Qui a tué Chebeya et Bazana, pourquoi?
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SINCE 1989 N°1517 | MERCREDI 10 FÉVRIER 2021 | 20 PAGES €7 $8 CDF 10500
Le Congo effectue
son grand retour
Cinquante-quatre ans après le 4ème sommet de l’OUA à Kinshasa (11-14 sept. 1967), le Fils du Sphinx entreprend de remettre le Congo sur le toit du monde. DR. LE SOFT INTERNATIONAL A ÉTÉ RÉPERTORIÉ PAR LE SITE DU THE NEW YORK TIMES COMME UNIQUE NEWSPAPER EN ZONE AFRIQUE CENTRALE.
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l’actu |
Le chef anti-corruption Mines est «libre» de tout mouvement
L
ouis-France Kuzitesa Ntotila, «conseiller en communication et porte-parole privé de Monsieur Pascal Nyembo Muyumba », Directeur Général du CEEC affirme dans un courrier au Soft International que le Directeur Général du CEEC est «libre » de tout mouvement, qu’il «n’est frappé d’aucune interdiction» de sortie du territoire national. Dans ce courrier adressé au Soft International daté du 7 février 2021, à en-tête « Cabinet privé de Me Pascal Nyembo Muyumba, DG du CEEC, tél. 0810286834/0906012301 adresse mail louisfrancekuzkesa8.@gmail. com», il est fait état d’un article « le chef anti-corruption interdit de sortie du territoire congolais» (Le Soft International n°1516 daté 5 février 2021) dans lequel l’auteur écrit qu’il «ressort d’un courrier adressé (au DG du CEEC) par le Directeur de cabinet du Chef de l’État, Guylain Nyembo Mbwizya, relayé sur les réseaux sociaux et daté du 3 février 2021
Le Coordonnateur de la Commission nationale de lutte contre la Fraude Minière et Directeur Général du CEEC Pascal Nyembo Muyumba. DR. que M. Pascal Nyembo Muyumba qui est aussi le coordonnateur de la Commission nationale de lutte contre la Fraude Minière, aurait voulu se rendre à l’étranger» mais se serait buté à « la réponse sans équivoque du Directeur de cabinet
du Président de la République» Guylain Nyembo Mbwizya. «UN ACTE COLLECTIF ET NON INDIVIDUEL». «Étant donné que vous avez encore un dossier pendant ouvert à votre
charge à la justice et que la liberté provisoire qui vous a été accordée restreint votre liberté de circulation, je vous exhorte de déléguer l’un de vos collaborateurs pour effectuer cette mission». Dans son courrier au Soft International, faisant fonction de droit de réponse, Louis-France Kuzitesa Ntotila qui dit écrire «au nom et porter la parole de M. Pascal Nyembo Muyumba » affirme : «Il convient de rappeler que dans l’ordonnance accordant la liberté provisoire à Maître Pascal Nyembo Muyumba dans un dossier jugé vide des substances factuelles, il n’avait nullement été question d’une quelconque mesure restrictive de liberté. Il est jusqu’à ce jour homme libre jouissant de tous ses droits et liberté fondamentaux lui reconnus par les lois du pays». Arrêté le 6 janvier 2021 après un mandat d’amener émis contre lui, Pascal Nyembo Muyumba est passé par la prison centrale de Makala après instruction de son dossier au Parquet Général de Grande instance
Gombe. Il est soupçonné de malversations financières, de détournement de fonds et d’usage de faux. La dernière faute serait son implication dans la falsification de dispositions de l’organisation du CEEC dans le journal officiel sans l’autorisation du Président de la République. «Dans le décret, à l’article 38, seul le conseil d’administration autorise la mutation, l’affectation des Directeurs et Cadres de Commandement (chefs de Division), cet article sera changé en disant que seul le Directeur général affectait les Directeurs et Cadres de Commandement», selon un membre de la délégation syndicale cité par des médias congolais. « Il a fallu la vigilance d’un collègue pour écrire au Journal Officiel qui va reconnaître l’erreur et le journal n°019 du 01 octobre 2020 va reconnaître ce pouvoir au conseil d’administration», a expliqué la même source selon laquelle des Directeurs auraient été licenciés, des Chefs de divisions mutés en désordre grâce à ce faux document.
«Ni la délégation syndicale, ni le Conseil d’administration, ni le ministre des Mines ne sont capables de lever le doigt face à notre Directeur Général. Des détournements, des malversations financières y sont opérées sans que personne ne dise mot,… Corruption, pots de vins… Les mauvaises pratiques décriées», confie un autre Chef de service ayant requis l’anonymat. Dans son courrier au Soft International, le «conseiller en communication et porte-parole privé de M. Pascal Nyembo Muyumba écrit: « Le seul motif qui avait empêché ce voyage (du coordonnateur de la Commission nationale de lutte contre la Fraude Minière, ndrl.) c’est la décision du cabinet du Président de la République interdisant à tous les membres de l’Exécutif et des entreprises publiques d’exercer des missions officielles à l’étranger », expliquant qu’il s’agit d’un «acte collectif et non individuel».
Dans un tweet viral, Kitenge Yesu annule un acte du VPM ministre de l’Intérieur et Sécurité
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es actes sont souvent diversément interprétés et souvent fort contestés suscitant colère voire violence. Le Vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur, Sécurité et Affaires coutumières, l’UDPS Gilbert Kankonde Malamba ne laisse personne insensible. Il surprend même ses propres services en charge de la Sécurité intérieure. GESTION CHAOTIQUE. Sa toute récente œuvre est son alignement aux côtés des gouverneurs de province qui se sont longtemps moqués de lui par courrier officiel. Il s’agit d’une prise de
À g., le Vice-Premier ministre Gilbert Kankonde Malamba. À dr., le Haut Représentant et Envoyé Spécial du Président de la République Yesu Kitenge Nz. Cette fois, la coupe est trop pleine. DR. position en faveur des pouvoirs exécutifs provinciaux portant annulation de toute procédure de mise en cause initiée par les Assemblées
provinciales. Dans la Capitale, nombre de personnalités politiques avaient longtemps fait état de connivence et dénoncé des «arrange-
ments à l’africaine». Pour avoir réhabilité le gouverneur du Kongo Central Atou Matubuana au Kongo-Central alors que le chef
de l’Exécutif provincial était suspendu à la demande de son regroupement, le FCC dans le cadre d’un sextape et engagé dans un bras de fer politico-judiciaire avec le président de l’Assemblée provinciale Pierre Anatole Matusila Malungeni, début décembre 2019, le député national Adrien Phoba (élu de Boma) et son collègue Papy Mantezolo (élu de Popokabaka) avaient violemment agressé, en plein débat sur les massacres de Beni, le Vice-Premier ministre Kankonde, écopant d’une suspension de cinq plénières à l’assemblée nationale. La gestion du dossier du Kongo Central avait paru trop chaotique et mis à rude épreuve la Présidence de la République tout comme le gouvernement. Cette
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fois, la coupe paraît pleine. Au Maniema, 15 députés provinciaux qui ont fait tomber le gouverneur Auguy Musafiri s’insurgent contre la décision du Vice-Premier ministre instruisant les gouverneurs déchus de «regagner leurs postes». Ces élus du Maniema fustigent la récurrence d’un VPM à s’ingérer dans des affaires dont il n’a pas compétence, surtout que le dossier en l’espèce se trouve entre les mains de la justice. Un site en ligne parle «de Gilbert Kankonde, un VPM de l’intérieur tâtonneur et rétropédaleur». «Ayant déjà foutu assez la honte à son parti UDPS par ses décisions inqualifiables, (il) a une fois de plus publié (suite en page 4). D. DADEI n
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Un tweet viral de Kitenge Yesu annule un acte posé par A Gilbert Kankonde
Remise et reprise en cascade
(suite en page 4). mercredi 3 février, un télégramme, consécutif à celui publié le 29 septembre 2020, dans lequel il annule toutes les motions de déchéance ou de défiance contre les gouverneurs des provinces absents de leurs entités pour des raisons de service. Dans ce lot, il prend en compte ceux qui sont venus à Kinshasa pour participer à la conférence des gouverneurs et ceux qui étaient là parce qu’invités par le gouvernement central. Mais seulement, pas plus tard qu’il y a trois semaines, le même VPM oubliant le contenu de son télégramme N°25/ CAB/VPM/MININTERSECAC/GKM/122 du 29 septembre, demandant aux assemblées provin-
ciales de surseoir les motions de déchéance ou de défiance contre les gouverneurs, conformément à l’appel du Chef de l’État qui ne veut pas de la déstabilisation des provinces, s’est contredit en entérinant la déchéance par l’Assemblée provinciale de la Mongala du gouverneur Crispin Ngbundu, violant ainsi son propre télégramme. Au niveau de son ministère, les langues se délient pour accuser un groupe de conseillers qui se sont substitués en commissaires pour monnayer toute décision que le VPM est censé prendre. C’est dans cette logique qu’un certain conseiller Assosa venu de la Mongala, et suivant les instructions d’un mafieux établi au Conseil
d’État pour traquer les entités administratives décentralisées, propagerait des rumeurs pour affirmer que le télégramme N°25/CAB/ VPM/MININTERSECAC/GKM/012/2021 de ce 3 février ne concernerait pas le gouverneur de la Mongala». DES LEÇONS ADMINISTRÉES SUR LA TOILE. C’est clair que la coupe est en effet trop pleine. Haut Représentant et Envoyé Spécial du Président de la République, c’est Yesu Kitenge Nz. qui s’est chargé, cette fois, par un tweet viral, d’annuler la dernière instruction du VicePremier ministre Kankonde. «Msg du VPM Intérieur sèment le Doute entre
le vrai, le vraisemblable et le faux. Ses décisions arbitraires annulant les résolutions des assemblées provinciales sont nulles et de nul effet. Les Assemblées devraient s’y opposer par tous les moyens de droit. C’est l’ÉTAT DE DROIT». Un texte rédigé et posté par un homme dont l’influence est réelle dans la «petite ceinture» du Président de la République, au sein de l’UDPS et dans l’opinion publique qui pense de plus en plus qu’il a une mission générale de «recadrage» et qu’il l’accomplit de la meilleure manière. Il suffit de voir comment désormais ses tweets sont likés, signe de montée en estime sinon en puissance. Un tweet qui rappelle
ce qui se passe depuis mardi 9 février au Sénat américain, à Washington, à savoir, une mise en accusation pour abus de pouvoir qui est en réalité un acte de défense de l’État démocratique. D’autres y verraient un réel affaiblissement sinon un anéantissement de l’autorité du ministre de tutelle. Mais n’est-ce pas, là aussi, un exercice légitime d’un droit souverain? C’est précisément à Washington qu’un commentaire pertinent est venu après le posting du Haut Représentant, Envoyé Spécial du Président congolais : «Le HR donne des leçons au VPM sur les RS?! J’espère que ce dernier sait lire entre les lignes». D. DADEI n
u Sénat et à l’Assemblée nationale, mardi 9 février a été marqué par des cérémonies de remise et reprise. Le bureau de Christophe Mboso N’kodia Pwanga jouit désormais de ses pleins pouvoirs après la passation avec le bureau défait de Jeanine Mabunda Lioko Mudiayi. À la Chambre haute, si les réseaux sociaux l’annonçaient aux abonnés absent, Alexis Thambwe Mwamba était tout sourire en remettant ses clés au bureau d’âge présidé par le Sénateur Léon Mamboleo en même temps qu’un groupe de sénateurs signait une nouvelle pétition de déchéance du premier vice-président du bureau sortant du Sénat, l’ancien Premier ministre Samy Badibanga Ntita. Ils ont relancé la procédure après le rejet par la plénière d’un premier texte. Ce nouveau texte est porté par la sénatrice Victorine Lwese. A. M.n
Le coup de gueule du Premier ministre contre ses ministres transhumants ressemble à un coup de griffe mortel
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l aura laissé pantois bon nombre d’observateurs de la scène politique congolaise. Le Premier ministre Sylvestre Ilunga Ilunkamba n’avait pas, par exemple, besoin, de prendre un vol pour le Katanga, à deux heures de la Capitale Kinshasa, parcourir une trentaine de kilomètres depuis l’ex-capitale du cuivre, prendre du temps à attendre à la ferme de Kashamata en vue de rencontrer l’ex-président de la République Joseph Kabila, muni d’un ordre de mission officielle.
UN PERCUTANT UPPERCUT. Quel objet de mission? Un colloque singulier avec le sénateur à vie, lui poser son problème, revenir dans la Capitale sa réponse en mains, la livrer aux Congolais... S’il avait vraiment besoin d’avoir un entretien avec lui, une conférence call, pas besoin d’un déplacement physique. Pour un Chef de Gouvernement, il existe des lignes téléphoniques sécurisées...
Le taiseux Sylvestre Ilunga Ilunkamba dont l’Histoire retiendra qu’il n’a jamais su communiquer, prendre contact et le maintenir. DR. Le taiseux Sylvestre Ilunga Ilunkamba dont le Congo et le monde retiendront qu’il n’avait jamais su communiquer, prendre contact et le maintenir, tout au long de son année et demie passée à l’Hôtel du Conseil, n’avait jamais pu se rendre nulle part ailleurs sauf dans son
Katanga natal - hormis deux sympathiques petites virées en fin de mandat dans le Kwango où il s’est déplacé avec son fauteuil et dans le Kongo Central - a surpris tous en donnant un coup de griffe à ses ministres quand il prend brièvement la parole au pied de l’escalier du Palais
de la Nation, siège de la présidence de la République, sur ce tapis rouge sur lequel il marche pour la dernière fois. Le (désormais) ex-Premier ministre basculé sur le régime des affaires courantes fait part, le cœur gros, la parole trébuchante, pour la première fois, de sa démission qu’il vient de remettre au Président de la République qui avait tant hâte de la recevoir et d’accuser réception. Alors qu’il continue de contester les prérogatives du bureau d’âge à organiser une plénière pour l’entendre - et devant laquelle il refuse de se présenter il dit néanmoins avoir tiré les conséquences de la situation politique et décidé, « en toute responsabilité et conformément à la Constitution de notre pays, de présenter la démission de son Gouvernement au Président de la République, Chef de l’État ». Puis : « Je saisis cette occasion pour remercier, au nom de mon Gouvernement, le Président de la République, Chef de l’État, de la confiance qu’il nous a témoignée dans le cadre de notre Accord de Coalition qui a permis à notre pays de connaître, pour la première fois,
une alternance pacifique du pouvoir ». Il loue la qualité de la relation qu’il a entretenue avec le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo sans convaincre personne. «En ce qui me concerne personnellement, en dépit des circonstances actuelles, je saisis cette occasion pour remercier le Président de la République, de la confiance et de la cordialité qui ont caractérisé nos relations au cours des 15 derniers mois durant lesquels j’ai été Premier Ministre». Il n’oublie pas l’Autorité Morale du FCC pour laquelle il a une pensée, en cette minute historique et solennelle. « Mes remerciements, last but not least, à Son excellence Joseph Kabila Kabange, Président Honoraire de la République Démocratique du Congo, qui avait proposé mon nom comme candidat Premier ministre, ce qui m’a permis de servir le peuple congolais à cette haute fonction». Puis, le venin étant dans la queue, le coup de gueule délivre un percutant uppercut, véritable coup de griffe mortel contre ses ministres transhumants qui ont
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traversé la rue, avec armes et bagages, ont choisi de rejoindre le projet de l’Union Sacrée quitté et déjeunent chez le voisin : « Comme l’a dit un célèbre chansonnier (Charles Aznavour qu’il ne cite pas), je cite : «il faut savoir quitter la table quand elle est desservie». Mais, je ne vais pas quitter la table desservie chez moi pour aller continuer à manger chez le voisin». Katangais, Ilunkamba est semblable à ce cheval guerrier et furieux qui, avant de s’en aller paître ailleurs, règle tous ses comptes contre ceux qui l’ont trahi, après avoir longtemps partagé le déjeuner avec eux. «Flic et journaliste, c’est comme chien et chat, c’est comme flic et avocat aussi. Ça s’attire, ça se respecte, ça se cajole ; jusqu’au coup de griffe qui laisse des cicatrices» (Hervé Jourdain, Le Sang de la trahison, éd. Fayard, 2013). Qu’en reste-t-il d’essentiel : un réel aveu d’échec. Sylvestre Ilunga Ilunkamba est comme Kabila. Tous les deux ont été roulés dans la farine par les leurs. Affaire terminée, il faut avancer... D. DADEI n
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l’analyse
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Le patron de l’IGF Jules Alingeti continue d’alimenter en col blanc la prison de Makala
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ombien sont-ils désormais? Mieux, combien déjà «mapés» à ce jour? À la prison centrale de Makala, les criminels en col blanc risquent très vite de manquer où passer la nuit... Après le lot déversé par le parquet de Matete dans le cadre de l’enquête du Programme des 100 Jours du Président de la République, le parquet de la Gombe a repris la main, aidé par des inspecteurs judiciaires ou, mieux, par la Brigade de l’Inspection Générale des Finances. Ainsi, le Directeur Général de la RVA, la Régie des Voies Aériennes Abdallah Bilenge a été traîné devant la justice accusé de détournement d’une dizaine de millions de US$, argent qui devrait être versé notamment à quelques services socioprofessionnels telle la CNSS, la Caisse nationale de sécurité sociale. Son arrestation est intervenue au moment où des accusations de malversations financières se multipliaient au sein de cet établissement public notamment dans le cadre d’une taxe appelée GoPass. Au ministère de l’EPST, Enseignement primaire, secondaire et technique, de hauts fonctionnaires ont été «mapés» dans le cadre d’une enquête portant sur la gestion des fonds publics alloués au secteur. C’est encore l’IGF qui est à la manœuvre : en cause CDF 62 milliards (31 millions de US$). L’un des derniers cols blancs à tomber dans les filets du service de Jules Alingeti Key est le Directeur Général de l’Institut National de la Statistique, Roger Shulungu Runika, interpellé le 3 février 2021 par le Parquet général près la Cour d’appel de la Gombe, accusé de détournement de six millions de US$ et des véhicules appartenant à cet établissement public. Roger Shulungu Runika n’est pas n’importe qui. Ancien proche et ParSec de l’ancien Vice-premier ministre Augustin Matata Ponyo Mapon du temps du ministère des Finances, Runika est nommé peu après le 28 avril 2012 vice-ministre aux Finances quand Matata Ponyo passe le boulevard et va à l’Hôtel du Conseil. Runika est alors
À g., le Directeur Général de l’Institut National de la Statistique, Roger Shulungu Runika. Mapé. À dr., le Directeur Général de la Régie des Voies Aériennes Abdallah Bilenge. Mapé et condamé. L’Inspection Générale des Finances a décidé de mettre le turbo. Et déjà, l’étau se resserre autour de la criminalité en col blanc. Ci-bas, l’ex-Premier ministre Augustin Matata Ponyo Mapon pour qui, il n’y a aucun doute : «la débâcle de Bukanga Lonzo est le fait de ses successeurs qui ont arrêté le financement. DR.
