LE SOFTINTERNATIONAL 1497

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international THE INTERNATIONAL DRC LEADING NEWSPAPER

SINCE 1989 N°1497 | LUNDI 31 AOÜT 2020 | 20 PAGES €7 $8 CDF 10500

Cet homme traque les pilleurs

Qui est-il

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l fout la trouille à l’annonce de sa venue, sème panique et terreur chez les argentiers de la République après le passage de ses forces spéciales. Celui qui a fait Sciences Éco n’affiche aucun complexe quand il parle finances publiques. Dès mars, peu après le retour du Président de la République d’une tournée des voisins où il écoute et entend, Jules Alingete Key est reçu à la Cité de l’UA, convainc certainement le Chef de l’État qui le coopte et qu’il reçoit celui qui dispose des forces spéciales, au moins une fois la semaine, pour s’enquérir des avancées dans la traque et la filature des chemins du coulage et de pillage des richesses du pays. Qui est cet homme? Uniquement Le Soft International. (5 pages à partir de la 7.)

L’homme sur qui Fatshi compte dans le traçage, la filature, la traque du coulage, du pillage de l’État, la normalisation aussi. Alingete Key. DR.

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L’actu

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Des déguerpissements comme s’il en pleuvait

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oici venue la saison de déguerpissements dans la Capitale Kinshasa, dans le pays... Vraie cascade... Tout semble commencer par l’exemple, par la Justice qui paraît soudain s’être libérée au Congo d’une emprise du pouvoir exécutif en retrouvant une indépendance longtemps réclamée... Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo en est pour beaucoup. Qui s’en plaindrait? QUI L’EÛT CRU? Tout commence avec la sortie musclée d’un élu, l’ancien gouverneur richissime PPRD-FCC, un vrai intouchable, Alphonse Ngoyi Kasanji. Effets jetés dans la rue d’une villa, avenue Roi Baudouin en pleine commune chic de la Gombe le 17 août. Qui l’eût cru? Alphonse Ngoyi Kasanji disait avoir acquis cette somptueuse villa, dans le quartier des ambassadeurs, en bonne et due forme. L’ex-homme fort de Mbuji-Mayi, en province du Kasaï Oriental, crie à une action «politique» - un règlement des comptes - faisant suite à ses «opinions politiques». Candidat Président de la République en 2018, donné parfois proche du PPRD-FCC avant de changer de cap en annonçant une «victoire par KO de Fatshi», le prospère et truculent homme d’affaires Gabriel Mokia dit «Ya Gaby» ayant évolué dans le café (import/ export) jadis porteur) qui s’aventure en politique sans y être, a fait la prison pour des agressions physiques (contradicteur sur un plateau de télévision, une passante provoquée), dit avoir récupéré sa maison et recouvré ses droits, salue chaleureusement l’État de droit instauré par le Président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo. Un autre à avoir été délogé : le propre frère cadet du président honoraire Joseph Kabila Kabange. Qui l’eût cru? La famille de l’ancien ministre de Mobutu et de Kabila père, Dominique Sakombi Inongo dit DSI, se félicite de l’arrêt de la Cour suprême de justice rendu le 7 février qui casse celui de 2010 qui avait ordonné à Dominique Sakombi inconsolable de quitter son domicile, hissé sur un petit toit imprenable du quartier

À g., les Kimbuta, l’ex-premier couple de la Ville de Kinshasa. À dr., Alphonse Ngoyi Kasanji, l’ex-homme fort de Mbuji Mayi. Ci-bas à g., Zoé Kabila Mwanza Mbala, frère cadet de l’ex-Président du pays. À dr, le truculent Gabriel Mokia dit «Ya Gaby». DR.

Ma Campagne, commune de Ngaliema. Victoire sur les Kabila, crient les Sakombi. La bataille politico-judiciaire aura duré plus de dix ans, explique l’actuel ministre des Affaires foncières Aimé-Guylain Molendo Sakombi - un des fils de Sakombi - expert immobilier d’expérience qui a fait un détour dans des maisons de presse, au Soft International, recommandé par son père entre autres... «En 2006, mon père reçoit un appel du chef du protocole de la présidence de la République, l’invitant à se présenter à la résidence de M. Zoé Kabila Mwanza Mbala, dans le quartier Gulf. Il s’y rend et le frère du chef de l’État lui explique que le vrai propriétaire de sa maison était désormais un certain Élie Lungumbu Milonge, en réalité, M. Zoé Kabila luimême», déclare le ministre UNC Aimé-Guylain Molendo Sakombi cité par le magazine franco-tunisien Jeune Afrique. S’ensuit un dossier politico-judiciaire complexe dont les premiers éléments de compréhension remontent à 1970. Ce qui aboutit à un premier arrêt en

Le ministre UNC des Affaires foncières Aimé-Guylain Molendo Sakombi. DR. 2010 de la Cour d’appel de la Gombe qui donne raison à Élie Lungumbu Milonge, présenté par les Sakombi comme le nom d’emprunt de Zoé Kabila». Les Kabila sont alors au pouvoir, dominent tout. Autre conflit parcellaire? Celui qui a conduit l’épouse Kimbuta à passer vendredi 28 août

2020 sa première nuit en détention au Parquet général près la Cour d’appel de la Gombe. Yvette Sequeira Kimbuta a été «mapée» et conduite à la prison de Makala. Elle est poursuivie « pour extorsion de signature, faux en écriture et usage de faux». Le magistrat congolais aurait constaté une incohérence dans

le certificat d’enregistrement obtenu en 2012 après transaction avec la propriétaire, Lucienne Tshimanga Musampa, pourtant décédée en 2010. QUI S’EN PLAINT? Pour le liquidateur de la famille, «la résidence familiale a été vendue de manière irrégulière

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par le conservateur des titres immobiliers». Dans un courrier daté du 29 août, l’ex-Première Dame de la Ville de Kinshasa qui évoque un arrangement à l’amiable contre une somme de 100.000 $US, regrette qu’elle ait été «acheminée en toute célérité inquiétante à la prison centrale de Makala dès 6.00 du matin de ce samedi 29 août 2020», sollicite une liberté provisoire moyennant paiement du cautionnement qui me sera exigé», écritelle au procureur général près la Cour d’Appel de la Gombe. Qui l’eût cru? Cette procédure possible aux États-Unis d’Amérique où la caution est courante - le pays est basé sur l’argent - l’estelle au Congo où la prison est une démarche dissuasive certes mais d’abord pédagogique? Si cela s’obtenait facilement au prix de l’argent, Makala serait-il en train de se remplir, jour après jour, de personnes en col blanc, les intouchables de... jadis? Peu à peu, le Congo s’est peut-être mis à changer. Il n’y aurait plus de Citoyens d’en-haut d’en haut... et d’autres d’en bas d’en bas ! Qui s’en plaindrait? ALUNGA MBUWA n


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Le Président Tshisekedi honore Me Mukendi admis dans l’Ordre Lumumba-Kabila

Conseiller du père et du fils, Me Jean-Joseph Mukendi wa Mulumba honoré et admis à titre posthume dans l’Ordre national Lumumba-Kabila par le Président de la République Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo qui a assisté à une messe des suffrages. DR.

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e bâtonnier JeanJoseph Mukendi wa Mulumba a été admis, à titre posthume, dans l’Ordre national Lumumba-Kabila par ordonnance du Président de la République Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo et décoré par le chancelier des Ordres nationaux, de la médaille de Commandant. La cérémonie a eu lieu jeudi 27 août lors d’une audience solennelle devant la Cour de cassation auprès de laquelle Me Jean-Joseph Mukendi wa Mulumba fut avocat. Sous le rythme de la fanfare de la chancellerie, l’ancien bâtonnier et avocat près l’ex-Cour suprême de justice, a été honoré de la présence des magistrats, avocats et celle de nombreuses personnalités politiques qui ont reconnu en l’homme disparu son abnégation, la défense des droits de l’homme en toute impartialité et dont il était aussi un militant actif. En 2010, Me Jean-Joseph Mukendi wa Mulumba a présidé le collectif des avocats de la partie civile le procès phare de l’assassinat resté non élucidé de deux défenseurs des droits de l’homme Floribert Chebeya et Fidèle

Bazana. L’un des conseillers principaux du président de la République Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, le célèbre avocat qui fut, à sa mort, député du parti au pouvoir UDPS fut, des années durant, un proche collaborateur du défunt chef historique de l’opposition Étienne Tshisekedi wa Mulumba, père de l’actuel président. Il allait sur ses 74 ans - né le 4 avril 1946 à Bukonde dans le Kasai Central fils aîné d’une famille de 7 garçons et 3 filles, il commence ses études primaires à la Mission Notre-Dame de Kananga pour terminer au Groupe scolaire d’Astrida, à Butare, au Rwanda en 1958. En 1964, il poursuit ses études secondaires à l’ex-Collège Albert 1er de Kalina aujourd’hui Collège Boboto à la Gombe. Il est proclamé Docteur en Droit à l’Université de Liège en Belgique, en octobre 1970. DES SUITES DU COVID-19. Le même jeudi, le Président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo a assisté en la Cathédrale Notre-Dame de Lingwala à la messe de suffrages en mémoire de celui qui fut l’un des cadres historiques de l’UDPS, décédé le 24 mars 2020 dès la survenue de la pandémie du Covid-19 au Congo.

Il revenait d’un voyage en France. Jean-Joseph Mukendi wa Mulumba fut la troisième personne à perdre la vie au Congo

des complications de la pandémie de Covid-19 dont la crise semble avoir été particulièrement mal gérée, selon toutes les

sources dont celles de l’IGF notamment au plan sanitaire et des fonds alloués. avec AGENCES n

Une milice armée abat deux élèves dans un centre d’examens au Nord-Kivu

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u moins deux élèves ont péri jeudi 27 août dans l’attaque par des miliciens armés d’un centre de passation de Test national de fin d’études primaires, TENAFEP en abrégé, village Katanga, territoire de Masisi, province du Nord-Kivu, ont annoncé des autorités locales et Kivu Security, un projet conjoint de l’ONG nw-yorkaise Human Rights Watch et le Groupe d’étude sur le Congo. Le ministre en charge de l’Enseignement primaire, secondaire

et technique, le PPRD Willy Bakonga Wilima a confirmé l’information sur des médias captés à Kinshasa. La milice responsable de l’attaque, est dirigée par un certain Kapasi. TUÉS AU MOMENT DE PASSER LE TEST. Cette horrible attaque a été menée contre le centre de passation de Test national de fin d’études primaires alors que les élèves s’apprêtaient à commencer cette épreuve. La sécurité de ce centre du village de Katanga était assurée par un contingent militaire qui n’a su éviter l’attaque mais des violents affron-

tements ont eu lieu entre l’armée et la milice sur le lieu faisant des morts et des blessés graves. Plusieurs personnes ont été enlevées par les miliciens dont deux enseignants, à en croire un rapport dressé par Kivu Security. L’Est du pays notamment le Nord et Sud Kivu font l’objet d’attaques dans une région peuplée par plusieurs groupes armés dont le but n’est pas compris mais qui serait l’exploitation illicite des mines. Hormis cette attaque, l’ex-secrétaire général adjoint du PPRD s’est dit satisfait du déroulement du TENAFEP. avec AGENCES n

Fatshi dix ans au pouvoir, décrète Kyungu

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abriel Kyungu wa Kumwanza a déclaré à Kolwezi, capitale du Lualaba, voir le président Félix Tshisekedi se succéder à luimême pour un second mandat de 5 ans. «FélixTshisekdei 10 ans», déclare en swahili et en

français sur une vidéo non datée face à une foule enthousiaste, ce patriarche nommé PCA de la SNCC par le Chef de l’État et autrefois soutien «inconditionnel» du richissime ex-gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi Chapwe. AMb n LE SOFT INTERNATIONAL | ÉDITION NATIONALE N°1497 | PAGE 4.

À nos lecteurs

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evons-nous l’écrire ? Qui l’ignore qui sache lire quand l’identité de ce journal est écrite à la première comme à la dernière des 20, 24, 32 pages voire plus de ce journal en lettres capitales et en gras ? «Le journal Le Soft International est une publication de droit étranger propriété de Finpress Group». International Le Soft ou Le Soft International, dites-le vous voulez, est un journal de droit étranger, enregistré à l’AMP, Agences et Messageries de la Presse belge SIP-AFRIMAGES, à l’adresse B-1410 Belgique, tél +32-488205666 Fax 00-322-3548978, eFax 00-1-707-313-3691, présent sur le territoire r-dcongolais suite à un accord conclu avec le ministère de la Communication et des Médias sous forme d’autorisation de diffusion délivrée par le ministre de la Communication et des Médias Lambert Mende Omalanga à la date du 13 janvier 2008 (M-CM/ LMO/0321/MIN/08). International Le Soft (ou Le Soft International) à ne pas confondre ni avec FINPRESS ni avec une identité quelconque, n’est pas de droit congolais. Il n’a aucune carte, n’est membre d’aucun syndicat ni d’aucune organisation professionnelle congolaise, ne participe à aucune activité d’aucune organisation patronale ou professionnelle avec toute conséquence juridique que cela implique mais le monde étant ce petit village planétaire de Mac Luhan, la publication se dit solidaire avec la corporation d’ici et d’ailleurs.


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Les abords de l’hôtel cinq étoiles Kin Plaza Arjaan by Rotana dégagent une irespirable odeur pestilentielle

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mpossible de se mettre aux abords de l’hôtel Kin Plaza Arjaan by Rotana pour prendre un bol d’air au soleil. Surtout côté pharmacie et donc entrée principale d’un hôtel dont la maison mère se trouve dans la belle ville des Émirats arabes unis Dubaï. Le problème est que cela dure des mois, des années sans solution... Ce côté est-il celui des évacuations des égoûts, mieux, des puits perdus ou côté fosse septique ? En tout cas, ceela en a tout l’air vu les émanations pestilentielles que cet espace dégage qui empêche quiconque d’y rester une seconde... Pourtant, situé au 88, croisement des avenues de la Justice et Ouganda dans le chic quartier de la Gombe - non loin de la résidence officielle du pré-

Des miniers contrevenants T

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nouveau, Banque Centrale du Congo et miniers sur la sellette. Selon ce qu’en a rapporté vendredi 28 août le Conseil des ministres, le Président de la République Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo a fait un constat amer : environ 1,5 milliard de $US n’a pas été rapatrié par des entreprises minières dans la période allant de juin 2019 à ce jour. Le Président de la République a engagé le Gouvernement à ce que toutes les entreprises minières concernées qui ne seraient pas, en l’espèce, en

Les ports illégaux vont devoir dégager

règle de le faire endéans quinze jours. Passé ce délai, les services compétents de la Banque Centrale et de la DGRAD (Direction générales des recettes administratives et domaniales) devront appliquer des sanctions sévères à l’endroit des contrevenants. Aux termes de l’article 269 du nouveau Code minier, le titulaire d’un titre minier qui, en phase d’amortissement de son investissement, exporte les produits marchands des mines, est autorisé à garder et à gérer dans son compte principal et ses comptes de service de la dette étrangère, les recettes de ses ventes à

l’exportation à concurrence de 40%. Selon cette loi, l’opérateur exerçant dans le secteur est tenu de rapatrier obligatoirement dans son compte ouvert au Congo, 60% des recettes d’exportation dans les quinze jours à dater de l’encaissement au compte principal prévu à l’article 267 du Code minier. Comment expliquer que des entreprises minières qui réalisent des bénéfices colossaux ne se conforment pas à cette obligation légale? Seraient-elles couvertes comme c’est de coutume - par des soutiens politiques? avec AGENCES n

Lors d’une conférence de presse, l’inspecteur général des Finances Jules Alingete Key, est apparu sûr de lui, affirmant que la justice interpellera les personnes impliquées. C’est sur demande du président Tshisekedi que l’IGF avait lancé ses enquêtes pour auditer les comptes de plusieurs administrations. Si le Premier ministre Sylvestre Iliunga Ilunkamba affirmait avoir débloqué de mars à juin, plus de 10 millions de $US, Jean-Jacques Muyembe, le chef de la lutte, assure n’avoir reçu que moins de 1,5 million de $US depuis l’apparition des premiers cas. Le ministre de la Santé dit avoir géré 3 millions de $US quand des agents et du personnel soignant étaient

impayés. Outre des allégations massives de listage de faux cas pour gonfler le budget. Une copie de ce rapport a été remis au Président et au Premier ministre et un dossier plus lourd de mise en accusation déposé au parquet général près la cour de cassation pour des poursuites judiciaires. Après avoir réuni une conférence de presse et réfuté des accusations de détournement, le ministre de la Santé a été recadré par un fonctionnaire de l’IGF surpris que le ministre n’ait pas voulu attendre de s’expliquer devant le parquet, y voyant une fuite an avant. Le pays sur le chemin Ebola qui a vu l’exministre de tutelle Oly Ilunga écopé d’un an de prison? avec AGENCES n

Covid-19 en voie de faire scandale à l’instar d’Ebola

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es responsables de la gestion des fonds Covid-19 ont été mis en accusation par l’IGF, l’Inspection générale des Finances après une enquête qui remet en cause des membres du gouvernement impliqués dans la chaîne de dépenses. Le ministre de la Santé, l’UDPS Eteni Longondo, médecin de son état, est en première ligne des personnalités sur qui pèsent de lourds soupçons de malversations financières, de surfacturation notamment des soins et de services aux malades. Des responsables de la Banque centrale du Congo et des responsables connexes sont également dans le viseur de l’IGF.

