n째57 / novembre 2010 / GRATUIT
nord & belgique Cultures et tendances urbaines
Sommaire
Ivo Dimchev - Some Faves © Maryan Ivanon // Ratatat © James Kendi // Ingres - small bather © Phillips Coll
Let’smotiv - novembre 2010 - #57
08 News
14 Reportage
Rio : La république entre dans la favela
22 Portfolio Slinkachu : Toy Stories
28 Musique Abracada détient la formule magique !, Ratatat, Groove City,
Syd Matters, Belin, !!!, Buena Vista, The Black Keys, Gorillaz, Bal à Fives…
46 Rencontre Rubber : ça roule pour Quentin Dupneu 50 Cinéma FIFA : Arras fait son cinéma, …
54
événement Saatchi épate la galerie
58 Exposition Musée de Flandre, ABC au Fresnoy, Tati à Gand, l'Orientalisme à Bruxelles... agenda
74 Théâtre
Next, December Dance, 1973, Le Tangible, Miam Miam... agenda
86 Littérature L'Esprit du Slam selon la Générale d'Imaginaire, France 80, le Règlement, Indignation, Too Much Future, le Sang et la Mer...
90 Disques Deerhunter, Maximum Balloon, BOT ’OX, Raashan Ahmad,
92 Agenda concerts 98 Playlist Sur les platines de la rédaction
The Bewitched Hands...
Let’smotiv Nord & Belgique 114 rue Barthélémy Delespaul - F-59000 Lille Tél : +33 362 64 80 09 - Fax : +33 362 64 80 07
redaction.nord@letsmotiv.com Let’smotiv Nord & Belgique est édité par la Sarl Tacteel Membre du réseau Let’smotiv Magazines Tacteel, Sarl au capital de 5 000 euros RCS Lille 501 663 769 Dépôt légal à parution - ISSN : en cours Directeurs de l’édition : Loïc Blanc & Nicolas Pattou Rédaction : Judith Oliver - redaction.nord@letsmotiv.com Graphiste : Cécile Fauré - cecile.faure@urban-press.com Publicité: Nicolas Pattou - nicolas.pattou@tacteel.fr Hakima Lounas - h.lounas@letsmotiv.com
Ont collaboré à ce n° : Alain Allanic, Thibaut Allemand, Faustine Bigeast, Sébastien Billard, Nicolas Blondeau, Audrey Chauveau, Sylvie Cious, Olivier Clairouin, Roberto Curbelo, Mathieu Dauchy, Florent Delval, Cédric Delvallez, Grégory Escouflaire, Olivier Goujon, Edlef Kowalyk, Marie-Lucile Kubacki, Carole Lafontan, Hakima Lounas, Alex Masson, Raphaël Nieuwjaer, Baptiste Ostré, Louise Padox, Marion Quillard, Slinkachu, Louise Truffaut, Olivia Volpi
Couverture : Slinkachu, www.slinkachu.com
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En bref…
© Collection musée des Arts décoratifs, Paris
Mobi Boom
Pour la jeunesse de l'après-guerre, hors de question de donner dans le rotin et l'acajou des parents ! Le comble du chic s'affiche en grand dans les catalogues Prisunic ou Roche Bobois : c'est le formica, le meuble fonctionnel, la ligne courbe et les coussins orange. Un style que le musée des arts déco de Paris se plait à disséquer, à grands renforts de canapés modulables en velours, de tables basses en plastique et d'affiches publicitaires flashy. L'expo Mobi-boom reconstitue cette époque faste des trente glorieuses (19451975) où le design se démocratise et gagne les appart' de nos babos de parents. Trop Baââth! ❥ Mobi Boom, l’explosion du design en France, jusqu'au 2.01, +33 144 55 57 50
Le chant des baleines Les publicités Wonderbra n'ont pas fini de faire parler d'elles ! Alors qu'à Londres, on s'inquiète des répercussions d'une nouvelle campagne en 3D sur la sécurité routière, les bénévoles de la RTBF reprennent intelligemment à leur compte son fameux slogan. Pour Cap 48, ils ont en effet plagié la célèbre affiche « regardez moi dans les yeux, j'ai dit dans les yeux ! » pour dénoncer la stigmatisation du handicap. En lieu et place d'Eva Herzigova, une magnifique femme... amputée d'un bras. Cette jeune infographiste, pas peu fière d'exposer aux yeux du monde son «Filtre à cons» (ce sont ses mots), prouve qu'elle a les bonnets aussi remplis d'humour. ❥ www.cap48.be
Télex
L'ISF fait-elle vraiment fuir les riches d'Hexagone ? Les chiffres semblent dire le contraire : un millionnaire sur 11 est français. En 3e position mondiale pour ses grandes fortunes, la France laisse pourtant 50% de sa population vivre sous le revenu médian (19 000€/an).
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Jamais sans ma blonde Certains tiennent à emporter leurs secrets dans la tombe. Marcel Vandendorpe, lui, avait une toute autre idée en tête : qu'on l'enterre avec une bouteille de Jupiler. Mais au moment de la cérémonie voilà qu'un malotru dérobe la précieuse bouteille. Heureusement, la famille de ce Dottignien de 66 ans, contrariée par ce fâcheux événement s'est empressée de remplacer l'objet volet. Sacrée mise en bière !
Méli sans mélo
Touché-coulé!
Ah, Meli... un nom chargé de nombreux souvenirs. Ce parc d'attractions situé à De Panne, né du rêve de l'apiculteur Albéric Florizoone, a marqué des générations de Belges et rempli bien des albums photo. Or justement, le Musée de la Photographie de Charleroi lui consacre une exposition... uniquement composée de clichés familiaux. Pour cela, il lance un vaste appel à contributions : envoyez et datez vos meilleures prises de vue des flamands roses et manèges ! Ceux-ci seront exposés, puis reproduits dans le catalogue de l'expo, avant de vous être retournés.
Parmi les histoires mythiques qui n'en finissent pas de passionner les foules, celle du Titanic n'est pas prête de prendre l'eau. L'année dernière, l'Angleterre pleurait à chaudes larmes la mort de « sa » dernière survivante. Cette année, elle est le théâtre d'une vente aux enchères record (Alridge & Son). En jeu, le témoignage écrit d'une rescapée, secrétaire d'un Baron britannique morte en 1967. Cette description du naufrage depuis l’une des barques de sauvetage s’est arrachée à 20 000£, soit 5000£ de plus que l'estimation maximale. L'heureux collectionneur d'Europe de l'Est ramènera-til son butin à bon port ?
❥À
envoyer au 11, Avenue Paul Pastur, 6032 Charleroi, Belgique
Vous avez aimé notre précédente couverture ? Sachez qu’une expo de Shepard Fairey, aka Obey, comprenant une quinzaine de lithographies et sa ligne de vêtements est organisée à Lille le 13 novembre. Magasin Suprême, rue de la clef, +33 320 13 77 10
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Libre cours Dans un monde qui tourne de plus en plus vite, prenons le temps de réfléchir sur notre condition. Pendant l'une des 100 conférences de Citéphilo, par exemple. Du 10 au 28 novembre, le désormais célèbre festival lillois prouve la contemporanéité de la philosophie en creusant la question de « l'avenir du commun ». Un sujet bienvenu en pleine recrudescence des crises identitaires. Comme toujours, ce cycle de rencontres s'autorise quelques apartés (apparemment) plus légers, comme cette intervention sur « l'influence de l'odeur des croissants chauds sur la bonté humaine ». ❥ www.citephilo.org
Incorrigibles !
Écolo, mais pas trop
Sur le papier, la révolution se veut complète. Nouveau format, nouvelles rubriques, Les Inrockuptibles ont radicalement changé de tête. Mais dans les faits, il est des formules qui restent. Comme celle du festival homonyme, qui défend sur les scènes de 4 villes des artistes qu’on affectionne. Qu'ils soient en pleine ascension (Jamaica, The Bewiched...) ou déjà sur les cimes (LCD Soundsystem, Katerine...), ils sont aussi abonnés à nos colonnes. La scène lilloise ne déroge pas à la règle. Avec Local Natives, the Drums ou l'ancien Libertines Carl Barât, l'Aéronef va voir débarquer toute notre rédaction !
Mi-octobre, le magazine Terra Eco dressait un classement des ministères les plus polluants. Il y a de quoi être vert : celui du développement durable figure... dans le top 3. Aux USA, la nouvelle n'aurait pas échappé aux risées d'ecorazzi.com, un réjouissant site de « green gossip ». Y sont épinglées toutes les contradictions des « people » investis dans l'écologie. Comme Jennifer Aniston, qui milite pour réduire les dépenses d'eau tout en posant pour une marque de flotte... servie en bouteille plastique. Près de 500 000 internautes suivent ainsi les affres d'Angelina Jolie ou d'Al Gore, qui combinent sans complexe toilettes sèches et passion de l'hélico, documentaire engagé et piscine chauffée...
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les 4&5.11, 28,80€, +33 320 13 50 00
Télex
Des artistes impliqués dans les politiques d'urbanisme ? L'ERBA de Dunkerque organise des journées d'études sur ce thème, les 25 et 26 novembre. Occupation de friches, mobilier urbain farfelu, rencontres passionnantes en vue ! « Inventer la ville par l’art contemporain », au Studio 43.+33 328 63 78 93
La république entre dans la favela texte & photos ¬ Olivier Goujon/LightMediation
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Un espace de récréation dans la favela de Villa Canoas.
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Rio ! Son carnaval, ses plages, ses joueurs de foot milliardaires et... ses favelas. Évidemment, le président Lula se passerait bien de cette ombre au tableau. Surtout à l’approche d’une Coupe du Monde de football (2014) et des J.O. (2016). Mais l'enjeu n'est pas seulement diplomatique. Aujourd'hui, 20 % de la population carioca vit encore dans les quelque 968 bidonvilles qui dominent la mégalopole. Au milieu de ces cabanes de fortune, on trouve les franges les plus pauvres de la population, mais aussi des trafiquants. Pour faire rentrer la légalité dans les favelas les plus dures, le gouvernement a voté une loi sur la propriété. Comme à Cantagalo, juste entre Ipanema et Copacabana. Visite guidée, à flanc de colline.
D
ès notre entrée dans Cantagalo, un gamin athlétique lâche son cerf-volant et court vers nous. Ni une, ni deux, il essaye de m'extorquer mes lunettes. Puis, il cède au bout de quelques minutes. Dans les escaliers étroits, Silvia, jusqu'ici silencieuse, me rassure : « C'est de l'intimidation. Il fait le malin devant ses copains ». Silvia Perrone travaille depuis 15 ans à Cantagalo. Avec « Rio Arte Popular », son organisation, elle développe des projets sociaux, monte des spectacles de samba et emmène des visiteurs à la découverte des plus célèbres bidonvilles de la planète, où vivent plus de 2 millions de Cariocas.
La cité des hommes Aux portes des maisons, les gens sont surpris de nous voir. Aucune
hostilité, au contraire, des sourires et des gestes d’accueil nous encouragent. Silvia parle avec tout le monde. Avec Patol, par exemple. C’est le plus vieux de la favela. Il habite un gourbi de planches décoré avec des couvertures de magazines. Sa cabane de bois est fragile, mais Patol ne veut pas aller chez ses enfants. Il a toujours vécu là, comme un gardien de Cantagalo. À côté, on aperçoit des maisons plus coquettes, parfois peintes aux couleurs du Vasco (rouge), le club de foot proche. À l’intérieur, des salons un peu kitsch avec napperons, crucifix et bibelots. Ici, une cuisine d’où s'échappent des effluves de la feijoada de haricots, le plat traditionnel brésilien. L'on poursuit notre visite au milieu de gamins qui se bousculent en riant. Il y a 6 mois, ces mêmes enfants étaient >
Escalier Jorge Selaron (peintre chilien) : une Ĺ“uvre mutante sur 215 marches oĂš la place des carreaux changent en permanence.
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1 - Intérieur d'une maisonnette de la favela de Pavao. 2 - Dans un salon de coiffure de Cantagalo, la coupe « favela » : court dessus, rasé sur les côtés. 3 - Vieil habitant dans sa maison de bois à Cantagalo.
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Des enfants jouent au cerf-volant sur les toits de la favela de Cantagalo.
peut-être armés. L’ordre régnait. Mais c’était l’ordre des trafiquants. La drogue, surtout la cocaïne, faisait vivre du monde, plus ou moins directement.
Nouvelle ère Aujourd’hui, Cantagalo a entamé un long processus de « récupération dans la légalité ». Cette « pacification » a été permise grâce à un programme d'assainissement adopté par Lula, véritable Dieu des pauvres au Brésil, en mars 2008. Le gouvernement reconnaît les droits de propriété des habitants des favelas alors que ces quartiers se trouvaient jusqu'alors sur des terrains occupés illégalement. En contrepartie, ceuxci doivent abandonner les trafics et se débarrasser de la délinquance. La favela a donc laissé entrer la loi de la république... et donc la police.
Les trafiquants, eux, ont levé le camp. L’enjeu est important pour les habitants. Andrea, par exemple, est devenu propriétaire de son salon de coiffure, où l’on vient désormais d’Ipanema pour se faire une coupe « favela » c’est-à-dire court dessus et rasé sur les côtés. Béatrice, elle, pense, dès l’année prochaine, proposer ses jolies chambres sur la pointe d’Ipanema à des touristes. Contrairement à Lula qui annonçait cet été son projet pilote de « circuit touristique dans les favelas », Silvia pense que ce sera un peu trop tôt. « Je ne sais pas si des touristes pourront vraiment résider ici bientôt ». Dommage, parce que la vue est imprenable. D'un seul regard, on embrasse toute la baie, de Copacabana au Pain de Sucre, jusqu'aux plages d’Ipanema
Rio et Copacabana depuis le sommet de la favela de Pavao.
et de Leblon… En plus, grâce au téléphérique construit par la municipalité, les Cariocas d’en bas, plus fortunés, se retrouvent sur la colline en quelques minutes. Le lien social est-il pour autant rétabli ? Silvia ne semble pas complètement convaincue.
Plus on monte, plus c’est pauvre Les premiers habitants des favelas furent des esclaves affranchis et des ouvriers sans le sou. Ils ont tous participé au « rêve brésilien » : faire de Rio une capitale à l’occidentale, en construisant des tours immenses sur Copa’ et Ipa’. Mais, peu à peu, ils ont construit des maisons trop chères pour eux-mêmes et ont été repoussés sur les collines par la classe moyenne qui s’est emparée du littoral. Sur la colline, les maisons se sont alors entassées verticalement. « Et plus on
monte, plus les gens sont pauvres », explique Silvia.