promu «adjoint» direct de Patrice Kitebi Kibol Mvul alors ministre délégué auprès du Premier Ministre, chargé des Finances. C’est pendant ces années quand l’équipe ministérielle compte le professeur Daniel Mukoko Samba au Budget que des dossiers économiques sensibles sont validés et signés dans le cadre des réunions thématiques présidées directement par le Premier ministre lui-même. En un court laps de temps, l’équipe ministérielle perd plusieurs ministres dont deux Vice-premiers ministres, en tête Daniel Mukoko Samba et celui de la Défense Nationale et Anciens Combattants Alexandre Luba Ntambo. Des divergences profondes auraient alors opposé ces deux membres du Gouvernement au Chef du Gouvernement qui obtient vite leur départ du Gouvernement.
C’est à cette époque qu’est présenté le dossier désormais viral du Parc agro-industriel de Bukanga Lonzo. LE DOCUMENT A TRÈS VITE FAIT PSCHITT. L’IGF s’est intéressé à ce dossier. Un rapport a été déposé auprès de la justice, selon les déclarations de l’Inspecteur Général des Finances, Jules Alingeti Key. Sur ce dossier de Bukanga Lonzo, l’Inspecteur Général des Finances, Chef de Service donne sept noms dont l’ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo. Le Soft International a publié, sans être contredit, d’autres noms, en tête, l’alors ministre délégué auprès du Premier Ministre Patrice Kitebi Kibol Mvul mais aussi deux Sudafs Christo Grobler et Peter Venter, d’anciens ministres Louise Munga Mesozi, Rémy
Musungayi Bampale, Robert Mbwinga Bila, Henri Yav Mulang, Modeste Bahati Lukwebo, Wivine Mumba Matipa, Isidore Kabwe Muewu, Néhémie Mwilanya Wilonja, Mbienga Kayengi, Lumbu Kiala, etc. Trois ministres à l’époque de l’affaire, ont démenti une participation quelconque à cette «mafia» : Rémy Musungayi Bampale, Robert Mbwinga Bila, Isidore Kabwe Muewu - ce dernier est actuellement Président du Conseil d’administration du très fameux FPI, Fonds de promotion de l’Industrie, cité par une chaîne YouTube comme étant un proche de l’ancien premier ministre. Tout comme Runika qui aurait eu son poste à l’INS grâce à l’ex-Premier ministre... C’est curieusement non devant les tribunaux que sur des chaînes de YouTube que ce débat semble avoir migré.
Tout a commencé par une curieuse enquête d’un groupe de trois «journalistes» qui se seraient mis sur les routes de Bukanga Lonzo et auraient conclu à l’absence de culpabilité de l’ancien Premier ministre. Le document aurait très vite fait pschitt, dégonflé. Aucun média sérieux au Congo ou à l’étranger ne l’a repris... Cela n’a pas empêché l’ancien Premier ministre de s’en servir comme référence dans ses apparitions médiatiques allant jusqu’à déclarer devant ces faux tribunaux médiatiques stipendiés que c’est lui et lui seul qui aurait commandé cet audit à l’Inspection Générale des Finances et qu’il lui revient d’en recevoir un rapport complet. Mais à quel titre auraitil commandé cet audit auprès de l’IGF et quel prix, il aurait payé et pourquoi? Si au départ, l’IGF aurait minimisé ces saillies, le service qui relève directement du Président de la République aurait fini par prendre l’affaire au sérieux dès lors que des médias attestent avoir reçu des offres d’achat d’espace. Jules Alingeti Key paraît désormais avoir eu recours aux mêmes moyens en tentant de donner la réplique. Son communiquant est monté en première ligne pour «témoigner» en invitant les concernés au calme jusqu’à ce que la justice ouvre le dossier qui serait déjà fin prêt. Il reste que s’il faut rêver d’un État de droit, respectueux des sacro-saints principes consacrés, il
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arrive que l’on désespère. Dans nos cours et tribunaux, par exemple, seul vaut le carton de billets verts que l’on porte au juge pour se le payer... Un ministre au parler vrai - faut-il en rire ou en pleurer ? n’avait-il pas qualifié le magistrat congolais de «3V» : V comme Villa, V comme Véhicule et V comme Veste que tous les magistrats cherchent à avoir aussitôt nommés. Pareil pour le secteur de la presse. «Il suffit d’un 300 US$ pour se payer quel titre on veut à la une d’un journal». Mêmement pour les ONG transformées en entreprises de commerce. «Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir», avait prédit ce poète français de grande renommée pour ses fables et ses contes, Jean de La Fontaine. Dans ce Congo aujourd’hui certainement plus que jamais dans le passé, juges, médias, ONG n’existent que parce qu’ils coopèrent parfaitement avec la maffia. L’Inspection Générale des Finances doit mener tenir bon et surtout être sponsorisée sinon jamais elle ne réussira là où, face à la pieuvre financière qui sait usé de tous les moyens jusqu’à vous investir et à vous séduire, tous ont échoué. Une chance pour le Congo : le fils du Sphinx est comme le Sphinx : devant la faute, sans état d’âme... Message à ceux qui apportent des milliards à Kabeya Kamwanga D. DADEI n
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LA UNE |
Le procès Chebeya va faire trembler la terre Publié le 8 fév. 2021. SONIA ROLLEY n
KAMANDA WA KAMANA n ESDRAS NDIKUMANA n Enquête de Radio France Internationale.
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Deux policiers dévoilent des détails du double crime perpétré le 2 juin 2010 dans l’enceinte de la PNC. NPM l’emblématique militant des DH Floribert Chebeya. DR.
eux officiers de police reconnaissent pour la toute première fois avoir participé à différents degrés à l’assassinat le 2 juin 2010 à Mitendi, à Kinshasa, du militant des droits de l’homme Floribert Chebeya Bahizire et de son chauffeur et ami Fidèle Bazana et désignent des protagonistes. Un crime qui est l’un des ceux qui ont ruiné le régime Kabila. Depuis l’élection de Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo à la présidence de la République, les appels à la réouverture du procès se multiplient et le président congolais s’est mis à l’écoute. Le mardi 1er juin 2010 en fin de matinée, Hergil Ilunga wa Ilunga, simple adjudant de la PNC reçoit deux appels qui vont changer sa vie. Le premier provient de son supérieur hiérarchique, le colonel Daniel Mukalay, inspecteur général à la direction des renseignements généraux et services spéciaux ; le second, du chef de l’opération du jour, le major Christian Ngoy Kenga Kenga. Cet officier commande le bataillon « Simba », l’un des plus redoutés de la police. Ancienne unité de l’armée reversée dans la Légion nationale Police d’intervention rapide (PIR), il est composé de fidèles du général John Numbi, l’homme des basses besognes sous la présidence de Joseph Kabila,
2001-2019, aujourd’hui encore sous sanctions des États-Unis et de l’Union européenne. Depuis l’arrivée au pouvoir du président Tshisekedi, ces officiers jadis intouchables ont connu quelques déboires. En juillet 2020, le général John Numbi a été écarté de tout poste de commandement, lui qui n’a pourtant jamais été inquiété par la justice. Sans affectation, il vit désormais quasi-reclus dans sa ferme du Haut-Katanga. Le major Christian Ngoy Kenga Kenga a été arrêté quelques semaines plus tard dans un restaurant de Lubumbashi pour port illégal d’armes et transféré le 3 septembre 2020 à Kinshasa. Considéré en fuite depuis plus de dix ans, il avait été condamné par contumace pour l’assassinat de Chebeya et Bazana. «C’EST À L’INSPECTION QU’ON LES A ÉTOUFFÉS». Ce 1er juin, Hergil Ilunga wa Ilunga ne sait rien des projets macabres de sa hiérarchie. Simplement qu’il doit se rendre à l’Inspection générale de la police dirigée à l’époque par le général Numbi et «rester en stand-by», qu’une mission importante l’y attend. «C’est à l’inspection qu’on les a étouffés», explique Hergil Ilunga en ligne depuis un pays d’exil dont il souhaite taire le nom. «Je ne connaissais pas Floribert Chebeya et son chauffeur Bazana avant», finit-il par ajouter. Même s’il n’a jamais fait partie des accusés dans ce dossier, Hergil Ilunga revendique être
membre du commando de sept policiers chargés d’exécuter le plus célèbre des militants des droits de l’homme congolais. Le directeur exécutif de l’ONG La Voix des sans Voix, l’incorruptible Floribert Chebeya, a été retrouvé le 2 juin 2010 à Mitendi, en périphérie de Kinshasa, asphyxié dans sa voiture, avec des préservatifs et des faux ongles éparpillés sur le sol. Le corps de Bazana, n’a jamais été retrouvé. De plus en plus de policiers comme Hergil Ilunga se disent prêts à « tout dire » à la justice, eux qui connaissent l’opération dans ses moindres détails. Tout ce qu’ils réclament, c’est l’arrestation du général John Numbi et la sécurité pour leurs familles. Hergil Ilunga se souvient des noms des agents impliqués, comme de chaque véhicule utilisé. Il y a la « Mazda grise » avec laquelle les deux activistes se sont rendus à l’inspection générale de la police, la «Defender blanche» du colonel Daniel Mukalay dans laquelle Bazana a d’abord été étouffé. « e major Christian Ngoy était le commandant de l’opération. Il nous a dit de prendre le chauffeur de Chebeya et de l’amener dans la Defender, raconte Ilunga. C’était dans mon véhicule, il y avait Jacques Mugabo et Saddam ». Le commando s’est ensuite occupé de Chebeya. Hergil Ilunga et ses collègues vont chercher l’activiste qui attend toujours son rendez-vous avec le général. « On l’a étouffé dans une autre jeep, celle de la police canine. Il y avait Jacques Mugabo, Bruno (Nyembo)
Soti et Doudou (Ngoy) Ilunga », énumère Hergil Ilunga. Un septième policier, l’adjudant Ngoy Mulanga, est également présent. Il garde l’entrée principale de l’Inspection générale de la police. « JE LES VOIS ENCAGOULER FLORIBERT CHEBEYA ». Toute la scène est observée par un autre policier à travers des caméras de vidéosurveillance. Paul Mwilambwe fait partie des condamnés par contumace pour le meurtre de Chebeya et Bazana. Il a été le premier policier à fuir et à donner les noms de tous les présents ce jour-là, dont celui d’Hergil Ilunga. Sa première interview, il l’a accordée à Rfi le 12 novembre 2012 et ne cesse de dénoncer les auteurs de ce crime. Il vit en exil depuis. Le 1er juin 2010, Paul Mwilambwe est à son bureau. Il est le chef de la sécurité de l’Inspection générale de la police. Chebeya lui est présenté par le major Christian Ngoy Kenga Kenga comme l’invité de marque de son patron, le général John Numbi. Les heures passent, le général est sorti et ne revient pas. «Quand il est venu le récupérer, le major lui a dit: le général s’excuse, je vais t’emmener à la résidence», relate Mwilambwe. « Plus tard, je les vois encagouler Floribert Chebeya dans le hall et j’ai reconnu Hergil Ilunga dans ce groupe de policiers. Je le connais très bien», insiste l’ancien policier. Hergil Ilunga voit lui aussi Paul Mwilambwe « foncer » vers le major Christian Ngoy Kenga Kenga.
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Il était «fâché». «Je lui ai dit : «Vous m’avez dit que c’était un invité de marque et maintenant vos policiers sont en train de l’étouffer. Qu’est-ce qui se passe au juste?»», commente encore l’ancien chef de la sécurité de l’Inspection générale de la police. Paul Mwilambwe remarque près de la voiture de la Voix des sans Voix un autre policier, Alain Kayeye Longwa. Il est brigadier-chef du bataillon Simba, chauffeur attitré du major Christian Ngoy Kenga Kenga et fait désormais partie de ces policiers qui ont fui le pays et révèlent les dessous du double assassinat. «Le matin du 1er juin, Christian Ngoy Kenga Kenga se trouvait dans sa chambre lorsqu’il a reçu un coup de fil», confie M. Kayeye Longwa. «Il m’a appelé, moi et Jacques Mugabo, qui était chargé de sa sécurité, et il a dit : «préparez la voiture, je suis attendu chez le général John Numbi» ». « UN TROU OÙ L’ON DEVAIT PLACER LE CORPS DU CHAUFFEUR ». Alain Kayeye Longwa entend Christian Ngoy Kenga Kenga ordonner à ses policiers de ligoter Fidèle Bazana «comme une chèvre». À lui, on remet la clef de voiture «qu’avait le chauffeur» et un billet de 20 US$ «pour acheter de l’essence». Et on lui dit de se rendre près du cimetière de Mbenseke et d’attendre. Quand ses camarades le rejoignent, le « travail » est fini. (suite en page 7).
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LA UNE |
Le Président Tshisekedi a promis la réouverture du procès Chebeya des assassins présumés, mais aussi certaines de leurs photos. Félix Tshisekedi avait promis de «ne pas fouiner dans le passé», mais le torchon brûle depuis des semaines avec son partenaire Kabila. Les caciques de son régime disent ne plus avoir confiance. Christian Ngoy Kenga Kenga bat le rappel des troupes. «Le général avait donné l’ordre de nous ramener tous à la ferme. Nos amis qui travaillent là-bas ont dit : «mon frère, si vous venez, on va vous empoisonner. Ne venez pas»».
(suite de la page 6).