sident honoraire Joseph Kabila et de l’ambassade de la Russie, Kin Plaza Arjaan by Rotana est, nul doute, de classe internationale, fier d’afficher ses cinq étoiles à l’instar du Fleuve Congo Hotel ou du Pullman Kinshasa Grand Hotel, à un jet de pierre. Pour ses propriétaires, est-il si difficile d’éviter aux touristes et aux visiteurs d’avoir à ingurgiter des odeurs fétides là où ils viennent trouver sommeil ou partager un repas? On pourrait s’imaginer que les espaces publics incombent aux pouvoirs publics, en l’espèce à l’Hôtel de ville. N’y voit-on pas néanmoins une urgence pour la santé de la clientèle? Le comble de tout est que ces puanteurs refoulent dans la pharmacie, lieu où l’on vient tenter de recouvrer la santé... D. DADEI n

ous les ports illégaux seront immédiatement fermés et les opérateurs traduits devant la justice pour des «sanctions exemplaires et appropriées», a annoncé le Président de la République FélixAntoine Tshisekedi Tshilombo vendredi 28 août au conseil des ministres. Face à cette situation jugée «inacceptable», le Chef de l’État a chargé le Vice-Premier ministre de l’Intérieur, à son collègue des Transports ainsi qu’au Vice-ministre de la Justice faisant fonction de titulaire, de dresser un rapport circonstancié sur cette question à la prochaine réunion du Conseil des ministres. JOUR APRÈS JOUR. Le Président de la République a rappelé la réglementation en vigueur qui encadre l’activité des ports. Ceux-ci sont traditionnellement considérés comme des « ports services», où l’autorité portuaire s’occupe de tous les services opérationnels relevant du port. Le constat dressé est que de nombreux ports privés sont créés en toute illégalité et fonctionnent en marge de la légalité et des principes régissant le domaine public de l’État. Le Président a souligné que cette situation porte gravement atteinte au monopole de gestion et d’exploitation des ports dans le bief maritime du pays accordé à la SCTP, ex-ONATRA, la Société Commerciale de Transport et Ports par l’Ordonnance n° 71-307 du 3 décembre 1971. «Ce texte permettait à celle-ci de gérer jadis 90% de tous les frets maritimes congolais. La SCTP a aujourd’hui, perdu sa compétitivité depuis la mise en opération des ports privés susvisés». Plus grave : « Dans la plupart de cas, les opéra-

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teurs de ces ports privés ferment tout accès aux différents services publics, notamment la police, la douane, la quarantaine, etc. » et font des débarquements des marchandises notamment en provenance de l’étranger de jour ou de nuit en toute illégalité. Sont souvent visées : des personnalités hier intouchables car proches de l’ex-président de la République Joseph Kabila Kabange qui avaient créé également leurs propres agences en douane. La mesure a été chaleureusement saluée à l’ex-ONATRA. Il paraît de plus en plus évident, jour après jour, que le pays s’affirme engagé dans un processus de normalisation de gouvernance par la restauration de l’état de droit. Ce qu’ont applaudi dans leur lettre par une dizaine de sénateurs américains James Elroy Risch, Robert Menendez, Marco Rubio, Benjamin L. Cardin, Ted Cruz, Christopher A. Coons, David A. Perdue, Tim Kaine et Cory A. Booker. Le 17 août, ils ont signé une lettre de trois pages adressée au Secrétaire du Trésor Steeve T. Mnuchin et au Secrétaire d’État Michael R. Pompeo sollicitant leur implication dans la normalisation de la situation au Congo en prévision des élections démocratiques de 2023. Ils appellent l’administration Trump à aider le Président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo à se débarrasser du système de corruption hérité de l’ancien régime Kabila. Le Président Tshisekedi dit son admiration de ce courrier qui souligne les avancées historiques enregistrées au Congo depuis son entrée en fonction dans des domaines de liberté, de droits de l’homme, de la bonne gouvernance, selon un texte publié sur le compte Twitter de la Présidence de la République. avec AGENCES n


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Est-il possible que le parti présidentiel ait pu avoir organisé des milices armées?

Face aux événements déplorables de Kasumbalesa, la direction de l’UDPS (à g., le président national a.i Jean Marc Kabund, à dr., le S-G a.i Augustin Kabuya Tshilumba) ont réagi avec vigueur et fermeté même si le Secrétaire général a.i Kabuya a eu droit à un «défilé de colère» réclamant sa démission. DR.

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ar ces temps des réseaux sociaux, impossible, en dehors d’un système de communication interactif et réactif, de démêler le vrai du faux. Le faux est souvent plus gros, plus fort, plus structuré au point que le citoyen lambda est bien en peine de trancher. Plus le mensonge est gros, plus il passe... En effet. Du coup, certains ont réglé le problème : ne jamais suivre les réseaux sociaux ou la multitude de leurs sites de référence, se contenter des médias structurés, «institutionnels» à l’«origine» bien identifiée... Encore que ceux-ci peuvent beau clamer une indépendance ou un professionnalisme, cela n’est souvent que de façade dès lors qu’ils sont dépendants de la ligne éditoriale tracée par des dirigeants économiques ou... politiques. Les maîtres à penser... Certes, le régime démocratique a cru régler la question - plus les médias sont divers sur une scène, plus le Citoyen a plus de chance d’être informé en misant sur l’objectivité qui est à l’arrivée - à la consommation finale - moins ou jamais au départ - à l’émission - sans y parvenir vraiment. Là encore, qui donc investit massivement les opinions sinon le capital, à savoir le plus économiquement fort? LES RÉSEAUX S’EN SONT ÉMUS. Par deux fois, ces derniers jours, le parti présidentiel UDPS s’est trouvé heurté dans sa posture publique. Le cas le plus frappant est celui de Kasumbalesa, à la frontière avec la Zambie, dans le Haut-Katanga. Un chef local de l’UDPS a estimé devoir «collecter» l’impôt, organiser le salut au drapeau, faisant bloquer la circulation au moment de l’exécution de l’hymne du parti !

Les réseaux s’en sont émus... Avec eux, tous les cartésiens... Comment cela serait-il possible? Le parti présidentiel a-til été infiltré (en politique, cela est courant)? Par qui et dans quel but ? On pourrait à cette dernière question imaginer la suite... Il s’agirait de fausser l’image d’un parti voulu dès sa création, par ses pères fondateurs, pacifique... Cette étape a-t-elle été dépassée? L’UDPS se serait-elle transformée en parti de violence, de maquis ou ses dirigeants dépassés ne tiendraient pas en laisse des partisans ? QUAND L’EXTÉRIEUR COMPTABILISE. Pourtant, le secrétaire général a.i de l’UDPS Augustin Kabuya Tshilumba a envoyé un message sans équivoque à la base menaçant «quiconque s’en prendrait avec légèreté» à l’image du Président de la République. Mais cela n’avaitil pas parfois été vu avec étonnement sinon épouvante sur certains réseaux sociaux? Le Président normal, voulu par François Hollande même à l’ère des réseaux sociaux, est-il possible quelque part dans le monde et a-t-il jamais été concevable en Afrique où le Chef, plus qu’ailleurs dans le monde, est sacral ? La légende ne rapporte-t-elle pas comment des Chefs Kuba, des Mwami ou des «Mfumu Kikanda sont loués, vénérés voire craints au sens noble du terme, par les leurs ? Réclamer le simple respect dû à un Chef n’est pas façonner un dictateur. Des FCC ont parlé de «République des Juges», voici que l’un des ténors du FCC, le député Félix Kabange Numbi, ancien ministre de la Santé, évoque, sur une radio privée, une «République des Wewa» citant au passage les morts des manifestations et des destructions des sièges des partis politiques... «Le but est de faire taire les autres. Mais là n’est plus la République. Le risque est de voir l’exemple être suivi

par d’autres... Ce qui serait la fin de tout». Intox? Joue-t-on à faire peur? Informé de la dérive - du risque, du danger qui menacerait même les assises du pouvoir républicain qu’il symbolise fortement auprès de ses Concitoyens et à l’étranger qui observe, comptabilise, documente, le Président de la République a eu une réaction virulente. Il ne faut pas qu’après le conflit Kamwena Nsapu dans le Kasaï qui n’a pas encore fini de rendre compte et alors que le nouveau régime pousse la justice afin que la vérité, toute la vérité, rien que la vérité éclate au grand jour pour que des responsabilités soient établies et les responsables sanctionnés, que soudain, la vague irait en sens contraire. Voilà un piège tendu. Via le secrétaire général a.i Augustin Kabuya Tshilumba qui gère le parti présidentiel au quotidien, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo a eu recours à l’armement lourd pour mettre fin à des dérapages inacceptables d’une cellule à Kasumbalesa dite Bilanga. «Nous ne sommes pas venus au pouvoir pour faire comme ceux que nous avons critiqués hier. L’UDPS ne peut pas se transformer en une institution du pays. M. Tshisuaka n’est pas reconnu par la direction politique du parti comme président fédéral de l’UDPS/ Kasumbalesa. S’il y a une personne qui a un document qui atteste que cet homme est responsable de l’UDPS à Kasumbalesa, qu’il nous le brandisse», a-t-il déclaré, intervenant au journal télévisé de la chaîne publique Rtnc appelant «le gouvernement provincial du Haut-Katanga à jouer son rôle qui consiste à rétablir l’ordre à ce poste frontière». Il n’empêche ! `Directeur de cabinet adjoint du gouverneur du Haut-Katanga, le professeur Christian Kunda Mutoki a, mercredi 19 août, accusé le parti prési-

dentiel d’être mêlé à la fraude douanière à Kasumbalesa en y installant une base Bilanga. «Au delà du drapeau officiel de l’UDPS qu’on monte matin et soir, exigeant aux gens de ne pas bouger et aux automobilistes de s’arrêter au moment de l’hymne, l’UDPS a construit un dépôt à la frontière de Kasumbalesa une grille tarifaire en y collectant des taxes. Il y a aussi une milice, une police propre à ce parti politique qui perçoit des taxes». Trois gouverneurs, tous FCC certainement brieffés - Jacques Kyabula du Haut-Katanga, Richard Muyej Mangez Manz de Lualaba et Zoé Mwanzambala Kabila de Tanganyika - ont appelé le Vice-premier ministre en charge de l’Intérieur, le CACH Gilbert Kankonde Malamba, à mettre fin au phénomène Bilanga. Depuis, Tshisuaka a pris la poudre d’escampette... DES «FARCES» À PREMIÈRE VUE... Alors que l’UDPS se désolidarise d’une tête brûlée dans l’exKatanga, le parti présidentiel aurait-il œuvré à en organiser une dans la Capitale dans le quartier de Kingabwa, commune de Limete ? Voilà qui ne serait pas logique. Il n’empêche ! Aussitôt ce «groupe d’inciviques» démantelé mercredi 26 août 2020 - «sur ordre de la haute hiérarchie» - et que vingt-trois personnes ont été mises aux arrêts, le FCC-PPRD a diffusé un communiqué officiel y voyant «de la similitude (...) entre les activités menées par ces groupes de hors-la-loi, identifiées également à Kasumbalesa», exprimant «sa vive préoccupation de voir ces milices urbaines se multiplier d’autant qu’elles portent directement atteinte à l’État de droit, à la démocratie et à la sécurité des biens et des personnes». Ce communiqué qui place le FCC-PPRD dans le camp du soutien de «la stabilité du pays», «exige une enquête minutieuse et

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approfondie (...) en procédure de flagrance» et réclame «les sanctions les plus sévères». DES RÉACTIONS MOQUEUSES. Dans les milieux proches de l’UDPS, les réactions après ce communiqué du FCC n’ont pas tardé. Plutôt moqueuses... «Il fallait écrire... des miliciens se revendiquant d’un parti politique..., puisque dans leur communiqué, ils désignent par avance le coupable, même par allusion ; soyons plus précis, par illusion nocive, ils ne peuvent plus demander l’ouverture d’une enquête mais bien celle d’un procès. Bref, c’est de la distraction. La route qui est la nôtre n’a plus désormais ni virage ni bifurcation. Appliquons sans complaisance le plan économique et social du Président de la République. Ne nous laissons pas détourner par cette farce. Aviez-vous vu un communiqué du PPRD après les massacres du Kasaï? Oui, seulement pour en nier l’évidence et l’existence. Que dire de Gédéon Kyungu, des Bakatakatanga, 2005 au Congocentral, Équateur, Yumbi.... Cependant, satis superque! En 18 ans d’existence, le PPRD n’a jamais battu le pavé. Mais pour la toute première fois qu’ils organisent une marche, il y a peu, c’est son contraire, un arrêt, un retour sur le passé. Oui, en soutenant les anti valeurs, par la marche contre l’État de droit, contre l’indépendance des magistrats, contre le progrès, ils prônent l’immobilité. Cette immobilité qui semble naturelle au PPRD qui sent qu’avec l’avènement de l’UDPS, c’est le début d’une nouvelle série des enfants de chœur fascinés par le gain et l’exploitation du peuple». En clair, s’il y a certainement des informations à ingurgiter, il y en existe celles qui ne méritent pas qu’on s’y attarde. Mais comment le faire par ces temps de «Tout Info»? ALUNGA MBUWA n


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La UNE du Soft

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Il fout une véritable trouille quand il passe

Qui est cet homme

qui répand la terreur

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l a eu 57 ans le 25 juin. Condisciple à l’Unikin en Sciences Éco de l’ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo Mapon qu’il connaît, avec lui, plusieurs autres membres des Gouvernements actuel et passés, Jules Alingete Key né à Kinshasa, commune de Barumbu, s’est distingué partout où il est passé, connaît la ville Capitale et maints des services de l’État où il a travaillé comme le fond de sa poche même si, volontiers, il botte en touche sur certains autres dont cet auxiliaire de la justice regrette le passage promettant d’en dire plus un jour. Son modèle - sa référence c’est un homme des années Mobutu, l’immense Kazumba, né Léon Kazumba-Luaula, originaire de l’actuel Kasaï Occidental, qui a laissé ses marques à un service resté depuis les années Mobutu intact comme si ce corps de l’élite financière de l’État, avait été laissé à l’abandon afin qu’il n’ose pas empêcher de faire tourner en rond le

pays. Comme Kazumba, Jules Alingete Key s’emploie à marquer son territoire. Trois dossiers sont d’ores et déjà remplis : fonds Covid-19. Sur 6 millions de $US mobilisés par le Gouvernement, 2 millions de $US manquent à l’appel. Soit 30% du financement total qui ont pris une destination inconnue. Deuxième dossier : les exonérations. Si ce dossier doit encore livrer tous ses secrets, Jules Alingeti Key y voit «un mode savamment imaginé de détournement des dépenses publiques», mis en place par les autorités gouvernementales. Au total, plus de 1.500 cas d’exonérations identifiés, un manque à gagner de plus de 2 milliards de $US. Troisième dossier : les compensations des recettes publiques via « des créances farfelues ». Cet originaire de la province de Maï-Ndombe jure : il ne restera jamais sans réaction face au système de pillage et de coulage des finances publiques mis en place par les hauts fonctionnaires. Un message gratuitement délivré : les prisons du Congo attendent du monde... Quatre pages ci-après. Uniquement Le Soft International.

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Qui est-il

L’homme qui fait trembler les argentiers de la République

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Jules Alingete Key, l’Inspecteur Général des Finances des années Tshisekedi nommé le 30 juin, qui a pris ses fonctions le 7 juillet. DR. l rencontre le Président de la République FélixAntoine Tshisekedi Tshilombo «au moins une fois par semaine».

Clair. Sans équivoque.

L’homme qui voit le Président de la République, Chef de l’Etat, «au moins une fois par semaine» - cela suppose qu’il peut le rencontrer, échanger avec la plus haute autorité de la Nation bien plus qu’une fois, trois fois pourquoi pas, bien plus, tous les sept jours que Dieu fait LE SOFT INTERNATIONAL | ÉDITION NATIONALE N°149 N°1497 7 | PAGE 8.

- n’est pas le Congolais lambda. Cet homme là appartient sans nul doute à un cercle présidentiel très fermé, à la garde rapprochée du Président de la République, comme disent les médias, dans leurs jargons. (suite en page 9).


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L’IGF était mise à l’abandon depuis les années Mobutu mandat. Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo le sait… D’où le poids qu’il met sur cet homme, né à Kinshasa, dans la commune de Barumbu, âgé de 57 ans au 25 juin dernier, «connu pour être direct» - c’est, en l’espèce, un avantage -, qui fait trembler des pans entiers du secteur des finances publiques quand il passe pour en ramener le plus vers le Trésor public. Cet homme nommé le 30 juin Inspecteur Général des Finances et Chef de Service, qui a pris ses fonctions le 7 juillet, qui, comme une machine à écrire, donne de mémoire et, à l’infini, une pluie des dates de sa vie (son diplôme d’état obtenu en 1983 avec 71%, son entrée à l’Université de Kinshasa en 1983, son départ de l’Université en 1988 avec sa licence en Economie, son recrutement l’année d’après le 7 janvier à l’Inspection Générale des Finances, sa cote à ce concours à l’IGF où il se classe en ordre utile - 6ème sur les 50 recrutés face à une foule de candidats -, promu inspecteur principal à l’IGF en 2010, inspecteur général à l’IGF dix ans plus tard en 2020, dispose d’un chapelet d’anecdotes à raconter sans fin...

(suite de la page 8).

