Des seniors isolés dans la lumière, un bonnet Dragon Ball, des musiques sacrées, Matisse haut en couleur et un sacré (dé)tour de piste !
SOCIÉTÉ
– 08
LES PHOTAUMNALES
L’image sur le gril
PORTFOLIO
– 14
EGLĖ PLYTNIKAITĖ
Les raisons de la couleur
MUSIQUE –
24
Aznavour, Crossroads, Paranoid London, Ice Spice, La Rumeur, Nia Archives, Thee Sinseers, Ravyn Lenae, Joe Goddard, Fat Freddy’s Drop, Nilüfer Yanya, Malik Djoudi, Nouvelle Vague…
DISQUES –
44
Michael Kiwanuka, Warmduscher, Primal Scream, Sofie Royer, Alexandre Delano
LIVRES
– 46
Moi, ce que j’aime, c’est les monstres 2, Un roman à succès sur papier recyclé, Comme une mule, Mad Men by Sofilm, Moi, Fadi, le frère volé
ÉCRANS
– 48
Arras Film Festival, Carla et moi, Tótem, Sur un fil, Flow le chat qui n’avait plus peur de l’eau, The Substance, Le Repli, Diamant brut
EXPOSITION
– 56
Autofiction, Alain Séchas, Adré, Surréalisme, pour ainsi dire..., Rêver debout, Agenda
THÉÂTRE & DANSE –
74
Next Festival, Les Sœurs Hilton, Le Banquet des merveilles, Shibuya, Forever Young, Anne Teresa De Keersmaeker, Ma Bimbosophie, Les Multipistes, Agenda
Ont collaboré à ce numéro : Selina Aït Karroum, Thibaut Allemand, Rémi Boiteux, Pascal Cebulski, Hugo Guyon, Grégory Marouzé, Raphaël Nieuwjaer, Eglė Plytnikaitė, Arnaud Stoerkler et plus si affinités.
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PLAYLIST LM
La bande son de la rédaction
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Ne pas jeter sur la voie publique.
Papier issu de forêts gérées durablement
Les inexposés
En France, plus de deux millions de personnes âgées souffrent d’isolement. 530 000 subissent même une "mort sociale", vivant sans aucun contact... Pour dénoncer ce drame silencieux, l’association Petits frères des pauvres convoque les grands maîtres. Sa nouvelle campagne de sensibilisation reproduit avec des seniors l’autoportrait de Van Gogh ou La Joconde. Le but ? Que l’on regarde un peu plus ces "inexposés" méritant, eux aussi, notre attention ! petitsfreresdespauvres.fr ; c @pfpauvres
COIFFÉ
COMME JAMAIS
Pour fêter comme il se doit les 40 ans de Dragon Ball (eh oui, déjà), Bandai, qui détient la licence des produits dérivés de la série, vient de sortir un bonnet très spécial. Pour cause, l’accessoire imite la chevelure ébouriffée de Son Goku. Et nous voilà prêts à affronter les premiers frimas de l’hiver à grands coups de kaméhaméhas ! bandai.fr
Contemplatives, holistiques... et hautement spirituelles. Ainsi vont les musiques sacrées. À Mons, ce festival célèbre des mélodies s’adressant à l’âme comme au cœur. En témoignent les chants d’amour de la Tunisienne Ghalia Benali, qui nous emmène sur les traces du grand sage persan Jalâl Al-Dîn Rûmî. Dans le même esprit (forcément) mais un tout autre genre, Jawa pérennise la tradition des maîtres soufis d’Alep, menacée par la guerre en Syrie. À méditer donc...
Après 18 mois de fermeture pour travaux, le Musée Matisse rouvre ses portes. Et ça valait le coup d’attendre ! Nouvelle scénographie et surtout 1 000 m² d’espace supplémentaire. De quoi magnifier l’œuvre du maître de la couleur, notamment à travers trois salles consacrées à ses différentes techniques : la gravure, la sculpture, les papiers découpés. La cerise sur le gâteau ? Une exposition mettant en valeur les livres illustrés par ce pionnier du fauvisme, plus que jamais à la page.
Le Cateau-Cambrésis, 23.11, Musée Matisse lun > ven : 9h-17h • sam & dim : 10h-18h, 6/4€ (gratuit -26 ans), museematisse.fr
Le cirque dans tous ses états, et pas qu’une nuit ! Durant trois jours, le Prato convie jongleurs et acrobates à un joyeux (dé)tour de piste. Où l’on tentera de trouver l’équilibre, entre contorsions et bonne conduite, avec Bouc émissaire de Joséphine Triballeau. Pendant ce tempslà, les Vélocimanes associés s’adonnent à un karaoké des plus remuants sur le tube de Katerine, J’adore – ça tombe bien, nous aussi !
Lille, 15 > 17.11, Le Prato, Le Grand Sud & Crac de Lomme, 1 spectacle : 15€ > gratuit, leprato.fr
On est ce que l’on mange, selon la sagesse populaire. Voilà donc une bonne raison de s’intéresser à notre alimentation. C’est justement le thème de la 21 e édition des Photaumnales. Créé en 2004 à Beauvais, rayonnant aujourd’hui dans d’autres villes et villages des Hauts-de-France, ce festival de photographie décortique d’innombrables sujets de société par le prisme de notre assiette. Au menu : la surconsommation, le gaspillage alimentaire, notre modèle agricole... et la digestion des images elles-mêmes.
Il y a quelque chose d’un peu écœurant dans ces clichés de rations militaires. Une contradiction malaisante entre la douceur des couleurs pastel et la finalité de ces repas, rassasiant la plus grande machine de guerre au monde. Issues des archives de l’armée américaine, ces photographies ont été réunies par le collectionneur
Matthieu Nicol, et montrent les innovations dont est capable l’US Army en matière de déshydratation ou de conservation (qu’on retrouvera ensuite au rayon "plats cuisinés" de nos supermarchés).
« L’ALIMENTATION
EST UN SUJET TRÈS POLITIQUE »
En point d’orgue, il y a ce portrait de soldat casqué s’enfilant, tout sourire, une barre de légumes lyophilisés... qui sert aussi d’affiche à ce nouveau cru des Photaumnales. Alors quoi ? S’agit-il de critiquer notre mode d’alimentation
moderne ? Tout au moins d’y réfléchir, en considérant notre assiette sous différents angles. « Ce sujet recouvre un aspect très politique, car il touche des problématiques de fond », justifie Fred Boucher, le directeur du festival.
« CES IMAGES RENSEIGNENT SUR NOTRE SOCIÉTÉ
»
Le
grand gâchis. À commencer par le gaspillage, comme en témoigne Robin Lopvet. Dans Le Septième continent, ce Français met en effet en scène un tourbillon de déchets alimentaires (des feuilles de chou, des restes de poivrons...) dans des compositions évoquant des natures mortes de la Renaissance. « Ces images renseignent beaucoup sur notre société, la façon dont nous consommons et nous jetons », observe Fred Boucher. Dans un registre plus léger, citons aussi Tous à la cantine ! , accrochage immortalisant, notamment sous le regard de Willy Ronis, ce petit temple du vivre-ensemble. Datant du milieu du siècle dernier, ces images révèlent leur lot d’incongruités (ces bouteilles de vin rouge sur les tables des écoliers) et accompagnent la naissance d’un nouveau monde.
« Nous sommes après-guerre. Après des années de manque, on sert du lait et de la viande aux enfants matin et soir. C’est le début des Trente glorieuses, la restructuration de l’agriculture, un modèle productiviste où l’on consomme sans limite ».
Boulimie visuelle. L’exposition documentaire consacrée à la marque d’électroménager Thermor ne dit pas autre chose.
« RÉFLÉCHIR À CE QUE L’ON INGURGITE »
Ces campagnes de publicité des années 1960 vantent les mérites de cuisines équipées rutilantes, symboles de la société de consommation... avec une femme
systématiquement aux fourneaux, façonnant un archétype qui a la peau dure. « On voit ici comment l’iconographie nous manipule... ». C’est d’ailleurs l’une des grandes interrogations du festival, d’autant plus prégnante à l’heure des réseaux : « À quoi sert la photographie ? Aujourd’hui les images nous submergent, il y a une forme de boulimie dans notre façon d’absorber ce flux, que l’on digère plus ou moins bien. Il s’agit donc de réfléchir à ce que l’on ingurgite ».
Avec la bouche comme les yeux...
Julien Damien
Festins. Les photographes à table ! Beauvais et Hauts-de-France, jusqu’au 31.12 divers lieux, gratuit, photaumnales.fr
À lire / La version longue de cet article sur lm-magazine.com
On connaissait la femme chocolat, pas encore la femme champignon ! En l’occurrence, c’est une chanterelle qui coiffe cet intrigant personnage... faisant un peu office d’autoportrait. « C’est une œuvre très personnelle. J’ai grandi dans une région où la tradition de la cueillette des champignons est très ancrée, confie l’artiste. C’est d’ailleurs comme ça que j’ai gagné mes premiers sous. Je continue d’en ramasser aujourd’hui, mais seulement pour les manger ». Née en Lituanie « dans une petite ville entourée de forêt », désormais installée à Vilnius, Eglė Plytnikaitė a toujours nourri une passion pour l’art et la nature, qu’elle sublime dans des compositions minimalistes aux couleurs vibrantes... lesquelles manquent parfois à son pays, « surtout pendant les saisons froides ». Saupoudrées d’une texture granulée qui leur offre un aspect délicieusement vintage (« et de la chaleur »), ses images ne sont pas non plus dénuées d’humour, voire d’ironie. « Absolument ! Cela reflète vraiment qui je suis. Je n’aime pas prendre les choses trop au sérieux. La vie est courte, et le rire souvent le meilleur des remèdes ». Ce sens du décalage demeure aussi une bonne façon de pointer les maux de ce bas monde, des atteintes aux droits des femmes à la guerre en Ukraine, en passant par le péril climatique. Cet ours polaire au visage craquelé comme une banquise à cause d’une bouteille en plastique en est la parfaite illustration. « L’art est pour moi une arme puissante qui peut, je le crois, contribuer à un avenir meilleur », assure cette bénévole pour diverses organisations environnementales. On ne peut qu’acquiescer : le temps de ce portfolio, elle a déjà illuminé notre journée. Julien Damien
À visiter / egle.plytnikaite.com, c @egle.plytnikaite
À lire / L’interview d’Eglė Plytnikaitė sur lm-magazine.com
Madame Loyal
La fête foraine électronique
01 & 02 nov. |
Grand Palais - Lille
Neko Light Orchestra
Echos du Petit Sorcier - 15h30
Echos de la Terre du Milieu & de Westeros - 20h00
dim. 03 nov. | Le Nouveau Siècle - Lille
Werenoi
mer. 06 nov. |
DER. PLACES
Sans Lactose
jeu. 07 nov. |
High Fade
Le Zénith - Lille
La Bulle Café - Lille
jeu. 07 nov. | The Black Lab - Wasquehal
Shaka Ponk
jeu. 07 nov. |
Le Zénith - Lille COMPLET ven. 08 nov. |
Le Zénith - Lille COMPLET
Tina Turner Tribute
What‘s love got to do with it ? sam. 09 nov. | L’Embarcadère - Boulogne -s/mer lun. 11 nov. | Grand Théâtre - Lille Kaleo
mar. 12 nov. | Le Zénith - Lille
Hrafngrímr
mar. 12 nov. | The Black Lab - Wasquehal
Pépite + Zaouï
mer. 13 nov. | Le Splendid - Lille
Alain Chamfort
jeu. 14 nov. | Le Splendid - Lille DER. PLACES
Gapman
jeu. 14 nov. |
Jeune Mort
Le Flow - Lille
jeu. 14 nov. | La Bulle Café - Lille
ven. 15 nov. |
David Jarre
Le Grand Mix - Tourcoing
dim. 17 nov. | Théâtre Pasteur - Lille
Brothers of Metal lun. 18 nov. | The Black Lab - Wasquehal Sólstafir mar. 19 nov. | Le Splendid - Lille Colours in the street +
Hugo Barriol
mer. 20 nov. | The Black Lab - Wasquehal
Ryon
dim. 24 nov. | The Black Lab - Wasquehal
Xavier Polycarpe
mar. 26 nov. |
Keroué
mer. 27 nov. |
La Bulle Café - Lille
La Bulle Café - Lille Lofofora
jeu. 28 nov. | The Black Lab - Wasquehal
Marion Roch jeu. 28 nov. |
Kaaris
Leman
ven. 29 nov. |
Usky
sam. 30 |
La Bulle Café - Lille
ven. 29 nov. | Le Zénith - Lille DER. PLACES
La Bulle Café - Lille COMPLET
Le Slalom - Lille
Charlotte Cardin
sam. 30 nov. |
RÉSA: Kemmler
Le Zénith - Lille
agauchedelalune.tickandyou.com et dans les points de vente officiels habituels graphisme : marceau truffaut - hypothèse-studio.com
Aznavour célébration
AUJOURD’HUI ENCORE
À l’occasion du centenaire de Charles Aznavour, ce ciné-concert symphonique célèbre l’héritage, immense, de l’homme aux 1 200 chansons. Les 70 musiciens de l’Orchestre de Douai, sous la direction artistique de son fils Mischa, subliment un monument du patrimoine français, avec un spectacle fusionnant musique, cinéma et images plus intimes.
