Au Kongo Central, Atou vent debout
international THE INTERNATIONAL DRC LEADING NEWSPAPER
Juge accablé SINCE 1989 N°1492 | LUNDI 13 JUILLET 2020 | 20 PAGES €7 $8 CDF 10500
Tunda Fin de course
Après ce nouvel épisode qui fait scandale, quel homme saurait encore parier sur l’intégrité de ce haut (petit) juge Benoit Lwamba Bindu bya Maganga qui vient de désacraliser la haute fonction de magistrat? DR.
S
on tablier était réclamé. Mis hors du Gouvernement d’ordre du Président de la République, Tunda Ya Kasende a fini par le rendre, dans le plus total déshonneur, après que sa famille, dans un système de coalition et le Premier ministre, se soient désolidarisés de lui. La sortie de piste présageait une fin de course. (Lire article en page 2). THE NEWSPAPER LE SOFT INTERNATIONAL IS PUBLISHED BY FINPRESS GROUP BRUSSELS PARIS KINSHASA DIFFUSION MONDE PRESSHOP BRUSSELS.
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LA UNE
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Fin de course pour Tunda Ya Kasende
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et ils arriveront à trouver une solution». Qu’un ministre se soit cru en devoir d’adresser ses avis personnels au Parlement sur une proposition de loi d’un député, sans devoir requérir l’avis du Conseil des ministres ou d’une commission ministérielle attitrée, ne participe certes pas du respect des règles d’un gouvernement. Ce n’est pas une façon de consolider la stabilité et le fonctionnement harmonieux du gouvernement. Que le ministre soit par dessus le marché Garde des Sceaux - la personne autorisée à utiliser le Grand sceau officiel du pays, Gouverneur général au Canada, Secrétaire d’État des États-Unis d’Amérique, Ministre de la Justice en France depuis 1848 - met en danger tout l’État. Tunda avait-il connaissance de cette lourde responsabilité?
’est connu par la terre entière : la fonction de ministre est des plus fragiles au monde.
Il suffit que le Premier ministre ou le Président de la République, selon le régime (parlementaire ou présidentiel) vous le demande et l’affaire est terminée. Vous ne garderez pas une minute votre fauteuil matelassé... C’est la théorie de l’acte contraire. Celui qui nomme est celui qui révoque. C’est le socialiste français JeanPierre Chevènement qui en a immortalisé la formule. Alors qu’il avait cessé d’être ministre ou n’y rêvait plus jamais, en mars 1983, le ministre honoraire fait montre de pédagogie, recourt à une formule désormais de référence pour qui aspire à une fonction publique, ministérielle notamment : «Un ministre, ça ferme sa gueule. Si ça veut l’ouvrir, ça démissionne». N’EST PAS CHRISTIANE TAUBIRA QUI VEUT... Trois fois ministre, Chevènement qui avoue n’avoir jamais eu sa langue dans sa poche, ouvre, au gouvernement, trois fois la bouche. Il démissionne. Et trois fois... Record absolu. Sous François Mitterrand, février 1983. En Conseil des ministres, le président socialiste dénonce la «bureaucratie tatillonne» au sein du ministère dirigé par Chevènement. L’homme incarne alors l’aile gauche du PS. S’il avale la couleuvre, minoritaire au gouvernement et face au changement de politique du Premier ministre Pierre Mauroy, le ministre n’en peut plus. Il ouvre sa bouche, dénonce la «parenthèse libérale» (pour ne pas dire la dérive libérale) qu’il perçoit au sein de l’équipe gouvernementale et renonce immédiatement à son maroquin. Il a voulu retrouver sa liberté de parole incompatible avec la fonction ministérielle... Bis repetita, 29 janvier 1991. Nommé ministre de la Défense de Michel Rocard, Chevènement démissionne. Il a protesté contre l’engagement de la France dans la guerre en Irak. Le ministre quitte le navire quand son armée est au front... Mais les convictions, ça ne se compromet pas et ça se paie cash. Puisqu’il n’existe pas deux sans trois, 9 août 2000. Jean-Pierre Chevènement est, cette fois, ministre de l’Intérieur du Premier ministre Lionel Jospin. Puis survient l’affaire corse - la «guerre» - puis la violence des nationalistes. Quand le ministre le lui demande, le Premier ministre a refuse de désarmer les nationalistes. Le ministre n’accepte
Tunda Ya Kasende a fini par rendre son tablier, abandonné par le FCC-PPRD, ce qui fait exulter un proche du Président de la République. «C’est des moments heureux pour la coalition CACH-FCC». DR. d’une loi visant la reconnaispas de transiger, de peur de se sance de la traite des Noirs et compromettre. Il paie compde l’esclavage comme crime tant et rouvre la porte et s’en contre l’humanité, candidate va.... du Parti radical de gauche Seize ans plus tard, avril 2016. à la présidentielle de 2002, L’ancien Premier ministre de Mme Taubira est nommé le 16 droite, plusieurs fois ministre mai 2012 Garde des Sceaux. dont de la Défense et des Anciens Combattants, le Chira- Elle reste au gouvernement quien Alain Juppé, est candidat jusqu’au 27 janvier 2016 et survit en effet sous François à la primaire de la droite et du Hollande dans quatre gouvercentre à l’élection présidennements (Jean-Marc Ayrault tielle de 2017. Dans sa ville de Bordeaux, face I et II, Manuel Valls I et II) sans avoir jamais su fermer aux étudiants de Sciences Po, sa gueule. Elle le doit à des le candidat alors mieux placé relations particulières avec le dans la course parle des militaires, aborde le cas d’un géné- Président de la République, d’autres disent à la bonhomie ral d’armée limogé. ou à la nonchalance du pré«Un militaire, c’est comme un sident socialiste. Mais n’est pas ministre : ça ferme sa gueule Taubira qui veut. Ni, Hollande ou ça s’en va». - le président normal - qui Général de la Gendarmerie veut. nationale, en décembre 2013 Bertrand Soubelet a été écarté «IL Y A DES de ses fonctions après une RÈGLES À RESPECTER...». audition devant une mission Notre Garde des Sceaux auraitparlementaire «de lutte contre il espéré survivre longtemps l’insécurité». En cause : sa dans son magnifique bureau franchise sur la gestion de qui trône dans une aile du la sécurité des Français. Un Palais de la Justice réhabilité constat qu’il développe dans son livre à succès «Tout ce qu’il par Alexis Thambwe Mwamba avec des fonds de l’Union ne faut pas dire» (Paris, Plon). Européenne? Célestin Tunda Il y dresse un état des lieux du Ya Kasende avait en avait rêvé système judiciaire français. mais ce ne fut qu’un rêve... Alain Juppé : «Si on laisse à Dans une récente interview, le chaque militaire la possibitout puissant ex-directeur de lité de critiquer les gouvernecabinet du président Joseph ments, il n’y a plus de gouverKabila Kabange aujourd’hui nement». Il y a près de deux siècles, tou- chef de l’exécutif de la plateforme majoritaire kabiliste, jours en France, maréchal de France, Patrice de Mac Mahon, le FCC, Néhémie Wilanya Wilondja a ses mots, préfiguraest en 1871 à la tête de l’armée tion d’une fin de course pour pendant la Commune de le Vice-premier ministre Tunda Paris. Troisième Président de Ya Kasende : «Le ministre de la République, il annonce : «Je la Justice fait partie du gourayerai du tableau d’avancement tout officier dont je verrai vernement et, au sein de ce le nom sur une couverture» (de gouvernement, il y a des règles à respecter en matière disciplijournal). naire. Pour le reste, et jusqu’à Il ya pourtant des exceptions. preuve du contraire, il y a un En France, il y a la Guyanaise dialogue fructueux entre le Christiane Taubira. Militante président et son prédécesseur indépendantiste, initiatrice
UNE IRRÉMÉDIABLE CONDAMNATION. Mais quand il ignore son cas ou feint de l’ignorer en laissant le gouvernement, comme ce vendredi 26 juin, lors d’un Conseil des ministres sous la conduite du Président de la République, traiter d’une question qu’il a lui-même réglée, de façon indue, le condamne irrémédiablement. Or, à l’issue de sa brève interpellation le lendemain 27 juin par un magistrat de la Cour de cassation, signe de l’extrême gravité de l’acte posé, que des propos excessifs entendus et condamnant cet exploit de la justice congolaise intervenu après le procès public du Programme des 100 jours. «Parce qu’il a défendu sa position de manière démocratique (...), il a été interpellé, la police bien armée, a entouré sa maison, et on l’a pris comme un malfrat. Où allons-nous dans ce pays? Nous avons l’impression que l’on veut instaurer ici, petit à petit, une dictature plus forte que celle de Mobutu», hurle le secrétaire général du PPRD, Emmanuel Ramazani Shadary en furie. «Cet incident grave et sans précédent est de nature à fragiliser la stabilité et le fonctionnement harmonieux des institutions, et à provoquer la démission du gouvernement», surenchérit dans un communiqué assumé, le Premier ministre Sylvestre Ilunga Ilunkamba. Malgré une procédure en flagrance ouverte - une composition installée attendant la comparution du ministre de la Justice - le procureur laisse le ministre en liberté. Plutôt que de comprendre un traitement spécial en... «la bouclant» - comme le recommandent Chevènement et Juppé - le Garde des Sceaux congolais s’est, au contraire, mis en scène, face aux micros et devant les caméras, multipliant les déclarations. «Ai-je
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tué quelqu’un pour que l’on envoie des policiers avec armes pour venir m’arrêter?» Puis, de révéler un échange qu’il aurait eu avec l’ancien président appelé «Ye Meyi...» et qui aurait assuré le ministre de l’impunité. «Allez voir le Procureur... Ne craignez rien». Mis à l’index par le Président de la République, expulsé du Conseil des ministres le 3 juillet, Tunda a promis au magistrat de présenter sa démission dès le lendemain. Mais voilà que quand les rumeurs sur sa démission enflent, le ministre joue au jeu, reprend sa liberté, use de la plate-forme Twetter, explique qu’il était ministre et parfaitement ministre. Un triomphalisme mal apprécié même au FCC-PPRD. D’abord, ce texte : «Une désopilante annonce de ma prétendue démission circule sur les réseaux sociaux, ce monde envahi par des génies en élucubrations. Je reste au service de la République, au sein du Gouvernement de la coalition, voilà l’absolue vérité» (4 juillet 2020). Quand les rumeurs reprennent de plus belle à l’occasion d’une présentation des lois où l’attendaient les députés, le ministre s’adresse directement à eux : «Mon agenda de travail ne m’ayant pas permis de présenter aux élus du peuple les projets de Lois de ce jour, j’ai pratiquement délégué mon vice-ministre Bernard Takahishe pour cette fin illico presto. Paix profonde aux âmes inquiètes @AssembleeN». Quand les appels téléphoniques du Premier ministre se raréfient, que certains de ses collègues estampillés n’appellent plus, ni aucun dossier n’arrive et qu’il ne peut plus inviter des collègues membres d’une commission ministérielle, signe d’un début de la fin de l’histoire, Tunda commence à se rendre à la réalité, poste sur son compte : «La RDC a besoin des hommes qui savent faire passer le dévouement avant l’ambition, le sacrifice avant l’intérêt. Aujourd’hui, nous pouvons tout certes, mais demain, nous devrions tous rendre compte, sans exception. Pax». Puis, quand, enfin, il est lâché par «Ye Meyi», celui qui est désormais l’ex-VPM poste un texte annonciateur de fin de course : «Il appartient au plus éclairé de faire le premier pas, d’ouvrir le jeu comme aux échecs, de concéder une part de sa radicalité pour défendre la situation et susciter un déclenchement de confiance dans le chef du protagoniste. @ PrimatureRDC». Vendredi 10 juillet, c’est la deuxième réunion du Conseil des ministres d’affilée qui se tient sous la présidence du Chef de (suite en page 4).
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LA UNE
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Les lois Minaku font leur première victime d’ampleur (suite de la page 2). l’État revenu la veille d’une visite privée en Belgique. Le Secrétariat général du Gouvernement n’a pas adressé d’invitation au Vice-Premier Ministre en charge de la Justice et Garde des Sceaux Tunda pris d’émotions et aucun dossier ne lui a été posté. Samedi 11 juillet, depuis le hall de la Primature, sans son traditionnel chapeau sur la tête qu’il affectionne mais dans un strict costume-cravate, le ministre annonce son départ. «Je suis venu rencontrer ce jour le Premier ministre, chef du gouvernement. J’ai eu à faire un examen personnel de la situation de l’heure pour lui remettre officiellement ma
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n séjour à l’étranger, en Europe, en Belgique, parti officiellement du pays, il semble pourtant avoir réussi à passer la frontière par les mailles du filet. À Kinshasa, FCC ou CACH ou opposition Lamuka, qu’importe! Sur Benoît Lwambo Bindu bya Maganga, c’est l’unanimité absolue. Sur ce président de la Cour constitutionnelle qui fut longtemps président et 1er président de la Cour suprême de Justice, la plus haute instance judiciaire du pays, les mêmes mots - les mêmes maux reviennent. Avec récurrence... «Il est dans tous les coups, de tous les coups, à la tête d’une bande, d’une association de malfaiteurs, avec des expatriés, de préférence ceux du Moyen Orient, syriens, indiens, libanais, etc. Il est dans les mines, dans le bois, dans l’im-mobilier, etc. Il arrache des maisons sans maître ayant appartenu à des étrangers, des Belges; il organise des amputations des terrains à Limete, au centre ville, à Kinshasa, dans l’arrièrepays. Devant toutes les cours et tous les tribunaux, on perçoit sa sil-houette via des intermédiaires...». AU PROCÈS 100 JOURS REBONDISSEMENT. Un autre trouve le mot pour qualifier ce haut, en réalité petit magistrat: «Il est vénal... Pour lui, seuls comptent les billets de banque...». Rebondissement, coup de tonnerre, gros scandale au procès des 100 jours du Programme du
démission en tant que vicePremier ministre, ministre de la Justice et garde des Sceaux», explique-t-il. Il EXULTE EN ÉCOUTANT LE SON DE L’ANNONCE. Il n’a pas fait allusion à «Ye Meyi» alors qu’il l’avait honoré le jour de sa mise en liberté par le procureur. A-t-il tourné la page? Les assurances reçues n’ont pas fonctionné? En écoutant le son de l’annonce de la démission, un officiel proche du Président de la République Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo qui a requis l’anonymat, exulte: «C’est des moments heureux comme ça pour la coalition CACH-FCC. Certainement pas pour Tunda, je comprends... Mais des
moments heureux pour notre Coalition». Puis : «Nous apprécions l’attitude du Sénateur à vie Joseph Kabila tout au long de cette mini crise. Une page est tournée. Nous attendons la désignation du prochain Garde des Sceaux». Aux dernières nouvelles, pourtant, le FCC ne paraît pas très pressé de proposer au Président de la République un remplaçant à Tunda. Si cela se confirme, dans cette hypothèse, le Président de la République devra signer une ordonnance de prise d’acte de la démission du Vice-Premier Ministre en charge de la Justice et Garde des Sceaux mais, au moment où le Soft International boucle et va sous presses, il semble que cette démission
n’ait pas encore été formellement remise au Palais de la Nation et donc actée. On sait qu’aux termes de l’art. 78, al. 3 de la Constitution, le Présidents de la République qui nomme le Premier ministre, Chef du Gouvernement, nomme aussi «les autres membres du Gouvernement et met fin à leurs fonctions sur proposition du Premier ministre». Un alinéa qui clairement indique que l’entrée en fonction et la cessation des fonctions d’un ministre sont de la seule compétence du Président de la République, lequel, sur proposition du Premier ministre, agit par ordonnance (art. 79, al. 3). Peu importe la cause de la cessation de la fonction - décès,
démission, ou révocation - il est nécessaire qu’intervienne l’ordonnance présidentielle. En cas de démission, le Président de la République prend acte de celle-ci nécessairement par voie d’ordonnance (théorie de parallélisme des formes ou de l’acte contraire). Après les blessés et morts des rues, les propositions de lois d’Aubin Minaku viennent de faire leur énième victime mais la première d’ampleur politique. Un Vice-premier ministre en charge de la Justice et Garde des Sceaux, qui n’avait pas été prudent et respectueux des règles de gouvernement, a été évincé même si cette peine a été commuée en démission. Vrai gâchis! D. DADEI n
Ce jeu de juge Le Haut (?) petit (?) juge congolais Benoît Lwamba Bindu bya Maganga. DR. Président de la République quand deux jours avant le prononcé d’un jugement qui captive le pays et le monde, annoncé pour le 20 juin, le greffier de la Cour
constitutionnelle étonne, détonne, réclame, «toutes affaires cessantes», le dossier. «Faisant suite à la lettre du 17 juin courant adressée au Président de la Cour
Constitutionnelle ainsi qu’à moi-même par Me Kabengela Ilunga JeanMarie au nom de son client, M. Vital Kamerhe, j’ai l’honneur de vous demander, conformé-
ment aux articles 162 de la Constitution et 65 du règlement intérieur de la Cour Constitutionnelle, de daigner transmettre en état, et toutes affaires cessantes au greffe de la Cour de céans, le dossier judiciaire frappé de l’exception de l’inconstitutionnalité dont référence en marge pendant devant votre juridiction», écrit le Greffe. C’est Benoît Lwambo Bindu bya Maganga qui est derrière. Ultime baroud d’honneur? «L’affaire a dû se régler contre beaucoup de briques de billets de banque, des millions de $US. Heureusement qu’elle avait été prise en délibéré. Nul ne pouvait plus - même Dieu sur Terre - la bloquer. Sinon, il aurait réussi le coup
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au moins momentanément...», confie au Soft International l’un de ses amis qui dit connaître les relations du juge, depuis le lendemain de Sun City, avec l’un des inculpés... Les deux hommes avaient toujours agi ensemble, jure notre interlocuteur. «Toutes ses promotions, depuis Sun City, c’est lui à la manœuvre...» UNE VILLA AVENUE DES FLAMBOYANTS. «Au moins 70% des membres actuels des Assemblées législatives - la chambre basse comme la chambre haute et même les Assemblées provinciales - siègent et sont en place grâce à lui, contre argent comptant». (suite en page 5).
