UNE SAISON AUTOUR DE L’EXIL
ET DE LA CRÉATION
Samedi 19 octobre à 11h, 14h30 et 16h30
Théâtre participatif
KiLLT : LES RÈGLES
DU JEU
Texte de Yann Verburgh. Mise en scène d’Olivier Letellier.
Scénographie textuelle de Malte Martin
Tréteaux de France, CDN
Mercredi 30 octobre
Jeudi 17 octobre à 19h
Théâtre ISTIQLAL
De Tamara Al Saadi –Compagnie La Base
Jeudi 24 octobre à 20h
Musique LADANIVA
Un grand concert inédit de ce duo franco-arménien, à la Scène du Louvre-Lens.
Conférences, lectures, ateliers, cinéma
RENCONTRES LITTÉRAIRES AUTOUR DE L’EXIL
La programmation complète de spectacles, conférences et événements est à retrouver sur louvrelens.fr
– 08
SOCIÉTÉ
– 10
THE POISON GARDEN
Beautés fatales
PHILIPPE BOXHO
Autopsie d’un succès
CIMETIÈRE DU DIEWEG
Mortelle randonnée
PORTFOLIO
– 26
YASMIN GROSS
Supernature
RENCONTRE
JOSHUA WEILERSTEIN – 60
Accord transatlantique
ALCIDE DESSINE – 66
Décalez, c’est gagné !
PALOMA – 106
Toutes les femmes de sa vie
DAVID CASTELLO-LOPES – 120
Pour de vrai
MUSIQUE
– 36
Juniore, Lescop, Jeanne Added, Ministère A.M.E.R, John Maus, Fat Dog, De La Soul, Elysian Fields, The Stranglers, Tindersticks, Crowded House, Lauryn Hill & The Fugees, Tourcoing Jazz Festival, Nelick, Nick Cave, The Last Dinner Party, Khruangbin, Dream Nation, Joshua Weilerstein
DISQUES
– 64
Caribou, Ezra Collective, Sophie, Mustang, La Femme
LIVRES
– 70
Dessins sous Alcide, L’Intranquille monsieur Pessoa, John Wayne : la classe américaine, Le Tumulte et l’oubli, Lune froide sur Babylon, Conversations avec Sergio Leone
ÉCRANS
– 74
Maya, donne-moi un titre, All We Imagine as Light, Super Seniors, La Sirène à barbe, Libres, Niki
EXPOSITION –
82
Cindy Sherman, Vivantes !, Exils. Regards d’artistes, Eugène Dodeigne, Panorama 26, Surréalisme, pour ainsi dire..., Le Surréalisme : bouleverser le réel, Agenda
THÉÂTRE & DANSE –
106
Paloma, Qui Som ?, Sāmara, Danse macabre : les matières sombres, Tragédie, Bienvenue au Grand bleu !, En attendant le grand soir, David Castello-Lopes, Malik Bentalha, Amine Radi, Marie s’inflitre, Franjo, Agenda
Résolution de la rentrée,
je découvre les musées !
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MAGAZINE
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Tanghe Printing (Comines)
Diffusion C*RED (France / Belgique) ; BHS.media (Bruxelles / Hainaut)
Ont collaboré à ce numéro : Selina Aït Karroum, Thibaut Allemand, Rémi Boiteux, Mathieu Dauchy, Yasmin Gross, Hugo Guyon, Grégory Marouzé, Raphaël Nieuwjaer, Olivia Volpi et plus si affinités.
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PLAYLIST LM
La bande son de la rédaction
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Ne pas jeter sur la voie publique.
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The Poison Garden BEAUTÉS FATALES
Hallucinogènes dévastateurs, toxines foudroyantes, brûlures atroces... Si le monde végétal ne manque pas de charme, il nous réserve parfois quelques déconvenues. Situé en Angleterre, à une poignée de kilomètres de Newcastle, au bord de la mer du Nord, le Poison Garden abrite une centaine d’espèces de plantes parmi les plus dangereuses au monde – dont certaines poussent dans nos jardins. Bordant le château d’Alnwick, cette jolie collection de fleurs s’avère des plus enivrantes, mais mieux vaut ne pas les sentir ou les approcher de trop près...
Il faut d’abord franchir un portail noir affublé de deux têtes de mort. Derrière cette sinistre entrée se dévoile alors le plus mortel des jardins. Pour cause, le Poison Garden regroupe une centaine de plantes toxiques, hallucinogènes et même létales... Cet étrange lieu a vu le jour en 2005 à l’initiative de la duchesse de Northumberland.
« Une flore susceptible de tuer »
Propriétaire d’un mirifique château (surnommé "le Versailles du
Nord") la noble dame a souhaité donner à son jardin un petit côté "piquant" en y cultivant des espèces vénéneuses. Elle s’est notamment inspirée de la "tradition" de la maison Médicis, où une certaine Catherine usait de poisons naturels pour se débarrasser des gêneurs et s’emparer du pouvoir. Charles III aurait-il du souci à se faire ? En tout cas, « la duchesse savait que les visiteurs seraient intrigués par une flore susceptible de tuer », assure Fiona Mitcheson, chargée de la communication du site. Et pas besoin de parcourir le monde pour la dénicher.
« La majorité de ces végétaux se trouve à l’état sauvage dans la campagne britannique et européenne, poursuit madame Mitcheson. Les plus dangereuses sont ici conservées dans une cage ou une armoire fermée à clé ».
« Des végétaux qu’on trouve souvent dans nos campagnes »
Parmi ces beautés fatales, on trouve par exemple l’Atropa belladonna , plus connue sous le nom de Belladone. L’ingestion de quelques-unes de ses baies suffit à entraîner la mort.