Les vautours guettent Le risque évident de cette « pacification », c’est de voir débarquer dans les favelas des promoteurs qui tournent comme des vautours autour des petites maisons de briques. Pour Silvia, « il ne faut pas que les habitants se laissent déposséder de leurs maisons ». Vu la qualité des emplacements, le moindre début de spéculation redonnerait la priorité aux classes moyennes. En éloignant les anciens habitants vers de nouveaux bidonvilles... En attendant, les choses changent : à Pavao, la favela voisine de Cantagalo, la « récupération » est bien engagée… Les trafiquants désertent les escaliers étroits. Et une nouvelle vie s’installe… à cent lieues des lieux communs. /
Slinkachu
portfolio |
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Toy Stories Street-art, photographie // Londres // www.slinkachu.com, www.little-people.blogspot.com, www.andipa.com
Slinkachu n'est ni photographe professionnel, ni maquettiste, ni même modéliste. C'est avant tout un artiste autodidacte, d'une trentaine d'années, qui recrée des saynètes miniatures dans la rue, son terrain de jeu privilégié. À l'aide de petites figurines et d'objets du quotidien, il reconstitue les scènes de la vie courante et les passe au crible de son humour souvent frondeur. Mis en abyme dans l'immensité urbaine, ses personnages posent discrètement au bord d'une flaque d'eau, sur une bouche d'égout, à côté d'une gouttière, sur un passage piéton ou à même le mur. Des endroits exposés à la vue de tous, sous nos pieds d'hommes pressés, mais
texte ¬ Carole Lafontan
si peu explorés lors de nos trajets en ville… Slinkachu nous propose de ralentir la cadence avec son théâtre du minuscule. Ses photographies confrontent cadrage macro et prise de vue lointaine, révélant de passionnants jeux d'échelle, où la réalité se laisse progressivement découvrir. Parallèlement à son Little People Project débuté en 2006, l'artiste travaille depuis 2008 sur une autre série. Baptisée Inner City Snail, cette dernière met en scène de vrais escargots peints par le Londonien puis remis en liberté dans la ville, comme si de rien n'était... Un joli pied de nez aux tagueurs compulsifs. /
ABRACADA Manu Barron & Dirk De Ruyck propos recueillis par ¬ Hakima Lounas photo ¬ Brian Jackson - Fotolia.com / DR
Dans un communiqué, ils citent allègrement Churchill : « L'attitude est une petite chose qui fait une grosse différence ». Celle de Manu Barron et Dirk De Ruyck tient en deux mots : persévérance et exigence. Une ligne de conduite qui a marqué les mémoires dans nos contrées. Aujourd’hui encore, on se souvient de l’empreinte de Manu sur la programmation de l'Aéronef (Lille), du Dour Festival ou de la Condition Publique (Roubaix). Et des talents de fin limier de Dirk, à la tête du Culture Club à Gand puis chez Eskimo Recordings. Désormais à leur compte, les chaleureux créateurs du visionnaire label Abracada sont restés idéalistes. De l'électro club de Mikix the Cat au nu-disco de Villa, ils ont plus d’un tour dans leur sac. Rencontre abracadabrantesque !
Dirk De Ruyck
Manu Barron
musique |
29
« Abracada est un label qui crée des rencontres. » Pour monter un label indépendant en 2010, faut être un peu tarés, non ? MB : Ça c'est sûr ! On est un peu fous. Mais pas question de lâcher l'affaire et de céder à la morosité ambiante ! On avait envie d'avoir notre propre « terrain d'expérimentation ». DDR : On est surtout des passionnés qui managent des artistes débutants. On a donc créé ce label pour signer et développer nos propres artistes. Abracada est le prolongement de nos activités parallèles. Tout de même, économiquement ça roule comment ? DDR : On limite les risques grâce à des sorties exclusivement digitales. MB : C'est moins lourd que de travailler sur des LP qui sortent en physique, c'est sûr. C'est quoi l'esprit Abracada ? Le fil rouge ? MB : On ne s'intéresse pas à un style
musical particulier. On peut à la limite distinguer deux familles... DDR : Oui, d'ailleurs, à partir de 2011 on nommera « Black Magic » tout ce qui sonne club et électronique; et « White Magic » les sons plus frais, dance/pop. MB : Finalement, cette double ligne artistique est à l'image de notre équipe. Dirk et moi sommes à la Direction Artistique générale, mais Brodinski et bien d'autres artistes gravitent autour de nous (Pilooski, Renaissance Man, etc). Abracada est un label qui crée des rencontres, on se laisse le droit de signer qui l’on veut. Chiche de sortir un maxi hip-hop alors ? MB : Rien n'est interdit. DDR : Oui c'est possible... Mais chercher un titre hip-hop, c’est déjà trop ciblé. Nous, on ne veut pas faire un truc ciblé. Lorsqu’on a signé Aeroplane, personne ne comprenait leur musique, entre électro, dance et disco. De même, quand j'ai découvert Washed Out il y a >
musique |
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☛ Les sorties : Villa ft. The New Sins, Mikix the Kat ft. Shannon, The Aikiu, The Krays, Poni Hoax. 3 ans, c'était juste de la bonne musique maintenant on appelle ça du glo-fi ou de la chillwave. N'importe quoi ! MB : Après, soyons honnêtes : quel intérêt à travailler sur un track de death metal, alors qu'on n'est pas référents ? On reste ouverts, mais on se tourne d’abord vers ce qui nous plaît, on a une grosse culture électro, club, pop. En parlant d'ouverture, Manu, penses-tu que la jeune génération est suffisamment ouverte et curieuse ? MB : Oui, on a affaire à une jeunesse qui décloisonne les styles. Maintenant tu peux assister à un concert de Dead Weather, enchaîner avec un set club de Diplo et écouter du rap chez toi. À 15 ans, quand j'ai découvert Purple Rain de Prince, j'osais pas le dire à mes potes parce qu'on faisait semblant d'être
punk et que tu ne pouvais pas écouter les Clash et aimer Prince. Ça marchait pas ! (rires) S’il ne fallait retenir qu’un seul label dans toute l'histoire de la musique, ce serait lequel ? MB : Pour moi, ce serait Tribe Records. Un label de Détroit des années 70. Une expérience incroyable à une période incroyable : une communauté d'artistes talentueux et engagés, dont Black Magic Orchestra. Un mélange de musique et de contestation sociale époustouflants. DDR : Oh Fuck... I don't know... Ah si, Island Records ! Un label fondé par un mec génial, Chris Blackwell. Il signait et produisait les artistes lui-même, très fort à l'époque. Il a révélé Bob Marley, Grace Jones, Roxy Music et tant d'autres. /
☛ ABRACADA Tour avec Pilooski, TheKrays (Brodinski & Yuksek), The Magician, Mustang, Villa, Mikix the Cat, Renaissance Man... 4.11, Paris, Social Club | 10,11, Bruxelles, Libertine Supersport, 22h, 15e
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texte ¬ Judith Oliver photo ¬ The Rare Groove Orchestra © DR
Le bal envoie tout valser « Franchement, à moins d’avoir un derrière en acier, c’est im-po-ssi-ble de ne pas bouger », lâche Fabrice Babczynski, aka DJ Joe Tex. Instigateur du prochain bal à Fives, cet homme qui ne jure que par la soul et le funk, est formel : le groupe invité, The Rare Groove Orchestra envoie du bois ! Reste à sortir vos plus beaux atours, pour aller danser le Jerk. Tuons dans l’œuf l’image de Thierry Hazard en train de s’égosiller : le plateau musical de ce soir s’annonce autrement excitant. Imaginé par l’association Soul Time (Soul Connection, etc.), ce nouveau Bal à Fives souffle un vent d’après-guerre américain. Sous les ors de l’ancienne salle des fêtes, tout commence par une initiation au Jerk, au twist et au Boogaloo. Mais que l’on maîtrise ou non le déhanché élaboré de ces danses, dans le parterre, les pieds bougent tout seuls. « On vient pour danser, pas pour se prendre le bourrichon. Et pour ça, le Rare Groove Orchestra est terrible, poursuit Fabrice. On a choisi ce quatuor instrumental parce qu’il fait largement participer le public ». Énergie contagieuse, musique parfaitement hédoniste relayée par un DJ set… le line-up a des chances de séduire tous les âges, à défaut d’attirer tous les milieux sociaux. « Contrairement au Bal Grec ou au bal pour enfants, qui sont portés par des assos fivoises, on risque d’avoir plutôt un public du Vieux Lille ou de Wazemmes, explique Maeva Justice, à la mairie de Lille. Mais tant que ça réunit des gens qui habituellement ne se croiseraient pas, on a gagné notre pari ! ». / ❥
Rare Groovin Fives - avec Rare Groove Ochestra, DJ Brother Jam, DJ Joe Tex et l’association Kose Two Jours 13.11, 19h30, Lille Fives, Salle des fêtes, 4/2€, Infos +33 320 49 52 81, résa +33 320 49 53 31 >> Prochain bal, cabaret CCC « crêpes, cartoon, comptines » pour les enfants, le 4.12
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texte ¬ Olivia Volpi photo ¬ James Kendi
C’est la même chanson C’est l’histoire de deux Américains, avec l’air de rien et des cheveux banalement moches. Ils aiment faire de la musique, avec une guitare slide qui miaule et des synthés cheap. Et aussi remixer du hip-hop. Soudain, wow, ça marche pour eux, le monde musical les adoube et les fans achètent les T-shirts qui vont avec les albums. Ils s’appellent Ratatat. Reprenons depuis le début. Les deux gars, ce sont Mike Stroud et Evan Mast. Ils commencent à bidouiller ensemble vers 2001, mais ce n’est qu’en 2004 qu’ils fondent Ratatat. Il faut sans doute du temps pour assumer leur concept musical. Un savant mélange de ce que la guitare rock peut faire de plus sexy à un synthétiseur Bontempi, le tout assis sur une basse un peu chaude. Du temps, et un frère (celui d’Evan) possédant un label de musique. Qui ne rechigne pas à sortir le single Seventeen years. Les portes d’autres labels s’ouvrent alors pour publier l’album Ratatat, composé d’instrumentaux. Ponctués ça et là de quelques samples, certes. Suivent ensuite Classics, Lp3, et le tout dernier Lp4. Ils se suivent et se ressemblent, sans lasser. C’est un peu comme la magie de Noël (quand on aime Noël). Chaque année, on se réjouit des illuminations et des sapins enguirlandés, en attendant le grand final avec sa bûche et ses cadeaux, tandis que les surprises pimentent le rituel. Les surprises dans la discographie de Ratatat, ce sont deux albums de remixes. Le duo rivalise là de souplesse, cultivant une production caractéristique, notamment pour des artistes hip-hop. Si vous estimez que vous avez été bien sages cette année, offrez-vous ce concert ! / ❥
ratatat 20.11, Bruxelles, Botanique, 20h : complet ! 21.11, 18h, Tourcoing, Grand Mix, 13/16€, +33 320 70 10 00, www.legrandmix.com
musique |
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texte ¬ Hakima Lounas photo ¬ Agoria © DR
Bruxelles a le groove L'équipe artistique de Groove City n'a que quatre mots à la bouche : Drum'n'bass, House, Techno et Electro. De la bonne vieille musique d'ordinateur, quoi. Comment des producteurs de sons électroniques (a priori froids) peuvent aussi bien incarner la notion (a priori chaude) de groove ? Réponse sur la brûlante piste de Kart expo à Bruxelles. Maître Wikipédia explique que le groove est « un état indéfinissable de la musique, un moment un peu magique, de grâce, où celle-ci décolle rythmiquement ». Beaucoup de guillemets pour un terme finalement abstrait, subjectif et ultra galvaudé. Agoria, par exemple, fausse brillamment les pistes : ses compositions synthétiques et minimalistes dégagent une chaleur et une émotion inouïes. Grâce à ses nappes de violons, le Lyonnais réussit à créer une musique au lyrisme envoûtant. Ce tour de force est d'ailleurs la marque de fabrique de la clique de Détroit (berceau originel de la techno, qui fête cette année ses 25 ans), dignement représentée pendant le festival par deux des précurseurs du genre : Derrick May et Carl Craig. Dans un registre plus hédoniste et immédiat, on est ravi de retrouver les trublions de Basement Jaxx. Déjà 15 ans que Simon Ratcliffe et Felix Buxton cultivent un son festif et crossover, à l'instar de leur dernier album Scars (2009). Sur les dernières compositions de ce duo anglais bien inspiré, on entendait Kelis, Yo Majesty, Amp Fiddler, Yoko Ono ou encore Santigold. Avec tout ça, on a vite fait de remballer nos a priori pour aller groover au Kart Expo, non ? / ❥
GROOVE CITY Prog : Agoria, Carl Craig, Derrick May, Basement Jaxx, Roni Size & MC Dynamite, The Quesmists, Martin Solveig, Dimitri Andreas, Slum Dogz, David Vendetta ft. Micah etc. 27.11, Bruxelles, Kart Expo, 24€, www.groovecity.be
musique |
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texte ¬ Audrey Chauveau photo ¬ jason glasser giants
texte ¬ Thibaut Allemand - photo ¬ DR
Bertrand Belin
Syd Matters Qui a dit que les concours étaient bons pour les never be ? Pas Jonathan Morali ! En 2004, Syd Matters était lauréat du concours CQFD des Inrocks. élevé à la folk, il a débuté seul, puis entouré de 4 musiciens, il a peaufiné sa recette : instrumentation forte, textes poétiques, langueur mélancolique. La sauce a pris ! En 2007, le groupe signait la B.O. de La Question Humaine de Nicolas Klotz. Aujourd’hui, le quintette présente Brotherocean, opus inspiré de la trilogie de Romain Gary. Une ode à l'océan emmenée par la douceur pop-folk de Hi life dont les accords et harmonies vocales relève du travail de chef étoilé. D'ailleurs, la tournée « balades sonores », privilégiant les endroits incongrus, est étudiée pour libérer toute la saveur de l’album. / ❥
12.11, 20h30, Roubaix, Cave aux poètes, 10/6€, +33 320 27 70 10 5.11, 20h30 Bruxelles, Atelier 210, 15/12€, + 32 2 732 25 98
Sur le papier, les accointances de Bertrand Belin avec une scène française exécrable (Bénabar, Olivia Ruiz) feraient trembler les plus braves. Oui, mais l’auteur de La Perdue (2007) traîne également avec JP Nataf ou Bastien Lallemant. Et les braves de revenir – « si on a la permission, alors… ». Et surtout, le Breton vient de signer le solitaire Hypernuit. Une œuvre à la geste artisanale (trio basse, guitare, balais, quelques cordes et pianos…), mais au retentissement monumental – enfin, on le souhaite. L’écriture draine des anti-héros pastoraux, flotte entre mots désuets et néologismes exquis, et se pare d’une voix cousine de celles de Stuart Staples, Dick Annegarn et… Alain Bashung. Auquel on ne manquera pas de le comparer. On cherchait en vain un héritier au grand Alain. Le voici enfin : il se nomme Belin. / ❥
6.11, 20h, Tourcoing, Le Grand Mix, 10/13e, + 33 320 70 10 00
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texte ¬ Olivier Clairouin photo ¬ !!! © DR
Triple claque Ils auront pris leur temps. Trois ans après Myth Takes, !!! - prononcez « tchik tchik tchik » ou toute autre monosyllabe répétée trois fois – sort son quatrième album : Strange Weather Isn’t It ?. Un bulldozer sonore que les sept têtes brûlées de Sacramento ramènent sur scène le 29 novembre, au Botanique. Décrire la musique de !!!, c’est comme tenter d’expliquer un film de David Lynch à sa petite sœur : faut réserver sa soirée. Leur son est un collage improbable de funk, de disco, de rock psychédélique et d’électro. Une mixture dance punk qui rappelle le terrain de jeu de LCD Soundsystem. Et c’est justement avec l’aide d’Eric Broucek, ancien ingénieur du son chez DFA (le label de James Murphy, tête pensante de LCD), que !!! a mis au point son dernier opus, sorti en août dernier chez Warp. Bien que plus condensé – fini les titres fleuves – et peut-être plus accessible que ses prédécesseurs, on y retrouve la voix caractéristique de Nic Offer, soutenue par une basse accrocheuse et des beats à réveiller les morts. Un peu groggy depuis la mort de Jerry Fuchs, son batteur, et le départ de trois autres de ses membres, !!! veut faire mordre la poussière à quiconque pronostiquerait sa fin. En concert, Offer multiplie les déhanchements façon Jagger et sautille en caleçon d’un bout à l’autre de la scène, pendant que ses acolytes emplissent l’espace d’un son brut, animal. Aucun doute : Bruxelles sentira bientôt la sueur, la poudre et le soufre. / ❥
!!! (Chk Chk Chk) 29.11, 20h, Bruxelles, Le Botanique, 22/19 €, +32 2 218 37 32
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texte ¬ Audrey Chauveau photo ¬ Omara Portuondo © DR
Ay mi Cuba ! Ces Cubains octogénaires feraient grincer des dents n'importe quel syndicaliste. En plein débat sur le système des retraites, le Buena Vista Social Club multiplie les concerts aux quatre coins du monde, avec une date brûlante à Anzin. Immanquable ! Souvenez-vous, ils furent les acteurs d’un conte de fée moderne à la fin des années 90. Compay Segundo, Omara Portuondo et leurs camarades poursuivaient humblement leurs carrières dans les ruelles décrépies de la Havane, Ibrahim Ferrer cirait les chaussures de ses semblables... Bref, chacun pensait les meilleures heures de sa vie d’artiste derrière lui. Mais un jour, la providence, ou plutôt Juan de Marcos Gonzalez, est venu sonner à leur porte. Avec le projet de ressusciter l'âge d'or de la musique cubaine grâce à un groupe de vétérans. Bingo ! L'album connait un succès planétaire, et les « campesinos » légendaires des années 1930 à 1950 retrouvent une nouvelle jeunesse. De la Cuba mania qui s’ensuivit, restent aujourd’hui les nombreux clubs de salsa et le regain d'intérêt pour le « son »* originaire de cette île. Du groupe historique, ne demeure presque que le nom. Omara Portuondo, l’unique femme de la bande, est une des seules survivantes. Mais, heureusement, l’esprit du Buena Vista subsiste grâce aux talents conjugués des musiciens de la jeune génération et de leurs illustres aînés. Sur scène, Cuba est donc toujours dans la place et la Billy Holiday havanaise n’a rien perdu ni de sa voix ni de son déhanché ! / * Le son est un genre musical cubain apparu au xixe siècle. Considéré comme l'un des ancêtres de la Salsa, il résulte de la fusion de mélodies espagnoles et des rythmes africains.
