Nom de code César / GUILLAUME CHAMAHIAN

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Nom de code César



Le dimanche 15 mars 2015 de 20h44 à 00h17, je réalise des captures d’écran sur la page d’un groupe Facebook : Stand With Caesar – trois heures trente trois minutes – 517 photographies. Un peu moins de 25 secondes passées devant chaque visage tuméfié : le sang coagulé, les nez cassés, les bouches tordues, édentées, la langue pendante et noire, la bave sèche sur les lèvres, les yeux exorbités, les globes oculaires arrachés ou des orifices noirs à la place des orbites. Et toujours des grosses mouches à l’appendice vert dans les narines, sur les paupières, dans la barbe, sur le front. Mon regard brouillé, humide puis las devant chaque image ; la suivante plus indicible que la précédente. Ils sont là devant moi à crier leur silence. Je n’ai pas vu ces images à la télé, je ne sais rien de la puanteur dans les narines de la décomposition des corps, l’odeur de la mort. Dans mon atelier où seule la lumière blanche de l’écran éclaire la pièce, tout ce qui m’entoure n’a plus de consistance. La sensation de mon corps à la vue des leurs est sensible : un vertige. Ils apparaissent l’un après l’autre, âmes fantômes. Les supplices vécus nient leur existence, gomment leur histoire. Ils ne sont plus : fantômes parmi les fantômes. Une large étendue noire remplie de scintillements et d’aberrations chromatiques, navigue dans leurs âmes pensantes, forme le liant entre les cellules souches et l’infiniment grand. S’ausculter dedans. Se savoir déjà ailleurs parce que l’affliction sur son être des semaines ou des mois durant est insupportable. Avoir froid et ne pas pouvoir se couvrir, avoir trop chaud et ne pas pouvoir se rafraîchir. Ne jamais ressentir, jours après jours, un minuscule fragment de temps confortable, une évocation rassurante ou tendre. Percevoir la lumière qui décline et celle de l’aurore que l’on devine. Pour ne pas se laisser mourir, s’attarder sur des détails : compter les pas des bourreaux pour deviner la longueur des couloirs, le nombre de carreaux au sol dans la cellule, se concentrer un instant sur le peu que l’on mange, graver avec un noyau d’olive sur les murs un semainier, noter avec son sang et une aiguille, sur un lambeau de vêtement récupéré sur le cadavre d’un frère, les noms de ses compagnons qui, un matin, n’ont pas regagné la cellule. Peut-être un jour, témoigner au monde, libéré des geôles du régime mais plus jamais libre de vivre pleinement. Entendre encore, la nuit, les cris insoutenables qui parviennent de la salle d’interrogatoire où chacun ont marqué les murs et le sol des éclaboussures de leur sang. Là-bas les hurlements résonnent encore : morts ou pas tout à fait vivants.


De ces fragments de vie, dans cette accumulation d’images, ma pensée ne s’accorde pas avec ma perception. La première me chuchote que ces images sont irréelles, la seconde confirme la réalité. Ce qui est troublant c’est que jamais des corps à l’image ne m’ont paru aussi faux ; des blocs de chairs utopiques. Ce sont les numéros écrits au marqueur sur leur peau ou sur un scotch blanc collé sur le front qui me laissent deviner que quelques heures plus tôt leurs cœurs battaient encore. Comme dans un rêve, la distance qui me sépare d’eux n’est pas tangible : ils sont natures mortes. Un écran s’intercale, des métadonnées, des pixels qui forment une image. Il n’y a plus de chuchotements, pas un cri, plus de souffle chaud, plus de sursauts. Je les contemple. Sous leur enveloppe, je pressens dans la chair, une lumière, un petit éclat d’or qui scintille. Il gonfle, se rétrécît tour à tour comme un cœur. Curieux, avec comme instrument le pouce et le majeur, je pince délicatement un coin de peau, je pèle la matière qui couvre la superficie de la charpente. En creux, une forme organique. Par magie, l’embryon, les premières pulsations. Le sang qui afflue et tape la valve de la taille d’une tête d’épingle. Déjà l’émouvante sensation de se sentir unique. Mammifère, embryon, l’intuition de se savoir mortel. Un être pensant dans un corpus qui prospère.