Attention donc, car celle-ci pousse allégrement dans nos clairières... Certaines plantes sont plus exotiques : « elles ont besoin de chaleur et se développent sous verre, comme la Gympie Gympie, une ortie qui vient d’Australie ». S’y frotter, « c’est comme se faire incendier et électrocuter en même temps... On la surnomme d’ailleurs "plante du suicide", tant la douleur est intense, et ce supplice peut durer des mois ! ».
Quelques gouttes suffisent...
Au cours de la visite, de grandes stars se révèlent, telles que la
Ciguë ou le Ricinus communis, à l’origine de la production de la ricine. Celle-ci est considérée par le Guinness Book comme le poison végétal le plus toxique du monde, et fut longtemps le préféré du KGB. Les fans de la série Breaking Bad auront aussi reconnu là le péché mignon d’un certain Walter White, qui en usait pour occire ses rivaux.
Des visites sans pépins
Aussi dangereuses soient-elles, ces plantes jouissent d’un indéniable pouvoir d’attraction. Pour cause, plus de 80 000 visiteurs se pressent tous les ans pour les admirer. Avant chaque excursion, les guides rappellent qu’il est évidemment interdit de toucher,
▲ Aquilegia alpina ou Ancolie des Alpes, aussi belle que toxique.
▲ Cynoglossum officinale ou Langue des chiens. Elle peut soigner les hémorroïdes !
sentir ou goûter quoi que ce soit. Dès lors, cette balade s’avère sans danger.
« Chaque année, une centaine de touristes s’évanouissent »
« Mais, chaque année, une centaine de touristes s’évanouissent quand même. Ils mesurent le nombre de fois où ils ont déjà croisé ces végétaux en liberté. En imaginant leur danger potentiel, ils finissent par tourner de l’œil… ». Alors, mieux vaut ouvrir le bon !
À visiter / alnwickgarden.com
À lire / La version longue de cet article sur lm-magazine
Philippe Boxho AUTOPSIE D’UN SUCCÈS
Quand la réalité dépasse la fiction. Depuis deux ans, le docteur Philippe Boxho raconte dans ses livres des histoires de meurtres ou de suicides qui n’ont pas grand-chose à envier aux séries américaines. Ce médecin légiste liégeois et professeur en criminologie est même devenu un véritable phénomène de librairie, écoulant ses deux premiers ouvrages à plus de 400 000 exemplaires... et ce n’est pas fini ! Le troisième tome de ses macabres récits, sorti fin août, va être traduit dans une trentaine de langues. Quel est son secret ? Pourquoi la mort nous fascine-t-elle à ce point ? En quoi son travail consiste-t-il exactement ? On a autopsié tout ça avec l’intéressé.
Pourquoi avoir choisi ce métier ?
Par hasard. J’ai hésité entre la médecine et le droit, ça s’est joué à pile ou face. J’ai d’abord été généraliste, mais ça ne m’excitait pas trop. Je me suis donc dirigé vers la médecine légale, car je préfère faire parler les morts qu’écouter les vivants se plaindre !
À quel moment fait-on appel à vous ?
Lorsqu’on a affaire à une mort violente, c’est-à-dire suite à l’intervention d’un tiers, au sens large. Je détermine s’il s’agit bien d’un meurtre ou d’un suicide. Le but est d’identifier la cause du décès et, si possible, le moment. Tout cela peut déclencher une enquête judiciaire...
Votre intervention semble donc indispensable...
Oui, mais la médecine légale est très mal utilisée en Belgique. On fait trop peu appel à nous, sauf quand on est sûr qu’il s’agit d’un meurtre. Or, il faudrait nous envoyer sur place lorsque rien ne paraît louche pour vérifier ! Chez nous, on n’autopsie que 1 à 2 % des défunts par an, contre 10 à 12 % en moyenne dans les autres pays européens. D’après une étude de l’Université libre de Bruxelles, plus de 70 meurtres passeraient inaperçus chaque année ! Tout ça pour des raisons budgétaires...
Parmi toutes ces affaires, quelles seraient les plus marquantes ?
Il y en a beaucoup, mais je raconte toujours cette histoire folle à mes étudiants. C’est une dame qui a tué son mari. Le couple était en cours de séparation, il l’emmerdait... Au bout d’un moment, on se rend compte que la voiture du bonhomme n’a pas bougé depuis longtemps et que son téléphone n’est plus utilisé. Elle a finalement avoué le meurtre à la police.
« Je préfère faire parler les morts qu’écouter les vivants »
Le problème, c’est que personne n’y a cru. Pour cause, elle a déclaré l’avoir découpé à la hache dans sa cuisine, avant de tout planquer dans le congélateur du garage ! Tous les soirs, quand les enfants étaient au lit et les voisins devant la télé, elle brûlait les morceaux dans son insert. C’était tellement énorme que les psychiatres ont assuré qu’elle fabulait. Affaire classée. Mais en attendant... où était le mari ?
Comment avez-vous démêlé le vrai du faux ?
La juge d’instruction a proposé une reconstitution. J’ai posé des questions très précises à la suspecte, notamment sur la calcination des os, auxquelles personne
n’aurait pu répondre sans l’avoir vue. Et elle avait tout bon, c’était bien elle. Elle était même contente qu’on confirme ses dires : "Ah, vous voyez" !
« Les séries américaines racontent n’importe quoi »
Y a-t-il des constantes dans les motivations de ces crimes ?
Oui, le cul et les écus, c’est ce qui fait tourner le monde ! Qui plus qu’un mari a intérêt à tuer sa femme, et inversement ? C’est d’ailleurs plus souvent des féminicides...
Quel est votre objectif avec vos livres ?
