Catalogue de l'édition, 2022

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ARLES 2022

LES RENCONTRES DE LA PHOTOGRAPHIE

PARTENAIRES INSTITUTIONNELS

GRANDS PARTENAIRES

PARTENAIRES MÉDIAS

LES RENCONTRES D’ARLES SONT AUSSI ORGANISÉES AVEC LE SOUTIEN SPÉCIAL DE PRIX PICTET, FONDATION JAN MICHALSKI POUR L’ÉCRITURE ET LA LITTÉRATURE, LËT’Z ARLES (LUXEMBOURG), FONDATION LOUIS ROEDERER, TECTONA, ADAGP, SAIF, ACTES SUD, DEVIALET, FNAC, LUMA ARLES, COMMUNAUTÉ D’AGGLOMÉRATION ARLES CRAU CAMARGUE MONTAGNETTE.

LE SOUTIEN DE CONFÉDÉRATION SUISSE, ÉDITIONS LOUIS VUITTON, EURAZÉO, FONDATION SWISS LIFE, MALONGO, CHAMMAS & MARCHETEAU, RIVEDROIT AVOCATS, JEAN‑FRANÇOIS DUBOS, LIBÉRATION, POLKA, FISHEYE, AMA, LOUIE MEDIA, FUJIFILM, MÉTROBUS, PICTO FOUNDATION, PROCESSUS, CIRCAD, DEUXIÈME ŒIL, ATELIER SHL, ANITA SAXENA INTERPRÉTARIAT.

LA COLLABORATION ACTIVE DE ACADÉMIE DE FRANCE À ROME – VILLA MÉDICIS, RYERSON IMAGE CENTRE, C/O BERLIN, CENTRE NATIONAL DES ARTS PLASTIQUES, INTERNATIONAL CENTER OF PHOTOGRAPHY, MUSÉE D’ART CONTEMPORAIN DE LA HAUTE‑VIENNE – CHÂTEAU DE ROCHECHOUART, INA, INSTITUT POUR LA PHOTOGRAPHIE, ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DE LA PHOTOGRAPHIE, MUSÉE RÉATTU, MUSÉE DÉPARTEMENTAL ARLES ANTIQUE, ABBAYE DE MONTMAJOUR, ASSOCIATION DU MÉJAN, MONOPRIX ARLES, LE PRINTEMPS, AEENSP, FONDATION MANUEL RIVERA‑ORTIZ, DELPIRE & CO, MUSÉE DE LA CAMARGUE, PARC NATUREL REGIONAL DE CAMARGUE, ATELIER LUCIEN CLERGUE, CARRÉ D’ART –MUSÉE D’ART CONTEMPORAIN DE NÎMES, CENTRE D’ART CONTEMPORAIN DE CHÂTEAUVERT, CENTRE D’ARTS PLASTIQUES FERNAND LÉGER,

CENTRE DE LA PHOTOGRAPHIE DE MOUGINS, MUCEM, CENTRE PHOTOGRAPHIQUE MARSEILLE, CHÂTEAU LA COSTE, COLLECTION LAMBERT AVIGNON, FRAC PACA, MUSÉE ESTRINE, MUSÉE GRANET –AIX‑EN‑PROVENCE, VILLE DE TOULON, ESPACE CULTUREL DÉPARTEMENTAL 21, BIS MIRABEAU, MAISON EUROPÉENNE DE LA PHOTOGRAPHIE, RECTORATS DES ACADÉMIES D’AIX‑MARSEILLE ET DE NICE, DIRECTION RÉGIONALE DE L’ALIMENTATION, DE L’AGRICULTURE ET DE LA FORÊT PROVENCE ALPES CÔTE D’AZUR, FONDATION VINCENT VAN GOGH  ARLES, MUSEON ARLATEN, VII ACADEMY, COFEES.

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La 53e édition des Rencontres d’Arles est dédiée à Olivier Etcheverry (1952-2022), scénographe des expositions du festival en 1986 et 1987 puis de 2002 à 2022.

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Olivier Etcheverry, Arles, juillet 2022 (photo : Marjorie Sardanne).

SOMMAIRE

P. 15

LE MOT DU PRÉSIDENT

P. 16

VISIBLE OU INVISIBLE, UN ÉTÉ RÉVÉLÉ

P. 18

LES COMMISSAIRES DES EXPOSITIONS

P. 22 PERFORMER

P. 24

UNE AVANT-GARDE FÉMINISTE PHOTOGRAPHIES ET PERFORMANCES DES ANNÉES 1970 DE LA COLLECTION VERBUND, VIENNE

P. 34

BABETTE MANGOLTE CAPTER LE MOUVEMENT DANS L’ESPACE

P. 44

SUSAN MEISELAS ET MARTA GENTILUCCI CARTOGRAPHIES DU CORPS

P. 48 EXPÉRIMENTER

P. 50

NOÉMIE GOUDAL PHOENIX

P. 56

BETTINA GROSSMAN BETTINA. UN POÈME DU RENOUVELLEMENT PERMANENT

P. 64

FRIDA ORUPABO À QUELLE VITESSE CHANTERONS NOUS

P. 70

SANDRA BREWSTER FLOU

P. 74

LUKAS HOFFMANN EVERGREEN

P. 80

CHANTS DU CIEL LA PHOTOGRAPHIE, LE NUAGE ET LE CLOUD

P. 86 ÉMERGER

P. 88

SATHISH KUMAR UN GARÇON DU VILLAGE

P. 92

WANG YIMO THÉÂTRE SUR TERRE

P. 96

PIERFRANCESCO CELADA QUAND JE SUIS TRISTE, JE PRENDS UN TRAIN POUR LA VALLÉE DU BONHEUR

P. 100

ARASH HANAEI ET MORAD MONTAZAMI HANTOLOGIE SUBURBAINE

P. 104

CASSANDRE COLAS, GAËLLE DELORT, MAXIME MULLER UNE ATTENTION PARTICULIÈRE

P. 110

PRIX DÉCOUVERTE LOUIS ROEDERER 2022

DEBMALYA ROY

CHOUDHURI

UNE AUTOBIOGRAPHIE SANS FAITS

RAHIM FORTUNE

JE NE SUPPORTE PAS DE TE VOIR PLEURER

OLGA GROTOVA

LES JARDINS DE NOS GRAND MÈRES

DANIEL JACK LYONS COMME UNE RIVIÈRE

SEIF KOUSMATE WAHA (OASIS)

CELESTE LEEUWENBURG À PARTIR DE CE QU’ELLE M’A DIT, ET CE QUE JE RESSENS

GAL CIPRESTE MARINELLI & RODRIGO

MASINA PINHEIRO

GH. GAL & HIROSHIMA

AKEEM SMITH ALTARPIECE

MIKA SPERLING

JE N’AI RIEN FAIT DE MAL

MAYA INÈS TOUAM REPLICA

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P. 172

EXPLORER ET TÉMOIGNER

P. 174

SI UN ARBRE TOMBE DANS UNE FORÊT

P. 182

BRUNO SERRALONGUE LES GARDIENS DE L’EAU

P. 188

JULIEN LOMBARDI LA TERRE OÙ EST NÉ LE SOLEIL

P. 194

LÉA HABOURDIN IMAGES FORÊTS : DES MONDES EN EXTENSION

P. 200

RITUAL INHABITUAL FORÊTS GÉOMÉTRIQUES. LUTTES EN TERRITOIRE MAPUCHE

P. 206

DOCUMENTS

IMAGINÉS

P. 216

ET POURTANT, ELLE TOURNE

P. 224

ESTEFANÍA

PEÑAFIEL LOAIZA CARMEN (RÉPÉTITIONS)

P. 230 REVISITER

P. 232

LEE MILLER LEE MILLER, PHOTOGRAPHE PROFESSIONNELLE (1932 – 1945)

P. 236

UN MONDE À GUÉRIR. 160 ANS DE PHOTOGRAPHIE À TRAVERS LES COLLECTIONS DE LA CROIX-ROUGE ET DU CROISSANT-ROUGE

P. 242

ROMAIN URHAUSEN EN SON TEMPS

P. 248

MITCH EPSTEIN EN INDE, 1978– 1989

P.

256

ARLES BOOKS

LES PRIX DU LIVRE 2022

LUMA RENCONTRES DUMMY BOOK AWARD 2022

P. 260 ARLES ASSOCIÉ

P. 262

LUMA JAMES BARNOR STORIES. LE PORTFOLIO (1947– 1987)

P. 266

PREMIÈRE ÉDITION DU PERNOD RICARD ARTS MENTORSHIP SANDRA ROCHA ET PERRINE GÉLIOT

P. 270

DELPIRE & CO BARBARA IWEINS KATALOG

P. 274

FISHEYE IMMERSIVE LE VOILE INTERPOSÉ

P. 278

ASSOCIATION DU MÉJAN KATRIEN DE BLAUWER LES PHOTOS QU’ELLE NE MONTRE À PERSONNE

JOAN FONTCUBERTA ET PILAR ROSADO DÉJÀ VU

KLAVDIJ SLUBAN

SNEG

JULIA GAT, JULIEN GESTER COLLECTION 48 VUES

P. 294

FONDATION MANUEL RIVERA-ORTIZ DRESS CODE

P. 298

MUSÉE RÉATTU

JACQUELINE SALMON LE POINT AVEUGLE. PÉRIZONIUMS : ÉTUDE ET VARIATIONS

P. 302

MUSÉE DE LA CAMARGUE LIONEL ROUX ODYSSÉE PASTORALE

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P. 306

GRAND ARLES EXPRESS

P. 308–309

AIX EN PROVENCE

MUSÉE GRANET

BERNARD PLOSSU, FRANÇOIS-MARIUS

GRANET

ITALIA DISCRETA

ESPACE CULTUREL

DÉPARTEMENTAL

21, BIS MIRABEAU LE LANGAGE

SILENCIEUX

AVIGNON

COLLECTION LAMBERT

BIENVENUE DANS LE DÉSERT DU RÉEL

CHÂTEAUVERT

CENTRE D’ART

CONTEMPORAIN DE CHÂTEAUVERT

LÉNA DURR HABITATS SAUVAGES

P. 312–313

LE PUY SAINTE RÉPARADE

CHÂTEAU LA COSTE

MARY M c CARTNEY

UN MOMENT

D’AFFECTION

MARSEILLE

CENTRE

PHOTOGRAPHIQUE

MARSEILLE

THOMAS MAILAENDER

LUMIÈRE PASSION

FRAC PROVENCE-

ALPES - CÔTE D’AZUR APICHATPONG

WEERASETHAKUL

FEUX D’ARTIFICE (ARCHIVES)

MUCEM

MATHIEU PERNOT

L’ATLAS EN MOUVEMENT

P. 316–317

NÎMES

CARRÉ D’ART

NAIRY BAGHRAMIAN

PARLOIR

SAM CONTIS

TRANSIT

JULIEN CREUZET NUAGE, GLOIRE NUAGEUSE

MOUGINS

CENTRE DE LA PHOTOGRAPHIE DE MOUGINS TOM WOOD EVERY DAY IS SATURDAY (PORTRAITS ANGLAIS)

PORT DE BOUC

CENTRE

D’ARTS PLASTIQUES FERNAND LÉGER

CATHERINE

CATTARUZZA JE PLIE LA TERRE

P. 320–321

SAINT RÉMY DE PROVENCE

MUSÉE ESTRINE JOHN STEWART

NATURE MORTE

TOULON

MAISON DE LA PHOTOGRAPHIE, GALERIE DES MUSÉES, CABINET D’ART GRAPHIQUE –MUSÉE D’ART DE TOULON

LUCIEN CLERGUE, LE MÉDITERRANÉEN

P. 322

SEMAINE D’OUVERTURE

LES NUITS

LES JOURS

P. 328

ÉDUCATION FORMATION

STAGES DE PHOTOGRAPHIE

ÉDUCATION

AUX IMAGES

P. 334

GÉNÉRIQUE

PARTENAIRES

REMERCIEMENTS

CONSEIL

D’ADMINISTRATION

ÉQUIPE

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LE MOT DU PRÉSIDENT

HUBERT VÉDRINE

PRÉSIDENT DES RENCONTRES D’ARLES

La 52e édition des Rencontres d’Arles s’est déroulée avec succès, même si nous subissions encore la crise sanitaire. Tous nos publics étaient au rendez-vous, bien au-delà de nos espérances les plus optimistes. Nous remercions nos partenaires fidèles : ils se sont mobilisés ces deux dernières années pour maintenir avec nous tous les projets, qui ont donc pu voir le jour.

Nous sommes heureux de pouvoir vous accueillir à nouveau pour la 53e édition des Rencontres d’Arles avec, au programme, quarante expositions très variées, auxquelles s’ajoutent celles proposées dans le Grand Arles Express. C’est une destination : en tout premier lieu la ville d’Arles, bien entendu, mais aussi toute une région sur laquelle souffle le vent de la photographie.

En ces temps troublés, le festival prend à cœur plus que jamais son rôle d’acteur social auprès de personnes éloignées de l’emploi, qui rejoignent l’équipe chaque saison au titre d’agents d’accueil.

Nous poursuivons, par ailleurs, nos efforts concrets en matière de responsabilité sociétale avec cette année l’adhésion de l’association au Collectif des Festivals Écoresponsables et Solidaires en région Sud (COFEES).

Notre démarche écoresponsable avait déjà pris corps, entre autres, avec nos décors d’expositions, que nous recyclons année après année.

Mais, surtout, je voudrais saluer la mémoire d’Olivier Etcheverry, décédé le 3 mars dernier. Il a été le scénographe des Rencontres d’Arles en 1986 et 1987 puis de 2002 à 2022. Il incarnait avec une élégante modestie et une générosité joyeuse l’âme et les valeurs portées par le festival. Il a réinventé la mise en scène de la photographie avec des installations atypiques et originales. Amoureux d’Arles, il a su mettre en valeur la ville en investissant des lieux souvent oubliés ou peu propices à l’exposition. Il occupait les espaces, il habite les cœurs des équipes du festival. La 53e édition des Rencontres d’Arles lui est dédiée.

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VISIBLE OU INVISIBLE, UN ÉTÉ RÉVÉLÉ

CHRISTOPH WIESNER DIRECTEUR DES RENCONTRES D’ARLES

Un été des révélations, cela semble presque une évidence. Comment nous faire voir ce qui nous crève les yeux, mais qui prend tant de temps à apparaître, comme si la révélation ne pouvait être qu’une naissance forcée ? La photographie, les photographes et les artistes qui s’en emparent sont là pour nous rappeler ce que nous ne voulons ni voir ni entendre : pourtant, comme le dit Emanuele Coccia, « c’est donc au sensible, aux images que l’homme demande un témoignage radical sur son propre être, sa propre nature ».

S’emparer d’une condition, revendiquer, critiquer, s’insurger contre les normes et catégories établies… chaque été les Rencontres d’Arles chahutent notre regard, d’un continent à l’autre, elles nous rappellent à notre nécessité absolue d’exister.

Sismographe de notre existence dans tous ses états, la création photographique visible ne fut pas toujours à l’image de l’incroyable richesse et diversité des artistes. Depuis une quarantaine d’années, un long processus de reconnaissance des femmes photographes a été entamé. Cette année, dans la continuité de l’engagement des Rencontres, nombreux sont les lieux habités par ce rayonnement et cette créativité, de figures historiques à la découverte d’artistes oubliées ou méconnues, jusqu’à l’émergence de jeunes talents.

La présentation à la Mécanique générale de la collection Verbund, encore inédite en France, donne à voir Une avant-garde féministe des années 1970, mettant en évidence des pratiques performatives communes au-delà des continents. Fruit d’une recherche menée depuis dix-huit ans, l’exposition est consacrée aux artistes femmes pour lesquelles la photographie a été l’un des moyens d’expression majeurs d’émancipation pour se révolter, comme le dit Lucy Lippard, « contre le culte du génie masculin ou

l’hégémonie de la peinture pour une réinvention radicale de l’image de la femme par les femmes ». De Cindy Sherman à ORLAN, de Helena Almeida à Martha Wilson, c’est toute une génération de passeuses qui a alors vu le jour et ouvert le chemin de la conscience et de la reconnaissance.  La danse rejoint la performance dans le New York des années 1970, au cœur de l’église Sainte-Anne. Babette Mangolte, cinéaste et photographe, y documente la scène foisonnante marquée notamment par Trisha Brown, Richard Foreman, Lucinda Childs, Robert Wilson ou Simon Forti, pour ne citer que quelques noms. Elle développe un langage fondé sur la subjectivité de la caméra, où le spectateur prend un rôle central dans le dispositif et la relation du corps à l’espace. Plus près de nous, c’est une autre performance qui se déroule devant la caméra de Susan Meiselas : les gestes capturés de fragments de corps vieillissants rencontrent la composition musicale de Marta Gentilucci. C’est l’histoire d’un morceau à quatre mains, où l’énergie et la beauté dépassent le cours du temps. Les visiteurs des Rencontres retrouvent cet été certains lieux comme la salle Henri-Comte, où est à découvrir l’œuvre singulière de Bettina Grossman. Résidente du mythique Chelsea Hotel à partir de 1970, Bettina a construit son œuvre protéiforme sur un système complexe d’autoréférencement intégrant photographies, vidéos, sculptures, peintures et design textile, révélé grâce au travail d’Yto Barrada à ses côtés.

L’expérimentation se poursuit à travers le répertoire étrange et poétique des figures qu’élabore Frida Orupabo. Dénonçant la brutalité de la représentation picturale des corps noirs à travers l’histoire elle en déconstruit les stéréotypes dans un processus de réappropriation d’images puisées sur internet et intégrées

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à ses archives familiales. Dans le prolongement de cette perspective critique, les jeunes commissaires de Untitled Duo portent au travers de l’exposition Si un arbre tombe dans une forêt un regard investigateur sur la mémoire individuelle et collective issue du colonialisme et des traumatismes de l’altérité. Par ailleurs, pour la première fois en France, l’exposition consacrée à James Barnor à LUMA révèle une sélection d’images iconiques associées à des documents d’époque. Le photographe réalisa sa carrière entre Accra, sa ville natale, où il ouvrit son premier studio à la fin de l’époque coloniale, et Londres, qu’il rejoignit ensuite, avant de faire des allers-retours entre les deux continents.

L’humain est au cœur des premières attentions, mais la nature est aussi à l’honneur ; impossible d’envisager l’un sans l’autre. Alors que Ritual Inhabitual nous alerte sur l’expansion vertigineuse au Chili de l’exploitation forestière industrielle, par la constitution de forêts géométriques, afin d’alimenter une industrie du papier toujours plus demandeuse, la communauté mapuche se voit repoussée de plus en plus loin de son territoire, et de fait coupée de sa culture si liée à la nature. Autre combat : Bruno Serralongue documente la lutte toujours actuelle du peuple sioux pour protéger ses terres ancestrales face à l’expansionnisme de l’industrie des hydrocarbures.

Les Rencontres, c’est aussi un important dispositif de soutien à la création, avec de nombreux outils développés au cours des années avec nos partenaires publics comme privés, en France et à l’étranger. Cette année, pour la première fois, le lauréat de la bourse créée avec le festival Serendipity Arts de Goa est exposé au cloître Saint-Trophime, alors que le Prix Découverte Louis Roederer retrouve

l’église des Frères-Prêcheurs, au cœur de la ville, sous le commissariat de Taous Dahmani. Nous poursuivons notre relecture de l’histoire avec deux expositions qui résonnent étrangement en cette période si terrible, où la guerre fait rage aux portes de l’Europe. Gaëlle Morel s’attache à proposer un nouvel éclairage sur la carrière professionnelle de Lee Miller, photographe au-delà de la muse que l’on a vue en elle, couvrant de 1932 à 1945 son activité de studio, de commande, mais aussi son rôle de photographe de guerre jusqu’à la libération des camps de concentration allemands. Et Un Monde à guérir, en coproduction avec le musée international de la Croix-Rouge, fruit de deux ans de recherche au sein des archives du musée, porte un regard critique sur cent soixante ans d’imagerie humanitaire.

Cette année, c’est une photographie de Mitch Epstein qui fait l’affiche du festival, dont l’exposition En Inde, 1978-1989 est à retrouver à l’abbaye de Montmajour.

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LES COMMISSAIRES DES EXPOSITIONS

RAVI AGARWAL

Né en 1958 à New Delhi, Inde. Vit et travaille à New Delhi, Inde.

Ravi Agarwal pratique l’interdisciplinarité en tant que photographe, artiste, militant écologiste, écrivain et commissaire d’expositions. Son travail a été présenté notamment aux Biennales de Sharjah (2013), Kochi (2016), Yinchuan (2018) et La Havane (2019), ainsi que dans les expositions Documenta XI (2002) et Indian Highway (2009). Il a coorganisé les projets d’art public indo-européens Yamuna‑Elbe (2011) et Embrace our Rivers (2018), a été le commissaire pour la photographie du Serendipity Arts Festival (2018, 2019), et a monté New Natures: A Terrible Beauty is Born à l’Institut Goethe de Mumbai (2018). Il écrit et publie régulièrement sur l’art et la durabilité. Il est également le fondateur de l’ONG environnementale Toxics Link.

EXPOSITION : DOCUMENTS IMAGINÉS — P. 206

YTO BARRADA

Née en 1971 à Paris, France. Vit et travaille à New York, États-Unis.

Yto Barrada est une artiste reconnue pour ses explorations multidisciplinaires de faits culturels et de récits historiques. Engageant la performativité des pratiques archivistiques et des interventions publiques, ses installations réinterprètent les relations sociales, dévoilent les histoires subalternes et révèlent la prévalence de la fiction dans les récits institutionnalisés. Son travail a été exposé à la Tate Modern, au MoMA, au Metropolitan Museum, au Walker Art Center, à la Whitechapel Gallery et aux Biennales de Venise de 2007 et 2011. Elle a été nommée artiste de l’année 2011 de la Deutsche Bank et a reçu la bourse de la photographie Robert Gardner 2013. Elle a également été la lauréate du prix d’art 2015 de l’Abraaj Group et des Canon Tiger Awards 2016 pour les courts métrages. Elle est la directrice fondatrice de la Cinémathèque de Tanger.

EXPOSITION : BETTINA GROSSMAN –

BETTINA. POÈME DU RENOUVELLEMENT PERMANENT — P. 56

TAOUS DAHMANI

Née en 1990 à Paris, France. Vit et travaille entre Paris, Marseille et Londres, France/Angleterre.

Taous Dahmani est une historienne de l’art, écrivaine et commissaire française, britannique et algérienne, spécialisée dans la photographie. Ses recherches universitaires portent sur la représentation photographique des luttes et la lutte pour les représentations photographiques. Ses projets portent principalement sur les liens entre photographie et politique – notamment la culture visuelle des manifestations, les récits migratoires et les discours féministes intersectionnels. Elle a publié dans diverses revues scientifiques et magazines d’art. Elle intervient régulièrement dans des conférences universitaires et organise des « conversations » publiques avec des photographes. Elle est aussi rédactrice et conseillère en contenu pour The Eyes Publishing, membre du conseil d’administration du Photo Oxford Festival, et membre du comité de rédaction de MAI: Feminism & Visual Culture.

EXPOSITION : PRIX DÉCOUVERTE LOUIS ROEDERER 2022 — P. 110

PAUL DI FELICE

Né en 1953 à Differdange, Luxembourg. Vit et travaille à Luxembourg, Luxembourg.

Paul di Felice est depuis les années 1970 à la fois critique d’art, artiste et commissaire d’expositions de photographie contemporaine. Docteur en arts, il a enseigné l’histoire de l’art moderne et contemporain et la pédagogie artistique à l’Université du Luxembourg. Il codirige la revue Café Crème, cofondée en 1984. Codirecteur du Mois européen de la photographie au Luxembourg, il préside le réseau européen European Month of Photography, cofondé en 2006. Depuis 2003, il est consultant-conservateur de la Arendt Art Collection. Cofondateur et vice-président de Lët’z Arles, il est membre fondateur de la rédaction de la revue lacritique.org, membre de l’association des critiques d’art AICA Luxembourg et du conseil d’administration de l’IACCCA.

EXPOSITION : ROMAIN URHAUSEN – EN SON TEMPS — P. 242

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Portrait Avec l’aimable autorisation du commissaire. Portrait Lynn S.K. Portrait Benoît Peverelli. Portrait Romain Girtgen.

SERGIO VALENZUELA ESCOBEDO

Né en 1983 à Santiago, Chili. Vit et travaille entre Arles, France, et Londres, Angleterre.

Artiste chercheur et éditeur, Sergio Valenzuela Escobedo est docteur en photographie de l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles. Après un an à l’École nationale d’art de Johannesburg (NSA), il obtient son diplôme en photographie au Chili et termine son master en beaux-arts à la Villa Arson à Nice. Il est le commissaire des expositions Mapuche au Musée de l’Homme à Paris et Monsanto: A photographic investigation aux Rencontres d’Arles. Tuteur invité dans différentes écoles et institutions : Parsons Paris, ISSP et Atelier Noua, il est aussi collaborateur de 1000 Words et cofondateur de Double Dummy, plate-forme de réflexion critique autour de la photographie documentaire.

EXPOSITION : RITUAL INHABITUAL – FORÊTS GÉOMÉTRIQUES.

LUTTES EN TERRITOIRE MAPUCHE — P. 200

PAUL GRAHAM

Né en 1956 au Royaume-Uni. Vit et travaille à New York, États-Unis.

En 1981, Paul Graham achève sa première série reconnue, intitulée A1: The Great North Road : il y montre la vie le long de la principale artère d’Angleterre, en couleur. À cette époque, où la photographie britannique est dominée par le documentaire social en noir et blanc, cet usage de la couleur est une rupture. Depuis, dans le souci constant de ne pas se répéter, il a réalisé des images en Irlande du Nord avec Troubled Land, au Japon avec Empty Heaven, en Europe occidentale avec New Europe et, depuis dix-huit ans, aux États-Unis avec A Shimmer of Possibility. Il a fait l’objet de plus de 80 expositions dans le monde entier, dont l’une au Museum of Modern Art de New York. Il a reçu de nombreux prix, dont celui de la Fondation Hasselblad en 2012.

EXPOSITION : ET POURTANT, ELLE TOURNE — P. 216

HE GUIYAN

Né en 1976 à Shehong, Chine. Vit et travaille à Chongqing, Chine.

He Guiyan est critique d’art et commissaire d’exposition. Il est titulaire d’un doctorat en arts de l’École en sciences humaines de l’académie centrale des Beaux-Arts de Chine. Au sein de l’institut des Beaux-Arts du Sichuan, il est professeur à l’École des arts et des sciences humaines, directeur du musée des Beaux-Arts et directeur de l’École contemporaine des arts.

EXPOSITION : WANG YIMO – THÉÂTRE SUR TERRE — P. 92

NATHALIE HERSCHDORFER

Née en 1972 à Neuchâtel, Suisse. Vit et travaille au Locle, Suisse.

Nathalie Herschdorfer est commissaire d’exposition et historienne de la photographie. Elle dirige le musée des Beaux-Arts du Locle en Suisse, où elle a exposé de nombreux photographes, notamment Henri Cartier-Bresson, Noémie Goudal, Todd Hido, Alex Prager, Viviane Sassen et Hiroshi Sugimoto. Enseignante également, elle est l’autrice de plusieurs ouvrages, parmi lesquels CORPS Photographie, Mountains by Magnum Photographers, Le Dictionnaire de la photographie, Jours d’après : Quand les photographes reviennent sur les lieux du drame, et Papier glacé : un siècle de photographie de mode chez Condé Nast – publication doublée d’une exposition produite par la Foundation for the Exhibition of Photography, qui a circulé dans quinze pays.

EXPOSITION : UN MONDE À GUÉRIR. 160 ANS DE PHOTOGRAPHIE À TRAVERS LES COLLECTIONS DE LA CROIX-ROUGE ET DU CROISSANT-ROUGE — P. 236

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Portrait Avec l’aimable autorisation du commissaire. Portrait  Estefania Meana. Portrait Julien Chavaillaz. Portrait Nicola Noemi Copolla.

GREGOR HUBER

Né en 1978 à Zurich, Suisse. Vit à Zurich, Suisse, et à New York, États-Unis.

Gregor Huber travaille au croisement du design, de l’art et de la recherche. Il dirige le studio de design Huber/Sterzinger avec Ivan Sterzinger, et pilote Edition Hors-Sujet. Outre ses nombreux projets personnels, il s’engage dans des partenariats permanents avec des artistes, des chercheurs, des commissaires, des architectes et des institutions. Il a enseigné, donné des conférences et organisé des ateliers dans de nombreuses écoles, dont l’ECAL, le ZHdK, l’université de Harvard, la Rhode Island School of Design et le HfG Karlsruhe. Il a été récompensé à deux reprises par le Prix suisse de design décerné par l’Office fédéral de la culture, et ses livres ont été primés au niveau national et international.

EXPOSITION : BETTINA GROSSMAN –

BETTINA. POÈME DU RENOUVELLEMENT PERMANENT — P. 56

PASCAL HUFSCHMID

Né en 1980 à Aubonne, Suisse. Vit et travaille à Genève, Suisse.

Pascal Hufschmid est directeur général du musée international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (MICR). Historien de l’art spécialisé en photographie, il pense que l’art et les musées permettent de mieux comprendre l’actualité. Il s’appuie sur son expérience du secteur muséal, du marché de l’art, et des organisations internationales pour développer des projets culturels pluridisciplinaires et à large échelle. À ce jour, il a été actif dans plus de quarante pays. Avant de rejoindre le MICR, il a notamment travaillé à Photo Élysée à Lausanne, où il a lancé le Prix Élysée, en soutien à la photographie internationale.

EXPOSITION : UN MONDE À GUÉRIR. 160 ANS DE PHOTOGRAPHIE À TRAVERS LES COLLECTIONS DE LA CROIX-ROUGE ET DU CROISSANT-ROUGE — P. 236

GAËLLE MOREL

Née en 1976 à Paris, France. Vit et travaille à Toronto, Canada. Commissaire invitée du Mois de la Photo à Montréal en 2009 (Les Espaces de l’image), Gaëlle Morel est depuis 2010 conservatrice pour les expositions au Ryerson Image Centre (RIC) à Toronto (Canada), où elle a notamment assuré le commissariat de Berenice Abbott: Photographies (2012), Zanele Muholi: Faces and Phases (2014), Burn with Desire. Photography and Glamour (2015), Scotiabank Photography Award: Suzy Lake (2017) et Meryl McMaster: As Immense as the Sky (2019). Elle prépare actuellement une exposition et un catalogue (à paraître chez Steidl en 2022) sur le projet « Ward 81 » de Mary Ellen Mark.

EXPOSITIONS : SANDRA BREWSTER – FLOU — P. 70 LEE MILLER – LEE MILLER, PHOTOGRAPHE PROFESSIONNELLE (1932– 1945) — P. 232

ALONA PARDO

Née en 1974 à Londres, Grande-Bretagne.

Vit et travaille à Londres, Grande-Bretagne.

Alona Pardo est commissaire d’exposition à la Barbican Art Gallery depuis près de quinze ans. Elle a organisé et édité de nombreuses expositions et publications centrées sur le film et la photographie, parmi lesquelles : Masculinities: Liberation through Photography (2020) ; Trevor Paglen: From Apple to Anomaly (2019) ; Dorothea Lange: Politics of Seeing (2018) ; Vanessa Winship: And Time Folds (2018) ; Another Kind of Life: Photography on the Margins (2018) ; Richard Mosse: Incoming (2017) et Strange and Familiar: Britain as seen by International Photographers (avec Martin Parr, 2016). Elle porte un intérêt particulier à l’art associant activisme, esthétique et identité.

EXPOSITION : NOÉMIE GOUDAL – PHOENIX — P. 50

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Portrait Zoé Aubry. Portrait Jenny Lewis. Portrait Avec l’aimable autorisation de la commissaire. Portrait Avec l’aimable autorisation du commissaire.

MARÍA INÉS RODRÍGUEZ

Née en 1968 à Zipaquira, Colombie. Vit et travaille entre São Paulo, Brésil et Paris, France.

María Inés Rodríguez est conservatrice adjointe au MASP, Museu de Arte de São Paulo –Assis Chateaubriand, où elle a conçu des expositions consacrées à Dominique González Foerster, Ana Pi, Babette Mangolte, Laure Prouvost, Laura Huertas, Mathilde Rosier, et Letícia Parente. Depuis 2018, elle est également directrice artistique de Tropical Papers, une plateforme numérique inclusive et active, dédiée aux projets d’acteurs culturels issus des et dans les tropiques. Elle a été directrice du CAPC musée d’art contemporain de Bordeaux, conservatrice en chef du MUAC à Mexico, conservatrice en chef au MUSAC de Castilla y León, et conservatrice invitée au Jeu de Paume à Paris.

EXPOSITION : BABETTE MANGOLTE –CAPTER LE MOUVEMENT DANS L’ESPACE — P. 34

KATHRIN SCHÖNEGG

Née en 1982 à Constance, Allemagne. Vit et travaille à Berlin, Allemagne.

Kathrin Schönegg est historienne de la photographie, lauréate en 2018 du prix DGPh de recherche en histoire de la photographie, décerné par l’Association allemande de photographie. Titulaire d’un doctorat en études de l’art et des médias de l’université de Constance, elle a également suivi une formation au sein du programme « Conservateurs de musée pour la photographie » de la Fondation Alfried Krupp von Bohlen et Halbach. Conservatrice au C/O Berlin depuis 2019, elle y dirige le programme de subventions pour les artistes émergents et le C/O Berlin Talent Award, et y co-développe le programme des expositions. Parmi ses commissariats récents : les expositions thématiques Songs of the Sky. Photography & the Cloud et Send me an Image. From Postcards to Social Media (2021), ainsi que des expositions monographiques.

EXPOSITION : CHANTS DU CIEL.

LA PHOTOGRAPHIE, LE NUAGE ET LE CLOUD  — P. 80

GABRIELE SCHOR

Née en 1961 à Vienne, Autriche. Vit et travaille à Vienne, Autriche.

Gabriele Schor est la directrice fondatrice de la Collection Verbund, constituée depuis 2004 à Vienne. Elle a publié de nombreux ouvrages, tels que Birgit Jürgenssen (avec Abigail Solomon-Godeau) en 2009, Catalogue Raisonné, consacré aux premiers travaux de Cindy Sherman, en 2012, Francesca Woodman (avec Elisabeth Bronfen) en 2014, Renate Bertlmann (avec Jessica Morgan) en 2016, Louise Lawler en 2018. Elle a également fait paraître Feministische Avantgarde der 1970er en 2015, où elle propose le terme d’« avant-garde féministe » pour rendre hommage aux œuvres pionnières des femmes artistes présentées.

EXPOSITION : UNE AVANT-GARDE FÉMINISTE. PHOTOGRAPHIES ET PERFORMANCES DES ANNÉES 1970 DE LA COLLECTION VERBUND, VIENNE — P. 24

UNTITLED DUO

Soukaina Aboulaoula (née en 1993 à El Jadida, Maroc) et Yvon Langué (né en 1987 à Acha-Tugi, Cameroun).

Plateforme curatoriale et agence de design et de direction artistique, Untitled Duo a été fondée en 2017 à Marrakech, au Maroc, pour contribuer au progrès et au développement de la production culturelle dans le pays, tout en maintenant des échanges avec le monde entier. Untitled Duo a participé à RAW Académie session 4. Si un arbre tombe dans une forêt a bénéficié de la Bourse de recherche curatoriale – projets Afrique des Rencontres d’Arles et de l’Institut français, initiée dans le cadre de la saison Africa 2020.

EXPOSITION : SI UN ARBRE TOMBE DANS UNE FORÊT — P. 174

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Portrait Romina Häner. Portrait Katharina Gossow. Portrait Danh Vo. Portrait David von Becker.

PERFORMER

Birgit Jürgenssen. Ohne Titel (Selbst mit Fellchen)

J ü rgenssen /

[ Sans titre (Moi avec de la fourrure) ], 1974.

Avec l’aimable autorisation de l’Estate Birgit

Galerie Hubert Winter / Bildrecht / COLLECTION VERBUND, Vienne.