«Nous sommes allés jusqu’à la concession privée du (colonel) Djadjidja. Ils ont sorti le corps de Chebeya de l’une des voitures, il était déjà mort à ce moment-là», explique l’ancien chauffeur. «Lorsqu’ils l’ont sorti, sa tête était enveloppée de sachets, comme une cagoule, et qui étaient scotchés. Ils les ont enlevés un à un, jusqu’au dernier ». Le corps sans vie de Floribert Chebeya est réinstallé à bord de sa Mazda, prête à être abandonnée en contrebas, à Mitendi sur le bord de la route très animée du Kongo Central. Sur la parcelle du désormais général Djadjidja, située sur les hauteurs, se trouve peut-être encore les restes de Fidèle Bazana. Ce soir-là, son militaire de garde «avait déjà préparé un trou où l’on devait placer le corps du chauffeur», explique encore Alain Kayeye Longwa. Hergil Ilunga se souvient d’une grande concession, au sommet d’une «montagne», au milieu d’une «forêt d’eucalyptus» et du trou. Sollicité par Rfi, le général Zelwa Katanga, dit «Djadjidja», dément toute implication dans le double crime du 1er juin 2010. «Il s’agit de purs mensonges», affirmet-il. «C’est de la calomnie, je n’ai jamais été là (à Mitendi) et je n’ai jamais été dans la police», assure celui qui était à l’époque commandant de la police militaire à Kinshasa. Son nom n’était pourtant sans doute pas étranger à Floribert Chebeya. Le patron de VSV enquêtait sur une vague de disparitions, détentions au secret et cas de torture de militaires et policiers, pour la plupart de l’ancienne province de l’Équateur. Selon une source onusienne, le général Numbi et le major Djadjidja étaient les principaux suspects, l’un comme donneur d’ordre, l’autre comme maître d’œuvre. Cela faisait partie des sujets que le défenseur des droits de l’homme espérait aborder ce jour-là avec l’Inspecteur général de la police, explique Dolly Ibefo Mbunga, l’un de ses collaborateurs à VSV. Comme plusieurs des officiers suspectés dans cette affaire, Djadjidja a très rapidement gagné ses galons au sein de la police militaire, très impliquée dans les répressions des manifestations politiques à Kinshasa de janvier 2015, septembre et décembre 2016, ce que ce dernier dément. Signe de confiance, Joseph Kabila le nomme commandant adjoint de la région militaire couvrant la ville de Kinshasa à un an des élections de 2018. Cette année-là, le général Djadjidja se décide à vendre certaines parties de sa concession de Mitendi. Sur le terrain vague décrit par les deux policiers en fuite, maisons et clôtures pullulent aujourd’hui, sans jamais être terminées. «Ces nouvelles révélations
Le Rest in Peace du militant des droits de l’homme Floribert Chebeya, assassiné à Kinshasa. DR.
dans l’affaire Chebeya constituent assurément de nouveaux éléments qui devraient inciter les autorités congolaises à rouvrir le dossier dans des conditions permettant enfin d’identifier l’ensemble des responsables. Il faut commencer par sécuriser le corps de Fidèle Bazana s’il s’avère être à l’endroit dévoilé », a déclaré à Rfi Alice Mogwe, présidente de la FIDH et directrice de Ditshwanelo - The Botswana Centre for Human Rights. DEUX « CASIERS » DE BIÈRE OFFERTS ET DU «SAVON». La nuit n’est pas finie pour le commando de policiers. Ils s’arrêtent ensuite chez le colonel Mukalay pour lui rendre sa Defender. «On nous a installés dans une paillote, Christian (Ngoy Kenga Kenga ndlr) est allé le voir», rapporte Alain Kayeye Longwa. Hergil Ilunga est là aussi. Les hommes de main descendent des bières en attendant la fin du conciliabule des chefs. «Le colonel Mukalay nous a remerciés pour le travail que nous avions fait et nous a partagé deux casiers». Le chef des renseignements de la police leur propose aussi «du savon» pour laver leurs habits « qui se sont salis». Selon Alain Kayeye Longwa, le colonel assure qu’il fera part de la qualité de leur travail dès le lendemain au général Numbi. Cette soirée du 1er juin chez Daniel Mukalay, un civil l’avait déjà racontée dès 2015 à l’occasion du procès en appel des assassins de Chebeya et Bazana. Kalala Kalao s’était présenté à la barre comme le chauffeur civil du colonel Mukalay depuis sept ans, ce qu’avait démenti son patron. Juste après le procès, Kalala Kalao a fui et vit depuis en exil. «C’est moi qui ai nettoyé la voiture. Il y avait du sang, les vêtements de Bazana et la carte d’un policier. J’avais montré tout ça à la Haute cour militaire», affirme aujourd’hui encore Kalala Kalao. Le chauffeur dit bien connaître Hergil Ilunga et ses acolytes et cette nuit-là, les trois policiers lui racontent tout, comment ils ont «achevé le papa» Chebeya, son chauffeur, mais aussi un
policier de la police canine, «un témoin oculaire qui avait tout vu». De ce troisième assassinat, aucun des autres protagonistes de la nuit n’en parle. Kalala Kalao jure aussi être allé voir ce soir-là son chef pour évoquer le sang et les effets personnels retrouvés dans sa voiture. Le colonel Mukalay se serait emporté, lui intimant l’ordre de ne plus évoquer le sujet. Condamné à la peine de mort en première instance, malgré ce nouveau témoignage, l’officier verra sa peine réduite à 15 ans de prison en appel. Durant ses deux procès, le colonel Daniel Mukalay a toujours clamé son innocence. Son entourage le dit victime d’une machination et de faux témoignages. «Son véhicule était à l’entretien au garage de la légion PIR. La police avait plusieurs véhicules de marque Defender. Il n’a ni donné l’ordre ni exécuté un ordre quelconque dans cette affaire». Pour ce proche du colonel Mukalay, dans la procédure, la justice congolaise a trop souvent «inversé les rôles», transformant les renseignants en coupables. QUAND LA PEUR A CHANGÉ DE CAMP. Le 2 juin 2010 au petit matin, l’annonce de la découverte de la voiture de la VSV et du corps sans vie de son illustre propriétaire est un choc. Chebeya est l’un des activistes les plus connus et les plus menacés du pays. Il avait prévenu la Mission de l’ONU MONUSCO et sa femme de ses moindres déplacements. Tous attendaient un message annonçant son départ de l’Inspection générale de la police après son rendez-vous avec le général John Numbi. Malgré les préservatifs dans la voiture, de faux SMS envoyés depuis son téléphone, personne n’est dupe. Dès les premières heures, les habitants de Mitendi avaient témoigné des mouvements des véhicules de police autour de la Mazda de Chebeya. Le 2 juin au soir, les policiers du commando sont rappelés en urgence chez le général John Numbi à la Gombe.
«Le 3 ou 4, vers 2 heures du matin, le général a pris sa jeep de commandement, l’a donné à son chauffeur. On est partis à l’aéroport». Sur le tarmac les attend un avion-cargo Transair. À l’arrivée, à Lubumbashi, c’est encore dans la ferme de John Numbi que les policiers en cavale logent. Le haut gradé les place d’abord comme escortes parmi ses subalternes les plus loyaux, avant de les «répartir en brousse». La plupart intègrent la police des mines. Ils y passeront dix ans. «Nous étions toujours contrôlés. Nous étions pris en otage», assure aujourd’hui M. Ilunga. Hergil Ilunga et Alain Kayeye Longwa ne savent rien ou presque des motifs de l’assassinat des deux défenseurs des droits de l’homme. «Le major Christian nous avait dit que sur ordre du chef, il fallait l’étouffer, parce qu’il avait des problèmes avec les chefs, John Numbi et Joseph Kabila», rapporte Hergil Ilunga. Le chauffeur de Christian Ngoy Kenga Kenga attribue le même type de propos à son chef. «Il a dit que c’est un ordre qui vient du Raïs, à travers l’inspecteur général». Pour un proche de Joseph Kabila, cela ne peut être qu’une calomnie. «Joseph Kabila n’a jamais été cité dans ce dossier», assure-t-il. En 2010, le jeune président congolais se prépare à affronter sa deuxième élection. Il fait cette fois face à l’opposant historique, Étienne Tshisekedi wa Mulumba. Pour les détracteurs du chef de l’État comme Floribert Chebeya, la période préélectorale est propice aux enquêtes et révélations. C’est aussi de loin la plus dangereuse. À chaque cycle électoral au Congo, des activistes comme lui sont victimes de la plus brutale répression dans un pays où, vingt ans après la fin de la guerre, l’impunité continue de régner. Mais depuis le départ de Joseph Kabila de la présidence, les rapports de force se sont inversés et la peur a changé de camp. Si Hergil Ilunga et Alain Kayeye Longwa ont fui, c’est suite à un simple article de blog. Le 19 août 2020, le site Afrikarabia publie les noms
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LE GÉNÉRAL NUMBI SUR « LA LISTE DES AMÉRICAINS ». Le colonel Christian Ngoy Kenga Kenga est arrêté et transféré le 3 septembre 2020 à Kinshasa. Cette nouvelle est saluée par toutes les organisations de défense des droits de l’homme qui réitèrent leur appel à la réouverture du procès. Mais les mois passent et l’ancien major croupit à la prison militaire de Ndolo, sans nouvelles informations sur des avancées dans la procédure. «Je n’ai pas de nouvelles de lui depuis qu’il est à Kinshasa. Je ne sais même pas s’il a un avocat», confie un proche de Kenga Kenga. Pour un diplomate occidental, ce n’est plus qu’une question de temps. Le général Numbi est sur «la liste des Américains», principaux alliés de Félix Tshisekedi depuis sa prise de pouvoir. «Ils réclament sa tête et l’obtiendront tôt ou tard», estime-t-il. En 2011, la cour militaire de Kinshasa a reconnu le colonel Daniel Mukalay, les majors Kenga Kenga, Mwilambwe et Jacques Mubago coupables de l’assassinat de Chebeya et Bazana. Tous les quatre ont été condamnés à la peine capitale. Les trois derniers l’ont été par contumace. Paul Mwilambwe et Jacques Mugabo sont considérés en fuite. Christian Ngoy Kenga Kenga et Jacques Mugabo attendent toujours leur procès en appel. Daniel Mukalay, lui, a vu sa peine réduite lors du procès en appel de septembre 2015. Les autres policiers cités dans le présent article n’ont jamais été inquiétés. Sollicité par Rfi, le général John Numbi a pris note de la liste des allégations dont il a fait l’objet dans cet article et a promis d’y répondre lui-même ou à travers son avocat sans donné suite. Rfi a également sollicité la direction de la Police nationale congolaise pour demander le statut et l’affectation des différents policiers cités par MM. Hergil Ilunga et Alain Kayeye Longwa. Les questions de Rfi sont restées sans suite. Publié le 8 fév. 2021. SONIA ROLLEY n KAMANDA WA KAMANA n ESDRAS NDIKUMANA n Radio France Internationale. Présentation Le Soft International.
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Le Congo fait son grand retour sur la scène internationale
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La photo-souvenir du nouveau Président de l’Union Africaine Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo à son acceptation de mandat à Addis Abeba le 6 février 2021. DR.
l faut le dire très clairement. La chute de Mobutu le 17 mai 1997 a fait perdre sa place au pays au cœur et au centre du Continent. Porté sur l’international, que de visites effectuées à l’étranger par cet homme, que de visites reçues ! Il rencontra les personnalités du siècle : le Chinois Mao Tsé-toung (Mao Zedong), son premier ministre Zhou Enlai et l’Histoire retiendra que le président zaïrois rendit vingt-quatre visites aux Bush dont il fut
le grand ami du père notamment dans leur demeure du Texas. Mobutu rencontra tous les présidents français de son époque - Charles de Gaulle, Georges Pompidou, Valéry Giscard d’Estaing jusqu’au socialiste François Mitterrand dont l’élection le 10 mai 1981 fut présentée comme un désastre pour son régime mais avec qui il sut nouer très vite d’«excellentes relations» notamment quand il accepta «aimablement» de céder à la France - en passant le tour de son pays - la tenue de la Conférence des Chefs d’État et de gouvernement ayant le français en partage. Après Mobutu, l’ex-Zaïre
perdit sa place sur l’échiquier international. Si Kabila fils eut tôt droit au tapis rouge à Paris et Bruxelles, ce fut à vrai dire sans lendemain. Certes, le jeune président fut contraint et forcé de soigner ses relations avec les pays d’Afrique Australe où il se rendit régulièrement mais celles-ci ne furent guère «exceptionnelles». Elles furent même très froides avec le Congo voisin... Quant à son père Laurent-Désiré Kabila, il ne se rendit nulle part hors du Congo sauf dans la sous-région d’Afrique australe mais à la fin de son trop court règne pour participer à des réunions de travail et tenter de mettre
fin à la guerre que lui avaient livrée ceux qui avaient permis qu’il prenne le pouvoir à Kinshasa après qu’une rébellion aidée par les pays de la sousrégion eut mis fin au régime Mobutu. C’est donner tout son sens à l’élection et à l’accession du Président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo à la tête de l’Union africaine qui marque le grand retour du pays sur la scène. À ce poste et, pour un an, le président congolais sera de tous les sommets africains, internationaux et mondiaux - virtuels ou physiques au nom du Continent. L’occasion lui sera donnée de rencontrer les plus puis-
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sants dirigeants du monde et de parler Afrique mais aussi Congo - la charité bien ordonnée... Ainsi, sans rencontrer le nouveau président américain Joe Biden, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo a eu l’occasion d’échanger, à l’occasion du 34e session de l’UA, avec le successeur de Donald Trump. En clair, accéder à la présidence de l’organisation continentale est une aubaine. Des fonctions qui lui permettront d’établir et d’asseoir une image au niveau continental, de faire avancer une cause et une vision.
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Kinshasa, il y a 54 ans, l’OUA
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l y a cinquante-quatre ans, 11- 14 septembre 1967. Le Général Président Mobutu, Kinshasa et le Congo abritaient le sommet tournant de ce qui était l’Organisation de l’Unité Africaine. Mêmes défis sur le Continent, diverses guerres dont le Biafra. Mêmes dans le pays d’accueil. À Bukavu, le général Monga a pris la tête d’un «gouvernement de salut public», des mercenaires blancs avec à leur tête le Belge Jean Schramme défient le pouvoir central, la question des gendarmes katangais, etc. Mobutu est parvenu à normaliser ses relations avec ses voisins immédiats, le Congo-Brazzaville et le Ruanda dont les présidents Massemba-Debat et Grégoire Kayibanda ont fait le déplacement de Kinshasa, est à la recherche d’une audience internationale. En février 2021, les mots du président du Niger Diori Hamani - « trouver une solution africaine aux problèmes africains» - résonnent dans l’enceinte de l’UA qui a fini par se trouver un siège permanent à Addis-Abéba. En 1967, à Kinshasa les dirigeants de l’O.U.A. ont réaffirmé leur solidarité... Quatre ans après le «sommet» d’Addis-Abéba à l’issue duquel était adoptée, dans l’euphorie générale, la charte de l’Organisation de l’unité africaine, trente-sept des trente-huit États membres de l’Organisation viennent de tenir des assises communes à Kinshasa. Jusqu’aux dernières heures précédant l’ouverture de la conférence des ministres des affaires étrangères - réunion chargée de préparer les dossiers destinés aux participants du «sommet», - nombreux étaient ceux qui pensaient à un report sine die de la rencontre. La détérioration de la situation intérieure au Congo-Kinshasa, les prolongements du conflit israélo-arabe expliquaient les réticences des chefs d’État d’Afrique francophone et celles des dirigeants arabes et incitaient à croire à un ajournement. La ténacité du « généralprésident » Mobutu, l’appui de M. Thant, secré-
Mobutu était très porté sur la scène africaine et internationale. Très vite, Kinshasa abrita le VIème sommet de l’OUA, l’Organisation de l’Unité Africaine dévancière de l’Union Afrivaine, tenu à Kinshasa du 11 au 14 septembre 1967. DR.
