Le pouvoir est un brin sacré; il inspire respect
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N°1312 | 1èRe éd. jeudi 16 avril 2015 | 20 PAGES €6 $7 CDF 4500 | FONDÉ à kinshasa PAR TRYPHON KIN-KIEY MULUMBA
Comment le Congo sauva les USA
Le pouvoir est un brin sacré; il inspire respect lettre à l’Histoire |
Le mouvement de désacralisation est en marche. Tout se passe comme si Kabila n’a jamais posé d’acte susceptible d’attirer l’attention de ses congénères
L
e débat qui déchire aujourd’hui la famille politique de la majorité présidentielle peut se résumer en cinq points.
w 1. L’extrême cristallisation sur un passé enfoui. La majorité regarde trop souvent derrière quand elle doit regarder droit devant elle plus que jamais. Toutes les postures affichées aujourd’hui au sein de la majorité partent des résultats des Législatives de 2011. Si ces scrutins avaient été parfaits, le pays n’en serait pas au projet de loi de révision de la loi électorale dont il faut regretter le gâchis en janvier 2015. Nul n’ignore les résultats de ces Législatives - sortis trop souvent des bureaux de vote, trop souvent des centres de compilation des résultats, trop souvent des conciliabules avec des magistrats. Si des candidats malheureux de la CéNI ont été réhabilités à la Cour Suprême, nombre d’entre eux n’ont pu être proclamés n’ayant guère fait droit à la rançon qui était exigée… En 2011, les plus pathétiques confrontations électorales ont opposé jusqu’à épuisement des partis de la majorité entre eux, incapables de s’entendre…! Sur base de ces résultats s’en sont suivies des réclamations de portefeuilles. Puis des frustrations... On comprend que certains disposent de plus de marge de manœuvre et fassent montre de chantage avec plus ou moins de succès! Dans cette affaire, l’incroyable est que cinq ans plus tard, à la majorité, on invoque pieusement ces lauriers d’antan quand la famille fait face à des enjeux d’une autre nature qui se déclinent en termes d’existence comme famille menacée d’implosion et de reproduction du modèle de société présenté en 2011 par le candidat de la majorité, validé
par le pays.
w 2. Les nouveaux enjeux auxquels le pays et la majorité font face. La majorité engagera l’offensive de façon coordonnée ou elle périra. Dans la vie, jamais, on ne s’est sauvé seul. La loyauté à la famille, au Chef, vainc toujours. Elle est la cuirasse qui ne faillit pas… Les enjeux de 2016 pour la majorité c’est de jouer collectif. Or, la majorité peine à faire le jeu collectif. Elle serait ce conglomérat sans âme, qui, à intervalles réguliers, se porte des coups. Que reste-t-il d’un royaume divisé contre lui-même? Le tout récent cas qui ne saurait être le dernier est le courrier du 22 février et du 5 mars dont les médias ont fait large écho. Avec hallucination, on apprend que le projet politique de la majorité est à la phase d’«essoufflement». Que la majorité est en «rupture de contrat de confiance» passé d’une part avec le peuple et d’autre part avec la communauté internationale. Que la majorité «ne semble plus en mesure de faire une nouvelle offre politique crédible qui lui permette de se réconcilier avec la majorité sociologique du pays». Puis, comme un couperet, que la majorité a intérêt à «réévaluer sans complaisance son action à la tête de l’état, ses méthodes de travail, ses politiques publiques, ses stratégies, sa structuration interne et son fonctionnement». En clair, rien moins que la remise en cause (et la mise en cause) de Joseph Kabila Kabange à la tête de l’état. Si elle accepte que c’est Kabila et Kabila seul qui les réunit, il s’en trouve des membres qui passent du temps à tenter de lui porter le coup fatal. Quand il s’en trouve pour défendre et illustrer l’œuvre et l’action de Kabila, ils ne seraient que des lèche-culs pour qui il faut vite dresser une
potence! Comme si Kabila n’était jamais digne de rien et qu’il n’a jamais rien posé d’acte susceptible d’attirer l’attention de ses congénères! Vous dites être contre la pensée unique? En lançant trois ans avant son terme normal le début de la fin de mandat du Président de la République, en distribuant des exploits dans la presse et dans des chancelleries, que vise-t-on? Déstabiliser, décrédibiliser, désacraliser Kabila. Perpétrer un coup d’état interne (le parricide). Si elle veut vaincre, une famille doit serrer les rangs autour de son chef et tourner le dos aux complots sans fin! Si la presse interroge sur ce qui la passionne, elle fait son métier mais qui a dit que chaque question de journaliste mérite une réponse? Dans quel but, l’homme politique s’estime devoir faire droit à toutes les questions des journalistes ou des annonces sur Facebook, Twitter, etc.? Le Congo me paraît faire un usage disproportionné des médias. Au fond, c’est le Congo qui a outrancièrement légitimé l’audiovisuel étranger au point d’en faire un média local, avec plus d’audience dans toutes nos strates de la population que nos propres médias au point que les annonceurs locaux se tournent désormais massivement vers ces médias pour investir en publicité s’ils veulent toucher nos compatriotes! On en connaît qui s’arrachent les cheveux pour avoir raté les premières minutes d’un journal Afrique de tel audiovisuel «périphérique» toujours sinon généralement consacrées au Congo! Parfois on en a pour 10 minutes rien que pour le Congo! Comme ils peuvent être si attentionnés vis-à-vis de notre pays…! C’est un phénomène de société à traiter comme tel: quand tout un pays se choisit des médias étrangers porteurs d’une culture d’adversité sinon antagoniste
pour s’informer... Du coup, des chercheurs se préoccupent d’un phénomène où un pays échoue à informer sa population par ses propres médias!
w 3. Incontinence verbale et médias étrangers prisés... Ci-après quelques phrases entendues sur ces médias qui vous glacent le sang: - «Il n’y aura pas de troisième mandat pour Kabila». - «La CéNI a décidé, et publié son calendrier; donc pas de troisième mandat pour Kabila…». - «Nous devons aider le président Kabila à terminer son dernier mandat…». - «Nous devons soutenir le président Kabila à terminer son mandat légitime…». - «Je prends mon congé, je me plonge dans la réflexion, je fais le tour ou le safari du Congo. Après j’aviserai… ». - «Je suis membre du PPRD. Je suis dans ce parti pour veiller au respect de la démocratie…» (...). Des phrases prononcées par un membre (soi-disant) de la majorité, reprises en chœur par d’autres! Tout ça aujourd’hui? Tout ça pourquoi? Tout ça entendu dans le monde entier, à la radio et à la télé? Si la décision a été prise de pousser Kabila à la sortie, avant l’heure, on ne s’en serait pas pris autrement! Car «aider Kabila à terminer son dernier mandat…», cela ne rappelle-t-il pas le fameux Balai citoyen burkinabé ou Y’en a marre sénégalais? Au fond, sont-ce des Burkinabé et des Sénégalais qui ont inspiré Filimbi (sifflet…, cela ne vient-il pas du Swahili et de L’Shi?), Lucha ou «Ba jeunes Maboko na Maboko pona Congo»? à la vérité, ne nous cachons surtout rien: la majorité a déclenché la logique du dauphinat et s’en est à tort aveuglée. Depuis trois ans, Kabila est un has been car chacun a hâte à être dauphin, à se proclamer candidat, à
lui succéder, sinon à hériter de son trône, du moins à le prendre! La majorité veut se délester de Kabila pour se blanchir de ses péchés! Mais lesquels? La majorité ignore (ou feint d’ignorer) que Kabila dispose d’un bilan: sécuritaire, politique, économique (l’une des trois économies au monde qui connaissent la plus forte croissance, c’est un directeur parmi les plus emblématiques - du Fonds Monétaire International qui le dit, mais aussi le PNUD et la Monusco n’en disconvient pas) dont la majorité doit être fière. Cette œuvre qui se déploie est signe de vision. Elle est à illustrer et à défendre. Au fond, si on y regarde bien, quel Congolais pourrait demain gagner sans Kabila ou contre Kabila? En s’engageant dans la course au dauphin, la majorité a décrété la désacralisation du chef qui incarne la famille. Qu’est-ce qu’est le chef sans cette part de sacré que renferme son pouvoir, sans le respect et la loyauté qui lui sont dûs? Au fond, n’y voit-on pas là forme de mépris? Comment demain rétablir l’Autorité ainsi dévoyée? Comment reprendre la main quand on a contribué à créer soi-même une perception ancrée dans l’opinion? Quand la fente est faite, comment reboucher le trou?
w 4. Les concertations ont été un échec patent… Ces concertations que j’ai réprouvées et combattues… D’emblée, qu’on nous comprenne bien: comprises comme espace de dialogue, lieu de recherche d’un consensus au sein de l’élite, les concertations doivent être encouragées mais les nôtres malheureusement étaient trop mal engagées. Avant d’y aller, les parties en concertation auraient dû harmoniser les vues et apprêter les projets des conclusions. On y est allé sans savoir pourquoi on y allait. On s’est dit: allons y et... on verra là-bas! Résultat? Un pro-
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jet d’exécutif dit de cohésion nationale y a vu le jour mais qui, 100 jours après, tarde à décoller! Ces concertations auraient donné lieu à un consensus interne qui comptait pour la majorité: elles ont réglé le sort de chacun sauf celui du Président de la République! Au sortir du Palais du peuple après le discours de clôture «Je vous ai compris» du Chef de l’état, tous avaient le sourire! Politiquement, humainement, les concertations ont échoué en ne réglant pas LA question qui en valait la peine: celle du Chef. Et on a voulu que le Chef fasse droit aux recommandations…! Les concertations n’ont rien été d’autre sinon une escroquerie politique. Mais voilà que cet exécutif dit de cohésion voit le jour sans cohésion en interne, sans consolidation de la famille. On vient à se demander la logique - la morale - qui offre des cadeaux à ceux qui ont donné du fil à retordre à la majorité, ont houspillé, injurié, humilié jusqu’à en perdre le verbe, le projet du candidat de la majorité! Cela aurait pour nom démocratie. Mieux cohésion nationale…! Démocratie et cohésion qui ont certainement un goût amer!
w 5. Pour une grande coalition réfléchie… Comment voyons-nous l’avenir de la famille? Je suis un adepte de la Grande Coalition à la Museveni («J’ai formé un Gouvernement de 100 ministres et ai fait l’économie de mille guerres») où rien ne se passe. J’avais plaidé cette thèse face au 1er Vice-Président de l’Assemblée nationale Charles Mwando Nsimba, du temps de la mission d’information. Il s’agit d’une Grande Coalition pensée, réfléchie, basée sur des personnalités fortes qui acceptent de jouer le jeu, avec à la clé du fil conducteur. Nul n’affaiblira jamais Tshisekedi (une icône) en recrutant ses
sous-lieutenants! Nul ne réduira Jean-Pierre Bemba en mettant l’adresse de son MLC sur boulevard Triomphal quand c’est patent que c’est sur avenue du Port. Nos partis politiques appartiennent à leurs fondateurs, ceux qui les ont créés, les financent jour après jour, s’épuisent chaque jour en donnant un petit transport à chacun qui se rend à une réunion… Au fait c’est quoi le Collège des Fondateurs? Chasser Mbusa du RCD-KML en décrétant son départ par un vice-roi, cela ne marche pas! Il nous faut avec courage parler avec les leaders, qui sont prêts à nous écouter! Tous sont prêts, il suffit de les écouter! Quand les Congolais auront réalisé un consensus en interne dans un pays exposé à toutes les convoitises, il n’y aura pas un diplomate de quelque pays que ce soit pour venir imposer un schéma! En politique, impossible n’existe pas… Même s’ils ont réclamé les élections - et leur «calendrier électoral global» - nul au sein de la classe politique, de l’opposition comme de la majorité, n’est prêt à aller aux élections. Si par accident, élections doivent avoir lieu, malgré leur coût auquel personne ne saurait faire face - ni le Gouvernement, ni la Communauté internationale - le Congo ne doit pas fléchir: la CéNI a publié son calendrier. Elle seule dispose de ce pouvoir de par nos lois. Il faut commencer par les locales, les communales, les provinciales et sénatoriales… La démocratie c’est à la base! Et c’est elles qui installent cette démocratie. De même, le découpage territorial est irréversible. Il rapproche le sommet de la base. Ensuite,c’est la loi votée dans les deux Chambres, promulguée par le Chef de l’Etat… L’Autorité n’est efficace que si elle est exercée! T. kin-kiey Mulumba n
Autorité Morale du P.A. Président de KabilaDésir Asbl.
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Le Congo, cet allié éternel des états-Unis stratégie |
P
ourqoui plus qu’aucun autre pays au monde, le Congo compte pour l’Amérique. Pourquoi Mobutu compta tant pour l’Amérique tout comme les Kabila, père et fils. Quand Londres suggère à l’Amérique de lui céder le Congo contre offres stratégiques vitales! La Belgique a mis la main sur un trésor congolais: la bombe atomique qui hâte la fin de la guerre au profit des états-Unis épuisés face à un Japon combattant et invincible! L’Amérique remise en position de force face à l’ancien allié soviétique et qui lance l’ère de la dissuasion nucléaire. Plutôt que le Congo grâce à sa mine d’uranium de Shinkolobwe - le gisement le plus riche au monde (il contient jusqu’à 65 % d’uranium, alors que l’uranium canadien, par exemple, n’en contient que 0,2 %) c’est au Belge Edgar Sengier qui dirige la Société Générale et l’Union Minière du Haut Katanga que va la médaille du mérite pour sa contribution à la victoire américaine, et la reçoit du général américain Leslie Groves! Il est le premier citoyen non américain à recevoir cette distinction. Le décret présidentiel américain mentionne «les services rendus dans le cadre de la fourniture de matériaux». Il s’agit des 2.000 tonnes d’uranium congolais qui aidèrent à fabriquer «Little boy» et «Fat man» détruisant les villes d’Hiroshima et de Nagasaki et s’expérimentèrent dans le désert du NouveauMexique en 1945. Du minerais congolais qui rapporta gros à la Belgique quand la France est à genoux au sortir de la guerre et aida à ancrer l’ancienne puissance coloniale dans l’orbite prisée américaine. Le Congo le sait-il? En tire-t-il profit? Est-ce ici qu’il faut rechercher des phénomènes diplomatiques qui échappent au premier des mortels congolais? Cela fait 185 ans... Qui s’en souvient encore aujourd’hui? La Belgique joua un rôle primordial dans la mise
Matata Ponyo au rendez-vous de la redevabilité lundi 2 février à l’Hôtel du Conseil. DR.
La bombe atomique Little boy sur Hiroshima, fabriquée grâce à l’uranium congolais. dr.
au point de la première bombe atomique de l’Histoire. En 1945, les États-Unis sont pressés de conclure la guerre du pacifique. Ils veulent s’éviter de lourdes pertes et faire plier le Japon. Une solution s’impose: utiliser pour la première fois l’arme fatale, la bombe atomique, qui sera larguée sur Hiroshima le 6 août 1945 et le 9 août sur Nagasaki. Le «projet Manhattan». Avant d’aboutir à ce résultat, les États-Unis s’engagèrent résolument dans la mise au point de la bombe atomique. Le «projet Manhattan», nom de code des recherches entamées avec l’Angleterre et le Canada, débuta dès 1939. Et très vite se pose la question de l’approvisionnement en uranium. Où en trouver? Quatre gisements sont recensés: dans le Colorado, au nord du Canada, en Tchécoslovaquie (à Joachimsthal en Bohème sous occupation allemande) et au Congo belge. C’est même dans la mine de Shinkolobwe, au Katanga, que se situe le gisement le plus riche au monde! Mais celle-ci est inondée et fermée; il faudra la rouvrir. L’uranium belge est précieux dans cette course à l’armement nucléaire. Mais les Alliés ignorent que ce matériau stratégique est présent sur le territoire américain depuis 1939. En 1938, Edgar
Sengier, directeur de la Société Générale et directeur général de l’Union Minière du Haut-Katanga, apprend de scientifiques européens les possibilités futures de l’uranium. Il ordonne en 1939 que la moitié du stock disponible, soit un millier de tonnes, soit envoyée en secret à New York et stockée dans un entrepôt de Staten Island. Sengier lui-même s’exile à New York lors du déclenchement de la guerre afin de conduire les opérations mondiales de l’Union Minière. En septembre 1942, le colonel Kenneth Nichols, qui avait été chargé par le patron du projet Manhattan, le général Leslie Groves, de trouver de l’uranium, demande à Sengier si l’Union Minière pouvait en fournir dans un délai raisonnable. La réponse de Sengier stupéfie Nichols: «Vous pouvez avoir le minerai maintenant. Il est à New York, 1.000 tonnes. J’attendais votre visite». Sengier établit immédiatement un contrat de vente et le minerai de Staten Island est transféré à l’armée américaine qui obtient en même temps une option sur les 1.000 tonnes encore stockées à Shinkolobwe. L’armée américaine y expédie rapidement un contingent de son corps du Génie pour remettre la mine en activité et entre 1942 et 1944, elle fournit l’uranium qui, une fois enrichi, est intégré aux deux bombes amé-
ricaines! «Little Boy» et «Fat Man», larguées au-dessus du Japon. Le minerai katangais servit également aux essais d’une première bombe expérimentale qu’on fit exploser dans le désert du NouveauMexique à la mi-juillet 1945. La bombe atomique hâta la fin de la guerre, remit les ÉtatsUnis en position de force face à leur ancien allié soviétique et lança ensuite l’ère de la dissuasion nucléaire. Cet épisode rappelle en outre une donnée spécifiquement belge: le Haut-Katanga, sudest du Congo, un temps appelé Shaba, était réellement un «scandale géologique». Il regorgeait de minerais précieux, notamment du cuivre. Hasard de l’histoire, la mine de Shinkolobwe, dont fut extrait l’uranium, fut inaugurée en 1915, il y a tout juste un siècle. En 1921, une exploitation régulière intervient. On mesure alors très vite qu’on détient là un minerai stratégique.
convoité par les pays du club nucléaire et... La première implantation belge au Katanga date de mai 1883 sur la rive occidentale du lac Tanganyka, non loin d’Albertville. Les Belges s’installent par étapes. Ils créent la Compagnie du Katanga et mènent des expéditions qui ont tout du raid pour aventuriers lointains. Un homme se détache dans cet aréo-
page de grands défricheurs: Jules Cornet. C’est lui qui fut le véritable responsable de la découverte géologique et minière exceptionnelle du Katanga. Des photos anciennes le montrent, fier et sérieux, au côté notamment d’Émile Francqui. Le Katanga est une belle prise. Sa superficie (496.865 km2) équivaut presque à celle de la France. Sur place, les premiers arrivés découvrent une nature luxuriante, des chutes d’eau majestueuses... et un sous-sol qui mérite qu’on s’y arrête. C’est le début de l’histoire, en brousse. En 1900 est créé le Comité spécial du Katanga (CSK), société de droit privé qui veillera à contrer les visées étrangères. On trace un chemin de fer. Au sud, les ingénieurs dépêchés par Léopold II fouillent le terrain et recensent ses incroyables richesses. La Belgique a mis la main sur un trésor. Elle doit surveiller ses frontières très poreuses, repousser les prétentions rhodésiennes et britanniques. L’uranium du Congo belge est là, qu’on enverra un jour en Amérique pour un sombre dessein «au nom du monde libre». Jean Jadot crée l’Union Minière. Les banques belges suivent et appuient. Elisabethville se développe et la présence belge s’accroît. L’UMKH (Union Minière du Haut-Katanga) devient «un État dans l’État». Elle possède des usi-
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nes, des hôpitaux, des centres de formation. Des mines florissantes (dont celle de Kolwezi) témoignent de cette toute-puissance. L’uranium du Congo belge va filer en Amérique et servira aussi à alléger les finances du pays (ndlr: la Belgique) après la guerre, ce qui lui permettra de repartir un peu mieux que son grand voisin français. La mine de Shinkolobwe fut officiellement fermée en 1960. Mais des mineurs congolais continuent d’y risquer leur vie en tentant d’en extraire un peu d’uranium et de cobalt. En 2004, le président congolais Joseph Kabila scellait son sort en signant un décret classant Shinkolobwe comme zone interdite à toute activité minière. Mais l’exploitation clandestine perdure, telle un maillon faible du trafic d’uranium. Celui-ci est toujours autant convoité par les pays du club nucléaire... et par les autres, ceux qui entendent développer une filière militaire et non pas civile. La mine fut plusieurs fois fermée durant son histoire, y compris par Mobutu.
Un contrat uranium top secret. Après la guerre, l’uranium belge fut encore à la une. Il fit l’objet d’âpres tractations au niveau politique. Fallait-il nationaliser la mine de Shinkolobwe? Le contrat uranium liant la Belgique aux états-Unis et à l’Angleterre était top secret. Le socialiste Paul-Henri Spaak gère ce dossier délicat. Le contrôle de la filière devient primordial dans un monde déjà engagé dans la guerre froide. La question fait des vagues à Bruxelles où les pacifistes de tous bords s’agitent, traitant Spaak de «suppôt des capitalistes». La Belgique veut préserver ses intérêts commerciaux puisque les dossiers stratégiques sont réglés en coulisses et à l’ONU. Les Belges discutent des prix, des quantités à fournir, de stratégie industrielle civile. Sengier, l’homme qui livra l’uranium dans le cadre du projet Manhattan, caresse le rêve de fonder l’Union atomique belge. En juillet 1949, à la conférence de Blair House, la Grande-Bretagne (qui veut se doter à son tour de l’arme atomique) propose aux Américains de leur
abandonner l’uranium congolais en échange d’études stratégiques indispensables. La Belgique voit les grandes puissances lui marcher sur le dos, au grand dam de Spaak, ministre des Affaires étrangères, qui passe ensuite la main à Gaston Eyskens. L’uranium congolais restera dans les mains belges jusqu’en 1960 et l’indépendance avant pas mal de soubresauts ensuite. Son contrôle attisa bien des rivalités commerciales et militaires. Il a rapporté beaucoup d’argent à l’économie belge, ancré notre pays dans l’orbite américaine. Mais il est bien loin, le temps de l’uranium décisif pour précipiter la fin de la guerre.
