemple amusant (?), en septembre 2013, l’agence de presse italienne officielle, Ansa, a repris un faux sondage du «Gorafi» expliquant que «89 % des hommes pensent que le clitoris est un modèle de Toyota»... Le site du «Gorafi» approcherait le million de visiteurs uniques par mois. Et les fausses nouvelles gorafiennes se déclinent aujourd’hui en livres ou en émission de télé (une séquence du «Grand Journal» de Canal+). Retour en Belgique avec un autre site parodique, celui de «L’Avenirpasnet»... Suivez bien: il s’agit ici de la rubrique «fausses nouvelles» du vrai site d’infos du journal «L’Avenir». À la manœuvre, depuis juin 2014, Xavier Diskeuve, journaliste à «L’Avenir», auteur

(pour l’émission humoristique «Votez pour moi» sur Bel RTL) et réalisateur (son film «Jacques a vu» est sorti le 28 février). Un blagueur bien conscient du risque de confusion. «Chaque photo illustrant nos articles doit être frappée du logo «Fake» et les textes sont identifiés sur le site comme étant des parodies, de l’humour. C’est une exigence de notre rédacteur en chef. Mais je concède qu’il y a parfois confusion, surtout quand l’article est repris sur les réseaux sociaux et vit sa propre vie. Je vois, dans les commentaires, que des lecteurs pensent que tout est vrai et marchent à fond... Heureusement, une deuxième vague de lecteurs vient commenter les messages de la première en disant que les autres se sont bien fait avoir...», commente Xavier Diskeuve. Un exemple? «Pour rigoler, j’ai écrit que la coalition suédoise allait rétablir le service militaire. Et j’ai lu sous cet article énormément de commentaires de gens qui applaudissaient la mesure...». Pas un souci pour un journaliste professionnel de rédiger de fausses nouvelles? «Cela ne me pose pas de problème, argumente Xavier Diskeuve. J’ai toujours fait cela. C’est un exutoire dans ma vie de journaliste. Je fais de la fiction. Et lorsque l’info satirique est identifiée comme telle, je ne vois pas où est le souci». Pour

LE SOFT INTERNATIONAL | ÉDITION NATIONALE | N° 1306 | PAGE 8.

Martine Simonis, secrétaire générale de l’AJP, Association des journalistes professionnels, la multiplication des fausses nouvelles sur internet doit inciter tous ceux qui s’informent à exercer «leur regard critique». Elle ajoute: «Il devient parfois très compliqué de démêler le vrai du faux. Le risque de confusion est important, même pour des journalistes, qui doivent tout mettre en œuvre pour vérifier et recouper les informations. Ce qui n’est pas toujours évident lorsqu’ils doivent produire des infos en flux continu sur les sites, par exemple». Sur l’incident dans l’école bruxelloise, où un élève et un professeur ne voyaient aucun problème à faire confiance à «Nord Presse», Martine Simonis estime que le fait illustre le manque d’éducation aux médias. Solution? «Nous proposons aux enseignants,

en primaire et en secondaire, d’inviter un journaliste professionnel en classe, pour comprendre comment il travaille et recoupe ses informations. Cela permet de découvrir quelles sont les exigences d’une information de qualité». Après l’attentat de «Charlie Hebdo», et la diffusion dans nos écoles de théories fumeuses (complot du Mossad, des Américains, des services secrets français ou des médias...), l’AJP et la Fédération des Journaux Francophones Belges (FJB) participeront au projet du Conseil supérieur de l’éducation aux médias (Fédération Wallonie-Bruxelles) destiné à mieux armer enseignants et élèves à repérer les bobards en stock sur internet. Une (vraie) bonne nouvelle!

Benoît Franchimont n

Le Soir Magazine n°4311, 4 fév. 2015.

Des boniments deviennent paroles d’évangile

L

e site satirique français «Gorafi» publie aux éditions Denoël trois livres reprenant ses perles, autant de fausses nouvelles qui ont parfois trompé les lecteurs et sont repris dans des sites d’information dans le monde. Ci-après les dix titres préférés dans la dernière édition. w Sondage: 89 % des hommes pensent que le clitoris est un modèle de Toyota. w Football: le FC Barcelone recrute un fœtus de 7 mois. w le Nobel d’économie décerné à une mère célibataire avec trois enfants ayant réussi à boucler le mois de septembre. w Internet Explorer a rencontré un problème et doit fermer. w le racisme

officiellement éradiqué en France grâce à des badges et des pétitions. w Centrafrique: les rebelles promettent un génocide dans le respect des Conventions de Genève. w Franck Ribéry: « la coexistence transitionnelle de l’équipe, c’est un continuum mental multiple et connecté». w L’ours bipolaire est désormais une espèce en voie de disparition. w Dieudonné: «Je travaille pour le Mossad depuis 2003». w «The Voice 3»: toujours personne pour coacher Jenifer.

Benoît Franchimont n

Extrait de «L’année du Gorafi». éd. Denoël, 229p., 15,50 euro. Le Soir Magazine n°4311, 4 fév. 2015.


droit de suite |

Ils sont un appât aux extrémismes

Jeunes filles recrutées sur Whatsapp

L

es extrémistes de tous les pays profitent de l’oisiveté de jeunes qui n’ont rien à perdre. Leur influence ne cesse de croître dans cette catégorie sociale et... dans les milieux étudiants. Toutes les enquêtes le montrent. Lors de l’agitation de début janvier dans la capitale congolaise, le plus dur pour la police a été de contenir un groupe d’une centaine d’étudiants - d’autres sources parlent de faux étudiants décidés d’en découdre avec les symboles de l’Etat. Ils s’en sont pris à leur laboratoire nucléaire qu’ils ont incendié! C’est aussi le cas en Espagne, de Ceuta et Melilla, les enclaves dans le nord du Continent. Ces deux enclaves sont deux grandes pépinières du djihadisme en Espagne. Les services de renseignement, la police et la garde civile chiffrent à une centaine les résidents en territoire espagnol ayant rejoint l’Irak ou la Syrie. Près de la moitié d’entre eux viendrait de ces villes autonomes. «Les barbus profitent de l’oisiveté de jeunes qui n’ont rien à perdre. Leur influence ne cesse de croître. Ici, ils recrutent ceux qui ne mangent pas à leur faim», rapporte Youssouf Kadour, président de la communauté AlNour, qui s’apprête à inaugurer un centre islamique à travers lequel il aspire à faire contrepoids aux «barbus». être «recruté», pour les musulmans de Melilla, signifie pratiquer un islam rigide. De là à empoigner une kalachnikov au nom de l’état islamique (él), il y a un gouffre, se défendent des dizaines d’habitants interrogés, qui voient comme une offense envers la communauté musulmane les spectaculaires arrestations de djihadistes présumés

L’influence des extrémistes est très forte chez les jeunes qui n’ont rien à perdre comme chez les étudiants. à Kin, le plus a été de contenir un groupe d’étudiants décidés. montageLesoft. des sujets tels que la candidates au djihad. dans les cités. arabisé, et regardent tenue vestimentaire «Elles cherchaient à Labyrinthe d’édifices de haut leur famille, recommandée aux franchir la frontière décrépis s’élevant qui voit ces enfants femmes par l’islam avec le Maroc afin de à flanc de colline, s’éloigner. ou la manière d’être contacter le réseau qui Canada de Hidum est une bonne épouse. se chargerait de les le principal foyer du Elles La famille de Fauzia acheminer dans une salafisme à Melilla. Ici, chattaient. affirme que l’une zone de conflit entre le rigorisme religieux «Mon fils a 16 ans, des jeunes filles du la Syrie et l’Irak. Pour cohabite avec la ils ont essayé de groupe, Aicha (un s’intégrer à l’une ou crasse, la drogue et la l’embrigader. Je viens pseudonyme), lui avait l’autre des cellules de loi du plus fort. Une de dépenser 600 dit vouloir découvrir l’organisation terroriste femme en hidjab vert, euros en vêtements Melilla. de l’état islamique, gants assortis, attend de marque pour qu’il Fauzia lui aurait dirigé par Abou Bakr dans une voiture. Son ne porte pas la tenue répondu qu’elle Al-Baghdadi», précise époux est descendu islamique et ne se serait la bienvenue la note publiée par le recevoir les vivres que laisse pas pousser et la mineure s’était ministère de l’intérieur distribue l’association la barbe», raconte peu après présentée après leur arrestation. Nueva Canada. «Nous Kadour, membre de la chez eux, dans la Trois jours plus tard, donnons à manger à communauté Al-Nour. ville autonome. Le plus de 300 familles», Les islamistes hommes la jeune fille était mise second jour, Aicha en liberté provisoire. explique Hassan. sont très visibles. lui aurait demandé de La mineure admet Dans toute la ville, on Les femmes, elles, l’accompagner dans avoir été recrutée mais voit des jeunes filles confinées chez elles, la ville marocaine Fauzia Allal affirme portant le niqab, et les passent souvent de Nador pour y avoir été manipulée commerces ne servant inaperçues. acheter des vêtements. quand elle s’est rendue ni alcool ni porc Mais elles sont la C’est à la frontière jusqu’à la frontière gagnent du terrain. cible de canaux de que la police les a «Il y a eu un radicalisation parallèles marocaine. interpellées. à Melilla, la changement radical. à ceux des garçons. C’était la première famille et une amie Les émigrants à Melilla, l’alarme a fois, selon le ministère intime assurent marocains venus de retenti en août 2014, de l’intérieur, qu’on que l’adolescente Catalogne avec la avec l’arrestation de arrêtait en Espagne faisait partie d’un crise apportent des la première djihadiste deux femmes groupe WhatsAPP courants plus arabisés. espagnole présumée. «disposées à s’engager (une application de Ils se mêlent à des Fauzia Allal Mohamed pleinement dans des messagerie gratuite) gens qui n’ont rien est une jeune fille de cellules terroristes» de sur les enseignements à manger, qui n’ont 19 ans, très souriante. de l’islam, mais n’avait l’état islamique. pas fait d’études et Sa photo en hidjab Au total, six femmes n’ont rien à perdre», noir, les yeux cernés de pas l’intention de ont quitté ou tenté de quitter la ville ni de se explique Massin Hartit, khôl, a fait le tour du quitter l’Espagne pour rendre en Syrie ou en anthropologue et monde sous la forme partir faire le djihad. Irak. promoteur de la culture d’une fiche de police. Depuis quatre mois, Le groupe se berbère sur la chaîne de Quelques heures plus Fauzia a commencé à télévision Popular TV. tôt, elle avait été arrêtée composait, selon une se couvrir davantage. proche, de douze ou Beaucoup de jeunes en compagnie d’une «Elle le ressent ainsi, treize adolescentes de rejettent l’islam de mineure originaire ça lui vient du cœur», toute l’Espagne. leurs pères, rural, de Ceuta, toutes explique-t-on dans sa Elles chattaient sur berbère et moins deux accusées d’être LE SOFT INTERNATIONAL | ÉDITION NATIONALE | N° 1306 | PAGE 9.

famille. Aujourd’hui, Fauzia revêt le khimar, un voile couvrant le buste, et des vêtements amples jusqu’aux pieds. Fauzia respire la joie de vivre. On la dit mauvaise élève, un trait qui la distingue du profil d’élève studieuse de certaines djihadistes européennes. Très indépendante, elle aurait rompu avec son petit ami «par jalousie». Fauzia a quitté le lycée à 15 ans pour suivre une formation de coiffeuse. Elle vit maintenant avec sa mère. Le samedi, elle suit des cours pour apprendre à être une bonne musulmane dans une association islamique à Melilla. Si les barbus approchent les jeunes gens dans les équipes de football, dans des gymnases, à la mosquée ou lors d’excursions à la campagne, les jeunes filles quant à elles fréquentent les pages Facebook, forment des groupes WhatsApp ou se réunissent chez l’une d’elles pour suivre les dars, ces cours que dispensent des femmes reconnues pour leur sagesse. Celles-ci prodiguent aussi leurs conseils lors de rencontres en société comme les mariages, voire les funérailles. Elles forment de petits groupes dans lesquels elles endoctrinent les jeunes filles, leur lisent le Coran en arabe savant, leur enseignent la façon de porter le voile, ou de se comporter vis-à-vis de leur bellemère. Les hommes, disentelles, sont des princes qui prendront soin d’elles, les protégeront et travailleront pour elles. à condition qu’elles suivent la loi islamique. Dans ces maisons, lors de ces rencontres, on distribue aussi de la lecture. «Quelle est fa meilleure femme? Celle qui plaît à son mari quand il la regarde, qui lui obéit quand il lui demande quelque chose et qui ne fait rien qui lui déplaise au sujet [de son corps] ou touche à sa fortune», lit-on ainsi

dans «La Personnalité du musulman», un livre en espagnol qui circule de main en main parmi les jeunes épouses de Melilla. «Tu peux être la meilleure épouse du monde» ou «Que rien ne te trouble», manuel pour surmonter les moments difficiles» sont quelques uns des titres les plus consultés. «Dernièrement, il y a beaucoup plus de religieux. Nous avons beaucoup de temps libre, explique une jeune fille de 20 ans qui fréquente les dars. En outre, avec le Coran, plus on en sait, plus on veut savoir. C’est très beau. Beaucoup de mes amies ont décidé de porter la burqa. Ce sont des amoureuses de l’islam et elles veulent que leur mari soit le seul à les voir. Cela na rien à voir avec le terrorisme». Deux jeunes filles de Melilla ayant récemment décidé de revêtir le niqab, que l’on appelle burqa à Melilla, avaient accepté de répondre à nos questions. Elles ont annulé le rendez-vous, les maris s’y étant opposés. Une grande partie des femmes qui marchent comme des ombres noires dans les rues sont des chrétiennes converties, confirment plusieurs habitants de Melilla. Les réseaux sociaux sont devenus un moyen courant pour favoriser les rencontres et conduire à la radicalisation. Il faut dire que le contexte social est propice. Mais les jeunes se rendent rarement de leur propre chef sur des sites radicaux, voire djihadistes, signalent des sources de la police: «C’est habituellement une personne de l’entourage qui leur dit: va sur la page consacrée à ce chat, rends-toi sur ce forum. Ils agissent de façon calculée. Dans le cas des femmes, à 90 %, ce sont des réunions en tête à tête, dans les maisons».

