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N°1342-1343 | document lundi 28 décEMbre 2015 | 28 PAGES €6 $7 CDF 4500 | FONDÉ à kinshasa PAR TRYPHON KIN-KIEY MULUMBA
Joseph Kabila Kabange invoque la Nation qu’il incarne et dont il est le Garant constitutionnel pour appeler au sens élevé de responsabilité de la classe politique. dr. Le soft international est une publication de droit étranger | AUTORISATION DE DIFFUSION en R-dCongo M-CM/LMO/0321/MIN/08 daté 13 janvier 2008
on a tout écrit |
La scène politique congolaise n’a pas bougé d’un iota
S
i l’économie bouge, le Congolais vit mieux, l’IDH bondit, la scène politique n’a pas bougé d’un iota. Florilège de petites phrases. «Il n’est pas facile d’être le Zaïre», avertissait Mobutu faisant allusion à ses fabuleuses et stratégiques matières premières, avenir de l’humanité. «Au Zaïre, il y a trop de chaleur mais peu de lumière», se lamentait l’ambassadeure américaine (Melissa Wells). «Un pays qui abrite l’opposition la plus bête du monde», flagellait le ministre d’état émissaire sénégalais (Me Abdoulaye Wade). Une ambition nationale forte exprimée néamoins. «L’histoire du Congo ne s’écrira ni à Paris, ni à Bruxelles, ni à Washington. Elle s’écrira à Léopoldville (Kinshasa)» (Lumumba). Ambition reprise par Kabila. «Ce n’est pas des Nations Unies, de l’Orient ou de l’Occident que viendront les solutions à nos problèmes. Mais
Une scène d’affrontement le 19 janvier 2015 dans la Capitale Kinshasa entre policiers et groupes de jeunes. drérvés.
de nous-mêmes, par le dialogue entre des Congolaises et Congolais, mus par la fibre patriotique, et inspirés par l’appel à l’auto-détermination et à l’auto-prise en charge, toujours d’actualité, de nos deux héros nationaux, Patrice émery Lumumba et M’zee Laurent Désiré Ka-
bila» (Kabila). Volonté ferme sinon détermination forte: «En ma qualité de Garant de la Nation, j’en appelle au sens élevé de responsabilité de chacun et de tous, afin qu’au sortir du Dialogue National, nous soyons plus unis qu’avant, dans la mise en œuvre d’un processus électoral authen-
tiquement congolais, fruit d’un consensus librement dégagé, avec pour objectifs la consolidation de notre jeune démocratie, et la préservation de la paix chèrement acquise, de la sécurité, de la stabilité et des progrès enregistrés sur la voie du développement de notre pays» (Kabila). Dans la même lancée
- d’aucuns verront une mise en garde: «Je ne permettrai pas que les sacrifices consentis ensemble pour bâtir la paix et la sécurité dans notre pays et dans la région, balisant la voie vers l’émergence, soient compromis, sous quelque prétexte que ce soit, par ceux qui, de mauvaise foi et de
manière délibérée, choisiront de rester enfermés dans leurs postures négativistes, refusant le dialogue au profit des complots contre la République, promettant sang et sueur à notre peuple» (Kabila). Puis: «Il n’y aura ni sang, ni sueur». Puis: «Les intérêts et les aspirations légitimes de
million d’ethnies et de cultures qui n’ont su vivre ensemble que dans un contexte, une classe politique déchaînée incapable de s’accorder sur l’essentiel, instrumentalisée à souhait.
disputent les premières places en recourant aux recettes qui ont fait les icônes: la contestation aussi longtemps que ce n’est pas eux qui sont aux manettes! Objectif: se faire décerner l’étiquette de «chef de l’opposition» politiquement correcte. Car si hier, l’opposition ne nourrissait pas son homme, aujourd’hui - démocratie et droitsdelhommisme oblige! - elle marche très fort. Comment en effet être en paix quand on est au pouvoir sans entendre vous ressasser Burkina Faso? Cela ne servirait donc à rien d’aller à une rencontre internationale! C’est à croire qu’il ne sert à rien d’être dans l’action! Entre démocratie et développement, que choisir? Si, en Corée comme en France, en Grande Bretagne, en Allemagne, aux étatsUnis, etc. - développement fut synonyme de discipline - de l’ordre public jusqu’à l’interdiction de droit de grève en vue de sauver l’essentiel - comment nos pays iront-ils au développement dans la contestation et le chaos permanent? La révision de la loi électorale qui a donné le prétexte à des scènes d’émeute, de pillage et des tueries était-elle si rebutante ou a-t-on usé de la recette contestataire pour faire comme
le Burkina? Parmi ceux qui ont choisi le chienlit, qui a déployé vision, sens de l’état, responsabilité hormis «des antagonismes de frustration»? Installet-on une opposition à partir d’une frustration subie ou, au contraire, la construit-on à partir d’une vision partagée? De quelle crédibilité fait-on montre si aucune vision ne se dégage d’une action? De là à comprendre pourquoi aujourd’hui comme hier l’opposition peine à fournir une alternative au pouvoir... De là à comprendre pourquoi ce pays n’a jamais à ce jour connu de transfert de pouvoir pacifique.
avait changé de régime! Mzee ne su permettre. Et cela fait fort longtemps que le Sphinx a oublié d’exercer le pouvoir d’état... Qu’importe! Puisque d’autres petits Tshisekedi ont pris la relève, chacun poussant à la surenchère. à la vérité, s’il ne viendrait à l’esprit de personne de minimiser ce qui s’est passé dans quelques quartiers de Kinshasa et à Goma, il faut souligner une évidence: jamais aucune fois, lors de ces événements, le pouvoir ne donna l’impression d’avoir perdu le contrôle de la situation. Et c’est abusif de dire qu’à partir de ces événements, notre pays a voulu se burkinafasosiser! à Kinshasa, on a peu vu des groupes de jeunes partisans de l’alternance démocratique que des bandes de pillards d’établissements de commerçants chinois. Sur le campus, des soidisant étudiants ont été jusqu’à incendier leur propre laboratoire... nucléaire! Y voit-on signe de conscience politique? Reste que ces évènements inquiètent, à commencer par la majorité au pouvoir. Au lendemain de ces scènes de rues, la première question à se poser est celle de savoir si la majorité existe ou si elle n’est pas un regroupement sans âme,
qui se conteste ellemême, se tire des balles aux jambes!
notre peuple à la quiétude et au bien-être seront, en tout temps et en toutes circonstances, sauvegardés et promus par les Institutions de la République». Puis, la finale: «Là où il lui est promis la mort, nous l’assurons que tout sera mis en œuvre pour protéger la vie. Là où on veut tout détruire, notre engagement c’est de construire et de développer sans relâche nos villes et nos campagnes. à notre peuple de choisir, lors des élections, lequel des deux projets de société lui convient le mieux» (Kabila). 2015, année impossible? Le Soft International l’a écrit dès sa première parution 2015 (éd. n°1306). Quelle année nous réservé 2016? à partir des écrits prophéties de ce journal reprises certaines en édition document, chacun peut tracer l’année qui s’ouvre. Dans l’intervalle, bonne année, Seasons Greetings.
L’année impossible
I
l n’est pas facile d’être le... Zaïre! Ainsi se lamentait Mobutu à chacun de ses meetings légendaires! Il avait beau faire, le léopard avait toujours maille à partir face à ses protecteurs occidentaux qui lui cherchaient des poux sur la tête, à l’en croire! Il mit ça sur le compte du destin! Le Zaïre, ce pays tant désiré! Jamais l’extérieur dont il fut l’ami intime à sa prise de pouvoir et qui l’accompagna à ses débuts de pouvoir, ne lassa de le harceler. Surtout lorsque vînt la zaïrianisation dont tout le monde a dit tout le mal et quand sonna la perestroïka avec la fin de la guerre froide et que soudain, il s’aperçut qu’il avait terminé le boulot! Trois décennies plus tard, cette phrase se rappelle littéralement aux Congolais. Alors que le pays affiche les meilleurs chiffres économiques - un taux de croissance attesté de près de 10% qui fait pâlir l’Occident en dehors de tout programme avec le FMI voilà que le Congo qui s’est pris à rêver passe brutalement au cauchemar, renvoyé à ses réalités: un sous-continent qu’il faut un jour avec courage politiquement appréhender, un demi-
NéCESSAIRE ORDRE PUBLIC. C’est l’ambassadeure des états-Unis à Kinshasa Melissa Wells qui nota «plus de chaleur que de lumière» dans le débat kinois quand peu de temps avant le ministre état sénégalais - un certain Abdoulaye Wade - annonçait que le pays abritait «l’opposition la plus bête du monde». Si Mobutu est parti, les principaux lieutenants qui firent partie de son opposition comme de sa majorité - «la mouvance» - sont en place à la base du meilleur et du pire. S’ils n’avaient pas tous occupé les avant-postes du mobutisme, ils ont fourbi leurs armes dans l’ombre des personnalités mobutistes. Peu se sont réconciliés. Chacun reste loin de l’autre et les camps recomposés se regardent en chiens de faïence! La logique est sauve... Ceux qui demeurent loin du pouvoir et qui pensent que le pouvoir leur a été confisqué ressortent les vieilles recettes mais doivent faire face aux nouveaux venus qui leur
PETITS TSHIkas SONT NéS. Le juriste étienne Tshisekedi qui rédigea le Manifeste de la N’sele qui permit à Mobutu d’installer la dictature aurait pu succéder pacifiquement à son ami. Il ne fournit jamais aucune posture à cet égard, refusant le simple respect des règles de la vie démocratique préférant s’installer dans l’extrémisme. Bien sûr, l’histoire lui reconnaîtra son rôle dans la désacralisation de Mobutu mais aussi celui d’avoir aidé son pays à plonger dans le précipice. A la prise de pouvoir par l’AFDL, il remit le couvert oubliant que le pays
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IL EXISTE UN MALENTENDU. L’ennemi le plus dangereux n’est pas celui que vous connaissez; il est celui que vous ignorez et qui s’avachit dans vos propres rangs. Comment ne pas hurler son angoisse quand à longueur de journées, certains donnent au bourreau la corde avec laquelle ils doivent être pendus? à observer le déluge de mensonge et de trahison qui se déverse au sein de la majorité, on en vient à se demander ce qui, des années durant, n’a pas marché et ce que certains font ensemble quand ils ne peuvent composer! Il doit y avoir un malentendu... L’histoire demandera demain pourquoi la majorité accepta de lancer en public le débat électoral, plusieurs années avant le terme, entravant du même coup la conduite de l’action pour laquelle elle fut élue et pourquoi ne sut-elle pas clore ce débat ou le maîtriser à un niveau acceptable. Demain, l’Histoire donnera des réponses… Pour l’heure, notons qu’alors qu’elle dispose encore de 24 mois pour poser des actes et conduire l’action, la majorité court le
risque de rendre 2015 une année impossible depuis qu’elle s’est laissé prendre au piège de l’opposition qui n’a eu de cesse de la harceler et dont c’est finalement le rôle. Elle a d’abord littéralement contesté le président de la CéNI avant de le reconnaître de facto. Après cet échec, elle monte la pression sur ses délégués au sein de la CéNI, les sommant de quitter la centrale électorale mais voyant l’action perdue d’avance, elle trouve l’arme fatale: le projet de loi électorale accusée de tous les péchés quand c’est elle-même qui réclama recensement des habitants et identification des Congolais. Portée par sa success story, elle remet le couvert avec l’ultimatum du calendrier électoral global à publier par le même... abbé Président honni et désiré! De là, l’opposition fait sienne la demande des Occidentaux partenaires du processus électoral! Voit-on de la cohérence à tout ça? à la majorité de répondre. Elle qui à ce jour est menée par l’opposition et peine à rebondir ou à trouver la parade! Sans une thérapeutique de choc qui passe par la recomposition, quel va être son sort?
T. MaTotu n
Le Soft International, n°1306, 11 fév. 2015.
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Voici que soudain le Congo rétropédale on a tout écrit |
V
oilà ce que l’on redoutait qui arrive: le rétropédalage! Ils voulaient tous à l’unanimité - sans qu’aucune voix ne manque! - des élections et réclamaient pour cela le calendrier électoral «global» - à la suite certes des Occidentaux! La Céni - sans attendre le retour des soins de son abbé président Apollinaire Malu Malu Muholongo - est passée à la vitesse supérieure en publiant cette chronologie des événements politiques, en prenant soin d’ajouter - afin que nul n’en ignore rien - les contraintes qui pourraient, si ces préalables ne sont pas respectés, tout fausser. Tout compromettre. Ramenant le pays à la case de départ... En réalité, sauf miracle improbable, le pays n’ira pas aux élections aux dates annoncées par la Commission électorale nationale indépendante (lire pages 9 à 13). Elle réclame le consensus! Faut-il noter que ce calendrier a été signé par le Vice-président de la Céni, André Mpungwe Songo non par le président de la Céni, l’abbé Apollinaire Malu Malu Muholongo. Signe que la Céni n’a pas voulu assumer... En ne voulant pas attendre le retour au pays de son président, la Céni clairement a voulu couper court aux critiques parfois acerbes et refusé de porter le chapeau. La Centrale électorale nationale a fait le Ponce Pilate, le moins que l’on puisse dire. «Puisque vous tenez absolument à aller aux élections, eh bien, allez-y! Voici les dates. Moi, je m’en lave les mains... Si jamais les étapes ne sont pas respectées, vous n’aurez qu’à vous en prendre à propres turpitudes». C’est clair. Comme l’eau de roche!
De ht en bas, Vital Kamerhe au centre de l’agitation de la mi-janvier. Les Dép. José Makila, Jean-Claude Vuemba et éve Bazaïba, des animateurs de l’aile radicale de l’opposition. dreservés. Du coup, l’opposition qui réclamait à tue-tête ce calendrier électoral, rétropédale! Elle ne veut plus les élections, en tout cas pas aux dates de la Céni. Elle réclame le consensus... Des partis politiques (de l’opposition), des groupes parlementaires (de l’opposition), des organisations de la société civile (affiliées à l’opposition) et des membres de la diaspora (proches de l’opposition) du coup, parlent d’«irréalisme». Il s’en trouve qui parlent de «calendrier anti-constitutionnel», expliquant qu’il n’est pas acceptable que les prochaines confrontations électorales se tiennent sur base d’un «vieux» fichier électoral et qu’il n’est pas
acceptable que l’enrôlement soit «imparfait»! Ne seraient-ils pas en train de développer les thèmes de la majorité qui avaient de la peine à se faire entendre lors du débat parlementaire de la mi-janvier? Car ce ne sont pas du menu fretin qui s’exprime. C’est du lourd dont la voix porte. Ainsi en est-il de l’ancien syndicaliste Steve Mbikayi (président de son Parti travailliste, membre de l’opposition radicale. Choc dans l’opposition. Tout comme du Député Delly Sesanga Dja (ancien haut cadre du MLC, président de son parti Envol, membre de l’opposition radicale) et... de la
Députée ève Bazaïba, secrétaire générale du MLC (le parti de Jean-Pierre Bemba Gombo), membre de l’opposition radicale. Quand celle-ci invoque «l’irréalisme» de ce calendrier, Delly Sesanga - qui a hurlé avec les loups de l’opposition en les ayant rejoints dans la lutte contre le projet de loi de révision de la loi électorale - met plus... d’ambiance dans le débat. Rien n’aurait été respecté «rigoureusement». Il parle du choc qu’a provoqué la publication de ce calendrier pourtant réclamé... par les opposants. «à la rentrée parlementaire de mars, l’Assemblée nationale va dire son désaccord et il faudra rechercher un mécanisme de correc-
tion de ce calendrier même si le pouvoir en revient à la seule Commission électorale nationale indépendante...», explique le Député. Le chemin mène au dialogue. «Nous devons nous marquer comme politiques. En politique, il y a toujours le temps de discuter. La Céni a publié un calendrier électoral... sous conditions, ce qui lui enlève de l’efficacité et de la validité», explique-t-il. Sesanga ne dit rien d’autre que reconnaître l’impossibilité pour le pays de tenir les scrutins aux dates et donc l’impossibilité de respecter «les délais constitutionnels». Le premier Vice-président de l’Assemblée nationale Charles
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De ht en bas, Jean-Pierre Lisanga et Delly Sesanga, animateurs d’une aile radicale de l’opposition. Le Vice-président de la Chambre basse Charles Mwando Nsimba. dréservés.
Mwando Nsimba dont le parti UNADEF réunissait ses assises le week-end est du même avis. «L’Assemblée nationale devra rechercher un consensus lors de la présentation au Parlement par la Céni de son rapport d’activités. En accord avec la Céni, le Parlement peut réaménager ce calendrier électoral». à l’UDPS, Valentin Mubake, conseiller politique d’étienne Tshisekedi appelle tout de go - et comme à son habitude - au rejet pur simple de ce
calendrier mais sans rien proposer à la place - sans doute que Tshisekedi recouvre d’abord son impérium perdu - quand le secrétaire général du même parti Bruno Mavungu prône le consensus. Comment se le cacher? Le calendrier de la Céni est déjà mort-né. Le Congo se dirige-t-il vers un dialogue? Un de plus? Mais la politique n'est-ce pas le dialogue permanent?
D. Dadei n
Le Soft International, n°1307, 16 fév. 2015.
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on a tout écrit |
«La loyauté est la cuirasse qui ne faillit jamais», explique Kin-kiey
A
ppelé à commenter la rentrée parlementaire de mars 2015 sur la radio TopCongo, le ministre des Relations avec le Parlement, le professeur Tryphon Kin-kiey Mulumba l’a qualifiée de «difficile» considérant les questions hautement politiques que les élus auront à débattre mais que face à l’agitation observée au sein de la classe politique dans la perspective des échéances électorales, «la loyauté est irrésistible; la loyauté vainc toujours; la loyauté est la cuirasse qu’il faut et qui ne faillit jamais». Ci-après.
Vous êtes membre du Bureau Politique de la Majorité Présidentielle et ministre des Relations avec le Parlement. à cinq jours de la rentrée parlementaire de mars, quels sont les enjeux de cette rentrée? J’espère d’abord que les élus ont profité de ces deux mois pour prendre un repos mérité et retrouver leurs bases. Deux mois - comme vous savez - il y’a eu une session extraordinaire en janvier qui a pris en effet un mois. Les enjeux de cette rentrée. C’est vrai, il faut bien se poser la question mais j’aimerais simplement vous dire que cette rentrée va être difficile. Nos élus se sentent souvent délaissés. Ils se plaignent! Il faut sans doute - comme vous y pensez - ajouter toutes ces perspectives à court et moyen termes: le calendrier électoral publié par la CéNI qui fait débat, le découpage territorial, le projet de décentralisation, etc. Il s’observe une sorte d’attentisme! Il faut noter que la loyauté est irrésistible; la loyauté vainc toujours; la loyauté est la cuirasse qu’il faut et qui ne faillit jamais. Nous sommes, nous Congolais - et le Président de la République l’a dit lors de l’une de ses adresses - nous sommes un peuple des Conquérants et non un peuple de renoncement. C’est peut-être ici qu’il faut que je cite Jésus, oui Jésus: «tout royaume divisé contre lui-même est dévasté; toute ville ou maison divisée ne peut subsister». Nous sommes - vous
politique congolaise, dont il fait partie, s’est mise à rechercher des voies de sortir le Congo d’une situation qui nous paraît être, c’est vrai, une sorte d’impasse. Le Président de la République n’est-il pas celui-là précisément avec qui le Congo doit trouver solution si problème il y a? Ceux qui appellent à cela - libérer les troupes, comme vous le dites - s’ils sont membres de la majorité présidentielle ne me paraissent pas suffisamment loyaux.
En janvier 2015, le professeur Tryphon Kin-kiey Mulumba, ministre des Relations avec le Parlement au sortir d’une audience au Palais du Peuple, siège du Parlement. Dpots Réservés.
l’avez compris - des croyants.
Mais par rapport au processus électoral, on a l’impression que vous aussi au sein de la majorité présidentielle, vous n’émettez pas tous sur la même longueur d’ondes? Ce que je dois dire ici est que la majorité présidentielle est une famille. Une famille doit serrer les rangs autour de son Chef si cette famille veut vaincre. C’est vrai qu’il y a cette peur de l’inconnu et, vite, on se repositionne. Vous savez, dans les légions romaines, les fantassins combattent en rangs serrés. Chaque soldat connaissait le soldat à sa droite et celui à sa gauche. Il nous faut être à même de faire confiance au compagnon qui est à droite et au compagnon qui est à gauche. Notre tragédie et souvent celle-ci: celui qui nous protège est souvent celui qui nous blesse. Je pense que l’autorité n’est efficace que si elle est exercée. Voyez par exemple les évènements de la mijanvier dus à l’absence d’encadrement de la jeunesse kinoise. Vous voyez ces actes qui procèdent de la désacralisation du pouvoir et qui sont continuellement posés par des membres de notre classe politique au nom de la liberté d’expression. Vous voyez ces images de Mpuila au Congo Brazzaville ou de Ouaga au Burkina utilisées sur les réseaux sociaux comme étant des images du Congo! Qu’avons-nous fait pour protéger notre pays, protéger notre modèle politique? Sou-
vent, le Congo, notre pays, est à la défensive mais on sait qu’aucune armée n’a jamais gagné en restant sur la défensive. Je pense que l’heure de l’offensive a sonné. Nous engagerons l’offensive ou nous périrons! Mais n’est-il pas temps tout de même que le Chef de l’état puisse fixer du moins sa famille politique sur son avenir politique pour éviter l’agitation que l’observe au sein de la Majorité? Vous voulez dire comme on le dit vulgairement - que le
Président libère ses troupes? Pensez-vous qu’il agirait en responsable? Pensez-vous qu’il s’agirait d’un acte de responsabilité de sa part? D’abord voyez-vous ce qu’est le Congo: au centre d’intérêts vastes et divergents; au centre de convoitises multiples. Quel sort serait celui de ce pays si d’aventure le Président annonçait telle ou telle décision avant l’heure? N’a-t-il pas encore au moins dix-huit ou dixneuf mois devant lui et qu’il doit accomplir pleinement? Je vais vous dire: le problème de l’homme politique
congolais est son incontinence verbale, sa passion irrésistible pour le media surtout celui qui vient de l’étranger. Hors d’évènements tragiques à traiter sur nos continents, ces medias étrangers courent le continent à la recherche d’infos qui font le buzz et souvent nous tombons dans ce piège. Moi j’ai condamné tôt le plongeon pré-électoral accompli par notre pays, et par notre seul pays. Ensuite, au fond, comment voulez-vous que le Président de la République puise clore les débats par une annonce péremptoire quand toute la classe
Clairement ne va-ton pas, face à cette situation divergente au sein de la majorité, vers l’implosion de la Majorité Présidentielle? La Majorité Présidentielle, parlons-en. C’est quoi la Majorité Présidentielle? La Majorité Présidentielle est un regroupement historique constitué en vue d’assurer la réélection du Président Kabila avec le Palu de Gizenga resté à l’écart, mais qui est un allié de la Majorité Présidentielle. Nous savions qu’à un moment ou un autre, il y’aurait ce risque de départ que vous appelez «implosion» surtout face à ce déluge que tout le monde pressent. Voilà pourquoi in tempore non suspecto, nous avons créé l’Association Kabila Désir qui aujourd’hui apparaît comme ce vais-
seau de Noé, le navire construit par Noé sur l’ordre, nous dit la Bible, de Dieu afin que Noé sauve sa famille, ses trois enfants Sem, Cham, Japhet, leurs épouses et toutes les espèces animales d’un déluge face à la méchanceté de l’humanité, face à la perversité de l’humanité. Cet homme Noé était le seul juste, le seul intègre et il construisit l’arche qui permit la perpétuation de la race sur la terre. Si Kabila Désir peut être ce vaisseau qui va permettre à ce grand projet de Kabila de survivre longtemps encore, nous serions heureux. Mais pour cela, nous devrions trouver les espèces justes et intègres et ces espèces qui se reconnaissent dans la vision et l’œuvre de Kabila - cette vision et cette œuvre citées en exemple par le FMI, par le PNUD, par la Monusco. Quand j’observe qu’en dépit de tout, l’écrasante majorité de nos Députés à l’Assemblée Nationale approuve les projets de loi de réforme du Gouvernement de Kabila, je dis que le renoncement n’a pas sa place autour de Kabila. Monsieur le Ministre je vous dis merci! C’est moi qui vous remercie.
Retranscrit par T. Matotu n
La vertu du dialogue
B
ien de prises de position entendues sur la nouvelle initiative présidentielle d’accepter de rencontrer des représentants des forces vives du pays mais aussi des membres de certaines missions diplomatiques accréditées dans notre pays. Le représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies et chef de la Monusco, l’Allemand Martin Kobler, a salué cette initiative du Chef de l’état. (...) Des opposants tels le Dép. Clément Kanku Bukasa wa Tshibuabua du Mouvement pour le Renouveau, MR ou son collègue Steve Mbikayi du Parti Travailliste, PT, se sont prononcés en faveur du dialogue. L’UDPS d’étienne Tshisekedi wa Mulumba, après avoir donné son accord, y voyant la meilleure solution pour sortir le
Le Chef de l’état a fait part de ses convictions profondes à ses collaborateurs du Bureau Politique de la Majorité Présidentielle. dr.
pays de la crise politique, paraissait traîner les pieds. Depuis le régime Mobutu, que du temps perdu hélas! avec cette «fille aînée de l’opposition», un parti - plutôt un homme qui paraît avoir peur de l’exercice du pouvoir, et qui a toujours coulé à chaque fois qu’il en a eu l’occasion - et qui,
de ce fait, ne semble jamais avoir une parole à donner. Que de tentatives échouées avec le Sphinx! Nourrit-il quelques angoisses à l’idée d’avoir à assumer des fonctions d’état? «Je ne suis pas spécialement un homme politique qui a la réputation d’être peureux mais je sais évaluer le danger.
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Quand vous vous retrouvez dans l’hypothèse d’être président de la République alors que vous n’avez pas l’appareil pour le faire, vous ne trouvez pas que ça puisse susciter légitimement une impression d’angoisse? Si ce n’est pas le cas, c’est que vous êtes un branleur», confie Jean-Marie Le
Le Soft International, n°1309, 16 mars 2015.
Pen dans un entretien accordé au magazine Society paru vendredi. L’ex-candidat du Front national à l’élysée raconte ainsi qu’il a eu des sueurs froides de se retrouver aux mannettes du pouvoir à son arrivée au second tour de l’élection présidentielle de 2002. On pourrait comprendre le refus que paraît opposer à l’appel au dialogue le groupe pétri d’expériences du président du Sénat, Léon Kengo wa Dongo qui parle de «perte de temps». Qu’importe, à Kabila, on reconnaîtra une vertu. L’humilité, le pardon, la charité, l’abnégation. L’énergie morale, la force de l’âme, le courage. «La vertu est toute dans l’effort» (France). «La vertu, c’est ce que l’individu peut obtenir de soi de meilleur» (Gide).
D. Dadei n
Le Soft International, n°1318, 1er juin 2015.
