Catalogue des Rencontres d'Arles 2017

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ARLES 2017 47€ TTC FRANCE ISBN 978-2-330-07804-1


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PARTENAIRES INSTITUTIONNELS

GRANDS PARTENAIRES

PARTENAIRES MÉDIAS

LES RENCONTRES D’ARLES SONT AUSSI ORGANISÉES AVEC LE SOUTIEN SPÉCIAL DE : PRIX PICTET, FONDATION JAN MICHALSKI POUR L’ÉCRITURE ET LA LITTÉRATURE, YELLOWKORNER, CONFÉDÉRATION SUISSE, LËT’Z ARLES (LUXEMBOURG), HUAWEI, NESPRESSO, BNP PARIBAS, RUBIS MÉCÉNAT CULTURAL FUND, ACTES SUD, PRO HELVETIA FONDATION SUISSE POUR LA CULTURE, SAIF, ADAGP, MÉTROBUS, LUMA ARLES, COMMUNAUTÉ D’AGGLOMÉRATION ARLES CRAU CAMARGUE MONTAGNETTE, AGEFOS PME PACA.

LA COLLABORATION ACTIVE DE : CENTRE POMPIDOU, BIBLIOTHÈQUE NATIONALE DE FRANCE, ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE LA PHOTOGRAPHIE D’ARLES, ASSOCIATION DU MÉJAN, MUSÉE RÉATTU, CARRÉ D’ART-MUSÉE D’ART CONTEMPORAIN DE NÎMES, COLLECTION LAMBERT AVIGNON, HÔTEL DES ARTS TOULON, FRAC PACA, MUSÉE DÉPARTEMENTAL ARLES ANTIQUE, ABBAYE DE MONTMAJOUR, MUSEON ARLATEN, CONSEILS D’ARCHITECTURE, D’URBANISME ET DE L’ENVIRONNEMENT 13, 30 ET 34, SERVICE DU PATRIMOINE DE LA VILLE D’ARLES, PARC NATUREL RÉGIONAL DE CAMARGUE, FESTIVAL DE MARSEILLE, FONDATION VINCENT VAN GOGH, ASSOCIATION POUR UN MUSÉE DE LA RÉSISTANCE ET DE LA DÉPORTATION EN ARLES ET PAYS D’ARLES, INRAP, THÉÂTRE D’ARLES, INA, BOUCHES‑DU-RHÔNE TOURISME.

LE SOUTIEN DE : HAMILTONS GALLERY, FONDATION LOUIS ROEDERER, FNAC, FONDATION DANIEL ET NINA CARASSO, FONDATION DU JAPON, TECTONA, RIVEDROIT AVOCATS, PINSENT MASONS LLP, UNIVERSITÉ PARIS II PANTHÉON-ASSAS, DIRECTION INTERRÉGIONALE DE LA PROTECTION JUDICIAIRE DE LA JEUNESSE SUD-EST, FIDAL, LE POINT, MADAME FIGARO, MK2, L’OFFICIEL ART, IDEAT MAGAZINE, FISHEYE, OFF THE WALL, RÉPONSES PHOTO, PICTO FOUNDATION, CENTRAL DUPON IMAGES, PROCESSUS, CIRCAD, PLASTICOLLAGE, CEWE, ATELIER SUNGHEE LEE & GAMBIER, ANITA SAXENA INTERPRÉTARIAT.


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PROGRAMME

Avec environ 40 expositions, les Rencontres d’Arles s’affirment comme un observatoire de la création actuelle et des pratiques photographiques. Des rapprochements au sein de la programmation se déclinent comme des séquences. Ils permettent d’identifier des rubriques et favorisent, année après année, un suivi au plus près des évolutions de la photographie.


P. 20

P. 54

P. 110

LATINA !

L’EXPÉRIENCE DU TERRITOIRE

DÉSORDRES DU MONDE

L’Amérique latine comme terre de photographie, avec la Colombie en point d’orgue. P.22

PULSIONS URBAINES

Quand les villes nouvelles, les aménagements, et même les accidents deviennent propices à la poésie du territoire et à la culture du paysage.

Bouleversements politiques, désordres climatiques, luttes environnementales et sociales… À quels futurs rêvons-nous ? P. 112

PHOTOGRAPHIE LATINO-AMÉRICAINE, 1960-2016

P. 56

P. 30

EARLY WORKS

MONSANTO, UNE ENQUÊTE PHOTOGRAPHIQUE

P. 66

P. 120

LA VIE DANS LES VILLES

UN MONDE QUI SE NOIE

P. 74

P. 126

PAZ ERRÁZURIZ UNE POÉTIQUE DE L’HUMAIN P. 38

LA VUELTA

28 PHOTOGRAPHES ET ARTISTES COLOMBIENS P. 48

LA VACHE ET L’ORCHIDÉE

PHOTOGRAPHIE VERNACULAIRE COLOMBIENNE

JOEL MEYEROWITZ

MICHAEL WOLF

MARIE BOVO

СТАНСЫ/STANCES P. 80

DANS L’ATELIER DE LA MISSION PHOTOGRAPHIQUE DE LA DATAR REGARDS DE 15 PHOTOGRAPHES P. 86

LEVITT FRANCE UNE UTOPIE PAVILLONNAIRE P. 92

CHRISTOPHE RIHET ROAD TO DEATH P. 98

KATE BARRY THE HABIT OF BEING P. 104

DUNE VARELA TOUJOURS LE SOLEIL

MATHIEU ASSELIN

GIDEON MENDEL

NIELS ACKERMANN & SÉBASTIEN GOBERT LOOKING FOR LENIN

P. 134

LES PLATEFORMES DU VISIBLE NOUVELLES APPROCHES DU DOCUMENTAIRE Un observatoire de la photographie documentaire pour une pratique en pleine mutation. P. 136

MATHIEU PERNOT LES GORGAN P. 144

SAMUEL GRATACAP FIFTY-FIFTY


P. 150

P. 206

P. 232

JE VOUS ÉCRIS D’UN PAYS LOINTAIN

RELECTURES

ÉMERGENCES

Coup de projecteur sur une partie du monde, comme une correspondance photographique. P. 152

IRAN, ANNÉE 38

LA PHOTOGRAPHIE VUE AUTREMENT

De la relecture du surréalisme aux usages de la photographie par Jean Dubuffet. P. 208

LE SPECTRE DU SURRÉALISME

66 PHOTOGRAPHES IRANIENS

UNE EXPOSITION DU 40E ANNIVERSAIRE DU CENTRE POMPIDOU

P. 162

P. 216

HISTOIRES DU PRÉSENT IMMÉDIAT

L’OUTIL PHOTOGRAPHIQUE

P. 170

P. 224

BLANK PAPER

MISE EN SCÈNE

De la mise en abîme de sa propre image au lieu même de l’exposition, tout devient prétexte au jeu des mises en scène. P. 172

MASAHISA FUKASE L’INCURABLE ÉGOÏSTE P. 180

AUDREY TAUTOU SUPERFACIAL P. 188

ROGER BALLEN THE HOUSE OF THE BALLENESQUE P. 194

KARLHEINZ WEINBERGER SWISS REBELS P. 202

YVES CHAUDOUËT TRANSPORTS DAVIGNON

JEAN DUBUFFET

ÉTRANGES COLLECTIONNEURS Libres et passionnés, certains collectionneurs portent leur regard sur des sujets singuliers et posent la question du vernaculaire. P. 226

TOUTES PROPORTIONS GARDÉES NAINS, HERCULES ET GÉANTS DE LA COLLECTION CLAUDE RIBOUILLAULT

Le festival est un défricheur, il va chercher les talents de demain. P. 234

NOUVEAU PRIX DÉCOUVERTE

10 ARTISTES DE MOINS DE 45 ANS PRÉSENTÉS PAR 10 GALERIES GALERIE FRANÇOISE PAVIOT

JULIETTE AGNEL LE 247

CARLOS AYESTA & GUILLAUME BRESSION LE BLEU DU CIEL

MARI BASTASHEVSKI UNO ART SPACE

NORMAN BEHRENDT GALERIE TEZUKAYAMA

BRODBECK & DE BARBUAT EAST WING GALLERY

PHILIPPE DUDOUIT NINETEENSIXTYEIGHT

GUY MARTIN

GALERIE IN SITU

CONSTANCE NOUVEL GALERIE INDE/JACOBS

ALNIS STAKLE

GALERIE STEPHAN WITSCHI

ESTER VONPLON P. 276

SILIN LIU I’M EVERYWHERE P. 280

DAVID FATHI

LE DERNIER ITINÉRAIRE DE LA FEMME IMMORTELLE P. 284

OLYMPUS ENGAGE UNE CONVERSATION PHOTOGRAPHIQUE GUILLAUME HERBAUT & ELEONORE LUBNA P. 288

VR ARLES FESTIVAL


P. 290

P. 318

P. 346

ARLES BOOKS

GRAND ARLES EXPRESS

ÉDUCATION ET FORMATION

Le livre de photographie dans tous ses états. P. 292

Le vent de la photographie souffle sur le Grand Sud…

LA STRUCTURE ET L’ÉPHÉMÈRE

P. 320

P. 294

BEATRIZ GONZÁLEZ & JOSÉ ALEJANDRO RESTREPO

COSMOS-ARLES BOOKS

PRIX DU LIVRE

LA PRODUCTION ÉDITORIALE DE L’ANNÉE EN LIBRE CONSULTATION P. 295

LUMA RENCONTRES DUMMY BOOK AWARD ARLES 2017 EXPOSITION DES MEILLEURES MAQUETTES DE LIVRES 2017

P. 296

PROGRAMME ASSOCIÉ

Les institutions associées à la programmation des Rencontres. P. 298

FLUX FEELINGS

NÎMES, CARRÉ D’ART FAIRE FACE P. 322

AVIGNON, COLLECTION LAMBERT ON AIME L’ART...!! AGNÈS B.

UN CHOIX D’ÉRIC MÉZIL DANS LA COLLECTION AGNÈS B.