Avant tout faire connaître mon job, car les séries américaines racontent n’importe quoi. J’essaie d’expliquer comment fonctionne réellement la médecine légale, à travers des anecdotes peu banales, comme celle du type qui se suicide en se tirant dessus 14 fois.
« Profitez bien de la vie avant de finir dans mes livres »
D’ailleurs, il détient toujours le record mondial ! Au départ, on espérait vendre 5 000 exemplaires. Aujourd’hui on en est à 250 000, rien que pour le premier tome !
Et puis j’espère que le gouvernement belge va enfin entendre nos doléances sur la médecine légale.
La mort est un sujet délicat, pourtant vous faites aussi preuve d’humour dans vos récits. Pourquoi ?
C’est ma nature ! Mais je ne rigole jamais du défunt, seulement des façons de mourir, qui peuvent parfois être amusantes.
Plus personnellement, quel est votre rapport à la mort ?
C’est une nécessité absolue, il faut laisser notre place. Sinon, il n’y a pas d’évolution, ni sociétale, ni génétique. De toute façon, on ne peut pas y échapper. C’est notre devenir à tous, elle fait partie de la vie, alors ça ne sert à rien d’en avoir peur. De mon côté, je préfère cette maxime : « Rions de la mort avant qu’elle ne nous sourie ». Et surtout, profitez bien de la vie avant de finir dans mes livres !
À lire / La Mort en face, Philippe Boxho (Kennes Éditions), 216p., 19,90€, kenneseditions. com (du même auteur : Les morts ont la parole, Entretien avec un cadavre)
À lire / La version longue de cette interview sur lm-magazine.com
Cimetière du Dieweg MORTELLE
C’est une balade hors du temps, entremêlant histoire, nature luxuriante et patrimoine d’exception. Créé en 1866 à la suite d’une épidémie de choléra, le cimetière du Dieweg est désaffecté depuis 1958. Voilà donc près de 70 ans que la nature reprend tranquillement ses droits sur ces tombes et allées aux allures de jardin anglais. S’il est connu pour abriter une importante partie juive, ce lieu situé dans la commune d’Uccle (sud-ouest de Bruxelles) offre surtout l’une des promenades les plus insolites de Belgique.
Des ferronneries rouillées, des allées recouvertes de feuilles, des stèles dévorées par le temps et la végétation... Parcourir le cimetière du Dieweg, c’est plonger dans une atmosphère (très) particulière. Les épithètes en "ique" affluent : gothique, poétique, mélancolique, postapocalyptique... « et même un peu romantique », ajoute Éric de Crayencour, membre du Cercle d’Histoire d’Uccle, qui loue la sérénité des lieux. « C’est un endroit très calme, une enclave dans le
bruit et la circulation de plus en plus prégnante à Bruxelles. Beaucoup viennent pour méditer ou observer la nature ».
Le décor est planté. Au sein de ce site classé depuis 1997, qui « contente à la fois les historiens et les écologistes », de nombreux oiseaux, insectes et même quelques renards prolifèrent au centre d’une flore débordante (on y compte plus de 200 espèces de plantes) et d’un patrimoine funéraire d’exception.
Statues, colonnes, arches ou chapelles se dressent entre les branchages et le lierre dans des styles néogothiques, néoclassiques, art nouveau... « Certains reliefs évoquent la Grèce antique », observe notre guide, qui déniche régulièrement de « petites merveilles » architecturales. Ces belles pierres reflètent à bien des égards le faste de la bourgeoisie de l’époque. Parmi les près de 40 000 âmes reposant sous ces trois hectares de surface, on compte ainsi de nombreuses personnalités politiques ou artistiques, qui pour certaines ont fait l’histoire du plat pays.
RIP, Hergé. Il y a par exemple le majestueux mausolée de la famille Allard, qui frappa durant trois générations la monnaie de Belgique. Citons aussi (entre
autres !) la sépulture du baron
Pierre de Crawhez, « créateur de la première course automobile sur circuit, en 1902 », ou encore celles du grand architecte JeanPierre Cluysenaar, de la féministe belge et pédagogue Isabelle Gatti de Gamond... Au milieu de ce gratin, on trouve également la tombe d’une certain Georges Rémi aka... Hergé ! Eh oui, c’est bien ici que fut inhumé, en 1983, le père de Tintin, qui résidait à Uccle et bénéficia d’une dérogation spéciale pour y reposer. Si sa dernière demeure est assez modeste, son pouvoir d’attraction reste immense. « C’est le lieu le plus visité, beaucoup ne viennent que pour lui avant de repartir aussitôt ». Quitte à rater, peut-être, tout ce qui fait l’âme du cimetière...
Cimetière du Dieweg Uccle – 95 Dieweg, cimetieredieweg.be
Yasmin Gross
Dites-le avec des fleurs... mais aussi des papillons, des méduses et toute une collection de plantes et d’animaux ! Née à Francfort, désormais installée à Paris, Yasmin Gross n’aime rien tant que marier humanité et nature, laquelle n’est jamais avare de couleurs et de formes improbables. On remarque au passage que ses sujets, souvent féminins, ont parfois les yeux clos ou masqués (quand ils n’arborent pas un troisième œil). Serait-ce pour traduire une forme d’introspection, voire d’harmonie avec l’environnement ? « C’est un choix inconscient, je pense, l’identité du modèle demeure ainsi plus ambiguë, confie l’intéressée. Plus largement, je souhaite exprimer l’idée d’une fusion dans mes images ». Pour parvenir à ce résultat, cette artiste multidisciplinaire n’hésite pas à utiliser tous les outils à disposition.