Ce qui va arriver on a tout écrit |
L
Plénière tumultueuse mi-janvier à l’Assemblée nationale avec concert des siflets des Députés d’opposition décidés d’empêcher la tenue de la séance. dréservés. politiques - calene Congo de «la loyauté (qui) Tony Busselen, le dentielle à «serrer les droite et au compade loi de la révision va-t-il laisse deviner sans rangs autour de son de la loi électorale. à drier électoral publié est irrésistible; la gnon qui est à gaupar la CéNI qui fait droit vers loyauté vainc toule dire. On lira de la Chef si cette famille Kinshasa, appelé à che», estimant que débat, découpage le déluge? jours; la loyauté page 5 à la page 10 veut vaincre», rapcommenter la renla tragédie congoterritorial, projet de Nombreux sont ceux les déclarations de est la cuirasse qu’il pelant les légions trée parlementaire laise est que celui qui décentralisation, etc., faut et qui ne faillit qui le pensent et le romaines dont les l’auteur de «Congo, nous protège est soude mars 2015 sur la que les élus auront disent. Spécialiste de une histoire popujamais». Croyant, fantassins combatradio TopCongo FM, vent celui qui nous la région des Grands laire», éd. Aden, il cite Jésus: «tout taient en rangs serle ministre des Rela- à débattre mais que blesse». Le ministre face à l’agitation lacs, collaborateur royaume divisé 2010, qui commente rés. «Chaque soldat tions avec le Parlesonne l’heure de l’ofobservée au sein de du magazine Solicontre lui-même est aussi les évènements ment, le professeur connaissait le soldat fensive et prophétise: la classe politique daire, mensuel padévasté; toute ville survenus dans la à sa droite et celui Tryphon Kin-kiey «Nous engagerons dans la perspective pier et site web du ou maison divisée ne à sa gauche. Il nous Capitale et à Goma Mulumba qualifie l’offensive ou nous des échéances élecParti de Travail de peut subsister». en marge du débat faut être à même de celle-ci de «diffipérirons»! Le Soft International, torales annoncées, Belgique, le Belge Il appelle la famille sur une phrase insfaire confiance au cile» considérant les n°1309, 16 mars 2015. le ministre fait part de la majorité prési- compagnon qui est à crite dans le projet questions hautement LE SOFT INTERNATIONAL | ÉDITION NATIONALE | N° 1342-1343 | PAGE 7.
on a tout écrit |
«Les opposants congolais ont tout hérité de Tshisekedi»
R
«Tshisekedi refuse le dialogue quand on l’offre, il exige la capitulation totale de ses adversaires et il exige ni plus, ni moins que la présidence du Congo. Sinon, c’est l’appel au boycott, ou l’appel à la révolte jamais suivi. Une pièce de théâtre qui se joue déjà depuis 1991 et une caricature de la politique, façon de faire de la politique très largement répandue en RDC dans toute la classe politique, aussi bien à l’opposition que chez certains de la majorité présidentielle». droits réservés.
entrée cruciale que celle qui a lieu en ce début de semaine succédant au déluge programmé et manqué par l’opposition mi-janvier lors de la session extraordinaire du Parlement. Le décor apocalyptique n’a pas changé, bien au contraire, il s’est consolidé avec le débat sur le calendrier électoral global réclamé par l’opposition à la suite des Occidentaux, publié par la Céni mais contesté par les chancelleries occidentales aussitôt rejointes par l’opposition. Ajouter à cela le débat sur le découpage territorial qui fait passer le nombre de provinces de 11 à 26 et celui sur la décentralisation, tout comme les risques réels d’implosion de la majorité au pouvoir,
tout paraît indiquer qu’en dépit de ses excellents résultats au plan économique et sécuritaire, le navire Congo vogue droit vers un rocher qui va le désintégrer. Secoué début 2015, par un mouvement populaire surmédiatisé, le régime Kabila s’est plié sans tomber, au grand dam des USA et de certaines chancelleries de l’UE, à en croire le Belge Tony Busselen, spécialiste de la région des Grands lacs, marxiste, collaborateur du magazine Solidaire, mensuel papier et site web du Parti de Travail de Belgique, auteur de «Congo, une histoire populaire», éd. Aden, 2010. Le Belge donne les clés pour comprendre ce qui s’est passé et se passera au Congo dans les années qui viennent. Dans cet entretien réalisé par Olivier A. Ndenkop, l’auteur du livre «Congo, une historie populaire»
révèle aussi les techniques utilisées par certains pays occidentaux et des multinationales capitalistes pour affaiblir l’État congolais afin de piller ses ressources minières en toute tranquillité.
Le 19 janvier 2015, des jeunes sont descendus dans la rue pour contester la nouvelle loi électorale. Pourquoi cette mobilisation subite des Congolais? La nouvelle loi électorale qui a été votée le 17 janvier au Parlement contenait dans son article 8 une phrase qui était fortement contestée. C’était la phrase suivante: «La liste électorale est actualisée en tenant compte de l’évolution des données démographiques et de l’identification de la population». L’opposition expliquait cette phrase comme si la composition de la liste des électeurs
dépendrait du recensement populaire. Cela impliquerait, selon elle, que les élections ne pourraient pas être organisées avant la fin du recensement. Or, toujours selon l’opposition, ce recensement demanderait trop de temps. Dans cette interprétation de la phrase, les élections ne pourraient pas se faire à la fin du mandat présidentiel prévu par la Constitution pour 5 ans, mandat qui devrait se terminer fin 2016. Pour l’opposition, cette phrase constituait la preuve que la loi électorale était une façon de prolonger le mandat de Kabila et de violer la Constitution. Les opposants avaient tout fait pour empêcher même la discussion sur cette loi. Avec une soixantaine de parlementaires (sur 500), ils avaient organisé un concert de sifflets pendant deux heures dans le Parlement pour
imposer un report de la discussion et du vote. Or, le ministre de l’Intérieur, Boshab, expliquait mercredi 21 janvier au Sénat que cette phrase signifiait en pratique que là où le recensement aurait lieu, on y tiendrait compte pour constituer la liste des électeurs. Là où le recensement ne pouvait avoir lieu, on pourrait se baser sur les anciennes listes électorales de 2011 afin de les actualiser. Cela signifiait que les élections n’étaient pas liées à la finalisation du recensement et qu’il n’était pas question de violer la Constitution. Pour écarter tout doute, la phrase a été barrée. La majorité présidentielle se défendait d’avoir mis la phrase dans la loi, pour éviter... la contestation de l’opposition qui avait exigé lors de son Conclave à l’été 2013 l’organisation du recensement comme condition de la tenue des élections.
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En effet, le dernier recensement date de 1985. Le manque de données objectives par circonscription électorale concernant le nombre d’habitants, l’âge, le sexe, etc., était lors des élections précédentes aussi bien en 2006 qu’en 2011 la plus importante cause des disputes sur les résultats entre candidats. Et puisque l’opposition tapait ces derniers temps surtout sur la soidisant intention du Chef de l’état de prolonger son mandat, le gouvernement pensait avoir trouvé une formulation qui évitait les deux procès d’intention: ne pas vouloir organiser des élections basées sur des données scientifiques et vouloir prolonger le mandat présidentiel. Le tout donne un peu l’impression d’un match de boxe simulé dans lequel les deux camps ont voulu jouer au plus malin et ont commencé à se cogner.
Comment une telle discussion juridique a-t-elle pu mener à la mobilisation de jeunes kinois? En effet, on peut se poser la question. Car la vie quotidienne au Congo est pleine de problèmes concrets qui transforment l’existence des Congolais souvent en un enfer terrestre. Ces difficultés existentielles sont beaucoup plus pressantes pour les masses que la discussion sur l’interprétation juridique d’une phrase! Il y a le chômage énorme, la nécessité de protéger des communautés d’être chassées de leurs terres et de leurs maisons par des multinationales ou des grandes entreprises qui disent avoir acheté ces terres comme leurs concessions et d’y commencer une exploitation minière ou agricole; l’infrastructure qui empêche que les (suite en page 9).
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«Opposants et dirigeants pensent que la parole de l’étranger est divine»
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quartiers populaires soient inondés lors des pluies, le manque d’approvisionnement en eau et en électricité, manque d’hôpitaux, de soins de santé, etc. Or, les débats autour de ces problèmes sont effacés en faveur d’une atmosphère de campagne électorale avancée de quelques années. Cela entraîne aussi bien des forces dans la majorité que dans l’opposition. Cela arrange énormément l’opposition qui n’a en fait jamais reconnu les résultats des élections présidentielles de 2011 (remportées par Joseph Kabila) mais qui depuis ces élections n’a jamais pu mobiliser d’une façon significative. Qu’est-ce qui a fait la différence cette fois? C’est que début mai de l’année 2014, le secrétaire d’état américain John Kerry, en personne est descendu à Kinshasa et y a déclaré que les états-Unis allaient financer les élections avec une somme de 30 millions de dollars à condition que la Constitution soit respectée en ce qui concerne la limitation du mandat présidentiel. Depuis lors, l’envoyé spécial d’Obama pour les Grands lacs, Russ Feingold (ndlr: depuis lors reparti aux étatsUnis tenter de retrouver son mandat perdu de sénateur et en voie d’être remplacé), a répété plusieurs fois oukases et ultimatums d’une façon assez explicite. Quelques jours après la visite de John Kerry, Russ Feingold déclara: «Our strong advice is that there is a global election calendar with the presidential elections no later than the end of 2016, and (that there should be) no attempt to disregard the unamendable stipulation of article 220» (ndlr: exigeant un calendrier global incluant la présidentielle se tenant guère au-delà de 2016). Et sur la décision de la Commission électorale nationale indépendante de commencer des élections locales et régionales en 2015, il disait: «The local elections are expensive but are not required by the Constitution. Organizing and financing these, but not the (presidential) elections, which are required by the
Plénière tumultueuse à l’Assemblée nationale avec concert des siflets des Députés d’opposition décidés d’empêcher la tenue de la séance. droits réservés.
Constitution, is not a believable approach» (ndlr: estimant que les élections locales trop chères n’étaient pas exigées. Organiser et financer celles-ci contrairement à la Présidentielle exigée par la Constitition était une approche peu crédible). D’abord ces déclarations violent la souveraineté et donc aussi la Constitution congolaise puisque ce n’est pas au gouvernement étasunien de dicter le calendrier électoral au Congo. C’est une compétence de la CéNI (Commission nationale électorale indépendante). Ce type d’ingérence est d’ailleurs allé trop loin. Des ambassadeurs occidentaux ont pris des initiatives de réunir des hommes politiques de la majorité et de l’opposition afin d’arriver à un consensus autour du calendrier électoral et de donner des injonctions à la CéNI d’accepter ce «consensus». Le samedi 31 mai, le Président Kabila a même convoqué tous les ambassadeurs présents à Kinshasa et a dénoncé «les initiatives de certains de nos partenaires
extérieurs qui donnent l’impression de vouloir créer anarchiquement des structures parallèles aux institutions légitimes en place en RDC pour gérer des questions relevant constitutionnellement de ces dernières. Pareilles initiatives seraient, selon le chef de l’état, nulles et de nul effet car ne répondant à aucune sollicitation des institutions étatiques de la RDC qui n’est pas un pays sous tutelle». Or, Russ Feingold n’a pas reculé. Il a continué à taper sur le même clou. Il faut aussi dire que l’équipe des envoyés spéciaux pour la région des Grands lacs qui agit comme une équipe représentant la Communauté internationale qui accompagne le processus de paix à l’Est du Congo reprend comme un écho le même thème étasunien dans ses déclarations. Ce qui n’est pas étonnant puisque cette équipe est dominée par des diplomates occidentaux. Il faut savoir que dans le monde politique congolais, même chez certains hommes politiques de la majorité, des déclarations sur
leur pays venant de Washington, Paris et Bruxelles sont reçues comme la parole de Dieu. Des journaux, titrent sans gêne depuis lors une série interminables d’articles dans le style «élections en RDC, la CéNI dos au mur» ou encore «Obama ne décolère pas»: «Kabila must go!». Ainsi, le gouvernement étasunien a réussi à créer une situation de facto où la campagne électorale domine la vie politique deux ans avant les élections. C’est un acte de déstabilisation qui n’est pas à sous-estimer. Qu’est-ce qui a permis au pays d’éviter ce que certains appelaient déjà le «Printemps congolais»? Les événements à Kinshasa et à Goma, n’étaient pas un soulèvement populaire comme on a vu, par exemple au Burkina Faso. La population kinoise n’a pas suivi en masse les appels de l’opposition d’occuper le Parlement à l’exemple du Burkina Faso. Il n’y a eu des manifestations ou mouvements que dans 9 des 26 communes de Kinshasa. à
aucun moment, les manifestants ont réussi à se joindre et former un cortège imparable. Il faut aussi mentionner que juste ce même lundi 19 janvier, il s’est déroulé un événement assez extraordinaire, la visite d’État du Président angolais Eduardo Dos Santos à Kinshasa et la signature de quatre Accords entre les deux pays. Tout cela a été montré à la télévision en direct. On a pu voir comment le président angolais était accueilli à l’aéroport de N’Djili, où il est monté dans une limousine qui a traversé sans problèmes la ville jusqu’au Palais de la Nation au centre de la ville à Gombe. à Ouagadougou, on compte 1,4 million d’habitants et on a parlé d’un million de manifestants, les images ont montré l’ampleur du mouvement. Or, Kinshasa est une ville de plus de 10 millions d’habitants. L’opposition y a lancé des tracts dans les quartiers, appelant la population à occuper le Parlement. En plus, dès le lundi matin, il y a eu un flot de messages sur Twitter et Facebook avec des photos et des vidéos qui devaient
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encourager et mettre en colère les gens. On a vu défiler par exemple une vidéo de l’explosion d’une armurerie au CongoBrazzaville d’il y a des années avec des images cruelles, montrant des gens qui avaient perdu leurs jambes, etc., expliquant que c’était la répression par la police et l’armée à Kinshasa à ce moment. Des images venues de Haïti ou du Burkina Faso. C’était tellement grossier que même France 24 et Le Monde ont consacré des articles à ces tentatives d’intoxication et de déstabilisation massives. Le fait est que la population n’a pas suivi massivement, et elle a aussi désapprouvé les actes de pillage et de vandalisme. Il y a 60 bus de la société publique de transport Transco détruits et aussi plusieurs stations et bureaux de Transco. Au total, on estime les dégâts pour cette société à 900.000 dollars. La maison communale de Ngaba a été détruite par le feu, les archives aussi. Des stations de police brûlées. Le mercredi soir, on a montré à la télévision nationale,
la RTNC, les images de ces violences et aussi l’explication du ministre Boshab. Ensuite, il y a eu aussi la coupure de l’Internet et des services SMS. Et le jeudi 22 janvier, il n’y a plus eu de manifestations. Cela a pourtant duré jusqu’au lundi 26 janvier avant que la décision de barrer la phrase contestée ne soit prise.
On parle d’une répression sanglante, avec des chiffres de victimes allant de 14 à 42… Qu’il y ait eu des morts c’est regrettable, surtout quand on se rend compte qu’il s’agissait d’une querelle politicienne autour d’une phrase qui n’était même pas nécessaire, qui en était la cause! Il est probable qu’il y ait eu des dérapages de la part de la police dans certains cas, il est aussi probable que certaines sociétés de gardiennage occupées à protéger des sociétés, des bâtiments et autres biens, aient réagi avec trop de violence comme il est probable qu’il y ait aussi eu de la violence de la part des pilleurs et émeutiers et que les manifestants (suite en page 10).
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«La menace contre l’intégrité du Congo est toujours présente»
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politiques n’aient pas su ou pu encadrer leurs groupes. Mais il est trop facile de mettre tout ce bilan sur le dos de la police et du gouvernement comme l’ont fait plusieurs diplomates et media occidentaux. Il faut rappeler que le budget de la police congolaise n’est même pas un sixième du budget de la police belge pour un pays 80 fois plus grand et avec 7 fois plus d’habitants. Il faut aussi clouer le bec à certains nostalgiques du Mobutisme: on peut comparer le bilan de ces manifestations avec le bilan des trois jours de pillages par les soldats de Mobutu fin janvier 1993 sous le régime que certains exaltent toujours aujourd’hui. Aucun chiffre cité aujourd’hui n’approche même de loin du bilan de janvier 1993: 2.000 morts, la ville complètement détruite et 1.300 expatriés qui ont dû être évacués! Beaucoup de gens tirent des événements d’octobre 2014 au Burkina et de janvier 2015 au Congo la conclusion que les peuples sont résolus à se débarrasser définitivement des pouvoirs perpétuels en Afrique. Êtes-vous de cet avis? Je vois dans votre question deux points de discussion: est-ce que le combat des peuples consiste à se débarrasser des pouvoirs perpétuels et, deuxièmement, est-ce qu’on peut comparer les événements au Congo à ceux du Burkina? Pour la première question, ma réponse est que les peuples se révoltent car ils ne voient pas d’issue à la crise, à la faim et à la misère. Pendant les 50 ans d’après les indépendances, l’impérialisme n’a jamais arrêté de combattre les indépendances. Les capitalistesimpérialistes ont installé des dictatures néocoloniales comme ceux de Compaoré et de Mobutu. Avec l’aide de ce type de dictatures néocoloniales, ils ont créé des dettes odieuses. Ils ont pu manipuler jusqu’au début de ce siècle, quand des économies émergentes ont changé la donne, les prix des
matières premières. Les multinationales peuvent continuer à piller l’Afrique, mais contrairement à la période coloniale, ils n’investissent plus dans les États, dans le social ou les infrastructures. Dans son livre Chasseurs de matières premières, éd. Investig’ActionCouleur livres, Raf Custers compare le comportement des multinationales occidentales comme des météorites qui, après l’épuisement des ressources qu’elles sont venus exploiter, laissent derrière elles de grands trous vides sans que l’environnement ait tiré le moindre bénéfice. Les explosions de colère populaire reflètent combien les peuples en ont marre de cette situation de misère dans laquelle l’impérialisme les tient. Mais tant que l’on fait penser aux gens que la seule voie pour faire changer leur sort consiste à se battre pour l’alternance de leurs dirigeants, le changement ne sera pas du tout acquis. Au Burkina Faso, Tolé Sagnon, ancien dirigeant du CGT-B, le plus grand syndicat du pays, posait très pertinemment la question lors d’une interview: «Pour moi, le débat qui vaut la peine d’être mené est la nature du changement attendu par notre peuple. Si l’alternance à la tête de l’État signifie un changement de personne pour la remplacer par une autre personne du même système, qui va mettre en œuvre les mêmes politiques de dépendance, les mêmes politiques économiques, en quoi cela servira-t-il les intérêts du pays réel qui se retrouve dans les rues?» Jean-Marie Bockel, ancien ministre de la Coopération au développement sous Nicolas Sarkozy l’a très bien compris. Il commentait la chute de Compaoré en ces termes: «Quelles que soient les qualités d’un certain nombre de chefs d’état, à un moment donné, il y a l’usure du pouvoir». Prenons les exemples de Mobutu au Congo, Ben Ali en Tunisie ou Moubarak en égypte. Tous ont été pendant plusieurs décennies des alliés majeurs des puissances occidentales et de leurs intérêts économiques.
Mais tous sont arrivés au point de rupture, où ils n’étaient plus capables de contrôler leur peuple et gérer leur pays au seul profit des multinationales et des intérêts géostratégiques étasunien et français. Tous ont dû partir. Les gouvernements occidentaux ont développé des stratégies pour «gérer» la colère des peuples et en même temps «accompagner la relève de leur personnel politique». Les dirigeants peuvent changer, mais leur politique pro-occidentale doit continuer. Nous avons vu comment les états-Unis et l’Europe ont essayé «d’accompagner» le printemps arabe en égypte, Libye et la Syrie. Et quand on voit que le Président et le gouvernement de transition au Burkina sont composés effectivement d’anciens hommes de main de Compaoré et d’hommes politiques pro-Occident, on peut être sûr que le combat du peuple burkinabè n’a fait que commencer. Et en ce qui concerne la comparaison des événements au Congo et ceux au Burkina… Cette comparaison montre comment on dissocie le débat sur la politique de Kabila de la discussion formelle sur le nombre des mandats de sa personne. Cela montre comment cette discussion sur la fameuse alternance fausse le débat politique. Comparer Kabila à Compaoré arrange bien ceux qui veulent renverser Kabila dans une atmosphère démagogique, sans parler du contenu de sa politique et sans formuler aucune alternative. Mais il suffit de comparer les choix politiques faits par Compaoré avec ceux faits par Kabila pour se rendre compte qu’il s’agit de deux politiques complètement différentes. Là, où Kabila est accusé de «souverainisme» par des dirigeants occidentaux, Compaoré a été pendant toute sa présidence, un pilier crucial pour la domination de la France et des étatsUnis dans la région. Le Burkina Faso de Compaoré a été
pendant des années la base arrière pour tous les mouvements rebelles qui ont déstabilisé les pays voisins: la Côted’Ivoire, le Mali, le Liberia ou la Sierra Leone. Compaoré a collaboré avec l’UNITA de Jonas Savimbi, avec Charles Taylor au Liberia et avec le RUF en Sierra Léone. C’est avec son appui et l’appui de l’armée française que les milices de Ouattara ont pu prendre le pouvoir en Côte-d’Ivoire. L’armée française et l’armée étasunienne ont toutes les deux une base au Burkina. Le Washington Post a écrit plusieurs fois que c’est à partir du Burkina que toute la région de l’Afrique de l’Ouest était mise à l’écoute des services de renseignements étasuniens. Le noyau de l’armée de Compaoré était encadré et formé par l’armée française. Depuis les années 1960, quand la Chine populaire n’était pas encore admise comme membre des Nations Unies, il y a eu une grande guerre diplomatique entre les gouvernements de la Chine et celui de Taiwan pour nouer des liens diplomatiques entre les pays d’Afrique et leur pays respectifs. Pour Taiwan c’était une question d’isoler le plus que possible la Chine populaire. Pour la Chine c’était une question de rompre son isolement. Les pays africains devraient choisir et petit à petit la majorité des pays africains ont laissé derrière eux la politique d’isolement de la République populaire de Chine. Or, ensemble avec le Swaziland et la Gambie, le Burkina Faso de Compaoré sont aujourd’hui les derniers alliés de Taiwan en Afrique qui n’ont donc pas de relations officielles avec la Chine populaire. Juste deux semaines avant sa chute, Compaoré était encore un des seuls chefs d’état présents à Taipeh lors de la fête nationale de Taiwan. Kabila c’est juste l’inverse. Il préfère d’abord l’alliance avec l’Angola, l’Afrique du Sud et les pays de la SADC. Ensuite vient la Chine populaire. Les partenaires occidentaux sont les bienvenus, mais sur pied d’égalité
comme tous les autres. Le gouvernement à Kinshasa construit une grande armée avec l’aide d’accords de coopération militaire bilatérale avec beaucoup de pays, parmi lesquels les pays occidentaux ne forment qu’une minorité. Le refus de mettre sous tutelle le sommet de l’armée congolaise, irrite beaucoup les experts occidentaux. Tout cela explique la méfiance profonde de la part de l’Occident envers Kabila et le traitement négatif de sa personne dans les médias. Tandis que Compaoré était loué, même encore quelques jours avant sa chute, par les étatsUnis et la France pour ses «capacités de négociateur» dans des conflits dans lesquels il était lui-même acteur et arbitre sous l’œil bienveillant de Paris et de Washington. Le président de l’UDPS, étienne Tshisekedi et d’autres hommes politiques ont appelé les populations à «occuper pacifiquement la rue à partir du lundi 26 janvier jusqu’au départ de Joseph Kabila du pouvoir». Ce 26 janvier, contrairement au mot d’ordre des opposants, chaque Congolais a vaqué à ses occupations. Au-delà des discours, quelle est la représentativité réelle de l’opposition congolaise? Le problème n’est pas d’abord la représentativité de l’opposition, mais plutôt la politique qu’elle applique. Aujourd’hui, beaucoup de gens se moquent de Tshisekedi parce que sa démarche est prévisible et a depuis plus que deux décennies mené à des échecs innombrables. Tshisekedi refuse le dialogue quand on l’offre, il exige la capitulation totale de ses adversaires et il exige ni plus, ni moins que la présidence du Congo. Sinon, c’est l’appel au boycott, ou l’appel en l’air à la révolte qui n’est simplement pas suivi. Cette pièce se joue déjà depuis 1991 et c’est devenu une caricature. Mais on nie que cette caricature est le symbole pour une certaine politique et façon de faire de la politique qui est très largement répandue en RDC dans toute la
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classe politique, aussi bien chez certains de la majorité présidentielle que de l’opposition. On peut caractériser cette façon de faire de la politique comme suit: on veut arriver au pouvoir sur la base de calculs fantaisistes, une surestimation de ses propres capacités et sous la protection et avec l’aide des ambassades et puissances étrangères. Il y a manque de confiance dans les capacités du peuple congolais et manque de poursuite réel des intérêts du peuple congolais. La souffrance du peuple ne sert que comme fonds de commerce pour son combat personnel pour le pouvoir. Tous les opposants et même Muyambo et Katumbi, ont cette même façon de faire de la politique, dont Tshisekedi est la caricature. Or, le peuple n’est pas dupe et se méfie des hommes politiques en général. Ensuite, il y a un réseau de l’opposition congolaise dure autour de la personne de Honoré Ngbanda, l’ancien bras droit de Mobutu, chef des «Hibous», aussi appelé Terminator. Ce réseau a construit une influence considérable dans la diaspora. Des sites assez professionnels, tels que celui d’Apareco ou Ingeta, véhiculent des analyses et «révélations», qui sortent du laboratoire de Ngbanda, qui lui est un produit typique des écoles des services de renseignements occidentaux. L’intoxication que Ngbanda sert, est inspirée par la stratégie de la guerre psychologique du général britannique Frank Kitson qui a développé sa théorie sur le «black progananda» au Kenya contre les Mau Mau et ensuite en Irlande contre le IRA. Ce réseau de Ngbanda essaie depuis 2005 de jouer un rôle dans chaque crise politique ou militaire au Congo. Il faut un peu insister sur qui est ce monsieur Ngbanda. Entre 1972 et 1997, Ngbanda a été un proche serviteur du dictateur Mobutu et de ses patrons étasuniens. En 1997 au moment de la chute du dictateur, il se trouve à Lomé en train de négocier de l’aide militaire pour sauver la dictature. Il attendra six années dans l’ombre, parce
que comme il écrit dans l’introduction de son premier livre, il était conscient que le peuple congolais ne voulait plus rien savoir de lui et de l’ancien régime qu’il représentait. Il lance alors en 2004 un livre où il prend une approche très critique contre les grandes puissances, qui pourtant le laisseront tranquillement faire son boulot de subversion contre le Congo les années qui suivent. La seule raison pour laquelle il prend cette posture critique envers les états-Unis et la France, consiste à faire oublier son passé criminel et pouvoir lancer une série de mythes et de mensonges qui doivent l’aider à la subversion au Congo. Et ces mythes, malgré leur absurdité, sont très connus et reviennent aujourd’hui dans chaque mobilisation anti-Kabila: «Kabila serait un Rwandais, qui a été mis à la tête du Congo par un complot de l’Occident et du Président rwandais Kagamé. Ainsi, aussi bien Kabila que Kagamé et Museveni seraient la cause du maintien de la violence à l’Est et les massacres de Congolais». Tout son verbiage antiimpérialiste ne sert qu’à faire avaler ce type de délires fascistes. Le vrai but de Ngbanda reste la restauration du régime néocolonial qu’il a servi pendant 25 ans au cœur même des services de renseignement, d’analyse et de répression. En fait, Ngbanda applique une veille recette de l’extrême droite et des services secrets occidentaux, c’est de reprendre des thèmes de la gauche pour semer la confusion et pouvoir introduire une idéologie fasciste et raciste. Il est pour l’aile des anciens mobutistes rancuniers qui veulent coûte que coûte restaurer leur paradis perdu, ce que Soral est pour le Front National en France: un idéologue qui recrute pour leur cause. Son dernier livre a comme titre: La stratégie du Chaos et du mensonge, ce qui est assez dégoûtant puisque le titre pourrait aussi bien paraître chez des maisons d’éditions (suite en page 11).