ARLES À BOGOTÁ P. 302

UNE ATTENTION PARTICULIÈRE TROIS ÉTUDIANTS DE LA PROMOTION 2017 – ENSP P. 306

ZIGONESCHI

DIALOGUE AVEC LES INDIENS KOGIS (KABAGA) DE COLOMBIE P. 308

ALEX MAJOLI TITANIC P. 310

ANNIE LEIBOVITZ

THE EARLY YEARS, 1970–1983 : ARCHIVE PROJECT #1

MARSEILLE, FRAC MARIE BOVO

LA VOIE LACTÉE P. 330

TOULON, HÔTEL DES ARTS MATHIEU PERNOT SURVIVANCES

P. 340

SEMAINE D’OUVERTURE P. 342

LA NUIT

OH ¡ LATINA ! SOIRÉES AU THÉÂTRE ANTIQUE JOEL MEYEROWITZ ANNIE LEIBOVITZ IRAN MAINTENANT

LITTÉRATURE ET PHOTOGRAPHIE NUIT DE L’ANNÉE P. 344

P. 314

LE JOUR

P. 316

CONVERSATIONS, PERFORMANCES, PROJECTIONS

RENCONTRES À RÉATTU NONANTE-NEUF

DES CLICS ET DES CLASSES PÔLE PÉDAGOGIQUE

P. 352

ARLES HORS LES MURS ITINÉRANCES JIMEI x ARLES INTERNATIONAL PHOTO FESTIVAL

P. 326

P. 300

TERRITORIO

STAGES DE PHOTOGRAPHIE

LOIN D’OÙ ?

PHOTO FOLIO REVIEW LECTURES DE PORTFOLIOS

P. 356

GÉNÉRIQUE PARTENAIRES REMERCIEMENTS CONSEIL D’ADMINISTRATION ÉQUIPE INDEX DES ARTISTES


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BIENVENUE AUX E 48 RENCONTRES HUBERT VÉDRINE

PRÉSIDENT DES RENCONTRES D’ARLES

Pour la 48e année, les Rencontres photographiques d’Arles retrouvent leur public ! Public exigeant, amateur, souvent passionné, attaché à l’idée des Rencontres et à l’esprit des lieux, de plus en plus nombreux. Cette année, 25 lieux accueillent 250 artistes. Une fois de plus, les Rencontres innovent et défrichent. Après l’ouverture de Ground Control et de Mistral, deux nouveaux lieux d’exposition sont ouverts sur le boulevard Émile‑Combes. Le Grand Arles Express est présent à Marseille, à Avignon, à Nîmes et à Toulon ; il le sera ailleurs encore dans les prochaines années. Déjà, en Chine, les Rencontres avaient été présentes à Jimei en 2015 et en 2016 ; elles le seront à nouveau en novembre prochain. Rencontres d’ouverture et d’échanges : 28 artistes nous parlent cette année, avec leur regard, de la Colombie qui, après un demi‑siècle de guerre civile, expérimente les chemins encore fragiles de la paix civile, tandis que 66 artistes, dont beaucoup de jeunes et de femmes, nous racontent en photos l’Iran des années 1979-2017.

UN GRAND MERCI À TOUS NOS PARTENAIRES ! Les Rencontres d’Arles remercient le ministère de la Culture, la Direction régionale des affaires culturelles PACA , le ministère de l’Éducation nationale, le conseil régional Provence-Alpes-Côte d’Azur, le conseil départemental des Bouches-du-Rhône, la ville d’Arles, la communauté d’agglomération Arles-Crau-Camargue-Montagnette, le réseau Canopé, le Centre des monuments nationaux ainsi que l’ensemble de nos partenaires publics dont le soutien durable nous est précieux. Les Rencontres d’Arles sont heureuses de s’associer au Centre Pompidou à l’occasion des célébrations de son 40e anniversaire ainsi qu’à l’Année France-Colombie 2017, portée conjointement par le ministère de l'Europe et des Affaires étrangères, le gouvernement de Colombie et l’Institut français.

Nous tenons à saluer nos mécènes et partenaires privés pour leur générosité et leur confiance renouvelée, au premier rang desquels Olympus — avec qui nous fêtons joyeusement dix années de partenariat ! —, la fondation LUMA, BMW, SNCF Gares & Connexions, le prix Pictet, la fondation Jan Michalski pour l’écriture et la littérature, la Confédération suisse, YellowKorner et Actes Sud, ainsi que tous ceux qu’il ne nous est pas possible de citer ici. Nous nous réjouissons également de renforcer notre collaboration avec les partenaires qui nous ont récemment rejoints : BNP Paribas, Lët’z Arles (Luxembourg), Nespresso, Huawei, Rubis Mécénat cultural fund et la fondation Louis Roederer. Enfin, nous remercions nos principaux partenaires médias qui diffusent auprès de tous l’image du festival : ARTE, France Inter, Konbini, LCI, Le Point, Madame Figaro, mk2, L'Officiel Art, IDEAT Magazine, Fisheye et OFF the wall.

Bienvenue et bonne visite des Rencontres 2017, au public, notre ami !

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NOUVEL ESPACE SAM STOURDZÉ

DIRECTEUR DES RENCONTRES D’ARLES

Plus nous pensons les pays fermés, plongés dans des crises politiques ou économiques, et plus les photographes sont là. Ils révèlent, racontent, témoignent, inventent, réparent, reconstruisent, avec leur propre langage, celui de l’image. Ils sont les décodeurs des signes annonciateurs des sociétés en plein bouleversement. La 48e édition des Rencontres de la photographie partage ce goût de l’ailleurs. À travers Arles – ville au patrimoine vivant qui, le temps d’un été, se démultiplie en d’étonnants lieux d’accueil de nos expositions – se dessine un parcours qui vous mènera de l’Amérique latine à la Perse d’aujourd’hui, des rives du Bosphore à la frontière syrienne, du château Davignon aux caravanes arlésiennes. En apnée, vous ferez le tour du monde des inondations ; en train, vous vous confronterez à l’immensité du paysage russe ; en Ukraine, vous ramasserez les morceaux de Lénine ; vous réfléchirez au cas Monsanto ; vous suivrez sur vingt ans la vie d’une famille gitane... Du local au global, la 48e édition vous guidera au cœur de la scène colombienne, vous immergera au milieu de la nouvelle génération espagnole, vous initiera au regard oblique de la photographie iranienne ; le tout pour un voyage radical au cœur d’une géopolitique complexe et bouillonnante. VOIR LE MONDE

En effet, le monde bouge. Rien de nouveau à cela, mais il bouge plus vite encore.

Désormais, les images circulent à la vitesse de la lumière. La libération technologique, hier célébrée comme l’appropriation d’une expression directe, fer de lance d’une démocratie toujours plus participative, révèle un autre visage, un autre usage. Elle se met au service de conquêtes populistes. Entrons-nous dans l’ère de la guerre des images où chacun choisit de se faire, alternativement, le diffuseur ou le récepteur de vérités ou de contre-vérités ? Alors, plus que jamais, nous avons besoin des artistes et de leur réappropriation du temps juste. Ils participent au décryptage, à la contextualisation, à l’émergence d’écritures nouvelles, tandis que le festival amplifie leurs voix, retranscrit leur programme ambitieux, simple et efficace : voir le monde tel qu’il est, tel qu’il pourrait être, tel qu’il devrait être. MERCI À VOUS !

Et les visiteurs des Rencontres ne s’y trompent pas. En 2016, vous avez été plus nombreux que jamais. En quinze ans, la fréquentation des Rencontres d’Arles a décuplé, témoignant ainsi de l’intérêt croissant du public pour la photographie. La manifestation s’impose désormais comme un rendez-vous annuel, un arrêt sur image, une radioscopie de la création artistique, parce que les Rencontres accompagnent toutes les évolutions de la photographie et qu’elles en sont parfois à l’initiative. Ainsi, la 48e édition réserve son lot de surprises, comme lorsque


l’artiste Jean Dubuffet s’approprie et détourne les usages de la photographie, se servant de sa reproductibilité pour dupliquer peintures et dessins, ou lorsque Roger Ballen investit le lieu même de l’exposition pour offrir au visiteur une expérience immersive et ballenesque. La réalité virtuelle (VR) s’annonce déjà comme le prochain bouleversement technologique. Elle engage de nouvelles écritures, met au défi les représentations, bouscule les codes établis. Elle inspire des auteurs, produit de nouvelles formes. Le festival accompagne ces évolutions majeures liées aux images en créant un nouveau rendez-vous, le VR Arles Festival, désormais présent tout l’été au cloître Saint-Césaire. Les visiteurs pourront ainsi découvrir la vingtaine de films sélectionnés pour la compétition officielle. TOUS LES ACTEURS DE LA PHOTOGRAPHIE

In fine, nous sommes un festival de photographie au service des photographes. Pourtant, l’art est un écosystème où s’active un grand nombre d’acteurs, de la création à la diffusion, sans oublier la production. Nous nous affirmons, édition après édition, comme terre d’accueil, d’expression et de valorisation de cet écosystème. De par sa visibilité, le festival est une plateforme unique pour la communauté de la photographie, un bien commun au service de tous ses acteurs : les photographes bien sûr, mais aussi les commissaires d’exposition, les chercheurs, les éditeurs, les collectionneurs et, depuis cette année, les galeristes. Les commissaires d’exposition trouvent à Arles un terrain d’expérimentation à la hauteur de leurs ambitions ; ils sont en 2017 plus de 30 à livrer leur interprétation de la photographie. Les éditeurs sont désormais largement représentés à travers le prix de la maquette de livre et le prix du Livre, tandis que Cosmos-Arles-Book réunit, pendant la semaine d’ouverture, près de 80 éditeurs spécialisés. De même, la 48e édition poursuit l’intérêt qu’elle porte aux collectionneurs. De l’excellente collection latino-américaine de Letitia et Stanislas Poniatowski à l’étrange ensemble vernaculaire consacré aux nains, géants et hercules rassemblé par Claude Ribouillault, les collectionneurs sont célébrés pour leur esprit libre qui met en lumière

des pans négligés de l’histoire de la photographie. Enfin, nous accueillons officiellement des acteurs incontournables de la scène artistique à travers la nouvelle mouture du prix Découverte. En effet, les galeristes, par leur travail de défricheurs, sont souvent les premiers à repérer, soutenir et encourager les talents de demain. Ils sont désormais invités à proposer le projet d’un artiste de moins de 45 ans dont ils estiment que le travail mérite d’être promu auprès d’une audience internationale. Ainsi, dix photographes ont été sélectionnés parmi les 200 candidatures reçues, et sont exposés dès cet été ; reste aux professionnels à décerner le Nouveau Prix Découverte au meilleur d’entre eux, lors de la semaine d’ouverture. De toute évidence, tous les acteurs de la photographie nourrissent la programmation et renforcent chaque année un peu plus la pertinence des Rencontres d’Arles. UN ESPRIT, PAS UN LIEU

Cette année, nous ouvrons de nouveaux espaces, au sens propre comme au figuré. En 2017, ce sont deux nouveaux lieux sur lesquels va souffler l’esprit des Rencontres. Tous deux situés sur le boulevard Émile-Combes, bordant le centre historique, ils sont faits de maisons abandonnées, d’anciennes boutiques, d’entrepôts et de jardins urbains. Ouverts pour la première fois au public, ils ont été réaménagés pour l’occasion en lieux d’expositions et de flâneries. Ils perpétuent la réputation qui va si bien aux Rencontres d’Arles de défricheur de la ville. Mais un espace peut en cacher un autre ! Car davantage encore que les mètres carrés, ce sont bien les nouveaux espaces de la photographie qui, plus que tout, mobilisent inlassablement notre énergie : espace de création, espace politique, espace de contestation ou de révolte, espace de réflexion… mais espace livré au regard critique et à la libre pensée. Qu’on se le dise : avant d’être un lieu, les Rencontres d’Arles sont un espace… de liberté !