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UNE AVANT-GARDE FÉMINISTE

PHOTOGRAPHIES ET PERFORMANCES DES ANNÉES 1970 DE LA COLLECTION VERBUND, VIENNE

Helena Almeida (1934-2018), Emma Amos (1938-2020), Sonja Andrade (1935), Eleanor Antin (1935), Anneke Barger (1939), Lynda Benglis (1941), Renate Bertlmann (1943), Tomaso Binga (1931), Dara Birnbaum (1946), Marcella Campagnano (1941), Elizabeth Catlett (1915-2012), Judy Chicago (1939), Linda Christanell (1939), Veronika Dreier (1954), Orshi Drozdik (1946), Lili Dujourie (1941), Mary Beth Edelson (1933), Renate Eisenegger (1949), Rose English (1950), VALIE EXPORT (1940), Esther Ferrer (1937), Marisa González (1945), Eulàlia Grau (1946), Barbara Hammer (1939-2019), Lynn Hershman Leeson (1941), Alexis Hunter (1948-2014), Mako Idemitsu (1940), Birgit Jürgenssen (1949-2003), Kirsten Justesen (1943), Anna Kutera (1952), Ketty La Rocca (1938-1976), Leslie Labowitz (1946), Suzanne Lacy (1945), Katalin Ladik (1942), Suzy Lake (1947), Natalia LL (1937), Lea Lublin (1929-1999), Karin Mack (1940), Dindga McCannon (1947), Ana Mendieta (1948-1985), Annette Messager (1943), Rita Myers (1947), Senga Nengudi (1943), Lorraine O’Grady (1934), ORLAN (1947), Gina Pane (1939-1990), Letícia Parente (1930-1991), Ewa Partum (1945), Friederike Pezold (1945), Margot Pilz (1936), Howardena Pindell (1943), Ingeborg G. Pluhar (1944), Angels Ribé (1943), Ulrike Rosenbach (1943), Martha Rosler (1943), Brigitte Aloise Roth (1951-2018), Victoria Santa Cruz (1922-2014), Suzanne Santoro (1946), Carolee Schneemann (1939-2019), Lydia Schouten (1955), Elaine Shemilt (1954), Cindy Sherman (1954), Penny Slinger (1954), Annegret Soltau (1946), Gabriele Stötzer (1953), Betty Tompkins (1945), Regina Vater (1943), Marianne Wex (1937-2020), Hannah Wilke (1940-1993), Martha Wilson (1947), Francesca Woodman (1958-1981), Nil Yalter (1938), Jana Želibská (1941).

« On ne naît pas femme, on le devient. » C’est dans l’héritage de Simone de Beauvoir que s’inscrit l’exposition internationale Une avant-garde féministe, qui réunit plus de deux cents œuvres de soixante-treize femmes artistes, pour aborder la construction de la féminité dans les années 1970. Elle questionne la notion du féminin, débusque les stéréotypes et les clichés, et donne à voir le travail des premières artistes qui, à l’époque, proposèrent une toute nouvelle « image de la femme », d’une manière radicale, subversive ou ironique.

Gabriele Schor, directrice fondatrice de la collection verbund, suggère le terme d’« avant-garde féministe » pour nommer ce mouvement artistique, afin de souligner le caractère pionnier des œuvres collectées, qui dénoncent le sexisme, les inégalités sociales et les structures du pouvoir patriarcal : « l’intime est politique ! ». S’il est ici question d’« une » avant-garde, c’est pourtant en référence à la diversité géographique, culturelle et démographique des mouvements féministes, pensés suivant une approche intersectionnelle, tenant compte des différents types de discriminations dont de nombreuses artistes ont été et sont encore la cible, que ce soit en raison de leur race, de leur classe ou de leur genre.

La collection verbund a été fondée à Vienne en 2004 par le groupe énergétique autrichien verbund. Plus de huit cents œuvres de cent soixante artistes ont été rassemblées dans le cadre d’une recherche de dix-huit ans, adoptant un point de vue européen sur les années 1970. À cette époque, de nombreuses artistes ont pris leurs distances vis-à-vis de l’art pictural, largement masculin, et se sont tournées vers de nouveaux médiums, tels que la photographie, la vidéo et la performance.

L’exposition est divisée en cinq parties thématiques abordant : la réduction des femmes aux fonctions d’épouse, mère et ménagère ; le sentiment d’enfermement qui en résulte ; la remise en cause des diktats de la beauté et des représentations du corps féminin ; l’exploration de la sexualité des femmes ; et enfin l’affirmation de leurs multiples rôles et identités.

Processus, Paris.

Publication Une avant-garde féministe. Photographies et performances des années 1970 de la COLLECTION VERBUND, Vienne, delpire & co, 2022.

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générale.
Lieu Mécanique
Commissariat Gabriele Schor. Papier peint

VALIE EXPORT. Die Geburtenmadonna (La Madone de la Nativité), 1976. Avec l’aimable autorisation de l’artiste / Galerie Thaddaeus Ropac / Bildrecht / COLLECTION VERBUND, Vienne.

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Ci-contre Renate Bertlmann. Zärtlicher Tanz (Tendre danse), 1976. Avec l’aimable autorisation de l’artiste / Bildrecht / COLLECTION VERBUND, Vienne. Ci-dessus Helena Almeida. Estudo para dois espaços (Étude pour deux espaces), 1977. Avec l’aimable autorisation de l’artiste / COLLECTION VERBUND, Vienne.
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Ana Mendieta. Sans titre (Verre sur empreintes corporelles), 1972. Avec l’aimable autorisation de The Estate of Ana Mendieta Collection, LLC / Galerie Lelong / COLLECTION VERBUND, Vienne.
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Annegret Soltau. Selbst (Moi), 1975. Avec l’aimable autorisation de l’artiste / Bildrecht / COLLECTION VERBUND, Vienne.
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Lorraine O’Grady. Sans titre (Mlle Bourgeoise Noire), 1980-1983. Avec l’aimable autorisation de l’artiste / Alexander Gray Associates / Artists Rights Society (ARS) / Bildrecht / COLLECTION VERBUND, Vienne.

ORLAN. Tentative pour sortir du cadre à visage découvert, 1966. Avec l’aimable autorisation de l’artiste / Galerie Ceysson & Bénétière / Bildrecht / COLLECTION VERBUND, Vienne.

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Francesca Woodman.

Visage, Providence, Rhode Island, 1975-1976. Avec l’aimable autorisation de The Woodman

Family Foundation / Artists Rights Society (ARS) / Bildrecht / COLLECTION VERBUND, Vienne.

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Cindy Sherman. Untitled (Murder Mystery People) [Sans titre (Les protagonistes du meurtre mystérieux)], 1976. Avec l’aimable autorisation de l’artiste / Hauser & Wirth / COLLECTION VERBUND, Vienne.

LAURÉATE DU PRIX WOMEN IN MOTION 2022

BABETTE MANGOLTE

CAPTER LE MOUVEMENT DANS L’ESPACE

Babette Mangolte

Née en 1941 à Montmorot, France. Vit et travaille à New York, États-Unis.

Babette Mangolte est une cinéaste et photographe expérimentale internationalement reconnue. En 2018, ses écrits sur les pratiques cinématographiques et l’impact des outils numériques sur le cinéma depuis la fin du xxe siècle ont été édités par Luca Lo Pinto et publiés par Sternberg Press sous le titre Babette Mangolte: Selected Writings, 1998 2015. En 2019, elle a présenté une rétrospective de ses travaux (cinéma, photographie et installations) au musée d’art contemporain de la Haute-Vienne – château de Rochechouart. En 2020, elle a terminé son film Calamity Jane & Delphine Seyrig: A story (vidéo 16 mm, 87 min).

L’exposition célèbre l’œuvre d’une artiste incontournable, la photographe et cinéaste expérimentale Babette Mangolte. Installée à New York dès les années 1970, elle y a documenté le théâtre d’avant-garde, la danse et la performance jusqu’à la fin des années 1980.

En restituant le travail de figures majeures telles que Yvonne Rainer, Trisha Brown, Richard Foreman, Lucinda Childs, Simone Forti, Joan Jonas, Robert Morris, Robert Wilson, Sylvia Palacios Whitman, Robert Whitman ou encore Merce Cunningham, elle a participé à la définition et à la construction rigoureuse d’archives de la performance. Les œuvres sélectionnées sont extraites de ce vaste corpus et mettent en évidence dans toute son ampleur la relation entre performance et documentation. Une série de photographies représentant l’architecture new-yorkaise est également présentée, qui en situe le contexte historique.

Tout au long de sa carrière, Babette Mangolte a développé un langage photographique et cinématographique basé sur la subjectivité de la caméra et la relation du corps à l’espace. Ses photographies et ses films ayant trait à la danse sont le fruit d’une collaboration avec les chorégraphes – le film Water Motor (1978), par exemple, donne à voir une chorégraphie de Trisha Brown. Son travail, axé sur le regard des danseurs, induit une nouvelle stratégie dans la relation avec la caméra, en offrant une place centrale au spectateur.

« Tout ce que j’ai fait dans le domaine de la performance interroge la manière dont on regarde ce que l’on voit, donc la position du spectateur est au centre de la performance en tant que forme artistique », dit-elle.

Babette Mangolte s’efforce de capter le mouvement dans l’espace, et explore des temporalités variées. Son œuvre témoigne de la sensibilité d’une artiste qui s’intéresse à l’expérience du temps, et propose une réflexion sur l’histoire.

En complément, et en exclusivité, est présentée une série de portraits de Georges Perec et son épouse Paulette Perec, témoins d’une amitié de longue date, qui lient étroitement cette exposition à la ville d’Arles.

María Inés Rodríguez

Lieu Église Sainte-Anne.

Commissariat

María Inés Rodríguez.

Avec la collaboration du musée d’art contemporain de la Haute-Vienne –château de Rochechouart.

Babette Mangolte est lauréate du prix Women In Motion 2022 pour la photographie décerné par Kering et les Rencontres d’Arles.

Encadrements Circad, Paris.

Papier peint Processus, Paris. Portrait Avec l’aimable autorisation de l’artiste.

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Lucinda Childs danse son solo « Katema » dans son loft de Broadway, 1978. Avec l’aimable autorisation de l’artiste [pour toutes les photographies].
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Trisha Brown répète « Line-up » dans son loft de Broadway avec, de gauche à droite, Wendy Perron, Judith Ragir, Trisha Brown, Mona Sulzman et Elizabeth Garren, 1977.
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« Pandering to the Masses » de Richard Foreman (avec au premier plan John Erdman et Stuart Sherman sur son vélo), 1974.
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« Einstein on the Beach » de Robert Wilson et Philip Glass, Acte IV, scène 3 : « Spaceship », avec sur l’échafaudage Philip Glass et les musiciens de son orchestre, Avignon, 1976.
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Yvonne Rainer danse son solo « Trio A », dans la performance « this is a story about a woman who… », Theater for the New City, Jane Street, New York, 1973.
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SUSAN MEISELAS ET MARTA GENTILUCCI

CARTOGRAPHIES DU CORPS

Susan Meiselas

Née en 1948 à New York, États-Unis. Vit et travaille à New York, États-Unis.

Susan Meiselas est photographe documentaire et membre de Magnum Photos depuis 1976. Elle est l’autrice de Carnival Strippers, Nicaragua, Kurdistan: In the Shadow of History, Pandora’s Box, Encounters with the Dani, A Room of Their Own, et a coédité quatre collections : El Salvador: Work of 30 Photographers, Chile from Within, Tar Beach et Eyes Open. Ses photographies figurent dans des collections américaines et internationales. En 1992, Meiselas a reçu la bourse MacArthur. Elle est présidente de la Magnum Foundation, qui soutient et encadre la nouvelle génération de photographes documentaires, afin d’accroître l’impact de la photographie historique et contemporaine.

Marta Gentilucci

Née en 1973 à Gualdo Tadino (Pérouse), Italie. Vit et travaille à Paris, France.

Marta Gentilucci est compositrice de musique instrumentale, vocale et électronique. Elle a obtenu une maîtrise en arts vocaux en Italie en tant que soprano, et une maîtrise en composition et en musique assistée par ordinateur en Allemagne. Elle est titulaire d’un doctorat en composition de l’université de Harvard. Sa musique a été jouée par des ensembles de renom. Elle a été en résidence à l’IRCAM, à l’Experimentalstudio Freiburg et à l’Institut Radcliffe de Harvard. Parmi ses travaux les plus récents, deux commandes conjointes de l’IRCAM et de Neue Vocalsolisten pour le Festival MANIFESTE 2020 et le Festival ECLAT 2021, et une commande de la Biennale de Venise 2021. En 2021-2022, elle est en résidence à l’Académie de France à Rome – Villa Médicis.

Lieu Église Saint-Blaise.

Montage Jessica Bal.

Développement de l’informatique musicale Emmanuel Jourdan.

les mains révèlent la force vitale résistent à la perte de sens et au passage du temps

Les mains sont une métaphore du corps. Elles révèlent les strates des différentes étapes de la vie. Elles sont le support des actions, du faire. Cartographies du corps trace une carte de la peau, des rides, des gestes qui évoquent une vie engagée, encore pleine d’énergie. Nous voyons le corps vieillissant d’une femme comme source de beauté, une beauté qui provient de la superposition d’expériences gravées sur son visage, de l’histoire cachée sous sa peau tandis que les rides se forment.

Nous avons cherché à capturer en images et en sons la force vitale qui habite ces corps, l’intensité de leurs vies passées, et l’espoir tenace de la vie encore à vivre. Nous avons voulu transmettre une force qui s’oppose à la maladie, à la solitude, aux privations et aux difficultés. À travers cette installation, nous espérons créer une vision positive du potentiel de ces années de vieillissement, à l’encontre de la représentation de la vieillesse comme absence d’opportunité. Nous souhaitons susciter le sentiment que le passage du temps n’est pas nécessairement une perte, mais plutôt la naissance de possibilités, d’une force et d’une assurance nous aidant à mieux vivre le temps dont nous disposons.

Il est possible d’imaginer que les couches d’expression ressemblent aux multiples voix d’une polyphonie : un ensemble indissociable de fils qui tissent un tout cohérent. Dans l’église Saint-Blaise, nous avons voulu créer un sentiment de proximité et d’intimité – présenter une image chorale qui s’inspire de notre collaboration avec chaque femme. Nous avons imaginé un paysage immersif qui façonne les relations spatiales dans le temps, transformant une approche in situ en une expérience collective.

Susan Meiselas et Marta Gentilucci

Exposition coproduite par l’Académie de France à Rome – Villa Médicis et les Rencontres d’Arles. Avec la collaboration de Devialet (conseils en acoustique et mise à disposition de matériel).

Avec le soutien de Kering | Women In Motion Susan Meiselas a reçu le prix Women In Motion 2019 pour la photographie décerné par Kering et les Rencontres d’Arles pour l’ensemble de sa carrière.

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Portrait de Susan Meiselas Meryl Levin. Portrait de Marta Gentilucci Avec son aimable autorisation.

Marché . Image extraite de Cartographies du corps , Gualdo Tadino, Italie, 2022.

Avec l’aimable autorisation des artistes [pour toutes les images].

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E.A.S.P.
Gualdo Tadino . Image extraite de Cartographies du corps , Gualdo Tadino, Italie, 2022.
47 Costanza . Image extraite de Cartographies du corps , Gualdo Tadino, Italie, 2022.

EXPÉRIMENTER

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Lukas Hoffmann. Photographie de rue XXVII , 2019. Avec l’aimable autorisation de l’artiste.

NOÉMIE GOUDAL PHOENIX

Noémie Goudal

Née en 1984 à Paris, France. Vit et travaille à Paris, France.

Noémie Goudal a été diplômée du Royal College of Arts en 2010. Son travail a fait l’objet d’expositions personnelles au BAL à Paris en 2016, à la Hayward Gallery à Londres en 2017, au Finnish Museum of Photography à Helsinki en 2018, au musée des Beaux-Arts du Locle en 2019, au Grand Café à Saint-Nazaire en 2021. Elle a été en résidence à la Manufacture de Sèvres de 2018 à 2022, et lauréate des Mondes Nouveaux en 2021. Ses œuvres font partie de nombreuses collections (Centre Pompidou, Cnap, David Roberts Art Foundation, FOAM, KADIST…). Elle est représentée par les galeries Les Filles du Calvaire à Paris et Edel Assanti à Londres.

C’est autour de réflexions sur l’idée du deep time (qui désigne l’histoire géologique de la planète), de la paléoclimatologie (l’étude des climats passés) et des relations géographiques, que les séries de films complexes et performatifs et les images construites de Noémie Goudal interrogent l’interconnexion entre l’humain et le non-humain. Entremêlant végétation luxuriante, littoraux rocheux, sommets enneigés et marécages, sa dernière série de travaux explore l’immensité spatiotemporelle et les modes d’appartenance postanthropocentriques. Les stratégies déconstructivistes sont au cœur de l’approche de la photographie propre à Goudal. Dans la série Phoenix, des images déconstruites de palmeraies explosent dans le cadre. Illusions d’optique et réalités transformées sont déployées pour remettre en question l’indexicalité de la photographie comme repère de vérité, tout en positionnant la nature comme étant dans un état de flux permanent.

Présenté symboliquement dans la nef de l’église des Trinitaires à Arles, Below the Deep South (2020), film monocanal de Goudal, fusionne l’art du papier et l’ingénierie optique, ou l’analogique et le technologique, dans une série de scènes tropicales archétypales soigneusement séquencées, avant de mettre le feu à chaque tableau. Alors que le décor crépite et brûle en révélant une autre couche, l’œuvre interroge la possibilité de renouvellement qu’offre le feu, tout en rappelant ses qualités destructrices.

Filmé dans un paysage équatorial indéfini, Inhale Exhale (2021) utilise l’environnement arctique du détroit de Béring comme tremplin conceptuel, en s’appuyant sur la théorie selon laquelle les humains ont migré vers l’Amérique du Nord en empruntant un pont terrestre connu sous le nom de Béringie, lorsque la baisse du niveau des océans a mis à nu une vaste étendue de fonds marins il y a environ dix-huit mille ans. Alors que le film inspire et expire, des plateaux photographiques de trois mètres de haut représentant des bananiers et d’autres espèces végétales s’élèvent et s’abaissent lentement, accompagnés de bruits de terrain et du son mécanique des toiles de fond hissées dans des marécages troubles. Le titre Inhale Exhale souligne la position philosophique de Goudal, selon laquelle la Terre est un organisme vivant avec sa propre géo-logique temporelle, allant à l’encontre de la temporalité dans laquelle l’humanité structure l’expérience de la vie : le passé, le présent et le futur.

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Lieu Église des Trinitaires. Commissariat Alona Pardo. Avec la collaboration des galeries Les Filles du Calvaire, Paris, et Edel Assanti, Londres. Tirages Cyclope, Paris. Portrait Alexandre Guirkinger.
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Phoenix VI, 2021. Avec l’aimable autorisation de l’artiste et de la galerie Les Filles du Calvaire [pour toutes les images].
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Ci-dessus et ci-contre Images extraites de la vidéo Inhale Exhale, 2021.
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Ci-dessus et ci-contre Images extraites de la vidéo Below the Deep South, 2021.
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BETTINA GROSSMAN BETTINA. UN POÈME DU RENOUVELLEMENT PERMANENT

Bettina Grossman

Née en 1927 à New York, États-Unis. Décédée en 2021 à New York, États-Unis.

À partir des années 1950, Bettina Grossman a vécu et voyagé pendant dix ans en Europe, où elle a produit un ensemble remarquable d’œuvres comprenant photographie, peinture, gravure, sculpture, vidéo, dessin et art textuel. Après la perte de ses œuvres dans un incendie qui a détruit son studio en 1966, elle s’est installée au légendaire Chelsea Hotel, pour y rester jusqu’à son décès en 2021. Elle a fait l’objet de plusieurs films, dont Bettina (Sam Bassett, 2008) et Girl with Black Balloons (Corinne van der Borch, 2010), et est apparue plus récemment dans Dreaming Walls (Maya Duverdier et Amélie van Elmbt, 2022).

Voici la première exposition monographique de l’artiste américaine Bettina Grossman, plus connue sous le nom de Bettina. Elle offre un aperçu unique de la vie de cette artiste à New York. Qu’il s’agisse de photographie, de vidéo, de peinture, de sculpture ou de design textile, ses œuvres sont sérielles, modulaires et rigoureuses, chacune ayant une fonction dans un système plus vaste et autoréférentiel, où l’on retrouve des formes géométriques répétitives à la dimension transcendantale et presque chamanique.

Née à Brooklin en 1927, Bettina passe les premières années de sa carrière en Europe avant de rentrer aux États-Unis dans les années 1960. Peu de temps après, sa vie et sa carrière sont bouleversées par un incendie traumatisant qui détruit une grande partie de son œuvre. En 1970, elle s’installe au légendaire Chelsea Hotel et, se remettant de cette perte, travaille beaucoup. Après des années à produire dans l’isolement, l’artiste est présentée dans deux films documentaires, ce qui la conduit à rencontrer Yto Barrada. « Dans sa vie comme dans son travail, elle avait créé tout un univers, et vous vous sentiez très privilégiée si vous aviez l’occasion de le pénétrer », a déclaré cette dernière. « Plus je le découvrais, plus j’étais outrée qu’elle ait pu être négligée, comme tant de femmes artistes de sa génération. »

Ces dernières années, l’œuvre de Bettina a commencé à circuler plus largement. Pour sa première exposition depuis des décennies, elle a été associée à l’œuvre d’Yto Barrada dans The Power of Two Suns (Lower Manhattan Cultural Council, New York, 2019), organisée par Omar Berrada. Au moment de son décès en novembre 2021, à l’âge de 94 ans, elle figurait dans la grande enquête sur les artistes américains vivants du Grand New York, au MoMA PS1, et dans une exposition organisée par Yto Barrada elle-même, Artist’s Choice: Yto Barrada – A Raft, au MoMA. Yto Barrada et Gregor Huber

Lieu Salle Henri-Comte.

Commissariat

Yto Barrada et Gregor Huber.

Projet lauréat du LUMA Rencontres Dummy Book Award 2020.

Avec le soutien de Kering | Women In Motion, dans le cadre de son LAB.

Encadrements Circad, Paris. Papier peint Atelier SHL, Arles.

Publication Bettina, L’Atelier EXB, 2022.

Portrait © Bettina Grossman, avec l’aimable autorisation de Yto Barrada.

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Série New York phénoménologique / Stratégies énergétiques urbaines, Motifs de la circulation, New York, 1976-1986, photographie.

© Bettina Grossman, avec l’aimable autorisation de Yto Barrada [pour toutes les œuvres].

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Ci-dessus

Série Photographies / Formes murales, collage, vers 1978.

Ci-contre en haut

Évolution d’un élément, compressé à Paris, 1970, photocopie.

Ci-contre en bas

Carnet de dessin, sans date.

Pages 60-61

Série Deux heures dans la vie d’un cheveu photographié dans l’évier à intervalles d’une minute alors qu’il est troublé par l’eau courante – prolonger l’expérience par un dessin au trait, New York, 1974.

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60
61

Structures finies : série orthogonale (clés françaises), bois, Paris, 1970.

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63 Série Le cinquième point du compas, 1977.

FRIDA ORUPABO

À QUELLE VITESSE CHANTERONS ‑ NOUS

Frida Orupabo

Née en 1986 à Sarpsborg, Norvège. Vit et travaille à Oslo, Norvège.

Frida Orupabo a présenté son travail lors d’expositions personnelles au Fotomuseum

Winterthur (2022), au Museu Afro Brasil, São Paulo (2021), au Kunsthall Trondheim, Trondheim (2021), au Portikus, Francfort-sur-le-Main (2019) et à la Kunstnernes Hus, Oslo (2019). Elle a participé à la 34e Biennale de São Paulo (2021) et à la 58e Biennale de Venise (2018). Sa première monographie a été publiée par Sternberg Press en 2021.

Dans les collages déformés de corps humains de Frida Orupabo, les femmes noires nous regardent fixement. En subvertissant l’objectification historique dont elles sont victimes, comme d’innombrables autres femmes, elles refusent d’être invisibles. Construite sur un processus minutieux de superposition d’images provenant d’archives numériques, la pratique d’Orupabo suscite un dialogue sur ce qui est vu, et ce qui reste invisible. Dans son œuvre récente À quelle vitesse chanterons-nous (2022), l’artiste explore les récits visuels et littéraires visant à sauver les corps des femmes noires des histoires de la violence dominantes. Créés à l’échelle humaine, les collages sont composés de corps agrandis et déformés, réparés avec des membres et des objets aléatoires. Ici, la violence immédiate du collage comme geste de découpage et recadrage devient apparente lorsque nous prenons conscience que ces images proviennent des profondeurs des archives coloniales, chaque corps incarnant le traumatisme, le désir et la survie des corps noirs.

Basée à Oslo, Orupabo a commencé sa vie professionnelle en tant que sociologue, avant de se tourner vers l’art pour explorer les questions de race, de sexualité et de violence. S’inspirant de ses lectures minutieuses d’archives historiques, ses collages remettent en question les images traumatisantes et répétitives véhiculées dans les représentations populaires des femmes noires. Souvent, ils reflètent les brutalités physiques associées aux agressions sexuelles et aux traumatismes subis par des êtres réels ou fictifs. Cependant, plutôt que de tenter de dissimuler cette violence, ces œuvres évoquent la manière dont le corps se souvient. En révélant la vie sociale des opprimées, elles témoignent d’un savoir silencieux : une compréhension visuelle de l’histoire, qui parle au-delà des mots. À travers ses collages, Orupabo explore des générations de souffrance représentées par un corps singulier, à la fois protagoniste et témoin de l’histoire. Sous la forme d’un témoignage visuel, ces œuvres créent ainsi un espace pour de nouveaux récits, dans lesquels les corps hantés des archives sont mis en lumière.

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Lieu Mécanique générale. Avec la collaboration de la galerie Nordenhake, Stockholm. Avec le soutien de KADIST. Portrait Kyrre Skjelby Kristoffersen.

Deux têtes, collage avec attaches parisiennes, 2022. Avec l’aimable autorisation de l’artiste / Galerie Nordenhake [pour toutes les œuvres].

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En haut à gauche Fille à cheval, collage avec attaches parisiennes, 2022. En haut à droite Fille au coussin, collage avec attaches parisiennes, 2022. En bas au centre Chien, collage avec attaches parisiennes, 2022.
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Ci-dessus Femme au couteau, collage avec attaches parisiennes, 2022.
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Grand écart, collage avec attaches parisiennes, 2022.
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SANDRA BREWSTER FLOU

Sandra Brewster

Née en 1973, à Toronto, Canada. Vit et travaille à Toronto, Canada.

Sandra Brewster est une artiste visuelle canadienne. Elle travaille sur les thèmes de l’identité, la visibilité, la mémoire et la représentation des Noir·e·s. Fille de parents nés en Guyane anglaise, elle s’intéresse en particulier aux expériences vécues par les communautés caribéennes et à la relation à leur lieu d’origine. Elle utilise le dessin, la vidéo et différents supports photographiques, proposant des installations qui incorporent l’architecture des lieux d’exposition. Elle a récemment exposé au musée des Beaux-Arts de l’Ontario (Toronto, 2021-2022) et à Or Gallery (Vancouver, 2019). En 2022 sont prévues une résidence d’artiste à Loghaven Artist Residency (Knoxville, Tennessee) et une exposition à la Hartnett Gallery (Rochester, New York).

Avec Flou (Blur), l’artiste canadienne Sandra Brewster propose depuis 2017 une série de portraits photographiques de très grand format, représentant des amis, des membres de sa famille et certaines icônes de la culture noire. La technique de transfert au gel, devenue la signature de l’artiste, nécessite l’application des tirages à l’aide d’une matière acrylique sur une surface, avant de retirer le papier par frottage afin que l’encre recouvre le mur. Le procédé laisse ainsi visibles des traces d’abrasion spécifiques à chaque lieu d’exposition.

Métaphores du mouvement et du changement, ces portraits flous répondent à l’histoire personnelle de l’artiste : fille de parents d’origine guyanaise ayant immigré au Canada à la fin des années 1960, Brewster suggère la fragilité et l’instabilité de la représentation et de la mémoire dans un contexte diasporique. Ayant réduit la vitesse d’obturation de son appareil, l’artiste demande en outre à ses modèles de bouger pendant la prise de vue, rendant l’expression de leur visage méconnaissable et rappelant ainsi la multiplicité et la fluidité de nos identités.

Selon l’artiste elle-même, Flou « joue avec le mouvement et s’en inspire, comme les effets de la migration peuvent influencer et façonner la formation d’une identité. L’intention du flou est également de représenter les gens comme des êtres complexes, constitués de plusieurs couches : ne pas les envisager sans relief, et être consciente qu’ils sont faits à la fois de ce qu’ils sont, de manière tangible, mais aussi de nombreuses autres choses insaisissables, parmi lesquelles leurs expériences du passé et des lieux – qu’ils y accèdent par eux-mêmes ou par le biais de récits intergénérationnels ».

Gaëlle Morel

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Lieu Mécanique générale. Commissariat Gaëlle Morel. Avec la collaboration du Ryerson Image Centre, Toronto. Portrait Jalani Morgan.

Pages suivantes

Sans titre, série Flou, 2017-2019. Transfert photo au gel sur mur. Avec l’aimable autorisation de l’artiste / musée des Beaux-Arts de l’Ontario.

Ci-dessus Détail.

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LUKAS HOFFMANN EVERGREEN

Lukas Hoffmann

Né en 1981 à Zoug, Suisse. Vit et travaille à Berlin, Allemagne.

D’origine helvético-australienne, Lukas Hoffmann obtient le diplôme des Beaux-Arts de Paris en 2007, où il a suivi l’enseignement de Patrick Faigenbaum et Marc Pataut. De 2009 à 2011, il a participé au programme de recherche La Seine (ENSBA, Paris). Des bourses d’atelier l’ont conduit à Anvers (2008-2009), Berlin (2011) et New York (2016). Ses photographies, qu’il tire lui-même à l’agrandisseur, sont régulièrement montrées dans le cadre d’expositions individuelles et collectives. Sa monographie la plus récente, Untitled Overgrowth, est parue chez Spector Books en 2019.

L’exposition des travaux de Lukas Hoffmann réunit plusieurs séries d’images de grand format, montrant des lettres écaillées sur un conteneur au rebut de la compagnie EVERGREEN Marine Corp., les égratignures d’un mur peint en noir dans le Bronx à New York, ou encore le débordement d’une haie le long d’un plan d’eau bordé de plaques de béton à la périphérie de Berlin. La division de chacun des motifs sur différentes surfaces d’images résulte d’une pratique photographique précise et calculée, faisant usage de la chambre photographique et de plans-films individuels. La répartition du sujet dans l’image est également déterminée par la typographie des lettres, d’une part, et par l’ordonnancement sériel des stèles de béton, d’autre part. Cependant, bien que le référent demeure reconnaissable, la rigueur de la composition et le dessin quasiment tactile des surfaces conduisent le sujet à s’effacer derrière sa représentation. La texture de la peinture appliquée ou l’érosion de la pierre apparaissent comme des traces du temps dans la profusion des détails. Les qualités formelles abstraites des images en viennent ainsi à rappeler le modernisme américain d’un Aaron Siskind ou d’un Clifford Still.

Dans le genre de la photographie de rue, la pratique de Hoffmann prend une direction tout autre. Contrairement à la tradition de la street photography, qui prit son essor avec le développement d’appareils de petit format, Hoffmann utilise ici encore la chambre photographique, mais cette fois sans trépied : il saisit son motif à main levée, de manière spontanée et très rapprochée, sans regarder dans un viseur. La série d’images réalisées dans les zones piétonnes du centre-ville de Berlin fige des postures fugaces et contrastées, dessine avec précision des textures de peaux et de vêtements, révèle des traces de l’éphémère dans un faisceau de lumière ou des chevelures traversées par le vent, sans montrer les visages.

Les travaux de Hoffmann font ainsi état des représentations complexes de la temporalité, caractéristiques du médium photographique.

Johanna Schiffler

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Lieu Monoprix. Portrait Avec l’aimable autorisation de l’artiste.
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Photographie de rue XIII, 2019. Avec l’aimable autorisation de l’artiste [pour toutes les photographies].
76 Avenue Bronx River, New York, 2016.
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de rue XVII, 2019.
Photographie
79 Schönholz I, Berlin, 2017.

CHANTS DU CIEL

LA PHOTOGRAPHIE, LE NUAGE ET LE CLOUD

Claudia Angelmaier (1972), Sylvia Ballhause (1977), Marie Clerel (1988), Raphaël Dallaporta (1980), Noémie Goudal (1984), Louis Henderson (1983), Noa Jansma (1996), Stefan Karrer (1981), Almut Linde (1965), NASA, Lisa Oppenheim (1975), Organisation météorologique mondiale, Trevor Paglen (1974), Simon Roberts (1974), Evan Roth (1978), Mario Santamaría (1985), Adrian Sauer (1976), Andy Sewell (1978), Shinseungback Kimyonghun (Shin Seung Back, 1979, Kim Yong Hun, 1980), Louis Vignes (1831-1896) & Charles Nègre (1820-1880).

Penser la photographie de nos jours, c’est aussi prendre en compte les infrastructures qui forment et organisent les réseaux. Que les images soient générées par des caméras de surveillance ou des satellites, qu’il s’agisse de documents d’archives numérisés ou de photos de vacances personnelles sur nos smartphones et ordinateurs portables, quasiment toutes les photographies sont sauvegardées sous forme de données numériques dans le cloud (« nuage »). Sous forme de zéros et de uns, elles semblent avoir été transférées de manière immatérielle dans le ciel. Mais le cloud n’est pas un endroit romantique. C’est un réseau où sont constamment déplacées nos données. C’est une machine à travers laquelle les intelligences artificielles apprennent. C’est aussi un système techno-capitaliste qui se matérialise par des disques durs, des serveurs, des routeurs, des câbles en fibre optique, des écrans et des ordinateurs. Le cloud est une invention des sociétés privées occidentales. Les nuages ont été une source d’inspiration il y a cent ans, aux débuts de la photographie abstraite. Au même titre, la façon dont les artistes d’aujourd’hui interagissent avec le cloud reflète les visions du futur du xxie siècle. Juxtaposant des photographies historiques et contemporaines, l’exposition évoque les conséquences des technologies de l’informatique en nuage sur le changement climatique et la géopolitique. Quelles histoires les photographies peuvent-elles raconter sur « l’âme du ciel » à l’ère du numérique ? Les entreprises qui maximisent leurs gains en évaluant et en exploitant nos données finiront-elles par acheter tous les nuages du ciel ? L’immense empreinte carbone de ce nuage technique va-t-elle accélérer le réchauffement de la planète au point qu’il deviendra rare de voir des créatures nuageuses aux multiples visages flotter dans le ciel ?

Kathrin Schönegg

Lieu Monoprix.

Commissariat Kathrin Schönegg, lauréate de la Bourse de recherche curatoriale des Rencontres d’Arles en 2019.

Avec la collaboration du C/O Berlin et de la Kulturstiftung des Bundes.

La Bourse de recherche curatoriale des Rencontres d’Arles reçoit le généreux soutien de Jean-François Dubos.

Papier peint Picto, Paris.

Publication Songs of the Sky, Photography & the Cloud, Spector Books, 2021.

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Shinseungback Kimyonghung. Visage-nuage, 2012. Avec l’aimable autorisation des artistes.

Organisation météorologique mondiale. Atlas international des nuages, Paris, 1930. Collection privée.

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Trevor Paglen. Nuage #865, 2019. Avec l’aimable autorisation de l’artiste et de la galerie Pace.
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Louis Henderson. Tout ce qui est solide, 2014. Avec l’aimable autorisation de l’artiste et de LUX.
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Noa
Jansma. Nuages à vendre, 2020-2021. Avec l’aimable autorisation de l’artiste.

ÉMERGER

Pierfrancesco Celada. Série  Quand je suis triste, je prends un train pour la vallée du bonheur , Hong Kong, 2016. Avec l’aimable autorisation de l’artiste.

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LAURÉAT DU SERENDIPITY ARLES GRANT 2020

SATHISH KUMAR UN GARÇON DU VILLAGE

Sathish Kumar

Né en 1986 à Kanchipuram, Inde. Vit et travaille à Chennai, Inde.