ANA CARBAJOSA n

El Pais, Madrid. Le Monde Paris, n°21790, 6 fév. 2015.


droit de suite |

Il n’y a eu ni attaque ni mort à Charlie Hebdo

La complotite fait florès sur les réseaux sociaux

C

i-après dix obsessions de complotistes. w 1. SUIS Charlie. Saïd Kouachi, l’un des terroristes, a oublié sa carte d’identité dans la voiture. Trop gros pour être vrai... Et puis, le rétroviseur de sa Citroën C3 paraît blanc argenté sur certains clichés, mais noir sur d’autres. Les complotistes y voient une «preuve». Et quand il s’agit de bla cks africains qui opèrent en pleine journée en plein Paris. Il n’y a jamais eu ni attaque ni mort d’homme à la rédaction de Charlie Hebdo. Tout ça de la foutaise des services secrets américains, israéliens! Chab a fait une blague. Il voulait relancer son satirique de journal en

Trois avions qui percutent trois tours! C’est la fin du monde.

Le ministre Tryphon Kin-kiey Mulumba signe le cahier des condoléances JeSuisCharlie à l’ambassade de France à Kinshasa. BLunda. perdition.

w2. LES JUIFS. L’antisémitisme est le dénominateur commun d’un très grand nombre de théories du complot. Un même stéréotype imprègne d’innombrables fantasmagories: le juif puissant, dissimulateur, manipulateur, cupide.

w5. LE VOL MH17. L’ancien Premier ministre malaisien, Mahathir Mohamad, a formulé sur son blog l’hypothèse d’un détournement à distance par la CIA et Boeing. La disparition de l’avion, le 8 mars 2014, a suscité bien d’autres théories.

w3. LES ILLUMINATI. Au départ. une société secrète allemande, plutôt anticléricale: les illuminés de Bavière. Disparue à la fin du XVIIIè siècle, après à peine une décennie d’existence, cette ligue refait périodiquement surface. De nombreuses personnes croient, très

sérieusement, qu’elle continue d’agir, dans l’ombre. Qui peut leur faire changer d’avis? w4. LE l1SEPTEMBRE. Un choc visuel inédit, les états-Unis d’Amérique, Ben Laden, Al Qaïda: tous les ingrédients étaient réunis pour déclencher la machine à fantasmes.

w6. LES DÉLUGES. Les crues terribles qui ont ravagé la Serbie en mai 2014, faisant 40 morts, seraient le produit d’un programme scientifique américain... En 2010, déjà, le président iranien Ahmadinejad avait accusé les états-Unis d’avoir provoqué, par

internautes partageant leur avis et leur nombre les convaincra: il n’est pas possible qu’autant de gens se trompent!

croyances étaient fausses, ceux qui y adhèrent trouveront une explication pour retomber sur leurs pattes. Ainsi, ils sauveront la face et sauvegarderont la croyance qui leur permet d’expliquer le monde.

théories du complot ont été répercutées par les médias traditionnels qui les ont immédiatement qualifiées de stupides et ont avancé comme discours la nécessité de faire front ensemble. Dès lors, on tombe dans l’incompréhension. Car beaucoup de ceux qu’on appelle complotistes se considèrent seulement comme des adeptes du doute critique. Or, les médias ne leur accordent aucune place, ni pour leur questionnement, ni pour des éléments de réponses.

leurs expérimentations dignes de Frankenstein, les inondations au Pakistan. w7. LE CLIMAT. L’environnement se dégrade, la planète se réchauffe. Et pourtant. rien ne change... C’est donc bien que «certains» organisent l’inaction. Version alternative: les recherches scientifiques sur le dérèglement climatique ne seraient qu’un leurre visant à ôter aux états-Unis leur droit de polluer, et donc à saper leur puissance. w8. Le mundial. Les principaux Chefs d’état se seraient mis d’accord pour empêcher l’élimination précoce du Brésil, car elle aurait entraîné une grave déstabilisation politique du pays.

w 9. BOSTON. Le 15 avril 2013, moins de 24 h après le drame, on recensait déjà quatre thèses conspirationnistes sur Internet. Toutes étant dûment «étayées».

w10. BILDERBERG. L’existence de ce groupe ne fait aucun doute. Dans la galaxie des cénacles privés et informels qui comptent à l’échelle de la planète, c’est même the place to be. Ses membres? Européens aux deux tiers, hommes d’affaires aux deux tiers, dirigeants politiques pour le dernier tiers. Rien que du beau monde. De là à imaginer que la marche du monde toute entière se décide là... .

avec François Brabant n

Les sites que nous renvoie le moteur de recherche Google ne sont pas toujours les plus fiables mais les mieux organisés

i

l faut prioritairement rétablir la confiance de la population

dans les gouvernements et les médias, estime Aurore Van de Winkel, Belge, docteur en information et communication de l’UCL, une éducation critique aux médias est absolument nécessaire. Interview.

côté des médias, les informations, qui se déversent désormais en continu, sont parfois diffusées sans avoir été vérifiées et certaines se révèlent fausses. Le jeune beau-frère des frères Kouachi, auteurs de l’attentat à Charlie Hebdo, a ainsi été présenté de suite comme impliqué dans les attentats alors que ce n’était pas le cas. Nous savons aussi que les images peuvent être retouchées et qu’il faut parfois s’en méfier. Du coup, le grand public s’interroge.

Comment expliquer le succès actuel des théories du complot? Plusieurs éléments l’expliquent. Chaque fois qu’une société traverse un choc émotionnel, comme lors de la tuerie de Charlie Hebdo, on voit apparaître des rumeurs qui tentent d’expliquer ce qui s’est passé. Elles se greffent à une culture de méfiance par rapport aux gouvernements et aux médias, supposés à la botte du pouvoir. Ensuite, on observe que les gouvernements n’ont pas toujours dit la vérité par le passé. On peut repenser au discours sur les armes de destruction massive en Irak, dont la présence ne s’est pas avérée. Du

Vers où se tourne le public pour trouver réponse à ses questions? Ceux qui se posent des questions analyseront d’abord les informations et les images disponibles et relèveront ce qui leur paraîtra suspect. Ils concluront que des éléments posent question et que, «curieusement», les médias traditionnels n’en parlent pas. Cela les renforcera dans l’idée qu’ils ont raison de douter de la version officielle. Faute de trouver des réponses dans les médias généralistes, certains se rendront sur les sites de «vérité alternative» qui leur apporteront une autre interprétation de la réalité, satisfaisante à leurs yeux. Ils y croiseront des

Entre s’interroger et penser qu’il y a complot, il y a de la marge... Certains, plus que d’autres sans doute, ont besoin de trouver une explication à ce qui leur paraît inexplicable. Ils vont dès lors créer un récit, qui postule que les événements ont été orchestrés par un groupe d’individus puissants qui tirent les ficelles du monde en privilégiant leurs intérêts. Ce récit a la particularité de se construire sur des faits réels, mêlés à des éléments fictionnels. L’interprétation qui en découle se greffe sur un discours généralement très bien argumenté qui se réfère à des faits antérieurs. Les arguments mobilisés sont souvent pointus mais la plupart du temps, faux. Pour évaluer leur pertinence, des connaissances spécifiques, par exemple en ingénierie, sont nécessaires. Or, le grand public ne les possède pas toujours. Pourtant, les complotistes retiennent ces arguments parce qu’ils confortent leur thèse. Et même si la preuve est faite que certaines

Les théories du complot nées à la suite des attentats de Paris ne seront-elles pas oubliées dans quelques jours? Je ne suis pas de cet avis. Ces informations vont dormir pendant quelque temps mais elles resurgiront à la prochaine occasion. Après l’attaque de Charlie Hebdo, on a vu réémerger tous les arguments qui étaient apparus lors des attentats du 11 septembre 2001. Ils avaient resurgi aussi après les attaques commises à Toulouse par Mohamed Merah et au Musée juif de Belgique, à Bruxelles. Chaque affaire produira ses propres arguments qui s’ajouteront à ceux récoltés lors d’événements comparables précédents. Les médias traditionnels adoptent-ils la bonne réaction par rapport aux tenants de la théorie du complot? Dans le cas de la tuerie de Charlie Hebdo, les

Voulez-vous dire qu’ils devraient passer à l’antenne pour donner leur point de vue? Non. S’ils le faisaient, ils en «contamineraient» d’autres. Mais si on ne leur permet pas de s’exprimer, ils trouveront un autre lieu pour le faire, Internet en l’occurrence. Ce que les médias doivent faire c’est donner la parole à des experts extrêmement pointus, qui démonteront leurs arguments un par un. N’avez-vous pas le sentiment qu’il est impossible de faire changer d’avis les adeptes de la théorie du complot? Ce n’est pas ceux-là

LE SOFT INTERNATIONAL | ÉDITION NATIONALE | N° 1306 | PAGE 10.

qu’il faut chercher à convaincre car leurs opinions sont déjà arrêtées. Il faut plutôt répondre aux questions de ceux qui doutent et travailler à redonner la confiance dans les gouvernements et dans les médias. En France, les uns comme les autres devraient s’interroger sur les amalgames dont ils se font parfois complices, sur la façon dont les débats sont menés et sur les messages qui sont, in fine, véhiculés. Ceux qui doutent demandent à être entendus et réclament plus de transparence. Quel est le profil général des complotistes? Certaines études montrent que les gens les plus sensibles à ces thèses le sont aussi aux thèses des extrêmes, de droite ou de gauche. Ce que l’on appelle la complosphère a des liens établis, en France, avec des sites proches du FN (Front National français) et des conservateurs. En quoi la crise économique a-t-elle un impact sur le développement de la théorie des complots? La crise n’arrange rien parce que les gens ont l’impression qu’on les traite comme du bétail. Ils sont, du coup, plus ouverts à un discours populiste qui

leur promet monts et merveilles dès lors qu’un autre parti accèderait au pouvoir. Ce qui revient à dire que certains peuvent tirer un profit politique de ce scepticisme ambiant? Oui. On le voit avec les mesures sécuritaires prises rapidement. Elles renforcent les partis qui les adoptent. Comment peuton répliquer au développement de ces théories du complot? L’éducation critique aux médias est capitale. Il faut expliquer aux gens d’où vient l’information découverte sur Internet: leur montrer que tel site est soutenu par X ou Y, leur prouver que les sites qui apparaissent en premier lieu quand on fait une recherche sur Google ne sont pas forcément les plus fiables mais les mieux organisés, les sensibiliser au fait qu’il n’y pas de hiérarchie des informations sur le Net et que n’importe qui peut y donner son avis.

Laurence van R n

Le Vif-L’Express Paris-Bruxelles. 6-12 février 2015 n°3318.


Katanga: comprendre les mangeurs de cuivre bonnes feuilles |

E

Avec son cuivre, son cobalt, son étain, le Katanga ne cesse de se considérer comme un état dans un état mais sa tentation séparatiste est peu approuvée. dréservés. t voici que le Katanga fait reparler de

lui! Avec son gouverneur Moïse Katumbi Chapwe et son président d’Assemblée Gabriel Kyungu wa Kumwanza qui auraient constitué un duo anti-Congo détonant! Au point de justifier un déplacement du président de la République dont c’est la province d’origine et la tenue à la ferme présidentielle de l’Espoir d’une sorte d’états généraux provinciaux. «Katanga que veut-il?» est le livre-mémoire de l’Ambassadeur Jacques-a-Mwanza (Kinshasa, Montréal, Washington, ICREDES, 218 pages) est une plongée dans une page qui ne paraît pas avoir été tournée. loin s’en faut. étant donné que le Katanga a toujours eu une histoire à part, malgré son incorporation au sein de l’état Indépendant

du Congo, cette province porte toujours l’image d’un état dans l’état. C’est ce qui justifie jusqu’a ce jour, la tendance chez les Katangais à réclamer l’indépendance à ces risques et périls à travers les générations. En fait, la plus farouche tentative fut celle commanditée par Moïse Tshombe qui revendiquait la gestion du Katanga par les Katangais; ce fut, alors, la sécession katangaise (ou l’indépendance du Katanga) qu’il proclama, lui-même, au soir du 11 juillet 1960. (...). Déclaration d’indépendance. Le 11 juillet 1960, à 24 heures, dans une déclaration radiodiffusée, le Président Tshombe annonçait l’indépendance du Katanga. Le texte de cette déclaration avait été rédigé, semble-t-il, par un fonctionnaire belge retraité comme colon à Elisabethville, M. Georges Thyssens. Celui-ci désignera à qui voulait l’entendre la déclaration d’indépendance sur

la table de sa salle à manger ou elle fut signée. Il sera d’ailleurs plus tard expulsé par les troupes des Nations-Unies qui occupèrent le Katanga. André Schröler, Vicegouverneur Général réagit violemment à cette déclaration (...). Déclaration du gouvernement du Katanga. La Belgique a accordé au Congo l’indépendance. Elle l’a fait conformément à sa promesse du 13 janvier 1959. Cette promesse et le message royal qui l’accompagnait entendaient nous doter des institutions démocratiques et conformément aux stipulations de la Charte des NationsUnies qui s’engage au respect du Droit de tous les peuples de disposer d’eux-mêmes, elle entendait nous doter non pas d’une copie servile des institutions démocratiques occidentales mais d’un régime que les diverses régions composant le Congo choisiraient selon leurs propres conceptions et les

traditions qui leur sont chères. L’indépendance du Congo est un fait accompli depuis 30 juin 1960. Que constatonsnous à présent: Dans toute l’étendue du Congo et particulièrement au Katanga et dans la province de Léopoldville, nous voyons mettre en œuvre une tactique de désorganisation et de terreur, tactique que nous avons vue appliquer à des nombreuses reprises et dans combien de pays maintenant soumis à la dictature communiste. Après les élections faussées en certaines provinces qui ont donne la majorité à un seul parti, nombre d’électeurs n’ayant pas exprimé leur vote, un gouvernement central à majorité extrémiste s’est constitué. à peine constitué, ce gouvernement faisant fi des stipulations de la Loi Fondamentale prétendit s’immiscer dans les affaires qui restent uniquement de la compétence des gouvernements provinciaux. C’est ainsi que le Premier

Ministre du Congo désigna d’office et de sa seule autorité les Commissaires d’état délégués dans les diverses provinces: l’intervention du Sénat parvint à annuler cette manœuvre. Des troubles ont éclate partout. Cette tactique de désorganisation et d’effritement de l’autorité est celle qui fut toujours appliquée par les propagandistes et par les tenants du seul parti communiste. Le résultat ne s’en fit pas attendre. Des soldats, dégagés de toute discipline, se livrent depuis le 5 juillet à des actes d’insubordination, de menaces, à des services dirigés principalement contre les populations européennes à des perquisitions et à des arrestations illégales, à des pillages et à des meurtres enfin. Le but de ces manœuvres et leur préméditation ont été prouvés à suffisance par les prestations répétées du Premier Ministre du Congo contre l’envoi, par la Belgique, des troupes belges destinées à protéger les biens et les

