Sortir

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CINÉMA • MUSIQUE • SPECTACLE • EXPOSITIONS • SAVEURS

SAVEURS

Noël

(DAVID WAGNIÈRES)

Pleins feux sur la bûche

N° 30 | Décembre 2016



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LE TEMPS I DÉCEMBRE 2016

SOMMAIRE

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Musique

Arno à fleur de peau

Le chanteur belge cultive ses fêlures avec une poésie rare. L’écorché aux rimes sublimes est en concert à Genève, entre ombres et lumière

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Cinéma

Felicity Jones en apesanteur

L’actrice anglaise guerroie avec joie dans «Rogue One: A Star Wars Story». Portrait d’un jeune talent flirtant avec le firmament

Art contemporain

Rauschenberg essentiel

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Danse

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A Londres, la Tate Modern voit grand pour rappeler l’importance de l’artiste américain dans l’art du XXe siècle

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Missive admirative

Le Béjart Ballet Lausanne fomente un hommage à son fondateur. Rencontre avec Gil Roman qui règle la partition de «t’M et Variations» et de «Béjart fête Maurice»

Sortir, toutes les semaines

52 Saveurs

La bûche en majesté

Si on a pu faire la fine bouche en la jugeant outrageusement calorique, la bûche a su se réinventer pour être à nouveau plébiscitée

IMPRESSUM Le Temps Sortir Supplément du Temps paraissant un samedi par mois Ne peut être vendu séparément Editeur Le Temps S.A.

Président du conseil d’administration Stéphane Garelli Direction Ringier Axel Springer Suisse SA Directeur Suisse romande Daniel Pillard Rédacteur en chef Stéphane Benoit-Godet Responsable Emmanuel Grandjean

Assistante de production Khadidja Sahli Rédaction Elisabeth Chardon (ELC) Laurence Chauvy (LC) Norbert Creutz (NC) Alexandre Demidoff (ADF) Antoine Duplan (ADN) Marie-Pierre Genecand (MPG) Emmanuel Grandjean (EG) Lisbeth Koutchoumoff (LK) Arnaud Robert (ARO)

Vous nous l’avez souvent dit, et plus encore écrit, vous aimez Sortir pour son côté pratique et l’expertise de ceux qui le fabriquent. Parce qu’à l’heure d’Internet et des applications sur mobile, rien n’est plus rapide et efficace à consulter qu’un agenda culturel imprimé sur du papier. Le magazine que vous tenez entre les mains est le dernier à paraître mensuellement. A partir de janvier 2017, il va rejoindre notre supplément Week-end publié chaque samedi. Pourquoi ce changement? Pour mieux coller à l’actualité culturelle avec une sélection hebdomadaire. Et puis parce que l’année prochaine, «Le Temps» étoffera son offre du samedi avec un nouveau magazine consacré à des sujets de société et d’art de vivre. Pour Sortir, c’est donc une nouvelle transformation depuis sa création en 1998, lorsqu’il s’appelait Tempo. En presque vingt ans d’existence, sans interruption, Sortir a toujours eu le souci de vous offrir le meilleur de la culture, à voir et à écouter. La crème de la crème, désormais chaque semaine.

Khadidja Sahli (KS) Philippe Simon (PS) Caroline Stevan (CST) Eléonore Sulser (ESR) Julian Sykes (JS)

Responsable production Jacques Bertrand Sylvain Boggio Réalisation, graphisme Mélody Auberson Audrey Delaloye Pascale Toschini Responsable photolitho Denis Jacquérioz Responsable iconographie Véronique Botteron

Responsable correction Virginie Jaton Conception maquette Bontron & Co S.A. Publicité Responsable du département Marianna Di Rocco publicite@letemps.ch Tél. +41 21 331 70 00 www.letemps.ch/pub

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AGENDA 16 32 34 38 42 44 49 49 49 52 56 58 64

Cinéma Musique Classique Actuelles Spectacle Théâtre Danse Humour Enfants Saveurs Expositions Suisse Europe

Courrier Le Temps S.A. CP 6714, CH-1002 Lausanne Tél. +41 21 331 78 00 Fax +41 21 331 70 01 Impression Swissprinters AG Zofingen

Merci de nous faire parvenir vos programmes culturels par écrit au minimum deux semaines avant la publication de Sortir Adresse: Le Temps, Mémento CP 6714, CH-1002 Lausanne, Fax +41 21 331 70 01 Courrier électronique culture@letemps.ch


La jeune actrice incarne avec jubilation une spationaute redresseuse de torts. (DISNEY)

Felicity Jones dans les étoiles Anglaise romantique éclairant d’une flamme espiègle des films intimistes, la comédienne bondit vers la gloire interstellaire: elle tient le rôle principal de «Rogue One», la première des spin-offs de «Star Wars» Par Antoine Duplan Il était une fois, dans l'Angleterre sombre et humide, une petite fille qui grandissait dans la vénération des princesses que Disney fait miroiter. La petite sirène était son idole. Aujourd'hui, elle enfile une combinaison de spationaute et, aux confins des galaxies lointaines, distribue des gnons aux ennemis de la liberté. Née à Birmingham, en 1983, d'un père journaliste et d'une mère publicitaire, Felicity Jones a découvert sa vocation en voyant

sur scène son oncle, le comédien Michael Hadley. Elle a pour modèles Samantha Morton (Minority Report), Meg Ryan et Isabelle Huppert «qui déchire tout ce qu'elle fait». Elle aime se fier à son instinct, car «la caméra aime la spontanéité». En marge d'une scolarité studieuse jusqu'à l'obsession, elle fait ses débuts de comédienne à 11 ans, décroche son premier rôle dans The Worst Witch, une série télé pour la jeunesse, et enchaîne avec The Archers, un soap-opéra radiophonique. On la voit dans Chéri, de

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Stephen Frears, elle tient le rôle de Miranda dans La Tempête, d'après Shakespeare. Ce n'est qu'en 2011 que sa notoriété déborde des frontières anglaises avec A la folie, une comédie dramatique de Drake Doremus. Suit The Invisible Woman, de ­ Ralph Fiennes, dans lequel elle joue la maîtresse cachée de Charles Dickens. Elle s'impose définitivement avec Une merveilleuse histoire du temps, un biopic de l'astrophysicien Stephen Hawking qui remplace la matière noire par de l'eau de rose. Avec son visage harmonieux d'Anglaise romantique que perce un nez pointu et qu'illumine un sourire, son image de marque, tout en incisives d'éternelle galopine, Felicity Jones se dit prête à se partager entre l'Angleterre et les Etats-Unis, entre les drames intimes et les gros bastringues hol-

SCIENCE-FICTION

Belle rebelle > 14 décembre

lywoodiens. Elle s'essaye au blockbuster en jouant Felicia, la copine cambrioleuse de l'homme-araignée dans The Amazing Spider-Man: Le destin d'un héros, Puis elle file le train à Tom Hanks dans Inferno, où elle incarne une doctoresse félonne. Après un détour par l'Espagne pour interpréter une mère cancéreuse dans Quelques minutes après minuit, un drame fantastique de J. A. Bayona, la brunette s'envole vers le firmament de la gloire en décrochant le rôle principal de Rogue One: A Star Wars Story, de Gareth Edwards, la première des spin-offs de la franchise milliardaire. Pour incarner Jyn Erso, une rebelle «rapide, agressive, indisciplinée», la comédienne menue (1 m 60) se déchaîne physiquement: «Botter le cul des soldats de l'Empire, c'est assez fun», rit-elle. Au feu les robes de princesse!



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LE TEMPS I DÉCEMBRE 2016

CINEMA

Kim Tae-ri joue le rôle de Sook-hee, employée au service d’une riche héritière japonaise. ( DR)

Il était une fois en Corée Invité pour la troisième fois en compétition à Cannes, l’esthète Park Chan-wook signe avec «Mademoiselle» son premier film en costumes

Par Stéphane Gobbo En mai dernier, le Festival de Cannes accueillait pour la troisième fois Park Chan-wook en compétition officielle. Mademoiselle a beau avoir divisé la Croisette, le Sud-Coréen n'en était pas moins officiellement intronisé dans la confrérie des habitués, ces réalisateurs régulièrement invités par la plus importante manifestation cinématographique du monde. Il pourrait même se targuer d'être l'heureux lauréat d'une Palme d'or, si le sort n'en avait décidé autrement, en 2004. Park Chan-wook était venu présenter Old Boy, deuxième volet d'une trilogie de la vengeance, réalisé entre Sympathy for Mr. Vengeance (2002) et Lady Vengeance (2005). Ce thriller anxiogène et métaphysique, racontant

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Park Chan-wook. (VALERY HACHE/AFP)

DRAME PSYCHOLOGIQUE

Envoûtant > 30 novembre

la quête désespérée d'un père de famille cherchant à savoir pourquoi il avait mystérieusement été séquestré durant quinze ans, avait électrisé Quentin Tarantino, alors président du jury. Palmé pour Pulp Fiction dix ans plus tôt, le cinéaste américain souhaitait couronner Old Boy. Mais cette année-là, l'approche d'une réélection de George W. Bush à la présidence américaine dicta un autre choix: Fahrenheit 9/11, documentaire militant de Michael Moore. Park Chan-wook se contentera dès lors d'un accessit, le Grand Prix du jury. Avant de se lancer dans sa trilogie de la vengeance, trois films à l'esthétique flamboyante et à la violence extrême, et posant de justes questions sur des problèmes éthiques et moraux, le Coréen s'est fait connaître avec son troisième long-métrage, Joint Security Area (2000), passionnant thriller situé à la frontière entre les deux Corées. Très visuelle, son œuvre est toujours empreinte d'un discours politique ou social. Un peu comme celui de Tarantino, donc. Lorsqu'il dit vouloir réaliser une comédie romantique, Park Chan-wook signe Je suis un cyborg (2006), un délire pop mettant en scène, dans un établissement psychiatrique, une jeune femme persuadée d'être un robot. Et lorsqu'il s'attaque au film de vampires avec Thirst, ceci est mon sang (2009), il revisite non pas l'archétype du suceur de sang inventé par Bram Stoker, mais s'inspire du Thérèse Raquin de Zola. Ce qui lui vaudra une deuxième sélection cannoise et une deuxième récompense en forme de Prix du jury. Il y a quelques mois, il a donc dévoilé Mademoiselle, film en costumes adapté d'un roman historique publié en 2002 par la Galloise Sarah Waters. Transposé dans la Corée des années 1930, sous occupation japonaise, ce drame psychologique mettant en scène deux jeunes femmes – une riche héritière et sa servante – voit le cinéaste soigner à l'extrême sa photographie tout en déjouant admirablement les attentes du spectateur. Déroutant, envoûtant: voilà la force de son cinéma. «C'est un thriller, une histoire d'arnaqueurs, un drame ponctué de rebondissements surprenants et, plus que tout, une histoire d'amour», détaille le Coréen.


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MUSIQUE

Etincelante Olga Peretyatko La soprano russe, 36 ans, donne un récital consacré à Mozart, à des airs russes et au bel canto, début janvier, à l’Opéra de Lausanne

nous ou récite-nous un poème!» Je connaissais beaucoup de poèmes, que j'interprétais en public.» Elle a étudié le violon, qu'elle a vite abandonné pour le piano. Elle a chanté dans la chorale d'enfants du Théâtre Mariinsky de Saint-Pétersbourg. «J'ai fait aussi de la direction chorale à 15 ans, ce qui m'a donné une base théorique et pratique.» Son père, lui-même membre du chœur du Théâtre Mariinsky, incite sa fille à devenir chanteuse d'opéra. Elle n'y croit guère, mais elle s'y lance malgré tout. «J'ai pris des cours privés de chant à 19-20 ans seulement et, à 22 ans, je suis allée à Berlin pour passer les examens au Conservatoire.» Là, à Berlin, elle se retrouve à l'Académie de musique Hanns Eisler. Elle ne parle pas l'allemand. Son budget par jour n'excède pas dix euros. Elle prend part à tous les projets d'étudiants. Elle chante dans un quatuor qui donne des concerts dans des hôpitaux et EMS. Puis elle rejoint en 2005 l'Opéra Studio du Staatsoper de Hambourg, «véritable école de vie», participe à diverses académies, dont l'Accademia Rossiniana de Pesaro, où elle va commencer à aborder le bel canto rossinien. «C'est une écriture vocale que je trouve très saine», dit-elle. Bellini, Donizetti et le jeune Verdi (le rôle de Gilda qu'elle a beaucoup chanté) lui ouvrent les portes des grandes scènes lyriques, comme la Scala de Milan et le Met de New York. Mariée au chef d'orchestre Michele Mariotti, Olga Peretyatko a tout pour elle: la voix, le physique et l'éclat scénique. S'il lui arrive parfois d'être un peu stéréotypée dans ses gestes ou un rien superficielle, ce ne sont que des réserves mineures par rapport à une artiste de grand talent. Un récital à ne pas manquer.

Par Julian Sykes Depuis un retentissant Rossignol de Stravinski donné en 2010 au Festival d'Aix-en-Provence, magnifié par les brumes, les eaux réfléchissantes et les marionnettes orientales du metteur en scène Robert Lepage, Olga Peretyatko est devenue l'une des figures les plus en vue du monde de l'opéra. C'est une voix d'exception qui possède la rondeur et le charme d'une tessiture lyrique, tout en offrant, dans l'extrême aigu, les scintillements et l'agilité d'une colorature. Eric Vigié en a fait l'une de ses étoiles à l'Opéra de Lausanne. Depuis 2010, elle a endossé pas moins de quatre rôles (en plus de Gilda au Festival Avenches Opéra), entre Desdemona dans l'Otello de Rossini, le rôle-titre d'Alcina de Haendel, Adina dans L'Elixir d'amour ou encore Violetta dans La Traviata. Parée d'un timbre qui ne cesse de s'épanouir, elle chante actuellement Constance dans L'Enlèvement au sérail à l'Opéra de Zurich. Son aplomb dans le redoutable «Matern aller Arten» fera sans doute sensation à l'occasion d'un récital, début janvier, à l'Opéra de Lausanne, avec le pianiste Giulio Zappa. Elle a choisi Mozart, Bellini, Rossini et des airs russes. Dotée d'un physique de princesse, consciente de ses charmes, cette graine de star, née en 1980 à Saint-Pétersbourg, a toujours aimé être en représentation. «J'avais 3 ans et, à chaque fête familiale, la petite Olga était mise sur une table avec la requête: «Olga, chante pour

( EDDY MOTTAZ)

OPÉRA

Bête de scène > 6 janvier 2017

«Olga Peretyatko. Bel canto et airs russes». Ve 6 janvier à 20h.

Opéra de Lausanne. (www.opera-lausanne.ch).

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CHANSON

Impénétrable > 7 décembre

(DANNY WILLEMS)

Arno, la vie rêvée d’Ostende Le chanteur belge porte son personnage comme une seconde peau flétrie Par Arnaud Robert Il a souvent raconté cela: il est allé cuisiner pour Marvin Gaye quand l'érotomane de la Motown s'était échoué sur les plages givrées d'Ostende. Arno s'appelle en réalité Arnold. Et même Charles et Ernest. Il est spécialiste de la friture. On sait en fait plein de choses sur lui, notamment que les dessous de bras de sa mère ont une odeur réconfortante, qu'il est par-

fois interloqué par son propre bégaiement et qu'il est la plus belle incarnation du blues sur notre continent sans avoir jamais été yéyé. On sait des choses et pourtant on n'imagine pas artiste plus secret que ce Belge au cheveu triste, à l'œil canin, qui chante la mort avec une tête d'amour. Il faut l'avoir rencontré un jour dans la coulisse éthylique d'un concert pour comprendre qu'Arno ne plaisante pas. Même quand il est drôle, qu'il décrit Mireille Matthieu comme un «gland sur pattes» à cause de sa coupe, il n'esquisse pas un sourire. Depuis ses premières pistes, son punk nordique avec un groupe flamand, Arno est le fils tragique d'un poète dada et d'une baraque à frites. On a vu cent fois les gens s'adresser à lui

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avec condescendance, sûrs qu'il était saoul. Alors qu'il n'avait rien bu depuis dix ans. L'esprit d'Arno est une tournure trilingue, l'anglais de Tom Waits, le français de Brel, le flamand de sa grand-maman, qui s'entrechoquent avec une violence et une poésie rare. En général, ses formules prennent l'allure d'un freak show dans une fête foraine. Mais il arrive (et c'est le cas la plupart du temps dans ses ballades) que la grâce d'Arno recouvre tout: la peur, l'ennui, le malaise grimé du clown triste. Et alors, on ne pense plus à lui comme la réplique vacillante d'un chanteur américain. Mais comme un des rimeurs les plus vivants de la francophonie. Forcément, il est coupable aussi du malentendu. Au fil des années,

depuis sa première sortie solo en 1986, il a patiemment bâti un personnage d'écorché, un double ravagé de lui-même, qu'on a fini par ne plus voir que la forme, grisée. Dans le film de Samuel Benchetrit, J'ai toujours rêvé d'être un gangster en 2008, Arno avait si bien joué l'épave face à Alain Bashung qu'on ne pouvait que confondre la vie et l'œuvre, le délitement et son récit. Mais Arno a aujourd'hui 67 ans. Et son destin d'ange blessé se prolonge avec tant d'insistance qu'il laisse derrière lui, chaque jour qui passe, des preuves de sa grandeur. Il a chanté l'amour d'une mère, la faiblesse des hommes, les lits vides, l'intolérable paresse et la peur. Avec ses «r» qui roulent et ses hoquets de sanglot interrompu, Arno reste debout. Dans la pureté de ses premières inclinations, dans le blues du Mississippi et la mer du Nord mêlés. Il est seul, depuis toujours. S'il arrête de danser, il tombe. Comme nous tous. Me 7 décembre à 20h. L’Alhambra, Genève. (Loc. www.petzitickets.ch).



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LE TEMPS I DÉCEMBRE 2016

SPECTACLE

THÉÂTRE

Tohu-bohu > Du 8 au 31 décembre

Délire dada aux Osses Geneviève Pasquier, codirectrice du théâtre de Givisiez, monte un spectacle collage en hommage au mouvement né il y a cent ans. Un univers qu’elle arpente avec talent en compagnie de Nicolas Rossier depuis vingt-cinq ans

Par Marie-Pierre Genecand Dada a 100 ans. Impossible de ne pas le savoir. Depuis le début de l'année, expos, spectacles et perfs se multiplient en Suisse et ailleurs pour fêter ce mouvement iconoclaste né à Zurich, en février 1916. Dans ce cortège d'hommages, Dada ou le décrassage des idées reçues sera peut-être le dernier, il ne sera pas le moins pertinent. Pourquoi? Parce que la compagnie Pasquier-Rossier, auteure du spectacle à découvrir en décembre, n'a pas attendu cet anniversaire pour créer des pépites dadaïstes, célébrant le monde de l'absurde et la liberté de penser. Depuis Le Déjeuner sur l'arbre, leur premier spectacle en 1991 composé de textes de Michaux, le duo qui dirige le Théâtre des Osses, à Givisiez, a toujours brillé dans ce registre libertaire et décalé. Le Corbeau à quatre pattes, de Daniil Harms, en 2000. Civet de cycliste, cabaret façon Karl Valentin, en 2003. A ma personnagité, travail autour des écrits bruts, en 2004. Ou encore, en 2010, Lé Kombinaqueneau, hommage au génie inventif de l'auteur de Zazie dans le métro… Geneviève Pasquier et Nicolas Rossier sont spécialement

inspirés lorsqu'ils dynamitent le prêt-à-penser, explosent les clichés. Dada ou le décrassage des idées reçues ne devrait pas faire exception. Geneviève Pasquier parle de cette création qu'elle mène seule, cette fois, et qui lui tient particulièrement à cœur, car elle nourrit ce projet depuis dix ans. «C'est un hasard total si ce spectacle autour de Dada est créé exactement cent ans après la naissance de ce mouvement, commence la metteuse en scène, entre deux répétitions. En 2006, j'ai vu à Paris l'exposition du Centre Pompidou consacrée au dadaïsme et j'ai été épatée par la richesse et la diversité de ces artistes. Ce qui me plaît? Qu'ils avancent ensemble, sous la même bannière, tout en restant très singuliers. Depuis, je n'ai cessé de me documenter sur eux, à commencer par Tristan Tzara, dont les textes m'ont spécialement subjuguée, et, après deux saisons à la tête des Osses, nous nous sommes dit, avec Nicolas Rossier, que je pouvais réaliser ce projet plus atypique que les deux précédents, des pièces de Corneille et de Marivaux qui étaient par définition plus classiques. »Dada procédera par agrégation de plusieurs disciplines

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«Premier Manifeste dada» Hugo Ball, Zurich, le 14 juillet 1916 «Je ne veux pas de mots inventés par quelqu’un d’autre. Tous les mots ont été inventés par les autres. Je revendique mes propres bêtises, mon propre rythme et des voyelles et des consonnes qui vont avec, qui y correspondent, qui soient les miens. Si une vibration mesure sept aunes, je veux, bien entendu, des mots qui mesurent sept aunes. Les mots de Monsieur Dupont ne mesurent que deux centimètres et demi. On voit alors parfaitement bien comment se produit le langage articulé. Je laisse galipetter les voyelles, je laisse tout simplement tomber les sons, à peu près comme miaule un chat… Des mots surgissent, des épaules de mots, des jambes, des bras, des mains de mots.»

De gauche à droite, les comédiens et musiciens

artistiques, poursuit Geneviève Pasquier. Déjà, pour commencer, tout part d'une boîte. Une grosse boîte déposée sur le plateau qui va se déployer et libérer aussi bien des éléments refoulés qui nous permettent d'exprimer notre part sauvage que des éléments oppressants qui nous empêchent de respirer. Ces accessoires seront fabriqués dans des matériaux chers aux dadaïstes: du carton et du papier, en hommage à leurs tracts et affiches pleins de brio. »C'est sur ce principe visuel que vont se greffer les élucubrations textuelles. Une variété de plumes, depuis les poèmes déstructurés de Tristan Tzara jusqu'au manifeste de Hugo Ball, le fondateur du mouvement, ou celui du peintre


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SPECTACLE

Jonas Marmy, Valérie Liengme et Mathias Demoulin. (GRAY)

Picabia. On entendra aussi des extraits d'une pièce d'Apollinaire et des compositions d'Emmy Hennings, danseuse et poétesse, compagne de Hugo Ball. Une majorité de ces écrits sont en français, mais certains sont en allemand et en anglais. Leur particularité, c'est qu'ils sont très musicaux et insolites. Un régal pour les comédiens, Valérie Liengme et Jonas Marmy, d'autant que Jonas est pianiste.» »Côté musique, Mathias Demoulin ne reprendra pas des partitions de l'époque, mais prolongera les poèmes phonétiques d'une composition de son cru, actuelle, qui s'inspire du côté percussif de cette langue. Il jouera, entre autres, de la contrebasse, son instrument de prédilection.