Le spectre du chaos et de la balkanisation on a tout écrit |
(suite de la page 10).
de gauche. Ngbanda reprend sans vergogne le titre du livre de Michel Collon: «La stratégie du chaos». Donc le livre du sieur Ngbanda a un titre volé: (La stratégie du Chaos). Et l’ajout «et du mensonge» sert à cacher sa propre méthode de travail ainsi que la nature fasciste de son organisation Apareco. Après la neutralisation des rebelles du M23 en novembre 2013, quelle est la situation sécuritaire au Congo? Le fameux accord d’Addis-Abeba stipulait que les pays voisins ne pourraient pas accueillir les combattants du M23. Donc, quand, contre toute attente, le M23 a été battu militairement par les FARDC avec l’appui de la brigade africaine de la Monusco, les autorités rwandaises et ougandaises auraient dû empêcher le retrait des soldats vaincus du M23 sur leur sol. Ils ont fait le contraire, ces soldats ont été accueillis et logés dans des camps au Rwanda et en Ouganda. La fameuse équipe d’envoyés spéciaux dominée par les états-Unis et l’Union Européenne, n’a pas bronché. Ces envoyés ont dit qu’il fallait «une solution politique» et ils ont imposé des négociations entre le gouvernement congolais et les M23. La position du gouvernement congolais était qu’il n’y avait plus rien à négocier sauf la reconnaissance de la défaite des M23. Sous pression des envoyés spéciaux, Kinshasa a accepté de longues tractations à Kampala en gardant sa position. Cet exercice a mené à la signature de deux documents séparés: les M23 ont signé un document dans lequel ils renoncent à la rébellion et confirment leur dissolution. Le gouvernement a signé un document constatant que la M23 s’est dissout et s’engageant à faire ce qui est nécessaire pour la démobilisation et la rentrée des soldats du M23 en RDC. Résultat, deux ans après leur
défaite, ces gens se trouvent toujours bien logés au Rwanda et en Ouganda. Ils refusent de revenir sous prétexte que le gouvernement congolais refuse l’amnistie pour tout le monde. Dans les faits, Kinshasa a fait une liste d’une quarantaine de personnes qui ne peuvent pas profiter de l’amnistie car ils ont commis des crimes de guerre. Et tout ce chantage des rebelles et de leurs parrains à Kampala et Kigali se fait avec l’appui des envoyés spéciaux. Ces derniers mois, il y a quelques dizaines de combattants qui ont été rapatriés après des négociations entre Kinshasa et Kampala. Mais Kigali et Kampala ont toujours la grande majorité de leurs pions sur le banc de réserve et ils peuvent les renvoyer armes à la main au Congo quand la situation s’y prête. De deux, il y a eu une défaite militaire des rebelles ADF, ougandais dans le nord autour de Beni. Or, cette défaite est suivie par une terreur et des massacres de civils comme si une force obscure voudrait montrer coûte que coûte au monde entier en tuant des civils désarmés, que Kinshasa n’est pas capable de garantir la sécurité sur cette partie de son territoire. Le 1er février 2015, pourquoi l’armée congolaise a décidé de lancer la traque des FDLR sans associer la Mission des Nations unies au Congo comme initialement annoncé? Les FDLR c’est ce qui reste des anciennes milices qui ont participé au génocide de 1994 au Rwanda. On les estime aujourd’hui à 1.500. Ils se situent assez loin de la frontière rwandaise et ne forment pas une menace pour le Rwanda. Ce sont des gens qui ont aussi terrorisé la population congolaise et les réfugiés rwandais qui se trouvent en RDC. Ils contrôlent certaines activités économiques comme le commerce de charbon. Ils forment un problème objectif pour le gouvernement congolais puisqu’ils maltraitent et tuent
la population et ils empêchent le développement économique. Il s’agit de combattants expérimentés, sans scrupule qui survivent déjà depuis plus de 20 ans aux différentes situations de guerre dans la région. En plus, ils sont très aptes à se cacher parmi la population et surtout dans le grand nombre de réfugiés rwandais estimés à 250.000 personnes. Tout cela rend assez délicate et dangereuse chaque opération de démobilisation forcée. N’importe quelle force qui fera ce travail - que ce soit les FARDC ou la Brigade Africaine de la MONUSCO qui est surtout formée pour des combats réguliers avec des troupes comme le M23 - court le risque de commettre des bavures et d’être accusée de tuer des civils. C’est la raison pour laquelle le gouvernement congolais préfère la voie lente et pacifique de démobilisation volontaire. Or, le Rwanda prétend que les FDLR sont une menace pour sa sécurité et ajoute que le gouvernement congolais veut protéger les FDLR. Tous les experts non rwandais confirment que les FDLR ne forment pas actuellement une menace pour la sécurité nationale du Rwanda. En plus, il y a plusieurs rapports d’experts de l’ONU qui ont prouvé que le Rwanda a même renvoyé en RDC des anciens miliciens du FDLR pour déstabiliser l’Est du Congo. Bref, tout le monde sait que le Rwanda est de mauvaise foi dans cette affaire. Mais Russ Feingold et ses collègues de l’équipe des envoyés spéciaux, continuent à prétendre que le Rwanda a raison de s’inquiéter et d’exiger la destruction totale et immédiate des FDLR. L’offre de démobilisation volontaire qui a pris fin le 2 janvier 2015 a été fortement critiquée par le Rwanda, les états-Unis et l’équipe d’envoyés spéciaux. On suggérait en fait que Kinshasa voyait les FDLR comme des alliés et ne voulait pas leur disparition. C’est ainsi que dans son discours devant
le Conseil de sécurité, en décembre 2014, le chef de la MONUSCO présentait les choses comme si le combat contre le FDLR devrait être pris en main et dirigé par la Monusco et que les FARDC pouvaient aider la MONUSCO. Ainsi, la question des FDLR sert de prétexte pour exiger une forme de tutelle sur le Kivu. Et c’est ça que le gouvernement congolais n’accepte pas. Maintenant, tout peut arriver: si les FARDC réussissent à faire un parcours sans faute en prenant leur temps, Kinshasa aura gagné la bataille pour la souveraineté et la fin de la MONUSCO se rapprochera. Mais il est aussi possible que de nouveaux combats s’annoncent, que le Rwanda s’y mêle en lâchant ses M23 renforcés. Ou que l’on accuse les FARDC de crimes de guerre. Bref, la pression et la menace contre la souveraineté et l’intégrité territoriales restent toujours présentes. Comment expliquer le grand écart entre les richesses minières du Congo et la pauvreté des Congolais? Les multinationales et les grandes sociétés se comportent en RDC comme cela leur convient. Elles achètent des concessions et les emploient pour spéculer sans les exploiter. Ou quand elles l’exploitent, elles le font sans aucun respect pour la population. Que ce soit First Quantum, Banro ou Freeport-McMoran ou que ce soit Damseaux ou Forrest, ils ont tous intérêt avec la poursuite de la fragilité de l’état congolais. Ils paient les taxes qu’ils veulent car l’état n’est pas capable de savoir même leur production exacte. Quand l’état ose les affronter comme cela a été le cas avec la société canadienne First Quantum, ils lancent une guerre totale contre Kinshasa dans les médias et devant la justice internationale. Ils ont les moyens pour cela et leur argumentation est facile: «les dirigeants corrompus congolais refusent la bonne gestion». Ces sociétés ont des relations avec
leurs gouvernements puissants dans leur pays respectifs et ces gouvernements défendent l’intérêt de ces sociétés. Le gouvernement canadien, par exemple, a retardé d’une demiannée l’annulation de la dette en 2010 suite au conflit entre Kinshasa et la société canadienne. Hillary Clinton a mis la mine de Tenke Fungurume, exploitée par la société Freeport MCMoran à la première place sur une liste des items économiques dans le monde que le gouvernement étasunien estime crucial pour sa «sécurité nationale». à la demande des familles Lippens, Forrest, Vastapan et Damseaux, Didier Reynders est allé demander au président Kabila de faire retirer la loi agricole qui prévoit que plus que 50% des actions de sociétés agricoles doivent appartenir à des nationaux congolais. Et en face de ce beau monde - qui se présente en plus comme l’incarnation de la civilisation et des règles de démocratie, bonne gouvernance et droits humains se trouve un état et un gouvernement très fragiles avec un héritage historique extrêmement lourd. Après 75 années de colonisation, 36 années de dictature néocoloniale avec toute la destruction économique et morale que cela implique, les Congolais ont dû subir une guerre d’agression et une situation de balkanisation qui a duré 5 ans. Cela a été suivi par une période de mise sous tutelle et de chaos de 4 ans. Et depuis 2006, la menace de guerre et le chantage restent forts. Le résultat: le gouvernement congolais avait en 2013 un budget 7 fois plus petit que le budget de l’Angola voisin qui connaît une période de 20 ans sans guerre. Or, l’Angola a une population qui est le tiers de celle de la RDC et une surface qui est la moitié de la RDC. En plus, l’Angola a construit une unité militaire, politique et morale dans le combat contre le colonisateur et
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ensuite contre l’Afrique du Sud de l’Apartheid et la rébellion de l’UNITA financée par la CIA. L’aide du Cuba révolutionnaire a été cruciale dans cette évolution. Alors qu’en RDC, les forces anti-coloniales ont été massacrées, combattues et isolées par les puissances occidentales car la position stratégique du Congo - au cœur même de l’Afrique - fait que le contrôle de ce pays est une question de vie ou de mort pour elles. En plus, les immenses richesses naturelles et le potentiel économique du Congo en général, font du Congo l’enjeu de la rivalité entre grandes puissances. En 2016, Joseph Kabila qui a succédé à son père assassiné en 2001 aura passé 15 ans à la tête du pays. Quel bilan faites-vous de sa présidence? Joseph Kabila a mis fin à l’état de balkanisation réelle de son pays qui a duré 5 ans. Il a obtenu que les armées d’agression quittent officiellement le pays et il a réunifié la République démocratique du Congo alors déchirée en 4 morceaux. Il s’est battu pour mettre fin le régime 1+4 qui a duré trois ans, dans lequel l’état congolais était très divisé et sous tutelle de la communauté internationale. Depuis, il a défendu la souveraineté du Congo, l’intégrité territoriale et l’unité du pays contre les nouvelles guerres en 2004, 2008 et 2012 lancées à partir de Kigali et de Kampala. Depuis la défaite militaire des M23, la situation s’est un peu calmée, mais la menace est toujours présente. On peut aussi noter qu’au plan économique il a réussi à mettre fin à la très longue période dans laquelle il n’y avait plus aucune dynamique économique, période qui a duré de la fin des années 1970 jusqu’à environ 2008. Aujourd’hui, le Congo connaît un taux de croissance de 9% et le taux d’inflation est de loin le meilleur depuis l’indépendance. Il y a des routes qui sont construites, des concessions qui
sont exploitées. La production de cuivre a dépassé le niveau record des années 1970 - 1980. Les marchés de Kinshasa ont été pendant des décennies approvisionnés pour une grande partie via l’importation de poulets, beurre, café etc., qui arrivaient dans les chambres froides. Aujourd’hui, la société propriétaire de ces frigos les a vendus et a investi dans l’agriculture au Congo même. Le maigre budget du gouvernement a été multiplié par 4 entre 2006 et 2012, tandis que dans cette même période la part d’aide budgétaire extérieure a diminué de 43% vers 6,4%. Au niveau des alliances et de coopération internationale, le Congo joue à nouveau un rôle important. Les bases sont jetées pour une alliance stratégique fondamentale CongoAngola-Afrique du Sud. Joseph Kabila a continué la ligne de son père en ce qui concerne l’appartenance et l’intensification des relations avec les pays d’Afrique australe dans la SADC. Il a ouvert le pays aux économies émergentes, notamment la Chine qui est devenue le partenaire économique le plus important du pays. En même temps, il enlève chaque prétexte aux états-Unis et l’Union Européenne de lancer une agression ouverte et il laisse la porte ouverte pour la coopération avec tout le monde. Côté négatif et faible: il ne s’appuie pas sur un parti qui est plus ou moins unifié au niveau politique et idéologique mais sur un large front dans lequel on trouve beaucoup d’opportunisme et d’intrigues. Le résultat est que régulièrement des poids lourds du camp présidentiel le trahissent et cherchent à se positionner pour le futur. Il y a aussi des hommes politiques qui se trouvent dans son camp, qui défendent ouvertement une politique de soumission aux états-Unis et à l’Union Européenne. Deuxième grande faiblesse: aucune forme d’organisation qui lie ce gouvernement aux masses populaires. Les masses doivent (suite en page 12).
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«Le sort des gens ne passe pas par le changement de leurs dirigeants» (suite de la page 11). toujours attendre que les choses soient résolues pour elles. On ne leur donne pas de rôle. Depuis que les comités du pouvoir populaire ont complètement échoué et ont été dissous, il n’y a aucune forme d’organisation qui a donné du pouvoir au peuple. Celui-ci n’a pas les moyens d’exiger un développement qui lui permet de résoudre ou d’avancer avec les problèmes quotidiens auxquels il est confronté. Tous les efforts et toute la dynamique économique se jouent au-dessus de la tête de la population. Souvent, le peuple ne voit pas cette modernisation comme un mouvement auquel il fait partie. Enfin, troisièmement, il existe au sein du gouvernement aussi une certaine croyance aveugle dans le marché libre et dans la voie des économies émergentes comme seul principe de dynamique économique. Et il est vrai que pour développer les forces productives, ce marché libre est utile, comme les économies émergentes le prouvent. Mais cette voie a ses limites, elle l’a amplement prouvé dans les grandes économies capitalistes et en tant que marxiste je suis convaincu que tôt ou tard, on aura besoin du perspectif du socialisme pour garantir la continuité du progrès. Comment entrevoyezvous la présidentielle de 2016? Si le président Joseph Kabila ne se présente pas à la présidentielle de 2016, l’opposition ne sera-t-elle pas la principale victime de son émiettement, ceci au profit du parti du président sortant? à votre avis qui pourrait remplacer valablement Kabila et faire mieux? Doit-on craindre une guerre de succession? La région Afrique centrale se trouve déjà depuis deux décennies dans l’œil de la tempête avec des génocides, guerres et massacres de millions de personnes, des énormes vagues de réfugiés mais aussi des victoires et du progrès modestes. La raison en est sa position géostratégique importante et la concentration des
richesses naturelles unique dans un monde en perpétuels changements où les anciens maîtres sont décidés à défendre leurs positions privilégiées avec le feu et le sang et dans lequel les peuples veulent la paix et le progrès et regardent vers les économies émergentes dans l’espoir de se libérer du joug néocolonial. Si cette région pouvait se stabiliser d’une façon plus durable sur la base de ses propres forces et connaître un vrai décollage économique, ce serait décisif pour l’Afrique entière. Cela ne sert à rien de spéculer sur ce qui se passera au niveau des acteurs. En politique, il ne faut pas se baser sur des interprétations d’intentions de personnes. Et comme on a vu pendant la dernière décennie, des tournures spectaculaires au niveau des alliances et de personnes, on le verra encore les années à venir. Le seul critère qui peut servir à juger les hommes politiques ce sera leur position politique. Et on peut bien décrire les choix politiques devant lequel le peuple se trouvera les années à venir: ou bien on se bat et on choisit de garder et surtout d’approfondir les progrès qui ont été faits au cours de la dernière décennie en ce qui concerne, la paix, l’unité et la souveraineté du pays, son indépendance et son ouverture décomplexée envers le monde et enfin sa croissance et redynamisation économiques. Ou bien les forces gagnantes seront celles qui plaideront pour le retour résolu vers une alliance avec les états-Unis et l’Union Européenne, le renforcement du régionalisme et des intérêts particuliers. Dans le premier cas, on assistera à une évolution vers l’émergence du Congo comme un pays fort, dans l’autre cas le chaos et la balkanisation menacent. Le 25 janvier 2015, la loi électorale controversée a finalement été adoptée de manière consensuelle par le Parlement. Elle ne lie
plus l’organisation de la prochaine présidentielle à un quelconque recensement de la population. Quelles doivent maintenant être les priorités aussi bien pour les populations que pour les hommes politiques? La première priorité est d’exiger le strict respect de la souveraineté du Congo. Il faut exiger de l’Union Européenne et du gouvernement belge qu’ils assimilent la thèse de Patrice Lumumba «l’histoire du Congo sera écrite au Congo même et pas à Washington, Paris ou Bruxelles». L’idée que l’on peut imposer la démocratie à partir de la communauté internationale est à combattre. Je pourrais commencer ici une explication à savoir que la démocratie aux États-Unis ou en Europe est pleine d’injustices et défend les privilèges de 1% représentant les plus riches de ce monde. Mais même cette démocratie bourgeoise connaît des différentes formes et règles d’alternance aux étatsUnis, en Allemagne, en France, etc… Quand Obama déclare urbi et orbi en 2009 que «L’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts, mais d’institutions fortes» c’est mensonger, hypocrite et manipulateur. Mensonger: car dans chaque pays, les institutions fortes, que l’on déclare être démocratiques, sont le résultat de l’histoire du pays même. C’est le résultat aussi bien des luttes populaires des masses concernées et dans ces luttes il y a toujours eu des dirigeants, des hommes et des femmes forts. Des gens comme Washington ou Lincoln aux étatsUnis, Bismarck en Allemagne, ou Robespierre et Bonaparte en France ont eu des influences différentes sur les institutions, les règles d’alternance y compris. Pourquoi Obama décrète que c’est l’Afrique qui devrait suivre une autre voie? Pourquoi ne dit-il pas cela, par exemple, à cet état en construction qu’est l’Union Européenne où Jean Claude Juncker est devenu président de la Commission
européenne, sans élections démocratiques et après avoir pendant 20 années occupé le poste de chef de gouvernement au Luxembourg et avoir combiné ce rôle pendant 8 ans avec celui de chef du puissant groupe euro? Sans faire allusion aux amis intimes d’Obama - la famille royale de l’Arabie Saoudite. Cette habitude de lancer de beaux discours mais en même temps employer deux poids deux mesures cache la vérité: dans tous les cas, ce sont les intérêts et l’agenda géostratégique étasuniens qui prévalent. Non, Lumumba avait raison. La démocratie pour le peuple congolais, sera le résultat du combat du peuple congolais pour sa liberté et absolument pas de l’action des gouvernements occidentaux qui ont bien leur agenda et leurs intérêts à défendre en RDC. Au lieu de l’hypocrisie «pas de démocratie sans alternance», il faut défendre «pas de démocratie sans souveraineté» en Afrique. Qu’est-ce que cela veut dire concrètement? Cela veut dire que la souveraineté des institutions congolaises doit être respectée. Cela veut dire absence d’ingérence dans le travail de la CéNI de la part des ambassadeurs et diplomates occidentaux. La souveraineté impose que les diplomates occidentaux cessent de soutenir la campagne de l’opposition qui est basée sur un procès d’intention du Président Kabila, et de cette façon créer une atmosphère poujadiste dans laquelle il n’y a plus de place pour un débat politique autour d’un programme de gouvernement. Elle suppose également que les diplomates qui «accompagnent le processus de paix», ne protègent plus les M23 et leurs parrains, en ayant trop de compréhension pour l’agression et l’arrogance des présidents Kagamé et Museveni envers le Congo. En matière de politique intérieure, les diplomates occidentaux doivent poursuivre
une ligne de stricte neutralité. Dans le conflit international avec le Rwanda et l’Ouganda, ils ont à faire respecter les principes de la charte de l’ONU sur l’intégrité territoriale et le respect des frontières. On peut aussi se poser des questions sur la composition de ce qu’on appelle l’équipe conjointe des envoyés spéciaux pour la région des Grands lacs. Il s’agit de 6 diplomates: l’étasunien Russ Feingold, Koen Vervaecke pour l’Union Européenne, Frank De Coninck pour la Belgique, Martin Kobler, diplomate allemand et chef de la MONUSCO, l’Algérien Said Djinnit, envoyé spécial de l’ONU pour la région des Grands Lacs et enfin le Malien Boubacar Diarra, Représentant spécial de l’Union africaine. En 2014, quand il s’agit de la paix en Afrique centrale, la communauté internationale est représentée par un américain, trois Européens et deux Africains de l’Afrique du nord. Est-ce que c’est normal que dans le monde d’aujourd’hui, il n’y a aucun représentant de l’Afrique australe ou des pays émergents dans cette équipe? Les gouvernements étrangers ne respectent pas non plus la souveraineté de la RDC en laissant lancer des campagnes d’intoxication criminelle à partir de leur territoire. Lancer une vidéo avec des images cruelles d’une explosion d’une armurerie à Brazzaville et prétendre qu’il s’agit des conséquences de la répression policière au Congo, cela n’a rien à voir avec la liberté d’expression. C’est un acte criminel qui dans le contexte du lundi 19 janvier 2015 avait comme but de provoquer de la violence. Or, ces choses sont faites et organisées à partir de Paris, Bruxelles et ailleurs par des personnes et des réseaux qui agissent depuis des années en toute liberté, sous les yeux des services de renseignements étasuniens, français et belges. Enfin, en RDC, la tenue des élections locales
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ainsi que la mise sur pied d’un système de recensement permanent reste très importantes. En ce qui concerne les élections locales annoncées pour cette année 2015, ce sera la première fois que le peuple choisisse librement les élus locaux qui vivent parmi eux. Jusqu’aujourd’hui, ces gens ont toujours été nommées d’en haut. Le fait d’organiser des élections à la base, peut contribuer à une évolution dans la mentalité de la classe politique congolaise. Cela peut renforcer le processus de formation de vrais
partis politiques qui ont une vision de société cohérente au lieu d’être des rassemblements d’opportunistes qui cherchent à se positionner dans la lutte pour le pouvoir. Quant au recensement, au fur et à mesure que cela avance, les résultats seront une base scientifique pour l’organisation de l’état et de la représentation démocratique. Entretien mené par
O. Atemsing Ndenkop n
Le Journal de l’Afrique n°7 Investig’Action, février 2015. Le Soft International, n°1309, 16 mars 2015.
Le choc
I
Le bientôt ex-gouv’ du Katanga Moïse Katumbi ne cache plus ses prétentions. dr.
nterviewé par Léa-Lisa Westerhoff de Rfi, Moïse Katumbi Chapwe: «Il n’y a pas de troisième mandat parce que, je crois, le calendrier est sorti. Le président n’a jamais déclaré qu’il serait candidat pour un troisième mandat. Je crois que le PPRD est un parti politique. Il aura bientôt son congrès. Le PPRD est là pour faire respecter la démocratie. Donc, si je suis dans ce parti c’est pour faire respecter la démocratie. (...) Quand on était à l’internat, le prêtre nous apprenait à être honnêtes et à être francs, à avoir un franc-parler. Et j’ai grandi comme ça. (...) Je suis membre de la majorité présidentielle et membre du PPRD. J’ai toujours dit (que) s’il y a quelque chose qui
ne va pas, je le dirai dans mon parti et je resterai dans mon parti. C’est ça un parti politique. Ce n’est pas parce que je quitte la politique que j’oublie cette population. Cette population m’a beaucoup soutenu. Si le Katanga est une province pilote c’est grâce à la population katangaise (...). Je prends une pause, le temps de réfléchir. Le jour où j’aurai terminé avec ma petite pause, s’il y a des choses à annoncer, je le ferai. Le président Kabila a un mandat légitime. Nous devons accompagner le président de la République à bien terminer son mandat, nous les Congolais. Pour le moment, voyons comment soutenir le président pour bien terminer son mandat». Le Soft International, n°1310, 17 mars 2015.
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Quelle durée au pouvoir pour nos Chefs d’état
L
e débat sur le respect de la limitation des mandats présidentiels agite les sociétés de plusieurs pays africains depuis quelque temps. Il devrait se poursuivre dans les mois qui viennent. La ligne de fracture est claire: d’un côté les citoyens, dans leur majorité, exigent de leurs dirigeants qu’ils se conforment aux prescriptions de la Loi fondamentale de leurs pays respectifs; de l’autre plusieurs leaders sont tentés de passer en force, pour des raisons souvent floues.
Le débat sur la limitation des mandats présidentiels est en réalité un débat sur l’organisation des systèmes politiques et la démocratisation des pays africains, et il est regrettable que les sociétés civiles africaines s’en emparent uniquement en période pré-électorale. Regrettable parce qu’en raison du timing, ce débat est mené par le petit bout de la lorgnette, avec un risque de confusion. Les constitutions de plusieurs pays d’Afrique (notamment francophones) limitent en effet à deux le nombre des mandats présidentiels. Lorsque les sociétés civiles africaines s’arc-boutent sur le respect de cette disposition, elles donnent le sentiment, au-delà de la question de principe, que la limitation des mandats présidentiels est justifiée de tous temps, en tous lieux, indépendamment du stade de développement d’une société, des besoins spécifiques de chaque pays, de la qualité du Président en exercice. Vraiment? Soit. Mais alors pourquoi deux (pas un, ni trois, encore moins quatre) mandats, est-on tenté de se demander. D’où vient ce chiffre fétiche? La réponse est simple: les constitutions des pays de la plupart des pays d’Afrique subsaharienne sont inspirées de constitutions occidentales (en particulier celle de la France dans le cas des pays d’Afrique francophone). Mais là où celles-ci résultent d’une histoire longue, de trajectoires historiques spécifiques, d’une réflexion sérieuse sur la forme de gouvernement la plus adéquate pour créer une société prospère et harmonieuse, celles-là sont artificiel-
les et comptent souvent au rang des vestiges de l’époque coloniale. Évidemment le risque, lorsqu’une Constitution a été léguée plutôt que librement façonnée par la volonté populaire, est que les imperfections voire les errements de la Constitution mère se retrouvent dans la Constitution fille. À ce moment, sacraliser celle-ci revient à sacraliser les imperfections de celle-là. La limitation des mandats présidentiels, à deux qui plus est, illustre en partie ce phénomène. Aux États-Unis, plus vieille démocratie représentative au monde, la constitution de 1787 ne prévoyait aucune limitation des mandats présidentiels. Les pères fondateurs des ÉtatsUnis, en particulier Alexander Hamilton, avaient mûrement réfléchi à cette question et estimaient que la limitation des mandats favoriserait des comportements contraires à l’intérêt du pays et nuirait à la nécessaire stabilité du gouvernement. Ronald Reagan pensait quant à lui qu’en démocratie seul le peuple souverain est habilité à limiter le mandat des présidents.