Sathish Kumar a grandi dans la petite ville de Kanchipuram, dans le sud de l’Inde. Il prend des photos depuis l’âge de seize ans, lorsque son oncle lui a offert un appareil automatique. Cet appareil, il l’emporte partout, des pique-niques de l’école jusqu’aux terrains de jeux, en passant par les montagnes lointaines, photographiant et enregistrant sa famille, ses amis et sa vie quotidienne.

SERENDIPITY ARLES GRANT

S’appuyant sur la vitalité des relations culturelles franco-indiennes pour stimuler la coopération régionale, Serendipity Arts et les Rencontres d’Arles ont lancé une importante bourse pour la photographie, la vidéo et les nouveaux médias en Asie du Sud, une initiative soutenue par l’Institut français en Inde. Après une première édition en 2020 pour laquelle le jury avait reçu des centaines de candidatures, le Serendipity Arles Grant est reconduit en 2022. Le·a lauréat·e bénéficie d’une bourse de 1 200 000 INR (environ 15 000 €) pour développer son projet et le présenter aux Rencontres d’Arles en 2023.

Un garçon du village est une collection de moments ordinaires saisis au fil du temps, sensible aux lents mouvements comme au rythme de la vie quotidienne en Inde du Sud. Depuis mon adolescence jusqu’à aujourd’hui, j’ai enregistré l’essence de chaque nouvelle expérience – en flânant dans le quartier, en retrouvant de vieux amis, et souvent en m’en faisant de nouveaux.

À une époque, comme tant d’autres, j’ai quitté ma ville natale et emménagé dans une grande ville, à la recherche de nouvelles opportunités. Alors que ma vie y devenait étouffante, j’ai trouvé l’apaisement en retournant photographier ma ville natale et en partant m’aérer en randonnée. Dans ce mouvement constant, qui fait partie de l’existence humaine, nous abandonnons l’humilité de nos débuts, perdant peu à peu notre innocence. Enregistrer ce mouvement – renouer avec la nature et mes racines – a été un moyen pour me réconcilier avec le soudain changement d’environnement que je vivais. Je crois que le monde est constitué d’une série de réactions en chaîne. Il devient de plus en plus évident que toutes les vies de cette planète sont reliées les unes aux autres, que chaque morceau de vie affecte les autres, légèrement ou profondément, à la manière de l’effet papillon. Un garçon du village évoque l’adolescence. C’est une observation de la transformation progressive de ma vie, depuis un petit village jusqu’à une ville cosmopolite.

Sathish Kumar

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Lieu Cloître Saint-Trophime. Avec le soutien de l’Institut français en Inde. Tirages Inspire Madras, Chennai. Encadrements Circad, Paris. Portrait Shankar.

Portrait d’un garçon près de ma ville natale , série  Un garçon du village . Avec l’aimable autorisation de l’artiste [pour toutes les photographies].

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90 Un invité à l’extérieur de la maison reste dans la forêt , série  Un garçon du village .
91 Quelque part dans le village , série Un garçon du village .

LAURÉATE DU JIMEI × ARLES DISCOVERY AWARD 2021

WANG YIMO

THÉÂTRE SUR TERRE

Wang Yimo

Née en 1996 à Chongqing, Chine. Vit et travaille à Chengdu, Chine.

Wang Yimo est une artiste indépendante. Titulaire d’un master de l’École d’art expérimental de l’académie des Beaux-Arts du Sichuan, elle enseigne actuellement au collège Jinjiang de l’université du Sichuan. Elle s’intéresse principalement à la vidéo expérimentale, dans des œuvres utilisant l’installation, l’animation et la photographie. Elle explore en particulier les interactions entre le cinéma et l’animation, et l’extension de leurs frontières. Ses œuvres, à travers lesquelles elle questionne les mutations sociales, ont été exposées récemment au LAB Art Museum, à Chongqing, au He Duoling Art Museum, à Chengdu, et au Yuelai Art Museum, à Chongqing, en Chine.

JIMEI × ARLES

INTERNATIONAL PHOTO FESTIVAL : LES RENCONTRES D’ARLES EN CHINE

Fondé en 2015 dans le district de Jimei, près de Xiamen, le festival a présenté depuis sa création plus de deux cents expositions en provenance de Chine et du reste de l’Asie. À ce jour, il a attiré 400 000 visiteurs, l’édition 2021 ayant reçu près de 50 000 visiteurs autour de trente expositions, dont quatre en provenance d’Arles. Le festival a pour ambition d’affirmer son rôle de plateforme de la photographie en Asie. Il a créé son propre Prix Découverte, présenté chaque année à Arles, et le premier prix féminin de la photographie en Chine. Le Prix du commissariat pour la photographie et l’image animée (Curatorial Award for Photography and Moving Image) a également été créé en 2021.

Une centrale électrique désaffectée sert de toile de fond au travail de Wang Yimo. Pendant longtemps, la centrale a reflété non seulement la réussite de l’industrialisation de la Chine, mais aussi les luttes d’une génération entière, dans la poursuite du rêve socialiste. L’artiste a invité des ouvriers à revenir sur leur lieu de travail, dans une séquence saturée de souvenirs. Aux prises de vues sont mêlées des images de synthèse, l’animation ouvrant vers un autre monde pour les travailleurs. Une vidéo donne à voir une conversation entre l’artiste et sa mère, elle-même ancienne ouvrière. Les souvenirs de Wang Yimo des environnements familiers de son enfance, comme les ateliers, les usines et la cour familiale, sont devenus des ressources créatives uniques, chargées d’une émotion particulière. Cependant, ce ne sont plus des terrains au sens physique du terme, mais des symboles visuels : ils portent l’empreinte de leur époque et de la quête d’industrialisation et de modernisation de la génération précédente. Dans ce contexte, la conversation de l’artiste avec sa mère revêt une signification profonde : ce qui aurait été un échange ordinaire acquiert une dimension rituelle. La présence des travailleurs semble rappeler que la jeunesse et les idéaux d’une génération s’estompent. Il s’agit d’une performance collective, comme est collective la production du passé. Elle transforme le site en un théâtre sans limites, et temporaire à la fois. Cependant, le dialogue entre les générations, leurs vies et leurs rêves sont révélés à des degrés divers. L’œuvre est comme une élégie qui flotte sur les ruines et hante le théâtre. He

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Lieu Abbaye de Montmajour. Commissariat He Guiyan. Tirages, papier peint et encadrements Atelier SHL, Arles. Portrait Avec l’aimable autorisation de l’artiste.
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Ci-dessus et pages suivantes Sans titre, série Rhapsodie sur Terre, 2021. Avec l’aimable autorisation de l’artiste.

LAURÉAT DU PHOTO FOLIO REVIEW 2021

PIERFRANCESCO CELADA

QUAND JE SUIS TRISTE, JE PRENDS UN TRAIN POUR LA VALLÉE DU BONHEUR

Pierfrancesco Celada

Né en 1979 à Varèse, Italie.

Vit et travaille à Hong Kong, Chine.

Après un doctorat en biomécanique (2010), Pierfrancesco Celada se consacre à une série de projets photographiques personnels à long terme documentant la vie dans les villes modernes. Son travail a été publié et exposé à l’échelle internationale (notamment à Fotografia Europea, au Nobel Peace Center, à la Wyng Foundation et aux Deichtorhallen). Il a remporté le concours international du Guernsey Photography Festival (2020), le prix Happiness On The Move (2017), l’EPEA’03 (2015), le prix Photolux Leica (2014) et le prix photographique Ideastap et Magnum Photos (2010). Sa première monographie, Instagrampier, a été publiée par Muddyisland Books en 2021.

Hong Kong, l’une des villes les plus densément peuplées au monde, est un lieu de forts contrastes, un environnement urbain confiné entouré d’eau et de nature sauvage, où le prix des logements est élevé, et les inégalités socio-économiques ne cessent de se creuser. En se promenant dans la ville, on aperçoit parfois un tramway passer, dont l’écran indique son terminus, « Happy Valley », un quartier anonyme de l’île de Hong Kong. J’aime penser que, dans ces moments-là, quand on sent le poids de la ville sur ses épaules, il apporte un sentiment d’espoir, même fugace. Je me suis installé à Hong Kong en 2014, quelques jours après le début de la révolution des parapluies. À l’époque, des milliers de manifestants, surtout des étudiants, avaient occupé les rues et les principaux carrefours de Hong Kong, paralysant la ville pendant 79 jours. Ce mécontentement jaillit de nouveau à l’été 2019. Un long cycle de manifestations éclata dans différents quartiers de la ville, qui dura plusieurs mois, attirant l’attention des médias internationaux et contribuant à diviser encore davantage l’opinion, ce qui aggrava la crise identitaire durable à laquelle était confrontée la ville.

Si les images d’occupations, de marches pacifiques, de gaz lacrymogènes et de violences furent largement diffusées, entre ces deux événements majeurs il y eut aussi de longues périodes de calme et de tranquillité, au cours desquelles il était  possible de sentir la ville telle qu’elle était, et toutes ses problématiques.

Au cours de ces sept années, à l’aide de métaphores visuelles, j’ai analysé ma propre relation à la ville dans l’intention de brosser un portrait de Hong Kong, de ses habitants et de ses complexes réalités.

Pierfrancesco Celada

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Lieu Croisière. Tirages, papier peint et encadrements Atelier SHL, Arles. Portrait Avec l’aimable autorisation de l’artiste.
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Série Quand je suis triste, je prends un train pour la vallée du bonheur, Hong Kong, 2019. Avec l’aimable autorisation de l’artiste [pour toutes les photographies].
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Série Quand je suis triste, je prends un train pour la vallée du bonheur, Hong Kong, 2016.
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Série Quand je suis triste, je prends un train pour la vallée du bonheur, Hong Kong, 2019.

LAURÉATS DU PROGRAMME

BMW ART MAKERS 2022

ARASH HANAEI ET MORAD MONTAZAMI

HANTOLOGIE SUBURBAINE

Arash Hanaei

Né en 1978 à Téhéran, Iran. Vit et travaille à Paris, France.

L’artiste Arash Hanaei a grandi et étudié à Téhéran. Il combine dans sa pratique plusieurs médiums et techniques. Son travail s’est peu à peu déplacé des pratiques documentaires vers les spéculations inter-médias et les stratégies post-internet.

Morad Montazami

Né en 1981 à Paris, France. Vit et travaille à Paris, France.

Morad Montazami est historien de l’art, éditeur et commissaire d’exposition. Il a été chargé des projets « Moyen-Orient et Afrique du Nord » à la Tate Modern à Londres, entre 2014 et 2019, et développe depuis la plateforme éditoriale et curatoriale Zamân Books & Curating, qui étudie et valorise les modernités arabes, africaines et asiatiques.

L’exposition Hantologie suburbaine est présentée par l’artiste Arash Hanaei et le commissaire d’exposition Morad Montazami, le premier duo lauréat du programme BMW ART MAKERS dédié à l’image contemporaine. Elle propose de repenser notre rapport à l’architecture utopique des années 1970 et à l’écosystème périphérique de la « banlieue » qui l’accueille, en le plongeant dans l’univers virtuel du métavers.

Il s’agit d’une installation innovante, proposant une poétique et une politique visuelle à même de penser l’émancipation du spectateur, à l’heure de la capture d’images, du big data et autres guerres d’algorithmes. Composée à la fois d’images fixes, en mouvement et dématérialisées, elle questionne notre culture numérique en incluant des « fantômes » de l’architecture de banlieue des années 1970, que l’on ne regarde plus, mais qui fait partie de notre inconscient.

Vouée à la destruction, cette architecture s’efface progressivement de la mémoire suburbaine au profit d’une mémoire post-internet proposant de nouvelles modalités et « formes de vie ».

Le métavers revendique d’ailleurs une archéologie « augmentée » des formes du passé.

Internet trouve ainsi dans la banlieue un double spéculatif, le miroir déformant de ses propres paysages standardisés, et la banlieue trouve dans internet une machine à remonter le temps, le prolongement inattendu, voire indéchiffrable, de ses utopies évanouies.

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Lieu Cloître Saint-Trophime. Exposition produite par BMW ART MAKERS. Portrait d’Arash Hanaei Victoria Tomaschko. Portrait de Morad Montazami The Mosaic Rooms.

I begin to see ( Je commence à voir ), série  Hantologie suburbaine , 2022. Avec l’aimable autorisation d’Arash Hanaei / BMW ART MAKERS [pour toutes les images].

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Série Hantologie suburbaine , croquis pour vidéo et dessins (en cours), 2022.

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Série

Hantologie suburbaine , croquis pour vidéo et dessins (en cours), 2022.

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CASSANDRE COLAS, GAËLLE DELORT, MAXIME MULLER

UNE ATTENTION PARTICULIÈRE

Cassandre Colas

Née en 1995 en banlieue parisienne, France. Vit et travaille à Arles, France.

Gaëlle Delort

Née en 1988 à Aurillac, France.

Vit et travaille entre Arles et la Lozère, France.

Maxime Muller

Né en 1997 à Lyon, France.

Vit et travaille à Arles, France.

L’exposition Une attention particulière offre la possibilité à trois diplômé·e·s de l’École nationale supérieure de la photographie en 2022 d’exposer aux Rencontres d’Arles. Cette année, le jury composé de Christoph Wiesner, Marta Gili, Lukas Hoffmann et Estefanía Peñafiel Loaiza a sélectionné des travaux qui interrogent tous les trois la relation des corps à leurs environnements. Cassandre Colas capte des espaces de vies urbaines et interroge de façon obsessionnelle la manière dont nos corps habitent, traversent ou perçoivent ces lieux de transition, tiraillés entre fascination et répulsion. Gaëlle Delort expose une partie de son travail Karst, sur les plateaux calcaires de la région des Grands Causses. Espaces caractéristiques du relief karstique, les grottes et abîmes abritent l’histoire de leurs explorations. Ils sont aussi des seuils où bascule le paysage.

Enfin, Maxime Muller présente une sélection d’images argentiques issue de l’autoédition DYSTOPIA IV : Pallas. Dans ce travail, réalisé pendant la pandémie de COVID-19, l’artiste interroge les relations sensibles entre la communauté queer et cet événement sans précédent qui, avec la fermeture des clubs et lieux festifs, a considérablement modifié nos modes d’interactions.

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Lieu Ground Control. Exposition coproduite par l’École nationale supérieure de la photographie et les Rencontres d’Arles. Portrait de Cassandre Colas Avec son aimable autorisation. Portrait de Gaëlle Delort Maeghan Leith Mourier. Portrait de Maxime Muller Avec son aimable autorisation.
105 En haut
Cassandre Colas. Extrait de la série Story Board En bas Cassandre Colas. Extrait du diaporama Impasse. Avec l’aimable autorisation de l’artiste.
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Ci-dessus et ci-contre Maxime Muller. Sans titre, extrait de DYSTOPIA 4 : Pallas, 2020. Avec l’aimable autorisation de l’artiste.
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Gaëlle Delort. Aven sans nom, en cours de désobstruction, 2021. Avec l’aimable autorisation de l’artiste.
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Gaëlle Delort. Aven des Offraous, 2021. Avec l’aimable autorisation de l’artiste.

PRIX DÉCOUVERTE LOUIS ROEDERER 2022

Depuis leur création, les Rencontres d’Arles défendent la photographie et l’ensemble de ses acteurs : photographes, artistes, commissaires d’exposition, éditeur·rice·s...

C’est dans cette volonté que les Rencontres d’Arles associent le Prix Découverte Louis Roederer à tous les lieux d’expositions : les galeries, les centres d’art, les espaces associatifs, les lieux indépendants et les institutions, qui sont souvent les premiers à accompagner les artistes émergent·e·s.

Cette année encore, les dix projets retenus sont considérés comme une seule et même exposition, pensée, de la sélection à l’accrochage, par une commissaire, Taous Dahmani. C’est dans un lieu emblématique du festival, l’église des Frères-Prêcheurs, qu’elle et la scénographe Amanda Antunes mettent en valeur la scène émergente, de manière innovante et éco-responsable.

Pendant la semaine d’ouverture, un jury décerne le Prix Découverte Louis Roederer, qui récompense un·e artiste et la structure porteuse du projet à travers une acquisition d’un montant de 15 000 euros, et le public décerne le Prix du Public à travers une acquisition d’un montant de 5 000 euros.

PHOTOGRAPHIER DEPUIS LE SOUFFLE

« Plus j’accorde d’attention à mon “particulier”, plus j’ai de chances de t’atteindre dans ton particulier à toi. » Kae Tempest, Connexion, 2021 « Le personnel et le politique non seulement sont inextricablement liés, mais méritent notre attention critique de manière égale. » Nathalie Olah, Steal as Much as You Can, 2019

L’édition 2022 du Prix Découverte Louis Roederer ne s’attache pas à une thématique particulière ou à un genre singulier, mais à une attitude des photographes sélectionné·e·s face à la création d’images. Le prisme est celui du processus « pré-photographique » : ce qui motive et fait naître un projet. C’est donc un comportement commun qui réunit les dix artistes invité·e·s. Tou·te·s, à leur façon, partent de l’intime, ou du moins de ce qui leur est propre, pour construire leurs projets. Si à l’échelle individuelle le spectre est relativement large – des traumatismes aux deuils, en passant par la (re)définition d’un soi artistique –, les photographes exposé·e·s partagent une démarche où l’expérience est l’expertise. Ainsi, une « phénoménologie de l’âme » – selon la formule du philosophe français Gaston Bachelard – modèle la genèse des œuvres exposées.

Façonnées au seuil de l’être, ces dernières retentissent cependant au-delà du particulier : elles viennent tisser des liens avec nos conditions communes. « Dedans » et « dehors » se rencontrent. Les subjectivités prennent place au sein de notre tissu social. Il s’agit de faire une place à la sphère de l’intime dans l’espace du commun, pour que les facettes plurielles du privé fassent écho au public multiple. L’intime devient ainsi un espace d’exploration critique de notre société. Ce que les photographes sont informe ce qu’ils regardent, et ce qu’ils décident de montrer. Nous pouvons dire qu’ils et elles sont concerné·e·s, mais autrement : ici, dans le sens d’une relation entre soi et le monde, entre eux et nous.

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Lieu Église des Frères-Prêcheurs. Commissariat Taous Dahmani. Avec le soutien de la Fondation Louis Roederer et de Polka.
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Gal Cipreste Marinelli et Rodrigo Masina Pinheiro. Sculpture du geste d’ajustement, série GH, Gal et Hiroshima, 2019. Avec l’aimable autorisation des artistes.

LES STRUCTURES PORTEUSES DES PROJETS

SPACE STUDIO VADODARA, INDE

Space Studio est une organisation indépendante à but non lucratif consacrée au soutien des artistes émergents. Fondée par Krupa Amin à Vadodara (Inde), elle offre un studio, des ressources et un accompagnement aux artistes pour nourrir leur pratique. Elle a soutenu plus de 250 créateurs au fil des ans. Avec les espaces voisins de l’Alembic City, Space Studio accueille des résidences, des expositions, des discussions, des ateliers, des concerts et des festivals.

ARTISTE PRÉSENTÉ :

DEBMALYA ROY CHOUDHURI.

SASHA WOLF PROJECTS NEW YORK, ÉTATS ‑ UNIS

Sasha Wolf Projects est un espace d’art privé spécialisé dans la promotion et le placement d’œuvres d’art photographique réalisées par certains des photographes et artistes les plus captivants du moment, qu’ils soient en début, milieu ou fin de carrière, tous figurant dans d’importantes collections privées et publiques aux États-Unis. Aux ventes s’ajoutent l’organisation d’expositions itinérantes, la publication de livres et diverses collaborations.

ARTISTE PRÉSENTÉ : RAHIM FORTUNE.

PUSHKIN HOUSE LONDRES, ANGLETERRE

Pushkin House est une association artistique à but non lucratif, fondée à Londres (Angleterre) afin de promouvoir les artistes et écrivains russes et d’Europe de l’Est émergents, en particulier les artistes femmes, queer et militants, et ceux qui rencontrent des difficultés à montrer leur travail dans leur pays d’origine pour des raisons politiques. Pushkin House organise également des résidences de recherche, des programmes d’échanges culturels et un prix annuel du livre. Depuis 2020, l’association est dirigée par Elena Sudakova et Denis Stolyarov.

ARTISTE PRÉSENTÉE :

OLGA GROTOVA.

ENSEMBLE MARSEILLE, FRANCE

Fondée par l’éditeur Loose Joints, Ensemble est une librairie-galerie dédiée à la photographie contemporaine à Marseille (France). Elle comprend un atelier, une librairie publique et un espace d’exposition, et présente une gamme de titres soigneusement sélectionnés par des éditeurs d’art et de photographie indépendants du monde entier, aux côtés des livres édités par Loose Joints.

ARTISTE PRÉSENTÉ : DANIEL JACK LYONS.

MUSÉE ABDERRAHMAN SLAOUI CASABLANCA, MAROC

Le musée Abderrahman Slaoui a été créé en 2012 à Casablanca (Maroc) par la Fondation du même nom, celui d’un homme d’affaires et collectionneur d’art décédé en 2001. Il abrite des expositions temporaires mettant en scène des artistes contemporains marocains, et offre une multitude d’ateliers artistiques.

ARTISTE PRÉSENTÉ : SEIF KOUSMATE.

JULIO

PARIS, FRANCE

Julio est un artist-run space dédié à la production et à la diffusion d’art contemporain, créé en 2014 par les artistes Maria Ibanez Lago et Constanza Piaggio, et disposant depuis 2016 d’un espace à Paris (France). Il fait le lien entre des artistes latino-américains et ceux de la scène locale.

ARTISTE PRÉSENTÉE : CELESTE LEEUWENBURG.

ATELIÊ ORIENTE RIO DE JANEIRO, BRÉSIL

Fondée en 2010 à Rio de Janeiro (Brésil), Ateliê Oriente est une plateforme pour la photographie brésilienne contemporaine. Elle organise expositions, foires, résidences, ateliers, et lancements de publications, et se double, depuis 2021, d’une maison d’édition et d’une société de production.

ARTISTES PRÉSENTÉ·E·S : GAL CIPRESTE MARINELLI ET RODRIGO MASINA PINHEIRO.

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HEIDI BERLIN, ALLEMAGNE

Heidi est une galerie d’art contemporain récemment établie à Berlin (Allemagne), qui se consacre à des œuvres avant-gardistes. Elle représente des artistes qui subvertissent les médiums traditionnels à travers leurs pratiques multidisciplinaires, dans le but de questionner la culture contemporaine aux niveaux empirique, esthétique et anthropologique.

ARTISTE PRÉSENTÉ :

AKEEM SMITH.

AHOI

LUCERNE, SUISSE

Ahoi offre un espace aux arts visuels, mais aussi aux projets pluridisciplinaires autour du design, de la musique, de l’architecture ou des arts culinaires. Situé dans la vieille ville de Lucerne (Suisse), le lieu présente la typologie spatiale d’un magasin, avec deux caractéristiques : l’intimité et l’ouverture. En s’appuyant sur l’espace expérientiel comme élément déclencheur, Ahoi offre son contenu au public intéressé ainsi qu’aux passants.

ARTISTE PRÉSENTÉE : MIKA SPERLING.

FONDATION H ANTANANARIVO (MADAGASCAR) / PARIS (FRANCE)

La Fondation H est une fondation privée malgache créée en 2017, dédiée à la scène artistique du continent africain et de ses diasporas. À travers ses espaces à Antananarivo (Madagascar) et Paris (France), elle développe des expositions temporaires, des événements autour d’artistes invités, et des programmes de médiation et de formation.

ARTISTE PRÉSENTÉE : MAYA INÈS TOUAM.

FONDATION BLACH È RE APT, FRANCE

Créée en 2004, la Fondation Blachère est une fondation d’entreprise dédiée à la promotion d’artistes contemporains d’Afrique et de sa diaspora. Deux expositions sont présentées chaque année dans son centre d’art à Apt (France), et des résidences de création organisées en France et au Sénégal. La constitution d’une collection et l’édition de monographies complètent ces actions.

ARTISTE PRÉSENTÉE : MAYA INÈS TOUAM.

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ARTISTE PRÉSENTÉ PAR SPACE STUDIO

DEBMALYA ROY CHOUDHURI

UNE AUTOBIOGRAPHIE SANS FAITS

Debmalya Roy Choudhuri

Né en 1991 à Calcutta, Inde. Vit et travaille à New York, États-Unis.

Debmalya Roy Choudhuri est un artiste indien. Sous la forme du journal intime, il se confronte à ses traumatismes personnels, ses problèmes de santé mentale, la place du corps dans l’espace, et l’identité queer. Au fil du temps, il est passé dans sa quête créative de la recherche d’un sentiment d’appartenance à celle de la connexion à l’autre, en se rapprochant d’une personne à la fois. Ces doubles conversations ouvrent de nouvelles perspectives sur la relation entre soi et l’autre. Actuellement, il travaille sur des projets collaboratifs à long terme, dans une perspective interdisciplinaire combinant photographie, performance et texte.

Depuis son adolescence, Debmalya Roy Choudhuri photographie comme certains écrivent « je » dans leur journal. S’il se professionnalise lors de son séjour aux États-Unis, son travail trouve surtout un nouveau sens lorsqu’en janvier 2018 son partenaire – resté en Inde – se suicide. Expatrié et endeuillé, Debmalya Roy Choudhuri change d’attitude face au médium. La photographie devient à la fois un outil d’introspection et d’exploration : un aller-retour viscéral entre soi et l’autre. Originaire d’Inde où l’hétérosexualité est la norme, installé aux États-Unis où la blanchité est dominante, Debmalya Roy Choudhuri navigue aux marges, à l’aide d’une archive visuelle qu’il façonne depuis trois ans. Son œuvre est un récit profondément personnel où se mêlent instantanés et mises en scène, noir et blanc et couleur, portraits et autoportraits. Dans une atmosphère mélancolique, portée par la douleur des séparations, Debmalya Roy Choudhuri donne à voir des moments fugaces d’intimité, qui flirtent avec les détails d’un quotidien ordinaire. Une autobiographie sans faits – en référence au poète portugais Fernando Pessoa – présente trois profils à partir d’une multiplicité de portraits, qui étayent la singularité des identités kaléidoscopiques. Ces portraits pluriels célèbrent les existences fragiles dans l’Amérique de Donald Trump. Le photographe se fait l’observateur de la précarité de l’affirmation de soi au sein d’une société rongée par la violence. Dans l’intention d’être aux côtés de ses sujets, il forme avec ses images une chorégraphie collaborative, entre moments oniriques et espaces d’authenticité.

Taous Dahmani

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Portrait Nora Lowinsky.

Tony me regarde, chez moi , série Une autobiographie sans faits . Avec l’aimable autorisation de l’artiste [pour toutes les photographies].

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116 Insomnie, Manhattan, New York , série Une autobiographie sans faits .
117 Pris au piège, Stamford, Connecticut , série Une autobiographie sans faits .
118 Liberté en Amérique ? , série Une autobiographie sans faits .
119 Derrière
voile,
série Une autobiographie
.
le
Rockaways ,
sans faits

ARTISTE PRÉSENTÉ PAR SASHA WOLF PROJECTS

RAHIM FORTUNE

JE NE SUPPORTE PAS DE TE VOIR PLEURER

Rahim Fortune

Né en 1994 à Austin, États-Unis.

Vit et travaille à New York, États-Unis.

Rahim Fortune utilise la photographie pour soulever des questions fondamentales au sujet de l’identité américaine. En se focalisant sur des récits de familles et de communautés, il explore les géographies changeantes des migrations et des réinstallations, et la façon dont ces histoires sont inscrites dans les paysages du Texas et du sud des États-Unis.

Je ne supporte pas de te voir pleurer prend son origine au chevet d’un père mourant et s’achève par un lit laissé vacant par son dernier occupant. Je ne supporte pas de te voir pleurer débute avec le retour de Rahim Fortune dans le sud des États-Unis afin de prendre soin de son père malade et se poursuit malgré le poids du deuil. Je ne supporte pas de te voir pleurer naît alors que le monde fait l’expérience des débuts de la pandémie et qu’aux États-Unis des soulèvements suivent la mise à mort de George Floyd. Si les événements autobiographiques déterminent la profondeur et la clarté du regard du photographe, la complexité de son travail se trouve à l’intersection du processus de cicatrisation personnelle et de l’urgence de la guérison d’un pays fracturé. Dans ce contexte, le jeune photographe puise dans le courage de la vulnérabilité pour produire une œuvre toute en proximité et en intimité. Malgré tout, Fortune fait le choix d’engager un dialogue avec son entourage – ami·e·s, familles, voisin·e·s, passants – au moment où la douleur de l’épreuve pourrait le faire opter pour le repli. En quête de réconfort et d’acceptation, il fait le choix de prendre soin de ses sujets, donc, par extension, de sa communauté. Si Fortune propose un travail ancré dans la tradition documentaire, c’est dans un souci de redéfinition et d’actualisation de l’image : honnêteté et connexion sont au cœur de sa démarche. Pour la première fois, aux côtés de ses photographies, il intègre des objets – éléments du patrimoine vernaculaire texan – et des images en mouvement – hommage aux VHS de son enfance –, donnant une nouvelle dimension aux images teintées par les larmes.

Taous Dahmani

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Publication I can’t stand to see you cry, Loose Joints, 2021.
Portrait Miranda Barnes.

Billy et Minzly, série Je ne supporte pas de te voir pleurer, 2020. Avec l’aimable autorisation de l’artiste et de Sasha Wolf Projects [pour toutes les photographies].

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122 Le bras de Gem, série Je ne supporte pas de te voir pleurer, 2020.
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Portrait d’un champ de blé, série Je ne supporte pas de te voir pleurer, 2020.
124 Main Street, série Je ne supporte pas de te voir pleurer, 2020.

Frères après la veillée, série Je ne supporte pas de te voir pleurer, 2020.

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ARTISTE PRÉSENTÉE PAR PUSHKIN HOUSE

OLGA GROTOVA

LES JARDINS DE NOS GRAND

‑ MÈRES

Olga Grotova

Née en 1986 à Tcheliabinsk, Russie.

Vit et travaille à Londres, Angleterre.

Olga Grotova est une artiste interdisciplinaire russo-britannique. Elle s’attache à mettre en lumière les histoires de femmes qui ont été effacées des récits établis. Elle recueille des informations de première main auprès des communautés et des familles, afin de ne pas dépendre des archives officielles centrées sur les hommes et le pouvoir. Elle commence son travail en chambre noire, en utilisant des procédés complexes sans appareil photo, pour confier le pouvoir aux plantes, à la terre et aux objets étroitement liés à la vie des femmes. Elle juxtapose de problématiques photographies de propagande de la Russie soviétique à ses images de débris, qui s’apparentent aux voix féminines rejetées par les structures patriarcales.

Les Jardins de nos grand-mères est un récit transgénérationnel et transcontinental sur trois supports : un film, une archive personnelle de magazines, et deux œuvres sur papier. Narratrice et protagoniste, l’artiste Olga Grotova commence son récit par son retour dans l’Oural – terre de son enfance située à deux jours de train de Moscou – où, accompagnée de sa mère, elle part à la recherche d’une parcelle de terrain ayant appartenu à son arrière-grand-mère, puis à sa grand-mère. Devenu un luxuriant jardin abondant de fleurs, l’enclos faisait avant partie de la coopérative « L’amitié ». Car l’histoire de ce verger commence véritablement dans les années 1960, quand le gouvernement soviétique décide d’accorder des lots de terrain aux familles ouvrières afin qu’elles puissent subvenir à leurs besoins, alors que le pays connaît une pénurie alimentaire. Survivantes du Camp des Épouses de Traîtres à la Patrie d’Akmolinsk, Marina, la grand-mère d’Olga Grotova, et Klavdia, son arrière-grand-mère, cultiveront ce jardin durant trois décennies.

La coopérative devient ensuite une communauté solidaire de femmes dont l’entraide permet de produire une économie alternative et d’assurer la survie des familles. Le regard posé par Olga Grotova sur ces jardins – réels espaces d’autodétermination – est un hommage à l’agentivité de ces femmes. Le travail de la terre par les femmes fait par ailleurs l’objet de campagnes de propagande, notamment à travers deux publications, La femme paysanne et Le jardinage, dissimulant largement les abus extractifs de la politique soviétique. Le récit s’achève avec deux productions sur papier – résultat d’un dispositif inventé par Grotova – dont le principe repose sur la superposition des matériaux et des références, dans un parcours qui commence en chambre noire, passe par des photogrammes, et des dessins, et se termine par la réutilisation de la terre de ces jardins.

Taous Dahmani

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Avec le soutien du Garage Museum of Contemporary Art, Moscou. Portrait Avec l’aimable autorisation de l’artiste.
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Zemlya (La terre), série Les Jardins de nos grand-mères, 2022. Avec l’aimable autorisation de l’artiste [pour toutes les images].

Sadovodstvo (Jardinage), magazine, URSS, 1965 (archives personnelles de l’artiste), série Les Jardins de nos grand-mères, 2022.

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En haut

Tante Anya dans son jardin, film 8 mm, série Les Jardins de nos grand-mères, 2022.

Au milieu

Pommes dans le jardin de Tonya, film 8 mm, série Les Jardins de nos grand-mères, 2022.

En bas

Femmes de la coopérative de Druzba, film 8 mm, série Les Jardins de nos grand-mères, 2022.

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Sadovodstvo (Jardinage), magazine, URSS, 1965 (archives personnelles de l’artiste), série Les Jardins de nos grand-mères, 2022.

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Korni (Les racines), série Les Jardins de nos grand-mères, 2022.

ARTISTE PRÉSENTÉ PAR

DANIEL JACK LYONS COMME UNE RIVIÈRE

Daniel Jack Lyons

Né en 1981 à Los Angeles, États-Unis. Vit et travaille à Los Angeles, États-Unis.

Daniel Jack Lyons est un artiste et anthropologue américain dont le travail est surtout centré sur les jeunes marginalisés, qu’ils occupent des espaces à la périphérie de la société ou qu’ils soient confrontés à des conflits. Son travail a été exposé au niveau international, entre autres à Los Angeles, New York, Milan, Amsterdam, Varsovie, Londres, et au Mozambique, et a paru dans de nombreuses publications, dont le New York Times, i D, The New Yorker et Vogue Italia

Issu du champ de l’anthropologie sociale, Daniel Jack Lyons place la photographie au centre de sa pratique. Néanmoins, sa connaissance des enjeux sociopolitiques des représentations de l’Autre pousse le photographe à se réinventer régulièrement. Comme une rivière est le résultat d’une invitation à rejoindre une Maison de la Jeunesse au Brésil, située au cœur de la forêt amazonienne. Sur place, il rencontre des jeunes partagé·e·s entre espoirs et désillusions. Coincé·e·s entre le poids des traditions – représentées par la politique conservatrice de Jair Bolsonaro – et le lourd héritage de la défense d’un écosystème en danger, les habitants queer et trans peinent à affirmer leurs différences au sein de leur communauté.

Fort de ses premières rencontres, Daniel Jack Lyons propose de réaliser leurs portraits. Les jeunes se passent vite le mot et le numéro du photographe : les sollicitations se font enthousiastes et les invitations nombreuses. Lusophone, le photographe dialogue longuement avec cette jeunesse amazonienne, qu’il apprend à connaître, et vice versa. Il donne carte blanche à ses modèles : ceux-ci choisissent le lieu de la séance, leurs tenues et leurs poses, de sorte qu’ils construisent ensemble les images. Ici, le sujet devient un collaborateur à part entière. Appartenant lui-même à la communauté LGBT, le photographe crée une situation sécurisante, source de confiance, et parvient à transformer les séances en moments de prise de liberté, ouvrant le champ des possibles quant à la représentation de soi. Comme une rivière – hommage au poète Thiago de Mello, lui aussi natif de la région amazonienne – devient un espace de respiration pour une jeunesse queer en mal d’exister.