»Présenté ainsi, on pourrait imaginer que le spectacle sera un joyeux foutoir visuel et sonore, sourit la metteuse en scène. C'est un peu vrai, mais c'est sans compter avec la noirceur des artistes Dada, souvent en rupture, qui s'opposait violemment à l'establishment, plaidait pour un retour au langage du ventre et parlait de la Première Guerre mondiale en cours, même s'il la nommait rarement. La pensée dada, c'est une pensée corrosive, ironique, mordante. Et cette noirceur fera aussi partie de mon projet.» «Dada ou le décrassage des idées reçues». Du 8 au 31 décembre.

Théâtre des Osses, Givisiez (FR). (Loc. www.theatreosses.ch).

«Aux Osses, on a pu développer un lien fort avec le public» Depuis 2014, Geneviève Pasquier et Nicolas Rossier ont succédé à Gisèle Sallin et Véronique Mermoud à la tête du Théâtre des Osses, à Givisiez, dans le canton de Fribourg. Impressions de direction «Après deux saisons, je ne retire que du positif de cette nouvelle expérience, analyse Geneviève Pasquier. Ce qu’on a gagné en sécurité en ayant un lieu fixe où créer nos spectacles, on ne l’a pas perdu en mobilité: on continue à tourner autant qu’à l’époque de la Compagnie Pasquier-Rossier et à monter des coproductions. La deuxième belle chose liée au fait de diriger un théâtre, c’est le lien avec le public. Tant qu’on était une compagnie itinérante, on ne pouvait pas développer de liens forts avec les spectateurs. A présent, on connaît les gens et on échange en profondeur, c’est très gratifiant. Si le public a changé, rajeuni depuis notre arrivée? Peut-être, mais le principal, c’est qu’il est très présent – l’an dernier, le taux d’occupation a atteint les 90 % – et surtout très ouvert aux expériences atypiques. C’est important pour nous et de bon augure pour le spectacle dada.» MPG

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Entre deux représentations à l’étranger, les danseurs du Béjart Ballet Lausanne répètent «t’M et Variations» ainsi que «Béjart fête Maurice». (GREGORY BATARDON)

Maurice Béjart à la lettre Avec «t’M et Variations», Gil Roman et le BBL adressent une épître au vieux maître disparu en 2007

Alexandre Demidoff La lettre à Maurice. Chemin du Presbytère, Gil Roman s'immerge dans sa nouvelle création, t'M et Variations. On le surprend un après-midi d'automne, maigre comme un scribe à l'époque de Néfertiti, attentif à la plus fluette des virgules, tandis que les danseuses du BBL chinoisent, le front barré par un chausson, le pas délicieusement oriental. Ses doigts règlent la mesure, son front se peuple d'ombres. Il va interrompre dans un instant, vous le sentez. Et ça ne manque pas. La voix est tannée, elle a l'habitude du comman-

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dement. «Pointer, petit rond de jambe», demande-t-il. A ce moment-là, Gil Roman est comme le calligraphe: seuls lui importent l'équilibre du geste, la beauté d'un arrondi, l'élégance d'un délié. Il en oublierait presque la cadence infernale de ces mois, ces journées de répétitions arrachées au programme des tournées, Bruxelles, Moscou. Il en oublierait aussi que t'M et Variations n'est pas une pièce comme les autres, qu'elle lance une année 2017 qui marquera les dix ans de la disparition de Maurice Béjart, les trente ans de la naissance du BBL. En ce temps-là, Lausanne s'éri-

geait en capitale culturelle: grâce à son syndic Paul-René Martin et à sa grande trésorière Yvette Jaggi, le chorégraphe et sa troupe épousaient les rivages lausannois. «Je voulais faire un hommage à Maurice tel que je l'entends, confie Gil Roman dans son bureau, après la répétition. Avec t'M et Variations, j'ai voulu parler des danseurs, de l'esprit de notre compagnie, de ce qui fait l'étoffe du métier. C'est une pièce que j'écris avec les interprètes.» Au premier jour des répétitions, il n'a pas de plan, de point de chute. Sur le plateau vierge, tout peut se formuler. «J'ai même choisi


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SPECTACLE

de me passer de musiciens au départ, poursuit-il. C'était ma façon de me renouveler, de m'obliger à chercher la nécessité d'un geste, d'une relation entre deux interprètes. Maurice Béjart était tout le contraire. Au début d'une création, il avait en tête toute la construction de la pièce. Pour ma part, je travaille sur la matière.» Mais la ronde vient de reprendre. Les filles paradent à petits pas de comtesse de Hongkong, le chausson toujours collé sur le front. Plus tard, il y aura des ébauches de romance, d'autant plus belles qu'elles sont sans apprêts – sans fard, sans costumes, brutes. Puis Elisabet Ros trace un rébus au sol, de la pointe du pied. Accroupi, dans son survêtement Adidas, Gil Roman veille à la légèreté de la strophe, à son rythme surtout. «Les enfants, on est dans la merde. C'est trop long, le

problème, c'est que les gens vont s'ennuyer.» «Je suis dans la panade, confirme-t-il dans son bureau. On a encore deux mois, c'est vrai, mais en réalité on a peu de temps, entre les spectacles que nous donnons, la répétition de la seconde pièce de notre soirée, Béjart fête Maurice, qui sera composée d'extraits de ballets de Maurice. Mon souci, c'est qu'il faut tailler dans la matière et que c'est difficile visà-vis des danseurs. Ce ne sont pas des mots qu'on biffe, ce sont des êtres humains.» Son obsession? L'ennui. «Je ne supporte pas ça au théâtre. C'est l'une des raisons pour lesquelles je tiens à la présence de musiciens pendant la représentation (Thierry Hochstätter et jB Meier, ndlr), leurs impulsions empêchent le ronronnement.» De ce t'M et Variations, il dit qu'elle devrait s'apparenter à une

épître à Maurice, que chaque scène devrait avoir la fluidité d'une page, chaque pas le caractère d'une signature. «Quand Maurice est mort, j'ai lu aux danseurs une lettre où il parlait de son amour de la compagnie. Il affirmait qu'elle était une, même si elle se transforme, même si elle s'enrichit de nouvelles personnalités.» Le diptyque de décembre sera festif, promet le patron du BBL. Pour le moment, il tire sur sa cigarette. Dans la nuit, il écoutera Bob Dylan ou Leonard Cohen, ces voix qui encensent l'ombre et escortent ses songes depuis ses 15 ans. Au petit matin, il saura peut-être où couper. Une belle lettre est faite de rebonds au coin de la phrase.

DANSE

Lignée

> Du 16 au 22 décembre

«t’M et Variations» et «Béjart fête Maurice». Du 16 au 22 décembre.

Lausanne. (Loc. 0900 800 800, www.ticketcorner.com).

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LE TEMPS I DÉCEMBRE 2016

EXPOSITIONS

Robert Rauschenberg, le chaînon marquant La Tate Modern propose cet hiver la plus grande exposition consacrée à l’artiste américain depuis son décès en 2008. Indispensable pour comprendre les mouvements de l’art du XXe siècle Par Elisabeth Chardon Cet été, des mois avant l'ouverture de sa grande exposition consacrée à Robert Rauschenberg, la plus grande semble-t-il depuis le décès de l'artiste américain en 2008, la Tate Modern a tout spécialement communiqué à propos d'une pièce qu'elle est fière d'exposer. Monogram, prêtée par le Moderna Museet de Stockholm, a été conçue par l'artiste alors qu'il avait à peine 30 ans, à partir d'une chèvre angora empaillée qu'il aurait obtenue pour la moitié de son prix, à 15 dollars dans une brocante de la Septième Avenue, à New York. Une œuvre tout à fait révélatrice de ce que Rauschenberg a bousculé dans l'art de l'après-guerre. Ce travail de collage rappelle le début du XXe siècle, Dada, Braque et Picasso. Il rappelle surtout les assemblages de Kurt Schwitters, et Rauschenberg reprend aussi les théories sur l'art et la vie développées par l'artiste allemand. «Je ne fais ni de l'art pour l'art, ni de l'art contre l'art. Je suis pour l'art, mais pour l'art qui n'a rien à voir avec l'art. L'art a tout à voir avec la vie», dira l'Américain, dont le travail marque ainsi une rupture avec les peintres expressionnistes abstraits américains dont il était pourtant parfois très proche dans la vie, comme Jasper Johns, Cy Twombly ou encore Willem De Kooning. Il a fallu environ trois ans et plusieurs essais avant que Monogram trouve sa forme définitive. L'animal aux longs poils a d'abord été fixé sur un tableau vertical puis sur un tableau placé à l'horizontale. Un pneu en caoutchouc, une balle de tennis, un talon de chaussure, des papiers imprimés et de la peinture à l'huile complètent l'assemblage, monté sur roulettes. Le titre donné à l'œuvre

ART CONTEMPORAIN

Matière première

> Du 1er décembre au 2 avril

«Bed», «Combine», 1955. 191,1 x 80 x 20,3 cm.

(THE MUSEUM OF MODERN ART, NEW YORK/SCALA, FLORENCE)

«Retroactive II», 1963. Huile, sérigraphie et encre sur toile, 203 x 152 cm.

(NATHAN KEAY © MCA CHICAGO)

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LE TEMPS I DÉCEMBRE 2016

EXPOSITIONS

«Monogram», «Combine», 1955-1959, 106,7 x 160,7 x 163,8 cm.

(MODERNA MUSEET, STOCKHOLM)

«Sans titre (Spread)», 1983. Matériaux divers, 188,6 x 245,7 x 88,9 cm.

(ROBERT RAUSCHENBERG FOUNDATION)

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signifie que celle-ci réunit les objets comme un monogramme entremêle les lettres. Il ne s'agit pas de former un mot, pas plus que les objets ne se fondent pour former une figure nouvelle. Pourtant avec ses «combinaisons», ces Combines, Rauschenberg affirme clairement qu'il ne s'inscrit ni dans la forme picturale ni dans la sculpture. Il cherche son chemin entre les formes. «La peinture est liée à la fois à l'art et à la vie. Les deux sont impossibles à faire. J'essaie de travailler dans l'intervalle qui les sépare», expliquera-t-il. Ce que l'historien d'art Leo Steinberg analysera plus tard ainsi: «Ce qu'il a inventé par-dessus tout, c'est une surface picturale qui redonnait sa place au monde.» Faire revenir la matière du monde dans l'art, telle est bien la recherche de l'artiste, en réaction à un art trop absolu, trop épuré. Ainsi, Bed (1955), qui fait le voyage depuis le MoMA, est une œuvre assemblée à partir de ce qui aurait été l'oreiller de Rauschenberg et un édredon piqué offert par une amie artiste, Dorothea Rockburne, étendue comme une toile et recouverte de dessins au crayon et de peinture abstraite. Si le pneu qui enserre le corps de la chèvre dans Monogram rappelle l'enfance de l'artiste près d'une usine de pneus dans le Texas, on est là encore plus clairement au cœur de sa vie. Monogram et Bed seront présentées avec d'autres Combines. Mais l'exposition donnera des échos des six décennies de créa-

tion de Rauschenberg, dans une variété qui va de la recherche monochrome, en blanc ou en noir, à la photographie en passant par des collaborations avec les autres arts (Merce Cunningham, Trisha Brown, John Cage, etc.). Mais d'où vient-on pour marquer ainsi l'art de son temps? Né en 1925, Robert Rauschenberg a grandi dans une famille modeste du Texas pétrolifère, petit-fils d'un médecin allemand et d'une Cherokee. A la fin de la guerre, il sert dans un hôpital militaire neuropsychiatrique où sont soignés des marins traumatisés. Se renforcent ainsi ses convictions antimilitaristes. Il visite aussi pour la première fois un musée d'art et comprend qu'il peut lui aussi devenir un artiste. Il étudiera à Kansas City, aux cours Julian à Paris, mais surtout au Black Mountain College, avec Josef Albers, rescapé du Bauhaus. En 1949, Rauschenberg arrive à New York, il continue d'étudier, sans doute n'arrêtera-t-il jamais. Plus tard, il choisira la Floride, où il mourra, à 82 ans. Mais on ne saurait le saisir sans prendre en compte ses voyages en Europe et en Afrique du Nord. Il va remettre en question les mouvements de l'après-guerre, faire surgir le pop art, bref, ouvrir les fenêtres d'un art peut-être trop refermé sur lui-même. «Robert Rauschenberg».

Du 1er décembre au 2 avril. Tate Modern, Londres. (Rens. www.tate.org.uk/modern).

«Triathlon (Scenario)», 2005. Transfert jet d’encre sur polylaminate, 217 x 306 cm. (ROBERT RAUSCHENBERG FOUNDATION)

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(ADOK)

Autobiopic

«Poesía sin fin» Alejandro Jodorowsky

Le jeune Alejandro s’émancipe de sa famille tyrannique pour intégrer les cercles poétiques de Santiago du Chili et trace sa voie de poète, mime, clown, maître du tarot et cinéaste à travers épreuves et illuminations surréalistes


C CINÉMA

NOS PRÉFÉRENCES

Fable philosophique

Drame social

Madrigal

Best-seller revisité

Roberto Andò

Cristian Mungiu

Jim Jarmusch

Marco Bellocchio

Les maîtres de l’économie mondiale se retrouvent dans un palace discret. La réunion vire au mystère policier lorsque leur hôte banquier est retrouvé mort. La belle fable d’un vrai moraliste

Un médecin fait jouer ses relations pour s’assurer que sa fille passe l’examen qui lui permettra d’étudier à l’étranger. Une radiographie de la Roumanie malade de la corruption

Dans la ville de Paterson, un chauffeur de bus nommé Paterson écrit des poèmes et vit heureux auprès de sa femme enthousiaste. Une chronique du bonheur tranquille signée par un cinéaste rock

«Confessions» «Baccalauréat» «Paterson»

«Fai bei sogni» Un journaliste en train de vider la maison de ses parents est suffoqué par le retour d’un mystère du temps de son enfance. L’amour maternel et le silence familial explorés par un maître


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CINEMA

La phrase du mois

«Je n’ai pas l’impression d’être un héros» «Sully», de Clint Eastwood

FOX-WARNER

«Le timide a peur avant le danger, le lâche au milieu du danger, le courageux après le danger», méditait Jean Paul. Le 15 janvier 2009, le capitaine Sullenberger (Tom Hanks) n’a pas pensé à l’écrivain romantique allemand lorsque des oiseaux ont endommagé son appareil, détruisant les réacteurs. Défiant toutes les lois de l’aéronautique, il a réussi un amerrissage

d’urgence sur l’Hudson River, sauvant la vie de ses 155 passagers. Plus tard, sa tension artérielle atteint toutefois 110 au repos… Le monde l’acclame en héros; lui, il a seulement l’impression d’avoir fait son devoir. Cette modestie, symptôme du vrai courage, est appréciable en des temps où les matamores et les super-héros pullulent.

LES ÉTOILES DU TEMPS Par nos critiques

Alliés Après la tempête Assassin’s Creed Baccalauréat Ballerina Beauté cachée (Collateral Beauty) Captain Fantastic Cemetary of Splendour Comancheria (Hell or High Water) Confessions Doctor Strange Europe She Loves Fais de beaux rêves (Fai bei sogni) For this is my body Heimatland Inferno Iris Jack Reacher: Never Go back Jean Ziegler – L’optimisme de la volonté Juste la fin du monde La Fille de Brest La Fille du train (The Girl on the Train) La Fille inconnue La Idea de un lago La Memoria del agua Le ciel attendra Le Client (Forushande/The Salesman) Le Petit Locataire Les Animaux fantastiques (Fantastic Beasts and…) Le Teckel (Wiener-Dog) L’Histoire de l’amour (The History of Love)

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Norbert Creutz

Antoine Duplan

VVV VV VVVV U VVV VVV VVV VVV VVV VVV V V V VV VVV VVVV VV U VVV VV VVV VVV V VV -

VV VV VVV VVV VVV VVV VV VV V V VVV VV U U VVV V VV V VVV V V V

L’Odyssée Louise en hiver Mademoiselle (Agassi/The Handmaiden) Mal de pierres Ma’ Rosa Ma Vie de Courgette Miss Peregrine et les enfants particuliers Moi, Daniel Blake (I, Daniel Blake) Mr. Ove (En Man som heter Ove ) Mr. Wolff (The Accountant) Oppression (Shut in) Paterson Personal Shopper Poesia sin fin Polina – Danser sa vie Réparer les vivants Rogue One: A Star Wars Story Seul dans Berlin (Alone in Berlin) Snowden Sully Tanna The Founder Torneranno i prati Tour de France Tout va bien – Aquí no ha pasado nada Une vie Un monde entre nous (The Space Between Us) Vaiana, la légende du bout du monde Wild Plants Wolf and Sheep

Norbert Creutz

Antoine Duplan

VV V VV VV VV V V VV V V VVV VV VVV VV VVV VV VV V VV VV V

V VV VV VV VVV V VVV VV U VVV VV VVV VV VVV VVV VV VV VV -

VVVV j’adule VVV j’admire VV j’estime V je supporte U je peste UU j’abhorre - je n’ai pas vu


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Sorties du 23 novembre VVV

Alliés (Allied)

Mélodrame de Robert Zemeckis. Avec Brad Pitt, Marion Cotillard, Jared Harris, Lizzy Caplan, August Diehl, Simon McBurney, Matthew Goode. Glamour et espionnage à la mode rétro: mission réussie

Casablanca 1942. Au service du contre-espionnage allié, l’agent canadien Max Vatan rencontre la résistante française Marianne Beauséjour lors d’une mission à haut risque contre le consulat allemand. Réunis quelques mois plus tard à Londres, ils se marient et ont une petite fille, qui naît sous le Blitz. Mais leur relation est bientôt mise en péril par de terribles soupçons apparus aux services de renseignement… Avec le Casablanca de Michael Curtiz comme matrice, Robert Zemeckis et son scénariste Steven Knight ont imaginé un de ces films d’espionnage romantiques comme on n’en fait plus. Miracle: entrepris avec suffisamment de sérieux et un minimum de réalisme en plus, cela fonctionne toujours! Face à un Brad Pitt qui arbore déjà sa mine des lendemains amers, c’est Marion Cotillard qui fait l’essentiel du spectacle. Tour à tour forte, sexy et amoureuse, à jamais mystérieuse, elle est au cœur de ce suspense plus intime que politique. Si l’emploi du français laisse toujours à désirer, deux magnifiques scènes d’amour physique prouvent que Zemeckis a mûri. Ses expériences avec la motion capture derrière lui, l’auteur de Flight et The Walk se rapproche insensiblement de son maître Spielberg. NC VVV

Jean Ziegler – L’optimisme de la volonté

Documentaire de Nicolas Wadimoff. Un film aussi valable pour les détracteurs que pour les fans

Cinéaste plus volontaire que transcendant, le Genevois Nicolas Wadimoff (Opération Libertad, Spartiates) signe sans doute son meilleur film à ce jour avec ce portrait de Jean Ziegler, qui fut son professeur de sociologie. Le sujet était délicat, la réussite n’en est que plus éclatante. Elle tient à une empathie teintée de scepticisme,

tandis que l’auteur approche l’animal politique en deux temps: dans son travail actuel à l’ONU et durant un voyage à Cuba, en compagnie de son épouse Erica. A 80 ans, Ziegler s’avère un infatigable redresseur de torts doublé d’un fin diplomate dans sa lutte contre les «fonds vautours» au Conseil des droits de l’homme. Mais de l’autre côté, le pèlerinage sonne aussi l’heure des bilans pour celui qui reçut en 1964 la consigne de Che Guevara lui-même de combattre le capitalisme en Suisse. Et là, Wadimoff saisit aussi bien l’aveuglement que les contradictions du vieux révolutionnaire. Informatif, mais surtout révélateur, ce documentaire saisit le personnage dans toute son attachante complexité. NC

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CINEMA

COMÉDIE DRAMATIQUE

L’économie à confesse Fable philosophique doublée d’un «whodunit» policier, «Confessions» de Roberto Andò intrigue et enchante

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Louise en hiver

Dessin animé de Jean-François Laguionie. Avec la voix de Dominique Frot. L’animation reposante

A la fin de l’été, la vieille Louise voit le dernier train de la saison, qui dessert la petite station balnéaire de Biligen, partir sans elle. Seule dans la ville désertée, bientôt privée d’électricité, Louise pourra-t-elle survivre à l’hiver? Sans peur et considérant son abandon comme un pari, elle s’installe dans une bicoque sur les dunes. Alors qu’elle apprivoise les éléments naturels et la solitude, ses souvenirs s’invitent dans l’aventure… Attention, nouveauté: le dessin animé pour le troisième âge! Lui-même concerné, Jean-François Laguionie, 77 ans et une carrière qui remonte aux années 1960, a imaginé un récit minuscule et poétique, presque dépourvu d’action, dont l’héroïne serait une vieille dame. Malgré toute l’estime qu’on porte à l’auteur du Tableau (2011), force est de reconnaître qu’on s’ennuie cette fois un peu dans son univers pastel et gentiment déconnecté. NC V

Tour de France

Drame de Rachid Djaïdani. Avec Sadek, Gérard Depardieu, Louise Grinberg, Nicolas Marétheu. Pour voir Gégé rapper

Far’Hook est un jeune rappeur de 20 ans. Suite à une embrouille avec un rival, il est obligé de quitter Paris pour quelque temps. Son producteur Bilal lui propose alors de prendre sa place et d’accompagner son père Serge,

Toni Servillo. (XENIX)

Trois ans après sa comédie politique Viva la libertà, le Sicilien Roberto Andò retrouve sa vedette Toni Servillo pour un bis encore peut-être moins amusant mais plus intéressant. Cette fois, sa cible n'est en effet plus la politique italienne mais rien moins que l'économie mondiale, dénoncée au travers d'une fable philosophique à la manière de feu l'écrivain Leonardo Sciascia. Nous voici donc quelque part en Allemagne, au bord de la mer, où des ministres de l'Economie du G8 se retrouvent à l'invitation du directeur du FMI en vue d'adopter un plan de sauvetage aux lourdes conséquences. Trois invités de la société civile, une écrivaine danoise, un rocker britannique et un moine italien, se joignent à eux. Mais rien ne se déroule comme prévu, du fait du décès brutal de leur hôte, un banquier français qui s'était confessé au moine peu auparavant… Même sans être un génie de la mise en scène, Andò signe là une œuvre profondément personnelle. Si l'influence de Paolo Sorrentino se fait sentir, l'auteur reste heureusement en deçà de la grandiloquence prétentieuse pour développer plutôt un divertissement léger doublé d'un joli conte moral. A l'évidence, le multilinguisme révèle certains comédiens un peu gênés aux entournures, mais Servillo au moins reste souverain dans un registre nouveau: une sorte de candeur franciscaine qui rappelle efficacement tous ces «décideurs» à leurs responsabilités. Et si un bon vieil humanisme était vraiment ce qui fait défaut au monde d'aujourd'hui? Norbert Creutz Quand un moraliste de talent s’adresse aux puissants VVVVV Confessions (Le Confessioni). Comédie dramatique de Roberto Andò. Avec Toni Servillo, Daniel Auteuil, Connie Nielsen, Moritz Bleibteu, Marie-Josée Croze, Pierfrancesco Favino, Lambert Wilson, Richard Sammel, Johan Heldenbergh, Stéphane Freiss, Togo Igawa, Julian Ovenden, Alekseï Guskov, Giulia Andò.