E
Bernard Meeus n
le Soir Magazine, n°4320, 8 avril 2015.
n 1938, Edgar Sengier, ingénieur civil des mines, président du Comité permanent de l’Union Minière du Haut Katanga (UMHK), directeur de la Société Générale de Belgique (Courtrai, 9.10.1879 - Cannes, 26.7.1963), apprit de scientifiques européens les possibilités futures de l’uranium. Des scientifiques britanniques l’avaient averti en ces termes: «Soyez prudent et n’oubliez jamais que le matériau en votre possession pourrait signifier une catastrophe pour votre pays s’il tombait entre des mains ennemies». Comprenant que ce sous-produit, jusque là stocké sans être utilisé, pourrait devenir vital en temps de guerre, il ordonna en 1939 que la moitié du stock disponible en Afrique, soit un millier de tonnes, soit envoyée en secret à New York.
«Si l’affaire des fosses communes de Maluku suscite un tel malaise, c’est aussi parce qu’en plus du malaise social, elle s’inscrit dans un climat politique délétère: l’opposition multiplie les interpellations sur le sujet mais surtout la majorité présidentielle ellemême est divisée», Colette Breakman, 3 avril 2015, site utilisant les blogs du soir.be.
Kagame tel qu’en lui-même: il comprend mal qu’en démocratie, on puisse désigner un dauphin stratégie |
lors que le débat A pré-électoral bat son plein au
Rwanda, le président donne une interview choc à JA via son directeur de rédaction François Soudan. Sur les élections, Paul Kagame n’entend recevoir de leçon de personne, ni de Hollande, ni du secrétaire d’État Kerry. «D’ailleurs, nous ne nous sentons pas visés par ce genre de leçons. Il va de soi que nul ne peut nous dicter notre conduite». Puis: «Nous n’avons pas la prétention de dire qui doit diriger la France ou les ÉtatsUnis; la réciproque doit être vraie». Le milliardaire anglo-soudanais Mo Ibrahim qui a fait fortune dans les télécoms (Celtel) souhaite lui prodiguer un conseil invoquant son départ du pouvoir au terme de son mandat? «Mo a beaucoup de qualités» (mais) je ne suis pas candidat à un prix que l’on ne décerne qu’à des Africains pour le seul exploit d’avoir su quitter le pouvoir, même s’ils n’ont rien accompli d’autre pour leur peuple». Pourquoi ne désignet-il pas un dauphin pour lui succéder? Réponse: «Ce que vous préconisez là est tout simplement antidémocratique. Où avez-vous vu, en démocratie, un président élever, fabriquer puis imposer un successeur? Cela n’est valable que pour les monarchies ou les dictatures. Le Rwanda n’est ni l’une ni l’autre. Ce n’est pas à moi de décider qui sera mon successeur, c’est au peuple de le choisir». A-t-il fait une promesse au ministre français Laurent Fabius, lors d’une récente rencontre? «Non. Je n’ai aucun engagement, surtout pas de ce type, à prendre devant un ministre des Affaires étrangères. J’écris si et quand je le souhaite, et je n’ai rien à promettre. Les ministres des Affaires étrangères ne traitent qu’avec leurs homologues, moi aussi». «désir de Kagamé». Une paysanne fait savoir publiquement
Mais l’Histoire et les circonstances ont voulu que mon existence ne soit pas confinée à ma seule famille. Il est des exigences devant lesquelles on ne peut pas, on ne doit pas se dérober.
Les présidents Kaguta Museveni (g) et Paul Kagame (dr.). DRéservés.
qu’elle se suicidera s’il ne se représente pas, un homme d’affaires annonce qu’il partira en exil, des militaires menacent de déserter, et les tribunes en faveur de son maintien au pouvoir se multiplient sur les radios et dans les journaux en kinyarwanda : pas de doute, la campagne pour la réélection de Paul Kagamé en 2017 a commencé. Le plus étonnant, pour l’observateur habitué à voir ce genre d’opération orchestrée et manipulée sous d’autres cieux, c’est qu’elle n’est pas feinte. Le «désir de Kagamé» est ici réel, et peu importe s’il faut pour l’assouvir réviser une Constitution qui, pour l’instant, interdit au président sortant de solliciter un troisième mandat. (...) Autant dire que si contestation il y a face à la quasi-certitude que cet homme de 57 ans sollicite un nouveau mandat dans un peu plus de deux ans, elle viendra avant tout de l’extérieur et glissera sur les flancs des mille collines comme l’eau sur les plumes d’un héron de l’Akagera. «L’étranger ne voit que ce qu’il sait déjà», dit un proverbe rwandais. Et à Kigali, capitale aseptisée et sécurisée d’un pays géré comme une kaisha japonaise, nul n’imagine Paul Kagamé en gentlemanfarmer dans son ranch du lac Muhazi... Le débat sur la révision de la Constitution est désormais ouvert et public au Rwanda. Particulièrement à propos de l’article 101, qui en l’état actuel limite à deux les mandats présidentiels, ce qui exclut votre candidature
en 2017. Vous dites ne pas être concerné et pourtant, comme vous le savez, tout tourne autour d’une unique personne: vous. C’est exact. Mais ce qui est à la fois intéressant, significatif et finalement gênant, c’est que ce débat sur 2017 n’a pas été lancé par les Rwandais. Depuis trois ou quatre ans, des médias, des chancelleries, des ONG étrangères donnent la fâcheuse impression d’être obsédés par cette question, comme si les affaires intérieures de ce pays les concernaient plus que la population elle-même. Maintenant, c’est vrai, le temps est venu pour nous de débattre, démocratiquement, sereinement et en toute indépendance. Les conclusions en seront tirées par les Rwandais et par eux seuls. Nous n’avons pas la prétention de dire qui doit diriger la France ou les ÉtatsUnis; la réciproque doit être vraie. Est-ce là votre réponse à ceux qui, comme le président François Hollande ou le secrétaire d’État John Kerry, demandent aux chefs d’État africains de ne pas modifier leur Constitution pour se faire réélire? Absolument. D’ailleurs, nous ne nous sentons pas visés par ce genre de leçons. Il va de soi que nul ne peut nous dicter notre conduite. Si beaucoup de Rwandais vous demandent de vous représenter en 2017, n’est-ce pas aussi un constat d’échec de votre part? Pourquoi n’avez-vous pas pu, ou voulu, laisser
émerger un successeur crédible? J’ai du mal à vous suivre: ce que vous préconisez là est tout simplement antidémocratique. Où avez-vous vu, en démocratie, un président élever, fabriquer puis imposer un successeur? Cela n’est valable que pour les monarchies ou les dictatures. Le Rwanda n’est ni l’une ni l’autre. Ce n’est pas à moi de décider qui sera mon successeur, c’est au peuple de le choisir. Pour le reste, on ne peut pas à la fois nous sommer de nous conformer aux standards démocratiques et nous reprocher de ne pas les violer. C’est absurde. Pour la plupart des observateurs, le programme est le suivant: le Parlement va abroger l’article 101, puis les Rwandais se prononceront par référendum. Est-ce exact? Je n’en ai aucune idée, et vous vous adressez à la mauvaise personne. 2017, je le répète, c’est l’affaire du peuple. À un moment, cela deviendra la vôtre. Il faudra bien que vous choisissiez. Oui. Mais ce moment n’est pas encore venu et d’autres facteurs entreront nécessairement en ligne de compte. Mon épouse et mes enfants, par exemple, souhaitent que je me rapproche d’eux. Ils estiment que ce job a quelque chose de dévorant et qu’il serait temps pour moi de rentrer à la maison. Je ne leur donne pas tort, d’autant que, si cela ne dépendait que de moi, ma vie aurait pris un tout autre chemin que celui qui m’a mené ici.
Si votre décision est de vous représenter, vous savez très bien ce que vos opposants, mais aussi toute une partie de la communauté internationale, diront. Que tout ce débat était fabriqué, orchestré et que vous n’avez jamais eu l’intention de quitter le pouvoir... Que ma décision soit celle-là ou l’inverse, cela ne changera rien. Ceux qui pensent avoir reçu mandat pour gérer le Rwanda à la place des Rwandais ont depuis longtemps fabriqué leur propre histoire et élaboré leur propre scénario. Imaginez que je décide de ne pas concourir en 2017: on dira que le peuple me rejette, que la situation n’était plus tenable, que j’ai fui, que j’ai eu peur, que sais-je encore. Imaginez que je me représente: ce sera la preuve que je suis un autocrate. Dans un cas comme dans l’autre, les fictions élaborées à l’extérieur sont et seront toujours négatives. Mais ces fictions ne comptent pas. Ce qui importe pour les Rwandais, c’est le progrès, la qualité de leur vie et de la gouvernance, la vision dont leurs dirigeants sont capables. Tout le reste est trivial. Interrogé il y a quelques mois par la revue Foreign Affairs sur l’éventualité d’un changement de la Constitution au Rwanda, le milliardaire philanthrope Mo Ibrahim a répondu ceci: «Kagamé est vraiment parvenu à faire émerger et à développer son pays. Les gens l’admirent pour cela. Ce devrait être son héritage, et j’espère qu’il prendra la bonne décision». Que voulait-il dire par là, selon vous? La bonne décision dépendra du contexte et elle ne sera pas obligatoirement conforme à ce que Mo Ibrahim a en tête. Mo a beaucoup de qualités, mais il n’est pas rwandais et je ne suis pas candidat à un prix que l’on ne décerne qu’à des Africains pour le seul exploit d’avoir su quitter le pouvoir, même
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s’ils n’ont rien accompli d’autre pour leur peuple. Le prix que je recherche, c’est celui que Mo Ibrahim devrait donner aux Rwandais pour avoir accompli tant de progrès en aussi peu de temps, après avoir frôlé l’anéantissement. Dès qu’une personnalité rwandaise décède, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, vous êtes le suspect numéro un. Derniers exemples en date: votre ancien médecin personnel, Emmanuel Gasakure, ou l’homme d’affaires Assinapol Rwigara. Vous n’en avez pas un peu assez? Que j’en aie assez ou pas, cela change quoi à votre avis? Ceux qui propagent ce genre d’insanités savent pourquoi ils le font et pourquoi ils continueront à le faire : détruire et distraire, quitte à faire croire qu’au Rwanda aucune mort ne peut être naturelle. Tout cela n’a aucun intérêt, sauf peut-être pour les psychologues. Pour ma part, je n’ai ni le temps ni le goût de m’y arrêter.
L’ONG Freedom House et le Foreign and Commonwealth Office se disent préoccupés par l’état des libertés civiles et politiques au Rwanda. Prenez-vous acte de leurs recommandations? J’en tiendrai compte le jour où ils appliqueront les mêmes règles et les mêmes jugements à leurs propres pays. Quand, par exemple, lorsqu’on abat des jeunes Noirs dans les rues d’une ville simplement parce qu’ils n’ont pas la bonne couleur de peau, ils oseront mettre directement en cause le président de ce pays, comme ils se permettent de me mettre directement en cause pour tout et n’importe quoi. J’en tiendrai compte aussi quand ces institutions, ces ONG et leurs relais médiatiques changeront leur logiciel et cesseront d’écrire toujours la même chose, comme si rien n’avait changé au Rwanda depuis vingt ans. En attendant, mon travail est de diriger mon pays du mieux que je puisse le faire. Le jour où les Rwandais estimeront que j’ai échoué, ils auront le droit de me démettre, seul leur avis compte à mes yeux. En réalité,
quand Freedom House et d’autres ONG prétendent évaluer le degré de liberté au Rwanda, elles le font en fonction d’une conception occidentale restrictive de cette notion. Pour nous Rwandais, il n’est pas de liberté sans la liberté de se soigner, d’être éduqué, logé, nourri, éclairé, et il n’est pas de liberté sans égalité entre hommes et femmes. On ne peut donc pas se comprendre. La liberté d’expression existe-t-elle vraiment au Rwanda? Je rencontre des dizaines de milliers de personnes lors de mes meetings à travers le pays. Pendant des heures, les citoyens prennent la parole, et je les écoute. Ils critiquent leurs leaders, ils parlent de leurs voisins, de leurs soucis, de leurs revendications. Je leur réponds, j’oblige les responsables incriminés à s’expliquer, je prends des décisions. De quoi s’agit-il ici, si ce n’est de liberté d’expression? Pourtant, si l’on en croit les rapports de Reporters sans frontières et du Committee to Protect Journalists, les médias sont muselés... C’est effectivement ce qu’ils prétendent, en méconnaissance volontaire de cause. Ils ne lisent pas nos journaux, ils n’écoutent pas nos radios privées. S’ils faisaient leur travail, ils s’apercevraient que, contrairement à ce qu’ils disent, on peut dans ce pays critiquer le pouvoir et critiquer Kagamé sans aller en prison. Notre loi ne sanctionne pas la critique. Elle sanctionne les abus, la diffamation, l’incitation à la haine, l’apologie du génocide. Comme dans n’importe quelle démocratie. «Vous ne devez pas réclamer votre dû pour vos sacrifices du passé, nous ne vivons pas dans le passé», avez-vous déclaré récemment devant les cadres du Front patriotique rwandais. N’avez-vous pas l’impression d’être souvent trop dur, trop exigeant, trop intransigeant avec vos collaborateurs, vos ministres, votre peuple? Ne comptez pas sur moi pour que je m’en excuse. (...). François Soudan n
07/04/2015 à 08:33
Le cri du cœur venu du Cameroun politiquement incorrect |
L
orsqu’à Kinshasa et au Congo, dans les milieux de la majorité présidentielle, on rase les murs et on renie son Chef au point où certains en viennent à émettre cette opinion assassine («si un jour, un homme politique sénégalais a qualifié l’opposition anti-Mobutu d’être la plus bête au monde, on devra peut-être bientôt qualifier l’opposition anti-Kabila d’être la plus intelligente du monde et, pour le coup, qualifier la majorité autour de Kabila d’être la plus bête qui soit sur la terre»), le Soft International publie ciaprès un cri de cœur qui vient du Cameroun où on s’émeut du coup de point perpétré en plein jour le 15 mars à Kinshasa par des militants sénégalais et burkinabé des mouvements citoyens Y en a marre (sénégalais) et Balai citoyen (burkinabé) qualifiés de «jeunes missionnaires», «nouveaux tirailleurs» sénégalais et burkinabés prétendant agir pour la «démocratisation» de l’Afrique». L’auteur Fodé Roland Diagne (http://www. cameroonvoice.com/ news/article-news18324.html) construit son analyse sur la question qui tarauderait l’Occident: «Comment dévoyer la colère du peuple contre les régimes dictatoriaux libéraux corrompus vers des pouvoirs «démocratiques» libéraux corrompus»? Ci-après.
L’opinion démocratique, patriotique, panafricaine et anti-impérialiste sénégalaise a appris avec étonnement l’opération de mercenariat de Y en a marre du Sénégal et du Balai citoyen du Burkina Faso en République Démocratique du Congo. Les autorités du pays de Lumumba, Mulélé et Kabila ont expulsé les jeunes missionnaires ouest-africains en annonçant avoir saisi du «matériel, de l’argent et des armes destinés à destabiliser la RDC» et «arrêté pour les juger leurs co-religionnaires congolais». Les jeunes «tirailleurs» sénégalais et burkinabés prétendent agir pour la «démocratisation» de l’Afrique et «lutter» ainsi contre les «dictateurs» qui s’accrochent au pouvoir en traficotant les «institutions, les constitutions» pour «voler les élections». Mais que cachent vraiment ces beaux slogans de «démocratie» et de «lutte
contre les dictatures»? L’exportation de la «démocratie» à travers les ONG ne rappelle-t-elle pas l’exportation de la «civilisation» qui fut l’un des principaux leitmotiv de la conquête coloniale subie par les peuples? Ces mercenaires d’aujourd’hui ne sont-ils pas de simples copies des missionnaires d’antan qui balisèrent la voie des «tirailleurs» qui furent les troupes de choc commandées par les Faidherbe, les Galliéni, les Bugeaud pour tailler les immenses territoires qui constituèrent les empires coloniaux occidentaux? Y en a marre et Balai citoyen ne sont-ils pas des «tirailleurs» missionnaires compléments des troupes de choc armées impérialistes d’aujourd’hui que sont les Daesh et Boko Haram au service de la françafric, de l’eurafric et de l’usafric? la courbe rentrante. Avant Y en a marre et Balai citoyen, les «révolutions colorées» Roumanie, RDA, Serbie, Georgie, Ukraine, etc, ont été les bancs d’essai expérimentaux pour renverser les pouvoirs qualifiés de «dictatures» et y installés les nouvelles tyrannies «démocratiques» libérales bourgeoises soumises aux intérêts impérialistes. Cette stratégie a été récemment étendue aux révoltes populaires en Afrique du nord et au MoyenOrient sous le nom de «printemps arabe». La question est toujours la même: comment dévoyer la colère du peuple contre les régimes dictatoriaux libéraux corrompus vers des pouvoirs «démocratiques» libéraux corrompus. Ce shéma dont l’objectif est de préserver le contrôle de l’impérialisme sur le pays considéré intègre les fers aux feux utilisables pour empêcher la souveraineté nationale et populaire que sont les fanatiques religieux, les dictatures militaires qui partagent le programme unique libéral et la soumission aux diktats libéraux du FMI, de la Banque Mondiale et de l’OMC et l’implosion des états-Nations à l’instar de l’ex-Yougoslavie et du Soudan. Rappelons qu’à la Baule en 1990, sentant la montée des mouvements populaires en Afrique, Miterrand avait donné le coup d’envoi des «conférences nationales» en déclarant: «S’il y a contestation dans tel état particulier, eh bien! que les dirigeants de ces pays en dé-
Par leur symbole caractéristique, les deux mouvements citoyens sénégalais et burkinabé affichent leur ambition. Droits réservés.
battent avec leurs citoyens. Lorsque je dis démocratie, lorsque je trace un chemin, lorsque je dis que c’est la seule façon de parvenir à un état d’équilibre au moment où apparant la nécessité d’une plus grande liberté, j’ai naturellement un schéma tout prêt: système représentatif, élections libres, multipartisme, liberté de la presse, indépendance de la magistrature, refus de la censure: voilà le schéma dont nous disposons». Ces «conférences nationales» permirent ainsi de réaménager le système semi-colinal en transformant les dictatures militaires et/ou civiles en multipartisme intégral sans toucher aux fondements économiques et sociaux de l’oppression séculaire des peuples d’Afrique. Puis ce fut le tour d’Obama de préciser récemment: «L’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts, mais d’institutions fortes». Cette formule est devenue l’alpha et l’omega d’une certaine élite africaine lobotomisée qui se tourne de plus en plus vers l’impérialisme US. En effet l’opposition entre «hommes forts» et «institutions fortes» est une supercherie monumentale d’attrape-nigauds. Il n’y a pas et ne peut y avoir de muraille de Chine entre ces deux notions, car le lien est ici dialectique, les deux concepts s’influencent réciproquement sur la base des intérêts et des objectifs des classes que représentent les «hommes» et les «institutions».