Il en est ainsi de l’Inspecteur Général des Finances de la République. Il en résulte que Jules Alingete Key est LE premier conseiller financier du Président de la République. Du coup, le premier Conseiller économique du Chef de l’Etat. C’est LE lanceur d’alerte, LE Gendarme économique et financier du Président de la République... Sans aucun doute l’homme clé à un moment où, plus que jamais, l’économie - en clair les Finances de l’Etat - passe plus que jamais par ces temps de Covid-19 avant tout. Au cours d’un conseil des ministres réuni à Guizot, le baron Louis (17551837) prononce cette phrase : « faites nous de bonne politique, et je vous ferai les bonnes finances ». Conseiller au Parlement de Paris sous l’Ancien Régime, administrateur du Trésor public sous l’Empire, ministre des Finances sous la Restauration qui lui doit son redressement financier, à 75 ans, le baron retrouve le même poste sous la Monarchie de Juillet. Il redresse les finances publiques, réforme le ministère des Finances, place à la tête de la Banque de France le banquier Laffitte, autre honnête homme soucieux de « bonne politique » et de « bonnes finances ». Aujourd’hui en 2020, le baron est appelé à revoir sa copie, opter ou privilégier pour cette autre phrase : « L’argent c’est le nerf de la guerre ». Les Finances c’est le nerf de la guerre. Le flux de trésorerie c’est le nerf de la guerre. On peut tout idéologiser : sans argent, on n’est rien. Sans argent, un pays n’est rien… Qui contrôle l’argent - qui contrôle le nerf de la guerre - dispose du pouvoir ultime. Sous Mobutu, c’est Jean Nguz a Karl-i- Bond, ministre des Affaires étrangères qui savait tout dire, séduisait toutes ses convives dans tous les cercles diplomatiques, se lamente, laisse tout tomber, dresse un tragique constat : « Quand le Zaïre exportait plus de 450.000 tonnes de cuivre, le pays

L’Inspecteur Général des Finances des années Mobutu Léon Kazumba-Luaula dont s’inspire Jules Alingete Key, le nouvel IGF nommé le 30 juin dernier, qui a pris ses fonctions le 7 juillet. DR. était respecté à l’étranger. Maintenant qu’il en produit moins de 50.000, qui le respecte encore au sein de la communauté internationale? Qui écoute la parole du Zaïre ? » C’est juste que le Gendarme Jules Alingete Key rencontre le Président de la République «aussi souvent que possible, chaque semaine, comme

il déclare en fin de semaine au Soft International. Il doit « faire rapport au Chef de l’Etat, « obtenir des orientations» de l’autorité suprême du pays afin de travailler. De travailler afin ramener au Compte général du Trésor public le plus de ressources possible afin que le pays mène des bonnes politiques (relance éco-

nomique, reconstruction des infrastructures économiques, sociales, eau, électricité, santé, etc.), que son image se redresse alors que le mandat de cinq ans, a, à deux ans déjà, été presqu’accompli… Ce qui n’a pu l’être hier, ce qui ne peut l’être aujourd’hui, ne le sera certainement pas la veille de fin officielle de

«OÙ EST L’IGF QUE JADIS J’AI CONNUE?» Au mois de mars 2019, trois mois après l’investiture du Président de la République, l’homme qui a été tout à Kinshasa - à la ville de Kinshasa sous le gouverneur de la ville Théophile Mbemba Fundu di Luyindu comme coordonnateur de cabinet, avec Christophe Muzungu Kabemba aujourd’hui ambassadeur à Brazzaville, Commissaire aux Comptes à la Régideso, passé à la Primature sous deux Premiers ministres comme conseiller en charge du climat des affaires dont il se tait d’évoquer le second mandat, un des premiers directeurs à la DGRK, la Direction générale des recettes de Kinshasa, DirCaba au cabinet de la ministre de l’Economie Acacias Bandubola Mbongo - rencontre le nouveau Pré-

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sident de la République après qu’il a entamé une série de visites à l’étranger dans des pays voisins où il a écouté et peu parlé. Jules Alingete Key n’est alors pas le Chef de service de l’IGF qu’il est aujourd’hui. Le Président de la République qui le découvre, lui rappelle ses années de jeunesse, auprès de son père, sur la mythique rue les Pétunias, à Limete, cette avenue longue de moins de 500 m. Quand un certain Kazumba, né Léon Kazumba-Luaula, originaire de l’actuelle province du Kasaï Occidental, alors tout puissant Inspecteur des Finances des années Mobutu, respecté sinon craint, venait rendre visite à son père Etienne Tshisekedi wa Mulumba au domicile familial, «à moi tout jeune, papa expliquait ce qu’était cet homme en réalité, l’importante charge qu’il occupait dans le pays, dans la bonne marche des Finances publiques». «Je nourrissais un tel fantasme pour cet homme», ajoute le Président de la République Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo qui certainement a déjà jeté son dévolu sur ce brillant jeune, de taille moyenne, physiquement guère imposante quand il passe la rue, qui a fait ses études à Limete, à SaintRaphaël, les a poursuivies à l’Institut commercial de Bikanga non loin de là, à Matete, dont les parents sont originaires de l’actuelle province de Maï-Ndombe, d’un village proche de la localité de la CKE, à Dima, sanctuaire de l’huile de palme, à la frontière de la province du Kwilu. Le Chef de l’Etat interroge l’homme qu’il reçoit ce jour sur ce que l’IGF de ses rêves d’enfance est devenue. «Où est donc passé l’IGF que j’ai connue? Qu’avez-vous fait de ce grand service de l’Etat? Moi, je ne retrouve plus ce Grand Service que vantait mon père...» Alingete ne dit pas la réponse qu’il donne au Chef de l’Etat. Quand il déclare au Soft International plus tard dans cette conversation libre que l’un de ses

(suite en page 10).


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Alingete s’inspire d’un conte de Tshilombo appris à l’école des Finances (suite de la page 9). chantiers prioritaires - le tout premier plus précisément - consiste en la «réhabilitation de l’Inspection Générale des Finances comme organe de contrôle qui doit contribuer efficacement à la bonne gouvernance du pays», qu’il en fait désormais son «rêve de tous les jours» depuis qu’il a été nommé à la tête de ce service, il est clair que s’il botte en touche, on a compris que depuis les années Mobutu, l’IGF avait cessé d’être, était devenue introuvable, s’était mutée en vieille casserole... De préciser aussitôt - ce qui permet de mieux comprendre la tragédie que vit ce service et, du coup, celle des finances publiques du pays - tragédie connue sous le nom que lui a donnée un Vice-Premier ministre en charge du Budget, le professeur Daniel Mukoko Samba, de la première équipe Matata, un jour lors d’un séminaire scientifique en la salle Congo du Grand Hotel Kinshasa - «coulage des recettes publiques» - d’aucuns ont parlé de plus de 10 milliards de $US perdus chaque année par les Finances publiques : «Si nous ne prenons pas garde aujourd’hui et maintenant, dans dix ans au plus tard, l’IGF n’existera plus». Ce service disparaîtra à coup sûr des radars... A-t-elle jamais existé, depuis la fin de Mobutu, dès lors que l’inspecteur des Finances le plus jeune est aujourd’hui âgé de 55 ans - autrement dit, est déjà à la retraite -, que les structures actuelles de l’Inspection Générale des Finances remontent à 1987, soit à trente-trois ans, sont, en 2020, en parfait déphasage avec les réalités de la gestion des Finances publiques? De là l’autre chantier de Jules Alingete Key : recruter une nouvelle génération des inspecteurs des Finances afin de garantir l’existence et la poursuite des missions de ce Service, pièce maîtresse des finances publiques. Si sur papier, l’IGF a été créée pour fonctionner avec 200 inspecteurs des finances, le service n’en dispose que de 70, la majorité ayant choisi d’aller voir ailleurs ou est en détachement plus motivant. L’urgence

Le mur de façade de l’Inspection Générale des Finances à la Gombe qui abrite des membres d’un corps d’élite financière qui aurait également mission de redresser les torts des fonctionnaires des Finances publiques. DR. consiste à travailler pour faire ressusciter ce corps jadis de l’élite financière du pays, en lui redonnant ses lettres de noblesse d’antan. Mission reçue par Jules Alingeti Key du Président de la République. De là son appel à candidatures lancé le 22 juillet 2020. Un concours de recrutement des jeunes inspecteurs des Finances... Il s’agit de rajeunir ce Service, de renforcer ses «forces spéciales de l’IGF comme il nomme ses brigades en charge d’œuvrer en faveur de la restauration de la bonne gouvernance attendue des gestionnaires des finances et biens publics. Le concours de recrutement de ces «forces spéciales» a eu lieu du 10 au 20 août 2020. Les dossiers attendus de ces candidats devraient comprendre, outre la lettre protocolaire de motivation et le curriculum vitae, un diplôme en photocopie, un relevé des notes obtenues à la dernière année de licence en Droit, Sciences économiques, commerciales, financières ou d’un diplôme équivalent répondant à la législation congolaise. Mais puisque le but ultime de Jules Alingete Key est de rajeunir le Service, de lui doter des nouvelles forces qui lui assurent un passage de flambeau, la condition pour que la candidature soit valable était l’âge du postulant au moment du dépôt de dossier, cet âge étant compris entre 25 et 35

sauf pour les fonctionnaires de l’Etat désireux de concourir, l’IGF tolérait l’âge de 40 ans maximum. Si l’on rappelle que le tout dernier recrutement à l’IGF remonte à 1991, il y a trois décennies - soit six ans avant la chute de Mobutu - on comprend l’état d’abandon dans lequel s’était depuis trouvé ce grand service de l’Etat et l’extrême urgence de sa réhabilitation pour une gouvernance dont la vision, sous Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, est la montée en puissance des finances publiques par l’arrêt du coulage des recettes publiques si tant est que le redressement du pays est l’ultime objectif du mandat en cours. COMME LES ENFANTS TSHILOMBO». Aux termes de l’article 2 de l’ordonnance n°87-323 datée du 15 septembre 1987 signée par Mobutu, Président-Fondateur du MPR, parti-Etat, portant création de l’Inspection générale des Finances, seul texte en vigueur, jamais revu depuis, ce service de contrôle des Finances publiques qui «dispose d’une compétence générale en matière de contrôle des finances et des biens publics» a mission de «vérifier et contrôler toutes les opérations financières de l’État, des entités administratives décentralisées, des établissements publics et organismes para-étatiques ainsi que

des organismes ou entreprises de toute nature bénéficiant du concours financier de l’État, des entités administratives décentralisées et des établissements publics ou organismes para-étatiques sous une forme de participation en capital, de subvention, de prêt, d’avance ou de garantie». Il est un «service d’audit supérieur du Gouvernement » et, du coup, «peut procéder à toute mission de contre-vérification, au second degré, de toutes les situations douanières, fiscales ou parafiscales des contribuables ou redevables d’impôts, droits, taxes ou redevances, soit en cas de découverte d’une fraude lors de l’exécution normale d’une mission de contrôle ou de vérification, soit sur réquisition des autorités politiques et administratives, soit sur réquisition des autorités judiciaires, soit, enfin, sur dénonciation des tiers» (art. 2 bis). Délaissé sinon méprisé hier, remis en selle et en première ligne désormais par Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo sous l’autorité duquel ce grand service de l’État est placé, on imagine la peur que les enquêtes des forces spéciales de l’IGF provoquent. Au total au nombre de six, ces brigades couvrent tous les secteurs des finances publiques, à l’échelle nationale et provinciale, du Gouvernement comme des entreprises et services de l’Etat. Outre la brigade

qui, sous l’autorité de l’inspecteur général-chef de service et de son adjoint, assure les fonctions d’animation et d’encadrement des services de l’IGF, l’ordonnance n°87-323 datée du 15 septembre 1987 de Mobutu crée deux types de brigades : celles «mixtes et/ ou ponctuelles chargées des missions particulières leur confiées» et celles permanentes. Dans cette deuxième catégorie, on trouve une brigade des recettes douanières, fiscales et parafiscales qui «contrôle et vérifie, auprès des services générateurs des recettes, toutes les opérations de constatation, de taxation, de liquidation, d’ordonnancement et de recouvrement des recettes, l’apurement du contentieux et les documents comptables y afférents» ; une brigade des dépenses publiques qui «contrôle et vérifie l’engagement, la liquidation, l’ordonnancement et le paiement des dépenses publiques» ; une brigade des établissements ou organismes publics, des entreprises publiques, des sociétés d’économie mixte ou subventionnées et des entités administratives décentralisées qui «contrôle et vérifie toutes les opérations financières de ces organismes, entreprises, sociétés et entités ainsi que celles de tout organisme bénéficiant du concours financier de l’État, des entités administratives décentralisées, des entreprises publiques, des établissements publics ou organismes para-étatiques sous une forme quelconque, notamment sous forme de participation en capital, de subvention, de prêt, d’avance ou de garantie» ; une brigade enfin de contrevérification douanière, fiscale, parafiscale et comptable qui «vérifie, au second degré, toutes les situations douanières, fiscales, parafiscales et comptables soumises à la vérification des organes de contrôle interne des autres services publics de l’État, soit en cas de découverte d’une fraude lors de l’exécution normale d’une mission de contrôle ou de vérification, soit sur réquisition des autorités politiques et administratives, soit sur réquisition des autorités judiciaires, soit, enfin, sur dénonciation

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des tiers». Une autre anecdote de Jules Alingete Key : elle évoque curieusement le sort tragique des enfants d’un certain… Tshilombo... Tiens ! Cette histoire est racontée au cours de sa formation à l’IGF par l’un de ses enseignants et qui fonde sa vision des contrôles des finances publiques. Kasaïen, Tshilombo fut un Congolais fortuné promoteur d’une entreprise familiale dont il attend des dividendes. Il nomme, pour ce faire, un directeur général et un directeur financier à la tête de son entreprise. Mais voilà que l’exercice financier écoulé, l’homme qui n’en a perçu aucun bénéfice alors qu’avec sa famille, il meure de faim, fait venir les deux dirigeants et leur demande des comptes. Ce qu’il entend de ses deux dirigeants le déroute. Malgré la grande production réalisée pendant l’année, l’entreprise n’aurait fait aucun bénéfice et, du coup, Tshilombo n’avait droit à aucun dividende. Furieux, le propriétaire presse de questions son Directeur général. Combien par mois s’est-il octroyé comme salaire ? Réponse : 15.000 $US/ mois. Ce salaire est-il continuellement payé ? Réponse : oui. Le Directeur a-t-il à son service un domestique? Réponse: oui. Ce travailler de maison est-il régulièrement payé par l’entreprise, propriété de Tshilombo? Réponse : oui. Le Directeur général a-t-il des chiens pour surveiller son domicile ? Réponse : oui. Ces chiens sont-ils régulièrement nourris, bien nourris? Réponse : oui. Ils ne meurent pas de faim ? Réponse : non. Tshilombo se lève, renverse la table face à lui, casse chaises et bahuts en pensant à ses enfants qui n’ont pas mangé ce jour quand les chiens du Directeur général de son entreprise mangent et mangent bien... Tshilombo ordonne à ses enfants d’aller plonger dans le contrôle des comptes de l’entreprise, de «fouiner » dans la gestion de ce Directeur général et du Directeur financier de son entreprise et de lui faire rapport... (suite en page 11).


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L’IGF ne restera pas sans réaction face au pillage des ressources du pays (suite de la page 10). Jules Alingete Key et ses cinq brigades veulent se comporter comme les enfants de Tshilombo. Remonté face aux hommes qui ont pillé entreprises et services de l’Etat en s’enrichissant aux dépends de la Nation, le chef de l’IGF veut afficher sa colère, exprimer son côté impitoyable, enfile une tenue d’uniforme de tissu de fond de nuance bleu nuit avec pattes d’épaule, galons et boutons dorés. «Quand on m’invite dans ces réunions où il y a suspicion de détournement, j’enfile ma tenue. Je veux que nul n’en ignore rien », nous explique Jules Alingete Key pour qui si l’habit ne fait pas le moine, on reconnaît le moine par son vêtement. «Cet habit c’est tolérance zéro», déclare-t-il au Soft International, et si cet homme qui est sorti major de sa promotion en 1988 en Sciences Eco, dont l’un des condisciples à l’Université de Kinshasa est le Premier ministre honoraire Augustin Matata Ponyo Mapon, observe une minute de silence avant de donner le nom de son modèle, il affirme avec force que l’homme qui est sa référence, n’est autre que ce Kazumba né Léon Kazumba-Luaula des années Mobutu pour lequel le Président de la République Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo alors jeune, nourrissait un fantasme. Quand on demande les dossiers sur lesquels ses brigades travaillent, il n’hésite pas par contre. D’abord, le ministère de la Santé. Dossier des fonds octroyés à la lutte contre la pandémie de Covid-19. Sur 6 millions de $US mobilisés par le Gouvernement, 2 millions de $US « restent injustifiés ». «En trois mois, ce sont au moins 2 millions de $US ont pris une destination inconnue. C’est 30% du financement total. Sur un an, combien aurait disparu?», s’interroge, visage ferme, le Gendarme de Fatshi dans sa tenue de chef de police. Puis de donner des détails : «Le rapport sur la mégestion des fonds de Covid-19 a été transmis à la Justice. Nous n’en dirons pas plus présentement. Il ne faut pas entraver l’action de

Dans le viseur de l’Inspection Générale des Finances, la BCC qui actionne le compte général du Trésor. DR.