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LES COMMISSAIRES DES EXPOSITIONS

JUAN VICENTE ALIAGA

BÉATRICE ANDRIEUX

SIMON BAKER

Né en 1959 à Valence, Espagne. Vit et travaille à Valence, Espagne.

Née en 1968 à Paris, France. Vit et travaille à Colombes, France.

Né en 1972 à Londres, Royaume-Uni. Vit et travaille à Londres, Royaume-Uni.

Juan Vicente Aliaga est étroitement lié aux luttes et aux réseaux féministes, queer, décoloniaux et postcoloniaux. Il est professeur de théorie de l’art moderne et contemporain à l’Université polytechnique de Valence (Espagne). On retrouve ces problématiques dans ses publications et ses expositions, pour les plus récentes : Gina Pane. Intersecciones (MUSAC, León, 2016) ; Paz Errázuriz (Madrid, Fundación Mapfre, 2015) ; Woeful Weapons. Josep Renau and Martha Rosler Reacting to War (IVAM, Valencia, 2015) ; Claude Cahun (Jeu de Paume, Paris, 2011; Art Institute of Chicago, 2012) ; Akram Zaatari: The Uneasy Subject (MUAC, México City, 2012).

Commissaire d’exposition indépendante, spécialisée en photographie et en art contemporain, elle a été directrice artistique de photo basel en 2016 et a dirigé le festival Alt+1000 en Suisse en 2015. Elle a collaboré à Paris Photo au Grand Palais et à Los Angeles de 2011 à 2014. Elle a assuré différents commissariats dont Silent Significance en 2011 avec les artistes Anne-Lise Broyer, Claudia Angelmaier et Charwei Tsai ; Waterland en 2009 avec Massimo Vitali, Aram Dervent et Katrien Vermeire. Elle est coauteure de l’ouvrage Lucien Hervé/Le Corbusier : Contact (Seuil, 2011) et a organisé les expositions de Georges Tony Stoll, Seydou Keïta, Paul Seawright, Martin Parr et Vincent Gallo.

EXPOSITION  : PAZ ERRÁZURIZ, UNE POÉTIQUE DE L’HUMAIN — P. 30

EXPOSITION  : LEVITT FRANCE, UNE UTOPIE PAVILLONNAIRE — P. 86

Simon Baker est commissaire d’exposition à la Tate Modern. En 2009, il y devient le premier conservateur pour le domaine de la photographie. Il était jusqu’alors professeur associé en histoire de l’art à l’université de Nottingham. Depuis qu’il a rejoint la Tate Modern, il a organisé ou coorganisé les expositions Exposed: Voyeurism, Surveillance and the Camera (2010), Taryn Simon: A Living Man Declared Dead and Other Chapters (2011), William Klein + Daido Moriyama (2012), Another London (2012), Conflict, Time, Photography (2014), Nick Waplington, Alexander McQueen: Working Process, (2015) et Performing for the Camera (2016), ainsi que Don McCullin, Hors-Champ (Arles, 2016). Simon Baker a également publié la première monographie consacrée au peintre George Condo (Thames & Hudson, 2016). EXPOSITION  : MASAHISA FUKASE, L’INCURABLE ÉGOÏSTE — P. 172


SONIA BERGER

LÉA BISMUTH

CHRISTIAN CAUJOLLE

Née en 1976 à Getxo, Espagne. Vit et travaille à Madrid, Espagne. dalpine.com

Née en 1983 à Paris, France. Vit et travaille à Paris, France.

Né en1953 à Sissonne, France. Vit et travaille à Paris, France.

Après des études d’histoire de l’art et de philosophie à la Sorbonne, Léa Bismuth écrit dans artpress dès 2006. À partir de 2013, tout en collaborant avec des institutions comme les Beaux-Arts de Paris, Le Fresnoy ou Le BAL, elle met en place sa démarche de commissaire d’exposition en adaptant des textes littéraires et philosophiques au format de l’exposition : citons ses commissariats pour Les Nouvelles Vagues du Palais de Tokyo (2013), Le CAC La Traverse (2015), L’URDLA Focus Résonance Biennale de Lyon (2015), Les Tanneries (2017). De 2016 à 2019, elle conçoit un vaste programme à Labanque, à Béthune : la Traversée des Inquiétudes, une trilogie librement inspirée de la pensée de Georges Bataille.

Ancien rédacteur en chef chargé de la photographie au journal Libération, il crée l’agence VU’ en 1986 et dirige « VU’ La galerie » à partir de 1998. Président du World Press Photo en 1990, il est le directeur artistique des Rencontres internationales de la photographie d’Arles en 1997. En 2001, Christian Caujolle est le commissaire invité du festival PhotoEspaña. Depuis 2006, il est professeur associé à l’École nationale supérieure Louis-Lumière.

EXPOSITION  : SAMUEL GRATACAP, FIFTY-FIFTY — P. 144  ; JULIETTE AGNEL, LES NOCTURNES — P. 236

FRANÇOIS CHEVAL

Sonia Berger est éditrice indépendante. Elle est titulaire d’un master d’études en édition et publication de textes de l’université de Deusto, et d’un diplôme de traduction et interprétation de l’université de Salamanque. Depuis le début des années 2000, elle travaille pour de nombreuses maisons d’édition ainsi que des magazines. Elle a suivi des études de photographie à l’école Blank Paper de Madrid. Actuellement, elle combine son travail d’édition avec la direction de Dalpine, une maison d’édition et une librairie spécialisée en livres photo. Elle est membre de La Troupe, collectif de professionnels du secteur éditorial dédié à des projets artistiques. EXPOSITION  : BLANK PAPER, HISTOIRES DU PRÉSENT IMMÉDIAT — P. 162

EXPOSITION  : CARLOS AYESTA ET GUILLAUME BRESSION, RETRACING OUR STEPS, FUKUSHIMA EXCLUSION ZONE – 2011-2016 — P. 240

Né en 1954 à Belfort, France. Vit et travaille à Chalon-sur-Saône, France.

RAPHAËLE BERTHO Née en 1982 à Paris, France. Vit et travaille à Paris, France.

Raphaële Bertho est maîtresse de conférences en Arts à l’université de Tours. Historienne de la photographie, elle travaille depuis 2005 sur les enjeux esthétiques et politiques de la représentation du territoire contemporain. Elle a publié en 2013 l’ouvrage La Mission photographique de la DATAR, un laboratoire du paysage contemporain (La Documentation française) et plusieurs articles dont « Les grands ensembles, cinquante ans d’une politique fiction française » (Études photographiques, 2014). Avec Héloïse Conesa, elle est commissaire de l’exposition Paysages français : une aventure photographique (1984‑2017), présentée à la BnF à l’automne 2017. EXPOSITION  : DANS L’ATELIER DE LA MISSION PHOTOGRAPHIQUE DE LA DATAR. REGARDS DE 15 PHOTOGRAPHES — P. 80

ELIZABETH BREINER Née en 1989 à Albany, État de New York, États-Unis. Vit et travaille à Londres, Royaume-Uni. nineteensixtyeight.com

Elizabeth Breiner est critique d’art, commissaire et rédactrice en chef de la plateforme photographique nineteensixtyeight. Elle est diplômée du Vassar College et de l’University College de Londres. Son travail se concentre sur les liens existant entre littérature et photographie, et plus particulièrement sur les définitions changeantes du réalisme documentaire dans ces deux formes d’art. Elle a également été rédactrice en chef de Fotoura, a organisé plusieurs éditions International Street Photography Awards, et a travaillé sur la première édition London Festival of Photography. Elle a écrit pour un grand nombre de publications, collaboré à des livres d’artistes, recensé des portfolios et participé à des jurys de concours.

Formé à l’histoire et à l’ethnologie, François Cheval a exercé la fonction de conservateur de musées depuis 1982. De 1996 à 2016, il dirige le musée Nicéphore Niépce à Chalon-sur-Saône et défend une jeune photographie exigeante. Dans la continuité des projets développés à l’extérieur des musées, il poursuit ses activités de commissariat d’expositions (au MuCEM pour MarseilleProvence 2013, au Pavillon Populaire de Montpellier, à PhotoEspaña, et aux Rencontres d’Arles). Il assure la direction artistique de prix (fondateur de la résidence BMW, et du prix HSBC pour la photographie). Il est le cofondateur et codirecteur du nouveau Lianzhou Museum for Photography, premier musée public dédié à la photographie en Chine qui ouvrira ses portes en novembre 2017. Cette même année, il est chargé de la programmation du Mérignac Photographic Festival. EXPOSITION  : KARLHEINZ WEINBERGER, SWISS REBELS — P. 194

EXPOSITION  : GUY MARTIN, THE PARALLEL STATE — P. 260

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HÉLOÏSE CONÉSA

DIANE DUFOUR

ALEXIS FABRY

Née en 1983 à Lyon, France. Vit et travaille à Paris, France.

Née en 1966 à Paris, France. Vit et travaille à Paris, France. le-bal.fr

Né en 1970 à Neuilly-sur-Seine, France. Vit et travaille à Paris, France. tolucaeditions.com

Diane Dufour est Directrice du BAL à Paris, espace contemporain dédié à l’image-document (photographie, vidéo, cinéma, nouveaux médias) créé en 2010 avec Raymond Depardon. Reconnu internationalement pour la qualité de ses expositions (Anonymes, l’Amérique sans nom ; Topographies de la guerre ; Antoine d’Agata, Anticorps ; Paul Graham ; Lewis Baltz, Common Objects, etc.), LE BAL a pour ambition d’inscrire les arts visuels dans une réflexion sur nos sociétés. Diane Dufour a conçu de nombreux ouvrages autour du travail de photographes contemporains dont Mark Cohen, Dark Knees ; Lewis Baltz, Common Objects ; Dirk Braeckman, Sisyphe ; Mark Lewis, Above and Below. Elle est à l’initiative du Curators’day, plateforme d’échanges de projets qui réunit trente musées européens. Elle a été directrice Europe de Magnum Photos de 2000 à 2007.