Manœuvres politiciennes. N’est-ce pas la raison d’être du vote? C’est George Washington qui, épuisé par une longue carrière consacrée au service public, décida de se limiter à deux mandats présidentiels et initia ainsi ce qui devint une tradition. En effet les présidents américains successifs marchèrent sur ses traces, jusqu’à l’arrivée du Démocrate Franklin Delano Roosevelt (FDR). Celui-ci fut élu à quatre reprises (les deux derniers mandats en 1940 et 1944), ce qui, il faut croire, irrita les Républicains. En 1947, majoritaires dans les deux chambres, ceux-ci s’allièrent aux Démocrates du Sud des États-Unis (qui s’étaient opposés au New-Deal de FDR) pour faire voter, au terme de débats brefs, le 22e Amendement à la Constitution qui limite formellement à deux le nombre de mandats présidentiels aux États-Unis. La majorité des États d’Afrique subsaharienne sont en construction. Il faut noter qu’à l’époque cette disposition était vue comme un moyen de discréditer l’héritage de FDR. La
limitation des mandats présidentiels aux ÉtatsUnis résulte donc de manœuvres politiciennes. On peut d’ailleurs imaginer que si George Washington avait décidé de se limiter à trois mandats plutôt que deux, le 22e Amendement aurait limité à trois le nombre de mandats présidentiels. Et peut-être qu’aujourd’hui les opinions publiques africaines exigeraient des dirigeants qu’ils se limitent à trois mandats, pas plus! Plusieurs dirigeants africains de notre époque ont un goût immodéré du pouvoir. La tentation de les contraindre constitutionnellement est donc compréhensible, et le souhait d’une majorité des opinions africaines de les voir respecter la Loi Fondamentale de leurs pays est légitime. peuple seul juge. Pour autant, le combat pour le respect de la limitation des mandats présidentiels ne doit pas empêcher la réflexion sur la pertinence de cette disposition constitutionnelle. Dans certains cas le départ des dirigeants, et donc le respect de la limitation des mandats, va dans le sens de l’intérêt du pays. Dans d’autres, la limitation des mandats peut mettre un coup d’arrêt à l’œuvre transformatrice de leaders d’exception, avec un risque de retour en arrière. La majorité des États d’Afrique subsaharienne sont en construction. À ce stade, il est probable - si la question se pose ainsi - qu’ils aient davantage besoin de leaders exceptionnels certes rares par définition - que de contraintes constitutionnelles fortes. Par conséquent pour compréhensible qu’elle soit, la volonté de se débarrasser de potentats illégitimes devrait s’accompagner du souci de donner le temps à des leaders d’exception de transformer leur pays. À cet égard les constitutions pourraient conditionner la possibilité de se représenter après deux mandats à la tenue d’un référendum populaire. On en reviendrait au peuple, seul juge légitime en démocratie. Si la question de la possibilité ou non de postuler à la magistrature suprême doit être tranchée par les peuples, alors le véritable débat n’est pas tant celui de la
limitation des mandats que celui de la tenue de scrutins libres, transparents, incontestables. Ou comment s’assurer que les peuples s’expriment librement et que leur voix soit entendue fidèlement. J’entends les réserves: organiser un référendum est coûteux. Peutêtre, mais pas quand le destin d’un pays est en
jeu. En tout état de cause, la question de la limitation des mandats présidentiels devrait être au centre du débat public des pays africains davantage en période non-électorale qu’en période électorale. Cela laisserait le temps de l’approcher dans toute sa complexité ; cela permettrait de la
replacer dans le cadre plus large du nécessaire débat sur l’organisation des systèmes politiques africains; cela contribuerait à apaiser l’atmosphère des périodes pré-électorales. La paix et la stabilité des pays africains y gagneraient assurément.
et la désinformation. Pendant ce temps, dans le camp de Kin-kiey celui du Chef - peu ont été ceux qui ont osé dire mot! Où sont-ils passés, ces Kabilistes de premier rang? Où sont passés ces Samouraïs de l’éternel censés porter leurs armures pour combattre en faveur du Raïs? Ils sont à compter du bout des doigts... Plusieurs sont sur leurs gardes alors que d’autres n’hésitent plus aujourd’hui à afficher leur comportement et exiger au Chef de se désigner un dauphin pour 2016. Si le G-7 a cessé de fonctionner officiellement, dans les coulisses, le mouvement opère toujours et se serait même enrichi de quelques nouveaux trophées. Tous sont hantés par une possible succession du Raïs en 2016. Mieux, y en a qui imaginent même déjà le film de la fin du régime. «Le climat actuel me rappelle exactement ce qu’on a vécu avant la chute du régime Mobutu...», commente une personnalité politique proche de la MP. L’histoire ne se répétera peut-être pas, mais il faut rester vigilant. Comment ne pas y réfléchir? Le Bureau politique de la MP compte une trentaine de membres. Pareil pour le Gouvernement. Mais qui sont ceux qui sont en première ligne pour défendre ce Président qui leur a presque tout donné - postes ministériels prestigieux et opportunités d’assumer des postes de responsabilité? Ceux-là peuvent déambuler dans les rues de Kinshasa, de Paris, de Bruxelles ou d’ailleurs. Ils sont libres. Personne ne se retournera pour les regarder. Des poches bourrées de billets
verts, ils ne courent pourtant aucun risque. Ailleurs lorsque le Président est sur une mauvaise pente, tous les siens sortent et montent au front. Oui, la politique est avant tout une question de conviction. On peut aujourd’hui tout reprocher à Kin-kiey. Son passé mobutiste puis, son passage au RCD. Personne ne contestera sa loyauté et son attachement au Raïs. Pour être kabiliste, il ne faut pas nécessairement avoir été à Hewa Bora. En Kabila, Kinkiey paraît croire dur comme fer. Il croit dur comme fer. En politique, la loyauté est un principe d’or. On l’a vu très récemment en Grèce, à plus de 8000 km de Kinshasa. Puis, juste en face, de l’autre côté du majestueux fleuve Congo. On ne citera même pas l’exemple de l’autre voisin de l’Est, le Rwanda, qui vient de réussir en toute douceur une modification de la Constitution. Pendant ce temps au Congo de Lumumba, Kabila est l’homme à battre et à... abattre. Cela, peu importe toutes les potentialités qu’il représente pour le Congo de demain. Cela, peu importe tout ce qu’il a accompli à la tête de ce pays, dans des conditions que tous savent, plaide Kin-kiey.
Yann Gwet n
Entrepreneur essayiste
camerounais. Diplômé de Sciences Po Paris. Vit et travaille au Cameroun.
Titre d’origine: En finir avec le dogme de la limitation des mandats présidentiels en Afrique, in Jeune Afrique. Le Soft International, n°1324, 16 juillet 2015.
Soudain, le monde se met à douter de ses certitudes
a
près le passage de Kinkiey à Paris et à Bruxelles avec une communication acier, rien sur Kabila ne sera plus jamais comme avant... Sans tabou. L’action avant la réaction. Africa 24, Rfi, France 24, TV5 Monde, Jeune Afrique, Le Soir, Belga et, du coup, reprise assurée et garantie dans des fils d’agences internationales, des journaux et sites en ligne. Le tout, en 48 heures seulement! En plus, un même message, dans des mêmes termes, avec une même cohérence, une même détermination et une même ambition: militer pour la reconnaissance internationale de l’action de Kabila à la tête de la R-dCongo. Jamais un membre du Gouvernement, mieux un membre de la MP n’avait réussi un tel coup dans ces médias, abandonnés aux opposants et autres détracteurs de Kabila. «Souvent quand on y passe, c’est pour réagir, se justifier face à telle ou telle autre accusation contre le régime...» commente un élu membre de la MP qui salue l’action de KKM Try. Les experts en communication politique le savent, l’action est préférable à la réaction. Et comme il fallait bien s’y attendre, la bombe Kin-kiey a encore fait des vagues et des victimes. Des dizaines de personnalités de l’opposition ont aboyé sur quelques médias locaux et sur des réseaux sociaux, plus de trois jours durant, avec des arguments mornes. D’autres n’ont pas hésité à verser dans l’insulte, la calomnie
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il est presque minuit. Aujourd’hui, c’est au sein même de la Majorité présidentielle qu’on dit qu’il est presque minuit. Ceux qui osent raviver la fierté du Kabilisme qui a tant fait rêver ne sont pas du tout suivis. Des raisons sont diverses. Les uns peut-être par jalousie politique, d’autres par peur ou tiédeur ... alors que certains ont déjà même tourné
la page Kabila. Peu importe, pour Kinkiey, le Raïs reste l’homme d’exception. «Nous avons 400 tribus, contrairement à d’autres qui n’en ont que deux ou trois. Nous sommes un paysContinent, donc ce n’est pas le premier quidam qui peut maîtriser un tel pays». Affirmation faite il y a peu sur les antennes de Radio France internationale. Kin-kiey assume ses propos et se base sur des exemples vécus. «Chaque nation a connu ses hommes d’exception. Le Président Franklin Delano Roosevelt l’a été pour les étatsUnis», assène-t-il. Très jeune alors qu’il succède à son père en 2001, peu ont été ceux qui lui ont accordé une chance à la tête de ce pays-Continent divisé entre plusieurs factions rebelles. Aujourd’hui, la Rd-Congo a réécrit son histoire avec Kabila. Sur ce point, même ceux qui ont osé répondre à Kinkiey se sont cassés les dents. En premier, l’ex député et SG. de l’UNC, Bertrand Ewanga, fraîchement sorti de la prison. Rien à se mettre sous la dent dans sa communication totalement déphasée au cours de laquelle il appelle le peuple et leaders politiques à se désolidariser du dialogue politique qui sera convoqué et que le ministre des Relations avec le Parlement a évoqué sur Rfi. Puis, tous les suivistes de Kamerhe (Martin Fayulu, Fabrice Puela, Jean-Baudouin Mayo... qui ont essayé d’aboyer dans le même sens... sans effet). Incompétents, pays des incompétents, c’est sorti de leurs bouches. En tout cas pas de celle de Kin-kiey (...).
HMK n
Africa News n°1111 daté 21-23 août 2015.
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L’appel de Masimanimba
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irant profit d’une visite le 27 juin dans l’arrièrepays, dans son fief du Bandundu, le président de l’Asbl Kabila Désir, le professeur Tryphon Kin-kiey Mulumba a vanté l’œuvre de Joseph Kabila Kabange depuis son accession à la tête du pays - œuvre qui découle de sa Vision des 5 Chantiers et de sa politique de Révolution de la Modernité - et montré que le Bandundu est l’une des provinces bénéficiaires de cette vision et de cette politique, ce qui explique ses scores électoraux plébiscitaires en 2011 et en 2006. Devant 5.000 membres de son parti P.A, le Parti pour l’action et membres et sympathisants de l’Asbl Kabila Désir, en présence des notabilités du territoire réunis à l’esplanade du territoire, il a lancé un appel historique aux Congolais à se mobiliser autour de Kabila «pour le salut de la Nation». «Rien ne se fera aujourd’hui ou demain sans Kabila, ni contre Kabila», poursuit-il. «Sauf à plonger le Congo dans de nouveaux conflits». Il a expliqué que c’est «la compétence avérée et acceptée également partagée» en Occident et «des administrations qui fonctionnent» qui conduisent aux alternances démocratiques pacifiques. «Dans nos pays, cela est peu probable! Ne nous mentons pas à nous-mêmes! (...) Il faut avoir de la compétence avérée et acceptée pour espérer accéder à la haute charge de l’état et s’y maintenir (...). Il faut être accepté, à commencer par les forces internes (l’armée, la police, les services de sécurité, nos 400 tribus) et externes». Il a préconisé de repenser le modèle politique électoral congolais en passant du mode de scrutin direct qui fait du Président l’incarnation du Peuple, inventé par les Français, à un scrutin universel indirect qui ferait du Parlement élu par le Peuple souverain, le lieu de désignation du Président. Lire l’appel ci-contre.
«Ne nous mentons pas à nous-mêmes, reconstruisons le Congo du consensus»
Madame l’Administrateur de territoire, Messieurs les Membres du Comité territorial de sécurité, Peuple de Masimanimba, Peuple du Kwilu, Peuple du Bandundu, Peuple du Congo,
de Kinshasa à Loange à la frontière du Kasaï, en passant par Maï Ndombe, Bukanga Lonzo, Kenge, Masimanimba, Kikwit.
Je vous salue. Mbote na beto yonso. Bonjour à nous tous.
Une route qui repousse la misère.
Nous voici nombreux ce matin du 27 juin, venus de toutes les provinces de notre Congo - du Kasaï, du Kivu, du Katanga, du Kongo Central, de la Province Orientale - réunis ici à Masimanimba, pays de Baudouin Mavula, de Mungul Diaka, de Cléophas Kamitatu, d’Antoine Gizenga. J’ai voulu vous rassembler à cette porte d’entrée du Kwilu pour vous permettre de palper le miracle Kabila. Beaucoup de Congolais veulent savoir comment Kabila fait pour faire un tabac, réaliser des scores électoraux plébiscitaires de 97% dans ce pays du Bandundu, dans ce Kwilu chez nous, chez vous, lui qui n’est pas né ici, n’a jamais vécu ici, n’a pas de lien sociologique ici, ne parle pas notre langue Kikongo, ne connaît pas notre culture! La réponse? Le Bandundu est l’un des plus grands bénéficiaires de sa Vision des 5 Chantiers et de sa politique de Révolution de la Modernité. En 2006, il y a neuf ans, il fallait à un véhicule de tourisme quatorze heures pour joindre Masimanimba, à 350 kms de Kinshasa et jusqu’à une semaine pour un véhicule de transport, sur des pistes dévastées par des éboulements de terrains sur lesquelles fut posé naguère un macadam introuvable. Aujourd’hui, trois heures suffisent pour vous transporter dans cette contrée. Une route nourricière, une nationale qui porte bien son nom, la plus belle avenue du Congo sans aucun doute, vous glisse
Ceux qui reviennent ici en restent abasourdis par le miracle réalisé!
Le kwashiorkor connu comme syndrome de dénutrition infantile, courant en Afrique tropicale, dû à une carence protéique, n’existe pas chez nous. Le pain de Kinshasa arrive tout chaud, tout comme le lait et le poulet qui respectent la chaîne du froid. Le villageois vend son igname, son Ndjindji, ses racines qu’il prend dans une brousse verdoyante ou produit d’une terre généreuse et peut envoyer son enfant à l’école. Qui pouvait croire que ce pays ravagé par des forces rebelles, allait avec une armée reconstruite en moins de dix ans, gagner ses premières guerres post-indépendance dans les montagnes escarpées du Kivu? Qui aurait pensé qu’un tour cycliste international allait traverser ce pays, de part en part? Voici que nos magnifiques plaines de l’ouest et de l’est vont être parcourues au volant - de Moanda à Sakania à la frontière zambienne - et que l’avion ne sera utile qu’à l’homme pressé! Mes chers amis, Ceux qui sont ou viennent dans la capitale savent comment la vie change jour après jour. Un infini boulevard à huit bandes conduit à l’aéroport comme il n’en existe ni en Belgique, ni en France, ni en Allemagne.
N’Djili trouve au sol les mêmes conditions d’accueil, de vie, le même bien-être qu’à Paris, Bruxelles ou Londres. Voici soixante-et-un ans que l’aéroport de N’Djili a été construit par la Belgique. Depuis 1954 que cette plateforme semblable à une piste de brousse était la honte du pays! Il a fallu Kabila pour la transmuter et lancer le projet de trois terminaux, N’Djili 1, N’Djili 2, N’Djili 3, sur le même site, sur le modèle de Paris-Roissy Charles de Gaulle et qu’une chaîne hôtelière s’apprête à prendre place! N’Djili Aéroport est aujourd’hui un ravissement pour le voyageur… Les Congolais peuvent et doivent être fiers de leur pays. Quand en Belgique et en France, la croissance peine à atteindre 0,1%, au Congo, nous sommes à 9% et bientôt à 10%. C’est la Banque Mondiale qui le dit. C’est le Fonds Monétaire International qui l’atteste. Si les bonnes actions ne sont pas ébruitées, les mauvaises feront le tour du monde. Mais l’étranger hier très critique voire hostile à nos gouvernants le fait désormais savoir. Et tout devient possible! Peuple de Masi, Peuple du Kwilu, Peuple du Bandundu, Peuple du Congo, Oui, Kabila a encore des miracles à produire s’il veut apporter le bien-être partout dans ce pays.
Jeudi 25 juin, face à la Nation - témoin la terre entière par la magie de la communication, la fameuse fibre optique - Kabila a bougé une plaque tectonique de ce pays ouvrant une nouvelle frontière sur le chemin de la modernité.
Quand vous avez accumulé des dettes et que vous trouvez un emploi, c’est formidable. Il vous faudra cependant des mois de travail, des mois de salaire, des mois de privations pour parvenir à honorer vos engagements, ce qui vous permettra d’espérer sortir la tête de l’eau. Vous ne vous en tirerez pas du jour au lendemain mais l’espoir est devant vous. Il en va de même pour un pays.
L’étranger qui atterrit à
Car le Congo décolle et
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l’étranger l’annonce avec empressement. Alors, mes amis, je veux lancer un appel au rassemblement autour de Kabila. L’homme politique d’opposition fait son jeu en guerroyant, torpillant, brocardant, se contredisant! Il n’empêche! Le Congo bouge, le Congo décolle et c’est la vérité. Contrairement aux pays d’Europe, en politique malheureusement, nos pays n’ont pas de stock. Ne nous mentons pas à nous-mêmes! Un mois avant qu’il ne le devienne, nul ne donnait le fils de Louis Michel Premier ministre de Belgique. Charles Michel est devenu Premier ministre de Belgique! Car la Belgique c’est comme la France - c’est vrai pour Manuel Valls, c’est vrai pour le président Hollande - ou les états-Unis: ils ont des stocks de compétences avérées et acceptées et des administrations qui marchent. La compétence également partagée permet une sorte de tirage au sort, ce qui empêche l’accaparement du pouvoir par une famille ou un groupe social ou un jeu de passe-passe, l’alternance distribuée entre groupes d’intellectuels de droite et de gauche. Le tirage au sort comme à Athènes d’où la démocratie nous est venue. N’importe qui stricto sensu pouvait devenir Président de la République! N’importe qui stricto sensu pouvait être désigné Premier Ministre! N’importe qui pouvait être choisi Ministre! N’importe qui pouvait être ce que la chance rend possible. Chance eloko pamba, disent les Kinois. Dans nos pays, cela est peu probable!
l’appel de masimanimba |
«Rien ne se fera aujourd’hui ou demain sans Kabila, ni contre Kabila» (suite de la page 10).
Ne nous mentons pas à nous-mêmes! Disons-nous la vérité. Il faut avoir de la compétence avérée et acceptée et être reconnu pour espérer accéder à la haute charge de l’état et s’y maintenir. Par quel miracle le premier quidam du Congo viendrait à se hisser à la tête du Congo et à diriger un pays Continent, 80 fois plus grand que la Belgique, que ses fabuleuses richesses rendent paradoxalement fragile? Il faut être accepté, à commencer par les forces internes (l’armée, la police, les services de sécurité, nos 400 tribus) et externes. Au nom de la paix, au nom de la sécurité nationale, au nom de la stabilité politique, l’Algérie continue de faire confiance à son Président malade, affaibli, atteint par le grand âge! L’Amérique face à la guerre ne fit pas différemment. Elle offrit quatre mandats à son Président Franklin Delano Rossevelt malade, affaibli, l’homme du new deal qui mourut au pouvoir! Au nom de la paix, au nom de la sécurité nationale.
Une rare photographie de Roosevelt en fauteuil roulant, dans sa propriété de Hyde Park. Le Président américain qui fit quatre mandats et mourut au pouvoir.
ses frontières: Mali, Nigeria où la Présidentielle n’a à ce jour rien changé, Niger, Tchad, jusqu’au Cameroun à nos portes!
La Libye qui engendra Daesch, l’organisation de l’état Islamiste ou Boko Haram, énième groupe jihadiste né de la même mouvance terroriste qui massacre et rase villages et mosquées, enlève des classes de jeunes filles mariées de force, faites esclaves sexuelles, donne le tournis à nos gouvernants, les présidents du Nigéria, du Niger, du Tchad, du Cameroun en première ligne. Par quel impossible, notre Congo fourbi de minerais recherchés par tous les groupes de financement du terrorisme, serait exempté de cette mouvance? Il nous faut des élections, il n’existe aucun doute. Il nous faut définitivement des élections, transparentes et démocratiques. Comment les organiser? à quel prix? La CéNI, menacée par ceux qui nous aiment plus que nous-mêmes sauf à risquer son extinction, a présenté à son corps défendant la facture des scrutins: 1 milliard 200 millions de dollars!
Quand un pays peine à mobiliser un budget de 7 milliards, Face au doute, au nom de ne peut donner à boire et à la paix, au nom de la sécumanger à sa population, il doit rité nationale, au nom de la réfléchir avant de décaisser 1 stabilité politique, le Peuple milliard de dollars qu’il aurait d’Algérie a opéré le choix consacré à l’eau, à l’électricide la raison. Il refuse le pire té, à la santé, aux écoles, aux du Printemps arabe qui a routes, fournitures primaires frappé à sa porte en la tenant qui ne peuvent malheureuseen haleine. ment cruellement être honorées par le Trésor! Cher amis, N’abandonnons pas le Face aux élus qu’il a reçus Congo à ceux qui pensent lors de ses consultations, le l’aimer plus que nous-mêPrésident a mis les cartes sur mes! Regardons la Tunisie la table. Les élections coûtent qui mit le feu aux poudres. chères, trop chères; leur facEn dépit des élections sature est un péril pour le pays. luées, la voilà engluée dans des massacres et que le Pré- Chers amis, sident qui vient de décréter Il nous faut certainement rel’état d’urgence, évoque une penser notre modèle politique perspective critique pour électoral, penser à changer son pays: celle de l’effonson logiciel en passant par drement de l’état tunisien. exemple du mode de scrutin direct au mode de scrutin La Libye de Kadhafi qui indirect, du scrutin universel faisait rêver nos jeunes, direct qui amènerait 40 à 50 distribuait palaces et mosmillions de Congolais à désiquées sur le Continent, se gner un Président incarnation voulait le champion de la du Peuple, inventé par les fierté africaine. Démantelée, Français à Paris, réinventé par celle qui fut le modèle de la De Gaulle à Paris, à un scrutin renaissance africaine célébré universel indirect qui ferait du à Paris, Londres, WashingParlement élu par le Peuple ton, irradie le terrorisme souverain, le lieu de désignapartout, en commençant à tion du Président.
Ce qui paraît mieux adapté au Congo - un pays aux vastes étendues que ne peut parcourir la CéNI, où l’identification et le recensement des populations sonnent comme une gageure, ce qui rend contestable tout scrutin. Ce qui ferait faire des économies au Trésor public... C’est ce qui se passe en Afrique du Sud, en Angola, au Botswana et aux états-Unis d’Amérique où le Président - chef de l’administration et guère monarque républicain - est désigné par les Grands électeurs, qui eux, sont directement élus par le Peuple.
Au fond, Jacob Zuma n’est pas moins président que François Hollande. Ni les présidents Dos Santos et Barack Obama, élus au suffrage universel indirect, ne le sont face à M. Hollande. Pour cela, le Peuple doit s’exprimer. Il nous faut envisager une Constituante lors de ce Dialogue que le Président pourrait convoquer à l’issue de ses Consultations, et que le Peuple Congolais tout entier - même les opposants de la journée qui ne sont pas opposants à la nuit tombée - réclame. N’écoutons pas ce qu’ils disent en public. Aucun d’eux n’est prêt... Chers amis, Face à l’inéluctable, il faut nous parer du courage. Les élections ne sont pas la démocratie. Les élections n’ont jamais été la démocratie. Les lendemains des élections sont pires dans nos pays que la veille des élections. Ils sont marqués par des violences civiles dans nos provinces, des contestations qui remettent tout en cause, des combats entre forces et milices armées. Au fond, les élections dans nos pays n’ont jamais été une solution mais un problème. Mais puisqu’il faut y aller, montons en puissance la vigilance et élevons des digues sanitaires. L’opposant Ne Mwanda Nsemi Badiengila dont la secte Bundu Dia Kongo déferla sur le Kongo Central, l’a dit, après avoir rencontré le Président au Palais: «fin de mandat, glissement, élections, tout cela ce sont des mots». Il nous faut reconstruire le Congo du consensus. Il nous faut rêver d’un pays plus fort
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et plus beau. Il nous faut retrouver de l’audace. Il nous faut arrêter d’abaisser notre pays à l’étranger. Il nous faut travailler à le relever.
Au pauvre on impose l’opprobre. Au riche, on affiche la compréhension. Le monde n’a point d’état d’âme. Seuls les intérêts comptent. Quand ici on prononce une phrase tueuse, là, on s’émerveille devant des contrats signés! C’est Machiavel qui enseigne: il n’y a de bonnes lois que là où il y a de bonnes armes… Pour le salut de la Nation, le Congo doit se mobiliser autour de Kabila. Sauf à plonger le Congo dans de nouveaux conflits qui remettront tout en question, on sait que rien ne se fera aujourd’hui ou demain, sans Kabila, ni contre Kabila. C’est un acte de foi. Mes chers amis, C’est ça Kabila Désir. C’est ça le désir de Kabila. C’est ça l’envie de Kabila qui s’exprime partout dans le pays, dans ce Congo qui par son sous-sol redonna fierté et espoir à l’Occident quand celui-ci fit face au péril à la deuxième guerre mondiale. Ce Congo, avenir de l’humanité. Ce Congo à la base du monde comme il est ce jour. Ce Congo qui avait sa place à la table des vainqueurs… Le Congo doit connaître son destin et sa place dans le monde. De l’avoir ignoré l’a conduit aux crises à la base de son recul. Kabila Désir Asbl veut sa place dans ce Congo. Kabila Désir est sans aucun doute la majorité qui s’exprime au Congo de nos aïeux. Alors, chers amis, debout et en avant pour le Congo.
Masimanimba, 27 juin 2015.
Prof. Tryphon Kin-kiey Mulumba,
Président de Kabila Désir Asbl.