L’audience de Gorée Quelles «institutions fortes» y a t-il aux USA quand un sur deux citoyens ne votent tout simplement plus et que le bipartisme bourgeois y interdit de fait toute candidature en dehors des deux partis «républicains et démocrates» des capitalistes? Quelles «institutions fortes» trouve-t-on en France quand le vote NON du peuple contre le traité constitutionnel est travesti par l’adoption
au Parlement du traité de Lisbonne? C’est ce piège dans lequel est manifestement tombé Y en a marre quand, suite à l’audience que leur avait accordé Obama à Gorée le 28 juin 3003, leur porte-parole déclare comme hypnotisé: «Le président Obama a été très attentif à notre discours sur la jeunesse. La rencontre a d’ailleurs duré plus longtemps que ce qui était prévu initialement. Il a pris certains engagements (lesquels?), mais je préfère ne pas entrer dans les détails, car un communiqué officiel sur cette rencontre doit être rendu public prochainement». Concernant Y’en a marre, il a conclu en nous demandant de rester forts: «Be strong!», indique Fadel Barro» (http://www.dakaractu. com/Fadel-Barr...). Obama leur demande d’être «forts» dans un entretien lors duquel selon Y en a marre «il a beaucoup été question de gouvernance et de démocratie, mais aussi de l’entreprenariat des jeunes, de l’importance d’un développement qui passe par la terre, qui donne des raisons aux jeunes de rester chez eux» (idem). Gorée Institute est «l’organisation panafricaine de la société civile œuvrant à la promotion de la démocratie, du développement et de la culture en Afrique» qui a abrité cette recommandation de l’impérialisme US démontrant ainsi à quoi peuvent bien servir cette foison abondante d’ONG en Afrique comme l’Usaid, le corps de la paix, etc. D’où cette sortie pertinente du site d’information Leral après le safari Y en a marriste avorté de Kinshasa: «On savait que Y en a marre bénéficie d’appuis financiers et de subventions des organisations non gouvernementales et des fondations internationales. Mais on ne savait pas que le pays d’Obama, à travers le département d’état, considère ces jeunes sénégalais comme de puissants leviers pour redessiner la carte de l’Afrique». C’est ainsi que l’on
apprend le rôle de recruteur pour les basses besogne fortement monnayées de l’Ambassadeur d’origine congolaise des USA au Burkina Faso. un congolais à Washington. Son pedigree officiel en dit long sur sa mission qui consiste à fabriquer des «révolutions colorées» à la sauce africaine: «Dr. Tulinabo S. Mushingi a été confirmé Ambassadeur Extraordinaire et Plénipotentiaire des états-Unis d’Amérique auprès du Burkina Faso par le Sénat américain et le Président Barack Obama, respectivement le 9 et le 25 juillet 2013. L’Ambassadeur Mushingi, un diplomate de carrière du Senior Foreign Service, a servi en qualité de Secrétaire Exécutif Adjoint et Directeur Exécutif du Secrétariat Exécutif d’état de 2011 à 2013. L’Ambassadeur Mushingi fut également Premier Conseiller à l’Ambassade des états-Unis d’Amérique en éthiopie où il s’engagea activement à promouvoir la politique américaine dans la corne de l’Afrique, tout en menant les activités des différentes agences gouvernementales et supervisant la gestion des ressources de cette mission qui constitue la troisième plus grande présence du Gouvernement américain en Afrique, tout en apportant son appui à la représentation américaine auprès de l’Union Africaine. De 2006 à 2009, l’Ambassadeur Mushingi a servi en tant que Conseiller de l’Ambassade des états-Unis d’Amérique en Tanzanie. De 2003 à 2006, il fut attaché au Secrétariat Exécutif chargé d’accompagner les Secrétaires adjoints Armitage et Zoellick à l’étranger. L’Ambassadeur Mushingi a également occupé diverses fonctions à l’étranger, y compris à Kuala Lumpur, Malaisie; Maputo, Mozambique; Lusaka, Zambie; et Casablanca, Maroc; ainsi qu’au Département d’état à Washington D.C., notamment auprès du Bureau of Intelligence and
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Research; le Bureau of International Organization Affairs et le Bureau of Human Resources. Il a reçu plusieurs distinctions, dont deux Superior Honor Award du Secrétaire Clinton et du Secrétaire-adjoint Armitage et un autre pour son leadership remarquable au cours de la visite de quatre jours du Président Bush en Tanzanie, qui fut un véritable succès. Pendant son passage au Foreign Service Institute, de 1989 à 1991, Dr. Mushingi a réussi à mettre en œuvre des mesures concrètes pour diversifier le corps enseignant d’une des plus grandes sections de langues étrangères de cet institut qui forme le Corps Diplomatiques des états-Unis. L’Ambassadeur Mushingi a travaillé pour le Corps de la Paix des étatsUnis d’Amérique en Papouasie Nouvelle Guinée, en RD Congo, au Niger et en République Centrafricaine. Pendant de nombreuses années, il était professeur visiteur à Dartmouth College et professeur à Howard University». Confronté à cette orchestration provocatrice, Lambert Mendé, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement de la RDC annonce fermement les décisions prises: «Nous avons décidé de les expulser de notre territoire: ils n’ont pas le droit de venir faire de la politique ici (...) ils ont prétendu être venus ici pour agir dans le sens d’un changement du régime d’un pays qui n’est pas le leur, cela ne se fait pas. Conformément à la loi, nous les expulsons donc de notre territoire. Nous n’avons pas à nous expliquer sur cela. Il y a beaucoup de problème à cet égard, il y a beaucoup d’argent qui a circulé, il y a des comptes qui ont été ouverts sous de fausses identités (…). Il y a même une fausse société qui a été créée pour pouvoir inviter les trois Sénégalais et le Burkinabè. Nous avons trouvé une littérature assez inquiétante sur le retour des jihadistes; nous avons retrouvé des tenues militaires: tout cela nécessite que ceux qui sont à la base de cette initiative puissent passer devant le procureur» (Rfi, Radio France Internationale). Pourquoi la RDC? La RDC est, dès le départ, un des pays d’Afrique qui a subi un traitement particulier de la part de tous les impérialistes. Après les massacres et génocides du colonialisme belge, le pays a été tout de suite
mis sous coupe réglée suite à l’assassinat de Lumumba puis de Mulélé et l’installation au pouvoir de Mobutu, second plus grand assassin du peuple congolais.Le Zaïre devint ainsi la base arrière de l’UNITA pro-néo-coloniale contre le MPLA porteur du projet indépendantiste radical, solidaire de la SWAPO de Namibie et de l’ANC anti-apartheid sud-africain. Il faut ici rappeler l’internationalisme en acte fondamental de la «petite» Cuba qui, avec les combattants du MPLA, ont infligé la défaite historique de Cuito Cuanavale aux troupes racistes sud africaines soutenues par l’impérialisme US et de l’UE, ce qui a contraint Prétoria à libérer Mandela et à négocier le principe d’un homme/ une voix. Mobutu, tout comme Houphouët, Senghor, Bongo, Eyadéma, Ahidjo, etc, ont été des piliers du système néocolonial imposé dans le sang par l’impérialisme pour contrôler l’Afrique. Ils ont été aussi des alliés du sionisme en Afrique.LD Kabila, qui avait maintenu un foyer de résistance dans le Kivu («Ewabora»), visité un moment par Che Guevara, forgea une alliance nationale et panafricaine en 1996 pour briser le piège de cet arbre à palabre inefficace et trompeur de la «conférence nationale» imposée par Miterrand en 1990 avant de renverser le président léopard Mobutu.
L’entrée en scène. L’abandon de la voie révolutionnaire et panafricaine par le Rwanda, un moment allié de LD Kabila, se traduisit par une tentative de coup d’état déjouée contre Kabila et l’occupation militaire de l’est du Congo par des milices armées. Cette guerre d’occupation territoriale imposée à la RDC qui se poursuit a fait plus de 5 millions de morts pendant que les richesses de l’est du Congo continuent d’être pillées par les multinationales des impérialistes US et de l’UE. LD Kabila fut assassiné, mais le nouveau pouvoir congolais ne tomba pas et Joseph Kabila prît la relève de son père tout en faisant des concessions aux impérialistes. Toutefois, ce compromis qui cède à l’affairisme impérialiste occidental a été accompagné d’une ouverture du pays à d’autres partenaires économiques dont les BRICS. Parallèlement, des projets économiques stratégiques
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panafricains d’envergure voient le jour avec l’Angola, le Zimbabwé, l’Afrique du Sud, la Namibie, la Guinée équatorale, le Mozambique, etc., y compris des projets de défense militaire patriotique et panafricaine. L’axe que constitue la SADC prend ainsi peu à peu le chemin du déserrement de l’étau néo-colonial des puissances impérialistes US et UE. Malgré le tour libéral des politiques que mène le fils Kabila, force est de constater que les impérialistes cherchent à se débarrasser du régime kabiliste parce que justement la Chine et d’autres pays émergents sont devenus et/ou sont en cours de devenir les premiers partenaires économiques et commerciaux de la RDC et des pays de la SADC. Il n’est pas rare d’entendre dans ces pays la phrase suivante: «la coopération avec les BRICS, en particulier la Chine, a réalisé en quelques années ce que des siècles de domination coloniale occidentale n’ont pas réalisé, notamment en terme d’investissements dans les infrastructures». Confrontées à cette concurrence, c’est ainsi que les impérialistes remettent en scène le dinausore, ex-ministre de Mobutu, Tshisekedi, et autres apatrides qui ont mangé à la soupe Mobutu, sans oublier l’achat d’éléments de la «diaspora» congolaise en Europe pour vilipender J. Kabila en l’amalgamant avec les chefs d’état néo-coloniaux des réseaux françafricain, eurafricain, usafricain. Tout ce beau monde s’agite bruyamment et agressivement en attaquant parfois physiquement les autorités congolaises en visite dans les pays européens dans le but de ramener carrément la RDC dans le giron de la domination sans partage des impérialistes US et de l’UE. Là où la guerre à l’est et l’inféodation aux impérialistes de la soi-disant «oppostion» congolaise sont en passe d’échouer, c’est manifestement Y en a marre et Balai citoyen qui sont ainsi mis à contribution par les impérialistes pour destabiliser et renverser le pouvoir Kabiliste. Tout ceci est fait aussi pour berner les peuples africains et les militants panafricanistes. Y en a marre et Balai citoyen ont souvent à la bouche ou sur leurs tee-shirts des figures historiques des luttes anti-colonialistes et anti-impérialistes africai-
nes: Cabral, Sankara, Nkrumah, Um Nyobé, Cheik Anta Diop. Ils les présentent comme leurs inspirateurs et références.
s’affranchir de la pensée unique libérale. Presque tous ces héros sont des martyrs assassinés par les mêmes qui les financent et se tapissent derrière le «tourisme» politique prétendument «patriotique et démocratique» des louangeurs Y a en marristes qui en font des icônes inoffensives tout comme les
publicistes des multinationales prédatrices le font maintenant avec la figure du CHE. Certains d’entre eux sont des collabos conscients des impérialistes, mais tous ne le sont pas, notamment les dizaines et centaines de milliers, voire des millions de jeunes qui ont été les acteurs majeurs des historiques journées du 23 juin et du 30 au 31 octobre au Sénégal et au Burkina Faso. Que savent-ils vraiment des théories et pratiques des révolutions africaines incarnées par Cabral, Sankara,
Um Nyobé, Osendé Afana, F.R. Moumié, Nkrumah, Cheikh Anta Diop, Victor Diatta, Lamine Arfan Senghor, Thiémoko Garan Kouyaté, des doyens du PAI qui ne sont jamais reniés, etc.? Savent-ils que ces héros et martyrs ont été liquidés par les impérialistes avec la complicité directe ou indirecte d’Africains qui ont été les rouages humains de la servitude dont les peuples africains sont victimes jusque de nos jours? Sont-ils vraiment prêts à se mettre en théorie et en pratique à l’école
de ceux et celles qui ne doivent pas devenir les icônes inoffensives instrumentalisées par des pantins au service des impérialistes? Les grands révolutionnaires africains ont forgé, à défaut de vaincre, des théories et pratiques pour que l’Afrique et les peuples d’Afrique conquièrent l’indépendance et la souveraineté nationale et populaire. C’est cela qu’ils ont légué à la jeune génération d’aujourd’hui qui doit à son tour, comme le dit F. Fanon, s’acquitter de son devoir en parachavant leur œuvre
émancipatrice. L’escapade néo-coloniale en RDC de Y en a marre et du Balai citoyen interpelle chaque jeune qui s’est engagé dans la mobilisation citoyenne que ces mouvements médiatisés par les ONGS et la presse impérialiste ont représenté. La jeunesse africaine doit s’affranchir des diktats de la pensée unique libérale déclinée sous la forme trompeuse de la promotion de «l’entreprenariat privé» et des «institutions fortes». En effet, seuls des hommes et des femmes
«forts» forgeant des «institutions fortes» comme un parti populaire organisé et un état stratège au service du peuple, c’est-à-dire de la majorité ouvrière, paysanne et des travailleurs du secteur informel peuvent œuvrer, en encadrant et en contrôlant la bourgeoisie nationaliste, à frayer la voie à la libération et à planifer le développement national et panafricain de l’Afrique.
le marbre de l’Histoire. Que voulez-vous dire, exactement? Qu’il fallait être Charlie, sous peine d’être Dieudonné; il fallait être tolérant, sauf pour ceux qui ne pensaient pas comme Valls; il fallait éviter les amalgames et n’avoir pas entendu que les criminels avaient mis leur crime sous le signe de la vengeance du Prophète; il fallait affirmer que l’équipe de Charlie était morte pour la liberté d’expression, mais comprendre que la liberté d’expression s’arrêtait juste après l’ânonnement du catéchisme médiatique; il fallait défiler en masse et applaudir on se sait quoi sous peine d’être complice des tueurs; il fallait dire de l’Islam, tout l’islam, qu’il était une religion de paix, de tolérance, et d’amour - en un mot, il fallait ne plus penser et obéir, obéir à la doxa imposée par les médias qui n’ont jamais vendu autant de papier ni obtenu pareils records d’audience. C’était le but. Il faut lire ou relire Propaganda. Sous-titré: Comment manipuler l’opinion en démocratie, d’Edward Bernays, le neveu de Sigmund Freud, qui a publié ce texte en 1928 pour expliquer comment une poignée de gens invisibles fabrique le consentement en démocratie. Un livre qui se trouvait dans la bibliothèque de Goebbels.
en Libye, au Mali, des femmes, des enfants, des vieillards, des pauvres villageois dont le crime était d’habiter un petit village que l’Occident a rasé de la carte. Cette guerre n’est pas filmée, il ne faut pas la montrer, dès lors, elle n’existe pas, l’opinion internationale ne s’émeut pas, on voit juste des images assimilables à des écrans de jeux vidéos, des cibles qui explosent alors que ce sont des bâtiments dans lesquels vivent des humains. Si ces guerres l’étaient, filmées, photographiées, on verrait des cadavres de musulmans, une multitude de corps musulmans déchiquetés, des chairs de musulmans éparpillées, du sang de musulman répandu… Cette guerre que l’on prétend défensive sous prétexte qu’elle permettrait d’éviter le terrorisme s’avère en fait offensive. Elle permet aux marchands d’armes, qui subventionnent les présidents américains, républicains et démocrates confondus, d’écouler leurs stocks et de produire à nouveaux des armes et du matériel militaire. Elle permet stratégiquement de s’approprier le soussol de ces pays riches de leurs géologies, mais pauvres à cause des dictateurs qui les gouvernements avec l’assentiment des puissants de la planète qui travaillent avec eux. Elle permet d’imposer non pas les valeurs de l’Occident, mais le mode de vie occidental avec ses produits à écouler, à vendre, donc à fabriquer. C’est la guerre du capitalisme et de l’impérialisme du complexe militaroindustriel qui se cache sous prétexte de liberté, de démocratie et de droits de l’homme. On prétend lutter pour empêcher le terrorisme alors qu’on le rend possible comme réaction
de l’offensé musulman à l’offenseur occidental. Les médias ne sont pas sans relations avec les vendeurs d’armes. On le sait. Ils ont donc intérêt à distribuer le discours compassionnel qui évite l’explication politique rationnelle. Le pathos contre le logos. Quand ces mêmes médias montrent les soldats de l’état Islamique - que le politiquement correct interdit de nommer comme tel sous prétexte qu’il ne s’agirait pas d’un état et qu’il ne serait pas islamique – vandalisant des œuvres d’art mésopotamiennes, l’Occident crie à la barbarie, mais l’Occident oublie que les tonnes de bombes américaines ont été déversées sur des sites archéologiques irakiens, entre le Tigre et l’Euphrate, et qu’il y a eu là, avec des tonnes de bombes, de bien plus graves dommages que ceux que des coups de masses et des disqueuses qu’on nous a montrés avec effarement et commentaires affligés, ont bien pu faire - ce qui est également condamnable, entendons-nous bien… Quand ces médias montrent les vidéos de décapitation faites par l’EI à destination de l’Occident, les journalistes parlent encore de barbarie et les citoyens reprennent la litanie en chœur. Mais c’est la barbarie musulmane qui répond à la barbarie occidentale des massacres de populations musulmanes par les armes sophistiquées de l’Occident! Qu’a fait François Hollande pour répondre à ce signe qui lui était donné avec le 7 janvier? Il a dépêché un porte-avions français dans le Golfe. Croit-on qu’ainsi on arrêtera ces brutalités partagées? http://www.lesoir. be/835095/article/ debats/2015-03-27/ michel-onfray-il-fallaitetre-charlie-sous-peined-etre-dieudonne
Fodé Roland Diagne n
http://www.cameroonvoice.com/news/article-news-18324.html
«Il y a une guerre qui n’est pas filmée»
L
e troisième mot de la devise française, «Fraternité», est le grand oublié, le grand «impensé» de ce début de ce siècle… En 1983, le renoncement de Mitterrand à la gauche, puis son ralliement au libéralisme et au projet Européen - qui se nourrit de ce libéralisme-là et, paradoxalement, s’impose par une bureaucratie puissante - ont laissé le peuple de gauche orphelin d’un idéal et des figures à même de le porter. En complice de Villain (l’assassin de Jaurès, le 31 juillet 1914), c’est Jaurès que Mitterrand a assassiné en 1983. Cet effondrement du récit de la gauche socialiste antitotalitaire (PS) couplé en 1989, après la chute du Mur de Berlin, à l’effondrement du récit de la gauche totalitaire (PCF) a laissé le champ libre au marché qui fait la loi et impose désormais le règne de la sauvagerie capitaliste. Marine Le Pen n’effectue pas par hasard les scores que l’on sait: elle se nourrit de 1983 et du mépris qu’ont eu l’UMP et le PS du refus de l’Europe qu’a signifié le peuple par référendum, refus qui a été contourné ensuite par le jeu de ces deux partis qui ont imposé par le Congrès ce que le peuple avait refusé. Les partis institutionnels et installés, de droite et de gauche, ont réalisé le «populicide» qui a laissé un champ libre aux Le Pen qui ont récupéré ce peuple transformé jour après jour en populace. Comment avez-vous vécu les tragiques événements de ce début d’année? D’abord dans la sidération dès que j’ai reçu l’information sur mon iPhone, ensuite, très vite, comme un moment important dans
Le philosophe français Michel Onfray. Jean-Luc Bertini éd. Flammarion.
l’histoire de France puisque, quelques minutes plus tard, peu avant 13 heures, j’ai tweeté: «Notre 11 Septembre», uniquement après avoir eu la seule information que des tirs nourris avaient été entendus dans la rédaction de Charlie-Hebdo. Ce tweet a été ridiculisé avant d’être, hélas, pris au sérieux comme un signe de lecture adéquate au moment même de la tragédie. La litanie des noms qui a suivi a effectivement donné consistance à mon propos. Le travail du philosophe est spinoziste, il suppose le fameux «Ni rire, ni pleurer, mais comprendre». A-t-on pris le temps de comprendre? Non. La suite a montré que le journalisme n’avait pas grande chose à voir avec l’attitude philosophique puisqu’on a pu assister en direct et pendant de longs jours à une démission de la raison et de l’intelligence au profit du compassionnel jusqu’à l’obscène. Dans la foulée, Le Point m’ayant demandé une analyse, j’ai rédigé un long texte où, déjà, je mettais en garde contre le règne du pathos qui est l’ami du journalisme quand il faudrait encore et toujours de la raison. La cérémonie du 11 janvier n’avait pas encore eu lieu. L’information
qu’il fallait retenir de ce 7 janvier, outre la tragédie, c’est que, apprenant l’information, François Hollande a mis fin à son rendezvous pour se rendre en urgence sur le lieu du carnage en compagnie de son chargé de communication: non pas avec son Premier Ministre, avec son chef des Armées, avec son directeur du Renseignements, non, mais avec son chargé de communication. Comment dès lors ne pas songer que le cynisme du Président de la République ne pense cet événement que dans la configuration d’une remontée de sa popularité, et ce dans la perspective de ce qui est devenu son unique horizon politique: sa réélection en 2017? La suite a montré que la stratégie du cabinet de communication était la bonne puisque, dans la foulée, le président prend vingt points dans les sondages. C’était sans compter sur le fait que le réel ne se réduit pas à ce que les conseillers en communication en disent. La crise fut bien gérée par le Président nous ont dit les journalistes. En faisant quoi? Rien… Du compassionnel au carré, de l’incantation médiatique, de la mine affectée, des rodomontades dans la bouche (avec dents) d’un homme plus crédible dans le jeu de mot que dans la sentence taillée pour
Qu’est-ce que les médias n’ont pas dit? Personne n’a dit que, depuis 1991, la France avait bombardé nombre de pays musulmans sur la planète et que, sous prétexte de démocratie et de droits de l’homme, de lutte contre les dictatures et de prévention du terrorisme, l’Occident, dont nous, donc nous, avait tué des milliers de victimes musulmanes innocentes en Irak, en Afghanistan,
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l’actu |
à l’UDPS, le discours va vient, selon la météo
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outeflika a inspiré Tshisekedi. S’il faut que le leader maximo y aille en fauteuil roulant, il ira, jure-t-il! Comme le dirigeant algérien! Et avant celui-ci, le président américain Franklin Delano Roosevelt (élu à quatre reprises à la Maison Blanche)! S’il faut qu’il ne batte pas campagne - que d’autres le fassent pour lui et qu’il reste hors du pays pour y suivre des soins, invoquant la maladie, la fatigue, le grand âge (82 ans) un peu comme Abdelaziz Bouteflika - il n’en privera pas. Son fils Félix (secrétaire national de l’UDPS en charge des relations extérieures) a été clair. Son papa quoique physiquement diminué va «désormais mieux». Il prépare son retour à Kinshasa où se tiendra au mois de décembre le congrès de son parti. Le président de l’UDPS doit à cette date être confirmé candidat de son parti à la présidentielle de 2016. à en croire le fils Tshisekedi, son père est «en super forme» même s’il a quitté Kinshasa en août 2014 «par avion médicalisé», sans pouvoir marcher et que, depuis, il a été très peu vu en public, n’a pas pris la parole en public. Il ne serait pas le premier... «Notre président donne des instructions, il prend des décisions. Il a nommé une commission de préparation
à g., le père. Ci-dessus, le fils Entre les deux, le discours est-il cohérent? dréservés.