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BUENA VISTA SOCIAL CLUB + OMARA PORTUONDO 29.11, 20h30, Anzin, Théâtre Municipal, 35/28€, +33 327 38 01 10
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texte ¬ Mathieu Dauchy photo ¬ EMI Music LTD Jamie Hewlett
texte ¬ Mathieu Dauchy photo ¬ james carney
Gorillaz
The Black Keys
Caché derrière des dessins animés, Damon Albarn s'amuse comme un fou avec le projet Gorillaz, qui, s'il n'était pas artistiquement enthousiasmant, serait déjà un épatant concept marketing. Le soin apporté au contenant (identité visuelle, videoclips, apparitions scéniques...) n'est en effet pas ici un cachemisère. Le troisième album des singes déglingués est apparu en début d'année avec un casting béton (Snoop Dogg, Lou Reed, Mos Def...) et une collection de tubes electro-hip-pop de classe inter galactique. Normalement, Shaun Ryder, De La Soul, Bobby Womack, entre autres, rejoindront la ménagerie sur la giga-scène du Lotto Arena. Question : comment ces stars cohabitent-elles en tournée ? Et comment vivent-elles les répétitions avec ces singes de Murdoc Niccals, 2D, Noodle et Russel Hobbs ? En tout cas, nous, même pour un Gorillaz-on-ice, on signe. /
Le mois dernier, on parlait ici-même du retour de la soul. Ce mois-ci c'est au blues de faire des heures sup'. Empêcherait-on aussi aux genres musicaux de prendre leur retraite ? The Black Keys ont voué leur existence à réveiller un blues enraciné sur les rives du Mississipi, à quelques encablures des locaux du label Fat Possum. Un peu comme les White Stripes, c'est en maniant paradoxalement une musique très exploitée et dont on pensait ne plus rien tirer, que les Black Keys ont fait l'unanimité. D'abord sous la houlette de Dangermouse (sur Attack & Release), puis en s'enfermant rien qu'à deux en studio pour produire 15 titres empreints d'un blues rock dans la veine de Robert Johnson. Et en réalisant, pour couronner le tout, des clips à la fraîcheur vivifiante. Prenez Tighten Up, une pure merveille. / ❥
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22.11, 20h, Anvers, Lotto Arena, 55€, www.livenation.be, complet !
15.11, 20h, Bruxelles, Ancienne Belgique,
complet !
25.03, 20h, Lille, L'Aéronef, 30/25e
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« En tournant avec un appareil photo, j’ai l’impression d'inventer un nouveau langage ».
Quentin Dupieux Sortie de route
texte ¬ Baptiste Ostré - photos ¬ Rubber © UFO Distribution
Il a enflammé les dancefloors et marqué les mémoires avec sa marionnette jaune « Flat Eric » (publicité Levi’s). Derrière Mr Oizo se cache Quentin Dupieux, réalisateur remarqué aussi en 2006 avec Steak. Un échec commercial, devenu progressivement culte. Son troisième film, Rubber, a toutes les chances d’accéder à ce même statut. Fable singulière et absurde, cette histoire de pneu télépathe et serial killer a été tournée en un mois avec un appareil photo. Rencontre gonflée à bloc ! J’ai lu que le cinéma était ta première vocation. Est-ce bien le cas ? Tout à fait. Je tourne des petits films avec ma caméra depuis l’âge de treize ans. J’ai ensuite été réalisateur de publicités. Un réalisateur soi-disant confirmé dans ce registre. Mais, les spots Levi’s ont bien marché parce que j’ai travaillé en
totale liberté. Ce ne serait plus le cas aujourd’hui, je ne serais qu’un maillon de la chaîne… De toute façon, je ne comptais pas en faire mon métier. Je cherche avant tout à m’amuser. Comme c’est le cas avec la musique. Si je veux, demain, je peux sortir un disque avec des bruits de tronçonneuse ! >
Ton avatar musical, Mr Oizo, reste d’ailleurs plus connu que Quentin Dupieux, le réalisateur… C’est vrai. Ça viendra petit à petit. Après tout, je n’en suis qu’à mon troisième film, si on compte NonFilm qui est quand même une sorte de caprice adolescent. Sinon, Mr Oizo a été un accident. En fait, j’ai commencé la musique en bricolant des trucs pour illustrer mes courtsmétrages. Utiliser de la musique déjà existante m’aurait posé des problèmes de droits d’auteur… Flat Beat je l’ai donc vraiment fait par hasard, pour la marionnette. Après ça, je me suis intéressé à la dance music, à la réaction du public sur le dancefloor et j’ai rencontré Laurent Garnier. Mr Oizo était un accident ? Oui, malgré l’ampleur du phénomène, il n’y avait rien de calculé ou de vicieux de ma part. Avec Flat Beat, je n’ai pas cherché à produire un truc catchy que je répéterai à l’infini. Rien
de prémédité, même si la musique m’a, il est vrai, toujours intéressé. Rubber conserve aussi un aspect bricolé, spontané, avec cette façon de ne pas se conformer aux règles… Rubber est né de l’envie de renouer le contact avec la caméra. Steak m’a fait connaître les conditions d’un tournage classique, où tu n’as pas le droit d’y toucher. Tu pouvais jeter un œil à la caméra, mais quasiment pas la bouger, au risque de la dérégler. Sur un tournage traditionnel, une caméra devient un objet assez austère, source de problèmes. Impossible, en fin de journée, de tourner des images supplémentaires, simplement parce que la lumière est belle. Avec la réalisation de publicités et Steak, je me suis senti peu à peu dépossédé du droit de filmer. Confier sa vision à quelqu’un d’autre est très douloureux pour un mec comme moi qui a été habitué à filmer avec une caméra 16 mm. Dans Rubber,
j’ai donc retrouvé des sensations de jeunesse. En tournant avec un appareil photo, j’ai l’impression d’inventer quelque chose, de chercher un nouveau langage. C’est ce qui a rendu le projet Rubber particulièrement excitant. Au-delà de l’aspect technique, avec Rubber, on hésite constamment entre le rire et la peur. Ça te plait de brouiller les pistes ? Je trouve qu’il n’y a rien de plus tragique qu’un film qui déroule son programme de A à Z. En tant que spectateurs, on s’est habitués à certains schémas. Or, ça ne m’intéresse pas de tirer les ficelles, de dire quand il faut rire ou non. J’aime quand un film emprunte une voie avant de dévier radicalement. Plutôt que de choisir une piste verte ou bleue, je préfère le hors-piste : je ne voulais pas me contenter de faire un slasher avec un pneu tueur. Penses-tu revenir au tournage
classique ou poursuivre dans la voie tracée par Rubber ? Je vais rester le chef’op instinctif de Rubber. Avant de faire ce film, je travaillais sur un autre projet, Réalité. Une comédie un peu plus compliquée à produire, plus chère, moins funky. Mais j’ai passé pas mal de temps à la réécrire pendant qu’on tournait Rubber. Pour l’adapter à ce nouvel outil. Cela signifie-t-il que Mr Oizo disparaît de la circulation ? Non, non, il est toujours présent ! Sauf que mon inspiration musicale fonctionne un peu par cycle. Elle vient ou ne vient pas, ce n’est pas quelque chose que tu décides autant que le cinéma. J’ai déjà mis beaucoup de temps à rebondir après mon premier album, pour ne pas me répéter. Pour l’instant, j’attends la nouvelle excitation. / ❥ Rubber, sortie le 10.11, www.ufo-distribution.com www.myspace.com/oizo3000
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texte ¬ Raphaël Nieuwjaer photo ¬ Le nom des gens © DR
Arras, ville ouverte Prendre de l'ampleur sans perdre son exigence, remplir les salles avec des œuvres de qualité, tels sont les paris du Festival International du Film d'Arras (Fifa). Avec, comme chaque année, des invités réjouissant les cinéphiles, des thématiques originales et des inédits. Si cela ne tenait qu'à l'auteur de ces lignes, il ne serait question que d'Anna Karina. Muse de Godard, elle a illuminé les années 60, réinventant à chacun de ses film le mot « jouer ». Mais, bien que l'on se damnerait pour un gros plan d'elle, on ne peut pas tout à fait négliger Olivier Assayas, dont le magistral Carlos a fait sensation à Cannes, cette année, ni Jerzy Skolimowski (Quatre nuits avec Anna !), et le très remarqué à Venise Essential Killing, encore inédit). Ces invités d'honneur seront présents lors de certaines projections, et surtout, offriront au public de riches leçons de cinéma. Outre ces hommages, il s'agit, à travers une sélection d'inédits d'Europe (notamment de Roumanie, l'un des pays les plus créatifs depuis quelques années), et du monde, de découvrir les auteurs de demain, en leur présence. Le festival est enfin l'occasion de maintenir le lien essentiel entre passé et présent, à travers des cycles et des ciné-concerts. On notera la projection du rare et magnifique Phase IV (Saül Bass), de l'encore plus rare Maria do Mar (José Leitao de Barros), et la rétro Révolution Française, qui met en avant l'enfant du pays, Robespierre. De quoi perdre la tête... / ❥
11e Festival international du film d'arras du 5 au 14.11, Arras, de 3 à 7e (pass 5 et 10 places 40/25e, pass complet 60e), +33 972 12 88 23 Programme disponible sur : www.plan-sequence.asso.fr, Projections au Cinémovida et au Casino
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texte ¬ Thibaut Allemand - photo ¬ DR
texte ¬ Baptiste Ostré - photo ¬ Tignous
We Had A Dream
Draquila, l’Italie qui tremble
Le voici. Le témoignage définitif de l’épopée d’une bande de potes marqués à jamais par un teknival (Tarnos, 1995) et devenus acteurs du phénomène. Les clichés de travellers évacués (ni clébard, ni camtar ici), le sound system souvent décrié se souvient de tout : vie en communauté, drogues, premiers mixes, et puis les fêtes, évidemment des déchetteries au xvie arrondissement, des teufs tchèques à l’Olympia. La free party, pratique visible d’un mouvement artistique sans manifeste, possède peu d’archives – quelques flys, certes, mais surtout une histoire orale, où le vrai se mélange au faux. Ces contes et légendes sont (parfois) confirmés par des protagonistes à la franchise tranquille et animés d’une violente lucidité. Reste ce titre, We Had A Dream. Le rêve est-il accompli ? Pas sûr. La réalité revenue, certainement. Incontournable. /
Draquila a fait trembler le gouvernement italien. Documentaire à charge contre la politique menée par Silvio Berlusconi, il a provoqué le boycott du ministre de la Culture italien lors du dernier festival de Cannes. Sabina Guzzanti, la réalisatrice, n’en est pas à son premier coup d’essai : avec Viva Zapatero en 2005, cette imitatrice, célèbre dans son pays (il faut la voir, dans Draquila, grimée en Berlusconi), s’attirait déjà les foudres du gouvernement. Film révolté, Draquila, fait presque œuvre de paléontologie. Guzzanti fouille les décombres du tremblement de terre de l’Aquila, petite ville des Abruzzes, pour reconstituer la chute de l’Italie. Liens avec la Mafia, jeux de relations et lobbying intense : la critique est vive et féroce. /
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Damien Raclot- Dauliac/Heretiks (DVD) We Had A Dream (Heretiks/Topplers)
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de et avec Sabina Guzzanti. Sortie le 3.11
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Saatchi épate la galerie
texte ¬ Judith Oliver
Pour les habitants de la Métropole et les assidus du Tri Postal de Lille, la surprise risque d’être de taille. Avec quelques néons, des litres de peinture et maintes cimaises, l’équipe de Lille3000 a complètement métamorphosé le lieu. Sol blanc, murs clairs : fort de ses nouveaux atours, l’écrin industriel de 6000 m2 se donne des airs de galerie. Ambiance « white box ». Une scénographie parfaitement adaptée aux soixante œuvres monumentales présentées dans le cadre de la Route de la Soie, exposition imaginée à partir des fonds indiens, chinois et moyen-orientaux de la collection Saatchi. Suivez le guide.