taire général de l’O.N.U., qui promit de se rendre personnellement dans la capitale congolaise, l’influence des animateurs du « groupe de Binza » hors du Congo - et notamment aux États-Unis - entraînèrent un revirement des dirigeants de l’Organisation commune africaine et malgache (O.C.A.M.) et permirent au successeur de M. Tshombe de réunir, à la date prévue, dans sa capitale, le cinquième « sommet » de l’O.U.A. LA MAURITANIE ET LA QUESTION DU MOYEN-ORIENT. Cependant, la défection des vingt-deux chefs d’État sur les trente-huit membres de l’Organisation - « chiffre-record» depuis la création de l’O.U.A. - et le refus des seize autres d’étudier aucun des graves différends dont le continent noir est le cadre, laissaient prévoir un échec total. L’évolution des esprits qui se manifesta entre le 11 et le 14 septembre devait contribuer à assurer un demi-succès aux assises de Kinshasa et donner à l’Organisation panafricaine un second souffle. Commencés dans une atmosphère de désenchantement à peu près absolu, les travaux du cinquième « sommet » de l’O.U.A, se sont achevés sur un succès relatif. Jusqu’au dernier moment il a semblé que les chefs d’État francophones qui avaient boycotté en octobre 1965 le « sommet » d’Accra agiraient encore une fois de même. MM. Philibert Tsiranana, chef de l’État malgache ; Léopold Sedar Senghor, président de la République du Sénégal, et Félix Houphouët-Boigny, chef de l’État ivoirien, étaient retenus par des obligations antérieures
et ont dû se faire simplement représenter à Kinshasa. Cependant, la venue de M. Diori Hamani, président de la République du Niger, et président en exercice de l’Organisation commune africaine et malgache, a donné quelque solennité à la rencontre et prouvé en quelque sorte la bonne volonté des chefs de file du «club francophone». D’autre part, différents leaders d’Afrique exfrançaise, dont MM. Moktar Ould Daddah et Ahmadou Ahidjo, avaient toujours assuré le général Mobutu de leur participation effective. Quant aux voisins immédiats de l’ancienne colonie belge, ils ont tous normalisé depuis trop peu de temps leurs relations avec le gouvernement de Kinshasa pour ne pas accéder aux vœux de leur collègue congolais. C’est pourquoi, MM. Massemba-Debat (Congo-Brazzaville) et Grégoire Kayibanda (Ruanda) sont venus en personne assister au «sommet». C’est sans doute au chef de l’État mauritanien que les participants aux assises de Kinshasa doivent l’examen de la question du Moyen-Orient. Cette volonté d’aborder franchement les problèmes politiques, quelle que puisse être leur acuité, est dans le style de M. Ould Daddah. Connu pour avoir, en dépit de l’attitude de ses collègues, toujours condamné les expériences nucléaires françaises au Sahara à l’époque des conseils exécutifs de la Communauté, le leader mauritanien avait déjà eu l’occasion, au cours de plusieurs rencontres interafricaines, de prouver son désir de ne point renoncer à certains principes de « morale internationale ». C’est ainsi
qu’il n’a jamais dissimulé qu’une des raisons pour lesquelles son pays avait quitté l’O.C.A.M. était liée à l’entrée du CongoKinshasa dans cette organisation. À l’époque, en effet, M. Ould Daddah n’avait pas admis que ses partenaires accordent une caution à M. Tshombe, alors premier ministre à Léopoldville. Pour s’être toujours affirmé comme un État arabe, la Mauritanie mène une politique authentiquement arabe. C’est en tirant les conséquences de cette ligne de conduite que M. Ould Daddah a invité ses interlocuteurs à s’intéresser au drame du Moyen-Orient. Ce faisant, il a amené l’O.U.A. à se prononcer pour un règlement qui, dans le cadre de l’O.N.U., invite Israël à se retirer des territoires qu’elle occupe en Syrie, en Jordanie et en République arabe unie. C’est ainsi qu’en dépit de l’absence de M. Boumediene - dont l’intransigeance sur ce point n’est ignorée de personne - qu’en dépit de l’absence du président Nasser également, les États d’Afrique noire, dont les liens de coopération avec Israël sont pourtant étroits, ont apporté leur appui aux pays d’Afrique blanche et donné la priorité à la solidarité inter-africaine. LE DRAME DU CONGO ET LES MERCENAIRES. De même, après avoir fait connaître leur désir de n’intervenir en aucune façon dans les affaires intérieures du CongoKinshasa, puissance invitante, les chefs d’État de l’O.U.A, ont décidé de procéder à l’examen du drame congolais. La gravité de la situation intérieure dans l’ancienne colonie belge,
où une poignée de mercenaires blancs défie le gouvernement central, a incité les collègues du général Mobutu à lui manifester leur soutien. C’est donc d’un commun accord que les trentesept États membres de l’O.U.A. - le trente-huitième, le Malawi, a boycotté la conférence - ont mis au point une formule permettant aux hommes du colonel Schramme de quitter sains et saufs le territoire congolais, grâce à l’aide de la CroixRouge. Ignorant le colonel Monga, qui a pris la tête d’un « gouvernement de salut public » à Bukavu, refusant de lier le sort des gendarmes katangais rebelles à celui des prétoriens blancs en révolte, le gouvernement congolais a accepté de donner une dernière chance aux mutins. Ces derniers pourront gagner le Ruanda sans être inquiétés, puis à partir de ce territoire être rapatriés en Europe. Le Congo est depuis trop longtemps déchiré par des luttes tribales, affaibli par les ingérences européennes, réduit à merci par les dissidences de toute nature, pour que ses amis feignent d’ignorer définitivement ses difficultés. En s’efforçant, selon les propres termes de M. Diori Hamani, de « trouver une solution africaine aux problèmes africains », les dirigeants africains réunis à Kinshasa ont manifesté un courage auquel il faut rendre hommage. Il reste à souhaiter que «la commission des voies et moyens», qui groupe le Congo-Brazzaville, la République Centrafricaine, le Soudan, l’Ouganda, la Zambie, la Tanzanie, le Ruanda, le Burundi et l’Éthiopie, parvienne effectivement à régler la question des mercenaires. La pérennité du gouvernement du général Mobutu et la restauration de son audience internationale sont à ce prix. C’est évidemment le même vœu que formulent à l’égard de la mission de consultation de l’O.U.A., désignée pour le règlement de l’affaire du Nigéria, tous les amis de l’Afrique. Certes, la tâche de l’empereur Haïlé Sélassié d’Éthiopie et de ses cinq collègues du Niger, du Liberia, du Ghana, du Cameroun et du CongoKinshasa s’annonce
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extrêmement difficile. Mais là encore tous les observateurs se félicitent de ce que les Trente-Sept aient finalement consenti à ne pas ignorer la guerre civile qui oppose les séparatistes du Biafra, regroupés derrière le lieutenant-colonel Ojukwu, au gouvernement du général Yakubu Gowon. LA SOLUTION NE SAURAIT ÊTRE LE SÉPARATISME. On interprète différemment à Enugu et à Lagos le rôle de la mission de consultation, et séparatistes et fédéraux entendent gagner à leur cause les membres de cette mission. Il est clair, néanmoins, que les chefs d’État ont condamné sans appel la sécession biafraise et qu’aucun d’entre eux n’admet que soit balkanisé le plus puissant et le plus riche des pays d’Afrique occidentale. Le gouvernement séparatiste du Biafra, qu’aucun État n’a encore reconnu depuis la proclamation unilatérale d’indépendance du 30 mai dernier, est aujourd’hui isolé. La puissance des courants centrifuges existant à travers tout le continent noir a entraîné de nombreux leaders à taire leurs sympathies et à soutenir sans réserve la légalité. Depuis l’affaire du Katanga, en 1960, le mot même de sécession inquiète les chancelleries africaines et ni à Kinshasa, ni à Khartoum, ni à Nouakchott, ni à Ouagadougou, on ne veut admettre que le séparatisme puisse régler les différends d’ordre politique ou tribal. Les intentions manifestées à l’occasion du sixième « sommet » panafricain, tant à propos du Moyen-Orient qu’au sujet du Congo et du Nigéria, la décision prise par l’Éthiopie et la République de Somalie de régler par voie de négociations leur différend frontalier, font lever de nouvelles espérances. Ce réalisme autorise à penser que si la grande organisation panafricaine n’est pas encore en mesure de prendre un véritable essor, du moins ses membres sont en majorité prêts à assumer leurs responsabilités.
PHILIPPE DECRAENE n
Paris, Le Monde Diplomatique, octobre 1967.
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Tshisekedi décrète une «Union Africaine au service des Peuples»
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La photo de famille du nouveau Président de l’Union Africaine Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo à son acceptation de mandat à Addis Abeba le 6 février 2021. DR.
e Soft International publie ciaprès, pour l’Histoire, les deux allocutions prononcées à AddisAbeba, capitale de l’Éthiopie et siège de l’Union Africaine, par le Président congolais Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, d’abord à l’acceptation de son mandat à la tête de l’UA, ensuite à la clôture du Sommet qui a consacré sa prise de fonction comme président en exercice, cinquante-quatre après le Maréchal Mobutu Sésé Seko. Ci-après : DISCOURS D’ACCEPTATION DE MANDAT Majestés, Excellences, Mesdames et Messieurs les chefs d’États et des Gouvernements, Monsieur le Secrétaire général
des Nations Unies, Monsieur le Président de la Commission de l’Union africaine, Excellences Mesdames et Messieurs les ministres, Distingués invités, C’est un immense honneur que tous les États africains ont fait à mon pays, la République démocratique du Congo, à ma modeste personne, en lui accordant la présidence de notre organisation continentale. La présence mandature, doisje le rappeler, a pour thème principal : « Arts, culture et patrimoines : leviers pour l’édification de l’Afrique que nous voulons». Nous voulons, en effet, une Afrique avec une participation active et massive des femmes et des jeunes moteur du jeu développement durable et inclusif. Je mesure l’immensité de la tâche que j’accepte en toute humilité d’assumer, avec votre appui constant, le concours appréciable de tous le membres du Bureau et la disponibilité
permanente de la Commission de notre organisation. Je tiens à remercier vivement mon prédécesseur, le président Cyril Matamela Ramaphosa, qui dans des conditions difficiles dues à la pandémie de Covid-19, a su mobiliser les efforts de tous les pays du continent et des partenaires pour y faire face. Pour cela, je propose qu’il soit le champion du programme de vaccination et de lutte contre la pandémie de Covid-19. Je salue chaleureusement et remercie fraternellement son Excellence Madame Saleh Work, présidente de la République fédérale d’Éthiopie et son Excellence Monsieur Amed Premier ministre, pour la qualité de l’accueil que le peuple éthiopien n’a cessé de nous réserver lors de nos assises au siège de l’organisation. Je saisis également cette occasion pour adresser mes sincères remerciements à Monsieur Moussa Faki Mahmat, Président de la Commission
de l’Union africaine, qui nous reçoit dans ce magnifique cadre du siège de notre organisation continentale. Excellences, Mesdames et Messieurs, C’est un privilège unique pour la République démocratique du Congo qui accède ce jour à la Présidence de l’Union africaine à un moment symbolique et hautement significatif où nous célébrons les 60 ans de la disparition d’un digne fils du Congo et de l’Afrique, Monsieur Patrice Émery Lumumba. Croyant fermement au grand destin de l’Afrique, il n’avait pas hésité à organiser, en août 1960 à Kinshasa alors Léopoldville, le dernier congrès de l’histoire du grand mouvement du panafricanisme. Le 30 juin 1960, peu avant sa disparition tragique, il déclarait, je cite: «l’Afrique écrira sa propre histoire. Et elle sera au nord et au sud du Sahara une histoire de gloire et de dignité». C’est dans cette optique et pour honorer la mémoire
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de tous les panafricanistes, j’entends entrer la thématique de ma présidence de l’Union africaine dans la vision ciaprès : «une Union africaine au service des peuples». Cette vision spécifique qui s’inscrit dans le premier plan décennal de mise en œuvre 2014-2023 de l’Agenda 2063 va se décliner autour de neuf piliers stratégiques mieux détaillés dans mon plan d’action. Les arts, la culture et le patrimoine constituent le socle de la renaissance africaine. Ils nous offrent l’opportunité d’opérer notre retour aux sources. En tant que somme des inventions de l’homme, de ses innovations et de ses combats pour assurer sa survie et son épanouissement, la culture est, comme le disait Léopold Sedar Senghor, au commencement et à la fin de toute chose car elle embrasse tous les domaines de la vie. Excellences, Mesdames et Mes(suite de la page 11).
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Il veut amener l’UA dans les cours d’école
(suite de la page 10).
sieurs, Au moment où nous accédons à la Présidence de l’Union africaine, notre continent est en proie à un défi majeur : celui de faire taire les armes. Dans la région sahelo-sahélienne, les filles et fils de l’Afrique tombent chaque jour sous la barbarie du terrorisme. En République Centrafricaine, la paix et la stabilité des institutions élues sont mises à rude épreuve dans les rebellions et des groupes armés. Dans la partie Est de la République démocratique du Congo, persiste, comme je l’ai relevé à plusieurs reprises, l’insécurité causée par des groupes armés locaux et des mou-
vements terroristes étrangers notamment des ADF. Il en est de même de l’Afrique Australe, réputée pour sa stabilité et son pacifisme, où le terrorisme est en train de sévir dans la partie nord de Mozambique. Une Afrique au service des peuples se construit aussi à travers l’intégration du continent. C’est ici le lieu de saluer les progrès accomplis dans le processus de ratification de l’Accord de Libre-échange continentale africaine (ZLECAF). Le démarrage des échanges commerciaux en début de cette année est l’action du président Mahamadou Issoufou pour le rôle qu’il a joué dans le lancement de la ZLECAF.
Certes le démarrage des échanges en ce début d’année 2021 dans le cadre de la ZLECAF représente un acte d’indépendance économique. Et il existe des défis certains au regard des disparités dans le développement industriel de nos différents pays.
Excellences, Mesdames et Messieurs, Nul n’a vu venir la pandémie de Covid-19 qui a pris au dépourvu toute l’Humanité au point de nous faire perdre des vies humaines, de restreindre les mouvements des personnes et de déstabiliser nos économies. Bien que relativement moins touchée que d’autres parties du monde, l’Afrique n’a pas non plus été
épargnée par ce virus mortel. Raison pour laquelle nous saluons l’ingéniosité et la résilience dont ont fait montre les pays africains dans la lutte contre cette pandémie. Contre l’expérience du Combat, contre l’adversité et nos capacités d’adaptation, ne baissons pas les bras et ne perdons pas de vue d’autres pathologies qui continuent de sévir au point d’être parfois de loin plus mortelles comme la malaria ou le VIH/ SIDA. Organisonsnous, ensemble avec nos partenaires internationaux, pour une grande offensive contre ces différents fléaux. Il est important que notre organisation puisse renforcer le Centre africain
pour le contrôle et la prévention de maladies (CDC) afin de répondre efficacement aux urgences et de relever les défis sanitaires complexes en tant qu’institution technique spécialisée de l’UA. Dans une stratégie, avec les communautés économiques régionales, nous allons conjuguer nos efforts pour : - renforcer la paix et la sécurité; poursuivre la réalisation de la ZLECAF ; - promouvoir une renaissance de la culture, des arts et des patrimoines africains ; – lutter contre le changement climatique ; - accélérer les projets intégrateurs entre autres la construction du grand barrage d’Inga ;
– consolider l’initiative de l’UA dans la lutte contre la Covid-19 et dans la prévention contre d’autres maladies. Tirant les leçons de la pandémie, en plus de renforcer le système de santé, le moment est venu d’investir davantage dans l’éducation et la recherche scientifique. Dès lors, il est un intérêt hautement stratégique que chaque État membre réserve une bonne part de son revenu au développement de son capital humain qui est la principale richesse, la seule qui soit capable de se mobiliser avec efficacité, pour résoudre ce problème spécifique et faire face aux défis mondiaux. Fort de ma vision d’une Union afri-
caine au service des peuples africains, je me propose précisément de faire sortir notre organisation, avec votre concours à tous, des salles de conférences, des disques durs de nos ordinateurs et des dossiers bien ficelés de nos secrétariats. J’entends l’amener dans les cours d’écoles, au milieu de camps de réfugiés, au cœur des marchés de nos villes et de champs de nos villages. Promouvoir une communauté panafricaine consciente de son histoire, de son potentiel artistique et de la richesse de son patrimoine culturel n’est pas et ne doit pas être une option mais un devoir. Nous devons le réaliser ensemble (suite en page 12).
Photos d’accueil et de famille du nouveau Président de l’Union Africaine Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo à son acceptation de mandat à Addis Abeba le 6 février 2021. DR.
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L’UA sera désormais dans les champs de nos villages (suite de la page 11).
au cours de la présente année, en nous appuyant sur les neuf piliers
qui constituent ma vision stratégique. C’est à ce prix, j’en suis persuadé, que l’Afrique poursuivra sa marche vers
l’agenda 2063 qui lui assurera entre autres la prospérité fondée sur la croissance inclusive et le développement durable,
la paix et la sécurité et la pleine égalité entre les hommes et les femmes dans tous les domaines de la vie. Pour terminer,
mes chers frères et sœurs, continuons à tisser inlassablement, année après année, la nappe de l’intégration afri-
caine. Comme l’avait si bien dit Joseph Ki-Zerbo, « on ne développera pas l’Afrique. Mais c’est Afrique qui se déve-
loppera». Je vous remercie. Addis-Abeba, Éthiopie, samedi 06 février 2021.