du prochain congrès du parti prévu en décembre de cette année. Nous sommes très confiants. Nous gagnerons la présidentielle de manière effective et sans la moindre contestation cette fois-ci», dit le fils sur les ondes d’une radio à Kinshasa, TopCongo fm. Il demande aux militants de son parti de rester vigilants. «Le contexte est différent cette fois, le président sortant ne sera pas candidat à sa succession, il n y aura pas non plus de manœuvres du régime en place. Nous sommes donc confiants et espérons gagner sans même une coalition. Nous croyons en la capacité de notre parti de l’emporter et allons nous préparer pour». Cela ne l’empêche pas de promouvoir le dialogue avec la majorité quand Tshisekedi annonce préparer une plainte à déposer devant la Cour Pénale Internationale dans l’affaire des «fosses communes de Maluku». à l’UDPS, le discours va, vient, en fonction du temps
qu’il fait. Extraits d’interview. Votre parti considère toujours étienne Tshisekedi comme le président élu en 2011, alors que la rue était en train de faire plier la majorité présidentielle sur la révision de la loi électorale, vous appelez au dialogue avec Joseph Kabila? C’est un peu déroutant… Si l’UDPS avait rejeté le 1+4, ça ne serait pas pour accepter une formule similaire aujourd’hui avec un pouvoir finissant, impopulaire, fébrile et qui perd son sang-froid à la moindre contestation. Le dialogue que nous appelons ne vise nullement à cogérer le pays avec Kabila, mais uniquement à travailler dans un cadre serein et républicain à la préparation des élections transparentes et fiables. L’organisation des élections ne pourrait être un objectif en soi, le penser serait s’accommoder de tous les dysfonctionnements et tricheries qui ont faussé le résultat en 2011 et en 2006. Il faut arrêter cette spirale néfaste qui
fournit des prétextes à des forces négatives qui choisissent les armes mais en se parant des revendications appelant à l’instauration d’une vraie démocratie. Notre parti fait le choix des discussions apaisées maintenant plutôt que de crier au loup après coup. Comment pourriezvous dialoguer avec Kabila si vous ne le reconnaissez pas toujours comme le président élu? Nous ne faisons pas de fixation ni sur la personne de Kabila, ni sur cette élection de 2011 même si c’est très douloureux pour nous en tant que démocrates de voir perdurer cet état de faits. Si vous lisez notre feuille de route, vous verrez que nous soulignons que «les élections de 2011 ont eu le mérite de configurer politiquement la classe politique congolaise et de recadrer la ligne de démarcation claire entre ceux qui soutiennent le système en place et leurs alliés, d’un côté, et ceux qui réclament la vérité des urnes, de l’autre». à partir du moment où nous pensons que la crise politique actuelle tire son origine de ce contentieux électoral, nous préconisons
un dialogue entre les tenants du statu quo et nous autres qui prônons le changement. Le dialogue pour quel résultat? Pourquoi ne pas concentrer vos forces plutôt dans la préparation des échéances électorales à venir? L’un n’empêche l’autre, les deux doivent justement s’emboîter. Par deux fois, la vérité des urnes a été tronquée. Cette fois nous avons le devoir patriotique et moral de prévenir une nouvelle fraude. Le dialogue que nous appelons de nos vœux vise uniquement à préparer des élections fiables et à instituer de la cohérence et de la logique dans le cycle des prochaines consultations électorales. Il faut retenir également que nous proposons la présence à ce dialogue du représentant du secrétaire général des Nations-unies et chef de Monusco. Concrètement, de quoi sera-t-il question ou plutôt quelles seraient les exigences que vous allez présenter à ce dialogue? Chaque partie sera représentée par 20 personnes. Dans nos propositions, nous demandons que soient écartés
de l’ensemble du processus électoral tous ceux qui étaient mêlés de près ou de loin à la fraude de 2011. Ensuite, nous proposons que l’on commence par l’élection présidentielle couplée avec les législatives. Et pour éviter toute fraude, nous demandons que la CéNI soit composée d’une manière paritaire de 6 personnes désignées par chaque camp. Quant aux 9 membres de la Cour constitutionnelle, il faudrait qu’ils soient nommés par consensus. Le recensement avant les élections aurait peut-être permis d’avoir un fichier électoral fiable… Il y avait dans ce projet des arrière-pensées pour se maintenir au pouvoir, le peuple l’avait compris et l’avait exprimé avec hardiesse et fermeté. Vous connaissez le résultat… Par contre, nous souhaitons un audit externe pour analyser le fichier électoral et une révision pour obtenir un fichier électoral inclusif qui tiendrait compte des nouveaux majeurs, des non-inscrits, des Congolais de l’étranger et des doublons. Nous tenons également à la présence obligatoire des témoins dans tous les bureaux de vote et que des copies des procès-verbaux leur soient remises à la fermeture des bureaux. Nous appelons également à la mise en place d’un observatoire pour certifier les résultats, celui-ci serait composé notamment de la Monusco, de l’église catholique, de l’AETA et des ONG actives sur la thématique des élections. Cet appel au dialogue
a jeté un trouble chez beaucoup, notamment auprès de ceux qu’on appelle «combattants» en Europe… Je comprends cette réaction, le mot dialogue est malheureusement associé dans notre pays au partage du gâteau entre politiques supposés opposés entre eux. Nous avons compris qu’il nous faut communiquer, expliquer pour clarifier notre position. Nous leur devons ça, car vous savez l’histoire saura leur être reconnaissante de la détermination qu’ils ont montrée dans la dénonciation des velléités de l’occupation de notre pays et dans leur lutte contre la dictature. J’ai le plus grand respect pour leurs motivations et pour leur combat même s’il faut reconnaître que certains de leurs discours et de leurs actions ont suscité émoi et controverses. Je regrette évidemment les dissensions qui ont traversé ce mouvement car c’est toujours unis qu’on est plus forts. Certains n’ont pas hésité à parler de la corruption par le pouvoir… Si l’argent était notre moteur, nous ne serions pas en dehors des institutions. Nous aurions des ministres et des mandataires publics qui auraient permis à notre parti de se constituer un trésor de guerre pour les élections et pour des enrichissements personnels comme beaucoup l’ont fait durant le 1+4. Sur cette question, les faits parlent pour nous et depuis l’époque de Mobutu déjà. Botowamungu Kalome n
AEM 28 mars 2015 http:// www.afriquechos.ch/
Retrouvez-nous sur notre site web: http://www.kabila-desir.org, sur Youtube ou rejoignez-nous directement phone number +243 851782310 LE SOFT INTERNATIONAL | ÉDITION NATIONALE | N° 1312 | PAGE 8.
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l’actu
à la grande satisfaction de la majorité, le Gouvernement réussit le tour de force de desserrer l’étau sur Maluku
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l n’y a aucun doute: le Gouvernement piégé par l’opposition, des ONG et, il faut le souligner bien fort hélas!, des membres de sa propre majorité, a su donner la preuve qu’il peut desserrer un malin étau présenté par tous les observateurs comme «Lubumbashi-bis» qui précipita la fin du régime Mobutu. à l’étranger, il n’y avait pas un titre de presse écrite, la plus petite radio, la plus petite chaîne locale de télé qui n’avait pas pour ses «fosses communes de Maluku», à près de à 80 kms de Kinshasa, où auraient été enterrés «nuitamment «des personnes tuées pendant les manifestations de l’opposition, en janvier dernier», rapportaient
certaines organisations des droits de l’homme et des opposants. Avec un peu de recul, il faut avouer que le Gouvernement avait été pris au dépourvu par ce que des opposants ont tôt appelé «un massacre de masse de plus dont se rendait coupable un régime sanguinaire». Et les réseaux sociaux de s’en donner à cœur joie.
Du vrai pain béni. Du pain béni, rien que du pain béni pour ceux qui se léchaient déjà les babines en se disant qu’ayant échoué d’obtenir la fin de ce régime par toutes les «manifestations violentes de rue», ils allaient pouvoir appeler avec plus de crédibilité des chancelleries afin qu’elles donnent l’ordre au régime de «dégager» s’il ne voulait pas être chassé par des manifestations de rue. Et celles-ci avaient déjà
commencé sinon dans le pays, au moins à l’étranger. à Paris, l’ambassade du Congo, Cours Albert 1er, était attaquée et l’ambassadeur Ileka Atoki était littéralement aspergé de sauce tomate. Au moins, son intégrité physique fut sauve... à Bruxelles, après une répétition générale une sorte d’ échauffement - on annonçait de vastes rassemblements de «Combattants» réunissant les plus durs opposants de l’étranger convergeant vers la capitale de l’Europe. Si Paris et Washington, deux capitales majeures qui suivent la politique congolaise au plus près restaient plutôt prudentes - sans avoir publiquement fait une déclaration bien que le représentant de l’Union Européenne à Kinshasa ait déjà tracé la ligne, Jean-Michel Dumond -, à Bruxelles, le ministre des Affaires étrangères (libéral
Muyambo court un risque d’amputation d’une jambe
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Le Dép. honoraire (opp.) Jean-Claude Muyambo Kyassa. JOHN BOMPENGA.
’ancien Dép. (majorité) JeanClaude Muyambo Kyasa (passé à l’opp.) risque d’être amputé de son pied gauche et de se retrouver infirme s’il n’est pas évacué d’urgence vers un centre de santé approprié à l’étranger, a affirmé son médecin traitant, Dr Steeve Makolo, mardi 14 avril. Poursuivi par le parquet de Lubumbashi pour abus de confiance, stellionat, manœuvre frauduleuse dans un dossier judiciaire d’un de ses client, le président de Scode (Solidarité congolaise pour la démocratie et le développement) souffre d’une fracture polytraumatique. Les os de son pied gauche auraient été broyés
lors de son arrestation. Jean-Claude Muyambo est écroué à la prison centrale de Makala depuis le 20 janvier. Sa détention a été prolongée de 30 jours le 12 mars sur décision du parquet général de République.
Une guérison hypothéique. Ses avocats protestent et crient à l’arbitraire de la justice. Faisant l’état de lieu du tableau clinique de son patient, son médecin, souhaite qu’il soit évacué dans une formation médicale qui dispose d’une banque d’organes. «Il présente une fracture polytraumatique du pied gauche où seul le gros orteil est épargné». «Plus nous mettons du temps, les chances de guérison s’amoindris-
sent et il y aura risque d’amputation du membre concerné», a aouté le Dr Steeve Makolo.
Beni: cinq morts à la machette
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inq personnes au moins ont été tuées à la machette mercredi à Beni, théâtre depuis plus de six mois de fréquents massacres attribués à des rebelles ougandais, rapporte l’AFP, citant Amisi Kalonda, administrateur de territoire. Mais selon le responsable d’une ONG locale, le bilan du drame est plus élevé et s’élève à «dix morts».
francophone) Didier Reynders ne laissait planer l’ombre d’aucun doute sur la position du royaume en postant un tweet depuis son compte officiel appelant «la sanctuarisation du site de Maluku jusqu’à la fin de l’enquête» qui «doit être ouverte sans délai» quand son collègue en charge du Développement Alexander De Croo (autre Libéral mais flamand), mettait 1, 5 million d’euros sur la table de la Monusco afin de... garantir une enquête «internationale neutre, crédible, au-dessus de tout soupçon»! «à Kingakati, on est rassuré». La machine était lancée et les jours du régime étaient comptés! Puisque des correspondants de presse affluaient dans les consulats du Congo sollicitant des visas. Chacun voulait être le premier à prendre l’image de... la fuite à l’étranger des dirigeants qui marquerait la chute du régime! Avouons que les premières communicants officiels laissaient pantois, les éléments de langage n’avaient pas encore été maîtrisés face à l’émotion compréhensible entretenue par l’opposition et par des ONG. Plus grave: sur ce dossier comme sur moult autres dossier, la majorité ne partageait pas la même lecture. «Si l’affaire des fosses communes de Maluku suscite un tel malaise, c’est aussi parce qu’en plus du malaise social, elle s’inscrit dans un climat politique délétère: l’opposition multiplie les interpellations sur le sujet mais surtout la majorité présidentielle elle-même est divisée», écrit sur son blog la journaliste belge Colette Breakman (3
avril 2015, site utilisant les blogs du soir.be). C’est à l’unanimité des membres présents réuni dimanche 12 avril à la ferme présidentielle de Kingakati (à l’est de la ville de Kinshasa) sur un agenda ordinaire que le Bureau Politique de la majorité présidentielle élargi aux présidents des groupes parlementaires (majorité) accepta, sur proposition d’un des siens, d’inscrire sur son ordre du jour «l’affaire Maluku». Dès la prise de parole par le ministre de la Justice Alexis Thambwe Mwamba, le Bureau politique comprit que «l’affaire Maluku» n’était pas une affaire. Les explications du garde des sceaux paraissaient claires comme l’eau de roche. Kinshasa était une mégapole de 70 millions d’habitants où la pauvreté est réelle tout comme l’absence de solidarité familiale, la prise en charge parentale ou la stigmatisation des jeunes filles. Des statistiques des services urbains - notamment de la Croix Rouge locale - étaient présentées. Les capacités de la plus grande morgue de la ville: 310 corps. Or, ce lieu reçoit une moyenne de 622 corps/ mois avec une moyenne journalière de 21 corps, explique le ministre citant la direction de la morgue de l’hôpital Mama Yemo qui relève désormais des autorités municipales. diplomates à la morgue. Depuis le 19 mars, jour où eut lieu cet «enterrement collectif» - 421 corps - dans le seul but de désengorger la morgue - 178 nouveaux corps avaient été accueillis. Face au «malaise» né de cette «divulgation/dénonciation» - par un Député
d’opposition lors d’une motion d’information -, ordre avait été donné par le Président de la République de communiquer, dès le lendemain 13 avril, dès 8 heures30’ en direction du corps diplomatique, d’organiser une visite de la morgue de Kinshasa afin que les diplomates se rendent compte, par eux-mêmes, de la situation prévalant en ce lieu. Le ministre Thambwe expliquait, dans les détails, que dans cette affaire, toute la procédure d’inhumation avait été respectée, tout comme la dignité des personnes décédées dont chaque corps avait été préalablement enfoui dans un linceul. «Il n’y a jamais eu ni odeur pestilentielle provenant des corps en putréfaction - diplomates et ONG internationales s’en rendront par euxmêmes compte -, ni des membres des personnes décédées sortant de terre pour avoir été ensevelis à la hâte, ni la présence d’un homme armé lors de cet enterrement. Si cette inhumation qui n’est ni la première, ni la dernière, avait pu avoir lieu au petit matin, c’est à la demande de la morgue qui craignait pour la sécurité des agents des pompes funèbres souvent agressés par des riverains qui prétendent que ces espaces leur appartiennent à eux et non à la ville». De même, le Bureau politique a été éclairé sur la sémantique, la lexicologie, le vocabulaire appropriés. «à Maluku, il ne s’est pas agi d’une fosse commune, mais d’une tombe commune. La fosse commune renvoie à un massacre de personnes dont un coupable cherche à se débarrasser et à dissimuler». De même, le vocabulaire «indigent» allait
premier jour, aux cinq premières heures de la journée, on a déjà 7 partis politiques et 5 indépendants. Voyons voir la suite. Nous espérons que ça évolue», a affirmé le rapporteur de la Céni, Jean Pierre Kalamba, heureux du début de cette opération et est confiant sur la suite. L’opposition attendrait la réponse aux préalables par elle posés en rapport avec le calendrier électoral. Les opposants avaient proposé que les élec-
tions locales, municipales et urbaines «qui sont plus complexes mais nécessaires à la consolidation de l’état et de la démocratie» se tiennent après 2016 «pour une programmation plus rationnelle», selon le Dép. Franck Diongo (MLP ) pour qui, sur le principe, l’opposition n’entend pas céder à la politique de la chaise vide propose «des correctifs dans le calendrier de la Céni et dans le contour des élections».
élections, lent début
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l n’y a eu aucun engouement dans les BRTC (Bureaux de réception et de traitement des candidatures de Kinshasa au premier jour du dépôt des candidatures aux élections locales, selon l’agenda officiel de la CéNI. Des personnes rencontrées y arrivent par curiosité pour observer ce qui s’y passe. Un petit nombre y vient pour retirer les formulaires et recueillir plus d’informations sur l’opération. «Pour le
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disparaître des «éléments de langage. Le gouverneur de la ville André Kimbuta Yango s’en était tôt ému.
avortements clandestins. «Aucun de mes Kinois ne saurait être qualifié d’indigent. Même si c’est le cas, tout mort mérite respect et dignité», avait-il expliqué. Puis, ce fut le ballet des Chambres pour le Vice-premier ministre en charge de l’Intérieur et de la Sécurité, évariste Boshab Mabudj. Qui invoquait le devoir de redevabilité, l’obligation d’informer les élus, la Nation, le monde. Ce monde devenu désormais un petit village. Hubert Marshall Mac Luhan (19111980) avait si bien vu les choses. Au Sénat, l’auteur d’une question d’actualité Sébastien Adambu donne raison à Boshab. «C’est vrai, les avortements clandestins sont légion. Dans ce cadre, il n’y a pas moyen de conjurer les faits, compte tenu de ce que notre société n’est pas stabilisée. De l’autre, il y a des personnes non identifiées par manque de pièce d’identité». S’interrogeant si toutes les précautions ont été prises pour la sauvegarde des droits de la personne humaine. «Un mort, ce n’est pas un chien, c’est un homme et il a ses droits. Est-ce que tous ses droits ont été préservés? La réponse nous l’aurons peut-être à la suite d’une question orale avec débat qu’un sénateur pourrait introduire», ajoute-t-il. Malgré cet effort de transparence - «le Congo n’a rien à cacher», répètent les deux ministres qui ont annoncé une enquête judiciaire, la Monusco ne paraît guère convaincue. Elle insiste pour que les autorités fassent toute la lumière sur cet enterrement. Jose Maria Arañaz, chef du bureau des droits de l’homme de l’ONU, à Kinshasa, les encourage à exhumer les corps pour faire cesser les inquiétudes sur la façon dont ces personnes sont mortes. «Il faut fournir tous les efforts pour faire la lumière sur cette affaire, autrement dit, rassurer la population civile et la communauté internationale qu’il n’y a rien à cacher», a déclaré José Maria Arañaz, cité par Rfi.
d. Dadei n
Importation, droits et taxes débat parlementaire |
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’Assemblée nationale a jugé recevable le projet de Loi modifiant et complétant l’ordonnance-Loi n°11/2012 du 21 septembre 2012 instituant un nouveau tarif des droits et taxes à l’importation présenté et débattu à la séance du 27 mars 2014. La présentation du texte a été faite par le ministre des Finances Henri Yav Mutond. Dans le document ci-après, le Soft publie le texte de présentation du projet de Loi ainsi que la réplique du ministre aux interrogations des Députés intervenue peu avant l’adoption du projet envoyé à l’examen de la commission éCOFIN. Honorable Président de l’Assemblée Nationale, Honorables Membres du Bureau de l’Assemblée Nationale, Honorables Députés Nationaux, Ma présence ce jour devant vous fait suite à l’invitation que l’Honorable Président de l’Assemblée Nationale a adressée au Gouvernement, à travers Son Excellence Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement, en vue de venir présenter le projet de Loi modifiant et complétant l’ordonnance-Loi n°011/2012 du 21 septembre 2012 instituant un nouveau tarif des droits et taxes à l’importation. (...). Ce texte s’inscrit dans le cadre des engagements pris par le Gouvernement de la République Démocratique du Congo, lors du 17ème Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement du Marche Commun de l’Afrique de l’Est et Australe, COMESA en sigle, tenu à Kinshasa du 26 au 27 février 2014. Ces engagements se rapportent à l’adhésion de notre pays à la Zone de Libre échange, instaurée par le Traité du COMESA, et qui impliquent la suppression des droits de douane à l’importation sur les marchandises originaires des Pays membres de ce Marche Commun.