Le Soft International, n°1322, 9 juillet 2015.
on a tout écrit |
Les échecs de l’alternance démocratique
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par Tryphon Kin-kiey Mulumba.
shisekedi avait été un ami proche voire intime de Mobutu que tôt, il l’aida à construire et à consolider son idéologie et son pouvoir. Dans la crise avec le Président Kasavubu, il se trouve avec Mobutu tout comme dans celle avec le Premier ministre Lumumba, c’est toujours Tshisekedi avec Mobutu. C’est le juriste étienne Tshisekedi wa Mulumba - docteur en droit de Lovanium dès 1961, premier Congolais à avoir décroché ce diplôme - qui, plus tard, transformait la Constitution du pays pour le mettre au service du MPR devenu parti-état. Mobutu, ancien de la Force publique, l’armée coloniale belge, qui n’avait jamais poussé loin les études, qui se forma au contact des autres - en journaliste formé sur le tas - n’en a jamais eu qualité. Tshisekedi aurait pu être le dauphin de son ami s’il l’avait voulu. Il préféra s’en éloigner brutalement, affronter le Léopard en créant un propre parti d’opposition l’UDPS - qui poussa Mobutu dans ses retranchements que le Président lui en fit boire des couleuvres. Si l’histoire reconnaîtra Tshisekedi comme l’homme qui aida à la libération de la parole dans le pays, elle dira ce qu’il fut en réalité ou ne fut pas: celui qui, grâce à son ascendant, aurait pu faire que son pays ne sombre pas dans la crise dans laquelle il fut plongé et ne vive les effets collatéraux d’une guerre qui ne fut pas la sienne. ne jamais baDineR avec l’avenir. Voici un pays d’exception, béni de Dieu qui le dota de tout le potentiel pour son développement, joua le rôle de leader sur le Continent, cité dans le monde comme «le miracle géologique», a touché le fond d’où il tente de se tirer pour n’avoir pas connu la stabilité que
d’autres en Afrique ont connue - le Cameroun, le Burkina Faso, le Gabon - et au nom de laquelle l’Algérie vient de confier un quatrième mandat à son président sortant Abdelaziz Bouteflika, 77 ans, malade, très affaibli, ne pouvant ouvrir la bouche, ne pouvant gouverner au point d’avoir accompli son droit de vote assis sur un fauteuil roulant, guidé par un garde. Pourvu que règne la stabilité et que la Nation soit sauve. On ne blague pas avec l’avenir d’une Nation! Quand on voit ce qui se passe tout autour - en Tunisie, en égypte, en Libye, en Syrie emportées par le Printemps arabe vanté puis décrié - comment ne pas écouter l’Algérie? De là l’absence de réaction à Paris, à Washington d’où aucune voix n’est venue pour dénoncer «l’infamie». Au contraire, le président François Hollande n’a pas attendu l’arrêt de la Cour Suprê-
me pour saluer cette réélection de Bouteflika avec 81,53% des suffrages exprimés. Dans un communiqué, le président français souhaitait au président réélu «plein succès dans l’accomplissement de sa haute mission». «Dans l’esprit d’amitié et de respect qui existe entre les deux pays, compte tenu des liens humains exceptionnels qui les unissent, la France forme des vœux chaleureux pour la prospérité de l’Algérie et du peuple algérien», ajoutait-il dans un communiqué. Puis: «La France réitère ainsi sa volonté de continuer à travailler avec les autorités et le peuple algériens à l’approfondissement de la relation bilatérale, au service du développement des deux pays». L’Espagne a souhaité «grand succès» durant son nouveau quinquennat au président réélu. Comme le roi du Maroc. Un Président toujours en fauteuil roulanrt qui n’a pu lire son dis-
cours d’investiture. Qu’importe tant que la stabilité est sauve. PéRILLEUX POUR LA STABILITé DU PAYS. Au nom de la sauvegarde de la Nation et de la stabilité, le monde s’interdit de réagir aux événements d’égypte: montée en puissance du général Abdelfattah al-Sissi qui s’apprête à recevoir un plébiscite à la présidentielle qu’il a convoquée. Il a pourtant destitué et jeté en prison le premier président démocratiquement élu du Moyen Orient! Au nom de la Nation et de la stabilité... Nommé en août 2012 ministre de la Défense et président du Conseil suprême des forces armées par Mohamed Morsi, il a démis celui-ci accusé de vouloir imposer un régime islamique. L’homme fort du Caire pratique pourtant un Islam conservateur (une épouse voilée, l’un des cousins de son père fut l’une des grands figures des
Frères musulmans), mais cet ancien du Royaume-Uni et des états-Unis où il s’est formé à l’École de guerre américaine de Pennsylvanie défend une thèse qui vient d’être rendue publique sur Internet par Judicial Watch, organisation américaine qui surveille les activités de l’administration américaine. Al-Sisi y écrit: «Aux premières heures de la démocratie, aux États-Unis, la religion a joué un rôle important et a fondé les valeurs de la Nation américaine. Au Moyen-Orient, l’approche n’est pas vraiment différente, excepté le fait que l’Islam y est la religion dominante. Il est donc logique de présumer qu’une forme démocratique de gouvernement serait fondée sur ces croyances». Puis: «Idéalement, dans leur pratique du pouvoir, les corps législatif, exécutif, et judiciaire devraient tous prendre en considération les croyances islamiques». Puis: «La démocratie, au Moyen-Orient, pourrait n’avoir que très peu de ressemblances avec les démocraties occidentales. Le grand défi reste de savoir si le reste du monde sera capable d’accepter une démocratie au Moyen-Orient fondée sur des croyances islamiques». Puis: «Les autocrates de la région ont raisons valables de se méfier d’un contrôle de leur régime par le vote populaire». Estimant l’organisation de scrutins populaires prématurés car le peuple ne serait pas assez éduqué pour voter «en toute conscience», il soutient: «Les forces de sécurité sont loyales au parti au pouvoir, et non à la nation. Si une démocratie émerge, avec, à sa tête, différents groupes, il n’existe aucune garantie pour que la police et les forces militaires respectent cette nouvelle donne du pouvoir». Une thèse bénie par toutes les chancelleries du monde. Il est vrai que l’égypte est face à Israël et Israël n’est pas n’importe quel pays. L’état hébreu ne saurait
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tolérer face à lui un régime islamique des Frères Musulmans.
LES PAYS au sud du Sahara. Voyons l’Afrique noire ou les pays au Sud du Sahara et citons quelques cas. w Le Kenya cité comme modèle de développement qui l’échappa belle au lendemain de scrutins mais qui doit aujourd’hui faire face à une situation invraisemblable avec le président de la République Uhuru Kenyatta et son Viceprésident de la République William Ruto, élus démocratiquement en mars 2013 mais qui sont poursuivis devant la Cour Pénale Internationale pour leur rôle présumé dans les terribles violences ayant suivi le scrutin présidentiel de décembre 2007. w La Côte d’Ivoire dont l’ancien président Laurent Gbagbo croupit à la Cour de La Haye, a eu moins de chance. Alors le pays voyait arriver à sa tête un ancien haut fonctionnaire international - le président Allasane Dramane Ouattara, directeur général adjoint du Fonds Monétaire International - voici que le pays traîne à être remis sur le droit chemin malgré une guerre féroce qui avait coupé le pays en deux, d’une part le nord musulman, de l’autre, le sud chrétien. La vérité est que le pire est à venir en Côte d’Ivoire… w La Centrafrique, dont l’ancien président François Bozize, exilé en France, pourrait se voir signifier un mandat d’arrêt international. Des voisins poussés par l’Europe avaient pourtant cru bonde dégager Bozizé, puis le rebelle Djotodia dégagé par les mêmes voisins aussi vite qu’il est arrivé. w Le Mali où le tout fraîchement élu Ibrahim Boubacar Keïta, opposant historique, est contesté, accusé de pillages économiques et de népotisme… w Le Sénégal, longtemps exemple de réussite démocratique dont le président Macky Sall fut invité et congratulé à la Maison Blanche par Barack Obama. Mais
le retour retardé au pays de l’ancien président Abdoulaye Wade, annonce ce qui attend le pays. «Lorsqu’il a gagné la présidentielle, je l’ai immédiatement appelé pour le féliciter. Je lui ai proposé mon aide, explique Wade, parlant de son successeur, à son retour à Dakar où son avion a fini par se poser peu à minuit après avoir négocié l’atterrissage deux jours durant. «Je lui ai exprimé ma disponibilité à l’aider en cas de besoin. Il ne m’a jamais répondu. Mais peu après, il s’est mis à s’attaquer à mes proches: les ministres, les directeurs de cabinet, les chefs de cabinet… toutes les hautes personnalités de mon régime… il a fait une liste pour tenter de les mettre en prison. Il leur a d’abord interdit de sortir du territoire. Et par-dessus tout, ce régime a fini par emprisonner certaines personnalités. Aïda Ndiongue, Ndèye Khady Guèye… et Karim sont en prison. Mais ce qui est le plus poignant, c’est d’être à l’étranger et de regarder le Sénégal souffrir! … Le pays souffre à cause de la pauvreté, à cause du gaspillage… J’ai vu les paysans souffrir… Mais je vais vous montrer le droit chemin… de sorte que ceux qui ont tout gâté ici, ne seront plus au pouvoir!» *** Faut-il craindre l’alternance démocratique? Mais il y a alternance et alternance. C’est à quoi pensait ce négociant en politique, grand connaisseur du Continent, le Français Jean-Yves Olivier lorsqu’il dit: «C’est très bien de remplacer des gens très compétents et très valables. Mais est-ce que c’est aussi bien de les remplacer par des gens qui n’ont pas d’expérience? Estce que c’est bien de vouloir faire partir ce qui n’est pas très bien et le remplacer par quelque chose qui est pire?» Alors, faut-il citer Machiavel? «Il y a de bonnes lois là où il y a de bonnes armes». Comment ne pas l’en croire!
T. kin-kiey Mulumba n
Le Soft International, n°1278, 2 mai 2014.
Au Palais du peuple, un air de fin de saison on a tout écrit |
A
ucune pétarade ni au Sénat dès 10 h 15’, ni à l’Assemblée nationale deux heures plus tard, à 12h10’. Aucune manifestation de liesse, pas d’effet de langage, aucun trémolo dans aucune voix d’aucun orateur, dans aucun discours de rentrée lundi 16 mars 2015.
Ni à la chambre haute. Ni à la chambre basse. Si les deux hémicycles sont pleins - les membres du Gouvernement comme le corps diplomatique affichent complet sauf ceux en déplacement - la rentrée mars 2015, n’a rien à voir avec les rentrées précédentes. Contrairement à ses habitudes, le président du Sénat Léon Kengo wa Dondo a fait dans l’austérité et la sobriété, expédiant comme dépité son discours en moins de 10 minutes, allant droit à l’essentiel: les attentes politiques - calendrier électoral de la CéNI auquel il tient; performances économiques du gouvernement, annonçant un taux de croissance de deux chiffres l’année prochaine et un taux d’inflation de 1% même si «la pauvreté reste présente» qui doit être résorbée grâce au secteur agricole, vantant les 80 millions de terres arables du pays. «Les statistiques économiques ne signifiant pas grand-chose». Puis: «Si nationalisme économique il faut, cela n’est possible qu’en présence de moyens d’investissement nationaux». LE DEUIL DE LA FONCTION. Dans l’autre chambre, à midi tapant - la ponctualité a été de règle - son «estimé collègue» Aubin Minaku Ndjalandjoku est classique, parcourant en l’espèce tous les dossiers de rentrée: agenda politique à commencer par électoral qui «s’impose à tous» (la matière électorale et référendaire est «de la compétence de la CéNI et de la CéNI seule» même si la centrale électorale peut être auditionnée par l’Assemblée nationale dans le but de rechercher les voies de
Le climat politique paraît s’être fortement crispé dans la Capitale Kinshasa depuis les manifestations de rue de fin janvier ayant fait 14 à 42 victimes, suite à un débat au Parlement sur un projet de loi. droits réservés. dialogue en vue d’un calendrier «réaliste»); découpage électoral qui va dépecer le pays faisant passer en moins de trois mois - à la vitesse lumière - le nombre de provinces de 11 à 26 - opération attendue depuis 2006 et qui s’accélère soudain et met les gouverneurs en position de sortie; résultats économiques du «Gouvernement de la République» obtenus «sous les auspices du président de la République Joseph Kabila Kabange» et doivent être poursuivis grâce au secteur agricole sur le modèle du parc agro-industriel de Bukanga Lonzo; contrôle parlementaire qui doit se faire dans la responsabilité à commencer par les télécommunications désormais dans l’œil du cyclone des élus - et du pays - qui se plaignent; visites à l’étranger effectuées par le bureau dans le cadre de la diplomatie parlementaire; réformes à engager en interne au sein de l’administration de l’Assemblée nationale; mise à la retraite du personnel et, last but not least, embauche de personnel nouveau. C’est clair: si tous étaient présents, chacun dans son costume pimpant neuf, on y a vu que des corps. Ni le cœur, ni l’esprit n’y étaient, ni à l’hémicycle du Sénat, ni à celui
relooké de l’Assemblée nationale... CONSPIRATION INTERNATIONALE. Dans un pays où, faute d’absence de fief pour la majorité des opérateurs politiques, la mortalité «électorale» est sans appel - 80% des élus ne reviennent jamais - chacune des personnalités présentes fait le deuil de la fonction et pense déjà au jour d’après. Surtout quand les journaux du matin - Rfi, radio d’état français, qui passe désormais pour la chaîne locale par excellence - n’en avait que pour le Congo: arrestation des militants pro-démocratie sénégalais Fadel Barro de Y’en a marre et burkinabé Oscibi Johann de Balai citoyen, deux mouvements citoyens à la base du départ du pouvoir des présidents Abdoulaye Wade au Sénégal et Blaise Campaoré au Burkina venus entraîner dans le quartier chaud de Kinshasa des jeunes «à... se prendre en charge» et... à savoir manipuler des cocktails Molotov, ces explosifs utilisés dans les combats de rue. Comment ceci a-til pu être possible? Quel service a payé leurs tickets et financé le séjour? Comment ont-ils pu obtenir des visas d’entrée? Il semble que deux ONG au moins («Ba Jeunes
Maboko na Maboko Pona Congo», Jeunes en rangs serrés pour le Congo et Filimbi, sifflet ou coup de sifflet en langue swahili) dont on entendait parler pour la toute première fois, sont à la base de cette activité conçue comme «échange d’expérience». De là à faire penser à nombre qu’il s’agirait ni plus ni moins que d’une... Internationale de la conspiration mise sur pied par des mouvements hors du Continent qui veulent pousser les Citoyens à se débarrasser de leurs dirigeants! «On veut faire un nouveau type d’Africain, c’est-à-dire qui est au courant de la Constitution, au courant des lois de son pays, qui s’implique dans le changement de son pays en changeant son environnement. C’est un mouvement citoyen, un mouvement pacifique», explique le rappeur sénégalais Simon, membre actif de Y’en a marre. Outre le gouverneur du Katanga Moïse Katumbi Chapwe pas pressé de quitter les devants de la scène médiatique même s’il annonce son départ de la province du Katanga. Alors qu’on le disait malade et aux soins à Londres, il annonce sur Rfi une interview choc - un «safari, le tour du Congo» et veut «ac-
compagner le président Kabila à terminer son mandat», «soutenir le président à bien terminer son mandat, puisqu’il n’y a pas de
troisième mandat», son parti - celui de Moïse Katumbi Chapwe - le PPRD et le pays «ne demandent qu’à faire respecter la Constitu-
tion». Ceux qui redoutaient un plongeon pré-électoral renforcé, les voilà servis à peu de frais. Dans cet air de fin de saison, aucun coup, aucune intrigue ne fait plus jamais mal puisqu’aucun cœur n’est plus désormais à l’ouvrage. Plus que jamais, chaque acteur a l’œil rivé sur son avenir... Un homme soupire: les Congolais - les hommes politiques congolais - qu’ils soient de l’opposition ou des proches du pouvoir, ont tout investi pour torpiller le régime de l’intérieur. Ils ne lui auront laissé aucune chance... Sauf si le régime fléchit, il leur reste à prendre le départ de nombreuses confrontations électorales dès cette année, qui «ne peuvent être conçues comme un moment d’invectives mais signe de vivacité démocratique», déclare le président Minaku. Pourvu qu’il soit entendu…
D. dadei n
Le Soft International, n°1310, 17 mars 2015.
MESSAGE DES VOEUX DE FIN D’ANNEE 2015 DE LA DGDP A SON EXCELLENCE MONSIEUR LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE DE LA RDC, JOSEPH KABILA KABANGE. Excellence Monsieur le Président de la République. Au moment où l’année 2015 s’apprête à rejoindre l’histoire avec tout ce qu’elle a constitué comme espoirs et défis pour la République Démocratique du Congo, la Direction Générale de la Dette Publique (DGDP) se fait l’honneur de présenter à Votre Excellence ses voeux de bonheur, de santé et de plein succès à l’occasion des festivités de fin de l’année 2015 et de l’avènement de la nouvelle année 2016. . En effet, grâce aux efforts inlassables de Votre Excellence au cours de cette année qui s’achève, la Révolution de la Modernité a davantage pris corps, la paix s’est consolidée sur l’ensemble du territoire national, et la voix de la RDC est aujourd’hui audible dans le concert des nations. Pour tout couronner. Vous avez initié un dialogue politique entre fils et fille de ce pays, faisant du Peuple Congolais l’artisan de sa propre histoire. La Direction Générale de la Dette Publique ne cessera de prier le Dieu de nos ancêtres pour qu’il Vous donne toujours plus de force et d’inspiration, dans la perspective de bâtir un Congo émergent à brève échéance. Que vive à jamais la République Démocratique du Congo.
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BANQUE COMMERCIALE DU CONGO
Message de Voeux de la Banque Commerciale Du Congo «B.C.D.C.» à l’occasion de la fête de Noël et du Nouvel An, - le Conseil d’administration, - le Comité de direction et tout le personnel de la Banque Commerciale Du Congo présentent: A Son Excellence, Monsieur Joseph KABILA KABANGE, Président de la République; Aux membres du Sénat et de l’Assemblée nationale; Aux membres du Gouvernement de la République; A l’ensemble de nos clients et partenaires et au peuple congolais; Leurs voeux les meilleurs de bonheur et de prospérité pour 2016.
MESSAGE DE VŒUX ADRESSé AU PRéSIDENT DE LA RéPUBLIQUE, CHEF DE L’éTAT, SON EXCELLENCE MONSIEUR JOSEPH KABILA KABANGE à l’occasion du Nouvel An 2016, les soussignés présentent, au nom du Conseil d’Administration, du Comité de Direction et de l’Ensemble du personnel de RAWBANK SA, leurs vœux les meilleurs de bonheur, de longévité, de prospérité et de succès à Monsieur le Président de la République, Chef de l’Etat, Son Excellence Joseph KABILA KABANGE. Les mêmes vœux sont adressés également :
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aux Honorables Députés Nationaux et Sénateurs ; aux Membres du Gouvernement; aux Membres des Cours et Tribunaux ; et au Peuple Congolais tout entier.
RAWBANK SA assure l’Autorité suprême du pays de son soutien dans les efforts visant le maintien de la paix et la poursuite de l’œuvre de reconstruction du pays en 2016.
Enfin, RAWBANK SA remercie son aimable clientèle pour sa confiance et lui présente ses vœux de bonheur et de réussite pour l’année 2016.
- Que vive la RDC ! - Que vive le Peuple Congolais
Thierry TAEYMANS MAZHAR RAWJI Directeur Général Président du Conseil d’Administration LE SOFT INTERNATIONAL | ÉDITION NATIONALE | N° 1342-1343 | PAGE 18.
Le Congo s’éloigna de son destin on a tout écrit |
S
Les grands acteurs de notre après-indépendance. De g. à dr., Kasavubu, Lumumba, Tshombé, Mulele, Kalonji, Mobutu, Kabila Père, Kabila Fils. droits réserrvés.
i ailleurs sur le Continent (Sénégal, Côte d’Ivoire, Togo, Gabon, Cameroun, etc.), la nouvelle élite sauf exception joue la tempérance avec les puissances tutélaires qui offrent postes ministériels dans les anciennes métropoles (Senghor, Houphouët-Boigny, etc.) et positions enviées dans la haute fonction publique en l’aidant à s’initier aux nouvelles responsabilités politiques qui l’attend, le Congo au sous-sol qui recèle des ressources fabuleuses, trésor disputé de l’Humanité, s’est trouvé aux côtés de l’Occident triomphant, perd son destin et voit sa classe
politique maîtrisant à peine les rudiments de la politique internationale être tentée par le communisme vu de l’Occident comme un ennemi exécrable à éradiquer. Le Congo, cet allié éternel des Grands! On saisit mieux sa place quand l’Occident s’ingénie à Genève des mois durant dans le dossier du nucléaire iranien. Revu, complété, mis en perspective. Une branche de l’élite congolaise le sait puisque l’ayant appris sur les bancs de l’école dans les manuels d’histoire: c’est l’uranium congolais de Shinkolobwe à quelques encablures de la frontière de l’ancienne Rhodésie du Nord (l’actuelle Zambie) alors britannique où on entonnait «God save the Queen» (Que
Dieu protège la Reine) de 1911 à 1953 voire jusqu’aux années 60 qui permit à l’armée américaine - donc aux alliés - de fabriquer la bombe atomique qui mit fin à la deuxième guerre mondiale (19391945) en mettant à genoux le Japon invincible. Alors gouverneur du Congo belge pendant toute cette guerre, Pierre Ryckmans fut l’organisateur de l’effort économique du Congo en faveur des Alliés qui se traduisit par la campagne victorieuse de la Force publique en éthiopie mais surtout par une intensification des productions de caoutchouc (le caoutchouc rouge de Léopold II, le roi bâtisseur à la recherche d’une colonie pour son royaume, qui est alors la principale production
de l’état Indépendant du Congo, destiné aux industries automobiles naissantes (Rover, Ford, Mercedes, etc.) ou textiles, et dont l’exploitation entraîne des mauvais traitements (affaire des «mains coupées»), de céréales et de minerais (cuivre, étain, zinc et uranium). En 1915, le géologue anglais Robert Sharp, employé de l’Union Minière, à la recherche du cuivre, fait une découverte dans le sud du Katanga. Sur une colline près de ce qui se nommait Elisabethville (Lubumbashi), il découvre une terre multicolore, à forte dominante jaune, révélatrice de présence d’uranium. Le géologue sait que les villageois utilisent de la boue colorée pour décolorer leur corps.
On lui traduisait le mot Shinkolobwe: «le fruit qui ébouillante»… Sharp expédie les roches à l’analyse et…, surprise: elles contenaient de l’uranium à 80%, record mondial! Une publication de l’Institut Royal Colonial Belge s’intéresse à ce gisement. L’usage originel de ce minerai était de servir comme agent de teinture pour l’industrie de la céramique. Ce minerai produisait les couleurs jaune citron, orange et vert en fonction de la concentration du minerai. le sanG glacé. Pierre et Marie Curie démontrèrent que le radium pouvait être utilisé dans le traitement du cancer, ce qui leur valut le Nobel de Physique en 1903
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et la médaille Davy, distinction scientifique décernée annuellement par la Royal Society qui récompense des scientifiques pour des travaux exceptionnels. La découverte de Pierre et Marie Curie créa un marché pour l’uranium dont la radium est un sous-produit. En 1938, Edgar Sengier, ingénieur civil des mines (1903), directeur de la Société Générale et directeur général de l’Union Minière du Haut-Katanga (UMHK), filiale de l’Union Minière, société du groupe de la Société Générale de Belgique, apprend de scientifiques britanniques les possibilités futures de l’uranium découvert au Katanga, zone qualifiée de «scandale géologique» par le géologue belge
Jules Cornet qui y avait effectué des prospections, découvrant la multiplicité et la richesse des minerais qu’on y trouve. Les Britanniques avaient averti le Belge en ces termes: «Soyez prudent et n’oubliez jamais que le matériau en votre possession pourrait signifier une catastrophe pour votre pays s’il tombait entre des mains ennemies». Une menace à peine voilée sur le risque que Sengier faisait courir à son pays d’être frappé par un désastre. En fait, les Britanniques expliquèrent que la Belgique allait être rayée de la carte du monde par les Alliés (états-Unis, Canada et Royaume-Uni) si jamais ce minerai tombait entre les mains ennemies (Allemagne (suite en page 20).
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Il y a sept décennies
Comment le Congo sauva les USA
Les bombes Little Boy à l’uranium et Fat Man au plutonium furent respectivement utilisées lors des bombardements atomiques d’Hiroshima (notre photo)et Nagasaki. dr. (suite de la page 19).
nazie, URSS, Japon, etc.). Le Belge a le sang glacé. Comprenant que ce produit stocké à Shinkolobwe sans servir à aucun usage pourrait devenir décisif en temps de guerre, il ordonna en 1939 que la moitié du stock, soit un millier de tonnes, soit mise en lieu sûr. Rien de plus rassurant que de l’expédier aux états-Unis. La guerre éclatée, Sengier se mit à l’abri à New York. Il fit mettre son pactole (2007 fûts de minerai d’uranium radioactif secrètement débarqué d’un bateau en provenance du Congo), dans un entrepôt de Staten Island, au 2377-2387 Richmond Terrace, à New York. Il n’informa personne de la présence de ce produit hautement stratégique et radioactif. En septembre 1942, le colonel (devenu depuis général) Kenneth Nichols, est chargé par le patron du Projet Man-
Shinkolobwe signifie «le fruit qui ébouillante». Du minerai d’uranium. dr.
hattan - le nom de code du projet de recherche, mené par les États-Unis avec la participation du Royaume-Uni et du Canada, qui produisit la première bombe atomique lors de la Seconde Guerre mondiale - le général Leslie Groves, de trouver de l’uranium. L’officier rendit visite à Sengier à son bureau de New York. Il demanda au Belge si l’Union Minière pouvait fournir de l’uranium, précisant qu’il comprenait que cette demande serait peut-être difficile à satisfaire rapidement. La réponse de Sengier est entrée dans les
manuels d’histoire: «Vous pouvez avoir le minerai maintenant. Il est à New York, 1.000 tonnes. J’attendais votre visite». Immédiatement, Sengier établit un contrat de vente et le minerai de Staten Island fut transféré à l’armée américaine qui obtenait en même temps une option sur les 1.000 tonnes encore stockées à Shinkolobwe. Depuis 1939, la mine de Shinkolobwe était désaffectée, et était sous eau. L’ US Military y expédia un contingent de son corps du Génie pour la remettre en activité, étendre les aérodro-
mes de Léopoldville (Kinshasa) et Élisabethville, et établit des installations portuaires à Matadi, sur le fleuve Congo en vue de leur expédition. L’exploitation de Shinkolobwe put alors reprendre et on estime qu’entre 1942 et 1944, 30.000 tonnes de minerai furent vendues à l’armée américaine. Les Américains tenaient à obtenir l’exclusivité du minerai de Shinkolobwe, ce que Sengier leur refusait. Les Américains firent cependant entrer les différents gouvernements belges dans le jeu des discussions et, avec l’appui du gouvernement britannique, acquirent le droit exclusif sur l’uranium de Shinkolobwe dans le cadre de négociations qui impliquèrent le gouvernement belge en exil à Londres (même si seul Sengier fut apparemment au moins partiellement mis dans la confidence du projet Manhattan). Ces accords particu-
liers, signés entre les États-Unis, le Royaume-Uni et la Belgique, avaient une durée de 10 ans et perdurèrent après la fin de la guerre. Ils expliquent notamment la facilité avec laquelle la Belgique a pu se relever des conséquences de la guerre, contrairement à la France, n’ayant contracté aucune dette importante à l’égard des grandes puissances financières. Mais des parlementaires belges et journalistes contribuèrent à alerter l’opinion publique belge quant à la teneur de l’accord belgo-américain qu’ils considéraient comme guère favorable à la Belgique. Le résultat fut une renégociation de 1955 particulièrement bien menée par Pierre Ryckmans, l’ancien gouverneur du Congo belge pendant toute la guerre et organisateur de l’effort de guerre économique du Congo en faveur des alliés. Au terme de cette négociation, la Belgique n’ob-
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tint pas seulement une substantielle rallonge de payement mais aussi un accès aux brevets américains secrets dont les chercheurs et ingénieurs du centre de Mol et de toutes les centrales nucléaires belges ont su tirer partie dans les décennies suivantes. La Belgique a, en effet, bâti, à la fin du xxe siècle, une industrie nucléaire performante produisant 60% de l’électricité du pays, en plus, entre autres résultats, de la production d’isotopes pour la médecine et des procédés de recyclage de déchets des centrales pour en faire un combustible réutilisable, le mox, et des travaux en vue de l’ensevelissement dans des couches argileuses stables des déchets non recyclables. En 1946, Sengier retourna aux États-Unis où il reçut des mains du général Groves - le patron du Projet Manhattan, qui coûta 26 milliards de nos dollars - la Médaille du mérite pour sa contribution à
la victoire alliée. Il était le premier citoyen non américain à recevoir cette distinction créée en 1945 par un décret présidentiel. À l’époque, les restrictions sur l’information du temps de guerre n’étaient pas totalement levées, et si la citation mentionnait les «services rendus dans le cadre de la fourniture de matériau», elle ne détaillait pas à quel point les initiatives de Sengier avaient permis de modifier le cours le l’histoire. Sengier fut également fait Chevalier commandeur honoraire1 de l’Ordre de l’Empire britannique (KBE, 1956), Commandeur de la Légion d’honneur française, et Officier de l’Ordre de Léopold et de l’Ordre de la Couronne par le gouvernement belge. En 1948, il fut honoré par la communauté scientifique quand son nom fut donné à un nouveau minerai radioactif découvert au (suite en page 21).
