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Jules Alingete et l'IGF veulent

« repousser les lignes de la corruption »

international THE INTERNATIONAL DRC LEADING NEWSPAPER

SINCE 1989 N°1536 | LUNDI 18 OCTOBRE 2021 | 20 PAGES €7 $8

Nangaa va enfin quitter

De g. à dr., l'abbé Apollinaire Malu Malu Muholongu, le pasteur Daniel Ngoy Mulunda-Nyanga, Corneille Nangaa Yobeluo, Daniel Kadima Kazadi. DR.

Comment « Guérir le Congo du mal zaïrois » LE SOFT INTERNATIONAL A ÉTÉ RÉPERTORIÉ PAR LE SITE DU THE NEW YORK TIMES COMME UNIQUE NEWSPAPER EN ZONE AFRIQUE CENTRALE.


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Les Katumbistes haussent le ton mais Kadima est entériné

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De g. à dr., l'abbé Apollinaire Malu Malu Muholongu, le pasteur Daniel Ngoy Mulunda-Nyanga, Corneille Nangaa Yobeluo, Daniel Kadima Kazadi. DR. i l'abbé candidats ont été entéripour la République et à en appellent à la mobiRépublique dont il est porte sur le verrouilApolses proches ? nés et trois postes restent lage à l’accès à certaines lisation des Congolais le président, déclare, linaire à pourvoir. Si les chefs La veille de cette pléde toutes les tendances lors d’une conférence de fonctions de l’Etat, en Malu catholiques (CENCO, nière, un nouveau compolitiques, de toutes les presse le 27 septembre premier, « la Présidence Malu Conférence épiscopale muniqué du parti de provinces, de toutes les 2021, avoir tourné la de la République en ne MuhoMoïse Katumbi signé le nationale du Congo) et religions, de tous les page de cette loi qui fut réservant cette haute longu, ni le pasteur protestants (ECC, Église 15 octobre par les deux âges, afin de sauver notre «juste une distraction». fonction qu’aux CongoDaniel Ngoy Mulungroupes parlementaires du Christ du Congo) seul et unique pays de la « Le Congo n’a pas belaises et Congolais nés da-Nyanga, ni Corn’ont pas approuvé la soin de la division, mais MS-G7 et AMK et Alliés décadence et du chaos ». des père et mère congoneille Nangaa Yobeluo candidature de Kadima, le plus important c’est (70 députés). Il annonce « Alors que la Répulais », expliquait son n'avait fait le consenla réévaluation de la blique démocratique le FCC et Ensemble pour auteur dans un tweet. le social et la situation sus des chefs religieux. la République de Moise socio-économique de la participation des Katum- du Congo est notre Or, le richissime Moïse Jamais, à ce jour, ceux en charge de désigner le président de la Centrale électorale nationale n'avaient réalisé le moindre compromis sur la question. Présenté par l'église kimbanguiste, soutenu par six des huit confessions religieuses, alors que le mandat de l'actuel président de la Centrale électorale est échu depuis deux ans et que Corneille Nangaa Yobeluo attendait de passer le flambeau, Denis Kadima Kazadi qui présentait, de l'avis de tous les chefs religieux, toutes les compétences techniques, allait-il faire la différence? On aurait pu rêver mais c'est mal connaître la classe politique congolaise - y compris société civile et chefs religieux.

GROS NUAGES AU SEIN DE L'USN ? En dépit de plusieurs délais accordés par le bureau de l'Assemblée nationale, à l’issue de l'ultime réunion le 2 octobre dernier, les huit confessions religieuses s’étaient séparées sans consensus. La question revenait à l’Assemblée nationale, à laquelle le président de la République Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo avait demandé de mettre fin au blocage avant la fin de la session parlementaire en cours. Samedi 16 octobre, lors d'une plénière marquée par des incidents, la commission paritaire présidée par le député UDPS André Mbata Betukumesu Mangu en charge d'examiner les dossiers individuels des candidats, a présenté son rapport qui a été adopté. Denis Kadima Kazadi a été entériné comme nouveau président de la CENI. Sur les 15 postes qui composent la plénière de la CENI, 12

Katumbi Chapwe n’ont pas délégué leurs candidats. Les Katumbistes rejoignaient le FCC de Kabila et Lamuka du duo Fayulu-Muzito qui réclamaient un consensus. Selon le président de l’Assemblée nationale Christophe Mboso Nkodia Mpwanga, la Chambre basse s’est acquittée de ses obligations. Nangaa peut passer la main. Au Président de la République de signer l’ordonnance d’investiture des membres de la nouvelle CÉNI qui comprend Ilanga Lembow Bienvenu (Premier vice-président), Nseya Mulema Patricia (Rapporteur), Muhindo Mulemberi Paul (Rapporteur adjoint), Birembano Balume Sylvie (Questeur adjoint) et comme membres Lepemba Pascal, Boko Matondo Fabien, Ditu Monizi Blaise, Bimwala Roger, Ngalula Joséphine, Bisambu Gérard, Omokoko Asamoto Adine. Les postes de Deuxième Vice-président et de Questeur restent à pourvoir. Reste cette grande colère des Katumbistes qui ne cessent de menacer. Vont-ils franchir le pas en rompant les rangs de l'Union Sacrée quand d'aucuns parlent de gros nuages sur la coalition ? Mais avec qui ? Au départ, ce fut un avertissement par communiqué sans fioriture adressé au Président de la République, Chef de l’Etat sur la proposition de « loi Tshiani ». Si ce texte est programmé par l’Assemblée nationale, qu’il soit adopté ou pas, « c’est notre départ de l’Union sacrée ». La proposition de loi émanant de l’un des candidats à la Présidentielle de décembre 2018, Noël K. Tshiani Muadiamvita

Katumbi, qui a fait fortune comme gouverneur du Grand Katanga, qui multiplie les moyens et les alliances pour se présenter à l’élection présidentielle de 2023, est né d’un père étranger. Sollicité au poste de Premier ministre en février dernier, il a stratégiquement repoussé l'offre tout en présentant plusieurs de ses proches à des postes clés au sein du Gouvernement de l’Union Sacrée (Affaires étrangères, Transports, Enseignement supérieur, Affaires sociales, etc.) formé par un de ses proches, Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge. La menace de Moïse Katumbi Chapwe était prise très au sérieux par le pouvoir au point qu’annoncée au calendrier de la Chambre basse, «la proposition de loi Tshiani» portée par un député, n’y trouvait pas sa place. De passage à Goma, l’homme qui a créé un parti Ensemble pour la

population congolaise», expliquait celui qui avait été exclu en 2018 de la course à la présidence de la République par le régime Kabila et qui a regagné le pays à l’avènement de Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo après que des facilités notamment un passeport, lui firent accordées. C'EST QUOI CETTE «RÉÉVALUATION»? Ce même 27 septembre, la proposition de loi Tshiani venait d’être retoquée par le bureau d’étude de l’Assemblée nationale, estimant qu’elle « énerve certaines dispositions de la Constitution et qu’il faudrait au préalable réviser la Constitution pour l’inscrire à l’ordre du jour ». Depuis, on rêvait de l’apaisement. C’est oublier l‘autre dossier : la composition de la Centrale électorale nationale. Qui la présidera la CENI ? Qui y siégeront? Quel (s) poste (s) sera (seront) accordé (s) à Ensemble

bistes au sein de l’Union sacrée suite au manque de capacité à faire régner l’ordre et la justice. Signé par les députés Dieudonné Bolengetenge Balea, secrétaire général d'Ensemble pour la République, Denis Kashoba Kabonshi et Jean-Claude Kibala N'kolde, présidents respectivement des groupes parlementaires AMK &Alliés et MS-G7, le texte au ton rarement atteint («mascarade», «nouveau cafouillage électoral», «méthodes cavalières et arbitraires», «farce», «plaisanterie de mauvais goût», etc.) écrit «que les principes et valeurs qui ont fondé l'Union Sacrée sont trahis chaque jour au profit des intérêts de quelques individus au détriment de la justice et du bien-être du peuple congolais». « Dans ces conditions, Ensemble et les deux groupes parlementaires s'engagent à réévaluer la situation du pays ainsi que leur participation au sein de l'Union Sacrée. Ils

pays à tous, notre patrimoine commun et le plus important ; alors que le peuple congolais souffre énormément d’une misère atroce du fait des carences de la gouvernance publique, du mépris et du cynisme de la classe politique, des appétits gloutons des certains dirigeants, de l’incapacité à faire régner l’ordre, la clique à Mboso (du nom du président de l'Assemblée nationale) veut poursuivre dans la voie de l’arbitraire et renforcer les conditions de l’esclavage de la majorité de nos compatriotes ». Mais c'est quoi exactement cette «réévaluation» qui clairement n'effraie pas trop le camp du pouvoir ? Signifie-t-elle le départ des Katumbistes du Gouvernement? L'opération ne serait pas nouvelle. Dans le passé, ceux-ci avaient déjà claqué les portes de l'alliance des Kabilistes... Bis repetita ? Mais autres temps, autres mœurs ? ALUNGA MBUWA n

Cap sur les Émirats Arabes

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hème principal de l’Expo Dubaï 2020, reportée à octobre 2021 suite à la pandémie de Covid-19 : « Connecter les esprits, construire le futur ». Au cours de ce Global Business Forum Africa, un des événements phare de la manifestation furent les échanges le 12 octobre entre le Président congolais, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, et Mme Reem Al Hashimy, ministre d’Etat émiratis en charge de la Coopération internationale et Directrice Générale d’Expo Dubaï 2020. Plus tôt, dans un oral en présence du Prince héri-

tier de Dubaï, Hamdan Ben Al Maktoum, le président congolais, au nom du Continent, a mis en exergue la dimension semi continentale de son pays, le bassin du Congo (les deux Congo et le Gabon) et le rôle majeur que le Congo peut jouer pour faire de l’Afrique une référence du monde.

ESPACE DE PARTAGE. Le président congolais qui a présenté les efforts déployés par le pays pour le réveil du Continent, préconise des échanges entre « les deux grands Etats ». A Expo Dubaï 2020, qui se veut un espace de partage d’une vision durable

du développement de la planète aux services des générations actuelles et futures, des entreprises et PME congolaises font leur marketing. C’est la première exposition universelle organisée dans la région du Moyen Orient, Afrique et Asie du sud. Elle marque le 50ème anniversaire de la Fondation des Emirats Arabes Unis. Au dernier Conseil des ministres - le vingtquatrième de l'équipe Sama Lukonde - le président a partagé les enseignements de cette visite et a parlé de ses retombées, mettant en exergue un investissement d’un milliard de $US avec possibilité d’octroi d’un

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milliard supplémentaires. Il a évoqué des Accords sur la protection des investissements, la non double imposition, la protection mutuelle des investissements, les tarifs douaniers et une assistance administrative en matière de douane. Tout comme la signature de la lettre d’intention avec le Gouvernement sur la mise en place d’un Comité conjoint de coopération et une autre signée entre la FEC, le patronat congolais et la Chambre de Commerce des Émirats Arabes Unis sur l’intensification des investissements et des opportunités d’affaires. ALUNGA MBUWA n


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La UNE

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Jules Alingete et l'IGF travaillent à « repousser les lignes de la corruption »

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écouvert et salué à l'échelle internationale pour ses résultats, l'Inspecteur Général des Finances-Chef de Service Jules Alingete Key est désormais sollicité par les médias internationaux. Ci-après, son entretien à la Voix de l'Amérique, VOA, avec le journaliste Marius Muhunga. Quelle est la mission de l'IGF ? L'Inspection Générale des Finances est un service public relevant de l'autorité directe du Chef de l'État, créé le 15 septembre 1987. Il a mission de veiller à la bonne exécution des lois et règlements en matière des Finances publiques. Il procède au contrôle des finances publiques du Gouvernement central, celles des provinces ainsi que celles des entreprises relevant du portefeuille de l'État. L'IGF fait le contrôle de tout ce qui est finances et biens publics de l'État, finances et biens publics relevant des provinces et des entités locales. Nous contrôlons la gestion des entreprises du portefeuille de l'État. C'est une Institution qui existe depuis longtemps. Pourquoi en parle-t-on plus aujourd'hui qu'avant, depuis votre nomination en juillet 2020 par le Président de la République ? Vers les années 88, pour la petite histoire, l'Inspection Générale des Finances a fait parler d'elle avec l'Inspecteur Général Kazumba Laula. Puis, elle a connu une longue période de léthargie. Avec l'avènement de Son Excellence Monsieur le Président de la République, Chef de l'État, qui a appuyé l'Inspection générale des Finances, qui a laissé les mains libres à ce service afin qu'il fasse le contrôle, et qui a mis la lutte contre l'impunité dans son programme, l'Inspection Générale des Finances a repris du poil de la bête. Cela s'explique par la volonté politique qui existe dans ce pays, qui consiste à mettre fin à des faits

L’IGF-CS Jules Alingete Key. DR. de corruption, de malversations et de détournement des deniers publics. Pouvez nous dire avec précision, depuis que vous êtes à la tête de l'IGF, combien avez-vous déjà retourné aux comptes de l'État ? Notre travail n'est pas seulement de retourner l'argent aux comptes de l'État. Outre le fait que nous contrôlons la dépense publique dans toute sa dimension, nous encadrons les régies financières pour mobiliser les recettes publiques. Aujourd'hui, l'augmentation des recettes publiques que les finances publiques congolaises viennent d'enregistrer est aussi le fait des efforts de l'Inspection Générale des Finances. Je dis « aussi » parce que c'est un travail d'ensemble. Sur la récupération des fonds, il y a une semaine, nous avons récupéré 1,5 million de $US au ministère de l'Agriculture, des fonds presque détournés. Il y a deux ou trois semaines, nous avons récupéré plus d'un million de $US à la FECOFA (Fédération congolaise de football, ndlr), des fonds déjà détournés. Il y a plus de deux mois, nous avons fait retourner plus de 16 millions de $US destinés à la paie de l'organisation d'un test national des élèves. Nous avons réussi à retourner la TVA aux comptes de l'État, des fonds détournés par une entreprise espagnole venue dans le cadre du projet Bukanga Lonzo (le parc agro-industriel, ndlr). Il y a beaucoup de choses que nous faisons. Aujourd'hui, nous arrivons à retourner l'argent au Compte Général du Trésor public. Nous

arrivons à contribuer sensiblement à la mobilisation des recettes. Nous tenons à contribuer à l'implémentation de la bonne gouvernance prônée par le Chef de l'État. Dans un pays où il y a beaucoup de corruption, quelles méthodes vous utilisez pour que vos agents ne tombent pas dans des pots de vin ? Nous travaillons efficacement pour conscientiser nos agents. Nous avons amélioré leurs conditions financières et leurs conditions de travail. Aujourd'hui, nos agents sont dans des meilleures conditions. Nous avons tous les outils de travail et les conditions salariales ont été sensiblement améliorées. Mais au-delà de tout ça, nous tenons chaque semaine des séances de sensibilisation des inspecteurs pour que chacun puisse prendre conscience qu'aujourd'hui, nous sommes appelés à jouer un rôle très important dans la lutte contre les antivaleurs qui ont longtemps gangrené les finances publiques congolaises. Vos agents sont tellement bien payés qu'ils résistent devant la corruption? Résister aux faits de corruption n'est pas le fait d'être bien payé. Il y a des gens qui ont beaucoup d'argent mais qui sont des corrompus. C'est d'abord un état d'esprit. Il faut travailler avec les agents et leur faire comprendre les méfaits de la corruption dans une société car nous sommes tous victimes de cette corruption. Tout ce que nous vivons comme misère au-

tour de nous, l'avenir du pays, l'avenir de nos enfants qui se trouve être compromis, c'est le fait de la corruption. Ce n'est pas quand on a de l'argent qu'on peut résister à la corruption mais quand on a compris les méfaits de la corruption et ses conséquences, là, on peut dire non. Donc, nous travaillons sur ce volet pour que les inspecteurs comprennent que nous devons dire non à la corruption. Nous devons aider notre pays à aller de l'avant au lieu de rester toujours parmi les pays les plus corrompus. Nous faisons un effort pour que les inspecteurs comprennent ça. Audelà de ça, il faut des moyens. Quelqu'un qui est complètement dépourvu de moyens ne peut résister face à la corruption. Voilà, nous travaillons sur tous ces tableaux... Certains vous accusent d'être un instrument utilisé par le pouvoir contre l'opposition. Que leur répondriezvous ? Je vais être direct parce qu'aujourd'hui, l'opinion a commencé à changer sur cet aspect. Au début, cela était tout à fait normal quand nous sommes arrivés et que nous avons trouvé dans les entreprises du portefeuille de l'État, des gens qui relevaient de l'ancien régime. Le Gouvernement qui était en place était composé de membres appartenant au nouveau et à l'ancien régimes. Et les gens ont eu l'impression que nous étions en train de faire la chasse aux membres de l'ancien régime. Aujourd'hui, nous avons un Gouvernement appelé de l'Union Sacrée composé essentiellement de membres de la majorité au pouvoir et des mandataires qui relèvent de la majorité au pouvoir. Aujourd'hui, les gens doivent comprendre que nous ne sommes pas là pour la chasse des membres de l'ancien régime. Depuis trois mois, nous avons déjà des problèmes avec beaucoup de membres du Gouvernement de l'Union sacrée. Je vous ai parlé des ministères des Sports, de l'Agriculture, de la Forma-

tion Professionnelle. Ceux-là ne sont pas de l'opposition mais ils ont des sérieux problèmes avec l'Inspection Générale des Finances. Nous avons récupéré des fonds qui étaient en train d'être détournés avec l'opération que nous avons mise en place sur instruction du Chef de l'État. Sur Augustin Matata Ponyo, l'ancien Premier ministre. Son camp parle d'une poursuite qui peut s'apparenter à une poursuite politique... Non ! Je vais vous dire sincèrement aujourd'hui que moi, je comprends la stratégie des personnes qui sont mises en cause par l'Inspection Générale des Finances qui cherchent des voies de sortie en évoquant des choses qui n'ont pas de sens. Comment parler de poursuite politique quand au départ, c'est luimême qui a écrit à l'Inspection Générale des Finances pour demander qu'elle puisse faire l'audit de Bukanga Lonzo. Ce n'est pas le pouvoir politique, ni le Chef de l'État, ni le Chef du Gouvernement qui a demandé. C'est lui-même. Nous avons une lettre. Il nous a écrit pour que nous puissions faire l'état de la situation de Bukanga Lonzo parce qu'il estimait que plusieurs fois son nom avait été cité abusivement. Nous avons fait le travail, en âme et conscience et nous lui avons rendu les conclusions en lui disant qu'il est fortement impliqué dans cette affaire. Voilà comment c'est parti... Moi je ne trouve aucun problème politique. Il faudra que les politiciens congolais comprennent qu'il y a infractions politiques et infractions de droit commun. Chez nous, au Congo, quand un politicien fait un accident sur la voie publique et qu'on lui dit qu'il y a mort d'homme - homicide involontaire -, il le transforme en une infraction politique. Il y a infraction de droit commun quand vous volez l'argent public et que si cela est établi, il ne faut pas parler de politique. C'est du droit commun... Pourtant, il y a

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d'autres membres du parti du Président tel l'ancien ministre de la Santé Eteni Longondo impliqué dans une affaire de corruption mais qui n'est pas poursuivi ! Du point de vue de l'Inspection Générale des Finances, il reste impliqué parce que nous l'avons mis en cause dans un rapport. Il y a beaucoup de faits graves de détournements et ce rapport se trouve sur la table du Procureur Général près la Cour de cassation. Donc, c'est au niveau de la Justice qui a eu à l'interpeller. Il a été mis sous mandat d'arrêt provisoire. Il a fait une ou deux semaines à Makala. La Justice l'a libéré provisoirement, ça c'est un problème de la Justice. Le dossier suit son cours normal. Il n'est pas mis hors cause. Pour qu'il le soit, la Justice doit produire une décision de classement sans suite du dossier. Or, il n'a pas cette décision. Vous avez été en contradiction avec le ministre de l'Enseignement sur la procédure de gestion de l'argent des examens d'État. Le ministre, membre de l'Union Sacrée, a-t-il été inquiété ? Dans le cadre de l'opération que nous appelons « patrouille financière », qui surveille le Compte Général du Trésor, nous suivons toutes les sorties de fonds afin de nous assurer que les bénéficiaires ont rendu des services à l'État ou ont vendu des biens à l'État pour lesquels ils sont payés. Nous avons vu un paiement qui était en train de sortir pour payer des intervenants à un test des élèves. Nous avons voulu en savoir plus. Nous avons creusé. L'argent n'était pas encore retiré, donc, l'argent n'était pas encore entre les mains du comptable de l'EPST. Nous avons fait bloquer cet argent au niveau du guichet de la Banque Centrale. Nous avons demandé que cet argent ne sorte pas, le temps que nous puissions vérifier. Après toutes les vérifications aujourd'hui à notre niveau, il s'avère que cet argent devrait rentrer au Compte Général du Trésor parce que le soubassement n'était

pas probant et il y avait des choses à dire autour de ce dossier. Le ministre des Finances a compris. L'argent est rentré dans le Compte Général du Trésor. C'est le plus important car l'argent était disponibilisé au guichet de la Banque Centrale. Dans vos attributions, pouvez-vous inspecter la Présidence de la République ? Nous contrôlons le comptable affecté à la Présidence de la République parce que c'est un comptable public comme les comptables des ministères ou de certains services. Ce comptable reçoit des fonds publics pour qu'ils soient utilisés par la Présidence. S'il y a des noms cités à la Présidence pour détournement, vous allez les traduire en justice ? Contrairement à ce que d'aucuns pensent, la volonté politique que nous voyons - celle de mettre fin à l'impunité et aux détournements - est manifeste. Par exemple, nous avons été saisis par la Présidence de la République pour faire un audit sur ses effectifs, sur tous les contrats qui lient la Présidence. Nous allons conclure dans une semaine. Qu'est-ce que vous y avez trouvé ? Il y a eu des problèmes tels avec les effectifs payés sans acte réglementaire et des contrats de service, de prestation... Et ça s'arrêtera là pour la Présidence? Il y a une différence entre l'audit et le contrôle. Ici, c'est la Présidence qui va prendre des mesures correctives face à ce problème de personnel ou ces contrats... Qu'espérez-vous sur la corruption et la gestion des fonds publics au Congo? Il n'existe dans aucun pays de corruption zéro. Mais nous, au Congo, nous ne voulons plus être cité comme le pays le plus corrompu. Nous espérons sensiblement repousser les lignes de la corruption, de malversations et de détournement.