Parce qu’il fallait bien faire un choix (ô combien cornélien !), douze titres ont été soigneusement sélectionnés afin de rendre justice à ce répertoire. « Ce sont des morceaux emblématiques, qui offrent un aperçu global de son œuvre », explique la directrice de l’Orchestre de Douai, Emmanuelle Raës. Soit autant de classiques incontournables (La Bohême, Emmenez-moi, For Me Formidable, La Mamma...) ici magnifiés par la puissance orchestrale. Aznavour lui-même avait expérimenté ce format symphonique, « par deux fois ». Il faut dire que ses chansons, tout en envolées, élans et ruptures, s’y prêtent particulièrement bien. D’ailleurs, quelque part, l’artiste est présent tout au long du spectacle, sa voix ayant été isolée de certains enregistrements pour se fondre en direct dans la musique.
L’émotion sur grand écran. Cet événement explore également sa carrière au cinéma. On l’oublie parfois, mais Aznavour a joué dans plus de 60 films. « Ce spectacle rend hommage autant au chanteur qu’à l’acteur. Sa filmographie est d’une richesse incroyable », confie Emmanuelle Raës. Citons Un taxi pour Tobrouk, Paris au mois d’août ou encore Tirez sur le pianiste. Ce voyage, raconté par le cinquième de ses six enfants, Mischa Aznavour, mêle enfin images de concerts mais aussi archives plus personnelles et anecdotes, offrant le portrait intimiste, rare et émouvant, d’un artiste intemporel. Arthur Chapotat Douai, 21.11, Gayant Expo, 20h30, 120 > 45€, orchestre-douai.fr ; gayantexpoconcerts.com
Crossroads
ACCORDS PARFAITS
Depuis huit ans, le festival Crossroads met en lumière des artistes émergents, leur offrant une scène pour montrer toute l’étendue de leur talent. Lors de cette neuvième édition, 21 formations sont prêtes à enthousiasmer Roubaix, et enrichir nos playlists.
Diversité. Voilà le maître mot du Crossroads, dont la réputation de tête chercheuse n’est plus à faire - Yolande Bashing ou Demain Rapides sont passés par ici. Cette année, le festival a ainsi enregistré 450 candidatures des quatre coins de France et de Belgique. Composer une programmation avec un tel afflux n’est donc pas une mince affaire. Pourtant, c’est le pari que Benjamin Mialot, conseiller artistique, relève tous les ans. « Une fois sélectionnés, les artistes sont répartis en trois catégories : régionale, nationale et internationale », précise-t-il. Le tout dans un joyeux melting-pot musical, à l’image de la techno instrumentale des Marseillais d’Olkan et La Vipère Rouge, aux accents méditerranéens, oud électrique en prime. Dans un registre plus rétro, l’Angevin Chahu se démarque, voix de crooner usé et ukulélé en main, avec « un doux mélange de psytrance et de tango », tandis que la Rennaise Championne hypnotise l’assistance avec un rock empreint de post-punk. Et le rap dans tout ça ? Il brille du côté de Roubaix et Tourcoing. Citons 0 Degré et son cocktail de trap, de metal et de zouk (!), Lynx et ses beats UK bass ou Konga et son flow élastique, tour à tour rageur ou mélodieux, entre autres noms à retenir... Arthur Chapotat
Musiques Nouvelles, le Quatuor Girard, l'ensemble Constantinople et Ghalia Benali, Marie Fripiat, Julie Gebhart et Nao Momitani, le Jawa Band. www.surmars.be
À la fois discret et bruyant, ce tandem demeura invisible ou presque dans les bacs. Ayatollah du vinyle, Paranoid London a en effet longtemps refusé le CD ou les plateformes. S’ils ont mis de l’eau dans leur vin, Gerardo Delgado et Quinn Whalley n’en demeurent pas moins de farouches boucaniers d’une certaine idée de la techno : sale, tapageuse, vrombissante. Paru en février, leur dernier LP se nomme simplement Trous du cul, menteurs et pionniers électroniques. Une façon comme une autre de faire le ménage autour de soi et de clamer urbi et orbi son intégrité. Posture facile, voire fatigante chez d’autres (oui, Sleaford Mods, on parle de vous) elle prend tout son sens ici. Pourquoi ? Grâce aux styles abordés, qui tiennent à la fois de l’unité et de la variété, entre electro primaire, acid-house guerrière, EBM sécuritaire, techno tortionnaire. Grâce aux invités, aussi. Outre Mutado Pintado (régulier de l’affaire), on croise Joe Love (Fat Dog), Jennifer Touch ou… Bobby Gillespie. Le légendaire Écossais incarne à lui seul un idéal de panache déglingué et d’élégance dévastée qui fait tout le sel de son groupe (Primal Scream – voir p. 45), et trouve en nos deux Paranos de parfaits compagnons de voyage. Thibaut Allemand Gand, 08.11, Music Club Wintercircus, 21h, 24/21€, viernulvier.gent
La Condition Publique a 20 ans ! saison 24 - 25 Place
Roubaix
Ice Spice
À chaque siècle son enfant : le xixe eut Musset. Le nôtre, Ice Spice, née le 1er janvier 2000 et autrice d’un premier LP intitulé Y2K!, soit An 2000! en VF. Sorte de tabula rasa du xxe siècle… et d’impasse sur quelques pionnières telles Lil’ Kim ou Foxy Brown, sans qui cette hargne hypersexualisée n’aurait peut-être pas eu le même impact. Notons que ces dernières font figure de dames-patronnesses face à cette Américaine originaire du Bronx et dont l’élégance éclabousse des titres comme Think U The Shit (Fart). Adoubée par la très distinguée Nicki Minaj, cette drill ultra-calibrée, caricaturale, en devient originale. « Graaah ! », comme elle dit. T.A.
Bruxelles, 07.11, La Madeleine, 20h, 54€, la-madeleine.be
La Rumeur
Boom bap, poisseuses et jansénistes, les instrus de La Rumeur se tiennent loin des rythmes hargneux et enjôleurs du 113 ou de NTM –au hasard. La force de la bande d’Ekoué et Hamé réside ailleurs : un art de la narration qui fait sonner le XVIIIe arrondissement avec une force peu commune. La Rumeur, ce sont aussi trois films (dont Les Derniers parisiens, scorsesien) à faire pâlir Kassovitz. Bref, ce retour aux affaires est une excellente nouvelle. T.A.
Lille, 09.11, Splendid, 20h, 25€, le-splendid.com
Nia Archives
LES LOIS DE LA JUNGLE
En avril dernier, son premier essai était élu album du mois dans ces pages. Difficile, en effet, de résister au charme étrange, à la fois suranné et pleinement actuel, de cette drum’n’bass revisitée par Nia Archives. L’Anglaise ne savait pas encore parler lors de l’explosion du genre, à la fin du siècle dernier, mais s’en est emparée avec une maestria peu commune. Née en 1999, soit deux ans après la parution de New Forms, de Roni Size & Reprazent, Nia Hunt n’a pas passé les nineties à traîner ses guêtres, hagarde, dans des hangars anglais et glacés. Elle découvrira tout ça à seize ans, du côté de Manchester, plongeant à corps perdu dans la jungle. Alors quoi ? Un simple revival dans un retour des 90’s qui n’en finit plus (celui des 80’s non plus, au passage) ? Heureusement, non. Si les pionniers plaçaient les beats syncopés au centre de leurs compositions (comme une profession de foi, une quête de nouveauté et de radicalité inhérente à l’électronique) la Britannique, elle, a passé le cap. Ces sons font partie du décor. Elle les utilise pour relever des mélodies aussi accrocheuses que simplement soul. Et ce n’est pas un hasard si l’on pense parfois à Amy Winehouse au milieu des caissons de basse... Thibaut Allemand
Bruxelles, 12.11, La Madeleine, complet !, la-madeleine.be
DERNIÈRES PLACES
DERNIÈRES PLACES
Jérémy Frérot • Olivia Ruiz • Les Cabotines • Yann Marguet Et si on en parlait ? • À Huis clos (Kery James) • Constance • Artimini
Thee Sinseers
Comment, au xxie siècle, réinvestir et réinventer des idiomes datant de plusieurs décennies, et dont les Tables de la Loi furent parcourues par des milliers d’artistes ? La réponse n’est pas évidente. Pas sûr qu’elle soit trouvée par Thee Sinseers (mot-valise jouant sur le pêché et l’honnêteté). Qu’importe, depuis 2019, Joey Quinones et les siens mêlent dans un même mouvement (chaloupé, le mouvement) sunshine pop, soul et accents doo-wop antédiluviens avec un enthousiasme férocement communicatif. De réinvention, il n’est pas toujours question (on pense très fort à la maison Stax) mais le savoir-faire de ces neuf musiciens force l’admiration. T.A.
Tourcoing, 10.11, Le Grand Mix, 20h, 18 > 10€, legrandmix.com
Butcher Brown
Ce quintette signataire de dix albums débarque de Richmond, Virginie, soit le berceau d’une certaine idée du vieux Sud conservateur. Or, ces cousins lointains de Kamasi Washington se jouent joliment des traditions. Armés de peu (basse, guitare, batterie, trompette et saxophone), ils livrent bataille sur tous les fronts, renouant avec l’énergie des big bands d’antan et se frottant à la soul, l’afrobeat, au hip-hop, au funk… Au jazz, en somme ! T.A.
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le programme ici complet complet
Gérard-philipe - ccgp grand théatre de calais - officiel
infos billetterie : www.billetterie.calais.fr
www.spectacle-gtgp.calais.fr
Ravyn Lenae
UN INCROYABLE TALENT
C’est l’histoire d’une surdouée comme il en existe tant. Pensez à Redd Kross, Björk, Billie Eilish… ces talents qui éclosent sur les bancs du lycée et ne peuvent attendre le bac pour les rejoindre, les bacs – ou ce qu’il en reste. Et qui, à force de tout brasser, deviennent inclassable. Bref, c’est l’histoire de Ravyn Lenae.