Taous Dahmani

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ENSEMBLE
Publication Like a River, Loose Joints, 2022. Portrait Nino Muñoz.
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Wendell travesti, juillet 2019, série Comme une rivière. Avec l’aimable autorisation de l’artiste et de Loose Joints [pour toutes les photographies].
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Ci-dessus Leo sur la ligne, juillet 2019, série Comme une rivière Ci-contre Violeta, juin 2021, série Comme une rivière
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Crocodile domestique, août 2019, série Comme une rivière
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Paulo, juin 2019, série Comme une rivière

ARTISTE PRÉSENTÉ PAR LE MUSÉE ABDERRAHMAN SLAOUI

SEIF KOUSMATE

WAHA (OASIS)

Seif Kousmate

Né en 1988 à Essaouira, Maroc. Vit et travaille à Tanger, Maroc.

Cofondateur du collectif Koz, Seif Kousmate est un photographe autodidacte qui a développé un vocabulaire visuel entre photographie documentaire et photographie d’art. Après une carrière dans le secteur de l’ingénierie civile, il s’est tourné vers la photographie en 2016. Depuis, il travaille sur différents projets en Afrique, parmi lesquels l’immigration subsaharienne à la frontière entre le Maroc et l’Europe, l’esclavage traditionnel en Mauritanie, la jeunesse au Rwanda, et l’écosystème des oasis au Maroc. Explorateur du National Geographic depuis 2018, il a été sélectionné par le 6x6 Global Talent Program du World Press Photo en 2020, et comme Foam Talent en 2022. Son travail a été exposé en Europe et en Afrique et publié dans des journaux et magazines internationaux.

Lorsque Seif Kousmate débute son projet Waha (« oasis » en arabe), il est vite confronté à la complexité de son sujet, et la seule approche documentaire lui paraît limitée. Ancien ingénieur dans le génie civil, photographe autodidacte, Seif Kousmate s’éloigne aujourd’hui des motivations journalistiques qui l’ont poussé à travailler dans différents pays du continent africain. Avec Waha, il pose son regard sur son propre pays, le Maroc, et, pour la première fois, reconsidère sa pratique, pour explorer les possibilités plastiques de la photographie. Autrefois foyers agricoles, hauts lieux de commerce, et réserves de biosphère, les oasis souffrent de la surexploitation de leurs matières premières, et sont dévastées par les cycles de sécheresse. Leur surface diminue progressivement. Découragée, la nouvelle génération les déserte.

Né à Essaouira, Kousmate est sensible à ces transformations. Afin de symboliser et matérialiser la dégradation de ces points d’eau, il contamine ses images à l’acide et les trouble en utilisant des reliquats de la flore locale. Ainsi, fond et forme, sujet et matière se fondent, dans un questionnement sur les enjeux personnels et politiques des représentations. Poésie et engagement oscillent, tant dans la pratique du photographe qu’à la surface des images, où prend forme le récit des enjeux écologiques, économiques et sociaux des oasis aujourd’hui.

Taous Dahmani

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Portrait Lamiae Skalli.

Portrait de Mustapha [responsable de la distribution de l’eau dans l’oasis], Tighmert, Maroc, janvier 2021, série Waha (Oasis). Avec l’aimable autorisation de l’artiste [pour toutes les photographies].

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Récolte de dattes non consommables et vêtements de paysans pendus à un arbre, Akka, Maroc, février 2021, série Waha (Oasis)

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Hassan et Abderrahman [Hassan (à gauche) et Abderrahman sont deux frères de l’oasis de Tighmert. Après la mort de leur père en 2013, Hassan a quitté l’école et s’est retrouvé responsable de sa famille. Abderrahman, le plus jeune, rêve de quitter l’oasis et de rejoindre ses deux frères plus âgés à l’étranger. Il imagine son avenir ailleurs et estime que la terre de l’oasis ne mérite pas tous les efforts qu’on lui consacre], Tighmert, Maroc, septembre 2020, série Waha (Oasis)

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Portrait d’Ali [un ouvrier, l’un des derniers de l’oasis d’Akka à continuer la construction traditionnelle en torchis], Akka, Maroc, février 2021, série Waha (Oasis)

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Détail des mains de Zayna, Akka, Maroc, février 2021, série Waha (Oasis)

ARTISTE PRÉSENTÉE PAR JULIO CELESTE LEEUWENBURG

À PARTIR DE CE QU’ELLE M’A DIT, ET CE QUE JE RESSENS

Celeste Leeuwenburg

Née en 1986 à Paris, France. Vit et travaille à Paris, France.

Celeste Leeuwenburg est une artiste franco-argentine. C’est aux côtés d’autres artistes qu’elle se forme, en Argentine, avant de revenir en France à l’occasion d’une résidence. Elle s’attache dans son travail à restituer la mémoire des mouvements artistiques des années 1970 et 1980, avec une prédilection pour la danse et la performance, et une attention particulière à la direction des corps. La série À partir de ce qu’elle m’a dit, et ce que je ressens marque ses débuts comme vidéaste. Elle travaille depuis dix ans sur un projet documentaire consacré à une danseuse argentine, Marcia. Son travail a été exposé à Paris, Buenos Aires, Madrid et New York.

À partir de ce qu’elle m’a dit, et ce que je ressens est le résultat d’une collaboration familiale et d’un dialogue entre le passé d’une mère et le présent d’une fille. La découverte dans les archives maternelles d’un film témoignant de la pratique de l’artiste plasticienne argentine Delia Cancela suscite chez sa fille Celeste Leeuwenburg l’envie d’y donner une réponse contemporaine. Morceau d’histoire d’une culture alternative punk et féministe, créée dans les années 1970 dans l’enceinte du Palace, un club de la capitale française, cette vidéo donne à voir une chorégraphie et des costumes élaborés par Cancela. Cependant, ce n’est pas ce film qui fait l’objet de notre attention, mais bien sa réinterprétation. Ce geste de la fille-artiste face à l’héritage de l’artiste-mère interroge les enjeux de la filiation, naviguant entre patrimoine culturel et patrimoine familial.

C’est donc par l’absence et l’appropriation que Leeuwenburg rend hommage à ce moment de la carrière de sa mère. Entre parade, performance et danse, la pièce est réalisée à l’aide d’une dizaine de danseurs non professionnels, dont Cancela et Leeuwenburg elles-mêmes. Avec À partir de ce qu’elle m’a dit, et ce que je ressens, Leeuwenburg joue avec les limites de la documentation, de ce qui est et de ce qui reste. Produite à Buenos Aires, où Leeuwenburg a grandi et où sa mère est née, la proposition est celle d’une mise au présent de l’histoire : au tour de la jeune artiste de créer une performance chorégraphiée. Dans le cadre de cette restitution, Leeuwenburg joue avec la porosité entre mouvement et immobilisme, entre film et photographie. À partir de ce qu’elle m’a dit, et ce que je ressens fait état de corps porteurs des souvenirs de famille, de la mémoire de l’histoire et de ses multiples interprétations.

Taous Dahmani

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Composition musicale Chloé Thévenin. Portrait Xavier Schwebel.
145 Pages 145 à 149
Images extraites de la vidéo À partir de ce qu’elle m’a dit, et ce que je ressens, Buenos Aires, Argentine, 2019. Avec l’aimable autorisation de l’artiste.
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GAL CIPRESTE MARINELLI & RODRIGO MASINA PINHEIRO

GH. GAL & HIROSHIMA

Gal Cipreste Marinelli

Né·e en 1998 à São Gonçalo, Brésil.

Rodrigo Masina Pinheiro

Né·e en 1987 à Rio de Janeiro, Brésil. Vivent et travaillent à Rio de Janeiro, Brésil.

Gal Cipreste Marinelli est un·e artiste visuel·le trans non-binaire, musicien·ne et photographe, né·e à São Gonçalo, Rio de Janeiro. Ses recherches portent sur l’institution de récits de genre, la fictionnalisation de la réalité et la monstruosité.

Rodrigo Masina Pinheiro est un·e artiste visuel·le et un·e éducateur·ice né·e et ayant grandi à Rio de Janeiro. Dans son travail, iel utilise différents supports, comme la photographie, l’essai cinématographique et la littérature. Ses recherches portent sur l’enfance LGBT+ et les ontologies du corps désobéissant au genre, malgré les régimes hétérosexistes, les subjectivités emprisonnées et les processus de mutilation narrative.

Ensemble, iels ont été récompensé·e·s par la bourse de photographie PH MUSEUM 2021.

G et H sont les initiales du duo artistique composé de Gal (Cipreste Marinelli) et Hiroshima (Rodrigo Masina Pinheiro). Né·e le même jour que le largage de la bombe atomique – Little Boy – sur la ville japonaise, Rodrigo se voit surnommé·e ainsi depuis sa tendre enfance. En effet, sa simple présence détonne dans la banlieue de Rio de Janeiro, où iel grandit dans les années 1990 : pas assez « garçon » ou trop « fille », iel transgresse les conventions. Cependant, aujourd’hui, Rodrigo porte avec fierté ce surnom, comme un hommage à Marguerite Duras. Hasard – ou véritable destinée –, Gal, iel, est né·e le même jour que Harry S. Truman, le président qui ordonna l’attaque.

Si cet épisode dramatique de notre histoire contemporaine semble sceller le duo, Gal et Hiroshima partagent aussi le courage de l’autodétermination, et utilisent la puissance symbolique des images pour conjurer les traumatismes. Rodrigo a survécu durant sa jeunesse à des lapidations, pour avoir troublé les normes de genre. Gal, iel, est trans et non-binaire. Ensemble, iels luttent pour extraire leurs histoires de la honte, et choisissent fièrement la vie, dans un pays où les violences contre les personnes LGBTQIA+ font toujours des ravages.

GH. Gal & Hiroshima est une collection d’indices visuels, dont le fil rouge est la chaussure à talon – symbole supposé de « féminité » –, appropriée, manipulée ou torturée. Le duo dissèque le motif de l’escarpin à travers un prisme quasi légiste, en en faisant l’indice d’un crime de non-performance de genre assigné. Il raconte les blessures – dans l’urgence de la prise de parole et du témoignage –mais n’hésite pas à se jouer des exigences, trouvant un équilibre entre délicatesse du récit et violence du propos, à travers une constellation d’objets et de gestes.

Taous Dahmani

150
ATELI
ORIENTE
ARTISTES PRÉSENTÉ·E·S PAR
Ê
Avec la complicité de Ioana Mello. Portrait Nana Moraes.
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GH, série GH, Gal et Hiroshima, 2020. Avec l’aimable autorisation des artistes [pour toutes les photographies].
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Clôture, série GH, Gal et Hiroshima, 2021.
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Appât, série GH, Gal et Hiroshima, 2020.
154
Sculpture de tissu et de gravats, série GH, Gal et Hiroshima, 2019.
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Gal, série GH, Gal et Hiroshima, 2020.

ARTISTE PRÉSENTÉ PAR HEIDI

AKEEM SMITH ALTARPIECE

Akeem Smith

Né en 1991 à New York, États-Unis. Vit et travaille à New York, États-Unis.

Artiste multimédia travaillant la sculpture et la vidéo, Akeem Smith a grandi dans le quartier de Waterhouse à Kingston, en Jamaïque. Tout au long de sa carrière, il a aplani les distinctions entre l’art conceptuel, la mode et l’anthropologie, dans le but de s’opposer aux idéaux véhiculés par l’iconographie occidentale. Il y a au cœur de sa pratique un intérêt pour l’économie de la production d’images – dans ses formes politiques, sociales et commerciales – et le rôle de l’artiste en tant qu’archiviste, intervenant dans la circulation du savoir et la préservation de la culture.

Quelles histoires a-t-on le droit de raconter ? Comment les raconte-t-on ? Et qui en a le pouvoir ? Voilà quelques questions qui habitent le travail d’Akeem Smith. L’artiste a grandi entre Brooklyn, à New York, et Waterhouse, à Kingston, au cœur de l’atelier familial et du collectif de mode OUCH. Entre la fin des années 1980 et le début des années 2000, ce dernier joua un rôle essentiel dans la communauté dancehall de la ville, alors en plein essor.

C’est à l’adolescence que Smith se mit à rassembler des photos de membres de sa famille, d’ami·e·s et de personnalités locales de la bouillonnante scène dancehall, constituant une archive aujourd’hui importante. En associant des éléments de sa collection à des débris architecturaux récupérés dans le quartier de son enfance, les constructions de Smith rendent hommage à l’âge d’or du dancehall jamaïcain. L’artiste-archiviste en fait des reliquaires contemporains destinés à préserver une mémoire collective en constante évolution. Il documente une culture visuelle apparue à la fin des années 1970, suite à la décolonisation du pays et à la formation d’une identité nationale indigène, tout en rendant hommage à une certaine esthétique afro-caribéenne.

Avec Altarpiece, Akeem Smith construit sa dévotion autour de quelques images parmi les premières de sa collection, soulignant les débuts modestes du mouvement dancehall. Il poursuit ses recherches en créant une nouvelle iconographie, qui célèbre les femmes puissantes de sa jeunesse. Conçu à partir du fonds personnel de l’artiste en expansion – son Shadow Archive –, son travail tente de relier et de faire circuler les expériences évanescentes des cultures vernaculaires. L’acte de collecte de l’artiste renvoie aussi, finalement, à la nécessité de préserver d’autres sujets ignorés de l’histoire des personnes noir·e·s.

Taous Dahmani

156
Portrait Thuan Tran.

Ci-dessus Altarpiece (détail).

Pages suivantes Altarpiece, photographies en couleurs, métal de récupération, acier, 2020. Vue d’installation de No Gyal Can Test à Red Bull Arts New York, 2020 (photo : Dario Lasagni). Avec l’aimable autorisation de l’artiste, New Canons et Red Bull Arts.

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ARTISTE PRÉSENTÉE PAR AHOI

MIKA SPERLING

JE N’AI RIEN FAIT DE MAL

Mika Sperling

Née en 1990 à Norilsk, Russie. Vit et travaille à Hambourg, Allemagne.

Mika Sperling est une artiste photographe. Elle est née la dernière de huit enfants dans la ville minière de Norilsk, dans le nord de la Sibérie, où sa famille a vécu pendant vingt ans avant de déménager en Allemagne, lorsqu’elle avait un an. Elle a étudié la photographie et la conception de livres à la Hochschule Darmstadt, à la FH Bielefeld et au San Francisco Art Institute, où elle a obtenu un MFA en 2018 grâce aux bourses Fulbright et DAAD. Son travail associe la photographie et l’écriture sur des questions qu’elle puise dans son enfance, dans le but d’affronter ses peurs intérieures et de surmonter ses traumatismes.

Comment briser un tabou familial et sociétal ? Probablement en prenant la parole, ou alternativement en prenant des photographies : sans doute un peu des deux et aucun à la fois. Quoi qu’il en soit, c’est de ce paradoxe dont Mika Sperling souhaite faire état avec Je n’ai rien fait de mal. Le titre du projet, affreusement évocateur, est polysémique : d’un côté, il cite les paroles d’un grand-père refusant les accusations, et de l’autre révèle la voix d’une enfant confuse. Aujourd’hui, Sperling, armée de sa vulnérabilité et portée par sa résilience, rejette la honte en l’entourant d’images et de mots. En cultivant une conscience aiguë des faits, en créant une tapisserie visuelle et textuelle, Sperling prend la parole pour faire flétrir cette honte et exposer à la lumière les crimes de son grand-père. Le courage de la vérité n’est jamais un sentiment confortable, il est pourtant nécessaire à la mission de prévention que Sperling tisse à sa volonté de cicatrisation.

Je n’ai rien fait de mal prend plusieurs formes. D’abord, cinq photographies réalisées en collaboration avec sa fille sur le chemin entre la maison de l’enfance et l’habitation du coupable : la délicatesse des gestes et l’innocence des détails y fonctionnent comme un rituel pour détourner l’influence néfaste. Ensuite, les photos de famille méticuleusement découpées, comme une violence retournée, comme une manière de gagner un pouvoir d’action sur le passé. Enfin, le texte, un scénario fictif entre un grand-père décédé et une artiste en quête de réponses. Je n’ai rien fait de mal prend place aux côtés de deux objets évocatoires – un mouchoir et les pièces d’un jeu d’échecs – qui fonctionnent comme la présence symbolique, et spectrale, d’un grand-père convoqué sur le banc des accusés. Taous Dahmani

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Portrait Avec l’aimable autorisation de l’artiste.

Dans ma chambre, 2000, série Je n’ai rien fait de mal. Avec l’aimable autorisation de l’artiste [pour toutes les œuvres].

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Maria, maman, papa, grand-mère, 1995, série Je n’ai rien fait de mal
163 Avec toi, à 55 mètres, 2021, série Je n’ai rien fait de mal
164 Je ne veux pas garder ton secret, à 245 mètres, 2020, série Je n’ai rien fait de mal

Découpages de mon grand-père que je ne veux pas regarder, 2021, série Je n’ai rien fait de mal

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ARTISTE PRÉSENTÉE PAR LA FONDATION BLACHÈRE ET LA FONDATION H

MAYA INÈS TOUAM REPLICA

Maya Inès Touam

Née en 1988 à Paris, France. Vit et travaille à Paris, France.

Née en France de parents algériens, Maya Inès Touam revendique le point de vue d’une petite-fille d’émigrés, pour construire son travail entre les rives de la Méditerranée, mettant en jeu une identité à la fois intime et étrangère. Diplômée des Beaux-Arts de Paris en 2013, elle mène une recherche à la fois anthropologique et onirique, à partir de différents supports (photographies, dessins, sculptures…), et en utilisant des objets personnels ou symboliques. En 2017, elle est primée par la Fondation Alliances au Maroc. En 2021, lors d’une résidence à la Fondation H en France, elle étend sa recherche aux diasporas du continent africain dans le pays, proposant un regard postcolonial sur l’immigration.

Formée à devenir artiste en France, Maya Inès Touam interroge la valeur du patrimoine légué et questionne sa place face au canon. Quel espace créatif pour une femme et une enfant d’immigrés algériens ? C’est cette question qui pousse Touam à l’étude de ses pères, peut-être aussi de ses pairs. La photographe commence avec une enquête, elle consulte et examine. Pour Replica, elle se plonge dans l’œuvre du peintre, dessinateur et graveur français Henri Matisse (1869-1954).

Maya Inès Touam emprunte, ou « sample » pour évoquer le champ musical, et renverse les codes : Ananas et joujou (2020) répond à Ananas et Anémones (1940) ; Icare, le revenant (2020) fait écho à Icarus (1943-1947) et L’enfance, la mer (2020) évoque Polynésie, la mer (1946).

Touam regarde la simplification des formes et la stylisation des motifs de Matisse et tresse le tout avec des références à son « continent d’origine », l’Afrique, dans autant d’hommages impertinents. Touam forme des ponts entre L’Albatros de Charles Baudelaire et les cérémonies Egungun. Cette créolisation des références est au cœur de sa pratique ; ce sont les hybridations qui façonnent Replica. Comme dans les natures mortes de la peinture classique, chaque élément fait l’objet d’un choix minutieux : le wax et le raphia mais aussi le tarbouche et la céramique Zellige prennent place dans ces compositions, avec raison.

Touam propose un nouveau vocabulaire visuel, ludique et pensé en rhizome ; une rencontre entre histoire, moment contemporain et imagination de notre futur.

Taous Dahmani

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Portrait Clément Brelet.
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Icare, le revenant, série Replica, 2020. Avec l’aimable autorisation de l’artiste [pour toutes les photographies].
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Pages précédentes L’enfance, la mer, série Replica, 2020. Ci-dessus LV et Protéa, série Replica, 2020.
171 Masque et agathe, série Replica, 2020.

EXPLORER ET TÉMOIGNER

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terre
soleil
Mexique,
l’aimable autorisation de l’artiste.
Julien Lombardi. Kauyumari, le cerf bleu (détail), série La
où est né le
,
2017-2021. Avec

SI UN ARBRE TOMBE DANS UNE FORÊT

Rahima Gambo (1986), Wiame Haddad (1987), Amina Kadous (1991), Belinda Kazeem-Kami ski (1980), Mahmoud Khattab (1991), Jansen van Staden (1986).

L’exposition rassemble diverses manières de documenter les vides et les silences, en abordant la photographie par une série de détours critiques : repenser la démarche, redessiner les contours du sujet, rejeter les poncifs de la vérité, et faire éclater la sémantique même du photographique.

Le journal photographique de Mahmoud Khattab décrit une année de conscription. Dans Le chien s’est assis là où nous nous sommes séparés, le texte vient compenser la restriction d’images, pour installer une irréductible poésie entre le sens de l’individualité et le devoir envers sa patrie.

Dans un essai photographique aux allures de psychanalyse personnelle et familiale, Jansen van Staden nous entraîne dans les impénétrables interstices d’une relation père-fils. ULM, ce puzzle quasi insolvable, invite le regardeur à une suspension du jugement, aux frontières du photographique, du véridique et de la guérison.

Le travail inter-temporel de Wiame Haddad, À propos d’une chambre occupée (vision d’une soirée d’octobre 1961) dévoile les dessous d’une manifestation réprimée, dont les victimes protestaient contre deux mois d’un couvre-feu raciste. Un récit implicite, où la démarche de reconstitution rappelle la puissance évocatrice du fragment et, avec acuité, ce que la fiction apporte à la restitution des faits. Amina Kadous fait de la toile de coton une métaphore et un indice pour analyser le maillage des histoires familiale, économique et politique. En exposant le visiteur à une poignante histoire de la transmission, Or blanc l’invite à une méditation sur les nombreuses formes de la mémoire personnelle et sociétale.

Dans Révéler. En Conversation, la métaposition qu’adopte Belinda Kazeem-Kamiński en tant que performeuse lui permet d’exhumer le spectre du colonialisme, de négocier de nouveaux espaces de représentation et de souligner les traumatismes d’une certaine altérité.

Enfin, dans sa démarche processuelle, sérielle et dérivative, Rahima Gambo aborde la production des images comme une cartographie attentive de nos poncifs, afin de dévier des anciens schémas et d’esquisser un nouvel horizon du sujet.

À travers ces œuvres, Si un arbre tombe dans une forêt invite le spectateur à prendre conscience des frontières du visible et des tropismes qui les sous-tendent.

Untitled Duo

Commissariat Untitled Duo, lauréat·e·s de la Bourse de recherche curatoriale – projets Afrique des Rencontres d’Arles et de l’Institut français.

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Lieu Croisière. Avec le soutien de Picto Foundation. Tirages Picto, Paris. Collages Atelier Deuxième Œil, Paris. Encadrements Circad, Paris.
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Belinda Kazeem-Kami ński. Révéler. En Conversation, 2017. Avec l’aimable autorisation de l’artiste.
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Ci-dessus et ci-contre Wiame Haddad. Hors-Titre, 2021. Avec l’aimable autorisation de l’artiste.
177

En haut

Amina Kadous.

Or blanc, 2020-2022.

Avec l’aimable autorisation de l’artiste.

En bas

Rahima Gambo.

Un paysage de promenade IV, Abuja, 2018. Avec l’aimable autorisation de l’artiste.

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Ci-dessus Mahmoud Khattab. Le chien s’est assis là où nous  nous sommes séparés, 2020. Avec l’aimable autorisation de l’artiste. Pages suivantes Jansen van Staden. L’histoire des poules de Pa, du chien des voisins et du pistolet d’Oupa, ULM, 2017-2020. Avec l’aimable autorisation de l’artiste.

BRUNO SERRALONGUE LES GARDIENS DE L’EAU

Bruno Serralongue

Né en 1968 à Châtellerault, France. Vit et travaille à Pantin, France.

Après des études en histoire de l’art, à l’École nationale de la photographie d’Arles, et à la Villa Arson à Nice, Bruno Serralongue s’intéresse depuis les années 1990 au pouvoir d’information de la photographie, et à son impact sur notre quotidien, en couvrant à son compte l’actualité et les grands événements qui la constituent. Mettant en doute l’objectivité du médium, il affirme la responsabilité du photographe dans la véracité des images produites, et questionne les procédures de production de l’image médiatique. Plusieurs expositions monographiques d’importance lui ont été consacrées : au Wiels, à Bruxelles (2009), au Jeu de Paume (2010), au Centre Pompidou (2019) et au FRAC Île-de-France (2022), à Paris.

Face à la transformation de la réalité en spectacle opérée par les médias de masse, Bruno Serralongue oppose la lenteur et le décalage avec la notion d’actualité. Face à la surcharge d’informations, il oppose la parcimonie et le travail sur un temps long. Face à la très grande vitesse, qui gouverne tant la fabrication de l’information que les échanges commerciaux, les flux financiers et les activités économiques, il oppose la persistance. Il représente des figures de résistance et d’opiniâtreté, des figures minoritaires qui parviennent malgré tout à se créer des moyens d’accès à l’opinion publique, à s’approprier un espace médiatique. Du Chiapas à Cuba, Washington et Calais, il a suivi depuis le milieu des années 1990 le développement du mouvement altermondialiste. Pour Bruno Serralongue, photographier c’est, non pas illustrer l’actualité, non pas fournir une archive ouverte aux médias, mais proposer une contre-information : une production de connaissance qui participe d’une résistance.

Pour son projet Les Gardiens de l’eau (Water Protectors), débuté en 2017, Bruno Serralongue accompagne la lutte initiée par les habitants de territoires sacrés du peuple sioux, dont les conditions de vie dans la réserve Standing Rock, au Dakota du Nord, sont mises en danger par le projet de construction du Dakota Access Pipeline. En étant présent à leurs côtés lors de rassemblements et de moments de contestation ou d’enquête, il donne des visages à cette lutte invisibilisée, combattant à armes inégales contre la voracité aveugle et brutale du capitalisme extractiviste. Un temps suspendu par le président Obama, le chantier a repris sur ordre de Donald Trump. Bruno Serralongue poursuit son enquête et documente les effets toxiques des oléoducs et des industries polluantes qu’ils accompagnent, dans un mépris des formes de vie. Sa pratique photographique participe d’une écosophie : une pensée des relations entre les trois écologies – l’environnement, la santé physique et mentale, le fonctionnement de la société –, liées dans les combats pour la vie qu’il représente.

Pascal Beausse

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Lieu Jardin d’été. Avec la collaboration du Centre national des arts plastiques. Avec le soutien du ministère de la Culture. Tirages Initial Labo, Boulogne-Billancourt. Portrait Pierre Even.

Gil Kills Pretty Enemy III devant sa maison, posant avec ses armes, McLaughlin, Dakota du Sud, 21 août 2017, série Les Gardiens de l’eau (Water Protectors), 2017, en cours. Avec l’aimable autorisation de l’artiste et Air de Paris [pour toutes les photographies].

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« Teach as we Fight », L’Eau est la Vie Camp contre la construction du Bayou Bridge Pipeline, Rayne, Louisiane, 7 juillet 2018, série Les Gardiens de l’eau (Water Protectors), 2017, en cours.
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Mark enchaîné à une excavatrice avec Cherry et Lisa, action directe contre un site de construction du Bayou Bridge Pipeline, Atchafalaya Basin, Louisiane, 5 juillet 2018, série Les Gardiens de l’eau (Water Protectors), 2017, en cours.

Lors d’un après-midi « Art and Structure Build for L’Eau est la Vie Camp » contre le Bayou Bridge Pipeline, Monique Verdin, membre du conseil de la nation Houma, apprend aux volontaires comment fabriquer une décoration traditionnelle pour les radeaux, La Nouvelle-Orléans, Louisiane, 12 août 2017, série Les Gardiens de l’eau (Water Protectors), 2017, en cours.

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Le Pasteur Harry Joseph de Mount Triumph Baptist Church devant son église, Saint James, Louisiane, 7 août 2017, série Les Gardiens de l’eau (Water Protectors), 2017, en cours.

JULIEN LOMBARDI

LA TERRE OÙ EST NÉ LE SOLEIL

Julien Lombardi

Né en 1980 à Marseille, France. Vit et travaille à Marseille, France, et Mexico, Mexique.

Diplômé d’une maîtrise d’ethnologie, Julien Lombardi s’inspire librement de sa formation pour mener des investigations visuelles reposant sur une immersion de longue durée dans des territoires, notamment en Arménie, au Mexique ou en Égypte, avant de poursuivre ses recherches formelles en atelier. Son travail artistique cherche à brouiller les codes de l’authenticité photographique en expérimentant des dispositifs d’images qui offrent de nouvelles formes de récits. Son premier livre, L’Inachevé, a été publié aux éditions Le Bec en l’air en 2017. Ses travaux font partie des collections du Centre national des arts plastiques, de la Bibliothèque nationale de France, et du Château d’Eau.

Avec les outils associés de la photographie et de l’anthropologie, Julien Lombardi a installé depuis 2017 son laboratoire d’expérimentation visuelle sur un territoire enclavé dans une vallée désertique du centre du Mexique. Wirikuta est la terre des mythes fondateurs et de nombreuses divinités pour les Indiens Huichols qui, chaque année, y viennent en pèlerinage pour honorer la naissance du soleil et du feu en accomplissant des cérémonies chamaniques. Ce territoire sacré est aujourd’hui mis en danger par les industries minières, agricoles et touristiques. Tous les stigmates de la colonisation et de la mondialisation, sans restriction, s’expriment dans cette zone-frontière, riche de ressources pour le capitalisme extractiviste.

Comment survivre à ces conditions de production du monde actuel, où les activités humaines concourent à l’assujettissement et la destruction irrémédiables ? Comment représenter ces phénomènes avec l’appareillage photographique, qui est lui-même, techniquement et chimiquement, lié à l’extraction des minerais et d’autres ressources naturelles ? Plutôt que d’idéaliser ou d’exotiser le Mexique et ses habitants, et en étant conscient des risques liés à l’appropriation culturelle, il s’agit pour l’artiste de dépasser la dénonciation des catastrophes et de créer un autre espace, associant formes documentaires et poétiques, pour proposer une autre narration du monde, dans une logique décoloniale. Il multiplie ainsi outils et actes photographiques, du prélèvement au constat, en tirant un parti plastique de la contamination de ses images par le soleil, la poussière et le lieu même. En déplaçant l’objectivité du langage documentaire, Julien Lombardi informe ses images d’un réalisme fantastique, pour nous permettre d’entrevoir ce qui échappe à la représentation : le magique et l’invisible – en somme, tout ce qui relie diverses formes de vie associées en un lieu dont la mise en péril met en évidence leur propre fragilité. Cette poétique paradoxale permet de raviver la sensibilité du regard porté sur un paysage naturel et social compris comme acteur vivant d’un monde en friction.

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Lieu Croisière. Avec la collaboration du Centre national des arts plastiques. Avec le soutien du ministère de la Culture. Tirages et papier peint Picto, Paris. Collages Atelier Deuxième Œil, Paris. Encadrements Circad, Paris. Portrait Avec l’aimable autorisation de l’artiste.

La perte, série La terre où est né le soleil, Mexique, 2017-2021.

Avec l’aimable autorisation de l’artiste [pour toutes les photographies].

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En haut

Tunnel, série La terre où est né le soleil, Mexique, 2017-2021.

En bas

Après la cérémonie, série La terre où est né le soleil, Mexique, 2017-2021.

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En haut

Cabinet de curiosités (extrait), série La terre où est né le soleil, Mexique, 2017-2021.

En bas

Analyse, série La terre où est né le soleil, Mexique, 2017-2021.

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Des images de l’autre [compilation d’archives photographiques de Marino Benzi et Alexandre Rouhier], série La terre où est né le soleil
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LÉA HABOURDIN IMAGES ‑ FORÊTS : DES MONDES EN EXTENSION

Léa Habourdin

Née en 1985 à Lille, France. Vit et travaille à Paris, France.

Léa Habourdin a d’abord étudié l’estampe à l’école Estienne, à Paris, puis la photographie à l’École nationale supérieure de la photographie, à Arles. Attentive à la diversité des formes de vie, elle observe le rapport que nous entretenons aux autres animaux et aux paysages, et convoque les notions de survie, de fracture, de reconstruction, pour élaborer une vision de ce que nous appelons « le sauvage ». Explorant les champs de l’éthologie, la recherche en science appliquée ou encore la botanique, elle déploie un travail en dessin et photographie où la place du livre et de l’objet imprimé est cruciale. Elle a été lauréate de la Carte Blanche PMU – Le BAL en 2015, de la bourse de recherche du CIPGP en 2019, et du soutien à la photographie documentaire du Cnap en 2020.

Face à l’effondrement irrémédiable des espèces, Léa Habourdin observe le vivant, la fin des mondes et la recherche de moyens de survie. Ses Images-forêts partent d’une prise de conscience : les forêts primaires sont mises en danger – elles n’existent déjà plus en France métropolitaine. Apparues sur notre planète il y a 380 millions d’années, elles recelaient une diversité de formes de vie animale et végétale essentielle. L’apparition de l’espèce humaine les a progressivement fait disparaître. Léa Habourdin a parcouru les forêts intouchées qui survivent en France, des lieux naturels préservés ces dernières décennies.

Pour les représenter, elle a choisi une technique de tirage qui ne serait ni toxique ni polluante. L’anthotype permet de réaliser des images en utilisant des substrats de végétaux, révélés par la lumière sans utiliser de produits dérivés chimiques. En broyant les végétaux, elle extrait la chlorophylle dont elle utilise la photosensibilité. Image respectueuse de l’environnement qu’il représente, l’anthotype a cette particularité de ne pas pouvoir être fixé : il réagit constamment à la lumière, condamné donc à disparaître.

Léa Habourdin nous propose de renouveler notre manière de voir le monde vivant. À chaque regard porté sur ses images, placées dans des boîtes, ses représentations de la forêt disparaîtront un peu plus. En alliant connaissance et approche sensible, elle subvertit le partage de l’enchantement habituellement associé à la catégorie classique du paysage. Il s’agit de voir en face les conséquences du regard et des actions humaines.

Faire l’expérience de ses images, c’est participer à leur effacement progressif, en comprenant le caractère éphémère de toute chose – ou décider de ne pas les regarder, pour les préserver.

En complément de ces tirages impermanents, de grandes sérigraphies réalisées avec des pigments naturels, du jaune vif des feuilles de bouleau au rose pâle des pétales de coquelicot, pérennes mais évanescentes, nous invitent à tempérer l’anxiété écologique, en nous préparant à inventer de nouvelles relations avec les autres manières d’être vivant.

Pascal Beausse

Avec la collaboration du Centre national des arts plastiques.

Avec le soutien du ministère de la Culture.

Sérigraphies Frenchfourch, Paris.

Collages Atelier Deuxième Œil, Paris.

Encadrements Circad, Paris.

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Lieu Croisière. Portrait Romy Alizée.

Images-forêts : des mondes en extension , sérigraphie, pigments de mûrier blanc, de millepertuis et de persicaire. Avec l’aimable autorisation de l’artiste [pour toutes les photographies].

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Images-forêts : des mondes en extension , sérigraphie, pigments de feuilles de bouleau.

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Images-forêts : des mondes en extension , anthotype, sauge guarani (calice des fleurs).

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Images-forêts : des mondes en extension , sérigraphie, pigments de coquelicot et de garance.

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Images-forêts : des mondes en extension , anthotype, orties (feuilles).

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RITUAL INHABITUAL FORÊTS GÉOMÉTRIQUES.

LUTTES EN TERRITOIRE MAPUCHE

Ritual Inhabitual

Tito González García

Né en 1977 à Clamart, France.

Vit et travaille à Paris, France.

Florencia Grisanti

Née en 1983 à Santiago, Chili.

Vit et travaille à Paris, France.

Tito González García et Florencia Grisanti fondent le collectif Ritual Inhabitual en 2013. En recourant à différents formats et dispositifs, leurs projets proposent une réflexion sur la place du rituel dans le monde contemporain. Ils font émerger dans leurs récits des formes de représentation de la nature, qui deviennent langage et territoire pour différentes communautés humaines au centre de conflits environnementaux. Leurs œuvres ont été acquises par le Fonds d’art contemporain de Seine-Saint-Denis en France, la Fondation Rothschild en Suisse et des collections privées en Amérique du Sud. En 2021, ils sont finalistes du LUMA Rencontres Dummy Book Award.

Le Chili possède l’un des laboratoires de production génétique de cellulose les plus importants du monde. Les forêts tempérées humides de l’Araucanie, au sud du pays, ont été peu à peu remplacées par des monocultures de pins ou d’eucalyptus issues d’un clonage massif, afin de développer l’industrie de la pâte à papier.