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CINEMA

DRAME

Quand la corruption s’insinue Le Roumain Cristian Mungiu est de retour avec «Baccalauréat», formidable conte moral à énigmes

un ancien maçon qui veut se lancer dans un tour des ports de France sur les traces du peintre Joseph Vernet. Malgré le choc des générations et des cultures, une amitié improbable va se nouer… Présenté à la Quinzaine des réalisateurs de Cannes, comme déjà Rengaine (2012), le deuxième opus de Rachid Djaïdani bénéficie surtout d’un «effet Depardieu». Quoi, le massif central du cinéma français qui s’encanaille dans un petit film de la marge? On voudrait bien pouvoir être aussi enthousiaste que la critique parisienne, mais non. En fait de film, on n’a guère droit qu’à son brouillon, un voyage informe tourné à l’arrache, ni bien écrit ni très bien joué. Et même si on applaudit au propos, difficile de ne pas le trouver bien appuyé, avec sa réconciliation jouée d’avance. NC VV

Une vie

Drame de Stéphane Brizé. Avec Judith Chemla, Yolande Moreau, Jean-Pierre Darroussin, Swann Arlaud, Nina Meurisse, Clotilde Hesme. Maupassant sur le mode contemplatif

Adrian Titieni. (FILMCOOPI)

Cinéaste d'exception qui sait se faire désirer, le Roumain Cristian Mungiu (4 mois, 3 semaines, 2 jours, Au-delà des collines) est de retour avec un de ces films dont il a le secret: à la fois théoriques et prenants, construits avec précision et formidablement incarnés. Ce n'est donc pas un hasard si ce récit d'un père voulant à tout prix voir sa fille quitter le pays s'est retrouvé à nouveau récompensé à Cannes, cette fois par un Prix de la mise en scène (ex æquo). Médecin à Cluj-Napoca en Transylvanie, Romeo Aldea a tout mis en œuvre pour que sa fille Eliza soit acceptée dans une université anglaise. Il ne reste plus à la jeune fille, très bonne élève, qu'à obtenir son baccalauréat avec une excellente moyenne. Mais Eliza se fait agresser la veille des examens. Inquiet, Romeo décide d'assurer ses arrières en profitant de relations, quitte à bafouer tous les principes qu'il a inculqués à sa fille… A travers cette histoire, c'est à un subtil examen de conscience national qu'invite le cinéaste. Représentant de la génération désillusionnée par la révolution de 1990, Romeo n'est pas un mauvais bougre. Mais la corruption pourrait bien l'avoir gagné insidieusement. Et comme chez Michael Haneke, les enfants ne sont pas dupes. Bref, il s'agit là d'un sujet parfaitement universel, mené de main de maître par un Mungiu qui troue son récit de mystères. Qui a agressé Eliza? Qui jette des cailloux? Tout reste ouvert à l'interprétation dans un film qui, lui, donne un rare sentiment de complétude. Assurément, un des chefs-d'œuvre de l'année. Norbert Creutz Un des principaux créateurs d’aujourd'hui au sommet de son art VVVV Baccalauréat (Bacalaureat). Drame de Cristian Mungiu. Avec Adrian Titieni, Maria Dragus, Lia Bugnar, Malina Manovici, Vlad Ivanov, Gelu Colceag, Rares Andrici, Petre Ciubotaru, Alexandra Davidescu, Emanuel Pârvu.

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Normandie, 1819. A peine sortie du couvent où elle a fait ses études, Jeanne Le Perthuis des Vauds, jeune femme trop protégée et encore pleine des rêves de l’enfance, se marie avec Julien de Lamare. Très vite, ce dernier se révèle pingre, brutal et volage. Les illusions de Jeanne commencent alors à s’envoler, ses propres parents, ses rares amis, puis même son fils adoré ne faisant qu’y contribuer… Le premier roman de Guy de Maupassant (1883), déjà porté à l’écran par Alexandre Astruc en 1958 avec Maria Schell, pouvait certes supporter une nouvelle adaptation. Sélectionné en compétition à la Mostra de Venise, le résultat n’est hélas pas très emballant. Peut-être inspiré par Les Hauts de Hurlevent d’Andrea Arnold, Stéphane Brizé opte pour un format carré et une narration contemplative, tout en ellipses et temps faibles. Mais du coup, pour son premier grand rôle, Judith Chemla (Camille redouble) paraît bien éteinte, et la vie de Jeanne plus morne que tragique. NC

Sorties du 30 novembre

(Rak ti Khon Kaen) Rêverie d’Apichatpong Weerasethakul. Avec Jenjira Pongpas Widner, Banlop Lomnoi, Jarinpattra Rueangram. Toute la poésie tranquille du cinéaste palmé d’«Oncle Boonmee»

Thaïlande. Des soldats atteints d'une mystérieuse maladie du sommeil sont transférés dans un hôpital provisoire installé dans une école abandonnée. Femme d'âge mûr, Jenjira se porte volontaire pour s'occuper d'Itt, un beau soldat auquel nul ne rend visite. Elle se lie d'amitié avec Keng, une jeune médium qui utilise ses pouvoirs pour aider les proches à communiquer avec les hommes endormis… De retour dans sa ville natale de Khon Kaen, dans l'est du pays, Apichatpong Weerasethakul a été frappé par son développement aux dépens des lieux de sa mémoire. Sa rêverie a donné naissance à son film le plus linéaire à ce jour, quoique toujours aussi poétique et hypnotique. Plus facétieux qu'on ne l'imagine, le cinéaste-artiste conceptuel s'amuse ici avec une hypothétique thérapie à base de tubes de néons colorés, l'évocation d'un palais disparu ou des soudaines chorégraphies au bord de la rivière. Comme Syndromes and a Century (2006), le film n'en reste pas moins réaliste, s'imprégnant avec bonheur de l'esprit du lieu. Un inédit de l'auteur palmé d'Oncle Boonmee, distribué par la Cinémathèque suisse. NC -

Europe, She Loves Documentaire de de Jan Gassmann.

Dans une Europe à l'orée de bouleversements économiques et sociaux, à Tallinn, Séville, Dublin et Thessalonique, un zoom avant sur les visions d'avenir de quatre couples, leurs disputes et leurs combats quotidiens, leurs enfants, le sexe et la passion. Auteur de Off Beat – Alles Falsch, Alles richtig, une fiction située dans le milieu du rap et de la dope, et de Karma Shadub, un documentaire consacré à une relation père-fils, Jan Gassmann, un des dix réalisateurs de Heimatland, dessine une topographie pour répondre à tout ce qu'on voulait savoir sur le sexe, le couple et l'argent dans l'Union européenne sans oser le demander. ADN VV

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Cemetery of Splendour

La Fille de Brest Drame d’Emmanuelle Bercot. Avec Sidse Babett Knudsen,


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LE TEMPS I DÉCEMBRE 2016

Benoît Magimel, Charlotte Laemmel. Un film d'indignation citoyenne comme la France en fait peu

2007. Dans son hôpital de Brest, la pneumologue Irène Frachon commence à suspecter un médicament pour diabétiques, le Mediator, d'aggraver la situation de ses patients, voire d'être la cause de certaines morts suspectes! Elle convainc Antoine Le Bihan, un collègue rompu dans la recherche, de lancer une étude pour publication. Avertis de la menace, les laboratoires Servier contre-attaquent tandis que l'Agence de sécurité sanitaire temporise… Les Américains sont passés maîtres de ce genre d'histoire à la David contre Goliath, où la vérité finit par triompher grâce à l'acharnement d'un individu courageux. Sur un gros scandale récent mettant en cause les pharmas, Emmanuelle Bercot (Elle s'en va, La Tête haute) en signe une approximation française, honnête mais sans génie. De l'isolement des débuts à l'explosion médiatique de l'affaire, le combat d'Irène Frachon captive. S'essayant au registre extraverti d'une Erin Brockovich bretonne, le Danois Sidse Babett Knudsen (la série Borgen, L'Hermine) épate à nouveau. NC V

La Idea de un lago Drame de Milagros Mumenthaler. Avec Rosario Bléfari, Carla Crespo, Malena Moiron, Juan Greppi. Un air de Léman sur la pampa

Inès, 35 ans, photographe, se souvient des vacances d'autrefois dans la maison familiale au bord d'un lac, et de son père, disparu pendant la dictature militaire – il s'évanouit littéralement sur un Kodachrome… Des décennies plus tard, Inès et son frère sont amenés à faire une prise de sang pour déterminer l'ADN d'ossements exhumés. Née en Argentine en 1977, Milagros Mumenthaler est revenue en Suisse à 17 ans et repartie dans la pampa pour y étudier le cinéma. Son premier long-métrage, Abrir Puertas y Ventanas, a remporté le Léopard d'or à Locarno en 2011 et on se demande encore comment cette délocalisation filandreuse des Trois Sœurs de Tchekhov en Amérique latine a pu ravir le jury. Elle approfondit cette épistémologie de l'ennui dans La Idea de un lago, un film plus évanescent que politique, privilégiant la latence et l'irrésolution. Parfois dans la léthargie narrative scintille un éclat de poésie enfantine; autrement, la réalisatrice

s'englue dans l'anamnèse poussive et l'image surréaliste banale. ADN VV

Ma' Rosa

Drame social de Brillante Mendoza. Avec Jaclyn Jose, Julio Diaz, Felix Roco, Andi Eigenmann, Mercedes Cabral. Un témoignage saisissant sur le fléau de la drogue aux Philippines

«Ma'» Rosa a quatre enfants et tient une petite épicerie dans un quartier pauvre de Manille où tout le monde la connaît. Pour joindre les deux bouts, elle et son mari Nestor y revendent illégalement des narcotiques. Un jour, ils sont dénoncés et arrêtés. Confrontés à des policiers corrompus, qui ont fait du commissariat un centre de racket, les enfants vont tout faire pour racheter la liberté de leurs parents… Avec 15 films en vingt ans, le Philippin Brillante Ma. Mendoza (c'est ainsi qu'il signe) s'est fait un nom en exposant les nombreux maux dont souffre son pays. Ici, le commerce de la drogue, qui a récemment explosé, et sa répression inefficace (on est encore avant l'élection de Rodrigo Duterte et sa guerre totale). Le film est volontairement tourné «sans art», caméra lancée à la suite des personnages comme s'il s'agissait d'un documentaire. La photo est laide, la mise en scène strictement descriptive, le constat de corruption généralisée juste accablant. Depuis ses sommets de Serbis, Kinatay et Lola, le cinéaste a bien baissé. NC

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CINEMA

montrer la vérité sous l'apparence des choses, la chambre des supplices sous la bibliothèque. Figure de proue du cinéma coréen, Park Chan-wook (Old Boy, Thirst) propose avec Mademoiselle un thriller aux compositions magistrales et aux images léchées qui distille un érotisme raffiné et vénéneux. ADN U

Oppression (Shut in)

Thriller de Farren Blackburn avec Naomi Watts, Charlie Heaton, Oliver Platt, Jacob Tremblay. Les fantômes font moins peur que les ados

tients, est porté disparu. Soudain sujette à des hallucinations, Mary se retrouve cernée par des présences inquiétantes. Farren Blackburn, réalisateur de télévision (Docteur Who, Les Enquêtes de Vera, etc.) et d'un film martial (Hammer of the Gods) s'essaye au thriller horrifique dans une option plus psychologique que surnaturelle. Cherchant l'inspiration du côté de Shining (blizzard, coups de hache, fausses empreintes dans la neige), et aussi du Sous-sol de la peur, il abuse du jump scare et ne rate aucun cliché. Et, faute de neige artificielle ou de compétence, la tempête annoncée s'avère minable. ADN VV

Depuis le décès de son époux dans un accident d'automobile, Mary (Naomi Watts), pédopsychiatre, vit seule avec son fils paralysé dans un chalet isolé de la Nouvelle-Angleterre. A l'approche d'une violente tempête de neige, Tom, l'un de ses jeunes paPUBLICITÉ

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Mademoiselle

(Agassi / The Handmaiden) Drame de Park Chan-wook. Avec Kim Min-hee, Kim Tae-ri, Ha Jung-woo, Cho Jin-woong. Ô doux carillon des boules de geisha qui s'entrechoquent

L'escroc Kouzuki ourdit un plan machiavélique pour capter un héritage. Il demande à Sookee (Kim Tae-ri), une fille de la rue, de l'aider à séduire et épouser Hideko (Kim Min-hee) en devenant sa servante. Riche, candide et neurasthénique, la jeune héritière vit cloîtrée dans un château sous la férule d'un oncle sévère et dans l'ombre de sa mère, jadis pendue au cerisier devant sa fenêtre. Sookee enseigne à sa maîtresse les rudiments de l'amour physique, elles y prennent goût. L'histoire est à double fond, la seconde partie adopte un autre point de vue pour

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Paradise (Ma dar behesht) Drame de Sina Ataeian Dena. Avec Dorna Dibaj, Fariba Kamran, Fateme Naghavi, Nahid Moslemi. Sous le hijab, une institutrice éprise de liberté


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CINEMA

Tous les matins, Hanieh enfile son hijab et, traversant Téhéran pour aller enseigner dans une école de la banlieue, elle remonte le temps, passant du monde contemporain au Moyen Age. Elle rêve d'une mutation. En attendant, elle ronge son frein, regarde les poissons dans l'aquarium et trahit ses idéaux en enseignant à des fillettes de respecter la discipline et la morale islamique. Sina Ataeian Dena a réalisé Paradise, son premier film, sans autorisation ni subventions. Pour contourner la censure, il a entre autres fait semblant de tourner un documentaire dans les écoles. L'authenticité de certaines images, comme le sermon matinal de la directrice sur le vernis à ongles, leste la fiction du poids du réel et assène une nouvelle démonstration de la vitalité du cinéma iranien – en dépit d'une action qui se languit parfois. ADN VV

Poesía sin fin

Autobiopic d’Alejandro Jodorowsky.

Avec Adan Jodorowsky, Pamela Flores, Brontis Jodorowsky, Leandro Taub. A la monstrueuse parade, c’est Jodo qui mène le bal

Entre un père féroce pour qui poésie est synonyme de pédérastie et une mère, diva contrariée, qui s'exprime exclusivement en arias, le jeune Alejandro (Adan Jodorowsky) se découvre une âme de poète. Fuyant la boutique familiale, il intègre un cercle d'artistes surréalistes et de monstres, s'évertue à transformer Santiago du Chili en ville imaginaire et finit par partir pour la France où de nouvelles aventures l'attendent. Tour à tour poète, montreur de marionnettes, mime, clown, directeur de théâtre, psychomagicien, maître du tarot, cabarettiste mystique et cinéaste, Alejandro Jodorowsky a vécu mille vies. Il a ébranlé les seventies avec deux films-cultes, El Topo et La Montagne magique. Après une éclipse de vingttrois ans, il est revenu au cinéma avec La Danza de la Realidad (2013), une autobiographie imaginaire de ses

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jeunes années à Tocopilla, dont Poesía sin fin constitue le deuxième chapitre. Joyeux et provocant, ce manifeste de réalisme magique latino-américain pèche toutefois par surabondance de symboles et baisses de tension. ADN VVV

Sully

Drame de Clint Eastwood. Avec Tom Hanks, Aaron Eckhart, Laura Linney, Mike O’Malley, Jamey Sheridan, Anna Gunn, Holt McCallany. D’un fait divers, Eastwood tire un thriller à dimension parabolique

Le 15 janvier 2009, le commandant «Sully» Sullenberger réussit à poser sur les eaux glacées du fleuve Hudson son appareil, qui, en phase d’approche, vient de perdre deux réacteurs. Il sauve la vie de ses 155 passagers. L’opinion publique et les médias saluent le pilote pour son exploit unique dans l’histoire de l’aviation. Une enquête est toutefois ouverte: n’aurait-il pas été possible de

rallier un aéroport? Ou «quarante ans d’aviation, jugés sur 208 secondes»… Depuis plus de quarante ans, Clint Eastwood revisite l’histoire de l’Amérique, s’approprie cet exploit et, avec Tom Hanks dans le rôle-titre, dessine une figure de héros tranquille en proie aux attaques des bureaucrates. Réalisé avec l’efficacité emblématique de l’auteur d’Un monde parfait, dépourvu de tout pathos, Sully rend non seulement passionnante mais très émouvante l’histoire de l’amerrissage forcé et de ses implications juridiques. ADN V

Wolf and Sheep

Drame de Shahrbanoo Sadat. Avec Sediqa Rasuli, Qodratollah Qadiri. L'Afghanistan archaïque révélé

Dans les montagnes reculées d'Afghanistan, les enfants bergers obéissent aux règles des adultes: surveiller le troupeau et ne pas fréquenter le sexe opposé. Les légendes que racontent


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LE TEMPS I DÉCEMBRE 2016

leurs aînés, où les loups jouent un rôle important, se mêlent à la vie. Mais l'insouciance n'est jamais loin. Et un jour, les jeunes Sediqa et Qodrat se rapprochent autour d'une fronde… C'est avec un regard quasi ethnographique que la jeune cinéaste a approché son premier long-métrage, qui témoigne de ce que fut son enfance. Couvé par le Festival de Cannes (et présenté à la Quinzaine des réalisateurs), son projet n'a pu être réalisé qu'au Tadjikistan voisin, mais l'authenticité ne s'en ressent nullement. Difficile par contre d'accrocher à ce récit en pointillé, qui emprunte des touches fantastiques à Apichatpong Weerasethakul. S'il s'agit de dénoncer une culture traditionnelle qui rend impossible une vraie rencontre entre les hommes et les femmes, c'est presque trop subtil! NC

ET AUSSI

Vaiana, la légende du bout du monde (Moana),

film d’animation de Ron Clements et John Musker.

Il y a trois mille ans, la fabuleuse aventure d’une jeune Océanienne.

Sorties du 7 décembre VV

La Memoria del agua Drame de Matías Bize. Avec Elena Anaya, Benjamin Vicuna, Nestor Cantillana, Sergio Hernandez. Couple sans enfants cherche sortie de secours

L'eau a peut-être la mémoire courte, mais la piscine devant la maison rappelle sans cesse à Javier et Amanda cette tragédie qui a détruit leur existence. Amanda ne supporte plus cet endroit, plus son mari. Elle part, et chacun reste avec sa solitude. Il y aura des retrouvailles, des tentatives de

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CINEMA

réconciliation, mais rien n'y fera: ce couple naguère aimant est à jamais séparé par le fantôme d'un enfant noyé. Spécialisé dans les relations hommes-femmes, auxquelles il a consacré ses quatre premiers longs-métrages, Matías Bize propose, dans La Mémoire de l'eau, le récit d'une déconstruction. Son film se pose en modèle de délicatesse. Les dérives mélodramatiques sont proscrites. L'enfant disparu n'est jamais convoqué, à travers des flash-back ou des home movies, mais suggéré à travers les traits sur un mur qui indiquent sa taille, un jouet, une anecdote. Seule fausse note, le duo pour violoncelle affligé et piano romantique qui enrobe la dernière scène, Javier marchant apaisé dans un champ. ADN -

Le Mystère Jérôme Bosch

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(El Bosco – El Jardin de los suenos) Documentaire de José Luis Lopez-Linares.

Cinq cents ans après sa disparition, Hieronymus Bosch, l'un des plus grands peintres flamands, continue à intriguer avec une œuvre aussi fascinante qu'énigmatique. Pour rendre hommage à cet artiste qui défie le temps, l'Espagnol José Luis Lopez-Linares, chef opérateur réputé (notamment pour Carlos Saura) qui signe aussi des documentaires, a eu une idée: faire défiler devant le fameux triptyque du Jardin des délices, la nuit au Prado de Madrid, divers historiens de l'art, philosophes et psychanalystes… L'exercice, auquel se prêtent notamment William Christie, Michel Onfray, Orhan Pamuk et Salman Rushdie, serait assez passionnant, pour qui s'intéresse un tant soit peu à la peinture. NC


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LE TEMPS I DÉCEMBRE 2016

CINEMA

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Mr. Ove

(En Man som heter Ove/A Man Called Ove) Comédie dramatique de Hannes Holm. Avec Rolf Lassgard, Bahar Pars, Filip Berg, Ida Engvoll, Tobias Almborg.

Depuis le décès de sa femme et son licenciement à 59 ans, Ove se sent vieux et terriblement inutile. Pour s’occuper, il harcèle ses voisins pour le moindre manquement au règlement de la copropriété, avant de décider carrément d’en finir. Mais lorsque de nouveaux voisins emménagent, Ove ne trouve plus un instant à lui pour se pendre tranquillement. Se pourrait-il qu’il retrouve goût à la vie? Dixième opus d’un auteur de comédies suédois, inconnu au bataillon, Mr. Ove nous arrive recommandé par un Prix du public au Festival du film romantique de Cabourg… C’est donc sans surprise que l’on découvre un feelgood movie facile où la vie d’Ove nous est racontée dans une succession de flash-back réducteurs. Le solide Lars Passgard (le Wallander de la TV suédoise, aperçu dans After the Wedding de Susanne Bier) et une réalisation soignée masquent un moment le problème. Mais il faut vraiment ne pas attendre grand-chose du cinéma pour se satisfaire d’un «film à programme» aussi factice. NC -

Seul dans Berlin (Alone in Berlin) Drame de Vincent Perez. Avec Emma Thompson, Brendan Gleeson, Daniel Brühl, Mikael Persbrandt.

Berlin, 1940. Otto et Anna Quangel, un couple d'ouvriers, vivent dans un quartier modeste où, comme le reste de la population, ils tentent de faire profil bas face au Parti nazi. Mais lorsqu'ils apprennent que leur fils unique est mort au front, ils décident d'entrer en résistance, plaçant bientôt des messages anonymes critiquant Hitler et son régime aux quatre coins de la ville. L'inspecteur Escherich de la Gestapo chargé de l'affaire, c'est un redoutable jeu du chat et de la souris qui s'engage… Auteur de deux films vaguement prometteurs (Peau d'ange, 2002, et Si j'étais toi/The Secret, 2007), l'acteur franco-suisse Vincent Perez s'est lancé dans un projet ambitieux: une nouvelle adaptation du grand roman de la résistance allemande Seul dans Berlin (Jeder strirbt für sich

allein) de Hans Fallada (1947). Présenté en compétition au Festival de Berlin, le film a été jugé académique, handicapé par sa langue anglaise de rigueur commerciale. Comme l'original allemand d'Alfred Vohrer (1976) a très bonne réputation, on attend quand même de voir. NC

DRAME

ET AUSSI

Marco Bellocchio revient en force avec «Fais de beaux rêves (Fai bei sogni)», exploration de l’amour maternel perdu inspirée par un best-seller

Demain tout commence, comédie d’Hugo Gélin.

Un orphelin inconsolable

Omar Sy confronté à une paternité inattendue.