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C’
est en avant-première mais affublés de ridicules sur-chaussures de papier que l’on pénètre dans l’exposition. La peinture n’est pas encore sèche, le chantier bat son plein, chacun s’agite sous l’égide bienveillante du grand chat de Qiu Jie, posant fièrement en début de parcours. Cette image, placardée partout en ville, a servi d’ efficace étendard pour annoncer la venue à Lille de la prestigieuse Saatchi Gallery –une première en France. Certes, ce portrait de Mao sous les traits d’un impassible félin révèle l’inclinaison du célèbre publicitaire anglais pour l’art figuratif actuel (toutes les pièces présentées sont postérieures à 2001). Mais il ne préfigure en rien le caractère engagé des œuvres qui fait la richesse de l’exposition. Conditions de travail des ouvriers, position de la femme, religion, conflits, mutations sociales et économiques… d’installations monumentales en peintures, ces thématiques se font écho. Fortes et explicites.
Multipistes Bien plus que celles de l’exposition Pinault* qui supposaient un important travail de médiation, les œuvres de la collection Saatchi sont en effet particu-
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lièrement accessibles. Comment, par exemple, rester indifférents devant cette improbable cohue qui règne au premier étage ? Dans la confusion la plus totale, une armée de grabataires se livre à une incroyable partie d’autotamponneuses en fauteuils roulants. >
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1. Like Everyday Series (Pan) , Courtesy of the Saatchi Gallery, London © Shadi Ghadirian 2. Untitled (Eclipse) 3, Courtesy of the Saatchi Gallery, London © Jitish Kallat, IRIS DREAMS 3. Heads On Plate, Courtesy of the Saatchi Gallery, London © Hayv Kahraman 4. Untitled, Courtesy of the Saatchi Gallery, London © Ahmad Morshedloo, Assar Art Gallery
On peut rire face à cette scène incongrue, reste que l’hyperréalisme de ces personnages (citant des militaires ou hommes d’Etat) fait froid dans le dos. De la même façon, les incroyables prieurs en aluminium de Kader Attia ou, plus loin, les photos de Shadi Ghadirian, qui réduisent la femme à un voile et un ustensile de cuisine, interpellent tout le monde.
L’art se lève à l’Est Si Saatchi montre un gout prononcé pour des pièces narratives et suggestives, celle-ci n’en restent pas moins polysémiques et riches. Ensemble, les préoccupations de ces artistes indiens, chinois ou moyen-orientaux dressent un portrait complexe de leurs sociétés en mutation. Et, comme pour chaque œuvre isolément, le tableau final a l’intelligence d’être en demi-teinte. On sent bien sûr dans l’engagement des plasticiens, le poids des facteurs d’immobilisme – diplomatiques, économiques, sociaux ou religieux. Reste que chacun d’eux manifeste un amour profond pour son pays, sa culture et l’espoir de jours meilleurs. /
* Passage du temps de la Collection François Pinault Fondation (automne 2007)
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La Route de la Soie – Saatchi Gallery jusqu’au 16.01, Lille, Tri Postal, mer>dim, 10h > 19h, ouvertures exceptionnelles les 1er&11.11, 6/4€, Grat. -16 ans, Pass lille3000 (15€ - offrant TR dans de nombreux musées du Nord-Pas-deCalais, de Belgique et de Paris), visites guidées sam&dim 11h. www.lille3000.com
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texte ¬ Judith Oliver photo ¬ Kiss, serie X-Ray © Wim Delvoye
Expressions belges Alors qu’en Belgique, les communautés s’opposent au nom de la dualité culturelle et linguistique, le Fresnoy décline le sujet de sa prochaine expo au singulier. « ABC » ausculte comme un tout « l’Art Contemporain Belge ». Présentés côte-àcôte, plasticiens flamands et wallons affichent une même irrévérence burlesque. « Ce qui est tout à fait fascinant dans la scène contemporaine belge, entame, enthousiaste, le commissaire d’exposition Dominique Païni, c’est ce mouvement dialectique entre des pratiques conceptuelles et une forme de post-dada potache ». Ce mélange entre « méditatif et burlesque » apparaît bel et bien en filigrane, malgré la grande hétérogénéité de démarches et de sujets. Il est manifeste dans les œuvres qui, sous couvert de rire, questionnent fondamentalement l’identité nationale, comme celle de Pol Piérart, ou l’art et ses institutions (Coppers, Broodthaers, Delvoye, Lizène ou Robin). Pour paraphraser Dominique Païni, ces artistes déjouent avec brio le sérieux de l’art « qui s’engage » comme la réserve chic de l’art minimaliste. Pour autant, l’exposition creuse d’autres pistes et évite toute tentation réductrice en présentant, par exemple, des travaux étonnement austères. ABC se contente de dessiner des « constellations cohérentes d’artistes », qui tantôt partagent un attrait pour l’ambivalence des matériaux (Dekyndt, Balleux, François), tantôt mettent leur corps à l’épreuve. Tantôt jouent sur l’animalité et son image. Un passionnant B.a.-ba. / ❥
ABC – Art Contemporain Belge jusqu’au 31.12, Tourcoing, Fresnoy, mer, jeu, dim, 14h>19h, ven&sam 14h>21h, 3,80/3€, +33 320 28 38 00
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texte ¬ Edlef Kowalyk photo ¬ Jan Fabre, Les messagers de la mort décapités, L’annonciateur du froid © Coll. du musée départemental de Flandre, Cassel, Jacques Quecq d’Henripret
Flâneries flamandes On connaissait Cassel pour son centre ville pittoresque, ses façades renaissance, sa vue imprenable (176m !) et ses petits estaminets. Mais on ignorait son passé de cité rebelle et son rôle dans l'insurrection des villes flamandes en 1430. Aujourd'hui Cassel renoue fièrement avec son passé et inaugure un musée dédié à la Flandre. Visite guidée. Drôle d'histoire que celle de l'Hôtel Noble-Cour. Fondé par Jeanne de Flandre au xie siècle, cet élégant bâtiment de briques a longtemps servi de cour de justice locale avant de devenir tour à tour auberge, école, état-major du maréchal Foch... puis musée ethnographique. Après 13 ans d'une fastidieuse rénovation (charpentes, sols et fondations) il offre désormais une vitrine de choix à la culture flamande. Une métamorphose soutenue par de nombreuses acquisitions d'art ancien (Van Dyck, Van der Heyden, Tattegrain...) et contemporain (Fabre, Coppers). Le parcours comme les œuvres fourmillant de détails sont susceptibles d'intéresser tout le monde. Le néophyte sourira à la vue des animaux peu réalistes qui entourent Adam et Ève dans Le Paradis terrestre. Venu pour les chefs-d'œuvre, l'amateur averti relèvera certainement l'originalité de cette vierge du xve sur laquelle le commanditaire est représenté les yeux fermés, c'est à dire mort. Parallèlement, le musée accueille pour son inauguration une sublime exposition temporaire sur la représentation du corps féminin dans la peinture flamande aux xvie et xviie siècles. Avec, pour point culminant, un magnifique grand format de Van Dyck, Antiope et Jupiter. / ❥
Musée départemental de Flandre Cassel, grand Place, mar>sam, 10h>12h30, 14h>18h, dim 10h>18h, 5/3€, +33 359 73 45 59 À voir / Exposition temporaire : Sensualité et Volupté, jusqu'au 23.01.11
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texte ¬ Raphaël Nieuwjaer photo ¬ Stéphane Dabrowski
Pipe-show Reprise à Gand de l'exposition Tati, deux temps, trois mouvements, présentée l'an dernier à la Cinémathèque Française. Ou comment faire entrer la critique de la modernité, notamment architecturale, dans un cloître de Carmes. Merci Macha Makeïeff. Exposer le cinéma n'est pas chose aisée. Ce n'est souvent qu'une triste dissection : ouvrir l'écran pour en sortir des objets qui dévoilent leur sordide banalité, n'ayant jamais eu de sens que par la transfiguration de la pellicule. On n'échappe pas ici à l'écueil : la bicyclette de Hulot, le mobilier des Arpel, une carcasse de voiture, un Oscar (un brin défraîchi...), etc., etc. Fétichisation par la culture des objets dont Tati moquait la fétichisation par l'industrie, avec, comme totem, la pipe géante qui trône au milieu du cloître (les freudiens apprécieront). Comprimé dans un espace haut mais étroit (on embrasse la salle d'un regard), Makeïeff crée néanmoins d'intéressants jeux d'échelle. Entre les maquettes et les lieux reproduits en taille réelle (le couloir de Playtime), le visiteur glisse d'un film à l'autre, d'un extrait à sa propre présence au monde, avec un léger vertige. L'autre curiosité est une installation vidéo sur six écrans, offrant une analyse ludique et profonde de l'art du maître (à voir sur la banquette des Arpel !). On espère en tout cas de tout coeur qu'un Hulot (ou un enfant...) animera les objets de sa présence, passant outre les « Interdit de toucher » pour enfin faire soupirer le siège de Playtime ! / ❥
Jacques Tati - Deux temps, trois mouvements jusqu’au 16.01, Gand, Centre Culturel Provincial-Caermersklooster, 8/6€, + 329 269 29 10 Tous les jours sauf lundi de 10 à 17h. Fermé les 25.12 et 1.01
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texte ¬ Roberto Curbelo - photo ¬ Giancarlo Romeo
texte ¬ Edlef Kowalyk- photo ¬ Georges Clairin L'Entrée au harem © The Walters Art Museum, Baltimore, Maryland
México : esperado / inesperado
L'orientalisme en Europe
Sous la verrière du BPS 22, un ensemble de pièces patiemment accumulées par deux collectionneurs mexicains : Isabel et Agustín Coppel. Émaillé d'œuvres encore jamais montrées en Belgique, le parcours jongle entre traditions et points de vue inédits. Car au-delà des quelques noms familiers (Matta-Clark, Rusha, Cattelan, Álvarez Bravo, Levitt, Eggleston, Guzmán...) l'exposition rappelle que le Mexique est une terre méconnue. S'y sont succédés Graziela Iturbide, Gabriel Orozco, Abraham Cruzvillegas... autant de partisans d’un art cru, matériel, mais non dénué d’une certaine distance. Ensemble, ils ont fait de leur pays contrasté un acteur majeur de la scène artistique. Et, de génération en génération, ont perpétué une vision de l’art « où l’individu réagit à son environnement, urbain, magique ou social ». Viva Mexico ! /
Le harem et ses odalisques, l'Égypte et ses mystérieux vestiges, les ruelles pittoresques et marchés colorés... aujourd'hui encore, notre vision des cultures maghrébines et moyen-orientales charrie ces images de cartes postales. De Delacroix à Kandinsky : l'orientalisme en Europe propose de revenir sur leur origine en auscultant un phénomène culturel apparu fin xviiie. La fascination pour l'orient qui naît alors, alimentée par l'actualité (conquête de l'Égypte puis d'Alger, ouverture du Canal de Suez) et les voyages, atteint des sommets au milieu du xixe. Dans les sphères artistiques, l'observation ethnographique se mêle aux fantasmes. En témoignent ces 160 toiles enrichies d'éclairages historiques : de Delacroix à Matisse en passant par Ingres et Gerôme. /
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jusqu'au 28.11, Charleroi, BPS 22, espace de création contemporaine de la province du Hainaut, mer>dim, 12h>18h, +32 71 27 29 71
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jusqu'au 09.01, Bruxelles, Musée royaux des beaux-arts, mar>dim, 10h>17h, 8/5€, +32 2 508 32 11, www.expo-orientalisme.be
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agenda Turkanas © roger job
Turkanas. Les premiers derniers hommes Photographe de guerre chevronné, Roger Job dénonce aujourd'hui l'impact du réchauffement climatique sur le mode de vie des Turkanas, l'une des dernières tribus nomades d'Afrique. Les premiers derniers hommes, pour lequel il a reçu le Nikon Press Photo Award en 2009, retrace la lutte de ce peuple pastoral pour préserver un bétail culturellement et économiquement central. Un véritable voyage au bout de l'enfer, là où il fait toujours... toujours très chaud. ❥ Charleroi, jusqu'au 16.01, musée de la photo-
Les esquimaux vus par matisse esquimaux © Masque Inuit, F. Kleinefenn
Les esquimaux vus par Matisse Contrairement à ce qu’annonce le titre, il est moins question du maître Fauve que de son gendre, le critique d’art George Duthuit. Au contact des surréalistes, pendant la guerre, ce dernier découvre la richesse symbolique de l’art Inuit. Partageant son intérêt, Matisse collabore à un remarquable essai poétique illustré. On en savoure les planches originales au milieu de masques Inuit prêtées par le musée de Boulogne-sur-mer. ❥ Le Cateau-Cambrésis, du 7.11 au 6.02, Musée Matisse, tlj (sf mar.), 10h>18h, +33 327 84 64 50
graphie, mar>dim, 10h>18h, +32 7 136 46 45
Des veines, au ciel, ouvertes – G. Penone Figure incontournable de l’Arte povera, Penone explore depuis un demi-siècle les relations du corps à la nature. Avec une place centrale occupée par l’arbre et la forêt, comme en témoignent la trentaine de sculptures, photos et bronzes historiques ou récents présentés au Mac’s. Penone écorche, épluche, moule, assemble les morceaux de bois, cite les formes des branches et des feuilles. Et transcende les relations existant entre art et nature. Une œuvre majeure ! ❥ Hornu, jusqu’au 13.02, MAC’s, mar>dim, 10h>18h, 6/4€, +32 65 65 21 21.