Un peu plus tard je pousse mon premier cri au monde. Le corps chaud de ma mère contre le mien minuscule, son téton entre mes lèvres, le lait qui me nourrit, un visage qui me sourit, des voix déjà rassurantes parce que familières. Des odeurs sucrées, la chaleur en été, les vêtements qui me couvrent l’hiver. La voix de mon père, les caresses ou les bousculades de mes frères et sœurs. Au dehors, dans le brouhaha de la ville, les premiers coups de pieds dans le ballon avec les gamins du quartier, une maîtresse dont je ne me souviens plus le prénom ni les détails de son visage; seuls les souvenirs de sa douceur sont intactes. L’odeur des courgettes farcies, celle des pins d’Alep et celle entêtante des fleurs d’Eucalyptus. Les premiers tours de vélo emprunté au voisin de l’immeuble d’en face, les BD de Lucky Luke, les effluves du parfum dans le cou de ma grand-mère, les petites voitures en métal offertes par ma tante quand elle nous visitait tous les mois, les bagarres avec les autres garçons dans la cour de l’école, la belle Hana à qui j’offre des cadeaux pour lui signifier mon attachement. Les premiers mots appris en français : bonjour, merci, au revoir, je m’appelle Amin. Les olives noires ramassées sur l’arbre et le jeu des noyaux crachés pour atteindre le centre d’une cible grattée sur le sol ou celui de « qui pissera le plus loin ». Tous les matins en sortant de mon immeuble pour me rendre à l’école, sur le trottoir d’en face, il y a deux jeunes amoureux. Ils attendent le bus pour rejoindre le lycée, peut-être la faculté. J’aimerais être ce garçon, être plus grand, plus libre. Aimé, aimant. Tenir dans ma main celle d’Hana, la serrer fermement, l’embrasser pour la première fois, me laisser surprendre par le souffle chaud de son haleine, le goût de sa langue dans ma bouche, renifler le parfum dans ses cheveux, mes mains qui caressent le textile et me laissent deviner sa poitrine. Connaitre l’émotion de son corps nu, sa peau ferme contre la mienne, mon visage enseveli dans son cou. Elle me demande de patienter, d’être prête. J’attends, je suis amoureux quand la guerre éclate. Se sentir un parce que deux, indivisible. Cacher notre amour quand le pays tremble. Lentement découvrir l’émoi de mon sexe en elle. Résister à l’oppression, à la violence. De notre union, de notre liberté surgissent des mots invincibles. La chaleur de nos corps juvéniles pressés l’un contre l’autre déconstruit le cadre de la guerre. Plus tard, se coucher le ventre vide. Entendre le soir pleurer ma mère quand elle nous pense endormis. Les conversations entre elle et son frère sur la politique en Syrie et l’odeur du tabac froid dans le cendrier en terre cuite posé sur la table