À l’endroit même où sont aujourd’hui implantées ces industries, les Mapuches (littéralement « Peuple de la terre » en mapudungun) vivaient, bien avant la fondation du Chili et de l’Argentine, bien avant les incendies causés au xixe siècle par les colons, et bien avant le développement de l’industrie forestière. Dans ces vastes forêts, qui font désormais la richesse d’une industrie soi-disant plus écologique que celle du plastique, deux visions du monde s’affrontent : l’une fondée sur l’économie du libre marché et l’exploitation des ressources naturelles, l’autre pour laquelle la relation à l’environnement est une question spirituelle.

Au cœur des enjeux, les plantes médicinales des chamans mapuches sont devenues les témoins fidèles d’un cycle de luttes, au-delà du désir de reconnaissance identitaire ou territoriale. Le trafic illégal de bois est aujourd’hui au centre de violences entre les forces spéciales antiterroristes de l’armée chilienne, les organisations mapuches à caractère ethnique nationaliste, et les milices privées des industriels. Mais la plupart des communautés mapuches mènent un combat pour la sauvegarde de la biodiversité.

Arpenter leur territoire, c’est aller à l’épicentre des luttes politiques et écologiques que vivent aujourd’hui Chiliens et Mapuches, dont les plantes médicinales, en voie de disparition, sont les premières victimes. L’enquête photographique de Ritual Inhabitual révèle les conséquences écologiques de la monoculture forestière et ouvre un débat sur notre consommation, obligeant aussi le monde de la photographie lui-même à prendre conscience de son impact environnemental.

Sergio Valenzuela Escobedo

Lieu

Chapelle Saint-Martin du Méjan.

Commissariat Sergio Valenzuela Escobedo.

Avec la collaboration de Ricardo Báez, graphiste, Serge Bahuchet, professeur d’ethnobiologie, et Flora Pennec, ethnobotaniste.

Avec le soutien du ministère des Cultures, des Arts et du Patrimoine du Chili et de la DIRAC – Division des Cultures, des Arts, du Patrimoine et de la Diplomatie Publique du ministère des Affaires étrangères du Chili.

Tirages Picto, Paris, Processus, Paris, Atelier SHL, Arles. Papier peint Atelier SHL, Arles. Encadrements Circad, Paris, Atelier SHL, Arles.

Publication Forêts géométriques. Luttes en territoire Mapuche, Actes Sud, 2022.

Portrait Avec l’aimable autorisation des artistes.

200
201
Ana Millaleo [à gauche] et Paul Filutraru [à droite], membres du groupe de rap Wechekeche ñi Trawün, Santiago, Chili, 2016. Avec l’aimable autorisation des artistes.

Foki kochkilla (Lapageria Rosea Ruiz & Pav), Araucanía, commune de Saavedra, Chili. Récolté le 18.03.2016.

Avec l’aimable autorisation du Muséum national d’histoire naturelle (Paris) et des artistes.

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Série Forêts Géométriques, Chili, 2018. Avec l’aimable autorisation des artistes.
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Ci-dessus et ci-contre Série Biotechnologie, Chili, 2019. Avec l’aimable autorisation des artistes.
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DOCUMENTS IMAGINÉS

Bani Abidi (1971), Azadeh Akhlaghi (1978), Dia Mehta Bhupal (1984), Sharbendu De (1978), Sukanya Ghosh (1973), Krishen Khanna (1925), Yamini Nayar (1975), Prajakta Potnis (1980), Vivan Sundaram (1943), Munem Wasif (1983).

Le champ d’expression de la photographie dépasse souvent le monde tel qu’on le voit. Les images échappant à une indexicalité au « réel » oscillent alors entre fait et fiction pour représenter un moment hyperréaliste, abstrait, imaginaire ou même profondément social et politique. Si la référence au « fait » de ces images est interrompue, elles sont pourtant le reflet complexe de notre époque – dans une continuité temporelle au-delà du « présent ». Elles proposent une forme nouvelle, et possiblement une réflexivité plus durable. Marquant un épuisement / prolongement du documentaire, elles créent des simulacres de la réalité, comme une condition du monde où toute vérité est arbitrée par des technologies visuelles. Les artistes, en contrôlant chaque élément du cadre, prédéterminent l’image. En recréant de mémoire des moments vécus, en construisant des décors élaborés, en se mettant en scène, ou en se racontant, ils abordent des questions et des préoccupations très actuelles, issues d’histoires personnelles et de souvenirs oubliés : des paysages politiques violents, le développement durable, l’avenir de communautés marginalisées, les conditions de vie difficiles des femmes, l’urbanisation, ou encore la consommation. Construites à partir de techniques et d’histoires de théâtre, cinéma, performance, littérature, poésie et fiction, les mises en scène sont parfois remplies d’objets trouvés ou d’éléments sculptés, repensés comme des topographies réelles, ou comme des récits conceptuels. La dernière image n’est ainsi que l’acte final d’une pièce de théâtre. Plusieurs fois, le décor est démonté ou détruit, laissant l’image comme unique trace.

Ces procédés, qui sont le geste d’un tournant postmoderne depuis le début des années 1970, sont moins marqués comme genre en Asie du Sud. En présentant des travaux de photographie mise en scène / construite venus de cette région, l’exposition témoigne de l’universalité d’un mouvement artistique.

Ravi Agarwal

206
Lieu Ground Control. Commissariat Ravi Agarwal. Avec la collaboration du Serendipity Arts Festival. Tirages Processus, Paris, Initial Labo, Boulogne-Billancourt. Collages Atelier Deuxième Œil, Paris. Encadrements Circad, Paris.
207
Sukanya Ghosh. BK, Sans titre, 2016. Avec l’aimable autorisation de l’artiste.
208 En haut et en bas
Munem Wasif. Kheyal, 2015-2018 [photogrammes]. Avec l’aimable autorisation de l’artiste.

En haut

Sharbendu De. Attente dans la forêt, série Patrie imaginaire, 2018.

Avec l’aimable autorisation de l’artiste.

En bas

Sharbendu De. Les enfants explorent la forêt mythique, série Patrie imaginaire, 2018.

Avec l’aimable autorisation de l’artiste.

209
210
Bani Abidi. Série Karachi – III, 2009. Avec l’aimable autorisation de l’artiste / Experimenter.
211
212
Dia Mehta Bhupal. Salle d’attente II, 2019. Avec l’aimable autorisation de l’artiste.
213
Yamini Nayar. Viens te reposer, 2017. Avec l’aimable autorisation de l’artiste / Jhaveri Contemporary / Thomas Erben / Galerie Wendi Norris.
214
Azadeh Akhlaghi. Mirzadeh Eshghi, 3 juillet 1925, série D’après un témoin, 2009-2012. Avec l’aimable autorisation de l’artiste.
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ET POURTANT, ELLE TOURNE

Emanuele Brutti (1984) & Piergiorgio Casotti (1972), Richard Choi (1982), Curran Hatleberg (1982), Gregory Halpern (1977), Kristine Potter (1977), RaMell Ross (1982), Vanessa Winship (1960), Stanley Wolukau-Wanambwa (1980).

À travers la photographie, le prisme du temps est mis en lumière et gagne en clarté. Nous voyons chacun des éléments et la manière dont ils s’assemblent. La photographie nous emmène sur des sentiers inattendus, nous fait découvrir des vies que nous pourrions connaître si la nôtre prenait un autre chemin. Elle favorise l’empathie. Elle nous permet de reconnaître que la vie n’est pas une simple histoire qui s’écoule jusqu’à une fin inévitable – elle se déforme et se ramifie, s’enroule et se tord, apparaît et disparaît de notre conscience. Cette exposition présente des images en accord avec cette conscience, une photographie du monde, de la vie telle qu’elle est – dans toute sa merveilleuse complexité – au sein des États-Unis du xxie siècle : la vision ambulante de Vanessa Winship (Elle danse sur Jackson), les rassemblements humains de Curran Hatleberg (La Côte perdue), la réflexion de Richard Choi sur les écarts entre le flux de la vie et nos souvenirs (Ce qui reste), les images du quotidien de RaMell Ross (Comté du Sud), le voyage californien lumineux de Gregory Halpern (ZZYZX), le travail de Piergiorgio Casotti et Emanuele Brutti sur l’équilibre délicat entre théorie économique et réalité vécue (Index-G), une analyse nouvelle du mythe occidental de la destinée manifeste par Kristine Potter (Manifeste), ou encore l’entremêlement du pouvoir des images avec les forces de l’histoire par Stanley Wolukau-Wanambwa (Toute ma vie passée).

Cette photographie est post-documentaire. Elle n’impose ni une opinion ni une narration réductrice. Le fait qu’il n’y ait pas d’histoire est l’histoire. Pour ces artistes, tout est en jeu et tout compte – il s’agit d’une liberté durement acquise, parfois déroutante, mais néanmoins authentique : une conscience de la vie et de son chant. L’infinie consanguinité du monde se trouve ici – chacun d’entre nous et tout ce qui nous entoure existent dans le présent.

Le titre de cette exposition, Et pourtant, elle tourne, s’inspire des mots que Galilée aurait marmonnés après avoir été contraint d’abjurer sa théorie selon laquelle la terre tourne autour du soleil.

Paul Graham

Publication But still, it turns, Mack / ICP, 2021.

Collages

Atelier Deuxième Œil, Paris.

Encadrements Circad, Paris.

216
Lieu Musée départemental Arles antique. Commissariat Paul Graham. Exposition produite par l’International Center of Photography, New York, en collaboration avec les Rencontres d’Arles. Tirages et papier peint Picto, Paris. 217 Vanessa Winship. Série Elle danse sur Jackson, 2013. Avec l’aimable autorisation des artistes et de MACK pour toutes les photographies.
218
Curran Hatleberg. Série La Côte perdue, 2016.
219
Stanley Wolukau-Wanambwa. Côté sud, 2015, série Toute ma vie passée, 2014, en cours.
220
En haut RaMell Ross. Ici, série Comté du Sud, 2018. En bas Richard Choi. Sans titre (Gant de baseball), série Ce qui reste, 2012.
221
Emanuele Brutti & Piergiorgio Casotti. Série Index-G, 2018.
222
Gregory Halpern. Sans titre, série ZZYZX, 2016.
223
Kristine Potter. Sécher, série Manifeste, 2018.

ESTEFANÍA PEÑAFIEL LOAIZA

CARMEN (RÉPÉTITIONS)

Estefanía Peñafiel Loaiza Née en 1978 à Quito, Équateur. Vit et travaille à Paris, France.

Diplômée de l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris, elle a fait partie du programme de recherche La Seine à l’ENSBA de Paris et a participé au post-diplôme à l’ENSBA de Lyon. Son travail artistique a fait l’objet de nombreuses expositions en Europe et dans le monde. Elle est pensionnaire de l’Académie de France à Rome – Villa Médicis en 2020-2021.

L’exposition regroupe un ensemble d’œuvres de différentes natures qui, telles des pages détachées d’un scénario inachevé ou des répétitions d’un film à venir, retracent le voyage que l’artiste a effectué entre l’Équateur et l’Italie, en suivant le fantôme d’une femme disparue au début des années 1980, peu de temps après avoir rejoint un mouvement révolutionnaire.

Inspirée d’une histoire vraie, celle de Myriam, la tante de l’artiste, qui avait adopté le nom de Carmen lorsqu’elle avait intégré le mouvement, et prenant comme point de départ les faux indices qu’elle avait laissés derrière elle pour dissimuler son passage à la clandestinité (notamment une série de lettres suggérant qu’elle était partie étudier en Europe), l’exposition explore en parallèle les destinées possibles de cette femme double, à la fois réelle et imaginaire, et sème le trouble en recréant son voyage feint et en convoquant, dans la réalité, son histoire fictive.

Comme un jeu de miroirs, l’artiste tisse le long d’une déambulation dans l’espace une mise en abyme poétique et personnelle d’un sujet éminemment politique, celui de la mémoire des luttes sociales menées par une génération, dont les échos résonnent encore aujourd’hui.

En associant vidéos, photographies, objets et documents d’archives à la manière de scènes non triées, l’exposition configure un récit nécessairement fragmenté et lacunaire, oscillant entre différentes temporalités, langues et géographies, entre l’enquête et l’essai, entre le réel et l’imaginaire. Cette exposition, qui s’inscrit dans le cadre des quarante ans de l’École nationale supérieure de la photographie, est le fruit de la résidence pédagogique menée cette année par Estefanía Peñafiel Loaiza, avec sept étudiant·e·s (Ludivine Fernandes, Juliette Fréchuret, Loïsà Gatto, Basile Lorentz, Iris Millot, Christiane Rodrigues-Esteves, Beatriz de Souza-Lima) et un enseignant, Nicolas Giraud.

Lieu École nationale supérieure de la photographie.

Exposition coproduite par l’Académie de France à Rome – Villa Médicis, la galerie Alain Gutharc et l’École nationale supérieure de la photographie.

Portrait Avec l’aimable autorisation de l’artiste.

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225 Pages 225 à 229
Carmen (répétitions), 2021-2022. Avec l’aimable autorisation de l’artiste.
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REVISITER

Romain Urhausen. Sans titre, Luxembourg , années 1960.

Avec l’aimable autorisation de l’artiste / AUTAAH. Collection du Centre national de l’audiovisuel.

230

LEE MILLER

LEE MILLER, PHOTOGRAPHE

PROFESSIONNELLE (1932–1945)

Lee Miller

Née en 1907 à Poughkeepsie, États-Unis. Décédée en 1977 à Farleys House, Muddles Green, Angleterre.

Lee Miller commence sa carrière de photographe en tant que mannequin pour American Vogue et Vanity Fair. En 1929, elle devient la compagne et la collaboratrice de Man Ray à Paris. Au bout d’un an, elle dirige son propre studio parisien à Montparnasse. En octobre 1932, elle retourne aux États-Unis et crée les Lee Miller Studios Inc. à Manhattan, New York. Malgré la crise, elle parvient à en dégager un petit bénéfice au cours de sa première année d’activité. Lee Miller ferme le studio à la mi-1934 pour partir vivre en Égypte avec son mari Aziz Eloui Bey. Ses images surréalistes de cette période sont parmi les plus célèbres, et ses extraordinaires photographies de mode et de combat de la Seconde Guerre mondiale lui ont valu une place de choix dans l’histoire de l’art.

Cette exposition présente l’un des chapitres les plus intenses et les plus productifs du parcours professionnel de la photographe américaine Lee Miller. Entre 1932 et 1945, Miller est à la fois une portraitiste renommée à la tête de son propre studio de prises de vue à New York (1932-1934), photographe de mode et de publicité pour des marques de parfums et de cosmétiques (1932-1945) et photoreporter de guerre, notamment reconnue pour ses images des camps de concentration allemands de Dachau et Buchenwald publiées dans le magazine Vogue anglais (1942-1945).

La chronologie resserrée dévoile un parcours riche, fait d’allers-retours, de croisements et de passerelles entre les différentes pratiques professionnelles exercées par la photographe. Cette aisance avec laquelle Miller évolue d’un milieu à l’autre et la diversité de ses activités révèlent la figure d’une artiste dont la production est principalement définie par la valeur marchande et l’usage de ses tirages. Lee Miller, photographe professionnelle explore les rouages à l’œuvre dans l’agencement et la réalisation d’une carrière dynamique, et propose d’enrichir le portrait d’une personnalité souvent réduite à sa collaboration avec l’artiste américain Man Ray et ses liens étroits avec le mouvement surréaliste dans les années 1920. Gaëlle Morel

232
Lieu Espace Van Gogh. Commissariat Gaëlle Morel. Avec la collaboration des Archives Lee Miller. Avec la complicité de Condé Nast. Portrait Autoportrait, 1932.
233
Petersham sur laine, Vogue Studio, Londres, Angleterre, 1944. © Lee Miller Archives, Angleterre, 2022 [pour toutes les photographies].
234
Femmes accusées d’avoir collaboré avec les nazis, Rennes, France, 1944.
235
Bruce Howard en Sainte-Thérèse II, « Four Saints in Three Acts », Lee Miller Studios Inc., New York, États-Unis, 1933.

UN MONDE À GUÉRIR

160 ANS DE PHOTOGRAPHIE À TRAVERS LES COLLECTIONS DE LA CROIX‑ ROUGE ET DU CROISSANT‑ ROUGE

Omniprésente dans l’actualité, l’image humanitaire est entrée dans notre quotidien il y a plus d’un siècle. Elle nous paraît souvent immédiate et univoque. La photographie cadre une scène et en offre une interprétation. Nous croyons tout comprendre d’un événement, sans même penser au hors-champ. Or la réalité du terrain est toujours plus complexe que sa représentation, nécessairement fragmentaire.

Avec plus de six cents images de 1850 à nos jours, Un monde à guérir est le fruit de plus de deux ans de recherche au sein des collections du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

Entre images publiques, conçues pour communiquer l’urgence de l’action humanitaire, et images plus confidentielles, l’exposition révèle un patrimoine resté peu exploré à ce jour. Réunissant de grands noms de la photographie, notamment de l’agence Magnum Photos, tels que Werner Bischof, Robert Capa, Paolo Pellegrin et Jérôme Sessini, Un monde à guérir présente aussi des images prises par des collaborateurs et collaboratrices du Mouvement. Avec en fin de parcours une section consacrée aux travaux d’Alexis Cordesse, qui partage les photographies personnelles d’hommes et de femmes ayant fui la Syrie, elle offre une multiplicité de points de vue et attire l’attention du public sur la complexité du terrain, au-delà de sa représentation.

Lieu Palais de l’Archevêché.

Commissariat Nathalie Herschdorfer et Pascal Hufschmid.

Collections

Musée international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (MICR), Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR).

Exposition coproduite par le MICR et les Rencontres d’Arles. Avec le soutien de la Confédération suisse, de la République et canton de Genève, et de la Ville de Genève.

Papier peint Picto, Paris.

Publication

Un monde à guérir, 160 ans de photographie à travers les collections de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, Textuel, 2022.

236
237
Boris Heger. Site de distribution de nourriture, Abata, Soudan, 2006. © CICR.

En haut

Anonyme. Exercices antigaz, Europe, 1933. Archives CICR (DR).

Au milieu

Anonyme. Rapatriement de prisonniers de guerre égyptiens lors de la guerre civile au Yémen, sous les auspices du CICR, 1965. © CICR.

En bas

Anonyme. Guerre sino-japonaise, population fuyant les bombardements, Shanghai, Chine, 1937. © CICR.

En haut

Anonyme. Auxiliaires « juniors » de la Croix-Rouge, guerre hispano-américaine, 1898. Archives CICR (DR).

Au milieu

Anonyme. Convoi d’ambulances, Pas-de-Calais, France, 1917. © IWM. Avec l’aimable autorisation du MICR.

En bas

Anonyme. Équipe d’ambulanciers de la Croix-Rouge, Sumatra, Indonésie, 1873.

Archives MICR (DR).

238

En haut à gauche

Anonyme. Affiche : Collecte annuelle, 1962.

Archives MICR (DR). © CICR.

En haut à droite

Anonyme. Affiche : helft aidez aiutate, 1960.

Archives MICR (DR). © CICR.

En bas à droite

Anonyme. Affiche : Centimes pour le centenaire

1863-1963. Arrêter la famine, 1963.

Archives MICR (DR). Dépôt FICR.

239
Pages suivantes Charbel Barakat. Liban, 2020. © CICR.

LËT’Z ARLES

ROMAIN URHAUSEN EN SON

TEMPS

Romain Urhausen

Né en 1930 à Rumelange, Luxembourg. Décédé en 2021 à Luxembourg, Luxembourg.

Entre 1950 et 1970, Romain Urhausen a été l’un des photographes les plus innovants au Luxembourg. Influencé par les courants humaniste français et subjectif allemand, il a participé à l’exposition d’Edward Steichen Postwar European Photography au MoMA de New York en 1953. Son travail a été présenté aussi dans d’autres expositions phares des années 1950, comme Subjektive fotografie 1 et 2 sous le commissariat d’Otto Steinert à Sarrebruck, au Grand Palais à Paris, ainsi qu’au musée Folkwang à Essen. Il a publié plusieurs livres en collaboration avec des poètes, notamment Les Halles avec Jacques Prévert en 1963. Parallèlement à son parcours de photographe, il a enseigné la photographie en Allemagne et en France. Il a également été architecte, designer et graphiste.

Prolifique, mais peu connue en France, l’œuvre photographique du pionnier luxembourgeois Romain Urhausen se distingue par son style singulier, entre l’école française humaniste et l’école allemande subjective des années 1950 et 1960, à laquelle il a contribué activement. Souvent prétexte à une exploration formelle et poétique, ses sujets photographiques, teintés aussi d’humour, vont au-delà d’une représentation classique de la réalité. Les thèmes qui rythment l’exposition montrent comment le quotidien, l’homme au travail, le paysage urbain, le nu ou l’autoportrait sont abordés selon une approche plasticienne et expérimentale. L’esthétique subjective, apprise chez Otto Steinert, a marqué le langage formel de Romain Urhausen, sa façon de traiter les contrastes et les cadrages, mais aussi sa manière de regarder autrement le monde. Cette vision est mise en évidence dans l’exposition, qui fait dialoguer les photographies de l’auteur avec celles de ses pairs, en créant de nouvelles « affinités électives ». Les autres photographes présentés sont : Monika von Boch, Kilian Breier, Edith Buch-Duttlinger, Henri Cartier-Bresson, Roger Catherineau, Charles Ciccione, Lucien Clergue, Robert Doisneau, Bernard Grasberg, Heinz Hajek-Halke, Siegfried Lauterwasser, Joachim Lischke, Otto Steinert. Paul di Felice

Exposition produite par Lët’z Arles, avec la collaboration du Centre national de l’audiovisuel, Luxembourg.

Papier peint Atelier SHL, Arles.

Publication Romain Urhausen, delpire & co, 2022.

Portrait Michel Medinger.

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Lieu Espace Van Gogh. Commissariat Paul di Felice.
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Sans titre, Esch-sur-Alzette, années 1950-1960. Avec l’aimable autorisation de l’artiste / AUTAAH. Collection du Centre national de l’audiovisuel.
244
Sans titre, années 1960. Avec l’aimable autorisation de l’artiste / AUTAAH. Collection du Centre national de l’audiovisuel.
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Sans titre, années 1950. Avec l’aimable autorisation de l’artiste / AUTAAH. Collection du Centre national de l’audiovisuel.
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Sans titre, années 1950-1960. Avec l’aimable autorisation de l’artiste. Collection de l’artiste.
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Sans titre, années 1950-1960. Avec l’aimable autorisation de l’artiste. Collection de l’artiste.

MITCH EPSTEIN EN

INDE, 1978–1989

Mitch Epstein

Né en 1952 à Holyoke, États-Unis.  Vit et travaille à New York, États-Unis.

Depuis un demi-siècle, Mitch Epstein photographie les paysages, les cultures et les états d’âme de l’Amérique. Il a notamment reçu le prix Pictet, le prix de Berlin et la bourse Guggenheim. Il vient d’intégrer l’Académie américaine des Beaux-Arts. Ses œuvres figurent dans les collections de nombreux musées, dont le Museum of Modern Art et la Tate Modern. En 2013, le Walker Art Center a présenté une adaptation théâtrale de sa série American Power. Ses ouvrages monographiques comptent Family Business (2003), American Power (2009), Berlin (2011), New York Arbor (2013), Sunshine Hotel (2019), In India (2021), Property Rights (2021), et Silver + Chrome (2022).

« Il m’est impossible de résumer en quelques mots tout ce que l’Inde m’a apporté, mais je dirais que ma vie là-bas m’a fait gagner en humilité, quand mon statut d’homme blanc issu de la classe moyenne américaine né après la guerre ne m’y prédisposait pas. Je l’ai acquise par la photographie et mes rencontres à travers cet immense pays, mais aussi en travaillant avec des Indiens. En 2020, dans le moment de calme imposé par la pandémie, j’ai revu mes planches-contacts. Il m’aura fallu être rentré en Amérique depuis plusieurs décennies pour vraiment voir l’Inde que j’avais photographiée. » Mitch Epstein

Entre 1978 et 1989, Mitch Epstein a effectué huit voyages en Inde et pris des milliers de photographies. Il en résulte un vaste corpus, où s’exprime de manière singulière le double point de vue de l’auteur sur une culture particulièrement complexe : pour son travail, il l’appréhende de l’extérieur, et pourtant ses liens familiaux lui permettent de la vivre de l’intérieur. Les images, dont beaucoup sont exposées ici pour la première fois, montrent un vaste ensemble de « sous-cultures » qu’Epstein a pu pénétrer, marquant son expérience approfondie et prolongée de l’Inde, où des mondes distincts convergent. L’installation de l’abbaye de Montmajour présente des tirages récents de ce travail, ainsi que deux des films sur lesquels Epstein a collaboré, avec la réalisatrice indienne Mira Nair, à l’époque son épouse : India Cabaret (1985), sur lequel Epstein était chef opérateur, et Salaam Bombay! (1988), sur lequel il était chef décorateur, coproducteur et chef opérateur deuxième caméra. « Il y avait ces femmes dans le documentaire India Cabaret, qui gagnaient leur vie comme strip-teaseuses et me parlaient de l’ambiguïté morale de leur métier », se souvient Epstein, « et aussi ces enfants de la rue, les acteurs non-professionnels de Salaam Bombay!, que parfois j’hébergeais et dont je m’occupais ».

Ces travaux rappellent une période qui semble à la fois lointaine et présente, complexe avec ses codes de castes, classes et religions, sources de tensions politiques, mais plus simple sans l’intrusion de la technologie numérique.

Lieu Abbaye de Montmajour. Exposition coproduite par les Rencontres d’Arles et la galerie Thomas Zander, Cologne. Prolongement en gare d’Avignon TGV avec le soutien de SNCF Gares & Connexions.

Tirages Griffin Editions, New York.

Papier peint Atelier SHL, Arles.

Encadrements Bilderrahmenwerkstatt Olaf Wissdorf, Cologne.

248
Publication In India, Steidl, 2021. Portrait Nina Subin.
249 Shravanabelagola, Karnataka , Inde, 1981. Avec l’aimable autorisation de l’artiste / Black River Productions, Ltd.
Galerie Thomas Zander [pour toutes les photographies].
/
250
Café, Bombay, Maharashtra , Inde, 1983. 251 Festival de Ganpati, Bombay, Maharashtra , Inde, 1981.
252 Peinture murale de Bollywood, Bombay, Maharashtra , Inde, 1983.
253
Rekha et Lovina, cabaret Meghraj, Bombay, Maharashtra , Inde, 1984.
254
Plage de Juhu, Bombay, Maharashtra , Inde, 1983.
255 Ahmedabad, Gujarat , Inde, 1981.

ARLES BOOKS

Personnel du British Museum nettoyant les livres des archives , Londres, Angleterre, 1932. Avec l’aimable autorisation de Imagno / Roger-Viollet.

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LES PRIX DU LIVRE 2022

Créés pour soutenir l’extraordinaire développement de l’édition photographique et contribuer à sa plus large diffusion, les prix du Livre des Rencontres d’Arles récompensent trois catégories d’ouvrages par le prix du Livre d’auteur, le prix du Livre historique et enfin le prix Photo-texte, soutenu et encouragé par la Fondation Jan Michalski pour l’écriture et la littérature, qui célèbre les relations entre textes et images.

Chaque prix est doté de 6 000 euros et récompense un ouvrage photographique publié entre le 1er juin 2021 et le 31 mai 2022.

Les ouvrages sont présélectionnés puis les lauréat·e·s des prix désigné·e·s par un pré-jury puis un jury composés d’expert·e·s du livre photographique.

Chaque ouvrage reçu est déposé à la bibliothèque de l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles. La présélection est présentée au public dans un lieu dédié durant toute la période du festival, et les lauréat·e·s sont annoncé·e·s pendant la semaine d’ouverture du festival.

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Lieu Espace Van Gogh. Grand partenaire : Fondation Jan Michalski pour l’écriture et la littérature. Avec le soutien de la Fnac pour le prix du Livre d’auteur.

DUMMY BOOK AWARD 2022

Les Rencontres d’Arles proposent depuis 2015 un prix d’aide à la publication d’une maquette de livre. Doté d’un budget de production de 25 000 euros, ce prix est ouvert à tout·e photographe et artiste émergent·e utilisant la photographie sur proposition d’une maquette de livre n’ayant jamais fait l’objet d’une publication. Une attention particulière est portée aux formes éditoriales expérimentales et novatrices.

Le Dummy Book Award a été décerné en 2021 à Moe Suzuki pour Sokohi, édité cette année par Chose Commune ; en 2020 à Yto Barrada et Bettina Grossman pour Bettina, édité cette année par Textuel, et qui fait l’objet d’une exposition dans le cadre du festival ; et en 2019, à Chow et Lin pour The Poverty Line.

Le ou la lauréat·e 2022 est annoncé·e durant la semaine d’ouverture.

259 Lieu Espace Van Gogh. Avec le soutien de la Fondation LUMA.
LUMA RENCONTRES

LES SATELLITES ARLES ASSOCIÉ

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Perrine Géliot. Chiapas, Mexique , 2022. Avec l’aimable autorisation de l’artiste.

LUMA JAMES BARNOR STORIES.

LE PORTFOLIO (1947–1987)

James Barnor

Né en 1929 à Accra, Ghana. Vit et travaille à Londres, Angleterre.

James Barnor ouvre son premier studio photographique à Accra (Ghana) en 1949. Actif également pour la presse, il photographie le mouvement qui mène le pays à son indépendance en 1957. Installé en Angleterre de 1959 à 1969, il documente l’expérience de la diaspora dans le Swinging London des sixties Il se forme à la photographie couleur, puis revient au Ghana en 1970 pour y diffuser cette technique. Du documentaire social à la commande publicitaire, en passant par la photographie gouvernementale dans les années 1980, James Barnor est resté un témoin inlassable, jamais partisan, du mouvement de l’histoire nationale. En 2021, la Serpentine Gallery, à Londres, lui a consacré une importante rétrospective.

L’exposition de James Barnor, présentée à LUMA dans le cadre des Rencontres d’Arles, offre une sélection inédite d’images, faite en collaboration avec l’artiste. La conception de ce portfolio, qui entrera dans la collection de la Fondation LUMA, s’inscrit dans son projet des Archives Vivantes. D’Accra à Londres et de Londres à Accra, de la fin de l’époque coloniale au début des années 1990, des portraits de studio aux commandes de presse, l’exposition offre un regard kaléidoscopique sur l’œuvre du photographe ghanéen, déjà présente dans les grandes collections internationales. En sus des images les plus célèbres, les visiteurs pourront découvrir une constellation de documents et de tirages d’époque, qui permettent une compréhension à la fois plus large et plus poussée de l’importance du travail de James Barnor dans l’histoire de la photographie mondiale, et appuient le statut d’archive du portfolio. Première rétrospective de James Barnor en France, cette exposition exceptionnelle offre un regard privilégié sur une carrière transcontinentale, qui continue à inspirer de nouvelles générations d’artistes.

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Lieu La Tour (parc des Ateliers). Portrait Renaud Monfourny.

Constance Mulondo, modèle pour Drum, au London University Weekend avec le groupe The Millionaires, Londres, 1967.

Avec l’aimable autorisation de l’artiste [pour toutes les photographies].

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Peter Dodoo, élève de yoga de M. Strong, Studio Ever Young, Jamestown, Accra, vers 1955.
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Sophia Salomon, fille du propriétaire de James Barnor, Accra, vers 1972.

PREMIÈRE ÉDITION DU PERNOD RICARD ARTS MENTORSHIP

SANDRA ROCHA PERRINE GÉLIOT

Sandra Rocha

Née en 1974 aux Açores, Portugal. Vit et travaille à Boulogne-Billancourt, France.

Depuis quelques années, la photographe Sandra Rocha, fascinée par les quatre éléments, développe un travail poétique sur le rapport entre les corps et la nature. Elle donne à voir dans ses images des univers aquatiques, des paysages vides ou de faux paysages, peuplés de jeunes imberbes ou d’animaux singuliers.

Perrine Géliot

Née en 1994, à Colombes, France. Vit et travaille à Paris.

Perrine Géliot travaille la photographie comme une matière, proposant des objets photographiques qui évoquent le voyage et le songe, dans une approche physique et contemplative. En 2018, elle expose à Bangkok après une résidence à la Silpakorn University. En 2021, elle participe à l’exposition Abès Fabès Kartoflyabès à Paris, et est sélectionnée pour une résidence de la fondation Tara Océan.

Deux artistes, un territoire commun. Deux visions, une exposition. Sandra Rocha (mentore), travaille l’image dans toutes ses dimensions (photographie, collages, vidéo), et Perrine Géliot (mentorée) conçoit des objets photographiques tridimensionnels. Elles forment le premier duo du nouveau programme de mentorat artistique du groupe Pernod Ricard. Ce tandem pluridisciplinaire s’est rendu au Mexique, dans le Chiapas, pour mettre en parallèle l’histoire du peuple Maya et l’anthropocène contemporain. L’effondrement, à l’aube du ixe siècle, d’une partie des puissantes cités de l’ancienne civilisation précolombienne serait notamment la conséquence d’un phénomène de surpopulation. En effet, pour assurer ses besoins alimentaires, le peuple mésoaméricain aurait mené une déforestation massive, raviné les sols, et mis en culture les collines, au détriment de la forêt tropicale, provoquant un dérèglement de l’environnement régional. Les artistes ont entrepris ensemble un voyage au cœur d’un riche patrimoine, conquis par une végétation luxuriante. L’élément aquatique étant au centre de leurs approches respectives, elles ont mené leur exploration autour de la cité de Palenque et de ses superbes chutes d’eau. À la fois point d’arrivée et nouveau départ, ces dernières représentent un flux d’énergie continu et incarnent avec force l’idée d’un mouvement perpétuel. Le somptueux site des cascades d’Agua Azul symbolise ainsi le début d’un nouveau cycle naturel, une forme d’infini qui touche à la transcendance et au sacré. C’est dans ce cadre spectaculaire et ritualisé, où cohabitent l’humain, l’animal, le végétal et le minéral, que Sandra Rocha et Perrine Géliot ont construit un récit poétique, qui abolit le cours du temps. Leur exposition immersive mêle photographie, vidéo, son et sculpture. Une expérience visuelle, sensorielle et philosophique.

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Lieu Commanderie Sainte-Luce. Direction artistique Fany Dupêchez. Exposition produite dans le cadre du programme Pernod Ricard Arts Mentorship. Portrait de Perrine Géliot Avec son aimable autorisation. Portrait de Sandra Rocha Ze Albergaria.

Toutes les photographies sont issues de la première édition du programme Pernod Ricard Arts Mentorship.

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En haut Perrine Géliot. Rê, pièce en hêtre massif doré à la feuille d’or, 2020. Avec l’aimable autorisation de l’artiste. En bas Sandra Rocha. Chiapas, Mexique, 2022. Avec l’aimable autorisation de l’artiste.
268 En haut et en bas
Sandra Rocha. Chiapas, Mexique, 2022. Avec l’aimable autorisation de l’artiste.
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Perrine Géliot. Chiapas, Mexique, 2022. Avec l’aimable autorisation de l’artiste.

DELPIRE & CO

BARBARA IWEINS

KATALOG

Barbara Iweins

Née en 1974 à Bruxelles, Belgique. Vit et travaille à Bruxelles, Belgique.

Collectionneuse névrosée, comme elle se définit elle-même, Barbara Iweins est une photographe belge qui a débuté sa carrière artistique à Amsterdam. Influencée par le travail de Sophie Calle et fascinée par la vulnérabilité des humains, elle passe son temps à repousser les limites de l’intime. Pour sa série Au coin de ma rue, elle est entrée petit à petit dans la vie privée d’inconnus. Dans 7AM/7PM, elle a invité ces mêmes inconnus à dormir chez elle, pour capturer l’innocence et la fragilité au moment où ils se réveillent. À son retour à Bruxelles, elle a pour la première fois exploité sa propre vie privée pour une étude de cas : Katalog

Barbara Iweins a déménagé onze fois dans sa vie et, chaque fois, la quantité d’objets à emballer l’a terrifiée. Pendant deux ans, à raison de quinze heures par semaine, elle a mis en scène et photographié, sans filtre ni sélection préalable, les 12 795 objets de sa maison. Ensuite, par une classification rigoureuse, elle les a répertoriés selon leur matériau, leur couleur, leur degré d’utilisation (une fois par semaine, par mois, tous les jours, jamais…), et en a isolé les essentiels, qu’elle nous présente accompagnés de courtes histoires ciselées, aussi drôles qu’émouvantes. Un autoportrait sensible et intime d’une femme moderne. Une exposition de soi poussée à son paroxysme.