Sorties du 14 décembre VV

Personal Shopper

Drame d’Olivier Assayas. Avec Kristen Stewart, Lars Eidinger, Sigrid Bouaziz, Anders Danielsen Lie. Deux heures avec Kristen Stewart, ça ne se refuse pas

Maureen, jeune Américaine à Paris, s'occupe de la garde-robe d'une célébrité. C'est un travail qu'elle n'aime pas, mais elle n'a pas trouvé mieux pour payer son séjour. Car sa vraie raison d'être là est d'attendre que se manifeste l'esprit de Lewis, son frère jumeau récemment disparu. Après quelques soirées inquiétantes dans une demeure où il a vécu, elle commence à recevoir sur son portable d'étranges messages anonymes… Prix de la mise en scène à Cannes (ex æquo avec Baccalauréat de Cristian Mungiu), Personal Shopper y a laissé une impression mitigée de film élégant et intrigant mais pour finir décevant. C'est peu dire que le mariage entre l'hypercontemporain cosmopolite cher à Olivier Assayas (Après mai, Sils Maria) et un spiritisme hérité du XIXe siècle donne un film bancal, jusqu'à un final surprise tourné à Oman. Heureusement, il y a Kristen Stewart, qu'on suivrait jusqu'au bout du monde. NC -

Rogue One: A Star Wars Story Film de science-fiction de Gareth Edwards. Avec Felicity Jones, Diego Luna, Ben Mendelsohn, Mads Mikkelsen, Forest Whitaker, Jiang Wen.

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Barbara Ronchi, Nicolò Cabras. (FILMCOOPI)

Marco Bellocchio n'est certes pas un cinéaste consensuel. Mais jamais il n'aura semblé plus près de toucher le «grand public» qu'avec ce film tiré d'un best-seller du journaliste et romancier Massimo Gramellini, qui y raconte son long cheminement pour faire son deuil d'une mère perdue à l'âge de 9 ans. L'occasion pour le cinéaste de revisiter toute une œuvre placée sous le signe de la famille. Tout débute à Turin, en 1969, quand Massimo perd sa mère adorée dans des circonstances mystérieuses. Au grand dam de son père, il refuse d'accepter cette disparition brutale ainsi que la consolation de la religion. En 1990, devenu un journaliste accompli, Massimo se retrouve à devoir vendre et vider l'appartement de ses parents. C'est alors que les questions qui l'ont toujours hanté remontent à la surface, l'envoyant à l'hôpital, où il rencontre la médecin Elisa… Un demi-siècle après Les Poings dans les poches, Bellocchio boucle donc la boucle avec cette évocation déconstruite en trois temps: les souvenirs du petit garçon avec sa mère, ceux du préadolescent qui grandit entre football et religion et enfin le journaliste rattrapé par son trauma. La révolte originelle s'est certes assagie, mais après des années de psychanalyse, l'institution familiale est plus que jamais le creuset de toutes les névroses. Sans doute un peu trop fidèle à sa source, le film vous égare avant de revenir à la question clé: ce sentiment d'une malédiction qui a pesé sur Massimo est-il dû à sa perte ou plutôt au secret gardé par son entourage? Encore une fois, la capacité de Bellocchio à exprimer poétiquement l'intériorité de ses protagonistes traduit un travail hautement personnel. Et donne un film qui, même imparfait, va droit au cœur. Norbert Creutz Le nœud familial enfin dénoué par un grand cinéaste de l’intime VVV Fais de beaux rêves (Fai bei sogni). Drame de Marco Bellocchio. Avec Valerio Mastandrea, Bérénice Bejo, Nicolò Cabras, Barbara Ronchi, Guido Caprino, Dario Dal Pero, Dyan Ferrario, Emmanuelle Devos, Fabrizio Gifuni.


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CINEMA

COMÉDIE DRAMATIQUE

Pourtant le bonheur existe

Dans «Paterson», Jim Jarmusch raconte l’histoire d’un couple sans histoire dans une ville en marge de l’histoire. Un éloge de la simplicité qui se décline en rituels paisibles et événements insignifiants

Adam Driver et Golshifteh Farahani. (FILMCOOPI)

Paterson, c'est une petite ville du New Jersey, le titre d'un recueil de poèmes de William Carlos Williams et le nom d'un chauffeur de bus qui travaille à Paterson et a Paterson pour livre de chevet. Paterson (Adam «Kylo Ren» Driver) est marié à Laura (Golshifteh Farahani). Ils mènent une vie sans nuage, réglée comme du papier à musique. Il sillonne Paterson au volant de son bus. Pendant les pauses, il écrit des poèmes dans son cahier secret. Des mots simples qui célèbrent l'amour à travers les petits riens du quotidien. Pendant ce temps, Laura peint des tissus, prépare des cupcakes, rêve de devenir chanteuse de country. Au-delà de cette succession de micro-événements routiniers, Paterson raconte notre lien avec la réalité. C'est sa profession de foi adressée à la poésie, seule à même de modifier notre rapport au monde. Pour Jim Jarmusch, le film se pose en «un antidote à la noirceur et à la lourdeur des films dramatiques et du cinéma d'action». Il regrette le temps où le monde se portait fort bien sans portable. S'il avait la nostalgie misanthrope et la culture hautaine dans Only Lovers Left Alive, centré sur une caste de vampires, le cinéaste américain déborde d'empathie enjouée dans Paterson. Il met en scène des personnages foncièrement gentils mais jamais mièvres, laisse infuser les nuances du récit. Les rituels quotidiens se détraquent imperceptiblement, mais n'engendrent pas le malheur. Il y a même un deus ex machina japonais qui offre à Paterson un cahier quand celui-ci est momentanément à court de papier. Antoine Duplan La poésie du quotidien, avec bonus bouledogue VVV Paterson. Comédie poétique de Jim Jarmusch. Avec Adam Driver, Golshifteh Farahani, Chasten Harmon, Barry Shabaka Henley, William Jackson Harper, Rizwan Manji.

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LE TEMPS I DÉCEMBRE 2016

Que s'est-il passé entre La Revanche des Sith - Episode III (naissance de Luke et Leia, émergence de Darth Vader) et le début d'Un nouvel espoir – Episode IV (R2-D2 amène un message holographique à Luke Skywal-ker)? A cette question qui turlupine les fans de Star Wars depuis longtemps, Rogue One: A Star Wars Story amène des éléments de réponse. La jeune Jyn Erso – dont certaines rumeurs affirment qu'elle serait la fille de Bobba Fett! – rejoint les rangs de l'Alliance rebelle. La courageuse héroïne aura maille à partir avec des quadripodes impériaux, des Stromtroopers et même Darth Vader! Elle a pour mission de voler les plans de l'Etoile noire que l'Empire est en train de construire. Si rien ne filtre des péripéties de cette spin-off, tout le monde sait depuis 1977 que Jyn Erso a réussi sa mission puisque R2-D2 a amené les fameux plans sur Tatooine… Remarqué pour Monsters, film d'invasion extraterrestre tout en suggestion, Gareth Edwards a transformé l'essai avec un Godzilla, déjà moins allusif, avant de bondir au firmament en réalisant le premier des Star Wars Story, brelan de films interstitiels conçus pour faire patienter les fans avant les épisodes VI (2017) et VII (2019) de la saga officielle. ADN -

Tanna

Drame de Martin Butler

et Dean Bentley. Avec Mungo Dain, Marie Wawa.

Dain et Wawa sont amoureux l'un de l'autre. Pourtant, ils vont devoir être séparés, car elle est promise à un jeune guerrier d'une tribu voisine. Refusant de se soumettre à la tradition, les amoureux s'enfuient dans la forêt. La guerre couve entre les deux familles. C'est Roméo et Juliette dans le Pacifique… Venus du documentaire, Bentley Dean et Martin Butler sont allés tourner ce récit classique joué par des gens extraordinaires dans un décor fantastique, celui de l'île de Tanna, dans l'archipel de Vanuatu. ADN VV

Torneranno i prati Drame d’Ermanno Olmi. Avec Claudio Santamaria, Alessandro Sperduti, Francesco Formichetti. Le film testamentaire d’un géant du cinéma italien

1917, une nuit d'hiver dans un poste italien sur le haut plateau d'Asiago, en Vénétie. Un officier supérieur arrive, porteur de nouveaux ordres: établir sur-le-champ un poste d'observation avancé. Décidée dans un bureau à l'arrière, ignorant du mauvais état des troupes et de la pleine lune, l'action italienne est détectée par les Autrichiens, qui répondent par un tir nourri d'artillerie… Pris en distribution par la Cinémathèque suisse, le der-

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CINEMA

nier film en date du grand Ermanno Olmi (La Légende du saint buveur, Le Métier des armes, etc.) tourné en 2014 à l'âge de 83 ans, peut être vu comme une œuvre testamentaire. En souvenir de son père engagé dans la Grande Guerre, il compose un film à partir de vraies lettres de soldats. Retourné aux montagnes et au (quasi) noir et blanc des débuts, Le temps s'est arrêté (1959), il signe malheureusement aussi un film de vieil homme, statique et bavard, au réalisme ras terre peu emballant. Reste une belle cohérence tant stylistique que morale, qui parlera aux inconditionnels. NC

ET AUSSI

Ballerina,

film d’animation d’Eric Summer et Eric Warin.

Une orpheline bretonne monte à Paris accomplir son rêve: devenir danseuse étoile!

Cigarettes et chocolat chaud,

comédie française de Sophie Reine. Avec la Connasse Camille Cottin et le Grolandais Gustave Kervern.

Sorties du 21 décembre VV

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Après la tempête (Umi yori mo mada fukaku) Chronique sociale de Hirokazu Kore-Eda. Avec Hiroshi Abe, Yoko Maki, Kirin Kiki, Taiyo Yoshizawa, Sozuke Ikematsu. Un instant de grâce en plein typhon

Espoir déçu de la littérature, Ryota vivote en exerçant d'obscures activités de détective ou en vendant à la brocante des objets d'origine douteuse. Joueur compulsif, il grille ses maigres revenus sur les champs de courses. Kyoko, sa femme, l'a quitté et a rencontré un autre homme. Il souffre de ne plus voir son fils, Shingo, 11 ans. Lorsque le hasard, aidé par un violent typhon, les réunit tous les trois pour une nuit chez sa mère, Ryota espère qu'il va pouvoir effacer les erreurs passées et se réconcilier avec les siens. Du poignant Nobody Knows au délicat Notre Petite Sœur, de Still Walking, qui harmonise gastronomie et deuil, à I Wish, ce conte de fées moderne, Hirokazu Kore-eda s'est posé en maître des relations familiales. Son regard sur l'enfance est unique. Après la tempête n'est pas facile d'accès. La première partie s'avère longue, l'intrigue hermétique. La dynamique se met en place au cours de cette longue nuit tempétueuse et d'une escapade au parc de jeu. Sous la pluie battante, pendant un instant, toutes les réconciliations semblent possibles. ADN


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LE TEMPS I DÉCEMBRE 2016

CINEMA

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Assassin's Creed

Film fantastique de Justin Kurzel. Avec Michael Fassbender, Marion Cotillard, Jeremy Irons, Brendan Gleeson, Callum Turner, Charlotte Rampling, Essie Davis, Ariane Labed.

Condamné à mort et exécuté par injection létale, Callum Lynch se retrouve dans une prison expérimentale, soumis à une technologie révolutionnaire qui débloque ses souvenirs génétiques, lui permettant d'expérimenter les aventures de son ancêtre Aguilar, dans l'Espagne du XVe siècle, et de découvrir qu'il descend d'une mystérieuse société secrète, les Assassins… Dite comme ça, l'intrigue d'Assassin's Creed semble quelque peu hermétique, mais, sur grand écran, l'abondance des combats mortels et des sauts de toit en toit devrait invalider toute velléité d'intelligence. Auteur des Crimes de Snowtown, une éprouvante histoire de passion amoureuse conduisant à la torture et au meurtre, et d'un Macbeth inopinément réussi, Justin Kurzel retrouve l'interprète du régicide écossais, le toujours excellent Michael Fassbender, et celle de sa vénéneuse épouse, Marion Cotillard, pour brasser les mythologies de l'ordre des Templiers et de la secte des Assassins. ADN

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Beauté cachée (Collateral Beauty) Drame de David Frankel. Avec Will Smith, Edward Norton, Keira Knightley, Kate Winslet, Helen Mirren, Michael Pena, Naomie Harris.

Suite à une terrible tragédie, un publicitaire new-yorkais à la réussite exemplaire sombre dans la dépression. Retiré du monde, il écrit des lettres à l'Amour, au Temps et à la Mort! Ses collègues échafaudent alors un stratagème radical pour l'obliger à affronter sa souffrance de manière inattendue… Si ce résumé du scénario du prolifique Allan Loeb (Wall Street: l'argent ne dort jamais, The Switch/Une famille très moderne) laisse craindre le pire en matière de clichés philosophiques, on peut se rassurer par la touche assez sûre de David Frankel (Le diable s'habille en Prada, Hope Springs/Tous les espoirs sont permis), spécialiste de la comédie dramatique. En tout cas, ils ont réuni un joli casting anglo-hollywoodien, qui suscite la curiosité. NC -

Un monde entre nous (The Space Between Us)

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Film de science-fiction de Peter Chelsom. Avec Asa Butterfield, Britt Robertson, Carla Cugino, Gary Oldman, B.D. Wong.

Une navette spéciale décolle pour aller coloniser la planète Mars. A bord, une astronaute découvre qu’elle est enceinte. Elle meurt en accouchant du premier humain jamais né ailleurs que sur terre. Seize ans plus tard, Gardner Elliot (Asa Butterfield), un garçon brillant, n’a jamais connu que 14 personnes au cours de sa vie. Il aimerait savoir qui est son père et comprendre la Terre. Il commence une correspondance en ligne avec Tulsa (Britt Robertson), une chouette fille du Colorado. Quand enfin l’occasion se présente de visiter la planète originaire, on découvre que ses organes ne sont pas adaptés à l’atmosphère terrestre. Passé de comédies originales (Hear My Song, Funny Bones) à des romances à l’eau de rose (Un amour à New York, Hannah Montana – Le film), l’Anglais Peter Chelsom a connu un parcours décevant en s’exilant à Hollywood. Un rétablissement ne semble pourtant pas exclu, l’argument d’Un monde entre nous laissant espérer un film de science-fiction plus philosophique qu’apocalyptique. ADN

A fond,

comédie de Nicolas Benamou. Avec José Garcia et André Dussollier coincés dans une voiture lancée à 130 km/h.

Norm (Norm Of The North), dessin animé de Trevor Wall avec un ours blanc.

Joyeux Bordel! (Office Christmas Party), comédie de Josh Gordon & Will Speck.

Pour ne pas être viré de son entreprise, un fêtard invétéré doit organiser une soirée de Noël…

The Music Of Strangers, documentaire de Morgan Neville consacré au violoncelliste Yo-Yo Ma.

Sorties du 28 décembre -

Hedi – Un vent de liberté

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(Inhebbek Hedi)

(Sing)

Drame de Mohamed Ben Attia. Avec Majd Mastoura, Sabah Bouzouita, Rym Ben Messaoud, Omnia Ben Ghali.

Tous en scène Film d’animation de Garth Jennings. Avec les voix de: (V. O.) Matthew McConaughey, Reese Witherspoon, Scarlett Johansson, John C. Reilly.

Directeur d'un grand théâtre en difficulté, le koala Buster Moon serait prêt à tout pour le sauver. La chance d'échapper à la faillite et à la destruction se présente sous la forme d’une compétition mondiale de chant. Cinq candidats sont retenus pour ce défi: une souris retorse, un éléphant timide, une truie mère de famille nombreuse, un jeune gorille délinquant et une porc-épic désireuse de s'émanciper de son compagnon… Les producteurs de Moi, moche et méchant et Comme des bêtes espèrent à nouveau remporter le jackpot avec cette parodie animalière des concours de chant qui font fureur sur le petit écran. Malgré un graphisme peu emballant, on conserve un espoir du fait du maître d'œuvre: l'Anglais Garth Jennings, qui nous avait tant fait plaisir avec Le Guide du voyageur galactique et Son of Rambow avant de disparaître des radars durant presque dix ans. NC

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ET AUSSI

Kairouan, en Tunisie. Jeune homme réservé, passionné de dessin, Hedi travaille sans enthousiasme dans la vente de voitures. Bien que son pays soit en pleine mutation, il reste soumis aux conventions sociales et laisse sa famille prendre les décisions à sa place. Alors que sa mère prépare son mariage arrangé avec Khedija, il rencontre durant un voyage d'affaires Rim, animatrice dans un hôtel. La liberté de cette femme plus âgée et indépendante le séduit. Pour la première fois, il est tenté de prendre sa vie en main… Premier opus d'un jeune cinéaste tunisien soutenu par les frères Dardenne, Hedi a fait sensation en se retrouvant sélectionné en compétition au Festival de Berlin et en y remportant deux prix. Sur les brisées de l'attachant A peine j'ouvre les yeux de Leyla Bouzid, un nouveau récit de libération personnelle qui fait écho au Printemps arabe de 2011. NC


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CINEMA

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THÉÂTRE DE VIDY-LAUSANNE Rouge décanté De Jeroen Brouwers Du 13 au 15 décembre 2016 code 11

THÉÂTRE DE VIDY-LAUSANNE En manque De Vincent Macaigne Du 13 au 21 décembre 2016 code 12

THÉÂTRE DE VIDY-LAUSANNE Hospitalités De Massimo Furlan Du 11 au 15 janvier 2017 code 13

THÉÂTRE DE VIDY-LAUSANNE Mesure pour mesure De Karim Bel Kacem Du 18 au 26 janvier 2017 code 14

Privilèges réservés aux abonnés du Temps. Pour gagner deux invitations, vous pouvez participer:

PAR TÉLÉPHONE (CHF 1.–/appel)

1. Appelez le 0901 001 003 et tapez le code du concours 2. Suivez les instructions

PAR SMS (CHF 1.–/SMS) 1. Tapez LTCONCOURS et le code du concours 2. Envoyez le message au numéro 959 PAR COURRIER

Envoyez une carte postale avec vos coordonnées (nom, prénom, adresse, tél., code du concours) à: Le Temps Concours, Case postale 6714, 1002 Lausanne Offre valable jusqu’au mardi 29 novembre 2016 à minuit. Seuls les gagnants sont avisés par courrier.

www.letemps.ch/privileges


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LE TEMPS I DÉCEMBRE 2016

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Biopic de Renaud Fely et Arnaud Louvet. Avec Jérémie Renier, Elio Germano, Yannick Renier, Olivier Gourmet, Alba Rohrwacher, Eric Caravaca.

Pratt, Michael Sheen, Laurence Fishburne, Andy Garcia, Aurora Perrineau.

L'Ami – François Passengers de science-fiction de Morten d’Assise et ses frères Film Tyldum. Avec Jennifer Lawrence, Chris

A l'aube du XIIIe siècle en Italie, la vie simple et fraternelle de François d'Assise auprès des plus démunis fascine et dérange la puissante Eglise. Entouré de ses frères, porté par une foi intense, le moine lutte pour faire reconnaître sa vision d'un monde de paix et d'égalité. Avec Elio Germano dans le rôle-titre, les frères Renier, Jérémie et Yannick dans celui des frères, et Olivier Gourmet pour camper le cardinal Hugolin, le réalisateur Renaud Fely (Pauline et François) et le producteur Arnaud Louvet (Disparue en hiver) signent à quatre mains cette évocation du plus aimable des saints, précurseur du dialogue interreligieux et interlocuteur privilégié de la gent ailée. ADN

Le Starship Avalon fait route vers une lointaine planète. A bord du vaisseau spatial, plus de 5000 passagers sont plongés dans un sommeil artificiel pour endurer ce voyage de 120 ans. Or deux capsules d'hibernation dysfonctionnent et, 90 ans avant l'heure officielle du réveil, Aurora Dunn (Jennifer Lawrence) et Jim Preston (Chris Pratt) reprennent conscience. Seules âmes qui vivent parmi la multitude des hibernants, ils vont découvrir quelques avaries inquiétantes. Né au fond de la sombre Norvège, Morten Tyldum s'est fait connaître avec Headhunters, un film d'action plein d'humour noir, et Imitation Game, un biopic plein de noirceur consacré au mathéma-

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CINEMA

ticien Alan Turing. Il se lance dans la science-fiction. Esthétiquement très léché (les lignes du vaisseau spatial sont superbes), Passengers semble promettre une love story galactique plus féerique que catastrophiste. ADN -

The Founder

Biopic de John Lee Hancock. Avec Michael Keaton, Laura Dern, Patrick Wilson, Linda Cardellini, Nick Offerman, John Carroll Lynch.

Dans les années 1950, Ray Kroc, représentant de machines à milk-shakes dans l'Illinois, rencontre les frères McDonald qui tiennent un restaurant de burgers à San Bernardino en Californie. Bluffé par leur concept de restauration standard ultra-efficace, Ray leur propose de franchiser la marque. Pour finir, en 1961, ce quinquagénaire visionnaire va s'en emparer pour bâtir l'empire que l'on connaît aujourd'hui… Ah bon, le père

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fondateur du McDo n'était pas un McDonald? C'est ce qu'on apprend dans ce biopic de l'homme d'affaires – un Américain d'origine tchèque – qui fit de cette marque une success story mondiale. Reste à savoir si le scénario de Robert J. Siegel (The Wrestler, de Darren Aronofsky) saura garder un minimum de distance critique et si le réalisateur John Lee Hancock (The Blind Side, Saving Mr. Banks) s'en tiendra à son classicisme bon teint. Et dire que les frères Coen s'étaient un temps montrés intéressés! NC

ET AUSSI

Le Cœur en braille, drame de Michel Boujenah.

Une émouvante idylle entre un cancre et une première de classe qui perd la vue.

Père fils thérapie!,

comédie d’Emile Gaudreault.

Un père et un fils, tous deux flics et se détestant, doivent faire équipe.


(A.KAISER)

Satirique

«La Vie parisienne» à Lausanne

L’opéra bouffe d’Offenbach est le spectacle idéal pour les fêtes de fin d’année. Le Belge Waut Koeken met en scène cette caricature savoureuse du Paris de la Belle Epoque


M MUSIQUE

NOS PRÉFÉRENCES

Piano

Daniel Barenboim en noir et blanc

Le grand chef replonge dans l’art intime du clavier. Il sera en récital à Genève avec Liszt, Chopin et Schubert au bout des doigts

Lyrique

«La Bohème» pour Noël

Mimi vient faire pleurer les Genevois pour la période des Fêtes. La nouvelle production de l’opéra de Puccini sera servie à l’ODN dans une double distribution

Jazz

Electro

Michel Humair, Daniel Portal et Bruno Chevillon sont des improvisateurs hors pair. Leur trio grandiose de clarinette, batterie et basse communie dans un petit club fribourgeois

Le producteur de Chicago, nourri à parts égales de Sun Ra et de la mystique de la rave, fera léviter le Zoo de Genève

Trois mousquetaires du swing

Hieroglyphic Being, «Space is the place»


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LE TEMPS I DÉCEMBRE 2016

MUSIQUE

CLASSIQUE

Daniel Barenboim retrouve le clavier Le grand chef d’orchestre passe à Genève en récital de piano. Rareté

classique Genève et Lausanne

L’OSR entre jeunesse et création Genève. Victoria Hall,

rue du Général-Dufour 14. Me 7 et ve 9 décembre à 20h.