Le ministre des Finances Henry Yav Mutond au Sénat. DRoits réservés. Le projet de Loi ainsi décennies, la Répureprésentant 58% du soumis à votre Auguste blique Démocratique PIB de l’ensemble de Assemblée vient consa- du Congo aurait dû notre Continent. De crer cette élimination rejoindre, depuis longmême, le marché de des droits de douane, temps, la Zone de Libre notre Pays s’ouvrira sans toutefois remettre Echange et l’Union davantage aux produits en cause la perception douanière du COMEimportés non fabride la Taxe sur la Valeur SA. Mais, à la suite des qués localement. Nos Ajoutée et des droits perturbations que notre entreprises pourront d’accises à l’importaPays a connues depuis aussi profiter de la tion. la fin de la décennie concurrence, née de Permettez-moi, avant 1990, le Gouvernement cette ouverture du martout, de rappeler à la avait sollicité, notamché, pour devenir plus Représentation Natioment pour des raisons compétitives et pour nale que c’est depuis d’ordre budgétaire et rechercher de nouvelles 1994 que notre Pays a économique, et obtenu, opportunités d’affaires adhéré au COMESA, a plusieurs reprises, avec les autres opéen signant le Traité qui un moratoire pour le rateurs économiques institue cette Commudépôt des instruments de la Région. Enfin, nauté économique Réjuridiques de son adhél’appartenance à une gionale. Créée en 1981, sion à la Zone de libre Zone de Libre Echange cette Communauté échange. permettra à notre Pays économique vise l’inté- Signalons que l’adhéd’attirer un peu plus gration des économies sion à cette Zone de des investissements des états membres à Libre échange, qui directs étrangers et travers la libéralisation regroupera au total 26 d’élargir l’assiette et la et la facilitation des pays membres venant matière imposable pour échanges, notamment du COMESA, mais la fiscalité intérieure. par l’harmonisation des aussi de la Communau- Certes, on pourrait évoinstruments relatifs à la té de Développement quer la perte de recettes politique douanière de de l’Afrique Australe résultant de la suppresdifférents états mem(SADC) et de la Comsion des droits de douabres. Cette intégration munauté de l’Afrique ne à l’importation et la s’est concrétisée, node l’Est (EAC), permet menace de la concurtamment par la création à notre Pays de bénéfirence des produits imen l’an 2000 d’une cier des avantages écoportés originaires des zone de libre échange nomiques certains. pays du COMESA sur et l’établissement en En premier lieu, les la production locale. 2008 d’une Union produits congolais à ce sujet, il convient, douanière. auront un accès au mar- de préciser qu’une En tant qu’état memché de ce bloc éconoétude réalisée par le bre de la Communauté mique de 625 millions Secrétariat Général du depuis plus de deux des consommateurs et COMESA sur l’impact
de l’adhésion de notre pays à la Zone de Libre Echange de ce Marché commun situerait la perte de recettes mobilisées au titre des droits de douane à hauteur de 1,8%, en cas de démantèlement intégral du tarif actuel. Mais, étant donné que pour notre Pays, ce démantèlement a été négocié pour être appliqué progressivement sur trois ans, la perte des recettes n’atteindra pas cette estimation. Par ailleurs, au regard des avantages que je venais d’indiquer et que notre économie peut tirer de cette adhésion, cette perte parait marginale. Bien plus, pour faire face aux pertes éventuelles des recettes que pourrait subir un état membre à la fin d’un exercice budgétaire, le COMESA a prévu un Fonds destiné à compenser lesdites pertes si leur existence est effectivement établie. S’agissant de la protection de la production nationale, le traité instituant le COMESA ainsi que les dispositions mêmes du projet de Loi soumis à votre examen laissent la possibilité aux états membres de prendre des mesures des restrictions quantitatives ou équivalentes ou des interdictions sur les importations des produits similaires provenant des états membres. De même, un Pays peut soustraire du démantèlement du tarif douanier les produits qu’il considère comme étant sensibles et dont il présente la liste pour certification au Secrétariat Général du COMESA. Pour ce qui est de notre Pays, une liste des produits jugés sensibles a été transmise depuis 2013 au Secrétariat Général du COMESA. Ces produits avaient été sélectionnés, sur base de cinq critères essentiels, à savoir: y Primo, l’incidence sur les recettes douanières. II s’agit ainsi principalement des produits de grande consommation, tels la viande, le poisson, le riz, le sucre et les huiles; y Secundo, la protection de la santé de la population. On retrouve, en l’occurrence ici, les produits pharmaceutiques; y Tertio, le caractère
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nocif des produits pour la sante des consommateurs. C’est le cas des boissons alcoolisées, comme la bière et du tabac; y Quarto, la protection de l’espace économique national contre les importations des marchandises susceptibles de désorganiser la production locale des produits similaires dont notre Pays a soit un avantage comparatif par rapport aux autres Etats membres, soit une industrie naissante à promouvoir. On peut citer les produits miniers, les produits pétroliers, les produits cosmétiques, le bois, les ouvrages en bois et en métaux, ainsi que les œuvres de collection; y Quinto, le caractère hautement stratégique des produits au plan sécuritaire. C’est le cas des armes et des munitions. Sur base de ces critères, on dénombre au total, suivant la désignation et la codification du tarif douanier actuel, 577 produits dont l’importation doit continuer à subir des droits de douane aux taux en vigueur. S’agissant du contenu du projet de loi proprement dit, celui-ci institue le taux zéro des droits de douane à l’importation à l’égard des marchandises originaires des pays membres du COMESA, consécutif à un démantèlement tarifaire progressif, sur trois ans, à raison de 40%, 30% et 30% du tarif actuel respectivement pour la première, la deuxième et la troisième année. Dans ce cadre, il vous est proposé de réviser le paragraphe 2 des Dispositions Préliminaires du Tarif des Droits et taxes à l’importation institué par l’Ordonnance loi n°11/2012 du 21 septembre 2012, en introduisant ce principe de la taxation au taux zéro pour les marchandises originaires des pays membres du COMESA suivant une suppression progressive tel que, je venais de l’indiquer ci-avant. Les modifications apportées par le projet qui vous est soumis sont reprises à l’article 1er du projet et se résument comme suit: y Premièrement, l’affirmation, dans le nouveau tarif, du principe
selon lequel les droits de douane applicables aux marchandises importées en RD Congo sont désormais déterminés en fonction de l’origine de ces marchandises et leurs taux différent, selon qu’ils s’appliquent aux marchandises originaires des Pays membres du COMESA ou à celles non originaires du COMESA; y Deuxièmement, la consécration dans le nouveau tarif d’un taux zéro des droits de douane applicables aux marchandises originaires d’un état membre du COMESA; ce taux étant consécutif à un démantèlement tarifaire progressif sur trois ans, à raison de 40%, 30% et 30%, respectivement pour la première, la deuxième et la troisième année, à partir de la promulgation du texte soumis à votre examen; y Troisièmement, le rappel du principe de réciprocité vis-à-vis d’un état membre qui appliquerait aux marchandises en provenance de la République Démocratique du Congo un autre taux que le taux zéro; y Et quatrièmement enfin, l’ouverture laissée à chaque état membre du COMESA de pouvoir appliquer, aux marchandises originaires des autres Etats membres, «des restrictions quantitatives ou équivalentes, ou des interdictions aux fins de protection d’une industrie naissante». Telle est, Honorable Président de l’Assemblée Nationale, Honorables Membres du Bureau de l’Assemblée Nationale, Honorables Députés Nationaux, l’économie du projet de loi que le Gouvernement soumet à votre sanction. L’adoption de ce texte va permettre à la République Démocratique du Congo de jouer pleinement son rôle au sein du Marché commun de l’Afrique de l’Est et Australe, COMESA en sigle, et de bénéficier des avantages et des opportunités qu’offre la Zone de Libre échange de cette communauté régionale. La réplique aux questions des Députés. Honorable Président de l’Assemblée Nationale,
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Droits, taxes, Zone de libre échange au débat
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Honorables Membres du Bureau de l’Assemblée Nationale, Honorables Députés Nationaux, Le vendredi, 27 mars dernier, quinze élus du peuple sont intervenus lors du débat général sur le projet de Loi que le Gouvernement a soumis à votre examen. II s’agit du projet de Loi modifiant et complétant l’ordonnance-Loi n°11/2012 du 21 septembre 2012 instituant un nouveau tarif des droits et taxes à l’importation. Les différentes observations et remarques sou levées par les éminents intervenants à ce débat, les questions pertinentes qu’ils ont posées ainsi que les nombreuses recommandations formulées à l’intention du Gouvernement, ont démontré tout l’intérêt que les Représentants du Peuple accordent au développement de notre économie, en général, et à la promotion d’un tissu industriel national compétitif, en particulier. Ces interventions, Honorables Députés Nationaux, ont été tout à votre honneur et à la hauteur de la confiance que le peuple congolais a placée en vous. J’ai perçu, avant tout, dans les préoccupations exprimées par certains intervenants, un sentiment de doute et d’appréhension sur la capacité de notre Pays à pouvoir tirer profit de son adhésion à la Zone de Libre échange, dontle texte soumis à votre sanction constitue un préalable. On peut bien comprendre ce sentiment, du reste légitime, dicté, tant par une certaine incertitude de l’inconnu que représente pour notre Pays l’adhésion, pour la première fois dans son histoire à une Zone de Libre Echange, que par la fragilité relative actuelle de l’état de notre économie. Mais, comme d’autres Honorables intervenants, en l’occurrence les Honorables BOTAKILE, SIMENE, NEMOYATO, PICO, KIRO, MWANZA et KUMASSAMBA, n’ont pas manqué de le relever, l’intégration de notre Pays dans des Communautés économiques sous-régionales et régionales, dont la Zone de libre échange n’est qu’une étape, n’est pas seulement un engagement politique, mais une voie incontournable pour son développement. Comment en seraitil autrement pour un Pays qui, de par sa position géographique, appartient déjà à différents blocs régionaux, tels que la SADC, la CEEAC, le COMESA, la CEPGL! Toute la
question qui se pose, et que traduit le sentiment de doute et d’appréhension de certains élus du peuple, est de savoir si aujourd’hui notre Pays est prêt à relever ce défi de l’intégration. Disons, d’emblée, qu’après avoir, plusieurs fois, sollicité et obtenu des moratoires, notre Pays, par Son Excellence Monsieur le Président de la République, a, depuis le dernier Sommet du COMESA, tenu à Kinshasa, en février 2014, levé l’option de franchir le Rubicon et de concrétiser son adhésion à la Zone de Libre échange. Cette Zone de Libre Echange du COMESA n’est du reste, rappelons-le, qu’une étape avant, d’une part, l’instauration de la Zone de Libre Echange Tripartite COMESA-SADCEAC, dont l’avènement est prévu pour le mois de juin 2015 et, d’autre part, le lancement, en 2017, de la Zone de Libre échange Africaine, à l’échelle du Continent. Le temps est donc venu pour notre Pays de prendre sa place à bord du train de la Zone de Libre Echange du COMESA, afin de se préparer, en compagnie des autres états membres, à l’ouverture aux Zones de Libre Echange tripartite et continentale. Je rappelle que 15 états, sur les 19 membres du COMESA, ont rejoint, depuis l’an 2000, la Zone de Libre échange et sur les quatre retardataires, a savoir l’Ouganda, l’Ethiopie, l’érythrée et la RDCongo, trois d’entre eux, parmi lesquels notre Pays, s’étaient engagés, lors du Sommet de Kinshasa, à adhérer avant le 31 décembre 2014. Que dire de tous ces pays qui ont eu déjà à adhérer, si non qu’ils n’avaient toujours pas, au moment de leur adhésion, des économies plus florissantes que la notre. Ils ont tout simplement mis en avant les bénéfices qu’ils pouvaient tirer, à plus ou moins long terme, de cet espace économique, plutôt que de s’en tenir aux gains immédiats à retirer ou aux pertes à court terme à subir, du fait de leur adhésion. Entre autres avantages que ces pays ont privilégié, on peut relever la réduction des couts des affaires grâce aux économies d’échelles réalisées sur un marché plus vaste, l’ouverture à un marché de 340 millions des consommateurs, appelé à s’élargir et à atteindre dans le cadre de la Tripartite COMESA-SADC-EAC 645 millions de clients potentiels, les opportunités d’affaires et d’investissements
pour leurs opérateurs économiques, sans oublier l’attractivité de l’investissement direct étranger. En plus de ces avantages, notre Pays pourra également bénéficier; comme d’autres Etats membres, des avantages et programmes suivants, susceptibles de contribuer au développement de son économie. Il s’agit notamment du régime simplifié de commerce, qui fait profiter aux petits commerçants frontaliers des préférences commerciales du COMESA, de la possibilité de faire financer ses micro, petites et moyennes entreprises par le Fonds crée à cet effet par le COMESA, de la possibilité d’avoir accès aux financements des projets intégrateurs, dont ceux relatifs à l’énergie et au transport des mesures de facilitation du transit des marchandises et enfin de la possibilité de bénéficier des programmes relatifs à l’Agriculture et à la Sécurité alimentaire du COMESA. Comme risques encourus, il sied de signaler que de tous les 15 états déjà membres de la Zone de Libre échange, seuls le BURUNDI et le RWANDA ont connu, au cours d’un exercice budgétaire, une baisse des recettes, qu’ils ont pu compenser, grâce au Fonds mis en place à cet effet par le COMESA. Personnellement, je partage, tout autant, le point de vue de ceux qui, à l’instar des Honorables émery OKUNDJI et ALONGA, soutiennent que le développement des échanges économiques et commerciaux à l’intérieur de nos frontières est tout aussi nécessaire, voire prioritaire, que l’intégration régionale. Mais, beaucoup, dans cet hémicycle, conviendront, avec moi, que l’intégration économique nationale peut, ou mieux, doit aller de pair avec l’intégration régionale, l’une n’excluant pas l’autre, afin de permettre à notre économie de s’offrir des marchés plus vastes tant à l’intérieur que dans sa région au niveau du continent. Les immenses potentialités agricoles, minérales, hydroélectriques, même peu exploitées à ce jour, dont dispose notre Pays, constituent des atouts qui peuvent, au contact des expériences des autres pays du COMESA, le propulser aux premières places sur l’échiquier régional. à vous, Honorables Députés Nationaux, de transformer les faiblesses actuelles de notre économie en atouts de demain et de démontrer que les avantages comparatifs ne sont pas éternels. Car ce qui
nous est aujourd’hui défavorable peut demain devenir un atout, une force pour nous. On sait, en effet, que la loi des avantages comparatifs, formalisée en 1817 par David Ricardo, dans son traite «Des principes de l’économie politique et des impôts», repose sur le principe selon lequel «chaque pays, s’il se spécialise dans un contexte de libre-échange, dans la production pour laquelle il dispose d’une productivité la plus forte ou la moins faible, il accroitra sa richesse nationale ». Aujourd’hui, de nombreux autres économistes, comme Michael Porter, Directeur de l’Institut pour la Stratégie et la Compétitivité de la Havard Business School, optent de plus en plus pour la théorie des avantages compétitifs qui part du principe que «la prospérité nationale ne s’hérite pas, elle se crée». Cette théorie considère ainsi que les avantages comparatifs, tels la présence d’un minerai, d’une ressource naturelle, qui ont un caractère absolu et qui ne dépendent pas des Institutions ou des politiques locales, ne constituent des avantages que s’il existe une demande. En conséquence, ils ne sont pas pérennes car ils s’épuisent. C’est pourquoi, pour Michael Porter et tous les économistes de son obédience, la compétitivité d’un pays repose plutôt sur une stratégie de création et de maintien de l’avantage compétitif, défini comme la capacité du pays à stimuler les entreprises, à se servir de ses atouts, tels ses ressources (humaines, naturelles et des infrastructures), son environnement commercial, son marché local, son industrie, et sa capacité d’innovation afin de faire face à la compétition internationale et régionale. En ce qui concerne notre Pays, qui en est encore, dans son développement économique, au stade de l’exploitation des ressources naturelles et de l’investissement, le plus important est de développer son avantage compétitif par des stratégies qui attirent des investissements en capital, qui consacrent le produit de la croissance à des secteurs déterminants pour la compétitivité nationale comme la sante, l’éducation, les infrastructures, qui assainissent l’environnement des affaires et qui augmentent au plan national la valeur ajoutée de la chaine de valeur. C’est dans cette logique qu’il faut situer les
efforts déployés par le Gouvernement pour poursuivre l’exécution de son programme de construction et de modernisation des infrastructures de base, essentiellement des voies de communication (routes, rail, voies navigables) en vue de faciliter les échanges tant à l’intérieur du Pays qu’au sein du COMESA, pour diversifier l’économie et améliorer le climat des affaires. Concernant particulièrement l’amélioration du climat des affaires, elle passe, notamment, comme avait insisté l’Honorable MWANZA, par la suppression de toutes les taxes illicites, l’harmonisation entre celles perçues par le Pouvoir Central et celles levées par les Provinces, par l’application sans faille des mesures limitant le nombre des services intervenant dans les circuits des échanges, à l’intérieur du Pays comme avec l’extérieur, par la suppression des tracasseries administratives et par le renforcement de la sécurité juridique et judiciaire des investissements, nationaux comme étrangers. S’agissant de l’harmonisation dans la perception des taxes, je peux vous annoncer que le Ministère des Finances s’apprête à présenter deux projets de Loi modifiant et complétant les ordonnances-Loi portant nomenclature des taxes à percevoir à l’initiative du Pouvoir Central et des Provinces, ces deux ordonnances ayant instauré de double perception de mêmes taxes. Par ailleurs, l’application de la Loi sur la sauvegarde des industries en péril et le paiement de la dette intérieure s’avèrent, comme d’autres intervenants l’avaient souligné, tout aussi importants dans le soutien à nos unités de production afin de leur donner les moyens de s’armer face à la mondialisation, en général, et à l’ouverture dans le cadre de la Zone de Libre échange du COMESA, en particulier. Concernant le paiement de la dette intérieure, je peux rassurer les Honorables Députés Nationaux, que le Gouvernement en fait une de ses préoccupations majeures et qu’il s’emploie à y réserver un traitement adéquat. Il reste cependant vrai, Honorables Députés Nationaux, que cet assainissement de l’environnement économique interne, tout indispensable qu’il est, reste un processus continu et permanent qui doit prendre, aussi, en compte la dimension de l’internationalisation
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et de la régionalisation de l’économie. C’est pourquoi, en même temps que nous intensifions les efforts à l’intérieur de notre Pays en vue de créer les conditions favorables au développement de l’activité économique, il est important que nos unités de production s’insèrent dans ce système d’échanges concurrentiels et adaptent leurs modes de gestion pour faire face à la concurrence extérieure, devenue, aujourd’hui plus que jamais, inévitable. Il y va de leur compétitivité qui ne peut se décréter, mais qui doit résulter des adaptations aux exigences des marchés et de nouvelles technologies. Le Gouvernement, qui est décidé à les y accompagner, estime justement que l’adhésion du pays aux grands ensembles économiques, comme c’est le cas à la Zone de Libre échange du COMESA, constitue un moyen par excellence d’inciter et de stimuler nos industries, ou ce qu’il en reste, à s’engager dans une dynamique de mise à niveau en vue de répondre aux normes qu’impose la concurrence. L’ouverture aux marchés sous-régionaux et régionaux doit devenir un facteur d’émulation et de recherche d’innovation pour nos industries qui doivent cesser de se contenter des positions acquises, des monopoles de fait ou des prix cartellisés, souvent à l’origine des prix élevés à la consommation. Honorable Président de l’Assemblée Nationale, Honorables Membres du Bureau de l’Assemblée Nationale, Honorables Députés Nationaux, Avant de répondre aux questions spécifiques posées par les Honorables Représentants du peuple, j’aimerais insister encore sur l’impact, somme toute négligeable, tant du point de vue de la concurrence des produits originaires des autres pays du COMESA sur nos produits de fabrication locale que du point de vue des pertes éventuelles des recettes. En effet, s’agissant de la concurrence des produits importes originaires de l’espace COMESA, j’ai eu l’occasion de vous annoncer que 577 produits sélectionnés par notre Pays ne seront pas concernés par le démantèlement tarifaire et donc continueront à subir des droits de douane au taux en vigueur, protégeant du coup la production locale. Comme vous l’aviez demandé, je viens de
remettre au Bureau de l’Assemblée Nationale ladite liste, établie, pour rappel, sur base de cinq critères que voici: y 1. L’incidence sur les recettes douanières; y 2. La protection de la sante de la population; y 3. Le caractère nocif des produits pour la sante des consommateurs; y 4. La protection du marche national contre les importations des produits susceptibles de désorganiser la production nationale des produits sur lesquels notre Pays a un avantage comparatif, ou dont l’industrie est naissante; y 5. Le caractère stratégique du point de vue sécuritaire. Tenant compte du nombre des produits ainsi soustraits au démantèlement tarifaire et étant donné la faiblesse des échanges des autres produits, à taux des droits de douane réduits à zéro, que notre Pays a avec les autres états membres, la perte des recettes demeure, comme je l’avais dit, marginale. Quant à l’estimation de la perte de 1,8% issue de l’étude du COMESA, calculée sur le montant prévu au Budget 2015 des droits de douane de 765 milliards 275 millions 996 mille 771 francs congolais, elle se chiffrerait, à la mise en oeuvre de la première tranche du démantèlement de 40%, à 5 milliards 509 millions 987 mille 176 Francs congolais, soit 0,72% du total des recettes douanières prévues au Budget 2015. étant donné que, jusque fin mars 2015, la loi ne sera certainement pas encore promulguée, la perte éventuelle pour l’exercice budgétaire en cours sera davantage moindre. Cette perte pourra même être totalement absorbée par l’augmentation attendue des recettes douanières, dès ratification des Accords d’Assistance Mutuelle Administrative déjà signés par notre pays et dont certains textes ont été déposés à votre Auguste Assemblée. Parmi ces accords, il y a particulièrement l’accord signé avec la Tanzanie dans le cadre d’un territoire douanier unique, qui permettra à notre Pays de centraliser les marchandises débarquées, et même achetées en Tanzanie, à Dar es Salaam, tout en les déclarant en RD Congo, la finalité étant la maîtrise du circuit des importations et la maximisation des recettes douanières. Ceci dit, après avoir rencontré les préoccupations d’ordre général exprimées par
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Droits et taxes à l’import, projet de loi adopté
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différents intervenants le vendredi dernier, permettez-moi de répondre rapidement aux questions spécifiques posées par certains élus du peuple. L’Honorable KANKU, qui avait ouvert le débat, avait d’abord exprimé sa crainte de voir notre Pays devenir un simple marché de consommation, un déversoir, des produits originaires des autres Etats membres du COMESA. Nous pouvons, à ce sujet, rassurer les Représentant du peuple, que la RD Congo reçoit très peu de produits en provenance du COMESA, nos principaux fournisseurs étant les pays d’Europe occidentale, la Chine et l’Inde. En tout état de cause, la production intérieure de la plupart des pays du COMESA, tels le Burundi, le Rwanda, le Djibouti, le Malawi, le Zimbabwe, le Swaziland, l’érythrée, pour ne citer que ceux-la, n’étant pas importante, il n’y a vraiment pas de crainte à une invasion de notre marché par les produits en provenance de ces pays. Par ailleurs, la RD Congo n’est pas qu’importatrice, elle exporte aussi vers les pays du COMESA et, comme preuve, je venais de remettre au Bureau de l’Assemblée Nationale une 2ème liste de 81 produits, cette fois-ci, exportés par notre Pays vers les autres Etats du COMESA. Quant à la question sur les produits contrefaits, dont l’origine est principalement sud asiatique, le code et le tarif douaniers interdisent leur importation en RD Congo et toute violation de cette disposition est sévèrement réprimée par la législation en vigueur. Enfin sur la préoccupation relative à la possibilité pour les Congolais d’aller faire des affaires dans les autres Pays du COMESA, il y a lieu de noter que l’une des exigences d’un Marché Commun est l’ouverture, sur base du principe de réciprocité, des marchés nationaux aux ressortissants des Etats membres. Si donc un pays membre s’avise à refuser aux Congolais d’investir ou d’ouvrir un commerce sur son sol, notre Pays réservera le même traitement aux ressortissants de ce pays. Cela ne devrait pas empêcher nos hommes d’affaires de prendre des risques et de conquérir de nouveaux marchés. L’Honorable Thomas LOKONDO, a voulu que soit levée l’ambigüité sur la signature du Traité du COMESA et l’adhésion à la Zone de Libre Echange.