En 2015, déjà, quelques oreilles averties alertaient sur ce petit prodige, seize ans tout juste, qui le temps d’un EP (Moon Shoes) trimballait un flow détendu sur des productions naviguant entre r’n’b, hip-hop, soul et electro… comme beaucoup, vous avez raison. Mais la native de Chicago possédait ce je-ne-sais-quoi qui la distinguait et ferait d’elle une star, pensait-on à l’époque. Près de dix ans plus tard, la désormais résidente de Los Angeles a travaillé avec Steve Lacy ou Childish Gambino, signé deux albums. Elle a pris le temps quitte à semer une douce confusion. R’n’b ? Pop ? Le genre de questions qui empêchera sans doute de dormir quelques employés de la Fédération nationale d’achats des cadres, mais qui ne nous interdira pas de savourer à sa juste valeur Bird’s Eye, deuxième essai audacieux. Allez, aidons les disquaires : de la pop, elle a conservé le sens de la mélodie qui fait mouche. Du r’n’b, une certaine idée de l’avant-garde. Lenae s’empare de ces écoles et pose une voix qui demeure, a priori, sans autotune – ou alors indétectable. Et sur les planches, croyez-nous, l’Américaine rend justice à ses années d’apprentissage. Thibaut Allemand Bruxelles, 17.11, Botanique, 19h30, 28,50 > 22,50€, botanique.be
La Jamaïque n’a pas le monopole du reggae. Voilà plus de 20 ans que ce combo a inscrit la Nouvelle-Zélande sur la carte mondiale de la musique de Jah. Mieux : il la renouvelle en permanence, y injectant du jazz, du funk, de la soul et même de l’electro. Un peu avare en sorties (seulement six albums dont le dernier, Slo Mo, vient de paraître), Fat Freddy’s Drop demeure avant tout un groupe de scène, où son cocktail produit ses meilleurs effets... J.D. Lille, 14.11, L’Aéronef, 20h, 32/25€, aeronef.fr Bruxelles, 17 & 18.11, Cirque Royal, 20h, 50/45€ (dim : complet !), cirque-royal-bruxelles.be
Joe Goddard
Ces trente dernières années, le rondouillard Joe Goddard et l’endive à lunettes Alexis Taylor ont écumé tout ce que Londres compte de clubs, devant ou derrière les platines. Sous l’alias Hot Chip, nos Laurel et Hardy digitaux ont marqué de leur empreinte l’Angleterre électronique, ensemble, en solo et dans divers projets – citons par exemple, pour Joe Goddard, The 2 Bears et la structure Greco Roman. Le dernier album en date de l’Anglais, Harmonics, s’enrichit de la présence, en vrac, d’Ibibio Sound Machine, Tom McFarland, Hayden Thorpe (Wild Beasts)... ou de l’inséparable Alexis Taylor. Bref, une certaine idée de l’indie dance idéale. T.A.
Son nom bruissait depuis quelques années. Deux albums, parus en 2019 et 2022, avaient mis la puce à l’oreille des plus attentifs. La rumeur évoquait une jeune Londonienne, multi-instrumentiste et originaire d’une banlieue chic (celle de Chelsea). On y entendait du folk, beaucoup, des scansions rap, parfois, et des dérapages drum’n’bass aussi. Un syncrétisme qui s’expliquait par son terreau (Londres, donc) et ses racines : un père turc, une mère irlando-bardadienne, ça ouvre forcément l’esprit. L’ensemble contenait son lot de maladresses… et de promesses. Enfin tenues sur un troisième disque (My Method Actor ) s’autorisant le délayage. Passé quelques rares guitares saturées typiques des nineties dépressives (Nirvana, Soundgarden), c’est un festival de douceur et de modestie. L’Anglaise semble avoir assimilé un demi-siècle de pop, de rock et de soul pour en livrer sa version. Indigeste, pensez-vous ? Pas du tout ! Voici des compositions sobres, co-écrites avec Wilma Archer (MF Doom, Celeste). Soit une production moderne jouant la carte de la sobriété et laissant tout l’espace au chant de Nilüfer, dont la délicatesse rauque évoque Joni Mitchell. Un souffle qui, sur scène, file la chair de poule. Thibaut Allemand Bruxelles, 24.11, Botanique, 19h30, complet !, botanique.be
Malik Djoudi relève de cette longue lignée de chanteurs français marqués à jamais par Étienne Daho, qui n’a jamais rechigné à défendre la jeune génération. Ainsi, Djoudi et Daho ont tourné et chanté ensemble, sur À tes côtés et Sous garantie. Encombrante, l’ombre tutélaire ? Pas vraiment. Le Poitevin parvient bon an mal an à se faire une place, une vraie, avec un quatrième album (Vivant) qui rompt (un peu) avec le parti pris synthétique d’autrefois. Ces chansons plus organiques trouvent leur voie, et Malik la sienne, puisque son falsetto haut-perché laisse parfois place à un timbre plus grave. De quoi donner envie de le (re)découvrir sur scène. T.A.
Tourcoing, 22.11, Le Grand Mix, 20h, 22 > 14€, legrandmix.com
Nouvelle Vague
Punk rock, post-punk, new wave… Des courants portés par l’enthousiasme radical de la jeunesse. À l’inverse, la bossa nova, née à la fin des années 1950, sonne pépère aux oreilles peu éduquées. Grave erreur ! En réorchestrant des classiques new wave en version bossa, Marc Collin et le regretté Olivier Libaux leur ont offert une seconde vie, et rappelé à quel point The Clash, The Undertones, New Order et autres étaient de fins mélodistes. T.A.
Après trois albums impeccables, Michael Kiwanuka pouvait-il encore surprendre ? Ne boudons pas notre plaisir à l’écoute de ces 11 nouveaux titres : il signe ici l’un des grands disques de l’année. En ouverture, Floating Parade donne le ton d’un LP tout en cordes soyeuses et synthés, basses et drumming funk, crescendos étirés et suave mélancolie. Il faut dire que le Britannique est désormais (deux fois) père. Ces "petits changements" se reflètent sans aucun doute dans sa musique, que ce soit dans la douceur soul du morceau Small Changes ou, plus simplement, les paroles (Follow your Dreams). Bardé de tubes, cet album est moins tourmenté que Love & Hate, plus chaleureux et spirituel que Kiwanuka. Il reconnaît l’héritage de Curtis Mayfield ou d’Otis Redding, mais pour mieux l’emmener vers d’autres sommets. En témoigne le chef-d’œuvre Rebel Soul, avec son piano hypnotique et un refrain qui prend littéralement aux tripes. Enfin, Small Changes ménage aussi une place à une folk boisée ou une pop psyché du plus bel effet. L’orgue Hammond et les guitares électriques qui nimbent Low Down nous téléportent ainsi dans les seventies... Oui, tout ça dans un seul disque ! Julien Damien
WARMDUSCHER – Too Cold To Hold
(Strap Originals)
Rejeton fiévreux d’une scène anglaise grouillant de groupes malades et hargneux, Warmduscher se range aux côtés de Fat White Family, Paranoid London et Insecure Men. Pour cause, ils partagent membres et microbes. Ce cinquième album change à peine le traitement : un post-punk patraque qui joue avec le funk, le jazz et les scansions façon The Fall. On pense à Luke Haines, aussi, dans ce passage en revue des marottes et des artefacts d’une Angleterre mal en point. À Pulp, enfin, pour ce découpage au scalpel d’une époque. Bref, un groupe de misfists pour ceux qui se reconnaissent dans les marges. Leur manque juste ce machin que tous les groupes précités ont connu : un tube, comme une petite revanche. À croire que le match serait déjà perdu ? Thibaut Allemand
PRIMAL SCREAM – Come Ahead (BMG)
Huit ans après un Chaosmosis au goût d’inachevé, on craignait que Primal Scream ne se repose sur sa gloire passée. Or, ce douzième LP s’avère une bien belle surprise. Marqués par les deuils (Rob Young, Martin Duffy), l’éternel jeune homme Bobby Gillespie et son vieil ami Andrew Innes n’ont pas lâché les armes. Ils livrent un disque qui, sans atteindre Screamadelica ou la Sainte Trinité Vanishing Point/XTRMNTR/Evil Heat, poursuit son exploration des musiques populaires. Et compte ici son lot de merveilles disco remplies de violons, de classic-rock antédiluviens et même une ballade dans laquelle le chanteur se confie comme rarement sur sa jeunesse écossaise. Bref, un excellent album, qui ne doit pas empêcher les nouveaux venus d’explorer cette vaste discographie. Thibaut Allemand
SOFIE ROYER – Young-Girl Forever
(Stones Throw)
On se languissait de nouvelles de Sofie Royer après l’excellence d’ Harlequin (2022). La Californienne francophile, née d’une mère autrichienne et d’un père iranien, hébergée par la maison hip-hop Stones Throw, signe ici un disque à la fraîcheur pop hautement recommandable. Un ton en dessous du précédent, ce troisième LP témoigne à nouveau d’un sens de la mélodie imparable – citons les véloces Young-Girl (Illusion) ou I Forget (I’m So Young). Si les essais en français ne sont pas toujours concluants, elle fait sonner la langue de Goethe comme personne (Nights Neues Im Westen, le cabaret synthétique Fassbinder). Il y a chez Sofie Royer un art de remplir l’espace, d’écrire des chansons pleines, fières, sans aucun complexe. Une pop inclassable idéale. Thibaut Allemand
ALEXANDRE DELANO – La Nuit les
couleuvres (Bleu nuit / Inouïe distribution)
En goguette hors du Delano Orchestra (groupe responsable d’albums de première classe et partenaire de Murat sur Babel ), Alexandre Delano poursuit en solo une carrière discrète mais ambitieuse. Cela se traduit notamment sur La Nuit les couleuvres, disque plus charpenté que son délicat prédécesseur Ven Ven Ven, par la volonté de livrer un album concept. Si le tout est tenu par un récit (l’épopée mentale d’une certaine Olga), les chansons ont surtout leur existence propre. Le piquant des synthés confère aux textes portés par des voix incarnées (Samantha Julien en contrepoint d’Alexandre) leur couleur entêtante. Une parfaite texture pop, aussi rêche que soyeuse. De jour comme de nuit, on avale volontiers pareilles couleuvres. Rémi Boiteux
EMIL FERRIS
Moi, ce que j'aime, c'est les monstres - #2 (Mr Toussaint Louverture)
C'était en 2018. Monsieur Toussaint Louverture publiait le premier livre d'une Chicagoane de 56 ans. Et quel livre ! Entièrement dessiné au stylo à bille (et au feutre), ce roman graphique prenait la forme d'un journal intime : celui d'une petite fille de 10 ans, fan de monstres et se représentant en loup-garou, dans le Chicago des années 1960. Notre héroïne enquête sur la mort d'une voisine de son immeuble, jusqu'à découvrir son passé de survivante de la Shoah - et de vrais méchants, cette fois... Après une (longue) attente de huit ans, voici enfin la suite de ce chef-d'œuvre, récompensé de trois prix Eisner et d'un Fauve d'or à Angoulême. En attendant, ô surprise, un troisième épisode et même un préquel (!), quel plaisir de se replonger dans cette fable racontée en milliers de traits graciles, dans une esthétique à la fois pop, gothique et même queer. Au fil de pages peut-être moins foisonnantes (ou plus aérées, c'est selon), Emil Ferris signe bien plus qu'une "simple" histoire de monstres. C'est à la fois une fresque sociale et familiale où le drame et l'humour, la mort et la vie, la beauté et l'horreur se confondent sans cesse, mais où l'art et l'amour ont toujours le dernier mot. 416p., 34,90€. Julien Damien
Un roman à succès sur papier recyclé
(La Tengo)
Déjà quatre ventes ! Le bandeau donne le ton de ce "roman", pile-poil entre une grande pochade et la satire de l’industrie du livre. S’ensuivent 128 pages dont… 14 de l’intrigue à proprement parler. Le reste est la zone de jeu de Vianney Louvet et Simon Drouard, qui se moquent intelligemment de ce qu’on trouve la plupart du temps avant et après un roman. Ici, vous aurez le droit à : 11 préfaces (signées Guillaume Meurice ou Vincent Dedienne), une page pré-adaptée pour les dédicaces ou encore un colophon qui nous informe tranquillement qu’en fait ce roman (qui n’en est pas un, vous l’aurez compris) n’a pas été imprimé sur du papier 100 % recyclé ! Pari réussi pour ce livre « utile par son inutilité », mais plus corrosif qu’il n’y paraît. 128 p., 15,50€. Pascal Cebulski
SIMON DROUARD & VIANNEY LOUVET
FRANÇOIS BÉGAUDEAU
Comme une mule (Stock)
Accusé de diffamation à caractère sexiste et sexuel, François Bégaudeau se retrouve devant le tribunal correctionnel de Paris. Plutôt que d'entonner la complainte du "on ne peut plus rien dire", l'écrivain accueille cette expérience dans toutes ses dimensions, mêlant auto-analyses et réflexions systémiques. Il ne s'agit pas de se justifier, mais de déplier avec rigueur et malice les enjeux de l'affaire – et par là même de renouer autrement le rire et le social, l'art et la politique. Le texte est vigoureux, profus. Au point que Bégaudeau pourrait donner l'impression de vouloir clouer le bec de la plaignante. Par le jeu d'écarts entre récit, fiction et critique, Comme une mule produit heureusement un autre effet : celui de mettre la pensée au travail. 443 p., 22,90€. Raphaël Nieuwjaer
RIAD SATTOUF – Moi, Fadi, le frère
volé, T.1 ( Les Livres du Futur)
Deux ans après la fin de L’Arabe du futur, voici un… spinoff ?! Non, heureusement. Plutôt un contrepoint bienvenu. Entre 2011 et 2012, soit avant l'écriture du premier tome de sa série à succès , Riad Sattouf s’est entretenu avec son jeune frère, Fadi, enlevé par son père en 1986. Riad ne le retrouvera que 20 ans plus tard. Qu’a-t-il vu et vécu en Syrie ? Riad ne change pas de méthode : des codes couleurs bien précis, une narration qui laisse place aux détails. Mais c’est étrangement bien plus douloureux à lire que le précédent récit. Dans le cas de Riad, on savait ce qu’il était devenu, et l'humour rassurait parfois. Ici, bien que l'on devine l'issue, le suspense demeure à son comble à chaque page, et l'on souffre avec ce gosse à la drôle de vie.144 p., 23€. Thibaut Allemand