Lausanne. Théâtre de Beaulieu, av. des Bergières 10. Je 8 décembre à 20h15. (Loc. 022 807 00 00, www.osr.ch). Le talent n’attend pas le nombre des années…

(LDD)

Quel beau rendez-vous! Retrouver Daniel Barenboim au clavier, c'est comme faire un plongeon dans le temps. On suit le chef d'orchestre depuis des décennies à la tête des plus grandes formations symphoniques du monde et dans des projets lyriques de grande envergure aux quatre coins de la planète. Il a créé un orchestre réunissant de jeunes Palestiniens et Israéliens, le fameux Divan. Ses prises de position politiques le placent dans le lot des rares artistes engagés. Il part en 2001 diriger Wagner à Jérusalem et est désigné messager de la paix des Nations unies en 2007. L'Argentin et Israélien, aussi Espagnol, prend la nationalité palestinienne en 2008. Ses master classes sont un régal. Un parcours humain exemplaire. Et le pianiste? A 74 ans, il est un des pères de la génération précédente. Qui s'est frotté à Beethoven ou Mozart en intégrale des sonates et concertos, sans compter ses innombrables fréquentations de Chopin, Liszt et autres compositeurs phares du répertoire, en solitaire, en musique de chambre ou concertante. Le programme qu'il vient présenter à Genève a de quoi réjouir: deux Sonates de Schubert (les D. 664 et 959), la Première Ballade de Chopin, les «Funérailles» des Harmonies poétiques et religieuses et l'étourdissante Mephisto-Valse N° 1 de Liszt. La promesse d'un grand moment pianistique. Sylvie Bonier Retrouvailles pianistiques de haute volée avec le grand chef instrumentiste en solitaire

Genève. Victoria Hall,

rue du Général-Dufour 14. Lu 28 novembre à 20h. (Loc. 022 322 22 40, www.caecilia.ch).

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Régulièrement, dans le cours de la saison de l’OSR, un rythme serré se tend entre Lausanne et Genève. Cette fois, la série Symphonie ouvre les feux au Victoria Hall, suivie le lendemain d’une prestation à Beaulieu, pour revenir le soir suivant sur la scène genevoise en concert Répertoire. Le tout jeune violoniste Daniel Lozakovitj, à peine 15 ans, a entamé une carrière fulgurante après des premiers prix à l’âge de 9 ans… Apparu pour la première fois à Genève en janvier dernier, invité surprise des Amis de l’OSR, il est venu interpréter la Valse scherzo Op. 34 et la Méditation du souvenir d’un lieu cher de Tchaïkovski. Ce moment de stupéfaction musicale a marqué les spectateurs. L’OSR le réinvite cette fois-ci en soliste confirmé dans le 5e Concerto de Mozart. Avec la création mondiale d’Anges, l’univers mystérieux de Paul Klee de Jean-Luc Darbellay, le poème symphonique Mémorial pour Lidice de Martinu et l’inévitable 5e Symphonie de Beethoven, la soirée promet d’être enlevée. SBO

Marek Janowski retrouve Genève Victoria Hall,

rue du Général-Dufour 14. Lu 19 décembre à 20h. (Loc. 058 568 29 00, www.migroslabilletterie.ch). L’ancien chef de l’OSR est de retour

On avait fini par s’attacher à cette personnalité rude et exigeante, qui cache une sensibilité très secrète. En sept ans à la tête de l’OSR, Marek Janowski a marqué son passage par un beau redressement technique des troupes, et une rigueur

musicale reconnue. Son intégrale discographique des symphonies de Bruckner en est le témoignage. Le revoici de passage dans la ville où il dirigea le Romand de 2005 à 2012. Mais cette fois avec l’Orchestre symphonique de la Radio de Berlin, qu’il tient depuis 2002 et dont il a été élu directeur artistique à vie en 2008. Ensemble, ils donneront la 8e Symphonie de Beethoven et la 3e de… Bruckner, justement. Des retrouvailles à ne pas manquer. SBO

Noël à l’OSR Victoria Hall,

rue du Général-Dufour 14. Je 15 décembre à 20h. (Loc. 022 807 00 00, www.osr.ch). Haydn en mouvements, paroles et musique

C’est une jolie proposition que l’OSR met à son programme pour fêter Noël. Une affiche à la fois radicale et joueuse. Franz Joseph Haydn en unique capitaine à bord. Avec six de ses innombrables symphonies, découpées en tranches pour ne pas fatiguer l’écoute. A chacune son titre: «La Poule» (N° 83, Allegro spiritoso), «La Surprise» (N° 94, Andante et Menuet), «Les Adieux» (N° 45, Presto-Adagio), «L’Ours» (N° 82, finale Vivace), «L’Horloge» (N° 101, Andante) et «La Chasse» (N° 73, Presto). A chacune son thème, son ambiance et ses allusions. La compagnie de danse 7273 de Laurence Yadi et Nicolas Cantillon se chargera de mettre en mouvements et en images les notes du «Papa Haydn» sous la direction de Julien Leroy. Et le tout sera présenté par Marie Ernst. Quand la musique se danse et se raconte, on en redemande… SBO

La Chaux-de-Fonds

Gautier Capuçon, Frank Braley et Ton Koopman Salle de musique,

av. Léopold-Robert 29. Di 4 à 17h, sa 17 décembre à 20h15. (Loc. 032 967 60 50, www.heurebleue.ch). Bach, Beethoven et Chostakovitch: rien que des chefs-d’œuvre!

Gautier Capuçon et Frank Braley font escale à La Chaux-de-Fonds. Le violoncelliste et le pianiste français viennent d’enregistrer les Sonates


LE TEMPS I DÉCEMBRE 2016

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MUSIQUE

POIGNANT

Mimi vient faire pleurer les Nations L’opéra le plus lacrymogène de Puccini est programmé pour les Fêtes. Une «Bohême» inattendue, à Genève Quand arrive l'air «Mi chiamano Mimi…», le cœur se serre déjà. Et aux dernières mesures de La Bohème, ce sont les larmes assurées. Difficile de résister au pouvoir lacrymogène de l'opéra de Puccini. Un des plus bouleversants du répertoire lyrique, dont les airs et l'histoire retournent l'âme. Le célèbre ouvrage s'implante sur la scène de l'ODN à la période la plus festive de l'année. Le contraste sera forcément saisissant. Pas de bulles, de rires ou de cotillons, donc, pour fêter Noël et tourner la page de 2016. Mais une partition qui aimante le drame et exacerbe le pathos. Le dernier spectacle de l'an sera une nouvelle production originale, qui n'est pas partagée avec d'autres scènes. La mise en scène en a été confiée à Matthias Hartmann, et la direction musicale à Paolo Arrivabeni, pour qui le répertoire italien n'a pas de secrets. Cette nouvelle version, adaptée aux dimensions de l'ODN, enjambera le Nouvel An dans une double distribution qui alternera sur une douzaine de représentations pratiquement quotidiennes. Dmytro Popov et Sébastien Guèze se partageront le rôle de Rodolfo; Ekaterina Siurina et Ruzan Mantashyan, celui de Mimi. A vos mouchoirs… Sylvie Bonier L’eau des yeux remplacera les flots de champagne habituellement réservés aux fêtes lyriques de fin d’année Le metteur en scène Matthias Hartmann. (GTG / CAROLE PARODI)

Genève. Opéra des Nations,

av. de France 40. Du 21 décembre au 5 janvier. (Loc. 022 322 50 50, www.geneveopera.ch). PUBLICITÉ

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LE TEMPS I DÉCEMBRE 2016

MUSIQUE

OPÉRA BOUFFE

Satire offenbachienne Le Belge Waut Koeken monte «La Vie parisienne», enjouée et moqueuse, avec le chef David Reiland et une jolie distribution à l’Opéra de Lausanne

pour violoncelle et piano de Beethoven pour Erato-Warner. Ils joueront les Sonates Op. 5 N° 1 et Op. 69 couplées à la fougueuse Sonate pour violoncelle et piano en ré mineur Op. 40 de Chostakovitch (di 4 décembre à 17h). Ton Koopman est lui aussi un amoureux de la Salle de musique. Le chef et claveciniste néerlandais revient avec ses forces de l’Amsterdam Baroque Orchestra & Choir pour les Cantates «Himmelskönig, sei wilkommen», BWV 182, «Nun komm, der Heiden Heiland», BWV 62, «Dazu ist erschienen der Sohn Gottes», BWV 40, et «Sie werden aus Saba alle kommen», BWV 65, de Jean-Sébastien Bach. JS

Lausanne

Jukka-Pekka Saraste et Alisa Weilerstein Salle Métropole,

La production a d’abord été donnée à l’Opéra national du Rhin. (ONR/A.KAISER)

Dans La Vie parisienne, écrit pour la troupe du Palais-Royal de Paris, Offenbach délaisse ses références à l'Antiquité grecque (Orphée aux enfers, La Belle Hélène…) pour railler directement son époque. Les travers de ses contemporains sont ici croqués dans toute leur actualité sociale, une société qui s'étourdit dans les plaisirs et les fêtes à la veille de l'Exposition universelle de 1867, où l'on attend des touristes du monde entier. Caricature de la société parisienne de la belle époque, ce «vaudeville à couplets» commandé par Plunkett, le directeur du Théâtre du Palais-Royal, raconte l'histoire de deux dandys désœuvrés. Ce fut un succès immense dans les années 1860 et 1870, succès qui se prolonge aujourd'hui par des spectacles plus ou moins déjantés. Si Laurent Pelly a réalisé une Vie parisienne mémorable à l'Opéra de Lyon, c'est le metteur en scène belge Waut Koeken qui s'empare de cette histoire loufoque à Lausanne (une production de l'Opéra national du Rhin), avec le chef David Reiland et une jolie distribution. L'histoire commence à la gare de l'Ouest, à Paris. Raoul de Gardefeu et Robinet sont venus y attendre leur maîtresse commune, Métella, qui arrive au bras d'un troisième homme. Le dépit les convainc de laisser la fréquentation du demi-monde pour devenir «amant d'une femme du monde». En se faisant passer pour un guide du Grand Hôtel, Gardefeu devient opportunément l'accompagnateur d'un couple d'aristocrates suédois, le baron et la baronne de Gondremarck. Il leur promet de découvrir «la ville splendide» où ils sont venus, ainsi qu'un riche Brésilien, pour s'étourdir de plaisirs, «danser, sauter, chanter, souper, aimer, crier». Julian Sykes Un spectacle pétillant pour clore l’année le sourire aux lèvres Lausanne. Opéra de Lausanne,

av. du Théâtre 12. Ve 23 à 20h, ma 27, je 29 à 19h, ve 30 à 20h, sa 31 décembre à 19h. (Loc. 021 310 16 00, www.opera-lausanne.ch).

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rue de Genève 10. Lu 12, ma 13 décembre à 20h. (Loc. 021 345 00 25, www.ocl.ch). Le plus beau Schumann avec son «Concerto pour violoncelle»

Le chef finlandais Jukka Pekka-Saraste reste fidèle à l’Orchestre de chambre de Lausanne, qu’il dirige régulièrement. Il s’associe à la violoncelliste Alisa Weilerstein, sœur du jeune Joshua Weilerstein, pour le magnifique Concerto en la mineur de Schumann. Cette musicienne se distingue par un art fougueux et engagé qui devrait convenir à l’œuvre. Le poème symphonique L’Amant (Rakastava) de Sibelius ouvre la soirée, avec, pour finir, le Divertimento pour cordes de Bartók, l’un des grands classiques du XXe siècle, qui combine rythmes inventifs et inspiration populaire hongroise. JS

Shunske Sato, lauréat du Concours Bach de Leipzig et premier violon du Concerto Köln, et la flûtiste à bec Dorothee Oberlinger font partie des musiciens qui s’appliquent à être au plus près des interprétations «historiquement informées». On y entendra les Concertos brandebourgeois Nos 2 et 4 de Bach, la Sinfonia de la Cantate «Gleichwie der Regen und Schnee vom Himmel fällt», BWV 18, le Concerto pour violon et trompette, cordes et basse continue en ré majeur de Telemann et des œuvres de Jan Dismas Zelenka. JS

Lutry (VD)

Concerts J. S. Bach de Lutry Temple de Lutry.

Di 27 novembre et di 18 décembre à 17h. (Loc. 021 616 92 09, concerts-bach.lutry.ch). Le violoncelliste hongrois Miklós Perényi pétri de musicalité

Les Concerts J. S. Bach de Lutry organisent deux concerts en cette fin d’année. La directrice artistique Bernadette Elöd convie d’abord deux artistes hongrois: le grand violoncelliste Miklós Perényi jouera Bach et Mendelssohn en compagnie du pianiste Dénes Várjon (di 27 novembre à 17h). Puis, l’Ensemble Orlando de Fribourg sous la direction de Laurent Gendre interprétera les Magnificats de Carl Philipp Emanuel et Johann Sebastian Bach. La Cantate «Gloria in excelsis Deo», BWV 191, écrite en guise de célébration pour la naissance du Christ à Noël, complète ce programme joliment festif (di 18 décembre à 17h). JS

Pully (VD)

Les Passions de l’Ame

Le Quatuor Jérusalem

Eglise Saint-François.

L’Octogone,

L’orchestre baroque Les Passions de l’Ame a choisi un mélange d’œuvres célèbres et moins connues pour son concert à l’église Saint-François. Cet ensemble gravite autour de la violoniste bernoise Meret Lüthi.

Fondé en 1993, le Quatuor Jérusalem est l’un des meilleurs quatuors sur le circuit. Formé par Avi Abramovitch, il a reçu des bourses et de nombreux

Di 4 décembre à 17h. (Loc. www.monbillet.ch). Des instruments d’époque au service de Bach

av. de Lavaux 41. Ma 6 décembre à 20h. (Loc. 021 721 36 20, www.theatre-octogone.ch). L’un des meilleurs quatuors du circuit


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LE TEMPS I DÉCEMBRE 2016

MUSIQUE

CLASSIQUE

Villars-sur-Glâne en fête

Pour leur 40e édition, les Concerts de l’avent à l’église paroissiale de la commune fribourgeoise seyent aux grands interprètes Philippe Jaroussky est une telle célébrité que son récital pour lancer les Concerts de l'avent à Villars-sur-Glâne affiche déjà complet (di 27 novembre). Mais cette série de concerts, chaque dimanche de l'avent avant Noël, compte d'autres musiciens chevronnés. Aussi l'Orchestre de chambre de Bâle (dans un oratorio de Noël baroque à redécouvrir) et l'ensemble Nevermind se produiront-ils à l'église paroissiale. Il Verbo in carne, c'est le titre de cet oratorio de Noël de Nicola Porpora créé en 1747 à Naples. Porpora fut le maître du célèbre castrat Farinelli et de Haydn. Son œuvre a beaucoup été défendue par Cecilia Bartoli et la dernière génération des contre-ténors (Jaroussky, Franco Fagioli). Composé dans une veine pastorale avec flûtes et hautbois, Il Verbo in carne a été reconstitué par le musicologue Giovanni Andrea Sechi. Les sopranos Nuria Rial et Roberta Invernizzi figurent parmi les cinq chanteurs réunis pour cette recréation menée par Riccardo Minasi (di 4 décembre). Œuvre peu connue elle aussi, Le Laudi di San Francesco d'Assisi sera donné par l'Ensemble vocal de Villars-sur-Glâne, la Maîtrise de Saint-Pierreaux-Liens et l'Orchestre de chambre fribourgeois,

Philippe Jaroussky. (SIMON-FOWLER)

prix. L’altiste Ori Kam a été membre de l’Orchestre philharmonique de Berlin et enseigne depuis 2009 à la HEM de Genève. Les musiciens jouent sur de précieux instruments, dont le violoncelle «Sergio Perresson» de Jacqueline Dupré prêté par Daniel Barenboim. Alexander Paglosky et Sergei Bresler (violons), l’altiste Ori Kam et le violoncelliste Kyril Zlotnikov comptent en outre une riche discographie. Leur dernier CD est consacré aux Quatuors Nos 2, 4 et 6 de Bartók (de belle facture, quoique un peu trop lisses). Ils ont choisi de jouer le Quartettsatz de Schubert, le 1er Quatuor de Prokofiev et le Quatuor Op. 96 dit «Américain» de Dvorák lors de leur prochaine escale à Pully. JS

Genève et Neuchâtel

L’OCG et la Psallette entrent en religion

Genève. Victoria Hall,

rue du Général-Dufour 14. Di 6 décembre à 17h. (Loc. 0800 418 418, www-ville-ge.ch/vh).

Neuchâtel. Temple du Bas.

Sa 5 décembre à 20h. (Loc. 032 717 79 07, billetterie@theatredupassage.ch). Des voix pour trois pièces célestes

La mission chorale de l’Orchestre de chambre de Genève essaime sur les cantons romands. Avec la Psallette, l’orchestre se produira à Genève et Neuchâtel dans un programme généreux. Le concert hors série sera nanti d’une belle équipe puisque, avec le chœur genevois, la soprano Francisca Osorio Doren, la mezzo Carine Séchaye, le ténor Valerio Contaldo et la basse Stephan Imboden seront dirigés par Steve Dunn dans pas moins de trois œuvres. L’Ave Maria de Felix Mendelssohn ouvrira la marche devant le Requiem de Robert Schumann et le Te Deum d’Anton Bruckner. Trois regard, trois langages et trois sensibilités pour un répertoire religieux intense. SB

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avec quatre solistes, tous sous la direction de Philippe Morard. Cet oratorio du compositeur suisse Hermann Suter (1870-1926) requiert la présence de quatre solistes, d'un chœur à grand effectif, d'un chœur d'enfants, d'un grand orchestre et d'un orgue. Le poème de saint François tout de louanges et de ferveur (le Cantique des créatures) exalte la nature comme création divine (di 11 décembre). Enfin, l'ensemble Nevermind, formé d'Anna Besson à la flûte, de Louis Creac'h au violon baroque, de Robin Pharo à la viole de gambe et du brillant Jean Rondeau au clavecin, jouera des œuvres de François Couperin (1668-1733), Jean-Baptiste Quentin (1690-1742), Georg-Philipp Telemann (1681-1767) et Louis-Gabriel Guillemain (1705-1770). Un programme pour le moins original (di 18 décembre). Julian Sykes Quatre brillants concerts pour chaque dimanche de l’avent Eglise paroissiale de Villars-sur-Glâne (FR). Di 27 novembre, di 4, di 11, di 18 décembre à 17h. (Loc. 026 350 11 00, www.fribourgtourisme.ch).

actuelles Berne et Genève

Boris

Berne. Dachstock.

Ma 6 décembre à 21h.

Genève. Cave 12,

rue de la Prairie 4. Me 7 décembre à 21h30. (Loc. www.petzitickets.ch). Un mal pour un bien

Depuis 1992, Atsuo, Takeshi et Wata font vivre le monstre Boris: le trio de Tokyo, qu'on place au firmament du drone metal, juste à la droite de Sunn O))), se singularise, au-delà du traditionnel mur de sons que demande le genre, par une étonnante rondeur, une attention à l'émotion et aux harmonies paradoxalement irisées. Ecoutez Gensho (Relapse Records, 2016), pourtant composé avec Masami Akita (alias Merzbow), le tyran de la scène noise japonaise: dans les coulisses du bombardement sonore, d'étonnants accords alanguis appa-

raissent, proposant comme un exercice de lévitation au-dessus des décibels. Une magnifique dialectique du plaisir et de la douleur. PS

Annecy/F

Omar Sosa Quarteto AfroCubano

Bonlieu scène nationale.

Je 1er décembre à 20h30, (Loc. www.bonlieu-annecy.com). Le pianiste cubain le plus universel de sa génération

On l'aime avec constance depuis son premier album, depuis cette musique incantatoire née dans les banlieues de La Havane et mariée au hip-hop de Los Angeles, au jazz de Thelonious Monk. Longue silhouette de prêtre yoruba, Omar Sosa est un pianiste épatant, capable de vous raconter ses guerres africaines et ses paix espagnoles, capable aussi de remettre la créolité au cœur des considérations actuelles. Comme si


LE TEMPS I DÉCEMBRE 2016

son free spirit ne pouvait avoir qu'une seule origine: la marmite polysémique des identités heureuses. ARO

Berne

Bachar Mar-Khalifé Turnhalle. Di 27 novembre à 20h30. (Loc. www.petzitickets.ch). La nouvelle voix qui mêle le Sud au Nord dans un festin de sons

Franco-Libanais qui va chercher dans tous les instruments qu'il dégotte les bases exploratoires d'une musique arabe instinctive et cosmopolite, Bachar Mar-Khalifé touche par sa poétique ébréchée. Issu du Conservatoire de Paris, il a croisé l'Ensemble Intercontemporain tout en collaborant avec ses bidouilleurs géniaux comme Murcof ou Carl Craig. Il est le fils de Marcel Khalifé, légendaire joueur de luth, qui lui a appris les modes anciens mais aussi l'envie d'ailleurs. Ses premiers albums sont d'un lyrisme rêche, ce sont des musiques de film dont on fabrique mentalement les images immenses. ARO

Genève

Chris Cheek Quintet AMR,

rue des Alpes 10. Sa 10 décembre à 21h30. (Loc. 022 716 56 30, www.amr-geneve.ch). Un des plus beaux groupes du jazz contemporain

Saxophoniste ténor, dont on aime passionnément le son rêche, Chris Cheek est né à Saint-Louis, Missouri. Il en garde le goût des espaces et du spirituel dans le fond du son. Avec un groupe très haut perché (notamment le batteur Jorge Rossi qui touche aussi du vibraphone pour l'occasion), le musicien ravale les musiques climatiques, le Midwest impérieux dans une lecture très New York. Avec le guitariste Pierre Perchaud (un autre Bill Frisell), cet orchestre de tous les possibles croit en des musiques de bals minés, des mariages impossibles – la country et le post-bop. Rien ne vaut cette impression de terrain non conquis. ARO

Hieroglyphic Being Zoo de l’Usine,

pl. des Volontaires 4. Sa 26 novembre à 23h, (Loc. www.petzitickets.ch). Musique de Baal

Nourri d'une égale passion pour Sun Ra et les rythmes de ring, Jamal Moss, alias Hieroglyphic Being, est une des plus belles choses qui soient arrivées à la techno. Complexe et brutale à la fois, simultanément pensée et directe, toujours à la limite de la sortie de route, sa musique est un kidnapping d'infra-basses et de kicks qui claquent au-delà du raisonnable – The Acid Documents, sorti en 2013 chez Sounds of the Universe puis en 2015 chez Soul Jazz Records, peut donner une idée de la puissance de feu de ce natif de Chicago: chaque titre libère une escadrille de molochs. PS

Ludwig von 88 L’Usine – Kalvingrad,

pl. des Volontaires 4. Je 1er décembre à 20h30. (Loc. www.petzitickets.ch). Punk's not dead?