La réponse est que notre Pays a signé et ratifié le Traité instituant le Marché Commun de l’Afrique Orientale et Australe, COMESA en sigle, respectivement en 1993 et 1994. Quant à la Zone de Libre échange, elle constitue une des étapes de la réalisation de ce Marché Commun, dont la mise en œuvre passait par la suppression progressive, de 1994 à 2000, par tous les Etats membres, de leurs barrières douanières. 15 états sur les 19 qui composent le COMESA ont rempli cette conditionnalité, tandis que les 4 autres restants, dont la RD Congo, devaient modifier leur tarif douanier aux fins de concrétiser leur adhésion à la Zone de Libre échange. II n’est donc plus indispensable, pour les pays membres, de voter des lois particulières d’adhésion à la Zone et en ce qui concerne notre Pays, le vote du projet sous examen suffira à rendre effective l’appartenance de la RD Congo à la Zone de Libre Echange du COMESA. à sa deuxième question sur l’appellation «produits» ou «marchandises» dans le projet de Loi, il y a lieu de retenir que le terme technique consacré par la Convention Internationale sur la désignation et la Codification des importations et qui est repris dans le tarif douanier est «marchandise». Mais dans le langage courant, il est utilisé indistinctement les mots produit ou marchandise. L’Honorable Paul MUHINDO est revenu sur la non signature par le Ministre des Finances de l’Arrêté Ministériel prévu dans la Loi Agricole. Ce retard, auquel je lui ai déjà donné une explication en réponse à sa question écrite sur le sujet, sera comblé dès que seront conclus les travaux de concertation en cours, entre les services intervenant à l’exportation des produits agricoles, travaux qui se déroulent sous la direction des Ministères de l’économie Nationale et du Commerce. Il a également demandé ce que notre Pays, en adhérant à cette Zone de Libre échange, allait pouvoir offrir aux autres états membres. Nous pouvons rassurer l’auguste Assemblée que s’il est vrai que notre Pays ne produit peut être pas assez, comme nous l’aurions, tous ici, voulu, il n’est pas moins évident que la RDCongo produit et exporte, même vers les autres états du COMESA. à cet effet, J’ai remis, pour l’information des Honorables Repré-
sentants du peuple, au Bureau, une liste de 81 produits exportés par notre pays vers l’espace COMESA. L’Honorable BOTAKILE a voulu savoir à combien se chiffrerait en monnaie nationale la perte estimée des recettes douanières consécutive à l’adhésion du pays à la Zone de Libre Echange, suggérant au passage que l’entrée en vigueur de la Loi soit postposée pour éviter d’impacter le budget déjà voté. En réponse, comme je l’ai indiqué plus haut, l’estimation en francs congolais de la perte, selon l’étude du COMESA, serait, si la Loi avait été promulguée au 1er janvier 2015, de 5 milliards 509 millions 987 mille 176 pour les 40% de réduction du taux pour la première année, soit 0,72% des recettes douanières prévues au Budget 2015. Quant à sa question sur le report de la date d’entrée en vigueur de la Loi au début de l’exercice prochain, je dis que la perte éventuelle que l’on aurait pu craindre étant, comme démontré ci-haut, minime, il n’y a pas de raison de retarder encore l’adhésion à la Zone de Libre Echange, dont cette Loi est la condition préalable. Il serait paradoxal pour notre Pays qu’après plusieurs moratoires sollicités et obtenus, il ne puisse pas respecter un des engagements pris par notre Chef de l’Etat, par ailleurs Président en exercice de cette Organisation, lors du 17e Sommet des Chefs d’états et des Gouvernements du COMEA, tenu en février 2014, ici a Kinshasa. L’Honorable SIMENE nous a questionné sur l’opportunité d’un démantèlement progressif, au lieu de passer directement au taux zéro, quitte au Gouvernement de présenter un collectif budgétaire pour impacter les pertes éventuelles des recettes des droits de douane. à cette question, la réponse vient du COMESA qui, dès la ratification en 1994 du Traite l’instituant, avait recommandé aux Etats membres un démantèlement progressif, de 1994 jusqu’en l’an 2000, soit sur une période de six ans. Notre Pays n’ayant pas pu, pour les raisons que j’avais évoquées dans mon exposé le vendredi dernier, rempli cette conditionnalité en son temps, le COMESA nous a accordé trois ans, soit la moitie du temps imparti aux autres Etats membres, pour supprimer le taux des droits de douane. L’Honorable PICO est revenu sur ce que notre Pays offre dans ce marché du COMESA. La
réponse est dans la liste des produits exportés par notre Pays que je venais de mettre à la disposition des Honorables Députés Nationaux. Sa deuxième question a porté sur les mécanismes mis en place pour identifier les produits importés, d’Asie par exemple, qui entreraient chez nous sous le label COMESA. Cette question évoque le risque de détournement de trafic et donc de fraude sur l’origine des marchandises. La première solution a ce problème se trouve dans le mécanisme même de la Zone de Libre échange qui préconise une coopération poussée entre les administrations douanières des Etats membres, une harmonisation des procédures de dédouanement et même la création des bureaux de douane à contrôles juxtaposes avec les états limitrophes. Notre Pays a par ailleurs signé un certain nombre d’accords d’Assistance Mutuelle pour l’échange d’informations et la lutte contre la fraude, dont il faudra tout simplement renforcer l’application. L’Honorable KIRO est lui aussi revenu sur les mesures d’accompagnement prévues permettant de savoir si des produits estampillés COMESA sont réellement d’origine COMESA. Je viens d’y répondre assez largement. L’Honorable MOTA a, dans sa démonstration pertinente de ce qu’un pays ne peut prétendre à l’émergence en vivant des importations, épingle deux produits, le ciment et le tabac, dont la production serait menacée par l’adhésion da la RD Congo à la Zone de Libre échange. Le Gouvernement partage le point de vue ainsi développé, raison pour laquelle il encourage et protège la production nationale, notamment dans le cas d’espèce, en ayant repris les deux produits cités sur la liste des produits sensibles et donc, exclus du démantèlement tarifaire. L’Honorable MUHINDO NZANGI a demandé que soit présentée la liste des produits de fabrication locale qui ne devraient pas être importés sous le régime du taux zéro. Cette question trouve sa réponse dans la liste, remise au Bureau de l’Assemblée Nationale, reprenant des produits que notre Pays a sélectionnés comme sensibles et qui devront continuer à subir des droits de douane aux taux actuellement en vigueur. L’Honorable KUMASSAMBA a voulu savoir comment fonctionne le
mécanisme du Fonds de compensation du COMESA. En réponse, le principe de base est que tout Etat membre, qui subit une perte des recettes budgétaires du fait de l’adhésion à la Zone de Libre échange, déclare la perte à la fin de l’exercice budgétaire auprès du Secrétariat Général du COMESA et introduit une réquête pour obtenir compensation. Le Secrétariat Général diligente une enquête pour vérification et, si la perte est établie, le Pays concerné bénéficie d’un montant correspondant à la perte. Sa deuxième question relative à la liste des produits sensibles a déjà trouvé réponse. L’Honorable Jean Lucien BUSA a posé une série de 7 questions, toutes soulignant les dysfonctionnements de notre économie qui n’inciteraient pas à l’adhésion, pour le moment, de notre Pays à la Zone de Libre échange. à sa première interrogation sur la possibilité pour notre Pays de gagner dans un système d’échanges avec des pays classés aujourd’hui à revenus intermédiaires, sous entendu, d’un niveau de développement supérieur au notre, je voudrais rassurer la Représentation Nationale, d’une part, que 70% des pays membres du COMESA sont classés comme Pays Moins Avancés et, d’autre part, que, dans la réalité, notre Pays reçoit très peu de produits originaires des pays du COMESA. Deux voies principales sont concernées par les produits en provenance de l’espace COMESA, à savoir au sud, par Kasumbalesa, et à l’Est. Par la voie du Sud, on reçoit quelques produits agricoles venant de la ZAMBIE et qui ne sont pas concernés par le tarif préférentiel de taux zéro ; tandis que les produits finis et manufacturés qui y entrent viennent de l’Afrique du Sud et ne sont pas admis au taux des produits originaires du COMESA. Par la voie de l’Est, il entre essentiellement des produits agricoles qui ne sont pas concernés par ce taux zéro. En définitive, il y a plus de peur que de mal et la réalité, comme je l’avais déjà souligné, est que nombre des pays du COMESA n’ont pas une production intérieure importante qui puisse déverser d’énormes quantités de leurs produits sur notre marché et menacer notre production. Sur l’extraversion de notre économie, je suis d’accord sur la nécessité pour notre Pays de diversifier son économie afin de la rendre
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moins dépendante du secteur primaire d’exportation. C’est, ce à quoi le Gouvernement s’attèle, en cherchant à développer l’agro industrie, les services, la chaine de valeur, à travers une transformation structurelle de l’économie nationale. Mais, nous savons tous qu’il faudra un certain temps pour y arriver. En attendant, notre Pays offre quand même au monde et au COMESA ses produits, en témoigne la liste des produits exportés vers le COMESA que je venais de remettre. La troisième préoccupation de l’Honorable Busa a porté sur le contrôle de notre économie, à 90% selon ses chiffres, par les étrangers. Cela est une réalité qui interpelle tout responsable politique et c’est la raison pour laquelle, bientôt, je reviendrai dans cet hémicycle soumettre à votre délibération, au nom du Gouvernement, le projet de Loi sur l’entreprenariat national, déjà sous examen au Sénat. Mais ici aussi, il convient de rappeler que ce qui compte le plus pour le développement d’un pays et la croissance de son économie, calculée sur base du critère de résidence, ce n’est pas tant l’origine des capitaux ou la nationalité des actionnaires d’une entreprise, mais plutôt ce que financent ces capitaux ou les secteurs dans lesquels ils sont investis. Sur ce point, nous sommes d’accord pour dire que le Gouvernement doit continuer à soutenir davantage les investissements productifs. Des lors, si des étrangers investissent dans l’industrie ou l’agro industrie et que leurs productions peuvent trouver preneurs dans ce grand marché du COMESA, l’état gagnera en termes de fiscalité intérieure et des rapatriements des devises, sans oublier la création des emplois durables pour la population et donc la redistribution des revenus. En même temps, les actionnaires, propriétaires des capitaux, se retrouveront à travers les dividendes. Il a également été souligné que notre économie est une économie de rattrapage et n’aurait rien à gagner en adhérant à la Zone de Libre Echange tant qu’elle n’aura pas rattrapé ces retards dans tous les domaines. Ici, aussi, vous serez d’accord avec moi pour reconnaître qu’il n’existe, en réalité, aucune économie au monde qui n’ait un retard, dans un quelconque secteur, à rattraper. Mais, le meilleur moyen de combler ces retards n’est-il pas de nous
ouvrir à d’autres économies, particulièrement à celles d’un niveau presque similaire à la notre, et de nous servir de leurs expériences, de profiter de leur concurrence pour amener nos opérateurs économiques, nos industriels, à s’habituer à un environnement concurrentiel. Les questions sur les contraintes relatives, tant aux voies de communication et difficultés de transport qu’au déficit d’énergie électrique, ont aussi retenu mon attention. Mais, une fois de plus, je suis d’avis que la pression de la concurrence provenant de l’ouverture à la Zone de Libre échange et la volonté de sauvegarder notre tissu industriel ne pourront que conforter le Gouvernement dans ses efforts de construction et de modernisation des infrastructures, qui constituent, depuis plus de dix ans, un des axes prioritaires de son programme d’actions. S’agissant du problème des prix intérieurs qui restent, c’est vrai, élevés pour certains produits, par rapport aux revenus de la majeure partie de la population, les Honorables Députés Nationaux seront d’accord avec nous que la concurrence des autres produits importés constitue un des moyens pour les faire baisser, en cassant le système des prix cartellisés, et surtout en incitant les producteurs locaux à mieux rationaliser leurs coûts de production. Enfin, que dire de l’impact de l’adhésion à la Zone de Libre Echange sur la balance commerciale de notre Pays, sinon qu’il sera faible, si pas nul, étant donné, comme je l’ai rappelé plus haut, la faiblesse des échanges commerciaux que la RD Congo entretient avec les Pays du COMESA. Le dernier intervenant, l’Honorable ALONGA, est revenu sur les difficultés de l’intégration économique et commerciale nationale et s’est demande comment concilier cette intégration nationale à l’intégration régionale. Ma réponse à ce sujet est qu’il n’y pas d’incompatibilité entre les deux intégrations dont la réalisation dépend notamment des investissements dans le domaine des infrastructures des voies de communication, même si l’intégration régionale suppose, en plus, une harmonisation des politiques économiques et commerciales des états. Le projet de Loi sous examen est un des volets de cette mise à niveau des réglementations douanières, préalable à l’intégration régionale.
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L
es théories économiques ne tiennent pas assez compte de la réalité, soutiennent Joseph Stiglitz, Thomas Piketty ou George Soros. Réunis à Paris pour la fondation INET, ils proposent de repenser les modèles. Plus d’une centaine d’économistes internationaux, essentiellement anglo-saxons, participaient à Paris à la sixième conférence annuelle de l’Institute for New Economie Thinking (INET). Inégalités, crises grecque et européenne, austérité et déflation, changement climatique, rôle des banques centrales, régulation financière, restructuration des dettes publiques, innovation: les thèmes abordés lors de cette conférence, clôturée le 11 avril au siège de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), sont d’actualité. Les noms de deux des invités, Thomas Piketty et Yanis Varoufakis, sont connus du grand public, mais ce n’est pas le cas des fondateurs et animateurs de l’INET - à part Joseph Stiglitz, Prix Nobel d’économie (2001). Leur ambition est pourtant de «former la prochaine génération des leaders économiques mondiaux, de créer une nouvelle pensée économique, et d’inciter la profession des économistes à relever les défis du XXIe siècle». Avec un tel programme, l’INET pourrait dissimuler une association militante d’économistes dissidents à la recherche d’un peu de visibilité. Ce n’est pas le cas. Le conseil scientifique de l’INET compte, outre Joseph Stiglitz, cinq lauréats du prix Nobel d’économie: James Mirrlees (1996), Amartya Sen (1998), James Heckman (2000), George Akerlof et Michael Spence (2001). Créé en 2010, l’INET a tenu sa première conférence annuelle au King’s College, à Cambridge, où a étudié et enseigné John Maynard Keynes (1883-1946). Il finance, à hauteur de 4 millions de dollars par an, des bourses de recherches pour des étudiants du monde entier. Il a monté des programmes d’études avec les uni-
«Notre but est de promouvoir la critique et le débat, comme dans les autres disciplines scientifiques», explique le président de l’INET, Robert Johnson, à la Conférence de Paris qui a réuni des sommités de l’économie.
versités de Cambridge, Oxford, Harvard, Berkeley, Tsinghua (Pékin), Bangalore (Inde), Moscou, Saint-Pétersbourg, Toronto, Copenhague, Hongkong... L’INET n’est pourtant pas une université: c’est une fondation, dotée à l’origine de 50 millions de dollars par le financier George Soros, rejoint ensuite par Jim Balsillie, l’ancien patron de Blackberry, et William Janeway, du fonds d’investissement Warburg Pincus. A priori, de tels auspices ne semblent pas propices au développement d’une pensée contestataire. L’actuel président de l’INET, Robert Johnson, situe d’ailleurs l’institut dans une tout autre logique. «Nous ne sommes ni de droite ni de gauche, ni friedmaniens ni keynésiens. Notre but est simplement de promouvoir la critique et le débat, comme dans les autres disciplines scientifiques. Nous partons des théories économiques existantes, nous les confrontons à l’épreuve de la réalité du terrain, et nous repérons ainsi les erreurs commises au nom de la théorie». Et si l’on en croit l’INET, elles sont légion. «à partir des années 1980, poursuit Robert Johnson, la modélisation mathématique a commencé à régner en maître dans les départements d’économie des universités américaines. Elle nie le fait que l’existence et le rôle des humains, de leur volonté, de leurs interactions, de leur sens du bien et du mal puissent jouer un rôle dans l’explication des phénomènes économiques: tout se réduit à
des équations. L’enseignement de l’économie est celui de ces modèles, et non de l’observation des faits sur le terrain». Dans ces années 1980, une poignée d’économistes, dont Willem Buiter, de la London School of Economies, David Hendry, d’Oxford, et Anatole Kaletsky, éditorialiste au Financial Times, contestent cette mathématisation à outrance. En 1988, le financier George Soros livre, dans L’Alchimie de la finance (Valor, 1998, pour la tra¬duction française), une vision très critique de sa propre profession. «Lors de la crise financière de 2008, poursuit Robert Johnson, nous avons compris que les paradigmes mêmes de la théorie économique avaient échoué: les économistes étaient responsables de mauvaises décisions parce que leurs théories ne rendaient pas compte de la réalité». malade de ses modèles. à la suite des intenses discussions qui, au printemps et à l’été 2009, suivent la chute de la banque Lehman Brothers, les «pointures» de la science économique américaine se réunissent en septembre 2009 à Bradford, près de New York. «Il y avait Joseph Stiglitz, George Akerlof, James Mirrlees, Jeffrey Sachs... et George Soros, raconte Ro¬bert Johnson. A la fin de la réunion, George Soros nous a dit: «Cette profession doit chan¬ger complètement». Au mois d’avril 2010, l’INET était créé».
Dès la conférence fondatrice de l’INET, en 2010, les trois principaux piliers de la théorie économique dominante sont impitoyablement soumis à la critique des orateurs. Premier dogme: les marchés peuvent s’autoréguler parce que le comportement des acteurs économiques est rationnel -il vise à maximiser leurs intérêts. Ce sont les «anticipations rationnelles». Second dogme: puisque les marchés sont efficients, les politiques économiques doivent les laisser parvenir à leur équilibre naturel optimal, exprimé par le niveau relatif des prix et du chômage - c’est ce qu’on appelle la courbe de Phillips, du nom de son créateur, l’économiste Alban William Phillips (1914197S). Troisième dogme, la meilleure allocation des ressources étant spontanément réalisée par les équilibres de marché, leur libre fonctionnement permet d’accroître la richesse de tous et de chacun. Selon la théorie des anticipations rationnelles, développée par Robert Lucas (Prix Nobel 1995), et celle de l’efficience des marchés, développée par Eugene Fama dans les années 1960, l’interaction des comportements des agents mus par leurs intérêts aboutit à un équilibre optimal, exprimé par le prix d’échange sur les marchés. Une fois modélisés, ces comportements deviennent prédictibles, ce qui permet aux économistes de calculer et de recalculer l’«optimisation» des modèles dans les
revues scientifiques, et à l’industrie financière de construire des produits toujours plus complexes en calculant au centime près le risque inhérent au comportement des acteurs. Dans les années 1980, les crises financières montrent pourtant que, dans la réalité, les comportements des acteurs économiques peuvent être irrationnels - voire, parfois, aller contre leurs intérêts. Les théoriciens ne se laissent pas démonter pour autant: ces entorses à la théorie ouvrent la voie à l’économie «comportementale» promue par Gary Becker (1930-2014, Prix Nobel 1992), Daniel Kahneman (Prix Nobel 2002) et George Akerlof (Prix Nobel 2001), ou encore aux concepts de «marché imparfait» et d’«asymétrie d’information» théorisés par Joseph Stiglitz, lauréat du prix Nobel en 2001. Elle guide aussi les politiques publiques de régulation, y compris aujourd’hui: pour que les marchés reviennent à l’équilibre «naturel» prévu par la théorie, il faut instaurer un maximum de transparence afin que les acteurs puissent agir rationnellement et conformément à leurs intérêts. Le fait que les crises financières des années 1980 aient été surmontées semble alors valider la théorie économique dominante: beaucoup d’économistes en concluent que la responsabilité de ces crises n’était pas imputable à la théorie ellemême, mais aux écarts par rapport à la pureté du modèle. Depuis 2008, l’ampleur de l’«écart» est cepen-
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dant tel que les modèles se sont peu à peu écroulés. Roman Frydman et Michael Goldberg, auteurs de Marchés: la fin des modèles standard (Le Pommier, 2013), considèrent ainsi que le processus de fixation des prix sur le marché est par essence irrationnel et que le comportement des acteurs est intrinsèquement contingent: c’est d’ailleurs cette double incertitude qui, selon eux, ouvre la voie au profit, c’est-à-dire au gain des uns au détriment des autres. «Nous le savons désormais, conclut Robert Johnson, les marchés sont radicalement incertains. Tout modèle tendant à prédire ou rechercher un équilibre stable est voué à l’échec». Le second pilier du dogme, le «laisser-faire» érigé en politique, s’est lui aussi effondré. Depuis les années 1980, les politiques macroéconomiques visent à parvenir à l’équilibre «naturel» de la courbe de Phillips, que l’on peut résumer ainsi: lorsque le taux de chômage diminue, les salaires montent en vertu de la loi de l’offre et la demande; du coup, les entreprises augmentent les prix pour rétablir leurs marges. Inversement, les prix baissent quand le chômage augmente. La politique économique doit donc viser à ce que le niveau «naturel» des prix et le niveau «naturel» de chômage soient respectés. L’inflation, c’est-à-dire la hausse des prix au-delà de leur optimum de marché, est l’ennemi principal. Les dépenses publiques étant le premier facteur de distorsion des prix,
il convient de les réduire, y compris celles qui, en créant des emplois, font passer le chômage sous son «taux naturel». De même, toute hausse du chômage audelà de son «taux naturel» apparaît comme le signe d’un manque de flexibilité du marché de l’emploi et d’une trop forte protection des chômeurs, qui empêchent les entreprises d’obtenir la maind’œuvre nécessaire à un coût compatible avec les prix d’équilibre. L’ennui, comme l’a démontré Anatole Kaletsky en 2010 lors de la conférence inaugurale de l’INET, c’est que, depuis le début des années 1990, la courbe de Phillips ne fonctionne plus: chômage et prix évoluent de façon indépendante, car d’autres facteurs que l’offre et la demande sur le marché de l’emploi expliquent la formation des prix, à la hausse comme à la baisse - la mondialisation des chaînes de valeur, la financiarisation de l’économie ou la capacité des firmes multinationales géantes à bouleverser l’économie d’un territoire en bougeant à leur guise des masses considérables de valeurs ou de technologies. Selon Joseph Stiglitz, l’objectif du «prix d’équilibre naturel» est donc devenu un dogme obsolète et dangereux car il génère austérité et chômage. Robert Johnson en conclut que «les règles de la gouvernance économiques doivent être totalement revues». L’INET prône ainsi une «refondation de l’économie politique»: seul le rapprochement de l’économie et de la politique, que la théorie a tant voulu séparer, peut aujourd’hui, selon l’INET, permettre de construire des solutions face aux défis de l’époque, en particulier le réchauffement climatique. «il nous faut trouver les leviers d’action qui permettront de coopérer autour des biens communs (common goods) que sont le climat, la biodiversité, les ressources naturelles», affirmait ainsi, lors de la conférence de Berlin, en 2012, Andrew Sheng, membre des plus hautes instances financières chinoises et du conseil de l’INET. Le troisième pilier du (suite en page 15).