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Le gâchis congolais ou comment aux côtés de l’Occident le Congo gagna la guerre, comment il perdit la victoire (suite de la page 20). Congo, la «sengierite». L’homme resta directeur de la Société générale de Belgique et de l’Union minière jusqu’en 1949. Jusqu’en 1960, à l’indépendance du Congo, le Belge fit partie du conseil d’administration de la Société générale de Belgique et de l’Union minière et se retira à Cannes, où il mourut en 1963. LE GâCHIS. Il est clair que le Congo a été du bon côté de l’Histoire. Par ses mains et par son sous-sol dont l’apport a pesé sur le cours de l’histoire de la guerre et permit la victoire des Alliés, il a fortement participé à l’effort de guerre. Mais c’est la Belgique - la puissance tutélaire - qui en tire tout le profit. Elle aussi se trouve du bon côté de l’Histoire. Primauté du droit et de la morale, cette position refrène les visées des Grandes puissances qui ne peuvent lui ravir le Congo ou lui faire la guerre tant qu’elle garde en bon père de famille le trésor de l’Humanité… Mais voilà qu’en 1960, avec le mouvement des indépendances, tout périclite. L’élite congolaise veut l’indépendance. La Belgique hésite, et offre un plan de trente ans (Plan Jef van Bilsen, du nom de son concepteur, docteur en droit, professeur à l’Université de Louvain et Commissaire du Roi à la Coopération au développement, de 1964 à 1965). Le Plan veut que l’élite congolaise soit préparée avant d’accéder à l’indépendance. Impossible, l’élite est pressée de reprendre les rênes du pouvoir d’état, quoi qu’il en coûte. Un contre-manifeste veut l’indépendance «immédiatement» et, «dans la plus totale improvisation», la Belgique accède à la demande. Le décor de la «crise congolaise» est planté… émery Patrice Lumumba, un Tetela (Kasaï Oriental), ancien agent des comptes chèques postaux de Stanleyville (Kisangani), où il a été jugé et condamné en 1956 à un emprisonnement d’un an pour avoir détourné de fonds, a travaillé dans une mine au Sud-Kivu, puis dans une brasserie à Léo-
poldville (Kinshasa), devenu journaliste, joue, avec Joseph Kasa-Vubu, un Muyombe de Tshela au Kongo Central, enseignant exclu du grand-séminaire - trop indépendant pour devenir prêtre catholique - joue les premiers rôles des luttes pour l’indépendance. Si ailleurs en Afrique (Sénégal, Côte d’Ivoire, Togo, Gabon, Cameroun, etc.), la nouvelle élite sauf exception joue la tempérance avec les puissances tutélaires qui offrent postes ministériels dans les anciennes métropoles (Senghor, HouphouëtBoigny, etc.) et positions enviées dans la haute fonction publique en l’aidant à s’initier aux nouvelles responsabilités politiques qui l’attend, le Congo au sous-sol qui recèle des ressources fabuleuses, trésor disputé de l’Humanité, s’est trouvé aux côtés de l’Occident triomphant, perd son destin et voit sa classe politique maîtrisant à peine les rudiments de la politique internationale être tentée par le communisme vu de l’Occident comme un ennemi exécrable à éradiquer. Les Congolais savent désormais - par l’actualité internationale récente - la place de leur pays quand l’Occident s’ingénie à Genève des mois durant dans le dossier du nucléaire iranien. Wikipedia: «Le 30 juin, lors de la cérémonie d’accession à l’indépendance du pays, Lumumba - qui a définitivement largué les libéraux et qui s’est entouré de conseillers étrangers de gauche prononce un discours virulent dénonçant les abus de la politique coloniale belge depuis 1885. Durci par l’expérience de son arrestation, et, face à la surenchère anti belge d’une partie de la presse internationale, il prend le contrepied de la politique modérée de ses débuts telle qu’on peut la découvrir dans son livre (publié après sa mort). Au lieu de s’adresser au roi des Belges présent à la cérémonie, et qui venait de prononcer un discours paternaliste convenu avec le président Kasavubu, Lumumba commence son allocution par une salutation «aux Congolais et Congolaises, aux combattants de l’indépendance». Son
discours, qui doit lui permettre de l’emporter sur Kasavubu dans l’opinion des Congolais politisés, proclame vivement que l’indépendance marque la fin de l’exploitation et de la discrimination et le début d’une ère nouvelle de paix, de justice sociale et de libertés. Le roi des Belges se sent offensé alors qu’il se considère comme le père de l’indépendance congolaise ayant été l’auteur, en janvier 1959, d’un discours radiophonique par lequel il est le premier Belge à annoncer officiellement qu’il fallait mener le Congo Belge à l’indépendance «sans vaine précipitation et sans atermoiement funeste». Baudouin veut se retirer et regagner Bruxelles, le premier ministre belge Gaston Eyskens parvient à l’en dissuader et, le soir même, lors d’un banquet réunissant hommes politiques congolais et belges, Patrice Lumumba s’efforce de rectifier le mal que ses paroles ont pu provoquer en prononçant un discours qui se veut lénifiant dans lequel il évoque un avenir de coopération belgo-congolaise». Le mal est fait. Il est profond. «Les effets du premier discours de Lumumba, retransmis par la radio, se font rapidement sentir dans la population congolaise. Les paroles en sont interprétées comme anti-belges, alors que les fonctionnaires belges restent présents à tous les échelons de l’administration congolaise et que, dans l’armée, le cadre d’officiers reste également belge en attendant la formation des premières promotions d’officiers congolais. Cette situation provoque, dans quelques casernes, une révolte qui gagne des populations civiles, surtout dans la capitale Léopoldville. Des officiers et aussi des cadres belges de l’administration sont chassés, malmenés et quelques-uns sont tués. Des émeutes visent les entreprises des blancs, des pillages ont lieu, des femmes européennes sont violées. Dès lors, une grande majorité de cadres européens du gouvernement et des entreprises - et pas seulement les Belges - prennent alors la fuite avec leurs familles. Lumumba en profite pour évincer
les officiers belges et décrète l’africanisation de l’armée, tout en doublant la solde des soldats. La Belgique, jugeant qu’on ne peut plus avoir confiance dans le gouvernement congolais et dans son armée pour rétablir la sécurité, répond par l’envoi de troupes pour protéger ses ressortissants à Léopoldville, la capitale située dans le Bas-Congo, mais aussi dans d’autres régions». On connaît la suite tragique! Au Katanga, la Belgique pousse un Chrétien, anti-communiste, pro-occidental, ancien comptable Moïse Kapenda Tshombé à prendre le pouvoir. C’est la sécession katangaise. Il explique «faire sécession du chaos» qui règne à Léopoldville. Il appelle à la poursuite des liens privilégiés avec la Belgique et avec l’UMHK. Des troupes spéciales belges - des paras-commandos - débarquent au Katanga, suivis de 11.000 soldats belges acheminés en dix jours. Une intervention militaire qui surprend à l’étranger par l’ampleur des moyens mis en œuvre et par la rapidité de son déploiement. Voulant profiter elle de minerais du Katanga, la France envoie à Moïse Tshombe un renfort inespéré: le mercenaire Bob Denard qui débarque avec ses hommes. à son tour, le dissident lumumbiste Albert Kalonji Ditunga Mulopwe, un assistant agronome, proclame l’indépendance du Sud Kasaï. à Kinshasa, tentatives d’assassinat de Lumumba, arrestation, transfert au Katanga, assassinat par des Belges et des pro-Belges. Et, last but not least, coup d’état (soutenu par la CIA) contre le nonchalant Kasavubu. L’ancien secrétairecomptable et journaliste de la presse congolaise pro-belge Joseph Désiré Mobutu a pris le pouvoir. Au Kwilu, retour de Chine via le Caire en pointe avec l’anti-colonialisme, le pro-Lumumbiste Pierre Mulele lance ses jeunesses dans la brousse, massacre la population, pille couvents et œuvres des missionnaires catholiques pro-occidentales, fait exécuter colons européens et pro-régime, s’apprête à prendre le pouvoir dans la Capitale mais est stoppé à Masimanimba qui a érigé une digue
pro-régime imprenable.
Les pro-Belges. Seule issue: atteindre Brazzaville où trône un régime ami. Mulele y parvint par le Kwilu à bord d’une pirogue mais le socialiste Marien Ngouabi le livre à Bomboko, l’envoyé de Mobutu, craignant des représailles de «l’homme à la toque de Léopard». Dès le lendemain, Mulele est «châtié», publiquement torturé, se voit les yeux, les oreilles, le nez et les parties génitalesarrachés. Les membres amputés, mais toujours vivant, le chef rebelle est enfoui dans un sac poubelle et jeté dans le fleuve Congo. Mobutu triomphe. Il peut être reçu à la Maison Blanche, célébré comme le grand ami du monde libre, le défenseur des intérêts de l’Occident en Afrique. Il sera reçu 24 fois par la famille Bush, notamment à la résidence d’été sur Walker’s
Point, à Kennebunkport et qui a adopté l’un de ses enfants… Avec le groupe de Binza et la bénédiction de l’Occident, Mobutu peut régner sur le Zaïre et le diriger de main de fer. Il peut se permettre tous les excès dans un contexte de guerre froide et au nom de la stabilité quand survient l’écroulement du Mur de Berlin. L’Histoire a changé de cours… C’est le secrétaire d’état James Baker qui l’en avertit sur son yacht Le Kamanyola qui a jeté les amarres à N’sele avant que tous les services américains (CIA, Pentagone, Département d’état) conduits par l’ambassadeur Bill Richardson ne viennent lui faire les adieux des Américains («time is over») et le prévenir que s’il se maintenait au pouvoir, face à l’avancée des troupes de Laurent-Désiré Kabila, soutenues par une alliance régionale de «l’Afrique qui
gagne», il serait abattu et son corps traîné à travers les rues de Kinshasa comme un chien! Mobutu affaibli et en pleurs revenait de Lausanne où il luttait contre un cancer de la prostate en phase terminale. L’Afdl faisait rage, des officiers loyalistes l’ont trahi. Laurent Désiré Kabila faisait son entrée dans Kinshasa libérée… Le Congo a échoué à se faire reconnaître son statut privilégié de pays stratégique (Mobutu l’avait compris et en a tiré profit). Notre pays s’est éloigné de sa trajectoire, abandonnant son destin. Dans la sous-région, le Cameroun, le Gabon, etc., sont restés dans leur orbite. L’Angola, exmarxiste a négocié sa mue. Comme le Congo voisin. Le Rwanda nous a-t-il pris notre place? à terme, rien n’est moins sûr...
Le soft international n
Le Soft International, n°1314, 27 avril 2015.
Le Projet Manhattan
L
e Projet Manhattan fut mené par les États-Unis, le Royaume-Uni et le Canada. De 1942 à 1946, il fut dirigé par le major-général Leslie Richard Groves du corps des ingénieurs de l’armée des États-Unis. Sa composante militaire fut appelée Manhattan District et le terme «Manhattan» remplaça graduellement le nom de code officiel, Development of Substitute Materials, pour désigner l’ensemble du projet. Au cours de son développement, le projet absorba son équivalent britannique, Tube Alloys. Le projet Manhattan commença modestement en 1939 mais il finit par employer plus de 130.000 personnes et coûta près de USD 26 milliards de nos dollars. Les travaux de recherche et de production se déroulèrent dans plus de 30 sites, certains secrets, aux États-Unis, au Royaume-Uni et au Canada. Deux modèles d’armes furent
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développés durant la guerre. Dans le premier modèle, dit de type canon, un bloc d’uranium était projeté sur un autre pour déclencher une réaction en chaîne. Les blocs étaient composés d’uranium 235, un isotope comptant pour 0,7% de l’uranium naturel. Comme il était chimiquement similaire à l’isotope le plus abondant, l’uranium 238, et avait presque la même masse, leur séparation fut difficile. Projet hautement secret. Trois méthodes furent employées pour enrichir l’uranium: la séparation électromagnétique, la diffusion gazeuse et la diffusion thermique. Des travaux sur l’uranium, des recherches furent menées pour produire du plutonium. Des réacteurs furent construits au laboratoire national de Hanford dans l’État de Washington pour irradier l’uranium et le transmuter en plutonium. Ce dernier était ensuite séparé chimiquement de l’uranium. Le principe du
canon employé pour le premier modèle d’arme ne pouvait pas être utilisé avec le plutonium et un modèle plus complexe fut développé dans lequel la réaction en chaîne était déclenchée par l’implosion du cœur de l’arme. Les travaux de conception et de fabrication des composants furent menés au Laboratoire national de Los Alamos dans le Nouveau-Mexique. L’arme au plutonium fut testée pour la première fois lors de l’essai Trinity réalisé le 16 juillet 1945 à Alamogordo au Nouveau-Mexique. Les bombes Little Boy à l’uranium et Fat Man au plutonium furent respectivement utilisées lors des bombardements atomiques d’Hiroshima et Nagasaki. Le projet était étroitement contrôlé et hautement secret mais des espions soviétiques parvinrent à s’infiltrer dans le programme. Il fut également chargé de rassembler des informations sur les recherches atomiques allemandes.
Le pouvoir est un brin sacré; il inspire respect lettre à l’Histoire |
Le mouvement de désacralisation est en marche. Tout se passe comme si Kabila n’a jamais posé d’acte susceptible d’attirer l’attention de ses congénères
L
e débat qui déchire aujourd’hui la famille politique de la majorité présidentielle peut se résumer en cinq points.
w 1. L’extrême cristallisation sur un passé enfoui. La majorité regarde trop souvent derrière quand elle doit regarder droit devant elle plus que jamais. Toutes les postures affichées aujourd’hui au sein de la majorité partent des résultats des Législatives de 2011. Si ces scrutins avaient été parfaits, le pays n’en serait pas au projet de loi de révision de la loi électorale dont il faut regretter le gâchis en janvier 2015. Nul n’ignore les résultats de ces Législatives - sortis trop souvent des bureaux de vote, trop souvent des centres de compilation des résultats, trop souvent des conciliabules avec des magistrats. Si des candidats malheureux de la CéNI ont été réhabilités à la Cour Suprême, nombre d’entre eux n’ont pu être proclamés n’ayant guère fait droit à la rançon qui était exigée… En 2011, les plus pathétiques confrontations électorales ont opposé jusqu’à épuisement des partis de la majorité entre eux, incapables de s’entendre…! Sur base de ces résultats s’en sont suivies des réclamations de portefeuilles. Puis des frustrations... On comprend que certains disposent de plus de marge de manœuvre et fassent montre de chantage avec plus ou moins de succès! Dans cette affaire, l’incroyable est que cinq ans plus tard, à la majorité, on invoque pieusement ces lauriers d’antan quand la famille fait face à des enjeux d’une autre nature qui se déclinent en termes d’existence comme famille menacée d’implosion et de reproduction du modèle de société présenté en 2011 par le candidat de la majorité, validé par le pays.
w 2. Les nouveaux enjeux auxquels le pays et la majorité font face. La majorité engagera l’offensive de façon coordonnée ou elle périra. Dans la vie, jamais, on ne s’est sauvé seul. La loyauté à la famille, au Chef, vainc toujours. Elle est la cuirasse qui ne faillit pas… Les enjeux de 2016 pour la majorité c’est de jouer collectif. Or, la majorité peine à faire le jeu collectif. Elle serait ce conglomérat sans âme, qui, à intervalles réguliers, se porte des coups. Que reste-t-il d’un royaume divisé contre lui-même? Le tout récent cas qui ne saurait être le dernier est le courrier du 22 février et du 5 mars dont les médias ont fait large écho. Avec hallucination, on apprend que le projet politique de la majorité est à la phase d’«essoufflement». Que la majorité est en «rupture de contrat de confiance» passé d’une part avec le peuple et d’autre part avec la communauté internationale. Que la majorité «ne semble plus en mesure de faire une nouvelle offre politique crédible qui lui permette de se réconcilier avec la majorité sociologique du pays». Puis, comme un couperet, que la majorité a intérêt à «réévaluer sans complaisance son action à la tête de l’état, ses méthodes de travail, ses politiques publiques, ses stratégies, sa structuration interne et son fonctionnement». En clair, rien moins que la remise en cause (et la mise en cause) de Joseph Kabila Kabange à la tête de l’état. Si elle accepte que c’est Kabila et Kabila seul qui les réunit, il s’en trouve des membres qui passent du temps à tenter de lui porter le coup fatal. Quand il s’en trouve pour défendre et illustrer l’œuvre et l’action de Kabila, ils ne seraient que des lèche-culs pour qui il faut vite dresser une potence! Comme si Kabila n’était jamais
digne de rien et qu’il n’a jamais rien posé d’acte susceptible d’attirer l’attention de ses congénères! Vous dites être contre la pensée unique? En lançant trois ans avant son terme normal le début de la fin de mandat du Président de la République, en distribuant des exploits dans la presse et dans des chancelleries, que vise-t-on? Déstabiliser, décrédibiliser, désacraliser Kabila. Perpétrer un coup d’état interne (le parricide). Si elle veut vaincre, une famille doit serrer les rangs autour de son chef et tourner le dos aux complots sans fin! Si la presse interroge sur ce qui la passionne, elle fait son métier mais qui a dit que chaque question de journaliste mérite une réponse? Dans quel but, l’homme politique s’estime devoir faire droit à toutes les questions des journalistes ou des annonces sur Facebook, Twitter, etc.? Le Congo me paraît faire un usage disproportionné des médias. Au fond, c’est le Congo qui a outrancièrement légitimé l’audiovisuel étranger au point d’en faire un média local, avec plus d’audience dans toutes nos strates de la population que nos propres médias au point que les annonceurs locaux se tournent désormais massivement vers ces médias pour investir en publicité s’ils veulent toucher nos compatriotes! On en connaît qui s’arrachent les cheveux pour avoir raté les premières minutes d’un journal Afrique de tel audiovisuel «périphérique» toujours sinon généralement consacrées au Congo! Parfois on en a pour 10 minutes rien que pour le Congo! Comme ils peuvent être si attentionnés vis-à-vis de notre pays…! C’est un phénomène de société à traiter comme tel: quand tout un pays se choisit des médias étrangers porteurs d’une culture d’adversité sinon antagoniste pour s’informer... Du coup, des cher-
cheurs se préoccupent d’un phénomène où un pays échoue à informer sa population par ses propres médias!
w 3. Incontinence verbale et médias étrangers prisés... Ci-après quelques phrases entendues sur ces médias qui vous glacent le sang: - «Il n’y aura pas de troisième mandat pour Kabila». - «La CéNI a décidé, et publié son calendrier; donc pas de troisième mandat pour Kabila…». - «Nous devons aider le président Kabila à terminer son dernier mandat…». - «Nous devons soutenir le président Kabila à terminer son mandat légitime…». - «Je prends mon congé, je me plonge dans la réflexion, je fais le tour ou le safari du Congo. Après j’aviserai… ». - «Je suis membre du PPRD. Je suis dans ce parti pour veiller au respect de la démocratie…» (...). Des phrases prononcées par un membre (soi-disant) de la majorité, reprises en chœur par d’autres! Tout ça aujourd’hui? Tout ça pourquoi? Tout ça entendu dans le monde entier, à la radio et à la télé? Si la décision a été prise de pousser Kabila à la sortie, avant l’heure, on ne s’en serait pas pris autrement! Car «aider Kabila à terminer son dernier mandat…», cela ne rappelle-t-il pas le fameux Balai citoyen burkinabé ou Y’en a marre sénégalais? Au fond, sont-ce des Burkinabé et des Sénégalais qui ont inspiré Filimbi (sifflet…, cela ne vient-il pas du Swahili et de L’Shi?), Lucha ou «Ba jeunes Maboko na Maboko pona Congo»? à la vérité, ne nous cachons surtout rien: la majorité a déclenché la logique du dauphinat et s’en est à tort aveuglée. Depuis trois ans, Kabila est un has been car chacun a hâte à être dauphin, à se proclamer candidat, à lui succéder, sinon à hériter de son trône, du
moins à le prendre! La majorité veut se délester de Kabila pour se blanchir de ses péchés! Mais lesquels? La majorité ignore (ou feint d’ignorer) que Kabila dispose d’un bilan: sécuritaire, politique, économique (l’une des trois économies au monde qui connaissent la plus forte croissance, c’est un directeur parmi les plus emblématiques - du Fonds Monétaire International qui le dit, mais aussi le PNUD et la Monusco n’en disconvient pas) dont la majorité doit être fière. Cette œuvre qui se déploie est signe de vision. Elle est à illustrer et à défendre. Au fond, si on y regarde bien, quel Congolais pourrait demain gagner sans Kabila ou contre Kabila? En s’engageant dans la course au dauphin, la majorité a décrété la désacralisation du chef qui incarne la famille. Qu’est-ce qu’est le chef sans cette part de sacré que renferme son pouvoir, sans le respect et la loyauté qui lui sont dûs? Au fond, n’y voit-on pas là forme de mépris? Comment demain rétablir l’Autorité ainsi dévoyée? Comment reprendre la main quand on a contribué à créer soi-même une perception ancrée dans l’opinion? Quand la fente est faite, comment reboucher le trou? w 4. Les concertations ont été un échec patent… Ces concertations que j’ai réprouvées et combattues… D’emblée, qu’on nous comprenne bien: comprises comme espace de dialogue, lieu de recherche d’un consensus au sein de l’élite, les concertations doivent être encouragées mais les nôtres malheureusement étaient trop mal engagées. Avant d’y aller, les parties en concertation auraient dû harmoniser les vues et apprêter les projets des conclusions. On y est allé sans savoir pourquoi on y allait. On s’est dit: allons y et... on verra là-bas! Résultat? Un projet d’exécutif dit de cohésion nationale y a vu
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le jour mais qui, 100 jours après, tarde à décoller! Ces concertations auraient donné lieu à un consensus interne qui comptait pour la majorité: elles ont réglé le sort de chacun sauf celui du Président de la République! Au sortir du Palais du peuple après le discours de clôture «Je vous ai compris» du Chef de l’état, tous avaient le sourire! Politiquement, humainement, les concertations ont échoué en ne réglant pas LA question qui en valait la peine: celle du Chef. Et on a voulu que le Chef fasse droit aux recommandations…! Les concertations n’ont rien été d’autre sinon une escroquerie politique. Mais voilà que cet exécutif dit de cohésion voit le jour sans cohésion en interne, sans consolidation de la famille. On vient à se demander la logique - la morale - qui offre des cadeaux à ceux qui ont donné du fil à retordre à la majorité, ont houspillé, injurié, humilié jusqu’à en perdre le verbe, le projet du candidat de la majorité! Cela aurait pour nom démocratie. Mieux cohésion nationale…! Démocratie et cohésion qui ont certainement un goût amer!
w 5. Pour une grande coalition réfléchie… Comment voyons-nous l’avenir de la famille? Je suis un adepte de la Grande Coalition à la Museveni («J’ai formé un Gouvernement de 100 ministres et ai fait l’économie de mille guerres») où rien ne se passe. J’avais plaidé cette thèse face au 1er Vice-Président de l’Assemblée nationale Charles Mwando Nsimba, du temps de la mission d’information. Il s’agit d’une Grande Coalition pensée, réfléchie, basée sur des personnalités fortes qui acceptent de jouer le jeu, avec à la clé du fil conducteur. Nul n’affaiblira jamais Tshisekedi (une icône) en recrutant ses sous-lieutenants! Nul ne réduira Jean-Pierre
Bemba en mettant l’adresse de son MLC sur boulevard Triomphal quand c’est patent que c’est sur avenue du Port. Nos partis politiques appartiennent à leurs fondateurs, ceux qui les ont créés, les financent jour après jour, s’épuisent chaque jour en donnant un petit transport à chacun qui se rend à une réunion… Au fait c’est quoi le Collège des Fondateurs? Chasser Mbusa du RCD-KML en décrétant son départ par un vice-roi, cela ne marche pas! Il nous faut avec courage parler avec les leaders, qui sont prêts à nous écouter! Tous sont prêts, il suffit de les écouter! Quand les Congolais auront réalisé un consensus en interne dans un pays exposé à toutes les convoitises, il n’y aura pas un diplomate de quelque pays que ce soit pour venir imposer un schéma! En politique, impossible n’existe pas… Même s’ils ont réclamé les élections - et leur «calendrier électoral global» - nul au sein de la classe politique, de l’opposition comme de la majorité, n’est prêt à aller aux élections. Si par accident, élections doivent avoir lieu, malgré leur coût auquel personne ne saurait faire face - ni le Gouvernement, ni la Communauté internationale - le Congo ne doit pas fléchir: la CéNI a publié son calendrier. Elle seule dispose de ce pouvoir de par nos lois. Il faut commencer par les locales, les communales, les provinciales et sénatoriales… La démocratie c’est à la base! Et c’est elles qui installent cette démocratie. De même, le découpage territorial est irréversible. Il rapproche le sommet de la base. Ensuite,c’est la loi votée dans les deux Chambres, promulguée par le Chef de l’Etat… L’Autorité n’est efficace que si elle est exercée! T. kin-kiey Mulumba n
Autorité Morale du P.A. Président de KabilaDésir Asbl. Le Soft International, n°1312, 16 avril 2015.