LE SOFT INTERNATIONAL | ÉDITION NATIONALE | N° 1306 | PAGE 11.

vies humaines. Nous constatons que ce que veut le Gouvernement central congolais, c’est uniquement la désintégration de tout l’appareil militaire et administratif, l’instauration d’un régime de terreur qui chasse nos collaborateurs belges. II veut par cette méthode, remplacer le plus rapidement possible les cadres qu’il semble déjà avoir recrutés par les ressortissants des pays d’obédience communiste. Le Katanga ne peut se libérer à de telles menées. Le gouvernement katangais a été élu par une Assemblée Provinciale, élue ellemême sur la base d’un programme d’ordre et de paix. Dans ces circonstances, et devant les menaces que ferait peser sur nous une plus longue soumission à l’arbitraire et à la volonté communisante du Gouvernement central, le gouvernement katangais a décidé de proclamer

l’indépendance du Katanga. Cette indépendance est totale. Cependant, conscients de la nécessite impérieuse d’une collaboration économique avec la Belgique, le gouvernement katangais auquel la Belgique, pour protéger les vies humaines, vient d’accorder l’assistance de ses propres troupes, demande à la Belgique de s’unir avec le Katanga en une étroite communauté économique. Il lui demande de continuer son appui technique, financier et militaire. Il lui demande d’aider à rétablir l’ordre et la sécurité publics. Si la Belgique se refusait à remplir cet impérieux devoir et si elle refusait de reconnaître le Katanga comme un pays libre et indépendant et son gouvernement comme le seul gouvernement légal, le Katanga fait appel au monde libre tout entier et demande à tous de lui reconnaître le droit qui est celui de tout son peuple, de disposer de lui-même. Si c’est à (suite en page 12).


bonnes feuilles |

Le Katanga a toujours donné l’image d’un état dans un état

(suite de la page 11).

la Belgique que nous nous adressons en une offre de collaboration économique, c’est surtout en signe de reconnaissance des bienfaits qu’elle nous a apportés. à tous les habitants du Katanga, sans distinction de race ou de couleur, nous demandons de se grouper autour de nous pour mener notre Patrie, et tous ses habitants à un progrès politique, social et économique et au mieux-être de tous. Nous sommes décidés à recevoir à bras ouverts tous ceux des autres régions du Congo qui sont décidés à travailler avec nous dans le même idéal ordre, de fraternité et de progrès. Que Dieu protège le Katanga indépendant. Elisabethville, le 11 juillet 1960 Le Collège des Ministres. Proclamation de l’indépendance. La mutinerie de la Force Publique avait éclate quand M. Tshombe, Président de la Province du Katanga était en consultation à Léopoldville. Une pression syndicale à l’augmentation des salaires développa à Léopoldville comme à Elisabethville, la tension sociale. Les incidents se développèrent à Léopoldville et dans le Bas-Congo. Pendant ces temps, les autorités katangaises se contentaient à lancer publiquement des appels au calme sans faire allusion à la sécession, au contraire, M. Mutaka wa Dilomba, Président de l’Assemblée Provinciale du Katanga affirmait dans un appel au calme que «le climat politique de notre Province s’est rasséréné depuis qu’un accord de principe a été conclu entre le Cartel et la Conakat pour partager les responsabilités du pouvoir». Il se referait sans doute aux entretiens qui avaient eu lieu entre ces deux partis politiques à la fin juin, en présence des Ministres Ganshof et Gbenye à

Elisabethville. Dans la nuit du 9 au 10 juillet, les soldats du Camp Massart se mutinaient et tuèrent 5 Européens dont le Consul d’Italie à Elisabethville. Rentré au Katanga, M. Tshombe insistera auprès de l’autorité belge pour que les paras métropolitains stationnés à la base de Kamina interviennent d’urgence et il en appellera même à l’aide rhodésienne (Zimbabwe et Zambie). Cet appel de M. Tshombe à l’intervention belge ne se fit pas attendre, car les paras belges arrivèrent le 10 juillet au matin à Elisabethville. Assuré de cette présence militaire belge et dégagé de la menace d’intervention de la Force Publique et encouragé surtout par des milieux européens et escomptant un large soutien d’une population désireuse d’éviter le chaos, M. Tshombe décida de proclamer l’indépendance du Katanga. Le corps consulaire sur place, inquiété par les incidents de la nuit dont avait été victime le Consul d’Italie, paraissait favorable à une autonomie politique du Katanga. M. Tshombe espérait à ce moment une reconnaissance par la Rhodésie et par la Belgique, mais M. Wigny, Ministre belge des Affaires étrangères avait malheureusement pour Tshombe, exposé à l’Ambassadeur de Grande Bretagne dont la Rhodésie dépendait encore comme colonie, la position de la Belgique à ce sujet: «pas de reconnaissance d’une province ni de réponse à une demande d’aide militaire émanant d’un gouvernement provincial». Le gouvernement britannique et l’opposition travailliste furent d’accord aux Communes le 11 juillet pour adopter cette thèse. Le 11 juillet au soir, M. Tshombe proclamait l’indépendance du Katanga. L’argumentation en faveur de la sécession est représentée

et condensée en accusation contre M. le Premier Ministre Lumumba considéré comme instigateur des troubles en affirmant la collision entre celuici et le communisme international. Le Katanga devenu par cette déclaration «indépendant» comme M. Tshombe l’a présenté reflète l’image d’un état «complètement indépendant», en union économique avec la Belgique. Celle-ci garantissant le rétablissement de l’ordre et de la sécurité publics. L’intervention militaire belge avait eu lieu aussi à Luluabourg, mais celle d’Elisabethville avait revêtu dès le départ au Katanga, un caractère tout à fait différent. à Luluabourg, il s’agissait d’assurer simplement la sécurité des personnes pendant les opérations d’évacuation tandis qu’au Katanga, elle contribua essentiellement à la restauration de la situation, avec une prise en charge du maintien de l’ordre par un officier belge qui restaura une confiance pour la reprise du travail et un retour rapide des refugiés. Les autorités provinciales katangaises, les forces métropolitaines, les entreprises publiques et le Consulat belge coopérèrent fort étroitement. Entretien Tshombe-Sendwe. Le 13 juillet 1960 au soir, tous les parlementaires katangais qui étaient hebergés à l’hôtel Stanley, aujourd’hui Ambassade de France à Kinshasa située en face de l’hôtel Memling, furent réunis par M. Jason Sendwe, leader de la Balubakat pour leur annoncer qu’il venait de recevoir un message du Président Tshombe demandant à tous les parlementaires katangais de rejoindre d’urgence Elisabethville et qu’un avion serait mis à leur disposition le lendemain à l’aéroport international de Ndjili occupé à cette époque par les troupes métropolitaines belges. Il conseilla

à tous de retourner à Elisabethville pour raison de sécurité et que lui-même ferait partie du voyage. Il conduisit effectivement lui-même les parlementaires de la Balubakat à l’aéroport international de Ndjili où un avion fut mis à leur disposition par le Colonel Werbrouck de l’armée belge qui eut la veille un entretien avec lui au sujet de ce voyage de retour au Katanga. La surprise fut grande pour les parlementaires, de constater à bord de l’avion, que Jason Sendwe qui engagea ses propres partisans à y monter resta luimême sur place! On supposa qu’il aurait subi une influence d’un de ses conseillers politiques européens. Mais à ses partisans, il dira qu’il rejoindra le Katanga dans deux ou trois semaines. Plus tard, on apprendra qu’il voulait avant tout suivre l’évolution de la situation qui prévalait à cette époque de la mutinerie de la Force Publique à Léopoldville.

Médiation entre Tshombe et le Cartel Balubakat. M. Tshombe qui souhaitait l’élargissement du gouvernement en vue de restaurer la confiance par la participation à ce gouvernement des membres du Cartel me demanda de servir d’intermédiaire. La Conakat, son parti, était d’accord. Un contact eut lieu avec Mwamba Ilunga Prospère par l’entremise de M. Umba Pierre Damien qui fut secrétaire adjoint de la Balubakat. Ainsi, une réunion du Cartel eut lieu à la ferme Kisanga «Luna Park» le 15 juillet 1960 en dehors de la ville. M. Tshombe offrait 5 portefeuilles ministériels au Cartel dont la vice-présidence du gouvernement. Mwamba Ilunga présenta même les noms des futurs ministres du Cartel dont lui-même. Mais le lendemain matin Mwamba Ilunga Prospère fera, à la surprise générale de tous, une déclaration à la Radio-Collège

déclinant l’offre de M. Tshombe: «Au nom du Cartel, nous protesterons contre la proclamation solennelle de l’état indépendant du Katanga». Cette prise de position faisait perdre tout espoir aux autorités locales parce que sans appui du Cartel à Moïse Tshombe, les autorités belges ne pourraient se prononcer favorablement sur la décision du gouvernement katangais. Alors qu’à vrai dire, le souhait le plus vif du gouvernement belge était que le Cartel rallie l’équipe de M. Tshombe. Cette médiation fut mal interprétée par certains de mes partenaires mal intentionnés qui me traitaient de vendu. D’ou ma réaction publiée dans l’écho du Katanga du 21 juillet 1960 réfutant toute interprétation calomnieuse. C’est pourquoi, j’avais aussi décliné l’offre du Président Tshombe de participer à son équipe gouvernementale en qualité de Ministre des Affaires étrangères du Katanga. J’avais alors répondu à M. Tshombe qu’étant Sénateur et Premier vice-président du Sénat, je ne pouvais accepter son offre. Les tentatives d’accord avec le Cartel se grevèrent ainsi et cherchant comment sortir du pays, une occasion à laquelle je ne m’attendais pas du tout s’offrit: M. Tshombe me demanda d’accompagner M. Jean-Baptiste Kibwe dans une délégation que ce dernier conduira en Europe et aux Nations-Unies. M. Ngoie Paul, Chef du protocole à la présidence du gouvernement et le Commandant Guy Weber viendront me chercher pour un déjeuner à l’hôtel Elisabeth avec M. Tshombe et les membres de la délégation composée, en outre, de M. Kibwe, de Yav Joseph, Ministre des Affaires économiques du gouvernement central qui avait aussi fui les événements de Léopoldville et le Commandant Guy Weber, Conseiller

LE SOFT INTERNATIONAL | ÉDITION NATIONALE | N° 1306 | PAGE 12.

militaire de Tshombe.

Le défi du Cartel Balubakat. Au départ, la sécession katangaise rencontrait des appuis locaux essentiellement européens, dans les rangs des officiers des Forces Belges basées à Kamina, des résidents permanents ou des colons qui avaient de la sympathie pour la Conakat, parti de M. Tshombe ou tout simplement de ceux qui avaient rallié par reflexe à l’opposition à la Balubakat alliée au M.N.C. de Lumumba et des entreprises soucieuses de garantir leurs installations contre les pillages et de ne pas être privées de leur personnel expatrié. Les appuis militaires et policiers, les recettes fiscales et crédits bancaires, et des technique et politique, tant par les services provinciaux que par des services centraux en rupture avec Léopoldville. La réaction de l’ensemble de la population, particulièrement des groupes éthniques dont le Cartel katangais était le porte-parole à l’Assemblée provinciale fut opposée à l’idée d’un Katanga indépendant. L’Assemblée provinciale du Katanga s’était réunie le 15 juillet au soir, M. Tshombe donna la lecture de la déclaration par laquelle il proclamait l’indépendance du Katanga. Quelques orateurs, membres de l’Assemblée prirent la parole, M. Mwamba Ilunga Prosper qui, au nom du Cartel, protesta contre la procédure employée par le Président du gouvernement katangais qui aurait du demander l’avis préalable de l’Assemblée. Le 13 juillet auparavant, M. Tshombe avait essayé d’entrer en contact avec M. Sendwe, leader de la Balubakat, à Léopoldville par l’intermédiaire du Professeur Arthur Doucy, Directeur de l’Institut de Sociologie Solvay et conseiller politique de la Balubakat pour que M. Sendwe

rentre d’urgence à Elisabethville. M. Tshombe fera ensuite appel aux membres du Cartel, le 15 juillet 1960 pour l’élargissement du gouvernement afin que tous les partis politiques y soient représentés. Il rappela que dès l’installation de l’Assemblée du Katanga, le gouvernement a fait des ouvertures au Cartel katangais pour qu’il prenne sa place et participe à la gestion des affaires publiques. Le gouvernement offrit au Cartel 5 portefeuilles ministériels, dont la Vice-présidence du gouvernement. Paradoxalement quoique celui-ci ait déjà accepté plusieurs fois l’offre du gouvernement, il était revenu chaque fois, sans raison ni motif, sur sa décision. Mais, toutes ces tergiversations étaient basées sur le doute qu’exprimaient les conseillers politiques du Cartel sur la reconnaissance internationale de l’indépendance du Katanga et, aussi, sur la doctrine de ce mouvement dont la pensée profonde résidait dans un «Congo uni, pays fort». Dans une interview accordée par M. Tshombe au journal la «Dernière Heure», publiée à Bruxelles, celui-ci répondait que M. Jacques Masangu, Sénateur non coutumier du Cartel Balubakat sera probablement Viceprésident du conseil. M. Luc-Germain Kapinda, élu conseiller provincial sur la liste du Cartel Balubakat - M.N.C - Lumumba pour le territoire d’Albertville, fera sans doute aussi partie du gouvernement ainsi que M. Jean Ngoie, élu pour le Cartel Balubakat, dans le district de Kabongo et de M. Cyprien Kahela muluba, stagiaire en Belgique au cours du premier semestre 1960. Le journal «écho du Katanga» du 21 juillet 1960 publiait une déclaration de M. Masangu par laquelle il reconnaissait le divorce qui s’était (suite en page 13).


bonnes feuilles |

Le Katanga ne sut convaincre nul état pour qu’il soit reconnu

(suite de la page 12).