Le développement n’est pas la croissance mon porte-monnaie |
é
conomiste et politologue, Alioune Sail dirige l’Institut des Futurs Africains, un groupe de réflexion basé à Pretoria. Il appelle de ses vœux à de nouvelles réformes structurelles en Afrique, afin que le continent profite mieux de ses ressources. Vous avez élaboré des scénarios exploratoires pour représenter les économies africaines d’ici à 2035. Quel est le résultat de vos projections? L’avenir reste ouvert, l’Afrique est capable du meilleur comme du pire. À cet égard, nous avons travaillé sur divers scénarios. Le plus probable, en fin de compte, c’est que pour certains pays, l’émergence est envisageable. Mais, pour la plupart des pays, je crains fort que nous ne puissions
pas aller au-delà d’une émergence très réduite, au fil de l’eau, avec encore une très forte dépendance aux matières premières, mais tirant un meilleur parti de leurs cours.
Pour quelles raisons? Elles sont trois. D’abord, il y a la nature de l’État africain. Il ne s’est pas encore totalement départi de ses tares congénitales: c’est un État autoritaire, faible à bien des égards, mais trop fort sur certains dossiers. La deuxième raison, c’est que nous n’avons pas encore assez investi dans les ressources humaines. Or, le capital humain est ce qu’il y a de plus précieux, lorsqu’on parle d’émergence. J’entends aussi par là le capital social, et nous accusons à ce sujet un certain retard. La troisième raison, c’est que les transformations structurelles dont nous avons besoin et qui définissent le
développement ne sont pas encore au rendezvous: malgré 20 années d’ajustements structurels, l’Afrique n’a pas encore réussi à changer les structures économiques. Nombre de pays sont encore trop dépendants d’un seul produit, trop dépendants du binôme endettement-dette publique pour financer leur développement, parce que l’épargne locale est insuffisante. De ce fait, les rapports entre les secteurs primaire, secondaire et tertiaire sont restés inchangés dans la plupart des pays africains. Quelles sont alors les politiques publiques les plus urgentes à décider? Il nous faut d’abord des politiques fiscales et des politiques monétaires plus osées, surtout pour les pays ayant en commun le franc CFA. Il faut oser rompre le cordon ombilical qui nous lie à la France et à
Sur le métier, ils remettent l’ouvrage
(suite de la page 14).
dogme, l’allocation optimale des ressources par le marché, qui doit permettre d’accroître la richesse de tous, est défendu, aujourd’hui encore, par les institutions du «consensus de Washington» - le Fonds monétaire international, la Banque mondiale et l’Organisation mondiale du commerce. Pour elles, le dynamisme des économies émergentes d’Asie de l’Est et du Sud valide la théorie de l’efficience des marchés. A partir des années 1980, et de façon accélérée dans les années 1990, la part des habitants vivant au-dessous du seuil de pauvreté dans le monde a en effet commencé à diminuer. Des millions de personnes en Asie, en Inde, en Chine et en Amérique latine ont accédé à un niveau de vie proche de celui des Occidentaux. Cette théorie a pourtant été balayée par l’observation empirique. L’économiste français Thomas Piketty a ainsi montré que, depuis trente ans, les inégalités allaient croissant au sein des pays développés. Branko Milanovic, ancien économiste de
la Banque mondiale et membre du conseil de l’INET, a fait lui aussi d’intéressants calculs: sur les trente dernières années, l’écart de richesse, calculé en PIB moyen par habitant, entre les pays pauvres et les pays riches se réduit; mais il n’en va pas de même si l’on répartit l’ensemble de la population mondiale sur l’échelle des revenus - les revenus des 1 % des Terriens les plus riches sont équivalents à ceux des 61 % les plus pauvres, et cet écart ne cesse d’augmenter. Dirk Bezemer, un économiste de l’université de Groningue, aux Pays-Bas, s’est, lui aussi, attaqué au troisième pilier du dogme en se demandant, lors de la conférence de l’INET de 2012, à Berlin, si l’allocation des ressources était réellement «optimale», comme l’affirme la théorie, dans un monde dominé par la financiarisation de l’économie mondiale. Au cours des trente dernières années, a-t-il calculé, le volume des crédits affectés au secteur productif représentait environ 100% du PIB mondial. Mais celui des crédits affec-
tés au secteur de la finance et du patrimoine a explosé à partir des années 1980: il a atteint 200 % du PIB mondial à partir de la fin des années 1990, puis 400 % en 2007... Bien avant Thomas Piketty, l’économiste américain James K. Galbraith déclarait en 2010, lors de la conférence inaugurale de l’INET: «Les inégalités ne sont pas les conséquences microéconomiques des déséquilibres de marché: elles en sont la cause macroéconomique». Voilà pourquoi, affirment aujourd’hui les économistes de l’INET, la question de la fiscalité redistributive et des transferts sociaux doit revenir au centre des politiques économiques publiques. Reste à convaincre... les économistes eux-mêmes. Le financier George Soros ne se fait guère d’illusions à ce sujet: «Les fondamentalistes du marché seront les derniers à bouger, comme l’ont été les universitaires marxistes en Union soviétique, qui ont défendu leurs positions jusqu’à la date de leur mort, alors que leur monde s’était écroulé».
ANTOINE REVERCHON n
l’Europe! Nous devons acquérir la souveraineté monétaire dont nous sommes privés aujourd’hui. Cela passe par une dévaluation qui ne nous serait pas imposée, mais qui serait gérée par nous, les Africains, et qui nous permettrait de faire de la monnaie un instrument de souveraineté. Il nous faut aussi des politiques d’investissements publics plus importantes. Vous plaidez pour une forme d’alternative africaine au libéralisme? Je ne suis pas sûr que le libéralisme soit la solution! Pas si cela veut dire laisser le marché décider de tout. L’Asie et l’Amérique latine ne se sont développées qu’en étant hétérodoxes, c’est-à-dire en ayant des gouvernements orientés vers le développement et qui intervenaient, en envoyant des signaux aux marchés. Je pense que l’Afrique ne pourra se développer qu’avec des États forts. Légitimes et forts. Vous dites que seuls quelques pays connaîtront une véritable
émergence dans les 20 prochaines années. Lesquels? Un pays comme l’Afrique du Sud est susceptible d’émerger. Ce n’est pas un hasard s’il fait déjà, aujourd’hui, partie des BRICS. Maurice est en train d’émerger, de même que le Cap Vert au cadre macroéconomique favorable. Il en va de même pour le Botswana, même si sa dépendance au diamant représente un risque. Il demeure quatre ou cinq pays, en Afrique subsaharienne - et peutêtre deux ou trois en Afrique du Nord - susceptibles d’émerger. Auront-ils la capacité d’entraîner le reste du continent? Cela reste à voir. Et là, l’hypothèque politique, liée au risque sécuritaire ou à l’instabilité du pouvoir, est réelle. Quand on voit ce qui se passe au Kenya par rapport à l’Afrique de l’Est, quand on voit la situation du Nigeria au sein de l’Afrique de l’Ouest, on se demande si ces pays peuvent jouer le rôle de locomotive pour leur sous-région.
africains possèdent des matières premières, sans pour autant que leurs populations ne bénéficient de leur exploitation... Sans nul doute, il faut que les fruits de la croissance soient mieux gérés, qu’ils permettent une plus grande égalité et une plus grande équité. Il faut investir ces fruits dans ce qu’il y a de plus durable: pas dans les matières premières qui, par définition sont limitées, mais dans le capital humain de l’Afrique. Cela veut dire: améliorer l’éducation, la santé, les systèmes de protection sociale, donner du pouvoir aux femmes. Comment? Il faut d’abord obtenir de meilleurs prix pour ces matières premières, et s’assurer que leur transformation s’effectue sur place. Il ne faut pas se contenter d’exporter une simple matière brute, il faut un processus qui permette de valoriser ces matières premières.
Beaucoup de pays
Quelles leçons l’Afrique peut-elle tirer des expériences latinoaméricaines ou asiati-
Paris et à Toulouse où j’irai voir [...] l’usine de fabrication d’Airbus parce que nous commençons avec des Airbus», a poursuivi le Premier ministre. «Nous sommes en train de travailler sur deux Airbus A 320», a déclaré le Premier ministre, indiquant qu’il s’agirait dans un premier temps d’opérations de locationachat (crédit bail). Le gouvernement cherche aussi un troisième avion plus léger, à hélices, a-t-il poursuivi. Selon une source proche du dossier, il s’agirait d’un Q400 du constructeur canadien Bombardier. Pour le Premier ministre congolais, Congo Airways est un projet qui prend forme et qui devrait se traduire par des vols d’inauguration dans les prochains mois. De source proche du dossier, on précise que la date prévue pour le
lancement de la compagnie est le 30 juin, jour de la fête nationale. Aux termes du projet retenu, la nouvelle compagnie aérienne commencerait par desservir huit villes de l’arrière-pays et passerait à 14 destinations intérieures au bout de trois ans. Dans cette perspective du développement de la compagnie, qui pourrait ensuite déborder du cadre des frontières de la RDC, les autorités envisagent l’achat d’autres Airbus, neufs. «Vis-à-vis de l’avionneur européen, notre idée c’est de pouvoir intensifier notre coopération afin de pouvoir élargir notre stock d’avions», a encore déclaré le Premier ministre, sans préciser à ce stade le nombre d’avions dont la compagnie pourrait avoir besoin. Immense pays au
ques? Ce que j’en retiens, c’est qu’aucun des pays émergents d’Amérique latine ou d’Asie ne s’est développé en suivant les recommandations des institutions de Bretton Woods. Ces pays ont choisi d’être hétérodoxes. Il faut oser un développement alternatif. Le développement, ce n’est pas la croissance! Or nous avons jusqu’ici opté pour des politiques de croissance qui ne font pas le développement. Il y a un deuxième défi d’ordre communicationnel: il faut que cette vision d’avenir soit partagée par tous et non par une minorité. Il y a enfin un défi organisationnel. L’Afrique ne peut plus être simplement consommatrice d’idées et de modèles importés. Il faut que nous puissions agir dans la durée. Les changements structurels dont nous avons besoin pour modifier notre économie ne peuvent pas arriver du jour au lendemain. Il faut s’inscrire dans un temps long et éviter les bouleversements politiques.
Des avions Airbus pour Congo Airways
L
a République démocratique du Congo est intéressée par l’achat d’avions Airbus pour sa nouvelle compagnie aérienne, a déclaré lundi 13 mars à l’AFP le Premier ministre, Augustin Matata Ponyo, qui prévoit de se rendre en France début mai. Selon plusieurs sources, le premier ministre congolais sera reçu à l’Hôtel Matignon par son homologue français Manuel Valls. «Nous sommes actuellement au niveau de l’acquisition des appareils pour Congo Airways», a déclaré le Premier ministre a propos de cette compagnie publique auprès de laquelle Air France est engagée par un contrat d’assistance technique. «Je serai en France le mois prochain à
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David Baché n
cœur de l’Afrique, le Congo est actuellement dépourvu de compagnie aérienne nationale. L’essentiel du trafic aérien est assuré par des vols affrétés par la Mission de l’ONU au Congo (Monusco) ou le Programme alimentaire mondial (PAM), ainsi que par deux compagnies privées, CAA, et Korongo Airlines, une filiale de SN Brussels Airlines, toutes deux sur la liste noire des compagnies aériennes établies par l’UE (comme la cinquantaine de compagnies enregistrées dans le pays et dont la plupart n’assurent plus de vols). Le développement de la nouvelle compagnie aérienne doit s’accompagner d’une remise à niveau des infrastructures de transport aérien dans un pays qui connaît une croissance économique moyenne de 7,7% depuis cinq ans.
prestige de l’auto |
Les stars du salon de Genève
P
rototype surprise du Salon de Genève, le Bentley EXP 10 Speed 6 Concept semble proche de la série en préfigurant une future sportive à deux places ou la prochaine Continental GT. Sans signe avantcoureur, Bentley introduit le concept EXP 10 Speed 6 lors du Salon de Genève. Il annonce le futur de la marque de luxe britannique à travers un potentiel nouveau modèle. Avec son allure de coupé, ce prototype préfigure «une future sportive à deux places». Pour l’heure, Bentley ne livre aucune donnée dimensionnelle ou technique, indiquant seulement qu’il «montre sa voie du luxe et de la performance». Semblant proche d’un futur modèle de série, ce concept reprend des éléments de style arborés par l’EXP 9 F, le concept de SUV dévoilé à Genève en 2012. On remarque ainsi la forme caractéristique des feux avant entourant une calandre à nid d’abeille volumineuse. Les lignes parcourant le capot et les flancs sont bien creusées, comme pour trahir la
Présentée à Pebble Beach en 2009, la nouvelle Bentley Mulsanne se présente comme le successeur de la Bentley Arnage, dernière Bentley conçue en coopération avec Rolls-Royce (qui produisait sa jumelle, la Rolls-Royce Silver Seraph). DRoits réservés.
sportivité de ce futur petit modèle de luxe. L’habitacle propose une ambiance propre à la firme de Crew et s’enrichit sur le plan technologique d’un
large écran tactile de 12 pouces. Au regard du discours tenu par Bentley, le concept EXP 10 Speed 6 a de bonnes chances d’être produit. Néanmoins,
il peut aussi bien préfigurer un nouveau modèle que la prochaine génération de la Continental GT même si son gabarit semble moindre.
Notons que Bentley est un constructeur d’automobiles de luxe et de course basé en Angleterre à Crewe, fondé par Walter Owen Bentley le
18 janvier 1919. Bentley Mulsanne est une voiture de luxe produite par RollsRoyce Motors de 1980 à 1992. Elle était basée sur la Rolls-
Royce Silver Spirit. De 1992 à 1998, après une remise à jour technique, elle poursuit sa carrière sous le nom de Bentley Brooklands.
Une Mercedes AMG GT3 version améliorée du V8 6.3
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Sous le capot de cette AMG GT3, on trouve une version améliorée du V8 6.3 de la SLS AMG GT3 à qui elle va succéder sur les championnats FIA. DRoits réservés.
ersion course de l’AMG GT, la Mercedes AMG GT3 dévoilée au Salon de Genève embarque une version améliorée du V8 6.3 de la SLS AMG GT3 qu’elle va remplacer sur les championnats FIA. La marque officialise l’AMG GT3 exposée au début de mars à Genève. Il s’agit de la version course de
l’AMG GT dévoilée à l’occasion du Mondial de Paris en septembre dernier. Une semaine après la révélation d’une première image, le constructeur de Stuttgart publie quatre photos officielles de sa nouvelle pistarde. Les gros plans réalisés sur ces clichés permettent de découvrir en détails
l’allure du bolide développé dans le respect des normes FIA. Basée sur l’AMG GT, cette version circuit exploite son centre de gravité bas et sa bonne répartition du poids. Mercedes promet une agilité de premier ordre en courbe et un niveau d’appui optimal grâce à tous les éléments aérodynamiques
rajoutés à l’AMG GT. Ainsi, l’AMG GT3 arbore une face avant bien musclée avec de grandes prises d’air alors qu’à l’arrière, on remarque son diffuseur et son gros aileron arrière. Le constructeur à l’étoile indique qu’elle a été dessinée «dans le but de maximiser la puissance de sortie et le rendement
aérodynamique». Comme pour la version de route, l’AMG GT3 repose sur un châssis en aluminium léger et rigide et s’enrichit du traditionnel arceau de sécurité. Sans en préciser la valeur, Mercedes annonce que la perte de poids a été optimisée via un recours massif à la fibre de carbone sur
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le capot moteur, les portes, les ailes avant, les jupes latérales et le couvercle de coffre. Sous le capot de cette AMG GT3, on trouve une version améliorée du V8 6.3 de la SLS AMG GT3 à qui elle va succéder sur les championnats FIA, un bloc associé à une boîte de vitesses séquentielle de course à six rapports. Néanmoins, Mercedes
ne communique pas encore son niveau de puissance ni ses chiffres de performances. La Mercedes AMG GT3 sera présentée en première mondiale dans le cadre du Salon de Genève dès le 3 mars prochain. La firme à l’Etoile indique qu’elle sera livrée aux premières équipes clients à la fin de cette année.
Survivre après un péril extrême Ma vie |
S
urvivre à une catastrophe nous métamorphose. L’anthropologue Christine Bergé le démontre à travers ses travaux sur les états limites.
La Voix des esprits, L’Au-delà et les Lyonnais, Héros de la guérison, La Vie entre chien et loup, Superphénix, déconstruction d’un mythe, et son tout récent La Peau. Totem et tabou: les titres de ses livres parlent d’eux-mêmes. Anthropologue, philosophe des techniques, Christine Bergé est avant tout une exploratrice des cas extrêmes, des états limites. Intelligence vive, sensibilité à fleur de peau, elle a pour fil rouge ce qu’elle appelle les «catastrophes biographiques». Quand une cassure survient dans l’existence, un accident, une maladie, comment se reconfiguret-on à partir de cette faille? Comment une culture ou un individu peut-il survivre à un péril extrême? Fragments de réponse sur le terrain d’une chercheuse éclectique. Déracinement. Le dialogue avec les morts fut son tout premier sujet de recherche. «J’avais envie de travailler sur la mort, mon directeur de DEA avait commencé une recherche sur le spiritisme. Je ne croyais pas aux esprits, mais cela m’intéressait de comprendre comment les gens se débrouillaient pour vivre la présence d’un mort qui, pour eux, n’était pas mort puisqu’il continuait, selon eux, à exister sous un autre mode». Né aux états-Unis avant le milieu du XIXe siècle, le spiritisme arrive au Royaume Uni en 1852, en France et en Allemagne en 1853. Son développement est concomitant à l’essor du libéralisme industriel et à la mécanisation croissante des moyens de production. Pour Christine Bergé, ce n’est pas une coïncidence. «La base du mouvement spirite, c’est l’essor du monde ouvrier. Un monde fait de gens dont beaucoup ont été arrachés à leur territoire rural, déracinés de leurs valeurs, et qui essaient de se reconstruire. Le spiritisme
L’homme a-t-il été transformé par son séjour en réanmination? Après avoir traversé ce dépouillement total, est-il comme tout autre humain? Comment l’homme peut- il survivre à une catastrophe?
s’est développé sur ce grand deuil de la terre et de la famille. Dialoguer avec les morts, c’est partir sur la trace des ancêtres perdus».
Guérison. Dans la foulée de ce premier travail, Christine Bergé part aux états-Unis, à la recherche de «médiums thérapeutes» - des guérisseurs qui affirment communiquer avec les esprits. C’est le début des années 1990. Le mouvement New Age a encore de beaux restes, sur lesquels prospère notamment le courant du channeling: de prétendues communications entre les humains et des entités évoluant sur d’autres plans de conscience. En Floride, la jeune chercheuse part à la rencontre de médiums thérapeutes. Et surtout des malades qu’ils guérissent, ou du moins qu’ils soulagent. «Il s’agissait de gens gravement malades, pour lesquels la médecine traditionnelle s’était révélée impuissante, et qui s’étaient souvent ruinés pour se faire soigner, racontet-elle. Les médiums leur proposaient des techniques assez simples (auto-hypnose,
contrôle mental) pour faire en sorte qu’ils puissent reconfigurer leur vie. J’ai expérimenté et observé ces différentes techniques, qui sont toutes fondées sur le rapport de l’esprit et du corps. Et j’ai été frappée de voir combien ceux qui en bénéficient parviennent à réinterpréter leur corps et leur relation à la douleur en dehors de la médecine. Au point, parfois, de guérir ou, en tout cas, de continuer à vivre avec leur maladie». Ces travaux feront l’objet de sa thèse d’ethnologie, soutenue en 1994 à l’école des hautes études en sciences sociales (éHESS) sous le titre «Rhétoriques et techniques de la médiumnité contemporaine aux étatsUnis». Réanimation. Au tournant des années 2000, Christine Bergé décide de porter son carnet de notes sur un terrain autrement violent: le service de réanimation postopératoire et traumatologique de l’hôpital Lariboisière, à Paris (AP-HP). Elle s’y rendra pendant près de dix ans, plusieurs jours par mois, «avec le sentiment qu’un service
de réanimation est un carrefour, un échangeur, un lieu où tout vient se reconfigurer, se redéterminer». Souffrance chronique des soignés, tension psychique des soignants, odeurs de la mort qui rôde: comment et quoi observer dans ces conditions? «Au début, c’est très difficile, on ne comprend rien. J’ai donc appliqué le concept de base de l’ethnologue Jean-Marie Gibbal mon premier maître à penser, qui travaillait sur les cultes de possession au Mali et au Niger: le concept de la «flânerie orientée»: Flânerie, parce qu’on se déplace de façon très fluide, très souple, en notant tout ce qui tombe sous le regard, en se laissant imbiber comme une éponge. Orientée, parce qu’il y a une question qui nous anime et qu’il ne faut jamais perdre de vue». La question qui la fascine, ici, dans ce milieu où la vie en danger, indécise, peut s’échapper n’importe quand, c’est celle du «reboutage» social. «La société fonctionne comme une machine, et les individus qui en sont éjectés - par un accident, une tentative de suicide - s’ils n’en meurent pas sur
le coup, se retrouvent dans cet échangeur qu’est la «réa». Ce lieu a pour mission de remettre les gens dans le rouage social. Comment? C’est cela que je voulais comprendre». Dans le livre qu’elle tirera de cette expérience horsnorme, réalisé comme nombre de ses ouvrages en collaboration avec la photographe Jacqueline Salmon, le corps est omniprésent. Même s’il est, ici, réduit à bien peu de chose. «C’est un corps qui n’a pas son mode de fonctionnement quotidien, qui ne se meut pas, qui ne s’alimente pas, qui ne respire pas par lui-même, rappelle Christine Bergé. Et ce qui est très intéressant, c’est de voir que le personnel soignant, même à ce momentlà, ne réduit pas le patient à un corps. Les paroles qui circulent autour d’une personne dans le coma rappellent sans arrêt les faits, son identité, son statut, la manière dont elle est arrivée à l’hôpital... L’individu désocialisé par la maladie ou l’accident devient une «histoire» reconstituée chaque matin, une identité biologique en attente d’être relancée dans la machine sociale».