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Le plus grand magistrat descend dans des trottoirs (suite de la page 4). Un autre qui dit aussi bien connaître ce Lwamba Bindu bya Maganga sous sanctions américaine, témoigne sur les relations dangereuses de ce magistrat. L’homme dit l’avoir régulièrement vu au n°35, avenue des Flamboyants, commune de la Gombe, avenue parallèle à celle du Haut Commandement. «Dans cette maison de l’État, le magistrat reçoit à la pelle des candidats à un mandat de député national. Chacun y arrive avec un paquet voire un carton de billets de $US qu’il lui remet, repart assuré d’être proclamé.
Ceux qui ne venaient les mains vides avec les seules listes de la CÉNI et repartaient avec promesse verbale, après l’avoir convaincu, restent, à ce jour, à la paille...».
DÉPUTÉS SANS DOSSIER AU BRTC. La villa du 35, avenue Flamboyant, est depuis devenue sa propriété en échange d’un siège dans le grand Kivu obtenu pour l’Assemblée nationale par l’un des visiteurs alors ministre du secteur, jure un autre. «Ce ministre a dû déplacer un baobab local, un nom connu à l’international... Tristesse!». Énième témoignage
d’un autre proche du dossier : «Savezvous qu’il existe des députés proclamés par la Cour constitutionnelle dont les dossiers sont inconnus aux BRTC, ne les ayant jamais déposés. La CÉNI très émue - une fois n’est pas coutume - a vu des noms d’élus - souvent des personnalités de premier ordre - être parachutés depuis la Cour constitutionnelle. Aujourd’hui encore, pas un dossier de ces élus n’est connu à un seul BRTC (les fameux Bureaux en charge de réception et de traitement des candidatures) car jamais passé par la CÉNI...». Il faudrait évoquer
ce confinement au Fleuve Congo Hôtel où tous avaient fait fortune... Depuis vendredi 10 juillet, à propos de ce Lwamba, les langues se délient après ce qui n’est rien moins qu’un jeu, un énième, d’un juge à la morale réprouvée qui aurait pu pourtant être un vrai aristocrate à l’image irréprochable mais désormais dépravée. «Ce juge président a officiellement sollicité une audience auprès du Président de la République, qui l’a reçu. Le 26 juin, il est venu lui faire part de sa décision de remettre sa démission de son poste et a sollicité des facilités pour se rendre
à l’étranger, en Belgique. Le président n’y a trouvé aucun inconvénient et lui a donné les facilités en cette période de Covid-19. Et comme il avait annoncé, le juge a, le lendemain, 27 juin, déposé sa lettre de démission en original au service courrier du Palais de la Nation. Puis, il a fait remettre à chacun des juges - neuf au total - une lettre de démission en original cette lettre dans laquelle il fait part des aspects personnels ayant motivé son départ. Vendredi 10 juillet, sept juges ont siégé constatant la démission du président. Mais, le jour même, un nouveau courrier
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arrive contredisant les lettres antérieures avec une nouvelle et dont l’objet est «démenti», expliquant que les réseaux sociaux font état de sa démission et qu’il s’agit «des rumeurs contre lesquelles» (il) «apporte un démenti». Comment comprendre cette volteface au moment où les sceaux de la Cour sont introuvables? Pourquoi cet homme a-t-il ainsi agi?». Un proche du Président de la République se dit écœuré... Katangais - né au Katanga - il est vrai que Lwamba est d’abord un homme des services. En 1997, à la prise de pouvoir par l’AFDL, il est directeur de
cabinet du conseiller spécial du Président de la République en matière de sécurité. Depuis, il n’a cessé d’aller de promotion à promotion. En 1999, il est président de la Cour suprême de Justice, en devient en 2003 le premier président. En 2014, il entre à la Cour constitutionnelle à la création de celle-ci et, l’année suivante, en est investi président en même temps qu’il occupe la présidence du Conseil supérieur de la magistrature et, en 2018, est reconduit à ce poste. Voici que le plus grand magistrat congolais est descendu dans des trottoirs. D. DADEI n
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Mystère entier sur le tir de Kigali qui a tué deux présidents
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ans ce dossier ultra sensible du tir de Kigali qui a vu deux présidents - le Rwandais Juvénal Habyarimana et et le Burundais Cyprien Ntaryamira - et dix autres personnalités perdre la vie, des témoins ont disparu, assassinés, d’autres se sont mystérieusement évaporés. Peut-être qu’on ne les retrouvera jamais... en vie. Qui a tiré le missile meurtrier et déclencheur du génocide anti-Tutsi ce 6 avril 1994? Le camp du FPR majoritairement Tutsi, comme on l’avait cru trop vite? Celui du parti majoritairement Hutu alors au pouvoir? Des infiltrés FPR certainement plus outillés? Que des thèses! En vingtdeux années, l’instruction a connu son lot de mensonges et de manipulations. Le 3 juillet, la cour d’appel de Paris a rendu un non-lieu dans l’enquête validant ainsi la décision prise en 2018 par les juges Jean-Marc Herbaut et Nathalie Poux. Les magistrats de la chambre de l’instruction ont confirmé la décision des juges qui avaient ordonné l’abandon des poursuites contre neuf proches du président rwandais, Paul Kagame. Le mystère du tir reste entier. À la veille de ce non-lieu, Kagame avait, dans une interview, menacé et annoncé une forte dégradation des relations avec Paris si le verdict ne correspondait pas à ses attentes... Message reçu cinq sur cinq. DEUX THÈSES DIAMÉTRALEMENT OPPOSÉES. «Il faut insister d’une manière générale sur le climat délétère dans lequel s’est déroulée cette instruction, peut-on lire dans l’arrêt de 61 pages. Les témoignages recueillis et sur lesquels repose principalement l’accusation sont largement contradictoires ou non vérifiables. Leur accumulation ne peut pas constituer des charges graves et concordantes permettant de renvoyer les mis en examen devant la cour d’assises». Sur le supplément d’information sollicité par les parties civiles, qui ont annoncé leur pourvoi en cassation à la fin de l’audience, il a été considéré «qu’aucun
23 avril 1991, trois ans avant le génocide, Habyarimana reçu à l’Élysée par Mitterrand. AFP-DANIEL JANIN. élément nouveau ne justifiait des vérifications et auditions complémentaires». Les circonstances dans lesquelles est mort Juvénal Habyarimana sont connues, même si personne n’a revendiqué l’attentat. Le 6 avril 1994, à 20 h 22, alors que le Falcon du président rwandais - de retour d’un déplacement en Tanzanie où il vient de signer des accords «pour résoudre des problèmes politiques et de sécurité dans son pays», selon le communiqué du sommet - amorce sa descente sur Kigali, il est pulvérisé en vol par deux missiles tirés du sol. Cet attentat, qui ne laisse aucun survivant, agit comme un signal pour les Forces armées rwandaises (FAR) et les milices interahamwe qui massacrent les Tutsi et les Hutu modérés dans la capitale. Le dernier génocide du XXe siècle vient de commencer : il fera près d’un million de morts en trois mois. Qui a tiré sur l’avion présidentiel, élément déclencheur de cette folie meurtrière? Vingt-deux ans d’instruction ne permettent pas de le dire. Plusieurs hypothèses - soulevées par des enquêtes judiciaires, journalistiques ou parlementaires - ont été explorées avant d’être écartées, telles que la piste d’un commando belge ou d’agents des services secrets extérieurs
français (DGSE).Ce sont finalement deux thèses diamétralement opposées qui vont se succéder pour la justice française : la première, soutenue par le juge Jean-Louis Bruguière, évoque la responsabilité des Tutsi du Front patriotique rwandais (FPR) dirigé par Paul Kagame. L’autre, qui apparaît au terme de l’enquête réalisée par le juge Marc Trévidic, est celle des extrémistes hutu. Les premiers auraient tiré sur l’avion présidentiel pour relancer une guerre civile et s’emparer du pouvoir ; les seconds afin d’accuser faussement leurs ennemis d’avoir tué leur président pour justifier leur extermination. En 1998, une instruction est ouverte en France à la demande de la fille d’un des pilotes français de l’avion. En s’appuyant sur des témoins, dont certains transfuges de l’Armée patriotique rwandaise (APR), branche militaire du FPR, Jean-Louis Bruguière oriente son enquête contre Paul Kagame, protégé par son immunité de chef d’État, et neuf de ses proches. En 2006, il lance contre ces hauts responsables neuf mandats d’arrêt, ce qui déclenche une rupture diplomatique entre Kigali et Paris. Mais entre une fausse boîte noire retrouvée, des messages erronés
attribuant au FPR des cris de «victoire» après la mort du président et des images de missiles qui ne prouvent rien, les doutes s’installent. Et les faux témoignages s’accumulent. L’instruction va montrer que des témoins ne sont pas fiables : si certains mentent sur leur rôle, la parole des autres laisse sceptique. «Plusieurs témoignages évoquent l’existence de réunions préparatoires au cours desquelles aurait été décidé et mis au point l’attentat et auxquelles auraient participé Paul Kagame et plusieurs mis en examen, peut-on lire dans l’arrêt rendu le 3 juillet. Cependant, certains de ces témoins ne font que rapporter ce que d’autres leur ont dit de l’existence de ces réunions. Ils ne sont que des témoins indirects. Quant aux trois témoins directs de ces réunions, il faut rappeler que le premier n’était que sergent, les deux autres simples soldats et qu’il est surprenant qu’ils aient pu assister à une réunion au sommet au cours de laquelle aurait été évoqué entre officiers supérieurs un projet visant à assassiner un président… Le témoignage de Théoneste Lizinde [avant son assassinat en 1996 au Kenya, cet ancien du FPR aurait affirmé à plusieurs reprises que l’APR était responsable de l’attentat] n’a jamais été recueilli directe-
ment. Il a été rapporté et ses enfants contestent formellement qu’il ait pu tenir ces propos». Quant aux témoignages accusant les membres de l’APR d’avoir transporté et tiré les missiles SA-16 contre l’avion présidentiel, de nombreux doutes persistent. INCERTAINS, SOURCES NON IDENTIFIÉES. Il y a des témoignages «incertains» ou «provenant de sources non identifiées». Il y en a d’autres pour lesquels «il est impossible de prêter foi aux éléments déposés», car l’auteur «a indiqué qu’il avait menti en prétendant avoir assisté aux tirs de missiles alors qu’il se trouvait ce jour-là à 90 km de Kigali». En 2014, soit vingt ans après les faits, Emile Garifita, ancien sergent de l’armée rwandaise, écrit dans un courrier avoir participé à la dissimulation des missiles utilisés contre l’avion présidentiel, et les avoir remis au sous-lieutenant Franck Nziza, accusé d’être l’un des tireurs de missiles. Mais Emile Garifita a été kidnappé quelques semaines plus tard au Kenya, où il s’était réfugié après s’être senti menacé au Rwanda. «Cette disparition n’a pas permis de recueillir les détails de son récit, peut-on lire dans l’arrêt. Au demeurant et au-delà de la différence de signa-
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ture apparente entre sa pièce d’identité et son écrit, son nom n’a jamais été cité par ceux qui ont prétendu être présents». Le rôle joué par Paul Barril, ancien gendarme de l’Élysée devenu mercenaire, reste particulièrement obscur. Dans l’arrêt du 3 juillet, le capitaine, omniprésent pendant la tragédie rwandaise, est vertement dénoncé : «Les mensonges, les revirements, les contradictions, les manipulations multiples relevées dans les agissements et les déclarations de Paul Barril (auteur de plusieurs ouvrages controversés sur l’attentat et découvreur, sur les lieux du crash, d’une prétendue boîte noire qui était en fait une antenne du système de navigation), qui traduisent une certaine propension à la mythomanie, ne permettent pas d’accorder un quelconque crédit à ses dires. » Il lui est reproché d’avoir présenté aux enquêteurs un traducteur qui n’est autre que Fabien Singaye, gendre de Félicien Kabuga. Ce dernier, accusé d’être le «financier du génocide des Tutsi», a été arrêté le 16 mai en région parisienne après une cavale de vingt-six années. Enfin, il y a le lieu d’où ont été tirés les missiles. L’arrêt s’appuie sur l’enquête de Marc Trévidic, qui a mené ses investigations à Kigali accompagné d’une batterie de spécialistes (en explosifs, acoustique, balistique…). Les juges rappellent «qu’en raison d’un faisceau de points de cohérence, les experts ont privilégié le site de Kanombé comme zone de tir la plus probable». En avril 1994, ce camp militaire était occupé par des FAR, quelques militaires français et des soldats de la garde présidentielle, les faucons du régime. Il était quasiment impossible aux inkotanyi, les combattants tutsi du FPR, d’y pénétrer. De quoi privilégier la thèse selon laquelle l’attentat a été commis par des extrémistes hutu qui reprochaient à Juvénal Habyarimana d’avoir signé des accords trop favorables à leurs ennemis. Et d’avoir ainsi compromis leur engagement vers l’extermination des Tutsi, la «solution finale». PIERRE LEPIDI SALL n avec MondeAfrique.
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Crise à Matadi les Grands dossiers du Soft
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l s’est éloigné de son ARC dont il semblait être si proche, a rejoint le FCC quand l’ARC a revêtu les couleurs de l’Ensemble avant de reprendre la main quand il affiche ses ambitions d’aller au combat pour succéder cette fois légitimement à son prédécesseur Jacques Mbadu Nsitu di Mavungu avec qui il partageait les travées, les allées et venues et d’affronter les mêmes murs d’incompréhension... Qui lui en ferait le reproche? En politique c’est « je te donne, tu me donnes... ». Quand la réponse ne vient pas, quand elle tarde à venir ou quand elle n’est pas perceptible, des voies peuvent s’éloigner. La politique est un jeu d’intérêts ! Le problème au Kongo Central est que quand l’explication politique survient, quand le défi est lancé, le parti présidentiel - de Kinshasa - perd. Perd toujours. Laissé sur le tapis ! En sang... Hier sous Mobutu comme sous Kabila père et fils. LE FCC-PPRD N’ATTENDAIT QUE ÇA... En réalité, cette province de «Nani Nduna, Mwana Wa Nani ? Kue Katukidi ? (Muntu Nini? Awuti Wapi? Mwana Wunani...? C’est qui ? De qui est-il? Venant d’où ?) à l’accent trempé, trop fière d’avoir été au contact de la civilisation européenne - blanche, portugaise, néerlandaise, anglaise, française, belge, du fait de sa situation géogra-
À g., le gouverneur Atou Matubuana Nkuluki. À dr., le président de l’Assemblée Pierre Anatole Matusila Malungeni Ne Kongo. DR.
phique à la côte de l’Atlantique par où accostaient des flottilles d’esclavagistes bien avant le reste du Congo, dès le XVe siècle, est tellement indépendante et indépendante d’esprit voire violente qu’elle s’est toujours méfiée de l’arrivant qu’elle a souvent combattue farouchement, les armes à la main, Kimpa Vita, Simon Kimbangu, aujourd’hui Bundu Dia Mayala de Ne Muanda Nsemi, etc. Comme le 31 octobre 2012, lors du retour de Jacques Mbadu Nsitu di Mavungu aux affaires, élu 31e gouverneur de la province après l’avoir brièvement dirigée d’octobre 2006 à janvier 2007, ce qui devrait arriver arriva. Atou a fait mordre la pous-
sière au candidat PPRD-FCC quoique Yombe, Simon Floribert Simon Mbatshi Mbatsha, 26 voix contre 12. Mort subite. Pourtant, si Atou est proclamé le 10 avril 2019 par la la centrale électorale CÉNI, il faut encore attendre les récurrentes contestations mais le 24, une Cour d’Appel confirme la victoire sans appel du peuple Ne Kongo face à l’un de ses adversaires Guy Matondo Kingolo téléguidé. Un fils égaré... Pour l’ex-regroupement FCC d’Atou, cette couleuvre est difficile à avaler comme d’autres que le gouverneur Ndimbu issu des Cataractes - le pays Kimbangu, le pays Ne Mwanda Nsemi Bundu Dia Mayala mais aussi de
toute une élite économique Ne Kongo, Dokolo (Augustin Sanu), Diomi (Gaston Ndongala Mudietu), Kisombe (Kiaku Mwisi), Ndombasi (Oscar Zikumvala), Ledya (Jean Lengo-dia-Ndinga), Kiakwama (Gilbert Kia Kiziki), etc., certainement de loin le territoire le plus peuplé avec 700.000 âmes - va tenter de faire avaler à l’ex-parti présidentiel. C’est l’affaire du sextape Mimi ou « MimiGate » (du nom d’une assistante clivante du gouverneur, Mimie Mathy Muyita Ankieta) dont d’aucuns croient voir un piège politique tendu à Matadi au jeune vice-gouverneur Yombe, Justin Luemba Makoso qui ouvre des oppor-
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tunités. Aussitôt la vidéo virale éclatée sur les réseaux sociaux, tout le leadership FCC-PPRD monte au créneau, cogne communiqué sur communiqué, court plus vite que le vent, «retire sa confiance» au duo de l’exécutif provincial, appelle le Président de la République - s’il ne lui intime pas l’ordre - de prendre acte de cette déchéance morale publique. Car ils n’attendaient que ça. Les mots sont durs, très durs ce 30 août 2019. Le lendemain 1er septembre, la déclaration de presse est une déclaration de guerre. Elle emprunte ailleurs les éléments de langage. Elle frappe fort, parle d’indignité, (suite en page 8).