crée entre sa personne et sa communauté ethnique. Il choisira de s’expatrier en Belgique pour y poursuivre ses études, et M. Tshombe le désignera non pas comme Ministre résidant, mais comme représentant pour diriger la délégation du Katanga auprès de la Communauté économique Européenne (CéE) qui s’installa au n°30, rue Marie de Bourgogne avant l’Ambassade du Congo à Bruxelles. Rentré à Léopoldville où je retrouvais mon siège de sénateur au Parlement congolais, je notifierais, le 7 avril 1962 ma démission à M. Tshombe de mes fonctions de Représentant du Katanga auprès de la Communauté économique Européenne (...). Mission diplomatique. La reconnaissance d’un état implique celle du Gouvernement de cet état. Donc, l’état du Katanga de Moïse Tshombe n’avait pas bénéficié de cette reconnaissance internationale ni de facto ni de jure. C’est ainsi qu’il décida d’envoyer une mission d’information en Belgique et aux Nations-Unies. Le 29 juillet 1960, un Boeing Sabena emporta la délégation katangaise vers un périple, par Bujumbura, le Caire et Rome, en Occident, plus particulièrement en Europe et aux étatsUnis d’Amérique. Elle fut surprise de constater qu’elle était attendue sur le tarmac de Zaventem par le service de protocole des Affaires étrangères. On entendait des cris partant du balcon de l’aérogare: «Vive le Katanga». Elle prit place à bord des voitures que le protocole avait mises à sa disposition vers le Château de ValDuchesse, qui fut le centre d’accueil pour visiteurs de marque. Le soir même, un grand dîner présidé par le Premier Ministre Gaston Eyskens fut offert à la délégation. Assistaient également

à ce dîner, les ministres Scheyven et Lilar et le parlementaire libéral M. Lefebvre. Ils eurent dans leurs conversations des propos illusoires pour encourager la délégation katangaise à persévérer. Après la conférence de presse que JeanBaptiste Kibwe donna le lendemain, la délégation partait pour Perwez en Brabant où le Ministre des Affaires étrangères Pierre Wigny l’attendait. Pierre Wigny persuada la délégation de la nécessité de l’appui français, dans son entreprise d’information. Les facteurs sentimentaux des Belges réfugiés au Katanga et de l’ensemble du territoire congolais trouvèrent dans l’acte du 11 juillet 1960 que Moïse Tshombe venait de poser une protection de leur vie menacée et de leurs biens. Ils l’encouragèrent à chercher une reconnaissance internationale rapide de l’état du Katanga. Cette reconnaissance commencerait par la Belgique, puis par les pays occidentaux, amis ou intéressés à la sécession comme le Portugal, l’Afrique du sud et la fédération des Rhodésies du Nord et du Sud (ZimbabweZambie), puis par les pays africains de langue française liés à la France avec comme tête de file le Congo Brazzaville de l’Abbe Fulbert Youlou. Celuici effectuera même un voyage officiel au Katanga, mais il n’eut pas le courage de reconnaître de droit ou de fait le Katanga. Il jeta la poudre aux yeux à M. Moïse Tshombe qui l’embrassa affectueusement sans espoir et accepta les insignes de l’ordre du Katanga. Il y eut, certes, de manifestations de sympathie extérieures à la fois par des autorités publiques, par des lobbies et par des groupes du secteur économique. Moïse Tshombe envoya de nombreuses délégations à travers l’Europe, l’Amérique et en Afrique. Celle présidée par M.

Kibwe fut reçue le 31 juillet 1960 par le Roi des Belges; elle s’entretiendra aussi avec quelques membres du gouvernement et plaida pour la reconnaissance de l’état du Katanga. Peine perdue..., car aucun état occidental ni africain ne reconnut la souveraineté du Katanga; il ne fut par conséquent pas admis à l’Organisation des Nations-Unies. La délégation se rendra le 2 août 1960 à Paris par transeuropéen accompagnée de M. Zwannepoel, attaché au cabinet de M. le Ministre Pierre Wigny des Affaires étrangères. à Paris, la délégation n’était pas attendue officiellement; elle fut accueillie par un jeune diplomate belge et installée à l’hôtel La Pérouse où le Général De Gaulle avait fait sa première conférence de presse après le coup d’état du 13 mai 1958. Jean-Baptiste Kibwe y tiendra avec sa délégation aussi une conférence de presse qui fut reproduite avec photos dans Paris Match. Cette visite impromptue et mal préparée n’avait abouti à aucune rencontre avec le Général De Gaulle comme l’avait souhaité le Ministre des Affaires étrangères Pierre Wigny. L’ Ambassadeur de Belgique à Paris Marcel-Henri Jaspar était en vacance. Le diplomate belge, M. Werner de Mérode, pris au dépourvu n’avait pas osé contacter le Quai d’Orsay pour introduire la délégation à l’élysée. Les encouragements platoniques de Pierre Wigny pour rencontrer le Général De Gaulle n’ont pu se réaliser, car on ne rencontre pas les hommes d’état en fondant l’espoir uniquement sur les relations privées. L’encouragement de Pierre Wigny n’était qu’une simple courtoisie diplomatique. Le jeudi 4 août, la délégation devait rentrer à Bruxelles par train à la gare du Nord et fut conviée à déjeuner par le Ministre belge des Travaux Publics, M. Omer Van Audenhove.

Pour se rendre à New-York, il fallait des visas américains. Le 5 août 1960, la délégation fut reçue à l’Ambassade des états-Unis à Bruxelles oà l’ Ambassadeur Mac Guinan donna des conseils et se montra sincère en disant que si la délégation voudrait se rendre à Washington, elle ne serait reçue qu’au titre d’autorités provinciales. JeanBaptiste Kibwe décida de ne pas se rendre à Washington. Le 7 août 1960, la délégation escortée par les motards de la police de Bruxelles s’envola pour les états-Unis à bord d’un avion de la KLM qui décolla d’Amsterdam. à New-York, la délégation fut installée par les membres du Consulat de Belgique à la 44ème avenue aux Beaux Arts Hôtel. La séance du Conseil de Sécurité s’ouvrait le 8 août pour l’Affaire katangaise. Jean Baptiste Kibwe fit remettre au Secrétaire Général une lettre précisant la position du Katanga dont voici la teneur: Monsieur le Secrétaire Général, Au moment où va s’ouvrir la séance du Conseil de Sécurité convoquée à votre initiative, la délégation de l’état indépendant du Katanga que je préside, soucieuse d’apporter sa contribution à la solution pacifique du problème congolais, vous prie respectueusement de bien vouloir attirer l’attention des états membres du Conseil de Sécurité sur les points suivants qui résument la position de son Gouvernement: w Le gouvernement de l’état du Katanga demande à l’O.N.U. de constater que la population du Katanga a proclamé sa volonté d’indépendance par l’entremise de ses représentants librement élus; w Le gouvernement du Katanga invite l’O.N.U. à constater que l’ordre règne au Katanga, que le gouvernement de ce pays assure, par ses propres moyens, la sauvegarde des vies et des biens sur

l’ensemble du territoire katangais; w Le gouvernement du Katanga place son entière confiance dans l’Organisation des Nations-Unies et dans la personnalité de son Secrétaire Général. En tant qu’état souverain, il déclare dispose à entamer toutes négociations qui pourraient aboutir à amener l’état du Katanga à collaborer sur pied d’égalité, avec toutes les Provinces ou Territoires du Congo, dans le cadre d’une confédération d’états; w Dans l’immédiat, le gouvernement katangais demande à l’ONU de proclamer un moratoire militaire du Katanga, de manière à permettre à tous les ressortissants katangais de confirmer, par voie de référendum organisé sous contrôle d’observateurs des Nations-Unies, l’indépendance dès à présent, effective de l’état (...). Séance du Conseil de sécurité. Le résumé de cette séance confirmait l’occupation du Katanga par les Casques Bleus. Les troupes belges allaient être obligées de se retirer et pour conclure, M. Justin Bomboko, Ministre des Affaires étrangères du Congo désignera la Belgique comme «agresseur» puisque ni le Gouvernement congolais ni M. Tshombe n’avait fait appel aux troupes belges pour venir occuper le Katanga. On remarque la faiblesse des arguments de la défense du Ministre belge des Affaires étrangères qui prenait la parole à la tribune avec une mine coupable. La résolution finale fut votée par tous, condamnant la Belgique; la motion de la Tunisie et de Ceylan entendant faire entrer les troupes de l’ONU. au Katanga et l’évacuation immédiate des soldats belges qui y stationnaient, à l’exception de la France. D’ailleurs, les meilleures et les fortes paroles contre cette résolution furent dites par le Représentant de la France, M.

LE SOFT INTERNATIONAL | ÉDITION NATIONALE | N° 1306 | PAGE 13.

Armand Bérard qui, malheureusement présidait et ne pouvait entrer au fond du débat. La délégation katangaise regagna Bruxelles et réintégra le Val-Duchesse. En fait, mon souhait, en acceptant la mission, était de me rendre en Belgique pour y chercher l’asile et poursuivre ma formation scientifique. Ainsi, au moment où se terminait ma mission, j’écrivis à M. Tshombe le 17 août 1960 pour lui faire savoir que je déclinais l’offre et l’honneur d’accepter un portefeuille ministériel dans son équipe gouvernementale. Il y eut été tentant pour ses adversaires politiques d’expliquer mon soutien à sa politique par l’attrait d’un poste ministériel. Me prenant au mot, et compréhensif à ma décision de ne pas retourner au Katanga et comme je ne pouvais espérer une bourse d’études pour poursuive ma formation en Belgique, Moïse Tshombe m’offrira une bourse en me proposant de représenter le Katanga auprès de la Communauté économique Européenne (CCE.) à Bruxelles. En effet, la reconnaissance plénière, la reconnaissance majeure n’intervient que lorsqu’un état souverain s’est formé dans les conditions acceptables par d’autres états souverains qui lui confèrent la qualité d’état. C’est donc l’admission de l’état nouveau dans la société internationale. Quoique tolérant sa présence dans la capitale du Royaume, le Gouvernement belge n’avait pas reconnu la délégation permanente du Katanga comme une représentation diplomatique. Cette mission n’avait qu’un seul objectif: celui de coordonner les rapports économiques et commerciaux entre les membres de la CEE et le Katanga à l’exception de Paris ou fut installée également une autre délégation permanente dirigée par Dominique Diur. Un bureau d’information du Katanga fut installé

à New-York dirigé par M. Struelens de nationalité belge. Ce chapitre relatif à la Sécession katangaise nous a embarqué dans les méandres de la vraie face de la politique katangaise d’antan qui est aussi le reflet de celle des hommes politiques d’aujourd’hui appartenant à ce coin du territoire national dans le sens où ces derniers s’accordent peu à l’entente de la cause commune, celle d’être des Hommes d’état que de rester amateurs de la res publica. Au déclenchement de ladite sécession katangaise, la Belgique n’eut pas à reconnaitre totalement l’action politique des ambitions de Moïse Tshombe, pour preuve la mission diplomatique qui fit la tournée en Occident ne fut pas reçue à titre officiel, car les autorités belges se réservèrent. Ceci est une marque de l’échec de cette mission. Cependant l’occasion fut donnée au Gouvernement central du Congo de se renforcer à l’endroit du Gouvernement de Tshombe et Jason Sendwe devenait l’espoir du Katanga unifié comme le décrit Eric Kennes en ces termes: «Léopoldville se renforce vis-àvis d’Elisabethville, Bruxelles retire graduellement son soutien à la sécession: le rôle de Jason Sendwe devient crucial car il est le seul dirigeant katangais à faire le poids face à Tshombe. Sendwe espère toujours devenir le dirigeant du Katanga unifié. Son principal atout est sa popularité auprès des Luba du Nord-Katanga, double du soutien des députés nationaux de son parti». Pour confirmer la thèse de manque de soutien extérieur pour la cause de la sécession katangaise, les réactions internationales furent abondantes dans le but de convaincre Moïse Tshombe à mettre fin à l’ambition démesurée de l’indépendance du Katanga comme nous

(suite en page 14).


bonnes feuilles |

Le fédéralisme proclamé du Katanga sentait le séparatisme

(suite de la page 13).

le décrivons dans le chapitre suivant. La proclamation de l’indépendance du Katanga par M. Tshombe fut accueillie avec consternation dans toute la communauté internationale, mais diverses pressions furent exercées pour que le gouvernement belge accepte de couvrir l’acte katangais. On remarquera néanmoins que l’opinion de la presse belge ne s’était pas sérieusement prononcée sur la décision de M. Tshombe. Le conseil de cabinet belge du 11 juillet 1960 adoptait la position de prudence, car il ne savait pas encore si M. Tshombe maintiendrait réellement son plan et obtiendrait l’accord de l’opposition du Cartel Balubakat qui fut une des conditions préalables pour la reconnaissance du Katanga. Les députés et sénateurs du parlement belge désapprouvaient le 12 juillet 1960 l’acte pose par M. Tshombe en motivant leur position sur le fait que le gouvernement provincial du Katanga n’exerçait pas son autorité sur la grande majorité des populations de cette province et, d’autre part, il n’y a rien qui prouve que le gouvernement congolais est impuissant à assurer son autorité au Katanga. Et que M. Tshombe n’a pas la qualité pour décider d’une séparation uniquement avec l’accord de son parti; car pour arriver à prendre cette décision, M. Tshombe a du recourir à une autorité internationale qui est chargée du maintien de l’ordre. Allusion faite à l’intervention des troupes métropolitaines qui assuraient l’ordre au Katanga après avoir désarmé les mutins de la Force Publique. Le Premier Ministre belge Gaston Eyskens se réjouissait tout de même qu’au Katanga, il y a un gouvernement capable de prendre des décisions en précisant toutefois que les Forces militaires belges n’interviendront jamais

dans un but politique avoue ou masque. Monsieur Wigny, Ministre belge des Affaires étrangères télégraphiait sa position devant le problème katangais en remettant une note aux représentants diplomatiques de Grande Bretagne, France, République Fédérale d’ Allemagne, Luxembourg, PaysBas et États-Unis en leur annonçant que les manœuvres se multiplient au Katanga pour ériger cette province en état indépendant et le faire reconnaître par les puissances étrangères et que la Belgique est opposée pour multiples raisons. à court terme, les réactions dans le reste du Congo seraient considérables et mettraient en péril vies et biens européens faussement accuses d’avoir participe au complot. à moyen terme, le Congo est dote d’une loi constitutionnelle provisoire qui lui permet encore de devoir élaborer une structure définitive, donc il y aura une possibilité et même une nécessité de revoir dans une atmosphère calmée les relations du Katanga au reste du pays. à long terme, la sécession compromettait la vitalité économique de l’ensemble du Congo qui deviendrait la proie pour le Communisme. Il est douteux que le Katanga seul puisse résister à la subversion où à l’agression ultérieure. Donc, le gouvernement belge insiste pour que les puissances occidentales amies conseillent M. Tshombe à la prudence et au moins à la temporisation. Il est, certes, que les troupes métropolitaines belges sont à Elisabethville venant de la Base de Kamina pour assurer I’ ordre et resteront sur place tant que d’autres interventions ne viendraient troubler la nécessité de cet ordre qui risquerait l’augmentation de la confusion qui y règne en ce moment. Contrairement à ce qu’affirme M. Wigny, on constatera que le Commandant des troupes belges a