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Quand une opposition a les yeux braqués sur l’extérieur, elle ne peut assumer son destin national
I
l n’est pas facile d’être le Congo. On le savait! Mais chaque jour qui passe apporte son lot de preuves supplémentaires à cette vérité. Ce qui est permis à d’autres ne pourrait donc l’être au Congo... Que veulent les opposants «radicaux» congolais? Unanimement, ils avaient exigé un calendrier électoral global, à la suite des chancelleries occidentales, rejetant le calendrier partiel. Ils l’ont eu mais le rejettent en bloc. Les FAC (Forces acquises au Changement) ne déposeront aucune candidature tant que la Céni n’aura pas répondu favorablement à la demande de report des élections locales pour donner la priorité à la présidentielle et aux législatives.
vînt le dialogue. Ils avaient exigé le limogeage du président de la Centrale électorale nationale indépendante, ils ont fini par reconnaître l’abbé Apollinaire Malumalu Muholongu mais regrettent son absence «prolongée» à l’étranger pour cause de maladie, laissant sa place à son Vice-président membre du pouvoir! Est-ce le Vice-président - membre de la majorité au pouvoir - qui a fait hospitaliser son président? Ils avaient annoncé le retrait de leurs délégués de la Centrale électorale qu’ils avaient librement désignés afin de se libérer du processus électoral «miné» par la majorité présidentielle et les avaient appelés à s’en aller, ils ont fini par se libérer de cette exigence... Que veulent les opposants «radicaux» congolais? Longtemps, ils se disaient coupés de tout dialogue avec le pouvoir en dépit des contacts suivis discrets, la majorité régnant sans tenir compte de leurs avis. Le Président de la République n’avait eu de cesse d’envoyer des messages dès sa prestation de serment le 20 décembre 2011 à l’esplanade de la Cité de l’Union Africaine, à Kinshasa, se déclarant prêt à travailler avec tous les Congolais qui avaient la «passion du Congo». Il en prendra deux dans l’équipe Matata I, formée au lendemain de sa prise de fonctions. L’un nommé à l’économie et Com-
Dans la Capitale, des opposants dits radicaux au sortir d’une réunion avec les dirigeants de la Centrale électorale. dr.
merce participant du coup au Kern congolais - la réunion de la troïka stratégique de tous les lundis matin autour du Premier Ministre qui se charge de prendre des décisions stratégiques de gestion. L’autre se faisant remettre le maroquin de l’Industrie, Petites et Moyennes Entreprises. à l’heure du bilan - un remaniement les a rattrapés -, le premier a regagné son groupe parlementaire d’opposition dont nul ne peut apaiser la fureur, le ressentiment, la violence anti-Kabila, l’autre dépourvu de mandat électif, a retrouvé sa tendre famille. Quant au Président de la République, il n’a fait bougé aucune ligne au sein de l’opposition. Infatigable néanmoins, le 13 mai - un jour de semaine comme il lui arrive rarement -, Kabila a réuni à sa ferme dans l’hinterland kinois, à Kingakati, ses proches collaborateurs du Bureau Politique de la Majorité Présidentielle et officialisé le dialogue que l’opposition réclamait sans cesse. But ultime: la cohésion nationale. «Il nous faut préserver l’essentiel» qui n’est possible que par la paix à consolider, la stabilité à asseoir, la quiétude à délivrer à la population - il n’y a pas de stabilité économique sans la paix, ni de croissance sans la paix - mais aussi la tenue d’élections annoncées
à organiser en dehors d’émotion et agitation, explique-t-il dans un message qui ne dépasse pas six minutes. Une cohésion nationale qui n’avait jamais été au rendez-vous. Ni au lendemain de la formation de l’équipe Matata I, ni au lendemain de la formation de Matata II. Si le premier exécutif a vu l’entrée de deux membres étiquetés opposition, le second verra une dizaine d’entre eux faire irruption. Et, pourtant, rien! Toujours aucune cohésion.
à la recherche du Graal. Qu’importe! Kabila doit remettre les couverts. La cohésion nationale est comme le Graal, toujours à sa recherche. Cette fois, le Président ne désigne pas un politique classique, il désigne un haut fonctionnaire de l’état - le patron des Services spéciaux Kalev Mutond, «les hommes politiques ne se faisant pas confiance», constate le Chef de l’état. Le rapport mi-parcours du démineur est «prometteur». Reçu devant ses collaborateurs, l’un des opposants est en extase. «C’est une excellente idée, je suis partant. Pourquoi n’y avoir pas pensé avant». Avant de changer d’avis - sans transition - peu après. Qu’est-ce qui s’est passé? S’il était exclu qu’un deuxième groupe - celui de JPB - réponde affirmativement
à l’appel du dialogue, nul ne connaît jamais ce que le MLC veut, car tout est du ressort du «Chairman» et du «Chairman» seul, qui règne sans partage, qui a toujours juré: «Si ce n’est pas moi à ce poste, alors que cela reste ainsi». Traduisez: que la vacance dure et perdure. C’est la question du porte-parole de l’opposition qui peine, des années après, à trouver solution. Quiconque lorgne vers ce poste qui fait de celui qui le détient l’interlocuteur «l’autre Président de la République», est démonétisé par des tireurs d’élite du parti bembiste. Quant à l’UDPS, la maladie, le grand âge, l’hypothèse de fin de vie de son vieux leader ouvrent toutes vannes. Le fils - Félix Tshisekedi Tshilombo - se prend à rêver mais pourrait hériter d’une coquille vide. Le Sphinx parti, plus personne et plus rien ne restera à l’UDPS.
En réalité, ils ne savent.. Autant ne pas perdre de temps: il faut se laisser investir tant qu’il a encore le souffle... Mama Marthe est à la manœuvre! L’UDPS - aile biologique, à en croire Valentin Mubake, conseiller en papier du Sphinx - répond oui à l’appel. Trop seule cette Union (pour la démocratie et le progrès social) qui n’en est plus une...
Annoncé pour la semaine dernière, le dialogue a-t-il du plomb dans l’aile? Il est certain que si le Chef de l’état décide de l’ouvrir, il aura devant lui des personnes avec qui parler. Mais si tous ne sont pas au rendez-vous, la cohésion ne sera pas au rendez-vous... Que veulent les opposants «radicaux» congolais? En réalité, ils ne savent...
Dépourvus de tradition de combat nationaliste et idéologique qui a fait des pays comme Cuba, le Zimbabwe, les pays arabes, etc., nos pays sous développés disposent d’une classe politique fragile intellectuellement, culturellement, matériellement. Qui a les yeux continuellement braqués vers l’extérieur (chancelleries, dirigeants occidentaux, grands moyens de communication). Il suffit
qu’un diplomate, un homme politique étranger ou un média important dise un mot pour que cela détermine des postures locales! Quand une opposition a les yeux braqués vers l’extérieur, elle ne peut assumer son destin national. Faut-il bypasser les acteurs locaux - ou faire semblant - pour traiter directement avec ceux qui les guident ou «arment» leur mental? Si dialogue il y a, pourquoi ne pas traiter «en direct»? Kabila l’a compris. Il veut parler avec ses compatriotes. Il a également annoncé qu’il allait reprendre langue avec les Occidentaux via leurs chancelleries. En clair, ceux qui dirigent le monde, les Américains, les Britanniques, les Allemands. Eux qui donnent des thèmes aux grands médias qui façonnent l’opinion. Le Congo, par son sous-sol - trésor de l’Humanité - est voué à être aux côtés des Grands au risque d’être réduit à néant. Il n’a pas le choix «Mumemi Maki abundaka te». Le Congo est le partenaire incontournable des Puissants. Il est condamné. Il a été du bon côté de l’Histoire, son sous-sol par son uranium de Shinkolobwe a permis à l’Occident de gagner la IIème Guerre Mondiale.
Merry CHristmas Seasons Greetings
P.A
Parti pour l’ActiON
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D. Dadei n
Le Soft International, n°1317, 26 mai 2015.
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Ce dialogue sera fondateur d’une nouvelle République ou ne sera pas
O
n n’a pas cessé de gloser autour de la nouvelle initiative présidentielle: chacun y va de son commentaire. Pour l’instant, le nombre de personnalités qui a défilé sur le tapis rouge moelleux du Palais de la Nation - siège de la Présidence de la République - montre que la Nation approuve la démarche du Président de la République. Le Congo est majoritairement pour ce dialogue. C’est la première leçon qu’il faut retenir d’une semaine de consultations initiée par le Président de la République qui a accepté de répondre à la demande d’une partie du pays désireuse de consensus à une phase politique cruciale de la vie de la Nation. Celle des élections qui a toujours réveillé nos vieux Démons... «éviter le suicide collectif». «Il y a ceux qui veulent dialoguer par vidéoconférence avec l’abbé Malumalu. Nous, nous voulons dialoguer avec le Président de la République dans le cadre institutionnel républicain», déclare le Dép. (opp.) Clément Kanku Bukasa wa Tshibwabwa (Kasaï Occidental) au sortir de sa rencontre avec le Chef de l’état. «Aujourd’hui, le Congo est incapable d’organiser des vraies élections. élections, glissement, fin de mandat, délais constitutionnels, etc., ne sont que des mots», surenchérit un autre Dép. (opp.), Ne Mwanda Nsemi Badiengela (Kongo Central), au sortir aussi de sa rencontre avec le Chef de l’état après avoir sollicité et obtenu un colloque singulier, le tête-à-tête avec le Président de la République. Ne Mwanda Nsemi est l’homme qui faillit mettre le feu aux poudres dans l’alors Bas-Congo alors à la tête de sa secte Bundu Dia Kongo désormais muée en parti politique Bundu Dia Mayala. Les Catholiques que l’on craignait plus ne disent pas autre chose. Encore moins les Protestants avec Mgr Sénateur Pierre Marini Bodho. Ni le Cardinal Laurent Monsengwo Pasinya... «Il faut éviter le suicide collectif. Nous sommes dans un environnement international fantasque, récessif qui n’est pas favorable à
Le Président de la République Joseph Kabila Kabange auditionnant une contribution lors de ses consultations. dr.
la construction de la paix chez nous. Nous devons nous empêcher de créer d’autres motifs de conflictualité chez nous», explique l’ancien vice-Président de la République en charge du social et de la culture Z’Ahidi Arthur Ngoma, président des Forces du Futur. «Raisonnablement, il n’est pas possible de tenir un tel cycle électoral. D’abord par rapport au facteur temps et budget, mais aussi par rapport aux tensions résultant de toutes ces élections qui peuvent causer d’énormes crises», anticipe un autre ancien Vice-président de la République en charge de la Politique et de la Défense, Azarias Ruberwa Manywa, président du Rassemblement congolais pour la démocratie. «Le RCD considère que le dialogue entre les acteurs politiques est principalement la bienvenue et il n’est pas à confondre avec les concertations nationales qui se sont justifiées en son temps et ont donné des résolutions qui doivent être mises en œuvre. Mais ces concertations n’ont pas abordé le climat politique apaisé attendu pour éviter des tensions et des guerres comme nous en avons au Burundi». Steve Mbikayi Mabuluki, Dép. (opp.), président du Parti travailliste juge «irrespon-
sables» certains de ses collègues opposants qui «répondent précipitamment à l’invitation d’un ambassadeur pour traiter des questions politiques du Congo et refusent de répondre à l’invitation d’un Congolais - Chef de l’état - pour parler de questions congolaises». C’est clair. Le pays veut le dialogue. Le pays veut préserver la paix chèrement acquise. Le Congo sait que sans le dialogue politique, sans la paix des cœurs, il n’y a pas de place à la stabilité, pas de place au développement. Les succès économiques que le Congo pourrait engranger ne seraient qu’illusion. L’exemple libyen - une Libye qui fut la caisse des pétrodollars, un pays désormais sans est dans les mémoires...
Le peuple dépossédé. «Je ne saurai m’inscrire dans des calculs machiavéliques d’un opposant qui poursuit un objectif personnel, veut régler un compte avec ses amis», accuse Clément Kanku Bukasa wa Tshibwabwa, satisfait d’avoir rencontré le Président Kabila. «Si vous avez un vieux véhicule, qui ne vous donne aucun rendement, croyez-vous que changer de chauffeur fera démarrer le véhicule? Il vous faudra
tout au contraire revoir l’état du véhicule...», explique Ne Mwanda Nsemi. Ce dialogue qu’entreprend d’organiser le Chef de l’état sera fondateur de nouveaux concepts, d’une nouvelle éthique de travail - une nouvelle République - ou ne sera pas. Avoir un pays qui a tout (espace géographique, position géographique stratégique, sous-sol regorgeant de tout, massif forestier tropical de la planète après l’Amazonie, démographie qui manque à certains, etc.) donne des responsabilités. Voter, aller aux élections est inscrit dans nos Constitutions. Il faut tenir les élections, cela va sans dire. Mais la parole du peuple n’a jamais rien réglé dans nos pays certes mais aussi dans nombre d’autres, dont ceux où le scrutin fait partie de l’histoire... En France, «le Traité constitutionnel européen fut lu, commenté, analysé en 2005. Une culture juridique partagée s’est déployée sur internet, les incompétents ont affirmé une certaine compétence et le texte a été rejeté. Mais on sait ce qu’il advint! Finalement, le traité a été ratifié sans être soumis au peuple, au nom de l’argument: l’Europe est une affaire pour les gens compé-
tents dont on ne saurait confier la destinée aux aléas du suffrage universel», explique le philosophe Jacques Rancière.
repenser la politique. Puis: «Dans son principe, comme dans son origine historique, la représentation est le contraire de la démocratie. La démocratie est fondée sur l’idée d’une compétence éga-
le de tous. Et son mode normal de désignation est le tirage au sort, tel qu’il se pratiquait à Athènes, afin d’empêcher l’accaparement du pouvoir par ceux qui le désirent. La représentation, elle, est un principe oligarchique: ceux qui sont ainsi associés au pouvoir représentent non pas une population mais le statut ou la compétence qui fondent leur autorité sur cette population: la
naissance, la richesse, le savoir ou autres. Notre système électoral est un compromis historique entre pouvoir oligarchique et pouvoir de tous: les représentants des puissances établies sont devenus les représentants du peuple, mais, inversement, le peuple démocratique délègue son pouvoir à une classe politique créditée d’une connaissance particulière des affaires communes et de l’exercice du pouvoir. Les types d’élection et les circonstances font pencher plus ou moins la balance entre les deux. L’élection d’un président comme incarnation directe du peuple a été inventée en 1848 contre le peuple des barricades et des clubs populaires et réinventée par de Gaulle pour donner un «guide» à un peuple trop turbulent. Loin d’être le couronnement de la vie démocratique, elle est le point extrême de la dépossession électorale du pouvoir populaire au profit des représentants d’une classe de politiciens dont les fractions opposées partagent tour à tour le pouvoir des «compétents». Sans rien remettre en cause, le dialogue doit conduire à repenser nos fondamentaux, refaire nos logiciels mais cela suppose une prise de conscience générale - un consensus - au risque de détruire ce qui existe.
T matotu n
Le Soft International, n°1319, 8 juin 2015.
«Oui aux conseils, non aux injonctions»
à
Tom Malinowski, secrétaire d’État adjoint américain à la Démocratie et aux Droits de l’Homme qui terminait une visite de quatre jours dans la Capitale qui a déclaré que «le dialogue devrait uniquement être concentré sur les problèmes électoraux et ne pas servir de prétexte pour retarder» les élections, le ministre des Médias et porte-parole du Gouvernement Lambert Mende Omalanga a répondu du tic au tac: «Ce dialogue n’est pas l’affaire des étrangers. C’est une
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affaire des Congolais. C’est un cas type d’une affaire intérieure et domestique. Nous ne pouvons que rejeter toute tentative d’immixtion des officiels étrangers de quelque pays que ce soit». Le ministre s’est dit disposé à recevoir des conseils d’amis «mais pas d’injonctions 54 ans après l’indépendance». «Ceci ne peut être accepté par aucun Congolais digne de ce nom». Respecter le cycle des élections relèvera du «défi» mais il est «important» de parvenir à une «transition démocratique au sommet en 2016, et
qu’aucune mesure ne soit prise entretemps pour rendre la transition plus difficile ou provoquer un report», a par ailleurs déclaré le secrétaire d’État adjoint américain Tom Malinowski. «La limite des mandats est bonne pour la démocratie et la stabilité», a-t-il estimé, faisant allusion à la crise meurtrière qui secoue le Burundi voisin depuis que le président Pierre Nkurunziza a accepté fin avril de briguer un troisième mandat. «Il faut en finir avec l’ère des présidents à vie en Afrique et ailleurs».
Les guerres de succession font rage on a tout écrit |
A
Désignée «Queen Mother» (la Reine Mère), Anne Mbuba Gizenga (deuxième à partir de la gauche) exerce des fonctions officielles au PALU où elle a pris le pouvoir à la place du vieux Patriache affaibli Antoine Gizenga Fundji (extrême g.) après la mise au rancart de Mayobo (3è à partir de la g;, Muzito (4è) et... Makiashi (extrême dr). dr. murmura cependant un décima l’intelligentsia voquée peu avant pour Gizenga, au titre de d’éloignement de la dame, Thérèse Pakasa, u PALU, du Kwilu et des provin- «incompétence avérée» vice-présidente et trévie politique active... A la femme qui réorganià l’UDPS, «Le Peuple?» à peine entendu, avant de se ces de l’est, fusion de comme ministre des sorière de la COM-Al’approche des échéan- sa le PALU pendant les au PPRD relancer dans le micro la mosaïque de partis Transports et ComSOL (la Communauté ces politiques, le PALU années de braise: celles et, génélumumbistes dans ce munications (Cabinet africaine de solidarité, estime devoir revisialors que la foule psalqui condamnèrent Anralement, modiait mécaniquequi devint le PALU Muzitu) est défenesla structure financière ter sa politicosphère toine Gizenga à l’exil... à la Majorité présitrée le 8 novembre au du PALU) que diquand la santé du vieux Au retour d’exil, c’est ment comme une armée est l’un des derniers dentielle, ce qui fait soviétique: «Vaincra!» survivants de l’élite terme d’un bras de fer rige son mari. Elle qui patriarche périclite elle qui l’accueillit et tendance désormais, Ainsi débute toute macongolaise ayant pris épique qui dégénéra en décide après avoir pris chaque jour dangereului offrit une assiette, ce sont les guerres de part à la conférence une guerre au siège du avis notamment auprès sement au point qu’une nifestation du PALU! une cuillère et un lit. succession. Les crises «Le Peuple? Vaincra!» dite de la table ronde de PALU. Sur le boulede Makina... nuit, des rumeurs le Mais tout cela c’est fratricides auxquelles Bruxelles qui conduisit vard Lumumba, des L’éloignement de Madonnèrent pour mort, Le jour de sa naissance, déjà du passé! on assiste ne visent le 5 octobre, changeà l’Indépendance. militants sont fauchés kiashi survient après déclenchant une paniQuelle ambiance à qu’un but: s’imposer ment de décor. Moulé Cinquante-cinq ans dans les rangs des A5 la mise au rancart de que dans la fratrie... l’UDPS? C’est à ce à la succession du plus tard et après avoir (des gros bras affectés l’ex-Premier minisCar le problème de dans son trois pièces phénomène identique leader historique nonœud papillon toujours été Premier ministre à la sécurité ayant fait tre Adolphe Muzitu Muzito est le même que l’on assiste. nagénaire en fin de vie aussi chic sa marque de Kabila avec qui il allégeance à Kawanda Fumunji. Au PALU, que celui de Mayobo. à savoir, l’avènement ou imaginé tel. Sans de fabrique le vieux conclut une alliance de et qui avaient pris le on ne change pas une S’il a un ADN Pende, d’une épouse qui a pris compter les coups de patriarche a fait fort: il gouvernement disputée, siège). procédure qui gagne: le ce n’est qu’en... parles commandes du parsabot dans le visage Gizenga est retourné Révoquée et exclue modus operandi reste le tie! L’ancien Premier a descendu précautionti. Marthe Tshisekedi, qui sont légion... près des siens où il gère du parti, Kawanda est même… ministre est Kweso, neusement une après épouse Tshisekedi, se Lundi 5 octobre 2015, une les marches de autant qu’il peut son remplacée par le Dép. originaire des secteurs trouve en effet depuis Antoine Gizenga «Mashita a Gizungu» extinction: la guerre Willy Makiashi qui le 7 Ceux EN FRICHE. de Kobo et de Mudipeu à la tête du parti Fundji totalisait 90 ans pour s’installer face des dauphins qui fait décembre 2014 fait son En 2008, le coup de kalunga proches du créé le 1er novembre de vie. à Mbuma, aux rage. entrée au Gouvernegueule des Amis de secteur de Gungu, terau public venu saluer 1980 par les «treize confins de la Capitale, Premier dauphin désiment comme ministre Mayobo à Kikwit ritoire de Gungu dont le vieux combattant et parlementaires» dont ses proches ont fêté assister au ballet Pende, gné, c’est l’homme qui, de l’Emploi avec rang fut présenté comme est originaire l’épouse étienne Tshisekedi wa dans le faste cette date. sa tribu du Kwilu. Il ces dernières années, de Vice-Premier midestiné à précipiter la Gizenga quand GiMulumba au lendemain Pour les cérémonies prit la parole, la garda ne l’avait jamais quitté nistre. Sa toute récente succession au bénéfice zenga est de Gungu et de la publication de la des 50 ans de vie de d’un pouce, ni au parti, exclusion du Bureau de l’ancien faiseur des exceptionnellement Pende à 100% et vient «lettre ouverte au préson parti - le Parti ni à son poste de PrePolitique du PALU est rois. En réalité, son longtemps, faisant d’un autre secteur: sident Mobutu». Lumumbiste Unifié, désespérer des proches mier ministre, ni dans signe de décote annonmartyre est son origine celui de Kandale... Bientôt nonagénaire PALU - moins de deux tant qu’on ne l’entenaucun de ses voyages: cée… Yansi, natif de Bagata. Dans un processus de comme Gizenga, mois plus tôt, le 22 août dait point. Godefroid Mayobo Officiellement, il est Trop lointain territoire lutte politique opaque, affaibli par la maladie 2015, celui qui est touLa vieillesse ce naufra- Mwene Ngatien, reproché au Vice-prede l’Ouest! Mayobo chaque détail a toute quoique les dernières jours secrétaire général ge! Charles de Gaulle nommé ministre démier ministre d’avoir n’est en effet ni Pende, son importance. nouvelles le donnent en chef du parti n’avait avait raison. légué près du Premier inspiré un article paru ni Ambuun, ni de Au PALU, les perbien meilleure forme, pu descendre les esQui a amené «le ministre (Gizenga) au dans un tabloïd local Gungu, ni d’Idiofa, ter- sonnes en friche sont l’homme déifié par ses caliers du «Mashita a Vieux» à prendre la lendemain de la législe présentant comme ritoire voisin de l’Est. désormais à compter partisans pour avoir Gizungu» (lieu de paix parole, s’interroge la lature de 2006. Il fut l’héritier du trône, avec La brutale disparition sur les doigts d’une défié le Léopard a vu le et de repos, en langue foule! Et pourquoi l’adéfait le 21 septembre des copies distribuées des écrans radar du main: Robert Makina, 28 août 2015 son cadaPende), le château que t-il prise? Sent-il sa fin 2012, accusé par le très à «Mashita a Gizungu» dernier Premier minisle secrétaire permanent, vre promener dans un le Président de la Répu- proche et qu’il pourrait puissant CENAL (Coaux manifestations tre PALU suspendu ou l’homme d’appareil, cercueil dans les rues blique lui a offert pour ne plus jamais la prenmité Exécutif National d’anniversaire de Girévoqué pour trois ans proche de Mme Gide Bruxelles, place ses vieux jours bâti sur dre, l’année prochaine? du PALU) de crime de zenga. avec interdiction de zenga, certainement forte de l’opposition le modèle du Saintlèse-majesté… Une incartade de trop prétendre à un quelcelui dont on va entencongolaise! Une terriSiège dans le quartier Il GèRE SA FIN. Il avait eu la mauquand au château, conque mandat au nom dre parler demain; Jean fiante fin de vie pour Mbuma, à Kinshasa Ya à 90 ans sonnés, vaise idée de créer une on apprécie modérédu PALU, obéit à la Claude Mashini Dhi l’opposant historique... Suka. l’homme que Patricefondation - les Amis de ment sa présence aux sempiternelle logique. Mbita Mulenghe, autre Mais contrairement Ce jour-là, la foule Emery Lumumba sauva Mayobo - qui, quatre réunions strictes du Muzitu avait eu l’exproche de Mme Gizen- au PALU qui recrute massée sur les grade l’humiliation en ans auparavant, en Bureau politique de la cellente idée de céléga, ancien DirCaba de dans une masse somme dins intemporels face l’appelant au gouver2008, lui fit triomphe Majorité Présidentielle brer en intellectuel les Muzitu à la Primature, toute consentante, au château, hurlait de nement comme Viceà Kikwit aux yeux et où se prennent des 50 ans de son parti en Wolf Kimasa, neveu l’UDPS rassemble colère. Elle réclamait Premier ministre sans à la barbe de Gizenga décisions stratégiques organisant des journées du patriarche, qui se généralement une élite le droit de voir de ses portefeuille après que venu exceptionnellenotamment le casting scientifiques radio-téporta candidat présicombattante. D’où la yeux le vieil homme le poste de président ment dans cette ville dans des structures lévisées sur sa chaîne dent de la République très forte contestation impeccablement sanglé provincial lui fut sifflé de Bandundu accueillir de l’Etat. Y participer Rtvs-1. Mais à «Mashi- en 2011, l’homme qui interne observée depuis comme à son habitude par son président proJoseph Kabila Kabange signifie qu’on peut déta a Gizungu», on y vit construisit la réputation ses débuts. dans un trois pièces de vincial de parti - PSA, en tournée de remercie- ployer l’un des siens à rouge. Ne se fait-il pas d’un brasseur kinois. à C’est Marcel Lihau soie nœud papillon, Parti Solidaire Africain, ment après sa victoire à des fonctions politiques appeler «Mfumu Mpa» cela, il faut ajouter les Ebua, ancien de la obstrué sur le balcon en Cléophas Kamitatu - et la Présidentielle. Mayo- majeures ou, à tout le (le nouveau Chef, le enfants du premier lit table ronde de Bruxelhauteur par des camequi lui rendit au cenbo y vit la main de ses moins, peser sur des Dauphin) dans la base dont le désavantage est les, ancien premier ramen et des photogratuple en perpétuant adversaires. décisions! tribale de Gungu? l’absence de reconnais- président de la Cour phes. sa mémoire - proclaAu PALU, la vengeanOr, depuis peu, l’épou- N’œuvre-t-il pas à sance tribale dûe à de suprême de Justice du Gizenga ne put donner mation à Stanleyville, ce a toujours été un plat se Gizenga - Anne mettre en place une longs séjours à l’étranrégime Mobutu, anlui-même lecture de actuel Kisangani d’un savouré surgelé... Mbuba Gizenga - prodoctrine, le muzitisme, ger... C’est dire si cien de Harvard Law son allocution. L’hongouvernement pro-luMayobo fut remplacé mue Secrétaire nationa- inconnue au PALU? Anne Mbuba Gizenga School, originaire de neur revint au tout nou- mumbiste après sa fuite au parti par Laure-Male, membre du Bureau Longtemps avant, des a désormais pris le pou- l’équateur qui, le preveau secrétaire permade Léopoldville, l’acrie Kawanda Kayena politique y est invitée proches invoquaient voir. Appelée «Queen mier, donna l’estocade nent Robert Makina. tuel Kinshasa, appui à nommée secrétaire et veille au grain. Elle son idéologie cliMother» (la Reine en dénonçant avec Pour le plaisir de la la rébellion muléliste permanent. qui en réalité la n°2 du vante faisant état d’une Mère) c’est eelle qui (suite en page 26). foule, le patriarche pro-lumumbiste qui Cette pharmacienne ré- PALU, après Antoine décision imminente eut raison d’une autre LE SOFT INTERNATIONAL | ÉDITION NATIONALE | N° 1342-1343 | PAGE 25.
on a tout écrit |
Moïse Katumbi va-t-il miser dans la politique en prenant le risque de mettre en péril sa fortune?