la Justice. Pour lui, il n’existe aucun doute : les fonds Covid ont été mal gérés; d’importantes sommes ont été détournées. Plus grave : des autorités gouvernementales qui acceptent de payer une facture à l’hôpital du Cinquantenaire à raison de 12 $US par malade soigné atteint de Covid. C’est du jamais vu ! Ni le ministère de la Santé, ni quiconque n’accepte de porter la responsabilité de ce détournement avéré. Néanmoins, le ministère de la Santé a bel et bien réceptionné la facture sans l’honorer. Le ministère des Finances a mis les fonds à la disposition du ministère de la Santé... Et 2 millions de $US restent injustifiés...». Deuxième dossier : le ministère des Finances. Il s’agit du dossier des exonérations et des compensations. Si le dossier des exonérations est encore sous examen et doit «prochainement» livrer tous ses secrets, cela n’empêche pas Jules Alingeti Key de faire les premiers commentaires. En observant le comportement de nos finances publiques, ce dossier a été identifié comme l’un des points importants de fraude au Congo qu’il faut combattre comme première priorité. «C’est un mode savamment conçu de détournement des dépenses publiques», mis en place par les autorités gouvernementales. «Si le régime des exonérations est organisé par nos lois, les autorités d’exécution les octroient en s’appuyant certes sur ces lois mais sans opportunité ni fondement économique avéré». Au total, plus de 1.500 cas d’exonérations

ont été identifiés par l’IGF avec un manque à gagner de 2 milliards de $US. «Notre combat, explique Jules Alingete Key, consiste à réduire ce niveau des exonérations au moins à un niveau qui nous permettrait de récupérer au moins 500 millions de $US/an pour le Trésor». LA SANCTION DE L’HISTOIRE EST PLUS SÉVÈRE. Troisième dossier : les compensations des recettes publiques via « des créances farfelues ». Il s’agit ici « des cas des autorisations accordées à des opérateurs économiques à ne pas payer des impôts et taxes sous prétexte qu’ils détiendraient des créances sur l’État. C’est le cas des crédits remboursables aux sociétés minières dont la hauteur est extrêmement surévaluée, de la dette intérieure dont le contenu pose problème et parfois, des condamnations judiciaires de la République. Les compensations faussent la comptabilité publique en recettes comme en dépenses. Elles font du ministre des Finances l’unique autorité qui à la fois engage, liquide, ordonnance et paie une dépense. Or, les compensations sont interdites par nos lois des Finances», dénonce Jules Alingete Key faisant état en l’espèce d’un coulage de plusieurs centaines de millions voire de milliards de $US. Pourtant, au bout du compte, l’Inspecteur général des Finances se dit satisfait. «Les compensations sont désormais interdites. Plus personne ne pourra plus

y recourir désormais... Et c’est le résultat du travail de l’IGF…». Qu’en est-il des suites judiciaires? «Ce qui a été fait a été fait. Il faut maintenant regarder l’avenir. L’essentiel est que les compensations sont désormais neutralisées du fait de l’IGF...», répond Jules Alingete Key pour qui les rapports de l’IGF sont publics et il promet tout prochainement de les publier mais préfère miser sur des «sanctions sociales au cas où il y aurait défaillance des sanctions judiciaires». Il estime que les «sanctions sociales» plus importantes pour l’Histoire qui doit retenir ce que tel a été et a fait... Qui est-il ? L’homme qui cherche à renflouer les caisses de l’Etat afin que le Président de la République Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo redonne vie à l’économie en réussissant son mandat ou un lanceur d’alerte, redresseur des torts de la société, un moralisateur, un éducateur, un super-héros, l’homme qui réparait les injustices? «A force de vivre dans les antivaleurs, beaucoup de nos compatriotes pensent qu’il s’agit là d’une normalité. Nous avons pensé livrer un message d’avertissement, d’éveil des consciences en frappant. C’est ça aussi le rôle de l’Inspection Générale des Finances. Des missions qui s’achèvent par des recommandations, expliquer par exemple que retirer cash des fonds publics, se rendre auprès d’un concessionnaire et s’offrir des véhicules, cela est inacceptable mais nous n’allons pas nous acharner sur des

tels cas. Nous pourrions avantageusement prodiguer des conseils. Tels des cas des fonds publics libérés et destinés à une activité qui n’a pas lieu puisqu’annulée du fait par exemple de Covid-19, que faire ? C’est demander au gestionnaire d’entrer en contact avec le ministère du Budget pour se voir autorisé de réorienter ces fonds vers une dépense. En cas de contrôle, le gestionnaire pourrait brandir ce document d’autorisation émanant du ministère du Budget...». «Bref, le travail de l’IGF est aussi un travail de pédagogie... C’est notre rôle aussi...». «Il nous faut, plus que jamais et, petit à petit, commencer à réaliser les rêves des Pères fondateurs de ce grand service de l’État en le réhabilitant. L’IGF ne sera plus jamais un simple spectateur dans un environnement d’inversion des valeurs où la mégestion avait tendance à s’ériger en vertu. Partout où les finances publiques crient au secours, l’IGF va aller avec fermeté et détermination afin d’aider le Président de la République Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo à mobiliser les recettes de l’État pour la reconstruction du pays». Jules Alingeti Key revient sur les suites judiciaires comme pour les déplorer lorsqu’une autorité refuse de se présenter devant un magistrat qui l’a convoqué ou lorsque la justice ne fait pas toujours son travail quand les preuves sont évidentes. «Nous sommes des auxiliaires de justice. Nous faisons notre part. Nous établissons les responsabilités dans la mégestion,

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le détournement, etc., et mettons la justice devant ses responsabilités». Lorsqu’on demande s’il est déçu des suites que réserve la justice aux enquêtes de l’IGF, réponse de la même veine. «Nous sommes satisfaits d’avoir relevé les faits d’une manière juste. Nos rapports ne sont pas secrets. Nous les communiquons toujours. La sanction d’une faute ce n’est pas seulement la justice. La sanction de l’Histoire est beaucoup plus sévère que celle de la justice». Quand lui l’inspecteur général des Finances dont le service «est placé sous l’autorité directe du Président de la République» rencontre le Premier ministre, Chef du Gouvernement, en compagnie du Directeur adjoint du cabinet du Président de la République en charge des questions économiques et financières, comme ce fut le cas le 13 août 2020, que va-t-il y faire ? Communiquer au Chef du Gouvernement, à la demande du Président de la République, Chef de l’État, les résultats accablants de ses enquêtes afin que le Premier ministre en soit pleinement informé et, dans un régime de coalition, qu’il en soit convaincu et en partage éventuellement les sanctions à venir ? Jules Alingete Key explique que les résultats des enquêtes de l’IGF sont destinés au seul Président de la République et que c’est au seul Président de la République qu’il revient, s’il le juge nécessaire, de les communiquer au Premier ministre, il précise qu’à cette rencontre du 13 août, il était question «d’expliquer au Premier ministre le travail de l’IGF, de mettre à sa disposition certaines informations importantes entrant dans le cadre de la gestion de Finances publiques ». Puis : « Nous avons apporté au Premier ministre la vraie information. Il a été suffisamment éclairé. Il a été question des exonérations, des compensations, des dérapages dans l’exécution des dépenses publiques. Nous lui avons fait part des résultats de nos enquêtes : fonds Covid-19, gestion des Finances publiques, ministère des Finances et Banque Centrale du Congo». T. MATOTU n


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Il veut que le prochain Einstein soit un Noir, porte un nom africain

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l y a trop de chanteurs, trop de danseurs, trop de sportifs connus en Afrique mais il faut un effort pour trouver le nom d’un Scientifique. C’est la thèse du NEF, le Next Einstein Forum dont la prochaine rencontre aura lieu du 10 au 13 mars 2020, à Nairobi, au Kenya sous le patronage du président Uhuru Kenyatta. Lancé en 2013 par son initiateur, l’AIMS, Institut panafricain des sciences mathématiques, le travail du NEF est façonné par une conviction que le prochain Einstein sera Africain. «Nous nous appliquons à faire de l’Afrique une plateforme scientifique et technologique mondiale. Le NEF relie la science, la société et les politiques africaines au reste du monde - avec l’objectif d’utiliser la science pour le développement humain à l’échelle mondiale. Nous sommes convaincus que les contributions de l’Afrique à la communauté scientifique internationale sont essentielles au progrès mondial. Au NEF, la jeunesse africaine, force vive de la renaissance scientifique en Afrique, est au centre de nos préoccupations. Le NEF a organisé des rencontres internationales, bi-annuelles, la conférence des sciences et de l’innovation la plus importante d’Afrique. Bien plus qu’un simple forum scientifique, nos rencontres internationales placent les sciences au centre des efforts mondiaux de développement. En présence de leaders politiques et industriels, et une attention particulière envers les jeunes et les femmes, les voix des leaders scientifiques peuvent être entendues et avoir une incidence majeure sur l’avenir scientifique de l’Afrique», explique Thierry Zomahoun, fondateur, président du NEF et président-directeur général de l’AIMS. À Kigali où se tenait dernière édition, ce Béninois âgé de 51 ans, a présenté la troisième promotion de lauréats de son organisation. Soit 25 scientifiques, tous âgés de moins de 42 ans dont les recherches et les innovations contribuent à relever les défis les plus urgents pour l’Afrique et le monde. «Je suis ravi de présenter la IIIème promotion des lauréats NEF pour deux raisons : la première est le fait que nous avons presque atteint la parité, avec 11 femmes

des recherches dans le domaine des politiques scientifiques et technologiques pour répondre aux enjeux de développement durable tels que le changement climatique, l’insécurité alimentaire, les innovations en matière énergétique et sanitaire en Afrique. 3. Le Dr Fanelwa Ajayi (Afrique du Sud) cherche à développer diverses nanoparticules, notamment avec l’utilisation de substances consommables telles que les fruits et les légumes, et à leur trouver d’autres applications.

Le promoteur béninois du NEF Thierry Zomahoun qui rêve d’une Afrique dont le monde parle autrement. DR. au sein de la promotion. La seconde raison est la variété des domaines et des pays d’où sont issus les lauréats. Les lauréats sélectionnés font de la recherche de pointe dans le secteur de l’énergie renouvelable, de la nanomatériau et de la nanotechnologie, de la sécurité alimentaire, de la médecine de précision, des systèmes de santé, de la science du climat et de l’urbanisme. Le fait que deux scientifiques sociaux aient été sélectionnés pour cette promotion constitue également une première pour le groupe des lauréats. Nous sommes convaincus que leurs découvertes actuelles et futures résoudront les enjeux mondiaux et nous sommes ravis de vous les présenter», a déclaré Thierry Zomahoun. AUCUN LAURÉAT CONGOLAIS. C’est à Nairobi que ces lauréats recevront leurs prix. Ceux-ci perpétueront la tradition qui consiste à présenter leurs recherches innovantes lors de cette rencontre. Ils sont sélectionnés par un comité de programme scientifique international, grâce à un processus rigoureux prenant en compte le mérite en matière académique et scientifique, le nombre de publications, l’obtention des brevets, des prix et la preuve de levées de fonds indépendantes pour la recherche. Les lauréats doivent également démontrer la pertinence de leurs recherches ou innovations vis-à-vis des grands enjeux de l’humanité, ainsi qu’une volonté de promouvoir le profil scientifique de l’Afrique et d’inspirer les générations futures de leaders scientifiques. «Nous sommes très heureux d’accueillir la nou-

velle promotion au sein de la communauté grandissante des scientifiques du NEF, et des trentecinq lauréats ayant précédé ce groupe. Cette promotion a été sélectionnée en un temps record grâce à la qualité de ces profils et nous sommes impatients de compter ces contributions parmi nos programmes de travaux prospectifs et d’engagement public tels que la Semaine Africaine de la Science», a déclaré le Dr Youssef Travaly, vice-président des sciences, de l’innovation et des partenariats du NEF.S’agissant des innovations, la deuxième promotion a été à l’avant-garde des recherches innovantes en matière de blockchain pour les microcrédits, de bioinformatique pour l’amélioration de la production agricole et de détection non-invasive de la malaria. Plusieurs lauréats ont été récompensés par un US$ million pour leurs recherches. Les lauréats du NEF ont dirigé la publication du journal scientifique africain du NEF qui en est à son quatrième numéro depuis mars 2018. En reconnaissance de leurs travaux et de leur excellence scientifique, trois lauréats ont rejoint le comité de programme scientifique international du NEF. Ci-après, les lauréats NEF 2019-2021 parmi lesquels aucun Congolais. Le pays serait-il plus poussé vers la danse et la musique? 1. Le Dr Badre Abdselam (Maroc) contribue à la conception et à la mise en œuvre de politiques régionales relatives à la mobilité volontaire des jeunes scientifiques sur le continent africain pour optimiser la circulation des cerveaux. 2. Le Dr Ademola Adenle (Nigéria) mène

4. Le Dr Daniel Akinyele (Nigéria) se consacre à la découverte de connaissances plus approfondies dans la planification, le développement et la gestion de nouveaux systèmes d’électrification pour les communautés dépourvues d’électricité, grâce à la politique environnementale économique, technique et sociale, connue sous le nom de STEEP. 5. Le Dr Zaheer Allam (Ile Maurice) étudie la dynamique de façonnement de la vie urbaine de l’Anthropocène afin de développer de manière plus adéquate des politiques visant à améliorer le niveau économique et d’habitabilité des villes futures, qui devront héberger la majorité des êtres humains de la planète. 6. Le Dr Ibrahim Cissé (Niger) s’intéresse au développement de méthodes de microscopie à haute résolution allant directement à l’intérieur des cellules vivantes et de biomolécules simples pouvant décoder le génome humain d’ADN en ARN. 7. Le Dr Menattallah Elserafy (Égypte) étudie les mécanismes de réparation ADN, afin de comprendre les processus cellulaires, qui, une fois décryptés, modifieront les diagnostics et ouvriront la voie à des thérapies personnalisées. 8. Le Dr Obidimma Ezezika (Nigéria) étudie les processus permettant de contribuer au développement de nouveaux modèles industriels afin de renforcer efficacement les interventions sanitaires en Afrique subsaharienne. 9. Le Dr Jesse Gitaka (Kenya) travaille à l’élimination de la malaria, au diagnostic précoce et à la gestion des infections bactériennes maternelles infracliniques permettant de prévenir les enfants morts-nés, prématurés, les septicémies et la mortalité maternelle et du nouveau-né.

10. Le Dr Alpha Keita (Guinée) espère développer, avec son équipe en Guinée et en France, les réservoirs de virus pour mieux comprendre l’histoire naturelle de la propagation du virus Ebola. 11. Le Dr Agnes Kiragga (Ouganda) a pour objectif de fusionner les méthodes de science des données et d’apprentissage automatique avec les «ensembles de données» disponibles et les dossiers médicaux existants pour prévoir et prévenir le VIH au sein des groupes à haut risque en Afrique. 12. Le Dr Eric Lontchi (Cameroun) étudie les manières de combattre l’épidémie croissante d’obésité et de diabète, et espère découvrir de nouvelles informations relatives à la pathogenèse et à des traitements potentiels du diabète. 13. Le Dr Salome Maswime (Afrique du Sud) dirige un projet de recherche visant à étendre la mise en œuvre du modèle de programme d’identification du problème périnatal à quatre autres systèmes de santé en Afrique. 14. Le Dr Blessing Mbabie (Nigéria) cherche à traiter l’état en temps réel de la résistance antimicrobienne et les facteurs sociaux qui l’entraînent, en découvrant des médicaments naturels dotés d’inhibiteurs à haut potentiel du mécanisme de résistance antimicrobienne. 15. Le Dr Ebele Mogo (Nigéria) consacre ses recherches à la transformation des systèmes sociétaux qui reconnaissent les réalités contextuelles africaines pour imaginer des communautés saines et prévenir les maladies non transmissibles. 16. Le Dr Vidushi Neergheen-Bhujun (Ile Maurice) est déterminé à établir un lien entre le rôle de l’alimentation fonctionnelle et la prévention du cancer. 17. Le Dr. Marian Nkansah (Ghana) se concentre sur le développement de la connaissance publique en matière de produits chimiques toxiques issus d’emplacements inhabituels et le risque associé sur les communautés locales, renforçant le croisement de l’évidence scientifique et des politiques. 18. Le Dr. Eucharia Nwaichi (Nigéria) dirige des projets de recherches dont l’objectif est de trouver des stratégies

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d’assainissement durable et sécurisé pour la réhabilitation des environnements affectés par le pétrole dans le delta du Niger. 19. Le Dr Cecil Ouma (Kenya) exploite les recherches actuelles sur les ressources énergétiques et technologies associées, avec l’espoir d’innover dans le domaine des technologies hors réseau bon marché et à petite échelle pour les agglomérations rurales et périurbaines d’Afrique. 20. Le Dr Dyllon Randall (Afrique du Sud) souhaite modifier nos systèmes d’assainissement modernes pour se consacrer à la récupération des ressources plutôt qu’à leur simple traitement, pour amener les communautés à repenser « les eaux usées » comme étant une ressource précieuse. 21. Le Dr Samson Rwahwire (Ouganda) met à profit ses connaissances en science des matériaux et en nanotechnologies pour modifier le bitume pour la construction des routes en utilisant les nanosciences écologiques comme agent de couplage des déchets plastiques. 22. Le Dr Cheikh Sarr (Sénégal) s’intéresse au développement d’un prototype de véhicule autoconduit, équipé de nombreux réseaux de capteurs, visant à faciliter la mobilité des personnes en situation d’handicap. 23. Le Dr Geoffrey Siwo (Kenya) souhaite associer l’intelligence artificielle aux données génétiques et aux connaissances scientifiques afin d’accélérer la découverte de principes fondamentaux pouvant permettre un développement équitable de la médecine de précision. 24. Le Dr Sara Suliman (Soudan), co-inventrice d’un biomarqueur quatre gènes, étudie la raison pour laquelle les gènes impliqués dans la régulation des électrolytes des membranes cellulaires des mammifères peuvent conférer une sensibilité au pathogène le plus mortel au monde : Mycobacterium tuberculosis. 25. Le Dr Jessica Thorn (Namibie) utilise le modèle de système écologique et social et la planification participative des scénarii pour étudier et mesurer l’impact des corridors de développent sur l’occupation des territoires, les moyens de subsistance, l’écosystème, et la cohérence sociale. Avec AGENCES n


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supercars

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Allons-y avec la version cossue des utilitaires US