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Lieu Photosynthèses. Commissariat Emmanuelle Kouchner. Scénographie Anna Toussaint. Publication Katalog, delpire & co, 2022. Portrait Avec l’aimable autorisation de l’artiste.
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Salle de bain, série Katalog. Avec l’aimable autorisation de l’artiste [pour toutes les photographies].
273 Trench, série Katalog.

FISHEYE IMMERSIVE

LE VOILE INTERPOSÉ

Joan Fontcuberta et Pilar Rosado, Obvious (Hugo Caselles-Dupré, Pierre Fautrel, Gauthier Vernier), Pussykrew (Ewelina Aleksandrowicz, Andrzej Wojtas).

Depuis 2016, Fisheye explore l’image immersive dans toutes ses dimensions au sein des Rencontres d’Arles. Avec l’explosion médiatique en 2021 des termes « métavers » et « NFT », il nous est apparu évident qu’il fallait questionner ces notions et leur rapport au réel. L’exposition Le voile interposé met au défi notre capacité à distinguer la frontière entre le réel et le virtuel. Le titre fait référence à une formule de François-René de Chateaubriand : « le temps est un voile interposé entre nous et Dieu, comme notre paupière entre notre œil et la lumière ». Il renvoie aussi aux écrits de William Burroughs, notamment Le Festin nu, où les frontières sont brouillées, à travers l’usage de l’alcool et des pyschotropes. Présentant des œuvres inédites de Joan Fontcuberta, du collectif Obvious et du duo Pussykrew, Le voile interposé nous interroge sur ce que l’évolution des technologies immersives nous promet et ce que nous en souhaitons réellement.

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Lieu Couvent Saint-Césaire. Commissariat Benoit Baume.

Ci-dessus et page suivante

Joan Fontcuberta et Pilar Rosado. Série Magnifique agonie, 2021. Avec l’aimable autorisation des artistes.

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Pussykrew. Le bonheur de l’effondrement métamorphique, 2018. Avec l’aimable autorisation des artistes.

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ASSOCIATION DU MÉJAN

KATRIEN DE BLAUWER

LES PHOTOS QU’ELLE NE MONTRE À PERSONNE

Katrien De Blauwer

Née en 1969 à Renaix, Belgique. Vit et travaille en Belgique.

Après des études de peinture à Gand, Katrien De Blauwer étudie la mode durant deux ans à la Royal Academy d’Anvers, avant de se lancer dans ses premiers livres de collage. Elle construit depuis plus de vingt ans une œuvre importante et puissante, reconnue aujourd’hui au niveau international. Elle est représentée par la galerie Les Filles du Calvaire (Paris) et la galerie Fifty One (Anvers).

Ne dites surtout pas à Katrien De Blauwer qu’elle fait des collages : « Disons que je suis une photographe sans appareil. La coupe est comparable chez moi au déclic de l’appareil photo. » Elle coupe, colle, assemble, enfreint, colore, manipule des photographies issues d’anciens magazines qu’elle collectionne. Proches du photomontage ou du montage cinématographique, ses œuvres recèlent une intense charge narrative. Liées à la mémoire et à son histoire personnelle, mais, paradoxalement, aussi intimes qu’anonymes, elles deviennent le scénario possible de tout un chacun.

« Ce que déterre Katrien De Blauwer dans ses images en noir et blanc c’est l’archéologie d’une ambiguïté. Cette ambiguïté du désir, elle ne la barre pas d’un coup de cutter rageur : au contraire, elle l’intéresse. Elle la travaille au maximum. Elle l’affine, la rend coupante » (Philippe Azoury). Les Photos qu’elle ne montre à personne rassemble dix ans de création en un livre et une exposition d’une ampleur inédite.

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Lieu
Publication Les Photos qu’elle ne montre à personne, Textuel, 2022. Portrait
Croisière.
Millie Grace Horton.
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Commencer (62), 2020. Avec l’aimable autorisation de l’artiste, la galerie Les Filles du Calvaire et la galerie Fifty One [pour toutes les œuvres].
280 Commencer (68), 2020.
281 Sleeping Beauties (55), 2021.

ASSOCIATION DU MÉJAN JOAN FONTCUBERTA ET PILAR ROSADO

DÉJÀ‑VU

Joan Fontcuberta

Né en 1955 à Barcelone, Espagne. Vit et travaille à Barcelone, Espagne.

Joan Fontcuberta a développé une activité à la fois artistique et théorique centrée sur les conflits entre nature, technologie, photographie et vérité. Récemment, il a exploré la nouvelle culture visuelle à l’aune de l’impact des outils technologiques et de l’intelligence artificielle.

Pilar Rosado

Née en 1965 à Barcelone, Espagne. Vit et travaille à Barcelone, Espagne.

Pilar Rosado est titulaire d’un doctorat en beaux-arts et d’un master en biologie. Elle s’intéresse à la manière dont les nouvelles technologies peuvent modifier notre perception du monde, mais également aux possibilités créatives qui sont à notre portée.

Lorsque la caméra et l’œil commencent à être remplacés par les algorithmes et l’intelligence artificielle, il est nécessaire de repenser le rôle des images qui ont jusqu’à présent contribué à forger notre sensibilité. Réalisé en 2021 dans le cadre d’une résidence hors les murs du festival Planches Contact, le projet Déjà-Vu consiste à appliquer la technologie des réseaux antagonistes génératifs à un jeu de données composé de la totalité des œuvres des collections des Franciscaines de Deauville. Un algorithme détermine alors les motifs les plus répétés dans les collections et devient capable de créer de nouvelles œuvres. Cette expérience questionne les notions « d’artiste », de « commissaire d’exposition » et de « conservateur de musée ». Mais dans ce processus, le plus intéressant, ce sont les erreurs du système lui-même : les tests ratés, les étapes intermédiaires, l’inconscient technologique qui surgit à travers des accidents. Nous retrouvons l’ancien paradigme désacralisant de la créativité et de l’art : le sens d’une image ne réside pas dans son origine mais dans sa destination. Ainsi, dans une certaine mesure, tout est « déjà-vu ».

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Lieu Croisière. Portrait Mar Sorribas.
283 Pages 283 à 285
Joan Fontcuberta et Pilar Rosado. Série Déjà-Vu, 2021. Avec l’aimable autorisation des artistes.
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ASSOCIATION DU MÉJAN

KLAVDIJ SLUBAN

SNEG

Klavdij Sluban

Né en 1963 à Paris, France. Vit et travaille à Paris, France.

Klavdij Sluban travaille sur des cycles au long cours, en marge de l’actualité immédiate, et souvent empreints de références littéraires. Des Balkans aux îles Kerguelen, sa vision prend vie dans des lieux désertés voire inhabitables. Depuis 1995, il mène un travail unique dans les prisons pour adolescents. Lauréat de nombreuses récompenses (Prix Niépce en 2000, Artiste de l’année en Corée du Sud en 2017), il a exposé dans des institutions majeures (Centre Pompidou, Maison européenne de la photographie, Metropolitan Museum of Photography de Tokyo), et publié notamment Balkans Transit (texte de François Maspero), et East to East (texte de Erri De Luca).

Elle parcourt toute l’œuvre de Klavdij Sluban, comme un personnage récurrent. La neige, sneg dans sa langue maternelle, le slovène, est le compagnon de route – c’est un nom masculin –avec qui le photographe, inlassable, dialogue durant ses marches. Présente, vivante, organique, le portrait qu’en fait Klavdij Sluban est un éloge, en miroir de celui qui a grandi avec elle. Si « le photographe a la nostalgie de la neige maternelle de l’enfance qui le rebordait dans son coin de terre », écrit Erri De Luca sur le lien qui unit ces deux êtres, « la neige est devenue une lèpre blanche, elle ne recouvre pas le sol, elle le ronge. Son silence est devenu oppressant ».

Cet hommage rassemble près de vingt-cinq ans d’images, nourries de l’imaginaire que véhicule le mot, au gré des pays traversés : la Chine, l’Estonie, la Finlande, le Japon, la Lettonie, la Lituanie, la Mongolie, la Pologne, la Russie, la Slovénie, et la Suède.

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Lieu Croisière. Portrait Tereza Kozinc.

Ci-dessus

Kiev, Ukraine, 2000, série Autour de la mer Noire – Voyages d’hiver

Pages suivantes

Pologne, 2005, série East to East. Avec l’aimable autorisation de l’artiste [pour toutes les photographies].

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ASSOCIATION DU MÉJAN JULIA GAT JULIEN GESTER COLLECTION 48 VUES

Julia Gat

Née en 1997 à Jérusalem, Israël. Vit et travaille à Marseille, France.

À la croisée du documentaire et du portrait, Julia Gat explore dans son travail l’interaction humaine. Exposée au musée de la Photographie des Pays-Bas (2021-2022), la série Khamsa khamsa khamsa a remporté le prix ISEM Jeune Photographe (2020) et le prix du public Steenbergen Stipendium (2021).

Julien Gester

Né en 1986 à Strasbourg, France. Vit et travaille à New York, États-Unis.

Avant de publier celles qu’il fabrique, Julien Gester a beaucoup écrit sur les images, notamment depuis dix ans dans Libération. Sa série World Cut a été présentée dans le cadre de la Nuit de l’année aux Rencontres d’Arles 2019. Cette fin du monde… est son premier livre.

La nouvelle collection « 48 vues » proposée par Actes Sud traduit l’envie de se délester des codes du beau livre traditionnel pour imaginer des objets légers. Elle explore des formats évolutifs ajustés à chaque œuvre, dans le souci de révéler une écriture singulière, un regard sensible et intimiste sur le monde. Elle investit un champ d’expression de la photographie contemporaine traversé par l’expérimentation, la recherche permanente, les cheminements sans destination.

Julia Gat construit depuis l’âge de treize ans son écriture photographique, loin des bancs de l’école, en posant son regard sur son entourage : Khamsa khamsa khamsa est un récit visuel autobiographique déployé sous la forme d’une archive familiale.

Avec la série Cette fin du monde nous aura quand même donné de beaux couchers de soleil, Julien Gester constitue d’énigmatiques diptyques, dans l’indécision d’un instant capté à l’autre, créant une multitude de narrations et de fictions possibles.

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Lieu Croisière. Portrait de Julia Gat Welmoed Bosch. Portrait de Julien Gester Mahka Eslami.
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Julia Gat. Michael, France, 2016. Avec l’aimable autorisation de l’artiste.
292
Julia Gat. Michael, Israël, 2019. Avec l’aimable autorisation de l’artiste.
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Julien Gester. Sans titre. Avec l’aimable autorisation de l’artiste.

FONDATION MANUEL RIVERA-ORTIZ DRESS CODE

Liza Ambrossio (1993), Michela Benaglia (1980), Delphine Blast (1981), Robin Block de Friberg (1995), Manon Boyer (1993), Elina Brotherus (1972), Daniel Castro García (1985), Bruno Cattani (1964), Antonio d’Ambrossio (1955), Sanne de Wilde (1987), Alexandre Dupeyron (1983), Amin El Dib (1961), Benoît Feron (1962), Jeanne Frank (1984), Ching-Yuan Hsu (1956), Sara Imloul (1986), Phumzile Khanyile (1991), Bénédicte Kurzen (1980), Lawrence Lemaoana (1982), Lila Neutre (1989), Frédéric Noy (1965), Mathieu Richer Mamousse (1989), Torsten Schumann (1975), Collectif fiVe, Tendance Floue, artistes ukrainien·ne·s en résidence.

Le programme Dress Code réunit une quarantaine d’artistes proposant des regards singuliers sur l’identité et le vêtement dans le monde, à travers notamment les Drag Queens à New York, les jumeaux au Nigéria, les rituels vaudous au Bénin et au Togo, les femmes zapotèques au Mexique, mais aussi des investigations photographiques plus personnelles. L’habit peut susciter le désir en sublimant le corps humain, notamment par la parure, il peut aussi révéler des codes et des normes, il peut enfin être vecteur d’émancipation ou de revendication. Des rites aux marqueurs de genre, la vingtaine d’expositions questionne cette relation entre le vêtement et l’identité, à l’échelle individuelle comme collective. Ce programme est complété par Sein und Schein (« être et paraître »), exposition proposée par Fotohaus, et Fragiles, projet choral de Tendance Floue, habité par les secousses qui traversent notre époque.

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Lieu Fondation Manuel Rivera-Ortiz. Direction artistique Florent Basiletti. Commissariat Marc Barbey, Anne-Marie Beckmann, Christel Boget, François Delvoye, Émilie Demon, Agathe Kalfas, Klaus Kehrer, Chiara Ruberti, Enrico Stefanelli, Yi-Hua Wu.
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Daniel Castro García. Catane, Sicile, Italie, août 2017. Avec l’aimable autorisation de l’artiste.
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Bénédicte Kurzen & Sanne De Wilde. Le Pays des Ibeji, 2018. Avec l’aimable autorisation des artistes.
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Bruno Cattani. Costume de danse de la mascarade Vodoun Egungun, Bénin, 2019. Avec l’aimable autorisation de l’artiste.

MUSÉE RÉATTU

JACQUELINE SALMON

LE POINT AVEUGLE.

PÉRIZONIUMS : ÉTUDE ET VARIATIONS

Jacqueline Salmon

Née en 1943 à Lyon, France. Vit et travaille entre Paris et Lozanne, France.

Jacqueline Salmon se consacre à la photographie depuis 1981. Son œuvre interroge les relations entre l’histoire, l’architecture, l’art en général et la philosophie. Elle publie de nombreux livres en collaboration avec des philosophes et écrivains (Hubert Damisch, Jean-Louis Schefer, Michel Poivert) et assure régulièrement des commissariats d’exposition. Parallèlement à ses commandes et résidences artistiques, elle enseigne à l’université Paris VIII et dans les écoles d’architecture de Saint-Étienne et Lyon. Ses photographies sont présentes dans de nombreuses collections publiques (musée national d’Art moderne, Fonds national d’art contemporain, musée Réattu).

Attaché à la figure du Christ, le périzonium est un voile de pudeur élevé au rang de relique. Son imagerie a été codifiée par la théologie, influencée par la mode civile ou inventée de toute pièce par les artistes, qui ont livré d’infinies variations sur la manière de le draper. Il est donc un formidable marqueur de l’évolution des mentalités occidentales face à la représentation du corps christique, à la fois humain et divin. Pourtant, il constitue un « point aveugle » dans l’histoire de l’art, un non-sujet par rapport à d’autres motifs de la Passion. En constituant, à l’aide de son appareil, un ensemble vertigineux de photographies sur le périzonium, grâce à des prises de vues et à la collecte d’images classées par typologies de drapés, Jacqueline Salmon traverse dix siècles de peinture, sculpture, dessin et gravure, en se laissant guider par son seul regard. Elle fait du cadrage et de la composition son principal outil d’analyse et donne un statut nouveau à la photographie d’œuvre d’art, considérée non plus comme un outil de reproduction, mais bien comme un médium d’interprétation.

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Lieu Musée Réattu. Commissariat Andy Neyrotti. Exposition produite par la Ville d’Arles. Portrait Didier Michalet.
299 Le point aveugle.
l’aimable autorisation de l’artiste
Bellini. Avec
[pour toutes les photographies].
300 Le point aveugle.
Fra Angelico
301

MUSÉE DE LA CAMARGUE

LIONEL ROUX

ODYSSÉE PASTORALE

Lionel Roux

Né en 1970 à Arles, France.

Vit et travaille à Arles, France.

Photographe autodidacte, Lionel Roux travaille depuis le milieu des années 1990 sur le monde pastoral, dont il est issu. Il a publié Odyssée pastorale (2009), Transhumance (2013) et Pasteur Paysage (2016), avant de réaliser son premier film documentaire pour la télévision, Les Bergers du futur (2018). Il est désormais engagé dans des projets de photographie archéologique avec le CNRS et le Centre Camille Jullian, au sein de la Maison méditerranéenne des sciences de l’homme.

Fils et petit-fils de berger, le photographe Lionel Roux capte, pour la restituer en images, la puissance silencieuse qui se perpétue sous les formes actuelles de la vie pastorale, cette force vitale forgée dans le contact des hommes et des bêtes partageant la même condition. Par le chemin qui nous relie à notre lointaine origine – celle d’une humanité ne connaissant en matière de temps que celui du cycle des saisons et de proximité que celle de la nature et des bêtes –, Lionel Roux documente son pays natal, cet espace nommé « Provence » ou « pays d’Arles ». C’est un territoire très contrasté, blanc, vert, ocre, désertique, marécageux, plat, escarpé , où Alpilles, Crau, Camargue, littoral, zones urbaines et industrielles se touchent, se frottent et se frictionnent.

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Lieu Musée de la Camargue. Portrait Sunghee Lee.

En haut

Carpates, Roumanie, 1998, série Odyssée pastorale

En bas

Golfe de Lava, Corse, France, 1999, série Odyssée pastorale

Pages suivantes

Banlieue de Madrid, Espagne, 1995, série Odyssée pastorale.

Avec l’aimable autorisation de l’artiste [pour toutes les photographies].

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Lucien Clergue. Draga en robe à pois, SaintesMariesdelaMer , 1957. Avec l’aimable autorisation de l’Atelier Lucien Clergue.
LES SATELLITES GRAND ARLES EXPRESS

AIX-EN-PROVENCE

MUSÉE GRANET BERNARD PLOSSU FRANÇOIS-MARIUS GRANET ITALIA DISCRETA

Les photographies de Bernard Plossu sont aujourd’hui connues dans le monde entier pour leurs beautés singulières, qui ne cessent de nous poser des questions. Ce photographe-voyageur, qui a parcouru le monde, s’est arrêté de nombreuses fois en Italie, comme si c’était son véritable port d’attache. C’est Rome et ses alentours que le musée Granet propose de redécouvrir sous l’objectif de Plossu, mais aussi sous les pinceaux de François-Marius Granet (1775-1849), peintre éponyme du musée, éperdument amoureux de Rome et de l’Italie en général. Ces regards mêlés, à plus de deux siècles de distance, nous révèlent une sensibilité proche, des intérêts similaires pour le paysage, le traitement de la lumière, mais aussi les cadrages et les motifs. Rome se révèle ainsi en clair-obscur dans les lavis et aquarelles de Granet, et chez Plossu en noir et blanc ou en couleurs, baignée d’une lumière singulière propre au procédé de tirage au charbon que le photographe privilégie.

ESPACE CULTUREL DÉPARTEMENTAL 21, BIS MIRABEAU LE LANGAGE SILENCIEUX

Diane Arbus, Harry Callahan, Donigan Cumming, Philip-Lorca diCorcia, Rineke Dijkstra, Nan Goldin, Emmet Gowin, Bertien Van Manen, Robert Mapplethorpe, Ralph Eugene Meatyard, Helmut Newton, Martin Parr, Man Ray, Bettina Rheims, Alice Springs, Henry Wessel. Constituée d’une cinquantaine d’œuvres iconiques du xxe siècle issues de la collection de la Maison européenne de la photographie, l’exposition Le Langage silencieux propose d’explorer les différents types de relations qui existent entre le photographe et son modèle. Photographies intimes, œuvres collaboratives, portraits de commandes, et même images volées y sont rassemblées, réalisées par des photographes d’époques et d’origines géographiques différentes, pour aborder les rencontres et histoires singulières qui fondent la représentation de l’Autre.

Commissariat : Clothilde Morette. Exposition organisée par le Conseil départemental des Bouches-du-Rhône et la Maison européenne de la photographie.

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AVIGNON COLLECTION

LAMBERT BIENVENUE DANS LE DÉSERT DU RÉEL

Par cette phrase prononcée au début du film Matrix, largement inspiré de la pensée de Jean Baudrillard – « le simulacre est vrai » –, Morpheus invite Neo à prendre conscience de la réalité d’un monde dont il ne percevait jusqu’alors que la représentation faussée, créée de toute pièce par la Matrice. Vingt ans après la sortie de ce film, au moment où la diffusion de l’information est sous la pression de données numériques envahissant notre quotidien de manière incontrôlée, la question du réel et de sa représentation s’impose comme un des enjeux majeurs de nos vies contemporaines. En infiltrant les dispositifs et les récits à l’œuvre dans le monde de l’imagerie de masse (cinéma, presse, mythes contemporains), en concevant des œuvres dont les significations multiples nous invitent à une distanciation critique face à la représentation du réel, ou en s’attachant au réel dans sa forme la plus brute, les artistes présenté·e·s dans cette exposition nous invitent avec une indéniable poésie à douter de la nature des images que nous rencontrons.

Commissariat : Stéphane Ibars.

CHÂTEAUVERT

CENTRE D’ART CONTEMPORAIN DE CHÂTEAUVERT LÉNA DURR HABITATS SAUVAGES

S’il n’en existe pas de définition consacrée, la notion d’habitats sauvages, choisie par Léna Durr pour qualifier les lieux de vie des personnes qu’elle est allée rencontrer, permet d’embrasser la complexité de son approche et l’hétérogénéité des situations observées. Par opposition à la notion de domestique, qui renvoie à l’idée de la maison conventionnelle, celle de sauvage témoigne d’une volonté de s’inscrire dans un mode d’habiter non-conventionnel. Le sauvage, c’est ce qu’on ne connaît pas, ce qui n’a pas été domestiqué. À travers ses portraits de personnes qui vivent dans des habitats sauvages, Léna Durr s’appuie sur un travail ethnographique et documentaire pour déployer un récit intime et bienveillant, dans lequel elle donne à voir des parcours et des modes de vie, échappant aux règles établies, en décalage et en résistance face à des normes imposées, des territoires instables où les notions de richesse, de bonheur et de temps libre sont remises en question.

A. Telliez-Moreni

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En haut Rineke Dijkstra, Île de Hilton-Head, Caroline du Sud, États-Unis, 24 juin 1992 [exposition Le Langage silencieux]. Avec l’aimable autorisation de l’artiste. En bas Bernard Plossu. Île de Capraia, 2014. Avec l’aimable autorisation de l’artiste.
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Slater Bradley. Mon double Ian Curtis dans une pose de charlatan (cigarette et arbre), 2000 [exposition Bienvenue dans le désert du réel ]. Avec l’aimable autorisation de l’artiste.

RÉPARADE

CHÂTEAU LA COSTE MARY M c CARTNEY UN MOMENT D’AFFECTION

Un moment d’affection est la première exposition monographique en France de la photographe britannique Mary McCartney. Après une période très difficile sans contact physique, Un moment d’affection rassemble des œuvres couvrant une durée de trente ans et révélant une motivation durable au cœur de la pratique de l’artiste : enquêter de manière sensible mais obstinée sur les manifestations intimes de la connexion profonde. Des danseurs aux chevaux, en passant par les lits défaits ou la pratique consistant à faire du pied, son appareil photo magnifie les moments d’affection sans les perturber. Entre voyeurisme et célébration, les résultats de son enquête fonctionnent autant comme des éléments autonomes que des invitations adressées aux spectateurs.

MARSEILLE

CENTRE PHOTOGRAPHIQUE MARSEILLE

THOMAS MAILAENDER LUMIÈRE PASSION

On connaissait Thomas Mailaender en franc-tireur de l’exposition, en pirate de la technique, en collectionneur de bizarreries, bref, en bandit des grands chemins de l’art ; le voilà qui se présente à nous sous la double casquette de l’artiste industrieux et du contremaître. Il entend enduire, insoler, couper, coller, tirer, relier, projeter, plonger, recycler, détruire, et, d’un même mouvement, exposer tous ces faits et gestes. Une fabrique donc, au beau milieu du Centre Photographique Marseille, qui tourne à plein temps et à plein régime. Là où, dans les musées, on accorde au moins un jour de repos aux œuvres pour les laisser respirer, Mailaender fera du sans relâche, 24/7, et avec lui quelques mains et têtes supplémentaires. Un joyeux bazar organisé par l’artiste, nommé comme l’une de ces boutiques photographiques des Trente Glorieuses : Lumière Passion. À tout prendre, on devrait s’y sentir comme dans une fête foraine, dans la chambre risquée d’un chimiste en herbe ou dans le garage fourmillant d’un mécanicien amateur.

Guillaume Blanc

Commissariat : Erick Gudimard. Exposition réalisée en partenariat avec la Réserve des Arts, Marseille.

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LE PUYSAINTE-

FRAC

PROVENCEALPES - CÔTE D’AZUR APICHATPONG

WEERASETHAKUL

FEUX D’ARTIFICE (ARCHIVES)

Le court-métrage Feux d’artifice (Archives) (2014), acquis par le Frac en 2021, est une installation filmique où, comme souvent dans le cinéma de l’auteur thaïlandais, la mémoire côtoie d’autres éléments éphémères, tels que la lumière ou les apparitions fantomatiques. Comme un contrepoint au long-métrage Cemetery of Splendour, empreint d’une lente et lumineuse mélancolie, Feux d’artifice (Archives) fonctionne comme une machine à mémoire hallucinatoire. La nuit recouvre l’écran. Sur fond de crépitements pyrotechniques défile en fulgurances lumineuses tout un inventaire de sculptures fantastiques et géantes d’animaux, de créatures hybrides et de divinités, hôtes du parc Sala Keoku, à Nong Khai, au nord-est de la Thaïlande. Pour le cinéaste, ces statues témoignent d’une forme de révolte contre la longue histoire d’oppression du pays : « Elles commémorent la destruction et la libération de la terre ».

MUCEM MATHIEU PERNOT L’ATLAS EN MOUVEMENT

L’Atlas en mouvement présente les travaux réalisés depuis plus d’une dizaine d’années par Mathieu Pernot avec des migrants, et propose une nouvelle perspective dans la manière de les représenter. L’astronomie, la botanique, l’anatomie, la cartographie, l’histoire de l’écriture, la question de l’habitat sont convoquées dans cet atlas, comme un savoir commun à l’ensemble de l’humanité. Mêlant photographies, vidéos, supports manuscrits, cartes et objets trouvés, Mathieu Pernot propose une nouvelle forme de récit, où l’histoire partagée se raconte à plusieurs voix. De Mossoul à Alep, de Lesbos à Calais, en passant par Paris, L’Atlas en mouvement traverse les temps et les territoires de l’exil, et part à la rencontre de celles et ceux qui ont la force de l’espoir.

Publication : L’Atlas en mouvement , Mucem / Textuel, 2022.

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Mary McCartney, Arbres enlacés, Sussex, 2021. Avec l’aimable autorisation de l’artiste.

En haut Apichatpong Weerasethakul. Image extraite de l’installation vidéo Feux d’artifice (Archives), 2014. Collection Frac Provence-Alpes-Côte d’Azur.

En bas Mathieu Pernot. Camp de Mória, Lesbos, Grèce, 2020. Avec l’aimable autorisation de l’artiste.

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NÎMES

CARRÉ D’ART NAIRY BAGHRAMIAN PARLOIR

Au cours des deux dernières décennies, Nairy Baghramian a créé des sculptures, des œuvres photographiques et des dessins, qui explorent les relations entre l’architecture, les objets quotidiens et le corps humain. Son œuvre confronte les idées préconçues de fonctionnalité, de décoration, d’abstraction, de domesticité et de féminisme. Pour cette première exposition personnelle dans un musée français, Baghramian associe des œuvres historiques à des pièces de création récente. C’est comme si les salles du Carré d’Art, disposées le long d’un parcours, avaient été scannées ou remesurées, puis examinées en fonction de leur fonction architecturale spécifique et de leur forme représentative. Les œuvres s’accrochent aux angles, servent à séparer des parties de la pièce ou rendent complètement inaccessibles des pièces relativement périphériques. Chacune des huit salles d’exposition reste autonome dans la juxtaposition individuelle du spectateur et de l’objet, dans le contexte de la dynamique spatiale.

SAM CONTIS TRANSIT

Première exposition personnelle de Sam Contis dans une institution française, Transit présente des œuvres récentes issues de trois séries, dont des photographies couleur à grande échelle, des tirages gélatino-argentiques à échelle réduite, et une projection vidéo. Elle montre l’intérêt récurrent de l’artiste pour le corps en mouvement, dans le paysage, et dans des états transitoires d’identité.

JULIEN CREUZET NUAGE, GLOIRE NUAGEUSE

Les œuvres de Julien Creuzet laissent entrevoir des histoires douloureuses, à la fois personnelles et plus universelles, sans qu’il soit possible de séparer les unes des autres. Il place au cœur de ses installations le lien entre identités et économies, qu’il s’agisse de trajectoires transatlantiques d’Antillais ou de celles de migrants du Sud. Les œuvres de Julien Creuzet sont aussi des offrandes, qui signifient des possibilités inattendues du monde. La vidéo Nuage, gloire nuageuse est une transe, un conte où se rencontrent différents imaginaires. Il y sonde subtilement et poétiquement un autre aspect de la colonisation, le commerce : l’exploitation des ressources naturelles, de créatures vivantes, de la faune et de la flore, d’hommes et de femmes.

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MOUGINS CENTRE DE LA PHOTOGRAPHIE DE MOUGINS

TOM WOOD EVERY DAY IS SATURDAY (PORTRAITS ANGLAIS)

Entre 1978 et 2001, le photographe d’origine irlandaise Tom Wood, dont la famille s’est installée en Angleterre, arpente Liverpool, en compagnie d’un Leica 35 mm. Il prend le parti de dresser un portrait de la ville et de ses habitants, le petit peuple, une cohorte de gens simples, sans autre ambition que de les saisir à vif. Mais il est aussi l’un d’entre eux – un acteur conscient du rôle émancipateur de la photographie. Rien ne disposait Tom Wood à ce médium. Fasciné d’abord par le cinéma expérimental, il découvre seul la photographie. Un autodidacte, donc, qui restera fidèle à la chimie, au papier et à la chambre noire, mettant en place un registre personnel unique, entre analyse distanciée et empathie, entre document et art, une photographie à l’instinct, qui mêle la rudesse des scènes à la tendresse pour ses personnages.

Commissariat : Yasmine Chemali, François Cheval, Jérôme Sother. Exposition coproduite avec le centre d’art GwinZegal, Guingamp.

PORT-DE-BOUC

CENTRE D’ARTS PLASTIQUES FERNAND LÉGER

CATHERINE CATTARUZZA JE PLIE LA TERRE

Dans Je plie la terre (I am folding the land) (France, Liban, 2022), Catherine Cattaruzza explore sa relation aux convulsions du monde, avec le Liban comme épicentre. C’est au travers du parcours qui l’a menée le long des trois failles sismiques majeures de ce pays qu’elle propose une traduction de ces paysages. Son travail se nourrit de territoire, de trace, d’identité et de mémoire. Elle interroge le paysage dans ses dimensions politique et poétique, sur ce qu’il nous dit du monde, de la transformation du territoire physique, et de la pensée qui lie le visible à l’invisible. L’instabilité permanente du Liban a amené l’artiste à travailler avec des pellicules périmées depuis 1992, une année charnière qui, à la fin de la guerre démarrée en 1975, voit la mise en place du système politique, économique et social ayant conduit à l’effondrement actuel de l’État. La péremption de ces pellicules met en avant l’intangible, l’incontrôlable, axes conceptuels forts qui participent du basculement et de l’effacement de ces paysages et nous racontent leur état de liminalité.

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En haut

Nairy Baghramian. Portrait (tête fumante de l’artiste conceptuel, doublure), 2016.

Photo de Timo Ohler. Avec l’aimable autorisation de l’artiste / Galerie Marian Goodman / Kurimanzutto.

En bas

Sam Contis. Exercice de confiance, 2018. Avec l’aimable autorisation de l’artiste et de la galerie Klaus von Nichtssagend.

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Tom Wood. Ce n’est pas Miss New Brighton, Brighton, 1978-1979. Avec l’aimable autorisation de l’artiste.

SAINT-RÉMYDE-PROVENCE

MUSÉE ESTRINE JOHN STEWART NATURE MORTE

Né à Londres en 1919 et élevé à Paris, John Stewart a été combattant britannique pendant la Deuxième Guerre mondiale et détenu par les Japonais durant trois ans. Henri Cartier-Bresson, rencontré par hasard, l’encourage à continuer après avoir vu ses portraits de Picasso, Braque et Matisse réalisés avec son premier appareil photo. À New York, en 1951, il travaille pour le Harper’s Bazaar avant

de collaborer à Fortune Magazine et à diverses revues de mode, et photographie des personnalités comme Andy Warhol et Muhammad Ali. Conseiller technique sur le tournage du Pont de la rivière Kwaï, il retourne souvent fixer les paysages asiatiques sur sa pellicule, puis s’installe en France en 1965 et travaille pour Vogue et Elle. En 1976, il tourne définitivement le dos à la mode et la publicité pour se lancer dans une recherche personnelle sur les natures mortes photographiques, qu’il continuera jusqu’à son décès en 2017.

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John Stewart. Coton et lierre, 2000. Collection privée.

TOULON MAISON DE LA PHOTOGRAPHIE, GALERIE DES MUSÉES, CABINET D’ART GRAPHIQUE –  MUSÉE D’ART DE TOULON

LUCIEN CLERGUE LE MÉDITERRANÉEN

L’Arlésien Lucien Clergue débute très tôt sa carrière. Ses rencontres avec Picasso et Cocteau entraînent de nombreuses collaborations et lui ouvrent de nouveaux horizons. Dès 1957, il publie son premier livre, Corps Mémorables. En 1961, il expose au MoMA à New York. En 1969, il crée avec Jean-Maurice Rouquette et Michel Tournier les Rencontres

Internationales de la Photographie d’Arles. À travers une centaine de tirages réunis dans les trois principaux lieux d’exposition de la ville de Toulon, l’exposition Lucien Clergue, le Méditerranéen nous offre une nouvelle lecture de l’œuvre du premier photographe élu à l’Institut de France en 2006. Elle permet d’entrer dans son univers et de décrypter son langage poétique en noir et blanc, par le prisme de son attachement au territoire méditerranéen.

Commissariat : Anne Clergue.

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Lucien Clergue. Cocteau aux ailes de sphinx, Le Testament d’Orphée, 1959. Avec l’aimable autorisation de l’Atelier Lucien Clergue.

SEMAINE D’OUVERTURE

Parade foraine de la foire du Trône , Paris, France, 24 avril 1953. Avec l’aimable autorisation de Roger-Viollet / RogerViollet.

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LES NUITS

PROJECTIONS, MUSIQUES, PERFORMANCES

Les Rencontres d’Arles manifestent leur solidarité envers le peuple ukrainien, qui se bat pour sa liberté, et rendent hommage tout au long de la semaine aux artistes et photographes dont la vie est menacée par l’agression russe.

LUNDI 4 JUILLET

BORDS DU RHÔNE (COLLÈGE MISTRAL)

GRANDE SOIRÉE D’OUVERTURE

La 53e édition des Rencontres d’Arles s’ouvre avec une grande fête, où sont convoquées, en musiques et en images, les vibrations du sous-continent indien et des pays proches. Le temps d’une soirée, les quais du Rhône revêtent leurs plus beaux atours pour nous transporter jusqu’aux rives du Gange.

MARDI 5 JUILLET THÉÂTRE

ANTIQUE

HOMMAGE À OLIVIER ETCHEVERRY

Disparu le 3 mars dernier, le scénographe des Rencontres d’Arles a réinventé, durant vingt-deux ans, la mise en scène de la photographie, avec des installations atypiques et originales. Amoureux d’Arles, il a su mettre la ville en valeur en investissant des lieux souvent oubliés ou peu propices à l’exposition.

PRIX DU LIVRE

PHOTO TEXTE, HISTORIQUE, D’AUTEUR

Les lauréat·e·s des meilleurs ouvrages photographiques publiés pendant l’année. Grand partenaire des prix du livre : Fondation Jan Michalski pour l’écriture et la littérature. Avec le soutien de la FNAC pour le prix du livre d’auteur.