basse en bois dans le salon après son départ. Je ne vais plus au collège, je ne côtoie plus mes amis, je ne vois plus Hana. Ma mère m’interdit de sortir de l’appartement. Dehors mon peuple se soulève. J’entends parvenir de l’extérieur les clameurs de la foule, les moteurs ronflants des motos des milices du régime, les tirs des balles et les cris des hommes. Tous les soirs j’écoute mes parents énoncer un nom, un prénom de ceux qui tombent chaque jour : un voisin, un cousin qui disparaît, un ami étudiant de mon grand frère arrêté à un barrage, toutes les villes répertoriées qui s’enflamment jours après jours et les histoires de ces gamins de mon âge enlevés, disparus ou morts qui font le tour du pays. Quand mon grand frère rentre au petit matin, mes parents s’engueulent avec lui. Je comprends rapidement qu’il participe à la résistance. Peu de chose m’échappe. Ici, dans mon foyer, je me sens en sécurité. J’ai peur quand il y a des coupures d’électricité et que le quartier est plongé dans le noir. Je ne veux pas entendre, j’appuie mes mains sur mes oreilles pour atténuer le bruit des détonations. La nuit, parfois, nous allons dormir dans les caves. On vit mais un espace noir s’est initié entre l’enfant que je suis et le monde qui m’entoure parce que, le sol les murs les corps tremblent. Ma tête est compressée entre le silence assourdissant et le fracas des bombes. Ici, le temps passe lentement. Les sacs de riz se vident, la farine devient une monnaie d’échange. Mes parents doivent faire bouillir l’eau du robinet, la filtrer pour qu’elle soit potable. Plus beaucoup de rires qui illuminent la maison. Je ressens ma petite sœur Asma affectée. Même si l’envie n’est plus là, je me force à la distraire en jouant aux billes sur le tapis du salon. Parfois je m'amuse avec mon frère, parfois un copain du quartier nous visite avec sa mère. On dirait que la seule occupation envisageable est de parler de la guerre. La nuit du 21 décembre 2013 tout bascule. Je me souviens, dans la chambre que je partage avec ma sœur et mon autre frère, d’avoir froid dans mon lit malgré les couvertures en laine que j’empile. On tambourine violemment à la porte de l’appartement. J’ai maintenant treize ans. Je suis né le 26 juin 2000, quelques jours avant l’investiture de Bachar el-Assad, quelques jours après la mort de son père Hafez. Trois jeunes soldats questionnent l’identité de mon père et de mon grand frère. Ils ordonnent de les suivre sans faire d’histoire. Ma mère leur demande où est-ce qu’ils les amènent. Le plus âgé d’entre eux répond : « juste pour vérifier


quelques informations, ils seront de retour demain ». Elle les supplie de les laisser, mon père leur propose de l’argent. Ma mère pleure, il leur propose encore plus d’argent. Mes parents sont dans l’encadrement de la porte, un mètre les sépare des soldats. Légèrement en recul, mon frère aîné se tient droit et fier. Derrière lui, ma petite sœur, mon autre grand frère et moi sommes tétanisés. Il les fixe du regard, il les provoque sans prononcer un mot. Aujourd’hui encore je lui en veux ; ce sentiment terrible partagé entre la colère et le manque. J’espère qu’ils repartent comme ils sont venus avec une liasse de billets dans les poches. L’échange, les supplications de ma mère, la négociation de mon père durent une éternité. La tension monte. Les soldats qui semblaient au début calmes, perdent patience. Je comprends que la somme proposée par mon père n’est pas suffisante pour qu’à leur tour ils risquent leurs postes, voir leurs vies. Le plus petit, le plus frêle d’entre eux se balance sur ses pieds. Son corps musclé chavire de droite à gauche. Il doit avoir le même âge que mon grand frère. Il a de grands yeux noirs en amande, les traits du visage fins, le crâne rasé. Il hurle : « On sait qui tu es, ce que tu fais sale chien ! » Il plonge brusquement son bras gauche entre les corps de mes parents et attrape de ses doigts les cheveux de mon frère, le tire à lui et lui explose le nez sur son genou. Tout devient cris rage violence. Mon père s’exécute. Il sort de l’appartement, leur implore de ne plus taper son fils. Ma mère recule d’un pas, tend ses bras en arrière, nous ramène à elle et nous serre tous les trois contre ses jambes. Avant de partir, mon père nous adresse un dernier regard amoureux sur un sourire forcé. Il rassure ma mère : « on sera là demain ». Mon frère et mon père sont sur le palier. Un des soldats pousse la porte d’un coup de latte. Ici à Beyrouth sept ans plus tard, j’entends encore résonner, toutes les nuits, la porte de notre appartement qui claque et mon père et mon frère qui disparaissent brusquement. Toujours cette terre ocre et caillouteuse en fond, là où les corps nus et sans vie s’étalent à même le sol. Parfois, un visage porte un rictus. On dirait presque qu’il sourit. Un autre me regarde les yeux mi-clos, un voile opaque qui recouvre les pupilles. Un autre homme a l’index dressé ; est-ce qu’il a prié Dieu avant de s’éteindre ? Deux hommes ont le visage de Bachar el-Assad tatoué l’un sur le biceps gauche, l’autre sur la poitrine. Certains sont encore transpirants, les gouttelettes d’eau sur leur peau brillent sous les éclats du soleil, une écume blanche entre les lèvres, des croûtes