L’appellation Denali, GMC l’a empruntée il y a 17 ans au plus haut sommet d’Amérique du Nord, en Alaska. Depuis, elle désigne les versions cossues des utilitaires et des camionnettes GMC qui se retrouve dans l’actualité automobile cette année avec la refonte de la gamme Sierra et l’arrivée d’une Sierra Denali. DR. es points naturellement diverla Sierra 1500 AT4. sections articulées, pourra être munie Grade, qui facilite Côté mécanique, forts : Dévoilée au Salon de sifié leurs gammes il peut être utilisé de de la première caisse l’attelage d’une l’offre s’avère moins conduite jusqu’à offrir des ver- six manières difféNew York, en mars en fibre de carbone remorque, les déplanovatrice puisqu’on agréable, sions étonnamment 2018, «la Sierra AT4 rentes comme, par offerte par un grand cements sur route et a droit aux mêmes espace 2019 a été conçue luxueuses, comme exemple, pour faciliconstructeur. Appeles manoeuvres de moteurs qu’en 2018, intérieur la GMC Sierra 1500 pour les consommater l’embarquement lée CarbonPro, cette stationnement. Nous du moins pour le importeurs qui souhaitent Denali. dans la caisse en caisse offrira une avons également moment. Le V8 tant, marche en coin L’appellation Denali, formant un escalier, une présence surélerésistance supérieure apprécié le système EcoTec3 de 5,3 L, qui du pare-chocs arrière General Motors l’a vée sur la route et la pour s’approcher de aux éraflures et aux de visualisation «tête produit 355 ch et 383 très pratique. Points empruntée il y a 17 capacité de sortir des la surface de chargechocs, mais aussi haute» multicolore, lb-pi de couple, est faibles: hayon Mulsentiers battus», affirans au plus haut ment en réduisant la à la corrosion. Son qui projette plusieurs le moteur de série, tiPro perfectible, sommet d’Amérique longueur du hayon, panneau de fond, informations sur une alors qu’un V8 de 6,2 mait Duncan Aldred, rétroviseur à caméra du Nord, situé en vice-président de la ou en formant une l’intérieur de ses grande surface (3 x 7 L livrant 420 ch et arrière peu pratique Alaska. Depuis, elle marque. barrière pour empêailes et son plancher, po) à la base du pare- 460 lb-pi est offert en habitacle haut qui Pour répondre aux désigne les versions cher le chargement d’ordinaire en acier, brise afin d’aider le option. La boîte de complique l’embarattentes de la cliencossues des utilitaires de glisser hors de la seront fabriqués en conducteur à garder vitesses automatique quement... tèle visée, cette Sierra et des camionnettes caisse. fibre de carbone. Par les yeux sur la route. à huit rapports utiliNon seulement la a naturellement GMC. Un nom qui se Tristement, sur le contre, les panneaux Enfin, le rétroviseur à sée l’an dernier sert camionnette GMC quatre roues motrices retrouve dans l’acvéhicule dont nous extérieurs des ailes caméra arrière consti- de nouveau au moSierra 1500 Denali avec boîtier de transtualité automobile avons fait l’essai cet seront en acier et elle tue une autre preteur de 5,3 L, alors fait-elle peau neuve fert à deux vitesses, cette année avec la hiver, ce hayon était aura un hayon de mière notoire dans le qu’une nouvelle en 2019, mais elle un différentiel arrière refonte de la gamme tout aussi difficile à type MultiPro fait créneau des camionboîte à 10 rapports dispose désormais autobloquant et un Sierra et l’arrivée déployer qu’à referd’aluminium et de nettes. Il procure s’y est substituée d’un hayon multidispositif électrod’une Sierra Denali mer. Un cas isolé? fibre de verre. Comun champ de vision pour l’autre V8. En fonction de concepdotée d’innovations Quoi qu’il en soit, parativement à une beaucoup plus large outre, le constructeur nique de contrôle en tion inédite. À cela descente. inédites. il a fait paraître la caisse de conception qu’un rétroviseur a confirmé qu’un six s’ajoutera bientôt Sa dotation comfonction EZ-Lift habituelle, la Cartraditionnel. À priori, cylindres en ligne une caisse en fibre de UNE CAISSE prend des plaques nettement suffisante. bonPro sera 28 kg l’idée paraît bonne : Duramax turbodiecarbone! de protection sous le QUI ENCAISSE. Même le hayon à plus légère. Cette offrir une vue arrière sel de 3,0 L fera ses Au cours des derOn connaissait déjà marche escamodiminution de poids accrue en éliminant débuts durant l’été. Il véhicule, une susnières années, de pension rehaussée le hayon EZ-Lift, table offert par Ford s’ajoutera aux 135 kg les obstacles usuels, sera jumelé à la boîte plus en plus d’autode 2 po et des amorconçu pour s’abaispour sa camionnette retranchés à la Sierra comme les passagers à 10 rapports, mais mobilistes canadiens ser en douceur et tisseurs monotubes F-150 paraissait plus 2019, par l’adoption ou le contenu de la on ignore ses cotes ont remplacé leur Rancho calibrés pour se soulever sans attrayant, malgré une de portes et d’un cacaisse. Cependant, ce de puissance et de voiture par une la conduite hors effort. Depuis 2015, conception moins pot fabriqués en alusystème, qui utilise couple, et, surtout, camionnette. En route. Le construcil est l’apanage des sophistiquée. On minium, mais aussi une lentille grandson prix. 2018, c’est un Canateur a prévu des camionnettes GM, se serait contenté aux 40 kg en moins angulaire, affiche dien sur cinq qui a roues de 18 po chausdont la Chevrolet des marches en que pèse le châssis à sur la petite surface LE PASSE-PARfait l’acquisition d’un Silverado 1500 High sées de pneus tout coin qu’ont déjà les longerons désormais du rétroviseur des TOUT. véhicule de ce genre terrain. La liste des Country, une proche pare-chocs arrière construit en acier à images inhabituelles La gamme des pour répondre aux options comprend parente de la Sierra de toutes les camion- haute résistance. qui peuvent fauscamionnettes Sierra besoins du travail, aussi pour ces roues Denali. Par contre, nettes GMC et CheEn marge de ces ser le jugement du subit une diversifide la famille, une des pneus Goodyear cette année, GM a vrolet. De conception innovations origiconducteur, surtout cation tous azimuts combinaison des Wrangler DuraTrac choisi de réserver à la simple et efficace, nales (quoi qu’on pour ce qui est des comme en témoigne deux, ou simplement Denali (et aux Sierra pour sols boueux, elles rendent l’accès en pense), la Sierra distances. Heureul’apparition d’une pour des loisirs. Face SLT et AT4) un hayon à la caisse tellement mais aussi des roues Denali se distingue sement, ce rétrovipremière variante à cette demande de 20 po et même des de conception inédite facile! aussi par son nouseur peut également conçue spécifigrandissante, les pneus tout terrain de baptisé MultiPro. Plus tard cette année, veau système de servir de manière quement pour la constructeurs ont 33 po. Constitué de trois la Sierra Denali remorquage Prousuelle. conduite hors route :

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the bestsoft

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Juste pour le seul plaisir de l’homme A lors que même la procréation peut passer par des seringues, à quoi sert la pénétration sinon quasiment pour le seul plaisir de l’homme? Une pénétration qui cesse quand l’homme a atteint son plaisir, ne peut plus fourrer son pénis dans une personne... Sans vouloir la bannir de nos pratiques, de plus en plus d’auteurs invitent à imaginer un «audelà» et à s’intéres s’intéres-ser à «tout le reste», analyse Maïa Mazaurette... «Le but de la pénétration au fond n’est pas vraiment le plaisir des deux partenaires, mais en premier lieu celui de l’homme, puis éventuellement celui de la femme (d’ailleurs la pénétration cesse généralement quand l’homme a atteint son plaisir). C’est l’instauration d’une relation inégalitaire comme modèle». Contrairement à ce que pourront penser les paranoïaques post-metoo, le paragraphe ci-dessus ne provient pas d’une bible lesbo-fémi-niste séparatiste. Un homme en est l’auteur : le romancier Martin Page, dans un remarquable essai paru récemment aux éditions Monstrograph. Le titre annonce la couleur : «Au-delà de la pénétration». Le propos est ponctué de punchlines étourdissantes : «Si la sexualité était une question de plaisir, les femmes seraient moins pénétrées et les hommes le seraient davantage». Car admettons-le : en 2019, la pénétration constitue toujours l’alpha et l’omega de la pratique hétérosexuelle, hermétiquement divisée entre le «vrai sexe» (celui qui consiste à fourrer son pénis dans une personne) et le «reste» (préliminaires, masturbation, fantasmes, cunnlingus, BDSM,

Faire l’amour n’est pas forcément pénétrer sa conjointe. DR.

fist-fucking, sextoys, électro-stimulation, effleurements fétichistes, tartes aux pommes). «COMMENT ELLES FONT, DU COUP?» De manière plus surprenante, la pénétration définit également les rapports

gays : «qui fait le bonhomme?» (Sousentendu : les gays passent leur temps à s’emboîter selon des hiérarchies coulées dans le marbre - une assomption contredite par les études sur leurs pratiques.) Même chose pour les rapports lesbiens: «mais comment

elles font, du coup?» (Sous-entendu : les lesbiennes ne se pénètrent jamais. Elles sont condamnées à jouer au Scrabble avec uniquement des W et des N jusqu’à la fin des temps). Prenons donc le taureau par les cornes (quitte à rester dans les métaphores

oblongues et pénétratives). À une époque où même la procréation peut passer par des seringues, la pénétration doit-elle être remise en cause? Du côté du plaisir féminin hétérosexuel, toutes les études mettent en lumière le caractère relativement inefficace de cette pratique. 50 % des femmes aimeraient donner plus de place aux autres formes de sensualité, comme les caresses (Ifop, France, 2019). La pénétration peut en outre exposer à des douleurs, des grossesses ou des infections. Cette performance en demi-teinte constitue-t-elle un motif de relégation? Non. Les femmes ne mettent pas le feu au Fouquet’s pour demander la fin de la pénétration. 74 % d’entre elles ont eu un orgasme lors de leur dernier rapport (Ifop, 2019). On peut aussi mentionner, en sa faveur, la logistique minimale d’une pénétration : voici un assemblage attendu, pas compliqué, vite expédié (5 minutes et 40 secondes en moyenne), parfois désinvesti (on peut compter les rainures du plafond), assurant la paix des ménages. Du côté des hommes: eh bien sans surprise, ça fonctionne. 95 % jouissent à tous les coups ou presque (Archives of Sexual Behavior, février 2017). La mécanique pénétratoire est tellement bien rôdée qu’on peut poser la question qui fâche : la pénétration constitue-t-elle une forme augmentée de masturbation? Et quitte à vraiment finir fâchés: quid des inconvénients? Car même pour les hommes, la pénétration génère son lot de contrariétés : l’éjaculation rapide, les angoisses de performance ou de taille, la routine. Justement parce qu’elle est efficace, cette pratique peut réduire la sexualité à un seul organe au détriment d’une sensualité plus

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globale. Le phallocentrisme n’est pas qu’une question politique, il déborde sur nos terminaisons nerveuses: quand on utilise toujours les mêmes circuits cérébraux, on devient paresseux. Comme l’explique Martin Page, le renouvellement du répertoire sexuel passe à la trappe - et avec lui, d’infinies richesses physiques et fantasmatiques : «J’ai l’impression que nous sommes prisonniers de conceptions naturalistes, de représentations, et même si on sait que certaines choses pourraient nous être incroyablement jouissives, nous les refusons». Culturellement, la pénétration implique encore d’autres paradoxes. Côté pile, nous sommes attachés au grandiose idéal de la fusion des corps (pure construction imaginaire, soit dit en passant: quitte à fusionner comme des rubans de Möbius, il serait beaucoup plus romantique d’imaginer deux partenaires se pénétrant mutuellement avec leurs doigts). Ne crachons cependant pas dans le gaspacho : la pénétration asymétrique porte en effet une part de transcendance. Le philosophe Vincent Cespedes y consacre des lignes émouvantes : «Le phallus entre, c’est là sa fonction, sa jouissance, c’est cette capacité d’entrer et d’y trouver délectation. Entrer en quoi? Entrer en l’autre. […] Nous retrouvons Hermès, le dieu des routes : il s’agit de se frayer un chemin vers l’altérité.» (Le texte complet est à savourer dans Éloge de l’Érection, ouvrage collectif supervisé par Barbara Polla, éd. La Muette, 2016.) Côté face, nous pouvons difficilement ignorer que la pénétration est systématiquement associée à des hiérarchies gagnant/perdant, à un vocabulaire de

la dégradation, à un folklore de la possession dénué de toute logique effective. Comme le note la journaliste Victoire Tuaillon dans une récente émission audio dédiée à la pénétration (podcast «Les Couilles sur la table», productions Binge Audio), «on utilise le verbe prendre pour un homme qui pénètre une femme, alors que si vous prenez un caillou, ce n’est pas le caillou qui vous prend.» Ces tensions symboliques posent la question de la compatibilité entre une sexualité phallocentrée et les valeurs contemporaines d’égalité, de plaisir, d’excitation, de nouveauté, d’intensité, ou tout simplement d’amour. Pour Martin Page, «à force de pénétrer, à force de ne penser qu’à ça, on oublie tout le reste, on ne voit pas l’étendue du corps. Pénétrer c’est passer à côté et fuir. C’est penser qu’on fait l’amour alors qu’on s’en débarrasse. J’ai le sentiment qu’on pénètre pour cacher les sexes, ne pas les voir, comme si c’était une honte. C’est un aveuglement. […] Sans pénétration, tout le reste du corps est hypersensible et délicieusement hyperactif. Faire l’amour devrait être la rencontre des corps et leur conversation». Cette conversation est engagée - par la politique, la technologie, la recherche, l’art, les apéros entre amis. Elle flotte dans l’air du temps, non comme une injonction, encore moins comme une condamnation ou une interdiction, mais comme une délicieuse invitation. Le Manifeste ContraSexuel de Béatriz Preciado, l’Au-delà de la Pénétration de Martin Page, nous proposent, certes, d’entrevoir ce qui se tapit au-delà de la pénétration… mais aussi et surtout, de voir plus loin que le bout de notre nez.

MAÏA MAZAURETTE n

Le Monde.


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Lutte pour l’hégémonie aux États-Unis d’Amérique

La Maison-Blanche (The White House), la résidence officielle et le bureau du président des États-Unis, situe au 1600, Pennsylvania Avenue NW à Washington D.C. Le bâtiment en grès d’Aquia Creek et peint en blanc, construit entre 1792 et 1800, s’inspire du style georgien.. DR.

Les origines raciales des Présidents américains

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Une étude sociopolitique de MUSENE SANTINI Be-lasayon Master of Arts en Sociologie et Bachelor/Honour of Arts en Communication de l’Université d’Ottawa, Ottawa, Ontario, Canada Kinshasa, août 2020.

es EtatsUnis d’Amérique ploient, depuis 1789, sous le joug de cinq lois sociologiques, c’est-à-dire cinq traditions non codifiées, non traduites en dispositions légales et non coulées dans la constitution. Elles déterminent d’une manière discrète, mais prépondérante et certaine, l’issue de l’élection des aspirants à la Maison Blanche. Il s’agit de l’appartenance à la race blanche, de l’appartenance à l’ethnie des Anglo-Saxons, de l’appartenance à la religion protestante, de l’appartenance à l’aristocratie possédante ou à la classe bourgeoise et de l’appartenance au sexe masculin. Elles portent le sceau de l’Ordre Social Protestant Anglo-Saxon. Démonstration… Pays de migration, donc de peuplement composite, les Etats-Unis d’Amérique sont, depuis leur fondation en 1776,

constitutionnellement et pratiquement une république fédérale, multiraciale, multiethnique, multiconfessionnelle et un Etat de droit. Etat de droit, car, la puissance de l’Etat américain s’exerce dans les limites légales. Les actes de ses autorités publiques sont soumis au droit et à des règles préétablies. Les actes de ses autorités administratives et autres sont soumis au contrôle d’un juge compétent et indépendant. Son système politique est démocratique. C’est pourquoi, tous les quatre ans, les Américains de toutes les races, de toutes les ethnies, de toutes les religions, de toutes les classes sociales et de tous les sexes élisent, directement par eux-mêmes et indirectement par leurs grands électeurs interposés, leur président de la République, chef de l’Etat et chef de Gouvernement. Celui qui se soumet ainsi, simultanément, à la sanction du Souverain primaire et des grands électeurs doit être né citoyen américain, être âgé de 35 ans au

minimum et avoir résidé, sans arrêt, pendant 14 ans au moins dans le pays. Mais, ses origines sociales, immédiates ou lointaines, ne sont pas du tout exigées. Ce qui nous amène à supposer qu’il n’existe pas, au sein des Etats-Unis d’Amérique, de race d’Etat, d’ethnie d’Etat, de religion d’Etat, de classe sociale d’Etat ou de classe sexuelle d’Etat, celle qui aurait reçu de la Constitution la mission d’occuper exclusivement la présidence de la République. Cependant, si l’on confronte ces principes constitutionnels avec les résultats des différentes élections présidentielles depuis la promulgation et l’entrée en vigueur, en 1789, de leur célèbre et historique Constitution, il nous semble que cinq lois sociologiques, c’està-dire cinq traditions non codifiées, non traduites en dispositions légales et non coulées dans cette Constitution, interfèrent furtivement dans chaque élection présidentielle. Ressemblant aux conditions officieuses d’acces-

sion à la Maison Blanche, elles concurrencent et supplantent même les règles constitutionnelles préétablies. Car, elles paraissent déterminer, d’une manière prépondérante, certaine et discrète, le choix final du président du pays des combattants de la liberté, de l’égalité des chances, des champions de la stratification sociale ouverte et des droits humains. Il s’agit, en l’occurrence, de l’appartenance à la race blanche, de l’appartenance à l’ethnie des Anglo-Saxons, de l’appartenance à la religion protestante, de l’appartenance à l’aristocratie possédante au XVIIIème siècle ou à la bourgeoisie à partir du XIXème siècle et, enfin, de l’appartenance à la classe sexuelle des hommes. Extraconstitutionnels, ces cinq facteurs sociopolitiques traditionnellement prédominants et déterminants de l’élection des présidents américains sont, dans le fond, leurs origines sociales, mieux, raciales, ethniques, religieuses, etc.