Elisabethville, le Major Weber adoptait une attitude moins prudente en faisant savoir qu’il allait s’occuper de propagande, de maintien de l’ordre, de santé publique et de ravitaillement. Il s’était aussi produit un incident invraisemblable qui empêcha le 12 juillet l’avion militaire transportant MM. Kasa-Vubu et Lumumba d’atterrir à Elisabethville par ordre du ministre katangais Godefroid Munongo. Le Commandant Weber rend un hommage public à M. Munongo parce qu’il «avait permis de sauvegarder l’ordre du Katanga. Les forces belges procédèrent au désarment des éléments de la Force Publique jugés peu sûrs; les directives du quartier général de la Force Publique de Léopoldville, restèrent sans exécution tandis que le Général Victor Lundula nommé par le Président Kasa-Vubu et le Premier Ministre Lumumba était neutralisé et bloqué à Jadotville et ne pouvait regagner Léopoldville où il était attendu. Le 13 juillet 1960, le Général Cumont, l’un des principaux chefs de l’armée belge et collaborateur immédiat du Ministre de la Défense Gilson, donnait une conférence de presse à Elisabethville par laquelle il reconnaît l’aide suffisante et continue de la Belgique en déclarant: «il est donc à espérer que plus personne ne gardera d’appréhension en ce qui concerne le retour et le maintien de l’ordre ainsi qu’aux sujets de la sécurité des personnes et des biens, base fondamentale du retour à un travail normal». Protestation des leaders du cartel Balubakat. Dans Ie message de M. Jason Sendwe au Cartel du 9 aout 1960, la situation grave vers laquelle un courant semblait les entrainer. Il rappela aux Katangais qu’il a toujours défendu l’Unité du Congo et que tous les Congolais ont bien voulu soutenir

sa position parce que c’est dans cette unité que le Congo a trouvé sa grandeur. Il poursuit en se référant à la Belgique qui avait défendu, elle aussi cette unité, car disait-on, on ne pourra jamais disloquer la belle œuvre du Roi Léopold II. D’ailleurs, la politique belge, au cours des Tables Rondes qui ont eu lieu avant l’indépendance, s’identifiait sur la sauvegarde de l’Unité du Congo. Devant certaines tendances séparatistes qui naissaient au Katanga, j’ai du intervenir plus d’une fois et, avaitil poursuivi, en attirant l’attention de la Communauté Internationale sur le grave danger que connait le Katanga. Plus d’une fois, j’ai essayé d’écarter ce courant néfaste qui rongeait le Katanga. Personne ne voulait me croire lorsque je disais dans mes multiples déclarations et communiqués que le fédéralisme katangais n’était autre chose qu’un pur séparatisme. Personne ne voulait me croire lorsque j’accusais certains hauts fonctionnaires belges d’être à la base du séparatisme katangais. Personne ne voulait me croire lorsque je lançais des communiqués en Belgique en janvier dernier que le fédéralisme prôné par la Conakat avait tendance de joindre le Katanga à la Rhodésie. J’ai combattu la politique de M. Gavage, colon à Elisabethville et l’un des conseillers de Moïse Tshombe jusqu’à son élimination de la scène politique, mais hélas, ses adeptes plus fortes que lui-même devaient continuer sa politique. C’est cette politique qui se réalise aujourd’hui. Cette politique est pire que le communisme que l’on ignore d’ailleurs au Congo. Cette politique n’est autre chose que l’apartheid pratiqué en Afrique du Sud. Les Belges du Katanga, par le truchement de mon ami Tshombe que je considère comme un figurant, voudraient s’emparer de cette

province pour en faire une nouvelle colonie. Dans la fameuse politique de Gavage, la province du Katanga comme celle du Kivu étaient considérées, la première par ses richesses minières et la seconde par son sol riche en agriculture, toutes les deux enveloppées par un climat sain, comme deux provinces de peuplement. Aujourd’hui, mes chers compatriotes, tout ce que je voulais éviter s’est réalisé. Prévoyant un revirement de la situation, l’Administration belge du Katanga a tout fait pour m’imposer un échec dans les élections, échec que je considère comme purement théorique, parce que c’est par des moyens tyranniques et terroristes que mes hommes ont dû s’incliner. Plusieurs sont morts. Tout en rendant hommage et tout en m’inclinant devant ces martyrs, j’accuse les responsables, tant Blancs que Noirs, du crime prémédité qu’ils commettent. Je rends responsables les Belges du Katanga ainsi que tous ceux qui soutiennent cette idée séparatiste, de leur ingratitude devant le Roi Baudouin, parce que c’est à cause d’eux que toutes les relations que la République du Congo avait envers la Belgique sont rompues. C’est à cause d’eux que la Belgique perdant ainsi la raison et guidée plutôt par des sentiments, est devenue complice en voulant faciliter l’indépendance du Katanga. Chose juridiquement irréalisable parce que la Belgique, elle-même, a reconnu solennellement devant le monde entier l’intégrité de l’unité du Congo. Le Katanga vivra heureux dans un Congo libre, uni et indépendant. Mes chers compatriotes, ce qui précède constitue un appel solennel que je lance à travers tout le Katanga pour que tous les membres du Cartel Balubakat restent impassibles et unis. Ne vous battez pas, laissez-vous battre s’il le faut, mais n’oubliez pas que la

LE SOFT INTERNATIONAL | ÉDITION NATIONALE | N° 1306 | PAGE 14.

vérité seule triomphe toujours. Je place toute ma confiance en la personne de M. Hammarskjöld, le Secrétaire Général de l’ONU dont la clairvoyance et la sagesse ne font l’objet d’aucun doute. Aujourd’hui que les regards du monde sont braqués sur le Congo, il est grand temps d’écarter le grand danger qui menace la paix et la sécurité internationale. J’invite mon ami Tshombe et ses collaborateurs de s’arrêter un moment, d’examiner consciencieusement ce qu’ils ont fait. Jusqu’aujourd’hui, au lieu de continuer dans les ténèbres, il serait vain et insensé de poursuivre un chemin qui conduit à la catastrophe. C’est dire qu’il n’est pas encore trop tard non plus pour trouver une meilleure solution humaine et salutaire. Une deuxième personnalité du Cartel, M. Muhunga Ambroise, Président de l’Atcar (Association des Tshokwe du Congo, d’Angola et de la Rhodésie) faisait une déclaration à la radio de Léopoldville le 14 aout 1960 dont l’attitude fut très dure à l’égard de la sécession et des Belges: «Les Belges ont massacré des milliers des Tshokwe. Tshombe veut nous imposer une fédération que nous avons toujours refusée, connaissant les manoeuvres impérialistes. Nous refusons de collaborer avec la Conakat. Aujourd’hui, les adversaires belges veulent séparer le Katanga du reste du Congo, l’échange de télégrammes entre Moïse Tshombe et les Nations-Unies est une manoeuvre pure et simple. J’ai le droit de parler au nom du peuple Tshokwe. Le Cartel katangais proteste énergiquement contre la présence des troupes belges au Katanga et exige leur retrait immédiat de cette province et particulièrement de Dilolo ou ils ont remis des armes pour tuer les frères Tshokwe. Un millier de personnes tués, hommes, femmes

et enfants. Les Américains sont des actionnaires de l’Union Minière, mais les Nations Unies feront quand leur devoir? Le Cartel katangais reste toujours attaché au gouvernement de la République Démocratique du Congo. Les journaux des colons belges osent dire que le calme règne dans le Katanga. Or, dans le territoire de Dilolo des milliers d’hommes sont tués. Le Katanga est coupé du reste du Congo. Nous préférions mourir que de vivre dans les régions colonialistes. Ce sont les Belges qui ont commis tous ces assassinats et pas Lumumba». Auparavant, M. Mwamba Ilunga Prosper, porte-parole du Cartel katangais, déclarait à la séance du 27 juillet 1960 de l’Assemblée provinciale du Katanga que: «Vu que dans plusieurs séances de l’Assemblée provinciale, les députés du Cartel avaient, à maintes reprises, demande à Monsieur le Président du Conseil des Ministres de bien vouloir présenter son projet de l’Assemblée provinciale pour examen et que dans une ultérieure assemblée, à l’unanimité, le Conseil avait mis en suspens la déclaration du Gouvernement provincial proclamant le Katanga indépendant. Nous ne comprenons pas que jusqu’à ce jour, sans devoir remplir les conditions pour lesquelles le Conseil avait demandées à M. le Président, ce dernier essaie toujours à maintenir sa position pour proclamer le Katanga indépendant. Ce qui veut dire, le Katanga ne trouvera sa paix que dans les conditions suivantes qui sont absolument indispensables et indubitables: w Le gouvernement du Katanga doit être composé des membres de deux grands partis: Conakat et Cartel qui peuplent notre province (négociations entre M. Tshombe et les membres du Cartel n’aboutissent à aucun (suite en page 15).


bonnes feuilles |

Le transfert de Lumumba au Katanga mit à mal son indépendance

(suite de la page 14).

résultat de la Conakat exigeant des conditions impossibles); w Le gouvernement du Katanga doit considérer la province comme une de celles qui composent l’unité du Congo; w Le gouvernement du Katanga doit cesser, tout de suite et sans délai, toutes les arrestations arbitraires des personnes et à la destruction de leurs biens; w Le gouvernement du Katanga doit éviter la provocation de tout trouble dans les milieux ruraux qui risque d’amener notre province à la ruine la plus totale; w Le gouvernement du Katanga doit immédiatement libérer tous les membres du Cartel incarcérés actuellement en prison pour des motifs d’ordre politique; w Enfin, le gouvernement du Katanga doit jouer sa politique dans la mesure de la compréhension totale, car nous ne pouvons jamais pour plus longtemps, tolérer la dictature de certains membres du gouvernement ; w Le gouvernement du Katanga doit remettre le drapeau du Congo composé de 6 étoiles jaunes qui entourent la plus grande au centre, à sa place dans tous les territoires de notre province. Nous ne connaîtrons, n’accepterons et ne laisserons jamais sur notre sol du Katanga flotter un drapeau autre que celui précité. Ceci dit, nous déclarons officiellement à M. le Président du Gouvernement du Katanga que nous nous retirons et considérons la liste définitive des candidats Cartel aux postes des ministres, liste remise à M. Tshombe par le Cartel en date du 21 juillet 1960 et celle lui remise par le Chef Katende en date du 26 juillet 1960, comme nulle et non avenue. Si les conséquences désastreuses de ce gouvernement continuaient à se faire sentir sur notre province, martyrisant certains de ses sujets et détruisant leurs biens, nous finirons par dissoudre le

Gouvernement actuel et former un gouvernement bipartite qui aura la satisfaction de toute la population du Katanga, faute de quoi, le Cartel serait obligé de former son propre gouvernement de Katanga Nord-Est. Ainsi, après cette déclaration de M. Mwamba Ilunga qu’il télégraphia au Premier Ministre Lumumba, le 27 juillet et pour l’alerter, la rupture était nette. Le Cartel espérait et souhaitait l’arrivée des forces de l’ONU au Katanga et dans la reprise de la situation par le Gouvernement central. M. Munongo, Ministre de l’Intérieur du Gouvernement katangais démentira les attaques violentes et les imputations de la part de l’opposition dont il était accusé, notamment, les arrestations arbitraires principalement des ressortissants étrangers au Katanga ainsi que les militants politiques opposés à la Conakat et à son gouvernement. Et qu’il aurait pris des mesures draconiennes pour expulser du territoire katangais les policiers et soldats originaires du Kasaï et des autres provinces en faisant fi de leurs droits acquis. Le divorce est consommé entre le Cartel et la Conakat. Le dialogue était complètement rompu et il y eut plusieurs arrestations des opposants politiques parmi lesquels les Baluba du Katanga et du Kasaï. (...).

Dialogue congolais. L’ Axe anti-Lumumba considéré communiste voyait le jour après la réunion de Brazzaville des états d’Afrique centrale. Il y eut avant cette réunion la première rencontre entre MM. KasaVubu et Tshombe à Brazzaville, le 27 novembre 1960. Cette rencontre fut présidée par l’Abbe Fulbert Youlou. C’est au cours de cette rencontre que M. Tshombe préconisa une Union économique et Douanière de l’Afrique Centrale garantissant à chaque partenaire sa pleine indépendance politique. La seconde rencontre eut lieu à Brazzaville entre Congolais à

laquelle l’Abbe Fulbert Youlou convia KasaVubu-Tshombe-IleoKalonji. Là, apparurent les oppositions de Kasa-Vubu et de Ileo. Kalonji qui déclara un état autonome du Sud-Kasaï ne contredit pas Tshombe, mais il exprima certaines réserves. Léopoldville rejeta les formules confédérales du Katanga qui ne permettraient plus l’existence d’un réel état congolais. M. Ileo argumenta qu’il faut constituer avant tout un gouvernement central. Il y eut échec, malgré les pressions extérieures de tout genre. L’acceptation des autorités katangaises du transfert de M. Lumumba et ses compagnons de Thysville à Elisabethville, le 17 janvier 1960, compromettra l’espoir d’un état katangais qui se disait indépendant. Ce fut un acte irréfléchi ignorant le droit international public pour un état soidisant indépendant qui accepte un prisonnier d’un autre état sans aucun accord d’extradition. Ainsi, le transfert de M. Lumumba était précédé de quelques jours d’une délégation congolaise arrivée à Elisabethville le 12 janvier 1960, composée du Commissaire Pwati, Officier de confiance du Colonel Mobutu, de M. Delvaux, Ministre dans le gouvernement Lumumba et de celui de Joseph Ileo. La mission de cette délégation congolaise avait pour but d’amener les dirigeants katangais à assister à une conférence qu’on envisageait organiser à Léopoldville. L’idée de la rencontre de Brazzaville en décembre 1960 divergeait sur l’exigence de chacune des deux délégations. Le Katanga exigeait que la Table Ronde ait lieu avant que ne soit constitué à Léopoldville un nouveau gouvernement et avant que le parlement ne se réunisse. Le Colonel Mobutu épousa la thèse katangaise. En revanche, seul M. Ileo, formateur pressenti du nouveau gouvernement et les parlementaires

congolais faisaient pression en faveur de la formation d’un nouveau gouvernement et d’une réunion du parlement. Cette conférence dont l’objet assigné par le Chef de l’état était la «réforme des structures mêmes du pays» n’aura lieu ni à Léopoldville ni à Elisabethville. Sur ces entrefaites, le climat politique dans notre pays sur le plan international a été marqué par la tenue des plusieurs conférences et négociations qui ont pratiquement abouti même à dénicher Lumumba comme un partenaire ambitieux du communisme alors que celui-ci ne fut qu’un soupçon démesuré de ses ennemis. (...).