Houlala! Ludwig von 88 est de retour. Remontons péniblement jusqu'à la France de la seconde moitié des années 1980. Le punk s'y déclinait alors, en gros, selon deux régimes distincts: la pénombre grinçante de Bérurier Noir vs l'humour potache de Ludwig von 88. En deux albums – Houlala en 1986 et Houlala II: la mission l'année suivante –, le groupe balançait avec un vocabulaire musical délicieusement sommaire une série de titres improbables célébrant les hauts faits de Louison Bobet ou de Oui-Oui, alternés avec quelques hymnes de désespérance punk – le fameux «Sur la vie de mon père» entre autres. Ludwig von 88 était en sommeil depuis 1999, on attend de voir si cette résurrection tardive jouera sur une corde autre que nostalgique. PS

La Chaux-de-Fonds

GoGo Penguin L’Heure bleue,

av. Léopold-Robert 27-29. Ve 2 décembre à 20h15. (Loc. 032 967 60 50, www.tpr.ch). La pulsation electro d’un trio de jazz

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MUSIQUE

JAZZ

Humair, Portal et Chevillon, le jazz sur la brèche Un trio de démesure dans un petit club souterrain fribourgeois

Ils sont nés dans un ville de musique pure, de pop enlevée, d'électronique pluvieuse, d'industrie déclinante. Chaque note de GoGo Penguin résonne de la contre-révolution pluvieuse, des briques rouges et de ce jazz qui devient binaire quand il hérite de la machine. Ils sont de Manchester, ils ressemblent au premier abord à tous ces trios de swing qui simplifient pour mieux ouvrir: ils ont leur qualité propre, une faconde et une poésie qu'on ne retrouve pas partout. Entre le pianiste Chris Illingworth, le contrebassiste Nick Blacka et le batteur Rob Turner, tous croisés au Royal Northern College of Music, la modernité est chemin escarpé. ARO

Lausanne

Wife

Le Romandie,

pl. de l'Europe 1a. Je 1er décembre PUBLICITÉ

Michel Portal. (LDD)

Michel Portal a 80 ans. Avec sa coupe de chevalier et ses petits rires nerveux, il en paraît 100 de moins. Interprète de Stockhausen et de Mozart, compositeur de standards d'une limpidité ouvragée («Mozambique»), clarinettiste basse mais aussi joueur de Piazzolla sur petit bandonéon terrible, le musicien français a choisi l'avant-garde heureuse comme terrain d'exploration. Avec son plus-que-frère, le batteur Daniel Humair, ils se connaissent depuis des temps où le jazz semblait encore une chose dangereuse. Entre Humair et Portal, entre le débonnaire au swing écarlate et le moine savant, quelque chose se passe de l'ordre du pacte libertaire. Avec le bassiste Bruno Chevillon, ils s'affranchissent de l'harmonie, cherchent la raison de l'instant. Ils établissent des cartographies mises en péril par d'incessantes découvertes et de belles perditions. Il faudrait un jour que Portal raconte sa vie de mille et une nuits, qu'il dise son angoisse sans cesse défiée par un goût du jeu, il faudrait qu'il dise ses duos avec Richard Galliano, ses groupes tout-terrain nommés Unit. Il faudrait qu'il raconte combien l'Europe lui doit tout et réciproquement et combien il a aimé l'Amérique des investigations: comme ce jour où il était parti à Minneapolis pour enregistrer avec la section rythmique de Prince. Il pourrait évoquer aussi Humair qui a joué avec tous les Américains de passage en France mais aussi à la tête de son Baby Boom flamboyant. Dans le récit furieux de ces joutes qui n'ont pas de fin, c'est l'histoire en cours qui se révélerait. Arnaud Robert Un groupe monumental d’improvisateurs vertigineux Fribourg. La Spirale,

pl. du Petit-Saint-Jean 39. Ve 9 décembre à 21h. (Loc. www.starticket.ch).

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à 21h. (Loc. www.petzitickets.ch). Mutatis mutandis

Les mutations esthétiques de James Kelly sont remarquables: après un parcours confirmé comme guitariste chez Altar of Plagues – une des propositions les plus valables de la famille avancée du metal –, le musicien irlandais fonde Wife, un projet éminemment personnel, et qui ne cesse de l'éloigner de son terreau originel: What's Between (sorti en 2014 chez Tri Angle), nourri des collaborations de Roly Porter et de Bobby Krlic (The Haxan Cloak), montrait déjà les prémices d'une pop électronique massive de toute beauté. Avec Standard Nature (publié cette année par Profound Lore), le gouffre s'ouvre un peu plus encore: les fragmentations rythmiques et vocales – qui ne sont pas sans rappeler les productions des chirurgiens électroniques de chez Her Records – atteignent ici un degré de sophistication rarissime. PS


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MUSIQUE

OPÉRA

L’étincelle lyrique de Joseph Haydn L’Opéra de Fribourg signe une nouvelle production d’«Orlando Paladino», ouvrage rarement monté à la scène

parmi les quelques chefs d'orchestre à avoir défendu cet ouSi les opéras de Mozart sont souvent représentés, ceux de vrage rarement monté à la scène. L'histoire? Un chevalier (le Haydn le sont beaucoup moins! L'Opéra de Fribourg répare Franc Orlando) aime une princesse (Angelica). Elle en aime cette injustice avec Orlando Paladino, considéré comme l'un un autre (le beau guerrier sarrasin Medoro). Cet amour maldes ouvrages lyriques les plus inspirés du compositeur. heureux précipite dans la folie le chevalier qui en veut à la vie A l'origine, ce «drame héroï-comique» devait être créé de la princesse Angelica et à celle de Medoro. Une magicienne pour la venue du grand-duc Paul de Russie et de son épouse (Alcina) sauve in extremis les deux gentils amants de la fureur en octobre 1782 au château d'Eszterhaza, où travaillait Haydn du méchant chevalier. S'y mêlent Rodomonte, roi de Barbacomme maître de musique. Mais cette visite fut annulée à la rie, l'écuyer d'Orlando, Pasquale, qui fait la cour à la jeune suite d'un contretemps: l'ouvrage fut donné en d'autres cirbergère Eurilla. constances, en décembre de la même année. Adapté du faL'alliance du pathétique et de l'ironie, du sentiment vrai et meux Roland furieux de l'Arioste, Orlando Paladino mêle le Le chef Laurent de jeux amoureux débridés est mise en relief sous la plume lyserio, le buffo, le surnaturel et le pastoral. Comme toujours, Gendre. rique de Haydn. Après Fribourg, l'opéra fera escale à La Tourdes jeunes chanteurs triés sur le volet incarneront les diffé- (YANN AMSTUTZ ) de-Trême (CO2, di 22 janvier à 17h) puis à Lausanne (Opéra, ve rents protagonistes dans cette nouvelle production de l'Opéra 17 février à 20h et di 19 février à 15h). Julian Sykes de Fribourg confiée au comédien et metteur en scène Cédric Dorier et au chef Laurent Gendre. Des jeunes chanteurs au service d’une musique pétillante Il est vrai que si Mozart a hissé l'opéra à des sommets inégalés dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, il serait dommage de passer à côté Fribourg. Opéra de Fribourg, de Haydn, de son humour et de son inventivité. Antal Doráti, Nikolaus av. de l'Europe 20. Je 29 à 19h30, sa 31 décembre à 19h, ve 6 à 19h30, di 8 à 17h, Harnoncourt (avec Patricia Petibon en Angelica) et René Jacobs sont ve 13 à 19h30, di 15 janvier à 17h. (Loc. www.equilibre-nuithonie.ch). PUBLICITÉ

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(AGLAE BORY)

Transport

Philippe Quesne «La Nuit des taupes»

Toujours déroutant, l’artiste français invite à sonder les souterrains de notre imaginaire en compagnie d’acteurs emmitouflés dans des fourrures animales. Le Théâtre de Vidy se transforme en taupinière. Le spectateur est parfois aussi un spéléologue


S SPECTACLE

NOS PRÉFÉRENCES

Opportunisme à la russe

Nikolaï Gogol Frédéric Polier

Dans «Les Ames mortes», un escroc rachète les serfs trépassés pour s’enrichir. Une immersion dans la Russie des petits qui va parfaitement avec l’esprit canaille du directeur du Grütli

Tumulte contemporain

Poésie avec objets

Hallucination

Patrick de Rham

Hélène Nicolas

Ballet mécanique

L’as des ressorts et des pierres en suspension est de retour avec «Forbidden di sporgersi» à la Comédie de Genève. Une ode au déséquilibre physique et mental qui aère

Deux danseurs paladins éveillent une belle endormie, robot géant dur au contact, mais sentimental à l’usage. Cette virevolte à trois donne le tournis

Les Urbaines

C’est la der du directeur, qui reprend les rênes de l’Arsenic en 2017. Et toujours, au sommaire de ce festival lausannois, la même doxa: l’audace de la programmation et la gratuité

Pierre Meunier Aurélien Bory


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SPECTACLE

FESTIVAL

Les Urbaines, pulsations intimes

Le festival multidisciplinaire lausannois se joue des frontières et des carcans. La dernière édition de Patrick de Rham explore notre trouble face à la course du temps

«Grand Mal», d’Anne Lise Le Gac et Elie Ortis. (DR)

C'est la der de Patrick de Rham! Avant de reprendre les rênes de l'Arsenic, dès juin 2017, le directeur programme ses ultimes Urbaines, festival gratuit et très contemporain qui essaime à Lausanne chaque premier week-end de décembre. La prochaine édition, celle de 2017, sera signée Ysaline Rochat et Samuel Antoine, déjà actifs dans l'actuelle organisation. Le trend du rendez-vous? Des performances, expositions et concerts marqués par un principe de rupture formelle, une idée de frontalité et, souvent, un positionnement politique. A l'image des Français Anne Lise Le Gac et Elie Ortis, à l'Arsenic. Dans Grand Mal, les deux artistes discourent sur

théâtre Genève

Forbidden di sporgersi Comédie de Genève, bd des Philo-

sophes 6. Du 13 au 18 décembre. (Loc. 022 320 50 01, www.comedie.ch). Des ressorts, des pierres et des moteurs

Pierre Meunier est un poète. Qui, en dialoguant avec les ressorts et les pierres, ouvre de vastes territoires sur le sensible et l'imaginaire. On se souvient avec ravissement de son Chant du ressort, vu au Théâtre du Grütli, dans les années nonante, ou d'Au milieu du désordre, apprécié plus tard à Vidy. Chaque fois, des moments en

suspension qui racontaient le fragile équilibre entre observation et action, émotion et réflexion. Dans Forbidden di sporgersi, le metteur en scène français et Marguerite Bordat adaptent pour la scène Algorithme éponyme, d'Hélène Nicolas dite Babouillec, auteure autiste qui révèle l'écart «entre son monde intérieur, immensément vaste, et le monde extérieur très occupé à mettre en rang tout ce qui dépasse». A nouveau, cette lecture se basera sur une utilisation de la matière, moteurs électriques, chantier industriel. On s'attend, là aussi, à des pics de délicatesse et de poésie. MPG

The Dullness of being Saint-Gervais Genève Le Théâtre, rue du Temple 5. Du 13 au 17 décembre. (Loc. 022 908 20 00,

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Internet, la solitude, l'amour et les Essais de Montaigne, tout en restituant des extraits de vidéos de danseurs amateurs. L'objectif? Parler de la confusion des discours actuels. Comme Teresa Vittucci qui, dans Shy Shy, également à l'Arsenic, expose son corps sur plusieurs supports pour montrer qu'exister aujourd'hui, c'est s'exhiber. Ou Ligia Lewis, danseur américain qui, dans Sorrow Swag, à Sévelin 36, dit et hurle sa tristesse immergé dans des nappes bleu blues et des boucles sonores spleenatiques. Le monde est mélancolique? Les Urbaines relaient la plainte et la fragmentent en un shrapnel sonore d'une diversité rare et rendue convergente par les seuls critères de l'abrupt: ainsi des productions de la Chinoise (expatriée à Berlin) Pan Daijing, sculptrice d'énormes blocs sonores pulsants; ainsi du duo Shaddah Tuum, peut-être l'un des meilleurs exemples actuels de confluence entre drones et rythmes au pilon – leur EP éponyme, paru en 2014 chez Portals Editions, est un chef-d'œuvre; ainsi encore du Danois HVAD, grand collisionneur de rythmes fracturés et de samples vocaux bollywoodiens. On ne saurait enfin trop recommander la soirée que Les Urbaines consacrent à la découverte du label Gqom, qui sera présent avec son patron, Nan Kolè, et l'un de ses meilleurs poulains, Dominowe: cette maison fondée à Durban (Afrique du Sud) redéfinit radicalement nos perceptions de l'electro du continent noir – tempi (légèrement) ralentis, masse augmentée et un vocabulaire sonore qui va mélancoliquement piocher dans les grandes heures de l'EBM. Marie-Pierre Genecand, Philippe Simon Du spleen à l’éveil, tu entreverras le chemin Lausanne. Arsenic,

rue de Genève 57. Du 2 au 4 décembre. (Rens. www.urbaines.ch). (Entrée libre).

www.saintgervais.ch). Papote et rebétiko

Le théâtre de Lena Kitsopoulou est une charge hallucinante d'énergie qui mêle tous les styles. C'est en tout cas le cocktail explosif que la metteuse en scène grecque avait servi en avril 2013, déjà au Théâtre Saint-Gervais, à Genève, avec Vive la mariée! Le spectacle commençait par un cabaret sulfureux sur les traces d'Olivier Py et se terminait sur un rituel mortuaire solennel, digne de François Tanguy. Estce que le même patchwork de styles présidera à The Dullness of being (La Platitude de l'existence) à voir ce mois de décembre sur la scène de Saint-Gervais? Il semblerait bien, vu que l'artiste grecque mélange une discussion de salon plombante sur une recette de poulet avec une soirée rebétiko endiablée dans les bars enfumés du Pirée. On se réjouit de ce pot-pourri secoué. MPG

Lausanne

La Conquête de l’inutile Arsenic, rue de Genève 57.

Du 7 au 11 décembre. (Loc. 021 625 11 22, www.arsenic.ch). Mais pourquoi tu fais ça?

Oscar Gómez Mata aime l'art utile. L'art qui parle aux gens des gens. Qui les interrogent sur leurs rituels quotidiens et leurs motivations existentielles. Toutes ses dernières pièces ont pour point commun cette conscientisation, ce retour sur soi. Dans La Conquête de l'inutile, l'artiste d'origine basque poursuit dans cette veine responsabilisante en s'interrogeant sur la raison de nos actions. Du plus banal – se lever le matin – au plus extraordinaire – réaliser un record d'apnée. Avec ses trois interprètes, dont la fidèle Esperanza


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THÉÂTRE

La taupinière, cet idéal théâtral

Le Français Philippe Quesne propose son mythe de la caverne. A voir au Théâtre de Vidy

(MARTIN ARGYROGLO)

Tous des taupes. Vous, moi, eux. Surtout eux, d'ailleurs. Qui ça? Les acteurs rassemblés par l'artiste français Philippe Quesne pour sa création La Nuit des taupes. Ils vous accueillent emmitouflés dans leurs fourrures. Il faut les voir à l'œuvre, ces seigneurs des terres enfouies, agglutinés à ciel ouvert, devant une cabane d'ermite. Ils piochent d'abord, un coup, deux coups, trois coups, jusqu'à ce que la charpente s'affaisse. Ils creusent leur trou à présent, rongeurs entêtés. La terre s'accumule en monticules. Ces ouvriers de l'ombre ont parfois un coup de mou, mais un air de country les requinque. Scénographe, auteur, metteur en scène, Philippe Quesne invite le spectateur à se frotter à sa rêverie, fût-elle poilue, ailée, reptilienne. Ses spectacles relèvent depuis quinze ans de l'excursion poétique et philosophique, de l'égarement savamment machiné. La Nuit des taupes pourrait bien s'apparenter à un jeu de piste, de la caverne de Platon au sous-sol de Dostoïevski, en passant par les dédales d'Ernesto Sabato, l'auteur fameux du Tunnel et de Héros et Tombes, des histoires de passion sur fond d'épopée argentine. Les taupes de Philippe Quesne sont d'une espèce rare: elles peignent sur la paroi de leurs grottes, se dédoublent même l'après-midi – les enfants ont droit à leur version, L'Après-midi des taupes. Cet anthropomorphisme promet des exégèses passionnées. Alors, prêt pour la taupinière? Alexandre Demidoff S’égarer est parfois un délice

Lausane. Théâtre de Vidy,

av. E.-Jaques-Dalcroze 5. Du 7 au 10 décembre. (Loc. 021 619 45 45, www.vidy.ch).

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SPECTACLE

THÉÂTRE

Octave Mirbeau, prince de la satire Au Théâtre de Carouge, François Marthouret joue Isidore Lechat, magnat aux prises avec une fille rebelle

(SIMONGOSSELIN)

Une histoire qui a le parfum d'une Belle Epoque moins euphorique qu'on veut bien le dire. Octave Mirbeau savait distraire son monde. L'auteur du Journal d'une femme de chambre bourdonnait en guêpe autour

López, le metteur en scène interroge aussi le besoin actuel et viscéral de porter le monde sur ses épaules. Ne devient-on pas esclave de l'information? Des questions abordées avec la fantaisie et la santé qui caractérisent cet agitateur du plateau. MPG

En manque

Théâtre de Vidy, av. E.-Jaques-

Dalcroze 5. Du 13 au 21 décembre. (Loc. 021 619 45 45, www.vidy.ch). Vincent Macaigne est un volcan

Il divise, mais il s’en moque. Vincent Macaigne est un romantique, tendance tête brûlée. Ses spectacles feulent, mordent, avalent tout sur leur passage. A l’automne 2014, il projetait L’Idiot de Dostoïevski – renommé Idiot! parce que nous aurions dû nous aimer – dans la grande salle du Théâtre de Vidy. La saga transperçait la nuit, électrisait le public, en laissait KO quelques-uns. Il revient avec En manque, texte de Sarah Kane monté notamment par Maya Bösch au début des années 2000 à Genève et par Thomas Ostermeier, le patron de la Schaubühne de Berlin. En scène, des acteurs

composent avec la solitude, en quête d’une étreinte, d’un baiser, d’un mot fou qui changerait la face du monde. La vague promet d’emporter. ADF

Rouge décanté

Théâtre de Vidy, av. E.-Jaques-

Dalcroze 5. Du 13 au 15 décembre. (Loc. 021 619 45 45, www.vidy.ch). Le poids des mots, le choc de la vidéo

Ce fut un des chocs de La Bâtie 2009. La haute stature de Dirk Roofthooft campée devant un immense écran qui projetait son visage sur un fond couleur sang. Pour raconter l'irracontable: la manière dont les soldats japonais ont traité les détenus d'un camp situé en Indonésie, en 1943. Plus exactement, Jeroen Brouwers, l'auteur de Rouge décanté, alors âgé de 3 ans, ainsi que sa sœur, sa mère et sa grand-mère. A l'écoute des exactions, physiques et psychologiques, on comprend comment les mauvais traitements ont durci de manière irréversible les rapports entre la mère et l'enfant. Le dialogue régulier entre le comédien et son image projetée montre le fossé à jamais creusé entre

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des gibus et des capelines. Sa pièce Les affaires sont les affaires lui ressemble: elle pique l'air de rien, mais laisse des traces. Son intrigue? Une histoire à la Emile Zola, dirait-on. Isidore Lechat reçoit en son château. Il a de l'entregent, des idées, des relations, ça peut aider, et beaucoup d'argent. Le monde est à ses pieds, à commencer par les ingénieurs électriciens Phinck et Gruggh, deux drôles de gaillards, escrocs sur les bords qui ont une chute d'eau à lui vendre. Isidore Lechat a surtout en tête le mariage de sa fille Germaine avec le fils du marquis de Porcellet. L'alliance flatte son amourpropre. Tout roulerait si la belle enfant n'était pas rebelle. Lechat boirat-il la tasse? La comédie avait tout pour plaire. Une méchanceté qui est chez Mirbeau une vitalité. Les affaires sont les affaires fit donc fureur au début des années 1900. Récemment, le Français Marc Paquien a remis la pièce au goût du jour. C'est au tour de Claudia Stavisky, directrice du Théâtre des Célestins à Lyon, d'astiquer la mécanique. Acteur aussi racé que captivant, François Marthouret incarne Lechat. La Genevoise Lola Riccaboni joue l'héritière frondeuse. Il se murmure que le dard de Mirbeau fait toujours des ravages. Alexandre Demidoff La Belle Epoque a ses vapeurs et ses coups de sang Carouge (GE). Théâtre de Carouge,

rue Ancienne 39. Du 6 au 18 décembre. (Loc. 022 343 43 43, www.tcag.ch).

ce que le narrateur est et ce qu'il aurait aimé être. Ce spectacle puissant, dirigé par le metteur en scène Guy Cassiers, revient pour trois soirs à Vidy. Il ne faut pas le rater. MPG

Meyrin (GE)

La Femme rompue Forum Meyrin, pl. des Cinq-Conti-

nents 1. Ma 10 janvier à 20h30. (Loc. 022 989 34 34, www.forum-meyrin.ch). Du Balasko pas rigolo

«Moi je suis lucide, je suis franche, j'arrache les masques: je ne suis pas raciste, mais je m'en branle des Bicots, des Juifs, des Nègres, juste comme je m'en branle des Chinetoques, des Russes, des Amerlos, des Français. Je m'en branle de l'humanité!» Première surprise, Murielle, personnage créé en 1967 par Simone de Beauvoir dans La Femme rompue, est tout sauf altruiste et élevée. Cette femme qui se plaint d'être abandonnée de tous, dont la fille s'est suicidée sous son toit et à qui on a retiré le fils, est un concentré de colère et de rancœurs mêlées. Deuxième sur-

prise, c'est Josiane Balasko, la bonne copine, la comédienne gouailleuse et généreuse, qui se coule dans le rôle de cette bourgeoise amère jusqu'à la nausée. Lors d'un entretien, la comédienne a expliqué sa passion pour ce personnage en colère que lui a confié la metteuse en scène Hélène Fillières et raconté comment elle fait tout, sur scène, pour lui restituer son humanité. Après une représentation au Locle, début novembre, et à Paris en décembre, Josiane Balasko revient l'interpréter cette Femme rompue à Genève, au Forum Meyrin. MPG

Renens (VD)

La Comédie des erreurs Théâtre Kléber-Méleau, ch. de l’Usine-à-Gaz 9. Du 1er au 22 décembre. (Loc. www.kleber-meleau.ch). L’art des farces et attrapes à la mode de Shakespeare Le bonheur du malentendu. William Shakespeare maîtrise son algèbre théâtrale. Il raffole des histoires de


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DANSE

Le robot fraternel d’Aurélien Bory A Meyrin, puis à Fribourg, l’artiste français orchestre une joute fascinante entre l’homme et la machine

(AGLAE_BORY)

La Belle au bois dormant. Sous sa bâche, elle somnole dans un ronflement de bienheureuse. Elle a beaucoup servi, donné le bras des milliers de fois, ne s'est jamais plainte. Alors pourquoi la tirer de son sommeil? Les deux héros de Sans objet sont comme le prince charmant du conte, ils ne se posent pas de question: ils éveillent l'endormie. Sous vos yeux alors se dresse non pas une princesse à voilette et à hennin, mais une grosse machine enrôlée par Aurélien Bory, cet artiste français qui est passé maître dans l'art des dispositifs hallucinants. Pour la danseuse Kaori Ito, par exemple, il imaginait, en 2012 au Théâtre de Vidy, une jungle tout en fibres noires, forêt de fils dans laquelle l'interprète évoluait comme une marionnette. La pièce s'appelait Plexus, elle était merveilleuse d'intelligence et de mystère. Dans Sans objet, la géographie est autre, mais la matière tout aussi envoûtante. Les intrépides s'agrippent à la machine qui joue d'abord les reines de la nuit offusquées. Elle se cabre, gronde, prend ses aises, impose son ordre aux insolents. Elle les broierait peut-être comme ses cousines dans un film de science-fiction de bas étage. Mais non. Elle a des élans de fraternité, des tentations de séductrice. Ne vous lance-telle pas soudain une œillade? Les robots sont faits de ce métal-là aujourd'hui: ils ont du cœur, voire des lettres. Sans objet est né en 2009 à Toulouse. Sept ans plus tard, il n'a pas pris une ride. Cette machine a soif d'humanité. Vertigineux, non? Alexandre Demidoff Les émois d’une drôle de machine Meyrin (GE). Forum Meyrin,

pl. des Cinq-Continents 1. Ma 6 décembre à 20h30. (Loc. 022 989 34 34, www.forum-meyrin.ch).