« Mes projets sont généralement un mélange de photographie, de design et d’intelligence artificielle ». Cette dernière lui permet d’ailleurs de « repousser les limites de la création. Aujourd’hui, il n’a jamais été aussi facile de combiner des idées ». Encore faut-il savoir dompter cette technologie, qui lui offre une certaine liberté. « Grâce à l’IA, je peux sélectionner mon casting, être à la fois styliste, photographe et directrice artistique ». Sans oublier le choix des accessoires et des tenues, reflétant un goût certain pour l’habillement : ici une robe à col claudine façon Jain, là un pull-marinière rehaussé de fourrure, des boucles d’oreilles en forme d’astres... « Après avoir vécu à Paris pendant plus de 10 ans, on finit par vivre et respirer la mode d’une manière ou d’une autre ».
Naturellement !
Julien Damien
À visiter / yasmingross.com, c @x.machina.flora, c @yasmingross
À lire / L’interview de Yasmin Gross sur lm-magazine.com
Florence Black + Bad Situation
+ Seeds of Mary
mer. 09 oct. | The Black Lab - Wasquehal
David Castello-Lopes jeu. 10 oct. |
Le Kursaal - Dunkerque mer. 18 déc. | Théâtre de Béthune - Béthune Clio
ven. 11 oct. |
Angie & Lazuli
ven. 11 oct. |
Les Frangines
ven. 11 oct. |
Médine
La Bulle Café - Lille
Le Slalom - Lille
Le Splendid - Lille DER. PLACES
Tournée acoustique
ven. 11 oct. |
Théâtre Sébastopol - Lille DER. PLACES
Kabaka Pyramid
dim. 13 oct. | The Black Lab - Wasquehal Paloma
mer. 15 oct. |
Casino - Arras mer. 30 oct. | Théâtre Sébastopol - Lille
Myrath
mer. 16 oct. | The Black Lab - Wasquehal
Luther
mer. 16 oct. |
Zinée
mer. 16 oct. |
Nikola
jeu. 17 oct. |
MPL
DER. PLACES
L‘Aéronef- Lille
La Bulle Café - Lille
La Bulle Café - Lille
sam. 19 oct. | La Condition Publique - Roubaix
MC SOLAAR
dim. 20 oct. | La Cdt° Publique - Roubaix COMPLET
Youssef Swatt‘s
mar. 22 oct. | La Bulle Café - Lille COMPLET
Stony
Stone
mer. 23 oct. | La Bulle Café - Lille
Barbara Pravi
mer. 23 oct. | Théâtre Sébastopol - Lille Norsacce
jeu. 24 oct. | Le Splendid - Lille Jwles
jeu. 24 oct. | Le Splendid - Lille
Luidji
jeu. 24 oct. | Le Zénith - Lille
Hatik
jeu. 24 oct. rap | Le Slalom - Lille ven. 25 oct. full band| La Cdt° Publique - Roubaix
Nelick
ven. 25 oct | Le Splendid - Lille Fredz
ven. 25 oct | Le Slalom - Lille 8ruki
ven. 25 oct | Le Flow - Lille Osirus jack
sam. 26 oct | La Cdt° Publique - Roubaix
Kerchak
dim. 27 oct | Le Splendid - Lille DER. PLACES
Zequin + Baby Neelou
mer. 30 oct. | La Bulle Café - Lille
Alien mer. 30 oct. |
RÉSA:
agauchedelalune.tickandyou.com et dans les points de vente officiels habituels graphisme : marceau truffaut - hypothèse-studio.com
B.B Jacques
jeu. 31 oct |
La Bulle Café - Lille
La Cdt° Publique - Roubaix
Juniore
EX-FAN DES SIXTIES
Apparu voici dix ans autour d’un tandem fondateur (Samy Osta à la basse, Anna Jean au chant), un temps septuor avant de se stabiliser à trois membres, Juniore creuse un sillon à la fois personnel et éminemment référencé, où l’on croiserait les ombres de Broadcast et Françoise Hardy, Joe Meek et Brigitte Bardot, Lee Hazlewood et Jacqueline Taïeb. Le tout avec une modestie sincère, dessinant des ambiances plus mates que moites. Comme s’il s’agissait de ne pas déranger, de simplement jouer avec quelques éléments facilement distinctifs, fortement ancrés dans des sixties fantasmées. De fait, ce groupe possède un charme suranné, une élégance qui fait mouche à chaque fois. Alors, évidemment, ceux qui étaient tombés en pâmoison devant La Fin du monde, son meilleur single paru en 2014, ne seront pas plus surpris par ses récentes livraisons. Mais après tout, c’est le cas d’énormément d’artistes. AC/DC, Ramones, Motörhead ou, plus près de nous, Oasis, n’ont jamais été loués pour leur capacité à se réinventer. Au contraire : on aurait tendance à aimer leurs chansons pour ces atmosphères immédiatement familières, rassurantes. Et toujours séduisantes. Thibaut Allemand Lille, 05.10, L’Aéronef, 20h, 8/5€, aeronef.fr (+ The Mystery Lights)
Lescop
Après un détour peu convaincant au sein de Serpent, Mathieu Peudupin est revenu en février dernier avec un troisième album qui reprenait les choses là où Écho (2016) les avait laissées. Soit une pop mâtinée de cold wave, fille de Daho et cousine de Yan Wagner. Sur scène, le chanteur qui, comme Jean-Jacques Burnel des Stranglers, est un karatéka accompli, ondule sa silhouette longiligne sur des rythmes syncopés et des mélodies bien troussées. Jadis futur espoir, le voici devenu éternel revenant, et ça lui va plutôt bien au teint – blafard, forcément. N’empêche : La Forêt, La Nuit américaine ou Los Angeles conservent le même éclat sombre. T.A.