«Envisager le futur sous l’angle de l’action et de l’efficacité» ALLOCUTION DE CLÔTURE. Majestés, Excellences, Mesdames et Messieurs les Chefs d’État et de Gouvernement, Excellence, Monsieur le Président de la Commission de l’Union Africaine, Mesdames et Messieurs les Présidents de CER ; Mesdames et Messieurs les Ministres, Distingués invités, Mesdames et Messieurs, Nous voici arrivés au terme de la 34ème Session Ordinaire de la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement de l’Union Africaine. Cette session s’est déroulée dans des conditions particulières, marquées par la nouvelle vague de la pandémie de Covid-19, qui n’ont pas permis un rassemblement de toutes nos délégations dans la capitale éthiopienne, siège de notre Organisation continentale. Toutefois, nous avons pu effectuer, en mode hybride, la passation de pouvoir entre le Président sortant et le Président entrant. Ce qui est marquant au niveau de la symbolique. Avant toute chose, qu’il me soit permis, à l’entame de mon propos, au nom de l’ensemble des membres du nouveau Bureau et en mon nom propre, de réitérer nos vifs remerciements à Madame la Présidente de la République Fédérale Démocratique de l’Éthiopie et au Premier Ministre pour l’accueil, la sollicitude et la mise en place des conditions de réunions très satisfaisantes qui ont permis le bon déroulement de nos travaux et délibérations. Mes remerciements s’adressent également à toutes les équipes techniques, tant celle de la Commission à AddisAbeba que celles de
nos États respectifs, pour la qualité du travail qui a facilité la tenue de nos réunions en visioconférence. Je tiens aussi à rendre un vibrant hommage à tous les participants qui ont, par leurs propos et attitudes, créé un climat de cordialité, de fraternité et d’entente qui a relevé la qualité de nos travaux. Je voudrais particulièrement réitérer nos sincères remerciements à mon frère, le Président Cyril Matamela Ramaphosa, que nous avons proclamé, au cours de cette Session, champion de la lutte contre la Covid-19, pour la qualité du travail abattu au cours de son mandat à la tête de l’Union africaine. Ce Sommet a été un défi majeur pour prouver notre volonté commune d’envisager le futur sous l’angle de l’action et de l’efficacité. Je me félicite de tous les actes forts et exemplaires de nos assises, notamment l’organisation sereine et adéquate des élections dans le cadre du renouvellement des postes de responsabilité au sein des organes de notre Organisation. Je profite ainsi de cette occasion pour féliciter le Président de la Commission pour sa réélection à la tête de celle-ci et la Vice-Présidente pour son élection, sans oublier le Directeur Exécutif de l’ADUA/ NEPAD ainsi que tous les Commissaires qui viennent d’être élus. Excellences, Mesdames et Messieurs, Le thème général de cette mandature 2021 consacrée à l’Art, à la Culture et au Patrimoine africains est, par lui-même, un idéal panafricain de nos pères fondateurs qui ont milité, parfois au prix de leur vie, pour la reconnaissance, l’édification
et la protection de ce qui constitue l’âme et l’originalité de l’Afrique. Car dit-on, « un peuple sans culture, est un peuple sans âme ». Remettre à l’ordre du jour de nos discussions cette thématique, c’est consacrer un temps de revisitation et de méditation sur les origines, le parcours de l’art, de la culture et du patrimoine africains, non pas par nostalgie, mais pour y puiser les leçons nécessaires qui doivent constituer des repères pour nos États et nos peuples. Mais c’est surtout rouvrir la voie pour que les États africains puissent utiliser leurs ressources artistiques, culturelles et patrimoniales comme levier pour le bonheur de leurs peuples. Les femmes et les jeunes dont l’inventivité en ces matières n’est plus à contester, constituent un grand atout pour atteindre un tel objectif dont les phases d’implémentation sont mieux spécifiées à travers les différents piliers retenus dans mon plan d’action pour la présente mandature. Pour ce faire, il a ainsi été demandé à la Commission, en collaboration avec les États membres, de déployer des efforts en vue de la pleine mise en œuvre des activités prévues dans le cadre du Thème de l’année 2021. Il s’agit notamment, pour les États membres, d’obtenir la restitution et le rapatriement des œuvres d’art africains gardés horscontinent ; de participer à la deuxième réunion biennale de Luanda sur la culture de la paix, qui se tiendra en Angola en 2021 ; d’appuyer le Gouvernement de la République Algérienne Démocratique et Populaire pour le lancement du Grand Musée
africain (GMA) ; de soutenir et de participer à la promotion du lancement du Grand Musée Égyptien (GME), le Musée de Gizeh au Caire ou encore d’accompagner le Sénégal dans la construction du Mémorial de l’Île de Gorée. Excellences, Mesdames et Messieurs, L’un des points qui a fait l’objet de longs échanges entre participants aux travaux de la présente Session ordinaire, est sans nul doute la réponse de l’Union Africaine contre la pandémie de Covid-19 dont les lignes maîtresses sont explicitées dans le rapport présenté à cet effet par le Président Cyril Matamela Ramaphosa. À cet effet, nous avons décidé des actions à prendre telles la mise en œuvre effective de la stratégie continentale commune, le renforcement du Fond africain pour la Covid-19, une plateforme africaine pour l’acquisition des matériels médicaux et l’accélération des tests de Covid. L’Assemblée a approuvé ledit rapport sur l’activité des envoyés spéciaux pour la réponse contre la Covid-19 et le travail effectué par la Task force africaine, groupe nouvellement créée pour l’acquisition des vaccins. Le principe du renforcement et de l’autonomisation du CDC a été adopté, en accordant le pouvoir et l’autorité nécessaire à ses dirigeants. L’Assemblée a remercié tous les États et les partenaires ayant contribué à la réponse africaine de lutte contre cette pandémie. Elle a également appuyée la proposition de l’Organisation Mondiale du Commerce visant à déroger à certaines dispositions de l’Accord sur les ADPIC en ce qui concerne la préven-
tion, le confinement et le traitement de la Covid-19. Elle a saisi cette occasion pour attirer l’attention sur la nécessité de renforcer le système de santé sur le continent pour faire face aux pandémies futures et aux autres maladies qui causent également autant de pertes en vies humaines, comme par exemple la malaria, la polio et le VIH sida. Excellences, Mesdames et Messieurs, L’Assemblée s’est également penchée sur le rapport intérimaire portant sur la réforme institutionnelle de l’Union Africaine présenté par le Président Paul Kagame. Au nombre des recommandations adoptées au vu du rapport des résultats de la deuxième réunion de coordination semestrielle entre l’Union Africaine, les Communautés Économiques Régionales et les mécanismes régionaux, il a été recommandé aux États membres, à la Commission de l’UA, à l’ADUA-NEPAD et aux CER de finaliser dans le délai le plus bref, la question de la répartition des tâches conformément au principe de subsidiarité et de soumettre leur rapport à l’Assemblée lors de la 35ème Session de février 2022. Il s’agit aussi de donner effet aux conclusions de l’Audit comptable de la Commission de l’Union africaine, de mettre l’accent sur les mécanismes de financement des activités de l’Union africaine en préconisant la culture des résultats, de préconiser le recrutement des cadres en fonction du critère de mérite. À cet effet, nous remercions le Président de la République du Tchad, le Maréchal Idriss Déby Itno, pour avoir accepté d’accueillir à N’Dja-
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mena la prochaine réunion de coordination qui va avoir lieu au mois de juillet 2021. Nous avons pris note du Rapport fourni par le Président de la République du Ghana, Son Excellence Monsieur Nana Akufo-Ado, leader désigné pour la promotion des institutions financières. En outre, nous avons démontré les preuves de notre engagement en faveur de l’intégration de notre continent en lançant officiellement, depuis le 1er janvier de cette année, la mise en œuvre de la Zone de Libre Échange Continentale (ZLECAF) qui constitue un processus laborieux. Ceci traduit les efforts déployés en cette matière par divers acteurs concernés. Il est question maintenant de prendre en main la gestion des questions restées en suspens et dont la résolution conditionnera le succès de sa pleine opérationnalisation. Excellences, Mesdames et Messieurs, Au cours de nos débats, il a été relevé à diverses reprises que la volonté et les efforts actuellement mobilisés pour bâtir une Afrique solide dans ses fondations, sont menacés d’être sapés dans diverses régions du Continent par le défi sécuritaire. La prolifération des groupes armés locaux et étrangers ainsi que la montée en puissance des groupements terroristes comme les ADF auteurs de viols, de massacres, de destruction des écosystèmes et de pillages de richesses naturelles en Afrique Centrale, particulièrement en République Centrafricaine, dans l’Est et au Nord-Est de la RDC, dans la zone sahélo-sahélienne ainsi que dans le Sud du Continent au
Mozambique, constitue une vraie menace contre la paix, la sécurité et la stabilité du Continent. Il en est ressorti la nécessité d’éradiquer ces phénomènes et d’imposer coûte que coûte la paix en se basant sur la résolution de l’Union Africaine de faire taire les armes sur le continent à l’horizon 2020, qui doit encore réalisée. Et c’est toujours dans le souci de cultiver la paix que s’est dégagée la volonté de mettre en œuvre des solutions innovantes qui prônent le règlement pacifique des différends entre États, notamment pour apporter des pistes de solutions au problème qui oppose l’Égypte, l’Éthiopie et le Soudan au sujet de la construction du barrage de la renaissance sur le fleuve Nil. Excellences, Mesdames et Messieurs, Je voudrais terminer mon propos par une exhortation : nous sommes tous conscients que notre continent doit batailler ferme et en commun pour faire face aux effets pervers de la pandémie de Covid-19. Pour s’en sortir, l’Afrique doit s’affirmer unie, solidaire, forte, stable et prospère. Les résultats enregistrés au cours de cette Session montrent que notre Continent va s’engager plus que par le passé sur le chemin du progrès, de l’émergence et de la renaissance. Tout en vous renouvelant mes vœux les meilleurs ainsi que pour vos peuples respectifs en cette année 2021, je déclare close la 34ème Session Ordinaire de la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernements de l’Union Africaine. Que Dieu bénisse et protège l’Afrique. Je vous remercie. Addis-Abeba, dimanche, le 7 février 2021.
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Recettes VS dépenses en millions de US$
Dépenses publiques en millions de US$
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La voie des airs séduit-elle toujours? D ’une violence inouïe, la crise du coronavirus va entraîner des bouleversements majeurs. Toutes les compagnies n’y survivront pas. Une note d’espoir. Il existe un monde parallèle, dans lequel plus personne ou presque ne porte de masque. Où le trafic aérien domestique est revenu à 95% de son niveau, pourtant record, de la fin de l’année dernière. C’est la Chine. Là-bas, tout est comme avant, ou presque. Même «les tarifs des billets d’avion y sont normaux», observe Alexandre de Juniac, le président de l’IATA, l’Autorité internationale du transport aérien, retranché dans son bureau de Genève. Selon lui, ce rebond chinois prouve que le goût de prendre la voie des airs est intact. Mais c’est une exception. Et sera-t-elle durable ? Force est de constater que le Covid-19 a la fâcheuse manie de ressurgir là où on ne l’attend pas. Les dirigeants du secteur aérien en font des cauchemars. Cet été, ils avaient repris courage. Et puis l’automne est venu... Selon les chiffres de l’IATA, le virus a déjà généré un manque à gagner total de près de 400 milliards de $US pour l’ensemble des compagnies mondiales, leur causant 71 milliards de pertes. C’est d’une violence inouïe. Air Italy, Miami Air International, Level, South African Airways, etc., au moins une quinzaine d’entre elles se sont crashées cette année. «Entre 20 et 30 autres sont en faillite, déplore Alexandre de Juniac. Sans aides supplémentaires, elles ne survivront pas». Les vols internationaux restent paralysés, y compris vers la Chine. L’Europe est bouclée. Et le trafic domestique américain n’est qu’à 40% de son niveau ordinaire. Comme le reste de la planète ne peut pas mettre en place un confinement ultra-autoritaire à la pékinoise, et qu’une telle solution ne réglerait de toute façon pas le problème des frontières fermées et des quarantaines, les professionnels de l’aérien attendaient fébrilement l’arrivée du vaccin. Dans l’hypothèse, ambitieuse, faite par l’IATA, que ce remède
En Chine, on assiste à un rebond qui paraît prouver que le goût de prendre la voie des airs reste intact. DR. miracle serait mis sur le marché en juin, le trafic mondial repartirait à seulement 50% de son niveau d’avant-crise fin 2021. Perte totale à prévoir pour les compagnies: entre 65 et 80 milliards de $US. Dans ce scénario, il faudrait attendre 2023 pour que les voyages privés reprennent à plein régime, et 2024 s’agissant des déplacements d’affaires. La reprise s’annonce donc lente, très lente. Pour tenter de l’accélérer un peu, les représentants du transport aérien misent sur la généralisation des tests dans les aéroports. VISIOCONFÉRENCE PLUTÔT QUE VOYAGE. «L’idée est de remplacer les mesures de quarantaine, qui découragent très fortement les réservations, par l’obligation de faire un test antigénique juste avant l’embarquement», précise Alexandre de Juniac. Paris, Londres, Rome, de même que certains hubs d’Asie et du MoyenOrient rodent déjà ce protocole «dans l’espoir d’établir une réglementation mondiale unique dès cet hiver». Ce choc externe d’une incroyable puissance qu’est le Covid ne touche pas toutes les compagnies de la même façon. «Les low cost long-courriers, comme Norwegian ou AirAsia, déjà lourdement endettées, sont vouées
à disparaître, elles n’ont pas su prouver la viabilité de leur modèle», juge Richard Aboulafia, analyste chez Teal Group, à Washington. Certains petits opérateurs pourraient aussi descendre en piqué. «En Europe, 460 compagnies opèrent moins de 50 avions, renseigne Yan Derocles, analyste chez Oddo BHF. Bon nombre d’entre elles auront du mal à survivre les six prochains mois». Les compagnies historiques sont dans une situation intermédiaire. Delta, United ou American Airlines, les grandes «legacy carriers» américaines, sont entrées dans la tempête avec une santé financière plutôt solide. Le Covid les a durement frappées, mais le plan d’aide américain et les dettes qu’elles ont contractées sur les marchés devraient leur permettre de tenir jusqu’à la reprise. Leurs équivalentes du Vieux Continent, comme Air France, British Airways ou Lufthansa, étaient en moins bonne forme. Le virus les a durablement affaiblies. Elles devraient toutefois pouvoir compter sur le soutien de leurs gouvernements respectifs. En France, malgré un prêt garanti par l’État de 4 milliards d’euros, un prêt public direct de 3 milliards supplémentaires, un plan de 7.700 suppressions de postes, et la fermeture de certaines liaisons non rentables, Air France
continue de brûler 10 millions d’euros par jour. Si elle peut encore tenir jusqu’à fin 2021, selon un expert, elle ne sera pas en mesure de rembourser ses dettes. Si un soutien supplémentaire est envisagé, certains compétiteurs hurlent à la distorsion de concurrence. Ryanair a même porté plainte contre la France pour aide d’État devant la justice européenne. Et les investisseurs privés rechignent à regarder le dossier. De fait, il ne suffira pas de déverser de nouveaux milliards sur l’albatros fatigué pour qu’il se transforme en aigle. Redevances aéroportuaires, taxe Chirac «solidaire» sur les billets, accords sociaux très généreux, entraves au développement de la filiale low cost Transavia, lignes déficitaires maintenues pour des raisons diplomatiques, culture de la grève... Ses ailes sont lestées de pesants boulets. Après l’orage, ce sont encore les low cost court et moyen-courriers qui devraient s’en sortir le mieux. Notamment les européennes EasyJet, Wizz Air, et Ryanair. «Ryanair avait déjà les coûts les plus bas du marché, rappelle Yan Derocles. Or ses dirigeants renégocient tout, avec les aéroports, les constructeurs d’avions, les salariés... si bien qu’ils pourraient les baisser d’encore 15%». Le direc-
teur commercial de la compagnie irlandaise est, de fait, confiant. «Croyez-moi, nous serons les premiers à redécoller en Europe, assure Jason McGuinness, directeur commercial. On peut déployer nos avions bien plus rapidement que nos concurrents, on vient de valider une commande de 200 appareils auprès de Boeing, on réfléchit à l’ouverture de nouvelles bases, et on frappera fort sur les prix». Quand les vols internationaux repartiront, à un horizon plus lointain, les «airlines» du Golfe devraient aussi tirer leur épingle du jeu. Il faut dire qu’Emirates, Etihad Airways et Qatar Airways ont survolé la zone de turbulence assises sur de confortables tapis de pétrodollars. «Avec des investissements publics directs et massifs, tout comme Singapore Airlines, alors que leurs concurrentes européennes ont dû se contenter de prêts pour des raisons légales, résume Antoine Godier, porte-parole du SNPL, le Syndicat national des pilotes de ligne. De quoi continuer à vampiriser le trafic chez nous grâce aux accords bilatéraux». Ajoutons que ces compagnies continueront à s’offrir de nouveaux avions, moins gourmands en kérosène, et plus confortables, quand d’autres devront peut-être y renoncer, faute d’argent. La clientèle d’affaires
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mettra du temps à revenir. Le P-DG des hôtels Accor, Sébastien Bazin, a prévenu. Il s’attend à «une baisse durable de 10 à 15%» des voyages business. Zoom, Google Meet, Microsoft Teams... Durant la crise, les cadres ont largement adopté ces outils de visioconférence. Et bien des entreprises, fragilisées, entendent faire des économies dans les prochains mois. Reviendront-elles en arrière? «On ne conquiert pas des parts de marché en restant rivé à un écran, veut croire Richard Aboulafia, de Teal Group. Les businessmen reprendront l’avion». Le constructeur américain Boeing semble partager cet avis. Comme le résume son directeur marketing et commercial, Darren Hulst : «Nous prévoyons un trafic passager en augmentation moyenne de 4% par an d’ici 2040, avec une forte accélération en fin de période». À l’en croire, la flotte commerciale doublera, même, d’ici là, à 48.400 appareils. Cette vision repose sur des fondamentaux de long terme. D’abord, l’augmentation de la part de la population mondiale disposant d’un revenu suffisant pour s’offrir un billet. Elle devrait passer, d’après l’ONU, de 3,9 milliards d’individus en 2019 à 5,9 milliards en 2040. Cette nouvelle classe moyenne voyagera essentiellement pour des motifs familiaux, professionnels, ou migratoires comme l’ont fait 3 milliards de passagers l’an dernier (eh oui, les touristes sont minoritaires). Ensuite, la croissance proviendra de zones mal équipées en infrastructures routières et ferroviaires, comme l’Inde ou l’Afrique. Et des métropoles, qui, selon Airbus, génèrent déjà 60% du trafic aérien mondial. Or, de 66 aujourd’hui, ces super-villes passeront à 95, d’ici, là encore, une vingtaine d’années. Enfin, il faudra bien que l’on transporte les vaccins. Par souci d’efficacité, les précieuses doses seront, dans un premier temps du moins, acheminées par les airs. L’une des rares bonnes nouvelles de 2020 pour le secteur aérien est que le fret s’est maintenu à un niveau stable. On peut dire, sans trop se mouiller, que son avenir à moyen terme est garanti. FRANCOIS MIGUET n Capital.