Comment cela ? Rendons-nous à l’évidence, en fouillant ensemble, avec l’aide d’américanistes réputés, dans les origines sociales des quarante-cinq personnalités historiques qui ont eu à assumer les fonctions liées à ce poste conférant à son détenteur une inestimable puissance sociale. PREMIÈRE LOI SOCIOLOGIQUE : ÊTRE BLANC. La première loi sociologique qui domine le processus d’accession à la Maison Blanche est, incontestablement, l’appartenance à la race blanche. Et ce, de la simple sélection des candidats, au niveau du Congrès au départ et des partis Démocrate et Républicain par la suite, à l’élection proprement dite du président des Etats-Unis d’Amérique. Observons : de 1789 à 2020, soit 231 ans, toutes les sessions parlementaires au départ et toutes les différentes primaires et conventions nationales des deux partis poli-

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tiques par la suite n’ont choisi qu’une seule fois un Américain de couleur comme leur candidat officiel à une élection présidentielle. Il s’agit de celle de 2008 qui s’est terminée par la victoire du sénateur démocrate Barack Obama, un AfroAméricain né d’une Blanche américaine et d’un Noir, étranger, de nationalité kényane. Notons, en passant, qu’aux Etats-Unis, un enfant né d’un parent de race blanche et d’un parent de couleur est traditionnellement compté parmi les ressortissants de la race de ce dernier. C’est exactement le cas de l’Africain-Américain Barack Obama qui est par ailleurs, à 50%, Anglo-Saxon Américain par sa mère d’origine britannique. Tous les autres candidats à ce méga-poste ont toujours été de race blanche. D’où, sur un total historique de 45 présidents, 44 sont de race blanche. Ils seraient 43 si Grover Cleveland ne s’était pas (suite en page 16).


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Être blanc et appartenir à l’ethnie des Anglo-Saxons (suite de la page 15). vu confier deux mandats non consécutifs en 1884 et en 1892 comme 22 ème et 24 ème président du pays. Et pourtant, selon les historiens et principalement Frank L. Schoell, les Américains de peau rouge, les Indiens donc, se seraient établis en Amérique vingt-cinq mille ans avant l’implantation effective, en 1565, des Espagnols, les premiers immigrants européens. Cependant, envahis, colonisés, exterminés, dépossédés, parqués dans des réserves, discriminés sur tous les plans et réduits à leur plus simple expression depuis 455 ans, ils ont fini par intérioriser et assimilé leur infériorité sociale par rapport aux Blancs, les nouveaux venus. Ne représentant plus qu’environ 0,7% de la population des EtatsUnis d’Amérique, soit 2,1 millions d’habitants, aucun d’entre eux ne s’est jamais manifesté comme prétendant à la magistrature suprême de cet Etat de type nouveau fondé sur les terres de leurs ancêtres. Au contraire, ils sont encore à la recherche de leur place réelle en tant que citoyen américain à part entière. Et pourtant, la cour suprême de justice leur a octroyé ce statut juridique depuis 1951. Les Américains de race noire, les Afro-Américains ou Africains-Américains donc, cohabitent avec les Peaux Rouges et les Blancs depuis 401 ans. Ils ont constitué, pendant très longtemps, la plus importante minorité raciale et ethnique des États-Unis d’Amérique. Actuellement dépassés par les Hispanics, ils ne représentent plus que 12,7% de la population, soit environ 37,5 millions d’habitants. Cependant, tenus en esclavage 246 ans durant et racialement ségrégués jusqu’aujourd’hui, l’écrasante majorité des AfroAméricains ont fini, eux aussi, par se convaincre de n’avoir aucune part à leur propre société. C’est ainsi qu’ils ne se sentaient pas du tout concernés, jusqu’en 1984, par la présidence des Etats-Unis d’Amérique. Et pourtant, la longue et pénible lutte du pasteur Martin Luther King Jr et compagnie pour les droits civiques avait pour but ultime leur intégration dans tous les compartiments de la société américaine. Afin de les extirper de cette torpeur sociopolitique

et de ce désintérêt pour la magistrature suprême, il a fallu que l’un des principaux lieutenants de cet illustre disparu, le pasteur Jesse Jackson, les y encourage. En se présentant lui-même, en 1984 et en 1988, comme candidat à l’investiture démocrate pour la présidentielle. Toutes les deux fois, il fut éliminé en terminant respectivement troisième et deuxième du classement des candidats aux primaires démocrates. Mais, il a au moins le mérite d’avoir réussi à susciter des vocations présidentielles dans sa communauté. En 2004, par exemple, un autre pasteur noir, Al Sharpton, se retire de la course à l’investiture démocrate. À court d’argent et ne décollant pas dans les sondages, il se rallie à John Kerry. Le prédicateur laïc Barack Obama est le seul Afro-Américain qui va jusqu’au bout de son rêve. Il remporte, en effet, et les primaires démocrates et l’élection présidentielle de 2008. Il entre ainsi dans l’histoire comme le premier président américain, non seulement noir, mais également de couleur, deux mandats durant, ayant été réélu en 2012. Les Américains de races rouge et jaune demeurent, jusqu’à présent, à l’écart de la fonction la plus importante et la plus prestigieuse des États-Unis d’Amérique, traditionnellement réservée aux seuls Blancs depuis 1789. Mais, pas à n’importe quel Blanc… DEUXIÈME LOI SOCIOLOGIQUE : ÊTRE ANGLO-SAXON. Deuxième loi sociologique qu’il faut discrètement satisfaire avant de parvenir à la Maison Blanche : appartenir à l’ethnie des AngloSaxons. Arrêtons-nous, un moment, ici. Ouvrons, avant d’aller plus loin, une importante parenthèse. Les Anglo-Saxons, qui sont-ils ? Ils sont, au départ, trois ethnies germaniques: Angles, Jutes et Saxons. Ils quittent, entre le Vème et le VIème siècle de notre ère, l’Europe septentrionale, en l’occurrence l’Allemagne et les Pays-Bas actuels. Ils envahissent les îles britanniques d’Angleterre, d’Écosse, d’Irlande et le Pays de Galles. Ils s’y installent définitivement. Avec le temps, ils soumettent entièrement les Celtes en Angleterre et au Pays de Galles et partiellement en Irlande du Nord. En Ecosse,

ils matent totalement les Pictes. Ils fondent, enfin, le Royaume Uni de Grande-Bretagne qui se compose de ces quatre entités territoriales, majoritairement protestantes. Ils occupent, colonisent et organisent ce qui est devenu l’Irlande du Sud, le pays des Celtes, majoritairement catholique. Ce sont les descendants des trois ethnies germaniques précitées, britannisés par dix siècles d’histoire insulaire et devenus Anglais, Gallois, Ecossais et Nord-Irlandais qui, à leur tour, immigrent, à partir de 1585, en Amérique du Nord. Mais, leur établissement permanent, Jamestown en Virginie, date de 1607. Ils fuient les iles britanniques, et principalement l’Angleterre, pour des raisons religieuses, politiques et économiques. Mais, c’est essentiellement à cause des persécutions que l’Eglise officielle d’Angleterre instigue et conduit contre les Églises protestantes indépendantes de la couronne britannique (baptistes, calvinistes, mennonites, etc.) qu’ils décident de s’expatrier massivement. Ceux qui partent pour l’Amérique du Nord sont donc, dans leur écrasante majorité, des Protestants Anglo-Saxons. En Amérique du Nord, ils occupent, s’octroient et fondent d’abord les historiques Treize Colonies Britanniques. Ils se rebellent, ensuite, contre la couronne britannique. Ils proclament enfin, après une longue et meurtrière guerre, leur indépendance le 4 juillet 1776 sous le nom des Etats-Unis d’Amérique. Ils deviennent ainsi Américains. À cette occasion, ils se fixent pour but ultime la liberté qu’ils entendent cultiver sous tous ses aspects : religieux, politique, économique, social et culturel. Ce sont ces éléments de souches britanniques qui constituent, principalement, l’ethnie des AngloSaxons aux États-Unis d’Amérique. Fermons cette importante parenthèse et revenons à notre mouton : les origines anglo-saxonnes de la quasi-totalité des personnalités politiques d’exception qui ont occupé le fauteuil présidentiel américain. En effet, 43 de ces 45 personnalités d’exception sont, à 100%, des Anglo-Saxons américains et 1 l’est à 50% seulement (Obama). Parmi ces dernières, 37 sont d’ascendances britanniques, 3 de souches néerlandaises (Martin Van Buren,

Theodore Roosevelt et Franklin D. Roosevelt) et 3 d’origines allemandes (Herbert Hoover, Dwight D. Eisenhower et Donald J. Trump). Comment expliquer la présence, parmi les présidents des ÉtatsUnis, des Américains d’ascendances allemandes et néerlandaises? Les Allemands et les Néerlandais sont, on s’en souvient certainement, ces peuples germaniques d’où sont issus les Angles, les Jutes et les Saxons, fondateurs du Royaume Uni de Grande-Bretagne et, par ricochet, des Etats-Unis d’Amérique aussi. Ils sont donc les oncles des Anglais, des Gallois, des Ecossais et des Nord-Irlandais, ces Anglo-Saxons qui se sont approprié les terres britanniques d’abord et nord-américaines par la suite. Aux États-Unis d’Amérique, les Germano-Américains, les Néerlandais-Américains et les Scandinaves-Américains, descendants des peuples germaniques, sont comptés parmi les Anglo-Saxons américains. Donald J. Trump, dont le grand-père a quitté l’Allemagne en 1900 pour les EtatsUnis, est le plus récent président américain de cette origine. Malgré la diversité des origines ethniques des immigrants des XIX ème et XX ème siècles, les AngloSaxons d’origines britanniques constituent, surtout pendant les deux premiers tiers de leur histoire américaine, l’ethnie largement majoritaire et dominante de leur nouveau pays. En 1790, par exemple, ils représentent environ 79% de la population des ÉtatsUnis. Autrement dit, tout en puisant des voix dans toutes les autres ethnies en faveur de leurs candidats présidentiels et autres, les stratèges et propagandistes politiques anglo-saxons misent régulièrement, durant cette très longue période, sur leur propre majorité raciale, leur propre majorité ethnique, leur propre majorité religieuse, leur importante, solide et influente classe bourgeoise et particulièrement sur leur légitimité historique afin de placer toujours les leurs à la présidence des ÉtatsUnis d’Amérique. Cependant, les ressortissants de la plupart des autres ethnies ne savent pas encore s’ils réussiront, un jour, à faire figurer le nom de l’un des leurs parmi les locataires historiques de la Maison Blanche tradi-

tionnellement destinée aux Anglo-Saxons. Mais, pas à n’importe quel Anglo-Saxon ! TROISIÈME LOI SOCIOLOGIQUE : ÊTRE PROTESTANT. Les prescriptions, qui figurent en tête du premier amendement de la Constitution des ÉtatsUnis d’Amérique, préviennent l’émergence et l’établissement d’une religion d’État. Et ce, sous forme soit d’une secte, soit d’un culte qui supplanterait tous les autres. Comme le sont l’anglicanisme en Angleterre, le luthéranisme dans les pays scandinaves, l’islam dans les pays musulmans et comme l’était le catholicisme en France, en Italie, en Espagne, au Portugal et dans les pays d’Amérique latine. Effectivement, aux ÉtatsUnis d’Amérique, où il y a stricte séparation entre l’État et les diverses confessions religieuses, il n’existe pas de religion d’État. Même la religion très largement majoritaire et dominante, le protestantisme, fragmenté en une kyrielle d’Églises autonomes les unes des autres et malgré ses 195 millions de membres, n’a pas ce statut particulièrement favori. Mais, Léo Sauvage nous amène à constater qu’aux ÉtatsUnis d’Amérique, « la conception traditionnelle de la liberté de religion n’implique pas automatiquement une affirmation de laïcité». Qu’est-ce à dire? Tout simplement que dans ce pays officiellement exempt de religion d’État, l’existence civique coïncide traditionnellement avec l’appartenance à une seule et même religion, le protestantisme. Et ce, sous ses diverses facettes : baptiste, presbytérienne, méthodiste, luthérienne, épiscopale, mennonite, congrégationaliste, salutiste, etc. Autrement dit, il ne suffit pas d’être Blanc et Anglo-Saxon pour espérer se faire élire à la présidence des ÉtatsUnis. Il faut, en plus, appartenir à la religion de l’écrasante majorité des Anglo-Saxons, à savoir le protestantisme. Au niveau de la Maison Blanche, l’impact de cette tradition jamais discutée et approuvée au Congrès est lourd de conséquences : 44 des 45 présidents des EtatsUnis sortent des seules entrailles et du seul moule du protestantisme anglo-saxon. Ce qui fait ressembler la Maison

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Blanche à une citadelle des Protestants AngloSaxons. En effet, trois des quatre candidats présidentiels non protestants anglo-saxons, qui ont tenté d’arracher démocratiquement aux Protestants Anglo-Saxons leur forteresse, ont subi chacun une défaite cuisante. Ils appartiennent tous au Parti Démocrate. Ce parti est le seul parti politique américain qui tente d’ouvrir l’espace présidentiel aux ressortissants des autres races, ethnies, religions et au sexe féminin. Alfred Smith est le premier de ces derniers qui gagne, en 1928, les primaires démocrates. Avant de viser la Maison Blanche, il avait déjà occupé d’importantes fonctions électives, dont celles de gouverneur de l’État de New York. Mais, lorsqu’il brigue officiellement la présidence des États-Unis d’Amérique, la quasitotalité de l’opinion publique américaine lui brandit ses origines irlando-celtiques, sa religion catholique et l’épouvantail d’une éventuelle mainmise du Pape sur l’Amérique protestante. Conséquences immédiates : Il perd et le vote populaire et le vote de 444 des 531 grands électeurs de l’époque. Et son rival républicain, Herbert Hoover, protestant anglo-saxon de vieille souche germanoaméricaine, monte sur le trône en tant que 31 èmeprésident des ÉtatsUnis d’Amérique. En 1988, soit 60 ans après Al Smith, Michael Dukakis termine son mandat de gouverneur de l’Etat de Massachusetts. Il a acquis, à ce poste, la réputation d’un chef intègre et d’un bon gestionnaire des affaires publiques. Candidat à l’investiture démocrate pour la présidentielle, il écrase tous ses concurrents. Malheureusement pour lui, il professe la foi orthodoxe et est le fils d’un riche homme d’affaires grec américain. Il a surtout, en face de lui, le candidat du puissant establishment protestant anglo-saxon, le républicain George C. Bush. Autrefois directeur général de la C.I.A., ce dernier est, depuis 8 ans, vice-président des Etats-Unis, sous Ronald Reagan. Michael Dukakis ne résiste pas devant ce géant politique ragaillardi par sa légitimité historique de descendant des fondateurs et bâtisseurs des Etats-Unis d’Amérique. (suite en page 17).


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Éviter de prendre la course de la Maison Blanche si on est lambda

Les quatre derniers Présidents des Etats-Unis en vie : de g., à dr., Bill Clinton, George W. Bush, Barack Obama et le Président en fonction Donald Trump. DR. (suite de la page 16). En 2004, soit 76 ans après Al Smith, le Parti Démocrate choisit le sénateur John Kerry pour défendre ses couleurs à la présidentielle. Ce héros de la guerre du Vietnam est issu d’un père catholique irlando-celte américain et d’une mère catholique germano-américaine. Mais, il se classe, à l’image de son père, parmi les Catholiques Irlando-Celtes Américains. Il doit affronter, à l’élection présidentielle, un membre de l’une des irrésistibles dynasties protestantes anglosaxonnes. Il s’agit du président sortant des Etats-Unis, le républicain George W. Bush, le fils de son père, George C. Bush. A cause, principalement de sa double appartenance traditionnellement pointée de doigt, sa religion catholique et son ethnie irlando-celtique, John Kerry ne parvient pas à rouvrir la parenthèse hermétiquement refermée après John F. Kennedy. Mais, il reste politiquement actif et combatif. Ce qui permet à Obama de le récupérer, lors de son second mandat, en le nommant secrétaire d’État. Cependant, il est bon de savoir que quelque chose d’inaccoutumée s’était déjà produite en 1960. En cette année, le sénateur John F. Kennedy reçoit l’investiture du Parti Démocrate pour la présidentielle. Il est le petit-fils maternel de l’un des anciens maires catholiques et irlando-celtes américains de Boston et le fils d’un important homme d’affaires, également catholique et irlando-celte américain de cette même ville, qui a fait fortune dans le pétrole et qui fut ministre fédéral des finances. Comme Alfred Smith avant lui et John Kerry après lui, Kennedy a aussi pour principal handicap le fait d’être catholique dans ce pays où la minorité catholique (8,1% en 1960) est

vue comme une fraction moins foncièrement américaine et dont on doit se méfier. La minorité irlando-celtique est, en ce moment, la principale composante de l’Église Catholique américaine. Elle règne sur la Catholic High Church. Mais, elle n’est politiquement tolérée, jusque-là, qu’au niveau des municipalités. Or, John F. Kennedy tient impérieusement à s’emparer de la Maison Blanche, la forteresse des Protestants AngloSaxons. Il provoque le courroux de la majorité de l’opinion publique qui se ligue et scande alors contre lui: « Il n’est pas Protestant Anglo-saxon. Il est Catholique IrlandoCelte». Mais, le candidat insolite, jeune, charismatique, orateur puissant, convaincant et courageux, ne bronche pas. Il continue sa campagne. Il renverse, grâce aux quatre premiers débats télévisés organisés à cette occasion (une première mondiale en matière de propagande politique), quelque peu la vapeur en sa faveur. Il prend, à partir de son comportement, de ses attitudes et de ses pratiques sur le petit écran, une légère avance par rapport à son adversaire républicain, Richard Nixon. Celui-ci est viceprésident des États-Unis depuis 8 ans, sous le général Eisenhower. Il représente et le Parti Républicain et le puissant establishment protestant anglo-saxon à la présidentielle. Ce colosse politique est certain de remporter cette élection. Mais, contre toutes attentes, Kennedy, l’outsider, le bat d’extrême justesse. Celui-ci est, en effet, crédité de 50,2% environ du vote populaire et de quelques 5 grands électeurs seulement de plus que son concurrent. John F. Kennedy devient ainsi le premier président américain de religion catholique et d’ethnie irlando-celtique. Mieux, le seul et l’unique président, de toute l’histoire politique des Etats-Unis