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Le Parti pour l'Action rend public son Exécutif national

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ela faisait des mois que les Dirigeants du Parti pour l'Action, P.A, le Parti du Crabe, se réunissaient sous divers formats, dans divers lieux, débattant en vue de doter leur Alma Mater d'un Exécutif national imposé par le décès, le 22 novembre 2020, du très regretté PNPA - le Président National du Parti pour l'Action - Théo Kipulu Wast Mapela. C'est une équipe de « nouvelles herbes, des jeunes pousses du P.A », comme les nomme le PNH - le Président National Historique - le Professeur Tryphon Kin-kiey Mulumba, qui a pris possession de cet Exécutif présidé désormais par le Dr Steeven Masey Hombo, le nouveau Président National. Après examen et validation par le COPONA, le Conseil Politique National, survenus après la révision des statuts du PA, le nouveau PNPA a, par sa décision n°002/CAB/PNPA du 27 septembre 2021, nommé son équipe. Ci-après : Vu la Constitution de la République Démocratique du Congo du 18 lévrier 2006 tel que modifiée par la loi nr 11/002 du 20 janvier 2011 spécialement en ses articles 06 et 37, Vu la loi nr 04/002 du 15 mars 2004 portant organisation et fonctionnement des partis politiques et regroupements politiques spécialement en ses articles 10 ā 14, Vu l’arrêté ministériel nr 047/2008 du 30 septembre 2008 portant enregistrement du parti politique dénommé Parti pour l’Action, Vu les Statuts du Parti pour l’Action tels que modifiés à ce jour en ses articles 24 et 35, Vu le Règlement intérieur du Parti pour l’Action, Vu les recommandations de la première et de la deuxième Universités du Parti pour l’Action, Vu les recommandations du IIIè Congrès extraordinaire de la Sablière du 23 décembre 2020, Vu l’urgence et la

Deuxième Adjoint. Questions juridiques et Droits humains, Me Giscard Massamba. Me Pascal Omanyondo. Adjoint. Budget, M. Jean Jacques Ndemere. M. Vincent Ngumbu. Adjoint. Finances, Pasteur Maurice Makaniama Nsualu. Ir. Dha Kimwanga. Adjoint. Santé publique, Dr Destin Mbongi. Dr Elysé Kisioko. Adjoint.

De g. à dr., de bas en haut, PNPA Steeven Masey, S-G Me Thayeye Blaise Georges, S-GA Me Paul Lunko Nzuzi et Mme Sara Sipolo Manwana, porte-parole titutaire Betty Tamfumu et Adjoint Emmanuel Luyatu. DR.

Recherches scientifiques et technologiques, C.T. Clément Ngwamashi. Mme Rachel Mbana. Adjoint. Éducation, Alphabétisation, Création des leaders, M. Topsy Ntoto Bala. Me Jean Belesi. Adjoint. Infrastructures, Travaux publics, Aménagement du territoire et Habitat, Ir. Christian Atshwey. Ir. Gerry Kibwanga. Adjoint.

nécessité de la restructuration, de la rénovation et de la relance forte des activités du Parti sur toute l’étendue de la République Démocratique du Congo, Après validation du Conseil Politique National ; Décide : Article 1. Est nommé Secrétaire Général du Parti pour l’Action : Me Thayeye Blaise Georges. Article 2. Sont nommés Secrétaires Généraux Adjoints : - Idéologie, Stratégies, Suivi du processus électoral : Me Paul Lunko Nzuzi. - Administration : Mme Sara Sipolo Manwana. Article 3. Sont nommés membres des Bureaux des Ligues des Femmes et des

Jeunes : - LIGUE DES FEMMES : Me Christine Kalati Kititi, Présidente. CT. Yolande Mfiri, 1ère Vice-présidente. Me Rosette Makayenge Kamwen, 2ème Viceprésidente. Mme Perpétue Miyambi Mabwala, SecrétaireRapporteur et Porteparole. Trésorière. Trésorière Adjointe. Mme Léonie Mboma, Chargée de la Mobilisation et Sensibilisation. Mme Joséphine Mawete, Adjointe Chargée de la Mobilisation et Sensibilisation. - LIGUE DES JEUNES : M. Fils Ngampulu, Président.

Transports et Voies de communication, Me Manou Mbengesa Monene.

M. Raphaël Kipulu, 1er Vice-président. Me Grâce Tshiama Manzambi, 2ème Viceprésidente. Me Juresse Mayeko, SecrétaireRapporteur et Porteparole. M. Gustave Lokulaba, Secrétaire Adjoint.

M. Yekula Makanu Kanos Adjoint. Tourisme, Culture et Arts, M. Steeve Mafutamingi. M. Fiston Samono. Adjoint. Intendance et Permanence, M. Alfred Kutima. M. Yannick Muzama. Adjoint.

M. Beni Mabela, Trésorier. M. Michel Kangulu, Trésorier Adjoint. M. Arnold Kibulu, Chargé de la Mobilisation et Sensibilisation. Article 4. Sont nommés Secrétaires Nationaux et Secrétaires Nationaux Adjoints : Implantation, Recrutement, Mobilisation, Me Alain Kihanda Tamfumu. M. Jérémie Divioka. Adjoint.

Relations avec les Partis politiques frères et amis et les Associations, Me Richard-Léon Malangu Nsaka. M. Senghor Gisangi. Adjoint. Communication et Porte-parole du Parti, Mme Betty Tamfumu.

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M. Emmanuel Luyatu. Adjoint. Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication, Ir. Ulrich Valaki. Ir. Adem Kusengama, Premier Adjoint. M. Reddy Ndoni Lamu,

Article 5. Sont abrogées toutes les décisions antérieures contraires à la présence. Article 6. Le Directeur du cabinet du Président National est chargé de l’exécution de la présente décision qui entre en vigueur à la date de sa signature. Fait à Kinshasa, le 27 septembre 2021. Dr P. Steeven Masey Hombo. Président National n


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Le moral des chefs d'entreprises atteint l'amplitude la plus élevée depuis un an

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es estimations de la croissance économique congolaise sur la base des données de production fin juin tablent sur une progression de l’activité de 5,3% en 2021, en légère amélioration de 0,2 point par rapport aux estimations de mars dernier, contre 1,7 % réalisé en 2020. Le dynamisme de l’industrie extractive et la reprise de l’activité dans le secteur tertiaire, à la faveur de l’assouplissement des mesures de restriction, conjugué à l’embellie des cours mondiaux des principaux produits d’exportation du pays expliquent cette croissance du reste confirmée par l’évolution positive du baromètre de conjoncture. Du coup, en août, les chefs d’entreprises ont été plus optimistes quant à l’évolution de la conjoncture économique. Le solde global brut de leurs opinions mensuelles a atteint +24,4%, l’amplitude la plus élevée depuis la reprise de confiance enregistrée en septembre dernier. Cette évolution repose essentiellement sur le dynamisme observé dans les secteurs des mines sur fond, notamment, de la bonne évolution des cours de matières premières et de l’engagement pris par le Gouvernement de consolider la position congolaise comme Pays conforme à l’Initiative pour la Transparence des Industries Extractives (ITIE). En sus, la poursuite des travaux de construction des infrastructures de production et de transport de l’énergie électrique et de l’eau potable soutient cette embellie. À la première semaine du mois d’octobre 2021, il a été observé une légère hausse des prix sur le marché des biens et services. Le taux d’inflation hebdomadaire s’est établi à 0,088% venant de 0,070% la semaine précédente. Cette légère hausse est alimentée par le comportement de la composante «produits alimentaires et boissons non alcoolisées» qui a contribué à raison de 38,27% à l’inflation, suivi de «logement, eau,

électricités, gaz, et autres combustibles» avec 23,59%, «loisirs et culture» avec 9,53% et «transport» avec 7,25%. TAUX D’INFLATION ATTENDU À 4,551%. En cumul et glissement annuel, l’inflation s’est située respectivement à 3,483% et 5,027%. À la fin de l’année 2021, à condition inchangée, le taux d’inflation devrait s’établir à 4,551%, face à un objectif de moyen terme fixé à 7,0%. Au 8 octobre courant, le solde de l’État affiche un déficit de 303,1 milliards de CDF, résultant d’un niveau de recettes de 128,7 milliards et des dépenses de 431,8 milliards. Ce déficit a été financé essentiellement par les marges de trésorerie antérieurement constituées. Cette situation s’explique par l’exécution des dépenses en capital à hauteur de 322,8 milliards de CDF, en vue de réaliser certains projets inscrits dans le cadre du programme du Gouvernement. Concernant l’émission des valeurs du Trésor, sur un montant programmé de 26,9 milliards de CDF, le Trésor a levé 27,5 milliards sur le marché, au cours de la période sous examen. En cumul annuel, les émissions nettes demeurent positives, se chiffrant à 381,8 milliards de CDF. Au mois de septembre 2021, les opérations financières de l’État se sont clôturées par un déficit important de 685,2 milliards de CDF contre un déficit programmé de 112,6 milliard, financé principalement par les marges de trésorerie antérieurement constituées. Ce déficit réalisé est consécutif à un niveau des recettes de 1.119,9 milliards de CDF et celui des dépenses de 1.805,1 milliards. En cumul annuel à fin septembre 2021, la situation financière de l’État est excédentaire de 302,5 milliards de CDF alors qu’à la période correspondante de 2020, le solde. de l’État affichait un déficit de 777,6 milliards. L’exécution du plan de trésorerie au 31 août 2021 s’est clôturée par un déficit annuel de 20,5 milliards de CDF, expliqué par le non-paiement, par

l’État, des intérêts sur la créance titrisée, d’un import de 28,0 milliards de CDF. Au 30 septembre 2021, le déficit de la BCC a été ramené à 12,5 milliards. Au cours de la semaine sous analyse, les cours mondiaux des produits de base intéressant l’économie congolaise ont connu une évolution distincte. Sur le marché de Londres, le prix du baril du pétrole a augmenté de 6,0 %, en rythme hebdomadaire, s’établissant à 83,02 USD au 07 octobre 2021, portée par la décision de l’OPEP qui a choisi de ne pas relever davantage que prévu sa production. Quant au cuivre, il accuse une légère baisse de 1,42 %, en rythme hebdomadaire, se négociant à 9.095,00 USD la tonne. Celui de l’or a progressé de 1,58 %en une semaine, se fixant à 1.760,56 USD l’once. Concernant le cobalt (cathode 99,80 %), son cours s’est maintenu à son niveau de la semaine précédente, soit à 52.428,26 USD la tonne. S’agissant des produits agricoles, les cours du riz et du blé se sont accrus respectivement de 0,87% et 2,17% en rythme hebdomadaire, en raison de la montée du cours du pétrole et de l’accroissement de la demande. En revanche, le cours du maïs a reculé de 0,51%. Au 7 octobre 2021, ces cours se sont établis, respectivement à 305,5 USD la tonne, 272,52 USD la tonne et 196,32 USD la tonne. À fin septembre 2021, le volume des échanges a progressé de 44,08% par rapport à la période correspondante de 2020. La balance commerciale affiche un excédent de 12,08 % du PIS contre 4,45% observé en septembre 2020. Cette évolution s’explique par l’accroissement plus prononcé des exportations sur les importations, dans un contexte de hausse des cours mondiaux des produits d’exportations. Le marché des changes est resté relativement stable sur les deux segments du marché, en raison de l’effet conjugué de l’évolution favorable de la conjoncture extérieure, la maîtrise de la liquidité bancaire et l’accumulation des marges budgétaire et des réserves de changes. Au cours

de la semaine du 1er au 8 octobre, le CDF s’est légèrement déprécié de 0,07 % à l’indicatif, situant le taux à 1.997,08 CDF le $US, au 8 octobre 2021. Au parallèle, le taux de change est demeuré globalement stable, tant à Kinshasa que dans les provinces. Au 8 octobre 2021, le $US s’est négocié à 2.045,00 CDF à Kinshasa, soit une dépréciation hebdomadaire de 0,29 %. En province, le taux de change moyen s’est établi à 2.018,09 CDF/1$US, soit une variation nulle d’une semaine à l’autre. Au 7 octobre 2021, les réserves internationales se sont chiffrées à $US 3.281,22 millions, correspondant à trois mois d’importation des biens et services. Ce niveau de réserves tient principalement des efforts d’achat des devises par la BCC en plus des encaissements au titre de l’allocation générale de DTS. Au 7 octobre 2021, l’offre de la monnaie centrale a progressé de 5,2%, en rythme hebdomadaire, contre 2,7% la semaine précédente, atteignant 5.747,5 milliards de CDF. Cette augmentation est expliquée par un accroissement des avoirs intérieurs nets de 302,6 milliards de CDF, alors que les avoirs extérieurs nets ont diminué de 21,3 milliards de CDF. L’ÉCONOMIE EXPOSÉE À DES RISQUES. Au niveau des composantes, la hausse est expliquée par l’accroissement des avoirs libres des banques de 292,2 milliards de CDF, en rythme hebdomadaire. En raison de la stabilité des fondamentaux de l’économie, les instruments de la politique ont été maintenus : (i) le taux directeur à 8,5% depuis la dernière révision intervenue en juin 2020, (ii) les coefficients de la réserve obligatoire sur les dépôts en devises à vue et à terme respectivement à 13,0% et 12,0% et ceux sur les dépôts en monnaie nationale à vue et à terme à 0,0%. Quant au Bon BCC, l’encours global est resté à 85,0 milliards de CDF. Cet encours est reparti de la manière suivante : 40,0 milliards pour la maturité à 7 jours et 45,0 milliards pour celle à 28 jours. Le ni-

veau élevé des avoirs libres des banques a conduit à cette ponction importante de la liquidité. Le coût annuel s’élève à 720,0 millions de CDF contre 919,0 millions à la période correspondante de 2020. Le volume mensuel des refinancements au Guichet des prêts à court terme s’est élevé à 371,0 milliards au 08 octobre 2021, portant le volume global des opérations annuelles à 9.379,1 milliards de CDF. Pour rappel, à la période correspondante de 2020, le volume global avait atteint 392,9 milliards de CDF. Quant au guichet des facilités permanentes, aucune opération n’a été pas enregistrée en ce début du mois d’octobre. En cumul annuel, le volume des opérations sur ce guichet a atteint 350,0 milliards de CDF. Sur le marché interbancaire, les transactions annuelles se sont élevées à 565,5 milliards de CDF. Il sied d’indiquer que ce marché n’a plus opéré depuis le 27 septembre 2021. Au 7 octobre 2021, les avoirs libres des banques se sont établis à 647,2 milliards de CDF, soit une hausse de 292,2 milliards par rapport à la semaine passée, consécutive à la hausse des impôts des banques. En dépit de la stabilité de la conjoncture observée, l’économie congolaise demeure exposée à certains risques tant d’origine externe qu’interne. • Au plan externe : l’accès inégal à des contre-mesures médicales (accès aux tests, aux traitements, aux équipements et aux vaccins) exacerbe les risques sanitaires et économiques, situation qui pourrait plomber la demande extérieure et la reprise mondiale. • Au plan interne : mauvais signal donné par le volume important des dépenses du Trésor en un temps record, lequel a conduit à l’expansion du crédit net à l’État, induisant la surliquidité des banques et la dilatation de la base monétaire, susceptible de déstabiliser les fondamentaux de l’économie (inflation et une dépréciation de la monnaie), en cette période de fin d’année tendanciellement marquée par des tensions liées à

LE SOFT INTERNATIONAL | ÉDITION NATIONALE N°1536 | PAGE 6.

la demande pour la préparation des festivités. En vue de pérenniser la stabilité du cadre macroéconomique, il est indispensable de renforcer la coordination des politiques budgétaire et monétaire. Dans ce cadre, le Trésor devrait : • veiller sur le respect du pacte de stabilité ; • lisser ses dépenses de manière à éviter de les concentrer sur une courte période ; • mettre à jour un Plan de trésorerie réaliste sur lequel serait assis un plan d’engagement pour le dernier trimestre, produire et mettre de manière anticipée à la disposition de la BCC, pour besoin de prévision de la liquidité, les prévisions du PTR hebdomadaire ; • communiquer le programme des émissions des titres publics adossé au PTR et s’y conformer afin de crédibiliser davantage ses actions sur le marché. la BCC est appelée à : • maintenir le verrou central du dispositif mis en place dans le cadre du pacte de stabilité, portant exécution sur base caisse des dépenses publiques; . veiller sur le respect du pacte de stabilité ; • obtenir et exploiter davantage les PTR prévisionnels en vue d’améliorer la gestion de la liquidité ; • utiliser davantage le bon BCC pour réguler la liquidité ; • suivre de manière rapprochée le développement de la conjoncture en ce dernier trimestre de l’année et se tenir prête à toute modification éventuelle des instruments de la politique monétaire ; • surveiller des fluctuations de la liquidité et la préservation de l’équilibre entre l’offre et la demande de liquidité bancaire par des réponses adéquates à [‘aide des instruments de la politique monétaire. Renforcement de la policy mix : • inscrire le point sur la gestion du PTR du dernier trimestre à l’ordre du jour de la réunion de la troika technique et politique; • veiller sur la mise en application continue du pacte de stabilité; • mettre en œuvre les reformes retenues dans le cadre du pro-

gramme avec le FMI. ANNONCES DE LA BANQUE MONDIALE. Dans son rapport intitulé «Africa’s Pulse», la Banque Mondiale indique que l’économie de la région sub-saharienne devrait enregistrer une croissance en 2021 après une récession réalisée en 2020 due à la pandémie de Covid-19. L’activité économique de cette partie du Continent devrait progresser de 3,3% portée par l’effet conjugué du rebond des prix mondiaux des matières premières, de l’assouplissement des mesures de restrictions ainsi que de la reprise du commerce international. Mais il souligne que cette reprise devrait demeurer fragile et inférieure à la croissance observée dans les économies avancées suite à la faible couverture vaccinale, aux préjudices économiques prolongés et au manque de dynamisme de la reprise. En 2022 et 2023, la croissance de l'économie dans la région devrait s’établir autour de 4%. Les économies de la région devraient travailler davantage pour une reprise plus rapide, solide, résiliente et inclusive et retrouver le niveau d’avant crise. Il serait urgent d’accélérer la campagne de vaccination, par la fourniture de manière équitable des doses de vaccins et de traitement contre la pandémie. Ce qui permettrait aux autorités d’assouplir les mesures de restrictions, de faciliter la réouverture des activités et de stimuler l’investissement et la consommation. Pour la Banque mondiale, l’accélération de la campagne de vaccination dans la région pourrait progresser l’activité économique à 5,1% en 2022 et 5,4% en 2023. En outre, compte tenu des défis révélés par la crise, notamment ceux liés au changement climatique, le rapport indique que les autorités devraient réfléchir sur l’opportunité d'enclencher une transition vers des modèles économiques respectueux de l’environnement et mener des réformes structurelles ambitieuses. source BANQUE CENTRALE n


international

conjoncture économique |

ÉSTIMATION DE LA CROISSANCE DU PIB SUIVANT L’APPROCHE PAR LA PRODUCTION 2019-2020 Fin décembre 2020 BRANCHES D’ACTIVITÉS

Fin juin 2021

VA

VAR (%)

Contr. Crois. PIB Reel %

Contrib en point de croiss

VA

VAR %

Secteur primaire

5868,6

7,1

178,1

3,09

6317,5

7,6

65,7

3,49

Agriculture, forêt, élevage, chasse et pêche

2006,2

2,5

22,5

0,39

2062,2

2,8

8,2

0,43

Agriculture

1926,1

3,1

26,1

0,45

1984,4

3,0

8,5

0,45

- Vivrière

1894,7

3,1

25,5

0,44

1952,5

3,1

8,5

0,45

- Rente

31,4

3,8

0,5

0,01

31,9

1,6

0,1

0,00

Sylviculture

76,6

-9,2

-3,6

-0,06

74,1

-3,2

-0,4

- 0,02

Élevage, pêche et chasse

3,6

3,0

0,0

0,00

3,7

3,0

0,0

0,00

Extraction

3862,4

9,7

155,5

2,70

4255,3

10,2

57,5

3,05

Secteur secondaire

2007,6

-4,932

-47,4

-0,823

2006,8

0,0

-0,1

-0,007

Industries manufacturières.

1345,5

-7,2

-47,6

-0,83

1340,1

-0,4

-0,8

-0,04

- Industrie alimentaires, boissons et tabac

1126,5

-6,6

-36,3

-0,63

1137,8

1,0

1,6

0,09

- Autres industries manufacturières

219,0

-10,1

-11,2

-0,19

202,3

-7,6

-2,4

-0,13

Électricité, gaz, vapeur et eau

80,8

1,5

0,6

0,01

82,6

2,2

0,3

0,01

Bâtiment et Travaux publics

581,4

-0,1

-0,4

-0,01

584,1

0,5

0,4

- 0,02

Secteur tertiaire

4872,0

0,2

4,6

0,08

5095,6

4,6

32,7

1,74

Transports et Télécommunications

1615,4

10,0

67,0

1,16

1767,5

9,4

22,3

1,18

- Transports

858,8

-3,5

-14,1

-0,24

885,0

3,0

3,8

0,20

- Communication

756,6

30,8

81,1

1,41

882,5

16,6

18,4

0,98

Commerce

1792,2

-3,3

-27,5

-0,48

1838,1

2,6

6,7

0,36

Autres services marchands

1137,8

-4,5

-24,7

-0,43

1156,9

1,7

2,8

0,15

- Banques et assurances

189,4

-3,9

-3,5

-0,06

193,5

2,2

0,6

0,03

- Autres services

948,3

-4,7

-21,1

0,37

963,4

1,6

2,2

0,12

417,3

-5,9

-11,9

-0,21

425,6

2,0

1,2

0,07

- Éducation

12,0

-5,0

-0,3

0,00

12,2

2,0

0,0

0,00

- Santé

2,0

8,0

0,1

0,00

2,1

4,0

0,0

0,00

403,3

-6,0

-11,7

-0,20

411,4

2,0

1,2

0,06

-90,7

-3,9

1,7

0,03

-92,6

2,2

-0,3

-0,02

PIB au prix de base

12748,2

2,4

135,3

2,35

13419,8

5,3

98,3

5,2

Taxe sur les produits

132,1

-37,0

-35,3

-0,61

143,8

8,9

1,7

0,1

PIB aux prix constants

12880,3

1,7

100,0

1,74

13563,6

5,3

100,0

5,3

PIB hors mines

9017,94

-1,3

-55,5

-0,96

9308,34

3,2

42,5

2,3

Services d’administration publique

- Autres services non marchands SIFIM

Contr. Crois. Contrib en PIB Reel % point de croiss

Source CESCN.

ÉVOLUTION DES OPÉRATIONS FINANCIÈRES DE L’ÉTAT EN 2021 ET 2020 (EN MILLIARDS DE CDF) ANNÉE 2020 RUBRIQUES

AU 30 SEPTEMBRE 2021

CUMUL ANNUEL SEPT. 2021

VARIATION 2021/2020

AU 08 OCT. 2021

Mois de Sept.

Cumul Sept.

Program.

Réalisation

Tx Exéc. en %

Program.

Réalisation

Tx Exéc. en %

Mois de sept.

Cumul sept.