jaunes à l’intérieur du creux des yeux. Ils viennent tous de mourir, là, la minute avant : vieux, adultes et adolescents. Dans les paroles de leurs tortionnaires ils n’ont jamais été âme. Ils sont numéro. Entre ces murs, ils n’ont jamais été humains. Même pas des chiens à qui l’ont fout des coups de lattes dans le bide. Est-ce que l’on demande à un clébard de lécher sa merde quand elle coule, liquide, sur le sol ? Il y a la peur d’un mot à peine prononçable : horreur. Un mot que l’on ne peut décrire, un mot qui évoque l’histoire. Ce mot que l’on ne souhaite jamais articuler quand il s’agit des gens que l’on aime. Il n’y a pas de mot à bannir mais il arrive qu’un mot, tel un détail, rivalise avec le monde. Guillaume Chamahian, 2020




Le rapport César, révélé en janvier 2014, est tiré du nom de code donné à un photographe du régime syrien. César a travaillé pendant treize ans au sein de la police militaire syrienne. Il était spécialisé dans la photographie des scènes de crime de droit commun. À partir de 2011, lorsque la révolte syrienne commence, il doit aussi photographier les corps de ceux qui meurent sous la torture dans la région de Damas. Très vite, horrifié par son travail, il envisage de déserter mais décide, au péril de sa vie et de celle de ses proches, d'enregistrer et de collecter clandestinement près de 45.000 photographies. Fin 2013, il est exfiltré du pays emportant avec lui l'ensemble de ces données numériques. César a réalisé ces milliers de photographies en suivant un protocole de 4 à 5 clichés par cadavre. Sur chaque corps, deux numéros sont écrits au marqueur directement sur la peau ou sur une étiquette autocollante. Le premier correspond au matricule du détenu, le deuxième à celui du centre de détention. Un troisième numéro se retrouve dans le rapport médical de la victime puis dans les archives du régime. L'ouvrage de Guillaume Chamahian, Nom de code César, comprend 287 images - soit 1/100 des photographies de corps de civils tués sous la torture. Sur ses images, seuls subsistent les numéros d’identification, traduit page de gauche. L'artiste à partir du rapport Human Right Wartch, a pu identifier six personnes. Le matricule laisse alors la place à un nom, un prénom, aux dates de naissance et de mort et aux témoignages de proches. Mélanie Bellue, 2021



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Mohammed Tariq Majid 1990 - 2013

Tariq, comme l’appelait sa famille, avait vingt-trois ans lorsque des officiers des renseignements militaires l’ont arrêté dans un hôtel où il résidait à Damas. Il était étudiant en deuxième année dans un institut technique où il étudiait la comptabilité. Bien que sa famille ait recherché des nouvelles de Tariq, ils n’ont appris où il se trouvait qu’à la fin de l’année 2013 lorsque deux de ses amis ont été libérés. Ils leurs ont dit que Tariq était décédé durant le premier mois de sa détention. « Il a été tellement torturé qu’il s’est éteint. Il avait perdu la raison. » ont-ils rapporté à son frère.