(suite de la page 2).
virulence à la télévision publique contrôlée par le MPR, parti-état, «une base cotérique» qui avait pris d’assaut l’UDPS, avant de claquer la porte. Il sera rejoint par nombre d’autres chefs historiques: Faustin Birindwa (Sud-Kivu), Frédéric Kibasa Maliba (Katanga), Mbwankiem (Bandundu-Kwilu), et... Ngalula Pandanjila (Kasaï), etc. Tous nommés Premier ministre (Birindwa), ministre (Kibasa Maliba) ou dirigeant d’une société paraétatique. Plus tard, c’est le groupe Xavier Belchika (, Kasaï, UDPS-Righini) et Albert Moleka (équateur) qui vont rendre la blouse... Désormais, c’est l’intégrité du leader historique qui est ciblée. Originaire du Sud Kivu, Valentin Mubake, infatigable conseiller de Tshisekedi, dénonce une «UDPS aile biologique» qui a pris illégalement le pouvoir, avenue Pétunias, la maison-siège de Tshisekedi et de l’UDPS. En clair, l’épouse Marthe et le fils Félix Tshilombo accusés d’abus de faiblesse... Maman Marthe n’a jamais aussi veillé au grain. Elle ne quitte plus son mari. Depuis la maladie d’un homme quasi nonagénaire, elle s’est propulsée aux commandes et pistonne le fils Félix Tshilombo. Du coup, les attaques viennent désormais du pré carré familial cotérique - lancées par un François Tshipamba Mpuila (Kasaï), représentant perpétuel en Europe de Tshisekedi. Nommé coordonnateur du Bureau d’études, Expertise et Stratégies, c’est cet activiste né qui donna du fil à retordre aux Belges et notamment à l’ancien ministre des Affaires étrangères Louis Michel avec qui il croisa le fer davant des juges, ayant depuis rallié Raphaël Katebe Katoto Soriano, demi-frère de Moïse Katumbi Chapwe, qui fit fortune dans l’offre de poisson du lac Tanganyka aux travailleurs de la Gécamines, qui se fendit à Bruxelles d’un communiqué sous forme de «message d’au revoir, de soutien, d’encouragement et d’espoir au Président National et notre Leader M. étienne Tshisekedi». Ce fut au retour de Tshisekedi au pays en décembre 2010 après un long séjour médical en Afrique du Sud et en Belgique. à la veille d’une campa-
à g., Marthe Tshisekedi avec son mari au meeting géant de l’UDPS à Kin le 9 août 2011. à g., le fils Félix Tshilombo pistonné par sa mère... au nom de la famille. droits réservés. gne électorale pour la Présidentielle qui fut, à l’en croire, la dernière bataille politique de sa vie. La MP acquiesce. Une vraie pièce de ferveur nord-coréenne. Morceaux choisis: «Dieu d’amour qui connaît les pensées même les plus cachées de nos esprits ainsi que les souhaits et les désirs même ceux qui sont enfouis au plus profond de nos cœurs a daigné écouter les prières et les supplications de l’ensemble du Peuple Congolais, de tous les Hommes de bonne volonté. Il vous a remis la santé. Nous nous prosternons humblement devant sa Majesté et sa Sainteté pour lui exprimer notre gratitude et le louer. Nos remerciements s’adressent aussi à nos Aïeux et à tous les Martyrs de l’Indépendance et de la Démocratie. Ils ont intercédé pour vous auprès du Très-Haut afin que vous poursuiviez jusqu’au bout leur Combat jusque là inachevée. Nos remerciements s’adressent enfin à nos Partenaires en général et particulièrement sud-africains et belges qui vous ont bien accueilli avec bienveillance pendant tout le temps nécessaire à votre guérison». «Vous rentrez maintenant au Pays pour vous engager dans le dernier virage du Combat pour l’instauration d’un état de droit démocratique dont vous assurez le Leadership national. Et vous avez tous les atouts dans vos mains pour franchir la dernière ligne de la victoire avec le concours de la majorité du Peuple Congolais, des autres Forces congolaises de progrès et de notre Parti ainsi qu’avec le soutien de nos Partenaires progressistes. Vous trouverez un pays sans défense, occupé, pillé et au bord de l’éclatement (...)». «Monsieur le Président, Rentrez dans notre Pays où l’ensemble de notre Peuple vous attend avec impatience, Vous qui êtes son Espoir. Alors que vous étiez incompris depuis
Marcel Lihau. dr.
à dr, V. Mubake. à g., H. Ngbanda. dr.
Raphaël Katebe Katoto Soriano. dr.
le début du processus démocratique dans notre Pays jusqu’en 2006, l’aggravation de cette tragédie vous donne aujourd’hui raison et c’est une réalité établie par tous aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de notre Pays. Pour éradiquer cette tragédie, sortir notre Pays du gouffre et l’insérer dans le concert des grandes nations libres, démocratiques, modernes et prospères, vous avez lancé un appel d’unité à l’UDPS et ensuite de rassemblement de toutes les forces de progrès autour de Vous et de l’UDPS. Le Peuple Congolais s’est mobilisé pour vous accueillir à Kinshasa, à l’aéroport de N’Djili». C’est ce docteur en chirurgie et accouchement des écoles belges qui vient incroyablement de prendre la tête d’une bronca présentée comme issue d’une base déchaînée qui désacralise chaque jour Tshisekedi, dénonçant une «famille érigée en institution suprême», celle qui a séquestré «le Président élu du Congo» avant de prononcer la destitution - oh! crime de lèse-majesté - de l’icône de la lutte anti-Mobutu et de se faire désigner candidat à la présidentielle au nom de l’UDPS (Originelle)! La réponse de l’«aile biologique» ne se fit pas attendre: Dr François Tshipamba Mpuila et tous ses suivistes - son groupe de frondeurs - sont éjectés. Comme seule l’UDPS sait le faire! Ils ne sauraient plus jamais parler au nom de l’UDPS… L’excommunication est aujourd’hui au Congo l’acte le plus utilisé. Mais l’acte est loin d’avoir pris fin…
Sans fléchir, l’Union pour la démocratie et le progrès social suit son cours et dialogue cahin-caha avec la majorité présidentielle. Ce que déteste la branche de l’opposition nourrie à l’idéologie de l’APARECO (Alliance des patriotes pour la reconstruction du Congo) qu’anime à l’extérieur l’ancien bras droit de Mobutu, Honoré Ngbanda Nzamboko-Atumba, appelé Terminator pour son rôle actif dans les massacres et disparitions d’opposants dans les années Mobutu. Reste que jamais les crises de l’UDPS n’avaient atteint des tels sommets au point de menacer son existence… Qu’importe! Le Sphinx tient bon. Il a repris ses tournées et séjournerait au Canada dans le but de se relancer à l’international, reconquérir la légitimité écornée, montrer que la situation est sous contrôle. Avant un retour en fanfare au Congo. à la veille du dialogue? Dans quel but? Avec quel agenda? A terme, sa posture actuelle devrait conduire à la recomposition politique et à l’inéluctable redimensionnement du calendrier électoral avec l’annonce officielle le 10 octobre de la démission attendue à la CéNI (la Commission électorale nationale indépendante) de l’abbé Apollinaire Malumalu Muholongu opéré d’une tumeur à la tête. Car, dans ses éléments de langage public en attendant d’y voir plus clair - Tshisekedi est maître dans les volte-face - l’UDPS ne cache rien: c’est aux techniciens électoraux et aux techniciens seuls de montrer aux leaders politiques les chemins à suivre. Décodez:
l’UDPS appuie sur le glissement, mot tabou. La Majorité Présidentielle acquiesce.. Une attitude que dénoncent les partis du G-7, le groupe des sept partis politiques ayant multiplié ces dernières années des positions clivantes et qui ont fini par se faire «autoexclure» de la coalition de la coalition au pouvoir. Si au PALU et à l’UDPS, c’est le grand âge et les perspectives proches de fin de vie des icônes qui expliquent les guerres de succession, on se perd en conjectures sur la fronde que vit la majorité dans un contexte sous-régional où les majorités en place appellent au resserrement des rangs autour des leaders et érigent des digues infranchissables...
à s’y perdre. Le débat sur la limitation des mandats présidentiels est certainement à tenir sans cependant occulter les vrais problèmes auxquels font face nos pays: une urgence extrême d’existence comme état que rend impérieuse une fragilité du fait des guerres… Les Rwandais l’ont bien compris qui font chorus autour de leur président Paul Kagame. Les Brazza-Congolais aussi qui ont annoncé un referendum. Signe qu’ils vont exploiter à leur avantage toutes les hypothèses du droit. Qui leur jetterait la première pierre? à ce jour, l’ancienne puissance coloniale n’a eu rien à dire. Se contentant d’appeler «de ses vœux un processus électoral crédible conduisant à des scrutins libres et transparents, dans le respect de l’État de droit et des libertés publiques».
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Le 9 octobre, le nouveau porte-parole du pays Thierry Moungalla a rassuré le monde sur TV5-Afrique: «La Constitution du Congo était une Constitution d’exception. Elle a rempli son rôle historique. La consultation du peuple est la règle qu’a choisie le Président de la République. Le même peuple consulté à l’époque est consulté aujourd’hui pour qu’il dise s’il accepte le nouveau projet. C’est le processus le plus démocratique qui soit. Le référendum c’est tout de même pas un crime d’état! C’est le nec plus ultra. Il n’y a pas de coup d’état qui passe par la consultation du peuple». Tout ça après la mobilisation d’un interminable fleuve humain à Brazzaville qui a laissé l’opposition pantoise! Certes, si à Kinshasa, il y a extrême urgence pour la Majorité Présidentielle à être reprise en mains, réorganisée, afin qu’elle retrouve une âme perdue, la sortie du groupe dit G-7 un an et demi avant la fin de la mandature du Président de la République est trop opportuniste pour être prise au sérieux. Si elle visait à prendre date avec l’Histoire, elle a permis à des leaders et des partis politiques qui se sont longtemps recherchés une identité à se désengager du régime et à entraîner avec eux leur nouveau mentor, le jeune gouverneur du Katanga Moïse Katumbi Chapwe. En 2006, tous ces dirigeants furent derrière le richissime gouverneur de la Banque du Zaïre (Banque centrale et institut d’émission) de Mobutu, Pierre PayPay wa Syakassighe (Kivu) lors de l’annonce de sa candidature à la Présidentielle au
François Tshipamba Mpw. dr. Salon Congo du GHK. Il ne réunit pas 0,9% de voix. Abandonné! En 2011, ils tentèrent de se ranger derrière une hypothétique candidature à la Primature d’un autre gouverneur richissime de la Banque Centrale du Congo Jean-Claude Masangu Mulongo (Katanga) avant de le lâcher en rase campagne. Abandonné! Les voilà tous à nouveau derrière un autre richissime personnage, gouverneur du riche Katanga Moïse Katumbi Chapwe (Katanga)! Si Katumbi est d’abord un homme d’affaires avisé, on peut se demander jusqu’où il irait dans le risque financier à prendre sans remettre en cause sa crédibilité même s’il pourrait lever de fonds au lendemain de son entrée en campagne. Mais du financement extérieur serait-il légal? Son demi-frère Raphaël Soriano Katebe Katobo abandonné et ruiné après avoir lorgné sur la présidence au dialogue inter-congolais, en sait quelque chose. Les mêmes qui le poussent aujourd’hui étaient à l’époque avec Katebe! L’histoire retiendra comment dans un salon à Pretoria, Joseph Olengha Nkoy lança sur la figure de Katebe, terrassé: «tu es un analphabète politique!» Il avait financé un groupe d’opposants de l’extérieur et de l’intérieur dont Olengha Nkoy en vue de se faire plébisciter Président de la République! Les mêmes causes produisent les mêmes effets… Entre le G-7 et la MP, le débat paraît fondamentalement idéologique. Si à ce jour, Kabila a asséné des coups de sabot dans le visage de ses détracteurs, cela paraît loin d’être sa seule réponse. T. Matotu n
Le Soft International, n°1333, 13 oct. 2015.
Et si on avait tout faux on a tout écrit |
à la recherche du Graal Le Président appelle à une grande mobilisation du Peuple pour le dialogue. Si le Peuple répond oui, des opposants semblaient être attirés par d’autres schémas. MONTAGE.
I
ncroyable couple! Qu’écrire? Comment l’arrêter de courir? Voilà une actualité sur un événement national, international réclamé, annoncé, convoqué par le Président de la République, Chef de l’état, qui s’envole... sans savoir s’il aura jamais lieu au point où un édito du plus officiel jt de la Rtnc s’en pose la question vendredi 11 décembre à 20h00’, à la prime time. Aura lieu? N’aura pas lieu? Avec ou sans l’Udps? Nul doute, le pays entier veut ce Dialogue, le réclame... Un calendrier précis avait été examiné par les parties aux négociations, annoncé par la plus haute autorité de l’état - comme il se doit et comme demandé par l’une des parties aux négociations et convenu - mais voilà qu’il est déjà caduc! Cette partie multiplie les menaces,
cogne un ultimatum. Aussitôt que le camp présidentiel fait mine de l’avoir entendu en s’en montrant favorable, les enchères reprennent et repartent de plus belle! Les parties conviennent d’une feuille de route commune et tombent d’accord sur un texte âprement négocié, et les points et les virgules. Aussitôt que celui-ci est rendu public, il est dénoncé! Le camp présidentiel croyait s’être engagé dans un projet commun, une relation de confiance mutuelle - s’est mis d’accord sur tous les fondamentaux, s’est assuré de tous les réglages - voilà que le projet cesse net d’exister puisque l’UDPS a retourné sa veste, se rend coupable d’adultère en ralliant le camp adverse puisque le parti des Tshisekedi (père et fils) a passé à Paris le 10 décembre un accord sans équivoque qui fait voler en éclat tout le processus, selon l’analyse cartésienne! Que font les Congolais? à quelle
partie jouent-ils? Et si, au départ, dans ce couple, tout était faux, tout était jeu, tout était malentendu? Il faut relativiser car dans l’analyse du discours politique officiel congolais, le cartésianisme est souvent inexistant lorsqu’il s’agit de la posture publique à prendre... Off the record et depuis des lustres, chaque politique vous dit qu’il sait tout, qu’il connaît la vérité: celle de l’impossibilité de tenir les délais électoraux constitutionnels. Il existe des contingences techniques. Il y a force majeure.
L’image éternelle. Les sommes mirobolantes (1 milliard de dollars) réclamées par la centrale électorale nationale indépendante ne sauraient être réunies par le Trésor. Il ne faut pas un dessin pour dire que ces sommes ont mieux à faire ailleurs dans une conjoncture congolaise d’urgence extrême. Des réformes institutionnelles s’imposent au pays. Elles sont
réclamées par la communauté internationale. Croyant le sujet hautement tabou, face à une opinion éveillée qui ne demande qu’à comprendre, à accompagner en se laissant expliquer, nul ne prend le risque d’ouvrir à haute et intelligible bouche par crainte de subir une mort subite. La politique est pourtant aussi et souvent oser, en servant d’éclaireur à ses congénères... Alors, on recourt à la Méthode Surprise en espérant que le peuple lui-même finira par comprendre de lui-même ou que Dieu fera le reste en sauvant le pays perdu comme il a su le sauver incroyablement à ce jour! Mais si les analyses de départ elles-mêmes avaient été mal faites, étaient biaisées? Qui ne sait que si les inputs sont faux, les outputs ne peuvent que l’être à leur tour! Car franchement, sauf déplacement de plaque tectonique, qui avait pu croire un instant que Tshisekedi
pouvait être autre que ce qu’il a été à ce jour? Quel homme sur Terre aurait cru au miracle, aurait pu transmuter le «Sphinx de Limeté» arrivé en fin de course, ce lutteur acharné qui a consacré toute une vie à construire un mythe de résistant anti-pouvoir resté intact et contre quoi, en moucheron prêt à danser à hauteur d’homme, lui qui a tout refusé en tout déchirant même l’exercice du pouvoir quand il lui était offert ou que celui-ci s’était trouvé à portée de main? Lui dont le seul souci désormais est de préserver son image éternelle? On pourrait lui substituer un héritier politique ou mieux, biologique mais outre qu’en l’espèce, humainement, cela ne prendrait pas mais qui ne sait qu’aussi longtemps que Tshisekedi aura le souffle et sera capable d’ouvrir la bouche pour parler librement, sa réponse sera non, trois fois non. Notre pays est comme à la quête du Graal. à
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ce jour, ce qui lui a le plus fait défaut c’est le courage - le courage de la vérité! Il s’est pris à l’idée qu’il saurait faire une omelette sans casser des œufs! On en vient à monter les enchères, à miser sur l’épuisement du camp adverse en oubliant que l’autre a de la réserve, que quoi qu’on en dise, les maîtres du jeu sont ailleurs. Au moins pour ce pays qui n’est pas n’importe lequel sur Terre - ce qu’il représente, ce qu’il détient: l’avenir de l’Humanité. Eux - les maîtres du monde - ont du temps et de la ressource. Le Congo n’a rien! Au moins pas aujourd’hui. Que ceux qui aiment ce pays s’engagent, coalisent, avancent... Le temps commence à faire défaut. Mais il est encore temps. Il faut commencer par recompter les troupes, retravailler l’appareil Majorité, aller à la refonte de celle-ci en dressant un bilan contrasté d’une décennie d’un vivre
ensemble qui n’aura pas été - c’est normal - un long fleuve tranquille. Il y a une classe consciente qui veut des scrutins - des scrutins de responsabilité, en résolvant les contingences techniques - et une classe extrême qui s’arcboute sur les principes, réclamant à tue-tête des élections aujourd’hui et maintenant, brandissant celles-ci comme LA solution aux problèmes du Congo, faisant fi des contingences, brandissant le spectre de la rue qui marcheraient sur les Institutions. Or, les élections n’ont jamais été une solution que quand elles sont consensuelles et apaisées. Ce que le Chef de l’état a rappelé le 28 novembre dans son message. Qu’au nom du Congo, la Majorité consciente se mêle à l’opposition responsable pour aller de l’avant.
Le Soft International, n°1339, 14 déc. 2015.
interna t i o n a l
Chacun des trois veut être Président de la République
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T
shisekedi wa Mulumba étienne, Katebe Katoto Soriano Raphaël, Katumbi Chapwe Moïse. Chacun des trois veut - et y tient mordicus - être Président de la République. Quand les trois hommes évoquent une candidature commune à la Présidence de la République, ils se mentent. Soriano estime qu’il peut tout obtenir de son cousin qu’il a élevé - dans l’entreprise familiale frigorifique poissonnière - et à qui il a tout donné le premier fric, le prenant avec lui jusqu’au Dialogue de Sun City dans son ombre. Qu’il peut attendre le jour d’après! Mais Moïse estime que son heure a sonné, qu’il a le fric et les réseaux et son club de foot. Mais le vieux lutteur Tshisekedi n’a pas dit son dernier mot. Les deux parents savent que s’ils se passent de Tshisekedi et de son mot d’ordre, aucun n’a aucune chance d’arriver nulle part… Le propos est sans équivoque aucune. «L’objectif (de l’accord), c’est l’alternance en 2016», explique l’ancien gouverneur PPRD du Katanga Moïse Katumbi Chapwe. «Il faut un changement de régime et un changement de politique», renchérit le fils Tshisekedi, Félix Mukendi. Jeudi 10 décembre à Paris, dans un discret hôtel du VIII ème arrondissement parisien, l’ancien gouverneur PPRD de l’ex-Katanga et le fils de l’opposant historique Félix Tshisekedi Mukendi ont créé l’événement. Devant un groupe de journalistes amis, ils se sont rencontrés et ont passé un accord. Ils veulent faire cause commune pour obtenir une élection présidentielle sans participation du président Joseph Kabila Kabange et dans les délais constitutionnels. Ils ont évoqué une candidature commune. Chacun d’eux était accompagné d’un des siens. Le fils Tshisekedi avait à ses côtés Samy Badibanga, député UDPS, président du premier groupe parlementaire d’opposition (UDPS et alliés). Moïse
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Depuis les années rébellion RCD-Goma, les Tshisekedi et les Katebe coulent le grand amour. Rencontre à trois à Bruxelles. dr
Katumbi Chapwe était accompagné d’un de ses conseillers. à Bruxelles où le père poursuit des soins, ce fut une rencontre au sommet: l’exmillionnaire Raphaël Katebe Katoto Soriano, cousin de Moïse Katumbi avait présenté à étienne Tshisekedi l’ancien gouverneur du Katanga.
trois candidats présidents. Alfred Katebe Katoto Soriano et étienne Tshisekedi wa Mulumba se connaissent de longue date. Depuis les années RCD-Goma dont Katebe fut l’un des financiers et que l’opposant historique anti-Mobutu et anti-Kabila rallia au lendemain de l’échec du Dialogue intercongolais de Sun City dans le cadre de l’ASD (Alliance pour la sauvegarde du Dialogue inter-congolais). Entre le millionnaire et
l’opposant, le courant est vite passé... Qu’ont-ils décidé à Bruxelles? On sait Raphaël Katebe Katoto Soriano grand connaisseur du Katanga où il fit fortune dans des marchés de fourniture du poisson du lac Moero aux agents de l’entreprise Gécamines. Son cousin Moïse Katumbi fut son second... Katebe quitta déguisé l’ex-Zaïre pour Bruges, dans le nord flamand de Belgique où il possédait un énorme château, après des accusations qu’il aurait perpétré un meurtre sur un sujet grec accusé de lui avoir pris sa femme... Depuis, il est sous le coup d’un mandat d’amener même s’il avait pu se rendre à Kinshasa au lendemain du régime 1+4 mis en place après les accords de Prétoria, grâce à une exceptionnelle prise en charge de l’ancien bras droit du Chef de l’état,
feu Samba Kaputo. Il ne fut guère inquiété... Mais Katebe qui fut tout au long du dialogue inter-congolais (de Gaborone à Sun City en passant par Addis Abeba) candidat à la Présidence de la République encouragé par une ribambelle d’opposants internes et externes payés rubis sur l’ongle mais qui finirent par le lâcher, ne s’est jamais regardé dans le miroir un matin sans y voir le visage du futur président de la République. Voilà trois candidats potentiels présidents de la République: Katebe, Katumbi, Tshisekedi. Quand à Paris, le fils et le cousin évoquent une candidature commune, vers qui tendent-ils? à Paris, les médias commentent cette rencontre comme un tournant dans le marathon politique congolais qui doit mener aux scrutins. L’accord qui
en est sorti se compose de plusieurs points, au premier rang desquels le refus du «dialogue national» annoncé par le Chef de l’état Joseph Kabila. Félix et Moïse sont désormais convaincus qu’il s’agit d’une manœuvre pour obtenir un report de la Présidentielle, au-delà du délai constitutionnel de novembre 2016. L’objectif, c’est l’alternance en 2016», explique Moïse Katumbi. «Il faut un changement de régime et un changement de politique», renchérit Tshisekedi «Nous voulons un calendrier consensuel qui donne la priorité à des élections présidentielles et législatives dans les délais constitutionnels et qui soient conformes aux standards internationaux», ajoute le dép. Samy Badibanda. «Nous voulons aussi que le fichier électoral soit révisé conformément aux recommandations de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF)», poursuit-il. Puis la possibilité de soutenir un candidat commun lors de la présidentielle, a précisé Samy Bandibanga sans donner ni l’identité, ni le mode de désignation de ce candidat. «Il est encore trop tôt», faisaient savoir les participants. «Tous les partis politiques qui veulent l’alternance sont les bienvenus parmi nous», a précisé Félix Tshisekedi qui a fait partie pour le compte de l’UDPS des discussions avec le camp présidentiel à Venise, en Italie et à Ibiza en Espagne. Mais au lendemain
de la convocation du dialogue national inclusif par le président de la République, le 28 novembre, Félix Tshisekedi a fait volte-face, renonçant d’y participer, arguant que «la présence de la communauté internationale [était] une condition sine qua non de [sa] participation». «Si c’est une initiative de la communauté internationale, nous ne sommes pas opposés. Mais un dialogue sous l’égide du seul Joseph Kabila, il n’en est pas question». Nombre d’analystes y voyant des «complications familiales». Il ne serait pas sans intérêt de relire cet extrait du Soft: «Que reste-t-il à Tshi-Tshi? La famille biologique: Félix Tshilombo, le fils; l’épouse Marthe. Des porte-parole qui ne portent que leur propre parole. D’où le désordre, les accusations. Faut-il approcher des nouveaux venus? L’UNC Vital Kamerhe Lwa-Kanyiginyi? Le G-7 Moïse Katumbi Chapwe? Plutôt le frère aîné de celui-ci Raphaël Katebe Katoto Soriano? Qui a le mérite d’être de son âge... Car le problème de Tshisekedi est là! Qui de ces «gamins méprisables» pourrait lui donner quelle leçon de la vie qu’il refusa de son ami Mobutu qui le menaça des pires représailles sans qu’il ne fléchisse, en dépit de ses armes, dans un contexte où toutes les balles ne pouvaient être perdues pour tout le monde? Reste que personne sauf la famille ne sait
comment se porte le «Lider Maximo», comment se réveille «le Sphinx de Limete», comment se nourrit-il. Ses porte-parole changeant - dont Bruno Mavungu Puati - peuvent tout expliquer aux médias et faire toutes les annonces et les désannonces. Ils savent que Tshisekedi est imprévisible, que nul ne l’a jamais apprivoisé! Donnera? Donnera pas le go au Dialogue? Viendra? Viendra pas pour sa crédibilité? Personne que Tshisekedi ne sait! Il a fait venir à Bruxelles un chaud partisan du dialogue, le Dép. honoraire JeanPierre Lisanga Bonganga - l’homme du Maréchal par excellence! Mais étienne Tshisekedi wa Mulumba est celui qui, après vous avoir donné sa parole en acceptant de voler avec vous, peut vous désintégrer en plein vol. Sans que vous ne sachiez pourquoi! Tous ceux qui l’ont côtoyé le savent» (Le Soft n° 1338, vendredi 20 novembre 2015).
D. Dadei n
Le Soft International, n°1340, 15 déc. 2015. FINANCE PRESS GROUP. RCCM KIN/RCCM/15-A-27926 Id. Nat. 01-93-N00932M Le Soft International Global site www. lesoftonline.net/www.lesoft. be LeSoftConcept LeWebSoftConstruct InterCongoPrinters Radio Télé Action kkmtry@lesoft.be info@lesoft.be Phone 0898936344 SIP-AFRiMAGES B-1410 Belgique. Tél 00-32-488205666. Fax 00-322-3548978. eFax 00-1-707-313-3691 Fondateur Tryphon Kin-kiey Mulumba. Directeur général Gasha Kin-kiey Mulumba. Directeur Administratif & commercial Alain Bubu. Tél. 0993057455. Directeur associé Yves Soda. Assistante: Claudine Ngingi. Tél. 0898936344. Directeur de la publication. Munyonga Mubalu. AMP Agences et Messageries de la Presse belges. Accords spéciaux. Belgique. Trends. Trends, Tendances. Le Vif/ L’Express. Knack. © Copyright 2015 FINPRESS. Imprimé à Kinshasa InterCongoPrinters THE NEWSPAPER LE SOFT INTERNATIONAL IS PUBLISHED BY FINPRESS GROUP | DIFFUSION MONDE PRESSHOP.
Depuis les années rébellion RCD-Goma, les Tshisekedi et les Katebe coulent le grand amour. à Paris, le fils Félix et le cousin Moïse prolongent la rencontre de Bruxelles, en présence chacun d’un proche. dr. Le soft international est un Journal de droit étranger | AUTORISATION DE DIFFUSION en R-dCongo M-CM/LMO/0321/MIN/08 daté 13 janvier 2008.
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