Réalisation

Douanes et accises (DGDA)

207,1

1450,4

220,9

281,2

127,3

1942,7

2216,1

114,1

35,8

52,8

49,3

Impôts directs, indirects (DGI)

404,0

2405,8

502,2

588,1

117,1

3735,6

4728,5

126,6

45,6

96,5

36,6

Recettes non fiscales (DGRAD)

95,6

866,8

152,1

204,5

134,4

1376,9

1430,7

103,9

114,0

65,1

42,8

Pétroliers Producteurs

21,1

129,5

20,3

45,5

224,4

226,9

237,9

104,9

115,9

83,7

0,1

Dons et autres recettes

2,0

1,8

0,0

0,6

0,0

128,5

215,9

0,0

0,0

11757,4

Total revenus et dons

729,7

4854,3

895,4

1119,9

125,1

7282,2

8829,2

121,2

53,5

81,9

128,7

Dépenses courantes

681,3

5029,1

783,8

1142,1

145,7

6212,2

6850,4

110,3

67,6

36,2

94,7

Salaires

410,8

3450,6

444,9

460,8

103,6

3901,9

3958,1

101,4

12,2

14,7

10,1

Intérêt sur la dette

0,0

18,8

17,0

11,7

68,9

92,4

34,8

37,7

0,0

84,9

0,5

Dont dette extérieure

0,0

14,8

5,0

3,7

74,2

40,4

22,8

56,6

0,0

53,9

0,5

Frais de fonct. Inst. et Min.

157,4

879,4

198,1

267,5

135,1

1233,0

1575,3

127,8

70,0

79,1

58,6

Institutions Politiques

80,4

366,0

80,0

139,6

174,5

557,5

840,5

150,8

73,7

129,7

35,5

Ministères

77,0

513,4

95,0

127,9

134,6

675,5

734,8

108,8

66,1

43,1

33,1

Dépenses en capital

69,9

126,2

112,8

570,5

506,0

616,0

728,9

118,3

715,7

477,6

322,8

Amortissement de la dette

0,0

171,7

-46,6

-41,0

88,0

431,4

-365,4

-84,7

-312,9

-0,4

Autres dépenses

23,4

304,9

158,1

92,4

58,4

348,4

947,4

271,9

295,6

210,8

14,3

Total dépenses (+amort. dette)

774,6

5631,8

1008,0

1805,1

179,1

7608,0

8526,7

112,1

133,0

51,4

431,8

Solde (intégrant amort. dette)

-45,0

-777,6

-112,6

-685,2

608,6

-325,8

302,5

-92,8

1424,2

-138,9

-303,1

Dont Élections

Source: PTR du secteur public (DTO) et Tableau de suivi de la situation financière de l’Etat (BCC). LE SOFT INTERNATIONAL | ÉDITION NATIONALE N°1536 | PAGE 7.


international

conjoncture économique |

COURS DES PRODUITS MINIERS ET ÉNERGÉTIQUES 31-déc.-20

29-janv.-21

26-févr.-21

31-mars-21

30-avr-21

31-mai-21

30-juin-21

30-juil-21

31-août-21

30-sept-21

7-oct-21

Pétrole (brent) $/ baril

51,52

55,46

64,42

63,44

66,72

70,38

75,01

75,20

72,06

78,32

83,02

Variation (en %)

0,00

0,00

-2,28

-1,87

-0,71

2,27

-0,23

-0,34

-1,89

-0,33

2,48

6,00

7 803,50 -0,47

7 778,50 -1,48

9 614,50 3,54

8 788,50 -1,72

9990,00 1,40

10159,50 1,27

9225,50 -1,16

9781,00 0,87

9352,00 0,00

9226,00 -0,39

9095,00 0,04

-1,42

32 000,00

41 245,00

51 995,00

50 610,00

47140,00

43615,00

48500,00

52425,00

50090,00

52980,00

52965,00

8,65

0,00

0,00

0,00

0,00

0,00

0,00

0,00

0,00

0,00

0,00

34 768,21

38 631,35

46 357,62

55 629,14

50507,73

44922,74

44922,74

44922,74

44922,74

52428,26

52428,26

0,00

0,00

0,00

0,00

0,00

0,00

0,00

0,00

0,00

0,00

0,00

1 888,97

1 840,67

1 772,89

1 679,57

1 766,38

1908,51

1761,00

1828,15

1814,88

1733,10

1760,56

0,49

0,23

-1,33

-1,63

-1,02

0,78

-0,80

0,73

0,00

-0,35

0,35

1,58

Var. hebdo

Cuivre LME $/tm Variation (en %) Cobalt Londres $/tonne Variation (en %) Cobalt (Cathode 99,80) $/t. Variation (en %) Or New York $/o.t. Variation (en %)

Source Banque Centrale du Congo.

-0,03

0,00

COURS DES PRODUITS AGRICOLES

31-déc-20

29-janv-21

26-févr-21

31-mars-21

30-avr-21

31-mai-21

30-juin-21

30-juil-21

31-août-21

30-sept-21

7-oct-21

Riz Chicago $/tonne

269,43

297,13

283,11

290,95

295,58

292,49

290,84

301,99

289,85

302,87

305,52

Variation (en %)

2107,51

0,52

0,00

-0,30

0,15

-0,38

-0,57

0,00

-0,23

-0,65

1,69

Blé Chicago $/tonne

235,57

243,75

240,81

227,21

272,98

243,34

246,88

258,73

259,83

266,73

272,52

2,47

-2,17

2,70

-0,67

-0,25

4,96

-0,21

-0,28

2,15

-0,64

174,45

201,10

204,23

201,01

272,06

241,45

264,71

201,10

196,32

197,33

196,32

0,00

2,34

0,54

1,39

5,41

-1,02

3,67

-1,97

-1,16

-0,42

0,33

Variation (en %) Maïs Chicago $/tonne Variation (en %)

Var. hebdo

0,87 2,17 -0,51

Source: Banque Centrale du Congo

ÉVOLUTION DES RÉSERVES DE CHANGE Date

Reserves internationale en millions de USD

RME

31 déc. 2020

708,89

583,72

29 janv. 2021

692,94

583,47

26 févr. 2021

632,53

528,83

31 mars 2021

505,71

643,57

30 avril 2021

783,70

691,07

31 mai 2021

1 117,59

672,75

29 juin 2021

1 229,44

639,85

30 juil. 2021

1 792,09

657,15

31 août 2021

3 236,72

651,98

03 sept. 2021

3 229,47

663,75

10 sept. 2021

3 382,36

654,02

17 sept. 2021

3 358,76

24 sept. 2021

ÉVOLUTION DE LA BALANCE COMMERCIALE À FIN SEPTEMBRE 2021 (En millions de USD) SEPTEMBRE

MOIS

2020

2021

Variations (%)

EXPORTATIONS

9 733,83

15 614,65

60,42

IMPORTATIONS

7 566,53

9 311,34

23,06

SOLDE GLOBAL

2 167,31

6 303,31

190,84

Source: Banque Cenrale du Congo sur base des données de la DGDA, l’OCC et la Commission Interministérielle d’Harmonisation des Statistiques Minières et autres.

ÉVOLUTION DES ÉMISSIONS MONÉTAIRES (En millions de CDF) CUMUL JUILLET 2021

Rubrique

MOIS D’AOÛT 2021

CUMUL AOÛT 2021

Réalisation

Prévision

Réalisation

Tx exéc. en %

Réalisation

Encaissements

384,463

37,856

45,921

121,3

430,384

645,87

Décaissements

404,730

37,856

46,141

121,9

450,871

3 297,84

714,48

Solde

-20,267

0

-0,22

01 oct. 2021

3 293,72

738,91

07 oct. 2021

3 281,22

748,50

-20,487

Source: PTR de la Banque Centrale du Congo (Direction de la Comptabilité et de Budget

Source Banque Cenrale du Congo.

ÉVOLUTION DU TAUX DE CHANGE À KINSHASA Taux de change CDF/1 USD Taux indicatif

Var. en %

Taux parallèle acheteur

vendeur

moyen

Taux indicatif

Var. en % par rapport à fin déc. 2020

Taux parallèle acheteur

vendeur

moyen

Taux indicatif

Taux parallèle acheteur

vendeur

moyen

Écart parallèle moyen et indicatif en %

en CDF

2,44

48,19

31 déc. 20

1971,81

2015,00

2025,00

2020,00

29 janv. 21

1979,00

2012,33

2020,33

2016,33

-0,36

0,13

0,23

0,18

-0,36

0,13

0,23

0,18

1,89

37,34

26 févr. 21

1980,75

2019,33

2028,33

2023,83

-0,09

-0,35

-0,39

-0,37

-0,45

-0,21

-0,16

-0,19

2,18

43,08

31 mars 21

1982,36

2019,33

2028,33

2023,83

-0,08

0,00

0,00

0,00

-0,53

-0,21

-0,16

-0,19

2,09

41,47

30 avr. 21

1990,25

2007,67

2016,33

2012,00

-0,40

0,58

0,60

0,59

-0,93

0,37

0,43

0,40

1,09

21,75

31 mai 21

1989,99

2020,67

2028,67

2024,67

0,01

-0,64

-0,61

-0,63

-0,91

-0,28

-0,18

-0,23

1,74

34,67

29 juin 21

1988,55

2021,33

2028,33

2024,83

0,07

-0,03

0,02

-0,01

-0,84

-0,31

-0,16

-0,24

1,82

36,29

30 juil. 21

1994,68

2016,33

2024,00

2020,17

-0,31

0,25

0,21

0,23

-1,15

-0,07

0,05

-0,01

1,28

25,49

31 août 21

1990,99

2031,67

2039,00

2035,33

-0,04

-0,16

-0,05

-0,11

-0,96

-0,82

-0,69

-0,75

2,23

44,34

24 sept. 21

1994,13

2029,33

2037,67

2033,50

-0,01

0,00

0,00

0,00

-0,12

-0,71

-0,62

-0,66

1,97

39,37

1 oct. 21

1995,69

2034,00

2044,00

2039,00

-0,03

0,00

-0,03

-0,02

-1,20

-0,93

-0,93

-0,93

2,17

43,31

4 oct. 21

1995,98

2035,00

2044,33

2039,67

-0,01

-0,05

-0,02

-0,03

-1,21

-0,98

-0,95

-0,96

2,19

43,69

6 oct. 21

1995,40

2035,67

2048,33

2042,00

0,01

0,00

-0,16

-0,08

-1,18

-1,02

-1,14

-1,08

2,34

46,60

8 oct. 21

1997,08

2040,00

2050,00

2045,00

0,00

-0,08

-0,03

-0,06

-1,27

-1,23

-1,22

-1,22

2,40

47,92

-0,07

-0,29

-0,29

-0,29

Variation hebdo Source: Banque Centrale du Congo

LE SOFT INTERNATIONAL | ÉDITION NATIONALE N°1536 | PAGE 8.


international

LES bonnes feuilles

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Comment « guérir le Congo du mal zaïrois »

C

'est un livre susceptible de faire référence : « Guérir le Congo du mal zaïrois» (Paris, L'Harmattan, juillet 2021, 372 pages). Pas moins! Docteur en Économie de l'Université japonaise de Tsukuba, professeur à l'Université de Kinshasa, Vice-Premier ministre en charge du Budget, l'auteur Daniel Mukoko Samba a tout pour porter une thérapeutique. Il revient au Congo en 1996, après neuf ans au Japon pour son doctorat, et se retrouve, comme il s'y attendait, absorbé par la fournaise de la guerre de l'AFDL qui emporte le régime Mobutu. «La transition politique ratée d'avril 1990 avait tourné (le pays) en un véritable plongeon dans l'abîme. L'économie nationale était en lambeaux. La réforme monétaire de septembre 1993 avait accéléré les déséquilibres de plus en plus profonds entre les espaces politiques et aggravé le fossé entre les élites et les masses», écrit-il. Au lendemain de l'indépendance, un économiste de la Banque Mondiale du nom de Kamarck annonce que sept pays africains dont le Congo, allaient enregistrer des taux de croissance économique parmi les plus élevés au monde (7% par an) et déclasser ceux d'Asie de l'Est « au sujet desquels les pronostics étaient défavorables ». Le Botswana fait certes 6,4%, mais la Corée du Sud réalise 5,8%, Singapour 5,6%, la Malaisie 3,9%. Le Congo plonge : une perte de 3,3% par an. Il n'y aura pas de «tigres africains» mais de « tigres asiatiques». «Le Congo est généralement présenté comme un gâchis, un cas désespéré, un pays à la tête duquel se succèdent des dirigeants incapables et prédateurs », écrit Daniel Mukoko Samba qui veut « démêler les mailles d'une toile complexe ». S'il dit ne pas proposer « certainement la solution miracle », il est «convaincu que les facteurs qui constituent les éléments essentiels de la tragédie congolaise sont éparpillés entre plusieurs axes» qu'il présente dans « un récit cohérent pour les rendre intelligibles ». Juste l'auteur d'une Nouvelle société zaïroise, livre paru en 1994, précise-t-il que par « mal zaïrois », il entend « l'impuissance de l'action publique » sans faire « référence à un système qui serait spécifique au régime Mobutu ». Chapitre 7 : Transformer l'État pour développer le Congo. Bonnes feuilles. Esquisse d'un programme développementaliste pour le Congo. Parler d'un État développemental au Congo peut paraître utopique tant la structure étatique que nous avons décrite dans les pages précédentes apparaît comme étant située à des années lumière de ces États d'Asie du Sud-Est caractérisés par une forte coordination des politiques publiques assurée par des élites disciplinées et totalement engagées à la réussite des projets nationaux. Rappelons que voulant catégoriser les États sur une échelle linéaire, Evans (1995) avait identifié trois types: l'État prédateur, l'État intermédiaire, et l'État développemental. Le Congo était le prototype de l'État prédateur tandis que la Corée du Sud était le prototype de l'État développemental. Passer d'un État prédateur à un État développemental est un véritable tour à 180 degrés. Je suis d'avis, avec Whitfield

par DANIEL MUKOKO SAMBA, Docteur en Économie de l'Université de Tsukuba, Japon. Professeur à l'Université de Kinshasa.

et Therkildsen (2011), qu'en matière de développementalisme, il ne sert à rien d'envisager de grandes stratégies. La formation d'un État est en effet un processus trop complexe qui ne se prête nullement à des schémas préétablis. Les state-builders l'ont appris à leurs dépens en Irak, en Afghanistan, et partout ailleurs où ils ont tenté de créer un nouvel État après une opération militaire. Au contraire, la formation d'un État ne peut se réaliser qu'à travers un processus de type learning-by-doing, le plus important étant de disposer de lignes directrices pour guider l'action. C'est l'objet de cette section. Mon intention dans cette section est donc plus modeste que ne le laisse suggérer le titre. Il serait en effet illusoire de proposer un programme exhaustif de formation d'un État développementaliste à partie des conditions initiales décrites dans les pages précédentes. Le plus important, j'en suis convaincu, est de poser les ancrages critiques susceptibles de donner un sens réel à l'action publique. Car, le plus dramatique au Congo, c'est cette inefficacité quasi innée d'un État qui annonce des politiques, mais ne sait les réaliser, se rétracte ou tout simplement les oublie, puis élabore des plans qui ne sont jamais mis en œuvre, se replie dans un passé effacé tout en proclamant s'inscrire dans une révolution du futur et sans se donner les moyens de réaliser ce bond dans un futur différent, meilleur, et transformateur. Ces ancrages, il

faut d'abord les créer dans l'administration territoriale, dans l'occupation et la transformation du territoire, puis dans les grandes orientations de la politique industrielle. Sans ces ancrages, tous les plans resteront des vœux pieux. Ainsi, fort des enseignements tirés de l'évolution de l'économie congolaise depuis l'indépendance et de l'expérience d'autres pays, la section traite successivement de la nécessité de réinventer l'État congolais dans ses axes fondamentaux afin de lui conférer l'hégémonie qui lui manque tant et débloquer la croissance économique. Réinventer l'État congolais. Pour certains auteurs, notamment Englebert (2003), les élites congolaises et les acteurs externes se plaisent à maintenir l'État congolais dans une situation de faible capacité pour mieux exploiter les ressources du pays à leur profit tout en jouissant de la garantie qu'offre la reconnaissance de la souveraineté internationale du Congo. Cette thèse de la propension à la prédation perpétue l'idée que le Congo est un État illusoire qui aurait dû naturellement se désintégrer à cause de «l'hétérogénéité de ses populations, (...) [les] dislocations de l'occupation étrangère, (...) [les] rébellions muées, et (...) la dispersion géographique de ses ressources naturelles (Englebert 2003 : 63). Englebert rejoint Herbst et Mills en suggérant que la communauté internationale aurait intérêt à considérer d'autres options

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(notamment la partition du pays) plutôt que de maintenir le Congo dans ses contours géographiques actuels. Il estime aussi que le «nationalisme postcolonial» nourrit les tensions interethniques en renforçant les « micro identités ». Ces conclusions découlent d'une conception de l'État qui ne fait pas assez de place à l'évolution historique des institutions et à la dynamique des relations entre les élites et les masses. Je suis convaincu que l'affaiblissement de l'État congolais répond à une dynamique des forces diverses internes et externes. Les forces externes agissent à travers les décisions prises par des acteurs internationaux et qui ont un impact sur le positionnement du Congo dans les chaînes des valeurs industrielles. Elles ont pris depuis plusieurs années des formes violentes, en maintenant une économie militarisée dans les zones minières et forestières le long de la frontière avec l'Ouganda, le Rwanda, le Burundi et le Sud-Soudan. Le pouvoir coutumier et le secteur informel constituent des forces internes qui réduisent le contrôle que l'État est censé exercer sur tout le territoire national de manière exclusive. La multiplicité institutionnelle, pour reprendre le terme de Hesselbein, est reconnue dans le diagnostic le plus récent sur l'État congolais. On peut lire dans la version définitive du Plan quinquennal 20192023 (pp. 12.13) ce qui suit : «Une organisation politique et administrative complexe et inachevée du fait de la précipitation et du manque de préparation dans la mise en œuvre des mesures importantes ainsi que la faible capacité des agents des administrations publiques, obligeant les partenaires extérieurs de mettre en place des agences d'exécution des missions dévolues à l'administration publique classique. Les rôles et fonctions de l'État dans le développement sujets à confusion et mal assurés du fait du foisonne. ment d'acteurs (étatiques, traditionnels élus, nommés, cooptés, internationaux) ainsi que la gestion peu transparente des affaires publiques et des ressources naturelles en particulier, sur fond de création des administrations parallèles et officielles, la faiblesse du leadership dû notamment au taux de rotation élevé, à la corruption généralisée. Les jeux et les modes de régulation sociopolitique sont complexes et inadaptés à l'action de développement, du fait d'une confusion entre la représentation communautaire et politique, l'existence des partis politiques personnalisés, peu représentatifs et peu démocratiques à l'interne. À cela s'ajoutent des processus électoraux laborieux, une légitimation à 4 modalités (élection, cooptation, nomination, hérédité), le non-respect des échéances électorales, des blocages et résistances aux réformes qui balayent des intérêts partisans. On observe également une rupture entre les paliers organisationnels, entre les structures traditionnelles (village, groupement, territoire) et les entités modernes (ville, entités décentralisées), l'inadéquation entre les réformes politiques et les impératifs de développement économique. La perpétuation des approches et pratiques négatives en rapport avec le rôle, fonctions et les missions de l'État dans le développement avec comme conséquences une corruption généralisée et tolérée, la fragilité de l'autorité de l'État: à cela s'ajoute la faillite quasi(Suite en page 10).