La révolte des Baluba du NordKatanga. Les incidents eurent lieu presque dans toutes les grandes villes du Katanga, le 15 août 1960 à Jadotville (Likasi) où l’on dénombra des morts et des blessés, le 8 août à Albertville, suivis de ceux du 21 août à Elisabethville. Il y eut à Elisabethville plus ou moins 100 arrestations des Baluba. Ces arrestations eurent comme conséquence la révolte des Baluba du Nord-Katanga dont M. Tshombe minimisa la gravité. Il attribua ces troubles dans le Nord comme dus exclusivement aux agissements des Baluba adeptes du Kitawala (WatchTower) le long du fleuve Lualaba (Congo) et plus particulièrement dans les territoires de Malemba-Nkulu et de Manono. Les adeptes de Kitawala sont des fanatiques qui ne connaissent aucune autorité sinon celle de Dieu. Les Belges avaient enfermé et relégué les plus excités dans la province de Coquilathville et dans le territoire de Dilolo près de la frontière angolaise. D’autres furent enfermés dans des camps. Ils furent tous relaxés en juin 1960 et répandus dans la région prêchant leur foi dont l’essentiel consiste à la résistance à l’autorité établie et à la métamorphose qui leur permettait de se mélanger dans

des groupes des personnes à peau blanche sans être connus ni identifiés. C’est pourquoi cette situation ébranla le Président Tshombe qui monta à ce moment des opérations de la gendarmerie contre les Baluba avec le concours des officiers et sous-officiers belges de l’ancienne Force Publique ou des troupes métropolitaines de la Base de Kamina. Les informations provenant du NordKatanga sur les troubles deviennent plus pessimistes dans les publications favorables aux autorités d’Elisabethville: «Tout le pays Muluba est mobilisé, semblet-il, pour une sorte de guerre sainte. Des pirogues chargées des jeunes en armes, descendent le fleuve. Les assaillants sont drogués au chanvre, mais ils semblent appliquer des consignes tactiques très nettes, attaquent les convois par la fin pour resserrer ensuite l’attaque sur les devants, cherchant surtout à tuer les chauffeurs des véhicules». (J.K. La Libre Belgique, 12 sept. 1960). Les autorités d’Elisabethville comptaient sur l’action de la gendarmerie d’abord pour venir à bout de la rébellion muluba. Elles tentèrent aussi, mais sans grand succès, de provoquer des ralliements des populations par des opérations psychologiques, des essais d’intégration locale d’autorités coutumières, des missions de pacification, etc. Une négociation avait été menée sur place à Elisabethville prévoyant l’arrêt imminent des troubles, avec les représentants de la Balubakat en présence d’observateurs indonésiens de l’ONU. Ces représentants élus de la Balubakat, incarcérés par les services de M. Munongo s’étaient dits prêts à coopérer moyennant nomination de 5 ministres Balubakat, mais au moment décisif, on a plutôt cru qu’en cas de libération, ces élus gagneraient le nord pour se joindre

LE SOFT INTERNATIONAL | ÉDITION NATIONALE | N° 1306 | PAGE 15.

à la lutte contre les autorités tshombistes. Ainsi, le gouvernement de M. Tshombe voit dès octobre novembre 1960 une part non négligeable du territoire katangais échapper à son autorité. C’est ainsi qu’il limitera son ambition à essayer de tenir des centres importants dans les régions troublées, à sauvegarder les voies de communication et à empêcher M. Mwamba Ilunga Prosper, porteparole de la Balubakat, d’implanter à Manono ou dans un centre de quelque importance, le gouvernement de la province du Lualaba, constitué à Stanleyville fin octobre début novembre 1960, avec l’appui de M. Gizenga. En octobre, ces troubles s’aggravèrent et inquiétèrent sérieusement les autorités d’Elisabethville qui finirent par admettre la reconnaissance des zones beaucoup plus vastes comme Malemba-Nkulu, Manono, Kabalo, Luena et Bukama où le maintien de l’ordre serait aux mains de l’ONU: la présence des groupes armés autres que les forces de l’ordre serait interdite dans les localités désignées; celles-ci ainsi que les installations industrielles feraient l’objet de protection de l’ONU contre les raids de bandes armées. La gendarmerie katangaise s’engageait a adopter qu’une attitude défensive pour les autres zones (...). Problème de la sécession katangaise. Le gouvernement Adoula fut affronté au lendemain de son investiture au problème de la sécession katangaise qui le conduira à entreprendre une action énergique qui fut soutenue par l’ONU. On distinguait trois phases dans cette action: w L’action prématurée des forces de l’ONU aboutit à un échec militaire et au dernier voyage du Secrétaire Général Dag Hammarskjöld; w Les exactions inadmissibles des troupes de l’ONU s’achèvent sur l’accord de la rencontre à

Kitona prolongé par les entretiens Adoula-Tshombe de Léopoldville, entre mars et avril 1962; w M. U Thant, Secrétaire Général des Nations-Unies remplaçant de Dag Hammarskjöld, présenta un plan qui aboutira grâce au soutien américain à la liquidation de la sécession katangaise. La résolution du 14 juillet du Conseil de Sécurité qui réclama le retrait des troupes étrangères et leur remplacement par les forces de l’ONU ne facilita pas la tache du Secrétaire Général, dans la mesure où il se heurta à une première difficulté avec le Katanga, lorsque M. Tshombe refusa de faire partir ses soldats étrangers pour qu’ils soient remplacés par ceux de l’ONU. Le Secrétaire Général se rendit Le 12 août à Elisabethville avec un contingent des Casques Bleus suédois. Les Casques Bleus furent admis, et l’ONU s’engagea à ne pas se mêler des affaires katangaises. Un piège fut tendu au Secrétaire Général à son arrivée à Elisabethville (Lubumbashi) lorsqu’on lui présenta le drapeau katangais où il s’inclina légèrement, avant de se rendre compte de sa méprise et de poursuivre sa marche. Le Katanga ne manqua pas de se réjouir en déclarant que le Secrétaire Général avait reconnu l’indépendance du Katanga par l’intermédiaire de son emblème. M. Tshombe qui se crut homme fort de l’ancien Congo belge avec lequel il fallait compter, avec la disparition du leader congolais Patrice Lumumba, allait pousser les Occidentaux à le soutenir. Il prit l’initiative de réaliser son projet de recréer un nouveau Congo à partir du Katanga. Il s’intéressa au projet de la Table Ronde qui devait se tenir à Léopoldville qui ne rallia pas les autres politiciens congolais à son point de vue, car pour le Katanga, cette Table Ronde devait se tenir à Elisabethville.


Retour à la Ferrari F70 prestige de l’auto |

E

t si on jetait un coup d’œil sur le rétroviseur en 2013 par exemple? Ce fut l’annonce de l’arrivée de la supercar la Ferrari F70. Dix ans après l’Enzo, Ferrari proposait enfin une nouvelle supercar. Une auto qui a commencé à se montrer avec des teasers où l’on devine les formes générales de la poupe et de la proue. Sans surprise, celle qui est codée en interne F150 sera l’auto de route la plus puissante de l’histoire de la marque. Actuellement, ce titre revient à la F12, dévoilée cette année, dont le V12 développe 740 ch. La F70 fera donc logiquement mieux, et devrait flirter avec les 900 ch. Il se murmure que le V12 sera couplé à un système hybride similaire au KERS. Autrement dit, l’énergie dégagée lors des freinages est récupérée et restituée lors des phases d’accélération, pour booster la puissance. La F70 devrait être dévoilée à Genève.

Mercedes CLA. C’est lors du prochain Salon de Detroit que Mercedes dévoilera son deuxième coupé 4 portes. Objectif clair: renouveler le succès de la CLS à une plus petite échelle. Comme son nom l’indique, la CLA sera dérivée de la Classe A. Elle sera cependant bien plus longue (30 centimètres de plus au moins, pour un total de 4,60 mètres environ). La Classe C va se sentir menacée! La CLA reprendra une grande partie de la technique de la dernière compacte de la marque. Elle inaugurera une nouvelle version de la transmission intégrale 4Matic, plus légère. Commercialisation au printemps. Après deux showcars, quasiment identiques, place enfin à la version de série du 2008, un petit SUV urbain dérivé de la 208. Il en reprendra l’empattement mais la longueur devrait progresser d’environ 20 cm (pour 4,15 mètres). Voilà qui profitera au volume de coffre. D’autant que Peugeot jouera la carte de l’habitabilité et de la modularité avec le 2008, qui vise clairement une clientèle familiale. Normal, car l’auto vient remplacer la 207 SW. La position

Ci-dessus une idée de la Teaser Ferrari F70. La poupe et la proue Ci-dessous, McLaren P1. Elle veut être la meilleure voiture du monde. DRoits réservés.

de conduite devrait être similaire à celle de la 208, avec une instrumentation surélevée. Sous le capot, on retrouvera bien évidemment les diesels 1.6 e-HDI de 92 et 115 ch mais aussi un inédit 3 cylindres essence turbo de 110 ch. Aucune transmission intégrale n’est programmée. Commercialisation printemps 2013. Porsche Macan. Qu’il est loin le temps où la gamme Porsche était composée du Boxster et de la 911. Aujourd’hui, la marque ose s’aventurer sur tous les terrains et notamment celui des SUV. Après le Cayenne, place au Macan, que l’on espère découvrir en mars prochain à Genève. Bien qu’il mesure 4,60 mètres, ce modèle deviendra la nouvelle entrée de gamme de Porsche, avec un premier prix

d’environ 40 000 euros. Le Macan repose sur la plate-forme de l’Audi Q5. Il en reprendra donc les moteurs. Il sera fabriqué à Leipzig. Ce projet a permi à Porsche d’embaucher 1 000 personnes supplémentaires. Citroën C4 Picasso. Depuis deux ans, la marque aux chevrons s’est surtout occupée de sa gamme premium DS. Les choses vont changer en 2013, puisqu’il va s’attaquer au renouvellement d’un pilier de sa gamme classique, le monospace compact Picasso. Changement de stratégie avec cette nouvelle génération: ce sera la version courte 5 places qui sera dévoilée en premier. Et selon les dernières rumeurs en date, relayée par nos confrères de l’Automobile Magazine, il faut s’attendre à un petit choc visuel.

L’auto abandonnera sa silhouette rondouillarde. Moins haut, le nouveau Picasso se fera plus musclé et plus agressif. Il inaugurera de nouveau codes pour Citroën, avec notamment un regard original, sur deux étages. Présentation attendue dans trois mois à Genève. Mini III. à quoi ressemblera la prochaine Mini? à une Mini bien sûr! Il ne faut pas attendre des changements esthétiques importants. On retrouvera la silhouette habituelle avec une surface vitrée dessinée d’un bloc. C’est au niveau de la technique que cette troisième Mini «made by BMW» innovera. Elle reposera sur une plate-forme inédite et inaugurera une nouvelle génération de trois cylindres essence 1.5, dont la puissance pourrait

grimper jusqu’à 184 ch. Autre fait marquant pour ce cru 2013: l’arrivée d’une version 5 portes. Une rivale pour le... Countryman. Présentation en septembre. Nissan Qashqai. Remplacer le Qashqai n’est pas une mince affaire pour Nissan. Le crossover compact du japonais a été un véritable carton, dépassant toutes les espérances de la marque. On se souvient que lors de la commercialisation de l’engin, les délais de livraison ont vite explosé. Il ne faut donc pas se rater avec le successeur, qui devra, tâche très difficile, fidéliser la clientèle chez Nissan. Pour être honnête, on ne sait pas encore vraiment à quoi ressemblera l’auto. Elle devrait s’inspirer du concept Hi-Cross, vu à Genève en mars 2012, même si cette étude

LE SOFT INTERNATIONAL | ÉDITION NATIONALE | N° 1306 | PAGE 16.

de style annonce aussi le futur X-Trail. Le Qashqai sera toujours proposé en deux longueurs, avec 5 ou 7 places. McLaren P1. Le cahier des charges tient en quelques mots: la P1 doit être la meilleure voiture du monde, qu’on l’utilise sur route ou sur circuit. 21 ans après la mythique F1, Mclaren veut donc nous proposer une nouvelle supercar ultime. Pour l’instant, on ne sait pas encore combien de chevaux il y aura sous le capot. Mais la firme britannique ne s’en cache pas, la P1 ne cherchera pas à battre un record de vitesse. Son truc, ce sera l’efficacité. Etre celle qui passe le mieux les virages par exemple. Et pour cela, Mclaren ne se refusera rien. La P1 sera fabriquée en grande partie à base de carbone et

l’aérodynamique a fait l’objet de toutes les attentions. Et cela a fortement influé le design. 2012 se termine et le bilan des ventes s’annonce mauvais. Ce qui motive d’autant plus les constructeurs à mettre les bouchées doubles pour relever la tête en 2013. Ils nous préparent un festival de nouveautés. Voici dix incontournables. Renault Captur. Peugeot et Renault se marquent à la culotte. Le lion présente le 2008? Renault lui répond avec le Captur, une déclinaison SUV de la Clio. Ce modèle vient d’ailleurs de faire parler de lui puisque dans un document technique malencontreusement publié par le français lui même, on a pu voir les formes définitives de l’engin. Ceux qui avaient aimé le concept seront un peu déçus car le modèle de série se fait bien plus sage.


l’amour-haine |

«Mon pauvre ami, vous êtes déjà un homme mort», lui dit Bernadette

C

’est l’histoire d’un couple indissoluble et chahuté.

membre du premier cercle très remonté contre l’épouse Chirac. Difficile de savoir quel est son degré de

L’union étrange mais ferme et bien comprise de Bernadette Chodron de Courcel et de Jacques Chirac, l’eau et le feu, la carpe et le lapin. Depuis qu’il a été frappé d’anosognosie (état d’une personne ne se rendant pas compte de son infirmité), Jacques Chirac, aujourd’hui âgé de 82 ans, vit reclus, très amoindri et sous surveillance car incapable de paraître en public décemment. Il peut même tenir des propos déplacés. Le choc est rude et son état de santé alarmant. Il a aussi une incidence directe sur l’équilibre intime du ménage.