La Part des Faux + Maître d'Art et Art du Faux Les notions d'authenticité et de reproduction dans l'art sont analysées à travers deux expositions. La première (MFW), menée d'une main de maître par J-J. Tachdjian, nous offre une vraie-fausse leçon d'histoire de l'art : l'académisme revu au stylo bic, la peinture réinventée aux Letrasets... sans oublier la figuration spéculative, un courant inventé de toutes pièces. Au Colysée, J. Chérigié et E. Morales revisitent des grands classiques au format carte postale. ❥ Lille, jusqu'au 28.11, maison Folie de Wazemmes, +33 320 78 20 23 et du 6.11 au 5.12, Lambersart, Colysée, +33 320 00 60 06
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agenda Extra, Artificial Landscape outpost © mathilde Lavenne et Matt Rowe
Manières noires, Raf Simons, Collection MoMu © Hugo Maertens
Tadeusz Kantor, l’époque du garçon
Extra
Tadeusz Kantor, ce nom vous semble familier ? Logique, ce dramaturge polonais est un habitué de la capitale des Flandres. Mais, cette fois, point de rideau rouge. Sur les murs de l'Hospice Comtesse, une série de dessins décline l'un de ses motifs favoris, la figure du jeune garçon. Dans les salles, la polyvalence de l'artiste s'épanouit, toute en cohérence. Aux croquis et peintures d'une apparente naïveté répond la projection de sa Classe Noire, célèbre prolongement de son manifeste théâtral. ❥ Lille, jusqu'au 17.12, Hospice Com-
Amateurs de dessins, réjouissez-vous ! La pointe graphique envahit l'espace le carré... pour mieux s'affranchir de la contrainte du plan. Aux murs, un très large spectre de pratiques. Au service d'une quête introspective (les écorchés de L. Nicola), d'une réflexion sur le temps et la disparition (W. Krokaert, N. Fouré ou B. Gadenne), le dessin se mue en formes 3D (Mathilde Lavenne, Matt Rowe), et le trait, en élastiques tendus entre les murs (Sai Hua Kuan). ❥ Lille, du 18.11 au 9.01, espace le Carré,
tesse, lun, 14h>18h, mer>dim, 10h>12h30, 14h>18h, +33 328 36 84 00
mer>sam, 14h>19h, dim 10h>13h, 15h à 18h, +33 320 15 13 21 (Malterie)
Manières noires Alter Ego Si vous dites à votre enfant que Pinocchio est un has been, vous vous exposez à une avalanche de larmes bien méritée. Par contre, si vous l'emmenez, l'air de rien, voir les installations et courts-métrages d'Alter Ego, il parviendra à cette conclusion de lui-même. Et sans pleurs (miracle !). Car ici, il est question d'animation, de 3D, de poupées virtuelles, bref, de ces marionnettes sans fil que manie avec brio le studio belge Zorobabel. ❥ Lille, jusqu’au 19.12, maison Folie de Mou-
Symbole de mort ou d'insoumission, synonyme d'élégance et de raffinement, le noir s'est drapé de significations pour le moins antinomiques. C'est peut-être ce qui justifie la fascination des artistes pour cette tonalité longtemps considérée comme une non-couleur. Plasticiens (Dubuffet, Broodthaers, Boltanski…), designers (Wanders, Dixon), dessinateurs (Tardi, Pratt), photographes (Sugimoto), stylistes (Chanel, Westwood...) : Manières Noires fait toute la lumière sur l'usage du noir dans les arts. ❥ Mons, jusqu'au 13.02, BAM, mar>dim,
lins, mer>dim, 14h>19h, + 33 320 95 08 82
12h>18h, +32 65 40 53 30
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agenda Eugène Leroy © ADAGP 2010
Degas Sculpteur Pendant près de quatre mois, La Piscine se donne des airs de musée d'Orsay. Et pour cause ! Pour prolonger son exceptionnelle donation de 2001, la célèbre institution parisienne prête au musée d'art et d'industrie de Roubaix une série de 73 bronzes et modèles de cire de Degas. Accompagnés de gravures, dessins et tableaux du maître. Ces sculptures déclinent un sujet de prédilection de cet impressionniste : la danse et le mouvement. ❥ ROUBAIX, jusqu'au 16.01, La Piscine, mar>jeu, 11h>18h, ven 11h>20h, we 13h>18h, +33 320 69 23 69.
François Génot, sur la route d'Eppe Sauvage Pour apprécier les œuvres du touche-àtout François Génot, il nous faut emprunter la fameuse route d'Eppe Sauvage. Au point de départ, on découvre une installation imaginée pour la Vitrine Paulin, soit un entremêlement de plantes qui semblent reprendre leurs droits sur la brique. Ensuite, direction la Maison du Val Joly, à Eppe Sauvage. Là, l'enchevêtrement végétal se donne à voir sous les traits d'un monumental fusain. ❥ Solre-le-Château, jusqu'au 9.01, Vitrine Paulin et Eppe Sauvage, maison du Val Joly, +33 327 61 83 76
Habiter poétiquement le monde © Willem Van Genk, KLM Donation, L’Aracine LaM
Eugène Leroy, Exposition du centenaire Artiste atypique, jeux de textures uniques, Eugène Leroy (1910-2000) s'est toujours situé en marge de la scène artistique française. Loin des préoccupations du marché de l'art, il a mené ses recherches dans la contemplation solitaire des grands maîtres. Pour son centenaire, le Muba de Tourcoing lui rend un vibrant hommage à travers 150 peintures dont les nombreuses toiles inédites de la donation des fils Leroy (2009). ❥ Tourcoing, jusqu'au 31.03.11, Muba, 13>18h, sauf mardi, +33 320 28 91 60
Habiter Poétiquement le monde L'artiste, par son œuvre, permettrait de comprendre le monde. Cette idée, dans la pure tradition romantique, sert de point de départ à la première exposition temporaire du LaM. Un impressionnante rapprochement d'art brut, d'art moderne et contemporain (350 œuvres), qui nous conduit de petites séries obsessionnelles en installations monumentales, en compagnie de « fous » et poètes (Michaud, Mallarmé...), d'artistes (Beuys, Broodthaers, Filliou, André...) et de cinéastes (Fleischer, Levitt...). ❥ Villeneuve d'Ascq, jusqu'au 30.01, LaM, mar>dim, 10h>18h, +33 320 19 68 88.
théâtre & danse |
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texte ¬ Judith Oliver photo ¬ Ivo Dimchev - some Faves © Maryan Ivanon
What’s next ? Next ? Ce festival coproduit par 5 structures culturelles belges et françaises porte plutôt bien son nom. En 15 jours, 3 week-ends, et 50 représentations, il sonde quelques-unes des tendances contemporaines des arts vivants. Performances hybrides, théâtre documentaire, retour en force du collectif… de part et d’autre de la frontière, on regarde vers l’avenir. Attention ! « Il ne s’agit pas d’une quête absolue de nouveauté, ni d’un panorama de l’innovation » prévient Didier Thibaut, directeur de la Rose des Vents et cofondateur du festival. Il nous rassure : la performance ou la porosité des formes ne sont pas des phénomènes neufs. Mais Didier Thibaut précise « Quand on élabore la programmation, chacun défend, parmi ces formes contemporaines, certains partis-pris. Next est une sorte de manifeste, qui définit ce qu’est, selon nous, la modernité aujourd’hui ». Fruit d’une véritable collaboration transfrontalière (choix au consensus), le festival jouxte en effet des acceptions différentes de la « modernité ». En Belgique, elle semble davantage rimer avec performance (Dimchev, Baehr, Bauer, Berlin, Abattoir Fermé, Superamas…) et danse contemporaine. En France, Didier Thibaut défend davantage les formes théâtrales, même si aucune n’est académique. Prenez le maître de la déconstruction Hubert Colas, l’oppressante Comida Allemana de Cristian Plana ou le théâtre documentaire de Tatiana Frolova. Entre les grands plateaux réservés aux stars (Jan Fabre ou Olivier Dubois), et les petites formes émergentes (programme Next Generation) gageons que vous trouverez votre propre définition ! / ❥
NEXT003 du 18.11 au 4.12, Courtrai (Budascoop et Kortrijkse Schouwburg), Lille (Prato), Roubaix (Oiseau-Mouche), Tournai (maison de la Culture), Villeneuve d’Ascq (Rose des Vents), et Valenciennes (Espace Pasolini, Phénix), de 7 à 19€, www.nextfestival.eu
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texte ¬ Faustine Bigeast - photo ¬ Pierre Nydegger
texte ¬ Nicolas Blondeau - photo ¬ brynjar vik
1973
Le Tangible
On vous entend déjà : « L’Eurovision ? Kitsch! Tristement ringard ! ». Alors, aller voir sur scène le calque scrupuleux du cru 1973, très peu pour vous… Pourtant, vous auriez tort de vous braquer. Certes, 1973 reproduit le rituel d’une très ancienne édition et convoque ses candidats par l’entremise d’interprètes costumés de seyants pattes d’éph. Mais ce spectacle ne verse pas dans la nostalgie gratuite. Conceptuel, il repose sur un travail de reprise qui ressuscite le passé autant qu’il le tient à distance. Ainsi, lors d'intermèdes réflexifs, Massimo Furlan évoque les notions de culture populaire et d’histoire musicale, interrogeant le souvenir ou l’évolution du divertissement. Et, il distille un burlesque rafraîchissant, dénué de toute moquerie. /
1989. Jolente De Keersmaeker, Damiaan De Schrijver, Waas Gramser et Frank Vercruyssen quittent le Conservatoire d’Anvers, bien décidés à fonder leur compagnie et affirmer leur différence. Pour le nom, les idées fusent, mais gagnés par l'épuisement, le quatuor s'accorde sur « STAN », acronyme de Stop Thinking About Names . L’esprit du grand Stan est là. Défendant « la destruction de l'illusion théâtrale, le jeu dépouillé », la compagnie produit des spectacles sans fards, où l'acteur n'hésite pas à assumer son désaccord vis-à-vis de son personnage. Le Tangible ne déroge pas à la règle, et la sobriété célébre la complexité humaine. Seuls face à un écran, six danseurs et acteurs évoquent, à travers un échange épistolaire entre une Syrienne et un Palestinien, la situation du Moyen Orient. Juste et sans pathos. / ❥
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10.11, 20h, Douai, Hippodrome, 22/16/9€, +33 327 99 66 66, www.hippodromedouai.com
16 et 19.11, 20h, 17 et 19.11, 19h, Dunkerque, Bateau-feu, de 6 à 19€, +33 328 51 40 40. du 16 au 18.12, 20h30, Anvers, Monty, 14/12e, 03 238 91 81
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texte ¬ Marion Quillard photo ¬ Impromptus © Sébastian Bolesch
Créations d’hiver Chez les fondus de danse contemporaine, le festival December Dance fait son petit effet. Cette année encore, on devrait y découvrir des chorégraphes méconnus (voire inconnus !) au gré d’un road trip quasi initiatique. Destination : l’Europe centrale. December Dance, c’est un festival de danse qui a lieu en décembre. Jusque-là, ça va. Mais, c’est aussi une manifestation qui alterne depuis quatre ans carte blanche à un chorégraphe et focus sur une région du monde, histoire que le spectateur étourdi suive un peu les années paires et impaires (sympa, non ?). Pour corser le tout, December Dance a lieu cette année en collaboration avec le Bruges Central, un festival organisé jusqu’en janvier dans ladite ville, et qui a pour thème l’Europe centrale. Vous pourrez donc découvrir le meilleur de la scène contemporaine lettone, hongroise, roumaine, ou encore serbe : « Beaucoup de compagnies très jeunes, audacieuses, avant-gardistes, explique Samme Raeymaekers, coordinateur du festival. Ce sont souvent de petites formes, car dans cette région, l’argent public ne subventionne que les ballets… » Au total, 17 pièces seront présentées, dont 11 créations.« Ça aurait pu être très difficile de trouver des gens capables de se produire sur une grande scène, concède-t-il. Mais heureusement, les incontournables que sont Sasha Waltz (chorégraphe allemande) et Joseph Nadj (Français d’origine magyare) ont répondu présents. » La première présente Impromptus, une chorégraphie intimiste sur la musique, live, de Schubert. Le deuxième dévoilera Cherry-Brandy et rejouera Les Corbeaux. / ❥
December Dance Festival du 1 au 12.12, Bruges, divers lieux/divers prix, +32 70 22 33 02, www.decemberdance.be le 2.12, 20h, MAZ, Les Corbeaux (J. Nadj), 15€ // les 4 et 5.12, 20h, Concertgebouw, Impromptus (S. Waltz), de 14 à 30€ // le 10.12, 20h, Stadsschouwburg, Cherry-Brandy (J. Nadj), de 13 à 26€
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texte ¬ Louise Padox - photo ¬ Arnold Jerocki
texte ¬ Louise Truffaut - photo ¬ Sylvain Granjon
Le jardin des Délices
Miam Miam
Le parcours de Blanca Li est à l'image de ses créations : foisonnant, inclassable, et définitivement marqué par une douce folie. Avec son Jardin des Délices, créé l'année dernière, la chorégraphe, danseuse et réalisatrice espagnole le prouve plus que jamais. Inspirée par le triptyque de Jérôme Bosch qu'elle contemplait enfant au Prado (Madrid), elle a imaginé cette succession de tableaux remarquablement fantaisistes. « Bosch parle des obsessions de son époque, mais avec une liberté totale. J'ai voulu que l'ambiance de création se situe dans la même veine. Pas question de verser dans le côté infernal et sombre. Je me suis délibérément placée du côté des délices », confiait-elle. Et en effet. Pluie de fraises, bestiaire cocasse... ce spectacle en forme de cabaret déluré regorge d'idées novatrices et farfelues. /