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Atou reprend du poil de la bête (suite de la page 7). d’immoralité, d’anti-valeurs «auxquelles l’Autorité Morale du FCC est foncièrement opposée», puis, last but not least, d’un «ordre intimé de démission sans délai» adressé au duo gouvernoral, invoquant une légitimité, une «réunion de la conférence des présidents des partis et regroupements politiques du FCC». «MATOU», L’HOMME À LA MANŒUVRE... À Matadi, on prend peur. La ville ne s’y était pas préparée. Pour éloigner l’ogre, on précipite des embrassades publiques entre le gouverneur et son vice; on déclare haut et fort vouloir passer l’éponge, engagés tous les deux au maintien du cap de la province en faisant revivre entente et cohésion historiques ayant notamment conduit un homme de l’Est à passer à un homme de l’Ouest, Joseph Kasavubu, le flambeau de l’ABAKO, qu’importe ! Le PPRD-FCC n’en a cure. Décision déterminée est prise d’en découdre avec au moins le titulaire de l’exécutif. De lui briser les couilles... L’homme à la manœuvre n’est autre que l’ex-opposant anti-Kabila, le célèbre radiologue du
13, rue Dibaya, commune de Kasavubu, le président de l’Assemblée provinciale PierreAnatole Matusila Malungeni Ne Kongo. Cet imageriste qui dirigea un mouvement des laïcs catholiques aux ordres du clergé et dont la première véritable entrée en politique datée de 2006 comme candidat Président de la République fut marquée par un affaissement au bas de son micro au moment où il allait prendre la parole, mitraillé par une crise inconnue, avait pris congé de la politique quand il fut évacué vers un centre médical dans une ambiance de fin du monde. Le choc était tel que le médecin qui a tenté depuis de s’arriver sur les rives Yombe en tentant de reprendre à son compte l’appellation ABACO et en s’affublant le prestigieux prénom Ne Kongo, n’avait jamais communiqué sur cette attaque perpétrée à la Place YMCA, là d’où partit le mouvement de l’Indépendance avec à la tête le Ne Kongo «Mbuta Kasavubu». Pour Matusila, le débat électoral et politique était clos... C’est pourtant entre les mains de ce radiologue Muntandu que se joue désormais le sort du gouverneur Mundimbu après qu’il a reçu en appui et en renfort le 22 septembre pour une se-
maine une forte délégation officielle dépêchée depuis Kinshasa par le PPRD-FCC conduite par un jeune député Constant Mutamba Tungunga qui n’a pas sa langue dans sa poche et dont le côté vestimentaire tissus kaki vert militaire a valeur, voulant étrangement ressembler à son modèle au propre comme au figuré, l’ancien Président de la République. L’annonce en fut faite, avec toute la solennité d’État, de Pouvoir en majuscules qu’affectionne l’ex-parti présidentiel, par le chef de l’exécutif du très puissant regroupement politique, l’ex-directeur de cabinet du président de la République honoraire, Néhémie Wilanya Wilondja. Objet de la mission publiquement déclaré : «s’enquérir de la situation politique du gouvernorat du Kongo Central». Tiens ! Carrément ! C’est pourtant ce gouverneur Atou qui, selon toutes les sources, dans le souci de resserrer les liens de la province, face aux velléités de séparatisme, qui fit la proposition à cet homme à la chevelure très tôt blanchie - signe apparent de sagesse - de prendre le marteau de l’organe délibérant. N’ayant obtenu aucun résultat après l’appel à la «démission immédiate» et la grosse
claque réservée à Matadi à ses missi dominici, le PPRD-FCC va activer le mécanisme de passage en force via des élus stipendiés convoqués cette fois dans la capitale. Sauf que le retour vers la ville de la roche, le jour du débat parlementaire, ne se fait pas sans peine. La nationale n°1 est hérissée de vertueux manifestants, de dénonciations de corruption, d’obstacles dressés par le peuple Ne Kongo au point où des députés se mettent à s’interroger si le jeu en valait la chandelle. Entre-temps, après un début de plénière chahuté suivi de crépitement de balles, Matusila suspend - «pour quatre minutes chrono», précise-t-il - la séance mais c’est pour la délocaliser dans une chambre d’hôtel, propriété d’un député, ce qui aggrave le cas, aux dires de certaines dispositions du règlement intérieur de l’organe délibérant. Dans cette chambre de Bilolo Flavor, Matusila bien traité, n’a invité qu’une poignée d’élus de son obédience associés, sélectionnés, triés sur le volet quand d’autres naïvement attendaient à l’hémicycle la reprise de la plénière. C’est dans cet hôtel que la destitution du gouverneur commandée et bouclée à Kinshasa, a été votée ! Comme on pouvait s’y attendre, s’ensuit, à
l’annonce de ce vote, un lever de boucliers précurseur d’une montée de sympathie pour le gouverneur harcelé par des officines de Kinshasa. Plus les jours passent, plus sur cette roche de Matadi, les digues PPRD-FCC cèdent consolidant les positions d’Atou, depuis toujours en place et que clairement rien ni personne à ce jour ne paraît inquiéter. À Kin, dans des cercles restreints PPRD-FCC, le niveau de tension a grimpé de plusieurs niveaux. LES NE KONGO DERRIÈRE LEUR FILS. Matusila a déserté la roche, a regagné Kinshasa, confiné dans sa villa de Mont-Ngafula sur les hauteurs de la capitale. Dans la ville basse, il a réactivé son centre de radiologie qui lui a fait traverser les années de braise, invoquant COVID-19 et état d’urgence. Il a refusé de refaire le chemin retour pour clôturer la session qu’il avait lui-même ouverte en mars mais a fait lire un communiqué de presse prévu dans aucun cas de figure sauf peut-être dans un cas de force majeure, un état de guerre. Désormais, comme un seul homme, le Kongo Central s’est agglutiné derrière son fils via ses élus. Dans ce pays
connu de résilience et de résistants anti-Kinshasa, la popularité d’Atou est sur le toit. À chacune de ses sorties, c’est une foule immense qui l’accueille et l’acclame. La province de « Nani Nduna ? Mwana Wa Nani ? Kue katukidi? » dit avoir prononcé sinon légalement du moins politiquement, donc légitimement, la déchéance de celui qu’elle soupçonne représenter des intérêts occultes, des intérêts de ces étrangers qu’elle réprouve. Cet homme a repris du poil de la bête, incarne le nouveau roi du pays Ne Kongo, fier de lui, libre d’esprit, pays de Kimbangu, d’un truculent mystico-religieux Ne Muanda Nsemi qui garde l’œil ouvert, qui n’a jamais cessé de détester Kinshasa pour l’humiliation que la ville a fait subir à son « Mbuta Muntu », le premier président du pays Joseph Kasavubu mais qui témoigne d’un vif regain de sympathie envers le nouveau vent qui souffle sur Kinshasa depuis que le Président de la République Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo a proclamé héros national cet homme «longtemps injustement mis dans les oubliettes de l’histoire politique nationale, depuis que des non-Lumumbistes ont repris le pouvoir». T. MATOTU n
Il terrasse le FCC et le laisse en sang
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ls ont appartenu à une même mouvance politique. Mais le gouverneur de la province du Kongo Central Atou Matubuana Nkuluki et le président de l’Assemblée provinciale Pierre Anatole Matusila Malungeni Ne Kongo pourraient, s’ils se croisaient dans la rue, ne pas se regarder dans le blanc de l’œil. Cette province
dont la capitale est la ville portuaire érigée sur une roche, Matadi, est plongée depuis septembre 2019 dans une crise politique aiguë. ENTRETENUE DANS DES OFFICINES KINOISES. Si cette crise s’éternise, c’est signe qu’elle est entretenue dans la Capitale dans des officines politiques.
C’est le fauteuil du gouverneur Atou Matubuana Nkuluki qui est visé. Mais l’absence de connaissance des forces sociologiques et donc politiques d’une province connue pour sa combativité, sa capacité de résilience, sa résistance à la corruption et à la compromission, au double langage, a souvent été à la base d’échecs politiques enregistrés dans ce
qui fut le Bas-Zaïre, puis le Bas-Congo avant que les Ne Kongo n’adoptent l’appellation séculaire de Kongo (avec K) Central resté indivisible quand d’autres provinces se disloquaient... Selon des observateurs avertis, cette crise est surtout une crise d’une institution, l’organe délibérant provincial. À la base : des relations exécrables entre
le président de l’assemblée provinciale - un radiologue de renom, un Muntandu de Madimba (Lukaya), Pierre Anatole Matusila Malungeni Ne Kongo - et le gouverneur de province, un Mundimbu de MbanzaNgungu (Cataractes), Atou Matubuana Nkuluki. Les deux hommes étaient pourtant faits pour s’entendre dans une pro-
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vince restée intacte face à ces saillies séparatistes qui ont conduit toutes les autres provinces au dépeçage afin que certes le pouvoir se rapproche de la base mais aussi pour que l’élite locale clivante y trouve sa place. «Atou» et «Matou» sont inscrits sur une même plate-forme politique, le Front commun pour (suite en page 9).
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La force d’un duo sociologique consensuel (suite de la page 8). le Congo, FCC, dont le chef est l’ancien président de la République Joseph Kabila Kabange, viennent d’un nouvel attelage provincial plus consensuel, plus participatif, incarnant mieux les spécificités ethniques locales. Ancien de l’ARC, «Atou» qui a adhéré au PPRD a même été investi fin septembre 2018 patron provincial (secrétaire exécutif provincial) de ce parti hier présidentiel à la veille de la présidentielle afin qu’il appuie le dauphin désigné, Emmanuel Ramazine Shadari... Longtemps voire trop longtemps, aux dires de certains, la province fut placée sous le leadership de l’ethnie Yombe issue du Bas-Fleuve (Boma, Lukula, Seke Banza, Tshela) avec les gouverneurs Joseph Mbenza Thubi, Simon Floribert Mbatshi Mbatshia et Jacques Mbadu Nsitu di Mavungu et dont les plus illustres noms sont le premier président de la République Joseph Kasavubu, le premier gouverneur de la ville de Léopoldville (Kinshasa) Daniel Kanza, l’ancien ministre des Affaires étrangères Jean-Théodore Umba-di-Lutete, le directeur de cabinet de Mobutu, Me José-Patrick Nimy Mayidika Ngimbi et, récemment. L’avant dernier duo de l’Exécutif provincial a donc dû obéir à cette même logique : un Yombe du Bas-Fleuve Jacques Mbadu Nsitu di Mavungu et un adjoint, Atou Matubuana Nkuluki, issu des Cataractes, pays Ndimbu dont la grande ville est Matadi avec les cités de Luozi, Mbanza Ngungu, Songololo. C’est au décès de Mbadu le 19 juillet 2018 avec un héritage contesté, que l’élite provinciale se résout, lors des élections de décembre 2018-janvier 2019, de porter à la tête de l’Exécutif, son adjoint Atou Matubuana qui venait d’assumer avec brio l’intérim de son titulaire, avec néanmoins un adjoint Yombe pour le ticket, le jeune élu Justin
Regain de popularité du gouverneur Atou dont l’escorte est bloquée à Mvuadu à la sortie de Matadi. DR. Luemba Makoso. Selon des indiscrétions c’est Atou Matubuana qui surprend le célèbre cardiologue Muntandu installé dans la capitale au 13, rue de Dibaya, dans la commune de Kasavubu, élu de Madimba, dans la Lukaya avec comme cités Kisantu, Kasangulu et Kinvula, en lui proposant le poste au marteau de l’organe délibérant. Ce qui arriva le 11 mars 2019 lorsque le cardiologue fut élu président de l’Assemblée provinciale. IL FAIT MORDRE LA POUSSIÈRE AU FCC. Sauf que si, sur papier, «Matou» et «Atou» sont inscrits sur les listes du FCC, le gouverneur admis candidat indé-
pendant et élu, avait dû ferrailler à l’élection de gouverneur, avec un candidat publiquement soutenu par la plate-forme de l’ex-président. Mbatshi Mbatshia fut laissé sur le carreau (26 voix contre 12). Or, Mbatshi Mbatshia est un membre influent de l’exparti présidentiel PPRD. Ce parti, dont l’animateur principal, le candidat malheureux à la présidentielle de novembre 2018 Emmanuel Ramazani Shadari qui joue des muscles et porte le surnom bien trempé de «coup sur coup», n’a jamais avalé cette couleuvre ni n’en a voulu en avaler d’autres que tentera plus tard de lui faire avaler «un gouverneur incontrôlable», qui aurait «activement concouru au
fiasco du dauphin présidentiel». Mais le leadership des clans Yombe et Ndimbu ou Besingombe («hommes vaillants, intègres, et clairvoyants» des Cataractes) dans une société ethnique Ne Kongo très ancrée à son histoire et à son appartenance héroïque, s’explique par la puissance économique de ces peuples. S’il est le territoire phare, le plus peuplé (700.000 habitants suivi de celui de Tshela, 500.000 âmes) avec des noms connus tels Dokolo (Augustin Sanu), Ndombasi (Oscar Zikumvala), Kisombe (Kiaku Mwisi), Diomi (Gaston Ndongala Mudietu), Ledya (Jean Lengo-dia-Ndinga), Kiakwama (Gilbert Kia Kiziki), Lungwana, Déo
Nkusu, Ne Muanda Nsemi etc., le Bas-Fleuve avec ses territoires de Tshela, Muanda, Boma, Matadi, etc., ne compte pas moins de poids lourds. Il faut saluer l’idée politiquement louable du gouverneur Atou d’un partage «équitable et équilibré» du pouvoir permettant aux quatre principales ethnies Ntandu, Ndimbu, Nianga, Yombe - chacune très fortement identifiée sociologiquement et politiquement, de «gérer ensemble» le Kongo Central. Selon des indiscrétions, ces relations exécrables à la tête de la province entre l’exécutif et l’organe délibérant trouvent aussi leurs fondements dans le refus pour le gou-
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verneur de réserver dans son gouvernement un poste ministériel au parti du président de l’Assemblée provinciale. Si Atou a pris l’option de confier ce ministère à un Muntandu ressortissant de la Lukaya, il a décidé de le confier à un membre du parti présidentiel UDPS de la plateforme présidentielle CACH. Des mois plus tard depuis le retentissant scandale du sextape viral de Mimi Mathy Muyita Ankieta - dont certains croient voir un piège tendu par le gouverneur à son jeune adjoint, ce qu’il nie avec force - le calumet de la paix paraît loin de pouvoir être fumé. Le président de l’organe délibérant a déserté de la ville de la roche il y a sept mois et s’est installé à Kinshasa prenant prétexte de la crise de COVID-19 et la proclamation de l’état d’urgence refusant d’obtempérer aux multiples messages de l’autorité administrative nationale compétente, à savoir, le ministère de l’Intérieur qu’il ne reconnaît pas. C’est la guerre à fleurets mouchetés CACH-FCC qui se reporte en grandeur nature à Matadi. Il reste que Matusila a, par communiqué de presse, «prononcé la clôture» de la session de mars 2020. Sauf que cette procédure n’est prévue par aucun texte de loi en vigueur outre qu’il a été lu par un rapporteur contesté. Matusila lui-même est sous le coup d’une motion de défiance et cette «clôture cavalière de session» aggrave le cas, une majorité d’élus a, depuis, retiré sa confiance à ce chairperson. Pour l’histoire, partant d’éléments officiels consultés, Le Soft International retrace les étapes les plus cruciales d’une crise politique émaillée d’irrégularités, déclenchée par une plénière secrète délocalisée tenue dans un établissement hôtelier, propriété d’un élu, ce qui est formellement interdit par le règlement intérieur de (suite en page 10).