PRIX WOMEN IN MOTION POUR LA PHOTOGRAPHIE BABETTE MANGOLTE

Kering et les Rencontres d’Arles décernent à Babette Mangolte la quatrième édition du Prix Women In Motion pour la photographie. Installée à New York dans les années 1970, cette cinéaste et photographe expérimentale y a documenté la scène chorégraphique, participant activement à la définition et à la construction d’archives de la performance, qu’elle partage pendant la soirée.

L’ÉCOLE DE KHARKIV

L’école de photographie de Kharkiv (Харківська Школа Фотографії) est un mouvement artistique ukrainien, qui a émergé au cours des années 1970, en opposition au réalisme socialiste soviétique. L’un de ses membres fondateurs nous raconte l’invention d’un langage visuel et son engagement pour l’identité ukrainienne.

QUINZEQUINZE @ ARLES

QuinzeQuinze offre au théâtre Antique une expérience unique en revisitant sous une intempérie musicale la programmation de la 53e édition des Rencontres d’Arles.

Ennio, Julia, Marvin, Robin et Tsi Min façonnent une musique « climatique », qui combine instruments percussifs traditionnels, ori deck, style porté par la jeune scène underground tahitienne, et ōrero ancestral. Ils creusent le puits volcanique d’où émerge la puissance fertile du dialogue entre images, musiques et narrations.

MERCREDI 6 JUILLET CROISIÈRE ARTE, 30 ANS

Sur son antenne ou sa plateforme en ligne, ARTE, fidèle partenaire des Rencontres d’Arles, célèbre la photographie sous tous les angles. La chaîne franco-allemande présente un documentaire inédit lors d’une soirée de projection, l’occasion de fêter ses trente ans.

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JEUDI 7 JUILLET THÉÂTRE ANTIQUE

LUMA RENCONTRES

DUMMY BOOK AWARD

Le prix décerné à la meilleure maquette de livre. Avec le soutien de la Fondation LUMA.

SALLY MANN / PRIX PICTET

Avec sa série Blackwater, Sally Mann est la nouvelle lauréate du Prix Pictet, dont la thématique de la 9e édition est le feu. Elle a parcouru le Grand Marais Lugubre aux États-Unis, où pullulent, dans une végétation dense, serpents, insectes et prédateurs, et où de nombreux esclaves en fuite ont cherché un chemin vers la liberté. Elle y a photographié un paysage consumé par les flammes, qui semble faire écho à l’embrasement des tensions raciales. Le temps de ce « seule en scène », Sally Mann revient plus largement sur sa pratique de la photographie de paysage.

PHOTO SLAM, UNE NOUVELLE GÉNÉRATION

Pour célébrer les quarante ans de l’École nationale supérieure de la photographie (ENSP), les Rencontres d’Arles proposent un spectacle photographique inédit, où transparaît toute la diversité des profils issus de l’école, à travers la performance d’une dizaine de jeunes diplômé·e·s. Dans ce cadre, un large volet est consacré à la scène photographique contemporaine ukrainienne, en présence de deux jeunes artistes qui témoignent de leurs engagements et de leurs défis quotidiens, quand la Russie envahit leur pays.

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Sally Mann. Blackwater 13, série Blackwater, 2008-2012. Avec l’aimable autorisation de l’artiste, de Gagosian et du Prix Pictet.

VENDREDI 8 JUILLET

THÉÂTRE ANTIQUE

JAMES BARNOR

Le grand photographe ghanéen introduit sa première rétrospective en France, présentée par LUMA à la Tour, au parc des Ateliers.

PRIX DE LA PHOTO

MADAME FIGARO ARLES 2022

Ce prix dédié aux femmes photographes récompense le travail d’une artiste de la programmation des Rencontres d’Arles.

PRIX DÉCOUVERTE

LOUIS ROEDERER

Les Rencontres d’Arles associent le Prix Découverte Louis Roederer aux galeries, centres d’art, associations, lieux indépendants et institutions. Cette année, la commissaire invitée est Taous Dahmani. L’édition 2022 du Prix Découverte Louis Roederer ne s’attache ni à une thématique ni à un genre en soi, mais à une attitude des photographes sélectionné·e·s, face à la création d’images. Le prisme est celui du processus « pré-photographique » : ce qui motive et fait naître un projet. Ici, les artistes partent tou·te·s de l’intime.

Avec le soutien de la Fondation

LIVE MAGAZINE

Live Magazine est une idée folle, un spectacle unique et éphémère. C’est sans doute l’ingrédient de son succès. En inventant un journal vivant, en faisant monter des photographes, des journalistes, des artistes sur scène, Live Magazine redonne toute leur puissance aux histoires vraies : leur capacité à captiver, à transmettre de l’émotion, à embarquer un public. Sur la scène du théâtre Antique, ils et elles racontent en images, en sons ou à voix nue, une rencontre inoubliable, une passion dévorante, une enquête menée pour la première fois. Des récits 100 % inédits, 99 % vrais.

SAMEDI 9 JUILLET

PAPETERIES ÉTIENNE, TRINQUETAILLE NUIT DE L’ANNÉE

L’événement festif incontournable de la semaine d’ouverture est de retour après deux longues années d’absence, sur le site de la friche industrielle des papeteries Étienne, exceptionnellement ouvert. Une promenade visuelle à travers plus de quarante propositions photographiques, projetées en boucle sur grands écrans (dont un dédié à l’Ukraine) ou sous forme d’installations. Coups de cœur, cartes blanches à des institutions, cette grande fête de la photographie propose également des performances, concerts, dj sets, food trucks et bars.

5 → 8 JUILLET COUR FANTON TËNK

Tënk, plateforme en ligne de documentaires, et les Rencontres d’Arles transforment la cour Fanton en un cinéma en plein air, avec des films documentaires inédits et des perles rares.

8 → 16 JUILLET COLLECTION LAMBERT, FESTIVAL D’AVIGNON

ANIMA

Noémie Goudal et Maëlle Poésy imaginent une installation-performance à partir de l’œuvre Post Atlantica de la première. Au cours de ses 4,5 milliards d’années d’existence, la Terre a connu des transformations radicales. L’observation du passé par les paléoclimatologues est une donnée essentielle pour envisager l’avenir de l’espèce humaine au sein de son fragile écosystème.

ANIMA est créée pour la 76 e édition du festival d’Avignon à la Collection Lambert, en collaboration avec les Rencontres d’Arles et avec le soutien de la Fondation Kering.

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LES JOURS

RENCONTRES, CONFÉRENCES, DÉBATS

Dans toute la ville, photographes et commissaires du programme rencontrent le public lors de visites d’exposition, conférences, débats, signatures de livres, lectures de portfolios, et autres événements.

VISITES D’EXPOSITION

Les photographes et les commissaires présentent sur les lieux leur exposition aux festivalier·ère·s.

CONFÉRENCES ET DÉBATS

Un programme de rencontres et de tables rondes est proposé cour Fanton et à Croisière. Sont évoqués, parmi d’autres sujets, le statut de l’auteur·rice, les productions émergentes, les pratiques expérimentales, et le rôle de la photographie pour rendre compte de l’état du monde.

ARLES BOOK FAIR

À l’invitation des Rencontres d’Arles, l’association France PhotoBook organise au Capitole et au collège Saint-Charles un salon consacré à la diversité des pratiques éditoriales, en France comme à l’étranger.

Grand partenaire : Fondation Jan Michalski pour l’écriture et la littérature.

PHOTO FOLIO REVIEW

Depuis plus de quinze ans, le Photo Folio Review propose des lectures de portfolios. L’événement s’adresse aux photographes professionnel·le·s, aux étudiant·e·s en école de photographie ainsi qu’aux passionné·e·s ayant déjà une pratique avancée de la photographie. Les lectures sont effectuées par des expert·e·s du monde de la photographie : éditeur·trice·s, commissaires d’expositions, dirigeant·e·s d’institutions ou d’agences, galeristes, collectionneur·euse·s, critiques, directeur·trice·s artistiques de presse… Dans des échanges individuels et privilégiés, chaque participant·e bénéficie d’une expertise constructive et de précieux conseils. Chaque année, certains de ces rendez-vous aboutissent à des projets d’exposition,  d’acquisition et/ou de publication. Pour cette édition, près de cent trente expert·e·s internationaux·ales rencontrent plus de trois cents photographes en provenance d’une trentaine de pays.

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ÉDUCATION FORMATION

Élèves dans une classe suivant la pédagogie Montessori , Munich, Allemagne, 1972. Avec l’aimable autorisation de Rudolf Dietrich / Ullstein Bild / Roger-Viollet.

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STAGES DE PHOTOGRAPHIE

L’échange entre les plus grand·e·s professionnel·le·s et les praticien·ne·s de tous niveaux est une constante depuis la création des Rencontres d’Arles. Les stages de photographie reflètent cette volonté depuis plus de cinquante ans et permettent chaque année à des photographes amateur·trice·s et professionnel·le·s de s’engager dans une démarche personnelle de création, au plus proche des enjeux esthétiques, éthiques et techniques de la photographie. Les Rencontres d’Arles sont un centre de formation professionnelle continue. En fonction de leur parcours, les participant·e·s peuvent bénéficier d’un financement par un organisme collecteur et différents dispositifs (AFDAS, FAFCEA, Plan de développement de compétences…).

Avec le soutien technique de Fujifilm.

WEEK-ENDS

MARS → OCTOBRE

Au fil de l’année, des stages courts sont proposés les week-ends. De nombreuses thématiques sont abordées : la lumière, la ville, le portrait, le reportage… La direction de ces ateliers est confiée à Romain Boutillier, Nicolas Havette, Aurore Valade, Florent Demarchez…

ACCOMPAGNEMENT À DISTANCE

TOUTE L’ANNÉE

Une expérience passionnante de deux mois pour développer sa pratique, qui alterne des moments d’échanges individuels et collectifs en ligne, aux côtés notamment de Bertrand Meunier, Yann Rabanier, Julien Pebrel…

STAGES PRINTEMPS

AVRIL → MAI

Les thèmes proposés sont d’une grande diversité : portrait, reportage, expérience personnelle, narration, lumière, réalisation d’un livre de photographie… Arles est un cadre de travail et un terrain de jeu idéal pour les photographes qui profitent de la lumière et des paysages exceptionnels de la Camargue

à cette période. Ils réalisent jour après jour une série personnelle, en alternant séances de prises de vues et analyses des images.

Avec : Antoine d’Agata, Jane Evelyn Atwood, Paulo Nozolino, Patrick Le Bescont, Bertrand Meunier, Jean-Christophe Béchet, Jérôme Bonnet, Claudine Doury, Frédéric Stucin, Pierre de Vallombreuse, Klavdij Sluban et Julien Pebrel.

STAGES ÉTÉ

JUILLET → SEPTEMBRE

Un programme dense se déroule tout au long de l’été, rassemblant de grand·e·s photographes, qui, pour la plupart, ont également été exposé·e·s aux Rencontres d’Arles. Pédagogues hors pair, parfois déjà présent·e·s les années précédentes, ils et elles nous font l’honneur de venir de nouveau cet été. Seront notamment présent·e·s : Jérôme Bonnet, Denis Rouvre, Antoine d’Agata, Jane Evelyn Atwood, Klavdij Sluban, Léa Crespi, Denis Dailleux, Jean-Christian Bourcart, Patrick Le Bescont, Françoise Huguier, Bertrand Meunier, Vee Speers, Yohanne Lamoulère, Jean-Christophe Béchet, Claudine Doury, Yann Rabanier, Olivier Metzger, Diana Lui, Ronan Guillou, Marguerite Bornhauser, Ljubiša Danilović, Charlotte Abramow, Matthieu Gafsou, Fabienne Pavia, Ludovic Carème, Sylvie Hugues, Ambroise Tézenas, Aurore Valade…

LA GALERIE DES PARTICIPANT·E·S

Les Rencontres d’Arles font le choix de présenter en ligne une sélection de travaux réalisés par les participant·e·s lors des formations printemps et été, pour donner à voir de nouveaux regards et partager des projets construits avec passion, le temps d’une immersion photographique à Arles.

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ÉDUCATION AUX IMAGES

DONNER À VOIR, APPRENDRE À REGARDER

À l’heure du « tout image », les Rencontres d’Arles ont à cœur, à travers différents dispositifs et outils, de proposer à un public toujours plus nombreux et curieux des clefs de compréhension pour aborder le monde. De nombreuses actions de médiation et de sensibilisation à la photographie et des ateliers pratiques sont ainsi menés tout au long de l’année à travers notamment deux dispositifs très complets : « Une Rentrée en Images » et « Une Année en Images ». Parallèlement, des outils pédagogiques nomades comme le jeu Pause Photo Prose ou encore la plateforme d’éducation au regard Observer-Voir ont été conçus pour accompagner au mieux cette mission sur l’ensemble des territoires, en métropole et outre-mer.

LES PARTENAIRES INSTITUTIONNELS :

ministère de l’Éducation nationale, ministère de la Culture, Direction Régionale des Affaires Culturelles Provence‑Alpes‑Côte d’Azur, Région Sud Provence‑Alpes‑Côte d’Azur, Conseil départemental des Bouches du Rhône, ville d’Arles.

ÉVÉNEMENT JEUNE PUBLIC ET PROJET EN MILIEU SCOLAIRE

UNE RENTRÉE EN IMAGES

5 → 23 SEPTEMBRE 2022

L’événement jeune public de la rentrée scolaire est de retour en 2022. Il touche près de 10 000 élèves, chacune des classes participantes bénéficiant d’un programme personnalisé, composé de trois activités :

— Une visite médiatisée d’une sélection d’expositions du festival,

— Une rencontre avec un·e professionnel·le de l’image,

— Une activité organisée avec la collaboration active de structures culturelles partenaires de l’événement. Les classes sont accompagnées par des médiateur·trice·s professionnel·le·s de l’image et des étudiant·e·s spécialement formé·e·s pour l’événement. Les élèves sont invité·e·s à se forger une opinion sur les images qui les entourent au quotidien, à développer leur curiosité et leur esprit critique. La variété des thèmes abordés dans les expositions, leurs lectures multiples et la diversité des genres présentés permettent aux enseignant·e·s de tisser par la suite des liens avec la discipline qu’ils ou elles enseignent.

UNE ANNÉE EN IMAGES ANNÉE SCOLAIRE 2021/2022

Dès la rentrée, les Rencontres d’Arles ont fait le choix d’aller vers dix établissements scolaires et vingt classes des académies d’Aix-Marseille et de Nice, en proposant sur le temps scolaire un dispositif de sensibilisation aux images en lien avec la programmation du festival et les parcours d’éducation artistique et culturelle. Pour sa première édition, ce dispositif s’est appuyé sur deux expositions présentées en 2021 à Arles : Une vie de photographe de Sabine Weiss, et Comment voulons-nous vivre ? Une politique du photomontage de Charlotte Perriand. En étroite collaboration avec les enseignant·e·s, trois photographes sont intervenus entre octobre et mai. Près de trois cents élèves ont ainsi développé leurs connaissances photographiques et leur créativité en examinant, réalisant, retouchant, découpant un large corpus d’images. Chaque classe a travaillé à la conception d’un ouvrage photographique (leporello ou livret), imprimé et partagé au sein des différents établissements scolaires en mai et juin 2022. Intervenant·e·s : Aurore Valade, Léa Sotton et Florent Basiletti.

Établissements scolaires : lycée Fabre à Carpentras, collège Ampère à Arles, collège Sophie Germain à Aix-en-Provence, collège Édouard Manet à Marseille, collège du Pays de Sault à Sault, lycée du cours Maintenon à Hyères, lycée Sainte-Marthe à Cuers, lycée Dumont-d’Urville à Toulon, lycée Beaussier à La Seyne-sur-Mer, lycée agricole des Calanques à Marseille, lycée agricole Pétrarque à Avignon. Avec le soutien d’EURAZEO.

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RESSOURCES ET EXPÉRIMENTATION

OBSERVER-VOIR LA PLATEFORME D’ÉDUCATION AU REGARD DES RENCONTRES D’ARLES

La plateforme numérique Observer-Voir, développée par les Rencontres d’Arles, propose gratuitement une offre pédagogique et des ressources en lien avec la photographie. Elle met plus spécifiquement à disposition des publics scolaires et de la communauté éducative un corpus de photographies, des informations sur leurs auteurs, des pistes de réflexion et des propositions concrètes d’ateliers ludiques à animer, à partir de ce corpus. Il est également possible d’y faire des retours d’expérience sur les ateliers menés. La plateforme invite ainsi les usagers à aller au-devant et au-delà des images, en examinant leur contexte de production mais aussi en s’interrogeant sur leur diffusion. Elle propose par ailleurs à tous les publics de nombreuses ressources et contenus permettant de mieux appréhender le monde de la photographie et son écosystème.

ATELIER NUMÉRIQUE EXPÉRIMENTATION

Depuis 2021, les Rencontres d’Arles et l’Institut pour la photographie de Lille développent un atelier numérique destiné au jeune public, accessible en temps scolaire ou extra scolaire. Basé sur une immersion photographique riche en découvertes et permettant de s’engager dans un dispositif de prises de vues, cet atelier sera expérimenté auprès de plusieurs centaines d’élèves lors d’« Une Rentrée en Images ». Il sera accessible sur la plateforme Observer-Voir à partir de l’automne.

Trois photographes participent au projet : Matthieu Gafsou, Charlotte Abramow et Jean-Louis Schoellkopf.

PAUSE PHOTO PROSE UN JEU POUR OBSERVER, ÉCOUTER, ARGUMENTER ET GAGNER EN ÉQUIPE

Conçu par les Rencontres d’Arles dans le cadre d’une expérimentation, en concertation avec les professionnel·le·s de la photographie, de la formation et de l’animation, le jeu Pause Photo Prose propose de se questionner sur l’origine des photographies, leur polysémie, leurs usages. Véritable déclencheur de curiosité, d’expression, d’attention et d’intelligence collective, il fait appel aux qualités les plus variées : rapidité, observation, esprit d’équipe.

POUR LES (FUTURS) PROFESSIONNELS

RENCONTRES PROFESSIONNELLES DE L’ÉDUCATION AUX IMAGES

7 e ÉDITION (22 → 24 SEPTEMBRE)

Les Rencontres d’Arles invitent chaque année des acteurs des champs culturel, éducatif, et social, et tous ceux qui se questionnent sur l’éducation aux images, à se retrouver pour trois journées de conférences, tables rondes et partages d’expérience.

IMAGES IN

ANNÉE UNIVERSITAIRE 2021/2022

Les Rencontres d’Arles sont heureuses de participer, aux côtés du BAL et du Jeu de Paume, au dispositif Imagesin, à l’initiative de l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles (ENSP), dans le cadre de l’appel à projet CulturePro porté par le ministère de la Culture. Ce projet a pour objectif la formation et l’accompagnement de diplômé·e·s de l’ENSP dans la conception et le prototypage de propositions innovantes dans le domaine de l’éducation aux images, en collaboration avec des classes pilotes des écoles, collèges et lycées d’Arles et de Port-Saint-Louis-du-Rhône, grâce au soutien précieux du rectorat d’Aix-Marseille. Cinq établissements scolaires accueillent, depuis l’hiver 2021, cinq diplômé·e·s de l’École nationale supérieure de la photographie sélectionné·e·s dans le cadre de cette expérimentation.

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GÉNÉRIQUE

Mathilde Kchessinskaïa (1872-1971), danseuse russe, épouse du grand-duc André, avec ses élèves , Paris, France, vers 1925.

Avec l’aimable autorisation du Studio Lipnitzki / Roger-Viollet.

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LUMA

En 2004, Maja Hoffmann crée la Fondation LUMA en Suisse. LUMA s’intéresse aux relations croisées entre l’art, la culture, les droits humains, les questions liées à l’environnement, l’éducation et la recherche. La fondation s’emploie à créer un espace où différentes disciplines se rencontrent, interagissent et influent les unes sur les autres. Cette vision s’exprime à travers le campus créatif interdisciplinaire LUMA Arles, un centre culturel qui offre aux artistes la possibilité de rechercher, réaliser et présenter de nouvelles œuvres en étroite collaboration avec d’autres artistes, des curateur·rice·s, des scientifiques, des innovateur·rice·s et le public.

Depuis 2010, LUMA a commandité et présenté le travail de plus de cent artistes, penseur·euse·s et innovateur·rice·s dans de multiples lieux de la cité arlésienne, et a supervisé depuis 2013 la transformation du Parc des Ateliers, un ancien site industriel de onze hectares à Arles, situé à côté des fameux sites de la ville, qui figurent sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.

Profondément ancré dans le territoire local, l’engagement de LUMA génère et nourrit une dynamique porteuse, et a acquis au fil des années une reconnaissance solide grâce à ses divers projets et programmes artistiques. Le Parc des Ateliers rassemble sept bâtiments industriels historiques, dont cinq ont été réhabilités par l’architecte allemande installée à New York Annabelle Selldorf. La Tour, bâtiment iconique du site conçu par l’architecte Frank Gehry, complète la diversité des espaces, dont la modularité permet de produire ou d’accueillir un programme artistique interdisciplinaire. Les jardins et le parc public environnants ont été dessinés par l’architecte de paysages Bas Smets. Le Parc des Ateliers a ouvert dans sa totalité à l’été 2021.

BMW

Avec ses marques mythiques BMW, MINI, Rolls-Royce et BMW Motorrad, BMW Group est  le premier constructeur d’automobiles et de motos Premium au monde, présent dans plus de 140 pays. Le groupe offre également des services dans les domaines de la finance et de la mobilité.

BMW Group place la durabilité écologique et sociale au centre de sa stratégie, et agit tout au long de la chaîne de valeur, selon les principes de l’économie circulaire : repenser, réduire, réutiliser et recycler. C’est pourquoi l’entreprise propose une large offre de voitures et deux-roues haut de gamme électrifiés et connectés.

BMW Group vient de célébrer 50 ans d’engagement culturel, où il a soutenu des centaines de projets à travers le monde, dans les domaines de l’art moderne et contemporain, le jazz, la musique classique, l’architecture et le design. BMW Group est également inventeur des BMW ART CARS, collection imaginée par le commissaire-priseur français Hervé Poulain, avec des artistes de renom tels que : Alexander Calder, Jeff Koons, Andy Warhol, Roy Lichtenstein, et bien d’autres.

En France, BMW Group est mécène de la photographie depuis 20 ans aux côtés de Paris Photo et des Rencontres d’Arles. En tant que Grand Partenaire, le groupe mécène le festival, met à disposition une flotte de voitures électrifiées pour transporter les VIPs, et produit chaque année l’exposition des artistes émergents lauréats du BMW ART MAKERS.

« Dans cette période imprévisible, le programme BMW ART MAKERS ouvre une conversation émotionnelle avec notre société et porte un regard alternatif à travers l’expérimentation. L’homme et la machine, la créativité et l’innovation, l’accompagnement et l’engagement sont des valeurs fortes de notre entreprise. » Maryse Bataillard, responsable Communication Corporate et RSE, BMW Group France.

BMW Group France est également partenaire du Prix de la Photo Madame Figaro depuis sa création avec le festival pour soutenir les femmes photographes.

C’est dans cet esprit d’engagement pérenne et de transmission que s’inscrit le partenariat entre BMW Group France et les Rencontres d’Arles.

BMW ART MAKERS

Dédié à la création émergente dans le domaine des arts visuels et de l’image contemporaine, le programme BMW ART MAKERS offre une bourse à un duo artiste-curateur ainsi qu’un budget de recherche et de production des œuvres, pour réaliser un projet de création artistique et sa mise en espace.

Cette année, l’artiste Arash Hanaei et le curateur Morad Montazami, lauréats du BMW ART MAKERS, présentent Hantologie suburbaine au cloître Saint-Trophime à Arles.

SNCF GARES & CONNEXIONS

Fidèle aux Rencontres d’Arles, SNCF Gares & Connexions soutient le festival pour la 13e année consécutive, en présentant quatre expositions en résonance avec sa programmation dans les gares de Paris Gare de Lyon, Marseille Saint-Charles, Avignon TGV et Arles.

En 2021, visiteurs et voyageurs en gare d’Avignon TGV ont notamment pu découvrir une extension inédite de l’exposition du photographe Smith, issues de la série Desideration. Au fil des années, les gares prolongent ainsi les Rencontres d’Arles à travers un parcours photographique depuis Paris vers le Sud-Est, invitant au voyage et à la découverte du festival in situ.

SNCF Gares & Connexions est le spécialiste de la gare, de la conception à l’exploitation, en passant par la commercialisation. Son ambition stratégique : donner envie de gare pour donner envie de train. Avec ses 3 000 gares françaises, SNCF Gares & Connexions s’engage, pour ses 10 millions de voyageurs et visiteurs quotidiens, à constamment améliorer la qualité de l’exploitation, inventer de nouveaux services et moderniser son patrimoine.

Depuis sa création, SNCF Gares & Connexions a choisi de mettre la vie culturelle des régions et des villes au cœur des gares : l’art est un élément essentiel à la vie, à l’enrichissement personnel et au mieux-vivre ensemble. En lien étroit avec les institutions et l’actualité culturelle locales, les gares deviennent ainsi des passerelles vers de nouveaux territoires, elles réinventent pour chacun la notion d’échange, de voyage et de déplacement.

Partenaire référent des plus grandes institutions et manifestations dédiées à la photographie, telles que le Jeu de Paume, Le Bal, Portrait(s) Vichy, ImageSingulières ou encore La Gacilly, SNCF Gares & Connexions investit également les champs de l’art contemporain et de la musique. Au total, ce sont aujourd’hui plus de 100 gares réparties sur l’ensemble du territoire qui animent tout au long de l’année le quotidien des voyageurs et des riverains.

Photographie de David Paquin

KERING | WOMEN IN MOTION

Groupe de luxe mondial, Kering regroupe et fait grandir un ensemble de maisons emblématiques dans la mode, la maroquinerie et la joaillerie : Gucci, Saint Laurent, Bottega Veneta, Balenciaga, Alexander McQueen, Brioni, Boucheron, Pomellato, Dodo, Qeelin, ainsi que Kering Eyewear. En plaçant la création au cœur de sa stratégie, Kering permet à ses maisons de repousser leurs limites en termes d’expression créative, tout en façonnant un luxe durable et responsable. C’est le sens de notre signature : Empowering Imagination.

En 2015, Kering lance Women In Motion au Festival de Cannes avec pour ambition de mettre en lumière les femmes du cinéma, devant et derrière la caméra. Parce que le combat pour l’égalité dans la création ne touche pas uniquement le septième art, Women In Motion s’étend rapidement à d’autres domaines de la production artistique, et notamment à la photographie.

En mars 2019, Kering, avec son programme Women In Motion, et les Rencontres d’Arles deviennent partenaires pour contribuer à la reconnaissance des femmes photographes et à l’égalité femmes-hommes dans ce domaine artistique. Tout en continuant d’accompagner les jeunes talents à travers le Prix de la Photo Madame Figaro Arles, qu’il soutient depuis 2016, Kering a lancé aux Rencontres d’Arles le Prix Women In Motion pour la photographie. Doté d’un montant de 25 000 euros, le prix salue la carrière d’une photographe remarquable à travers une acquisition d’œuvres, qui enrichissent la collection des Rencontres d’Arles. Il a été remis à Susan Meiselas en 2019, à Sabine Weiss en 2020, à Liz Johnson Artur en 2021 et à Babette Mangolte en 2022.

Kering et les Rencontres d’Arles ont par ailleurs créé le Women In Motion LAB, initiative qui accompagne de manière concrète tout projet de mise en lumière des femmes dans la photographie. La première édition du LAB, qui s’est étendue de 2019 à 2021, a été dédiée à un travail de valorisation de la place des femmes dans l’histoire de la photographie, et a donné lieu à la publication, aux éditions Textuel, de l’ouvrage Une histoire mondiale des femmes photographes, dont la version anglaise, également soutenue dans le cadre du LAB, est parue en juin 2022, publiée chez Thames & Hudson. La deuxième édition du LAB, lancée en 2021, s’est concentrée sur la valorisation des archives de Bettina Grossman, sous la direction de l’artiste Yto Barrada. Cette recherche a été publiée dans un ouvrage édité par l’Atelier EXB, paru en juillet 2022.

Cette année, Kering est heureux d’annoncer le prolongement et le renforcement de son partenariat avec les Rencontres d’Arles, en s’engageant aux côtés du festival pour cinq ans supplémentaires, à partir de 2024, en tant que Grand Partenaire.

Women In Motion est depuis huit ans une tribune de choix pour contribuer à changer les mentalités et à réfléchir à la place des femmes et à la reconnaissance qui leur est accordée dans tous les domaines artistiques.

PERNOD RICARD

Pernod Ricard, numéro deux mondial des vins et spiritueux, poursuit son soutien à la création en donnant naissance à un nouveau programme de mentorat artistique, dont l’ambition est de favoriser le dialogue entre des artistes de différentes cultures et générations, en collaboration avec les Rencontres internationales de la photographie d’Arles. Ce dialogue artistique fait l’objet d’une exposition à la Commanderie Sainte-Luce, une ancienne demeure provençale du Moyen-Âge, durant la 53e édition du festival.

L’engagement du groupe Pernod Ricard pour l’art contemporain est un héritage de son fondateur, Paul Ricard, dont la passion pour la création et pour l’art sous toutes ses formes s’est manifestée notamment dans son action de mécénat. En 2010, le groupe Pernod Ricard a fait le choix de la photographie contemporaine pour sa « Carte Blanche » artistique annuelle. Depuis, treize grands noms de la photographie mondiale – Marcos Lopez, Denis Rouvre, Eugenio Recuenco, Olaf Breuning, Vee Speers, Li Wei, Omar Victor Diop, Martin Schoeller, Kourtney Roy, Stéphane Lavoué, Sanja Marušić, Olivier Culmann – se sont prêtés avec talent à l’exercice, mettant en scène dans une totale liberté les collaborateurs du groupe.

Cette année, Pernod Ricard donne une nouvelle dimension à sa stratégie d’accompagnement artistique, afin de favoriser encore davantage les échanges, de permettre de partager les savoirs et les expertises, et d’éprouver des émotions en commun. Ce nouveau programme de mécénat artistique au long cours s’inscrit au cœur de ce que nous sommes : des « créateurs de convivialité » animés par la volonté de transmettre, d’innover et de rassembler. Chaque année, un comité artistique sélectionnera une figure majeure de la photographie contemporaine, qui agira comme mentor auprès d’un artiste de son choix, photographe ou non, afin de développer main dans la main un projet d’envergure internationale. Le duo disposera d’une bourse de création, d’un budget de production, d’une direction artistique et d’un accompagnement sur mesure pendant un an. Cette collaboration donnera lieu à une exposition immersive lors des Rencontres d’Arles.

Le groupe Pernod Ricard est fier de s’associer aux Rencontres d’Arles et de bénéficier de l’expertise de cet observatoire privilégié de la création et des pratiques photographiques. Il espère y faire partager cette convivialité dont il a fait sa vision d’entreprise.

LA FONDATION JAN MICHALSKI POUR L’ÉCRITURE ET LA LITTÉRATURE

La fondation Jan Michalski pour l’écriture et la littérature a été créée en 2004 à l’initiative de Vera Michalski-Hoffmann, en mémoire de son époux, afin de perpétuer leur engagement commun envers les acteurs de l’écrit.

Pensée comme une petite cité, posée au cœur d’une nature inspirante, la fondation Jan Michalski développe de multiples activités visant à favoriser la création littéraire et à encourager le goût de lire. La bibliothèque, multiculturelle, multilingue et ouverte à tous les publics, présente aujourd’hui près de 75 000 ouvrages de littérature moderne et contemporaine. Sont également organisés dans l’auditorium divers événements culturels : rencontres littéraires, lectures, représentations théâtrales, concerts, performances, projections... La fondation propose en outre chaque année des expositions temporaires qui donnent à voir l’écriture, la littérature et le livre sous différents angles.

Se déclinent ainsi des univers d’écrivains, l’histoire de courants et de genres, des travaux d’artistes où l’écrit et l’image se côtoient. La résidence d’écrivains, conçue pour offrir un environnement propice à la création, accueille des auteurs, novices ou confirmés, venus de tous horizons pour débuter, poursuivre ou finaliser un projet d’écriture. Par ailleurs, l’attribution du prix Jan Michalski renforce la portée des actions de la fondation, distinguant chaque année une œuvre exceptionnelle de la littérature mondiale. La fondation encourage enfin de nombreux projets à caractère littéraire par l’octroi de subventions.

La fondation Jan Michalski offre ainsi un lieu de culture unique, tourné vers le monde, où se mêlent écrivains, artistes et public.

LËT’Z ARLES (LUXEMBOURG)

Voilà déjà six ans que Lët’z Arles apporte un brin de la création luxembourgeoise aux Rencontres d’Arles. Association de soutien et de promotion de la photographie luxembourgeoise, Lët’z Arles offre aux artistes la possibilité d’y présenter une exposition accompagnée d’un ouvrage. Cette bourse permet aussi l’accompagnement des artistes par un commissaire durant plus d’un an et l’itinérance de leur projet au Luxembourg.

L’artiste Romain Urhausen (1930-2021) a été sélectionné par un jury composé de Marguy Conzémius, Paul di Felice, Anne Lacoste, Thomas Seelig, Sam Stourdzé et Michèle Walerich, sous la présidence de Florence Reckinger-Taddeï. Le commissaire de l’exposition, Paul di Felice, est accompagné par un comité artistique composé de Thomas Seelig, Michèle Walerich et Christoph Wiesner.

L’artiste, pionnier de la photographie luxembourgeoise, s’était réjoui de cette nomination et de la reconnaissance accordée à son travail, et avait construit avec le commissaire un dialogue fructueux jusqu’à son décès en juillet 2021. L’exposition, intégrée à la programmation officielle des Rencontres d’Arles, et l’ouvrage qui l’accompagne, édité par delpire & co, lui rendront assurément un vibrant hommage, tout comme les nombreux projets en écho au Luxembourg.

Lët’z Arles est soutenue par : le minist è re de la Culture du Luxembourg ; le Centre national de l’audiovisuel (CNA) ; l’Œuvre ; l’initiative LuXembourg – Let’s make it happen ; la ville de Luxembourg et Kultur|lx – Arts Council.

L’association est placée sous le Haut - Patronage de Son Altesse Royale la Grande - Duchesse Hériti è re du Luxembourg.

FONDATION LOUIS ROEDERER

La Fondation Louis Roederer a été créée en 2011 pour pérenniser la politique de mécénat menée par la Maison Louis Roederer depuis sa découverte émerveillée de la collection de photographies de la Bibliothèque nationale de France en 2003.

Devenue « Grand Mécène de la Culture », la Fondation a complété son engagement par un ardent soutien au Grand Palais et a choisi plus récemment de s’associer à la Villa Médicis et au Jeu de Paume.

À travers la Bourse de la recherche photographique à la BnF, les Prix de la Révélation au cœur de la Semaine de la Critique à Cannes et au Festival du Cinéma Américain de Deauville, et le Prix Découverte aux Rencontres d’Arles, la Fondation Louis Roederer joue le rôle qu’elle préfère : contribuer à l’éclosion d’artistes de grands talents.

« Il y avait un vrai sens à ce que la forte affinité entre la Fondation et l’art de la photographie culmine aux Rencontres d’Arles. Cette année encore, nous reprendrons le chemin du Théâtre Antique pour remettre le Prix Découverte Louis Roederer à des artistes dont la révélation et la mise en lumière nous réjouissent. »

Frédéric Rouzaud, Président de la Fondation Louis Roederer

LOUIS VUITTON CITY GUIDE

Indicateur de tendances et prescripteur unique, attentif aux mutations qui agitent le cœur des cités, le City Guide Louis Vuitton explore depuis vingt ans les métropoles les plus en vue. Ce sont aujourd’hui trente villes qui font l’objet d’un regard décalé sur la mode, le design, l’art contemporain, la gourmandise ou la culture. À Paris, New York, Londres ou Tokyo, auteurs et invités venus de tous horizons s’autorisent une vision toute subjective, qui file des plus beaux hôtels aux meilleures tables, des lieux de mode les plus décalés aux lieux historiques les plus réputés.