C’est joyeusement foutraque. C’est subtil, aussi. Élégant. Normal, Miam Miam est la dernière création d’Édouard Baer. Fidèle au verbe spontané et poétique qui fait son unicité au sein du sérail artistique français, le comédien y déploie son univers d’hurluberlu patenté. Il endosse de nouveau le rôle de Luigi Prizzoti, personnage inénarrable dont la Folle et véritable vie a déjà égayé les planches. Entouré d’une troupe qui compte – entre autres – Atmen Kelif, Lionel Abelanski, Alka Balbir, il devient le maître d’un théâtre transformé en restaurant, faute de spectateurs. Sa pièce, dont le rythme enlevé sait s’apaiser, se nourrit de quiproquos plus signifiants qu’ils n’en ont l’air. Mêlant cabaret et music-hall dans un esprit « boulevard », elle nous laisse alors brillamment rêveurs. / ❥
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20.11, 20h30, Béthune, Théâtre de Béthune,18/15€, +33 321 64 37 37
20.11, 20h30, Roubaix, Colisée, 39/8€, +33 320 24 07 07 26 & 27.11, 20h30, Woluwe Saint-Lambert, Wolubilis, 45/40/29€, +32 2 761 60 30
agenda Babel words © Maarten Vanden Abeele
Marie Stuart © Pidz
Babel (words)
Mary Stuart
5 > 7.11 Chor. S. Larbi Cherkaoui / B. Jalet
8 > 17.11 F. Schiller / S. Seide
Après le Shaolin (Sutra), Sidi Larbi Cherkaoui s'attaque au mythe de la tour de Babel, parabole sur la naissance des langues et donc de l'incommunicabilité entre les hommes. Sur les planches, les danseurs cristallisent à eux seuls la diversité du monde : ils sont jeunes, vieux, chichement vêtus ou perchés sur des hauts talons. Ils sont Africains, Asiatiques, Européens, Indiens. Ensemble, ils esquissent une version alternative du mythe, dans laquelle les gestes se substituent à la langue et génèrent l'harmonie. ❥ 20h (sf dim, 16h), Lille, Opéra, de 5 à 21€, +33 820 48 90 00
C'est pas nous ! 7, 8 & 10.11
G. Defacque / F. Godard
C'est pas nous utilise le traditionnel repas de famille pour malmener deux couples de générations différentes : des trentenaires et leurs parents. Au cours de leurs rencontres, les quatre convives, clairement déjantés, vont se battre pour la palme du loufoque tant leurs vies et leurs analyses de l'actualité semblent surréalistes. Une pièce dont la légèreté cache toujours une grande part de vérité ! ❥ 20h (sf dim 17h), Lille, Prato, 17/13€, + 33 320 52 71 24
Stuart Seide poursuit sa réflexion sur la relation entre les femmes et le pouvoir et appuie sa nouvelle création sur l'œuvre de l'écrivain allemand Friedrich Schiller. À partir de ce conflit entre deux reines, il pointe les agissements cruels d'une femme autoritaire contre une autre, Mary Stuart, en quête de liberté, sensuelle et naïve, élevée ici au rang d'héroïne romantique. ❥ 20h (sf dim, 16h, rel. lun et 11.11), Lille, Théâtre du Nord, de 10 à 23€, + 33 320 14 24 24
Le Cirque Invisible 12>14.11
V. Chaplin / J.B Thierrée
Voici trente ans que ces deux génies de la piste révolutionnent le cirque à grands renforts de poésie et d'humour. Jean-Baptiste Thierrée et Victoria Chaplin ne se lassent pas de nous faire rêver. Lui, en magicien comique et attachant. Elle, en danseuse insolite, qui de costumes complexes en prothèses inattendues (voiles, ombrelles...), se métamorphose constamment. D'un tournemain, ces deux complices transforment la réalité, le trivial, en tableau onirique ou en situation burlesque. À ne pas manquer ! ❥ 20h30, (sf dim 17h), Roubaix, Colisée, 32/8€, + 33 320 24 07 07
théâtre & danse |
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Le cirque Invisible © DR
My life is a jukebox © Seb Demilly
Une guerre personnelle © DR
My Life is a Jukebox
Le Grand C
18 & 19.11 A. Lepla / L. Lost / Cie 2L
23.11
Avec cette nouvelle création, la compagnie 2L (aka le groupe de rock Luna Lost) s'attache à la relation intime entre musique et mémoire. Qu'évoque pour nous Break on through des Doors ou encore Barbie Girl ? Souvenirs d'enfances, road trip, coup de blues...Tels des sociologues, les artistes ont récolté nos émotions par le biais de témoignages audio ou vidéo. Sur scène ils offrent un spectacle singulier qui mêle performance musicale, patrimoine culturel et parcours individuels. ❥ 20h, Douai, Hippodrome, 15/8,5€, + 33 327 99 66 66
Une guerre personnelle 23>26.11
T. Frolova
Fondatrice du premier théâtre indépendant de Russie, Tatiana Frolova, met en scène le récit d'Arkadi Babtchenko, un jeune Moscovite de 18 ans envoyé faire la guerre en Tchétchénie. Fidèlement au livre, la pièce donne une vision neutre et impersonnelle de ce conflit atroce où la barbarie règne jusque dans l'armée russe décrépie et corrompue. La mise en scène soignée pour garantir une parfaite immersion, mobilise images, bruits, odeurs mais aussi sensations tactiles. ❥ 20h, Roubaix, Théâtre de l'Oiseau Mouche, 14/7€, +33 320 61 96 96
Le Grand C © Christophe Raynaud De Lage
Cie XY
Tels des avions de papier, les corps s'envolent avec légèreté, propulsés par une catapulte humaine. Pyramides, colonnes et autres structures vivantes se construisent puis se défont pour façonner un univers étrange et beau où les codes sont exclusivement corporels. Avec cette parabole sur l'harmonie, les 18 acrobates de la compagnie XY réinventent pertinemment leur art. Tenez-vous bien, ce sont les filles qui portent ! ❥ 20h, Maubeuge, La Luna, 11/8€, + 33 327 65 65 40
Comida alemana (Le déjeuner allemand) 26 & 27.11, 30.11>2.12 T. Bernhard / C. Plana
Cristían Plana reprend ce terrifiant « dramuscule » antifasciste de Bernhard pour l'adapter au contexte chilien. Malgré la beauté des lieders de Schubert, le malaise domine dans cette cave étroite de la colonie, terre d'accueil d'anciens nazis en Amérique Latine. Au cœur de l'intrigue, des enfants, forcés de chanter devant des officiels. On devine pas à pas les sévices qu'ils ont subis. 50 minutes intenses sur l'impuissance des victimes face aux horreurs de l'idéologie nazie. ❥ 20h30 (ven), 19h30 (sam), Calais, Le Channel, 6€, + 33 321 46 77 00
théâtre & danse |
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agenda grupo Corpo © DR
Grupo Corpo 24 & 25.11
Davaï Davaï © DR
May B R. Pederneiras
Qu'il est bon de mélanger la samba et la capoeira à la danse classique et moderne ! Détenteurs de ce cocktail explosif, la compagnie brésilienne Grupo Corpo présente un spectacle pimenté et chatoyant sous l'égide du chorégraphe Rodrigo Pederneiras. Au rythme d'une trame sonore empreinte du folklore brésilien, on est conquis par la vitalité de ce spectacle et... de ses déhanchements. ❥ 20h, Valenciennes, Le Phénix, 28/22€, + 33 327 32 32 32
Davaï Davaï 24, 26 et 27.11 B. Bouchelaghem / Top 9
« Avance, avance ! », le titre invite à évoluer. À l'instar du collectif Top 9 qui, en s'associant à Brahim Bouchelaghem, a vécu une profonde mutation. Connus pour leur virtuosité technique depuis cette Battle Of The Year remportée haut la main en 2008, les breakdancers russes s'essayent pour la première fois au registre de la chorégraphie en salle. Pari réussi : dans les plis des plus spectaculaires contorsions, chacun se confie, donne à voir une partie de son histoire personnelle. ❥ 24.11, 20h, Roeselare, Cultuurcentrum de Spil, 18/16€, +32 51 265 700 les 26 et 27.11, 20h30, Roubaix, Colisée, 18/15€, +33 320 24 07 07
25 et 26.11
Chor. M. Marin
Sur scène, dix danseurs en rangs serrés. Poudrés et vêtus de blanc, ils ont l'air fébriles, hallucinés. Créée en 1981 en hommage à Samuel Beckett, May B a campé à plus de 500 reprises à travers le monde ses mouvements de groupe, brusques et saccadés. Partout, cette pièce d'anthologie a marqué de ses halètements, de ses sons gutturaux, de ses images fortes. Trente ans plus tard, la force d'interpellation de ce récit des origines est restée intacte. ❥ 25.11, 20h30, Armentières, Vivat, de 6 à 18€, +33 320 77 18 77 26.11, 20h30, Dunkerque, Bateau-Feu, de 6 à 19€, +33 328 51 40 40
Ennemi Public du 30.11 au 10.12
H. Isben / Th. Roisin
À mille lieues des Essais de Montaigne et des conseils municipaux - ses récentes sources d'inspiration, Thierry Roisin se frotte ici à un spécialiste de la comédie acide. Comme toujours, Ibsen brosse une histoire portée par des personnages complexes et profonds : alors qu'on s'apprête à inaugurer un coûteux établissement thermal, son directeur découvre un risque sanitaire majeur. En le révélant, l'homme devient peu à peu un Ennemi public... ❥ 20h, Béthune, Comédie de Béthune, 18/14/8€, +33 321 63 29 19
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texte ¬ Marie-Lucile Kubacki photo ¬ Julien Delmaire © DR
Les mots à la bouche Faire sortir le Slam des ghettos du genre et de la pensée : c’est le programme que s’est fixé la Générale d’Imaginaire en réveillant « L’Esprit du Slam ». Une semaine pour tordre le cou à quelques idées reçues. « Non, les slameurs ne sont pas tous des clones de Grand corps malade ». Stéphane Gornikowski dirige la Générale d’imaginaire à grands coups de pieds dans les clichés. « Le Slam a encore l’image d’un rap intellectuel. C’est un genre qui, par définition, ne se définit pas et qui est ouvert à quiconque a des choses à dire. Un espace de liberté d’expression. » Pas de quartier non plus pour l’amateurisme car ici, grande est l’exigence de qualité. « On veut porter les choses le plus haut possible ». Quitte à tendre la main à sa sœur injustement rivale, la poésie orale. Pourquoi un slameur sachant slammer n’aurait pas le droit d’être poète ou romancier ? La compagnie n’a pas attendu l’âge de raison pour s’en persuader : à 7 ans, la petite lilloise est devenue grande et elle a fait son trou dans le paysage artistique français. Le festival « L’Esprit du Slam » est l’occasion d’enfoncer le clou. « L’esprit du Slam ? C’est de permettre à des hommes en cravate et à des femmes en tailleur de se régaler autant qu’un jeune à capuche avec sa bande de potes. » L’Esprit du Slam est multiple. C’est le rendez-vous des jeux de langue et des arts de la bouche. « Il faut que le Slam essaime. » / ❥
Générale d’Imaginaire Festival Les mots de Travers(e) : 5 & 6.11, 20h, Béthune, Théâtre Le poche, avec Apropode : Emile / Mike Ladd - Infesticons, Jonaz / Rocé // Festival Esprits du Slam : du 27.11 au 4.12, Lille, Théâtre Massenet et Antre 2, www.slam-lille.com // Mais aussi : Antoine Boute / Thomas Suel et Poum Tchak, le 10.11, 20h, Lille, Antre 2 / Pièces Détachées, le 17.11, 20h, Bruxelles, Escale du Nord & 23.11, 20h, Sallaumines, MAC / [dukcne], le 18.11, 20h, Villeneuve d'Ascq, Esp. Cult. de Lille 1 / Synecrou suivi d'un concert d'Akpass Apkass, 20.11, 20h, Lille, MFW
chroniques Too Much Future Michael Boehlke & Henryk Gericke
Dilapide Ta Jeunesse Jürgen Teipel | Éd. Allia
Comme d’hab’, Allia fait les choses en grand. La maison d’édition publie simultanément deux ouvrages consacrés à l’émergence du punk rock outre-Rhin. Côté Ouest, Dilapide Ta Jeunesse (traduction de Verschwende deine Jugend, hymne nihiliste de DAF) laisse la parole aux protagonistes des différentes waves germaniques. Mille heures d’entretiens disparates où les acteurs de ce mouvement (DAF donc, mais également Einstürzende Neubauten, Malaria!, on en passe…) relatent sans fard mais avec, parfois, une pointe de nostalgie lumineuse, les balbutiements et ambitions d’un séisme majeur du xxe siècle. Centré sur l’Est, Too Much Future décrit quant à lui les spécificités de l’expérience punk derrière le Mur. De la diffusion, difficile, à la réception, impressionnante : sous ce régime pas très funky, le look dépasse la simple provoc’, et peut mener à de sévères interrogatoires par la Stasi, qui noyaute rapidement cette mouvance. Dans ce livre court, on parle moins de musique que de sa mise en pratique : système D, arrestations, squats, transversalité des disciplines… Ce diptyque dessine le portrait d’une certaine jeunesse européenne et dévoile, en creux, une facette méconnue de la culture allemande. Incontournable(s). 192p., 15€ et 448p., 25€. Thibaut Allemand
France 80 Gaëlle Bantegnie | Coll. L'Arbalète /éd. Gallimard La France de Gaelle Bantegnie mange des Danette vanille, écoute Thriller avec un walkman et boit du Ricqlès sans être ringarde. Il y a Claire Berthelot, adolescente moyenne qui rêve, un peu dégoûtée, d'embrasser des garçons avec la langue, le visage caché par une mèche évadée d’un carré plongeant. Et Patrick, mégalo-loser tout droit sorti d'un sketch de Franck Dubosc, plus occupé à « conclure » avec ses clientes qu'à leur refourguer ses abonnements Canal +. On tourne les pages comme l'on retrouverait des Polaroïds oubliés au fond d'une armoire. Même émotion. Le style de France 80 sent le Drakkar noir et le Galak. Un premier roman au passé qui se conjugue au présent. Vivement le futur. 224 p., 17€. Marie-Lucile Kubaki
Le règlement
INDIGNATION
Heather Lewis | Éd. P.O.L.