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Oqba al-Mashaan 1980 - 2012

Oqba al-Mashaan avait trente-deux ans lors de son arrestation. Il vivait dans la ville de Mouhassan, dans le gouvernorat de Deir ez-Zor à 450 km au nord-est de Damas. Il travaillait comme employé du gouvernement au bureau du département agricole local. Il était marié et père de deux filles : Alia avait quatre ans et Rehab, trois ans en 2015. En 2014, un ami de la famille croit le reconnaître parmi les photos de César. Il envoie la photo à la sœur d’Oqba : Yasmin. Elle reçoit la photo à 1h du matin et identifie son frère. Elle le dit à son frère survivant Qotaiba mais ils ne savent pas comment annocer à leurs parents qu’ils ont encore perdu un autre de leurs enfants. Sa mère raconte : « Je les ai vus et leurs ai demandés ce qu’il se passait. Ils m’ont dit qu’Oqba était décédé et j'ai répondu que je voulais aller en Syrie pour y recevoir les condoléances. J’y suis allé et j’ai vu la femme d’Oqba et ses enfants. Sa fille qui avait trois ans et demi m'a dit : « Merci mon Dieu, mon père peut se reposer maintenant. Il a été libéré de la souffrance et de l’injustice. »



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Khalid Hadla 1974 - 2013

Khalid Hadla était marié et avait trois jeunes enfants. Il travaillait comme charpentier et vivait à Daraya, près de Damas. En 2015 son frère Amer raconte : « Après l’arrestation de Khalid et ses aveux forcés, quatre de nos frères et notre sœur ont tous été arrêtés ; un seul a depuis été libéré. » Amer a reconnu son frère parmi les photographies de César publiées après qu’une connaissance lui ait dit qu’un membre de sa famille était parmi eux. « J’étais trop triste au début, je ne voulais pas regarder les photos. Je me suis dit que je ne voulais rien avoir à faire avec ça. Puis quelqu’un nous a dit qu’il avait reconnu un membre de la famille Hadla. Il m’a envoyé un SMS avec une photo. C’était vrai, il était là. C’était lui à cent pour cent. »



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Rehab al-Allawi 1989 - 2013

Rehab al-Allawi, une résidente de Damas originaire de Deir ez-Zor, était étudiante en génie à l’Université de Damas. C’est la seule femme qui apparait dans les photographies du rapport César. Rehab a travaillé dans l’un des comités locaux de coordination de Damas de réseaux militants. Elle a aidé les personnes déplacées à l’intérieur du pays qui avaient fui Homs. Après son arrestation, la famille a recherché des informations par le biais de contacts personnels au sein du gouvernement syrien. Ils ont versé plus de 108.000 $ au total à divers responsables des services militaires et de sécurité syriens pour obtenir des informations et la faire libérer. Hanadi, une codétenue, a déclaré : « Nous avons passé vingt-quatre jours ensemble dans la cellule, côte à côte, elle m’a parlé de ses parents. Elle voulait voir ses parents. Elle parlait toujours de ses frères et sœurs, elle avait peur pour sa famille.»



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Ayham Ghazzoul 1987 - 2012

Ayham Ghazzoul était un étudiant à l’Université de Damas poursuivant une maîtrise en médecine dentaire. il était également un activiste des droits de l’homme. Il travaillait avec le Centre syrien pour les médias et la liberté d’expression en Syrie et avec le Centre de documentation des violations syriennes. Quatre jours après son arrivée à la branche 215 à Damas, un de ses codétenus raconte : « Ayham est venu vers moi et m’a dit qu’il était tellement fatigué qu’il voulait juste dormir. Je lui ai dit de venir mettre sa tête sur mes jambes. Environ quarante-cinq minutes plus tard, les gardes de sécurité sont venus laver le couloir où nous étions assis. J’ai essayé de le réveiller mais il n’a pas répondu. J’ai crié à un médecin d’Alep, qui était également prisonnier, de venir. Il a mis sa main sur le cou d’Ayham et il a dit qu’il était mort trente minutes plus tôt. Son corps était très froid quand je l’ai touché. Les gardes ont apporté une couverture et y ont mis le corps d’Ayham. Ils lui ont mis un numéro sur le front et l’ont emmené. »



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Toutes les sources et les informations proviennent du rapport publié en 2015 par l’ONG Human Rights Watch intitulé : If the Dead Could Speak - Mass Deaths and Torture in Syria’s Detention Facilities et du livre Opération César, au coeur de la machine de mort syrienne de la journaliste Garance Le Caisne publié aux éditions Stock en 2015.




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