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À la peine l’Assemblée
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l’assemblée provinciale. La crise politique au Kongo Central a pris corps à la suite d’une correspondance du président de l’assemblée provinciale Pierre Anatole Matusila Malungeni Ne Kongo (n°0416/APKC/AMPN. CNK/2019 du 31 août 2019) adressée au président de la République, sans consulter le bureau de l’assemblée provinciale en violation de l’article 28 du règlement intérieur de l’organe délibérant. Cet acte a soulevé un tollé au sein de la majorité des députés. En réaction, les élus rejettent à l’unanimité le réquisitoire du procureur général près la Cour de cassation et mettent fin, par un vote, aux poursuites contre le gouverneur, dans l’affaire du sextape mettant en scène son vice-gouverneur, et cela met en furie le président de l’organe délibérant. Non content du message officiel du vicepremier en charge de l’Intérieur (n°25/CAB/ VPM/MINITERSECAC/ GKM/0270/2019 du 29/11/2019) mettant fin à l’intérim du gouverneur et autorisant la reprise des fonctions du gouverneur et du vicegouverneur, le président Pierre Anatole Matusila Malungeni Ne Kongo actionne une démarche constante de déstabilisation en posant des actes passant outre le règlement intérieur de l’organe délibérant, voire des actes infractionnels au regard du Code pénal congolais. IRRÉGULARITÉS COMME S’IL EN PLEUVAIT. Le président de l’Assemblée provinciale, sans réunir au préalable son bureau, ainsi que le prévoit le règlement intérieur, sort des placards une vielle procédure qu’il tente maladroitement de réchauffer. Il adresse au gouverneur une lettre (n°0500/ AP/KC/PAM/ PN/CNK/2019 du 2/12/2019), lui transmet le texte d’une motion de défiance mais celle-ci datée du 24 septembre
Matadi, ville portuaire congolaise,immeuble siège du gouvernement de la province du Kongo Central. DR. 2019, déposée le 30 septembre 2019 par le député André Masumbu Baya, est activée à la plénière du 4 décembre 2019... Voulant couvrir cette irrégularité flagrante, qui met à la peine l’organe délibérant, Matusila convoque, le même 2 décembre 2019, le bureau, lui fait part de son courrier au gouverneur, alors que les membres étaient déjà au courant de cette lettre par les réseaux sociaux. Tous s’opposent à une démarche d’usurpation du pouvoir par le président. Selon l’article 28 du règlement intérieur de l’organe délibérant, c’est le bureau qui assure la direction et le fonctionnement de l’Assemblée Provinciale et statue par voie de décision. Le projet d’ordre du jour à soumettre à la plénière doit être fixé par le bureau, non par un seul individu. Selon l’article 41 de la loi portant principes fondamentaux relatifs à la libre administration des provinces, une motion ne doit être débattue et votée que dans les 48 heures de son dépôt. A défaut, elle devient caduque. Celle-ci étant déposée le 30 septembre 2019, comment a-t-elle pu être débattue le 4 décembre 2019? Au vu de ces violations flagrantes, les membres majoritaires du bureau (rapporteur, rappor-
teur adjoint, questeur) adressent au président de l’organe délibérant un courrier à la même date du 2 décembre 2019, dénoncent ces irrégularités, fustigent une usurpation du pouvoir. Ils rappellent au passage deux autres motions au placard, l’une contre le président initiée par le député Alphonse Nkongo Bamvangila. , l’autre contre le viceprésident du bureau, jamais programmées. Par un courrier (n°0492/ AP/KC/PAM.PN/ CNK/2019 du même 2 décembre 2019), Matusila modifie l’ordre modifie le projet d’ordre du jour, y intègre la motion déposée à sa charge. Le 3 décembre 2019, les membres majoritaires du bureau adressent un courrier au gouverneur, lui demandant de ne pas prendre en compte le courrier du président en rapport avec la motion de défiance. Le 4 décembre 2019, jour de la plénière, le rapporteur, invité à faire l’appel nominal, fait état du retour d’office à l’hémicycle de deux députés, Pauline Mvibudulu Kulutikisa et Serge Kwebena Ntanda, après cessation, à la date du 3 décembre 2019, de leurs fonctions de ministre provincial. Le président refuse de faire droit à cet acte de retour, sans formalités, à l’hémicycle.
Convié à donner lecture du projet de l’ordre du jour, le rapporteur fait état du fait que le bureau n’a jamais siégé et statué sur la question. Une motion de procédure est alors présentée par un habitué des travées parlementaires, le député Jean-Claude Mvuemba Luzamba, demandant au bureau de se retirer en vue d’harmoniser sur l’ordre du jour et de revenir à la plénière avec un projet d’ordre du jour régulier. Refus du président qui rejette toute possibilité de mettre aux voix la motion, ainsi que la procédure le prévoit (article 70 du règlement intérieur). La moutarde se met à monter au nez. Des députés sont en colère. Mais Matusila tient à sa ligne. Il a décidé un passage en force. Dans la salle, la plénière vire à l’électricité. Et, déjà, on entend des crépitements de coups de balles. C’est le garde du corps cagoulé du président de l’assemblée provinciale qui tire. On saura plus tard le nom de l’agent : un policier de la PNC, du nom de Georges Matusila (à en croire une note de renseignements de l’Agence Nationale des Renseignements du Kongo Central, lettre n°05/42/00/DP/ANR/ DSI/KC./1021/2019 datée du 10 décembre
2019 consultée par Le Soft International). Réaction immédiate de la garde du gouverneur qui évacue pour des raisons évidentes de sécurité, le gouverneur de province. Face à cette tension, le vice-premier ministre en charge de l’Intérieur ordonne, toutes affaires cessantes, par message officiel (n°25/CAB/ VPM/MININTERSECAC/GKM 0277/2019 du 4 décembre), la descente à Kinshasa pour consultation des deux protagonistes, gouverneur, président de l’Assemblée provinciale, celui-ci accompagné de tous les membres de son bureau. Une réunion urgente du conseil de sécurité provincial, au vu du message officiel du vice-premier ministre, instruit le président de l’Assemblée provinciale d’obtempérer à la hiérarchie. Mais le président de l’Assemblée qui avait suspendu la plénière à l’hémicycle «pour quatre minutes», n’y est plus y retourné. Les députés restés dans l’enceinte de l’Assemblée provinciale, constatant la non-reprise de la plénière, font, à la même date et au même lieu, une déclaration constant la non reprise de la plénière. À en croire un rapport de la Division provinciale en charge des relations avec l’organe délibérant
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consulté par Le Soft International, «devant cet imbroglio, le Président de la séance avait décidé de suspendre les travaux pendant quelques minutes, il sied de signaler que la reprise des travaux n’avait pas eu lieu». Par la suite, aussi curieux que cela paraisse, 24 députés sortir de la plénière, se retrouver à l’Hôtel Bilolo Flavor et prétendre avoir adopté la motion de défiance contre le gouverneur de province. Selon des indiscrétions des milieux proches du dossier notamment une note fuitée de l’ANRKongo Central datée du 10 décembre 2019, ces «vingt-quatre députés provinciaux dont le président et son vice-président se sont réunis à l’insu des 17 autres députés restés dans l’enceinte de l’hémicycle». Selon des constitutionnalistes, il y a inexistence de plénière après sa délocalisation à l’hôtel Bilolo Flavor, impossibilité d’adoption d’une motion pour les raisons ci-après : la suspension des activités par le message officiel (n°25/CAB/ VPM/MININTERSECAC/GKM 0277/2019 du 4 décembre 2019 du vice-premier ministre de l’Intérieur, Sécurité et Affaires Coutumières) ordonnant, toutes affaires cessantes, la descente à Kinshasa des protagonistes de cette crise, gouverneur de Province, président de l’Assemblée provinciale, tous les membres du bureau de l’organe délibérant; instruction du conseil provincial de sécurité en exécution de l’instruction du vice-premier ministre d’arrêter la plénière, ce qui fut fait; inexistence d’une décision de délocalisation prise par le bureau (art. 5 al. 3 du règlement intérieur), cette disposition prévoyant une décision de délocalisation préalable du bureau; impossibilité de prendre une décision (art. 64, al. 1 du règlement intérieur) qui ne valide que des décisions prises par au moins deux tiers des députés présents, soit 27. Or, à Bilolo Flavor, seuls 22 députés (suite en page 11).
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Irrégularités sur irrégularités
Matadi, ville portuaire congolaise, siège de l’Assemblée provinciale du Kongo Central abîmée lors des échauffourées ayant opposé les députés entre eux. DR. (suite de la page 10). étaient présents parmi lesquels deux avaient perdu la qualité de député. Outre cela, violation de l’article 99 de la Constitution du fait que le gouverneur n’avait pas été invité à l’Hôtel Bilolo Flavor pour présenter ses moyens de défense et, last but not least, violation de l’art. 32 al. 3 du règlement intérieur après que le président du bureau eût signé seul, sans le rapporteur, le procès-verbal de la plénière du 4 décembre 2019. Le gouverneur n’a pas estimé devoir attaquer en justice ce procès-verbal de destitution suite à son inexistence en droit invoquant le fait que l’acte inexistant ne peut produire aucun effet juridique dès lors qu’il est nul et de nul effet. L’INVALIDATION DU DÉPUTÉ JOSEPH NSALAMBI. En dépit du message officiel du vice-premier ministre Gilbert Kankonde Malamba, le président Anatole Matusila, sans réunir préalablement le bureau pour décider du projet de l’ordre du jour à soumettre à la plénière, convoque d’autorité une autre plénière le 23 décembre 2019 avec à l’ordre du jour, l’examen du dossier de démission d’un député, Joseph Nsalambi alors que le courrier querellé attribué à cet élu, était attaqué au parquet général près la cour d’Appel de Matadi
pour faux en écritures (RMP 1093/D.052/ PG080/2019/KAB). À cette plénière, Matusila fait participer à nouveau, les anciens députés Célestin Lusiama et Prospère Mvunzi qui n’avaient plus qualité de député du fait du retour à l’Assemblée de Pauline Mvibudulu et Serge Kwebena Ntanda. Or, à l’Hôtel Bilolo Flavor, il n’y avait que 20 députés, dont 2 ayant déjà perdu la qualité de Député Provincial ; Et, à cette plénière du 23 décembre 2019, le président de l’Assemblée provinciale signe un procès-verbal faisant état du vote par 22 députés de l’invalidation du député rapporteur Joseph Nsalambi Ngabankita. Un faux en écriture. L’ÉLECTION DU RAPPORTEUR PAPY MAMBO. Malgré le message officiel du vice-premier ministre Kankonde, le président Pierre Anatole Matusila Malungeni Ne Kongo sans convoquer préalablement le bureau pour décider du projet d’ordre du jour à soumettre à la plénière, réunit une autre plénière le 27 décembre 2019 avec comme point à l’ordre du jour, l’élection d’un rapporteur au bureau de l’Assemblée provinciale. À la même plénière, une fois de plus, les deux personnes, Célestin Lusiama et Prospère Mvunzi, qui avaient cessé d’être députés, sont dans la
salle et prennent part au vote. À cette plénière, à nouveau, on compte légalement 20 députés, les deux autres ayant déjà perdu la qualité de député. Le président Matusila signe, malgré tout, à nouveau un procès-verbal de cette plénière du 27 décembre 2019 faisant état du vote de 22 députés avec Mambo Luamba comme rapporteur. DESTITUTION ET LEVÉE DES IMMUNITÉS. Malgré le message officiel sus-évoqué du vice-premier ministre, le président de l’Assemblée provinciale, sans convoquer préalablement le bureau, réunit le 30 décembre 2019 une plénière avec à l’ordre du jour levée des immunités de certains députés et destitution de deux membres du bureau, le rapporteur Adjoint Billy Ntunga et le questeur Laurianne Nzolani. À cette plénière, à nouveau, MM. Célestin Lusiama et Prospère Mvunzi prennent part et votent. Il y a violation manifeste de l’art. 123 du Code pénal congolais qui prévoit et punit l’infraction d’usurpation des fonctions publiques, en ce que ces deux personnes ont continué à poser des actes reconnus aux seuls députés alors que légalement ils avaient cessé de faire partie de l’assemblée. Qu’importe ! Le président signe, suite à cette prétendue plénière du 30
décembre 2019, le procès-verbal faisant état du vote par 22 députés de la levée des immunités des députés Didier Nkongo, Valérie Malonda, Blaise Lufua et la destitution du bureau des députés Billy Ntunga et Laurianne Nzolani. Le Conseil provincial de sécurité ayant instruit le président de l’Assemblée provinciale d’exécuter le message officiel du vice-premier ministre du 4 décembre 2019, et ce message ayant, du coup, suspendu les plénières, tous les actes posés par Matusila avec le concours de certains députés réunis dans une chambre d’hôtel à Matadi, sont des actes privés. L’ARRÊT RENDU EN INTERPRÉTATION DE L’ARTICLE 147. Il faut noter que par voie de citation directe, la députée Pauline Mvibudulu Kulutikisa a esté devant le tribunal de paix de Matadi (RP 16.598/ CD), pour usurpation des fonctions publiques, faux en écritures et, en conséquence, paiement des dommages-intérêts ainsi que destruction des procès-verbaux des plénières des 4, 23 et 27 décembre 2019, contre M. Célestin Lusiama Mulumbu. DESTRUCTION DES PROCÈS-VERBAUX. Au premier degré, le tribunal de paix de Matadi (RP 16.598/CD) a, le 30 janvier 2020, condamné Célestin
Lusiama Mulumbu à 12 mois de servitude pénale pour faux en écritures et usurpation des fonctions publiques, paiement des dommages-intérêts de 8.000.000 CDF en faveur de la députée Pauline Mvibudulu Kulutikisa ainsi qu’à la destruction des procès-verbaux des plénières des 4, 23 et 27 décembre 2019 de l’Hôtel Bilolo Flavor. Au second degré, le tribunal de grande instance de Matadi (RPA 1346/RP 16.598/CD) au vu de l’acte de désistement d’appel du 5 mars 2020 de Célestin Lusiama Mulumbu, prend acte de ce désistement et met fin à l’instance. En cassation, la Cour (RP 1378) au vu d’un autre acte de désistement de pourvoi du 13 mars 2020 du même Célestin Lusiama Mulumbu, prend acte et met fin à l’instance. En conséquence, le 29 mai 2020, à la diligence de la partie civile Pauline Mvibudulu Kulutikisa, le Greffe du tribunal de paix, sur base de l’arrêt de la cour de cassation ayant rendu le jugement du tribunal de paix irrévocable, et en application de l’article 109 du code de procédure pénale, s’est transporté au siège de l’Assemblée provinciale du Kongo Central et a détruit tous les procèsverbaux sus-évoqués. Avec la destruction des procès-verbaux, désormais, tout débat sur la déchéance du Gouverneur du Kongo Central est clos, puisque son acte
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de déchéance n’existe plus. L’ARRÊT EN INTERPRÉTATION DE L’ARTICLE 147. Contrairement à ce que veulent faire croire certains, mus par l’intention malveillante de créer la confusion et de provoquer des troubles sociaux au sein de la population pour en tirer parti, l’Arrêt R.Const. 1171 n’appelle nullement (dans son dispositif, partie de l’arrêt qui contient la décision du juge) le gouverneur Atou Matubuana Nkuluki à présenter sa démission. Il s’agit, au contraire, d’un arrêt de principe qui s’est limité à interpréter l’art. 147 al. 2 de la Constitution pour l’information de de celui qui avait sollicité cet avis. La notification de cet arrêt au gouverneur ne l’a été qu’à titre d’information de l’interprétation de la Cour Constitutionnelle. Les articles 36 et 37 du règlement intérieur de la Haute Cour disposent que les arrêts pris en matière d’interprétation doivent être publiés au Journal Officiel et notifiés selon le cas, aux parties concernées, le Président de la République, le premier ministre, le président de l’Assemblée Nationale, le président du Sénat, les gouverneurs des provinces ainsi que les présidents des Assemblées provinciales. En clair, à ce jour, Atou Matubuana Nkuluki est (suite en page 12).
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Crise au Kongo Central
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L’Assemblée retire sa confiance à son président (suite de la page 11).