F. SAINT-GENIÈS, A. DOLLAH & I.
HATZFELD – Mad Men by SoFilm
(Capricci)
Soyons péremptoires : Mad Men (2007-2015) demeure la meilleure série du monde (oui, devant Les Soprano). Énième preuve avec cet ouvrage relativement court, mais ô combien dense ! Cette enquête aligne des entretiens (avec le créateur Matthew Weiner et la scénariste Erin Levy) et, à l'image de la série, navigue entre légèreté et profondeur. Est ici révélé le nombre exact de cigarettes fumées ou de verres avalés, mais l'on disserte surtout sur l'utilisation de la musique, on passe en revue les références littéraires, on s'interroge sur la place des femmes ou des minorités raciales… Bref, une analyse sérieuse et enthousiaste d'une des œuvres les plus singulières et importantes de la décennie passée. 160 p., 22€. Thibaut Allemand
Arras Film Festival
ÉDITION SPÉCIALE
L’Arras Film Festival souffle ses 25 bougies, mais c’est lui qui s’occupe des cadeaux ! Jugez plutôt : 115 films, des avant-premières françaises et internationales à tire-larigot, des invités de premier plan... le tout sans strass ni paillettes (pas l’esprit de la maison) mais en fanfare, assurément !
En fanfare, c’est justement le film d’ouverture, qui met en scène (et en musique) un chef d’orchestre se découvrant un frère caché et joueur de trombone, dans le Nord. Entre rires et larmes, cette comédie dramatique signée Emmanuel Courcol lance parfaitement une édition pas avare en émotions ni surprises. À commencer, peutêtre, par Un Ours dans le Jura de... Franck Dubosc, qui réunit Laure Calamy et Benoît Poelvoorde dans une œuvre « digne des frères Cohen », s’enthousiasme Éric Miot, le délégué général. Tandis que Vincent Lindon défend Jouer avec le feu, drame shakespearien sur la percée de l’extrême droite, Sandrine Kiberlain (invitée d’honneur avec Cécile de France) nous parle de son métier d’actrice, en marge de la présentation de Sarah Bernhardt, la divine, de Guillaume Nicloux, où
elle incarne la première grande star internationale.
Du lourd ! En parlant de films en costume, la rétrospective "amour, perruque et musique" offre l’occasion rêvée d’admirer quelques chefs-d’œuvre sur grand écran dont... Barry Lyndon de Stanley Kubrick ! Outre ses fameuses "Visions de l’Est" (où l’on voyage cette année en République Tchèque), le festival fait aussi la part belle au cinéma d’animation, avec son lot de « petites pépites ». Ainsi, on ne ratera pas La Vie, en gros, de la Tchèque Kristina Dufková, soit les pérégrinations d’un ado corpulent et complexé, mais décidé à perdre du poids par amour, quitte à se perdre... De l’émotion, on vous dit !
Julien Damien Arras, 08 > 17.11, Mégarama, Casino d’Arras, Grand’Place, 1 film : 8 > 4€ • 5 films : 30,50€ 10 films : 48€ • pass : 70€ arrasfilmfestival.com
Carla et moi
CRISE DE FOI
Des six longs-métrages tournés en une décennie par Nathan Silver, Carla et Moi est seulement le deuxième à sortir en France, après C’est qui cette fille (2018). Avec Sean Price Williams, ici directeur de la photographie, l’Américain s’inscrit pourtant dans une nouvelle vague très stimulante du cinéma indépendant.
Ben Gottlieb a perdu son épouse, morte en glissant sur une plaque de verglas. Ses mères aimeraient qu’il rencontre quelqu’un, mais lui ne semble pas prêt. Chantre pour une synagogue, il ne sort plus une note. Autant dire que ce n’est pas la grande forme. Ben a la silhouette de Jason Schwartzman. Joues pleines, yeux ronds, il pourrait être un personnage de BD. Lorsqu’il retrouve sa professeure de musique du collège (Carol Kane), bien plus âgée que lui, quelque chose se passe. Amitié, amour ? De cette incertitude, Nathan Silver tire des situations comiques tendres, et parfois grinçantes. Car la famille s’en mêle, et aussi le rabbin, qui aimerait caser sa fille. Hasard ou coïncidence, celleci a trait pour trait le visage de la défunte compagne. « Tu as parfois l’impression que ton cerveau fait une crise cardiaque ? », demande Carla à Ben. C’est ce que le spectateur éprouve aussi, devant le montage heurté, les très gros plans, les accélérés ou les effets de surexposition. Aucune coquetterie là-dedans, mais une façon de saisir les figures dans leurs élans, vacillements, fêlures. Schwartzman, engoncé dans une doudoune et traînant une interminable écharpe, est en tout cas délicieux. Raphaël Nieuwjaer
De Nathan Silver, avec Jason Schwartzman, Carol Kane, Dolly de Leon... En salle
TÓTEM
Dans la vaste demeure familiale, une fête s’organise. C’est l’anniversaire de Tona, le père de la petite Sol, sept ans. Mais l’homme est malade et peine à quitter sa chambre. Longtemps retardée, la fête aura tout de même lieu. Le moment émeut, tant Lila Avilés parvient à faire tenir ensemble la joie et la tristesse, l’intensité des retrouvailles et le pressentiment de la perte. Tótem résiste alors à la solennité, comme si Tona pouvait encore profiter des rires et des paroles de sa famille et de ses amis sans tenir compte du mal qui le ronge. Et pourtant, nul n’ignore qu’il s’agit aussi d’une cérémonie d’adieux. Le film se charge ainsi de visions saisissantes, comme ce long regard-caméra durant lequel Sol nous prend à témoin de sa transformation en petite orpheline... Raphaël Nieuwjaer De Lila Avilés, avec Naíma Sentíes, Montserrat Marañon, Marisol Gasé... Sortie le 30.10
Jo, une jeune artiste de cirque de rue, voit sa carrière basculer après une blessure. Pour des raisons financières, elle découvre le monde des clowns professionnels en pédiatrie. Pour son premier long-métrage, Reda Kateb s’inspire du Journal du Dr Girafe, de Caroline Simonds, la fondatrice de l’association Le Rire médecin. Il rend hommage aux clowns hospitaliers, qui apportent joie et réconfort aux enfants malades – et aux soignants. Servi par un casting impeccable (Aloïse Sauvage, Philippe Rebbot) et des acteurs non-professionnels, Sur un fil fait preuve d’authenticité et de douceur. Reda Kateb apporte une note poétique à un sujet difficile, en équilibre entre la gravité de la maladie et la légèreté de ces "faiseurs de rire".
Arthur Chapotat De Reda Kateb, avec Aloïse Sauvage, Philippe Rebbot, Sara Giraudeau… Sortie le 30.10
Limerencia Films
Flow, le chat qui n’avait plus peur de l’eau
UN CONTE AU POIL
Réalisé par un jeune maître du cinéma d’animation letton, Flow, le Chat qui n’avait plus peur de l’eau, est une œuvre étonnante s’adressant aux enfants comme aux adultes. Entièrement muet, ce film s’avère un conte initiatique d’une profondeur qui n’a d’égale que sa beauté.
Gints Zilbalodis s’était distingué en 2019 avec un premier long-métrage d’animation, Away, qu’il avait réalisé seul, sur son ordinateur. Le Letton confirme aujourd’hui son talent avec un film qui a réclamé cinq ans de travail. Flow confronte le spectateur à une terre submergée par les eaux, où l’humain a disparu. Un chat embarque sur un bateau. Rejoint par d’autres animaux, notre matou va devoir apprendre à les côtoyer, les comprendre et affronter mille dangers... Créé sur Blender, un logiciel de modélisation et d’animation en 3D gratuit, et par une équipe majoritairement française, ce film a glané de belles récompenses lors du dernier festival d’Annecy, dont les prix du public et du jury. Ce n’est que justice ! Car Flow est une œuvre aussi singulière qu’ambitieuse. D’une grande beauté (la représentation des végétaux, de l’eau et du ciel est sidérante), il interroge la place de l’Homme sur Terre et dans l’univers. Ceci en excluant tout dialogue et voix humaine, au bénéfice des miaulements, chants d’oiseaux et autres bruissements de la nature. Gint Zilbalodis épargne ainsi au spectateur un anthropomorphisme par trop envahissant, et signe une merveille de conte écologique et philosophique. Grégory Marouzé
25ème édition
OUT OF HOME COMMUNICATION
Urban Posting
Display Racks
Visitor Information
Cultural Spots
Hotels, Bars & Restaurants
Universities
Libraries
Bicycle parkings
Bus Stops
Indoor Posting
Banners on Street Lamps
Amusement Parks
Des invités prestigieux
Cécile de France
Sandrine Kiberlain Miki Manojlovic et également
Anthony Bajon, Zabou Breitman, Franck Dubosc, Nicolas Duvauchelle, Louis Garrel, Benjamin Lavernhe, Vincent Lindon, Pierre Lottin, Ludivine Sagnier, Sarah Suco...
Compétition européenne
9 films en exclusivité
2 rétrospectives
Amour, perruque & musique
Il était une fois… la Yougoslavie
Festival des enfants
115 FILMS
arrasfilmfestival.com
The Substance SANG
POUR SANG
Après avoir exploré le sous-genre du "rape and revenge" (Revenge, 2017), Coralie Fargeat s’intéresse à celui du "body-horror". Prix du scénario lors du dernier festival de Cannes, The Substance confronte le monde de l’aérobic et ses corps parfaits à une esthétique poisseuse évoquant David Cronenberg. Attention, ça va saigner...