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À Zaventem, on rebrousse chemin si on veut partir en voyage récréatif ou touristique
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n Belgique, le ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne a prévenu le 7 février que des contrôles seraient effectués aux frontières pour empêcher les déplacements non essentiels vers l’étranger dans le cadre de la lutte contre le coronavirus et que les contrevenants devraient «faire demi-tour». «Il y aura des contrôles aux frontières. Les personnes qui essaient malgré tout de partir en voyage et qui sont prises (sur le fait) devront payer une amende et faire demitour», a-t-il déclaré au jt de la chaîne privée flamande VTM. L’incertitude était de mise sur le sort à réserver à toute personne prise sur le fait alors qu’elle tente de partir à l’étranger pour un voyage
«Les personnes qui essaient de partir en voyage (à l’étranger) et qui sont prises (sur le fait) devront payer une amende et faire demi-tour», déclare le ministre belge de la Justice Vincent Van Quickenborne. DR. non-essentiel. Un document interne à la police semblait indiquer que les agents devaient laisser passer cette personne en question, non sans lui avoir infligé une amende de 250 euros. Selon le ministre Open Vld, ce n’est pas le cas. «Et si l’on essaie une nouvelle fois de repartir, alors, il y a récidive.
Ensuite, il y aura une convocation directe au tribunal et ce seront des amendes de plusieurs milliers d’euros», a-t-il précisé. 2.312,6 CAS QUOTIDIENS EN MOYENNE. Depuis le 27 janvier et jusqu’au 1er mars, les voyages récréatifs et/ou
touristiques à destination et en provenance de la Belgique sont interdits dans le cadre des mesures prises pour lutter contre la propagation du coronavirus. Le collège des procureurs généraux a émis, pour sa part, des directives complémentaires à l’arrêté ministériel qui interdit les voyages non essentiels,
prévoyant désormais des poursuites en cas d’infraction. Au 8 février 2021, le nombre de contaminations au Covid-19 en Belgique était de 2.312,6 cas quotidiens en moyenne sur la période de référence du 29 janvier au 4 février, soit une hausse de 2% par rapport aux sept jours précédents. L’incidence des 14 derniers jours s’élève à 279,2 nouveaux cas pour 100.000 habitants (+12% par rapport aux 14 jours précédents). Au moins 725.610 cas de Covid-19 ont été diagnostiqués en Belgique depuis le début de la pandémie, selon les résultats provisoires présentés lundi 8 février par l’Institut de santé publique Sciensano. S’agissant des tests, lors de la dernière période calculée, on comptait en moyenne 50.354,6 tests/ jour (+6%). Le taux de positivité des tests, à savoir la proportion des personnes positives sur
l’ensemble des personnes testées, est de 5,4% en moyenne à l’échelle nationale (-0,1%). Au total, 8.599.012 tests ont été effectués sur des patients en Belgique depuis le début de l’épidémie. Le nombre d’admissions à l’hôpital s’élève à 127,6 par jour (+11%) en moyenne entre le 1er et le 7 février. Au total, 1.676 personnes sont actuellement hospitalisées pour une infection Covid-19 (+2%), dont 299 en soins intensifs (+2%) et 161 sous assistance respiratoire. Au total, 52.728 personnes ont été hospitalisées en Belgique pour le Covid-19 depuis le début de l’épidémie. Au Congo, le 7 février 2021, on comptait 23.599 cas de Covid-19 dont 681 décès et 15.113 sorties d’hôpital. 114 nouveaux cas enregistrés dont 71 à Kinshasa, 23 au HautKatanga, 8 au Lualaba, 6 au Sud-Kivu, 4 au Kongo Central, idem au NordKivu. avec AGENCES n
tomatiques, lorsqu’il est bien utilisé et bien porté, réduit fortement la transmission du virus», confirme également le Haut Conseil de la santé publique (HCSP). Tout d’abord il faut se rappeler que le masque n’est pas vraiment une protection pour son porteur, mais plutôt pour les autres. Pour que son efficacité soit bonne, il faut que les deux personnes qui se parlent en ait un. Il faut dire que les étude contradictoires s’enchaînent. Le 12 avril, une étude sud-coréenne concluait à l’inefficacité des masques, y compris chirurgicaux dans la limitation de la transmission, en raison notamment de la taille des particules virales, capables de traverser les masques. Une nouvelle étude du groupe Delve (Data Evaluation and Learning for Viral Epidemics) de la Royal Society, basée sur de précédentes recherches, affirme de son côté que « l’adoption généralisée de masques faciaux peut aider à contrôler l’épidémie de Covid-19 en réduisant l’émission de gouttelettes dans l’environnement par les individus asymptomatiques. Cela confirme également les expériences des pays
qui ont adopté cette stratégie», indiquent les auteurs - même si la plupart des masques portés en Asie visent la majorité du temps à se protéger de la pollution. «ll n’y a aucune preuve solide que le masque peut réduire la transmission du virus dans la communauté », rejette Ben Killingley, consultant en médecine aiguë et en maladies infectieuses à l’hôpital University College de Londres, interrogé par le Guardian. « Les études sur les masques faciaux n’ont pas été menées pendant une pandémie ou dans le contexte d’un nouveau virus », met en garde le spécialiste. De plus, les tests sont menés en laboratoire, bien loin des conditions réelles de la vie de tous les jours. Or, selon plusieurs spécialistes, les inconvénients des masques l’emportent largement sur ses bénéfices. « L’utilisation de masques médicaux à grande échelle peut créer un faux sentiment de sécurité, et entraîner la négligence d’autres mesures essentielles, telles que l’hygiène des mains et la distanciation physique », remarque l’OMS.
Covid-19, il y a masque et masque
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our lutter contre la transmission du coronavirus, le port du masque est aujourd’hui bien accepté par la société mondiale. Des chercheurs ont étudié les effets d’un masque chirurgical sur le flux d’air inhalé et les quantités d’aérosols chargés de virus près du visage et dans les voies respiratoires. D’innombrables études ont montré l’efficacité des masques dans la lutte contre le coronavirus. Encore faut-il disposer d’un masque efficace, car dans le cas contraire, il vaut mieux... ne pas en porter du tout, selon une nouvelle étude parue dans Physics of Fluids. Les chercheurs ont modélisé l’effet d’un masque chirurgical sur le flux d’air inhalé et la déposition des gouttelettes sur le tissu et le visage. Lorsque l’on porte un masque, l’air pénètre dans la bouche et le nez non pas via un chemin direct, mais se diffuse sur toute la surface du masque à une vitesse plus lente, ce qui favorise la pénétration des gouttelettes dans le système respiratoire. Si le masque est suffisamment filtrant (au-
Le débat sur le port du masque ne fléchit pas. DR. delà de 65 %), cela ne cause pas de problème, mais quand il est usé (le niveau de filtration peut descendre à 25 %), on se contamine ainsi davantage. MASQUE DÉFECTUEUX, RISQUE ACCRU. «Le port d’un masque à faible efficacité de filtration entraîne un risque accru de dépôt d’aérosols ambiants et peut donc faire plus de mal que de bien», concluent les auteurs de l’étude. Une précédente étude avait déjà démontré que pratiquement tous les masques, à l’exception du N95, induisent une fuite de gouttelettes en
suspension et un risque de contamination à une distance de moins de 1,8 m. D’ailleurs, même le masque le plus filtrant n’offre pas une protection à 100 % (il peut être humide, mal porté, etc.). Il peut aussi donner un faux sentiment de sécurité et abaisser notre vigilance. Le masque est devenu dans le débat public l’élément central du déconfinement. Plusieurs études attestent de son efficacité contre la transmission du SARS-Cov-2. Pourtant, d’autres scientifiques dénoncent des conclusions biaisées et mettent en gardent contre la fausse sécurité conférée par le port du masque.
« Si vous êtes en bonne santé, vous ne devez utiliser un masque que si vous vous occupez d’une personne présumée infectée par le Covid-19», indique clairement sur son site l’OMS, l’Organisation mondiale de la santé. Autrement dit, le masque n’est pas recommandé pour l’ensemble du public. « Il n’existe aucune preuve que le port d’un masque par des personnes en bonne santé puisse empêcher d’être infecté par des virus respiratoires », insiste l’OMS. Une position qu’a longtemps défendue le gouvernement français, avant de faire une volte-face à 180° devant les arguments d’autres scientifiques, jusqu’à imposer le port obligatoire du masque dans les transports. Le 22 avril, l’Académie de médecine a appelé tous les Français à porter sans attendre un masque de protection grand public, même artisanal, dès qu’ils sortent de chez eux. « Veiller à ne pas contaminer les autres n’est pas facultatif, c’est une attitude citoyenne qui doit être rendue obligatoire dans l’espace public », a claironné l’Académie. « Le port de masque grand public par les porteurs asymp-
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CÉLINE DELUZARCHE n
FuturaPlanète.
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Un aveugle retrouve la vue
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a science réussit à arriver là où l’espoir s’arrête souvent. Mais Jamal Furani, un Israélien de 78 ans, n’a jamais perdu espoir : il est devenu le premier non-voyant à recevoir une greffe de cornée artificielle, et ce avec succès. L’opération a eu lieu au centre médical de Rabin, par une startup et le responsable de l’ophtalmologie : le professeur Irit Bahar. UN IMPLANT RAPIDE À POSER. L’implant, appelé KPro, est fait d’un nano-tissu synthétique non dégradable et peut remplacer une cornée déformée ou opaque. Il a été développé par la société israélienne CorNeat Vision et inventée par le Dr Gilad Litvin. Elle est rapide à poser, et ne nécessite aucun tissu de donneur. Le patient a immédiatement retrouvé la vue dès que les bandages ont été retirés, et a pu reconnaître ses proches et lire des
Jamal Furani, l’Israélien de 78 ans, n’avait jamais perdu espoir. Il a recouvré la vue... DR. chiffres sur un tableau. La cornée est la partie transparente de l’œil qui recouvre l’iris, et peut être endommagée, conduisant à la cécité.
Elle est traitée le plus souvent par une greffe de cornée, ou kératoplastie, qui nécessite un don de cornée. Selon une étude récente, il existe une
pénurie au niveau mondial avec seulement une seule cornée disponible pour 70 nécessaires. Il existe des cornées artificielles, mais l’opération est complexe et s’appuie toujours sur un don de tissu. Ce nouvel implant est entièrement artificiel. La conjonctive est séparée de la sclère (le blanc de l’œil) avant d’enlever la cornée. Des points de suture sont préparés, puis le CorNeat KPro est posé et fixé avec les sutures. La conjonctive est alors remise en place par-dessus la collerette de la cornée artificielle. Selon CorNeat, le matériau utilisé facilite la guérison, et l’implant est intégré dans les tissus en quelques semaines. D’autres opérations sont prévues, avec un total de dix patients en attente d’un implant en Israël, et six autres en attente d’autorisation en France, aux États-Unis et aux PaysBas. Ces premiers essais incluent des patients qui ne peuvent pas recevoir de greffe de la cornée ou dont l’opération a déjà échoué.
glamour
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Sept ans de vaccin pour faire barrage au Covid-19
I
l faudra au moins sept ans pour que la population mondiale atteigne un taux de vaccination suffisant pour faire barrage au coronavirus, d’après les calculs de l’agence de presse américaine Bloomberg, fondés sur les stratégies nationales de vaccination. Au rythme actuel, la Belgique prendrait trois ans pour terminer sa campagne. Pour établir ses projections, Bloomberg table sur une immunité collective de 75% par vaccination complète (deux doses lorsque cela s’applique). La Belgique mise, elle, sur une immunité de groupe de 70%. D’après les statistiques de Bloomberg, auxquelles il manque bon nombre de pays africains, la vaccination est bien plus rapide dans les pays riches occidentaux que dans le reste du monde. La Belgique n’a pas
encore atteint sa vitesse de croisière. Si le gouvernement prévoit de vacciner 70% de la population d’ici septembre, les calculs de Bloomberg montrent qu’au rythme actuel, la campagne pourrait prendre trois ans (ou 1.030 jours). Le tempo devrait néanmoins s’accélérer dans les prochaines semaines lorsque les centres de vaccination atteindront leur pleine capacité. Bloomberg devrait revoir son analyse à la lumière des nouvelles données. S’ils poursuivent sur le même élan, les États-Unis pourraient franchir le cap de 75% de vaccinés d’ici 11 mois. À l’heure actuelle, 10% d’Américains ont reçu au moins une première dose. En France, ce chiffre ne dépasse pas encore 3%. En Israël, premier pays dans la course à la vaccination, 58% de la population a reçu une première injection et 21% est complètement vaccinée.