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LES bonnes feuilles

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Congo État prédateur, Corée du Sud État développemental (Suite de la page 9). généralisée des entreprises publiques en dépit des réformes des entreprises publiques menées, un climat d'affaires peu attrayant, la faible qualité des services sociaux de base. » Dans cette sous-section, nous allons successivement montrer pourquoi et comment l'État congolais devrait d'abord être réinventé avant qu'il ne prétende jouer le rôle de l'agent de développement qui est naturellement attendu de lui. Cette réinvention doit permettre de restreindre l'étendue des pouvoirs alternatifs qui disputent à l’État son hégémonie et lui donner les moyens de transformer le territoire national. Notre démarche consiste donc à rechercher les canaux essentiels par lesquels les capacités de l'État peuvent être renforcées. a. Intégration du pouvoir coutumier. L’argument le plus couramment utilisé par les élites politiques congolaises pour justifier l'importance du pouvoir coutumier est la légitimité du pouvoir dont seraient détenteurs les chefs coutumiers. Ce pouvoir immatériel s'étend aux ressources foncières dont les chefs seraient les gardiens par tradition, ce qui leur confère un pouvoir consultatif sur toutes les matières de développement local. La constitution de 2006 a reconnu l'autorité coutumière dévolue conformément à 10 coutume locale (Article 207). La constitution a également élevé le secteur et la chefferie au rang d'entité territoriale décentralisée (Article 3). La loi organique 08/016 du 7 octobre 2008 a fixé la composition, l'organisation et le fonctionnement des ETD. Elle a doté ces entités des conseils de secteur ou de chefferie dont les membres sont élus au suffrage universel direct. Les chefs de secteur sont élus au sein ou en dehors des conseils de secteur tandis que les chefs de chefferie sont désignés selon la coutume. Ces organes ont des attributions larges relativement aux matières de développement local. Notons que le secteur (la chefferie) est subdivisé(e) en groupements et le groupement en villages. Au sens de la loi 15/015 du 25 août 2015 fixant le statut des chefs coutumiers, ceux-ci sont désignés conformément à la coutume locale et président à la tête des chefferies, des groupements, et des villages. Rappelons qu'à l'époque coloniale, l'administration formelle directe s'étendait aux agglomérations habitées par les populations européennes tandis que l'administration indirecte concernait les populations congolaises vivant dans les milieux coutumiers. L’hégémonie du pouvoir colonial sur le monde rural était assurée par des chefs coutumiers qui dépendaient totalement des fonctionnaires de l'État pour leur investiture. Le Commissaire de district avait le pouvoir de reconnaître l'existence d'une chefferie au terme d'une enquête menée par l'administrateur de territoire. Il avait aussi le pouvoir d'investir le chef. Ce droit de création a été dans plusieurs contrées utilisé abusivement pour diviser des communautés afin de mieux les contrôler. Le décret du 5 décembre 1933 avait sensiblement modifié le sens et l'organisation des circonscriptions indigènes devenues des entités d'auto-développement tandis que les secteurs créés par le même décret vont regrouper des entités coutumières jugées de faible importance pour prétendre au statut de circonscription autonome. En fait, le secteur pouvait être considéré comme un indicateur du degré d'intrusion de

l'administration coloniale dans l'espace coutumier, comme le Centre extracoutumier l'était en milieu urbain. La volonté d'une plus profonde intrusion était manifeste vers la fin de la période coloniale. De Clerck (2006 : 204) rapporte la détermination de l'administration coloniale, contre la volonté réelle ou affichée du ministre des Colonies, d'accélérer le regroupement des petites chefferies en secteurs. Le regroupement des petites chefferies en secteurs a causé beaucoup de mécontentement parmi les chefs qui perdaient leur statut de chef investi et leur traitement. Le processus de regroupement fut laborieux, mais en 1950 il n'y avait plus au Congo que 452 chefferies pour 509 secteurs. La création des secteurs constitue une intrusion importante de l'autorité coloniale dans l'organisation politique traditionnelle: c'est le commissaire de district qui crée le secteur regroupant les petites chefferies; c’est lui qui en désigne le chef et no=e les notables qui composent le conseil de secteur. On est loin du respect intégral de l'organisation coutumière de la société indigène. Dans une note du 6 décembre 1951, le ministre a attiré l'attention de son administration sur «l'effacement (...) du régime légal de la chefferie indigène et de l'augmentation parallèle du nombre des secteurs. » Dans un pays où la ségrégation résidentielle était la norme, les Congolais ne pouvaient résider que soit dans les villages faisant partie des chefferies ou des secteurs, soit dans les centres extracoutumiers et, plus tard dans les cités indigènes qui étaient des agglomérations quasi urbaines formées près des agglomérations européennes et qui abritaient les Congolais employés dans l'administration publique 50 dans les entreprises européennes. Cette description reflète assez bien la dichotomie du célèbre ouvrage de Mamdani (2004), Citoyen et Sujet. Même si la décolonisation fait tomber les murs séparant les villes des blancs des cités des noirs ainsi que les restrictions qui pesaient sur les mouvements des paysans, l'organisation administrative qui avait pris sa forme définitive en 1933 est restée quasi immuable après 1960 excepté la brève période de deux ans entre 1975 et 1976, période pendant laquelle le Président Mobutu tenta d'embrigader les chefs coutumiers dans le but d'asseoir définitivement la primauté du PartiÉtat sur toutes les institutions. il y a une rupture totale entre le cadre organique de l'administration territoriale et l'effectivité du pouvoir exercé par ces nombreux chefs coutumiers. Ceux-ci ne jouent plus de rôle actif dans la collecte des impôts et taxes ni encore moins dans d'autres tâches administratives. Il y a donc une illusion d'encadrement administratif alors que dans la réalité, le pays est profondément sous-administré. L'interaction entre le pouvoir d'État et le pouvoir traditionnel peut produire des résultats différents selon que les deux s'intègrent harmonieusement en étendant leur sphère d'influence, ou que le pouvoir d'État a tendance à éclipser le pouvoir traditionnel, ou encore que les deux pouvoirs s'évitent en faisant preuve de moins d'intégration possible (Nuesiri 2012). Le Botswana est le pays ayant réussi une intégration parfaite des deux pouvoirs, comme nous l'avons montré précédemment. Ayant réglé ce problème tôt dans l'histoire du pays, le BDP de Seretse Khama a eu tout le loisir d'engager le Botswana dans un projet national dont les résultats sont salués aujourd'hui. La littérature est pleine d'évidences de la relation déterminante entre la capacité de l'État et les institutions

comprises ici au sens de North (1990) et Acemoglu et Robinson (2008), c'est-àdire des règles non écrites, des normes endogènes intégrées dans les relations sociales et qui facilitent les relations entre l'État et la société. Ces normes définissent la légitimité de l'État qui elle, à son tour, nourrit la capacité de l'État. Si la légitimité de l'État est remise en cause à travers la distorsion de ces normes sociales, il devient illusoire de renforcer la capacité de l'État, quelles que soient les mesures de bonne gouvernance que l'on peut envisager. Au contraire, le déficit de légitimité conduit à des formes d'organisation néopatrimoniale du pouvoir d'État (Englebert 2000). Acemoglu, Johnson, et Robinson (2003) attribuent le succès du Botswana à la préservation et à l'adaptation des institutions précoloniales qui ont permis de régler au préalable et de manière définitive le problème de la légitimité. A travers tout le territoire congolais, les diverses populations locales entre. tiennent encore le souvenir d'un passé supposé glorieux et dont la disparition est imputée au pouvoir colonial représenté dans l'imaginaire collectif par le pouvoir d'État actuel. À ce jour, le Congo compte 474 secteurs, 263 chefferies et 5375 groupements. On peut imaginer le nombre élevé des centres de décision d'un pouvoir coutumier éclaté et revendicatif de sa gloire perdue. C'est certainement pour cette raison que ces entités coutumières sont enclines à des conflits de pouvoir et/ ou des conflits fonciers qui rendent leur participation aux efforts de développe. ment peu probable. Conscient de l'instabilité qui règne dans la plupart de ces entités, le constituant de 2006 a dans le dernier alinéa de l'article 207 de la Constitution fait obligation an chef coutumier de promouvoir l'unité et la cohésion nationale. Soucieux de prévenir les conflits, le législateur a reconnu dans la loi 15/015 que le chef coutumier assure la pérennité des coutumes et la bonne marche de sa juridiction (Article 10) et l'a enjoint de veiller à la cohésion, à la solidarité et à la justice soda le dans sa juridiction; sauvegarder et faire respecter les valeurs traditionnelles morales, le patrimoine Culturel, les vestiges ancestraux dont les sites et lieux coutumiers sacrés; veiller, conformément à la Loi, à la protection des espaces fonciers qui relevant des terres des communautés locales; promouvoir les relations de bon voisinage avec les entités voisines. Mais, ces précautions légales sont insuffisantes pour atténuer le risque des conflits au sein des autorités coutumières. Il y a d'abord les conflits entre les autorités coutumières et les structures administratives établies. Ce type de conflit est plus fréquent là où les chefferies couvrent les mêmes étendues géographiques que le territoire (Mambi 2010) et ont souvent pour cause immédiate les tentatives de création des nouveaux secteurs. Il est compréhensible que la création des secteurs ne puisse pas emporter l'assentiment des chefs de chefferie qui voient dans ces initiatives une source de dilution de leur autorité. Même si le décret de 1933 avait sup' primé les sous-chefferies, la pression démographique est, dans les zones de fort peuplement, à la base des demandes d'affranchissement coutumier. L’ingérence des autorités administratives dans les décisions d'affranchissement (synonymes de création de nouveaux groupements) et/ou d'investiture des chefs coutumiers dégénère le plus souvent en affrontements meurtriers. Le ressentiment et les frictions résultant de l'affranchissement de la lignée Bena Mwanza Mande Kanyuka de la lignée originelle de Bajila Ka-

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sanga sont l'une des causes lointaines du drame de Kamuina Nsapu qui a endeuillé la province du Kasaï Central en 2017 (Congo Research Group 2018, Kabata 2018). Les conflits les plus courants sont toutefois ceux ayant trait aux questions foncières, de succession, de pouvoir, de délimitation des frontières entre entités coutu. mières, et de contestation de la légitimité traditionnelle. À la suite d'une série d'enquêtes menées dans le Bulega (Sud-Kivu), Mwilo-Mwihi (2018 : 18) a identifié trois types de conflits majeurs au sein du pouvoir coutumier: « les conflits de succession au sein de la même famille régnante; les conflits de pouvoir entre plusieurs lignages au sein d'une même entité; et la contestation du pouvoir d'un Chef par les personnes appartenant aux clans différents du clan régnant.. Ces conflits affectent la totalité des quarante-et-un groupements du Bulega répartis en quatre chefferies. Bula-Bula (2014) a décrit un conflit pour le contrôle du pouvoir coutumier opposant deux entités dirigées par des membres d'une même famille dans le territoire de Dibaya (Province du Kasaï Central). Ce conflit qui a duré de 2008 à 2012 a opposé deux frères d'une même famille. Le pouvoir étant directement rattaché à la coutume, sa légitimité s'exprime par excellence par le droit foncier qui dans les terres appartenant aux collectivités rurales reste du ressort du droit coutumier. Dans le conflit décrit par Bula-Bula, deux vies humaines furent perdues et d'importants dégâts matériels furent enregistrés. Dans tous les cas, quelle que soit la diversité des incidents plus ou moins violents signalés ici et là, le trait commun et dominant dans l'espace coutumier partout au Congo est la contradiction entre ce que Muchukiwa (2016) appelle le territoire ethnique et le territoire étatique. Au cœur de cette contradiction réside la reconnais. sance du statut de primo-occupant. Dans un contexte de propriété collective des terres, cette contradiction prive les non primo-occupants de tout droit de propriété. Mais, cette conception est statique et fait référence à des temps perdus dans l'histoire. Entretemps, la loi foncière de 1973 et le vide juridique qu'elle a créé en milieu rural a donné la possibilité à des individus, quels qu'ils soient d'user du droit de propriété. Les acquisitions réalisées sur la base de la loi de 1973 donnent souvent lieu à des conflits que les administrations locales et la justice ne savent toujours pas régler de manière efficace. La question de la concurrence pour l'antériorité de l'identité ethnique est générale à tout le pays même si elle se pose sous des formes différentes d'une région à l'autre. Elle donne lieu à un niveau de violence extrêmement faible dans la province du Kongo Central où elle ne se pose qu'au niveau des clans lignagers plutôt que de groupes ethniques. Elle est par contre beaucoup plus létale dans l'espace du Kivu. Dans leur étude des conflits dans le Masisi (Nord Kivu), Mathieu et Mafkiri (1998) ont mis en évidence la cause lointaine du conflit séculaire entre les populations dites autochtones (hunde, nyanga, tembo) et les communautés rwandophones. Certains de ces groupes rwandophones étaient installés dans le Masisi bien avant la transplantation par le pouvoir colonial des populations rwandaises à partir de 1937. Soucieux de vivre dans une entité autonome, les premiers banyarwanda transplantés du Rwanda purent bénéficier (Suite en page 11).


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L'ouverture politique de 1990

laisse libre cours aux potentats locaux (Suite de la page 10). de l'enclave de Gishari qui leur fut cédée par les chefs coutumiers hunde à la demande des autorités coloniales. Une chefferie autonome soustraite de l'autorité des chefs hunde fut créée en 1940. Cependant, le pouvoir colonial dut supprimer la chefferie autonome de Gishari en 1957, rétablissant ainsi l'exercice du pouvoir par les chefs coutumiers hunde sur l'enclave, pour résoudre le conflit qui était né entre les banyarwanda et les hunde quand les premiers voulurent étendre les limites de la chefferie autonome. La relation conflictuelle entre les deux communautés a été par la suite renforcée par les tergiversations autour de la loi sur la nationalité. La loi 71-020 du 26 mars 1971 avait attribué la nationalité congolaise de manière collective à toutes les personnes originaires du Ruanda-Urundi et établies au Cougo à la date du 30 juin 1960. Cette nationalisation collective fut abrogée l'année suivante par l'article 47 de la loi 72-002 du 5 janvier 1972. La loi de 1972 a adopté une position plus restrictive en matière de nationalité en posant les principes légaux qui sont restés d'application jusqu'à nos jours, entre autres, l'interdiction du cumul de plusieurs nationalités et la limitation des modes d'acquisition de la nationalité. Ces principes seront retenus dans la loi 81-002 du 29 juin 1981 qui, tout en abrogeant la loi de 1972, avait retenu eu sou article 4 qu'est zaïrois (...) à la date du 30 juin 1960, toute «personne dont un des ascendants est ou a été membre d'une des tribus établies sur le territoire de la République du Zaïre dans ses limites du 1er août 1885, telles que modifiées par les conventions subséquentes. Quant aux personnes originaires du Ruanda-Urundi, la loi disposait que les personnes qui étaient établies dans la province du Kivu avant le 1er janvier 1950 et qui avaient continué à résider depuis lors dans le pays jusqu'à l'entrée en vigueur de la loi avaient acquis la nationalité à la date du 30 juin 1960. En définissant la nationalité en ces termes, la loi exacerbait la notion de primo-occupant, créant dans le chef des communautés banyarwanda une incertitude qu'ils avaient hâte d'éliminer. Les répercussions ne tardèrent pas. (...). Devant cette situation explosive, la Conférence Nationale Souveraine (CNS) était, pour les communautés d'origine rwandaise, une opportunité de régler la question de la nationalité qui était essentielle pour elles. Cependant, l'Acte portant dispositions constitutionnelles relatives à la période de transition du 4 août 1992 avait maintenu la position restrictive de 1981 en matière de nationalité. N'ayant pas obtenu gain de cause par les négociations ouvertes au niveau national dans le cadre de la CNS, les leaders des groupes ethniques souffrant de ce préjudice vont recourir à des moyens violents dès que l'équilibre sociopolitique dans la région aura été perturbé par l'arrivée des réfugiés rwandais en 1994. Quand éclate la première guerre du Cougo, « autochtones » et « allochtones » vont se livrer à la concurrence de nouvelles alliances avec les groupes armés formés pour combattre le régime du Président Mobutu et avec les armées étrangères qui sont venues appuyer cette insurrection. La concurrence pour l'antériorité n'est pas limitée aux confrontations entre autochtones et allochtones. On retrouve aussi des confrontations entre groupes autochtones. C'est le cas du conflit entre les Babembe et les Babuyu dans le territoire de Fizi. Il s'agit là de deux groupes établis depuis belle lurette sur les terres de ce qui deviendra le territoire de Fizi. Comme dans le cas des Batende et des

Banunu à Yumbi (Mai-Ndombe), le conflit entre Babembe et Babuyu tourne souvent autour du droit de propriété foncière dans quelques contrées, plus particulièrement dans le secteur de Lulenge (Muchukiwa 2016). Dans le cas du secteur de Lulenge, celui-ci comprend cinq groupements (Basimimbi, Basimunyaka Sud, Basikasingo, Basombo, et Obekmu). Les Babuyu étant majoritaires dans le groupement de Basikasingo, ils y réclament le statut de primo-occupant, en plus du fait qu'ils nourrissent le projet de créer une entité homogène qui serait rattachée à d'autres entités des provinces voisines du Maniema, du Haut-Lomami et du Tanganyika habitées par les leurs. Les faits décrits dans les lignes qui précèdent révèlent un véritable problème d'administration territoriale qui est assez largement documenté (Kabata 2018, Bula-Bula 2014, MwiloMwihi 2018, Mambi 2010). Comment en effet envisager dans ces conditions de conflictualité et de faible capacité dans les collectivités de base l'exécution par ou avec la collaboration des chefs coutumiers des tâches qui requièrent de l'expertise technique non disponible d'ailleurs dans les milieux coutumiers? Ces milieux ne sont en effet ni producteurs de savoirs susceptibles de contribuer à la construction, l'aménagement et l'entretien des voies d'intérêt local, les programmes d'assainissement, de vaccination et de promotion de la lutte contre le VIH/SIDA et les maladies endémiques, la construction et l'entretien des minicentrales pour la production de l'énergie électrique, pour ne citer que ces matières dévolues aux conseils de secteur ou de chefferie (Article 73 de la loi 08/016 du 7 octobre 2008). Le problème fondamental que pose le pouvoir coutumier est celui de la gouvernabilité des milieux ruraux. Ce problème prend plus d'ampleur dans une société profondément atomisée, intensément déstructurée, fortement déséquilibrée, selon les mots de Bouvier (1967 : 435). Les communautés de base en milieu rural sont extrêmement segmentées même dans les zones où il a subsisté pendant assez longtemps des formes de centralisation du pouvoir traditionnel. C'est dans les villes et surtout à des moments de grande effervescence politique que les Congolais ont toujours tenté de faire face à cette fragilité en se regroupant en des associations faisant prévaloir leur appartenance à des groupes ethniques. Dans un pays économiquement miné dans lequel les structures étatiques n'avaient plus les moyens politiques et financiers d'assumer leurs fonctions, l'ouverture de l'espace politique par le Président Mobutu après son discours du 24 avril 1990 avait laissé libre cours aux potentats locaux de tous bords. Il était tout naturellement logique, comme entre 1956 et 1963, que ces espaces d'expression soient leurs milieux d'origine. Les nouveaux, « tireurs de ficelle » se sont « créés » en s'imposant comme étant les « porte-paroles » des espaces géographiques plus larges. Là où il était plus difficile de se prévaloir de représenter des espaces plus larges, tous les prétendants au pouvoir politique avaient dû s'appuyer sur le pouvoir coutumier qui n'avait cessé de réclamer sa reconnaissance officielle. L’ethnicisation est donc un comportement de réaction face à la perte d'un sens d'appartenance à une communauté. Dans ces conditions, les chefs coutumiers sont des relais importants des aspirations communautaristes exprimées par leurs « sujets » engagés dans les luttes politiques tant au niveau national qu'au niveau local en même temps qu'ils utilisent ces mêmes « sujets u pour faire avancer leurs revendications

identitaires. Il n'y a dans cette dynamique aucune rationalité économique et aucune motivation pour la création d'une classe d'agriculteurs prospères en milieu rural. Au contraire, en ajoutant à la fragmentation des élites urbaines celle des groupes ruraux, ces segmentations créent une société où, selon Englebert et Tull (2013], les contestations sont la norme, les négociations le mode préféré de règlement des conflits, et les compromis instables la règle sociale de base. Puisque les contestations sont généralement liées au pouvoir (légitimité), et à l'accès aux ressources (hérédité, antériorité], les frictions au niveau local créent des niches où viennent se greffer des réseaux économiques qui, profitant de cette instabilité structurelle, se livrent à des activités économiques en utilisant des canaux informels. Plus les ressources disponibles sont commerçables sur les marchés extérieurs et plus elles sont transportables à des coûts raisonnables (le cas du coltan), plus ces réseaux se connecteront à l'économie mondiale en excluant l'État. Ce schéma décrit bien la situation des régions frontalières de l'Ituri, du Nord Kivu et du sud Kivu. À ce stade, nous pouvons affirmer que les élites politiques congolaises ont eu tort de mimer l'organisation administrative mise en place par le pouvoir colonial. Elles ont également eu tort de ne pas avoir réglé les problèmes majeurs de gouvernabilité qui se posent en milieu rural et qui se sont accentués à la suite des pressions démographiques et des demandes politiques nées au gré des vicissitudes de l'histoire. L'un de ces graves problèmes de gouvernabilité du territoire est la coexistence de deux types d'administration indirecte (dans les chefferies) et directe (dans les secteurs). Il est évident que pour éviter d'embraser le pays en menant une attaque frontale contre les autorités traditionnelles, le colonisateur avait préféré tolérer la continuation des pouvoirs traditionnels là où ils avaient préservé une certaine autonomie tout en diminuant leur influence par le découpage des parties de leurs territoires inté. grées aux secteurs nouvellement créés, la relégation hors de leurs chefferies des chefs jugés récalcitrants à l'ordre colonial, et la création des sous-chefferies plus tard transformées en secteurs (Mulambu 1984). La coexistence des deux types d'entités pose un réel problème à la fois de droit et d'administration. Les chefs coutumiers se réfèrent au droit coutumier et aux traditions ancestrales pour la gestion des conflits et l'administration de leurs peuples tandis qu'on attend des chefs des secteurs qu'ils appliquent le droit positif même si, dans leur cas aussi, les entités sous leur autorité, (les groupements et les villages) sont essentiellement régies par le droit coutumier. La constitution de 2006 et les lois organiques découlant d'elle ont gardé cette dichotomie intacte. En privilégiant la préservation des valeurs traditionnelles invoquées dans l'exposé des motifs de la loi fixant le statut des chefs coutumiers au détriment de l'efficacité de l'action administrative pour le développement économique, le législateur congolais a fait le choix de l'immobilisme au détriment de la modernisation. Il est peu évident que les services administratifs secondés depuis l'époque coloniale auprès des chefs de chefferies (secrétaire comptable, greffiers de tribunal, policiers et cantonniers) soient encore d'une efficacité certaine. Il est indispensable pour le Congo d'intégrer l'espace coutumier dans l'architecture administrative moderne, pour le bénéfice du développement économique. Les ingrédients de ce

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processus d'intégration sont partiellement disponibles dans les textes relatifs à la décentralisation. D'abord, il est indispensable de confirmer le transfert des compétences de développement local au niveau de la subdivision administrative la plus proche des populations, en l'occurrence le secteur ou son équivalent la chefferie. Toutefois, ce transfert est un engagement en faveur d'une administration moderne et donc des aptitudes humaines et organisationnelle qui ne sont pas disponibles au niveau du secteur ou de la chefferie. Dans tous les cas, la dichotomie investie dans le chef coutumier qui assure à la fois des charges coutumières et des charges administratives ne peut pas porter l'élan modernisateur attendu de cet échelon administratif. Le programme que nous proposons pour assurer l'intégration du pouvoir coutumier comprend deux volets: i) le renforcement de la décentralisation; et ii) la spécialisation du Sénat. Renforcement de la décentralisation. La Constitution de 2006 a institué au Congo deux échelons pour l'exercice du pouvoir d'État. En tant que deuxième échelon, la province est de droit une composante politique et administrative jouissant d'une large autonomie d'action. La province nous paraît être l'échelon idéal pour tisser les mailles d'un large filet des solidarités entre les élites locales et les masses à travers le territoire national. C'est, nous semble-til, d'ailleurs l'intention du constituant. Donner du contenu concret à cet objectif devrait contribuer à structurer le milieu rural qui est resté longtemps à l'abandon et partant, à relever l'énorme défi de l'accroissement de la productivité du travail dans le secteur agricole. Le dispositif organisationnel d'un tel programme existe bel et bien dans les textes et documents adoptés depuis 2010, notamment la Note de Politique Agricole et le PNIA. Il s'agit notamment des Conseils Consultatifs Provinciaux prévus par la Loi portant principes fondamentaux relatifs au secteur agricole, des Conseils Agricoles et Ruraux de Gestion (CARG) devant être établis jusqu'au niveau des territoires. L’activation de ces dispositifs d'encadrement devrait rendre effective la formulation des programmes détaillés de développement rural basés sur des inventaires précis des ressources disponibles, des opportunités des débouchés, et des contraintes géographiques et sociologiques. Bien plus, en tant que lieu d'interaction du pouvoir central et de la province, c'est au chef-lieu du territoire ou à un autre lieu choisi en tenant compte de contraintes géographiques que devrait être installé le centre de gestion de tous les services participant à l'équipement rural (routes, électrification, eau, abattoirs, silos de stockage des produits agricoles, etc.). On peut deviner l'énorme travail de création des capacités d'administration et de gestion que la mise en place d'un tel dispositif suppose. C'est pour cette raison que ce programme devrait être envisagé comme un processus de long terme de type learning-by-doing et conduit de manière progressive et flexible pour tenir compte de la divergence des facteurs de localisation (notamment les distances entre les centres d'équipement et les localités). Les mesures susceptibles de renforcer la décentralisation comprennent la spécification des compétences du territoire et la séparation des attributions coutumières et des attributions administratives. Le territoire est une entité déconcentrée. Par la loi organique 10/011 du 18 (Suite en page 12).