Philip Roth | Éd. Gallimard
Heather Lewis n'a écrit que trois romans avant de se suicider. Livrés dans le désordre, Le règlement, son deuxième, parait donc après son chef-d'œuvre ultime, Attention (POL, 2007). Plus qu'un brouillon, c'est une pierre essentielle. Lewis y décrit un milieu qu'elle a bien connu, celui des concours hippiques : les rapports de domination, la bascule du plaisir aristo au show-business, la grâce, aussi. Elle approche surtout comme personne (hormis Selby Jr ?), la mécanique de l'obsession, du manque, ce violent désir d'autodestruction qui cherche dans la drogue, l'alcool ou le sexe, des objets dérisoires. Portraits âpres et sublimes d'hommes et de femmes au bord du gouffre, que seul l'amour pourrait sauver. 440 p., 25€. Raphaël Nieuwjaer
Philip Roth est, sans conteste, l’un des écrivains contemporains les plus habiles à délivrer une critique éloquente des États-Unis. Alors, quand il renonce à sonder les affres de la vieillesse pour céder une fois encore à ce dessein littéraire, ses inconditionnels sont aux aguets. Autant le dire, les risques de déception sont aussi grands que l’attente est entière. Mais, Indignation se révèle surprenant. Dans le bon sens du terme. La Tache était porteur de violence, sans être monstrueusement virulent ; ce dernier roman en est presque dépourvu. Tout y est sourd, la vie comme la satire. Quel procédé serait plus approprié pour égratigner la pesanteur des années 50 et de leurs codes moraux ? 208 p., 17,90€. Louise Truffaut
Le Sang et la mer Gary Victor |Éd. Vents d’ailleurs Le Sang, c’est celui d’Hérodiane, qui s’écoule tandis qu'elle déroule le fil de ses souvenirs. La Mer, c’est Estèvel, son frère homosexuel aimé du dieu des eaux, Agwe. Dans ce conte vaudou cru et poétique façon Illusions perdues, pas de place pour les bons sentiments. Paradi est un bidonville de Port-au-Prince, où la concierge, Dulciné, arrondit ses fins de mois en jouant les mères maquerelles avec ses propres filles. Le prince charmant a beau avoir les yeux bleus, il brise tout ce qu’il touche, les jeunes filles noires comme Hérodiane de préférence. Partout, la violence d’une société « bouffeuse d’espoirs et de dignité » en pleine danse macabre. Entre conte épique et roman noir : fort et inclassable. 192 p., 17€. Marie-Lucile Kubaki
littérature |
89
chroniques Deerhunter Halcyon Digest | 4AD La vie est pleine de mystères : les statues de l’île de Pâques, la subversion punk d’Arlette Chabot et… la discrétion notoire de Deerhunter. Certes, la bande d'Atlanta menée par Bradford Cox recueille les éloges critiques, mais ce n’est pas encore le succès de masse mérité. C’est sûr, on ne se souviendra pas de Deerhunter pour ses textes – faiblards, tout juste bons à drainer des mélodies crève-cœur à l’intemporalité mesurée. Car pour le reste, tout est là : chansons noires baignées de vagues noisy, moments de grâce inouïs, déflagrations sonores et voix d’angelots. Seulement, ce 4e album ne cède pas à la tentation bruitiste. « Je n’aime pas intellectualiser un morceau à outrance. Mes chansons restent très accessibles, même si je n’ai aucun mal à pondre un titre flippant et bizarre », confirme Cox. Halcyon Digest, littéralement « un sommaire paisible », est définitivement plus lumineux que ses prédécesseurs. Le recueil de chansons est moins touffu qu’à l’habitude, mais cette limpidité nouvelle est soutenue par une production qui ne manque pas de relief. Deerhunter confirme ici son goût pour la géométrie variable et le chaos organisé. Alain Allanic
Maximum Balloon DGC | Interscope David Sitek, cerveau de TV On The Radio, musicien touche-à-tout et producteur ultra sollicité (Yeah Yeah Yeahs, Liars, Scarlett Johansson,…) avance un projet personnel. Mais, Maximum Balloon n’est pas vraiment un voyage en solitaire. Dave a réuni vieux potes et récentes connaissances : Karen O des YYY's, Theophilus London, David Byrne, Tunde Adebimpe, Kyp Malone et des membres de TVOTR. Résultat ? Des mélodies plus spontanées et abordables (If You Return, Communion) que par le passé. Maximum Balloon délaisse les sons torturés et sombres pour gagner en légèreté. En éradiquant sa noirceur, Sitek aurait pu perdre de sa superbe. Au lieu de cela, il accouche de petits chef-d'œuvres inclassables et intemporels, notamment le poignant The Lesson, ou les plus sémillants Young Love et Pink Bricks. Sébastien Billard
disques |
91
BOT’OX
Raashan Ahmad
Babylon by car | I'm a cliché / Topplers Le Botox, c’est une toxine paralysante qu’on fait passer pour un aimable cosmétique. Le duo qui réunit Julien Briffaz (moitié de Tekel) et Benjamin Boguet (Cosmo Vitelli), c’est tout l’inverse. Ils sont convaincus que Babylon by car, leur premier album, pourrait être la bande originale d’un road movie tragiquement barré, qui s’achèverait dans une explosion d’infiniment beau et d’inévitablement sordide. Eh ben non, les gars, ce n’est pas ça. Certes, vous produisez de la pop avec des vrais bouts d’électronique dedans, idéale pour les longs trajets en voiture. Mais qui, malgré une bonne volonté évidente, n’évoque rien de beaucoup plus vénéneux que le risque de tomber sur un Snickers périmé à la station-service. Olivia Volpi
For What You've Lost |TRAD VIBE Records Avec ses comparses de Crown City Rockers, Raashan Ahmad sortait l'an dernier un mémorable album de space hip-hop. Réjouissante nouvelle, le leader du groupe publie un deuxième album solo. Bien plus absorbant que son premier essai (2008), For What You've Lost s'inscrit dans la lignée des trésors soul/jazz dont s'enorgueillit le rap indé américain. On croirait reconnaître les beats languides de Jay Dee sur My Imagination, mais le temps d'y penser, nous voilà déjà emportés par la basse funky et frondeuse de For What You've Lost. Comme toujours, le flow virevoltant de Raashan se pose parfaitement sur les compositions à la fois synthétiques et cuivrées. Du hip-hop éminemment moderne, pas putassier pour un sou. Hakima Lounas
The Bewitched Hands Birds & Drums | Sony/Jive Il est libre, Max. Et les Bewitched Hands tout autant. Ils vivent la tête dans des nuages, non loin de leurs confrères MGMT. Ainsi, au-dessus de la mêlée, ils manifestent une fougue juvénile, extrêmement salutaire en 2010. Les Rémois de TBH forment un nuage à leurs couleurs, et voici que paraît ce cumulonimbus aux contours divers selon notre angle d'écoute. Ici, on repère une pop psychotropique, avec des chœurs qui chantent certainement pieds nus. Là, des notes folk pleines d'espoir, sur le potentiel de certaines herbes médicinales... Ici encore, c'est un rock glam tout à fait décomplexé qui pointe à l’horizon. Soit, un anticyclone très enthousiasmant qui s’installe durablement au creux de notre oreille. Mathieu Dauchy
concerts Lun 01.11 Shout Out Louds Bruxelles, Le Botanique, 20h, 13/7e Apocalyptica Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 28/25e, +32 2 548 24 24
Roubaix, La Condition Publique, 19h, 2e, +33 328 33 48 33 Festival les Inrocks : The Drums + Carl Barat + Surfer Blood + Free Energy Lille, L’Aéronef, 19h, 38/18e, +33 320 13 50 00
Mar 02.11
Ez3kiel Bruxelles, VK* Concerts, 19h, 18/15e, +32 2 414 29 07
Xiu Xiu + Zola Jesus + Former Ghosts Courtrai, De Kreun, 20h, 11e, +32 5 637 06 44
Ground Zero : An Pierle + WHITE VELVET Lille, La Péniche, 20h, 9e, +33 320 57 14 40
Mighty Diamonds Gand, Culturell Centrum Vooruit, 19h, 25/23,5e, +32 9 267 28 28
Wire + Madensuyu Diksmuide, Muziekclub 4AD, 20h, 14/12/10e, +32 5 150 48 94
Ground Zero : Anoraak Lille, La Péniche, 20h, 7e, +33 320 57 14 40
Christophe Willem Lille, Théâtre de l’Hotel Casino Barrière, 20h, 33/39/42e, +33 333 28 14 46 00
Therion + Loch Vostok Lille, L’Aéronef, 20h, 22/18e, +33 320 13 50 00 Afro Cuban All Stars Boulogne-sur-Mer, Espace Faiencerie, 21h, 9,80e, +33 321 87 37 15
Ven 05.11 Festival Hip Hop Dayz : Bionicologists + Nouvel R Roubaix, La Cave aux Poètes, 19h, 6e, +33 320 27 70 10
Dagoba + Arkaea Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 17,70e, +33 320 70 10 00 Ben L’Oncle Soul Gand, Culturell Centrum Vooruit, 22h, 16/14,5e, +32 9 267 28 28 Chostakovitch / Elgar : ONL Lille, Nouveau Siècle, 20h, 30/18e, +33 320 12 82 40 Breakage + Gemmy + Science + Science of Two Bruges, Cactus Muziekcentrum, 22h, 12/9e, +32 5 033 20 14 Emergency Bloodshed + Dig it or die Lille, Le Biplan, 22h, 7,5/5,5e, +33 320 12 91 11 Biggy & Smalls + Who Are We + Trashing Teenagers Gand, Culture Club, 22h, 11/7e, +33 923 30 94 6 Electro Horror Deejay Show : Dj Doc + Young Plastic Boy + One X + Dj Prinz Lille, Supermarket, 23h, nc, +33 320 52 86 59
Sam 06.11
Against Me + Crazy Arm + Versus You Anvers, Trix, 19h, 16/13e, +32 3 670 09 00
Les Mots de Travers(e) : Jonaz + Rocé Béthune, Théâtre de Béthune, 20h, nc, +33 321 64 37 37
Hindi Zahra Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 23/20e, +32 2 548 24 24
Festival les Inrocks : The Coral + Local Natives + Warpaint +La Patère Rose Lille, L’Aéronef, 19h, 38/18e, +33 320 13 50 00
Florent Marchet + Bertrand Belin Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 13/10e, +33 320 70 10 00
Ground Zero : A State Of Mind Lille, La Péniche, 20h, 5e, +33 320 57 14 40
Ground Zero : Lexicon + Janski Beeeats Lille, La Péniche, 20h, 7e, +33 320 57 14 40
We Have Band + De Jeugd van Tegenwoordig Gand, Culturell Centrum Vooruit, 22h, 21/19,5e, +32 9 267 28 28
Poum Tchack Dunkerque, Les 4 Ecluses, 20h, 10/7e, +33 328 63 82 40
Mer 03.11 Dorothée Lorthiois + Martin Surot Lille, Opéra de Lille, 18h, 8/5e, +33 328 38 40 50
Jeu 04.11 Tamasha Roots + Dubians
Les Mots de Travers(e) : Emile + Mike Ladd + Infesticons Béthune, Théâtre de Béthune, 20h, nc, +33 321 64 37 37
Luka Bloom Bruges, Cactus Muziekcentrum, 20h, 22/18e, +32 5 033 20 14 An Pierle & White Velvet Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 24/21e, +32 2 548 24 24 Ground Zero : Scott Matthew Lille, La Péniche, 20h, 7e, +33 320 57 14 40 Joe the Entertainer presente BrookLille Supreme
agenda |
93
Lille, Artefact Café, 20h, 5e Ben L’Oncle Soul + Delbi Calais, Centre Culturel Gérard Philipe, 20h, 5e, +33 321 46 90 00 Cosy Mozzy + Wirspielen + Marty Bruxelles, Libertine Supersport, 23h, 12/5e Urban Music Party : Dj Pass Lille, Supermarket, 23h, nc, +33 320 52 86 59 Deg + Anthony Collins + Lucy + Fader Bruxelles, Fuse, 23h, 11/6e, +32 2 511 97 89
Dim 07.11 Israel Vibration Roubaix, La Condition Publique, 18h, 28e, +33 328 33 48 33 The Bony King Of Nowhere Courtrai, De Kreun, 18h, 16e, +32 5 637 06 44 The Acorn + Our Broken Garden Bruges, Cactus Muziekcentrum, 20h, 13/10e, +32 5 033 20 14 Tindersticks Gand, Culturell Centrum Vooruit, 20h, 25/23,5e, +32 9 267 28 28
Lun 08.11 Sum 41 +The Black Pacific + Riverboat Gamblers + Veara Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 17h, 27/24e, +32 2 548 24 24 Izia Lille, L’Aéronef, 20h, 24,70e, +33 320 13 50 00
Mar 09.11 Purcell, Schumann, Brahms, Tchaikoski… : Felicity Palmer
Lille, Opéra de Lille, 18h, 21/5e, +33 328 38 40 50 Raphaël Lille, L’Aéronef, 19h, 38e, +33 320 13 50 00 Public Enemy Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 36/33e, +32 2 548 24 24 Tindersticks Lille, Splendid, 20h, 28e, +33 320 33 17 34 Blood Red Shoes + Holy State Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 16/13e, +33 320 70 10 00 Mais Man Lille, La Péniche, 20h, 9e, +33 320 57 14 40 Chostakovitch / Elgar : ONL Dunkerque, Le Bateau Feu, 20h, nc, +33 328 51 40 30
Mer 10.11 Sit Fast Lille, Opéra de Lille, 18h, 8/5e, +33 328 38 40 50 Michel Mainil Quartet La Louvière, Centre Culturel Régional du Centre, 20h, nc, +32 6 421 51 21 Ground Zero : The Boxer Rebellion Lille, La Péniche, 20h, 7e, +33 320 57 14 40 Shrinebuilder Courtrai, De Kreun, 20h, 15e, +32 5 637 06 44 The Warlocks Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 16/13e, +33 320 70 10 00 Antoine Boute + Thomas Suel + Poum Tchack Lille, L’Antre 2, 20h, nc, +33 320 96 43 33 Napalm Death + Immolation + Macabre Lille, L’Aéronef, 20h, 22/18e, +33 320 13 50 00
Festival Hip Hop Dayz : Ill Bill +Dj Logilo + Paranoyan Lille, Maison Folie de Wazemmes, 20h, 15/10e, +33 320 78 20 23 Spaghetti Western Orchestra Dunkerque, Le Bateau Feu, 20h, 19/13e, +33 328 51 40 30 Lynda Lemay Roubaix, Le Colisée, 20h, 43/35e, +33 320 24 07 07 Tour de chauffe : Rodrigue + Softly Spoken Magic Spells + Neko Faches-Thumesnil, Les Arcades, 20h, 5e, +33 320 62 96 96 Gregor Salto + Ben Dover Djs + Snu & Matthew + Sick Samurai + Deejames Gand, Culture Club, 22h, nc, +33 923 30 94 6 Abracada Night : The Aikiu + Montevideo +The Krays +The Magician + Pilooski + Mikix The Cat + Villa + Mustang Bruxelles, Libertine Supersport, 23h, 20/15e
Jeu 11.11 Susheela Raman Beauvais, L’Ouvre-Boîte, 14h, 10/5e, +33 344 10 30 80 Vieux Farka Touré Bruxelles, VK* Concerts, 19h, 19/16e, +32 2 414 29 07 Kele + Mama Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 16/13e, +33 320 70 10 00 Turner Cody Lille, La Péniche, 20h, 7e, +33 320 57 14 40 Biébar + Verone Lille, Le Biplan, 22h, 7,5/5,5e, +33 320 12 91 11
Ven 12.11 BB Brunes + Plasticines