d’Amérique, dans les veines duquel ne coule aucune goutte de sang protestant anglo-saxon. Il demeure l’exception qui confirme les deuxième et troisième lois sociologiques, l’appartenance à l’ethnie des AngloSaxons et l’appartenance à la religion protestante, qui contribuent silencieusement et décisivement à la victoire des prétendants à la Maison Blanche. L’élection de ce président catholique irlando-celte américain, qui paraissait amorcer une importante révolution des mentalités en 1960, ressemble, 60 ans après, à une parenthèse malencontreusement ouverte, immédiatement et hermétiquement refermée. Et ce, en grande partie, pour des motifs essentiellement religieux et ethniques. Cette troisième loi sociologique, l’appartenance à la religion protestante, ne favorise généralement que des candidats présidentiels protestants anglo-saxons. Mais, pas n’importe quel Protestant Anglo-Saxon… QUATRIÈME LOI SOCIOLOGIQUE : ÊTRE BOURGEOIS. La quatrième tradition susceptible de conduire à la Maison Blanche, quand elle est bien combinée avec les quatre autres, c’est, sans nul doute, l’appartenance à l’aristocratie possédante au XVIIème siècle ou à la bourgeoisie depuis le XIX ème siècle. Les ÉtatsUnis d’Amérique sont régis, de 1776 à 1787, par la Loi Fondamentale des très démocratiques « Articles de Confédération.» Ceux-ci sont essentiellement dus à la plume alerte et à l’ingéniosité politico-constitutionnelle de Thomas Jefferson, le principal défenseur des droits des Etats. Cependant, dès les débuts de cet Etat de type nouveau, un mouvement proaristocratique, dit « Les Fédéralistes », craint la tyrannie de la majorité des masses populaires

sur la minorité et celle du pouvoir des Etats sur le gouvernement fédéral. Il préconise alors l’instauration d’un gouvernement central fort, doté d’une plus grande identité nationale, que devra incarner le président des Etats-Unis. Il envisage, en même temps, une alliance implicite entre l’éternelle et minoritaire classe possédante et ce gouvernement central fort. Ce qui implique l’abandon des « Articles de Confédération » et l’organisation d’une assemblée constituante devant élaborer une constitution adaptée au nouveau contexte envisagé. Pour influencer le cours des événements dans le sens qu’il souhaite, ce mouvement proaristocratique s’appuie fortement sur la situation de quasi-anarchie dans laquelle ces très démocratiques « Articles de Confédération » auraient plongé le nouvel Etat durant la période susmentionnée. Trois personnalités politiques très influentes conduisent ce mouvement derrière lequel s’abritent les puissances d’argent. Elles ont pour noms : James Madison, le principal auteur de la célèbre et historique Constitution américaine et le futur quatrième président du pays ; Alexander Hamilton, le futur et puissant secrétaire au trésor du président George Washington ; et John Jay, le futur et le tout premier président de l’histoire de la cour suprême de justice des Etats-Unis d’Amérique. Les Fédéralistes, menés par ces trois leaders politiques, arguent sur tous les toits et principalement sur tous les constituants que « les Américains sont assoiffés d’organisation, d’ordre et d’efficacité et que ces besoins essentiels et urgents ne peuvent être assurés que si les EtatsUnis sont dirigés par une aristocratie de gens bien nés auxquels leur fortune et leur situation sociale

ont donné l’expérience de direction des grandes affaires et le goût de la stabilité». Ce message, transmis et propagé avec conviction et méthode, emporte l’adhésion enthousiaste de la majorité des Pères Fondateurs. C’est-à-dire, ces constituants qui se sont réunis, par intermittence de mai à septembre 1787, à Philadelphie, en Pennsylvanie, pour élaborer la constitution qui est toujours en vigueur. Depuis lors, ce message traverse toutes les générations américaines sans vraiment se détériorer. Remarquons, cependant, que l’aristocratie de gens bien nés en question est, à l’époque, totalement blanche, anglo-saxonne et protestante, comme les Pères Fondateurs euxmêmes. Les résultats de cette coalition des forces économico-financières et politico-sociales sont, depuis 231 ans, très éloquents au niveau de la Maison blanche. En effet, tous ses 45 locataires historiques sont pratiquement issus d’une seule et même classe sociale, l’aristocratie possédante ou la bourgeoisie, sous toutes ses formes. Certains d’entre eux proviennent de la bourgeoisie de fonctions, souvent militaires (cas de George Washington, d’Andrew Jackson, d’Ulysses S. Grant, de Zachary Taylor, de Dwight Eisenhower, etc.) et politiques (cas de John Quincy Adams, d’Abraham Lincoln, de T. Woodrow Wilson, de Bill Clinton, etc.). Certains autres, comme Theodore Roosevelt, Franklin D. Roosevelt et Donald J. Trump, s’enracinent profondément dans la bourgeoisie d’affaires. Certains autres encore, et c’est souvent le cas, ont des ramifications dans les deux formes précitées de la bourgeoisie. C’est le cas, par exemple, de Benjamin Harrison, de John F. Kennedy, de George C. Bush et de George W. Bush. En clair, 33 de ces 45 présidents américains portaient,

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à leur naissance, des marques de fabrique telles que Pierce, Adams, Harrison, Kennedy, Bush, Trump, etc. Ils bénéficiaient d’une fortune et d’une puissance sociale immenses depuis les entrailles de leur mère respective. Serait-ce prétendre qu’aucun fils d’humble naissance n’aurait investi la présidence des EtatsUnis d’Amérique depuis 1789? La société américaine, fondée sur la liberté et l’argent, ouvre des possibilités de mobilité sociale. Mobilité des personnes dans l’échelle sociale et mobilité des biens qui changent de mains. C’est dans ce contexte de stratification sociale ouverte que 7 fils de pauvres, nés dans une bicoque, se sont retrouvés au sommet de la pyramide sociale américaine. Il s’agit, en l’occurrence, d’Andrew Jackson, le 7 ème président du pays, de Millard Fillmore (13 ème ), d’Abraham Lincoln (16 ème ), d’Andrew Johnson (17 ème ), de James A. Garfield (20 ème ), de Grover Cleveland (22 ème et 24 ème ) et de Herbert Hoover (31 ème ). Depuis l’avènement, en 1928, de ce dernier à la présidence des Etats-Unis, aucun autre véritable fils de pauvres n’a pris possession de la Maison Blanche ! Qui serait-ce alors : les démocrates Lyndon B. Johnson et James E. Carter ou le républicain Ronald W. Reagan? Ils descendent tous les trois de la petite bourgeoisie. Mais, ils passent respectivement, avant de s’installer dans la Maison Blanche, par les postes stratégiques et juteux de sénateur et de leader des démocrates au sénat pour Johnson, de gouverneur de l’Etat de Géorgie pour Carter et de gouverneur de l’Etat de Californie pour Reagan. Bill Clinton ? Fils d’un père ivrogne qui a abandonné femme et enfant, il est élevé par le second mari de sa mère, (suite en page 18).


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Être protestant et puissant offre un réel avantage (suite de la page 17). un homme honorable de la middle-class, qui lui transmets son nom et qui, ayant très tôt décelé sa vocation politique, l’oriente vers le Parti Démocrate. Mais, par le mariage, Bill Clinton se lie à une famille très cocue, celle des Rodham, à laquelle appartient son épouse, Hillary Rodham Clinton. Outre cette indispensable alliance qui l’accompagne dans son cursus politique, il passe d’abord par le poste de gouverneur de l’Etat d’Arkansas avant d’atteindre la présidence des Etats-Unis d’Amérique. Et, Barack Obama, enfin? Il est, d’abord, le petit-fils d’un pasteur protestant anglo-saxon, le géniteur quasi-anonyme de sa mère. Il est, ensuite, le fils d’un étudiant kényan qui, une fois son diplôme de Docteur en sciences économiques en poche, abandonne sa femme et son fils américains aux Etats-Unis et rentre dans son pays natal pour retrouver son épouse et ses enfants kényans et prendre son poste de professeur d’université. Il se marie, enfin, à une descendante d’esclaves noirs de vieille souche américaine, Michelle Obama, docteure en droit et avocate, exactement comme son époux. Essentiellement élevé par ses grands-parents maternels sans noms, Obama peut être considéré comme le produit d’une modeste classe sociale ou, tout au plus, assimilé à la bourgeoisie de fonctions, de type politique. Car, avant d’accéder à la présidence des Etats-Unis, il est d’abord membre de la chambre des représentants de l’Etat d’Illinois et puis sénateur de cet Etat au Sénat fédéral de Washington. À bien regarder l’itinéraire sociopolitique de chacun des 45 présidents de l’histoire politique des Etats-Unis, il nous semble qu’il faut plutôt relativiser ces mythes de liberté, d’égalité des chances et de stratification sociale ouverte que l’on met en exergue chaque fois que quelqu’un issu d’une famille modeste s’élève dans la pyramide sociale ou atteint le sommet de celle-ci. François et Claire Masnata, qui ont étudié sur place cette question en profondeur, avertissent sans ambages : « On est assez loin de la croyance populaire selon laquelle chacun peut, aux EtatsUnis, passer de la cabane de rondins à la Maison

Ils vont s’affronter le 3 nov. : à dr., l’ultra-conservateur républicain Donald Trump; à g., Joe Biden. DR. Blanche». Effectivement, les enfants d’humble naissance susmentionnés ne sont pas directement passés de la hutte à la présidence de la République. Par les études, l’intelligence, l’effort et le travail, ils s’étaient entre-temps recyclés et immergés dans la classe sociale opposée à celle de leurs parents, l’aristocratie possédante ou la bourgeoisie. Ils s’étaient imposés en tant que cadres indispensables ou leaders clairvoyants, et dans cette classe sociale et dans leur parti politique respectif, avant de franchir le Rubicon. Processus normal, indubitablement… Il n’y a donc pas de honte à avouer que tous les 45 présidents des Etats-Unis d’Amérique proviennent, finalement, d’une seule et même classe sociale, l’aristocratie possédante ou la bourgeoisie, sous toutes ses formes. Il y a, enfin, de quoi faire luire, dans leurs tombes, les visages d’Alexander Hamilton, de James Madison et de John Jay, les pourfendeurs les plus acharnés des masses populaires et les promoteurs d’un gouvernement central fort, présidé par un aristocrate soutenu par les riches. Mais, les chasseurs des têtes présidentiables ne privilégient, généralement, que des candidats présidentiels de sexe masculin… CINQUIÈME LOI SOCIOLOGIQUE : ÊTRE MÂLE. Les femmes américaines obtiennent le droit de vote, comme celui d’éligibilité à tous les niveaux du système électoral, le 26 août 1920. Soit 144 ans après l’accession de leur pays à l’indépendance. Mais, en 2020, soit 100 ans plus tard, leur situation en matière d’éligibilité demeure inchangée au niveau de la présidence de la République. En effet, jusqu’en 2016, jamais une femme américaine, démocrate ou républicaine, n’avait été officiellement désignée, à l’issue de leurs différentes primaires, candi-

date à la présidence des Etats-Unis. Hillary R. Clinton, du Parti Démocrate, est la première femme qui obtient ce statut en 2016. Elle est Blanche, Anglo-Saxonne, protestante, bourgeoise, docteure en droit, avocate de renom, ancienne secrétaire d’Etat sous le président Obama et sénatrice fédérale de l’Etat de New York au moment où elle reçoit l’investiture démocrate pour la présidentielle. Elle est donc hautement qualifiée pour prétendre au statut de première femme présidente des Etats-Unis d’Amérique. Un indice fort de sa puissance: elle gagne le vote populaire par 53%. Malheureusement, le collège électoral fédéral, créé pour contenir l’exubérance de l’esprit populaire qui avait libre cours sous le régime des très démocratiques Articles de Confédération, lui barre majoritairement la route menant à la Maison Blanche. Il lui accorde 232 voix. Mais, il crédite de 306 voix son adversaire masculin, le républicain Donald J. Trump, qui obtient pourtant 47% du vote populaire. Héritier multimilliardaire d’un gigantesque empire immobilier qu’il a davantage fait fructifier, Trump fait irruption en politique à l’âge de 70 ans. Il n’a alors aucune expérience politique. Pire, il n’a jamais occupé une fonction élective. C’est dans ce contexte qu’il devient le 45 ème président des Etats-Unis d’Amérique. Comment expliquer cette absence des femmes parmi les présidents des Etats-Unis d’Amérique, alors qu’elles constituent la majorité de la population du pays? Comme tous les autres pays du monde, les Etats-Unis sont, soutient avec force Kate Millet, « une société patriarcale, dominée par la culture patriarcale.» Malgré les nombreux et héroïques combats menés sur le sol américain pour l’émancipation totale des femmes, seule cette culture patriarcale détermine, dans tous les

domaines, les rapports sociaux de domination de la classe sexuelle des femmes par celle des hommes. La preuve la plus flagrante ? La présidence des EtatsUnis d’Amérique, conçue par les Pères Fondateurs, concrétisée par ces mêmes Pères Fndateurs, est rigidement tenue en mains, depuis 1789, par les seuls hommes. Les femmes américaines devront donc déchirer le voile des préjugés sous lesquels l’immense majorité de la population les accablent avant d’espérer s’adjuger, un jour, de la majorité des voix et du peuple ordinaire et des grands électeurs afin de prendre possession de la Maison Blanche. En effet, si l’on se réfère aux femmes telles que Golda Meir, Indira Gandhi, Margaret Thatcher, Angela Merkel, Theresa May, Winnie Mandela, Christine Lagarde, etc., il saute facilement aux yeux que les arguments avancés contre les femmes américaines pour les disqualifier politiquement ne sont, généralement, que des prétextes destinés à couvrir et à justifier l’égocentrisme des hommes. C’est donc cette « politique du mâle », malheureusement enracinée et dans la « Real Woman » américaine et dans l’homme américain, qui se trouve à la base de l’exclusion permanente des femmes de la présidence des Etats-Unis d’Amérique. En tout cas, qu’elles soient blanches, anglo-saxonnes, protestantes et bourgeoises, elles ne semblent pas encore acceptées à ce méga-poste exclusivement réservé, depuis 231 ans, aux seuls hommes. Le cas d’Hillary R. Clinton en dit long. MONOPOLE DE LA PUISSANCE SOCIALE. Voilà donc ! Si un citoyen américain veut devenir président des EtatsUnis d’Amérique, il ne doit pas trop compter sur les seuls principes constitutionnels, surtout s’il est de sexe féminin,

quelqu’un de couleur, sans-le-sou, ressortissant d’une ethnie ou adepte d’une religion dépourvue de légitimité historique. Il doit plutôt se placer, réalisme politique oblige, dans le cadre des cinq lois sociologiques ci-dessus décortiquées. Pour rappel, ces cinq lois sociologiques ou ces cinq traditions ou encore ces cinq conditions officieuses d’accession à la présidence des EtatsUnis sont, évidemment, les suivantes: être Blanc, être Anglo-Saxon, être Protestant, être Bourgeois et être Mâle. Comment expliquer cette supériorité active et légendaire des seuls citoyens américains de race blanche, d’ethnie anglo-saxonne, de religion protestante, de classe bourgeoise et de sexe masculin quant à la conquête de la Maison Blanche? Une organisation sociale imperceptible, mais très puissante, a créé, entretient et maintient cette situation historique. Il s’agit de l’Ordre Social Protestant Anglo-Saxon, communément connu sous l’abréviation de W.A.S.P. (White AngloSaxon Protestant). Auréolé de ses historiques et prestigieux titres de fondateur et de bâtisseur des Etats-Unis d’Amérique, il est à la fois la fraction hégémonique, la fraction régnante et la fraction idéologique du bloc au pouvoir depuis 1789. Fraction hégémonique, d’abord, parce qu’il est le principal sélectionneur des candidats présidentiables, démocrates et républicains confondus, et surtout le seul et l’unique commanditaire attitré, incontournable et incontesté de tous les présidents et viceprésidents des EtatsUnis d’Amérique ; de l’immense majorité des présidents du sénat, des présidents de la chambre des représentants, des ministres fédéraux les plus importants, des juges en chefs et juges de la cour suprême de justice, des attorneys généraux et procureurs fédéraux, des présidents

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de la réserve fédérale, des chefs d’Etat-major général des forces armées et de la police fédérale, des directeurs généraux du FBI et de la CIA, des gouverneurs des Etats les plus stratégiques et des ambassadeurs accrédités auprès des pays qui pèsent sur la balance, etc. L’Ordre Social Protestant Anglo-Saxon agit ainsi en ses qualités ordinaires de porte-étendard de l’économie, c’est-à-dire de maître suprême du grand capital américain par sa puissante, solide et influente bourgeoisie et de super expert du système politico-constitutionnel américain par ses éminents, influents et incontournables stratèges politico-idéologiques, juridico-administratifs et propagandistes. L’Ordre Social Protestant Anglo-Saxon est, ensuite, la fraction régnante du bloc au pouvoir depuis 1789 parce que 98% des présidents et vice-présidents historiques des Etats-Unis d’Amérique et l’écrasante majorité des dirigeants de leurs autres institutions politiques, judiciaires, administratives, économiques, financières, militaires, sécuritaires, sociales et culturelles ont généralement été, au cours des 231 dernières années, des Protestants AngloSaxons. Et ce, en plus du fait que ce sont les plus entreprenants d’entre eux, tels que Cornelius Vanderbilt d’extraction néerlandaise, J.D. Rockefeller d’origine allemande, Andrew Carnegie de souche écossaise, J.P. Morgan et Henry Ford d’ascendances anglaises, et tant d’autres de ces mêmes origines, qui se trouvent au fondement de l’incomparable essor industriel, commercial, financier, économique, social, culturel, scientifique, technologique, bref, du développement durable de ces Etats-Unis d’Amérique que leurs ancêtres avaient fondés. Aujourd’hui encore, au moyen de leurs importantes et diversifiées coalitions du Big business, ils demeurent sur la brèche et au front du peloton des créateurs inassouvis de la richesse américaine. Vance Packard, l’un des observateurs les plus perspicaces de la réalité sociale américaine, témoigne : «Les Protestants Anglo-Saxons sont traditionnellement à la tête du monde des affaires aux Etats-Unis d’Amérique. » Ils tiennent, en fait, le haut du pavé de l’empire (suite en page 19).