La femme aux yeux bleus
S
éparée de son mari, une Nigerianne aux yeux bleus et ses enfants font face à la discrimination. Risikat Azeez est prise pour une sorcière. Ces yeux auraient fait peur à son mari qui aurait quitté le toît conjugal. Mais Wasiu Omo-Dada dit avoir rencontré sa femme avec ses yeux bleus et l’aimait de cette façon. Niant qu’il aurait changé après que ses parents aient fait une déclaration dégradante à propos de ses enfants. Selon l’homme, le problème avec sa femme était lié à son « indiscipline », que malgré tous ses efforts, la traitant bien, s’occupant bien d’elle, elle n’en faisait qu’à sa tête. Qu’il lui achetait des collations tous les jours, à son retour de travail, comme s’ils étaient en lune de miel, mais qu’elle n’était jamais satisfaite. Elle a fini par poster la photo de ses enfants en ligne, demandant l’aide d’étrangers. Wasiu OmoDada a aussi démenti les informations, selon lesquelles il n’aurait pas payé les frais médicaux, lorsque sa femme était allée à l’hôpital, pour ses deux accouchements. Révélant que presque
La femme nigérianne Risikat Azeez, ses deux filles aux yeux blues ainsi que le mari et père des enfants. DR. toutes les deux semaines, il apporte des seaux de riz, des haricots, du pain et d’autres denrées à la maison de sa belle-famille, pour sa femme et ses enfants. En plus des vêtements chers achetés à ses filles. Des allégations réfutées par la mère de Risikat, qui a dit que son gendre n’avait jamais pris soin de sa fille et de ses petits-enfants. La belle-mère a indiqué avoir invité son gendre à une rencontre en tête-àtête, mais qu’il était discourtois et ne s’est jamais
excusé. Elle a révélé que les problèmes dans le couple ont commencé lorsque sa fille a mis au monde des enfants aux yeux bleus. UNE MUTATION GÉNÉTIQUE. Ils se sont alors brièvement séparés et sa fille est rentrée à la maison. Plus tard, il est venu s’excuser. C’est alors qu’ils l’ont autorisé à rentrer avec sa femme. La mère de Risikat dit qu’elle avait supplié les aînés de laisser sa fille
retourner à son mariage parce qu’elle ne voulait pas qu’elle ait des enfants d’hommes différents. Elle a ajouté qu’elle avait fait tous ses enfants avec un seul homme et qu’elle voulait la même chose pour sa fille. Elle déplore que malgré ses efforts, le mari a commencé à quitter la maison pendant des jours, lorsque Risikat était de nouveau enceinte, sans nourrir sa famille. Très amère, la mère de Risikat, a pointé du doigt le père de son gendre qui n’aurait en
rien arrangé la situation, d’autant qu’il avait demandé si les choses allaient rester ainsi, et que le couple allait continuer à avoir des enfants aux yeux bleus. Le père de Wasiu avait même dit que les yeux de ses petits-enfants lui faisaient peur et c’est pourquoi il ne les supporte pas. Une déclaration qui, selon elle, avait encouragé le comportement de Wasiu. Voulant éviter le pire à sa fille, elle a pris la ferme décision de se rendre au domicile de son gendre
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pour emballer les affaires de sa fille et la ramener chez elle. Si vous avez les yeux bleus, votre famille est beaucoup plus grande que vous ne le pensez. Approximativement tous les gens aux yeux bleus sur Terre sont vos parents. Les chercheurs ont en effet découvert que ceux qui ont cette caractéristique descendent d’un seul ancêtre. Il ou elle a vécu il y a environ 6 000 ans, il est donc peu probable que vous vous retrouviez avec une tante ou un oncle secret. Les yeux bleus sont le résultat d’une mutation génétique. Les chercheurs du Département de médecine cellulaire et moléculaire de l’Université de Copenhague ont découvert qu’avant l’apparition de la personne présentant la mutation, tous avaient les yeux marrons. L’«erreur» se trouve sur le gène OCA2, qui agit sur la couleur de la peau et des yeux : l’effet de la mutation est d’«éteindre» une partie du gène, faisant apparaître l’iris clair. Seulement 17 % de la population a les yeux bleus, comparativement à 55 % des personnes aux yeux marrons.
international
le rêve d’auto |
Le Cadillac des Cadillac
I
l fut une époque lointaine où rouler en Cadillac était symbole de réussite et de richesse... De nos jours, le Cadillac Escalade est devenu un symbole de l’Amérique. Comme Elvis Presley, CocaCola, Amazon. Un véhicule débarqué en Europe en 1999 et qui avait pour optique de répliquer à l’arrivée du Lincoln Navigator. Hâtivement, les ingénieurs de GM avaient alors passé quelques fins de semaine à endimancher un GMC Yukon Denali, pour accoucher d’un produit qui n’était distinctif que par sa calandre, et... encore! Or, au fil des générations, l’Escalade s’est taillé une place de choix dans l’industrie, au point où il a éclipsé les ventes de celui qu’il avait pris en grippe. Très vite, et ce, uniquement aux ÉtatsUnis, plus de 600.000 Cadillac Escalade ont trouvé preneur. Et avec cette nouvelle génération qui se distingue davantage des Tahoe/Yukon, avec lesquels il partage l’ensemble de ses composants mécaniques et structuraux, le succès est plus grand encore. Il faut dire qu’au-delà de son succès commercial, le Cadillac Escalade fait l’envie d’amateurs de voitures du monde entier. Comme l’ensemble des produits de la marque, l’Escalade propose deux approches. Une déclinaison Luxury fardée de chrome, plutôt clinquante, ainsi qu’une version Sport où tout ce qui brille laisse place à du noir lustré. Imposant pour ne pas dire intimidant, l’Escalade vous accueille avec un éclairage des plus chaleureux. Les marchepieds escamotables se déploient ensuite pour faciliter l’accès, la suspension pneumatique s’affaissant pour les mêmes raisons. Besoin d’utiliser le coffre avant de grimper à bord? Un coup de cheville sur le logo Cadillac projeté au sol, ou l’application de votre doigt sur l’emblème Cadillac, et le hayon se soulève pour vous y donner accès. Soyons francs, le Lincoln Navigator impressionnait lors de
Le Cadillac Escalade (ci-dessus) est devenu un symbole de l’Amérique. Comme Elvis Presley, Coca-Cola, Amazon et dépasse de loin le Lincoln Navigor (ci-bas à g.) ou le VUS de luxe pleine grandeur GMC Yukon Denali (ci-bas à dr.) qui ne manque certes pas d’attrait. DR.
son arrivée en 2018 avec son habitacle aussi luxueux que techno, caractérisé par un écran tactile de 12 pouces, juché au centre du tableau de bord. BYE BYE NAVIGATOR. Or, avec un écran incurvé OLED de 38 pouces, un affichage multicolore de 15 pouces, un rétroviseur-caméra et deux écrans arrière de 12,6 pouces, Cadillac relègue rapidement le Navigator aux oubliettes. Sans compter que la présentation nous amène dans une tout autre dimension. D’abord, quelques mots sur cet écran incurvé, divisé en trois sections. Au démarrage, une animation carrément cinématographique vous confirme l’identité du véhicule à bord duquel vous montez. Celle-ci étant terminée, vous découvrez à gauche des fonctions vous permettant de paramétrer l’instrumentation centrale. Une présentation classique avec odomètre à aiguille peut donc laisser sa place à un écran de réalité augmentée où la qualité est remarquable, illustrant ce qui se trouve devant le véhicule en temps réel. Sinon, il est possible d’y glisser un
écran de navigation ou encore, la vision de nuit, laquelle commande toutefois un supplément de 2.300 US$. À votre droite, une portion entièrement paramétrable vous permet ainsi de positionner à votre avantage les applications essentielles, en plus de régler chaque dans le but d’améliorer votre confort et votre expérience à bord. Il vous est même possible de modifier les teintes et variations de l’éclairage d’ambiance qui, à lui seul, constitue une expérience visuelle en soi. Si, à une certaine époque, la qualité de finition d’un Escalade était la même que celle d’un GMC Yukon, il en va autrement de nos jours. Cela n’enlève évidemment rien au Yukon qui s’est beaucoup amélioré en ce sens. Sauf qu’aujourd’hui, la présentation du Cadillac nous transporte franchement ailleurs grâce à une magnifique sellerie en cuir aussi splendide à l’œil que riche au toucher, des surpiqûres et garnitures de belle facture et un souci du détail jamais vu dans un produit General Motors. Maintenant, comme rien n’est parfait, on peut reprocher à GM
le fait d’avoir conservé ces lâches leviers d’essuie-glace et de clignotant de Chevrolet Malibu. Bon marché, au même titre que le levier de vitesses emprunté à la Chevrolet Bolt. Des économies de bouts de chandelle dont on se serait passé. Derrière, l’Escalade accueille désormais jusqu’à six occupants, dans un confort nettement supérieur au passé. Il faut dire qu’avec l’adoption d’une suspension arrière indépendante, GM a pu abaisser le seuil du plancher pour ainsi améliorer le confort et le dégagement pour les occupants de la banquette de troisième rangée. Puis, parce que le véhicule a été considérablement allongé, le dégagement aux jambes est optimisé, qu’importe la position assise. Sans compter que le confort des fauteuils et banquettes a aussi été amélioré. Au passage, sachez que l’Escalade est livré de série avec deux sièges capitaine à la seconde rangée, lesquels peuvent toutefois laisser place à une banquette pouvant recevoir trois occupants. Sur le hayon de l’Escalade, on retrouve un écusson portant la mention « 600 ». Qu’est-ce que
cela signifie? Une approximation du couple en newtonsmètres , qui dans le cas de l’Escalade, est de 623 N m ou 460 lb-pi. Bref, une formule adoptée par Cadillac qui pourra aussi être adaptée à de futurs modèles à motorisation électrique. Ironiquement, vous retrouverez également la mention « 600 » sur les versions dotées du moteur diesel Duramax, une nouveauté pour 2021. En effet, Cadillac propose en option sans frais ce six cylindres en ligne de 3,0 litres qui connaît déjà un vif succès avec les camionnettes Silverado/Sierra. Avec son essieu arrière rigide et son empattement plus court, l’ancien Escalade n’avait rien de très raffiné au chapitre du comportement. À ce compte, on donnait l’avantage à Lincoln, qui exploite depuis déjà longtemps le principe d’une suspension arrière indépendante. Tardivement, Cadillac s’ajuste donc et débarque enfin avec une suspension du même type, laquelle est disponible avec un amortissement pneumatique. Conséquemment, le comportement du véhicule se voit complètement trans-
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formé, affichant une meilleure stabilité ainsi qu’une tenue de cap exceptionnelle. En outre, les occupants gagnent également en confort, surtout avec cette suspension pneumatique, qui demeure pour moi l’une des options incontournables. Autrement, le conducteur habitué aux modèles de précédente génération constatera une absence totale de craquements et bruits de caisse ainsi qu’une amélioration marquée de l’insonorisation. Le tout, pour une impression de qualité nettement supérieure. Sur la route, les accélérations comme les reprises demeurent franches. Et puisque le V8 émet une sonorité dont on ne se lasse pas, l’envie d’exploiter toute la puissance se fait souvent sentir. Bien sûr, la loi de la gravité vous rappelle à l’ordre, particulièrement à l’approche d’un virage, mais l’équilibre des masses comme l’efficacité des éléments suspenseurs donne l’impression de flotter aléatoirement sur le bitume. Au contraire, l’Escalade démontre une maniabilité étonnante, surtout à la mise en fonction du mode Sport. Un des quatre modes dispo-
nibles, comprenant les fonctions Tourisme, Hors route et Remorquage. À ce propos, sachez que l’Escalade remorque des charges atteignant 7.500 lb, pour une capacité supérieure d’environ 1.000 lb face à son rival chez Lincoln. On aura beau dire, Cadillac n’a pas le vent dans les voiles. Malgré de gros efforts, les produits peinent à séduire et le font souvent en raison des promotions, et non pas parce qu’ils épatent davantage que leurs rivaux. Il en va autrement avec l’Escalade. Un produit phare, porteétendard, et qui fait briller la marque à l’international, mieux que n’importe quel autre produit. Également doté d’une chaîne audio à 36 haut-parleurs, d’une console réfrigérante et d’un dispositif de conduite semi-autonome Super Cruise, l’Escalade marie avec brio la conception traditionnelle d’un châssis à échelle et d’un V8 à culbuteurs à une technologie de pointe, qui ne peut qu’être applaudie par les concepteurs des BMW X7, MercedesBenz GLS et Range Rover. Ne soyez donc pas étonné si les ventes sont conséquentes.
international
côté rose
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À chacun son choix
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lle s’étonne de préférer désormais le cunnilingus à la pénétration. Comment expliquer cette évolution? Souvent considérés à tort comme des préliminaires, les rapports bucco-génitaux sont des actes sexuels à part entière. Et, à ce titre, ils sont source de jouissance et de plaisir, au point même parfois de supplanter celui provoqué par la pénétration. C’est ce qui arrive à Rachel, 42 ans, qui se rend compte le temps passant préférer un cunnilingus à cette dernière. Étonnée d’un tel changement, elle s’interroge. Question : «Je me rends compte avec le temps que je prends beaucoup plus de plaisir avec un cunnilingus plutôt qu’un vrai rapport sexuel. Comment est-ce possible ?» Réponse de la sexologue et psychanalyste Catherine Blanc : «Avant toute chose, un cunnilingus est un acte sexuel. On n’est pas en train de conter fleurette, de se parler, on est vraiment en train de faire de la sexualité. D’ailleurs d’une façon générale, pour prendre du plaisir, il n’y a pas forcément besoin de pénétration. C’est valable à la fois pour les femmes, mais aussi pour les hommes. Le changement de préférence peut être lié à plusieurs choses : un changement de relation et la découverte d’un «nouveau» cunnilingus fait par ce partenaire, une difficulté à la lubrification qui rend la pénétration douloureuse, ou encore la ménopause... Mais peut-être aussi parce qu’il y a eu un temps où elle avait envie d’être pénétrée dans le but d’être mère, mais qu’à 42 ans, elle n’a plus ce projet. Dès lors, Rachel peut avoir envie de quelque chose qui va évoquer son plaisir, sans nécessairement être dans le partage. Mais il y a aussi la possibilité que les pénétrations n’aboutissent jamais à quelque chose de jouissif. Du coup, Rachel préfère le cunnilingus à la pénétration». Est-ce que 42 ans est l’âge de maturité sexuelle ? Rachel est
Réponse de la sexologue et psychanalyste : «D’abord, il faut bien comprendre que pendant l’amour, les aires actives du cerveau ne sont pas nécessairement celles qui renvoient à la réflexion, mais plutôt aux impulsions. Donc, nous ne sommes pas enclins à parler pendant l’amour, mais dans la liberté d’accueillir ce qui est en train de se jouer, voire sa propre fantasmatique. Ceci étant, certains vont justement verbaliser leurs fantasmes, leurs regards sur l’autre ou sur euxmêmes, sur la position de pouvoir de l’un ou de l’autre...
Il y a ceux qui aiment parler et ceux qui préfèrent des rapports bucco-génitaux. DR.
peut-être plus libre dans son corps ? Oui, parce qu’il y a des jeunes femmes qui n’aiment pas le cunnilingus. Non pas parce que ce n’est pas agréable, mais parce que c’est un moment où on est vu, où on
s’offre et on se laisse faire. On jouit sans être protégé par le fait que le partenaire est à son affaire et ne vous regarde pas forcément. Et souvent, il faut plus de maturité pour oser faire ça. Ce qui implique
qu’il est tout à fait possible pour une femme d’avoir une sexualité épanouie uniquement avec des cunnilingus, mais c’est propre à chacun. Il y a des personnes qui aiment faire
l’amour dans le noir et d’autres qui préfèrent la lumière. De la même façon, certains sont bavards pendant l’acte alors que d’autres restent silencieux. Comment expliquer une telle différence?
Est-ce qu’une personne bavarde au quotidien va forcément l’être au lit ? C’est vrai que si on est extrêmement pudique de manière générale, il n’y a pas de raison d’être loquace au lit, en particulier s’il s’agit d’être vulgaire. Pour autant, il n’y a pas de règle : une personne timide peut révéler une autre facette de sa personnalité dans le secret de la chambre à coucher. On ne peut pas passer sa vie à enfermer ce qu’on a à l’intérieur de soi. Se retrouver au lit avec quelqu’un de bavard peut-il avoir un côté perturbant? Oui, surtout qu’à partir du moment où l’autre commente et qu’on écoute, on est dans l’analyse.
Cela peut faire sortir du moment présent, notamment parce qu’on est en train de vérifier la pertinence des propos, et stimuler la réflexion plutôt que de laisser libre court à l’élan pulsionnel. Le silence total peut-il aussi avoir le même effet ? Oui, car au-delà de parler on peut guider l’autre par le son, voire par des petits mots comme «oui» ou «non». C’est aussi une façon de lui indiquer que ce qu’il fait a un impact. Qui parle le plus, l’homme ou la femme? Il n’y a pas d’études scientifiques sur le sujet, mais je pense que les hommes ont plus tendance à commenter. Il serait d’ailleurs intéressant de déterminer si cela a un lien avec la pornographie, puisque dans les films pour adultes ce sont les hommes qui parlent, tandis que les femmes restent muettes. Et cela va même plus loin puisque la pornographie fait commenter les hommes sur ce qui se passe pour les femmes. Car la question qui inquiète toujours la gente masculine est de savoir ce que ressent une femme. Par conséquent, demander si elle aime telle ou telle chose est une façon de ne pas faire face au mutisme, ou au mystère, que peut représenter la femme pour l’homme».