Alexis Fabry est éditeur. Il a fondé, en 2003, avec Olivier Andreotti, les Éditions Toluca. Il a été cocommissaire de nombreuses expositions, dont : Urbes Mutantes (Museo de arte del Banco de la República, Bogotá, 2013 et International Center of Photography, New York, 2014) ; América Latina 1960-2013 (Fondation Cartier pour l’art contemporain, Paris) ; Latin Fire. Otras fotografías de un continente (CentroCentro, Madrid, 2015) ; Fernell Franco Cali Clair-Obscur et Daido Moriyama, Daido Tokyo (Fondation Cartier pour l’art contemporain, Paris, 2016) et Transiciones. Diez años que trastornaron Europa (Círculo de Bellas Artes, Madrid, 2016).

Héloïse Conésa est conservatrice du patrimoine à la Bibliothèque nationale de France, en charge de la collection de photographie contemporaine. Historienne de la photographie, ses recherches universitaires ont plus précisément porté sur la photographie espagnole contemporaine. Elle a été commissaire des expositions Entrevoir sur l’œuvre vidéo de Robert Cahen (MAMCS, 2013), Colles et Chimères sur le photographe Patrick Bailly-Maître-Grand (MAMCS, 2014) ainsi que, depuis 2015, avec Didier de Faÿs, des diverses éditions de la Bourse du Talent exposées à la BnF. Avec Raphaële Bertho, elle est commissaire de l’exposition Paysages français : une aventure photographique (1984‑2017), présentée à la BnF à l’automne 2017. EXPOSITION : DANS L’ATELIER DE LA MISSION PHOTOGRAPHIQUE DE LA DATAR. REGARDS DE 15 PHOTOGRAPHES — P. 80

EXPOSITION : KATE BARRY — P. 98

EMMANUELLE DE L’ECOTAIS Née en 1968 à Bruxelles, France. Vit et travaille à Paris, France.

Docteur en histoire de l’art, Emmanuelle de l’Ecotais est chargée de la collection photographique du musée d’Art moderne de la ville de Paris. Spécialiste de l’œuvre de Man Ray, elle a été notamment commissaire des expositions Man Ray, la photographie à l’envers (Grand Palais, 1998), Alexandre Rodtchenko (musée d’Art moderne, 2007), Objectivités, La Photographie à Düsseldorf (ARC, 2008), Henri Cartier-Bresson (musée d’Art moderne, 2009), Bernhard et Anna Blume (MEP, 2010), Linder, Femme-Objet (ARC, 2013). Conseillère artistique du Prix HSBC pour la photographie en 2013, elle est aussi rapporteur du prix de photographie Marc Ladreit de Lacharrière (académie des Beaux‑Arts), et membre du jury pour le prix Pictet. EXPOSITION : BRODBECK & DE BARBUAT, IN SEARCH OF ETERNITY II : LE MUR DE VENT, JAPON, 2013-2015 — P. 252

FANNIE ESCOULEN Née en 1978 à Valence, France. Vit et travaille à Marseille et Paris, France. prix-levallois.com

Diplômée de l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles, Fannie Escoulen est commissaire d’exposition indépendante. Directrice adjointe du BAL à Paris depuis sa création en 2007 jusqu’en 2014, elle a notamment été commissaire des expositions suivantes : Antoine d’Agata, Anticorps (Fotomuseum de La Haye ; LE BAL ; Forma, Milan ; La Termica, Malaga), Stéphane Duroy, Again and Again (LE BAL), Anne-Marie Filaire, Zone de sécurité temporaire (Mucem, Marseille), Photographie & Résistance, la nouvelle scène photographique espagnole (Fotomuseum Anvers), Je voulais être photographe (Fondation Foto Colectania, Barcelone). Directrice artistique du prix Levallois pour la jeune création photographique internationale depuis 2015, elle collabore régulièrement avec des maisons d’éditions en tant que directrice éditoriale sur des projets d’ouvrages monographiques. EXPOSITION : KATE BARRY — P. 98

EXPOSITION : PULSIONS URBAINES. PHOTOGRAPHIE LATINO-AMÉRICAINE, 1960-2016 — P. 22

ANAHITA GHABAIAN ETEHADIEH Née en 1962 à Téhéran, Iran. Vit et travaille à Téhéran, Iran. silkroadartgallery.com

Titulaire d’un doctorat en histoire et d’un DESS en application informatique à la gestion économique et sociale (université Paris Diderot), Anahita Ghabaian Etehadieh a créé en 2001 la Silk Road Gallery, première galerie spécialisée en photographie en Iran. Elle accueille régulièrement des expositions dans ses deux espaces à Téhéran et participe aux foires internationales de photographie et d’art contemporain. En 2009, elle été directrice artistique de Photoquai tandis qu’en 2015, elle a assuré le commissariat de l’exposition de Newsha Tavakolian pour le prix Carmignac du photojournalisme et a été cocommissaire de la rétrospective de Shadi Ghadirian organisée à la bibliothèque municipale de Lyon. Elle a publié La photographie iranienne, un regard sur la création contemporaine en Iran (2012). EXPOSITION : IRAN, ANNÉE 38. 66 PHOTOGRAPHES IRANIENS — P. 152


MARKUS HARTMANN Né en 1962 à Berlin, Allemagne. Vit et travaille à Stuttgart, Allemagne. hartmannprojects.com

Markus Hartmann est le directeur de Hartmann Projects, une plateforme consacrée à l’édition, la publication et l’organisation d’expositions liées à l’art et à la photographie. Il a notamment été le commissaire de l’exposition de Markus Brunetti FACADES, présentée lors de l’édition 2015 des Rencontres d’Arles. Markus Hartmann est l’auteur et l’éditeur d’un grand nombre de livres de photographies et contribue aussi bien à des blogs qu’à des conférences sur les livres et la photographie. EXPOSITION : NORMAN BEHRENDT, BRAVE NEW TURKEY — P. 248

UTE CHRISTIANE HOEFERT Née en 1979 à Hambourg, Allemagne. Vit à Frauenfeld et travaille à Zurich, Suisse. stephanwitschi.ch

Après avoir suivi un apprentissage en menuiserie, Ute Christiane Hoefert étudie l’art moderne et l’histoire à l’université technique de Berlin. Elle a travaillé dans de nombreux musées et galeries en tant qu’historienne de l’art et médiatrice. Depuis janvier 2017, elle travaille pour la galerie et les éditions Stephan Witschi. EXPOSITION : ESTER VONPLON, WIE VIEL ZEIT BLEIBT DER ENDLICHKEIT — P. 272

où elle est commissaire associée depuis 2015. En 2014-2015, elle a coorganisé le séminaire de master (LabZone) sur la spatialisation de l’Image à la HEAD (Genève). Elle collabore régulièrement aux revues artpress, Flash Art International et 02. EXPOSITION : CONSTANCE NOUVEL, PLANS-RELIEFS — P. 264

NICOLAS JIMENEZ ET MARIE SUMALLA Né en 1981 à Perpignan. Vit et travaille à Paris, France. Née en 1980 à Perpignan. Vit et travaille à Paris, France.

Nicolas Jimenez dirige le service photo du quotidien Le Monde depuis 2008, Marie Sumalla le rejoint en 2011 pour assurer la couverture de l’actualité internationale.L’avènement des printemps arabes renforce l’engagement du journal dans la production photojournalistique. Les reportages maison («PourLeMonde») sont de plus en plus nombreux et traitent de la révolution syrienne et de ses conséquences géopolitiques, jusqu’au tumulte du continent africain ainsi que la guerre contre l’État islamique. Depuis l’insurrection du peuple libyen, en 2011, le journal s’attache à documenter le territoire libyen post-kadhafiste grâce aux reportages de ses envoyés spéciaux. EXPOSITION : SAMUEL GRATACAP, FIFLTY-FIFTY — P. 144

TOMO KOSUGA Né en 1983 au Japon. Vit et travaille à Tokyo, Japon. masahisafukase.com

AUDREY ILLOUZ Née en 1978 à Paris, France. Vit et travaille à Paris, France.

Audrey Illouz est critique d’art et commissaire d’expositions indépendante. Elle a été coordinatrice d’expositions (2006-2010) au Centre photographique d’Île-de-France. Elle mène un travail de recherche sur Vito Acconci et le Studio Acconci. Elle s’intéresse par ailleurs au médium photographique et à ses détournements. Elle a notamment organisé les expositions L’Apparition des Images (2013) à la fondation d’entreprise Ricard, et Dispositifs (Marina Gadonneix, Aurélie Pétrel, 2015) à la Comédie de Caen

Directeur des Masahisa Fukase Archives, Tomo Kosuga est également producteur artistique, commissaire d’exposition et auteur, activités qu’il exerce principalement dans le milieu de la photographie japonaise. Jusqu’en 2014, il était directeur artistique de l’antenne japonaise de la plateforme médias internationale Vice Media. Il a été commissaire de nombreuses expositions, parmi lesquelles Masahisa Fukase: The Incurable Egoist (2015), VICE Japan: The Global Photo Collaborations (2014), Bob Richardson (2008) et Terry Richardson vs. Jackass (2008).

ANNE LACOSTE Née en 1973 à Versailles, France. Vit et travaille à Lausanne, Suisse. elysee.ch

Anne Lacoste est titulaire d’un doctorat en histoire de l’art sur l’histoire de la pratique photographique en archéologie. Depuis 2011, elle est conservatrice des expositions au Musée de l’Élysée. Après une expérience de cinq ans chez Christie’s, elle a commencé sa carrière de conservatrice au département des Photographies du J. Paul Getty Museum, à Los Angeles. Depuis 2005, ses projets couvrent l’histoire de la photographie à travers des monographies de Felice Beato, Paul Strand, Irving Penn, Luc Delahaye ou Philippe Halsman, et des thématiques telles que le portrait, la photographie contemporaine américaine, l’histoire de la diapositive, le Photomaton, les collections et archives photographiques. EXPOSITION : JEAN DUBUFFET, L’OUTIL PHOTOGRAPHIQUE — P. 216

PETER PFRUNDER Né en 1959 à Singapour. Vit et travaille à Zoug et à Winterthour, Suisse. fotostiftung.ch

Peter Pfrunder a étudié la littérature à Zurich, Berlin et Montpellier, et a soutenu une thèse en 1988. Jusqu’en 1998, il a travaillé comme journaliste indépendant, auteur et commissaire d’exposition. Depuis, il est respectivement directeur et conservateur de la Fondation suisse pour la photographie située à Winterthour. Il a publié récemment Gotthard Schuh. Une approche amoureuse (Göttingen, 2009), Swiss Photobooks from 1927 to the Present: A Different History of Photography (Baden, 2011), Adieu la Suisse ! Construction et déconstruction d’un mythe photographique (Paris, 2012), Unfamiliar Familiarities. Outside Views on Switzerland (Winterthour/Lausanne/ Zurich, 2017). EXPOSITION : NIELS ACKERMANN & SÉBASTIEN GOBERT, LOOKING FOR LENIN — P. 126

EXPOSITION : MASAHISA FUKASE, L’INCURABLE EGOÏSTE — P. 172

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CAROLINA PONCE DE LEÓN Née en 1955 à Bogotá, Colombie. Vit et travaille à Bogotá, Colombie.