Depuis Kinshasa, déclaration politique sur déclaration politique ne modifie aucun rapport de forces. DR.
Atou Matubuana vent debout. En dépit de tout. DR.
tous, «erga omnes», d’après le principe d’airain de droit. Ainsi donc, la déchéance vantée est considérée comme n’avoir jamais été votée. D’ailleurs, la séparation des pouvoirs prévue dans la Constitution de la République commande qu’aucune autre institution de la République ne peut contester une décision judiciaire devenue irrévocable car ayant l’autorité absolue de la chose jugée à l’égard des parties et des tiers.
de l’arrêt Cons. 1171 de la Cour constitutionnelle. Dans l’hypothèse où le gouverneur aurait dû intenter une action judiciaire, le délai pour ce faire courrait jusqu’au 4 juin 2020 à dater de l’adoption de la prétendue motion de déchéance votée contre lui, suivant le procès-verbal de la prétendue plénière du 4 décembre 2019. Or, le 29 mai 2020, fort de l’Arrêt RP 1378 de la cour de cassation, ce procèsverbal ayant constaté sa prétendue déchéance a été détruit en exécution du jugement RP 16.598/ CD du tribunal de paix de Matadi. Ce jugement pénal, devenu irrévocable, est opposable à
LE RETRAIT DE CONFIANCE DU PRÉSIDENT. Par son message officiel n°25/CAB/VPM/ MINITERTECAC/ GKM/079/2020 du 17 juin 2020, le vice-premier ministre en charge de l’Intérieur invite les assemblées provinciales à la reprise des plénières, après concertation entre les bureaux et les gouvernements provinciaux. En exécution, par sa lettre n°BIS/CAB. GOUV/KC/0916/2020 du 18 juin 2020, le gouverneur Atou Matubuana Nkuluki saisit, par courrier, le président de l’Assemblée provinciale du Kongo Central pour se mettre à sa disposi-
(suite de la page 11). et reste légalement gouverneur de la province du Kongo Central dès lors qu’il ne se trouve pas dans le contexte de cette interprétation à la suite de la destruction des procès-verbaux par le greffe du tribunal de paix, après l’arrêt de la cour de cassation. DE L’ABSENCE DE RECOURS JUDICIAIRE. C’est à croire que c’est dans l’unique intention de nuire que certains opinent qu’en l’absence d’un recours judiciaire introduit par le gouverneur, celui-ci doit démissionner à la suite
tion. Mais ce dernier n’y réserve aucune suite et poursuit son séjour de 7 mois dans la capitale Kinshasa refusant de convoquer les plénières et les réunions du bureau. Mais le 29 juin 2020, c’est par communiqué signé à partir de Kinshasa, lu par le député Papy Mambo Luamba, que le président de l’Assemblée provinciale du Kongo Central, annonce la clôture de la session ordinaire de mars 2020. Matusila a mis le feu aux poudres. Dans un mémorandum adressé au Président de la République, à la présidente de l’Assemblée Nationale, au président du Sénat, au premier ministre et au vice-premier ministre en charge de l’Intérieur, un groupe majoritaire, 25 au total, des membres du bureau et des députés provinciaux du Kongo Central, rejettent en bloc ce communiqué. Ces députés reprochent à leur président d’avoir refusé de convoquer les plénières et, du coup, d’avoir empêché les travaux parlementaires en violation à l’instruction des autorités centrales adressée aux présidents des assemblées provinciales de procéder à la reprise des plénières et
des travaux parlementaires en vue de vider les matières législatives urgentes et de participer à la lutte contre la crise du nouveau coronavirus. Outre le fait que ce communiqué a été lu par un député n’ayant pas qualité dès lors que le procès-verbal de son élection comme rapporteur a été détruit pour faux en écriture par le tribunal de paix de Matadi replaçant à la fonction son collègue Joseph Nsalambi Ngabankita, il est publiquement dénoncé un leadership conflictuel du président de l’assemblée provinciale, à en juger par les actions judiciaires et administratives initiées par lui contre la majeure partie de ses collègues, son manque d’éthique, le faux en écritures, sa mauvaise gestion, notamment, le détournement des émoluments de certains députés en tête ceux dont il persiste à contester le retour automatique par le fait de la loi, en dépit du jugement pénal irrévocable (RP 16.598/CD). À l’unanimité, ces 25 députés provinciaux ont déclaré avoir retiré leur confiance au président de l’Assemblée provinciale et l’ont appelé à démissionner dans l’immédiat.
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À défaut de le faire, ils promettent d’user de toutes les voies légales pour acter sa déchéance. Mis d’office en congé du fait de la fermeture de l’Assemblée provinciale, ces députés majoritaires réaffirment leur volonté et celle du peuple Ne Kongo de dialoguer sincèrement en vue de trouver les voies et moyens pour la sortie de cette crise qui sévit au Kongo Central, qui serait, selon ce groupe, entretenue par «certaines personnalités identifiables» en direction desquelles ces députés lancent un appel à la cohésion en vue du redécollage économique de la province. Quand des élites rêvent du dépeçage du pays Ne Kongo en trois provinces (Embouchure pays Yombe avec capitale Boma, Cataractes pays Ndibu avec capitale Mbanza Ngungu, Lukaya pays Ntandu avec capitale Kisantu) afin que chacun trouve, au sein de sa tribu rassemblée, un maroquin, l’appel pathétique des députés provinciaux du Kongo Central semble être la seule façon de tenter encore de laisser intact ce pays légué par «Mbuta Muntu Kasavubu».
D. DADEI n
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Crise au Kongo Central
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Matou en rage interview
L
e Président de l’Assemblée provinciale du Kongo Central, Pierre Anatole Matusila Malungeni ne Kongo, n’arrête de séjourner dans la Capitale Kinshasa. Non pour répondre à la convocation de Gilbert Kankonde Malamba, le Vice-premier ministre en charge de l’Intérieur, précise-t-il d’entrée de jeu. «C’est par message phonique qu’il m’a convoqué, toutes affaires cessantes, mais quelle loi, quel article de la Constitution lui donne cette prérogative? C’est la loi qui régit un État de droit», fonce-t-il au Soft International. Vous séjournez à Kinshasa alors qu’on vous croyait en première ligne contre la Covid-19 au Kongo Central? Le président de l’Assemblée provinciale ne fait pas partie du comité de riposte contre la Covid-19. Il ne siège pas non plus au conseil de sécurité de la province contrairement au procureur général. Une situation que je n’arrive pas à m’expliquer. De toutes manières, j’ai écrit plusieurs tribunes sur le coronavirus dans la presse locale. Je constate que mes recommandations sont aujourd’hui appliquées par l’Etat sans que je ne sois associé ou approché par qui que ce soit. À Matadi, à Boma, etc., où la pandémie perce, la population vit dans la peur pour Covid-19. Au plan politique, tout est paralysé suite à des rapports exécrables entre vous et le gouverneur. On vous accuse de faire la politique de Kasa-Vubu, sapeur-pompier le
Le président de l’Assemblée provinciale Pierre Anatole Matusila Malungeni Ne Kongo. DR. jour, pyromane la nuit… gouverneurs se trouvant Je ne suis pas à l’origine dans des situations simide cette crise. C’est le laires. Moi, je ne fais que député André Masumbu solliciter l’interprétation Baya qui a initié, le 30 de la Cour constitutionseptembre 2019, une nelle sur l’article 147 motion de défiance alinéa 2 de la Constitucontre le gouverneur étition, appliqué, mutatis queté PPRD, Atou Matumutandis, aux membres buana Nkuluki, suite du gouvernement proà l’affaire «Mimigate», vincial et conformément du nom de cette dame à l’article 198 alinéa 9 Mimi Muyita Ankieta, de la constitution sur le assistante du gouverneur sort d’un gouverneur de qui a accusé de viol le province ayant fait l’objet vice-gouverneur Justin d’un vote d’une motion Luemba Makoso. À la de défiance, réputé séance plénière du 4 démissionnaire, mais décembre, le débat sur n’ayant ni démissionné la motion de défiance a ni introduit un recours abouti à la déchéance du judiciaire. Et la Cour a gouverneur. Vingt-quatre tranché, le 4 juin 2020, à députés sur les 41 qui travers le RC 1171, oblicomposent l’Assemblée geant le gouverneur à ont voté pour. Un Processer immédiatement cès-verbal d’adoption de d’exercer ses fonctions. la motion a été établi et Mais Atou Matubuana transmis au Président de continue de poser des la République. Atou Maactes gouvernementaux, tubuana devrait remettre en outrage à l’Assemblée sa démission au Prénationale. Ce qui met en sident de la République péril l’ordre public. dans les 24 heures. A ce jour, Atou Matubuana Que faites-vous dans la n’a ni déposé sa démisCapitale? Un rendezsion, ni formé un recours vous avec le Chef de judiciaire contre ce vote, l’État? comme l’ont fait d’autres J’ai tout fait pour ren-
contrer le Chef de l’État. Mais son environnement est très verrouillé. Je peux vous montrer des lettres notamment de demande d’audience que j’ai écrites, mais je n’ai rencontré que quelques conseillers. Je regrette que tous les amis de l’UDPS, ceux de ma génération, aient tous décédés. Du vivant d’Étienne Tshisekedi, la maison de Maman Marthe était notre maison commune. J’ai battu campagne pour le Président sans rien solliciter au Kongo Central. N’eut été mon poste de président de l’apostolat de laïc au Zaïre, j’aurais intégré l’UDPS. Nous sommes tous issus de l’opposition. L’UDPS est le seul parti qui a formé ses militants. (…) mais on va épauler le Chef de l’État. Un groupe de députés, ving-cinq au total, sollicite votre départ de la tête de l’Assemblée au motif que vous avez clôturé la session par un simple communiqué, qui a d’ailleurs été lu par un rapporteur destitué? Le rapporteur Papy Mambo Luamba Makoso n’a jamais été déchu de ses fonctions. Par ailleurs, on n’a pas siégé entre le 30 mars et le 30 juin. Ce n’est pas dans les médias qu’on sollicite le départ du président de l’Assemblée provinciale. Je déplore le silence du CSAC, le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication sur des injures à travers les médias sur ma personne. C’est par un communiqué que j’ai annoncé l’ouverture de la session. J’ai fait de même pour la clôture à cause de l’état d’urgence sanitaire. Je reste dans un cadre légal. La décision du Chef de
l’État sur l’état d’urgence et le confinement de la capitale annoncée la nuit était d’application dès le jour suivant. Sept présidents des Assemblées provinciales se sont retrouvés bloqués à Kinshasa. Ne peut déconfiner que celui qui a confiné. Il y a peu, le gouverneur déchu a derechef engagé l’État. On l’a vu lancer des travaux d’entretien de la route Kisantu-Ngidinga. Qui donne autant d’assurances au gouverneur Atou Matubuana Nkuluki au point de fouler au pied la décision de la Cour constitutionnelle? Ne me demandez pas de citer des noms. Je veux éviter des procès pour imputations dommageables. Le gouverneur déchu verse des libéralités à Kinshasa. C’est la loi qui régit un État de droit. Pourquoi en Ituri, au Kasaï central, à la Tshopo, etc., la crise institutionnelle s’est réglée par les textes des lois et, au Kongo central, ça dure depuis onze mois? Le 10 juin 2020, j’ai écrit au procureur général de la République près la Cour constitutionnelle pour demander l’exécution de l’arrêt de la Cour constitutionnelle. Le 17 juin, j’ai écrit au VPM en charge de l’Intérieur, Sécurité et Affaires coutumières, en sa qualité de chef de la Territoriale… en janvier 2020, le VPM et ministre de la Justice et Garde des sceaux a été éclairé sur la crise au Kongo central, rien n’a été fait. Toutes les autorités ont été mises en copie, le Président de la République, les présidents du Sénat et de l’Assemblée nationale, le Premier ministre, le ministre d’État en charge
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de la Décentralisation… l’administrateur général de l’ANR, le commissaire de la police nationale. Sans suite. Au contraire, le gouverneur s’est vengé sur l’Assemblée provinciale, pas un appui financier, et plus de 7 mois d’émoluments impayés. Tous les jours, je reçois des plaintes des députés. Et pourtant, l’on apprend que l’Assemblée provinciale a gelé le financement des travaux de construction du stade Lumumba? Le gouvernorat a perçu 6 millions de $US. Les travaux n’ont guère avancé. Le gouverneur a préféré résilié le contrat avec la société qui exécutait les travaux. Celle-ci a traduit la province en justice. La province a encore décaissé plus de 4 millions de $US suite aux poursuites judiciaires. La construction du stade Lumumba est devenu un fonds de commerce pour jouir des faveurs de l’opinion. L’Assemblée provinciale n’a plus le contrôle de l’Exécutif provincial qui a la mainmise sur les caisses du Kongo central. Avez-vous une piste politique de sortie de crise avant la prochaine rentrée parlementaire? La solution c’est le respect de la Constitution, des textes des lois. Veuton nous mener dans des palabres? Déchirons alors la Constitution! Je pense que Kinshasa doit s’imprégner des principes fondamentaux sur la libre administration des provinces. Le gouvernement central attise plus les crises en provinces qu’il n’en résout. Nous devons tous nous recycler. Nous devons retourner à l’école de la décentralisation. POLD LEVI MAWEJA n
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reconnaissance de la nation
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Félix Tshisekedi réhabilite Kasavubu, redonne aux Ne Kongo leur honneur perdu
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l a eu recours à quatre mots pas plus - pour frapper les cœurs des Congolais et particulièrement des Ne Kongo. D’abord: «Longtemps oublié». Ensuite : «Largement mérité». Qui est-ce? Joseph Kasavubu, le premier président du Congo «longtemps oublié» par l’Histoire, laissé dans les travées de celle-ci et dont l’honneur à lui reconnaître est pourtant «largement mérité», n’ayant pourtant guère démérité de la Nation, bien au contraire, du moins de l’avis de l’un de ses successeurs Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo. Que le Président de la République ait eu raison ou pas, seule l’Histoire avec le recul qu’elle permet, jugera. Reste que le discours présidentiel dans la nuit du 30 juin au 1er juillet 2020, a eu un réel retentissement dans la province dont une saillie touche la côte Atlantique, fait vibrer le Kongo Central et redonné leur honneur perdu aux Ne Kongo. Nul doute, le Chef de l’État a voulu frapper fort lors d’un anniversaire qui aurait pu être un grand événement n’eut été la crise planétaire de Covid-19. Il était question que le Roi des Belges Philippe rehausse de sa présence cette date et c’est certainement dans la Capitale que le monarque républicain avait prévu d’exprimer ses «plus profonds regrets» pour les «actes de violence et de cruauté» sinon de racisme, commis au Congo sous Léopold II ainsi que les «souffrances et les humiliations» vécues durant la colonisation du pays par la Belgique. C’est le premier souverain belge régnant qui prononce ces mots à l’égard du Congo et des Congolais à la veille du 30 juin dans son message officiel adressé au Président de la République regrettant, dans un contexte international du mouvement «Black Lives Matter» né après l’assassinat par asphyxie, de l’Afro-américain de 46
«Mbuta Kasavubu enfin reconnu, 60 ans après. DR. ans George Floyd le 25 mai 2020 à Minneapolis, dans le Minnesota aux États-Unis, plaqué au sol, menotté, le genou d’un policier blanc appuyé sur son cou durant plus de huit minutes, répétant plus d’une vingtaine de fois («ils vont me tuer») qu’il ne pouvait plus respirer. «EFFERVESCENCE QUI S’OBSERVE SUR FACEBOOK». Pour marquer cette décision qu’il venait de prendre, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo l’a mise dès l’entame de son discours, au deuxième paragraphe.