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Métamorphose. Dans ce lieu où se joue le combat entre la vie et la mort, que se passe-t-il quand la vie a ga¬gné? Quand le patient a été «réinjecté» dans la machine sociale? A-t-il été transformé par son séjour en réanimation? «Ce qui transforme, c’est d’avoir failli mourir. C’est un espace qui reconfigure les valeurs, répond l’anthropologue. Après avoir été privé de tout - y compris de conscience -, après avoir traversé ce dépouillement total, on relativise beaucoup. Des problèmes d’argent qui paraissaient insurmontables deviennent parfois secondaires. Certains changent de travail, d’autres de lieu de vie. L’attention est portée à l’essentiel, les capacités de créativité sont souvent réveillées. La phrase qui n’est pas dite après cette expérience, mais qui est implicite, c’est: «Ah! donc finalement j’avais le droit de vivre!». Les gens prennent alors le train de leur destin en marche, et parfois se déploient davantage. On touche la question de la métamorphose, qui est essentielle, car c’est elle qui permet l’adaptation du vivant. Si on ne trouve pas les voies du changement, et plus encore après la survenue d’une catastrophe, on ne fait que se scléroser. Ou on meurt, en fonction des situations posées par la vie».
Irradiation. En 2008, Christine Bergé s’embarque pour une autre aventure, qui met elle aussi le corps humain à rude contribution: la déconstruction de Superphénix, la centrale de Creys-Malville (Isère) que l’état a décidé d’arrêter définitivement en 1998. Son démantèlement, à haut risque, va nécessiter des décennies de travaux. Exceptionnellement autorisée à pénétrer dans l’enceinte du surgénérateur, la chercheuse y prend la mesure de cette tâche titanesque, et conduit sa réflexion «sur la mémoire du monde technique et sur sa gestion des changements». Ce faisant, elle observe les ouvriers qui s’activent sur la dalle recouvrant le sodium en fusion. «De grands et beaux gaillards, pleins de santé, qui travaillent vite et en force... C’est là qu’on réalise qu’on ne voit rien. Que la radioactivité est in-
visible, qu’on ne sait pas à quel point ils prennent de la dose». Vis-à-vis du nucléaire, le discours de la philosophe des techniques se fait plus militant qu’à l’accoutumée. «La radioactivité casse IMN. Elle brise le fondement de notre hérédité, le fondement même de la reproductibilité de l’être humain qui a mis des millions d’années à se construire. Et certains déchets radioactifs ont une durée de vie comparable à celle de la planète! Le nucléaire est une technologie d’outrepassement; la première inventée par l’homme qui soit à ce point folle». épiderme. Son nouvel ouvrage parle à nouveau du corps. Ou plutôt de son enveloppe, la peau, à travers quatre histoires, quatre «énigmes» qui se lisent comme autant de nouvelles. Tout y est vrai, bien sûr. L’astronome Camille Flammarion faisant relier deux de ses livres avec la peau des épaules de sa maîtresse défunte. La rumeur persistante selon laquelle Catherine de Médicis, experte en magie noire, portait sur elle un talisman fait de peau d’enfant. Les enveloppes de momies égyptiennes provenant des nécropoles de l’ancienne ville égyptienne Antinoé, où peau et linceul ont été inextricablement mêlés par le temps. Et un sujet nettement plus contemporain: la technique photographique du close-up, ce portrait si rapproché qu’il donne à celui qui le regarde le sentiment de toucher la peau du visage «une interface tendue entre le photographe et la personne qui est photographiée, qui envoûte les deux». Le point commun à ces quatre histoires? «Le rapport de la peau et de l’occulte. J’ai voulu montrer comment la peau touche au tabou, et comment elle produit une identification de type totémique, précise Christine Bergé. Totem et Tabou, de Freud, a été un guide précieux pour mener ce travail». La peau, précise-telle, n’est pas conçue, ici, «comme une chose seulement tactile, mais comme une catégorie transversale qui relie les concepts d’une façon fluide, du biologique au symbolique». Un lieu de passage, encore.
CATHERINE VINCENT n
Mettre les gaz en période d’incertitude
C’est ce qui s’appelle une salle noire de monde, que nul n’avait jamais remplie avant où, en pleine période d’incertitude et de reniement, sur le thème «Tous ensemble derrière Kabila», le Parti pour l’Action refuse du monde sur une terre passant pour hostile, laisssant des grappes humaines traîner dans les dépendances de cette Fikin. lesoft numérique.
Sur les bords de la Luye, sur nos terres bénies de Bandundu, dans Masimanimba, des villages entiers se vident et entrent en transe à l’apparition de Ya Khala (le Grand Crabe).Une histoire vient de commencer qui passera par la matinée politique de rentrée organisée dans la mythique salle de la Fikin sur le thème «Tous ensemble derrière Kabila». lesoftNumérique.
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Une Noire se paie des escapades à l’étranger
O
uvrage collectif dirigé par l’écrivaine Léonora Miano, Volcaniques.
Une anthologie du plaisir explore sans fard la sexualité féminine. Attention, éruption! Devinette. Toxique et fuyant, il submerge les femmes, les surprend aussi. Son absence provoque des fringales et étiole leur féminité. La réponse? Le plaisir. Vous aviez trouvé? Alors bravo! Pour arriver à cette conclusion, douze femmes noires se sont prêtées, avec une délectation manifeste, à un exercice littéraire imposé par l’une d’elles, la romancière camerounaise Léonora Miano: mettre en scène la sexualité féminine. Paru ce 8 mars aux éditions Mémoire d’encrier sous le titre Volcaniques. Une anthologie du plaisir, cet ouvrage collectif est le deuxième volet d’un travail sur le couple et l’intimité. Dans le premier (Première Nuit. Anthologie du désir), dix auteurs noirs avaient été priés de raconter une première nuit d’amour... et la plupart n’avaient pas osé franchir le seuil de la chambre à coucher. Romancières chevronnées ou peu connues, les femmes, elles, y vont franco. DÉLECTATION. De Paris à Yaoundé en passant par New York et Fort-de-France, que leurs héroïnes soient pucelles ou qu’elles aient «trente-huit ans de carrière sexuelle» derrière elles, leur récit participe d’une exploration décomplexée de l’énigme du plaisir féminin. Parmi les auteures, justement, Fabienne Kanor, qui signe une nouvelle cruelle pour la gent masculine, mais très drôle: «Rayon hommes». Elle met en scène une femme de 53 ans, «mariée à un homme à situation», qui se paie des escapades sexuelles à l’étranger. Et, où qu’elle aille, une seule règle: consommer local. «Non pas que je sois raciste et que je ne fantasme que sur les Blancs, mais parce que je refuse de me taper huit heures d’avion pour copuler avec mes frères». Victime tacitement consentante, le mari, lui, se préoccupe juste de savoir si elle lui a rapporté la bonne couleur de cravate. Jubilatoire aussi est la nouvelle de la Ca-
Ouologuem, prix Renaudot 1968) ou encore La Profanation des vagins (Désiré Bolya Baenga), dans la mesure où ils contiennent des scènes de sexe. Sauf que, dans ces cas précis, il s’agit de viols, d’agressions, que Miano exclut d’emblée du champ de l’intime, qui implique le libre choix du partenaire. Spécialiste de littérature africaine, Jacques Chevrier se souvient du Béninois Olympe Bhêly-Quenum offusqué à l’idée d’en parler. «On la pratique, pas la peine de la décrire», disait-il. Selon Chevrier, le sujet est pourtant récurrent dans des textes contemporains, comme Xala («panne sexuelle», en wolof). d’Ousmane Sembène, ou Une vie de boy, de Ferdinand
Chez elle, l’orgasme passe par les mots - ni les gros ni les scabreux - mais ceux qui disent la délectation avec laquelle les femmes vivent et racontent leurs histoires «immorales». DR. merounaise Humley partie de son vocade près, Volcaniques s’autorisant une sexuaBoum, dont l’héroïne, bulaire. «C’était une tentant un travail de lité débridée. «Un texte «qu’aucun homme n’a invention des Blancs». réappropriation de l’in- dur, reconnaît Miano, jamais touchée», apAprès avoir longtemps timité et de la sexualité où la narratrice tente prend à explorer son fricoté sans conviction, noire, souvent stigmasans succès de s’extraicorps et à apprivoiser elle aura une révélation tisées. re de cette part blessée son plaisir en lisant des dans les bras d’une d’elle-même.» La dilivres érotiques. Chez femme: «De ce jour HÉRÉSIE. mension trouble appaelle, l’orgasme passe béni où je connus le Sollicitées, certaines raît également chez la par les mots. Pas les plaisir dans toute son femmes ont refusé de slameuse Silex, auteure gros ni les scabreux, infinitude, Seigneur, se prêter au jeu, soit du seul texte véritablemais simplement ceux j’ai gardé en mémoire parce qu’elles ne voument lesbien de l’anqui disent la délectatous les émois, mais il laient pas faire partie thologie-le personnage tion avec laquelle les serait inconvenant de d’un groupe d’écrivains d’Elizabeth Tchoungui femmes vivent et ravous en faire part: vous noirs, soit parce qu’elayant une activité lescontent leurs histoires risqueriez une malenles jugeaient le sujet bienne de circonstance. «immorales». Comme contreuse érection.» dérangeant. Question «Dans la manière dont sa cousine, qui ne lui Chez la Guadeloupéen- d’image, sans doute. les choses sont dites, il épargne aucun détail, ne Gisèle Pineau («Un Mais, pour Miano, y a une esthétique de pas même le «tchouk!» petit feu sans conséchaque texte retrace l’opacité qui renvoie à de la pénétration, lors quence»), une vieille d’abord un parcours de la noirceur du volcan». des assauts qu’elle dame mariée pendant femme. prétend subir de son quarante-huit ans à un On y rencontre des sen- ROSÉE. patron comme du fils homme «au petit fusil sibilités, des manières Le critique Boniface de ce dernier. L’héroïne inanimé» confie avoir de vivre et d’aimer, Mongo-Mboussa n’a confesse: «J’appris eu nombre d’autres des questionnements et pas encore lu l’ouvraavec lenteur, quelques hommes à ses pieds des égarements indivige, mais il apprécie la fois dans la frustration, sans pour autant tromduels... Pour qui aspire démarche. «Par rapport que certains mots faiper son mari. «Ils four- à l’universel, exclure à la littérature occisaient grimper le plaisir raient leur tête entre l’intime de la littérature dentale, la littérature dans la tête trop vite, mes jambes et s’occudes mondes noirs serait contemporaine afriune drogue trop forte, paient de mon petit feu. une hérésie. «Si l’on caine a mis du temps à provoquant ensuite une Ils me suçotaient avec souhaite que son écriprendre en compte la vague nausée... tellement de bonté et de ture touche au-delà de sexualité, en particulier D’autres, plus subtils, patience et d’ardeur...» sa culture d’origine, il le plaisir et l’érotisme vous emportaient telle Le jour de sa mort, le faut travailler l’intimiféminins. Les auteurs une marée. Au début, mari impuissant l’a té, l’émotion, la pensée n’en parlent pas, bridés tout semble trop lent, remerciée d’avoir été du personnage.» À en par l’éducation - c’est puis, tout d’un coup, une bonne épouse. «Il croire Miano, «Volcaun tabou - et la religion l’on est submergé pres- est parti dans la paix, niques est faussement - c’est un péché. Or le que pris au dépourvu je crois... et l’ignorance jubilatoire». sujet est au cœur de par la montée des eaux de mon petit feu sans Si la plupart des nos sociétés modernes: pourtant attendues». conséquence.» Dans auteurs ont collé à il pose la question du Au point que: «Des son ensemble, le recueil l’idée d’éruption apcouple; il faut le creuheures après, un simlève le voile sur des pliquée à la sexualité, ser.» Pour lui, l’un des ple frôlement suffisait approches et des unid’autres ont fait ressor- plus grands romans encore à émouvoir vers littéraire différents. tir la dimension trouble d’amour érotique est mes nerfs à vif.» Plein Léonora Miano se déde la sexualité par la Gouverneur de la rod’humour, le propos de fend d’avoir voulu faire métaphore d’un volcan sée, de l’Haïtien Jacla journaliste Elizabeth «un recueil érotique brûlant et mortifère. ques Stephen Alexis. Tchoungui n’en est destiné à émoustiller le Violée dans l’enfance, Les romans les plus pas moins dramatique. lecteur». En revanche, la narratrice de Miano novateurs en la matière Son héroïne a «grandi l’intimité, trop rare(«Full Cleansing») fan- sont Le Soleil des indéà l’école de la nioxe ment mise en avant par tasme sur l’idée d’un pendances (Ahmadou (la baise)». Pourtant, les auteurs des monplaisir «sain», qu’elle Kourouma). Le Devoir le plaisir ne faisait pas des noirs, est scrutée croit atteindre en de violence (Vambo LE SOFT INTERNATIONAL | ÉDITION NATIONALE | N° 1312 | PAGE 19.
Oyono - le récit de la vie d’un boyau service de Blancs qui découvre sous le lit les préservatifs utilisés par la maîtresse de maison, qui trompe son mari. Comme Jacques Chevrier, Boniface Mongo Mboussa reconnaît que la sexualité plaisir est arrivée dans la littérature africaine par l’écriture féminine. Calixthe Beyala est en effet l’une des premières à avoir abondamment écrit sur le sujet. Ce qui lui valut bien des critiques... «Ça commence aujourd’hui à devenir un phénomène de mode, regrette néanmoins Chevrier. On a de plus en plus l’impression que les romanciers s’alignent simplement sur des thèmes vendeurs». Nathalie Chahine n
Restés coincés? Oui ça arrive
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out le monde a déjà entendu parler de ces chiens qui restent coincés en plein accouplement. L’incident prête à rire, d’autant qu’on le croit réservé aux pauvres canidés. Grave erreur: deux humains peuvent parfaitement connaître pareille mésaventure, que la littérature médicale a judicieusement nommé «syndrome du pénis captif». Contraction musculaire réflexe. «Le mécanisme est assez proche de celui du vaginisme, causé par une contraction réflexe des muscles entourant le vagin», explique le Dr Sylvain Mimoun, gynéco-andrologue et spécialiste de la sexualité. Mais si, dans le cas du vaginisme, la contraction a lieu avant la pénétration, rendant celle-ci impossible, dans le cas du syndrome du pénis captif, elle intervient juste après. Tétanie, crise de panique, les causes sont méconnues, et semblent involontaires. Mais le résultat est là: la verge reste coincée. Embarrassant, mais pas dramatique en soi. «Il n’y a pas de danger pour la verge», assure le
spécialiste, même s’il reconnaît que les muscles sollicités peuvent être très puissants, citant des «shows érotiques» qui mettent en scène des «femmes asiatiques ayant appris à les gérer de façon impressionnante». Un remède existe à cette malédiction. Cependant, «si tout médecin a déjà entendu parler de ce type d’accident, rares sont ceux qui y ont été confrontés», prévient Sylvain Mimoun. Il range les histoires de couples arrivant imbriqués aux urgences au rayon des fantasmes et autres légendes urbaines. Peutêtre parce que les malheureux arrivent à se libérer avant l’hôpital. En effet, le spécialiste révèle qu’il existe un remède à cette malédiction. «Les muscles concernés, les releveurs de l’anus, sont une sorte de double huit dont les boucles enserrent respectivement l’anus et le vagin», décrit-il. Mais les deux boucles ne peuvent fonctionner en même temps. Afin de détendre celle qui étreint le vagin, «un doigt suffit pour contracter celle de l’anus».
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En Afrique du sud, l’étranger noir n’a qu’un abri: la police www.lesoftonline.net
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L
a statue du colonisateur britannique Cecil Rhodes a été déboulonnée jeudi 9 avril au Cap. Une victoire contre le passé raciste de l’Afrique du Sud, pour certains, alors que le pays est à nouveau touché par une vague de violences xénophobes. Pas facile de se débarrasser définitivement des démons du passé, l’Afrique du Sud en sait quelque chose. Alors qu’un débat national, largement instrumentalisé par les opposants de l’ANC, fait rage sur la pertinence de jeter ou non hors de l’espace public les statues des anciens dirigeants blancs, les étudiants du Cap à l’origine de la polémique ont obtenu gain de cause. minorité blanche Inquiète. Le conseil de l’université a ainsi voté le retrait d’une statue du colonisateur britannique Cecil Rhodes de l’Université du Cap (UCT), un mois après qu’elle a été maculée d’excréments puis recouverte de sacs poubelles, et le 9 avril une grue est entrée en action. Sous les acclamations et en direct à la télévision, celle-ci a lentement soulevé le bronze, qui représente Rhodes assis en majesté sur son socle, le menton sur la main gauche dans une pose évoquant Le Penseur du sculpteur français Auguste Rodin. L’œuvre a été déposée
Des immigrants noirs africains visés par le vent xénophobe évacués par la police près de Durban, jeudi 9 avril. AFP.
sur un camion devant la mettre à l’abri, sans doute dans un musée, non sans avoir été encore une fois molestée par des étudiants. Le mouvement #Rhodesmustfall (Rhodes doit tomber) des étudiants de l’UCT a fait tache d’huile ces dernières semaines. Des étudiants de l’université Rhodes de Grahamstown (sud) ont exigé que leur établissement soit débaptisé, tandis que leurs confrères de l’Université du KwaZulu-Natal à Durban (est) s’en sont pris à la statue du roi d’Angleterre George V, le grand-père d’Elizabeth II. Le parti radical des Combattants pour la liberté économique
(EFF) du jeune tribun Julius Malema a saisi la balle au bond et appelé à faire tomber toutes les «statues coloniales» rappelant les anciens maîtres blancs du pays, anglais et afrikaners. Certains militants EFF sont immédiatement passés à l’acte, y compris au cœur de la capitale Pretoria, souillant de peinture verte la statue de l’ancien président Paul Kruger pendant le week-end pascal. La veille 8 avril, quelques dizaines d’Afrikaners, certains en tenues para-militaires, ont protesté au pied de la statue. Autre héros afrikaner, l’ancien Premier ministre Louis Botha a vu sa statue taguée devant le Parle-
ment au Cap. Des actes condamnés par l’ANC et qui suscitent l’inquiétude de la minorité blanche, qui représente 8% de la population. comme des immigrants noirs. Mais alors que le pays se mobilise contre les symboles du colonialisme et de l’apartheid, une nouvelle vague de xénophobie souffle sur Durban - visant cette fois des populations noires. Le 9 avril, la police sud-africaine a indiqué qu’un millier d’immigrants avaient fui leurs maisons après une série d’attaques xénophobes violentes depuis trois jours à Durban (Est). Africains
pour la plupart, les immigrants persécutés ont été hébergés dans des postes de police et des tentes, des habitants du grand port sud-africain s’étant juré de les expulser. «Ils disent qu’ils ont été obligés de quitter leurs maisons par les habitants et ils sont venus parce qu’ils craignaient pour leur vie», a déclaré à l’Afp le porte-parole de la police Thulani Zwane. La situation est tendue depuis, alors qu’un Congolais avit été brûlé vif. Depuis, les forces de l’ordre ont du pain sur la planche, engagées dans la dispersion des marches de ressortissants étrangers qui protestaient contre les violences, tirant
des gaz lacrymogènes et utilisant des canons à eau. Une première poussée de violence avait mis à la rue quelque 250 immigrés, pour la plupart venus du Congo-RDC, le 31 mars au sud de Durban. Des événements survenus quelques jours après que le roi des Zoulous Goodwill Zwelithini, la plus haute autorité traditionnelle du KwaZuluNatal - la province où est située Durban- eut appelé les étrangers à «faire leurs bagages et quitter» l’Afrique du Sud. le fils du président Zuma. Le propre fils du président Jacob Zuma,
Comment le Président voit son Premier ministre
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anuel Valls comme vous ne l’avez jamais vu. France 3 diffusait Valls le matador, un documentaire consacré au premier ministre et dans lequel témoignaient plusieurs de ses proches. Parmi eux, sa mère, Luisa Galfetti dite Luisa Valls, qui parlait pour la première fois à la télévision, mais aussi François Hollande. Mais le président de la République n’a pas été avare en anecdotes! Il a révélé qu’il échange des «textos de nuit» avec Manuel Valls jusque tard le soir, le chef de l’état a indiqué que
Compliments ou attaques à fleurets mouchetés contre le PM. dr.
son premier ministre était un homme «nerveux». «Lui apporte de la rigueur, et apporte aussi du tempérament, au sens parfois de la colère», a expliqué François Hollande devant la caméra de Franz-Olivier Giesbert, ancien directeur de la publication du magazine Le Point. Mais n’allez pas croire que le président voit comme un défaut le tempérament de feu de Manuel Valls, bien au contraire. «C’est bien! Il faut aussi à un moment qu’il y ait dans l’épreuve la capacité d’un chef. Je trouve qu’à l’Assemblée nationale, je l’observe,
il ne se démonte pas», a encore jugé le chef de l’état, qui a salué la «force», «l’engagement» et le «sérieux» de son premier ministre. «Il n’a pas fait de grandes études» Sur son parcours, il a expliqué que l’ancien maire d’Evry était entré très tôt dans l’arène politique, avec en poche une simple licence d’histoire. «C’est un homme, Manuel Valls, qui n’a pas suivi un parcours comme on en connaît beaucoup dans la vie politique. Il n’a pas fait de grandes études, il n’est pas passé par des grandes écoles, mais il est dans l’école de la vie».
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Edward, lui a donné raison quelques jours plus tard. Les exactions contre les étrangers sont courantes en Afrique du Sud. Une explosion de violences avait fait 62 morts en 2008. La situation s’est nettement calmée depuis, mais des incidents sporadiques n’ont jamais cessé dans les townships, visant surtout des Bangladais, des Somaliens et des Ethiopiens, dont les magasins sont régulièrement pillés. Plusieurs centaines de boutiques tenues par des immigrés ont notamment été mises à sac en janvier à Soweto, le grand township de Johannesburg, des troubles qui ont fait une demi-douzaine de morts. Les petits commerçants étrangers sont très nombreux dans les quartiers populaires sud-africains, où ils tiennent des épiceries et toutes sortes d’échoppes. Les agresseurs sont souvent des concurrents locaux - qui les accusent de casser les prix - ou des chômeurs leur reprochant de voler le travail des Sud-Africains.
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