Commissaire indépendante, Carolina Ponce de León a été directrice artistique à la bibliothèque Luis Ángel Arango, Bogotá ; commissaire d’exposition au Museo del Barrio, New York ; directrice à la galerie de la Raza, San Francisco ; et conseillère des arts visuels au ministère de la Culture colombien. Elle est l’auteur de plusieurs livres (El Efecto Mariposa: Ensayos Críticos sobre arte y cultura en Colombia, Jesús Abad Colorado: Mirar de la Vida Profunda, et Roldán) et a contribué à des anthologies publiées par MIT Press, le New Museum de New York et InIVA. Enfin, elle a écrit des essais et des critiques pour L’Art-officiel, Art n America, Art Nexus, Magazine Bombe, Parkett et Polyester. EXPOSITION : LA VUELTA, 28 PHOTOGRAPHES ET ARTISTES COLOMBIENS — P. 38

MARK SEALY

SAM STOURDZÉ

Né en 1960 à Londres, Royaume-Uni. Vit et travaille à Londres, Royaume-Uni. autograph-abp.co.uk

Né en 1973 à Paris, France. Vit et travaille entre Paris et Arles, France.

Mark Sealy s’intéresse au rapport entre la photographie et les mutations sociales, les politiques identitaires, les identités raciales et les droits de l’homme. Directeur d’Autograph ABP à Londres depuis 1991, il a édité des livres d’artistes, organisé des expositions et travaillé avec des photographes et des réalisateurs du monde entier. Parmi ses récents projets, on peut citer l’exposition Human Rights Human Wrongs, unanimement saluée par la critique. Mark Sealy est lauréat du Hood Medal de la Royal Photographic Society et, en 2013, il a été nommé membre de l’ordre de l’Empire britannique pour services rendus à la photographie. Il a récemment terminé sa thèse de doctorat à l’université de Durham sur le rapport entre photographie et violence culturelle. EXPOSITION : GIDEON MENDEL, UN MONDE QUI SE NOIE — P. 120

EXPOSITIONS : LA VUELTA. 28 PHOTOGRAPHES ET ARTISTES COLOMBIENS — P. 38 ; JOEL MEYEROWITZ, EARLY WORKS  — P. 56 ; AUDREY TAUTOU, SUPERFACIAL — P. 180

TIMOTHY PRUS Né en 1959 à Londres, au Royaume-Uni. Vit et travaille à Londres, au Royaume-Uni.

Timothy Prus est le commissaire d’Archive of Modern Conflict depuis 1992. Il organise également des expositions et édite de livres de photographies. Il a notamment publié Whale’s Eyelash (2014), Nein, Onkle (2007), Scrapbook (2009) et The Corinthians (2008). Parmi les expositions qu’il a organisées, citons Lodz Ghetto au Museum Sztuki en 2005, Collected Shadows au musée d’Art contemporain de Toronto en 2013, Notes Homes au festival international de photographie FORMAT, à Derby, en 2013, The Great Refusal en 2013, ou encore A Guide to the Protection of the Public in Peacetime, à la Tate Modern à Londres, en 2014. EXPOSITION : LA VACHE ET L’ORCHIDÉE. PHOTOGRAPHIE COLOMBIENNE GENERIQUE — P. 48

Ancien pensionnaire de la Villa Médicis, Sam Stourdzé est directeur des Rencontres d’Arles depuis le 1er octobre 2014, après avoir dirigé le musée de l’Élysée de Lausanne en Suisse et assuré la rédaction en chef du magazine ELSE entre 2010 et 2014. En spécialiste des images, il poursuit ses recherches sur leurs contextes de production, de diffusion et de réception. Depuis plusieurs années, il étudie les mécanismes à l’œuvre dans la circulation des images, avec pour champ de prédilection les rapports entre photographie, art et cinéma. Il a été commissaire ou cocommissaire de nombreuses expositions et a publié plusieurs ouvrages, parmi lesquels Le ClichéVerre de Corot à Man Ray, les rétrospectives Dorothea Lange et Tina Modotti, Chaplin et les images, Fellini, la grande parade et, plus récemment, Derrière le rideau. L’esthétique Photomaton et Paparazzi ! Photographes, stars et artistes.

WIM VAN SINDEREN Né en 1958 à Dokkum, Pays-Bas. Vit et travaille à La Haye, Pays-Bas. fotomuseumdenhaag.nl

Wim van Sinderen débute sa carrière dans les années 1980 en tant que journaliste d’art et responsable de la photographie. De 1992 à 2001, il est commissaire d’exposition au Kunsthal Rotterdam, spécialisé en culture visuelle contemporaine. Il est l’un des membres fondateurs et le commissaire principal du Fotomuseum Den Haag, ainsi que le conservateur de la collection de photographies du Gemeentemuseum Den Haag. En tant que commissaire, il a réalisé plusieurs expositions monographiques consacrées à des photographes historiques comme Erwin Blumenfeld et Manuel Álvarez Bravo, ou à des figures contemporaines comme Pieter Hugo et Anton Corbijn. En 2015, Wim van Sinderen a fait partie du jury du prix 2016 de la Deutsche Börse Photography Foundation à Londres. Il fait également partie du jury du World Press Photo Award 2017. EXPOSITION : MICHAEL WOLF, LA VIE DANS LES VILLES — P. 66

NEWSHA TAVAKOLIAN Née en 1981 à Téhéran, Iran. Vit et travaille à Téhéran, Iran. newshatavakolian.com

Autodidacte, Newsha Tavakolian a commencé à travailler pour la presse iranienne dès l’âge de 16 ans, et fut la plus jeune photographe à couvrir la révolte étudiante de 1999. En 2002, elle commence à travailler à l’international en couvrant la guerre en Irak. Ses photographies et ses projets ont été publiés dans le monde entier, que ce soit par des médias internationaux, des ONG ou des magazines d’art. Elle a également exposé dans un grand nombre d’institutions internationales, parmi lesquelles le Victoria & Albert Museum, le Los Angeles County Museum of Art (LACMA), le British Museum et le Boston Museum of Fine Art. En 2014, elle a reçu le prix Carmignac Gestion du photojournalisme. En 2015, elle a été la lauréate principale du Prince Claus Award et a intégré l’agence Magnum. EXPOSITION : IRAN, ANNÉE 38. 66 PHOTOGRAPHES IRANIENS — P. 152


SERGIO VALENZUELA ESCOBEDO Né en 1983 à Santiago du Chili. Vit et travaille entre la France et le Chili. valenzuelaescobedo.com

Actuellement doctorant à l’École nationale supérieure de photographie d’Arles, Sergio Valenzuela Escobedo est également commissaire indépendant. Après des études à l’École nationale des arts de Johannesburg, il obtient un diplôme en photographie au Chili, puis un master de la Villa Arson à Nice, en 2014. Il organise des expositions depuis 2005. La dernière en date, Mapuche, voyage en terre Lafkenche, a eu lieu au musée de l’Homme à Paris. Ses recherches portent sur l’histoire théorique et politique de l’appareil photographique. EXPOSITION : MATHIEU ASSELIN, MONSANTO, UNE ENQUÊTE PHOTOGRAPHIQUE — P. 112

GILLES VERNERET Né en 1950. Vit et travaille à Lyon, France. lebleuduciel.net

Gilles Verneret est directeur artistique. En 1999, il crée et dirige le centre de photographie contemporaine Le Bleu du ciel, ainsi que le festival Lyon Septembre de la photographie de 2001 à 2012. Il enseigne la photographie depuis 1985 dans divers établissements. Il a été expert Photo Folio Review aux Rencontres d’Arles entre 2008 et 2014 et auprès de la mission « Jeunes artistes » Toulouse entre 2007 et 2010. Il a publié une cinquantaine de monographies de photographes. EXPOSITION : MARI BASTASHEVSKI, STATE BUSINESS — P. 244

SOPHIE WEBEL

LARS WILLUMEIT

Née en 1957 à Issy-les-Moulineaux, France. Vit et travaille à Paris, France. dubuffetfondation.com

Né en 1974 à Frankenthal, Allemagne. Vit et travaille à Zurich, Suisse.

Sophie Webel est diplômée d’un master en histoire de l’art à l’université Paris IV Sorbonne. Elle prend en 2003 la direction de la fondation Dubuffet, institution qu’elle avait rejointe en 1997 après avoir occupé un poste de collaboratrice pendant quatorze ans à la galerie Baudoin Lebon dont les intérêts variés lui avaient fait découvrir aussi bien l’œuvre de Jean Dubuffet que le domaine de la photographie. Auteur du Catalogue raisonné de l’œuvre gravé et des livres illustrés de Jean Dubuffet (Baudoin Lebon éditeur, 1991), elle assure le commissariat de nombreuses expositions concernant l’artiste, en France et à l’étranger. EXPOSITION : JEAN DUBUFFET, L’OUTIL PHOTOGRAPHIQUE — P. 216

MARÍA WILLS LONDOÑO Née en 1979 à Bogotá, Colombie. Vit et travaille à Bogotá, Colombie.

María Wills Londoño est responsable d’un programme de recherche à l’Instituto de Visión à Bogotá. Elle a coordonné plusieurs expositions temporaires au département Artes du Banco de la República de 2008 à 2014. Elle a été cocommisaire d’Arco Colombia 2015 (Madrid) et de nombreuses expositions dont Cámara ardiente : Prostitutas de Fernell Franco (Círculo de Bellas Artes, Madrid, 2011) ; Urbes Mutantes (Museo de arte del Banco de la República, Bogotá, 2013 et International Center of Photography, New York, 2014) ; Latin Fire. Otras fotografías de un continente (CentroCentro, Madrid, 2015) ; Fernell Franco Cali Clair-Obscur (Fondation Cartier pour l’art contemporain, Paris, et Centro de la Imagen, Mexico, 2016) ; Transiciones. Diez años que trastornaron Europa (Círculo de Bellas Artes, Madrid, 2016).