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Rendre le Sénat compétent dans les initiatives en lien avec les provinces (Suite de la page 11). mai 2010, il est reconnu comme étant l'échelon d'impulsion, de coordination, d'appui-conseil, et d'inspection de l'action de l'État et de la Province (Article 4). Cette disposition résulte du fait que malgré le choix politique assez fort qui a été opéré dans la constitution de 2006, l'on a conservé la même structuration pyramidale datant de 1933, le district n'ayant été supprimé que parce que la délimitation des provinces s'est faite, à l'exception de la province du Kongo Central, sur la base des 25 districts existants depuis 1933. Les attributions de l'Administrateur de territoire sont d'ailleurs quasi similaires à celles de l'exécutif du secteur ou de la chefferie. Il est indispensable de préciser les compétences de territoire pour faire de cet échelon administratif un véritable centre d'impulsion et d'appui-conseil du programme de développement rural. Ainsi, le territoire cesserait d'être un simple échelon administratif supplémentaire entravant l'effort de décentralisation. il représenterait au mieux le pouvoir d'État en devenant l'antenne locale des directions provinciales chargées de l'équipement et des services susceptibles de modifier l'espace physique (infrastructures routières, irrigation, reforestation, organisation des transports, facilitation des services financiers décentralisés, etc.). Les politiques publiques dans les secteurs clés de la vie nationale ne seront efficaces que lorsque les centres de relais pour leur mise en œuvre effective au niveau local seront dotés des capacités nécessaires d'encadrement administratif de la population. Le rétablissement des relations entre l'État et les citoyens est à ce prix. Il y a à ce niveau deux défis majeurs. il faut d'abord créer les capacités au niveau du pouvoir central pour la formulation des normes techniques et administratives, la production des manuels de gestion administrative, et la mise en place des mécanismes de supervision et de contrôle. Ensuite, il faut bâtir les capacités au niveau local en se servant des prototypes normalisés définis par le pouvoir central. C'est de cette manière que la fourniture régulière des biens publics deviendra possible, restaurant ainsi une relation de confiance entre l'État et les citoyens. Il faut en effet donner un sens à la décentralisation, un sens à la fois politique et économique. L'absence de cette motivation est la plus grande erreur qui a été commise dans toutes les tentatives de décentralisation depuis 1982. Nous avons montré au chapitre 4 que l'aménagement du territoire congolais a été organisé par les entreprises jouissant de pouvoirs concédants. Le Plan décennal n'a pas pu rééquilibrer les disparités résultant des discontinuités physiques parce que la logique financière des grands groupes qui dominaient l'économie congolaise a prévalu sur les intentions des planificateurs. Rappelons, si besoin en était encore, que « le territoire de la RDC représente en lui-même un défi majeur. Sa configuration faite d'un centre quasiment vide de populations, peu attractif sinon répulsif, et de périphéries regroupant l'essentiel du peuplement et des activités le prive d'une centralité géographique forte, l'expose à des forces centrifuges» (Pourtier 2008 : 25). La zaïrianisation a décimé les réseaux commerciaux et la base agricole qui constituaient le deuxième palier de l'économie, le premier palier étant constitué des grandes entreprises minières. C'est pourtant au niveau de ce deuxième palier que s'organisait la vie des communautés les moins connectées aux grands couloirs des transports. La désorganisation du

pouvoir coutumier qui avait conservé les réflexes de l'époque coloniale alors qu'il avait été dépouillé progressivement de ses mandats et la dislocation de l'administration territoriale après les assauts répétés du MPR Parti-État et de l'urbanisation grandissante ont fini par faire du territoire congolais un véritable désert. Le territoire congolais a donc besoin d'être réoccupé, reconstruit, et réaménagé. C'est vers l'accomplissement de cette tâche que la décentralisation doit être orientée. La séparation des attributions coutumières et des attributions administratives peut se faire par l'uniformisation progressive des secteurs compensée par le rapprochement des chefferies aux groupements. La question est ardue tant le pouvoir coutumier a su préserver une importance significative dans l'espace politique de la plupart des pays d'Afrique subsaharienne. Il s'agit aussi d'une opération complexe qui fera face à une vive résistance de la part des autorités coutumières dans les contrées où celles-ci ont été les pins résilientes. Mambi (2010) rapporte une expérience d'un exécutif bicéphale tentée dans la chefferie de Pelende Nord (Province du Kwango) avec un fonctionnaire exerçant le pouvoir administratif et le Chef des familles régnantes, le Kyamvu, contraint de n'exercer que les activités coutumières. (Mambi 2010 : 79) rapporte que « dans la pratique les usagers de l'administration rendirent le chef coutumier compétent des litiges de toute nature notamment les conflits administratifs au point d'inhiber l'action administrative du « chef fonctionnaire » contraint, par la force des choses, à la démission». Même si cette expérience s'est soldée par un échec, elle renferme des enseignements utiles. Il est évident qu'un chef coutumier ne se départirait pas des compétences administratives sans compensation. Celle-ci serait le prix auquel le chef céderait sa « légitimité » au pouvoir d'État. Il devrait être possible, dans ces conditions, de concevoir un éventail d'incitations pour faire admettre aux chefs coutumiers les mérites d'une administration locale tournée vers le développement économique et basée sur l'expertise technique. Dans un pays si diversifié, il faut se garder de généraliser à outrance. En effet, nul ne remettrait en cause le fait que les Bami en territoire Shi, Nande et Lega ont sur leurs sujets plus d'ascendance que les chefs coutumiers du Kongo Central, une des provinces où le pouvoir colonial a réussi une plus profonde intrusion. Toute politique d'intégration du pouvoir coutumier doit tenir compte de cette diversité et adopter une démarche progressive et modulée selon les contingences locales. Comme suggéré par Boone, il y a un lien entre le degré d'ascendance que les chefs coutumiers peuvent avoir sur les populations locales et l'importance des intérêts économiques dans la région. La thèse de Boone est bâtie en croisant ces deux variables. Là où les autorités coutumières ont une ascendance élevée sur leurs sujets, le pouvoir d'État les considérera comme une menace et aura tendance à les réduire au silence si les intérêts économiques sont importants ou à partager le pouvoir avec les autorités coutumières si les intérêts économiques sont moins importants. Dans le cas où l'ascendance est faible, l'État imposera une administration d'occupation si les intérêts économiques sont élevés, tandis qu'il aura tendance à négliger les espaces contrôlés par les autorités coutumières s'il estime que les intérêts économiques existants ne méritent pas un investissement majeur. Même si

cette classification n'est pas exhaustive, elle donne toutefois des indications sur les modalités variées d'intégration susceptibles d'être tentées ici et là. L'intégration du pouvoir coutumier participe de cette question, car elle doit réduire le degré de multiplicité institutionnelle, L'autorité coutumière étant reconnue par la constitution et celle-ci ayant institué un partage du pouvoir d'État entre le pouvoir central et les provinces, il est indispensable de penser à régler la question du degré de capacitation économique des leaderships locaux à partir desquels il devrait être possible de construire des classes économiques autonomes. Il n'y a rien de mieux que les activités agricoles, de pêche, et d'élevage pour réussir un tel ancrage, l'activité minière étant plus connectée aux marchés extérieurs même quand elle est pratiquée de manière artisanale123. En créant des détenteurs de pouvoir économique au niveau local, on crée aussi des forces susceptibles de soutenir les programmes de développement rural et les réformes essentielles à son émergence. L'organisation des services de vulgarisation agricole et des marchés ruraux, l'approfondissement de l'intermédiation financière, et la régularisation des titres fonciers font partie de ces réformes essentielles. Spécialisation du Sénat. Excepté la période pendant laquelle le Président Mobutu tenta une expérience « authentique », l'architecture constitutionnelle adoptée au Congo depuis 1960 est de type occidental avec notamment un parlement bicaméral. La Constitution de 2006 a établi un lien entre les provinces et le Sénat, les membres de cette chambre étant élus au second degré au sein des assemblées provinciales. Toutefois, dans le contexte d'un bicaméralisme égal, le Sénat a des compétences peu précises par rapport au rôle qu'il devrait jouer en faveur du développement des provinces et de l'intégration des autorités coutumières. Un des meilleurs moyens pour rétablir ce lien serait de ne rendre le Sénat compétent que pour les initiatives législatives ayant trait aux provinces et aux questions constitutionnelles. C'est le cas en Afrique du Sud où la constitution a prévu une modalité particulière pour les matières législatives ayant trait aux provinces de manière à marquer le rôle dévolu au Conseil National des Provinces (National Council of Provinces - NCOP), la deuxième chambre législative. C'est aussi le cas du Kenya où la constitution de 2010 dispose que le Sénat est une chambre particulière qui représente les provinces (counties), protège leurs intérêts et leurs gouvernements (Article 96). Ce rôle de représentation et de protection des intérêts des counties, le Sénat l'exerce à travers : (i) la fonction législative ponr toutes les matières relatives aux counties ; (ii) l'allocation des revenus à caractère national entre les counties ; (iii) le contrôle des revenus alloués aux counties; (iv) la déchéance des gouverneurs. La spécialisation du sénat kényan dans sa fonction législative est clairement définie dans la constitution. Tout projet (ou proposition) de loi ne concernant pas les counties n'est traité qu'au sein de l'Assemblée nationale et votée par cette seule chambre tandis que les textes ayant trait aux counties sont examinés dans les deux chambres, chacune d'elles ayant la liberté de l'initiative. La constitution définit de manière précise le texte ayant trait aux counties (Article 110) et enjoint aux présidents des deux chambres de se concerter au préalable, avant tout examen de texte, pour déterminer si le texte soumis à l'examen de

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l'une ou l'autre chambre est un texte ayant trait aux counties ou non. L'allocation des revenus entre le pouvoir central et les counties, puis les counties entre elles, est étroitement réglée dans la Constitution et dans la loi sur les gouvernements provinciaux. Toutefois, en reconnaissance du caractère très technique de l'exercice, la Constitution kényane a créé une Commission d'Allocation des Revenus (Article 215). Celle-ci est composée de neuf membres n'appartenant à aucune des deux chambres. Il s'agit de : un Président de la Commission nommé par le Président de la République; deux personnes désignées par les partis politiques représentés au sein de l'Assemblée nationale et au prorata du nombre des sièges; cinq personnes désignées par les partis politiques représentés au sein du Sénat et au prorata du nombre des sièges; et le Secrétaire général (Permanent Secretary) du ministère des Finances. C'est à cette commission qu'il revient de formuler des recommandations sur la répartition équitable des revenus collectés par le gouvernement. La commission est aussi habilitée pour formuler des recommandations sur le financement des budgets des gouvernements provinciaux afin d'y garantir la responsabilité fiscale. La constitution a aussi fait obligation au Sénat de déterminer par une résolution soumise au vote la clé de répartition entre les counties de la part des revenus leur alloués annuellement (Article 217). Les tranches annuelles sont fixées dans deux textes qui sont votés chaque année, le Division of Revenue Bill et le County Allocation of Revenue Bill. Le Sénat kényan est également compétent pour décider de la déchéance d'un gouvernement de province après un vote de défiance au sein de l'assemblée provinciale. La « spécialisation » du Sénat est indispensable au Congo, à la fois pour cimenter la décentralisation et pour mieux intégrer le pouvoir coutumier. Dans sa composition, le Sénat devrait inclure des représentants de ce pouvoir selon différentes formules imaginables. Outre le Botswana que nous avons longuement évoqué dans les pages précédentes, l'Afrique du Sud est l'un de ces pays africains ayant relativement réussi un programme d'intégration des autorités traditionnelles au sein d'une administration largement décentralisée. Le succès relatif de l'Afrique du Sud peut être attribué à l'existence d'une capacité étatique avérée, au niveau d'industrialisation relativement avancée de l'économie, et surtout au fait que le parti au pouvoir, l'ANC, avait une position claire vis-à-vis du pouvoir coutumier considéré comme trop conciliant à l'égard du régime de l'apartheid. Malgré sa réticence initiale, l'ANC avait dû reconnaître la résilience des chefs traditionnels et avait entrepris de les, embrigader dans sa stratégie de développement rural. Cet embrigadement supposait toutefois que l'autorité traditionnelle devait subir une transformation pour la rendre compatible à l'architecture constitutionnelle postapartheid (Williams 2009). b. Intégration du secteur informel. Le secteur informel est une autre sphère dont l'influence a besoin d'être circonscrite pour donner à l'État congolais les chances d'accroître son efficacité. Il est évident qu'il existe un lien entre le niveau de PIB par habitant et la taille de l'informel. Plus le PIB par habitant est élevé, moins élevée est la taille du secteur informel. Il est donc tout à fait normal de tirer de la longue période de décroissance économique (Suite en page 13).


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La formalisation de l'économie est un sujet de grande préoccupation (Suite de la page 12). enregistrée au Congo l'inférence que le secteur informel s'était accru au gré des ajustements de divers ordres. On peut aussi inférer qu'un État qui aurait perdu sa capacité à fournir les biens publics tout en conservant son éventail de régulation se verrait rejeté par des citoyens désabusés par l'incapacité du même État d'appliquer ses propres règles. L’incapacité de l'État est en grande partie due à la généralisation de la corruption dans l'administration publique. C'est donc moins la seule taille du secteur informel qui est un problème. C'est surtout l'élargissement de la culture de l'informalité. Celle-ci entretient l'incapacité de l'État qui, à son tour, renforce l'informalité. Depuis l'excellent ouvrage de De Soto (1988), il existe une abondante littérature résumée par Loayza (2016) et qui jette de l'éclairage sur les causes et les conséquences de l'informalité, ainsi que sur les stratégies de formalisation envisageables. La formalisation de l'économie nationale est un sujet de grande préoccupation. Comme nous le montrons dans la sous-section suivante, l'accroissement de la productivité est dans l'économie congolaise plus le fait de la transformation intrasectorielle que d'un véritable changement structurel. Ce mouvement laisse certainement filer vers le secteur informel beaucoup de travailleurs licenciés par les firmes les plus performantes du secteur formel. Si rien n'est fait pour réduire la taille du secteur informel, la productivité globale du travail baissera de manière continue. Le développement économique s'en trouvera retardé, ce qui est injustifiable au vu des pressions démographiques présentes et futures. Bien plus, la croissance du secteur informel laisse perdurer une allocation sous-optimale de la ressource la plus rare dans l'économie congolaise, le capital. On trouve de plus en plus d'évidences empiriques dans la littérature sur la relation négative entre la taille du secteur informel et la qualité des institutions. Utilisant un échantillon des pays d'Amérique latine, Loayza (1996) a trouvé que plus la taille du secteur informel est élevée moins la qualité des institutions étatiques est bonne. Le même auteur a également trouvé une relation positive entre, d'une part, la charge fiscale et les restrictions relatives au marché du travail et, d'autre part, la taille du secteur informel. De la même manière, Singh, Jain-Chandra et Mohommad (2012) ont établi qu'on ne peut dissocier le défi qui incombe aux pays en développement d'améliorer la qualité des institutions de celui d'accroître la taille du secteur formel. Les sphères des deux défis ont pour point commun l'efficacité de l'État. Moins l'État est capable moins les institutions seront de bonne qualité. Par ailleurs, un secteur informel trop important réduit la capacité de l'État, notamment sa capacité fiscale. Et toute tentative d'accroissement de la pression fiscale sur un secteur formel réduit contribue à l'élargissement du secteur informel par l'effet d'éviction. A l'aide d'une régression avec variables instrumentales sur un échantillon de 100 pays, Singh, Jain. Chandra et Mohommad (2012) ont trouvé que, d'une part, la qualité des institutions est le déterminant le plus significatif de la taille du secteur informel et, d'autre part, il y a un lien positif entre la prévalence de la corruption et la taille du secteur informel. En réalité, la taille du secteur informel résume bien les relations entre l'État et les citoyens. Ainsi que bien décrit dans Perry et al. (2007), face à un État jugé

peu efficace, les citoyens se livrent à un exercice qui consiste à évaluer leurs chances d'être des vraies parties prenantes avec un État qui leur sert peu et restreint leurs actes. Si cette analyse coût-bénéfice est en leur défaveur, les citoyens choisissent alors de quitter le système, faisant du non-respect de l'ordre établi par les institutions publiques une norme sociale. Ce jeu a un caractère cumulatif, car plus les citoyens choisiront de sortir du système formel moins l'État aura la capacité de les en dissuader par des moyens coercitifs ou par la fourniture améliorée des biens publics. Le choix opéré par les citoyens en faveur du secteur informel est un choix politique, mais aussi un choix économique. Le secteur informel est hyper-dominant dans l'économie congolaise. L’enquête 1-2-3 organisée en 2012 a dénombré 3,4 millions d'unités de production informelles (UPI) dans les centres urbains (ministère du Plan 2014). Leur caractère informel est attesté par le fait que 94% de ces UPI ne sont pas identifiées par les services publics et ne produisent pas des états financiers conformes aux normes en vigueur. Selon la même source, ce secteur représente 88,6% de l'emploi. Le secteur est composé de très petites unités: la taille moyenne des UPI est de 1,3 travailleur; 82,3% d'entre elles n'ont qu'un seul travailleur (le propriétaire lui-même); 10,4% emploient en moyenne 2 travailleurs; 4.1% ont 3 travailleurs; et 3,1% des firmes emploient plus de 3 travailleurs. Ces unités informelles fonctionnent dans des conditions précaires: 56,4 % d'entre elles opèrent sans un local spécifiquement équipé; pour 59,5% des UPI industrielles, les activités sont réalisées au domicile du créateur. L’auto-emploi est la forme dominante de l'emploi. Le salariat ne représente que 6,2% de l'emploi et 68% des salariés n'ont pas de contrats écrits. Le salaire mensuel moyen est de 69 USD ; ainsi, 61% des salariés du secteur vivent en dessous du seuil de la pauvreté monétaire. Cette proportion est plus élevée que la moyenne nationale dans sept provinces sur les onze existantes en 2012 : Kasaï occidental (68.15%), Province Orientale (73,73%), Équateur (75,56%), Kasaï Oriental (79,42%), Bandundu (80,65%), Nord Kivu (81,23%), et Sud Kivu (89,43%, (Adoho et Doumbia 2017). Le capital moyen est faible (167,83 USD) et il est principalement financé par l'épargne individuelle à raison de 88,4% du capital. Le secteur est peu lié au secteur formel. Les UPI s'approvisionnent à 63,4% auprès d'autres unités du secteur informel commercial et n'achètent auprès du secteur formel qu'à concurrence de 8%. Toute intervention dans le secteur informel doit toutefois tenir compte de l'hétérogénéité des firmes y évoluant. Il y a en effet dans ce large secteur des firmes capables d'intégrer plus facilement le secteur formel et d'autres qui le sont moins. Beaucoup d'auteurs utilisent les deux arguments de la sortie («exit») et de l'exclusion chers à Hirschman pour expliquer les raisons qui poussent les firmes à rejoindre l'informalité. Adoho et Doumbia (2017) ont identifié trois catégories d'unités informelles à partir des données de l'enquête 1-2-3 de 2012: les unités plus performantes (top performers), les gazelles limitées, et les « survivants ». Les top performers sont définis comme étant les entrepreneurs qui font preuve d'une productivité élevée du capital, mesurée par la valeur ajoutée par unité de capital. Les gazelles limitées sont ces entrepreneurs jouissant de bonnes aptitudes aux affaires, mais qui sont limités par l'absence des infras-

tructures publiques et l'accès au capital tandis que les. survivants. ont moins d'aptitudes aux affaires. Le modèle de la croissance de Loayza (2016) reconnaît aussi l'existence d'un secteur informel dit moderne, à côté d'un secteur informel rudimentaire. Les projections réalisées à l'aide de l'instrument développé par Loayzal25 montrent que le gap entre la croissance de la productivité du travail et celle du coût du travail est la variable clé permettant de déterminer l'évolution de la part relative du secteur informel rudimentaire dans l'emploi total et dans la valeur ajoutée globale. Ces projections envisagent trois scénarii : le scénario de référence qui suppose le statu quo; le scénario populiste qui fait évoluer le coût du travail plus vite que la productivité du travail; et le scénario réformiste qui fait évoluer le coût du travail moins vite que la productivité du travail. Le statu quo est intenable pour le Congo. Il rendrait le secteur informel super dominant dans l'économie nationale. Le scénario populiste ferait encore plus de mal à l'économie. Le secteur formel ne peut croître que sous un scénario réformiste. Tout programme ayant pour but de faire progresser le coût du travail au-dessus de la productivité du travail ferait croître le secteur informel rudimentaire. Toute stratégie de formalisation de l'économie doit donc viser à accroître la productivité du travail. Cela n'est possible que grâce à la combinaison des mesures favorisant l'adoption de nouvelles techniques de production, l'élargissement des économies d'échelle, et l'accès aux marchés extérieurs. Les réformes susceptibles d'entraîner ces mutations ne peuvent être appliquées que si l'État a la capacité de modéliser son arsenal réglementaire pour rendre l'évolution de l'économie plus prédictible sur une trajectoire choisie à l'avance et validée par la société. En effet, le développement économique est aussi et peut-être plus que tout question de choix d'un sentier de croissance validé à intervalles réguliers par les citoyens aux urnes. Ce schéma suppose que, d'une part, l'État a les moyens de soutenir les dépenses publiques et d'appliquer les règlements requis pour garder l'économie sur le sentier choisi et, d'autre part, les citoyens qui supportent le financement des dépenses publiques ont la latitude de sanctionner l'utilisation des ressources publiques. Le schéma suppose aussi que les choix des citoyens soient exprimés à travers uue procédure libre et non dictatoriale. Le système fiscal et la transparence du système politique sont donc des éléments essentiels au processus du développement économique. Les modèles élaborés par les économistes pour simuler ce schéma considèrent généralement que la formulation des politiques publiques est sous le contrôle de l'électeur médian et qu'il n'y a aucune évasion fiscale, soit parce que les contribuables sont disposés à payer sans contrainte, soit parce que l'administration a la capacité de dissuader tout contrevenant aux obligations fiscales (Besley et Persson 2014). Les structures politiques et économiques du Congo que nous avons décrites dans cet ouvrage se prêtent moins à ce type de formalisation. Il est difficile de soutenir l'hypothèse de l'électeur médian dont les préférences se refléteraient dans tout choix collectif. Par ailleurs, la part élevée de l'informalité réduit la base imposable. Les données empiriques sur plusieurs échantillons de pays révèlent bien la corrélation négative entre la taille du secteur informel et le ratio des impôts sur le revenu. Besley et Persson (2014) sont d'avis que

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la réduction de l'informalité contribue à l'élargissement de la base imposable et, partant, à l'émergence de l'enchainement vertueux entre la taxation et le développement. Il est donc important de ne pas séparer les deux composantes d'un même processus dynamique qui implique la consolidation des institutions de manière à influencer positivement les futurs niveaux de taxation et négativement le niveau de l’informalité. La culture de l'informalité est un sujet préoccupant dans un contexte où une bonne partie de l'économie informelle est militarisée ou soutenue par des moyens armés, ce qui est souvent le cas dans les pays sortant de conflit. C'est le cas du Congo. Il est par conséquent utile dans ce contexte de ne pas dissocier les efforts de formalisation des activités économiques de ceux visant la décriminalisation des activités économiques informelles (Schoofs 2015). Nulle part ceci n'est plus expressif que dans les zones troubles du Kivu où depuis le milieu des années 1990 des groupes armés de toutes sortes revendiquent à l'État le monopole de la violence. Même si la taille moyenne de ces groupes a fortement diminué à la suite du retrait relatif des parrains régionaux (le Rwanda et l'Ouganda), en 2015 on dénombrait encore près de 70 groupes armés opérationnels (Verweijen et Wakenge 2015, Stearns et Vogel 2015). Ces groupes de taille relativement modeste se sont incrustés dans les paysages politiques locaux, prenant pour base les conflits locaux et les appétits gloutons des élites locales (Verweijen 2016). Utilisés par ces élites locales pour leur positionnement politique respectif à l'échelon local et dans les rapports avec les provinces et le pouvoir central, mais aussi pour le règlement des nombreux conflits locaux, les groupes armés font partie de la gouvernance locale. Dans ce paysage complexe, il y a de fortes incitations au niveau local à préserver le statu quo, prolongeant ainsi une instabilité sécuritaire qui profite aux acteurs locaux. Par ailleurs, les opérateurs économiques sont aussi tributaires des services de protection. L'incrustation des réseaux armés dans les paysages politiques et économiques locaux a créé des systèmes parallèles de gouvernance locale qui limitent les effets de tous les programmes visant à améliorer la qualité des institutions et à accroître la capacité de l'État. Il est par conséquent nécessaire de configurer toute stratégie de formalisation de l'économie en tenant compte de ces aspects. c. Autonomisation de la bureaucratie. Les chercheurs ayant participé au projet DRA ont raison d'affirmer que les pays africains n'ont pas besoin de se référer fidèlement aux pays d'Asie du Sud-est pour bâtir des régimes développementaux. Pour Booth (2015), il suffit de combiner un contenu adéquat des politiques (policy content), un processus pour une meilleure résolution des problèmes rencontrés au cours de !a mise en œuvre des politiques (policy process), et un processus de négociation entre les détenteurs du pouvoir (political seltlement) pour réussir à imprimer à un État africain un rythme de développement qui le rapproche de l'État développemental médian. Pour les pays d' Afrique subsaharienne, cet auteur propose comme contenu, une concentration sur le développement agricole; comme processus, une approche itérative et adaptative de résolution des problèmes; et comme processus de négociation, un système de partage du pouvoir qui fait de la place aux mino(Suite en page 14).