concerts Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 19h, 25/22e, +32 2 548 24 24 Soprano Lille, Splendid, 19h, 24e, +33 320 33 17 34 The Lanskies Lille, La Péniche, 20h, 7e, +33 320 57 14 40 Scred Connexion Lille, Maison Folie Moulins, 20h, 7,8e, +33 320 95 08 82 Wavves Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 12e, +32 2 548 24 24 Scout Niblett Lille, L’Aéronef, 20h, 12/6e, +33 320 13 50 00 Festival Hip Hop Dayz : Koma Lille, Maison Folie Moulins, 20h, 8/6e, +33 320 95 08 82 Jtothec & the Bad Mothas + Title + Uphigh Collective Courtrai, De Kreun, 20h, 6e, +32 5 637 06 44 Syd Matters + Roken is Dodelijk Roubaix, La Cave aux Poètes, 20h, 10/6e, +33 320 27 70 10 Vieux Farka Touré + Cut in the Hill Gang Diksmuide, Muziekclub 4AD, 20h, 15/13/11e, +32 5 150 48 94 My Little Cheap Dictaphone Béthune, Théâtre Le Poche, 20h, 8,8/3e, +33 321 64 37 37 Swamp Blues Festival : John Lee Hooker + Little Devils & The Shuffle Blue Flames Gravelines, Scène Vauban, 21h, 20e En Scred Party : Dj Simsima + Dj Grimey + Dj SAS Lille, Supermarket, 23h, nc, +33 320 52 86 59
Underworld + Booka Shade + Ellen Allien +DJ Efdemin +The Bloody Beetroots + Crookers + Sound of Stereo + Boys Noize + Vitalic + Dr Lektroluv +Les Petits Pilous + Djedjotronic + Dave Clarke + Chris Liebing + DJ Hell + Technasia + Robert Hood + A-Trak + Goose + Fake Blood + Partyharders + Villa... Gand, Flanders Expo, 17h, 50e Punish Yourself + Guns Of Brixton + Messer Chups Lillers, L’Abattoir, 18h, 15/12e, +33 321 64 07 65 Therapy? Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, nc, +32 2 548 24 24 Pierpoljak Lille, Splendid, 20h, 28e, +33 320 33 17 34 Festival La Sauce Jack : Foreign Beggars + Kinny Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 13/10e, +33 320 70 10 00 Ben L’Oncle Soul Leuven, Het Depot, 20h, 15/13e, +32 1 622 06 03 Rare Groovin Fives : Rare Groove Ochestra + DJ Brother Jam + DJ Joe Tex Lille, Salle des fêtes de Fives, 20h, 4/2e Ben Mazué Lille, La Péniche, 20h, 7e, +33 320 57 14 40 Tour de chauffe : John & Jehn + Lilidoll Rage + 69 + Charlotte Lewis Villeneuve d’Ascq, La Ferme d’en Haut, 20h, 5e, +33 320 61 01 46
Sam 13.11
Urban Music Party : Dj Pass Lille, Supermarket, 23h, nc, +33 320 52 86 59
I Love Techno :
Classixx + Mustang Bruxelles, Libertine Supersport,
23h, 12/5e Deg + Peter Van Hoesen Bruxelles, Fuse, 23h, 11/6e, +32 2 511 97 89
Dim 14.11 Le P’tit Bal : Cie du Tirelaine La Louvière, Le Palace, 16h, nc, +32 6 421 51 21 Festival La Sauce Jack : Bauchklang + Jaqee Tourcoing, Le Grand Mix, 18h, 13/10e, +33 320 70 10 00 Swamp Blues Festival : Justin Lavash Estaminet de Guines, 20h, 18e
Lun 15.11 Ground Zero : Jamie Lidell Lille, Splendid, 20h, 22e, +33 320 33 17 34 Two Door Cinema Club +The Teenagers + Florrie Lille, L’Aéronef, 20h, 22/18e, +33 320 13 50 00 Fool’s Gold Bruges, Cactus Muziekcentrum, 20h, 13/10e, +32 5 033 20 14 Vampire Weekend Bruxelles, Forest National, 20h, 31e, +32 7 025 20 20 M.I.A Anvers, Trix, 20h, 30/27e, +32 3 670 09 00
Mar 16.11 Eddy Mitchell Bruxelles, Forest National, 20h, 68/38e, +32 7 025 20 20 Dez Mona La Louvière, Le Palace, 20h, nc, +32 6 421 51 21 The Residents Courtrai, De Kreun, 20h, 22e, +32 5 637 06 44 Ground Zero : Foals
agenda |
95
Lille, Splendid, 20h, 22e, +33 320 33 17 34
Anvers, Trix, 20h, 18/15e, +32 3 670 09 00
Ground Zero : Hangar Lille, La Péniche, 20h, 7e, +33 320 57 14 40
Madjo + Irma Beauvais, L’Ouvre-Boîte, 20h, 13/10e, +33 344 10 30 80
Mer 17.11
Daniel Hélin + Karim Gharbi La Louvière, Le Palace, 20h, nc, +32 6 421 51 21
Duo Kurde et Libanais : Issa + Bachar Khalifé Lille, Opéra de Lille, 18h, 8/5e, +33 328 38 40 50 Eddy Mitchell Lille, Zénith Arena, 20h, 70/45e, +33 320 14 15 16 Mark Ronson Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 27/23e, +32 2 548 24 24 Lady Linn Courtrai, De Kreun, 20h, grat, +32 5 637 06 44 Fool’s Gold Bruxelles, Le Botanique, 20h, 18/12e Ground Zero : Plan B Lille, Splendid, 20h, 23,6e, +33 320 33 17 34 Ground Zero : Les Shades Lille, La Péniche, 20h, 9e, +33 320 57 14 40 Baloji La Louvière, Le Palace, 20h, nc, +32 6 421 51 21 Volo Roubaix, Le Colisée, 20h, 25/8e, +33 320 24 07 07
Tokyo Police Club Bruxelles, Le Botanique, 20h, 13/7e Denis Comtet + Charlotte Nessi Lille, Opéra de Lille, 20h, 31/5e, +33 328 38 40 50 Villagers +The Acorn Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 13/10/7e, +33 320 70 10 00 Gotainer Saint-Saulve, MJC Espace Athena, 20h, 18/16e, +33 327 28 15 30 Tour de chauffe : The BellRays + Shiko Shiko Villeneuve d’Ascq, La Ferme d’en Haut, 20h, 5e, +33 320 61 01 46 Ganglians +The Rhinogrades Roubaix, La Cave aux Poètes, 20h, 10/6e, +33 320 27 70 10 Manu Dibango + Soul Makossa Gang Roubaix, Le Colisée, 20h, 34/24e, +33 320 24 07 07
30/6e, +33 320 12 82 40 Clare Louise + Joy La Louvière, Le Palace, 20h, nc, +32 6 421 51 21 John Otway Dunkerque, Les 4 Ecluses, 20h, nc, +33 328 63 82 40 Swamp Blues Festival : Back to the Roots Blériot-Plage, Hôtel des Dunes, 20h, 35e, +33 321 34 54 30 Chromeo Bruxelles, Le Botanique, 20h, 17/11e Denis Comtet + Charlotte Nessi Lille, Opéra de Lille, 20h, 31/5e, +33 328 38 40 50 Festival Hip Hop Dayz : Keith Murray + Triptik + Drixxxé + Respect Tha God Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 14/11e, +33 320 70 10 00 WASP Anvers, Trix, 20h, 25/23e, +32 3 670 09 00 Action Beat Courtrai, De Kreun, 20h, 11e, +32 5 637 06 44 Les Blaireaux Armentières, Le Vivat, 20h, 18e, +33 320 77 18 77 BB Brunes Lille, L’Aéronef, 20h, 28,60e, +33 320 13 50 00 Gotainer Mouscron, Centre Culturel Marius Staquet, 20h, 29/27/25e, +32 5 686 01 60
Giant Sand Gand, Culturell Centrum Vooruit, 22h, 23/20,5e, +32 9 267 28 28
Élodie Frégé + Da Silva Lille, Théâtre de l’Hotel Casino Barrière, 20h, 24/21/15e, +33 333 28 14 46 00
Jeu 18.11
Swamp Blues Festival : Little Devils & The Shuffle Blue Flames , Estaminet de Guines, 21h, grat
Tour de chauffe : Madjo + Tony Melvil + Flabbergasting Faches-Thumesnil, Les Arcades, 20h, 5e, +33 320 62 96 96
Ven 19.11
Boogers + Hey Hey My My Beauvais, L’Ouvre-Boîte, 20h, 15/12e, +33 344 10 30 80
Seydou Boro Roubaix, La Condition Publique, 19h, 2e, +33 328 33 48 33 Merri Lille, La Péniche, 20h, 15e, +33 320 57 14 40 The Walkmen
Mantovani / RimskiKorsakov : ONL Lille, Nouveau Siècle, 20h,
twin twin Béthune, Théâtre Le Poche,
concerts 20h, 8,8/3e, +33 321 64 37 37 Radiostation : Jack Parow Anvers, Trix, 22h, 13/10e, +32 3 670 09 00 Triptik + Drixxxé +Dj Pone + Dj Aziz + Afrojaws Lille, Supermarket, 23h, 5/3e, +33 320 52 86 59
Dim 21.11 Ratatat Tourcoing, Le Grand Mix, 18h, 16/13e, +33 320 70 10 00 Robert Francis Lille, Splendid, 19h, 19,8e, +33 320 33 17 34
Sam 20.11
The National Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, nc, +32 2 548 24 24
Seabear + Tarwater + Isan + Go Find (the) Bruges, Cactus Muziekcentrum, 19h, 10/7e, +32 5 033 20 14
Jack Parow Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 12e, +32 2 548 24 24
Katerine Lille, L’Aéronef, 20h, 22/18e, +33 320 13 50 00 Denis Comtet Lille, Opéra de Lille, 20h, 31/5e, +33 328 38 40 50
Paul Smith From Maxïmo Park Bruxelles, Le Botanique, 20h, 16/10e
Efterklang +The Kissaway Trail + Cody + Chimes & Bells Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 19h, 12e, +32 2 548 24 24 Lawrence Arabia Lille, La Péniche, 20h, 7e, +33 320 57 14 40 Lilly Wood & the Prick Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 13/10e, +33 320 70 10 00 M.I.A + Sleigh Bells Courtrai, De Kreun, 20h, 32/30/27e, +32 5 637 06 44 General Lee + Tang Roubaix, La Cave aux Poètes, 20h, 8e, +33 320 27 70 10
Jeu 25.11
Fool’s Gold + The Bewitched Hands Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 13/10e, +33 320 70 10 00
Les Savy Fav + Sky Larkin + Cloud Nothings Anvers, Trix, 20h, 13/10e, +32 3 670 09 00
Zora + Mathilde Renault Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 16/13e, +33 320 70 10 00
Lun 22.11
Crystal Castles Anvers, Trix, 20h, 21/18e, +32 3 670 09 00
Patrice Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 25/22e, +32 2 548 24 24
OMD Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 38/35e, +32 2 548 24 24
Swans Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 25/22e, +32 2 548 24 24
Anorak + Morpain Béthune, Théâtre Le Poche, 20h, 23,8e, +33 321 64 37 37
The Chicarones Lille, La Péniche, 20h, 7e, +33 320 57 14 40
Tortoise + Amatorski Leuven, Het Depot, 20h, 22/19e, +32 1 622 06 03
Distance +DJ Hughes Courtrai, De Kreun, 22h, 8e, +32 5 637 06 44
Steve Wynn & The Miracle 3 Diksmuide, Muziekclub 4AD, 20h, 12/10/8e, +32 5 150 48 94
Jil is Lucky Bruxelles, Le Botanique, 20h, 13/7e
Jimmy Edgar + Rustie Gand, Culturell Centrum Vooruit, 23h, 13/10,5e, +32 9 267 28 28
Mar 23.11
Rodriguez JR. + Tom Dazing Bruxelles, Fuse, 23h, 11/6e, +32 2 511 97 89
Badly Drawn Boy Gand, Culturell Centrum Vooruit, 20h, 25/21e, +32 9 267 28 28
Christophe Lille, Théâtre de l’Hotel Casino Barrière, 20h, 24/21/15e, +33 333 28 14 46 00
The Clash of the Groovy BrookLille DJs : Joe the Entertainer & Others TBA Lille, Supermarket, 23h, 5e, +33 320 52 86 59
NLF 3 Comfort Inn Villeneuve D’ascq, Kino-Ciné, 20h, 6/5e, +33 320 41 61 43
Steve Bug + Dance Machine + Wirspielen + Guy-Ohm + Dirk Abracada Bruxelles, Libertine Supersport, 23h, 12/5e
Mer 24.11
Radical Slave Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 22h, 12e, +32 2 548 24 24
Michael Schmid Lille, Opéra de Lille, 18h, 8/5e, +33 328 38 40 50
The Parisians Lille, Le Biplan, 22h, 7,5/5,5e, +33 320 12 91 11
Tour de chauffe : Christian Vander + Astimos + Spectrum Orchestrum Villeneuve d’Ascq, La Ferme d’en Haut, 20h, 5e, +33 320 61 01 46
agenda |
97
Ven 26.11 Black Cat Joe & Miss Corina + Flyin’s Saucers Calais, Centre Culturel Gérard Philipe, 19h, 5e, +33 321 46 90 00 Eclectek + Dove 2.0 + Simone elle est Bonne Lille, Le Biplan, 20h, grat, +33 320 12 91 11 iPod Battle Lille, Artefact Café, 20h, sur invitation Swans Courtrai, De Kreun, 20h, 19/16e, +32 5 637 06 44 Doctor Flake Lille, La Péniche, 20h, 7e, +33 320 57 14 40 Tiken Jah Fakoly Lille, L’Aéronef, 20h, 28,60e, +33 320 13 50 00 Swans + James Blackshaw Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 19/16e, +33 320 70 10 00 Plan B Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 22/19e, +32 2 548 24 24 Jamaica Bruxelles, Le Botanique, 20h, 15/9e Anthony Joseph Lille, Maison Folie de Wazemmes, 20h, 16,80e, +33 320 78 20 23 Machine Gun Funk : DJ Stena + DJ 2L Lille, Supermarket, 23h, nc, +33 320 52 86 59
Sam 27.11 Beach House + Caribou + José Gonzales + Junip + Sleepy Sun Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 18h, 21/18e, +32 2 548 24 24 Airbourne Lille, L’Aéronef, 19h, 26,40e,
+33 320 13 50 00
23h, 12/5e
Black Cat Joe & Miss Corina + Bluetones Calais, Centre Culturel Gérard Philipe, 19h, 5e, +33 321 46 90 00
Seuil + Yakine + Geoff Wichmann + Deg Bruxelles, Fuse, 23h, 11/6e, +32 2 511 97 89
Atari Teenage Riot Bruxelles, VK* Concerts, 19h, 19/16e, +32 2 414 29 07
Dim 28.11
The Warlocks Bruxelles, Le Botanique, 20h, 18/12e Selah Sue Bruges, Cactus Muziekcentrum, 20h, 16/13e, +32 5 033 20 14 Groove City : John Dahlbäck + Martin Solveig + Basement Jaxx + David Vendetta + AKS + Dr Philth + Slum Dogz +The Qemists + Roni Size + Dimitri Andréas + Agoria + Gui Boratto + Derrick May + Carl Craig Grand-Bigard, Brussels Kart Expo, 20h, 24e, +33 246 72 80 0 Johnny Flynn Lille, La Péniche, 20h, 5e, + 33 320 57 14 40 James Delleck Dunkerque, Les 4 Ecluses, 20h, 9/6e, +33 328 63 82 40 Nuru Kane + Bobik ou Sacha + Lieutenant Cobb Faches-Thumesnil, Les Arcades, 20h, 5e, +33 320 62 96 96 Jamaica Bruges, Cactus Muziekcentrum, 22h, 12/9e, +32 5 033 20 14 Elektropik : RKK + Dj Caroll Lille, La Péniche, 22h, 5e, +33 320 57 14 40
The Ex Lille, L’Aéronef, 18h, 10e, +33 320 13 50 00 Black Cat Joe & Miss Corina + Chicago Blues festival + Miss Nickki Calais, C. Cult. Gérard Philipe, 19h, 5e, +33 321 46 90 00 The Tellers Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 12e, +32 2 548 24 24 Macy Gray Bruxelles, L’Ancienne Belgique, 20h, 37/34e, +32 2 548 24 24 Nive nielsen & the deer children + Shugo Tokumaru + Menomena + Ólafur Arnalds Bruxelles, Le Botanique, 20h, 20/17e
Lun 29.11 Shantel & Bucovina Club Orkestar Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 16/13e, +33 320 70 10 00 Marina & The Diamonds Gand, Culturell Centrum Vooruit, 20h, 23e, +32 9 267 28 28 !!! (Chk, Chk, Chk) Bruxelles, Le Botanique, 20h, 22/16e Orquesta Buena Vista Social Club + Omara Portuondo Anzin, Théâtre Municipal, 20h, 35/28e, +33 327 38 01 12
Urban Music Party : Dj Pass Lille, Supermarket, 23h, nc, +33 320 52 86 59
Mar 30.11
Anoraak + So’Lex + Mickey + Fortyfive by L-Fêtes Bruxelles, Libertine Supersport,
The Jon Spencer Blues Leuven, Het Depot, 20h, 23/20e, +32 1 622 06 03
playlist |
98
Hypnotize U | Universal
Vous ne savez pas comment vous y prendre avec votre bien aimée ? Pas de panique, N*E*R*D et Daft Punk ont pensé à vous. Grâce aux propriétés enivrantes de ce philtre d’amour : un savant mélange de basses crunky, claviers langoureux et doux chuchotements, vous n'avez qu'à l'allonger et appuyer sur play.
Here Sometimes | 4AD
L'agitation new yorkaise inspire à ce trio de grandes œuvres planantes et lumineuses. Portées par la grâce ineffable de Kazu Makino, de splendides nappes synthétiques apaisent en toutes circonstances. Ambiance méditative, mélodie éthérée, sublime brisure de la voix… la magie opère !
No More Daddy | Circum Music
Un audacieux assemblage d’électro et jazz minimaliste, calibré au millimètre. Ce trio parisien invite autant à l'écoute du moindre détail qu’à rejoindre le dancefloor. Leurs constructions ont déjà séduit les plus prestigieux clubs de Berlin (Watergate compris). Un tour de force !
Solitude is bliss | Modular
C’est ridicule, mais ce track nous projette immanquablement dans un championnat d’air guitar. Intro dans le sillage de Jimi, traitement des voix façon Beatles, univers psychédélique visant MGMT, Solitude is Bliss aurait aussi séduit la Factory de Warhol ! Avec nous à la guitare.