Lars Willumeit est un socio-anthropologue allemand, conservateur indépendant, rédacteur photo et auteur. Depuis 1993, il a travaillé et s’est intéressé à l’image sous différents aspects : photographie, documentaires, modes de représentation et cultures visuelles. Également photographe de formation, il a travaillé près de treize ans pour des magazines tels que Geo et DU, pour lequel il a été directeur photo de 2008 à 2013. EXPOSITION : PHILIPPE DUDOUIT, THE DYNAMICS OF DUST — P. 256

KAROLINA ZIEBINSKALEWANDOWSKA Née en 1975 à Varsovie, Pologne. Vit et travaille à Paris, France.

Karolina Ziebinska-Lewandowska est conservatrice au Cabinet de la photographie du Centre Pompidou – Musée national d’art moderne. Elle est l’auteur d’une quarantaine d’expositions et de catalogues dont, récemment, Brassaï – Graffiti (Flammarion, 2016). EXPOSITION : LE SPECTRE DU SURRÉALISME. UNE EXPOSITION DU 40E ANNIVERSAIRE DU CENTRE POMPIDOU — P. 208

EXPOSITION : PULSIONS URBAINES. PHOTOGAPHIE LATINO-AMÉRICAINE, 1960-2016 — P. 22

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LATINA !

L’Amérique latine comme terre de photographie, avec la Colombie en point d’orgue.

PULSIONS URBAINES

LA VUELTA

Une exploration de l’identité conflictuelle latino-américaine à travers une sélection de 350 photographies de la collection Poniatowski.

Traditionnels ou expérimentaux, 28 projets qui rendent compte des mutations culturelles, sociales et politiques de la Colombie, avec la violence mais aussi l’identité ou la ville en toile de fond.

PHOTOGRAPHIE LATINO-AMÉRICAINE, 1960-2016

PAZ ERRÁZURIZ

UNE POÉTIQUE DE L’HUMAIN Sensible et engagée, Paz Errázuriz explore l’histoire troublée du Chili et pose son regard sur ses marges.

28 PHOTOGRAPHES ET ARTISTES COLOMBIENS

LA VACHE ET L’ORCHIDÉE PHOTOGRAPHIE VERNACULAIRE COLOMBIENNE

Toute la richesse et la diversité de la Colombie à travers la collection délirante de photos vernaculaires d’Archive of Modern Conflict.

Exposition Pulsions urbaines. Colombie. Vicki Ospina, Bambuco, 1977. Avec l’aimable autorisation de l’artiste et de la collection Leticia et Stanislas Poniatowski. —


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PULSIONS URBAINES PHOTOGRAPHIE LATINO-AMÉRICAINE, 1960-2016

La ville, dans son mouvement frénétique, semble paradoxalement servir de support à l’instantanéité. La photographie enregistre plus vite que l’œil les détails et les instants du quotidien urbain. L’expérience de la rue, avec ses reflets, sa lumière, le flux de ses passants, le rythme de son activité, son atmosphère et ses vapeurs, devient l’objet même du regard photographique.

Commissaires de l’exposition : Alexis Fabry et María Wills Londoño. Publication : Pulsions urbaines : photographie latino-américaine 1960-2016, Toluca éditions, 2017. Encadrements réalisés par Circad, Paris. Exposition organisée dans le cadre de l’Année France-Colombie 2017, avec le soutien de son comité de mécènes constitué de : Accor Hotels, Airbus, Axa Colpatria, Oberthur, L’Oréal, Groupe Renault, Sanofi, Veolia, BNP Paribas, Groupe Casino, Schneider Electric, Vinci et Poma. Avec le soutien de Nespresso. Exposition présentée à l’espace Van Gogh.

Le projet Pulsions urbaines, photographie latino-américaine est conçu comme un essai visuel sur une ville qui trouve sa signification dans son mouvement même. Ce mouvement doit s’entendre comme transition vers un nouvel état de la croissance urbaine, mais aussi comme transmutation du médium photographique où commence à s’écrire une histoire plus impliquée dans celle des autres arts visuels. L’exposition embrasse un demi-siècle de photographie latino-américaine et plusieurs centaines d’images choisies dans la collection de Leticia et Stanislas Poniatowski. Le regard porté ici s’attache à reconstruire l’imaginaire des villes du continent à partir de travaux réalisés par des artistes eux-mêmes entraînés dans la création de l’identité conflictuelle de l’être latino-américain. Les débats sur les nationalismes ou les régionalismes, qui firent rage dans les années 1960, ne font que confirmer qu’il s’agit bien là d’un « âge de la divergence », pour reprendre l’expression employée par le critique et historien de l’art Olivier Debroise à propos du Mexique, mais qui vaut pour tous les autres pays. La présente exposition LA COLLECTION PONIATOWSKI énonce les contradictions Débutée il y a une quinzaine d’années, la collection de Leticia et d’un continent hybride Stanislas Poniatowski a pour sujet la création photographique en Amérique latine et comme cadre chronologique les xxe et xxie siècles. pris entre les mondes La ville latino-américaine y occupe un espace essentiel. Elle a fait l’obpréhispanique et postcojet d’une première exposition, intitulée Urbes Mutantes, au Museo lonial et la société de del Banco de la República à Bogotá en 2013, puis en 2014 à l’Internatiomarché qui s’est implanal Center of Photography, à New York. La collection ne cesse de s’enriPortrait d’Alexis Fabry : Yvonne Venegas. cablement emparée des Portrait de María Wills Londoño : Jorge Panchoaga. chir, comme en témoigne Pulsions urbaines, qui présente cette année processus de solidificaà Arles plusieurs centaines d’œuvres réunies pour la première fois. tion des villes. On y voit la transition du rural à l’urbain, ou mieux encore, cette façon qu’ont le rural et le populaire de vivre ensemble dans la métropole rêvée. Ces Pulsions urbaines se jettent dans l’avenir. Le chaos agit en elles comme une force émancipatrice et, sur ce chemin, aucun mur n’y pourra rien, l’Amérique latine ne peut être minorisée. Alexis Fabry et María Wills Londoño Mexique. Eniac Martínez, La quinceañera en Ciudad Neza, série Mixtecos, 1989. Avec l’aimable autorisation de l’artiste et de la collection Leticia et Stanislas Poniatowski [pour toutes les photographies]. —


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— Mexique. René Freire, Sans titre, vers 1978. Argentine. Ataúlfo Pérez Aznar, Desaparecidos, Calle 6 entre 46 y 47, La Plata, 1983.

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28 — Chili. Paz Errázuriz, Sans titre, série Tango, 1988.

— Mexique. Armando Cristeto, PolyMarchs, série Las noches del reventón, Centro Histórico, México, D.F., 1985.


— Venezuela. Claudio Perna, Sans titre, vers 1978. Équateur. Paco Salazar, Quito, 1994.

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30 — Mexique. Lourdes Grobet, Red vial principal del D.F., 1978.


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PAZ ERRÁZURIZ

UNE POÉTIQUE DE L’HUMAIN Paz Errázuriz a débuté sa carrière artistique en autodidacte dans les années 1970, sous la dictature de Pinochet. Elle utilise alors le portrait en noir et blanc pour dénoncer la dictature mais aussi les diktats sociaux condamnant des individus et des groupes à une marginalisation qui les rend invisibles. Son travail, qui s’inscrit dans le genre du documentaire social, traduit, depuis ses débuts, une énergie créative et une insatiable curiosité pour le genre humain.

Commissaire de l’exposition : Juan Vicente Aliaga. Exposition organisée par la Fundación MAPFRE, en collaboration avec le Jeu de Paume et les Rencontres d’Arles. Publication : Paz Errázuriz, Aperture/Fundación MAPFRE, 2016. Traduction française disponible gratuitement sur jeudepaume.org. Avec le soutien de Nespresso. Exposition présentée à l’atelier de la Mécanique, parc des Ateliers.

Paz Errázuriz a développé sa technique photographique au fil du temps et à l’occasion de ses nombreux voyages. Nomade dans son pays natal, elle a notamment parcouru la Patagonie et la Vallée centrale, arpenté les rues de Talca, Valparaíso ou Santiago. Ce qui attire son regard, ce sont moins les paysages et les décors naturels que les personnes qui habitent ces lieux, leurs histoires individuelles ou collectives. En gagnant la confiance des êtres qu’elle rencontre, elle travaille au long cours, nouant des relations humaines fortes au-delà de ses photographies. La dictature chilienne a profondément marqué ses débuts en tant que photographe. Couvre-feu, arrestations et persécutions étaient à l’époque le lot quotidien des Chiliens. Errázuriz menait souvent ses projets en violation des règles édictées par le régime militaire, en interagissant avec des personnes de tous âges et de milieux très différents : lutteurs, artistes de cirque, travestis, prostituées, aveugles, alcooliques, mendiants ou encore malades mentaux. Dans les espaces fermés et confinés qui dominent son travail, elle semble chercher un comportement singulier qui lui offre un moyen de briser les règles établies : « La photographie m’a permis de m’exprimer à ma façon et de participer à la résistance. » À cet égard, même si elles ne constituent pas autant d’exemples d’une pratique artistique accusatrice à prendre au pied de la lettre, ses images brisent de nombreux tabous dans la société privée de liberté qu’était le Chili jusqu’à la restauration de la démocratie. Par sa photographie engagée, Paz Errázuriz dévoile l’histoire troublée du Chili et explore son pays avec exhaustivité en donnant à voir ceux que la société ne regarde pas.

PAZ ERRÁZURIZ Née en 1944 à Santiago du Chili. Vit et travaille à Santiago du Chili.

Paz Errázuriz est considérée comme l’une des photographes les plus importantes du Chili. Elle utilise le portrait en noir et blanc pour explorer la société chilienne, mettant en lumière ses aspects les plus crus. Autodidacte à ses débuts, elle se perfectionne ensuite à l’International Center of Photography de New York en 1993. Cofondatrice de l’Association des photographes indépendants (AFI) au Chili, Paz Errázuriz a reçu de nombreux prix, notamment le prix Ansel Adams en 1995 ou le prix PhotoEspaña en 2015. Elle a également représenté le Chili avec Lotty Rosenfeld lors de la 56e Biennale de Venise en 2015. Portrait de Paz Errázuriz : Carla Mackay.

Portrait de Juan Vicente Aliaga : avec son aimable autorisation.

Boxeadores [Boxeurs], série Boxeadores. El combate contra el ángel [Boxeurs. Le combat contre l’ange], 1987. Avec l’aimable autorisation de l’artiste [pour toutes les photographies]. —


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34 — Club Buenos Aires, Santiago, série Tango (De a dos) [Tango à deux], 1988.


— Dormidos V [Dormeurs V], série Los Dormidos [Les Dormeurs], 1979.

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36 — Muñecas I [Poupées I], série Muñecas, frontera Chile-Perú [Poupées, frontière Chili-Pérou], 2014. Evelyn IV, Santiago, série La manzana de Adán [La Pomme d’Adam], 1987.