Oignies, 05.10, Le Métaphone, 20h, 23 > 18€, 9-9bis.com
Autrice d’un surprenant troisième LP où le gris anthracite laissait place à des lumières douces et diffuses (l’indispensable By Your Side, 2022) Jeanne Added se lance dans une tournée en compagnie du piano de Bruno Ruder et des voix de Naël Kaced et Laëtitia N’dyaye. Ce quartette revisite le vaste répertoire de la Rémoise (trois albums, d’innombrables collaborations) et promet de vrais moments de grâce. T.A.
Valenciennes, 05.10, Le Phénix, 20h, 36 > 6€
Roubaix, 19.11, Le Colisée, 20h, 43 > 15€
Mons, 11.12, Théâtre Le Manège, 20h, 30 > 10€
Ministère A.M.E.R
RETOUR AUX AFFAIRES
Une institution ? Évidemment. Formé à Sarcelles à l’aube des années 1990, Ministère A.M.E.R, l’un des groupes emblématiques du rap français, s’offre un retour trente ans après un dernier méfait qui secoua durablement le paysage hip-hop hexagonal. Et dont les répliques se font encore sentir.
Cette tournée prend prétexte du trentième anniversaire du second (et ultime album) du collectif : 95 200, ainsi nommé en clin d’œil à leur ville (Sarcelles) et au soap qui cartonnait à l’époque (Beverly Hills 90210). Un petit brûlot paru en 1994 – l’année précédant l’âge d’or du genre, donc. Comme un signe que ces trois-là (Passi, flow posé, Stomy Bugsy, gouaille rigolarde et DJ Ghetch) étaient arrivés un poil trop tôt pour récolter les fruits de leur art. En effet, drôle de place que celle de Ministère A.M.E.R dans la longue et riche histoire du rap français. Moins souvent cité que les pionniers NTM ou IAM, il demeure un groupe fondamental pour un certain pan du hip-hop d’ici : le rap de rue.
Mis à l’amende. Aux côtés d’Expression Direkt ou Timide et sans complexe, et un peu avant Lunatic, le Ministère fut le porte-voix d’un flow dru et cru, héritier de Public Enemy et de NWA. Plus vite que les balles, c’est ni plus ni moins 100 Miles and Runnin’ de la bande à Dr. Dre. On ne reviendra pas sur Brigitte, pochade anti-flics qui leur valut une tentative d’interdiction par Charles Pasqua (note aux plus jeunes, le Darmanin de l’époque) pour mieux évoquer Un été à la cité : pas une ride dans cette chronique saisissant une banlieue aride, sèche et suintant l’ennui. Passi et Stomy Bugsy prirent ensuite des chemins plus lucratifs, chacun de leur côté. C’est moins intéressant, mais il restera toujours deux albums qui témoignent d’un moment charnière du rap français. Thibaut Allemand
Bruxelles, 09.10, La Madeleine, 20h, 39€, la-madeleine.be Tourcoing, 10.10, Le Grand Mix, 20h, 24 > 16€, legrandmix.com
John Maus
Il serait vain de décrire John Maus en quelques mots, et tout aussi hasardeux de résumer son œuvre. Essayons tout de même. Depuis une petite vingtaine d’années, ce quadragénaire américain, féru de dark wave héritée des années 1980, de musique médiévale (Guillaume de Machaut, entre autres) et de french theory (Deleuze, Foucault, Derrida) mêle ces marottes au sein d’albums plus accessibles qu’ils ne s’en donnent l’air, mais plus complexes que la moyenne du tout-venant pop. Au fait, ce zouave était au Capitole avec son pote Ariel Pink, le 6 janvier 2021… Véritable prise de position ou happening facile ? On ne le saura sans doute jamais.T.A.
Bruxelles, 07.10, Botanique, 19h30, complet !, botanique.be
Fat Dog
Moins gros clébards que chiens perdus sans collier, ces Londoniens s’ébrouent depuis quelques années du côté du Windmill, fameux pub de Brixton qui vit éclore une scène défricheuse (Fat White Family, au hasard). Ici, on mélange tous les styles (punk-rock, techno, voire… musique klezmer) dans un bazar évoquant Fat Truckers ou Klaxons. Ça sonne un peu "niche" ? Pourtant, leur enthousiasme pourrait tout renverser –et pas seulement des jeux de quilles. T.A.
Tourcoing, 06.10, Le Grand Mix, 18h, 14 > 6€
Bruxelles, 10.10, Botanique, 19h30, 21 > 15€
Quoi de neuf ?
Texte : Thibaut Allemand
DE LA SOUL ELYSIAN FIELDS
« Three is the magic number », assure leur tube, mais depuis le décès de David Jolicœur l’an passé, De la Soul est un duo. Et si son dernier album remonte à 2016, le tandem arpente toujours les scènes, histoire de faire passer un message aussi vieux que le hip-hop : « Peace, love, unity, and having fun ». Ça vous semble un peu ringard ? Et pourtant, 3 Feet
High and Rising (1989), dont cette tournée fête le 35e anniversaire, n’a pas vieilli : ces samples de pop, soul, jazz, et psychédélisme sonnent toujours aussi frais.
Anvers, 05.10, De Roma, 20h, complet ! deroma.be
Entre Elysian Fields et la francophonie, c’est une longue histoire : ce nom renvoie à une avenue parisienne assez connue, nous a-t-on dit. Jennifer Charles a collaboré avec le regretté Jean-Louis Murat. Ce dernier présenta aux deux Américains quelques amis, dont Olivier Perez, alias Garciaphone, batteur auvergnat présent au générique de What The Thunder
Said, un 14 e album mêlant rock ténébreux, folk sépulcral et jazz enfumé. Ou comment, contre vents et marées, mener sa barque avec grandeur et dignité.