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Il existe une relation entre degré de

cohésion de l'élite et poches d'efficacité (Suite de la page 13). rités politiques de manière à lever les contraintes qui gênent la formulation des politiques. Très souvent au Congo, on a cherché à vouloir tout refaire tout de suite et en même temps. C'est en tous cas ce qui a été tenté à partir de 2001 tant du point de vue des réformes économiques que du point de vue de la restauration d'un État de droit. Et pourtant, le cadre institutionnel existant ne permet certainement pas un tel bond qualitatif instantané. Aucun État développemental d'Asie du Sud-Est n'a d'ailleurs réussi un tel bond. Au contraire, dans ces pays, le pragmatisme a été la règle d'or dans l'effort de construction des institutions. Les super-agences qui ont planifié le développement économique, assuré l'incubation des entreprises nationales émergentes, et coordonné le développement du secteur privé ont été des véritables poches d'efficacité qui ont œuvré dans des cadres institutionnels qui n'étaient pas nécessairement optimaux dans leur ensemble. L'idée est simple. Il existe dans beaucoup de pays où la gouvernance laisse à désirer des agences gouvernementales ou des agences bénéficiant de l'appui du gouvernement qui font preuve d'une productivité bien supérieure à celle que l'on enregistre dans l'administration publique conventionnelle. Le Congo ne fait d'ailleurs pas exception à cette pratique. Juste après le réengagement des IFI et des partenaires bilatéraux en 2001, ceux-ci ont fait créer des agences d'exécution des programmes d'urgence. Le BCECO, l'UCOP et bien d'autres agences ont fonctionné en utilisant les procédures financières et de passation des marchés des bailleurs de fonds. Considérées comme étant des enclaves répondant plus aux préoccupations des bailleurs de fonds plutôt qu'aux priorités nationales, ces agences ont été abandonnées par les partenaires extérieurs pour satisfaire les principes de la Déclaration de Paris sur l'efficacité de l'aide. Bien plus tard, le gouvernement congolais a aussi créé deux agences destinées à mettre en œuvre le programme sino-congolais, le Bureau de Coordination et de Suivi du Programme Sino-Congolais et l'Agence Congolaise des Grands Travaux. On peut noter dans cette démarche la reconnaissance par le gouvernement que la concentration des activités liées au programme sinocongolais au sein de ces agences spécifiques apporte un gain de productivité. Il nous paraît évident que, pour réussir la transition de gouvernance tant désirée au Congo, il faille créer des poches d'efficacité tant les capacités pour des réformes intégrales sont limitées, comme illustrées par les tentatives de réforme de la fonction publique des années 2000. De plus, reprenant l'argument de Herderschee, Kaiser et Mukoko (2012), la création des poches d'efficacité peut être le meilleur moyen de faire faire l'apprentissage de la coordination aux élites congolaises. Car, sans cette coordination, il u' est pas évident que les agences-enclaves puissent jouir de toute l'autonomie nécessaire pour maximiser le gain de productivité attendu d'elles ni que leurs animateurs aient toute la latitude nécessaire pour faire prévaloir leurs qualités de leadership et de management. Considérer les poches d'efficacité comme des enclaves totalement isolées du contexte politique ambiant est en soi une erreur, car leur création répond en fait à un besoin ressenti et partagé par les différentes parties prenantes au pouvoir politique et elles ne peuvent justifier le gain de productivité que si ces mêmes parties prenantes se mettent d'accord pour préserver l'autonomie managériale de

l'agence. Les poches d'efficacité (PoE) ont été définies par Leonard (2010 : 91) comme étant «des organisations publiques qui sont raisonnablement efficaces dans l'exercice de leurs fonctions et au service d'une certaine conception du bien public, bien qu'elles opèrent dans un environnement dans lequel la plupart des agences sont inefficaces et sujettes à un niveau élevé de prédation par la corruption, le favoritisme, etc.» Ce concept repose sur un certain nombre d'hypothèses que Leonard (2008) a regroupé en deux catégories : les hypothèses sur les facteurs internes à l'organisation concernée et qui expliquent sa productivité élevée et les hypothèses sur les facteurs politiques qui sont susceptibles de garantir le gain de productivité recherché. La plupart des auteurs sont d'avis qu'il y a certaines formes d'interaction entre les aspects de management et de leadership interne et le contexte politique. À partir de l'analyse des PoEs dans quatre pays africains (Rwanda, Ghana, Ouganda, Zambie), Hickey (2019) a formulé des propositions vérifiables établissant une relation entre le degré de cohésion de l'élite et la forme du régime politique, d'une part et l'émergence des PoEs, d'autre part. Les PoEs émergent plus facilement et bénéficient plus longuement du soutien politique nécessaire dans les secteurs qui sont critiques au fonctionnement de l'État et/ou à la survie des dirigeants politiques. Un autre contexte politique propice à l'émergence des PoEs est celui fourni par les 'pays où le pouvoir politique est concentré dans les mains d'un dirigeant fort ou d'une classe dirigeante fortement intégrée, privilégiant une vision de développement à long terme. C'est aussi le cas dans les régimes politiques cohésifs et sensibles à la vulnérabilité systémique. Le Congo ne correspond à aucun de ces scénarii. Il est par conséquent légitime de s'inquiéter de la possibilité pour l'élite politique congolaise de faire émerger des PoEs et de les soutenir dans la durée. Si l'expérience des entreprises du portefeuille et des nombreux établissements publics existants peut servir de filtre pour la réponse à cette question, les chances sont faibles. Rappelons que les entreprises du portefeuille de l'État et les établissements publics sont utilisés depuis de très longues années pour .caser. des clients politiques et dans leur fonctionnement interne, ces organisations se sont éloignées des principes de management et de leadership. Dans un système politique multipartiste animé par des coalitions hétéroclites, fragiles et donc mouvantes et dans lequel l'opposition est complètement dominée, la survie de l'équipe dirigeante dépend beaucoup plus de la recomposition de la coalition en place que du succès d'un secteur donné de la vie nationale. Les chances pour le Congo de réaliser le bond qualitatif de gouvernance doivent donc être créées à partir de quelques éléments déclencheurs. Il est impensable d'envisager au Congo un régime fort tenu par un seul leader. Le souvenir des trente-deux années du régime Mobutu est encore trop vivace dans la mémoire collective. De plus, le Congo a fait l'objet d'une trop forte intrusion des partenaires extérieurs dans la reconstruction du système politique après la période des conflits armés. Les ajustements qu'imposerait la résurgence d'un régime de type autoritaire seront socialement trop coûteux pour qu'ils puissent être envisagés. Il est possible d'envisager la constitution des grands groupes politiques par le renforcement du système électoral de manière à rendre les coalitions politiques plus cohésives, mais

même alors les forces du marché politique décrit plus haut peuvent diminuer la portée de ces réformes. La meilleure approche, me semble-til, consiste à tirer profit des réformes majeures qui ont déjà pris cours dans le pays, en l'occurrence la décentralisation. Celle.ci, comme je l'ai indiqué précédemment, a la capacité de forger des coalitions localisées génératrices d'intérêts économiques qui deviendront des incitations à l'émergence des PoEs fournisseurs des biens publics nécessaires au développement local et à la croissance économique durable. Le dispositif d'accompagnement de la décentralisation que j'ai décrit plus haut et qui devrait contribuer à intégrer le pouvoir coutumier a en effet besoin d'être soutenu au niveau du pouvoir central, car les compétences techniques sont extrêmement rares en milieu rural. C'est autour de cette grande réforme que l'on doit créer les PoEs nécessaires à l'harmonisation des méthodes et des procédures de gestion dans les entités territoriales décentralisées, à la création des capacités d'équipement rural, et à la collecte des ressources fiscales et non fiscales. S'il est vrai que l'État congolais doit d'abord être réinventé pour assurer le développement du Congo, il est autant vrai que le territoire congolais doit être transformé pour garantir la reconstruction de l'État. C'est à cet objectif qu'un premier noyau de PoEs doit être destiné: une Agence de Management Public, une Agence des Grands Travaux, et une Agence de Planification du Développement. Un deuxième noyau de PoEs doit être constitué autour d'une Autorité des Revenus Intérieurs et d'une Agence de Promotion des Investissements. Ces poches d'efficacité devraient avoir pour objectif d'insuffler dans la gestion de l'économie congolaise les éléments critiques manquants qui sont une vision de long terme et la neutralité vis-à-vis des acteurs politiques. Il serait illusoire de faire émerger ces éléments manquants au sein des PoEs si l'on ne garantissait pas la stabilité des mandats de leurs animateurs principaux. Cette garantie devrait être établie de manière légale, à l'instar de la stabilité dont jouit le Gouverneur de la Banque Centrale du Congo. Libérés de la tutelle des ministres et des soubresauts des changements fréquents des équipes gouvernementales, de préférence placés sous l'autorité directe du Chef du Gouvernement [sauf pour l'Autorité des Revenus Intérieurs qui doit demeurer sous l'autorité du ministre des Finances), les animateurs de ces agences devraient être munis de tous les pouvoirs nécessaires pour planifier et programmer les activités de développement dans une optique de long terme. Le lien avec la budgétisation doit se faire au travers d'une Direction Générale du Budget et d'une Direction Générale du Trésor faisant partie d'un ministère de l'Économie et des Finances regroupant les attributions aujourd'hui éclatées entre plusieurs ministères. Débloquer la croissance économique. Sur la période 2010-2014, en plein boom des matières premières, le PIB a cru à un taux annuel moyen de 7,8%, contre 5,8% pour la période 2002-2008. Profitant des retombées de l'effacement de 82% du stock de la dette publique extérieure et d'une gestion plus prudente des finances publiques, le taux d'inflation a été sensiblement réduit. Il s'est situé à 1% en 2014, contre 15,5% en 2011. Toutefois, ces résultats aussi encourageants qu'ils puissent paraître n'ont pas généré les transformations structurelles requises pour assurer et la durabilité de l'épisode de croissance et les effets positifs attendus. Tirée

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essentiellement par le boom minier, la croissance n'a permis de créer que peu d'emplois et n'a réduit la pauvreté que de façon marginale. Selon les estimations du FMI, 1 % de croissance du PIE ne fait baisser l'incidence de la pauvreté que de 1,1 %. Cette élasticité de la réduction de la pauvreté par rapport à la croissance est plus faible que dans d'autres économies africaines. Elle est de 18,1% pour l'Afrique du Sud et 4,6% pour l'Ouganda (lMF 2015). La forte croissance enregistrée après la crise de 2008 semble avoir perdu de sa vigueur depuis 2015. La chute des cours des matières premières à partir de 2012 est sans nul doute la principale cause de cette décélération. Sur la période 2016-2018, la croissance a été en deçà des prévisions optimistes publiées en 2015. Le taux de croissance du PIB n'a été que de 2,4% en 2016, 3,7% en 2017 et 4,1% en 2018 alors que le FMI projetait 9,2% pour 2015 et 7,5% en moyenne pour 2016-2019. Certes, cette contre-performance s'explique en partie par la mauvaise conjoncture mondiale, mais le gros du blâme doit être placé sur les défaillances structurelles qui sont : i) le faible degré de diversification de la production et des exportations; ii) la faible productivité agricole; iii) l'absence des firmes nationales capables de pénétrer les marchés mondiaux; et iv) l'incapacité des acteurs publics et privés à tirer profit des avantages comparatifs futurs dans le commerce international. Ces défaillances sont bien entendu communes à la plupart des pays d'Afrique subsaharienne, mais leur prévalence au Congo a atteint des proportions inquiétantes. Depuis le milieu des années 1960, le Congo est devenu un géant de plus en plus incapable de supporter le poids de sa démographie galopante avec les pieds d'argile que constituent son secteur minier volatile et peu créateur d'emplois et une agriculture peu productive. Les rares épisodes de croissance enregistrés depuis 1960 sont liés à des booms des produits miniers. C'est le cas du plus long épisode de la croissance qui se poursuit depuis 2002 et dont l'évolution est corrélée à celle des prix des métaux, notamment le cuivre. On voit bien que la croissance est très volatile dans les années 1960 et que l'économie congolaise n'a pas pu résister aux effets du retournement de la conjoncture après le boom des matières premières des années 1973.1975. Après les pics éphémères de 1974, 1980, 1989, et 1995, le prix du cuivre a affiché un taux annuel moyen de progression de 51 % entre 2003 et 2006. Ce boom a largement profité au Congo dont le taux moyen de croissance du PIE était de 6,2% entre 2002 et 2015, largement supérieur à la moyenne des pays d'Afrique subsaharienne. Le seul fléchissement enregistré en 2010 est dû aux effets déprimants de la crise financière mondiale de 2008-2009. Il est généralement attendu d'un long épisode de croissance économique qu'il génère des changements structurels à travers le transfert des facteurs de production, notamment le travail, des secteurs moins productifs vers des secteurs plus productifs. C'est la condition nécessaire pour que la productivité globale augmente. La théorie du développement atteste en effet que du rythme de cette transformation structurelle dépend le succès des pays qui ont réussi à réduire la pauvreté de manière continue. il est évident qu'il n'y aurait aucune marge pour des déplacements des facteurs si au préalable il n'y avait pas des écarts significatifs entre les niveaux de productivité entre les branches et même, dans la plupart (Suite en page 15).


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LES bonnes feuilles

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Réapprendre à travailler avec le

privé en dépassant le nationalisme étroit (Suite de la page 14). des pays en développement, entre les firmes d'une même branche. Autant ces écarts indiquent une mauvaise allocation des ressources, autant ils sont susceptibles de générer de la croissance par le simple fait du transfert de ressources des secteurs moins productifs vers ceux qui jouissent d'une productivité plus élevée. Pour McMillan et Rodrik (2011), les changements structurels observés dans les pays d'Afrique subsaharienne et dans ceux d'Amérique latine ont plutôt réduit les perspectives de croissance économique durable. Ces auteurs blâment la globalisation qui a engendré dans ces pays des mouvements du facteur travail dans le sens opposé à celui qui aurait contribué à l'accélération de la croissance économique. En effet, à cause de la globalisation, les firmes nationales s'adaptent à la nouvelle frontière technologique imposée par les multinationales qui affluent dans un pays, attirées par les ressources naturelles ou d'autres facteurs. Les firmes nationales se débarrassent du surplus de main-d’œuvre qui, malheureusement, sera absorbé par les secteurs les moins productifs et, dans certains cas, par le secteur informel. Cette tendance est plus marquée dans les économies dépendantes de l'exploitation et de l'exportation des ressources naturelles brutes. C'est bien ce que l'on a observé au Congo où la croissance s'est accompagnée d'une contraction des taux d'emploi (World Bank 2017). Et pourtant, la proportion des jeunes dans la population totale va demeurer élevée pendant une très longue période encore. Les effets de la démographie et d'autres mouvements qu'elle génère (notamment l'urbanisation) se font déjà pressants. La population d'âge actif (15 à 64 ans) devrait atteindre 65 millions de personnes en 2030 (54% de la population totale). soit une augmentation de 62% par rapport à 2016. La croissance du potentiel de main-d’œuvre est alimentée par la jeunesse de la population et par une forte fécondité. Dans ces conditions, il aurait fallu créer 14,7 millions de nouveaux emplois entre 2016 et 2025, et 10,3 millions entre 2025 et 2030, soit un total de 25 millions d'emplois sur quatorze ans. Une telle capacité de création d'emploi ne peut être réalisée sans que l'économie se transforme radicalement par le jeu d'une productivité accrue. Certes, la croissance enregistrée à partir de 2003 s'est accompagnée de l'expansion du secteur industriel, essentiellement l'activité minière. L’exécution des projets miniers a aussi positivement impacté le secteur des constructions et le secteur des services_ Cependant, l'emploi est demeuré essentiellement agricole, même si la proportion de l'emploi agricole est en baisse continue, passant de 73% en 2003 à 69% en 2016 tandis que les parts sectorielles de l'industrie et des services dans l'emploi total ont augmenté, respectivement de 8% à 10% et de 19% à 21%. Le secteur industriel est le plus productif. En 2003, la valeur ajoutée par travailleur dans ce secteur représente 11 fois la productivité du secteur agricole et 2 fois celle des services. L’écart s'est élargi en 2016 et il est estimé qu'il devrait s'élargir davantage en 2030. L’augmentation de la productivité globale est le principal contributeur à la croissance du PIE par habitant. Entre 2003 et 2016, le PIE par habitant a crû de 2,86%. La contribution de la variation de la productivité à cette croissance était de 3,97% (139% de la croissance globale), tandis que les contributions du taux d'emploi, du taux de participation, et de la proportion de la population en âge actif ont

été négatives. La contribution négative du taux d'emploi devrait s'accentuer entre 2016 et 2030 (-49,1%), période pendant laquelle elle va réduire quasi de moitié la croissance du PIE par habitant. La productivité s'accroît beaucoup plus par l'amélioration de l'utilisation des facteurs au sein de chaque secteur (transformation intrasectorielle) que par le transfert des facteurs des secteurs les moins productifs vers les secteurs les plus productifs (changement structurel). Entre 2003 et 2016, la transformation intrasectorielle a apporté 3,03 points de croissance du PIE par habitant contre 0,94 point pour le changement structurel. C'est au cours de cette période que de nouvelles unités utilisant les techniques les plus modernes ont été construites dans les provinces minières du Lualaba, du Haut-Katanga et de l'Ituri et que dans les secteurs des télécommunications, l'on a assisté à des améliorations progressives des techniques de production. Une analyse comparative avec quelques pays de référence (l'Éthiopie, le Nigéria, le Botswana, et le Vietnam) révèle ces traits particuliers de l'économie congolaise. Excepté le Nigéria, le Congo est le seul pays qui affiche des parts négatives du taux de participation, de la composante démographique et du taux d'emploi. Dans tous les pays africains échantillonnés, la transformation intrasectorielle est le facteur causatif dominant de la croissance économique. La littérature renseigne l'existence de grands écarts de productivité entre secteurs dans les pays en développement. Ces écarts sont très prononcés dans les pays où l'économie est dominée par l'industrie minière qui a tendance à créer des enclaves technologiques connectées à l'économie mondiale et qui n'exhibent que très peu d'effets d'entraînement en aval. Les caractéristiques de l'économie congolaise que je viens de rappeler ne favorisent pas la création massive d'emplois. Pour un pays qui est à l'entrée de la transition démographique, le Congo a un besoin urgent d'un changement structurel seul susceptible de le sortir de cette disette d'emplois. On voit bien que les gains de productivité dans le secteur industriel sont de loin plus élevés que dans les deux autres secteurs. Puisque la transformation intrasectorielle est la modalité dominante des gains de productivité, ceuxci se traduisent immanquablement par des pertes d'emplois, soit parce que dans les secteurs à forte intensité du capital (notamment le secteur minier) les entreprises moins performantes sont obligées de fermer, soit parce que les entreprises adoptent des méthodes de production moins gourmandes du facteur travail. Les gains de productivité étant très faibles dans le secteur agricole, il est évident que la main-d’œuvre non employée dans les services se retrouve dans le secteur informel (World Bank 2017). Les hordes de travailleurs venant gonfler les rangs d'un secteur informel peu productif créent des incitations à une urbanisation dont le rythme ne correspond pas à l'évolution du revenu par habitant. Comme pour la plupart des pays africains, le Congo doit diversifier son économie. Et cela passe par la transformation de ses avantages comparatifs. Cet exercice fait appel à un certain nombre de décisions clés portant sur l'approche de diversification, l'identification des contraintes qui affectent la mobilisation des facteurs de production et limitent la productivité des entreprises, le choix des instruments pour lever ces contraintes et pour pénétrer les marchés sur lesquels les firmes nationales sont plus compétitives. Pour débloquer

la croissance économique au Congo, une approche directe est nécessaire parce que le marché financier national est embryonnaire et le facteur capital trop rare. L'intervention étatique dans l'allocation du capital doit être sélective du point de vue géographique tout comme du point de vue sectoriel. La création des enclaves industrielles, telle qu'elle est prévue par la loi 14/022 du 7 juillet 2014 fixant le régime des Zones Économiques Spéciales (ZES), permet ce type d'intervention, sous condition que la localisation des ZES tienne exclusivement compte de critères techniques et objectifs. Si les ZES sont créées pour répondre aux appels politiques des groupes divers, il n'en résultera que quelques éléphants blancs du type du parc agro-industriel de Bukanga Lonzo. À cet effet, les facteurs de localisation tels que l'accès aux marchés, le coût de transport interne des matières premières, et bien d'autres seront déterminants. Une gestion technocratique des ZES devrait permettre de résister à cette tendance au Congo à vouloir toujours assurer un partage équilibré des initiatives de développement à travers le territoire national. Au vu du stock de capital mobilisable au début d'une telle politique, le calcul économique simple impose un nombre réduit d'enclaves destinées à la production des biens d'exportation. Même si le site de Maluku a été choisi pour abriter la première ZES, la région de Inga est un candidat idéal d'une enclave industrielle tournée vers l'exportation. il devrait être possible d'y concevoir un projet intégré combinant l'accès à l'électricité bon marché, la disponibilité des infrastructures portuaires efficientes et des ressources naturelles du Congo comme des pays voisins. Ce vieux projet a encore toute sa pertinence. Selon la Banque mondiale, la disponibilité de l'énergie hydroélectrique bon marché et pour une période relativement longue fait de la région de Inga un des meilleurs sites pour l'installation d'une unité de production d'aluminium (Husband, Mcmabon et van der Veen 2009). Il est possible d'envisager aussi une enclave industrielle dans la zone minière au sud-est du pays. Les décisions qui devront être prises sur ces questions ne pourront être efficaces que si elles sont prises par des administrations dédiées et vouées à la gestion technocratique. Ce devrait être la tâche essentielle de l'Agence de Planification du Développement et de l'Agence de Promotion des Investissements. Mais un tel projet ne peut prendre corps que si le stock des infrastructures de base est suffisant. Or, le Congo manque cruellement de ces infrastructures (routes, énergie, ports, aéroports, eau, NTIC, etc.). En l'absence d'un marché financier structuré et face à un budget de l'État étriqué et ne favorisant que les dépenses courantes, les projets envisagés dans les différents secteurs (routes, énergie, eau, ports, aéroports, etc.) sont sons la gestion des entreprises publiques qui sont aujourd'hui financièrement déficitaires et ne disposent pas de capacités d'ingénierie financière. il s'agit de la SNEL, la SCTP, la SCPT, la RVA, la REGIDESO, et de l'Office des Routes. Dans les circonstances actuelles, il est illusoire d'espérer la réforme de ces entreprises, car le consensus politique nécessaire pour leur transformation réelle n'est pas garanti et le pouvoir central ne dispose d'aucune capacité technique pour ce faire, les compétences étant éparpillées entre les différents ministères. Les projets d'infrastructures les plus critiques à la création des enclaves industrielles doivent être financés par l'émission des titres financiers, notamment des obligations d'infrastructures (ou obligations-