international

La Présidentielle Américaine

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Goulot d’étranglement du démocrate Biden : l’appartenance ethnique et religieuse (suite de la page 18). capitaliste américain. Ils constituent, par exemple, les dix premières dynasties multimilliardaires de leur pays. Bill Gates, Warren Buffet et Larry Ellison n’en sont que le trio de tête. Associés à leurs mandataires en politique, ils forment l’essentiel de la Jet set class des Etats-Unis d’Amérique. E. O. Baltzell, l’un des plus éminents américanistes, le dit sans ambages: « La classe supérieure (upper class) américaine a toujours été, dans sa grande majorité, anglosaxonne et protestante, tant du point de vue de ses origines que de celui de ses valeurs». L’Ordre Social Protestant AngloSaxon est, enfin, la fraction idéologique du bloc au pouvoir depuis 1789 parce qu’il est l’incarnation spirituelle et physique de l’idéologie dominante des EtatsUnis d’Amérique. Celleci émane de la structure sociale du pays. Or, cette dernière est fondamentalement anglo-saxonne et protestante. D’où, l’Ordre Social Protestant Anglo-Saxon joue le rôle hautement stratégique de porteur de la civilisation et d’intégrateur en chef du système politico-idéologique et constitutionnel que les Pères Fondateurs avaient inventé. Il exerce une profonde influence sur la pensée, le comportement, les attitudes et les pratiques des Américains. Il amène ceux-ci, et surtout les ressortissants des communautés ethniques et religieuses traditionnellement qualifiées de « minoritaires », à s’adapter. C’est-à-dire, à intérioriser et à intégrer les exigences de la structure sociale américaine à leur endroit. Il impose subtilement le Protestant Anglo-Saxon comme le prototype idéal de l’Américain et du Président des EtatsUnis d’Amérique. Car, il est radicalement habité par la conviction éthique et spirituelle de détenir la légitimité historique d’ayant-droit du poste de Président, Chef de l’Etat et Chef du Gouvernement, le poste le plus important et le plus prestigieux des Etats-Unis d’Amérique. Il prend donc ce méga-poste pour le symbole suprême de son hégémonie dans la société américaine. D’où, il croît mordicus qu’il ne peut se permettre de le lâcher au profit des

Les deux colistiers. À g., le Républicain Mike Pence pour Trump. À dr., la démocrate amérindienne de mère, afro-Américaine de père et protestante de religion Kamala Harris pour Biden. DR.

intrus. Il inspire furtivement cette conviction aux membres des autres communautés d’appartenance. François et Claire Masnata précisent : «Il a toujours considéré que le pluralisme américain signifiait, en fait, la reconnaissance, par les nouveaux-venus, de la valeur, voire de la supériorité du système protestant anglo-saxon». La plupart de ces autres communautés d’appartenance acceptent, soit par respect, soit par résignation, cette légitimité historique des Protestants Anglo-Saxons. Elles évitent, généralement, de leur disputer le mégaposte de président des Etats-Unis d’Amérique. L’indifférence, à l’égard de ce méga-poste, des Juifs Américains, des Nippo-Américains, des Sino-Américains, des Italo-Américains et des Polono-Américains, qui ont pourtant connu une réussite exceptionnelle sur le plan socio-économique, semble l’attester. Prévenus par leur réalisme politique avivé par leur appartenance ethnique, leur appartenance religieuse et leur insignifiance démographique, aucun d’entre eux ne s’est jamais hasardé, jusqu’ici, à se présenter à une primaire du Parti Démocrate et encore moins du Parti Républicain en vue de la présidentielle. Ils n’osent se révolter contre la quasi-confiscation de ce méga-poste par une seule et même ethnie, l’ethnie anglo-saxonne et par une seule et même religion, la religion protestante. Mais, il n’en est pas tellement de même des Catholiques Irlando-Celtes Américains. Nourris, en effet, de vieux ressentiments antianglo-saxons depuis leur pays d’origine, l’Irlande du Sud qui avait longtemps subi l’occupation coloniale britannique, ils ont souvent ten-

dance à défier ceux qu’ils prennent pour de « simples usurpateurs de la fameuse légitimité historique». C’est probablement pour cette raison que trois des quatre candidats présidentiels historiques non protestants anglo-saxons sont des Catholiques IrlandoCeltes Américains. On s’en rappelle assurément: l’un des trois, le seul et l’unique d’ailleurs, J.F. Kennedy, est très difficilement parvenu, en 1960, à arracher démocratiquement le poste de président des Etats-Unis aux Protestants AngloSaxons. Certainement, le choix porté sur le protestant anglo-saxon, le très influent, le très populaire et l’inamovible leader des démocrates au sénat fédéral, Lyndon B. Johnson, comme vice-président des Etats-Unis, a largement joué en faveur du candidat Kennedy. C’est dire que le profil bas généralement adopté par les « minorités américaines», comme comportement sociopolitique en matière présidentielle, ne pourrait intriguer. Car, l’Ordre Social Protestant Anglo-Saxon n’a pas mis les chaînes à la bouche, aux mains et aux pieds des Américains. Il a plutôt mis ses chaînes dans leurs profondeurs. Et ce, selon Richard Hofstadter, de trois manières différemment capitales. Primo, cet Ordre se considère sérieusement comme « l’héritier intellectuel de la religion de Calvin », qui prône le goût de l’indépendance, de l’égalité, de l’autorité contenue et les notions de responsabilité personnelle. Secundo, il se présente comme « le représentant attitré de l’esprit républicain de l’Angleterre de John Locke », qui s’oppose au pouvoir arbitraire et croît en la souveraineté du peuple. Il est, enfin, convaincu d’être « le mandataire

spécial de l’économie politique d’Adam Smith », qui prêche la doctrine de laisser-faire le marché établie sur l’intérêt personnel régulé par la concurrence. Ainsi, psychologiquement assiégés et conditionnés par l‘idéologie dominante, les citoyens américains ont généralement incorporé l’infaillibilité de la tactique suprématiste selon laquelle pour promouvoir, protéger et défendre leurs intérêts les plus profonds et les plus divergents, le président des EtatsUnis d’Amérique devrait nécessairement être un Protestant Anglo-Saxon. D’où, 44 de leurs 45 présidents historiques sont effectivement des Protestants Anglo-Saxons. Indubitablement, ils ploient, depuis 231 ans, sous le joug des cinq lois sociologiques susmentionnées. Celles-ci portent les empreintes de l’Ordre Social Protestant Anglo-Saxon, détenteur exclusif du monopole de la puissance sociale. Autour duquel gravite une sous-puissance, uniquement socio-économique et évidemment juive américaine. Car, amputée de tous les autres attributs de la puissance sociale. Ce qui doit absolument émouvoir et réjouir, dans leurs sépultures respectives, les Pères Fondateurs des Etats-Unis d’Amérique. Ils ont, en effet, assigné au moteur intégrationniste en chef du système qu’ils avaient fabriqué, le gouvernement fédéral présidé par un aristocrate bénéficiant de l’appui des puissants, la mission de maintenir, d’étendre et de perpétuer leur domination sur l’ensemble des Etats-Unis d’Amérique et des citoyens américains. Compte tenu de ce contexte sociopolitique historique, quel pourrait être le sort du 5 ème candidat présidentiel non protestant anglo-saxon, le Catholique IrlandoCelte Américain John Biden? ESPOIR PERMIS. Joe Biden a, à son actif, 47 ans d’expérience politique. Il a été pendant huit ans, sous Barack Obama, le premier viceprésident catholique irlando-celte de l’histoire politique du pays. Il a été, durant 36 ans, sénateur de l’État de Delaware et du Parti Démocrate au sénat de Washington. Cependant, comme Al Smith en 1928,

J. F. Kennedy en 1960, Michael Dukakis en 1988 et John Kerry en 2004, il a effectivement pour principal goulot d’étranglement, dans sa marche vers le pouvoir suprême, son appartenance ethnique et religieuse. Quand l’ultraconservateur Donald J. Trump répète souvent que Joe Biden est « candidat présidentiel par défaut», il fait là, sans blague, allusion à la religion et à l’ethnie de son antagoniste démocrate. Il attire l’attention des indécis et surtout de son solide électorat, essentiellement composé de l’extrême droite religieuse et politique, sur ce problème. D’où, cette question embarrassante des observateurs pénétrants de la réalité sociopolitique américaine : « Joe Biden parviendra-t-il à déchirer le voile des préjugés accablant, depuis 231 ans, les candidats présidentiels non protestants anglo-saxons, en battant le tonitruant président sortant? » Certes, les particularismes ethniques, religieux et raciaux ont constitué, du XVII ème au XX ème siècle, des pommes de discorde suscitant de violents antagonismes sociaux au pays de l’Oncle Sam, surtout pendant la période précédant l’élection présidentielle. Politiquement, économiquement et socialement, ils ont vraiment été des questions d’une extrême gravité. Malheureusement, ils persistent encore en ce premier quart du XXI ème siècle. Les violences policières à l’égard des Noirs et des autres minorités et les émeutes sociales qui s’en suivent en font foi. Mais, dans le fond, les préjugés anticatholiques, anti-irlandais, anti-juifs, anti-noirs, antijaunes, anti-rouges, antihispaniques, etc., même s’ils restent quelque part tenaces, se sont sensiblement atténués au cours des dernières années. Bon nombre d’électeurs américains ont positivement évolué en matière électorale. Ils optent davantage pour des critères plus objectifs de compétences et d’efficacité aux dépens de ceux basés sur la discrimination raciale, ethnique et religieuse. Ce qui a probablement fait décider les sénateurs républicains Ted Cruz, catholique cubain-américain et Marco Rubio, catholique portoricain-américain, à briguer, en 2016 et ce,

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sans aucun complexe, l’investiture de leur parti pour la présidentielle. Bien sûr, devant le multimilliardaire DonaId J. Trump, foncièrement protestant anglo-saxon, ils n’ont pas obtenu l’investiture tant rêvée de leur parti. Mais, Trump s’est, en effet, précipité et improvisé en politique dans le but de détruire, par son slogan « Make America Great Again », tout ce que l’Afro-Américain Barack Obama avait entrepris et réalisé durant ses deux mandats. Aujourd’hui, il est frappé de plein fouet par sa gestion du Covid-19, par celle des émeutes sociales internes et par celle de ses démêlés commerciaux et politiques avec la Chine, la Russie et l’Iran, etc. D’où, l’espoir permis pour le Catholique Irlando-Celte Américain Joe Biden, le chouchou de la quasi-totalité des sondages liés au scrutin présidentiel de novembre 2020? Outre qu’il s’est stratégiquement adjoint comme colistière la sénatrice démocrate Kamala Harris, Amérindienne de mère, Afro-Américaine de père et protestante de religion. Âgée de 55 ans, cette ancienne procureure générale de l’État de Californie est la première femme de couleur à briguer la vice-présidence des États-Unis. En l’élevant à ce statut, Joe Biden, 77 ans, vise le rassemblement des Américains de toutes les origines ethniques, religieuses et raciales autour de son ticket présidentiel. Il tente ainsi d’augmenter ses chances de devenir le second président catholique irlando-celte américain et le 46 ème président des États-Unis d’Amérique. À condition, toutefois, qu’il s’allie les indécis et les anti-femmes de toutes les obédiences, les anti-Trump du Parti Républicain et, surtout, les principaux swings states, pourvoyeurs du plus grand nombre de grands électeurs dont le vote est prépondérant. Définitivement, cependant, quelles que soient les origines ethniques, religieuses, raciales, etc., du ticket gagnant de l’élection présidentielle de novembre 2020, l’Ordre Social Protestant AngloSaxon demeure, jusqu’à preuve du contraire, le maître incontournable et incontesté du jeu politique américain touchant particulièrement à sa citadelle. MUSENE S. BE-LASAYON n


international SINCE 1989

Shinzo Abe quitte la scène

I

l était en poste depuis fin 2012. Le PM japonais Shinzo Abe a annoncé vendredi qu’il allait quitter ses fonctions pour raisons de santé. Sept ans et huit mois. Aucun Premier ministre n’a dirigé le Japon aussi longtemps que Shinzo Abe. À 65 ans, il a annoncé quitter sa fonction, vendredi 27 août, évoquant des problèmes de santé. «J’ai décidé de démissionner du poste de Premier ministre (...) Je n’étais plus sûr de pouvoir honorer le mandat qui m’avait été confié», a déclaré le président du Parti libéral-démocrate PLD, avant de se dire «profondément désolé». Sa démission entraîne une élection au sein du parti conservateur, avant un vote au Parlement pour désigner son successeur au Kantei, la résidence officielle du chef du gouvernement japonais. D’ici là, «je vais continuer à remplir fermement mes fonctions jusqu’à ce qu’un nouveau Premier ministre soit nommé», a précisé Shinzo Abe. Le porte-parole du gouvernement Yoshihide Suga avait tenté d’apaiser les inquiétudes, après deux visites à l’hôpital

atteint depuis l’adolescence. Cette maladie avait déjà été l’une des raisons de la fin précipitée d’un premier mandat de Premier ministre en 2007, au bout d’un an à peine d’exercice du pouvoir. Cette décision survient toutefois alors que sa cote de popularité a fondu à mesure de la pandémie de coronavirus. Seuls 34% des Japonais sondés approuvaient la politique de son gouvernement, selon un sondage publié le 12 août par la chaîne publique NHK. La rectocolite hémorragique est une maladie incurable de l’intestin. En 2007, son premier passage a la tête du Japon avait été bref, à peine un an : ses crises de colites ulcéreuses avaient déjà eu raison du Premier ministre. « Je devais aller aux toilettes 30 fois par jour », avait alors expliqué Shinzo Abe. FINANCE PRESS GROUP, FPG RCCM KIN/RCCM/15-A-27926 Id. Nat. 01-93-N00932M

Malade, le Premier ministre japonais Shinzo Abe précipite son départ de la scène. DR. de Shinzo Abe ces dernières semaines. Lors de sa conférence de presse, vendredi, le

Premier ministre a confirmé les doutes. Il a déclaré souffrir d’une aggravation d’une

maladie inflammatoire chronique des intestins, la rectocolite hémorragique, dont il est

secrètement le gouvernement américain et l’ensemble du pays. Ce réseau maléfique serait constitué de personnalités du Parti démocrate, comme Hillary Clinton ou encore Barack Obama, mais aussi de stars du show-biz et d’influents d’hommes d’affaires. Et, selon la croyance des QAnon, Donald Trump livre une guerre clandestine pour libérer les États-Unis de ce groupe funeste. Ce serait même l’objectif principal de son arrivée à la Maison Blanche.

ensuite à la base militaire américaine de Guantanamo à Cuba pour y être jugés et condamnés à mort. Mais rien de tout cela n’est arrivé. Même si aucun fait ne vient corroborer le moindre détail de cette théorie du complot, elle trouve de plus en plus d’adeptes. Beaucoup de chercheurs américains se penchent depuis plusieurs mois sur les raisons qui pourraient expliquer ce qui devient un véritable phénomène. Les spécialistes évoquent d’abord la façon qu’a Q de formuler ses messages. Ceux-ci sont souvent rédigés sous forme de questions : « Quel politicien fait la Une ces jours-ci ? Pourquoi ? Et en quoi est-il lié à la personnalité politique qui était au centre de l’attention médiatique la semaine dernière ? » Ces interrogations vagues amènent les partisans de QAnon à entrer eux-mêmes en action. Pendant des heures, ils vont passer la Toile au peigne fin en quête d’indices qui pourraient répondre aux questions de Q. Ainsi, chaque membre de la communauté des QAnon produit lui-même

toutes sortes de théories conspirationnistes, alimentant une sorte de grand récit collectif exclusivement réservé aux «initiés ». Les adeptes croient aussi recevoir des messages codés du président lui-même. Comme quand Donald Trump prononce le chiffre 17 dans l’un de ses discours, la lettre Q étant la 17ème lettre de l’alphabet. Avec le temps, QAnon est devenu un mouvement dans lequel on retrouve toutes sortes de théories de complot : des attentats du 11 septembre 2001 en passant par l’assassinat du président John Fitzgerald Kennedy, jusqu’à l’épidémie de Covid-19, ou encore récemment sur les manifestations contre les violences policières. À une époque où la méfiance vis-à-vis des classes politiques traditionnelles gagne du terrain, ses partisans ne se situent plus seulement aux États-Unis mais dans le monde entier, y compris en France. QAnon permet à un nombre grandissant de personnes d’avoir l’impression - et l’impression seulement - de pouvoir expliquer un monde qui échappe à leur compréhension.

Le soutien de Trump

C

‘est un mouvement complotiste de l’extrême droite américaine. En cette période de campagne électorale pour la présidence, on retrouve au sein de QAnon les plus fervents sympathisants de Donald Trump. Le mouvement s’est frayé un chemin des réseaux anonymes sur la Toile à la réalité politique américaine. «Je ne sais pas grand chose sur ce mouvement, mis à part le fait qu’ils m’aiment», expliquait Donald Trump le 19 août lors d’une conférence de presse à la Maison Blanche, alors qu’il était interrogé sur QAnon. «Ils affirment que vous êtes en train de sauver le monde d’un réseau de personnes sataniques et pédophiles », a affirmé une journaliste. « Je n’ai pas entendu cela », a répondu le président américain, avant d’ajouter : « Mais si je peux aider à sauver le monde de certains problèmes, je suis disposé à le faire ». QAnon est d’abord une théorie complotiste. Ses partisans croient qu’une cabale satanique et pédophile contrôle

DES ADEPTES DE PLUS EN PLUS NOMBREUX. Derrière cette théorie du complot se cache un internaute anonyme. Son pseudonyme est la lettre Q, et il prétend être un fonctionnaire américain. Depuis octobre 2017, Q poste sur des forums anonymes des messages énigmatiques qui divulgueraient des informations classifiées sur cette guerre secrète menée par Donald Trump. Depuis bientôt trois ans, Q prévoit les arrestations imminentes et simultanées de milliers de membres de ce réseau satanique, transférés

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