Beauvais, 08.10, Les Vedetttes, 21h, 10€
Lesquin, 10.10, Centre culturel, 20h, 12/8€
Bruxelles, 13.10, Botanique, 19h30 22,50 >16,50€, botanique.be
Si vous pensez qu’un musicien a tout dit dans son premier album, passez votre chemin. Ici, on s’intéresse aux artisans qui, dix mille fois, remettent l’ouvrage sur le métier. Au programme ? Un soupçon de positive attitude, pas mal de spleen, des survivants en veux-tu en voilà et des superstars insupportables, aussi.
THE STRANGLERS TINDERSTICKS
On ignore si les anneaux olympiques resteront accrochés à la Tour Eiffel. Mais on se souvient que le crispant Philippe "Salut les kids" Manœuvre, lui, y fut attaché (à moitié nu dit la légende) un beau jour de 1979. Et ce, grâce aux Stranglers, qui poussèrent assez loin les limites du "pourquoi pas ?". Aujourd’hui, le groupe (ou ce qu’il en reste, Jean-Jacques Burnel est l’ultime membre historique) célèbre son demi-siècle. Saluons la légende… pour la dernière fois ?
Lille, 08.10, L’Aéronef, 20h, 30/23€, aeronef.fr
Louvain, 20.10, Het Depot, 20h, complet ! hetdepot.be
Trente ans que Stuart A. Staples promène son falsetto mélancolique et préside à la destinée chancelante des Tindersticks, chantres d’un spleen élégant et subtilement orchestré, d’albums épars en BO finement ciselées –pour Claire Denis, notamment. Leurs concerts imposent toujours cet étrange recueillement. Alors, la messe est dite ? Non. Soft Tissue, dernier album paru en septembre, recèle encore de bien jolies surprises… comme autant de préludes à celles qui nous attendent sur scène.
Bruxelles, 17.10, Cirque royal, 20h, complet ! cirque-royal-bruxelles.be
Anvers, 10.03.2025, Salle Reine Elisabeth 19h, 36,50€
CROWDED HOUSE
Pourvoyeurs d’une pop soignée au mitan des années 1980, ces Australiens jetèrent l’éponge une dizaine d’années plus tard. Le songwriter et chanteur Neil Finn se lança en solo puis rejoignit des p’tits jeunots nommés… Fleetwood Mac. Après une première reformation éphémère, Crowded House arpente les scènes depuis 2021, avec deux nouveaux albums en poche. À noter que les deux fils de Finn accompagnent le trio fondateur ! Avec un nom pareil ("maison remplie"), ce groupe devait se transformer en affaire de famille.
Bruxelles, 19.10, Cirque royal, complet ! cirque-royal-bruxelles.be
MS. LAURYN HILL & THE FUGEES
À la fin des années 1990, les Fugees étaient les rois, ou presque. Après une énorme réussite "strictly" hip-hop, The Score (1996), ils marquèrent l’époque grâce à des singles géniaux et des reprises de Marley ou Roberta Flack à faire oublier les originaux. Puis Lauryn Hill prit son envol (et le melon). À tel point que cette reformation cale les Fugees en simple backing band. Et sur scène ? Ah, franchement, c’est pas mal… si "Mademoiselle" Hill prend la peine de se pointer, évidemment.
Anvers, 23.10, Sportpaleis, 18h30, 270 > 75€ sportpaleis.be
Tourcoing Jazz Festival
L’ESSENCE DU RYTHME
Des éclats pop de Michael Kiwanuka aux explorations de Tyler, the Creator (entre autres !) le jazz est partout dans la musique d’aujourd’hui. Les jazzmen et jazzwomen restent pourtant plus confidentiels. À Tourcoing, ce festival offre justement de découvrir des artistes rares, jonglant avec les esthétiques et conjuguant le passé au futur.
Si l’improvisation demeure une composante essentielle du jazz, elle n’a pas sa place dans cette programmation. Ici, l’affiche est soigneusement élaborée, dans un savant équilibre entre maestros de la note bleue (José James) et pas de côté maîtrisés (le blues-rock abrasif de Delgres). « L’ADN du festival, c’est la diversité », confirme Yann Subts, le directeur, soucieux « de désacraliser cette musique, parfois jugée élitiste mais par essence populaire », et surtout de la présenter « sous toutes ses formes ». Elle n’en manque pas, tant « ce genre s’est toujours nourri de son époque tout en l’influençant à son tour ». Le trompettiste anglais Matthew Halsall offre un bon aperçu de ce dialogue, croisant références pointues et electro, les élans spirituels d’un Pharoah Sanders et les plages downtempo de Bonobo.
Musique bio. Dans un tout autre style, mais avec cette même volonté de marier tradition et modernité, Sona Jobarteh en impose aussi. Héritière d’une lignée de griots, l’Anglo-Gambienne reste l’une des rares femmes à jouer de la kora, avec une grâce sans équivalent. Tandis que Seun Kuti ne cesse de réinventer l’afrobeat, étrennant au Grand Mix un album produit par Lenny Kravitz (!), Faada Freddy clôt le festival entre gospel, R’n’B et... sans aucun instrument. Son dernier projet, Golden Cages, est en effet interprété uniquement avec la voix et les percussions corporelles - lors d’ un concert 100 % naturel ! J.Damien Tourcoing, 12 > 19.10, Magic Mirrors, Théâtre municipal Raymond Devos, Grand Mix, maison Folie Hospice d’Havré, 1 concert : 38€ > gratuit, tourcoing-jazz-festival.com
Sélection / 12.10 : Matthew Halsall, Avishai Cohen, José James... // 13.10 : André Manoukian 4tet & Dafné Kritharas... // 14.10 : Nana Rashid, Arthur Teboul & Baptiste Trotignon... 15.10 : Ayo, Delgres, Lizz Wright... // 16.10 : Gregory Privat, Sona Jobarteh, Lehmanns Brothers... 17.10 : Ghost-Note, Jam Session... // 18.10 : Seun Kuti & Egypt 80, Antonio Lizana 5tet 19.10 : Nesrine, Faada Freddy, Papatef...