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38 — Evelyn, La Palmera, Santiago, série La manzana de Adán [La Pomme d’Adam], 1983. Avec l’aimable autorisation de la Galeria AFA, Santiago, Chili.


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LA VUELTA

28 PHOTOGRAPHES ET ARTISTES COLOMBIENS ANDREA ACOSTA (1981), LILIANA ANGULO (1974), JAIME ÁVILA (1968), ALBERTO BARAYA (1968), KAREN PAULINA BISWELL (1983), JOHANNA CALLE (1965), MARÍA FERNANDA CARDOSO (1963), CAROLINA CAYCEDO (1978), NICOLÁS CONSUEGRA (1976), WILSON DÍAZ (1963), JUAN MANUEL ECHAVARRÍA (1947), CLEMENCIA ECHEVERRI (1950), JUAN PABLO ECHEVERRI (1978), MARIA ELVIRA ESCALLÓN (1954), SANTIAGO FORERO (1979), BEATRIZ GONZÁLEZ (1938), JUAN FERNANDO HERRÁN (1963), PAULO LICONA (1977), ROSARIO LÓPEZ (1970), OSCAR MUÑOZ (1951), DIEGO MUÑOZ (1981) & MAURICIO HURTADO (1971), JUAN OBANDO (1980), ANDRES FELIPE ORJUELA (1985), JUAN PELÁEZ (1982), JUAN ALEXANDRO RESTREPO (1959), MIGUEL ÁNGEL ROJAS (1946), ANNA MARÍA RUEDA (1954), EDWIN SÁNCHEZ (1976)

La Vuelta présente le travail de vingt-huit artistes de différentes générations. Appartenant aussi bien à des genres traditionnels de la photographie qu’à des pratiques expérimentales fondées sur la recherche, les projets sélectionnés explorent les mutations du paysage culturel, social et politique des identités, des valeurs et des croyances, et interrogent les notions de classe, d’identité, de survie économique, ainsi que l’histoire du conflit armé qui a duré soixante ans et qui a alimenté le trafic de drogue. L’exposition s’articule autour de quatre axes conceptuels : histoire/mémoire, lieu/ territoire, nature/culture et identité/représentation, regroupés en quatre sections. Souvenirs subjectifs aborde l’expérience du conflit armé qui n’a fait que perpétuer une culture de la violence politique en Colombie au cours des six dernières décennies. Cartographies urbaines explore le dialogue entre les artistes et la mobilité urbaine, de la mémoire des lieux aux paysages socio-économiques des villes Portrait de Carolina Ponce de León : Carlos Zarrate. latino-américaines d’aujourd’hui. Nouvelles Portrait de Sam Stourdzé : Stéphane Lavoué. cultures de la nature interroge la division entre nature et culture à travers les enquêtes historiques et la recherche scientifique. Enfin, Nouvelles cultures de l’image se penche sur la construction sociale des identités et des représentations culturelles à travers la réponse critique des artistes à la manière dont les médias et les réseaux sociaux influencent la perception des identités raciales, sexuelles et de genre. Le titre de l’exposition, La Vuelta, est emprunté à une œuvre de Juan Fernando Herrán. Dans son travail, le terme vuelta, tiré de l’argot colombien, renvoie à une activité illégale : vol, meurtre, trafic de stupéfiants ou d’armes. Dans le cyclisme et d’autres sports, la vuelta est une course par étapes qui fait le tour d’un pays ; l’exposition est ainsi présentée comme la visite d’un pays au prisme de sa production artistique. Enfin, le terme vuelta suggère un retour, un come-back, au moment où la Colombie entre dans une nouvelle ère après la conclusion d’un accord de paix avec le groupe insurgé des FARC. Vuelta exprime donc autant la tension de l’attente que la possibilité d’un renouveau – un mot riche de sens, et particulièrement pertinent pour tous les thèmes abordés. Carolina Ponce de León

Commissaires de l’exposition : Carolina Ponce de León et Sam Stourdzé. Publication : La Vuelta, Seguros Bolívar, 2017. Tirages réalisés par Fanlab, International Printer, Poder Fotográfico et Mauricio Mendoza de Fotografía, Colombie, et Diamantino Labo Photo, Paris. Encadrements réalisés par Fanlab et Edwar Domínguez A., Colombie, et Plasticollage et Circad, Paris. Exposition organisée dans le cadre de l’Année France-Colombie 2017, avec le soutien de son comité de mécènes constitué de : Accor Hotels, Airbus, Axa Colpatria, Oberthur, L’Oréal, Groupe Renault, Sanofi, Veolia, BNP Paribas, Groupe Casino, Schneider Electric, Vinci et Poma. Avec le soutien de Nespresso et de l’université Paris II Panthéon‑Assas. Exposition présentée à la chapelle Saint-Martin du Méjan.


— Miguel Ángel Rojas, La Esquina Rosa, 1975. Avec l’aimable autorisation de la galerie Sicardi, Houston, et Toluca Éditions, Paris.

Miguel Ángel Rojas a fait cette série au milieu des années 1970, depuis la fenêtre de son studio, en photographiant chaque jour la vie d’un même coin de rue dans un quartier marginalisé du centre de Bogotá où se côtoyaient vendeurs à la sauvette, badauds, prostitué-e-s, mendiants, etc., avec un appétit particulier pour les dynamiques sous-jacentes à l’œuvre dans les comportements sociaux et sexuels. Dans son travail, le voyeurisme constitue en réalité une manière d’étudier la vie privée dans l’espace public, et ce pour des raisons autant artistiques que d’exploration de soi-même.

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42 — Liliana Angulo, Negra Menta, 2003. Avec l’aimable autorisation de l’artiste.

— Santiago Forero, Ranchero, série Héros en action, 2009. Avec l’aimable autorisation de l’artiste. Karen Paulina Biswell, Claudia en el Palacio Egipcio, série Ellas, 2016. Avec l’aimable autorisation de l’artiste.


— Juan Pablo Echeverrí, Wonder Woman, série Supersonas, 2011. Avec l’aimable autorisation de l’artiste.

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44 — Nicolás Consuegra, L’un d’entre nous, parmi nous, avec nous, 2008. Avec l’aimable autorisation de la Collection Alejandro Castaño.

Après avoir passé une petite annonce dans les journaux, Consuegra a commencé à rassembler des photographies tirées d’albums de famille qui représentaient des individus posant avec leur Renault 4, l’une des voitures les plus populaires de Colombie. Cette photographie invite à méditer sur le passage du temps et la mémoire collective, et peut être lue comme l’archétype iconographique d’une classe moyenne colombienne en plein essor, un archétype représentant des scènes idylliques qui entre en contradiction avec les réalités politiques et sociales du pays.


— Juan Fernando Herrán, Speedy, série Motifs de vol, 2014. Avec l’aimable autorisation de l’artiste.

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46 — Oscar Muñoz, Jeux des probabilités, 2007. Avec l’aimable autorisation de l’artiste.


— Paulo Licona, Jesus et Satan, 2004. Avec l’aimable autorisation de l’artiste.

Alors qu’il travaillait pour une organisation non gouvernementale pendant les commissions parlementaires dédiées à la démobilisation militaire, Licona a photographié les mains de certains soldats paramilitaires : leurs ongles sont peints en noir et ils appartiennent à une secte appelée « Les Croisés » qui pratique la sorcellerie afin de protéger ses membres de la mort et des représailles que pourraient entreprendre les esprits des individus qu’ils ont assassinés. Les mains, qui semblent manucurées et féminines, contredisent l’exigence de virilité et de grossièreté qu’on attend du combattant. Les ongles noirs signifient un défi lancé avec arrogance à la mort et avertissent qu’un accord supernaturel a été passé avec les forces du mal ; ils trahissent en même temps la vulnérabilité et la peur de la mort qui habitent ces soldats.

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48 — María Elvira Escallón, Puerta, série Desde adentro, 2003. Avec l’aimable autorisation de la collection Poniatowski , Genève.

Dans cette série, l’ambivalence est un moyen de déstabiliser l’expérience visuelle. Les photographies documentent les équipements d’un club réservé à l'élite situé dans le quartier d’affaires de Bogotá juste après un attentat à la bombe ayant fait 35 morts et 200 blessés. Si les qualités picturales de ces photographies provoquent le même plaisir esthétique que la peinture gestuelle, l’expérience se transfigure dès que le spectateur réalise que les traces qui forment l’hypothétique tableau sont en réalité les empreintes de mains, les taches et les marques laissées sur les murs et les sols des immeubles en ruine par les victimes alors qu’elles essayaient de se mettre à l’abri.


— Andrés Felipe Orjuela, Maximino Quinayá Quisanovi de Pitalito - Huila. Capturé, 2014. Avec l’aimable autorisation de l’artiste.

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LA VACHE ET L’ORCHIDÉE

Commissaire de l’exposition : Timothy Prus, avec la collection d’Archive of Modern Conflict. Wallpapers et encadrements réalisés par l’Atelier SHL, Arles.

PHOTOGRAPHIE VERNACULAIRE COLOMBIENNE Je collectionne des photographies de la Colombie depuis plus de dix ans. Parfois, j’en trouve une ou deux, tandis qu’à d’autres moments, elles se présentent à moi en cascade. Leur variété en termes de sujets, de régions ou d’époques représentés a été une véritable révélation. Ces images m’ont aidé à comprendre un peu mieux ce pays incroyable, bien qu’en réalité cette compréhension reste minime.

Exposition organisée dans le cadre de l’Année France-Colombie 2017, avec le soutien de son comité de mécènes constitué de : Accor Hotels, Airbus, Axa Colpatria, Oberthur, L’Oréal, Groupe Renault, Sanofi, Veolia, BNP Paribas, Groupe Casino, Schneider Electric, Vinci et Poma. Avec le soutien de Nespresso. Exposition présentée à Croisière.

La Colombie, au même titre que la photographie, n’est jamais ce qu’elle prétend être. La comédie y est omniprésente et se teinte parfois de tragédie. La musique imprègne tout. Qu’il s’agisse de photographies des années 1980 représentant une métropole en plein essor ou une sortie en bateau sur le río Magdalena en 1880, la musique inonde les images. En entremêlant et en superposant divers éléments d’une imagerie vernaculaire, La Vache et l’orchidée forme un collage qui puise dans la diversité des paysages : des côtes des Caraïbes et du Pacifique aux plaines fertiles en passant par les Andes ; de la jungle amazonienne aux villes inconnues et tentaculaires. L’exposition s’articule autour de deux symboles nationaux : la vache et l’orchidée. La Colombie est une orchidée, une merveille de la nature qui est aussi la surface de projection de nos pensées et sentiments, un lieu de réalisme magique. Les vaches ont sur moi un pouvoir hypnotique. Tout comme les orchidées, elles se présentent sous différentes apparences. L’exposition a été construite à partir de réactions émotionnelles et intuitives. Elle ne véhicule aucun sens précis ; le spectateur doit laisser le sujet se révéler à lui.