Elisabeth Sparkle, animatrice-star d’une émission télé de fitness, est sur le déclin. Considérée comme trop âgée pour continuer, elle est licenciée par son patron, un producteur cruel et sexiste. Après un accident de voiture, un jeune médecin l’enjoint à contacter un mystérieux laboratoire qui a concocté un produit miracle. En se l’injectant, elle deviendra une meilleure version d’elle-même : jeune, belle et en parfaite santé. Mais le traitement est soumis à une condition : elle doit renouer une semaine sur deux avec son corps d’origine... Dans une variation moderne du Portrait de Dorian Gray d’Oscar Wilde, le film va donc suivre successivement Elisabeth (incarnée par Demi Moore) et Sue (Margaret Qualley), son double juvénile qui reprend donc son poste à la télévision. À travers ce drame qui sombre progressivement dans l’horreur, Coralie Fargeat écorche avec brio le patriarcat, les dérives de la chirurgie esthétique et la vision de notre société sur le vieillissement des femmes. Avertissement néanmoins, la fin riche en hémoglobine (130 000 litres de faux sang utilisé dans la dernière scène !) et certains passages très graphiques peuvent heurter. Âmes sensibles... Hugo Guyon De Coralie Fargeat, avec Demi Moore, Margaret Qualley, Dennis Quaid... Sortie le 06.11
Comment les musulmans de France ont-ils vécu les attentats de 2015 et 2016 ? Qu’en est-il du racisme en France ? L’ État de droit est-il menacé ? Autant de questions brûlantes que soulève ce récit engagé. Où l’on suivra Yasser Louati, militant des droits de l’Homme et co-fondateur du comité Justice & Libertés. Y sont dénoncées les perquisitions abusives, et par là, les violences policières devenues récurrentes. Entre témoignages, archives et "petite musique médiatique" tournant en boucle depuis le siècle dernier, Joseph Paris et Yasser Louati fustigent la classe politique (gauche comprise). Ils pointent l’échec des gouvernements successifs sur le sujet de l’immigration, qui a contribué à alimenter l’islamophobie et le vote FN/RN, avec le résultat que l’on sait... Selina Aït Karroum
Documentaire de Joseph Paris. Sortie le 30.10
DIAMANT BRUT
Liane, 19 ans, rêve de célébrité et ne jure que par la télé-réalité. Obsédée par son apparence, elle poste à tout-va sur les réseaux sociaux, jusqu’à être remarquée par la directrice de casting de Miracle Island. Piège ou planche de salut ? Après s’être penchée sur les "cocottes", Agathe Reidinger défend un genre télévisuel tout en pointant ses travers (dépendance aux écrans, hyper-érotisation des femmes…). Malou Khebizi incarne à la perfection cette jeunesse pailletée en mal de reconnaissance, entre image préfabriquée et déconnexion avec son propre corps. Son personnage révèle une féminité mutante et dégage une incroyable force émancipatrice. Quelque part entre Ken Loach et Xavier Dolan, Agathe Reidinger réussit là une chronique sociale et féministe, sur fond de strass et de pole dance. Selina Aït Karroum D’Agathe Reidinger, avec Malou Khebizi, Idir Azougli, Andréa Bescond... Sortie le 20.11
À l’heure où le parc automobile mondial frôle le milliard et demi de véhicules, la voiture méritait bien sa biographie. Ou, plutôt, son "autofiction". Il faut dire qu’elle a beaucoup de choses à raconter. Présentée lors de la Biennale de design de Saint-Etienne en 2022, cette exposition se gare en Belgique. Réunissant visions de designers et d’artistes, celle-ci explore la relation d’attraction-répulsion vis-à-vis d’un objet toujours plus évolué, mais pas loin de déraper...
Elle en a parcouru du chemin depuis les premiers automates d’Alfred Chapuis ! Aujourd’hui, la voiture est un concentré de technologie, « semi-automatisé, voire autonome », selon Olivier Peyricot, le commissaire de cette exposition. Laquelle s’ouvre avec malice avec une photographie du bureau d’itinéraires Michelin, rien de moins que « l’ancêtre du GPS ». Au début du xxe siècle, André Michelin envoyait lui-même, par courrier, le parcours aux automobilistes
avides d’évasion. Dans le même esprit, la Renault 5 Diamant du Français Pierre Gonalons, avec sa peinture rosée et son volant en marbre, offre un superbe hommage à une citadine qui a démocratisé l’aventure.
Sous le soleil exactement. Toutefois, si elle fut longtemps un passeport vers la liberté, l’automobile est aujourd’hui synonyme de bien des maux, en premier lieu environnementaux. Ce clin d’œil à Christine de John Carpenter,
où une Plymouth amoureuse de son propriétaire massacre ceux qui essaient de les séparer, symbolise parfaitement l’ambivalence de l’objet... qui serait « médiocre », selon Olivier Peyricot. « On peut y monter à cinq mais on embarque souvent seul, il est donc rarement optimisé ». En France, 80% des déplacements individuels s’effectuent d’ailleurs à quatre roues, pour une efficacité relative : la vitesse moyenne d’un automobiliste est de 15 km/h en ville, soit celle d’un cycliste, comme nous le rappelle Folke Köbberling. Ce Berlinois a conçu à partir d’une vieille Saab deux vélos, dont la lourdeur les rend parfaitement inutilisables. L’artiste pointe ici
le gâchis de nos ressources pour toujours plus de mobilité, quitte à sacrifier la planète. Et le pétrole n’est pas le seul responsable. Une enquête du média Reporterre dénonce ainsi l’exploitation par des industriels européens du cobalt dans la mine de Bou-Azzer, au Maroc, qui empoisonne toute la région. La finalité ? Fabriquer des batteries pour les voitures électriques... Finalement, la solution viendra peut-être de Belgique, où des étudiants de l’université de Louvain ont mis au point une auto capable de parcourir 3 000 kilomètres (!) grâce l’énergie solaire. Elon, si tu nous lis... Julien Damien Hornu, 16.02.2025, CID, mar > dim : 10h-18h 10 > 2€ (gratuit -6 ans), cid-grand-hornu.be
Alain Séchas s’est révélé à la fin du siècle dernier avec ses personnages à tête de chat. Puis il y eut des martiens, des fantômes, des pieuvres… soit autant de figures burlesques sondant sous forme de dessins, mais aussi de sculptures ou de peintures les ressorts de notre humaine condition. Intitulée Je ne m’ennuie jamais…, cette rétrospective (la première dans un musée belge) rassemble quelque 200 œuvres d’un artiste pour qui l’humour est une affaire sérieuse.
Il semble surpris autant que nous de se trouver là, un gros revolver à la main et « prêt à faire une grosse bêtise ». Le face-à face avec cette sculpture est d’autant plus étonnant que notre personnage, habillé d’un pantalon baggy, est affublé d’une tête de chat... Voilà plus de 40 ans qu’Alain Séchas pose un regard amusé sur le monde en usant de ce motif félin, dont les grands yeux exorbités traduisent une perpétuelle sidération. Cet ancien professeur de dessin s’est révélé dans les années 1990 avec ses silhouettes humaines longilignes au faciès de minous, « plus facile à réaliser qu’un portrait humain », mais très expressif. Héroïne de saynètes humoristiques, cette faune humanoïde pointe avec tendresse
ou ironie les péripéties de notre pauvre espèce, dans une esthétique pop des plus charmantes.
« Chacune de mes créations est un petit piège visuel, il faut se laisser attraper ».
De l’art et du cochon
D’ailleurs, il n’y a pas que des chats dans son œuvre. Au fil de cette exposition, on tombe nez-à nez sur d’autres figures tout aussi cartoonesques, par exemple un martien visiblement heureux de manger un hamburger (« cette merde », précise le bonhomme vert) ou un "professeur suicide" à tête de ballon de baudruche. Au centre d’une installation, celui-ci enseigne à ses élèves, en vidéo, 40 façons de s’éclater la caboche avec une aiguille, dans un grinçant snuff movie. Faut-il en rire
ou en pleurer ? Sans doute un peu des deux, et c’est bien sur cette ligne de crête, entre burlesque et tragédie, qu’avance Alain Séchas, semant à travers son art autant de « questions laissées sans réponses, dit-il. Tout mon projet est une histoire d’élévation, et même de suspension ». À l’image de ce cochon volant dans la grande halle du BPS22. Baptisée Jurassik Pork III, la sculpture mécanisée lévite au rythme de ses battements d’ailes de chauve-souris, ses yeux-phares brillant comme des diamants. Cette bizarrerie porcine offre alors un peu d’allégresse à une humanité pas franchement assurée, elle, de retomber sur ses pattes... Julien Damien Charleroi, jusqu’au 05.01.2025, BPS22, mar > dim : 10h-18h, 6 > 3€ (gratuit -12 ans) bps22.be
Comment retranscrire la fragilité de ce monde, sa beauté éphémère et son âpreté, voire son absurdité ? Tour à tour éducateur spécialisé puis généalogiste, désormais plasticien, Adrien Sené, aka Adré, s’attache à décrire une certaine poésie de l’ordinaire, via la peinture et le dessin. Naviguant entre carnets de croquis, toiles et fresques, cet enchanteur du réel se dévoile lors de la troisième édition du Salon mouvallois des arts.
Happé par le hip-hop, Adrien Sené évolue dans le milieu du graff dès la fin des années 1990. « Ma plus grande formation artistique, confie-t-il. Ça m’a aidé à lâcher prise dans ma pratique picturale ». Parallèlement, cet autodidacte se passionne pour la street photography, qui lui apprend à composer une image. Vestige de son premier métier d’éducateur spécialisé ? « Il y a une sensibilité à l’autre, à la justice sociale, forcément, confirme l’intéressé. Je voyais la photo de
rue comme un témoignage de gens qui me touchaient ». Devenu par la suite généalogiste successoral, il se reconnecte à son art. « En 2017, je renoue avec une pratique de rue mais différente du graffiti. Je dessine des personnages réalistes sur papier, que je colle ensuite ». Dès lors, il opte pour le pseudo Adré, pont jeté entre sa culture urbaine et son vrai nom, le street art et la figuration. Après quelques expositions en milieu associatif, d’autres suivent, plus conséquentes.
Conforté dans sa démarche, il s’installe dans un atelier à Roubaix en 2020. Une nouvelle vie d’artiste à plein temps débute...
Effet de contraste. Dans le cadre du Salon mouvallois des arts (Smarts à Mouvaux), outre des dessins et des toiles, il présente trois grands formats à l’encre de Chine, conçus comme des pages de carnet taille XXL. Son trait fin côtoie aplats et motifs tranchés, fragmentant l’espace de la toile. Les tons pastel rivalisent avec une certaine noirceur, entre instants suspendus et accidents. Adré s’amuse de ces contrastes, et cite volontiers Françoise Pétrovitch, Claire Tabouret ou Alice Neel. Bien entouré, il partage d’ailleurs son
atelier avec d’autres artistes et tire une force de ce collectif. Quand il peint, il lui arrive d’écouter du jazz des pays d’Afrique (tiens, Adré, c’est aussi le nom d’une ville du Tchad...) mais ses inspirations principales demeurent la mythologie et l’histoire de l’art (de l’impressionnisme à l’abstraction). Le plasticien propose une peinture traversée par une dualité constante, résolument humaniste et généreuse. À son image, en somme.
Mouvaux, 07 >17.11
L’ Étoile - Scène de Mouvaux mar > ven : 14h-18h (ven : jusqu’à 21h) • sam & dim : 10h-12 & 14h-18h, gratuit etoile.mouvaux.fr
À visiter / adre.art ; c @adre_uno
À lire / L’interview sur lm-magazine.com
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Cela ne vous aura pas échappé, cette année marque le centenaire du surréalisme. Si les expositions de peinture fleurissent, la photographie n’est pas en reste dans l’histoire de ce mouvement. À Charleroi, cet accrochage réunit des maîtres du genre (Man Ray) comme des usagers occasionnels (Magritte), témoignant de pratiques aussi diverses qu’inventives.
Il y a le titre de l’exposition d’abord, aussi intriguant que son propos : Surréalisme, pour ainsi dire... Empruntée à Paul Nougé, la formule traduit « la difficulté de définir une photographie surréaliste », justifie Xavier Canonne. Cette prudence n’a pas empêché le directeur du musée de la photographie de s’en donner à cœur joie. Puisant dans les riches collections de l’institution belge, celui-ci a orchestré un parcours en 12 chapitres (le corps, les objets...) révélant un foisonnement d’approches et, surtout, une immense liberté.
Mots croisés. Au cours de cette déambulation, les techniques de brûlage ou de surimpression de Raoul Ubac (provoquant autant d’apparitions fantomatiques) répondent par exemple aux fulgurances de Marcel Mariën, qui croisaient
mots et images avec un plaisir contagieux. Pour preuve ce facétieux cliché, montrant une femme nue, vue de dos et sur lequel est inscrite une phrase : "Muette et aveugle, me voici habillée des pensées que tu me prêtes". Entre collages et photomontages, les figures marginales (Pierre Molinier et ses autoportraits travestis) côtoient des œuvres devenues iconiques. Ainsi de la fameuse Subversion des images. Réalisées par Paul Nougé à l’aide d’un petit Kodak à la fin des années 1920, ces 19 photographies dévoilent des buveurs trinquant sans verre, des poètes écrivant sans plume, les yeux fermés... Un monde étrange et un peu magique, pour ainsi dire.