LA PREUVE PAR
ARTHUR TEBOUL & BAPTISTE TROTIGNON
« La rencontre entre un grand interprète et l’un des meilleurs pianistes européens ! Ils célèbrent la chanson française en s’emparant d’un vaste répertoire : de Gainsbourg à Brassens, en passant par Barbara ou Brigitte Fontaine, avec une bonne dose d’improvisation. C’est justement ce qu’on attend d’un festival de jazz : l’imprévu ! »
3
— par Yann Subts
« C’est la première fois qu’on la reçoit, et on est ravis ! Lizz Wright, c’est tout simplement une immense chanteuse américaine, l’une des plus belles voix du jazz contemporain. Elle avait un peu délaissé les scènes européennes ces dix dernières années, et revient avec un nouvel album magnifique, Shadow. Il ne faut pas la rater ! »
« Ce fabuleux saxophoniste espagnol propose un jazz flamenco d’une énergie incroyable, conciliant des esthétiques a priori éloignées. Il distille une musique très ouverte, portée par des rythmes andalous qui donnent envie de faire la fête. Une danseuse de flamenco l’accompagne d’ailleurs sur scène. Je suis impatient d’y assister ! »
LE GRAND MIX
DE
04/10 Godspeed You! Black Emperor + Tashi Dorji
COMPLET
06/10 Fat Dog + ELLiS·D
08/10 Table ronde "Sisters Of Sound" à la Malterie (Lille)
09/10 Afterwork : Şatellites
10/10 Ministère A.M.E.R + Lynx
11/10 Deadletter + guest
12/10 Tourcoing Jazz Festival : José James
14/10 Anna Erhard
16/10 Emilíana Torrini + Jaakko Eino Kalevi
18/10 Tourcoing Jazz Festival : Seun Kuti & Egypt 80 + DJ Caroll
23/10 Fink + Finnegan Tui
24/10 Afterwork : Monster Florence
25/10 English Teacher + guest
26/10 Hervé + Adahy
29/10 King Buzzo & Trevor Dunn + guest
31/10 Porridge Radio + guest
Mercredi 30 & jeudi 31 octobre 20h - Lille, Nouveau Siècle
Ciné-concert
Le Dictateur
Film de Charlie Chaplin
Timothy Brock Direction Orchestre National de Lille
De 10 € (– de 16 ans) à 39 € Infos et réservations onlille.com / 03 20 12 82 40
Nelick
À CONTRE-COURANT
Un peu de douceur dans ce monde de brutes. Aux démonstrations de force un peu vaines de la plupart de ses contemporains, Nelick oppose un egotrip teinté de romantisme et d’autodérision, jusqu’à sabrer sa street credibility. « La mamie du côté de ma maman, elle m’appelle ma puce, la street cred je m’en bats les yecous je sais je viens d’où », assène-t-il par exemple dans Qui veut la peau de Kiwibunny ? – son surnom. Révélé en 2016 avec Lord Esperanza au sein du groupe Pala$$, le natif de Champigny-sur-Marne s’est depuis fait un nom, et a largement ouvert son spectre musical. Héraut de l’indie rap à la française, il convie volontiers pop, funk et electro. Ce syncrétisme lui valut d’ailleurs une invitation au Montreux Jazz Festival. Désormais épaulé par Renaud Letang (réalisateur des albums de Manu Chao, Feist, Gonzales, Alain Souchon...), Nelick développe des morceaux acidulés, enfantins et emplis d’humour (en témoignent des titres comme patoketchup ou Jeune lapin). Cette inventivité ne l’empêche pas de développer des sujets plus profonds, et une certaine mélancolie. Notamment lorsqu’il évoque la perte de son père dans Je pleure quand ma mère pleure. Cette sincérité inonde son premier album, Mon Cœur bat, et devrait déborder sur scène. Arthur Chapotat Bruxelles, 24.10, Le Botanique, 19h30, 23,50 > 17,50€, botanique.be Lille, 25.10, Le Splendid, 20h, 26€, agauchedelalune.com
ROUBAIX LA CONDITION PUBLIQUE Festival de découvertes musicales
5 —
7 NOV. 2024
9 e édition
0 DEGRÉ − ABRAN − BIÊM − CHAHU − CHAMPIONNE − CHATON LAVEUR − DON KAPOT
DO not DO − FRIEDA − GARANCE MIDI − IRNINI MONS − JOSY BASAR − KONGA LYNX − MOMA elle − NOCHKA − NÛR − OLKAN & LA VIPÈRE ROUGE QUANTUM QUANTUM QUEEN[ARES] SIKA RLION
Nick Cave and the Bad Seeds
DE L’OMBRE À LA LUMIÈRE
Creuser son sillon tout en se réinventant, garder un contact sensible avec un public de plus en plus large, et transfigurer les douleurs de l’existence : le parcours artistique de Nick Cave est sans équivalent. De retour sur la (grande) scène avec ses "mauvaises graines", que nous réserve le Roi vénéneux ?