«Il y a soixante ans, nos pères fondateurs, parmi lesquels Joseph Kasavubu et Patrice Lumumba, sont parvenus à concrétiser la profonde aspiration du peuple congolais à l’émancipation. Nous gardons tous en mémoire la belle histoire du 30 juin : celle de nos deux héros, aux tempéraments différents, mais tout aussi déterminés pour la cause de l’indépendance. À cet égard, il me paraît juste, 60 ans plus tard, de réconcilier ces deux approches et d’élever Joseph Kasavubu, longtemps oublié, au rang largement mérité de Héros national. Dans le
même ordre idée, je viens de signer l’ordonnance portant nomination du Maire et du Maire adjoint de Lumumbaville, dans la province de Sankuru, rendant celle-ci effective et opérationnelle». Le site en ligne infobascongo.net spécialisé par les nouvelles de l’actuel province du Congo Central, a recensé les «nombreux remerciements au président Tshisekedi sur la toile», parlant d’«effervescence qui s’observe sur Facebook». «Enfin! 60 ans après, la RDC reconnaît le vrai père de l’indépendance comme héros national. Il a fallu qu’un non-Lumumbiste soit à la tête du pays pour que ce rêve soit une réalité. La vérité triomphe toujours», exulte Adoram Kikadilu, cité par infobascongo.net. «Longtemps classé injustement dans les oubliettes en occultant l’histoire politique, le président Kasa Vubu vient d’être réhabilité par Fatshi. En tant que Kasavubiste, je lui exprime ma gratitude», remercie Freddy Omari. Un autre post est celui de Bob Ndongala. Ses pensées vont droit à feu le président général Kimasi Matuika de l’Abako, le parti de Joseph Kasa Vubu qui «aurait bien voulu entendre ça de ses propres oreilles (paix à son âme) et de tous les Mbuta Za Bantu (les anciens) qui ont toujours dénoncé depuis les âges cette injustice et cette discrimination du premier président Mbuta Kasa Vubu. Être proclamé héros national est un motif de fierté, de joie et de reconnaissance pour son combat ayant conduit à l’indépendance et pour son intégrité dans la gestion de la Respublica». Sur WhatsApp, Babel Babomba, coordonnateur BDE la Croisade Kongo, réagit. «Nous pensons que l’élévation de notre Patriarche Joseph Kasa Vubu au rang de héros national, outre le fait qu’elle soit une fierté pour tous les Congolais en général et le Peuple Kongo en particulier, elle ne peut être considérée que comme l’expression d’une reconnaissance bien méritée de la part de tout le peuple congolais, dont l’histoire est jalonnée d’empreintes indélébiles que l’homme a pu laisser et des actes de bravoure qu’il a su poser à travers son enga-
gement politique quasi désintéressé, sur fond d’une lutte à haut risque et d’un travail ardu mené sans répit en vue d’arracher de la part de l’État colonial belge, le droit à l’autodétermination en tant que Peuple libre et premier occupant d’une véritable nation congolaise à construire. Joseph Kasa Vubu demeure une icône et une référence incontestable de notre histoire politique récente, grâce notamment à sa perception élevée de la gestion de la chose publique fondée sur la rigueur, l’orthodoxie et l’éthique. Soixante ans après notre accession à l’indépendance, il se constate que la crise à la base de notre retard de développement est fondamentalement éthique et morale et, de ce fait, Kasa Vubu passe pour l’incarnation de cet esprit rarissime qui fait défaut à notre microcosme politique actuel, savoir le dirigeant audacieux et intègre», soutient-il. DES NOTABLES APPELLENT AU SOUTIEN DE FATSHI. «Nous tenons à remercier sincèrement le Chef de l’État, SEM Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo pour avoir élevé le feu Président Joseph Kasa vubu au rang de Héros national. Cette reconnaissance aussi tardive soit-elle vient corriger l’histoire incomplète et truffée de notre pays. Ce n’est que juste et justice». Député national élu de Matadi, Albert-Fabrice Puela, lui aussi est satisfait mais veut plus. «Vive le président Joseph Kasa Vubu. Au nom de mon père et de tous les Congolais qui ont toujours déploré cette injustice et cette marginalisation de notre premier président, aujourd’hui proclamé héros national, j’exprime la joie et la gratitude de tout notre peuple, en ce jour pour l’aboutissement de nos revendications dans ce sens. Il faut noter qu’à la suite de cette reconnaissance, dans une déclaration lue vendredi 3 juillet par Mme Véronique Nzolantima, sous le regard vigilant de Pathy Kendo, rapporteur et membre de la notabilité, les ressortissants du Kongo Central ont remercié le Président de la République d’avoir élevé «Mbuta» Joseph Kasa-Vubu au rang de Héros national. «Nous
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filles et fils de la Province du Kongo Central, remercions ce jour, le Président de la République, Chef de l’État, notre Frère, Son Excellence Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, pour avoir élevé à la dignité de «Héros National» Mbuta Joseph Kasavubu, père de l’Indépendance et premier Président de la République Démocratique du Congo». Et d’ajouter : «Nous, filles et fils de l’ensemble du Kongo Central, de Kasangulu à Moanda, nous réjouissons de cette heureuse et louable initiative du Magistrat Suprême. Par conséquent, nous nous engageons à le soutenir et à l’accompagner dans l’accomplissement de sa lourde mission à la tête de la République Démocratique du Congo». Pour ces notables, «Mbuta Joseph Kasa-Vubu» reste l’incarnation des valeurs Kongo, telles que l’honnêteté, la probité, l’intégrité, l’amour de la patrie, l’amour du prochain et l’unité nationale. C’est pourquoi, à travers la décision du Président de la République qu’ils considèrent comme étant leur frère pour avoir étudié pendant un moment dans la province du Kongo central, les notables Kongo implorent beaucoup de bénédictions sur la personne du Président pour qu’il réussisse son mandat à la tête de la patrie de Lumumba et KasaVubu. «Plaise à l’Éternel Dieu Tout-Puissant, par nos aïeux: Mama Ndona Kimpa Vita, en passant par Tata Simon Kimbangu et Mbuta KasaVubu, de bénir notre Frère, le Président de la République, le Chef de l’État, Son Excellence Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, tout au long de son mandat». Né en 1917 à Dizi près de Tshela centre dans le Mayombe, province du Kongo Central, Joseph Kasa-Vubu est décédé le 24 mars 1969 à Boma, sa province natale. Lors de la table ronde de Bruxelles, Joseph Kasa-Vubu s’était particulièrement illustré en demandant la libération immédiate de Patrice Lumumba et sa participation à la table ronde, menaçant de quitter lui-même la table ronde. Ce, grâce à son intervention, que Lumumba a été libéré et a rejoint la table ronde». avec Infobascongo.net n
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Tshimbombo Mukuna condamne les propositions osées de Minaku qualifiées de «positionnement partisan»
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l a tenu à apporter sa partition au débat qui captive ces dernières semaines la classe politique et les populations congolaises. Sénateur honoraire, cet homme de référence dans notre pays, depuis les années Mobutu, l’un des auteurs de la Constitution du 18 février 2006, a donc pris le 6 juillet 2020 son stylo pour partager des convictions en rapport avec les propositions de lois présentées par Aubin Minaku Ndjalandjoko et Gary Sakata, tous deux députés proclamés sur les listes de l’ex-province de Bandundu. D’entrée de jeu, Jacques Tshimbombo Mukuna, très remonté, qualifie les propositions de lois conduites par Minaku d’anticonstitutionnelles allant dans le sens de la colère qui se déploie dans les rues du pays comme à l’étranger, «arbitraires, inopportunes et contraires à l’ordre public et, par conséquent, elles doivent être retirées». «Les initiateurs de ces propositions des lois ont, de manière manifeste, violé la Constitution de la République Démocratique du Congo, au point qu’il est impérieux de les retirer purement et simplement au lieu de différer leur examen à la session parlementaire de septembre prochain», écrit le sénateur honoraire. Pour qui, «les représentants du peuple doivent plutôt chercher à prendre des lois de protection du peuple et dans l’intérêt de celui-ci, et non des lois d’intérêt de positionnement partisan, taillées sur mesure», cogne-t-il avec toute sa force. Il souligne des propos du Président de la République et s’interroge «si ses propos sont ceux d’un diviseur ou d’un militant combatif et belliqueux?» Évoquant le rôle du Président de la République, Jacques Tshimbombo Mukuna écrit que son de gardien de la Constitution, est de rappeler quiconque à l’ordre et «c’est ce que le Président de la République fait et continuera de faire». Texte ci-après en intégralité. De leur inconstitutionnalité. Les initiateurs de ces propositions des lois ont, de manière manifeste,
Très remonté, le Sénateur honoraire Jacques Tshimbombo Mukuna voue les propositions de lois Minaku à la poubelle de l’histoire. DR. violé la Constitution de la République Démocratique du Congo, au point qu’il est impérieux de les retirer purement et simplement au lieu de différer leur examen à la session parlementaire de septembre prochain. Déjà, dans le préambule de la Constitution de la République Démocratique du Congo, le constituant a affirmé la volonté de notre peuple de bâtir, au cœur de l’Afrique, un État de droit. Il a considéré que l’injustice avec ses corollaires, l’impunité, le népotisme, le régionalisme, le tribalisme, le clanisme et le clientélisme, par leurs multiples vicissitudes sont à l’origine de l’inversion générale des valeurs et de la ruine du pays. Il a consacré la séparation des trois pouvoirs traditionnels (exécutif, législatif et judiciaire) et, en même temps, consacré l’indépendance du pouvoir judiciaire qu’il avait verrouillé à l’article 220 alinéa 1 et 2 de la Constitution ainsi libellé: «la forme républicaine de l’État, le principe du suffrage universel, la forme représentative du gouvernement, le nombre et la durée des mandats du Président de la République, l’indépendance du pouvoir judiciaire, le pluralisme politique et syndical, ne peuvent faire l’objet d’aucune révision constitutionnelle». Si l’interdiction est faite par le constituant de réviser la Constitution sur l’indépendance du pouvoir judiciaire, toute loi visant à la réduire est
inconstitutionnelle. De la séparation des pouvoirs et de l’indépendance du pouvoir judiciaire. Il ressort des dispositions de l’article 149 de la Constitution, tel que modifié par l’article 1er de la loi n° 11/002 du 20 janvier 2011 portant révision de certains articles de la Constitution de la République Démocratique du Congo que le pouvoir judiciaire est indépendant du pouvoir législatif et du pouvoir exécutif (al.1). Ce pouvoir judiciaire est dévolu aux cours et tribunaux…. (al. 2) Si, à l’article 151 de la Constitution, le constituant a expressément disposé que le pouvoir exécutif ne peut donner d’injonction, ni statuer sur les différends, ni entraver le cours de la justice, ni s’opposer à l’exécution d’une décision de justice, cela s’entend de ce que, à l’article 70 de la loi organique no 13/011-B du 11 avril 2013 portant organisation, fonctionnement et compétences des juridictions de l’ordre judiciaire, le législateur a reconnu au Ministère public un pouvoir d’injonction sur le ministère public en des termes non équivoques. En effet, cette disposition est libellée comme suit : «les Officiers du Ministère public sont placés sous l’autorité du Ministre ayant la justice dans ses attributions». Celui-ci dispose d’un pouvoir d’injonction sur le parquet. Il l’exerce en saisissant le procureur général près la Cour de
cassation ou le procureur général près la Cour d’appel selon le cas, sans à avoir à interférer dans la conduite de l’action publique. De là, analyser la mise du parquet sous l’autorité du Ministre de la Justice, pour caporalisation des magistrats du Ministère public en vue de leur donner des ordres en dehors du cadre susvisé, notamment demander des dossiers en communication, chercher à décider ou non de la poursuite ou mise en mouvement de l’action publique, recevoir rapport des magistrats du parquet, est une flagrante violation de la Constitution. Car le cadre légal du pouvoir d’injonction se limite au pouvoir lui reconnu de donner injonction au parquet uniquement pour la mise en mouvement de l’action publique. Toute autre considération énerve la Constitution dans ses dispositions susvisées. En effet, le magistrat du parquet fait partie du pouvoir judiciaire et est régi par la loi organique n° 06/020 du 10 octobre 2006 portant statut des magistrats telle que modifiée et complétée par la loi organique no 15/014 du 1er août 2015 tant pour sa carrière que pour le régime disciplinaire lui applicable, lesquels relèvent des attributions reconnues au Conseil supérieur de la magistrature, organe de gestion du pouvoir judiciaire dont la composition est déterminée par l’article 152 de la Constitution, dans laquelle le Ministre de la Justice n’y est pas repris. Y déroger par une loi organique constitue, ni plus ni moins, une énième violation de la Constitution. Ce qui ressort également de l’article 82 de la Constitution, lequel a conféré au seul Président de la République, le pouvoir de nommer, de relever de leurs fonctions et de révoquer, par ordonnance, les magistrats de siège et du parquet sur proposition du Conseil supérieur de la magistrature. Le parquet ne peut pas être soustrait du pouvoir judiciaire, car il est institué près chaque juridiction, par la loi organique n° 13/011-B portant organisation, fonctionnement et compétences des juridictions de l’ordre judiciaire et pour les raisons, ci-haut, développées. De l’inopportunité du vote des propositions des lois initiées par
les députés Minaku et Sakata. L’État de droit suppose aussi la stabilité des textes législatifs déjà votés et publiés. Comme indiqué dans le préambule de notre Constitution, le peuple, représenté par ses députés et sénateurs, qui l’ont votée en déclarant solennellement être conscients de leurs responsabilités devant Dieu, la Nation, l’Afrique et le monde, s’est exprimé par les mouvements de descente à la rue, observés à travers le territoire national, et en demandant à ses représentants de respecter l’indépendance du pouvoir judiciaire conformément à la Constitution qu’il a adopté par référendum. Vu le désordre lié aux manifestations de la population, il apparaît clairement que les propositions de ces lois sont contraires à l’ordre public et arbitraires en ce qu’elles n’ont pas reçu un avis régulier du gouvernement pendant cette période de l’État d’urgence lié à la Covid-19, décrété par le Président de la République. Aucune urgence n’impose leur examen avec célérité, car l’effort de tous en ce moment est requis pour combattre cette pandémie à coronavirus. Les représentants du peuple doivent plutôt chercher à prendre des lois de protection du peuple et dans l’intérêt de celui-ci, et non des lois d’intérêt de positionnement partisan, taillées sur mesure. Il en ressort que les propositions des lois initiées par ces députés nationaux sont inconstitutionnelles, arbitraires, inopportunes et contraires à l’ordre public et par conséquent, elles doivent être retirées. Observation sur l’article 220 de la Constitution. Le nombre et la durée du mandat du Président de la République ne constituent pas la seule matière verrouillée dans l’article 220 de la Constitution de la République. Le verrouillage de cet article porte sur plusieurs matières comme susmentionné. Placés devant l’impossibilité de modifier l’article 220, certains députés usent de la ruse, un peu comme Ulysse, pour le vider sournoisement de sa substance et en faire, in fine, une coquille vide. C’est un jeu dangereux et malsain auquel un élu du peuple n’est pas censé
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se prêter. C’est une forme d’escroquerie à l’endroit du peuple. Pour la position du Président de la République concernant les trois propositions des lois. Dans son allocation du 29 juin dernier, le Président de la République a loué les efforts de la justice tendant à recouvrer son indépendance, en ces termes : «Les avancées enregistrées l’ont été au prix des sacrifices extrêmes. Elles ne peuvent pas être annihilées par des manœuvres d’arrière-garde qui s‘observent chez certains de vouloir légiférer pour déposséder le Conseil Supérieur de la Magistrature du pouvoir judiciaire qu’il détient pourtant par la Constitution». «La justice est pour un État ce que le sang est pour le corps humain. Voilà pourquoi, j’estime que les réformes dans ce secteur doivent être dictées, non pas par le souci de s‘assurer une protection d’une personne ou d’un groupe de personnes, mais plutôt par le souci d’apporter plus d’efficacité et d’efficience au fonctionnement de la justice». Ces propos sontils ceux d’un diviseur ou d’un militant combatif et belliqueux? Concernant la justice, quels propos peut-on attendre du gardien de la Constitution et garant du bon fonctionnement des institutions de la République, si ce ne sont ceux-là ? En même temps qu’Il est tenu de respecter la Constitution de la République, le Président de la République, Chef de l’État, veille à son respect par tous les citoyens et toutes les citoyennes de la RDC. Si quelqu’un ose aller contre ou la bafouer, le rôle du gardien est de le rappeler à l’ordre. C’est ce que le Président de la République fait et continuera de faire. Le serment qu’Il a prêté est, du reste, clair à ce propos : «Élu Président de la République Démocratiquement du Congo, je jure solennellement devant Dieu et la Nation d’observer et de défendre la Constitution et les lois de la République… ». Au moment où le pays a besoin d’apaisement, où note peuple aspire à respirer, les agitateurs et diviseurs sont appelés à demeurer aphones. Fait à Kinshasa, le 6 juillet 2020 TSHIMBOMBO MUKUNA JACQUES n Sénateur Honoraire.