à l’avantage de la femme. Les rapports de force tournent désormais à l’avantage de l’épouse au terme d’une longue vie commune où, de fait, elle ne fut guère épargnée. Dans son livre, «Bernadette et Jacques», Candice Nedelec raconte cette union improbable entre la jeune fille de bonne famille, où l’on contrôle ses sentiments, et le jeune Corrézien au contact direct. Ils se fiancent en novembre 1953 et se marient en mars 1956. Ils graviront ensemble tous les échelons de l’Olympe politique. Elle le soutiendra dans les bons et les mauvais moments, avalera bien des couleuvres, cantonnée au second rôle tandis que son flamboyant mari profite de tous les plaisirs. Mais ce temps-là s’éloigne. Victime d’un AVC en 2005, Jacques Chirac ne s’en est jamais totalement remis. Désormais, c’est Bernadette qui se révèle au fur et à mesure que la santé de l’ex-Président décline. Candice Nedelec résume la situation: «Lorsque Jacques Chirac regardait les informations, elle n’avait pas son mot à dire. Longtemps, elle n’a pas pu s’exprimer. Mais depuis les années 2000, elle prend sa revanche». Premier motif de ne pas le ménager, son goût des femmes. «Il aimait butiner, on va dire, confie l’auteure. Il aimait papillonner et il ne s’en est pas privé». Ensuite se succèdent les reproches, ses menaces à lui de tout envoyer valdinguer: leur mariage, leur

conscience lorsqu’il ne réagit pas à ces attaques».

Bernard Meeus n

Le Vif-L’Express.

Elle avait voulu le placer dans un homme de vieillards

G

L’union étrange mais ferme et bien comprise de Bernadette Chodron de Courcel et de Jacques Chirac, l’eau et le feu, la carpe et le lapin. droits réservés.

couple, ce qu’ils ont bâti en commun. Bernadette Chirac encaisse sans bruit. Elle se sacrifie souvent pour la carrière de son mari, RPR, maire de Paris, Président de la République.

bernie règle ses comptes. Aujourd’hui, celle qu’on surnomme «Bernie» règle ses comptes. Interrogée sur Europe l, elle lance cette phrase vipérine sur la santé de son mari. «La vieillesse, le général de Gaulle l’avait dit, c’est un naufrage. Et je continue à le penser». Dans «Un jour, un destin» que lui a consacré Laurent Delahousse sur France 2, elle ne mâche pas ses mots. Elle avoue qu’elle «n’avait pas seulement épousé Jacques par amour, mais aussi par ambition». Et rajoute, sévère, que son mari «est un macho qui considère que les femmes mariées sont là pour servir leur mari». Bernadette Chirac a pris une autre dimension depuis la retraite obligée de son époux. Avec sa fille, elle a réduit la liste de ses amis encore autorisés à lui rendre visite. Jean-Louis Debré, le fidèle parmi les fidèles, le voit encore mais ils ne sont guère nombreux.

Elle le rabroue sans ménagements. Elle s’oppose aussi publiquement sur le choix de leur candidat à l’élection présidentielle de 2017. Lui penche pour Alain Juppé, «le meilleur d’entre nous». Elle plaide fait et cause pour Nicolas Sarkozy que Jacques surnomme «le nabot». Cette division affichée ajoute un peu de sel sur les nombreuses plaies d’un couple où elle seule peut encore compter sur une forme agressive. Jacques Chirac ne fut pas tendre avec son épouse. Il l’appelait «la tortue». Elle a longtemps accepté cette «sainte soumission» selon l’expression de Candice Nedelec. Elle cite cette réplique venimeuse, extraite de «Un singe en hiver», censée cristalliser leurs relations: comme Jean Gabin à Suzanne Fion, Jacques à l’adresse de Bernadette: «Mais si, t’as que des qualités et, physiquement, t’es restée comme je pouvais l’espérer. C’est le bonheur rangé dans une armoire. Et tu vois, même si c’était à refaire, je crois que je t’épouserais à nouveau. Mais tu m’emmerdes». Ils s’ignorent, s’évitent, se battent froid. Elle se réfugie parfois chez Xavière Tiberi qui la console comme elle peut. Bernadette avait épousé Jacques contre

l’avis de sa famille. Elle l’a supporté avec abnégation et un sens bien compris de leur intérêt commun. Elle reste active en politique en Corrèze. Elle continue de parcourir les soirées parisiennes «en faisant savoir à tout le monde que Jacques n’est pas en état d’y assister», selon Anna Cabana, grand reporter au «Point». Candice Nedelec ne dit pas autre chose. Elle retrace une vie tumultueuse de deux tempéraments souvent opposés. Mais unis aussi dans les moments de crise. Elle raconte la dynamique étrange de cette femme déterminée en butte aux coups de boutoir de son mari. Elle rappelle cette sortie célèbre de Chirac qui «s’extrait du jeu quand ça l’arrange»: «ça m’en touche l’une sans faire bouger l’autre». Mais la carapace connaît des ratés. L’auteure rapporte une scène datant d’avril 2010, mettant en jeu un ami très cher de Jacques Chirac, François Pinault, président de PPR, avec lequel Chirac se rendait parfois à SaintTropez, à la terrasse de Sénéquier. Les deux hommes maintiennent une amitié solide et de longue date. Bernadette va la faire vaciller... en acceptant

de siéger au conseil d’administration de LVMH, le groupe rival dirigé par Bernard Arnault. «L’exPremière dame confie malicieusement à l’ami François (Pinault, ndlr) la proposition de son concurrent. «Un conseil d’administration, c’est une affaire de professionnels. Or vous ne connaissez rien au monde de l’entreprise, s’étonne le capitaine d’industrie breton. Vous êtes à un âge où l’on sort de ce type d’institution plutôt qu’on y entre», ironiset-il. Pour Chirac, cela ressemble à une trahison. «Il appelle alors son ami en pleurs, désolé, lui demandant de lui conserver son amitié». Elle le prend pour DÉJÀ MORT. La revanche est parfois cruelle et amère. Jacques Chirac est très diminué. En fin d’ouvrage, l’auteure rapporte un climat d’hostilité et de renoncement, empli de tristesse sans riposte: «Souvent l’homme choisit de ne pas relever. Terré dans son monde intérieur. Que répondre, en effet, quand on vous dit en substance, comme le fait Bernadette: «Mon pauvre ami, vous êtes fini. Vous êtes déjà mort», se désole un

LE SOFT INTERNATIONAL | ÉDITION NATIONALE | N° 1306 | PAGE 17.

rand reporter au journal «Le Monde», Béatrice Gurrey a couvert le second mandat de Jacques Chirac, de 2002 à 2007 (mais elle le suit en fait depuis plus de dix ans). De ce quinquennat houleux, elle retient surtout que le couple se déchira. Car Jacques Chirac n’est plus tout à fait l’homme conquérant à qui rien ne résistait. Chirac, l’amateur de bière Corona, de gastronomie japonaise (y compris à Bruxelles à l’ancien «Tagawa» de l’avenue Louise), fin connaisseur d’arts premiers, mangeur de pommes aux Guignols, habitué du Salon de l’Agriculture où il avait le contact facile avec tout le monde, ce Chirac sans chichis n’est plus le même suite à son AVC. L’animal politique fait encore face, mais il est affaibli. En regard de ce déclin, son épouse s’affirme et prend petit à petit les rênes, jusqu’à gérer aujourd’hui son quotidien. Bernadette, avec une méchanceté rare, souligne l’auteure, tire un bilan amer. Extrait: «Ils sont trois autour de la table en ce mois de mars 2012... Les Chirac déjeunent dans une petite salle individuelle, à l’abri des regards, avec un ami, dans un restaurant du XVIe arrondissement. Bernadette, en verve, procède à l’inventaire de sa vie: «Quand je me suis mariée, j’avais trois objectifs. Je voulais un homme riche: raté. Je voulais un homme du même milieu social que moi: raté...» ELLE SONGE UN MOMENT À LE PLACER. L’ami enchaîne:«Vous vouliez un mari fidèle...» et Bernadette confirme: «Encore raté!»» Le couple s’oppose, lui rallié un temps, en paroles, à François Hollande, entre Corréziens, elle à Sarkozy que son mari exècre.

Mais fine politique et gardienne de Jacques, elle lui évite de venir témoigner au procès des emplois fictifs de la Mairie de Paris. Chirac n’en est plus intellectuellement capable. Il n’assurera pas non plus la promotion du second tome de ses Mémoires. La journaliste du «Monde» abonde en fait dans le sens général: enfin dominante, Bernadette Chirac n’épargne plus sa moitié. Extrait: «Ce type-là a gâché ma vie», se plaint-elle à qui veut l’entendre. Elle voudrait, diton, le voir enfermé derrière de hauts murs et cherchera un temps une institution spécialisée pour «caser» son mari. Au point que les conseillers... se révolteront: «Si vous voulez le tuer encore plus vite, il n’y a que cela à faire». Ils savent tous que son bureau, les visites, les coups de fille maintiennent en vie. Elle renoncera à son projet. À la cour des Chirac, ainsi décrite, car l’auteure les voit comme des souverains républicains, la solidarité politique restera toujours vivace. On peut s’écharper, se détester, s’avilir en public, très vite les réflexes de clan liés à l’exercice du pouvoir reprennent le dessus. «La politique est leur union sacrée, indique Béatrice Gurrey dans «Point de vue». Chirac a pu avoir des amours, des aventures, il n’a jamais divorcé. Ce n’était pas dans son schéma et, par ailleurs, le prix politique à payer semblait trop lourd». Jacques Chirac vit désormais au ralenti dans son appartement du quai Voltaire. Il revient d’Agadir où le roi Mohammed VI lui a prêté un de ses palais. Il cumule 50 ans de vie politique «abracadabrantesque» selon son expression. Ses amis chers voudraient fêter ses 20 ans à l’accession de la présidence de la République, en 1995, le 8 mai prochain.

Bernard Meeus n

Le Vif-L’Express.


Même en plein sommeil

L

problème induit et vérifiera l’absence d’atteinte cérébrale ou d’épilepsie. Après l’enregistrement du sommeil, un traitement à base de benzodiazépine peut être prescrit ou certains antidépresseurs spécifiques. Le traitement médicamenteux sera diminué de façon progressive.

es gestes de nature sexuelle durant le sommeil intriguent, choquent ou énervent. Un comportement involontaire qui peut être source de tensions dans le couple.

Combien sont-ils au Congo? En Belgique, c’est environ 1 % des personnes, de tous âges, qui sont «sexsomniaques». «Environ», parce que, forcément, ce trouble qui consiste à avoir des comportements sexuels durant son sommeil ne peut être connu que si quelqu’un vous le fait remarquer. Il y a donc des sexomniaques qui s’ignorent... La prof. Fabrice Jurysta, psychiatre spécialisé en sexologie clinique et en troubles du sommeil à l’Hôpital Erasme, expliquer le mécanisme de ce trouble étrange que l’on pourrait a priori comparer à du somnambulisme. «Pour comprendre de quoi il s’agit, il faut se référer aux différentes phases du sommeil: 1. l’endormissement; 2. le sommeil léger; 3. le sommeillent profond et récupérateur; 4. et enfin le sommeil paradoxal», précise le médecin. «Notre comportement sera en effet différent selon que l’on se trouve dans telle ou telle phase de sommeil». C’est ainsi qu’un bébé peut se balancer pour s’endormir, lorsqu’il est en phase 1; qu’on aura plus tendance à se réveiller au moindre bruit en phase 2; que le somnambulisme survient essentiellement en phases 3 et 4; et que durant le sommeil paradoxal, on se souviendra plus facilement de ses rêves. Démontré par un électroencéphalogramme, le sommeil paradoxal révèle que le dormeur est alors proche de l’activité d’éveil, tout en étant endormi. «Certains troubles du comportement du sommeil nécessitent une mise au point approfondie, explique le pr Jurysta. Les rythmes du sommeil, par exemple, sont généralement observés à l’endormissement ou au sommeil léger, tandis que certains types de comportement violents, pouvant aller jusqu’à l’agression du partenaire, se retrouvent en

Femme cougar

Myriam Bru n

istoire d’une H femme «cougar»: «j’ai

Phénomène incroyable chez certaines personnes: elles font l’amour en plein sommeil... sans le savoir. droits réservés.

sommeil paradoxal.» La «sexsomnie», quant à elle, est un comportement nocturne à caractère sexuel qui a ceci de particulier: il peut surgir durant n’importe quelle phase du sommeil. Le dormeur ou la dormeuse n’en a absolument pas conscience. Ce sont des sujets qui ont été relativement peu étudiés car fort tabous, mais l’on voit aujourd’hui de plus en plus de personnes qui consultent, sur le conseil de leur partenaire. «Les comportements sexuels dont ils voudraient se débarrasser peuvent aller du simple gémissement au soupir en passant par une activité masturbatoire ou mimant les attitudes et positions sexuelles avec ou sans orgasme, pouvant ainsi aboutir à une forme d’extase, explique le médecin. Cela peut durer de quelques secondes ou minutes à parfois plusieurs heures. Mais ils n’en ont aucune souvenance au réveil. On se retrouve donc avec des personnes qui ont un comportement sexuel mais pas de conscience de l’événement. Elles peuvent aussi

faire quelques légers mouvements de bassin, très discrets, s’arrêter puis recommencer un peu plus tard, ou même caresser leur partenaire. Cela peut aller jusqu’au rapport sexuel... pour autant que le partenaire soit consentant. Mais cela n’ira jamais jusqu’au viol puisque la personne étant endormie, son ou sa partenaire se réveillera et aura toujours le pouvoir de s’y soustraire». C’EST LE PARTENAIRE QUI LE DIT. Le hic, c’est que, généralement, le partenaire rapporte les faits le lendemain, ce qui engendre souvent un réel malaise au sein du couple. Pour ceux qui répondent à ce comportement en l’acceptant, voire en participant activement, cela ne pose pas vraiment de problème, mais ils sont bien moins nombreux que les autres... Il n’est donc pas étonnant que les plaintes parviennent aux psychiatres via les partenaires. «Il faut en tout cas favoriser la communication au sein du couple en souffrance, conseille la Prof. Jurysta. Et expliquer au partenaire

que le dormeur n’est pas conscient de ce qu’il fait. Souvent, il ne comprend pas, il pense que le dormeur fait des rêves érotiques dont il est exclu et cela peut créer même un sentiment de jalousie. Mais ce n’est pas cela. La sexomnie est un comportement indépendant du contenu d’un rêve». La sexomnie n’est pas une maladie en soi. Il s’agit d’un comportement totalement imprévisible, que l’on peut avoir une seule fois dans sa vie ou plusieurs fois, tout comme une seule fois dans la nuit ou à plusieurs reprises... Parfois, cela peut être lié à des antécédents de troubles du sommeil ou de somnambulisme, mais ce n’est pas toujours le cas. La sexomnie est en revanche clairement favorisée par la prise de drogues (ecstasy, cocaïne...)’ ou de psychotropes, la consommation d’alcool ou de caféine, le stress, le manque de sommeil... «Elle est donc difficile à diagnostiquer parce qu’i faut pouvoir faire la différence ave un comportement abusif au niveau sexuel, qui serait le

fait de quelqu’un qui est simplement sous l’influence de la drogue ou de l’alcool par exemple», expliquet-elle. Nous devons nous baser pour cela sur ce que le patient raconte, poser les bonnes questions, voire disposer d’un enregistrement ou d’une vidéo où ce comportement apparaît. Quelqu’un qui a bu ou qui a fumé un joint peut avoir un comportement sexuel parfois violent, dont il lui restera un vague souvenir par la suite, ou tout au moins un flash. Ce n’est clairement pas de la sexomnie». rien à voir avec la libido. La sexomnie est à distinguer également des comportements sexuels qui seraient liés à des pathologies de dégénérescence cérébrale. Ce peut être le cas de quelqu’un qui souffre de lésions cérébrales suite à un accident de la route ou de personnes du 3e ou 4e âge: elles peuvent avoir un véritable comportement construit de l’acte sexuel et ne pas s’en souvenir par la suite. Mais il ne s’agit pas de sexomnie. Alors, comment peut-on