Julien Damien
Charleroi, jusqu’au 26.01.2025
Musée de la photographie, mar > ven : 9h-17h sam & dim : 10h-18h, 8 > 4€ (gratuit -12 ans) museephoto.be
Rêver debout
CONVERSATIONS PARTICULIÈRES
C’est un dialogue entre passé et présent, rêve et réalité. Deux artistes diplômés du Fresnoy exposent leurs œuvres au milieu des collections du MUba. Le premier immortalise une culture fruitière ancestrale. Le second revisite allègrement l’histoire de l’art pour créer son propre langage. Visite guidée.
« Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches ». Oui, parfois on cite Verlaine pour attaquer nos articles. En l’occurrence, ce vers sied plutôt bien au travail de Gregor Božič. Cet artiste se passionne pour les variétés anciennes de fruits, de sa Slovénie natale à l’Italie. Ces espèces vernaculaires échappent à toute exploitation industrielle, et ne doivent leur survie qu’à des paysans soucieux de préserver ce patrimoine naturel. Ici un vieil amandier sicilien, là d’antédiluviens vergers en terrasses de mandarines... Ses photographies se nimbent parfois d’un flou délicat, traduisant la fragilité d’une flore en voie d’extinction. Elles jouxtent ici des paysages signés Théodore Rousseau ou Camille Corot, initiant une réflexion sensible sur la notion de paysage. Au MUba toujours, un autre artiste issu de Fresnoy lance lui aussi un pont entre les époques. Puisant dans les grands thèmes de la peinture, Léonard Martin déconstruit le corps pour mieux explorer la représentation du mouvement. Mises en regard de dessins au fusain de Leroy ou Dodeigne, ses toiles ou sculptures mécaniques (tel ce carrousel, qui nous immerge littéralement dans son œuvre) initient alors une balade ludique dans l’histoire de l’art. J.D.
Exposition conçue par le Musée de l’Homme, un site du Muséum national d’Histoire naturelle, adaptée pour le Forum des Sciences EXPOSITION 05 OCTOBRE 2024 31 AOÛT 2025
YUIMA NAKAZATO
À l’heure où la mode demeure l’une des industries les plus polluantes au monde, Yuima Nakazato fait rimer "couture" et "futur". Diplômé de l’Académie royale des beaux-arts d’Anvers, ce styliste japonais tisse savoir-faire traditionnel et haute-technologie pour confectionner des vêtements à la fois éblouissants et respectueux de l’environnement. Découpées au laser ou conçues à partir de fibres végétales, ses pièces hybrides suivent l’évolution des corps, dessinant un avenir sur mesure. Calais, jusqu’au 05.01.2025, Cité de la dentelle et de la mode tlj sauf mar : 10h-17h, 7/4€ (gratuit -5 ans), cite-dentelle.fr
EXILS. REGARDS D’ARTISTES
Après nous avoir conduits dans les mondes souterrains, le LouvreLens explore la notion d’exil à travers l’histoire de l’art. De l’odyssée d’Ulysse aux nombreux drames des réfugiés du xxie siècle, en passant par les peintures de Chagall, survivant des persécutions antisémites, cette exposition met en perspective création et migration grâce à plus de 200 œuvres. Où il sera question de départ, de déracinement, mais aussi d’accueil, de rencontres, de partage et d’émotion...
Le 5 août 1983, le père de Jean-Michel André fut abattu avec six autres personnes dans un hôtel d’Avignon, dans des circonstances qui restent obscures. Âgé de sept ans et présent au moment des faits, le photographe n’a plus de souvenirs de ce carnage, comme si le traumatisme avait affecté sa mémoire. Il tente aujourd’hui de reconstituer ce drame à travers une exposition et un livre. Une quête de vérité et de résilience, en images et en mots, où l’intime côtoie l’universel.
Lille, jusqu’au 02.02.2025 Musée de l’hospice comtesse, lun : 14h-18h mer > dim : 10h-18h, 6/4€ (gratuit -12 ans) institut-photo.com
ESPRIT CRITIQUE : DÉTROMPEZ-VOUS !
À l’heure des réseaux dits "sociaux" et du complotisme, comment séparer le bon grain de l’ivraie ? Faire le tri entre fake news et information vérifiée ? C’est tout l’objet de cette exposition interactive. Évoluant dans un parcours recréant une ville, équipé d’un bracelet connecté, le visiteur est confronté dans divers lieux (la pharmacie, la supérette...) à des informations plus ou moins crédibles. À lui de déjouer les mécanismes de la manipulation... et se détromper !
Liège, jusqu’au 05.01.2025, Musée de la vie wallonne, mar > dim : 9h30-18h, 7 > 4€ (gratuit -3 ans)
LE SURRÉALISME :
BOULEVERSER LE RÉEL
Tout a-t-il déjà été dit sur le surréalisme ? Loin de là. Cette exposition focalise ainsi sur « son rapport à la société » et sa façon de s’emparer des objets du quotidien, pour mieux le faire dérailler. Foisonnant de peintures, d’écrits ou de photos, ce parcours nourri de pièces essentiellement belges (dont le chapeau de Magritte !) démontre par exemple comment, dans les années 1920 et 1930, ces artistes subvertissent la publicité ou les affiches électorales...
Mons, jusqu’au 16.02.2025, CAP / Musée des beaux-arts mar > dim : 10h-18h, 9/6€ (gratuit -12 ans), musees-expos.mons.be
EUGÈNE DODEIGNE
D’Eugène Dodeigne, on connaît bien sûr les sculptures monumentales en pierre bleue de Soignies. Ses œuvres demeurent familières dans les Hauts-de-France, jalonnant les espaces publics, parcs et écoles, de Lille à Landrecies, en passant par Marcq-en-Barœul.
Mais ce Français né en Belgique avait plus d’une corde à son arc. À Roubaix, on découvre aussi son appétence pour le bois, ses bronzes, et puis ses dessins au fusain, ses peintures et même ses photographies.
Roubaix, jusqu’au 12.01.2025
La Piscine, mar > jeu : 11h-18h • ven : 11h-20h sam & dim : 13h-18h, 11/9€ (gratuit -18 ans) roubaix-lapiscine.com
PANORAMA 26
L’Homme crée la machine... qui le réinvente à son tour. Telle est la condition de notre espèce. De la révolution industrielle jusqu’à l’avènement de l’IA, notre réalité est façonnée par la technologie. L’exposition annuelle des étudiants du Fresnoy interroge cette fusion entre réel et numérique, passé et futur, pour mieux raconter le présent. Au fil d’une cinquantaine d’œuvres, on découvre par exemple un feu de camp virtuel, sous un ciel constellé de satellites...
Tourcoing, jusqu’au 05.01.2025, Le Fresnoy mer > dim : 14h-19h, 4/3€ (gratuit -18 ans) lefresnoy.net
BOUDDHA. L’EXPÉRIENCE DU SENSIBLE
Dodu ou effilé, les yeux ouverts ou clos, en bronze, bois laqué, ivoire... Le Musée royal de Mariemont dévoile les innombrables représentations d’un sage parmi les sages : Bouddha ! Cette exposition rassemble des pièces datant du xive siècle à nos jours, et restées dans l’ombre durant près de 85 ans. Issues de toutes l’Asie, depuis l’Inde jusqu’au Japon, en passant par la Chine ou la Thaïlande, ces statuettes ou peintures invitent à la contemplation comme à la méditation.
Morlanwelz, jusqu’au 20.04.2025, Musée royal de Mariemont, mar > dim : 10h-17h, 8 > 3€ (grat.-18 ans)
Ouvert sur le monde et proche de nous, divers et unique, défricheur mais grand public : ainsi avance le Next Festival depuis 2008. Monté par cinq théâtres situés de part et d'autre de la frontière franco-belge, ce rendez-vous phare du spectacle vivant dans le nord de l'Europe convie une nouvelle fois la crème de la création contemporaine.
Du théâtre, de la danse, des performances... et surtout de l'émotion, servie sur de grands ou petits plateaux. Cette 17e édition du Next Festival ne déroge pas aux principes qui ont bâti son succès. Aucun thème n'est imposé, mais des fils rouges se dessinent, « comme autant de reflets des préoccupations des artistes », observe Audrey Ardiet, la directrice de la Rose des Vents, l'une des structures organisatrices. À commencer, bien sûr, par la crise écologique. En témoigne le spectacle d'ouverture : Wasted Land, de Ntando Cele. Dans cette satire post-apocalyptique, la Sud-Africaine détricote les mécanismes de la fast-fashion, où l'Occident surconsomme tandis que les pays du Sud croulent sous les déchets. Le tout en chanson, et avec pas mal d'humour noir.
Scène ouverte. Au fil d'une programmation équilibrée entre noms immenses (Guy Cassiers, Boris Charmatz...) et artistes émergents, on aborde aussi le droit des femmes (ne ratez pas She was a Friend of Someone Else sur l'interdiction de l'IVG en Pologne) et, plus largement, « l'acceptation de l'autre, dans toute sa différence ». C'est par exemple l'Argentine Lola Arias, qui raconte le parcours de détenues cis et transgenres. Dans le décor d'une prison, quelque part entre le documentaire et la comédie musicale, ces femmes réécrivent leur vie, envisageant la scène comme un espace de transformation où tout devient possibleune belle définition du théâtre, n'est-ce pas ? Julien Damien
Sélection / 06 & 07.11 : Ntando Cele - Wasted Land // 06, 07 & 18.11 : Guy Cassiers & Jean-René Lemoine - Face à la mère // 09 & 10.11 : Pina Bausch & Boris Charmatz - Nelken // 12.11 : Chiara Bersani - Gentle Unicorn // 13, 14 & 20.11 : Halory Goerger, Cosmic Neman & Bravo Zoulou - Jack 14 & 15.11 : Lola Arias - Los días afuera // 21 > 23.11 : Gosia Wdowik - She was a Friend of Someone Else // 28 & 29.11 : Stefan Kaegi & Rimini Protokoll - Ceci n'est pas une ambassade 29 & 30.11 : Malicho Vaca Valenzuela - Reminiscencia, Vasilis Vilaras – Earthquake
LA PREUVE PAR
GENTLE UNICORN
(Chiara Bersani)
Souffrant d'ostéogenèse imparfaite, Chiara Bersani ne mesure que 98 cm. Cela n'empêche pas cette chorégraphe et danseuse d'avoir un immense talent. Dans ce solo, l'Italienne s'approprie la figure mythologique de la licorne (et son corps subversif) pour mieux revendiquer la place de la différence dans la société. En un mot ? Fantastique.
Harelbeke, 12.11, CC Het Spoor, 20h, 10 > 6€
EARTHQUAKE
(Vasilis Vilaras)
Attention, ça va secouer ! Dans cette pièce, Vasilis Vilaras fait honneur à une notion chère à sa Grèce natale : la catharsis. Empruntant aux codes du cabaret comme à la cérémonie de remise de prix, des personnes immigrées, queers ou obèses se succèdent sur scène pour chanter les insultes qu'elles ont essuyées. Une performance, littéralement, hors norme.
Roubaix, 29 & 30.11, La Condition publique ven : 20h30 • sam : 20h, 21 > 6€
CECI N'EST PAS UNE AMBASSADE
(MADE IN TAIWAN) (Rimini Protokoll)
Le saviez-vous ? Il n'y a pas d'ambassade de Taïwan en France. Pas grave : Rimini Protokoll en crée une sur scène ! Une musicienne, un ancien diplomate et un activiste numérique nous racontent la réalité de ce petit état insulaire menacé par la Chine (et non reconnu par l'ONU), le temps d'un spectacle situé entre le thriller politique et l'utopie.
Valenciennes, 28 & 29.11, Le Phénix, jeu : 20h30 • ven : 21h, 21 > 6€
Une plongée dans l’imaginaire et l’inconscient, avec les incroyables danseur·euses de la Shechter Company. Pour découvrir les paysages de nos rêves.