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«L’aviation et l’automobile sont des secteurs à reconvertir»
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dans ce secteur pour produire des équipements médicaux. L’industrie automobile ne doit surtout pas rester ce qu’elle est actuellement.
n l’avait surnommé «l’homme qui murmure à l’oreille des présidents». Ancien conseiller spécial de l’ancien président français socialiste François Mitterrand de 1981 à 1991, fondateur et premier président de la BERD, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement en 1991, Jacques Attali qui dirige actuellement le groupe Positive Planet et le groupe Attali & Associés, a publié plus de 80 essais, biographies et romans vendus à 9 millions d’exemplaires et traduits en 22 langues. Son dernier ouvrage «L’économie de la vie», pose un constat sans appel : le monde doit plus que jamais suivre l’exemple de la Corée du Sud, non celui de la Chine et se tenir prêt à un retour de l’épidémie. Il incite des secteurs comme l’aérien et l’automobile à se reconvertir et considère le télétravail comme «un piège extrêmement dangereux». En clair, l’effondrement de l’économie aurait pu être évité si le monde avait pris les mesures de la Corée du Sud. C’est-àdire s’armer à temps de masques FFP2, de tests et de systèmes de traçage. Tout ce qui nous fait encore défaut aujourd’hui... Faut-il craindre une deuxième vague du COVID-19 ou une nouvelle pandémie? Attention, la première vague n’est pas terminée à l’échelle mondiale. La courbe continue à croître de manière imperturbable de façon exponentielle. Si on devait confiner à nouveau en France ou en Belgique, ce serait une catastrophe? Il ne faudrait pas refaire l’erreur que nous avons commise en suivant le modèle chinois. Vous savez, la construction des hôpitaux d’urgence en Chine, c’était un signe de panique. Les Chinois n’étaient pas prêts. Nous devons suivre l’exemple de la Corée du Sud. Mais pour cela, il nous faudrait de milliards de masques, des milliards de tests, et des moyens efficaces de tracer les gens. Contrairement à ce que l’on dit, nous n’avons rien de tout cela. Et tant que c’est le cas, nous risquons de devoir encore faire le choix terrible du confinement général. Pourtant, on ne peut pas dire que
Le secteur aérien est actuellement aidé à coup de milliards... Il est évident qu’il s’agit d’un des secteurs les plus touchés par la crise. Il est urgent qu’il subisse aussi une reconversion. Le secteur doit faire énormément de recherche pour se diriger vers des avions beaucoup plus économes en énergie. Je suis moimême un grand client des compagnies d’aviation. Mais aujourd’hui, ce n’est pas un secteur prioritaire. D’autant que la crise nous a appris que l’on pouvait faire beaucoup de choses sans effectuer des voyages grâce aux visioconférences.
Jacques Attali surnommé «l’homme qui murmure à l’oreille des présidents», préconise, sur le Covid-19, la solution sud-coréenne, non chinoise. DR. nous n’avons pas été prévenus. Mais je ne vois aucun pays, ni la Belgique, ni la France ou l’Allemagne, qui se place en situation d’économie de guerre pour produire massivement des masques, des tests, de systèmes de traçage. Et je n’en vois aucun qui comprenne l’intérêt de l’économie de la vie. Comment définissezvous ce concept de l’économie de la vie? Cette économie de la vie regroupe à la fois les secteurs nécessaires à la santé et les secteurs liés à l’environnement. Il est étonnant que face à une crise sanitaire, la plupart des pays répondent par la résolution de problèmes de l’environnement. On aurait pu s’attendre que l’on évoque plutôt les moyens accordés à la santé. Cette économie de la vie inclut donc des secteurs comme
la santé, l’hygiène, l’alimentation, l’agriculture, la recherche et l’innovation, la logistique, la distribution, le logement, le recyclage des déchets, la gestion de l’eau, l’énergie propre, l’éducation, l’information, le crédit, l’assurance, la culture, la sécurité... Le projet de toute société devrait être de s’orienter vers cette économie de la vie. L’aviation et l’automobile sont-ils des secteurs «zombies» qu’il ne faut plus soutenir? Ce sont des secteurs qu’il faut totalement ou partiellement reconvertir. L’industrie automobile peut parfaitement devenir un secteur de l’économie de la vie, si elle se reconvertit en se concentrant sur des véhicules autonomes, sur des véhicules collectifs... On peut aussi utiliser les technologies et les immenses compétences
Et le secteur du tourisme, il faut le sauver? Ce secteur doit aussi se réorganiser. Dans l’économie de la vie, il y a l’hospitalité. L’industrie du tourisme dispose de techniques qui peuvent être utilisées à l’intérieur des hôpitaux en matière d’accueil et de nourriture notamment. La crise a montré par ailleurs qu’on manquait cruellement de lieux de résidence pour les familles des malades, à proximité des hôpitaux. Enfin, on a vu que les maisons de retraite sont d’une qualité parfois désastreuse, comparée à la qualité de service que peut offrir l’industrie hôtelière. Il y a donc des choses à faire en la matière. Cette crise a provoqué une forte hausse du télétravail. Cette tendance va-t-elle persister? Le télétravail constitue un piège extrêmement dangereux. Il ne concerne pas tout le monde et accentue une tendance très forte de notre société qui est une tendance égoïste. Il transforme les entreprises en des juxtapositions de mercenaires narcissiques déloyaux. On a constaté que lorsque les entreprises mettent très durablement en télétravail leurs collaborateurs, soit ces derniers sont virés, soit ils s’en vont d’eux-mêmes. Une entreprise ne peut pas durer si elle n’est pas capable de créer un projet commun. Mais pour cela, il faut absolument une présence sur place. Les gens doivent revenir dans des lieux qui permettent à l’entreprise de jouer son vrai rôle. Au fond, le seul endroit important dans une en-
treprise, c’est la machine à café. C’est l’endroit où les gens échangent de façon informelle, ont des idées et créent même des choses qui n’étaient pas prévues, ce que l’on appelle la sérendipité. Finalement, une entreprise doit ressembler à un hôtel. Il s’agit de mettre les restaurants non pas au sous-sol mais au dernier étage, avoir des salles de réunion vraiment conviviales, des activités sportives, des lieux qui donnent envie aux gens d’y venir et cela au moins deux ou trois jours par semaine. Par exemple, le siège de la société Bloomberg est une sorte de gigantesque restaurant sur différents étages où les gens travaillent et échangent des idées. Parmi les solutions pour payer la facture de cette crise, certains préconisent de taxer les Google, Amazon, Facebook et Apple (Gafa). Quel est votre avis? Le plus urgent selon moi est de se donner les moyens d’avoir des Gafa européens plutôt que de taxer les Gafa américains. Nous avons les moyens d’en développer sur notre continent. La moitié des brevets de la 5G sont quand même européens (avec Nokia et Ericsson, NDLR). Nous avons des entreprises qui ont un potentiel considérable. Nous avons des Spotify, SAP, Capgemini... Mais nous avons aussi besoin d’une vraie politique industrielle européenne. Dans cette crise, comment évaluer l’action de la BCE? La Banque centrale européenne est pour l’instant une petite banque centrale qui agit beaucoup moins que les autres grandes banques centrales. Elle n’a pas encore malheureusement la même légitimité historique des banques centrales qui existent depuis un, deux ou trois siècles. Elle est bien gérée mais elle n’est pas encore à la hauteur des audaces possibles de la Federal Reserve, de la Banque d’Angleterre ou même de la Banque du Japon. La BCE devrait être plus audacieuse encore? Il faut d’abord conserver la crédibilité de la BCE qui est une banque centrale d’un genre particulier. Elle n’est en effet pas appuyée par un seul État et sa légitimité repose sur un Traité européen. Elle doit donc être plus prudente que les autres.
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Mais nous sommes dans une situation économique mondiale inédite où les banques centrales émettent de l’argent qui d’une façon ou d’une autre, par de multiples détours, finance des déficits publics et des déficits privés. Ces déficits sont en forte hausse. On parle souvent des pays dits frugaux et des pays non frugaux. Mais les pays frugaux ont d’énormes dettes privées et peu de dettes publiques. Les pays non frugaux ont, eux, peu de dettes privées mais beaucoup de dettes publiques. Mais au final, les frugaux et non frugaux ont le même total de dettes. Et la banque centrale finance les uns et les autres de manière égale. Dans cette crise, les gouvernements ont été ravis de renvoyer la balle aux banques centrales. En réalité, on fait du financement monétaire sans le dire. Mais, globalement, ce gonflement de la dette constitue une bombe à retardement. En 2008, les grandes agences de notation avaient aggravé la crise financière. Elles ont été plutôt calmes ces derniers temps... Il a été demandé aux agences de notation de prévenir longtemps à l’avance avant de prendre toute décision. Mais on a intérêt à écouter ce qu’elles disent. Elles commencent à annoncer qu’elles vont faire des remarques négatives sur certains émetteurs de dette. Si c’est le cas, cela peut être extrêmement dangereux. Il ne faudrait pas être victimes des notes qu’elles donneront. Que penser des initiatives de Macron/Merkel et du plan de relance de la Commission européenne? C’est un pas dans la bonne direction? C’est un bon pas s’il ne s’agit pas de distribuer de l’argent à des secteurs en difficulté. Et je crains que cela soit le cas. Je voudrais que ce plan soit réservé aux secteurs de l’économie de la vie et ne soit pas destiné à faire survivre des secteurs qui ont vocation à disparaître. Il faudrait aussi que ce plan entre rapidement en vigueur. On évoque le deuxième semestre 2021, mais c’est vraiment extrêmement tard. MARC LAMBRETCHS n
L’ÉCHO. L’économie de la vie. Se préparer à ce qui vient. Jacques Attali, Fayard. 224 pages, 18 euros.
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Quels sont les premiers signes d’une hausse de tension artérielle?
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ne tension trop élevée (hypertension) représente des risques pour votre cœur, votre cerveau et vos reins. Comment repérer les premiers signes d’hypertension? L’hypertension artérielle est un trouble cardiovasculaire qui touche de nombreuses personnes. En France, par exemple, environ 10 millions d’hypertendus sont traités mais on estime qu’une grande partie n’est pas dépistée. L’hypertension ne donne pas lieu à des symptômes particuliers. Ce qui vaut à l’hypertension artérielle le qualificatif de «tueur silencieux». Seule une prise régulière de la tension artérielle permet de confirmer le diagnostic. Le problème, c’est qu’une tension élevée accélère la fatigue du cœur en augmentant le travail du muscle cardiaque, qui va donc grossir, devenir moins per-
Prendre sa tension tranquillement chez soi peut d’ailleurs donner des chiffres plus proches de la réalité. DR. formant et à force, s’épuiser. L’hypertension artérielle figure parmi les premiers facteurs de risque de maladies cardiovasculaires et d’accidents vasculaires cérébraux (AVC). QUELS SONT LES SYMPTÔMES? Cette maladie chronique se soigne très bien. «J’ai mal à la
tête, ça doit être ma tension…»: cette phrase, vous l’avez sans doute déjà entendue? Peut-être même l’avez-vous pensé? Alors qu’en est-il réellement? L’hypertension artérielle ne se caractérise pas par des troubles ou symptômes particuliers et elle est souvent diagnostiquée de
manière fortuite et tardivement, en raison de l’absence de symptômes révélateurs. Néanmoins, même s’ils sont rares, «on peut citer quelques motifs d’alertes, comme les maux de tête, des difficultés de concentration, des vertiges, des douleurs dans la poitrine, un essoufflement, des
troubles visuels ou des bourdonnements d’oreille», explique la Fédération française de cardiologie (FFC). En somme, certains signes peuvent être évocateurs et accompagner une hypertension, mais comme ils sont finalement très banals: ◗ maux de tête permanents ou culminant le matin au réveil; ◗ vertiges; ◗ troubles de la vue; ◗ palpitations cardiaques; ◗ suées; ◗ saignements de nez; ◗ bourdonnements; Des poussées hypertensives brutales peuvent aussi entraîner des malaises, de violents maux de tête ou des difficultés à respirer, précise l’Inserm. À retenir: il est normal que notre tension varie d’un jour à l’autre. Elle peut même fluctuer sur une journée: elle baisse au repos ou en cas de fatigue, augmente sous l’effet de la colère, de la douleur ou de l’excitation… Le problème, c’est quand elle reste élevée: le cœur se
Dîner tard ce n’est pas bon pour la santé
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bésité, diabète: une nouvelle étude révèle que manger avant de dormir est particulièrement néfaste. Alors faut-il dîner plus tôt ? Que dit la littérature scientifique ? Ce que l’on sait. Les repas tardifs auraient des effets ravageurs sur notre métabolisme et favoriseraient la prise de poids. Voilà ce qu’a permis de constater une récente étude américaine publiée dans le Journal of Clinical Endocrinology & Metabolism. Mais pourquoi, exactement? Menée sur un petit échantillon (20 personnes) de 10 hommes et 10 femmes ayant pris
des repas à 22 heures et 18 heures, l’étude révèle que pour un coucher à 23h dans les deux cas de figure, le dîner le plus tardif fait grimper de 18% le pic de glucose et baisser de 10% la quantité de graisses brûlées. En clair: manger peu de temps avant d’aller au lit trop régulièrement mettrait sur la voie de l’obésité et du diabète. Chenjuan Gu, l’un des principaux chercheurs du projet, précise d’ailleurs que ces effets pourraient être «davantage prononcés sur des personnes souffrant déjà [de ces deux pathologies]». 3H ENTRE LE DÎNER ET LE COUCHER. En 2013 et 2014, deux études espagnoles démontraient déjà que plus les femmes mangeaient tôt dans la journée, plus elles
brûlaient de calories. Trois ans plus tard, des scientifiques de l’Université de Pennsylvanie allaient encore plus loin, lors du congrès SLEEP 2017 : «nous savions que le manque de sommeil affectait négativement le poids et le métabolisme, en partie à cause du grignotage nocturne. Mais ces découvertes nous permettent maintenant de mieux comprendre les bénéfices des repas pris plus tôt dans la journée», expliquait alors le Professeur Namni Goel, avant de préciser que le fait de manger trop tard causait, au-delà de l’obésité et du diabète, une hausse du cholestérol, mais aussi «des problèmes cardio-vasculaires et d’autres soucis de santé». Les travaux de ces mêmes chercheurs, réalisés auprès de
volontaires suivis du soir au matin, avaient également abouti à mieux comprendre l’impact hormonal : chez les participants qui mangeaient tôt, les sécrétions de ghréline (qui stimule l’appétit) et de liptine (l’hormone de la satiété), intervenaient aux meilleurs moments possibles. Rassasiés plus longtemps, ils résistaient donc mieux au grignotage entre les repas. Et, selon le nutritionniste Arnaud Cocaul, interrogé la même année par OuestFrance, ils devaient également mieux dormir, la phase de digestion pouvant altérer le sommeil: «Au-delà de manger tôt, il faut surtout respecter au moins une heure et demie entre le dîner et le moment d’aller se coucher. Idéalement, il faudrait même res-
pecter trois heures». PAS DE GRIGNOTAGE LE SOIR. Faut-il impérativement cesser d’ouvrir la bouche juste avant de fermer les yeux? Pas pour tout le monde. Une étude de 2014 avance par exemple qu’une petite collation avant le coucher pourrait empêcher certains diabétiques (de type 1) de se réveiller la nuit ou de manquer d’énergie le matin suite à une chute du taux de sucre dans le sang. Une autre étude, dévoilée en 2015 par l’Université de Floride, suggère de son côté qu’un repas riche en protéines avant de dormir renforcerait le métabolisme matinal des sportifs en réparant leurs muscles au cours de la nuit. LOUIS DE MONTÈS n
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fatigue prématurément, ce qui entraîne un risque d’insuffisance cardiaque ou rénale. Elle peut aussi provoquer des troubles de la mémoire, des accidents vasculaires cérébraux… D’où l’importance d’un bon dépistage régulier et donc d’une prise régulière de votre pression artérielle. QUAND CONSULTER? Après 40 ans, il est conseillé de faire mesurer votre tension artérielle deux fois par an. Mais cela dépend aussi des facteurs de risque de chacun. Si vous fumez, si vous êtes en surpoids, les contrôles doivent être plus fréquents. Et si l’un de vos parents, a été traité pour hypertension avant 50 ans, un dépistage annuel est recommandé dès 20 ans. Plus la tension est élevée, plus le risque de maladie cardiovasculaire est important. Le seuil à ne pas dépasser pour être à l’abri des complications est de 14/9 (13/8 pour les diabétiques) et de 13/8 lors d’une automesure à la maison. Votre tension artérielle dépasse 14/9 lors d’une consultation? Un nouveau contrôle sera nécessaire. Ce n’est que si les chiffres sont élevés au repos à trois reprises que le médecin vous considérera comme hypertendue. Il vous proposera alors une prise en charge : des conseils d’hygiène de vie plus, éventuellement, un traitement médical. La pression artérielle est la résultante physique de l’éjection du sang par le cœur sur les parois des vaisseaux sanguins. Elle est caractérisée par deux valeurs extrêmes: ◗ La valeur haute qui est mesurée lors de la contraction du cœur (systole): elle permet de propulser le sang par l’aorte vers les artères périphériques. ◗ La valeur basse mesurée lors de la relaxation du cœur (diastole): elle permet aux ventricules cardiaques de recevoir le sang arrivant dans les oreillettes par les veines caves et les veines pulmonaires.