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recettes) ou par des montages de type PPP, à condition que soit réglée la question du cadre institutionnel. Ce cadre doit reposer sur un principe fondamental qui considère chaque projet comme une activité particulière, donnant lieu à la création d'une entité ad hoc, une Special Purpose Vehicle (SPV). Pour que le système fonctionne, il faut que le projet génère des recettes pour payer les intérêts et rembourser le principal aux investisseurs (les acheteurs des obligations) ou permettre au partenaire privé développeur de recouvrer les fonds investis. Si un projet à financer n'est pas susceptible de générer des recettes, il faut l'insérer dans un complexe d'activités. L'ensemble ainsi constitué sera le projet. Puisque les éléments de ce complexe peuvent appartenir à plusieurs entreprises et établissements publics, il faudra envisager des modalités de collaboration entre ces entités publiques. Au-delà des aspects techniques liés à la mise en œuvre de cette loi, il faut souligner qu'il est aussi question pour l'État congolais de réapprendre à travailler avec le secteur privé en dépassant et le nationalisme étroit qui est demeuré latent dans la pensée économique dominante au sein des élites et l'appétit des rentes de subsistance. C'est pourquoi je demeure convaincu que tous les montages envisageables dans le secteur des infrastructures et des enclaves industrielles doivent s'inscrire dans la logique de l'approche britannique des PPP (Private Finance Initiative) dont les trois caractéristiques majeures sont : la globalité du contrat; le partage optimal des risques (d'où la création des SPV); et la minimisation du surcoût de financement. Le financement sur projet peut drainer d'importantes ressources à condition que le cadre juridique et institutionnel soit suffisamment souple pour donner de la marge aux arrangements contractuels, notamment pour optimaliser le partage des risques. La période coloniale est riche de ces expériences de PPP avec des niveaux de complexité contractuelle et financière moins élevés. L'ingénierie contractuelle et financière a depuis lors beaucoup évolué, d'où la nécessité pour le Congo de s'aligner sur ces pratiques internationales. Un changement d'attitude est donc indispensable, car on ne peut à la fois vouloir transférer le risque au secteur privé pour se doter d'une infrastructure nécessaire et ne pas isoler les actifs de sécurité. On ne peut à la fois vouloir désengager l'État et ne pas créer les instruments de désengagement. Constituer une entité ad hoc (SPV) implique le retrait des actifs appartenant à une ou plusieurs entités pour les confier à la nouvelle entité créée qui ne doit mener aucune autre activité que celle relative au projet pour lui permettre de construire, de posséder, et d'exploiter le projet. C'est certainement la chose la plus difficile dans un pays où les élites sont fortement attachées aux rentes présentes, qu'elles soient réelles ou supposées. Et pourtant, le Congo n'a pas d'autres solutions que d'embrasser ce type d'arrangements. D'abord, parce que les besoins sont pressants. Ensuite, parce que le cadre légal existe. (...) Enfin, parce que les grands projets en cours de développement, plus particulièrement le projet Inga III, le port en eaux profondes de Banana, et la création des enclaves industrielles exigent ces mesures de facilitation. Il est évident que ces arrangements serviront aussi de catalyseur pour faire basculer le système financier national dans une autre ère. (...). par DANIEL MUKOKO SAMBA n Docteur en Économie de l'Université de Tsukuba, Japon. Professeur à l'Université de Kinshasa.


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Sous pression de ses donateurs sur les agressions sexuelles, l'OMS lance son plan « tolérance zéro »

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'Organisation mondiale de la Santé a lancé, vendredi 15 octobre, un plan d'action après une série de scandales de violences sexuelles impliquant des travailleurs humanitaires au Congo. Sous forte pression de ses donateurs, elle, dont des employés ont commis des agressions sexuelles, a dévoilé une partie d'une stratégie « tolérance zéro », prévoyant un plan d'action, des experts et un changement de culture. « L'OMS a alloué un montant initial de 7,6 millions de $US pour renforcer immédiatement sa capacité à éviter, détecter et répondre à l'exploitation et aux agressions sexuelles, dans dix pays présentant le profil de risque le plus élevé », a déclaré l'organisation à l'Afp. Une fois recrutés, des experts seront déployés en Afghanistan, en République centrafricaine, en République démocratique du Congo, en Éthiopie, au Nigeria, en Somalie, au Soudan du Sud, au Soudan, au Venezuela et au Yémen. Après le scandale des violences sexuelles commises en République démocratique du Congo,

l'OMS a fait, fin septembre, son mea culpa. Mais les principaux pays donateurs ont mis depuis la direction de l'institution publiquement sous pression. EXIGENCE D'UN «ENGAGEMENT TOTAL». Dans un rare communiqué, plusieurs dizaines de pays, dont les ÉtatsUnis et les pays membres de UE, avaient exigé «l'engagement total» de l'organisation et de ses dirigeants sur ce sujet. Le patron éthiopien de l'agence onusienne, Dr. Tedros Adhanom Ghebreyesus, leur a présenté son plan jeudi, afin de recueillir leurs commentaires. Le document finalisé sera publié ces « prochains jours », selon l'OMS. Le 28 septembre, une commission d'enquête indépendante a publié un rapport dévastateur pour l'OMS, qui établit que 21 de ses employés au moment des faits, parmi 83 auteurs présumés de violences sexuelles, ont commis de telles exactions contre des dizaines de personnes au Congo pendant l'épidémie d'Ebola de 2018-2020, dans les provinces du Nord-Kivu et de l'Ituri. Le rapport de la commission, dont la constitution n'a été annoncée par le Dr Tedros qu'après des

révélations de l'agence The New Humanitarian et de la Reuters Foundation, dénonce des «défaillances structurelles» et des « négligences individuelles ». Le plan de réponse « présente des actions immédiates, à moyen et à long terme, pour remédier aux défaillances identifiées dans le rapport », a indiqué l'OMS. Ce document met l'accent sur plusieurs points visant « à placer les victimes au cœur de la prévention et des réponses apportées aux agressions sexuelles » et à « renforcer les responsabilités individuelles et de la direction », selon l'institution. « CONSÉQUENCES SÉVÈRES ». Le document a aussi pour objectif de « réformer la culture de l'OMS, ses structures et ses systèmes, afin de créer une culture dans laquelle l'exploitation et les agressions sexuelles n'ont pas de place, dans laquelle l'impunité n'existe pas et qui soit dotée d'une tolérance zéro face à l'inaction ». Selon une première estimation chiffrée, l'organisation aura besoin d'environ 15 millions de $US par an pour mettre en œuvre le plan. Le Dr Tedros, qui a eu le soutien public de la ma-

jorité des pays européens pour briguer un second mandat en 2022, s'est dit « désolé » auprès des victimes et a promis des «conséquences sévères» aux responsables juste après la publication du rapport sur la RDC. L'OMS s'est engagée à mettre en œuvre les recommandations de la commission d'enquête et à se séparer des employés à l'origine des violences, de même que des responsables qui auraient dû intervenir. L'organisation a mis fin,

dès la publication du rapport, au contrat des quatre des 21 personnes directement impliquées qu'elle employait encore. Deux hauts responsables ont été placés en congés administratifs. Les victimes n'ayant pu fournir que les prénoms de plusieurs autres auteurs présumés, l'OMS n'a pas encore totalement identifiés, l'organisation va faire appel à un service d'enquête externe pour ces cas afin d'évaluer les mesures supplémentaires qu'il est nécessaire de

prendre. Elle va également faire appel à un service externe pour identifier les responsabilités individuelles au sein de l'organisation, avait-elle annoncé, après la publication du rapport. Dans le cadre de la nouvelle épidémie d'Ebola qui sévit actuellement dans l'est du Congo, à Beni, « nous avons déployé un expert en prévention des agressions sexuelles parmi l'équipe de 15 personnes déployée à Beni », a indiqué l'OMS vendredi.

obtenus en Grande-Bretagne. Né dans la ville d'Asmara, capitale de l'Erythrée, il a grandi dans un pays où les soins ne sont pas accessibles à tous. En présentant sa candidature à l'agence de l'ONU, Tedros Adhanom Ghebreyesus a raconté avoir perdu, lorsqu’il était enfant, un frère qui n'avait pas reçu les médicaments nécessaires à ses soins. Dès son élection, il fixe comme priorité une couverture sanitaire universelle. Avant l’OMS, ce spécialiste en biologie et infectiologie a été ministre de la Santé en Éthiopie dès 2005, puis ministre des Affaires étrangères

jusqu’en 2016. Mais le fin diplomate a surtout marqué des points sur le plan international lorsqu’il a dirigé en 2009 le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Il aurait, selon l'OMS, décroché des financements records. Tedros Adhanom Ghebreyesus est d'ailleurs considéré aujourd'hui comme un spécialiste reconnu de la malaria et du VIH. Sa biographie le présenté comme un «expert des interventions d’urgence lors d'épidémie ». Il traverse une première épreuve avec Ebola en RDC dès 2018. Et aujourd'hui le Covid-19.

Qui est le «Dr Tedros»?

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lu en mai 2017 par l'Assemblée mondiale de la Santé, l’Éthiopien Tedros Adhanom Ghebreyesus, âgé aujourd’hui de 56 ans, est le premier Africain à diriger l’une des agences les plus importantes de l'ONU. Il est aussi le premier directeur général de l’OMS depuis sa création à ne pas être médecin. Plus communément appelé « Dr Tedros », le patron de l’OMS, n’a pas fait d’études de médecine, mais il est titulaire d'un doctorat en santé communautaire et d'un master en immunologie des maladies infectieuses,

La Belgique y va pour la troisième dose

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n Belgique, les 65 ans et plus pourront recevoir une dose «booster» de vaccin au moins quatre mois après la deuxième injection d'un vaccin à vecteur viral ou au moins six mois après la deuxième dose d'un vaccin à ARN messager. La CIM Santé (conférence interministérielle) en a ainsi décidé : elle propose à toutes les personnes âgées de 65 ans et plus de se faire administrer une troisième dose de vaccin contre le coronavirus, ou plutôt une dose « booster». En réalité, cette troisième dose concerne les personnes de plus de 12 ans. LES PERSONNES LES PLUS CONCERNÉES. Il s’agit des patients atteints de troubles immunitaires congénitaux, en dialyse chronique, atteints de maladies inflammatoires prenant

Une dame se fait vacciner en Belgique mais une seule dose ne suffit plus... DR.

des médicaments immunosuppresseurs (par exemple, les patients souffrant de la maladie de Crohn, de polyarthrite rhumatoïde), les patients traités pour un cancer ou qui ont reçu un traitement pour ce cancer au cours des trois dernières années, les patients ayant subi une greffe de

cellules souches ou d’organes, y compris avant une intervention chirurgicale, et les séropositifs (VIH) dont le nombre de cellules CD4 est inférieur à 200 par mm3 de sang. On savait déjà que ce serait avec un vaccin à ARN messager, donc Pfizer/BioNTech et Moderna. Ceux qui ont reçu,

lors des doses précédentes, de l'AstraZeneca ou du Johnson & Johnson doivent d'office changer de marque. Mais la CIM devait encore fixer les modalités de cette extension de la campagne. Selon ce qu’on en sait, cette troisième dose sera administrée au moins quatre mois après

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la deuxième dose d'un vaccin AstraZeneca ou la dose unique de vaccin Johnson & Johnson, et au moins six mois après la deuxième dose d'un vaccin à ARN messager, Moderna ou Pfizer. Les convocations se feront par âge décroissant. Les plus de 85 ans, pour qui l'accord sur la troisième dose avait été entériné précédemment, seront invités en priorité. Les patients, même de moins de 65 ans, atteints du syndrome de Down ont aussi désormais droit à ce « rappel». Toutes les personnes concernées devront recevoir une invitation. En Wallonie, tout est déjà prévu. Les personnes résidant en maison de repos et soins pourront se faire vacciner sur place. Les autres auront le choix entre un centre de vaccination et leur médecin traitant. En Wallonie, plusieurs centres ont été fermés. Seize restent ouverts deux

jours par semaine, mais vont repasser à cinq jours hebdomadaires pour accueillir ces nouveaux élus au «booster», qui sont un demi-million au sud du pays. Les Wallons de 65 ans et plus peuvent prendre un rendez-vous ou se présenter sans rendez-vous dans un centre. Ils peuvent choisir de se faire vacciner auprès de leur médecin traitant, en prenant rendez-vous pour une consultation (payante). Même sans encore avoir reçu l'invitation, les 65+ wallons et bruxellois pourront déjà demander leur 3e dose dès la semaine prochaine. À Bruxelles, quatre centres restent ouverts et pourront accueillir les 65+ concernés avec des horaires élargis. Les différents dispositifs locaux(antennes mobiles, vaccibus...) seront accessibles, de même que la vaccination auprès des médecins traitants qui la pratiquent (sur rendezvous).


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rêve d’auto

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Range Rover SVAAutobiography SVO, l’expression ultime du luxe

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and Rover a présenté la version Ultimate Edition du Range Rover SVAutobiography qui sera encore plus luxueuse que toutes les autres déclinaisons du SUV britannique. Disponibles dans les spécifications classiques et à empattement long, ces versions Ultimate Edition sont assemblées à la main par la division SV Bespoke de la société, au Special Vehicle Operations Technical Center au RoyaumeUni. Considérée comme la variante la plus appréciée par les conducteurs, la version « Dynamic » (empattement classique) présente une suspension et une direction réglées spécifiquement, une hauteur de caisse inférieure de 8 mm et peut embarquer l’un des deux moteurs : le V8 essence suralimenté de 565 chevaux ou l’hybride rechargeable P400e de 404 chevaux, qui offre une autonomie en mode 100% électrique allant jusqu’à 40 km. Les éditions Ultimate se distinguent du reste de la gamme par la peinture Orchard Green, le toit et les coques de rétroviseurs latéraux en «Narvick Black», les accents couleur cuivre sur les badges extérieurs, les détails « Graphite Atlas » sur la calandre, le pare-chocs avant, les prises d’air latérales, un capot spécifique et des jantes bicolores de 22 pouces. LUXE ET RAFFINEMENT. Dans l’habitacle, place au au raffinement avec une garniture Ebony/Vintage Tan ou la sellerie en cuir Poltrona Frau, les sièges matelassés en diamant, les garnitures en fibres de carbone «Steel Weave» et la garniture de pavillon Ebony. Tout est étudié pour que le luxe soit partout. Le sélecteur de vitesse rotatif, le bouton de démarrage et les pédales, ainsi que les palettes de changement de vitesses sont en aluminium. Une plaque spécifique aux versions Ultimate Edition et une montre Zenith sont également incluses. Le modèle à empattement long

créé personnellement par le professeur Gerry McGovern, officier de l’ordre de l’Empire britannique (OBE), directeur du design de Land Rover, qui apparaîtra à l’extérieur du véhicule ainsi qu’à l’intérieur, sur la plaque de mise en service de la console centrale portant l’inscription « 1 of 1970 », sur les appuie-têtes, le tableau de bord et les plaques de seuil éclairées. Le professeur Gerry McGovern OBE, Chief Creative Officer de Land Rover, a déclaré : « Dans le monde des véhicules de luxe, le Range Rover s’est toujours distingué comme étant incomparable et robuste. Ses sensibilités uniques et pionnières associées à une approche d’ingénierie inégalée ont été les valeurs intrinsèques que nos clients admirent depuis la révélation du tout premier Range Rover, en 1970».

Design inimitable et sophistiqué, capacités tout-terrain de premier ordre, avec plus d’un million d’exemplaires vendus dans le monde, le Range Rover représente l’expression ultime du luxe. En clair plus luxe que luxe. DR.

offre un espace pour les jambes à l’arrière de 1,2 mètre et est équipé de portes arrière à fermeture électrique, de sièges inclinables chauffants, climatisés et massants. Il y a aussi des repose-mollets et des repose-pieds réglables, des tablettes amovibles et un compartiment réfrigéré. Évidemment, tout cela a un prix. Le Range Rover SVAutobiography Ultimate Edition V8 commence à 183.706 £ (environ 215.000 euros) au RoyaumeUni, tandis que le SVAutobiography Dynamic demande 147.441 £, soit environ 173.000 euros. Notons que Range Rover totalise 50 ans d’innovation,

de raffinement et de capacités tout-terrain inégalés avec l’introduction du nouveau « Range Rover Fifty». DEPUIS LE 17 JUIN 1970. Le SUV de luxe original est une référence du marché automobile depuis le 17 juin 1970. Cinquante ans plus tard, le Range Rover a évolué pour devenir une famille de véhicules de luxe à la fois séduisants et performants. Son association attractive du design, du raffinement et de l’innovation technique en fait la référence de tous les SUV de luxe. En 50 ans d’existence, ce véhicule a signé de nombreuses premières mondiales et réalisé un certain

nombre d’exploits impressionnants. Au moment de son lancement, il s’agit du premier SUV équipé d’un système à traction intégrale permanente. En 1989, il devient le premier 4x4 au monde doté de freins antiblocage ABS. Plus tard, en 1992, il devient le premier 4x4 embarquant un antipatinage électronique (ETC) et une suspension pneumatique électronique automatique, offrant les sensations et le raffinement emblématiques du Range Rover, à la fois sur et hors route. En 2012, le Range Rover de dernière génération devient le premier SUV au monde à être doté d’une construction

légère tout en aluminium, le rendant à la fois plus léger, plus robuste et plus efficace. Le Range Rover a signé de nombreux exploits : il a traversé l’isthme du Darién, qualifié d’infranchissable, a été exposé au musée du Louvre à Paris, une première pour un véhicule, et a même remporté deux fois le ParisDakar. Aucun autre véhicule ne combine de tels niveaux de luxe, de confort et de raffinement avec les capacités tout-terrain et les performances sur route propres au Range Rover. Avec son capot en coquille, son toit flottant distinctif, son hayon fractionné et ses prises d’air avant emblématiques, le

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Range Rover actuel reste fidèle à ses racines de 1970. Aujourd’hui, à 50 ans, il s’agit du modèle le plus efficient, connecté, luxueux et performant. Pour célébrer les 50 ans d’une icône de l’automobile, l’édition spéciale «Range Rover Fifty» sera limitée à seulement 1970 véhicules dans le monde, en clin d’œil à l’année de lancement du premier Range Rover. Basé sur la version luxueuse Autobiography, le « Range Rover Fifty » se distingue par une série d’accents extérieurs inédits en finition Auric Atlas, ainsi que par deux styles de jantes uniques de 22 pouces. Le badge arbore un logo « Fifty »

PLUS LUXE QUE LUXE. Le « Range Rover Fifty » sera disponible en versions standard et à empattement long. Les clients pourront choisir entre quatre teintes extérieures soigneusement sélectionnées : Carpathian Grey, Rosello Red, Aruba et Santorini Black. La division Special Vehicle Operations de Land Rover propose également le « Range Rover Fifty » dans l’une des trois teintes Heritage reproduites à partir de la palette d’origine du Range Rover, en nombre extrêmement limité : Tuscan Blue, Bahama Gold et Davos White. Une gamme d’options de motorisation sera disponible, comprenant des moteurs essence, diesel et même une version hybride rechargeable P400e. Le Range Rover connaît aujourd’hui sa quatrième génération de véhicules. Avec plus d’un million d’exemplaires vendus, il représente l’expression ultime du luxe. En clair plus luxe que luxe. Son design inimitable et sophistiqué, ainsi que ses capacités toutterrain de premier ordre, lui permettent d’être aujourd’hui tout aussi actuel et pertinent qu’il l’était en 1970.


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Les jouissives très recommandées S pour mieux se déplacer, et on bouge de concert jusqu'à s'emboîter. Nos hanches se placent entre ses jambes écartées, nos genoux pliés et nos pieds restent à l'extérieur de ses hanches. Il n'y a plus qu'à se balancer d'avant en arrière.

exologues et autrices expertes dans le domaine révèlent leurs positions favorites, et pourquoi ils elles estiment ne pas pouvoir s'en passer. Six positions super jouissives recommandées par tous les expertes. On prend note.