Un théâtre de la jubilation. (Le Figaro)
Les Sœurs Hilton
POÉSIE MONSTRE
Après avoir revisité Le Voyage de Gulliver, 20 000 lieues sous les mers ou La Mouche, les multi-moliérisés Valérie Lesort et Christian Hecq plongent dans l'univers des ''freak shows''. Il s'agit cette fois de conter l'histoire vraie de deux sœurs siamoises, passées de la misère à la célébrité. Une ode à la différence, magique et truculente.
Deux comédiennes attachées l'une à l'autre, maîtrisant l'art de danser et de s'épanouir ensemble. Voilà l'une des prouesses visuelles qu'offre Les Sœurs Hilton, dernier-né (déformé) du couple franco-belge composé de Valérie Lesort et Christian Hecq. Connu pour ses adaptations ébouriffantes, à la fois grand public et exigeantes, le duo met cette fois son artisanat délicat au service d'une histoire vraie, celle de deux sœurs siamoises liées par le bas de la colonne vertébrale. Daisy et Violet Hilton ont marqué l'époque des ''freak shows'', ces spectacles de ''monstres humains'' plébiscités au début du siècle dernier. Dans un décor de piste de cirque où l'illusion peut surgir d'un simple fond noir, les deux metteurs en scène mêlent leur jeu astucieux à ceux du magicien Yann Frisch et de la comédienne Céline Milliat Baumgartner pour déployer tout un cabaret de curiosité. Homme-tronc, pétomane et cruelle sage-femme escortent le destin de ces sœurs abandonnées à la naissance, devenues phénomènes de foire puis stars à Broadway, avant de mourir démunies. Une démonstration d'inventivité, drôle et poétique, pour se rabibocher avec l'esprit de corps et la tolérance. Arnaud Stoerkler
Namur, 06 > 08.11, Théâtre royal, 20h, 28 > 7€, tccnamur.be // Dunkerque, 27 > 29.11, Le Bateau Feu, mer & jeu : 19h • ven : 20h, 16€ (jeu & ven : complet !), lebateaufeu.com
Samedi 16 novembre 11h & 16h - Lille, Nouveau Siècle
Dvořák Symphonie n°9, « Du Nouveau Monde »
Joshua Weilerstein Direction Sébastien Amblard Récitant Orchestre National de Lille
Lorène Russo
Le Banquet des merveilles
Face à un monde rongé chaque jour un peu plus par l’horreur, comment renouer avec notre humanité ? En se laissant happer par la puissance de la danse et de la musique, suggère Sylvain Groud. Dans sa nouvelle pièce, le directeur du Ballet du Nord fait surgir la lumière de la noirceur. Sur un plateau d’abord plongé dans les ténèbres et le chaos, danseurs et musiciens ravivent notre capacité d’émerveillement. Surplombés d'un voile évoquant de sombres nuages, avant de se muer en ciel radieux, ils inventent un monde plus accueillant. Et nous invitent à prendre part à un banquet peuplé de nouvelles couleurs et de rythmes enivrants. A.C.
Roubaix, 13 &14.11, Le Colisée, 20h, 28 > 15€, coliseeroubaix.com
Shibuya Crossing, carrefour mythique de Tokyo, voit 2,4 millions de personnes se croiser chaque jour sans jamais se toucher. Lionel Bègue s'inspire de ce ballet millimétré pour créer une pièce où l'individuel et le collectif s'entrechoquent. Sept interprètes s'évitent d'abord avec soin, avant de se regarder, de chercher le contact... C'est l'humanité qui surgit alors, révélant notre besoin de rencontre et ces liens invisibles qui nous unissent. A.C.
Maubeuge, 05.11, Atelier Renaissance, 20h, 10€
Dunkerque, 07 & 08.11, Le Bateau Feu, jeu : 19h • ven : 20h, 10€, lebateaufeu.com // Armentières, 09.11, Le Vivat, 20h, 21 > 2€ // Amiens, 26.11, Maison de la culture, 19h30, 20 > 5€
C'est l'histoire d'un pari : celui de monter le premier festival de danse entièrement dédié au jeune public, en France. Au départ, ils n'étaient pas beaucoup à y croire, mais ceux-là ont eu bien raison. À l'heure de la 20e édition, Forever Young (anciennement Les Petits pas) s'est imposé comme un rendez-vous phare du spectacle vivant, à Roubaix et désormais bien au-delà.
Derrière cet intitulé renvoyant à un tube d'Alphaville de 1984 (qui ne nous rajeunit pas !), se cache un festival pointu et rassembleur, familial et défricheur. Ainsi, sur 20 spectacles proposés cette année, sept sont des créations. Et la programmation est du genre éclectique, entre illusions et métamorphoses phosphorescentes (Qui est là ? de Mylène Benoît) ou chorégraphie imprégnée de "self-défense" (Toujours de 3/4 face ! de Loraine Dambermont).
Pas de côté. Outre cette diversité, il faut aussi saluer un certain esprit d'ouverture. Forever Young s'invite dans les crèches, s'adresse aux enfants, aux ados, mais pas seulement. « Le jeune public, ce sont aussi les adultes qui assisteraient pour la première fois à une pièce de danse », souligne Laurent Meheust, le directeur du Gymnase de Roubaix, à l'origine de cet événement. Car ici on ne laisse personne sur le bord de la piste. Comment ? « En proposant une autre expérience du spectacle, à travers des formats participatifs par exemple », ajoute Célia Bernard, la programmatrice. Jusqu'à nous inviter à... un loto dansé ! Surtout, il s'agit de bousculer les a priori, à l'image de Silvia Gribaudi, qui torpille les canons de beauté en mettant en scène des corps arrondis, mais qui ne manquent pas de piquant. « Finalement, c'est ça l'esprit du festival : offrir d'autres visions du monde ». Sans doute le secret de la jeunesse éternelle. Julien Damien Roubaix & Hauts-de-France, 12.11 > 07.12, Le Gymnase & divers lieux, 1 spectacle : 21€ > gratuit gymnase-cdcn.com
Sélection / 12.11 : Danse tout terrain // 13 > 18.11 : Amala Dianor - Coquilles // 14.11 : Sylvain Riéjou - Je badine avec l'amour // 16 & 23.11 : Amélie Poirier - Magnééétique - Face A // 20.11 : Loraine Dambermont - Toujours de 3/4 face ! // 22.11 : Silvia Gribaudi - Graces // 23.11 : S. Gribaudi - A Corpo Libero // 28 & 29.11 : Betty Tchomanga - Histoire(s) Décoloniale(s) #Portraits croisés 01 > 03.12 : Mylène Benoît - Qui est là ? // 03 > 06.12 : Liam Liarge & Kim Marro - La Boule 05 & 06.12 : S. Gribaudi - R.OSA // 07.12 : Arthur Perole - Forever Loto
LA PREUVE PAR
JE BADINE AVEC
L'AMOUR (Sylvain Riéjou)
Les jeux de la séduction seraient-ils normés dans l'histoire de la danse ? C'est la question posée par Sylvain Riéjou. Dans ce quatuor pour hommes et femmes, le chorégraphe s'empare des stéréotypes de genre véhiculés par des ballets classiques ou des films cultes (tel Dirty Dancing ) pour mieux réinventer le duo amoureux. Et il ne badine pas avec l'humour !
Armentières, 14.11, Le Vivat, 14h30 & 20h 21 > 2€
R.OSA (Silvia Gribaudi)
Elle assume ses rondeurs avec un naturel désarçonnant. Dans ce one-woman-show, la Napolitaine Claudia Marsicano envoie valser le cliché de la danseuse filiforme. À travers dix tableaux virtuoses, aussi drôles que généreux, empruntant aux toiles de Botero comme aux cours de fitness de Jane Fonda, elle se joue du regard porté sur le corps avec grâce.
Roubaix, 05 & 06.12, Théâtre de l'oiseaumouche, jeu : 19h • ven : 14h30 & 20h, 6€
MAGNÉÉÉTIQUE - FACE A (Amélie Poirier)
Après nous avoir scotchés avec Scoooootch !, Amélie Poirier remet au goût du jour un objet antédiluvien : la cassette audio. Ici, deux danseuses-chanteuses jouent avec les mots mais finissent par s'emmêler dans les bandes magnétiques. Pour retrouver l'accord parfait, elles devront jouer avec les options "lecture", "pause" ou "avance rapide" !
Depuis plus de 40 ans, Anne Teresa De Keersmaeker laisse des traces indélébiles dans l’esprit des spectateurs. Elle doit son succès à des chorégraphies d’une redoutable élégance, où la musique constitue le support. Présentées à Charleroi Danse, ses deux dernières pièces en sont une nouvelle (et éclatante) démonstration.
Pour Exit Above - after the tempest, la Flamande a fait appel aux guitaristes Jean-Marie Aerts, Carlos Garbin et à la chanteuse Meskerem Mees. Sur scène, ils déploient une trame musicale entre blues, rap et techno. Dans un dialogue entre musique et corps, dix interprètes déploient une chorégraphie ciselée, où se mêlent marches et danses revendicatives. Filant la métaphore du pas, De Keersmaeker relie les époques et les rythmes en y injectant des accents house et figures de breakdance. Ce parcours prend évidemment une dimension politique, en écho à la portée contestataire du blues, aux marches pour les droits civiques mais aussi au péril écologique. Ce dernier sujet est encore plus manifeste dans la pièce Il Cimento dell’Armonia e dell’Inventione. La chorégraphe et son ancien étudiant de P.A.R.T.S., Radouan Mriziga, s’emparent des Quatre saisons de Vivaldi pour livrer une ode à la nature et à sa contemplation. Au travers des tableaux, quatre danseurs nous invitent à une traversée du vivant saisissante, donnant un nouveau sens à l'œuvre du génie italien, tout en soulignant l’urgence de la crise climatique. Pascal Cebulski
EXIT ABOVE : Charleroi, 16.11, Palais des beaux-arts, 20h, 20/10€, charleroi-danse.be IL CIMENTO DELL'ARMONIA E DELL'INVENTIONE : Charleroi, 19 & 20.11, Les Écuries, 20h, 20 > 5€
NEXT FESTIVAL
30.11.
06 –
THÉÂTRE DANSE PERFORMANCE FESTIVAL INTERNATIONAL ET TRANSFRONTALIER une organisation de avec le soutien de
Ma bimbosophie
TOUT N'EST PAS SI ROSE
Avec ce premier solo, Daphné Huynh s’expose et déroule avec aplomb sa philosophie badass de trentenaire, entre stand-up et pole dance. Un one-(wonder)woman-show acidulé et tonique, où la comédienne belge d’origine vietnamienne envoie plein de cœurs aux bimbos de la Terre entière.
Actrice, modèle, chroniqueuse, danseuse, scénariste... Daphné Huynh est une hyperactive à l’humour corrosif. Son compte Instagram, "itsdaphnebitchhh", cumule près de 25 000 followers. Son plaisir coupable ? Prendre beaucoup de selfies. Mais elle a beau se tirer le portrait un peu trop souvent, elle n’épargne pas sa propre image. Trop sexy pour être féministe ? Non, on peut défiler contre les féminicides et poser nue (ce qui lui a valu d’être bloquée par les réseaux…). Mêlant narcissisme et autodérision, Ma bimbosophie aborde le rapport au corps, à la séduction ou à la sexualité, via une féminité exacerbée et décomplexée. « C’est complètement féministe de jouer ainsi de ces sujets, tant qu’on est à l’aise avec sa tête et son corps », insiste-t-elle, assumant une part de superficialité. Et de citer Pamela Anderson, Anna Nicole Smith ou La Revanche d’une blonde et Mean Girls (Lolita malgré moi). La Belge en est convaincue, « il y a une bimbo en chacun de nous et ce spectacle permet de l’accepter ! ». Lucide, elle sait que son physique excuse l'humour graveleux, qu’elle décrit comme « mi-beauf, mi-intello ». En tout cas, sur scène, elle prend un malin plaisir à dézinguer la misogynie la plus crasse... à grands coups de twerk et de pole dance ! Selina Aït Karroum
La Louvière, 07.11, Salle Jean Louvet, 20h, complet !, cestcentral.be // Charleroi, 21.11, Eden, 20h, 15 > 10€, eden-charleroi.be // Bruxelles, 18.12 > 18.01.2025, Théâtre de la toison d'or, mer : 19h30 • jeu, ven & sam : 20h30, 27 > 8,50€, ttotheatre.com
Qui sommes-nous ? Que peut l'art face à la sauvagerie du monde ? Telles sont les questions soulevées par la compagnie Baro d'evel. Mêlant burlesque, cirque, musique, chant, danse et mille inventions plastiques, la troupe franco-catalane met en scène une humanité en déséquilibre perpétuel. Casqués de pots de terre (pas totalement cuite), douze personnages tout de noir vêtus s'effondrent sans cesse sur un sol boueux mais, portés par l'énergie du désespoir, se relèvent toujours. Jusqu'à quand ?