QUE FAIRE EN CAS DE...? En cas de valeur limite ou pour surveiller votre traitement, vous pouvez contrôler l’évolution de votre tension artérielle par des automesures. Prendre sa tension tranquillement chez soi peut d’ailleurs donner des chiffres plus proches de la réalité. Selon votre profil, votre médecin vous indiquera la meilleure fréquence de prises. À la maison, la limite est de 13,5/8,5. Pour plus de précision, pensez à la règle de 3 : 3 mesures à 5 minutes d’intervalle ; 3 fois au repos, matin, midi et soir; 3 jours de suite. Puis faites la moyenne. En raison du coût des appareils (de 20 à 200 €) et de leur qualité variable, mieux vaut en emprunter un chez un fournisseur médical ou un pharmacien et le faire valider par son médecin. La pression artérielle varie au cours de la journée: elle est basse au cours du sommeil, devient plus élevée pendant la journée, a fortiori en cas d’activité physique, d’exposition au froid, de choc émotionnel, de stress… Une mesure unique de la pression artérielle ne peut donc suffire à poser le diagnostic. Pour en savoir plus sur l’hypertension artérielle avec EurekaSanté, le site médical grand public édité par VIDAL. CE QUE CELA VEUT DIRE? Le premier chiffre correspond à la pression du sang dans les artères quand le cœur se contracte et se vide. Pour le mesurer, le médecin gonfle un brassard qui écrase l’artère et empêche le sang de circuler. Quand le brassard se dégonfle, un premier jet de sang s’engouffre dans l’artère en faisant un bruit audible au stéthoscope: c’est la pression maximale. L’autre chiffre correspond à la pression du sang lorsque le cœur se relâche et se remplit. Pour le mesurer, le médecin attend de ne plus entendre de bruit dans le stéthoscope. La pression artérielle est alors à son minimum.
AURÉLIA DUBUC n
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À bord desquels bolides, ils roulent? Jay Z a offert à sa chérie Beyonce, pour une maudite somme de 1 million de $US, une Rolls-Royce Silver Cloud II. DR. des Range Rover, Cadillac, Audi, Jeep et bien d’autres. Kanye West est souvent considéré comme l’un des meilleurs rappeurs du monde, pas éton-
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CB. Argent, célébrité, bolide. Le triptyque. Qui dit beaucoup d’argent, dit souvent garage bien rempli. Au volant desquels bolides les célébrités milliardaires roulent-elles? Qui n’a jamais rêvé de se faire offrir une véhicule venant de sa bien aimé (e)? Le couple de chanteurs le plus riche du monde c’est dans la cour des grands. Devinez quelle voiture Jay Z, stylisé Jay-Z , de son vrai nom Shawn Corey Carter, a offert à sa chérie Beyonce? Une magnifique RollsRoyce Silver Cloud II, perle rare est un millésime 1959. La voiture a coûté à Jay Z la maudite somme d’un million de $US. Quand on aime, on ne compte pas n’est ce pas? David Robert Joseph Beckham est le footballeur internationalement connu souvent considéré comme une vraie légende du foot. Il a un amour inconditionnel pour sa femme Victoria, et ils partagent ensemble une réelle passion pour le luxe. Les voitures sont loin d’être exclues. Dans ses nombreuses villas, ranchs, et maisons, le joueur possède de nombreux modèles. Il faut dire qu’il peut se le permettre. Il possède une Rolls Phantom Drophead, qui vaut environ 400.000 $US. Nous pouvons aussi trouver des Bentley (Mulsanne et Continental Super-Sports),
Ci-ht : David Robert Joseph Beckham qui voue une réelle passion pour le luxe et sa Rolls Phantom Drophead. DR.
Ci-haut : Kanye West, le mari de Kim Kardashian possède une magnifique Rolls-Royce Phantom David. DR.
Ci-haut : P.Diddy et sa Rolls Royce Phantom Drophead. Ci-bas : Cristiano Ronaldo et sa Bugatti Veyron. DR.
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nant d’avoir un égo surdimensionné. Kanye West, le mari de Kim Kardashian est très riche : villas, jet privés, diamants et j’en passe. Les voitures font partie du lot : il possède une magnifique RollsRoyce Phantom, des Lamborghiniun G-Wagon, une Maybach, une SLR et une incroyable Aston Martin DB9. Avec petite préférence pour l’Aston Martin, et Kanye. Sa voiture préféré est la McLaren AMG SLR achetée 800 000 $US. Voici Puff Daddy dit P.Diddy, le célèbre rappeur américain, producteur, acteur et homme d’affaires. S’il est connu pour ses chansons, il excelle dans les autres domaines, et c’est l’un des rappeurs les plus riches au monde. Une fortune s’élevant à US$ 1 milliard. Il possède une Corvette de 1958, une Rolls Royce Phantom Drophead faite à la main et une Lamborghini Gallardo. Cristiano Ronaldo est un des joueurs les plus célèbres de sa génération. Sportif exceptionnel, s’il est un homme au grand cœur qui aide énormément les gens dans le besoin, il se fait aussi plaisir. Nous savons tous qu’il a une passion intense pour les voitures, et il possède un garage avec plus de 18 voitures à l’intérieur (la collection ne cesse de grandir). Certes, ces voitures sont loin d’être données, mais pourquoi pas se faire plaisir lorsqu’on se nomme Cristiano Ronaldo? Audi, Ferrari, Bentley, Porsche, Aston Martin, Lamborghini, et sa Bugatti Veyron. Rien que d’y penser, nous adorerions faire un tour dans sa petite collection.
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Le plus sûr ? Votre partenaire habituel
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La transmission du nouveau coronavirus Covid-19 par voie sexuelle et le fait de le contracter de son partenaire sexuel sont deux choses différentes. DR.
e coronavirus peut-il se transmettre par la voie sexuelle? La réponse est : on ne le sait pas. Aucune recherche fiable, aucune communication officielle ni aucun rapport scientifique n’ont été présentés par les autorités compétentes. AUCUNE ÉTUDE NE L’INTERDIT. La transmission du virus par voie sexuelle et le fait de le contracter de son partenaire sexuel sont deux choses différentes. Le premier cas implique une transmission par des contacts sexuels et l’échange de liquides organiques, par exemple par le sexe vaginal, oral et anal. Le second cas concerne la transmission qui peut survenir, entre autres, lorsque les partenaires s’embrassent. Un porte-parole de l’OMS, Christian Lindmeier, a déclaré au New York Times que les coronavirus ne se transmettent généralement pas par voie sexuelle. Aux États-Unis, d’après le Centers for Disease Control and Prevention (CDC), il existe sept types de coronavirus - et tous exercent ordinairement leurs effets sur les voies respiratoires chez les humains.
D’autres experts en maladies infectieuses appuient ces observations. Or, le coronavirus ne touche pas seulement les voies respiratoires. En effet, on en a retrouvé certaines traces dans les selles de patients infectés. Les CDC américains estiment toutefois que le risque de transmission par cette voie est faible. Le nouveau coronavirus se transmet par les gouttelettes expulsées par les personnes infectées lorsqu’elles expirent, toussent ou éternuent. L’entourage est infecté en inhalant ces gouttelettes, ou les touchant sur une surface, puis en se touchant le visage. Les chances de contracter le virus par des activités sexuelles avec une personne infectée sont donc très élevées. Comme le virus est présent dans les sécrétions respiratoires, on suppose sans peine qu’il se transmettra durant n’importe quel type
de pratique sexuelle, en raison de la proximité physique. Ce n’est donc pas le moment d’organiser un rassemblement social à caractère osé. D’ailleurs, la directrice générale de la coalition américaine des travailleurs et travailleuses du divertissement pour adultes, Michelle L. LeBlanc, a demandé un arrêt volontaire de toutes les productions de ce secteur durant la pandémie afin d’aider à prévenir la propagation du virus. Cela dit, en matière de comportement sexuel, la variété est un attribut très prisé. Bien qu’il soit pratiquement impossible de demander aux gens de ne pas avoir de relations sexuelles, il serait peut-être utile de suggérer de petites expériences toutes simples. Comme on peut avoir le virus sans présenter de symptômes, la seule façon fiable de savoir si vous ou votre par-
tenaire êtes infectés est de faire un test. En revanche, si vous ou votre partenaire ne présentez aucun symptôme et êtes restés chez vous, les relations sexuelles ne devraient poser aucun problème. SEXE À L’HEURE DU COVID-19. Confinement, quarantaine, gestes barrières, «social distancing»... Les mesures contre le Covid-19 qui touche actuellement le monde ne sont normalement ni propices aux rencontres sentimentales, ni aux relations intimes avec de nouvelles personnes. Mais le cœur a ses raisons que la raison ignore et il s’agit pour celles et ceux cédant à la tentation de savoir se protéger du nouveau coronavirus lors de relations sexuelles. À cette fin et pour informer la population de New York, la grande ville internationale américaine,
devenu l’un des foyers mondiaux de la pandémie, les services de santé de la ville ont publié un guide clair, factuel et sans fioriture de l’état actuel des connaissances scientifiques concernant les transmissions sexuelles du coronavirus. La ville, hantée par l’épidémie du VIH/SIDA qui y a fait, fin mars 2020, plus de 50.000 morts entre 1981 et 1994, a sans doute à cœur d’insister sur cet aspect-là et d’allier réduction des risques et prévention. Le guide des services de santé n’émet pas de jugement mais indique clairement les choses. Il rappelle d’entrée de jeu que le virus peut se propager par contact direct avec la salive ou le mucus d’une personne contaminée. Il reconnaît aussi que «nous avons encore beaucoup à apprendre sur le Covid-19 et le sexe». Il précise par contre que «la maladie Covid-19 a été trouvée dans les selles de personnes infectées» par le nouveau coronavirus mais qu’elle «n’a pas encore été trouvée dans le sperme ou les sécrétions vaginales» de gens malades. Les experts sanitaires new-yorkais soulignent que «nous savons que les autres coronavirus ne se transmettent pas facilement par les rapports sexuels». Concernant les par-
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tenaires et les pratiques, le guide se permet une pointe d’humour en disant: «Votre partenaire sexuel le plus sûr, c’est vous-même. La masturbation ne propage pas le Covid-19, surtout si vous vous lavez les mains (et d’éventuels sextoys) à l’eau et au savon pendant au moins 20 secondes avant et après l’acte sexuel». ANULINGUS À EXCLURE TOTALEMENT. Si les plaisirs solitaires ne suffisent pas (ou plus), «l’autre partenaire le plus sûr est celui avec qui vous vivez. Le fait d’avoir des contacts étroits - y compris sexuels - avec un cercle restreint de personnes contribue à prévenir la propagation du Covid-19. Vous devez éviter les contacts rapprochés - y compris les rapports sexuels - avec toute personne extérieure à votre foyer». Le guide n’oublie pas ni les nouvelles formes numériques de rencontre, ni les travailleurs et travailleuses du sexe : «Si vous rencontrez habituellement vos partenaires sexuels en ligne ou si vous gagnez votre vie en ayant des relations sexuelles, envisagez de faire une pause dans les rendezvous directs. Les rencontres vidéo, les sextos ou les salons de discussion
peuvent être des options pour vous». Sans oublier de bien désinfecter claviers ou écrans tactiles après chaque session. Niveau protection, à cause de la présence du virus dans la salive, le mucus et les selles, il faut «éviter d’embrasser toute personne qui ne fait pas partie de votre cercle restreint de contacts proches». Le rapport recommande aussi d’utiliser préservatifs et digues dentaires lors de rapports anaux ou oraux. Et bien sûr de bien se laver les mains, au moins 20 secondes, au savon et à l’eau chaude, avant et après chaque rapport mais aussi après toute activité. Reste une chose à éviter à tout prix: l’anulingus (le bouche à anus) doit être totalement exclu. C’est bien connu, on aime toujours ce qu’on ne peut pas avoir. Se retenir ou s’abstenir de faire vos activités favorites afin de minimiser les risques ne les rendra que meilleures à la fin, quand l’orage aura passé. Aux célibataires, sachez qu’à l’image des entreprises qui souffrent de l’arrêt forcé, votre bassin de fréquentations pourrait aussi en pâtir. Si vous plaisez vraiment à quelqu’un, cette personne attendra.
THOMAS SEYMAT n
avec agences.
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Confusion en zone Schenge le rétablissement des contrôles frontaliers, prévient un spécialiste des enjeux de migration et de mobilité au Centre de politique européenne. «La question serait alors de savoir quand (ces contrôles) seraient levés. Schengen est l’une des réalisations les plus importantes de l’UE et une des plus populaires. Cela donnerait également une mauvaise image de la capacité des pays de l’UE à travailler ensemble». L’espace Schengen, qui permet la libre circulation des personnes et des marchandises, comprend 26 États dont 22 sont membres de l’UE, les quatre autres étant la Norvège, l’Islande, la Suisse et le Liechtenstein. Cette confusion des contrôles aux frontières n’est pas sans rappeler le début de la crise sanitaire en Europe et les disputes qui s’en sont suivies entre les États européens pour l’approvisionnement en matériel médical.
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La crise du Covid-19 appelle chaque pays de Schengen à se protéger avant de penser aux voisins de l’Union Européenne. DR.
ls étaient supposés assouplir à l’unisson les restrictions aux frontières à la mijuin et permettre aux touristes hors UE de voyager au sein du bloc dès ce mois-ci mais l’ouverture coordonnée des frontières dans les pays membres de l’Union européenne et leurs voisins transfrontaliers s’est transformée en un patchwork de règles très différentes l’une de l’autre avec des initiatives isolées de certains pays mettant en oeuvre de nouveaux contrôles. Le problème est délicat à gérer car la situation est sans précédent et mouvante, selon un diplomate de l’UE. «C’est un
apprentissage par la pratique». Les pays membres de l’UE se sont accordés sur une liste de 14 pays jugés «sûrs», parmi lesquels le Canada, le Japon et la Serbie. Les voyageurs en provenance des pays figurant sur cette liste sont autorisés à entrer au sein de l’UE. La liste doit être actualisée tous les quinze jours pour tenir compte de l’évolution de la situation sanitaire. Mais si certains États comme les Pays-Bas ont effectivement ouvert leurs frontières aux 14 pays «sûrs», d’autres comme l’Italie et la Belgique ont décidé de n’accueillir aucun ressortissant de ces pays. Par la suite, les Pays-Bas ont conclu que la Serbie et le Monténégro
n’étaient plus «sûrs». Selon un diplomate européen, la prochaine liste des pays ayant leurs ressortissants autorisés à entrer dans l’UE sera probablement plus courte. VERS UN RÉTABLISSEMENT DES CONTRÔLES ? La volonté d’ouverture des frontières s’est heurtée à la résurgence des nouveaux cas de coronavirus dans certains pays, notamment très touristiques, l’Espagne et le Portugal. L’Autriche a émis des avertissements aux voyageurs souhaitant se rendre en Bulgarie, en Roumanie et en Moldavie. De son côté, la Hongrie a annoncé une révision des règles relatives aux déplace-
ments vers les pays voisins que sont l’Autriche, la Serbie, la Croatie, la Roumanie, la Slovénie et la Slovaquie. Dans le même temps, la Norvège, qui n’appartient pas à l’UE, a annoncé qu’elle allait lever à partir du 15 juillet les restrictions sur les déplacements vers et en provenance de 20 pays européens, dont la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni, et trois des 21 provinces suédoises. Quelques semaines seulement après la levée des restrictions sur les déplacements, ces règles différentes aux frontières et leur contournement éventuel par des voyageurs atterrissant dans un pays puis se rendant dans un autre pourraient entraîner
MSF accusée de racisme S elon une déclaration signée par 1.000 employés (ou anciens employés) de l’ONG française Médecins sans frontières (MSF) privilégierait une minorité blanche en son sein et aurait des pratiques «paternalistes». Cette organisation est l’une des plus importantes organisations humanitaires les du monde. Elle a obtenu le prix Nobel pour la paix en 1999, et fournit de l’aide médicale d’urgence à des personnes
dans le besoin vivant dans les pays plus pauvres et dans des zones de conflit. «Il y avait un sentiment constant qu’ils avaient besoin du staff «local» pour faire avancer les choses, affirme Padma Priya, une ancienne manageuse de MSF à Delhi. Mais à part ça, ils se sentaient meilleurs que nous. Ç’était très fatigant». Une sorte de système de «castes», difficile à renverser, puisque, comme l’affirme un autre témoin anonyme : «Essayer
d’aider un membre du personnel national à postuler pour un emploi en tant que membre du personnel international est le processus le plus fastidieux, le plus injuste et le plus frustrant que j’aie jamais subi. «Parfois, dénonce un autre membre, des personnes à peine sorties de l’université étaient embauchées pour superviser du staff comptabilisant 10 ou 20 ans d’expérience». «La lettre appelle à une enquête indépendante sur le racisme au sein de
l’organisation et à une réforme urgente afin de démanteler «des décennies de pouvoir et de paternalisme»». Pas de quoi impressionner Christos Christou, le président international de MSF, qui a déclaré qu’il considérait cette lettre ouverte «comme une opportunité qui est née d’un événement tragique (la mort de George Floyd et le mouvement antiraciste qui a suivi), qui a déclenché la rage et la discussion au sein de notre mouvement».
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