Fribourg. Equilibre,

pl. Jean-Tinguely 1. Ve 9 décembre à 20h. (Loc. 026 350 11 00, fribourgtourisme.ch).

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SPECTACLE

THÉÂTRE

Des morts pour un théâtre très vivant Au Grütli, à Genève, Frédéric Polier donne sa vision des «Ames mortes», de Nikolaï Gogol, roman de 1842. L’occasion d’une joyeuse radiographie de la petite et grande Russie

Le metteur en scène Frédéric Polier. (ARIANE TESTORI)

En 2005, Frédéric Polier a adapté pour la scène Le Maître et Marguerite, de Mikhaïl Boulgakov, et cette mise en théâtre de l'immense fresque russe sur l'art et la censure reste comme l'une des plus belles réussites du directeur du Grütli. Dans un Théâtre du Loup exploité du sol au plafond, on se souvient des plateaux en mouvement de Pietro Musillo qui permettaient de passer du Moscou des années trente à la Jérusalem de Ponce Pilate. On se souvient aussi du diable, nécessaire figure de la subversion artistique, qui prenait de multiples visages, dont celui d'un chat chafouin… Le propos des Ames mortes est moins glorieux que cette ode à la liberté de penser. C'est que ce roman sous-titré Les aventures de Tchitchikov est signé Nikolaï Gogol, auteur nettement plus déprimé et drôle (à sa manière) que Boulgakov. Dans ce roman de 1842, on suit les frasques d'un petit escroc de province qui a la lumineuse idée de racheter les âmes des serfs

morts dont l'administration n'a pas encore enregistré le décès et de monter ainsi une arnaque foncière avec des serfs trépassés annoncés comme actifs dans la propriété afin d'hypothéquer les lieux. L'astuce est maligne, mais ce qui compte surtout dans ce vaste récit, c'est la diversité et la truculence des figures rencontrées. Huit comédiens, dont les fidèles Nathalie Cuenet, Bernard Escalon, Camille Giacobino et Julien Tsongas, prêteront leur talent à cette photographie de la grande et petite Russie. On se réjouit. Marie-Pierre Genecand Arnaques et petites combines

Genève. Théâtre du Grütli,

rue du Général-Dufour 16. Du 10 au 29 janvier. (Loc. 022 328 98 68, www.grutli.ch).

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LE GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE LE GRAND THÉÂTRE DE GENÈVE À L’OPÉRA DES NATIONS À L’OPÉRA DES NATIONS La Bohème De Giacomo Puccini Nouvelle production Direction musicale Paolo Arrivabeni Mise en scène Matthias Hartmann Lundi 26 décembre 2016 à 19h30 (code 15)

Il Giasone De Francesco Cavalli Nouvelle production Direction musicale de Leonardo García Alarćon Mise en scène Serena Sinigaglia Mercredi 1er février 2017 à 19h30 (Code 16)

Privilèges réservés aux abonnés du Temps. Pour gagner deux invitations, vous pouvez participer: PAR TÉLÉPHONE (CHF 1.–/appel) 1. Appelez le 0901 001 003 et tapez le code du concours 2. Suivez les instructions PAR SMS (CHF 1.–/SMS) 1. Tapez LTCONCOURS et le code du concours 2. Envoyez le message au numéro 959 PAR COURRIER Envoyez une carte postale avec vos coordonnées (nom, prénom, adresse, tél., code du concours) à: Le Temps Concours, Case postale 6714, 1002 Lausanne Cette offre est valable jusqu’au mardi 29 novembre 2016 à minuit. Seuls les gagnants sont avisés par courrier.

www.letemps.ch/privileges

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jumeaux, des combinaisons qu'elles autorisent, des rebondissements qu'elles permettent. Dans La Comédie des erreurs, un marchand sacripant ou insouciant donne le même prénom à ses jumeaux. Comme dans La Nuit des rois – autre histoire de double –, un naufrage sépare les frères. Mais ils vont se recroiser et semer la confusion autour d'eux, d'autant qu'ils sont accompagnés chacun par un serviteur portant le même nom. Le Vaudois Matthias Urban détricote les mailles de cet imbroglio, avec une dizaine d'acteurs. Les farces et attrapes à la mode de Shakespeare tonifient. ADF

danse Genève

Zaoum

adc, rue des Eaux-Vives 82-84. Du 30 novembre au 11 décembre. (Loc. 022

320 06 06, www.adc-geneve.ch). Un bain de nuit avec Cindy

Dans la nuit, le son d'un corps. C'est la promesse de Cindy Van Acker. Depuis vingt ans au moins, cette artiste née en Flandres, aujourd'hui établie à Genève, plonge ses danseurs dans des bains de nuit sonore. Sur scène, ils flottent, dirait-on, comme des méduses ou des poulpes écartelés par un courant souterrain. Cette anatomie fascine parce que familière et méconnaissable à la fois. Mais la quête de la chorégraphe n'est pas seulement formelle et spirituelle, elle est aussi politique. Pour Zaoum, sa nouvelle création, elle s'inspire d'une œuvre de Luigi Nono, titrée Quando stanno morendo. Diario polacco n. 2. Elle est dédiée, souligne Cindy Van Acker, «aux camarades polonais qui, en exil, en prison, au travail, résistent; qui espèrent tout en étant désespérés, croient tout en étant incrédules». Zaoum s'apparente à une guérilla de l'ombre. ADF

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SPECTACLE

humour

Yverdon, Renens (VD)

Brigitte Rosset: «Tiguidou» Yverdon-les-Bains. Théâtre Benno Besson. Me 30 novembre

à 20h. (Loc. www.tbb-yverdon.ch).

Renens. Salle de spectacles. Ve 2 décembre à 20h. (Loc. 021 632 75 04/03). Une comique qui a du cran

C'est notre comique féminine préférée. Parce qu'elle n'a pas froid aux yeux lorsqu'elle s'exprime sur sa vie. Et qu'elle témoigne d'une aisance saisissante lorsqu'elle joue dans les projets des autres. On se souvient de ses prouesses dans On ne paie pas, on ne paie pas!, de Dario Fo, mis en scène par Joan Mompart. Ou dans La Locandiera, dont elle interprétait tous les rôles avec Christian Scheidt.

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Dans ses one-woman-shows, Brigitte Rosset a du cran. Celui de transformer ses impairs biographiques en réussites scéniques. Exemple, sa rupture fracassante et son séjour en clinique de repos dans Smarties, Kleenex et Canada Dry, un succès porté jusqu’au Canada. Et la saga continue. C'est un anniversaire épique qu'elle raconte dans Tiguidou. Pour inviter ses proches à la fête, la comique a envoyé un SMS à l'ensemble de son répertoire et, évidemment, la manœuvre suscite des face-à-face plus ou moins pertinents, qu'elle se fait un plaisir de restituer en grand. La dame épate pour son coup d'œil et son talent. MPG

enfants Genève

1985... 2045


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SPECTACLE

Théâtre Am Stram Gram, rte de

ration spatio-temporelle, servie par un trio d’acteurs généreux (dont Barbara Schlittler et Valerio Scamuffa). Dès 7 ans. KS

Comment explorer le temps à hauteur d’enfant? L’idée ne va pas de soi tant les plus jeunes sont aimantés par le présent. Documentée par des dizaines d’entretiens, la création de la Cie Kajibi Express est émaillée de leurs spéculations. Sur le passé, celui de leurs parents, et sur l’avenir, qui reste à conquérir. 1985? Un bambin, par exemple, y associe chapeaux hauts-de-forme et calèches! Sur scène, vinyles, machines à écrire et autres antiquités sont convoqués. La séquence des années 1980 est savoureuse, avec Katy Ernan campant une ado sur la brèche avant sa boum d’anniversaire. Confidences et conjectures rendent palpable ce qui traverse les âges, entre singularité et universalité. La peur, l’espoir et l’autodérision tissent cette explo-

Tombé du nid

Frontenex 56. Du 2 au 11 décembre. (Loc. 022 735 79 24, amstramgram.ch). Le temps, comme si vous y étiez

Théâtre des Marionnettes de Genève, rue Rodo 3. Du 3 au 21 décembre. (Loc. 022 807 31 07, www.marionnettes.ch). Tricoter l’histoire de sa vie

La famille a de beaux jours devant elle. Mais qui est-elle? Nucléaire, recomposée, monoparentale… La variété, en la matière, est devenue la norme. Cette nouvelle donne et les interrogations identitaires qu’elle soulève ont inspiré la nouvelle création d’Isabelle Matter, à la tête du Théâtre des Marionnettes de Genève. Un oisillon égaré est recueilli par des taupes. Pour nouer des liens dans son

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nouveau «nid», il doit se défaire de certaines attaches. Une fable sur la filiation et la résilience servie par des marionnettes à fils et sur table. Dès 4 ans. KS

Lausanne

Miss Poppins Le Petit Théâtre,

pl. de la Cathédrale 12. Du 7 au 31 décembre. (Loc. www.lepetittheatre.ch). Le S. O. S. d’un père célibataire

Réenchanter le quotidien n’est pas une mince affaire. Mieux vaut s’adresser à des experts en la matière. Au cinéma, Mary Poppins était cette perle rare inoubliable, sous les traits de Julie Andrews. Denis Correvon et Stefania Pinnelli ont choisi de propulser la nurse volante (jouée par Olivia Seigne) dans une famille d’aujourd’hui où un père qui élève sa fille en solo pèche par excès de gravité. Nourrie d’un regard cinématographique, la création du duo à la tête de The Divine Compagny déroule le tapis rouge au merveilleux. Notamment grâce au décor de David Deppierraz, qui regorge de trappes, tirages et tourniquets, ainsi qu’au savoir-faire du magicien veveysan Pierric Tenthorey. Effets «supercalifragilisticexpialidocious» garantis. Dès 6 ans. KS

Monthey

Münchhausen? Théâtre du Crochetan,

rue du Théâtre 6. Ve 2 décembre à 20h. (Loc. 024 475 79 09, www.crochetan.ch). Le baron qui donne des ailes

Sur un lit perché très haut, le baron vous fait de l'œil. C'est Jacques Michel dans la peau d'un fameux crac, le baron von Münchhausen. Il a bataillé contre les Turcs et s'est envolé à califourchon sur un boulet, direction la Lune. Sa vie est un roman picaresque. Il l'a enguirlandée, pour le plaisir de la raconter d'abord à l'écrivain allemand Rudolf Erich Raspe au début des années 1780. Son contemporain Gottfried August Bürger l'enjolive encore. La légende s'em-

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balle. C'est au tour de Fabrice Melquiot de la rêver. Et du metteur en scène Joan Mompart de la révéler. Münchhausen, donc, mais pas comme vous le pensez. Celui qui se dresse devant vous a 296 ans. Il se sent séditieux dans son lit d'hôpital. Moi (Bastien Semenzato), son fils, lui apporte des madeleines. Le patriarche a du répondant et des gaz. Il pète, puis expire. Désormais, il rôdera en fantôme autour de Moi. L'héritage? Ses aventures, dont le fils est prié de faire bon usage. Münchhausen? possède cette grâce: d'être à la fois un conte initiatique, la fable d'un passage, et une méditation fantasque sur ce que les absents font aux vivants. ADF

Neuchâtel

Titeuf, le pestacle Théâtre du Passage,

passage Maximilien-de-Meuron 4. Du 1er au 4 décembre. (Loc. 032 717 79 07, www.theatredupassage.ch). Un galopin pour Karim Slama

Titeuf est un sacré chenapan. Non content de faire des frasques dans les cases des bandes dessinées qui l'ont vu naître, il s'en échappe régulièrement pour s'essayer à d'autres modes d'expression. Aujourd'hui, il brûle les planches sous la direction de Karim Slama. Ce producteur, metteur en scène, auteur de one-man-shows désopilants, est l'homme de la situation: doté d'une élasticité sidérante, lui-même semble sortir d'une BD. Pour mettre en scène le héros à banane créé par Zep, il a écrit un récit originel très réussi, dans lequel Titeuf trouve un crayon magique susceptible de redessiner le monde, et posé comme décor un grand album dont les cases s'ouvrent telles des fenêtres sur les personnages. Titeuf, Manu, Nadia et les autres ont pris la forme de marionnettes en mousse, manipulées et doublées live par sept comédiens qui font corps avec elles – lorsqu'ils n'incarnent pas les grands, le papa, la maman, la maîtresse, le concierge ou le grand Diego. Humour et tendresse garantis: mission accomplie! ADN


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SPECTACLE

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(DAVID WAGNIÈRES)

Dessert royal

La bûche, valeur sûre

Notre carnet d’adresses genevoises pour se délecter de cette douceur toujours plus raffinée

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S SAVEURS

NOS PRÉFÉRENCES

Stettler

L’artisan chocolatier Edouard Morand maîtrise ses classiques sur le bout des doigts et déborde d’inventivité

Un creux dans la nuit

Chez Philippe Un «steak house» new-yorkais pur jus dirigé par l’excellent Philippe Chevrier

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SAVEURS

RÉVEILLON

Edouard Morand, le chocolatier qui bûche Autrefois mise au ban des Fêtes, la bûche se réinvente depuis quelques années en élargissant la palette de ses saveurs. Rencontre avec un maître en la matière, le chef de la chocolaterie Stettler, à Genève Sapins décorés, cadeaux emballés, enfants sursatellisés: ça y est, dans un mois, c'est de nouveau Noël. Et avec lui le marathon des fêtes de fin d'année qui va recommencer. En respectant la tradition ou pas. En cela, le dîner du Réveillon reste pour beaucoup un grand moment de partage. L'occasion de se réunir autour d'une succession de mets aussi riches que variés; huîtres, foie gras, saumon, dinde et fromages accompagnés de vins minutieusement sélectionnés. L'incontournable bûche de Noël – initialement brûlée dans une cheminée – venant parachever la fête avec un atterrissage en douceur. Mais les temps changent aussi vite que les goûts. Autrefois mise au ban des desserts – trop lourde, trop lestée de beurre –, elle intéresse depuis quelques années les maîtres en la matière. Au point que ce grand classique, désormais rajeuni et revisité, a été transfiguré en pâtisserie chic. Originaire de Vendée, formé par les Meilleurs Ouvriers de France et par le distingué chocolatier belge Pierre Marcolini, Edouard Morand a pris ses quartiers chez Stettler à Genève, après un passage remarqué à l'Hôtel Eden Roc du cap d’Antibes. Pour lui, la bûche évoque des souvenirs d'enfance: «Ma mère la confectionnait avec une génoise cuite sur un torchon, garnie de crème au chocolat et de petits morceaux de sucre. Ce n'était pas la bûche la plus élaborée, mais c'est celle dont je me souviendrai toute ma vie.» Chez Stettler, Edouard Morand souhaite souffler un vent nouveau tout en respectant l'héritage chocolat de la maison. A la manière d'un artiste de haute couture, il crée des collections de chocolats en fonction de la période de l'année. «Pas de fruits hors saison, donc pas de fraises en décembre. Les tendances automne/hiver vont aux noisettes, aux marrons et aux oranges.» La même passion et scrupuleuse minutie s'appliquent aux bûches de Noël. «Pour ces Fêtes, nous proposons quatre classiques: la forêt-noire ou blanche en forme de bûche, celle au lait ou aux marrons avec des décorations stylisées sur le dessus et des meringues en forme de sapins sur les entames.» Histoire de répondre à l'air du temps, Edouard Morand confectionne aussi une bûche sans gluten à base de biscuit noisette très moelleux accompagné d'une mousseline pralinée, de noisettes concassées, d'un velours de cacao et de caramel au beurre salé. La créativité du chef chocolatier ne s'arrête pas là. Plus exotique, sa deuxième création est une bûche passion, mangue vanille. «Avec un biscuit à la noix de coco qui renferme une marmelade fraîche de mangue au citron vert. Le tout recouvert d'un glaçage, accompagné de flocons de guimauve et délicatement posé sur un sablé breton croquant au citron frais.» C'est Noël, on vous dit! Edouard Amoiel, www.crazy-4-food.com

La bûche a plus d’un tour dans son sac!

Genève. Chocolaterie Stettler, Dans son laboratoire, Edouard Morand veille avec soin sur ses créations. (DAVID WAGNIÈRES)

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rue du Rhône 69. Du lu au ve de 7h à 19h, sa de 10h à 18h. (Rens. 022 735 57 63, www.chocolaterie-stettler.ch).


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Genève

Chocolaterie Christophe Berger Av. Henri-Dunant 16. (Rens. 022 329 12 02, www.christopheberger.com).

Cette chocolaterie, située sur la plaine de Plainpalais, est une histoire à quatre, celle des couples de Faletans et Berger. Chacun ici s’affaire avec un rôle bien distinct: pâtisserie et chocolaterie pour les uns, administration et viennoiseries pour les autres. Niveau bûche, pour ménager son effet de surprise, la petite entreprise opte pour la tradition ponctuée de subtiles inventions. Bûche façon forêt-noire, bûche à la mousse de marrons et granny-smith acidulée ou aux agrumes et praliné, aux fruits rouges et biscuits spéculoos. Ou alors, carrément, aux fruits de la passion rehaussés de yuzu et crème glacée caramélisée. EdAm

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SAVEURS

La Bonbonnière Cours de Rive 11. (Rens. 022 311 61 96, www.bonbonniere-geneve.com).

Installée depuis 1921 au centreville dans un décor de maison de poupée qui lui a donné son nom,

La Bonbonnière propose plus de 50 sortes de chocolats, dont les fameux ganaches, pralinés et truffes. Le Royal Chocolat est un des grands standards de la maison. Cet entremets, disponible toute l'année, est confectionné en bûche pour les Fêtes. Une gourmandise composée d'un biscuit chocolat (sans farine),

Un creux dans la nuit Chez Philippe

Passage des Lions, rue du Rhône 8. (Rens. 022 316 16 16, www.chezphilippe.ch). Tous les jours de 12h à 15h et de 19h à 23h45.

Philippe Chevrier a réalisé son rêve, celui de créer, en plein centre de Genève, un steak house newyorkais directement inspiré du Meatpacking District de Manhattan. Avec son bar au rez-dechaussée, sa terrasse à l’étage pour profiter des beaux jours et sa décoration tendance loft, l’élégant grill Chez Philippe assure un dé-

paysement total. Cake au crabe, crevettes «Jumbo», salade césar, rillettes en tout genre ou bisque de homard au bourbon servent de préambule à l’agneau irlandais, au bœuf en provenance d’Australie, d’Irlande ou du Japon, ainsi qu’à la sélection de bœuf suisse de la Boucherie du Molard. Voyage, voyage… EdAm

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d'éclats croustillants de crêpe bretonne dans un praliné croquant, le tout recouvert d'une mousse de chocolat noir maison. EdAm

Pâtisserie Mage Rte de Malagnou 52. (Rens. 022 736 44 40, www.patisseriemage.ch).

La Pâtisserie Mage, entreprise familiale depuis deux générations, reste une référence pour ses chocolats, ses viennoiseries – dont les délices au beurre ou les pains au chocolat –, ses tartes fines, ses fraisiers et ses gâteaux d’anniversaire personnalisés. La bûche bénéficie ici d’une solide élaboration. Les mousses fraise, framboise, passion, chocolat ravissent les papilles. La forêt-noire est une évidence et la bûche pavée aux fraises reste un must. Sans oublier les indétrônables et ancestraux classiques garnis de crème au beurre chocolat, praliné ou moka. EdAm


(TODD-WHITE ART PHOTOGRAPHY)

Genève

«Le retour des ténèbres» Frankenstein et Cie

La créature de Frankenstein et quelques vampires sont nés en 1816 sur les rives du Léman. L’exposition du Musée Rath explore le contexte de ces naissances et leur impact culturel jusqu’à nos jours. A la manière de cette peinture de Jerzy «Jurry» Zieliński (1976)


E EXPOSITIONS NOS PRÉFÉRENCES

La Chaux-de-Fonds

Prangins (VD)

Paris

Suisse

Objets soviétiques

Le monde au château

immanquable

Petit choix des Fêtes

En quelque 500 objets et des images d’époque, le quotidien des Soviétiques revit

Les réfugiés syriens, l’arrestation des dirigeants du foot mondial, l’actualité éclairée

Le Centre Pompidou est l’unique étape de ce retour sur six décennies de création, essentiellement picturale

Swiss et World Cy Twombly «L’utopie au quotidien» Press Photo Une rétrospective

Lumières et crèches

Des artistes illuminent les villes,la Nativité s’expose au musée, des rendez-vous d’espoir


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EXPOSITIONS

HISTOIRE NATURELLE

Mark Dion et ses drôles de collections «The Wondrous Museum of Nature» interroge notre rapport à l’environnement

suisse Bâle

Catharina van Eetvelde: / ilk Kunstmuseum Basel,

St. Alban-Graben 16. Jusqu’au 12 mars. (Rens. 061 206 62 62, www.kunstmuseumbasel.ch). Approche novatrice du dessin

Le dessin selon Catharina van Eetvelde, artiste belge qui vit à Paris, n’est pas ou n’est pas que l’expression qui consiste à recouvrir un support au moyen d’une résille de traits, au crayon, au fusain, à la plume. Il tient dans la production d’œuvres d’une grande fragilité, qui ne sont pas destinées à durer. Le thème en est notre rapport au domaine des sciences, et l’étude des matières notamment. Le titre de l’exposition, / ilk, se rapporte à la relation que nous entretenons avec les choses inanimées, via la science, et via l’art. Dessins sur papier, broderies, collages, dessins vectoriels illustrent un processus expérimental, qui n’a ni début ni fin. LC

Mark Dion, «Mobile Wilderness Unit – Wolf», 2006. (KUNSTMUSEUM ST. GALLEN_ PRO LITTERIS)

Dans les espaces laissés libres par le déménagement des collections d'histoire naturelle, qui viennent de quitter le Kunstmuseum de SaintGall et disposent d'un musée spécifique, le plasticien américain Mark Dion a été invité à proposer des œuvres. Comme il l’a fait en 2011 au Musée océanographique de Monaco, ou en 2012 à l’Ottoneum, le Muséum d’histoire naturelle de Kassel lors de la documenta 13, il développe son sujet autour de la nature et de son étude. Ceci, à travers des installations qui évoquent les collections, les cabinets de curiosités et les vitrines à l’ancienne des Muséums d'histoire naturelle. Le visiteur, toutefois, n'y retrouvera pas le classement scientifique, ni même l'approche didactique propres à ce type d'institution. Comme si tout, dans la nature, parmi les vestiges de différentes cultures, avait la même valeur, le même droit à l'existence. Et pourquoi pas? L'artiste thématise ainsi la relation de l'homme à son environnement, à son passé, à son futur incertain. A Saint-Gall, l'artiste a l'occasion d'intervenir dans les anciennes salles d'un authentique Muséum d'histoire naturelle, en se référant à ses modes de présentation, et d'y proposer sa propre collection, qui recèle nombre de surprises. Laurence Chauvy Art, archéologie, entomologie

Saint-Gall. Kunstmuseum,

Museumstr. 32. Ma je-di 10h-17h, me 10h-20h du 17 décembre au 17 septembre. (Rens. 071 242 06 71, www.kunstmuseumsg.ch).