Le mois de février est le mois des amoureux
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otre SaintValentin vat-elle se finir en eau de boudin? Les astres ont peut-être la réponse ! Entre le lundi 7 et le dimanche 14 février, une véritable osmose sentimentale et charnelle se fera sentir pour bon nombre de signe astrologiques ; il faut dire qu’avec la planète Vénus en Verseau, la passion se mêle à la créativité. Des nouveautés, des expériences inédites et peut-être même des jeux des rôles sont à envisager… Retour de flamme pour les couples, rencontre olé-olé pour les céliba-
taires… Une chose est sûre, aucun Bélier ne passera une semaine ennuyante au lit pour la SaintValentin. Leur charisme et leur grande confiance en eux suffisent à charmer la terre entière. Chaleur: 37 degrés. Les mieux lotis de ces sept prochains jours sont les Vierges (qui portent mal leur nom pour l’occasion) et les Capricornes. Deux signes de Terre qui n’ont pas l’habitude de faire des «folies» en cascade, particulièrement au lit. Néanmoins, cette semaine sera agrémentée d’une Nouvelle Lune en Verseau le jeudi 11 février, ce qui permet à ce duo
de tenter, de tester, et surtout de plaire au possible. Mais c’est tout l’inverse pour un autre duo : Les Taureaux et les Scorpions ! Ces derniers n’arriveront pas à prendre assez de recul sur leurs problèmes du quotidien pour pouvoir s’épanouir sexuellement cette semaine... Vivement lundi ! Cette semaine, vous êtes in-vin-sible ! Jupiter en planète amie vous donne du courage, de la volonté et tout cela gonfle votre ego. C’est peut-être pour toutes ces raisons que votre vie professionnelle vous semble mollassonne… Essayez de voir plus loin, et ne paniquez pas si vos
projets à court terme semblent prendre du retard. Conseil : tout vient à point à qui sait attendre ! Qui dit mois de février, dit surtout… Saint-Valentin. Cette année a beau être aussi particulière que la précédente, elle n’empêchera pas le zodiaque de fêter le jour des amoureux. ses.x comme il se doit ! Célibataires ou en couple, ce sont surtout les signes d’Air qui auront la chance de profiter des meilleures ondes. Beaucoup de positivité entoure les signes d’Air en cette deuxième semaine du mois de février. Les Gémeaux seront
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notamment récompensés pour leurs bonnes actions. Vont-ils enfin faire passer les autres avant leur petite personne ? Cette semaine, ce sera le cas ! Chez les Balances, la vie amoureuse est en pleine réflexion : une bonne nouvelle qui permettra aux (futurs ?) couples de reprendre leur souffle, le tout sur des bases solides. Quant à nos amis les Verseaux -qui devront encore supporter Mercure rétrograde-, une grande confiance en eux les envahira, notamment dans le domaine sexuel… Pour février, deux signes d’Air seront couronnés de chance : la Balance tout
d’abord, avec pas moins de deux semaines entières, mais aussi et surtout le Verseau, qui comptabilise 16 jours au total ! Bien que ce dernier subisse de plein fouet Mercure rétrograde, il saura retrouver le droit chemin malgré les embûches. Mais qu’entendon réellement par «jour de chance» ? Il s’agit tout simplement des meilleures positions astrales pour prendre des décisions importantes, ou même se laisser surprendre par le destin. Une belle rencontre ou un billet de 20 euros retrouvé dans ses poches, à nous de définir ce qu’on entend par «chance»!
international
l’étranger |
Peu de chance que ce nouveau procès en destitution aboutisse (suite de la page 20). « Pour le parti républicain, soit le procès ne sera pas une bonne chose parce que Trump en sortira plus fort, soit le parti arrive à se rassembler pour le juger coupable, juge Mark Christensen. Cela présentera l’avantage de l’empêcher de se présenter à nouveau. Cela permettrait au Parti républicain de tourner la page Trump. Mais je pense que cela n’arrivera pas. Je pense que la plupart des sénateurs et des élus au Congrès sont comme moi : ils n’aiment pas Trump. Peutêtre même qu’ils le détestent. Mais ils ont peur de ne pas pouvoir être élus sans sa base de partisans». Il s’agit du deuxième procès en destitution contre Donald Trump. L’ancien président est accusé d’« incitation à l’insurrection ». Il sera jugé par les sénateurs pour son rôle supposé dans l’attaque du Capitole par ses partisans le 6 janvier 2020. Quelle sera la ligne de défense de Donald Trump ? Dans son argumentaire de 14 pages l’équipe juridique de l’ex-président emploie un argument principal : on ne peut pas destituer un président qui n’en est plus un. Or depuis le 20 janvier, Donald Trump est redevenu un simple citoyen. Les avocats contestent ainsi la légitimité même du procès en destitution contre leur client. Peut-on destituer un président qui n’en est plus un ? Sur ce point précis, l’interprétation de la Constitution américaine fait actuellement l’objet d’un vif débat aux États-Unis. Ceux qui considèrent que l’on peut mener ce procès contre Donald Trump estiment que « l’impeachment britannique, qui est à l’origine de l’impeachment américain, permettait de poursuivre les ministres qui étaient sortis de charge. Les pères fondateurs américains semblaient l’entendre de cette oreille et considérer qu’on pouvait poursuivre un officiel civil qui ne serait plus en fonction au
Des partisans de Donald Trump manifestent contre la réprésentante Liz Cheney, qui a voté pour la tenue du procès en destitution de l’ancien président américain, le 28 janvier 2021 à Cheyenne devant le Capitole de l’État du Wyoming. AP-MICHAEL CUMMO. moment de son procès », explique Julien Boudon, professeur de droit public à l’université Paris Saclay et spécialiste de la Constitution américaine. En face, il y a ceux qui estiment qu’« on ne peut pas destituer un président qui n’est plus en fonction », poursuit ce spécialiste de la constitution américaine qui met en avant les précédents : « à au moins à trois reprises, le Sénat américain a décidé de ne pas poursuivre et de ne même pas organiser un procès dès lors que l’officier civil poursuivi avait préventivement démissionné de son poste. Cela a été le cas avec le juge English en 1926 et très récemment, en 2009, cela a été le cas avec le juge Kent. Il y a un seul contre-exemple, de 1876, quand le secrétaire à la Guerre, Belknap a démissionné quelques heures avant d’être mis en accusation. Non seulement la Chambre des représentants a voté des articles d’impeachment mais le Sénat a également organisé un procès contre Belknap pour finalement l’acquitter». Comme de nombreux constitutionnalistes américains, Jean-Eric Branaa,
maître de conférences à l’Université Paris II, met en avant le danger qu’implique l’argument selon lequel il n’est pas possible de poursuivre un président après la fin de son mandat. « Cela voudrait dire qu’en fin de mandat, un président pourrait devenir un révolutionnaire, de s’accrocher au pouvoir sans craindre des poursuites ». Sachant justement que les débats au Sénat lors du procès de Donald Trump risquent d’être tendus sur ce point, les avocats de l’ex-président avancent un deuxième argument. Ils invoquent le premier amendement qui garantit la liberté d’expression. Au nom de cette liberté, Donald Trump aurait eu le droit de dire ce qu’il voulait lors du rassemblement à Washington qui a précédé l’assaut du Capitole. Pourtant, « ce premier amendement a été très souvent réinterprété par la Cour suprême», fait remarquer JeanEric Branaa. «Notamment dans les années 1960 quand les juges ont statué que si les paroles qui ont été prononcées amènent à des actions qui peuvent entraîner des morts ou des blessés, le principe
de la liberté de parole ne prévaut pas. Ces paroles prononcées peuvent alors être poursuivies en justice. Et on se trouverait bien dans ce cas de figure avec Donald Trump ». LE PARTI D’ABRAHAM LINCOLN. Après la mise en accusation de Donald Trump par les élus de la Chambre des représentants, les sénateurs jouent à la fois le rôle de jurés et de juges durant le procès en destitution. Sauf coup de théâtre, la très grande majorité des sénateurs républicains devraient s’aligner sur les arguments de défense avancés par Donald Trump. Les conservateurs évitent ainsi à devoir se prononcer sur le fond: Donald Trump a-t-il incité ses partisans à attaquer le temple de la démocratie américaine? Cette question est plus qu’inconfortable alors que le parti républicain est « au bord de l’implosion », estime Jean-Eric Branaa, et que les élections de mi-mandat 2022 approchent à grands pas. « Dans ce nouvel ère post-Trump qui s’ouvre, le parti républicain est traversé par une faille », explique Laurence Nardon, respon-
sable du programme Amérique du Nord à l’Institut français des relations internationales. D’un côté il y a «ceux qui continuent à soutenir l’ex-président Trump, soit par calcul électoraliste parce que leur base suit Trump et par conséquence ils en font autant, soit par conviction personnelle. Et puis de l’autre côté il y a le courant du parti républicain qui voit bien que cette ligne extrémiste n’est pas raisonnable». « Le parti républicain se pose des questions métaphysiques », lance Julien Boudon. « Va-t-il tirer du côté populiste incarné par Donald Trump ? Ou est-ce que le vieux parti républicain, qui est quand même celui d’Abraham Lincoln, va-t-il se ressaisir et revenir sur une ligne beaucoup plus classique ? ». Pour les conservateurs, il est urgent de trouver des réponses à ces questions. « Mais pas devant les caméras lors d’un procès en destitution contre celui qui a été leur champion et leur président pendant les quatre dernières années. Le parti républicain ne veut pas laver son linge sale en public ». Et JeanEric Branaa d’ironiser : « Je pense que
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si certains (sénateurs républicains ndlr) pourraient avoir piscine ou un mot de leurs parents pour être absents ce jourlà, ils prendraient ». Dans ce contexte, il est donc plus qu’improbable qu’un nombre suffisant de sénateurs républicains votera en faveur de la destitution de Donald Trump. Il en faudrait 17 pour arriver aux deux tiers requis. À quoi sert un procès quand on sait par avance que l’accusé ne sera très probablement pas condamné? Pourtant la tenue de ce procès en destitution est importante pour plusieurs raisons : premièrement, sur le plan juridique, la mise en accusation de Donald Trump par la Chambre des représentants le 13 janvier « a empêché Donald Trump de se gracier lui-même », fait savoir le juriste Julien Boudon. Deuxièmement, après le choc aux États-Unis et dans le monde entier face aux images de cette foule violente qui envahit le Capitole, « il fallait absolument marquer le coup » et démontrer que la démocratie américaine sait se défendre quand elle est attaquée insiste Laurence Nardon pour qui ce
procès sera crucial « pour l’histoire et le sens moral du système politique américain ». Et puis Donald Trump est « déjà sanctionné parce qu’il restera dans l’histoire comme le président avec deux impeachments, deux mises en accusation. Ce n’est jamais arrivé et ce n’est pas le titre le plus glorieux qu’on veut amener avec soit dans la postérité », estime JeanEric Branaa. « Ce que les livres d’Histoire retiendront encore c’est cette fin de mandat absolument chaotique pendant laquelle il a contesté les résultats pied à pied dans plus de soixante procès qu’il a tous perdu, avec une rhétorique sur la fraude qui était absolument infâme ». Un deuxième acquittement de Donald Trump n’est pas sans risque : le 45e président américain pourra alors clamer sa victoire face au Congrès. Et ses partisans n’y verront qu’une preuve de plus pour la thèse que l’élection leur a été volée. C’était précisément la raison pour laquelle ils ont pris d’assaut le Capitole, le 6 janvier dernier.
STEFANIE SCHÜLER n ERIC DE SALVE n Rfi.
international
Trump est de retour à la télé SINCE 1989
L
e procès en destitution de Donald Trump s’est mardi 9 février devant le Sénat à Washington. Un procès qui déchire le Parti républicain et qui marquera le grand retour sur les écrans télé de l’ancien président qui l’aimaient fort bien. Si toutes les plateformes de médias sociaux et nombre de télés l’ont banni jusqu’à la Screen Actors Guild-American Federation of Television and Radio Artists (SAG-AFTRA) - un syndicat majeur dans l’industrie des médias et du divertissement aux États-Unis - qui envisageait d’expulser l’ancien président américain pour son rôle dans l’incitation à l’insurrection du 6 janvier au Capitole américain, selon Variety, médias et télés vont être bien contraints de reparler de Trump qu’ils avaient trop diabolisé. «ELLE NE SERA PAS RÉÉLUE ». Il est vrai que la popularité de l’ancien président au sein de la base du parti républicain reste intacte. Au Wyoming par exemple, l’État le plus républicain des États-Unis, qui a voté à 70 % pour le président sortant le 3 novembre, le débat fait rage. Dans cet État rural et minier, la ferveur pour le milliardaire est toujours intacte, au point qu’une guerre fratricide se joue actuellement au sein du parti. D’un côté l’aile trumpiste radicale et majoritaire et de l’autre, les modérés plus traditionnels qui souhaitent tourner la page du trumpisme. Le week-end passé, le parti républicain a voté une motion de censure contre sa députée Liz Cheney parce qu’elle fait partie des élus qui ont voté l’impeachment de Donald Trump à la Chambre des représentants. Dans la ville de Gillette, 82 % des électeurs ont voté Donald Trump. Alors ici, le vote de Liz Cheney à la Chambre en faveur de son impeachment ne passe pas. Il est tout simplement vécu
extrême de prendre le contrôle du parti républicain. Pourtant, beaucoup comme Mark Christensen, ancien élu local proche de Liz Cheney, craignent que le procès soit tout simplement contre-productif.
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L’ancien président américain Donald Trump sera jugé par les sénateurs pour son rôle supposé dans l’attaque du Capitole par ses partisans le 6 janvier 2020. Une façon pour les Américains de montrer au monde qu’ils savent défendre eux-mêmes leur démocratie. DR. comme une trahison. Et pourtant, Liz Cheney n’a rien d’une gauchiste. Pendant quatre ans, elle a voté et approuvé avec fidélité plus de 90 % des décisions de Trump. Liz Cheney, ce n’est pas non plus n’importe quelle élue. Dans l’ordre protocolaire de la Chambre, elle est le troisième personnage le plus important. Enfin, ici au Wyoming, le nom de Cheney résonne tout particulièrement. Liz est en effet la fille de Dick Cheney, l’ancien vice-président de George W. Bush. Cependant, tout cela n’a pas empêché son parti de voter contre elle une motion de censure, l’accusant de ne pas avoir défendu Trump et d’être une fausse républicaine, une «républicaine de papier». Sheley Horn a voté pour Liz Cheney en novembre dernier. Mais trois mois plus tard, elle
ne lui a pas pardonné son vote contre Trump. Alors sur internet, elle a lancé une pétition pour demander sa révocation. Sa pétition a déjà recueilli plus de 60.000 signatures. « Quand elle a annoncé qu’elle allait voter contre Trump, qu’elle allait voter son impeachment, j’ai d’abord trouvé ça complètement ridicule, confie Shelley Horn. Pourquoi destituer un président qui avait terminé son mandat de toute façon ? Elle a déchiré le parti. C’est elle qui déchire le parti. Elle est complètement déconnectée. C’est une fausse républicaine. Je pense que sa carrière est foutue. J’en suis sûre. Les électeurs vont voter contre elle. C’est sûr. Il y a encore une petite minorité qui la soutient toujours mais pour la majorité de la base, elle est déjà partie. Elle ne sera pas réélue».
Ces propos se confirment dans les sondages : Liz Cheney dévisse. Un candidat farouchement trumpiste est déjà en campagne contre elle ici pour les prochaines élections dans deux ans. Une situation qui sonne comme un avertissement pour les sénateurs républicains qui seraient eux aussi tenté de voter la destitution de Donald Trump. LA LIGNE DE DÉFENSE DE DONALD TRUMP. Liz Cheney compte encore des soutiens dans son État du Wyoming. Ces élus se revendiquent d’un Parti républicain traditionnel, celui de Reagan, de George Bush. Ils veulent tourner la page des années Trump. Conscients d’être aujourd’hui minoritaires, ils accusent l’ex-président d’avoir permis à la frange la plus
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