Portrait de Timothy Prus : avec son aimable autorisation.

Timothy Prus

Deux lutteurs, Bogotá, 1956. Avec l’aimable autorisation de Manuel H. —


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52 — Photographies « Al Asalto », photographies de passants, Studio Carribe, Bogotá, 1970‑1980. Photographies « Al Asalto », photographies de passants, auteurs anonymes. Bogotá 1950-1960.


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54 — Anonyme, Amazonien à rollers, 2004. Tirée d’Anaconda Press Archive. Leticia, Colombie. Anonyme, Concours de vaches, Colombie, années 1980.

— Deux Miss motardes, Bogotá, 1988. Luis F. Osorio, Orchidées colombiennes, 1941.


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L’EXPÉRIENCE DU TERRITOIRE

Quand les villes nouvelles, les aménagements, et même les accidents deviennent propices à la poésie du territoire et à la culture du paysage.

JOEL MEYEROWITZ

LEVITT FRANCE

Une sélection des premières photographies en noir et blanc et en couleur du maître américain de la photographie de rue.

Quand le rêve des suburbs américaines débarque en France à travers la fabrication en série de 18 000 pavillons Levitt.

MICHAEL WOLF

CHRISTOPHE RIHET

L’œuvre d’un photographe habité par les grandes métropoles.

De James Dean à Grace Kelly en passant par Jackson Pollock ou Helmut Newton, nombreuses sont les célébrités qui ont trouvé la mort sur la route. Que reste‑t‑il à voir sur le lieu du drame ?

EARLY WORKS

LA VIE DANS LES VILLES

MARIE BOVO

UNE UTOPIE PAVILLONNAIRE

ROAD TO DEATH

СТАНСЫ/STANCES Conquête du dedans et du dehors, quand le wagon du train devient un poste d’observation.

DANS L’ATELIER DE LA MISSION PHOTOGRAPHIQUE DE LA DATAR REGARDS DE QUINZE PHOTOGRAPHES C’est en 1983 que la DATAR lance une vaste campagne artistique de photographie pour représenter le paysage français des années 1980.

KATE BARRY

THE HABIT OF BEING Disparue prématurément en 2013, Kate Barry laisse derrière elle une œuvre personnelle inédite, représentation fragile et délicate du paysage.

DUNE VARELA

TOUJOURS LE SOLEIL La lauréate de la Résidence BMW interroge et malmène le support photographique tout en revisitant les lieux mythologiques qui fondent notre imaginaire.

Joel Meyerowitz, Roseville Cottages, Dusk, Truro, 1976. Avec l’aimable autorisation de l’artiste et de la Howard Greenberg Gallery. —


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JOEL MEYEROWITZ EARLY WORKS

Les Rencontres d’Arles poursuivent la séquence consacrée à la photographie de rue entamée en 2016 en présentant cette année le travail de Joel Meyerowitz, l’un des maîtres américains de la photographie couleur qui sut magistralement capter l’énergie et l’agitation urbaine, à commencer par les rues de New York, sa ville natale.

Commissaire de l’exposition : Sam Stourdzé. Wallpaper réalisé par Processus, Paris. Encadrements réalisés par Circad, Paris. Avec le soutien de la fondation Louis Roederer, de la Howard Greenberg Gallery, New York, et de la galerie Polka, Paris. Exposition présentée salle Henri-Comte.

Les photographies qu’il réalise en noir et blanc au début de sa carrière témoignent déjà de son intérêt pour la ville et son mouvement. En immersion, Meyerowitz se faufile à travers la cohue urbaine, le regard en alerte, tandis que ses compositions complexes, jouant des déséquilibres et du décadrage, semblent toujours suspendues à un fil. Le photographe excelle dans la saisie de l’inattendu. Les hasards et les accidents – au sens propre comme au figuré – témoignent de la vitalité créative et poétique de la ville. Au cours des années 1960, Meyerowitz abandonne progressivement le noir et blanc pour la couleur. Alors que la photo couleur est communément considérée comme vulgaire et populaire par opposition à une photographie en noir et blanc, apanage des auteurs et gage d’un travail artistique, Joel Meyerowitz parvient à lui redonner ses lettres de noblesse et se hisse simultanément au rang de JOEL MEYEROWITZ maître coloriste, aux côtés notamment de ses compatriotes Né en 1938 à New York, États-Unis. William Eggleston ou encore Steven Shore – exposé à Arles Vit et travaille à New York, États-Unis. en 2015. Explorant sans relâche les possibilités offertes par joelmeyerowitz.com ce nouveau parti pris, Meyerowitz fait exploser sa palette Photographe de rue, Joel Meyerowitz est l’un des premiers à avoir pride couleurs et traduit ses sensations en contrastes chromavilégié la pellicule couleur. En 1962, il croise Robert Frank et décide de tiques éclatants. De la fureur des villes aux compositions plus descendre dans les rues pour prendre des photos : de New York, de Paris, contemplatives qui participèrent à façonner l’imaginaire visuel puis sur les plages de Californie, d’Espagne ou du pays de Galles. À parde l’Amérique, Early Works présente pour la première fois tir de la fin des années 1970, il privilégie une œuvre plus contemplaen France une cinquantaine de tirages originaux de l’artiste tive. En 2011, il a été le seul photographe à suivre le chantier du World datant des années 1960 et 1970. Trade Center. Depuis le début de sa carrière, Joel Meyerowitz a publié Sam Stourdzé

plus d’une douzaine de livres et a été exposé à près de 350 reprises. Ses œuvres sont visibles au sein de nombreuses collections publiques, notamment celles du MoMA, du Metropolitan et du Whitney Museum of American Art de New York. Il est représenté aux États-Unis par la Howard Greenberg Gallery et en France par la galerie Polka. Portrait de Joel Meyerowitz : Maggie Barrett.

Beverly Hills Hotel Pool and Cabanas, 1969. Avec l’aimable autorisation de l’artiste et de la Howard Greenberg Gallery [pour toutes les photographies]. —


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Cadillac sous la tempête à l’aéroport de JFK, 1968.

— Red Interior, Provincetown, 1977.


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Floride, 1965.

— Provincetown, Cape Cod, 1976.


Atlanta, Géorgie, 1971. —

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— Angle de Broadway et de la 46e rue, New York, 1976.


Couple au manteau camel sur Street Steam, New York, 1975. —

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— Guichet de salle de cinéma, Times Square, New York, 1963.


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MICHAEL WOLF

Commissaire de l’exposition : Wim van Sinderen. Exposition coproduite par le Fotomuseum Den Haag et les Rencontres d’Arles. Publication : Works, Peperoni Books, 2017. Scénographie réalisée par Roland Buschmann.

LA VIE DANS LES VILLES

Peu nombreux sont les anciens photojournalistes à réussir leur conversion en tant qu’artistes visuels. Michael Wolf est l’un des rares à avoir eu le courage et la capacité d’opérer un tel changement de carrière la cinquantaine passée. Il l’a fait avec un tel pouvoir de persuasion conceptuelle et picturale que cette transition ne semble, en fin de compte, qu’une étape logique de l’évolution de son travail.

Exposition présentée à l’église des Frères-Prêcheurs.

Pour la première fois, en étroite collaboration avec le musée de la Photographie de La Haye, les Rencontres d’Arles présentent une vue d’ensemble du travail de création de Michael Wolf, à savoir une sélection effectuée au sein de ses dizaines de séries photographiques et de sa cinquantaine de livres. La rétrospective débute par son projet de fin d’étude de 1976 : un reportage photographique approfondi en noir et blanc sur la vie quotidienne dans la petite ville de Bottrop-Ebel, située au cœur d’un bassin minier allemand alors en plein déclin. Puis l’exposition fait un grand saut dans le temps pour se pencher sur le thème qui hante tout le travail photographique de Wolf au xxie siècle : la vie dans les villes telle qu’il a pu l’observer dans de grandes métropoles comme Tokyo, Hong Kong ou Chicago. Ce qui frappe le plus dans ces séries, c’est la manière dont l’artiste fait varier les points de vue afin de mettre au jour la complexité, et plus particulièrement l’humanité – ou l’inhumanité – de la vie urbaine moderne. Wolf souligne par ailleurs les structures architecturales à la fois historiques et quotidiennes qui contribuent à façonner l’individualité des villes d’aujourd’hui ; il se saisit même des représentations virtuelles de la ville moderne pour mieux nous donner à voir leur complexité visuelle. En toute logique, les dimensions des photographies sont très MICHAEL WOLF variables : certaines sont si grandes qu’elles sont suspendues au milieu de l’espace et que les spectateurs peuvent en faire Né en 1954 à Munich, Allemagne. le tour tandis que d’autres sont assez petites et intimes pour Vit et travaille à Hong Kong. photomichaelwolf.com tenir dans un sac à main. La pièce maîtresse de l’exposition est l’installation The Real Toy Story (2004), qui met en scène plus de 20 000 jouets en plastique « Made in China » trouvés dans des brocantes ou des magasins d’occasion aux États-Unis. Au milieu de cet étalage vertigineux de jouets produits en masse pour les enfants, Michael Wolf montre des portraits bienveillants d’ouvriers chinois travaillant sur les chaînes d’assemblage et produisant des jouets destinés à satisfaire une demande mondiale hystérique en biens de consommaPortrait de Wim van tion bon marché.

Michael Wolf a grandi au Canada, en Europe et aux États-Unis. Il a étudié à l’UC Berkeley et à la Folkwang Schule auprès de Otto Steinert à Essen, en Allemagne. En 1994, il déménage à Hong Kong où il travaille pendant huit ans en tant que photographe pour le magazine Stern. Depuis 2001, Wolf se concentre sur ses projets personnels qui documentent l’architecture et la culture vernaculaire des métropoles. Exposé dans le monde entier, son travail sur la vie dans les mégapoles figure dans les collections permanentes de nombreux musées. Il a remporté le World Press Photo Award en 2005 et en 2010, et a obtenu une mention honorable en 2011. En 2010 et en 2016, Wolf a été nommé pour le prix Pictet. Il a publié plus de trente-deux livres de photographies. Autoportrait de Michael Wolf.

Sinderen : Ringel Goslinga.

Wim van Sinderen

Tokyo Compression, 2010-2013. Avec l’aimable autorisation de l’artiste [pour toutes les photographies]. —


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70 — Architecture of Density, 2005-2009. Hong Kong Back Alley.


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