Le City Guide Louis Vuitton fait escale à Arles et propose une édition en hommage à la ville camarguaise et à son festival de renommée internationale. Illustré de photographies inédites et diffusé en librairie, ce guide sera aussi disponible gratuitement dans l’App Store le temps des Rencontres.

Avec un catalogue d’une centaine de titres, les Éditions Louis Vuitton font figure de pionnières et se concentrent sur plusieurs collections tournées vers le voyage, l’art et la mode : guides urbains, carnets de dessins, albums photographiques, livres d’art et récits littéraires. Parce que le voyage est aussi un art de vivre, les Éditions Louis Vuitton installeront une librairie éphémère à la cave à manger « Le Buste et l’Oreille », au cœur de la ville d’Arles, pendant toute la durée du festival, animée de nombreuses rencontres et séances de dédicaces avec auteurs et photographes.

LA SUISSE

Depuis le début du partenariat entre la Suisse et les Rencontres d’Arles, l’adéquation n’avait sans doute jamais été aussi forte et actuelle que cette année. En effet, l’exposition Un monde à guérir : 160 ans de photographie à travers les collections de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, coproduite par le Musée international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et les Rencontres d’Arles, met en avant la photographie dans ce qu’elle peut dire de plus sur le monde, pour nous aider à l’interroger. Ce partenariat s’inscrit avec intelligence dans la tradition humanitaire de la Suisse, plus particulièrement de Genève. Le regard porté sur ces archives évoque le passé, mais nous renvoie aussi et surtout au présent. Il y a la volonté d’interroger les évidences, les acquis, en cherchant derrière l’image son but, caché ou non. Il y a aussi l’humilité devant les certitudes d’un jour. Et il y a la conviction profonde qu’avoir raison seul ne mène pas très loin. C’est l’ADN de la Suisse : être un lieu de discussion mondiale, où tous les pays peuvent se rencontrer et parler de tous les sujets. Un tel espace est nécessaire pour le bien commun. Un tel espace pour penser les défis de demain qui animent le monde et qui sont au cœur de la Genève internationale. La photographie a cette capacité d’interroger le fond et la forme, de manière immédiate et universelle. C’est pourquoi la Suisse est à Arles. Pour écouter, voir et partager.

CHAMMAS & MARCHETEAU

MÉCÈNE DE COMPÉTENCES EN DROIT DU TRAVAIL

Chammas & Marcheteau, cabinet d’avocats indépendant pluridisciplinaire en droit des affaires, est engagé avec conviction et de manière durable aux côtés du monde de l’image et, plus largement, de la création artistique.

Le cabinet, comptant en son sein des passionnés de photographie, a décidé de s’inscrire dans une démarche de mécénat de compétences auprès des Rencontres d’Arles, mettant à la disposition de celles-ci le savoir-faire de ses avocats.

À PROPOS DE CHAMMAS & MARCHETEAU

Créé il y a plus de 15 ans à Paris, Chammas & Marcheteau est un cabinet réputé qui compte aujourd’hui une cinquantaine d’avocats.

Le cabinet propose un large éventail d’expertises, notamment le corporate (fusions/acquisitions, private equity, structuration de fonds, droit des sociétés), le droit fiscal, le droit social, le droit des entreprises en difficulté, le droit des nouvelles technologies de l’information, des données à caractère personnel et de la propriété intellectuelle, et le contentieux y afférent.

Le cabinet intervient au profit d’une clientèle diversifiée (entrepreneurs, fonds d’investissements, institutionnels et grands groupes), sur des dossiers français et internationaux, s’appuyant à la fois sur le profil international de ses associés et sur un solide réseau de partenaires à l’étranger.

RIVEDROIT AVOCATS

MÉCÈNE DE COMPÉTENCES EN PROPRIETE INTELECTUELLE

Depuis sa création, le cabinet Rivedroit Avocats a choisi de prendre une part active à la promotion des arts et de la culture sous toutes ses formes. Rivedroit Avocats met ainsi son expertise juridique au service du festival depuis 2015.

L’équipe Droit de l’Art de Rivedroit Avocats a développé au fil des ans une pratique reconnue en propriété intellectuelle et plus particulièrement dans le secteur du droit d’auteur et des droits voisins.

« Nous sommes fiers et honorés d’accompagner sur le long terme les Rencontres d’Arles, qui constituent aujourd’hui un acteur incontournable du monde de la culture », explique Nicolas Maubert, associé fondateur du cabinet.

À PROPOS DE RIVEDROIT A.A.R.P.I.

Créé en 2009 à l’initiative d’avocats issus de grands cabinets parisiens, Rivedroit Avocats perpétue une tradition de l’excellence par l’engagement auprès de ses clients au sein d’une structure souple et dynamique.

Habitués aux environnements de travail multiculturels, les avocats de Rivedroit Avocats assistent leurs clients en France comme à l’étranger sur tous les aspects juridiques de leurs projets en misant sur la proximité dans leurs relations.

TECTONA

MOBILIER DE JARDIN POUR LA VIE

Créé en 1977, Tectona s’est rapidement imposé comme « la référence » française du mobilier d’extérieur. L’évidence et la simplicité recherchée des formes, le choix exigeant des matériaux, la maîtrise d’un savoir-faire à la fois artisanal et technologique ont, dès l’origine, posé les fondamentaux de la marque. Précurseur, Tectona a ouvert ses portes aux designers dès les années 1990. À l’inspiration du « chic » britannique des débuts succèdent alors de nouvelles créations en phase avec l’évolution de la vie à l’extérieur.

Depuis, si la durabilité du mobilier préside à toute création, les notions de légèreté, de facilité d’usage, d’optimisation des espaces ont enrichi le répertoire des formes. Emblématique de la marque, le style « classique contemporain » du mobilier Tectona accorde ses lignes fluides à l’art de vivre à l’extérieur. Discret et sobre, il intègre avec poésie l’environnement végétal des parcs et des jardins ; élégant, il humanise en douceur le paysage minéral des terrasses et des petits espaces urbains ; accueillant, il se prête aux heures de farniente, du bord de la mer au bord de la piscine ; généreux, il décline d’une saison à l’autre, le bonheur de vivre outdoor.

Ouvrir ses sens pour capter l’envoûtante lumière de Provence : le mobilier Tectona, mis à disposition des Rencontres d’Arles, invite les visiteurs à flâner et prendre le temps de s’imprégner de ces merveilleuses Rencontres.

LES CAFÉS

MALONGO

Depuis 1934, Malongo commercialise pour les particuliers et les professionnels des cafés haut de gamme en provenance des meilleurs terroirs du monde, issus de méthodes traditionnelles d’agriculture pratiquées par les petits producteurs (arabicas d’altitude, cueillette à la main). Depuis les plantations jusque dans la tasse des consommateurs, Malongo accorde à ses crus les plus grands soins : réguliers contrôles qualité, torréfaction lente à l’ancienne « en 20 minutes ». Respecter la terre et les hommes qui la cultivent est une valeur fondamentale de la marque, c’est pourquoi Malongo innove pour le développement durable, l’agriculture biologique et le commerce équitable – dont il est le premier intervenant français. La marque s’engage aussi pour la transmission des savoirs nobles liés au café par le biais de ses centres de formation et de sa fondation d’entreprise.

ADAGP

LE REGARD DU PHOTOGRAPHE

N’A PAS DE PRIX.

CE N’EST PAS UNE RAISON

POUR QU’IL TRAVAILLE À L’ŒIL !

Créée en 1953 par des artistes, l’ADAGP représente plus de 200 000 auteurs de tous pays, dans toutes les disciplines des arts visuels : peinture, sculpture, photographie, architecture, design, bande dessinée, manga, illustration, graffiti, création numérique, art vidéo.

Forte d’un réseau mondial de près de 50 sociétés sœurs, l’ADAGP gère l’ensemble des droits patrimoniaux reconnus aux auteurs (droit de suite, droit de reproduction, droit de représentation, droits collectifs), pour tous les modes d’exploitation : livre, presse, publicité, produits dérivés, expositions, ventes aux enchères et en galerie, télévision, vidéo à la demande, sites Internet…

À travers son programme d’action culturelle, l’ADAGP encourage la scène créative en initiant et en soutenant financièrement des projets propres à valoriser les arts visuels et à en assurer la promotion à l’échelle nationale et internationale. Pour soutenir et accompagner les artistes à des moments-clés de leur parcours professionnel, l’ADAGP a mis en place plusieurs aides :

— Chaque année, les Révélations ADAGP encouragent l’émergence des talents dans les domaines des arts plastiques, art numérique / art vidéo, art urbain, bande dessinée, design, livre d’artiste, livre jeunesse, photographie. Les lauréats reçoivent une dotation et bénéficient d’un portrait filmé diffusé sur le site d’Arte.

— Les dix bourses annuelles Collection Monographies aident au financement du premier ouvrage monographique d’artistes membres de l’ADAGP en milieu de carrière.

— L’ADAGP et FreeLens ont créé la Bourse Transverse pour inviter un photographe à concevoir une œuvre en binôme avec un artiste d’une autre discipline artistique.

— La Bourse Fanzine promeut l’expérimentation inhérente à ce médium alternatif et soutient sa créativité.

— La Bourse Ekphrasis répond à la nécessité pour un artiste de disposer d’un texte de référence sur son travail. En association avec l’AICA France, ces 10 dotations annuelles permettent à 10 artistes de l’ADAGP de bénéficier d’un texte critique, publié dans Le Quotidien de l’Art.

Aux côtés des Rencontres d’Arles depuis 15 ans, l’ADAGP est présente pendant la semaine professionnelle pour répondre aux interrogations des auteurs. Via son stand d’information cour Fanton, une table-ronde sur les NFT ou encore la photo de groupe des photographes et commissaires invités, l’ADAGP se place au cœur de la création photographique pour défendre au mieux les droits des photographes !

Vous aussi, rejoignez l’ADAGP et percevez vos droits d’auteur.

SAIF

POUR FAIRE ENTENDRE LA VOIX DES AUTEURS

Créée en 1999, la Société des Auteurs des arts visuels et de l’Image Fixe (Saif) est l’une des plus jeunes des sociétés d’auteurs. Née de la volonté des auteurs souhaitant défendre collectivement leurs droits, la Saif est une société civile dont la mission est de défendre, percevoir et répartir les droits des auteurs des arts visuels.

Elle regroupe aujourd’hui près de 8 500 membres dont 5 500 photographes.

En raison de l’impossibilité pour un auteur de gérer seul les exploitations multiples qui sont faites de ses œuvres (photocopies de livres ou de magazines, prêts d’ouvrages en bibliothèques, copie des œuvres à titre privé, notamment à partir d’Internet, de la télévision ou d’un smartphone…), la loi impose que ces droits soient perçus et répartis collectivement par des Organismes de Gestion Collective (OGC).

Au titre des droits collectifs, ces différents usages qui sont faits des œuvres génèrent des revenus supplémentaires, qui sont reversés par la Saif aux auteurs.

La Saif gère également les autres droits d’auteur : — le droit de reproduction : reproduction d’une œuvre dans un journal, dans un livre, sur une affiche...

— le droit de présentation publique : présentation des œuvres lors d’une exposition, d’une projection publique…

— le droit de suite : reventes publiques des tirages originaux par des professionnels du marché de l’art.

La Saif est également habilitée à conclure des accords généraux avec les diffuseurs (Internet, télévision…) pour l’ensemble de ses auteurs.

À travers la Saif images, sa banque d’images en ligne, la Saif fait connaître les œuvres de ses membres et les diffuse dans le respect des droits. L’action culturelle de la Saif soutient la création contemporaine, notamment la production d’expositions collectives, de manifestations culturelles, de projets éducatifs, de prix et de festivals dédiés aux arts visuels. Elle joue donc un rôle important dans la vitalité artistique et culturelle en France. C’est à ce titre qu’elle est heureuse d’accompagner les Rencontres d’Arles depuis 14 ans !

Depuis sa création, la Saif œuvre pour la  protection et la défense du droit d’auteur, et entretient un dialogue permanent avec les diffuseurs et les institutions nationales et internationales (ministère de la Culture, Parlement, CSPLA, Union Européenne…), pour faire entendre la voix des auteurs.

ARTE

CÉLÈBRE LES TALENTS

ARTE offre régulièrement une floraison de documentaires inédits dédiés aux photographes remarquables par la singularité de leurs univers. Cette année, la chaîne culturelle met en avant trois grandes figures marquantes et incontournables de la photographie : Latif Al Ani, Steve McCurry et Guy Bourdin.

Guy Bourdin : créateur d’images

Guy Bourdin est largement considéré comme l’un des plus grands créateurs d’images. Célèbre pour ses récits suggestifs souvent sexuellement chargés, ses décors impeccables et son esthétique surréaliste, il a radicalement brisé les conventions de la photographie publicitaire avec un perfectionnisme sans compromis et un humour acéré. Grâce à un accès sans précédent à ses archives, y compris des images tournées par Guy Bourdin lui-même, ce film dévoile la vie et l’héritage de l’un des artistes les plus influents.

Réalisation : Sean Brandt.

Coproduction : Falling Skies Pty. Ltd. / ZDF en collaboration avec ARTE.

Durée : 52 mn – version cinéma 90 mn.

Irak : la beauté invisible

Latif Al Ani (1932-2021) a traversé trois périodes phares du pays : la République Irakienne entre 1958 et 1968, l’ère de Saddam Hussein de 1968 jusqu’à l’invasion de 2003, et l’Iraq de 2003 à nos jours. Son œuvre – inestimable, emblématique trésor occulté de la photographie

mondiale – constitue une source d’archives visuelles unique sur le pays à son apogée. Dans ce film, le photographe replonge dans ses images, restaure le lien qu’il avait perdu avec son œuvre, parcourt à nouveau son pays, partageant ses clichés avec des Irakiens qui redécouvrent la beauté d’un pays disparu.

Réalisation : Sahim Omar Kalifa. Coproduction ARTE France, Faites un vœu / La Belgas. Durée : 52 mn et 80 mn.

Les couleurs de l’amour et de la guerre : le photographe Steve McCurry Photographe prolixe au regard singulier, l’Américain Steve McCurry livre un aperçu inédit de son travail et de son approche photographique. Accompagné par le cinéaste Denis Delestrac, il revient sur les principaux voyages qui l’ont forgé, de l’Inde où il est parti, jeune et sans le sou, à l’Afghanistan, qui a fait de lui un photographe de guerre.

Aujourd’hui âgé de 71 ans, il ouvre un nouveau chapitre en eaux un peu plus calmes, après avoir fait tardivement l’expérience de la paternité, à 67 ans. Certains de ses compagnons de route, ainsi que sa sœur Bonnie, complètent le portrait de cet aventurier modeste et persévérant, toujours attentif à approcher l’autre avec respect.

Réalisation : Denis Delestrac.

Coproduction : Polar Star Films, Intrepido Films, Steamroller Media A.I.E., en collaboration avec Dogwoof et SWR/ARTE.

Durée : 54 mn.

Photographie de Guy Bourdin. Avec l’aimable autorisation de Guy Bourdin Estate.

FRANCE CULTURE

L’ESPRIT D’OUVERTURE

France Culture diffuse les savoirs, les idées et les disciplines de la création pour éclairer chaque jour les enjeux contemporains, sur ses antennes hertziennes et numériques. À l’écoute de l’évolution de tous les usages, France Culture développe différents formats pour diffuser toujours davantage, de façon aussi accessible qu’exigeante, des programmes variés : magazines élaborés, émissions de débats, journaux d’informations, documentaires, fictions. Référence en matière de suivi de l’actualité dans tous les domaines, France Culture est aussi un catalogue de podcasts et une bibliothèque vivante de contenus audio et vidéos.

Ses événements en public (forums, lectures, créations, masterclasses, prix dédiés au public étudiant), tout comme ses nombreuses co-éditions, ses déclinaisons en podcast natif et en vidéo, sont l’expression, sur tous les supports, de sa mission de service public.

France Culture a pour vocation de mettre en valeur le patrimoine culturel national et mondial et soutient de nombreuses manifestations culturelles tout au long de l’année.

Elle se réjouit d’accompagner les Rencontres de la photographie d’Arles et d’être partenaire de cette nouvelle édition.

France Culture à Arles sur 90.7.

KONBINI

Konbini c’est le phénomène qui touche chaque mois une audience de plus de 27 millions de personnes en France ! Fondé en 2008 par Lucie Beudet et David Creuzot, Konbini a su s’installer auprès d’un jeune public qui s’est depuis largement élargi pour devenir le média de référence de la pop culture, de la news nationale et internationale, de la musique du cinéma et des arts en général, de la food ou encore du sport.

Présent sur toutes les plateformes, de TikTok à Instagram en passant par Snapchat ou Youtube, Pinterest et évidemment Facebook, Konbini s’adresse à tous les âges pour une jeunesse engagée vers son futur, mobilisée pour la planète, enthousiaste et curieuse du monde qui l’entoure. D’Emmanuel Macron à Kendall Jenner, de Catherine Deneuve à Adèle, de Selena Gomez à Amélie Nothomb, ce sont toutes les personnalités de l’actualité mondiale qui choisissent Konbini pour s’exprimer.

Avec son approche repensée du journalisme et des formats qui mettent la créativité au service du contenu, Konbini est aujourd’hui cité comme « la base » par les jeunes qui sont plus nombreux chaque jour à partager et commenter les vidéos et les articles du média.

LCI

Première chaîne d’information lancée en France, LCI accompagne depuis toujours les grands événements de la scène culturelle française, au premier rang desquels figurent les Rencontres d’Arles.

Pour l’édition 2022, la chaîne info du Groupe TF1 apporte à nouveau son soutien à cet événement incontournable pour tous les professionnels et amoureux de la photographie en France et sur la scène internationale.

Fondée en 1994, LCI se positionne comme la chaîne du débat et de la politique incarnée par de grandes signatures comme David Pujadas, Ruth Elkrief, Darius Rochebin, Elizabeth Martichoux et des éditorialistes reconnus.

Depuis l’été 2021, la chaîne info du Groupe TF1 donne le tempo de la campagne présidentielle, avec des dispositifs événementiels innovants, de grande envergure et toujours largement suivis par les téléspectateurs.

LCI est aujourd’hui une marque reconnue sur tous les supports, et sa déclinaison digitale TF1info.fr est l’un des premiers sites d’information en France.

LE POINT

Le Point, qui rassemble 1,7 million de lecteurs chaque semaine dans son édition hebdomadaire, avec une audience numérique de plus de 9,4 millions de visiteurs uniques chaque mois sur ses plateformes, est fier d’accompagner les Rencontres d’Arles depuis 2007.

Lancées en 2016, les dynamiques « Rencontres /Le Point », quotidiennes, animées par l’équipe éditoriale du Point et les différents services de la rédaction, offrent un regard journalistique, culturel, sociétal et géopolitique sur les travaux des photographes présents à Arles, réunis pour l’occasion en public.

Toujours soucieux d’accompagner les innovations de son époque, et même de les devancer, Le Point est aussi très heureux de s’associer pleinement à la programmation dédiée à la réalité virtuelle.

Pour cette 53e édition des Rencontres d’Arles, Le Point déploie un dispositif éditorial exceptionnel tout au long de l’été, à retrouver dans l’hebdomadaire et un supplément dédié au festival, et sur l’ensemble de ses plateformes numériques.

REMERCIEMENTS

Les Rencontres d’Arles remercient le ministère de la Culture, le ministère de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports, la direction régionale des Affaires culturelles Provence-Alpes-Côte d’Azur, le conseil régional de Provence‐Alpes‐Côte d’Azur, le conseil général des Bouches-du-Rhône, la ville d’Arles, ainsi que l’ensemble de ses partenaires publics, dont le soutien durable a été réaffirmé cette année. Comme chaque année, le festival est heureux de s’associer, dans le cadre de sa programmation, à de grandes institutions nationales et internationales : l’Académie de France à Rome – Villa Médicis, les Archives Lee Miller, le C/O Berlin, la Collection Verbund, le Centre national des arts plastiques, l’École nationale supérieure de la photographie, l’Institut français, l’International Center of Photography, Jimei × Arles, le musée d’art contemporain de la Haute-Vienne – Château de Rochechouart, le musée international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, le Palais Galliera – musée de la mode de la ville de Paris, Pinault Collection, le Ryerson Image Centre, le Serendipity Arts Festival, et le Three Shadows Art Centre.

Les Rencontres d’Arles sont extrêmement reconnaissantes envers tous les partenaires mettant à disposition des lieux pour accueillir les expositions, en particulier la ville d’Arles, la communauté d’agglomération Arles Crau Camargue Montagnette, la Fondation LUMA, SNCF Immobilier, Monoprix Arles, l’Association du Méjan, le musée départemental Arles antique, et l’abbaye de Montmajour.

Les Rencontres d’Arles expriment leur gratitude à leurs mécènes et partenaires privés pour leur généreux soutien et la confiance sans cesse renouvelée qu’ils leur témoignent.

Cette année, le festival est très heureux d’accueillir Pernod Ricard, et de dévoiler un projet de mentorat artistique entre deux artistes pluridisciplinaires.

Les Rencontres d’Arles remercient chaleureusement leurs partenaires historiques, dont LUMA ; BMW France, avec son nouveau programme BMW ART MAKERS ; SNCF Gares & Connexions ; Kering, qui renforce et prolonge son engagement auprès des femmes photographes à travers Women In Motion ; la Fondation Jan Michalski pour l’écriture et la littérature ; le prix Pictet ; Lët’z Arles (Luxembourg) ; la Fondation Louis Roederer ; la Confédération suisse ; les Éditions

Louis Vuitton ; Tectona ; Malongo ; Devialet ; ainsi que beaucoup d’autres précieux soutiens à la création et à la diffusion artistique.

Le festival souhaite la bienvenue à EURAZEO, qui accompagne le programme pédagogique « Une Année en Images ».

Enfin, les Rencontres d’Arles remercient leurs partenaires médias, qui relayent l’image du festival auprès de tou·te·s : France Culture, ARTE, Konbini, LCI, Le Point et Madame Figaro.

LE CONSEIL D’ADMINISTRATION

Association loi 1901, à but non lucratif, dont le budget est constitué à 32 % de subventions publiques, 16 % de recettes de mécénat et partenariat, et 52 % de recettes de billetterie, boutiques et vente de stages.

BUREAU

Hubert Védrine, président

Françoise de Panafieu, vice-présidente

Marin Karmitz, trésorier

Constance Rivière, secrétaire

MEMBRES DE DROIT

Ville d’Arles

Patrick de Carolis, maire

Conseil régional

Provence-Alpes-Côte d’Azur

Renaud Muselier, président

Conseil départemental des Bouches-du-Rhône

Martine Vassal, présidente

Ministère de la Culture

François Quintin, délégué aux arts visuels, direction générale de la création artistique

Bénédicte Lefeuvre, directrice régionale des affaires culturelles

Provence-Alpes-Côte d’Azur

Institut français

Erol Ok, directeur général

École nationale supérieure de la photographie

Marta Gili, directrice

Centre des monuments nationaux

Philippe Belaval, président

PERSONNALITÉS QUALIFIÉES

Maja Hoffmann

Françoise Nyssen

Florence Reckinger-Taddeï

L’ÉQUIPE

DIRECTION

Directeur

Christoph Wiesner

Directrice adjointe

Aurélie de Lanlay assisté·e·s de Camille Delalle, Margaux Hannart

ADMINISTRATION

Administratrice

Agnès Benichou

Chargée d’administration

Asnate Simane

PRODUCTION DES EXPOSITIONS

Responsable de production des expositions

Cécile Nédélec

Chargées de production des expositions

Annaëlle Veyrard, Juliette Riou, assistées de Miriam Smadja, Solène de Saint-Louvent, Johanna Teston

Chargée des projets autour du livre photographique

Elorah Connil assistée de Christiane Rodrigues-Esteves, Antonio Del Vecchio

Chargée de la régie des œuvres

Audrey Mot

Scénographe

Amanda Antunes assistée de Clara Lassudrie-Duchêne, Diego Zavala Lizarraga

PRODUCTION ÉDITORIALE

Responsable de la communication et chargé de production des soirées

Aurélien Valette assisté de Carla Beccaria, Michelle de la

Rosa Vargas

Chargé d’édition

Julien Chapsal

Chargé de communication numérique

Alexis Lecomte

Conception et réalisation graphique

ABM Studio

Carole Amrane, Fanny Bisiaux, Sophie Cornet, Manon Ferré, Nicolas Ledoux, Jean-Luc Lemaire, David Longuein, assisté·e·s de Louise Pertusier

Développement des sites internet

Timothée Rolin

Conception et développement de l’application mobile ABM Digital Olivier Körner, Vincent Piccolo

Traductions et corrections des textes

Émilie Audigier, Sophie Beaulieu, Charlotte Faraday, Aude Fondard, Joséphine Gross, Brian Hanrahan, Sophie de Kayser, Elaine Krikorian, Fanny Lami, Bronwyn Mahoney, Glenn Naumovitz, Juliane Nivelt

ÉVÉNEMENTS DE LA SEMAINE D’OUVERTURE

Chargée de la coordination de la semaine d’ouverture

Una Duval assistée de Maud Le Roy Réalisation des Nuits de la photographie Laurent Perreau, Carole Le Page assisté·e·s de Maryse Poulvet, François Labarthe Captation des soirées

Workflow

Florent Demarchez

Traductions simultanées ILO interprétariat et traduction

Anita Saxena et son équipe

ÉDUCATION FORMATION

Responsable du pôle éducationformation

Fabrice Courthial assisté de Marie Couteux

Chargée des publics des stages photographiques

Alice de Parscau assistée de Diane Herpin, Sophie Heldt

Assistant·e·s maîtres de stage

Doriane Bellet, Audrey Deygout, Davide Fecarotti, Marine Pistien, Morgane Ubaldi

Chargée des Photo Folio Review et de la conception des ateliers jeune public

Marie Andrieu assistée de Lucie Vaussard

Chargée de coordination des projets pédagogiques

Marianne Li

assistée de Emma Hasse

Enseignante détachée par le ministère de l’Éducation

nationale

Elsa Acosta

Médiateur·rice·s

Amélie Blanc, Florence Cuschieri, Naïma Lecomte, Mathilde Zabiegala

BILLETTERIES ET BOUTIQUES

Responsable des publics, billetteries et boutiques

Alice Charraix-Tullot

Chargée d’administration et de billetterie

Emmanuelle Ducreu

Assistante

billetterie

Françoise Miclot

Assistant logistique

Vincent Johner

assisté de Simon Samama, Natasha Guy, Clara Nathan-Hudson, Anna Tardy et d’une équipe de 24 agents de vente

ACCUEIL DES PUBLICS

Responsable des agents d’accueil

Olivier Colladant assisté d’Aurélie Chanel, Samuel Margalet, Wilfried Cocheteux, Dylan Moumard, Yamina Spillemaeker et d’une équipe de 81 agents d’accueil et de 20 agents de sécurité SSIAP1

Secrétariat, accueil

Valérie Canavaggia, Marlène Fisseau

Agents d’entretien

Joanna Boncolas, Samira Boudik, Lydia Tilloi, Sabrina Regis, Aïcha Remal

RELATIONS

PRESSE

Agence Claudine Colin

Communication

Claudine Colin, Anne-Sophie

Decronumbourg, Anne Monéger-Laval, Alexis Gregorat, Marine Maufras du Châtellier, Cyril Bruckler

PROTOCOLE ET ACCUEIL

INVITÉS

Chargée du protocole

Camille Delalle assistée de Estefania Henriquez, Nelly Reffet et d’une équipe d’hôte·sse·s d’accueil

Chargé des hébergements et transports

Manuel Dos Santos assisté de Farah Chikhaoui

Chargé de coordination de l’équipe de chauffeurs

Gwenaël Missire assistée de Marine Tarabola

COMPTABILITÉ

Cheffe comptable

Anna Tetzlaff assistée de Alexia Chirouse

Chef de caisse

Nicolas Marbeau

MÉCÉNAT ET PARTENARIAT

Responsable des mécénat et partenariat

Edwige Henry

Chargées des mécénat et partenariat

Caroline Brun, Juliette Collomb, Margaux Hannart, assistées de Mathilde Bouichou, Marine Stéphan

Régisseur partenaires

Matthieu Prin

TECHNIQUE

Directeur technique

Antoine Cochain

Régisseur général

Patrice Falcot

Chargé d’administration

Maxime Potigny

Équipes des Rencontres d’Arles et des prestataires

Nawak et Ventilo, Idzia, Sud Side, Tchookar, Les 3 peintres :

Régisseur·euse·s Mathieu Hengeveld, Safa Bourzami

Coordinateur atelier

Alexandre Cassata

Menuiserie

Marine Lepeltier, Sophie Dones, Daniele Garri, Frederic Valls

Montage

Mario Bilella, Emilio Cerda, Mathieu Challier, Guillaume Lapeze, Christophe Mineau, Victor Mineau, Denis Brailleur, Alexis Doussaint

Mise en peinture

Véronique Ferré, Russell Child, Pierre Mathon, Gaël Monnereau, Sarah Tourniaire, II’aya Ascencio, Philippe Guillaud, Sébastien Abot, Thomas Hunninghaus, Baptiste Lacombe, Franck Grossir, Mathieu Daval, Pascal Vallée, Lucille Fabre, Claire Robert, Géraldine Blin, Emilie Ballif

Constat des œuvres

Pierre-Emmanuel Nyeborg, Christine Sibran, Riccardo Vecchiarelli, Camille Amoros, Gaël Sillère, Louise Mutrel, assisté·e·s de Elsa Martinez, Diane Hymans, Emma Riviera, Adrien Julliard

Accrochage des œuvres

Françoise Perronno, Cécile Peillon, Anne-Sophie Lemagny, Aurélie Jacquet, Quentin Carrière, Clémence Delabre, Marion Abeille, Morgan Quirion, assisté·e·s de Tal Yaron, Lexane Laplace, Marine Pistien, Juliette Sibran, Mia DuchaufourLawrance

Installation

des papiers peints

Juliette Barat, Sonia Mondon, Julie Sorel, Sacha Ertel, assistées de Eliott Lenan, Jean Dericaud, Léo Paul Bardaut

Chauffeurs œuvres

Louis Perruchaud, Léo Aupetit

Installations

audiovisuelles

Didier Herbert-Guillon, Benoît Camus, Pascal Schmitt

Mise en lumière

Étienne Esnault, Jean Marc Remal, Fabrice Valenza, Sylvain Arrighi

Serrurerie

David Benifla, Eric Proust, Bruno Gallix

Signalétique

Gaël Rodier, Christophe Laure, Diego Maraboli, Stéphane Brisset, Philippe Salomon

Manutentionnaires

Tomas Wirobnik, Serge Lombardon, Samuel Carle, Lucas Martinet

Runner Chauffeur

Rémi Fernandez

Régie des soirées et événements

Pascal Letenneur, Vincent Butori, Christophe Laure, Thierry Betbeder, Pierre François Brodin, Guillaume Lapeze, Philippe Cacoye, Diego Maraboli, Martin Juhles

Photographie de couverture Mitch Epstein. Ahmedabad, Gujarat, Inde, 1981 (détail). Avec l’aimable autorisation de l’artiste / Black River Productions, Ltd. / Galerie Thomas Zander.

Crédits photographiques des pages 1-6, 331, 352-353, 356-360 Philippe Chancel, Manon Ferré, Anaïs Fournié, Nicolas Ledoux, Marjorie Sardanne, Jeremy Suyker, Chanwei Tang, Rémy Tartanac, Maxime Vacchino, Aurore Valade.

Design ABM Studio.

Photogravure Caroline Lano, Terre Neuve.

Ouvrage reproduit et achevé d’imprimer en juin 2022 par l’imprimerie EBS à Vérone pour le compte d’Actes Sud, Le Méjan, place Nina Berberova, 13200 Arles.

© Actes Sud 2022 / Les Rencontres d’Arles 2022 pour la présente édition. Dépôt légal Juillet 2022.

13

BANI ABIDI

AZADEH AKHLAGHI

HELENA ALMEIDA

BRIGITTE ALOISE ROTH

LIZA AMBROSSIO

EMMA AMOS

SONJA ANDRADE

CLAUDIA ANGELMAIER

ELEANOR ANTIN

DIANE ARBUS

NAIRY BAGHRAMIAN

SYLVIA BALLHAUSE

ANNEKE BARGER

JAMES BARNOR

MICHELA BENAGLIA

LYNDA BENGLIS

RENATE BERTLMANN

MARY BETH EDELSON

TOMASO BINGA

DARA BIRNBAUM

DELPHINE BLAST

ROBIN BLOCK DE FRIBERG

MANON BOYER

SANDRA BREWSTER

ELINA BROTHERUS

EMANUELE BRUTTI

HARRY CALLAHAN

MARCELLA CAMPAGNANO

PIERGIORGIO CASOTTI

DANIEL CASTRO GARCÍA

ELIZABETH CATLETT

BRUNO CATTANI

CATHERINE CATTARUZZA

PIERFRANCESCO CELADA

JUDY CHICAGO

RICHARD CHOI

LINDA CHRISTANELL

GAL CIPRESTE MARINELLI

MARIE CLEREL

LUCIEN CLERGUE

CASSANDRE COLAS

SAM CONTIS

JULIEN CREUZET

DONIGAN CUMMING

ANTONIO D’AMBROSSIO

RAPHAËL DALLAPORTA

SHARBENDU DE

KATRIEN DE BLAUWER

SANNE DE WILDE

GAËLLE DELORT

PHILIP‑LORCA DICORCIA

RINEKE DIJKSTRA

VERONIKA DREIER

ORSHI DROZDIK

LILI DUJOURIE

ALEXANDRE DUPEYRON

LÉNA DURR

RENATE EISENEGGER

AMIN EL DIB

ROSE ENGLISH

MITCH EPSTEIN

VALIE EXPORT

BENOÎT FERON

ESTHER FERRER

COLLECTIF FIVE

JOAN FONTCUBERTA

RAHIM FORTUNE

JEANNE FRANK

INGEBORG G. PLUHAR

RAHIMA GAMBO

JULIA GAT

PERRINE GÉLIOT

MARTA GENTILUCCI

JULIEN GESTER

SUKANYA GHOSH

NAN GOLDIN

MARISA GONZÁLEZ

NOÉMIE GOUDAL

EMMET GOWIN

FRANÇOIS‑MARIUS GRANET

EULÀLIA GRAU

BETTINA GROSSMAN

OLGA GROTOVA

LÉA HABOURDIN

WIAME HADDAD

GREGORY HALPERN

BARBARA HAMMER

ARASH HANAEI

CURRAN HATLEBERG

LOUIS HENDERSON

LYNN HERSHMAN LEESON

LUKAS HOFFMANN

CHING‑YUAN HSU

ALEXIS HUNTER

MAKO IDEMITSU

SARA IMLOUL

BARBARA IWEINS

DANIEL JACK LYONS

NOA JANSMA

BIRGIT JÜRGENSSEN

KIRSTEN JUSTESEN

AMINA KADOUS

STEFAN KARRER

BELINDA KAZEEM ‑ KAMIŃSKI

KRISHEN KHANNA

PHUMZILE KHANYILE

MAHMOUD KHATTAB

SEIF KOUSMATE

SATHISH KUMAR

BÉNÉDICTE KURZEN

ANNA KUTERA

KETTY LA ROCCA

LESLIE LABOWITZ

SUZANNE LACY

KATALIN LADIK

SUZY LAKE

CELESTE LEEUWENBURG

LAWRENCE LEMAOANA

ALMUT LINDE

NATALIA LL

JULIEN LOMBARDI

LEA LUBLIN

KARIN MACK

THOMAS MAILAENDER

BABETTE MANGOLTE

ROBERT MAPPLETHORPE

RODRIGO MASINA PINHEIRO

DINDGA MCCANNON

MARY MCCARTNEY

RALPH EUGENE MEATYARD

DIA MEHTA BHUPAL

SUSAN MEISELAS

ANA MENDIETA

ANNETTE MESSAGER

ORLAN

LEE MILLER

MAXIME MULLER

RITA MYERS

YAMINI NAYAR

CHARLES NÈGRE

SENGA NENGUDI

LILA NEUTRE

HELMUT NEWTON

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48 € TTC FRANCE ISBN 978-2-330-16783-7

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