LE SOFT INTERNATIONAL | ÉDITION NATIONALE | N° 1306 | PAGE 18.

savoir si l’on dort ou si l’on ne dort pas ? «Seul un diagnostic basé sur un électroencéphalogramme pourra le déterminer». La sexsomnie n’est donc pas une question d’envie, d’attirance ou de pulsion sexuelle. Elle est indépendante de la libido. Des personnes qui ont ou n’ont pas de rapports sexuels peuvent avoir ce type de comportement pendant leur sommeil. «Leur conseiller de faire l’amour avant de s’endormir ne sert donc à rien, explique le psychiatre, puisque cela n’a rien à voir avec la libido. Il s’agit en fait simplement d’un groupe de muscles qui entrent en action. Avec le sexsomniaque, il n’y a pas de préliminaires. Il n’essaie pas de réveiller son partenaire. Il n’y a pas de dialogue. Il ne réfléchit même pas». Le traitement se fait progressivement, en commençant par un bilan médical complet. Il consistera à éliminer les facteurs favorisant la sexsomnie, à savoir l’usage de drogues, d’alcool, de psychotropes ou d’antidépresseurs. Le médecin évaluera aussi le stress que ce

toujours eu l’esprit d’entreprise. Je flirte avec mon stagiaire. Aujourd’hui, à 43 ans, j’ai trois salariés. Je viens de racheter les locaux de mon agence à Biarritz. Et je ne compte pas en rester là. Après un BTS dans les assurances, à 21 ans, j’ai tout de suite commencé à travailler. Puis j’ai gravi tous les échelons. Très vite j’ai géré une grosse agence à Bordeaux. Des inspecteurs de la compagnie me repèrent et me disent: «Toi tu vas passer les tests pour être agent général». Côté cœur, en revanche, rien ne se passe comme prévu. Pendant ces années, je bosse beaucoup. Priorité à ma carrière. Mais je sors quand même pas mal. Un jour, mon gynéco m’annonce: «Vous ne pourrez pas avoir d’enfants». Je réponds du tac au tac: «En voilà une bonne nouvelle!». J’arrête la pilule. Deux ans plus tard, je me retrouve enceinte. Je n’y crois pas. Test. Et re-test. C’est pourtant vrai. Et tellement incroyable que je décide de garder le bébé. C’est une fille. On l’appelle Océane. Le père est aussi heureux que moi. Il veut qu’on se marie. Un an après la naissance, je dis oui. Ce n’était pas une bonne idée. Nous nous séparons. Ma fille, je l’adore. Je l’élève seule. J’ai des amoureux qui passent. Mais aucun ne s’installe. Je ne veux pas d’autre enfant. Avec mon agence, je cours toute la journée. Entre la crèche, les clients, les relances... je suis un peu débordée».


Mettre les gaz en période d’incertitude

C’est ce qui s’appelle une salle noire de monde, que nul n’avait jamais remplie avant où, en pleine période d’incertitude et de reniement, sur le thème «Tous ensemble derrière Kabila», le Parti pour l’Action refuse du monde sur une terre passant pour hostile, laisssant des grappes humaines traîner dans les dépendances de cette Fikin. lesoft numérique.

Sur les bords de la Luye, sur nos terres bénies de Bandundu, dans Masimanimba, des villages entiers se vident et entrent en transe à l’apparition de Ya Khala (le Grand Crabe).Une histoire vient de commencer qui passera par la matinée politique de rentrée organisée dans la mythique salle de la Fikin sur le thème «Tous ensemble derrière Kabila». lesoftNumérique.

LE SOFT INTERNATIONAL | ÉDITION NATIONALE | N° 1306 | PAGE 19.


L’homme qui aimait les femmes

www.lesoftonline.net

interna t i o n a l since 1989

R

La fille journaliste Tristane Banon, DSK le charmeur et... la mère Anne Mansouret. Il y est passé mais des rapports consentants quoique brutaux. dr. tion de luxe, devenue attrappé par Une relation consentie sexuel déclenche un DSK. Elle voulait consiste à utiliser des femme politique, mère sa vie vomais clairement brutaprocessus de dominaaussi savoir si Trisprostituées. Il ne m’est dominante dont l’omlage qui lui fit jamais venu à l’esprit le, selon ses dires, qui tion. Anne Mansouret tane comptait déposer perdre deux se serait déroulée dans est longuement reveplainte ou non, et aurait qu’il s’agissait de pros- bre semble peser lourdement sur Tristane, la postes parmi les plus un bureau de l’OCDE, nue sur la chronologie enjoint la mère d’aller tituées. C’étaittoujours prestigieux: celui de à Paris - où DSK avait des faits qui ont suivi s’expliquer directeles mêmes filles». Puis, femme-enfant... On a toujours dit et susurré, DG du Fonds Moété nommé, en 2000, l’agression présumée ment avec «Dominifaisant mouche: «Les surtout depuis le coup nétaire International conseiller spécial du de sa fille, en février que». Avant de décider gens voulaient me faire de tonnerre du Sofiarrêté en chemin et secrétaire général de 2003. Selon elle, Trisd’une procédure, Anne plaisir. Ils ne voulaient tel, que c’est elle qui, celui qui fut à portée de pas que je sache qu’il l’organisation. tane, affolée, l’aurait Mansouret prend alors à l’époque, en 2003, main de Chef de l’état, s’agissait de prostiappelée en quittant pré- de multiples conseils: avait découragé sa président de la républi- tuées». Poursuivi pour face à cipitamment l’apparte- elle contacte un magisfille de déposer plainte que française. DSK le des étudiantes. ment du 13, rue Mayet, trat d’Evreux qu’elle proxénétisme aggravé, contre DSK. regrettera sans doute Un acte qu’elle n’a jadans le VIe arrondisconnaît dans le cadre il lâche: «Je ne m’estitoute sa vie encore mais voulu renouveler. sement parisien, où de son mandat. Celuime en rien organisateur Anne Mansouret s’en est expliquée devant outre que sa femme Anne Mansouret était DSK lui aurait donné ci prend alors conseil de soirées» fines. «Je les enquêteurs, pour l’une de ses femmes la alors l’amie de Brigitte un deuxième rendezauprès d’un très haut n’ai jamais eu l’imla première fois, dans journaliste vedette de Guillemette, ex-femme vous. Un appartement magistrat à Paris. Et, pression que ce groupe le cadre de l’enquête Tf1 passée aujourd’hui était autre chose qu’un de DSK et mère de Ca- quasi vide dont il aurait quelques jours après, ouverte après la plainte mille Strauss-Kahn, qui refermé la porte à clef à la direction de Hufle magistrat d’Evreux groupe d’amis». Puis, de sa fille pour tentafington Anne Saint se trouvait être aussi la derrière elle. Anne rappelle Anne Mansouencore plus précis: tive de viol. Son audiClaire l’a quitté. Afmarraine de Tristane. Mansouret confirme ret pour lui dire qu’il «Ce sont mes amis qui fronté au procès dit du Pourquoi avoir gardé avoir rejoint sa fille, faut porter plainte. organisent. Je lui donne tion dans les locaux de la Brigade de répresCarlton (du nom d’un le silence si longtemps, avant que celle-ci lui Celle-ci lui demande juste les dates» (de sa sion de la délinquance célèbre établissement durant huit ans, sur cet raconte ce qui s’était alors quelles sont les disponibilité). contre la personne hôtelier de la ville fran- Puis d’avouer que épisode? Anne Manpassé. possibilités de la voir (BRDP) a duré six heu- souret dit avoir lonçaise Lille) où il avait La mère aurait appelé, déboutée. Réponse: «Il «sauver le monde» res. Six heures durant droit à des parties fines, comme il avait pu le guement réfléchi ces peu après, son amie y a une forte probalesquelles la vice-prél’ancien patron du deux derniers mois. Si Brigitte Guillemette. bilité qu’elle le soit». faire à la tête du FMI, sidente (PS) du conseil FMI, ancien ministre elle a voulu apporter ce Selon elle, l’ex-femme Parce que, ajoute-trequérait du travail général de l’Eure a français des Finances témoignage, à l’appui de DSK lui aurait alors il, dans ce genre de intense et qu’il avait confirmé le récit de sa voit encore ce qui lui de la plainte de sa fille, confié qu’elle savait dossier, les preuves souvent besoin de se fille, revenant sur le restait de sa réputation c’est pour battre en qu’il avait eu plusieurs matérielles sont diflâcher. cheminement qui l’a traînée dans la boue. Il brèche le portrait de fois un comportement ficiles à établir. Anne poussée à la dissuader suffit de parcourir les Dominique Straussdéplacé vis-à-vis Mansouret, qui a livré la mère... d’aller devant la jusextraits de ses déclaraKahn dépeint par ses d’étudiantes, mais que le nom de ce magistrat puis la fille! tions entendues mardi amis. «Séducteur jamais elle n’aurait aux policiers, reconnaît Une autre belle histoire tice, donnant les noms des personnes qu’elle 10 février dans la salle invétéré», «homme à pensé qu’il irait jusqueavoir été troublée par de France - parmi mille a consultées. Anne d’audience. Quand une - celle de Tristane Bafemmes», oui; capalà. Brigitte Guillemette cet avis. prostituée l’accable ble de violence, non, aurait alors appelé non qui a eu la mauvai- Mansouret a même surpris les policiers en de s’être adonné à des impensable. à 65 ans, DSK, qui lui aurait Tristane en se idée d’attendre huit révélant des faits qui «rapports (sexuels) après une vie amoureu- répondu, en substance: plein désarroi. ans avant de déposer ne concernent pas Tris- se bien remplie et trois brutaux» qui lui faisait «Je ne sais pas ce qui Parallèlement, elle plainte. Pourquoi? La tane, mais elle-même. pleurer mais qu’elle maris, Anne Mansoum’a pris. J’ai couché consulte une élue réponse est à chercher Lors de son audition, avait acceptés car «il ret décrit au contraire avec la mère, j’ai pété PS, connue pour ses du côté de sa mère, me fallait cet argent», il Anne Mansouret enten- la mère a confié aux DSK comme un préun câble quand j’ai vu convictions féministes, rétorque: «Si je savais dateur qui cherche non la fille.» qui lui conseille d’aldue par la police. Voici enquêteurs ce qu’elle n’avait jamais dévoilé, qu’elle avait pleuré, ça pas à plaire mais à Selon Anne Mansouret, ler en justice. Mais ce ses révélations. Regard et notamment pas à m’aurait glacé le sang. prendre, se comportant Brigitte Guillemette n’est pas tout. à la fin vert, beauté charmeuse sa fille: elle a eu une Quand c’est non c’est avec l’«obscénité d’un l’aurait rappelée pour de 2003, elle envoie un et verbe haut, longnon!» Puis: «J’ai horsoudard». D’après elle, la questionner sur mail (qu’elle a consertemps working woman relation sexuelle avec l’ex-patron du FMI. reur d’une pratique qui dans la communicachez DSK, le besoin cette «relation» avec vé) à une figure monLe soft international est un Journal de droit étranger | AUTORISATION DE DIFFUSION en R-dCongo M-CM/LMO/0321/MIN/08 daté 13 janvier 2008.

www.lesoft.be

tante de la gauche, lui expliquant que Tristane envisage, alors, de déposer plainte. Cette responsable, aujourd’hui parlementaire, l’encourage et lui répond, le 18 décembre, à propos de DSK: «Avec moi, je crois que les choses ne sont pas allées aussi loin qu’avec elle, mais le peu que j’en ai vu (j’ai eu la chance de ne jamais me retrouver en tête-à-tête avec lui) me montre à quel point le personnage est dangereux pour les femmes». Avant de conclure: «Votre fille et vous pouvez compter sur mon soutien si vous en avez besoin, sous quelque forme que ce soit». Au même moment, Anne Mansouret voit sa fille Tristane en plein désarroi, car celle-ci a reçu, de son côté, cet avis d’une avocate qu’elle est allée voir: «Je suis au regret de vous déconseiller de déposer plainte», car «près de huit ans plus tard, les chances d’aboutir sont quasi nulles».

FINANCE PRESS GROUP. Le Soft International Global site www.lesoftonline. net/www.lesoft.be LeSoftConcept LeWebSoftConstruct InterCongoPrinters Radio Télé Action kkmtry@yahoo.com info@lesoft.be Phone 0898936344 SIP-AFRiMAGES B-1410 Belgique. Tél 00-32-488205666. Fax 00-322-3548978. eFax 00-1-707-313-3691 Fondateur Tryphon Kin-kiey Mulumba. Conseil de direction Mireille Kin-kiey Ngingi Mpanza. Gasha Kin-kiey. Directeur général Gasha Kin-kiey Mulumba. Directeur associé Yves Soda. Administration et Commercial. Alain Bubu Tél. 0993057455. Assistante: Claudine Ngingi. Tél. 0898936344. Immeuble BoTour KinshasaGombe. Directeur de la publication. Munyonga Mubalu. AMP Agences et Messageries de la Presse belges. Accords spéciaux. Belgique. Trends. Trends, Tendances. Le Vif/ L’Express. Knack. © Copyright 2012 FINPRESS. Imprimé à Kinshasa InterCongoPrinters THE NEWSPAPER LE SOFT INTERNATIONAL IS PUBLISHED BY FINPRESS GROUP | DIFFUSION MONDE PRESSHOP.

BELGIUM


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.