Douai, 13 > 15.11, Hippodrome mer & ven : 19h30 • jeu : 20h30, complet !
Passé maître dans l'art délicat de l'illusion (souvenez-vous : Les Limbes, Le Bruit des loups), Étienne Saglio se métamorphose. Coiffé d'un masque en carton, le magicien révèle des pouvoirs surnaturels. Au gré de tableaux spectaculaires, il rapetisse, grandit, devient un oiseau... Jouant avec les échelles et les perspectives, croisant théâtre d’ombres, danse et marionnettes, cet artiste multifacettes repousse toujours les limites du réel.
Douai, 27 & 28.11, Hippodrome mer : 19h30 • jeu : 20h30
Mons, 17 > 20.12, Théâtre le Manège, mar, jeu & ven : 20h • mer : 18h, 20 > 6€, surmars.be Valenciennes, 01 > 03.04.2025, Le Phénix, 20h 26 > 5€, lephenix.fr
C'est désormais un rituel bien ancré : à chaque fin d'année, on fonce vers Arras et Douai pour un immanquable tour de piste. Initié par le Tandem, ce festival révèle toute la vitalité du cirque contemporain. Entre illusion, fusion des corps ou remake de remix, on a repéré cinq numéros (très) spéciaux... Julien Damien
Ce spectacle est le remake de Circus Remix... Vous suivez ? En tout cas, nul doute que vous vous laisserez embarquer dans cette création, qui voit cette fois deux artistes (Niń Khelifa et Theresa Kuhn) se partager le rôle de femme-orchestre que tenait Maroussia Diaz Verbèke. Une histoire de passation donc, et surtout un show kaléidoscopique, où les interprètes revisitent tous les codes du cirque, entre clowneries, marche au plafond et (très haute) voltige !
Douai, 04 > 06.12, Hippodrome mer & ven : 19h30 • jeu : 20h30
Bruxelles, 11 & 12.12, Halles de Schaerbeek mer : 15h • jeu : 20h30, 16 > 8€, halles.be Lille, 10.01.2025, Le Prato, 20h, 15 > 5€, leprato.fr
LA BOULE & CUIR
Deux spectacles pour le prix d'un, et 50 nuances de cirque ! Dans La Boule, Liam Lelarge et Kim Marro forment, non pas un duo, mais une seule entité à deux têtes et quatre jambes. De fusion, il est aussi question dans Cuir, où deux hommes attachés l’un à l’autre avec des harnais (Arno Ferrera et Gilles Polet) s’engagent dans un étonnant corps-à-corps. Décuplée par la complémentarité, cette nouvelle force leur permet des acrobaties d’une légèreté inédite.
Arras, 10 & 11.12, Théâtre mar : 19h30 • mer : 20h30
La Boule : Lille, 06 & 07.12, Le Prato ven : 14h30 & 20h • sam : 20h, 15 > 5€, leprato.fr
Bruxelles, 13 & 14.12, Halles de Schaerbeek ven : 19h • sam : 18h, 12 > 8€, halles.be
L'action se déroule dans un vieil immeuble du quartier de Times Square, place forte des théâtres de la "grosse pomme". Matt Donovan, ancien grand comédien, a perdu tout intérêt pour son métier, noyant son spleen dans le whisky. Un jour, une apprentie-actrice frappe à sa porte pour lui demander de l'aide. Elle a besoin de conseils pour décrocher un rôle dans Roméo et Juliette. Notre grincheux va peu à peu reprendre goût à son art et à la vie...
Bruxelles, jusqu'au 24.11, Théâtre royal des galeries mar > sam : 20h15 • dim : 15h, 28 > 15€, trg.be
TOGETHER
(Dennis Kelly / Arnaud Anckaert)
En pleine crise sanitaire, un couple se retrouve confiné, comme tant d'autres. Problème, et de taille : il est au bord de la rupture. Seul son enfant maintient cette union fragile. À mesure que la pandémie se propage, les conjoints vont "tout mettre à plat", jusqu'à leurs convictions les plus intimes, lors d'une confrontation mêlant tendresse, humour et cruauté... Dans un espace bi-frontal, les comédiens prennent le public à témoin, et égratignent les règles morales.
Arras, 05 & 06.11, Théâtre, complet ! // Douai, 08.11, Hippodrome, complet ! // Quiéry-laMotte, 16.11, Salle Jacques Brel, 20h, 6€
MERVEILLE
(Jeanne Dandoy)
Dans un appartement plongé dans la pénombre, une femme s'attèle aux tâches ménagères, et s'occupe de son enfant. Elle a le regard inquiet. Dans la pièce adjacente résonne l'exaspération de son compagnon, qu'on ne verra pas mais dont on perçoit la brutalité. On comprend alors que cette jeune mère cherche à fuir ce foyer devenu un enfer... Mêlant théâtre et chorégraphie, thriller et poésie, cette pièce traite des violences conjugales, avec peu de mots mais une immense sensibilité.
Mons, 06 & 07.11, Théâtre le Manège mer : 20h30 • jeu : 13h30, 18 > 3€, surmars.be
JE SUIS LA MAMAN DU BOURREAU
(David Lelait-Helo / Clémentine Célarié)
Gabrielle de Miremont a toujours vu son fils cadet comme "un ange". Devenu prêtre, le père Pierre-Marie était sa plus grande fierté. Jusqu'à son suicide... et que la presse révèle une affaire de pédophilie dans sa paroisse. Seule sur un plateau épuré, Clémentine Célarié incarne la maman du bourreau, perdu entre un amour inconditionnel, le déni et la monstrueuse vérité. Interprète et metteuse en scène de cette pièce adaptée du roman de David Lelait-Helo, elle livre une performance époustouflante. Douai, 04.11, Théâtre municipal, 20h30, 46 > 8€ // Roubaix, 21.11, Le Colisée, 20h, 39 > 15€
C'est une rencontre bouleversante, comme seul le théâtre peut en produire. En l'occurrence, celle de deux adolescents que tout semble séparer. Déa vit dans le nord de la France et s'est liée d'amitié avec Enis, un mineur isolé qui a effectué un long périple pour arriver dans l'Hexagone. Mais sa demande d'asile a été refusée... Chacun raconte son histoire, ses peurs ou ses rêves. Déa va alors prendre conscience de l'inhumanité de cette situation, et regarder le monde autrement - et nous avec.
Lille, 07 & 08.11, Le Grand Bleu, jeu : 14h30 & 19h • ven : 14h30, 13 > 5€
Amiens, 13 & 14.11, Le Safran, mer : 10h & 16h • jeu : 10h, 8 > 4,50€
TENIR DEBOUT
(Suzanne de Baecque)
Suzanne de Baecque raconte son expérience de candidate à l’élection de Miss Poitou-Charentes, en 2020. Accompagnée sur scène par une seconde interprète (India de Almeida), elle donne vie et voix aux jeunes femmes qu'elle a rencontrées lors de ce concours, exposant leurs motivations et leur parcours. Quelque part entre le théâtre documentaire et la comédie sociale, l'ancienne élève de l'École du Nord observe l’émancipation féminine avec subtilité, loin des clichés et des clivages.
Béthune, 06 > 08.11, La Comédie (salle Jean Genet), mer & ven : 20h • jeu : 18h30, 10 > 6€
CARRÉ DE JE
(Kirn Compagnie)
Un carré déposé sur le sol, deux interprètes et une immense virtuosité... soit le cirque dans toute sa simplicité et son efficacité. Dans un espace délimité (et de plus en plus réduit), deux acrobates livrent un ballet millimétré, les voyant tantôt s'opposer ou s'accorder. Entre jeux d'équilibre, portés ou main-à-main, Lucas et Théo Enriquez offrent une allégorie visuelle des notions de complicité et de dualité, soit un véritable hymne à la fraternité.
Vieux-Condé, 09.11, Le Boulon, 20h, 6€ leboulon.fr
DANSE MACABRE : LES MATIÈRES
SOMBRES (Clément Thirion / Kosmocompany)
La Kosmocompany dissèque notre fascination pour la mort, la destruction et ce qu’elle révèle de nous. Des films catastrophe aux faits divers, des attentats aux tueries de masse, cette danse macabre multiplie les tableaux pour sonder cet attrait morbide, mais propre à l’humanité. Seul sur scène, Clément Thirion convoque vidéos ou rapports d’enquête pour reconstituer des événements tragiques. Jouant avec les échelles, il entretient un sentiment ambigu, mêle dans un seul geste l’horreur et la beauté. Mons, 12 > 14.11, Théâtre le Manège, 20h, 18 > 3€, surmars.be
Drag-queen à l'humour irrésistible, Chantaaaal est tombée amoureuse. Et pas de n'importe qui : du pape François ! Ni une ni deux, la voilà en route pour le Vatican pour déclarer sa flamme au saint homme. Elle lui a préparé une demande en mariage en s'inspirant de la Bible (qu'elle n'a pas lue) et sous forme de comédie musicale ! À la fois touchant, drôle et iconoclaste, Jordan Deschamps réussit dans ce seul-en-scène un sacré miracle : relier l’église catholique et la communauté LGBT.
DR VERSAILLES
Houdeng-Goegnies, 15 > 18.11, Salle Jean Louvet, 20h (dim : 18h), ven : complet ! 15/10€, cestcentral.be // Charleroi, 21.01.2025, Eden, 20h, 15/10€
LES HISTRIONIQUES
(Sofia Betz / Cie dérivation)
Quitte à contredire une célèbre rengaine publicitaire : c'est bien Versailles ici ! D'ailleurs, une petite fête entre grands de ce monde se prépare au château. Pour l'occasion, des musiciens baroques ont été convoqués... mais relégués sur le parking, pour mieux laisser les invités entre eux. Leur musique sera retransmise grâce à des micros durant la soirée... qui prend un tour inattendu quand les serveuses sortent les armes. Depuis l'extérieur, nos musiciens assisteront (comme nous) à une drôle de révolution.
La Louvière, 21 & 22.11, Le Théâtre, 20h, 19 > 8€ // Nivelles, 27.11, C. culturel, 20h, 22 > 10€
(Collectif #MeTooThéâtre / Cie La Fugitive)
En octobre 2021, à Paris, cinq femmes créaient le collectif #MeTooThéâtre, après des révélations de violences sexuelles dans le spectacle vivant. Ces autrices ou comédiennes donnent une nouvelle dimension à leur lutte en la portant sur scène. Elles décortiquent ici, non sans humour, les mécanismes de la domination masculine à l'œuvre dans les coulisses. Inspiré d'événements bien réels, le spectacle ridiculise agresseurs et complices de ces faits, pour mieux détruire leur emprise. Armentières, 22.11, Le Vivat, 20h, 21 > 2€ levivat.net
LIEUX COMMUNS (Baptiste Amann)
La fille d'une personnalité politique d'extrême-droite est retrouvée morte. Un jeune homme noir, qui avait passé la nuit avec elle, est condamné. Est-il vraiment coupable ? Ce thriller théâtral comprend quatre parties. Chacune se déroule dans un "arrière-décor" (les coulisses d'un théâtre, le sous-sol d'un commissariat...) et semble déconnectée des autres. Mais le puzzle finira par s'assembler... Baptiste Amann interroge la représentation de la vérité à travers une pièce à suspense.
Béthune, 27 > 29.11, La Comédie (Salle Maria Casarès), mer & ven : 20h • jeu : 18h30, 10 > 6€