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Bienne

Prix Photoforum PhotoforumPasquArt,

fbg du Lac 71-75. Sa-di 11h-18h, me ve 12h-18h, je 12h-20h du 4 décembre au 15 janvier. (Rens. 032 322 44 82, www.pasquart.ch). Ode aux jeunes talents suisses

Youqine Lefèvre, né en 1993, a reçu cet automne le Prix PhotoforumPasquArt pour son travail sensible sur des enfants séparés temporairement de leurs parents: far from home. Les portraits d’enfants et d’adolescents, en couleurs ou en noir et blanc, alternent avec des paysages et des gros plans sur des objets ou bouts de décor qui composent désormais leurs repères. La série est exposée, avec la quinzaine d’autres projets sélectionnés sur les 87 dossiers reçus. Parmi eux, Giacomo Bianchetti, Céline Brunko, Christelle Jornod, Daniel Rihs ou Dorothée von Rechenberg. Innovation, tous ont bénéficié d’un accompagnement curatorial et d’une journée d’échanges avec des experts du journalisme, de la vente et de la médiation culturelle. CST

Echallens (VD)

Objets cachés. Les coulisses du musée Maison du blé et du pain,

pl. de l'Hôtel-de-Ville. Ma-di 8h30-18h jusqu'au 12 mars. (Rens. 021 881 50 71, www.bonpain.ch). Pour l’amour du pain

Encore un musée dont une (trop?) grosse partie des collections dort dans l'ombre. Et qui prend l'heureuse initiative de présenter au public, le temps d'une exposition, ces «objets cachés». Parmi ceux-ci, au nombre de 200, liés à la fabrication du pain dans notre région et dans le monde, une mesure à grain d'Afghanistan ou un «toboggan de meunier». Des pièces sélectionnées selon le critère de la curiosité, qui ont été de fidèles serviteurs, puis sont arrivées au musée, où elles ont été soigneusement étiquetées et étudiées. LC

Fribourg

Pierre-Alain Morel: Hic et nunc Musée d'art et d'histoire,

rue de Morat 12. Ma-me ve-di 11h-18h, je 11h-20h jusqu'au 26 février. (Rens. 026 305 51 40, www.fr.ch/mahf). Le sens du geste

Travaillant sur la gestualité, mais aussi le procédé patient du collage, Pierre-Alain Morel, l'année de ses 50 ans, fait dialoguer des travaux récents et des pièces plus anciennes. Peintures qui dénotent, avec une sorte d'insistance, une liberté de mouvements et une juste perception de la couleur, collages, à partir de pages de magazines illustrés, ainsi que des sculptures fondées sur la simplicité des formes offrent une image complète de l'œuvre de l'artiste fribourgeois. LC

Genève

Peter Tillessen: Superficial Projects Centre de la photographie, rue des Bains 28. Ma-di 11h-18h


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EXPOSITIONS

HISTOIRE

Les objets de la civilisation soviétique Des centaines d’objets témoignent d’un monde révolu au Musée des beaux-arts de La Chaux-de-Fonds Quels objets, ou quelles absences d’objets, ont fait le quotidien du citoyen soviétique de l’après-guerre à la chute du Mur? De l’habitat aux vêtements, du travail aux loisirs, des rassemblements officiels aux moments les plus privés, quelque 500 objets rendent compte de l’histoire qui s’est tissée en parallèle aux trente glorieuses et à la crise qui a suivi du côté occidental. Ici, il ne s’agit pas de simplement planer dans l’«Ostalgie», un phénomène propre à l’ancienne RDA, mais bien de cerner les spécificités de la vie de tous les jours des Soviétiques. L’utopie au quotidien. Objets soviétiques 1953-1991 est l’aboutissement d’un ancien projet de Lada Umstätter, qui dirige aujourd’hui le Musée des beaux-arts de La Chaux-de-fonds. Née à Moscou en 1971, elle a grandi dans cette ambiance, nourrie de slogans et de systèmes D, d’anecdotes et de blagues. Elle a mené une enquête au long cours sur cette époque, dont elle peut ainsi rendre compte dans cette exposition. Un livre écrit avec Geneviève Piron en témoignera également début 2017. Extraits d’émissions de télévision et de films permettront de situer les objets dans leur contexte. Une partie du parcours mettra en valeur une collection particulière, celle de l’historien de la mode Alexandre Vassiliev, sous le titre Soviet glamour. La haute couture en URSS. Elisabeth Chardon Pour dépasser la nostalgie Boîte de craies de couleur pour tableau noir, années 1970, Musée d’ethnographie de Genève. (J. WATTS)

La Chaux-de-Fonds. Musée des beaux-arts, rue des Musées 33. Du 9 décembre au 30 avril. (Rens. 032 967 60 77, cdf-mba.ne.ch).

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EXPOSITIONS

jusqu’au 22 janvier. (Rens. 022 329 28 35, www.centrephotogeneve.ch). Pour disserter sur la valeur d’une photographie

Au début des années 2000, Peter Tillessen eut l’idée de se placer au col de la Furka, au même endroit qu’Andreas Gursky en 1989, à la même époque de l’année et sous une lumière comparable. Question sous-jacente: à qui appartient la reproduction photographique d’un paysage? Cette vue, parmi une centaine d’autres jugées «superficielles», est exposée au Centre de la photographie de Genève. CST

Hermance (GE)

Jean Le Gac: Le jardin photographique

Fondation Auer pour la photographie,

rue du Couchant. 10. Jusqu'au 29 janvier. (Rens. 022 751 27 83, www.auerphoto.org). Entre le réel et la fiction

Dans l'œuvre pseudo-autobiographique de Jean Le Gac, la photographie est complice de l'écriture et du dessin. L'artiste français, né voici 80 ans dans le Gard, se veut un copiste, pour qui l'usage de l'appareil photo, comme celui de la machine à écrire, est un outil incontournable. Peuplée de doubles et se réclamant haut et fort du pastiche – trop fort toutefois pour qu'on y croie –, la production du «peintre» Jean Le Gac se présente comme une chambre d'échos. Ceux-ci «se répercutent à l'infini», ainsi que l'a relevé Anne Dagbert dans la monographie qu'elle a consacrée à l'artiste. LC

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Lucerne

Neuchâtel

Frauke Dannert: Collage

Prêt à porter?! L’histoire du sac plastique et papier en Suisse

Kunstmuseum,

Europapl. 1. Du 10 décembre au 12 février. (Rens. 041 226 78 00, www.kunstmuseumluzern.ch). Des formes à rêver

L'artiste allemande Frauke Dannert utilise systématiquement et uniquement le collage comme technique et moyen d'expression. A partir d'images de magazines, ou de ses propres clichés montrant des bâtiments et éléments d'architecture, et sur la base de photocopies, elle construit de nouvelles formes, comme une matière de rêve changeante et modulable. Un univers en noir et blanc, à la fois complexe et épuré. LC

Musée d'art et d'histoire, esplanade Léopold-Robert 1. Ma-di 11h-18h du 4 décembre au 12 mars. (Rens. 032 717 79 20, www.mahn.ch). Petite histoire illustrée Avant de devenir le symbole des excès de la société de consommation et du gâchis sur le plan de l'environnement, le sac – en papier et surtout plastique – a représenté l'aisance économique, au moment où, après la guerre, il est arrivé dans les libres-services. Deux collections particulières de ces objets utilitaires et éphémères, en même temps des supports publicitaires, illustrent les tendances du graphisme et du de-


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EXPOSITIONS

TÉNÈBRES

La longue nuit gothique Sombre, tourmenté, fantastique, tel apparaît l’imaginaire qu’incarne Frankenstein auquel le Musée Rath consacre une exposition, à Genève Il y a deux cents ans, un orage mémorable sur le lac Léman. C'est dans cette nuit tourmentée que la jeune Mary Shelley donne naissance au personnage de Frankenstein. Le bicentenaire de cet éclair littéraire, qui a déjà donné lieu à diverses manifestations, inspire une ultime exposition au Musée Rath à Genève. Celle-ci explore l'imaginaire gothique dans la production d'un groupe d'expatriés anglais arrivés en Suisse auquel Mary Shelley appartient. A ses côtés donc, en ce sombre été 1816, Lord Byron, à qui l'on doit le poème intitulé «Darkness», ainsi que le compagnon de voyage de ce dernier, John Polidori, dont The Vampyre se révélera l'ancêtre de Dracula. L'exposition genevoise donne aussi à voir les œuvres de ceux qui, depuis, ont emprunté le même sentier, sombre et tortueux, que leurs aînés. Créatures fantastiques, scènes apocalyptiques et autres visions nées au XIXe siècle reflètent en

effet les angoisses qui courent de cette époque jusqu'à la nôtre. Editions originales et traductions, peintures, sculptures, gravures, dessins, photographies, objets, vidéos et films illustrent cette persistance de la veine gothique dans les poèmes et les illustrations de William Blake, les peintures de Johannes Füssli ou Caspar Wolf, les gravures noires de Francisco de Goya, les images de la guerre par Otto Dix et George Grosz, et enfin chez nos contemporains, parmi lesquels Dana Schutz, Sarah Lucas ou encore Karen Kilimnik. Laurence Chauvy Du romantisme à la science-fiction Genève. Musée Rath,

pl. de Neuve. Ma-di 11h-18h du 2 décembre au 19 mars. (Rens. 022 418 33 40, www.ville-ge.ch/mah).

Linder, «My Fate», 2008. Collage, 14,8 x 10,4 cm. (TODD-WHITE STUDIO)

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EXPOSITIONS

PHOTOGRAPHIE

L’actualité du monde se donne à voir au château de Prangins Le Musée national expose les derniers lauréats des World Press et Swiss Press Photo

La photographie primée de Pascal Mora montre une arrestation à Zurich dans l’affaire de la FIFA. (PASCAL MORA)

C'est devenu une tradition; chaque fin d'année, le Musée national, au château de Prangins, expose en simultané les images du Swiss Press Photo et celles du World Press Photo. En 2015, c'est l'Australien Warren Richardson qui l'a emporté au niveau mondial, avec cette très belle photographie en noir et blanc d'un homme faisant passer un bébé sous un fil barbelé. Elle a été prise à la frontière serbo-hongroise, lors de l'arrivée de réfugiés syriens. La même thématique a été couronnée dans la catégorie «portrait», avec une fillette dont le visage est pris dans une cape de pluie transparente et les petites mains agrippées à des barreaux. En Suisse, c'est Pascal Mora qui a été couronné l'an passé dans la catégorie «actualité» avec cette incroyable image relatant l'arrestation de six hauts dirigeants du football mondial et de la FIFA dans un luxueux hôtel zurichois. L'un des interpellés est évacué par une porte dérobée; un drap blanc le protège du regard des curieux. Le Genevois Niels Ackermann, lui, a reçu le Premier Prix de la section «étranger» avec son reportage au long cours sur la ville de Slavoutytch, bâtie pour héberger les travailleurs de la centrale après la catastrophe de Tchernobyl. Caroline Stevan Pour revivre l’actualité ou en découvrir certains épisodes

Prangins (VD). Château de Prangins. Ma-di 10h-17h jusqu'au 11 décembre. (Rens. 022 994 88 90, www.musee-suisse.ch). PUBLICITÉ

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EXPOSITIONS

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EXPOSITIONS

PEINTURE

Cy Twombly, une vie en trois cycles Le Centre Pompidou organise une vaste rétrospective, un rendez-vous unique autour de l’artiste américain

sign et reflètent, à leur manière, modeste, l'histoire des mœurs. LC

Zurich

Peter Wechsler: Dessins Kunsthaus,

Heimpl. 1. Jusqu'au 22 janvier. (Rens. 044 253 84 84, www.kunsthaus.ch). Des paysages sans visages

Le Zurichois Peter Wechsler, qui vit aujourd'hui à Vienne, s'est donné pour rôle d'élargir la perception du spectateur par les seuls moyens du dessin. Dix dessins au crayon, de format monumental, illustrent cette démarche, fondée sur la non-figuration et un esprit contemplatif. A ce cycle s'ajoutent des compositions récentes à l'encre de Chine, travaillées au pinceau. Autant de paysages inconnus, qui relèvent d'un travail impressionnant sur le noir et blanc, et les gris qui résultent de leur association. LC

«Sans titre (Grottaferrata», 1957. Crayon à la cire et mine de plomb sur papier quadrillé, un dessin d’une série de sept : 21,6 x 29,9 cm (chacun). (GALERIE KARSTEN GREVE, ST. MORITZ, PARIS, KÖLN)

Déjà en 1988, Bernard Blistène, alors jeune curateur, avait repris au Centre Pompidou la grande exposition Cy Twombly curatée par Harald Szeemann pour le Kunsthaus de Zurich. C'était déjà trente-cinq années de création qui étaient montrées. Aujourd'hui, Bernard Blistène est devenu directeur du Musée national d'art moderne. Rien d'étonnant donc à ce que l'on retrouve l'artiste américain pour un rendez-vous incontournable puisque cette rétrospective n'est pas appelée à voyager. Développée plus ou moins dans l'ordre chronologique, l'exposition met l'accent sur trois grands cycles qui ont marqué la carrière de l'artiste. Les Nine Discourses on Commodus ont été peints en 1963 au retour d'un voyage en Sicile et évoquent la vie et la mort du sanguinaire empereur Commode. Les dix toiles de Fifty Days at Iliam (1978), montrées pour la première fois en Europe, ont été inspirées par L'Iliade. Et Coronation of Sesostris (2000) conjugue des références au pharaon Sésostris Ier, aux poètes antiques Sappho et Alcman ainsi qu'à la poétesse contemporaine Patricia Waters. Mais elle montre aussi la variété des inspirations et des approches de Cy Twombly, depuis les toiles (mine de plomb et peinture industrielle) inspirées par son grand voyage en Europe et en Afrique du Nord avec Robert Rauschenberg en 1952 jusqu'aux cinq peintures du Camino Real achevées en 2011. Elle comprend aussi une salle de sculptures et des photographies. Elisabeth Chardon Un voyage dans le temps de la Méditerranée Paris. Centre Pompidou.

Du 30 novembre au 24 avril. (Rens. www.centrepompidou.fr).

Victoria & Albert Museum. Jusqu’au 26 février. (Rens. www.vam.ac.uk). Quand tout est possible

Cinq années d’optimisme, entre libération de la parole dans les universités, concerts rocks et premiers pas sur la Lune. C’est un vaste tour des souvenirs de ces années-là, entre 1966 et 1970, que propose le V & A à partir de ses incroyables collections. Cela va par exemple du costume de William Anders, l’astronaute qui a pris la célèbre photographie du lever de terre depuis la Lune, ou ceux de John Lennon et George Harrison sur la couverture de Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band. Le musée propose aussi en ce moment une exposition sur l’histoire du sous-vêtement, masculin et féminin, depuis le XVIIIe siècle, et en plus il s’anime avec un Christmas Festival jusqu’à l’Epiphanie. ELC

La peinture Pahari Paris en Inde – Collection Horst Metzger Mexique, 1900-1950 Museum Rietberg,

Gablerstr. 15. Du 1er décembre au 7 mai. (Rens. 044 206 31 31, www.rietberg.ch). Raffinement de la peinture indienne

Dans les contreforts de l'Himalaya, au nord-ouest de l'Inde, s'est développé un style particulièrement raffiné de la miniature indienne. Au Park-Villa Rieter, dépendance du Musée Rietberg à Zurich, 60 peintures réunies par Horst Metzger, pour la plupart exécutées au XVIIIe siècle, illustrent les épisodes de la vie de Krishna. Un cycle haut en couleur, et visuellement tout de retenue néanmoins, où les teintes obtenues à partir de pigments naturels se répondent avec une grande délicatesse. Des pièces à regarder dans les détails, en prenant son temps. LC

europe Londres

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You say you want a Revolution? Records and Rebels 1966-1970

Galeries nationales du Grand Palais. Jusqu’au 23 janvier. (Rens. www.rmn.fr). Réflexion sur la fragilité des géants

Un Mexique de la modernité, une modernité chahutée par les imbrications avec le politique. Frida Kahlo, Diego Rivera, Siqueiros, Orozco, ou encore Rufino Tamayo, ils sont tous là, dans une exposition qui souligne autant les allers-retours avec les mouvements artistiques européens et les références à la culture précolombienne que les implications militantes d’une partie de ces artistes de la première partie du XXe siècle. On profitera de cette visite au Grand Palais pour aller voir (exposition gratuite du 14 décembre au 9 janvier), en images 3D, quatre grands sites archéologiques en danger, voire déjà agressés: l’ancienne capitale du roi Sargon à Khorsabad en Irak, le site de Palmyre, le Krak des Chevaliers et la grande mosquée des Omeyades à Damas, en Syrie. Et puis on ira profiter de sa liberté sur l’immense patinoire installée sous la grande verrière (14 décembre-2 janvier). ELC


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EXPOSITIONS

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EXPOSITIONS

année les sculpteurs sur bois actifs en été à Thyon lors d’un atelier à ciel ouvert, sous le label de Montagn’Art. Les statues créées par ce collectif sont installées derrière la cathédrale. Des milliers de visiteurs sont attendus durant la période de l’avent et pour les Fêtes. LC

Tavel (FR)

Crèches d’Allemagne Musée singinois – Sensler Museum,

Kirchweg 2. Ma-di 14h-17h jusqu’au 15 janvier. (Rens. 026 494 25 31, www.senslermuseum.ch). Des variantes stylistiques Les couleurs de Ben Busche sont de retour à la rue piétonne du Mont-Blanc, à Genève. (RÉMY GINDROZ )

Balades lumineuses et étoilées Genève

Geneva Lux Festival Divers lieux.

Du 2 au 16 décembre. (Rens. www.genevalux.ch). Invitation à la nuit

Relancé il y a deux ans sous une forme un peu différente – l’ancienne formule de Manuel Tornare était plus liée aux arbres – par le magistrat Guillaume Barazzone, le festival de créations lumineuses grandit encore cette année, avec 18 œuvres, dont 11 nouvelles, disséminées à travers la ville. Parmi les anciennes, on retrouve la quarantaine de lampions du designer allemand Ben Busche à la rue piétonne du MontBlanc. Ils accueillent les visiteurs au sortir du passage sous-gare comme une nuée de soucoupes volantes enfantines aux couleurs vives. ELC

Gruyères (FR)

Mon beau sapin Château de Gruyères. Tous les jours 10h-17h jusqu’au 15 janvier.

(Rens. 026 921 21 02, www.chateau-gruyeres.ch). L’attrait des boules brillantes

Le château de Gruyères accueille les Trésors et ornements de la collection Alfred Dünnenberger. Non seulement des crèches, mais aussi des calendriers de l’avent, des décorations de Noël, des pièces en papier découpé, engrangés avec soin depuis une trentaine d’années. Le tout permet de suivre l’évolution des traditions liées à Noël, et notamment de la manière d’habiller le sapin, paré de boules de verre soufflé, de guirlandes scintillantes et de pointes sculptées. Des objets parfois ravissants, qui illustrent aussi les goûts et les techniques, selon les époques. LC

Lausanne

Festival Lausanne Lumières Centre-ville.

Jusqu’au 31 décembre. (Rens. www.festivallausannelumieres.ch). La ville autrement

Pour sa cinquième édition, le festival a lancé un concours baptisé «Next». Il ne s’agit pas de remplacer les créations habituelles – 13 cette

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année – mais de proposer en plus cinq œuvres réalisées par de jeunes designers. Le festival a œuvré pour cela avec eeZee, une association de promotion des artistes locaux. Par ailleurs, une visite guidée permet de faire le tour des illuminations et de découvrir un peu de leur magie technique. Elle est proposée tous les jeudis soir au départ de la place de l’Europe, devant le bar Les Arches. Une visite guidée gourmande et payante est aussi proposée le vendredi, à 18h30. ELC

Sion

Chemin des crèches 2016 Vieille ville.

Du 8 décembre au 6 janvier. (Rens. www.chemindescreches.ch). Cheminement festif

Du «cortège d’ouverture» organisé le 8 décembre jusqu’au jour des Rois, différentes crèches, de différents matériaux et de différentes tailles, de différentes communautés et traditions, forment les stations d’un cheminement en ville de Sion. Manifestation conviviale voulue laïque, qui en est à sa douzième édition, le Chemin des crèches accueille en outre cette

Le Musée singinois, à Tavel dans le canton de Fribourg, s’intéresse aux crèches selon leur pays de provenance, qui détermine des styles, une vision de la fête et du sacré. En ce Noël 2016, ce sont les crèches d’Allemagne qui se trouvent mises à l’honneur - après les santons de Provence l’an dernier. Les différentes régions produisent en outre différentes sortes de crèches, selon l’artisanat et la culture populaire. Autant de facettes à découvrir. LC

Zurich

Noël et crèches Landesmuseum,

Museumstr. 2. Ma-me ve-di 10h-17h, je 10h-19h jusqu’au 8 janvier. (Rens. 044 218 65 11, www.nationalmuseum.ch). Microcosmes enchanteurs

Traditionnellement, le Musée national suisse propose en fin d’année à Zurich une exposition sur le thème de la Nativité. L’attention se porte sur le décor hivernal dans lequel les crèches sont exposées. Cette année, le musée propose de découvrir des «petits paradis», comme on appelle les groupes dotés de nombreux détails, réalisés dans les couvents féminins fribourgeois. Soit des figurines en cire au visage doux, habillées avec raffinement, jusque dans les moindres accessoires du costume, et placées dans de véritables paysages imaginaires, peuplés de coquillages, de fleurs artificielles et de perles de verre… LC




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