En panne d'inspiration ? Pourquoi ne pas puiser des idées pour nos prochains ébats auprès de celles et ceux dont c'est la spécialité. Les experts/es divulguent leurs parades fétiches, les positions qui marchent à tous les coups dans leur intimité, et les techniques jouissives qui font la différence. Une liste qui invite à s'abandonner à l'autre, et forcément, à se rapprocher. 1- La levrette starlette. On connaît la levrette sur le bout des doigts, mais pas forcément ses versions personnalisées. La « levrette starlette » (traduction approximative de «dog star»), se base grosso modo sur les mêmes prérequis que la traditionnelle. Seule différence : son twist narcissique qui implique de se mater dans une glace pendant l'acte, sorte d'alternative moins risquée d'une sex-tape. « J'aime la position de la levrette avec un miroir en pied devant nous », confie Jenni Skyler, docteure en sexologie et sexologue, à Cosmopolitan US. « Cela nous permet d'osciller d'avant en arrière en misant sur l'énergie charnelle - parfois les yeux fermés, en appréciant l'intensité de la vitesse que cette position permet - (ou d'invoquer) l'énergie intime, avec un rythme plus lent et un contact visuel intense ». 2. La flemmarde. La docteure Kat Van Kirk, sexothérapeute diplômée, ne juge que par la position qui n'implique pas trop d'effort : « mon partenaire et moi sommes couchés sur le dos », détaille-telle à Bustle. « En-

Essayez ça avec sexologues et autrices expertes dans le domaine. DR.

suite, je lève la jambe la plus proche de lui et il roule sur le côté vers moi afin d'insérer son pénis dans mon vagin ». Jusquelà, on visualise bien. Elle justifie : « Cette position sexuelle paresseuse est géniale car aucun des deux n'a besoin de beaucoup d'énergie, on a une vue magnifique (sur l'autre) et on peut chacun s'embrasser, mais aussi se toucher et se stimuler mutuellement à l'aide nos mains ». Elle conclut par un conseil spécial parents : «De plus, il est possible de rester sous les draps au cas où les enfants nous surprennent ». Pratique. 3. Les jambes en l'air. On connaît l'expression « une partie de jambes en l'air », et on vient sûrement d'en trouver l'origine. En détails, ça donne ça : on s'allonge sur le dos perpendiculaire au bord du lit, avec un oreiller sous les fesses pour faire basculer nos hanches vers le haut. Notre partenaire, debout à côté du lit et face à nous, tend nos jambes et les tire vers sa poitrine de façon à ce que nos pieds frôlent sa tête. Il/elle nous pénètre, inclinant nos hanches et notre bassin à notre guise, pour maximiser la stimulation du point G. Au lieu d'un va et vient classique, celui/celle qui mène la danse (comprendre qui se tient debout) pose ses mains sur nos hanches et soulève

puis baisse nos fesses tout en maintenant votre pelvis serré contre le sien. « Ce mouvement de balancement provoque une forte stimulation du point G et frotte le clitoris contre le pelvis de votre partenaire », explique à Bustle Steve McGough, DHS, professeur associé de sexologie clinique, qui raconte qu'il surnomme « les jambes en l'air » est « la position numéro une pour ma femme et moi ». Il affirme par ailleurs que l'avantage de cette parade, c'est que «les femmes peuvent atteindre de multiples orgasmes vaginaux et clitoridiens profonds ». A qui le tour? 4. L'araignée. « Il y a beaucoup de place pour la réciprocité dans l'araignée», assure à Women's Health la sexothérapeute Veronica Chin Hing-Michaluk. «La stimulation du clitoris est sans précédent dans cette position, et le fait d'avoir vos mains si proches de vous et des parties génitales de votre partenaire vous permet de le/la toucher partout aisément ». «Vous pouvez également vous essayer à la succion des orteils ou à la stimulation du coude avec un vibromasseur », avise l'experte. «Donnez le jouet à votre partenaire, allongezvous tout en arrière, fermez les yeux et laissez-le/la prendre le contrôle... littéralement ».

Concrètement, comment on fait ? On s'assoit tous les deux face à face sur le lit, les jambes pliées et les pieds ancrés sur la couette. On met ses bras en arrière

5. L'ordinateur. « Il n'y a rien de plus intime que le sexe en face-à-face, à pénétration lente et profonde, et cette position est l'une de mes préférées », déclare l'autrice et experte en la matière Jennifer Baritchi à Oprah Magazine. Quelques consignes pour la réaliser : celui/celle qui pénètre avec son pénis ou un sextoy est assis/e sur une chaise (qu'on recommande solide) avec les pieds à plat sur le sol, tandis que

l'autre partenaire est assis/e sur ses genoux, visage contre visage. On repose l'arrière de ses genoux sur les épaules de son/ sa partenaire, et ses mollets et pieds sur ou par-dessus le dossier d'une chaise. «Vous pouvez saisir le cou de votre partenaire pour vous aider à maintenir votre équilibre, mais il ou elle doit tenir le bas de votre dos pour vous soutenir », conseille Jennifer Baritchi. Acrobatique, mais succès garanti. 6. Le serpent. « Si vous avez un clitoris, allongezvous sur le ventre, les jambes jointes, et demandez à votre partenaire de glisser en vous par derrière (avec un pénis ou un gode-ceinture)», propose Dre Jess O'Reil-

ly à Cosmopolitan US. « Mettez votre main au niveau de vos lèvres et de votre pubis de façon à ce que vous puissiez les presser contre votre paume et vos doigts. Vous pouvez aussi serrer vos jambes l'une contre l'autre pour stimuler votre clitoris ». Cette double stimulation - personnelle et extérieure - est d'autant plus savoureuse que l'angle de pénétration est intense. Et puis, l'autre peut en profiter pour mordiller votre oreille ou y susurrez des mots qui vous feront grimper plus haut. Avec ces nouvelles suggestions approuvées par les spécialistes, vous avez clairement de quoi meubler vos (longues) journées et vos nuits (confinées?). PAULINE MACHADO n

Y aller comme vous pouvez

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tements. Mais pensons à toutes ces fois où, en fin de soirée, on finit encore vêtue dans les bras d'un/e inconnu/e, en quête d'ébats fulgurants qui excluent l'effeuillage. Ou à ces instants volés sur le canapé, quand la sieste du dimanche dérape. La flemme de se mettre nu/e étant tout aussi aiguë que notre envie de sexe, on optera pour un spooning aussi romantique qu'orgasmique, les fringues à peine en bas des cuisses.

ans la précipitation qui précède nos rapports (parfois) amoureux et (souvent) passionnés, il arrive qu'on ressente l'envie de sauter l'étape du déshabillage. L'appel de la jouissance est si intense qu'il nous pousse à faire l'amour avec nos fringues encore portées. Ci-après la liste de quatre positions à adopter dans ces cas-là. 1. L'équerre. Il fallait bien que nos connaissances en géométrie nous servent un jour à quelque chose de concret. En vous plaçant en angle droit, penchée devant votre partenaire, dos à lui ou elle, vous n'aurez besoin que de baisser votre jean en-dessous de vos fesses, ou de soulever votre robe juste au-dessus de vos reins. A l'autre, ensuite, de déboutonner son pantalon facilement ou de glisser ses doigts sur votre vulve, puis à l'intérieur de votre vagin. L'avantage de la position, c'est qu'elle permet de s'envoyer en l'air à peu près partout, du moment qu'on

Coït réussi avec ses fringues... DR. trouve un mur/arbre/ poteau contre lequel s'appuyer. 2. Le koala. Cette position tire son nom de la posture favorite de l'animal austral : agrippé à son tronc comme une moule à son rocher. Positionnez vos jambes en tailleur autour de la taille de votre cher/e et tendre, assis/e sur le rebord d'un plan de travail, d'une machine à laver, voire d'une table à manger, ou bien simplement portée par la force de vos jambes

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et de ses bras. On vous recommande, pour le coup, d'opter pour une robe qui se dégagera facilement de votre entrejambe par le haut. Le pantalon demanderait une dextérité dont on dispose rarement dans ces moments, tant l'excitation nous presse. A raison. 3. La cuillère. Pour la cuillère, il faut être allongé/e. Et généralement, quand on est allongé/e, il y a de bonnes chances pour qu'on se trouve déjà au lit. Donc sans vê-

4. La vigie. Assise au-dessus de votre partenaire, droite comme un I, la jupe (une fois encore, l'habit le plus pratique dans se genre de cas) étalée pour former une sorte de protection anti-voyeur/se qui garde vos va-et-vient à l'abri, vous êtes entièrement maîtresse de la situation. Et ça vous plaît. Si vous n'osez pas tout de suite coupler sexe habillée et endroits publics, sachez que cette technique a fait ses preuves plus d'une fois dans les parcs, voire à la plage. Du moins, c'est ce qu'on a entendu...

PAULINE MACHADO n


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À Montpellier, Macron signe la fin de la Françafrique

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l avait annoncé vouloir marquer son temps. Avec l'Afrique, le 8 octobre dernier, à Montpellier, dans le sud de la France, le président français, probable candidat à sa réélection dans sept mois, a fait fort. Annoncé puis reporté, ce n'est plus de la Françafrique, avec des chefs d'État «trop vieux», «dictateurs», et «qui ont échoué». Pour la première fois depuis le début des sommets Afrique France en 1973, cette rencontre excluait les chefs d'États du Continent. Macron a conversé avec la jeunesse, invitée par des représentants de la société civile, venue de tout le continent (Burkina Faso, Mali, du Congo, Maroc, etc.), lors d'échanges animés organisés par l'intellectuel camerounais Achille Mbembe, chargé de piloter le «sommet». L'historien et politologue camerounais, enseignant-chercheur en sciences politiques à l'Université de Witwatersrand à Johannesbourg, en Afrique du Sud, pour qui «l’Afrique devrait d’abord mettre ses affaires en ordre pour que le reste du monde ne s’y intéresse pas; cela éviterait les ingérences comme celle du président français au Tchad mais cela suppose, selon lui, une ouverture démocratique » est l'archictecte de la refondation des rapports entre l'Afrique et la France. Au «sommet» de Montpellier, où le président français était le seul chef de l'État présent, l'intellectuel camerounais a organisé un dialogue sans concessions entre des jeunes Africains et Macron. À l'issue de ce «sommet», le président français a fait des annonces, s'appuyant sur les propositions d'Achille Mbembe. Parmi elles, la création d'un Fonds destiné à soutenir les initiatives de promotion de la démocratie, des programmes permettant une plus grande mobilité étudiante, ou la mise en

À Montpellier, deux membres du panel de onze jeunes Africains sélectionnés par Achille Mbembe pour interroger le président français. DR place d'un « forum euro-africain sur les migrations ». MACRON S'AVOUE « BOUSCULÉ ». Le tout dans un contexte particulièrement délicat. L'influence de la France dans son ancien pré-carré est de plus en plus disputée, particulièrement par la Russie. Et Paris est en crise ouverte avec deux de ses anciennes colonies, le Mali et l'Algérie. Au dernier jour du sommet AfriqueFrance, Emmanuel Macron a reçu plusieurs jeunes Africains un panel de jeunes Africains sélectionnés à l'issue de dialogues menés pendant des mois à travers le continent par Achille Mbembe, afin qu'ils s'expriment sur des sujets aussi variés que la démocratie dans leurs pays respectifs, mais aussi les relations entre leur pays et la France. Il a été interpellé sur le sort des migrants en Méditerranée, sur la restitution des œuvres d'art pillées au Bénin, ou sur la réduction du nombre de visas pour les ressortissants du Maghreb. Ces jeunes Africains ont exprimé sans fard leurs attentes et frustrations sur la démocratie et la relation avec la France, interpellant directement le président Macron lors d'un «sommet» Afrique-France qui privilégiait la parole de la société civile. Lors d'une séance plénière électrique

et sous des salves d'applaudissements, sans complaisance mais avec humour, les onze jeunes - malien, burkinabé, kényan, camerounais, etc. - invités à dialoguer, ont fustigé le « colonialisme », « l'arrogance » ou le « paternalisme français », et bousculé le président français. Ils ont secoué les usages et interpellé sans ménagement Emmanuel Macron, hôte d'un sommet inédit, sans chefs d'État africains. Défendant sa « sincérité » et niant tout « paternalisme », Emmanuel Macron s'est avoué « bousculé ». Mais, au cours d'un dialogue parfois tendu, il a réitéré ses fondamentaux sur les sujets de contentieux soulevés par les jeunes : colonialisme, soutien à des dictatures, interventions militaires. « Arrêtez votre discours paternaliste! Nous n'avons pas besoin d'aide, nous avons besoin de coopération », lui a lancé une jeune Malienne, Adam Dicko, n'hésitant pas à interrompre le président. Un blogueur sénégalais Cheikh Fall, a quant à lui demandé à la France de «demander pardon au continent africain » pour les crimes de la colonisation. « Et cessez de coopérer et collaborer avec ces présidents dictateurs ! Et programmez un retrait progressif et définitif de vos bases militaires en Afrique ! », a-t-il lancé à Emmanuel Macron. Adelle Onyango, une jeune

ressortissante du Kenya, pays anglophone, a sommé le président de s'engager à mettre «fin à la Françafrique» et ses pratiques opaques, et pointé les contradictions d'une France «arrogante», « enlisée dans des questions de racisme» et venant «donner des leçons de démocratie» aux Africains. Tout en reconnaissant « la responsabilité immense de la France dans le commerce triangulaire et la colonisation », le président français s'est de nouveau refusé à demander pardon, privilégiant «un travail de vérité» et non de « honte de soi et de repentance ». LA « PART D'AFRICANITÉ DE LA FRANCE ». Répondant aux accusations de soutien à des tyrannies et aux critiques sur les interventions militaires, il a réitéré ses fondamentaux : « la France est là militairement à la demande » des pays africains. Et a renvoyé ces derniers à leurs responsabilités : « c'est pas moi qui vais faire l'école, c'est pas moi qui vais faire la police… Jamais une intervention militaire ne remplace le travail d'un État », a-t-il lancé. Avant de poursuivre lui aussi dans des piques concernant «ce continent qui est jeune, dirigé depuis trop longtemps par des personnes qui sont vieilles ». Saluant la « part d'africanité de la France » et « la chance d'avoir une diaspora » dont les

membres sont «totalement français», a-t-il insisté, il a fait allusion aux débats identitaires qui marquent les débuts de la campagne présidentielle française, et qui ont été pointés à plusieurs reprises par les participants du sommet. Ces jeunes avaient beaucoup de choses à dire à la France, concernant l'héritage colonial, la politique des visas ou l'aide au développement. Dès l'ouverture du sommet, auquel ont été conviées quelque 3.000 personnes, la table ronde « Engagement citoyen et démocratie » a ainsi attiré de nombreux spectateurs et intervenants. « Nous avons l'espoir que Montpellier soit un nouveau départ. Qu'on écoute le terrain africain, la jeunesse africaine, elle a des choses à dire au monde et à la France», a lancé Bakary Sambe, directeur du Timbuktu Institute. Évoquant la décision récente de Paris de réduire drastiquement le nombre de visas pour les Algériens, les Marocains et les Tunisiens, Mehdi Alioua, professeur de Sciences politiques à Rabat, a déploré une « punition collective » et dénoncé la politique des visas comme un « système d'humiliation (et) de vexation », sous les applaudissements de l'assistance. La question de la mobilité reste une préoccupation très importante de la jeunesse africaine, qui n'a pas vu se concré-

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tiser les promesses de M. Macron quatre ans après son discours de Ouagadougou. Autre sujet très abordé, l'état de la démocratie sur le continent africain, et l' «ingérence française». IL SOUHAITE « VRAIMENT Y CROIRE ». « Nous sommes coincés entre un discours condescendant occidental qui veut éduquer les Africains et un discours de nos gouvernements affirmant que les Occidentaux veulent imposer leurs valeurs », a déploré une jeune étudiante de l'université Aix-Marseille, Habiba Issa Moussa, d'origine nigérienne. «Les questions essentielles ici, ce n'est pas l'entrepreneuriat ou le sport - largement évoquées au sommet de Montpellier, ndlr -, c'est la politique!», a lancé pour sa part la Burkinabè Sibila Saminatou Ouedraogo, fustigeant « la relation de dépendance » de l'Afrique à la France. Macron a été interpellé à plusieurs reprises par des participants. «Je n'en peux plus de voir la jeunesse africaine mourir dans la mer» Méditerranée pour gagner l'Europe, lui a lancé une femme. Un jeune Guinéen l'a ensuite exhorté à «soutenir la transition guinéenne» après le putsch qui a renversé le président Alpha Condé en septembre, dont M. Macron a convenu que « le troi-

sième mandat n'était pas opportun ». Avant cette séance plénière, arrivé en fin de matinée, Macron, hôte et unique président président, est passé de table ronde en table ronde. Sur le stand consacré aux restitutions d'œuvres pillées, il a annoncé que la France redonnerait fin octobre au Bénin 26 œuvres d'art provenant du «Trésor de Béhanzin» , pillé au palais d'Abomey en 1892 pendant les guerres coloniales. Il met en œuvre un engagement pris en novembre 2018, dans le cadre de cette «nouvelle relation» que la France entend nouer avec le continent et dont les restitutions constituent l'un des points saillants. « Fin octobre, les 26 œuvres du Trésor d’Abomey reviendront dans leur pays. Elles seront la fierté du Bénin. Et parce que restituer des œuvres à l'Afrique, c'est rendre accessible à la jeunesse africaine sa culture, ces restitutions seront aussi la fierté de la France», a, le 8 octobre, twitté le président français (@ EmmanuelMacron). « J'aimerais vraiment y croire », a déclaré David Maenda Kithoko, réfugié politique congolais en France. « Mais j'ai beaucoup de doutes. Concernant la relation entre la France et l'Afrique, il y a beaucoup de grands mots d'une part, et un manque de courage de l'autre », a déploré le jeune militant. avec AGENCES n


international SINCE 1989

Avec le vaccin et un test négatif, les États-Unis rouvrent leurs portes robuste et durable de l’économie américaine ». Il est vrai que pour beaucoup d’observateurs, le « travel ban », qui avait été décrété pour protéger l’Amérique du Covid-19, n’avait plus grand sens, notamment vis-à-vis de l’Europe, où le taux de vaccination est élevé et la pandémie moins sévère cet automne qu’aux États-Unis. L’administration démocrate a durci le ton ces dernières semaines face aux résistances contre la vaccination dans le pays et multiplié les annonces pour l’imposer là où les autorités fédérales en ont le moyen, ou au moins pour y inciter fortement. Certaines voix réclament une obligation de vaccination pour prendre les vols internes aux ÉtatsUnis, une décision toujours repoussée par l’administration Biden. avec AGENCES n Le journal Le Soft International est une publication de droit étranger propriété de FINANCE PRESS GROUP en abrégé FINPRESS Groupe, FPG. FINANCE PRESS GROUP RCCM KIN/RCCM/15-A-27926 Id. Nat. 01-93-N00932M

Le 8 novembre, les frontières des États-Unis vont à nouveau s'ouvrir aux touristes sous conditions : vaccination et test négatif. DR.

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ashington a enfin autorisé l'entrée sur le sol américain des touristes étrangers, notamment européens, en ordonnant la réouvertre des frontières des États-Unis le 8 novembre à condition de présenter une preuve de vaccination et un test négatif. Ils étaient interdits de sol américain depuis mars 2020, ils pourront à nouveau visiter la statue de la Liberté, le Grand Canyon ou la baie de San Francisco. C'est donc la fin proche du «travel ban» érigé par Donald Trump depuis mars 2020 sur les voyages internationaux et dont le maintien agaçait nombre de leurs partenaires, Européens en tête. La Maison-Blanche a annoncé la nouvelle dans un communiqué précisant la date de cette levée, qui avait déjà été annoncée le mois dernier. Ce nouveau dispositif s’appliquera aussi bien aux voyageurs arrivant par voie aérienne, qu’à ceux traversant les frontières terrestres avec le Canada et le Mexique. Face à la pandémie, les États-Unis

avaient fermé leurs frontières à partir de mars 2020 pour des millions de voyageurs en provenance d'une trentaine de pays - dont l’Europe (espace Schengen, RoyaumeUni, Irlande), mais également la Chine, l’Afrique du Sud, l’Inde, le Brésil et l’Iran. Ils avaient aussi fermé leurs points d’entrée par voie terrestre aux visiteurs venus du Canada et du Mexique. BONNE NOUVELLE POUR LE SECTEUR AÉRIEN. Cela a pu causer des situations personnelles douloureuses et des dommages économiques. Pour les voyageurs arrivant par les airs, les Etats-Unis demanderont, en plus d’une preuve de vaccination et d’un test dans les trois jours avant le départ, la mise en place par les compagnies aériennes d’un système de suivi des contacts. Pour la voie terrestre, la MaisonBlanche avait annoncé que la levée des restrictions se ferait en deux temps. À partir du 8 novembre, pourront traverser la frontière du Canada ou du Mexique, les personnes venant pour des raisons jugées non essentielles, par exemple familiales

ou touristiques, à condition d’être vaccinées. Les personnes venant pour des motifs impérieux - par exemple les chauffeurs routiers - en seront dispensées. Mais à partir de janvier, l’obligation vaccinale vaudra pour tous les visiteurs franchissant les frontières terrestres, quel que soit leur motif d’entrée aux États-Unis. Depuis cet été, les Européens piaffaient : alors que les frontières européennes s’ouvraient aux touristes américains, l’Atlantique demeurait pour eux toujours infranchissable, faute de «réciprocité». Jusqu’à cette annonce tant attendue par de nombreux touristes, impatients de visiter New York ou Miami. L’administration Biden, a expliqué le coordinateur de la lutte contre la pandémie à la Maison-Blanche Jeff Zients, va mettre en place un système global cohérent basé sur « les individus », et non sur des différences de traitement selon les pays de provenance. Plusieurs points doivent néanmoins encore être précisés notamment sur les vaccins qui seront acceptés par les autorités américaines. Pour l’heure, la FDA, l’agence

américaine du médicament, ne reconnaît que ceux de Pfizer/BioNTech, Moderna et Johnson & Johnson (Janssen). Qu’en sera-t-il pour les vaccins chinois et russe ? Ou encore d’AstraZeneca, très utilisé au Royaume-Uni et en France. La Maison-Blanche est restée pour l’heure évasive, renvoyant cette décision aux autorités sanitaires. La Commission européenne s’est toutefois déclarée optimiste quant à l’ajout d’AstraZeneca à la liste permettant l’accès au sol américain. De nombreuses capitales étrangères ont exprimé leur satisfaction après les annonces de la Maison-Blanche. C’est également le cas des poids lourds du secteur aérien, comme le groupe franconéerlandais Air France-KLM, estimant cette nouvelle «formidable». Avant la pandémie, il réalisait 40 % de son chiffre d'affaires sur ces liaisons. Les fédérations du secteur aérien, Airlines for Europe et Airlines for America, ont aussi «applaudi» l’annonce. Pour la Chambre de commerce américaine, cette mesure « contribuera à favoriser une reprise

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