Il se passe quelque chose d’étrange et d’indéfinissable autour des concerts de Nick Cave & the Bad Seeds. D’abord, et ce n’est pas nouveau, il y a cette phénoménale intensité, qui a toujours fait de Cave l’un des authentiques héritiers d’Elvis, en termes de présence scénique et de magnétisme bigger than life. Et puis il y a ce glissement plus récent, qu’on aurait pu croire fatal, de salles à dimensions encore humaines vers d’énormes machines aux gradins infinis – et aux tarifs prohibitifs, hélas. Or les épreuves intimes, terribles, subies par l’Australien ces dernières années (la disparition de deux de ses fils) ont aussi transformé son rapport au public, en infléchissant fatalement son travail d’artiste.
En communion. Le corbeau qui prêche l’apocalypse tel un crooner punk hiératique est devenu un homme aux plaies ouvertes croyant autant en Dieu qu’aux vertus consolatrices de la musique. Aussi, il réalise (au moins) ce miracle : transformer des hangars pachydermiques en espaces intimes de communion. Après un deuil métamorphosé par les nappes de Warren Ellis sur le chef-d’œuvre Ghosteen, le récent et luxuriant Wild God (ses chœurs gospels extatiques, les basses vibrantes de Colin Greenwood) annoncent des shows résolument tournés vers la lumière. Nick Cave a peut-être assisté au couronnement de Charles III, mais il ne fait aucun doute que le vrai King, c’est lui. Rémi Boiteux
Anvers, 30 & 31.10, Sportpaleis, 20h (mer : complet !), 110 > 75€, sportpaleis.be
The Last Dinner Party
On a beau se méfier de ces groupes surgis de nulle part, on n’a pas résisté plus d’une seconde à des morceaux imparables, comme Caesar on a TV Screen, pour n’en citer qu’un. Sorte de fantasme glam poussé au point de rupture, ces cinq Anglaises mêlent tout à trac ABBA, Queen, Bowie, Kate Bush (entre autres) dans des bacchanales sans retour. Certains demeureront circonspects. Toutefois, les plus enthousiastes se souviendront que le glam était, déjà, une relecture outrancière des débuts du rock embrassant goulûment une pop camp et queer. Alors filons au vestiaire, laissons-y nos doutes et enfilons nos plus belles vestes à paillettes ! T.A.
Bruxelles, 29.10, Cirque royal, 20h, complet !, cirque-royal-bruxelles.be
Outre des collaborations avec Toro Y Moi, Vieux Farka Touré ou Leon Bridges, Khruangbin a signé neuf albums live en une grosse dizaine d’années – contre à peine cinq LP studio. C’est dire l’importance, primordiale, qu’il accorde à la scène. Et c’est vraiment sur les planches que le trio texan, expert èssoul US, sons iraniens, guitares maliennes et funk thaï, déploie tout son savoir-faire, entre (ré)créations ludiques et improvisations cosmiques. T.A.
Anvers, 02.11, Lotto Arena, 18h30, complet !
Dream Nation
ELECTRO LIBRE
Rendez-vous immanquable pour tout fan de musiques électroniques qui se respecte, Dream Nation promet « la plus grande fête d’Halloween d’Europe ». Rien que ça ! Durant trois nuits (contre deux d’habitude) et dans un décor de circonstance (avec mapping et train fantôme), une soixantaine d’artistes se relaient derrière les platines. Évidemment, eu égard au thème de cette édition, difficile de faire l’impasse sur Vladimir Cauchemar... Mariant techno, dance et rap, notre squelette préféré promet pourtant une soirée de "rave". Parmi tout ce beau monde, citons aussi les samples "disruptifs" de Roland Cristal, la trance épicée du Mexicain Mandragora et, bien sûr, les immenses Paula Temple et Boys Noize ! Depuis plus de 20 ans, la « reine de la techno indus » mixe engagement politique et sets rugueux, au service de performances parlant au corps comme à la tête. De son côté, le monument berlinois, régulièrement flashé à plus de 160 bpm, devrait une nouvelle fois fracasser le mur du son... Parfait ! Julien Damien Villepinte, 31.10 > 02.11, Parc des expositions Paris-Nord 21h > 6h, 1 jour : 53 > 36€ • 2 jours : 87 > 62€ • 3 jours : 112 > 87€, dreamnation.fr Sélection / 31.10 : Vladimir Cauchemar, Mandragora, Vini Vici, Le Wanski, Roland Cristal, Avalon... 01.11 : Creeds & Helen Ka, Hysta, Mish, Pawlowski... // 02.11 : Boys Noize, Sub Focus, Paula Temple, Camo & Krooked, Eptic, Charlie Sparks, Parfait...
Grems + Lynx
Club Comedy #7
Frieda + Mando MCD DJ set
Retrouvez les soirées Club Alim de La Condition Publique
Soirée October Make Roots Rock Roubaix #3 Dj set - Omar EK Club Comedy #8
Adresse 14, place Faidherbe 59100 Roubaix infos & réservations www.laconditionpublique.com
Téléphone +33 (0)3 28 33 48 33
Bedroom Research X Otium PAS.SAGE #6LABO148
Joshua Weilerstein ACCORD TRANSATLANTIQUE
C’est une nouvelle ère qui s’ouvre à l’Orchestre national de Lille. Joshua Weilerstein, 37 ans, succède en cette rentrée à Alexandre Bloch, qui fut durant huit ans le directeur musical de l’institution créée par Jean-Claude Casadesus. Venu de l’Orchestre de chambre de Lausanne, le chef américain fait déjà l’unanimité dans la capitale des Flandres, où l’on salue son « ouverture » et sa « générosité ». Il nous en dit un peu plus sur lui.
Quand avez-vous décidé de consacrer votre vie à la musique ?
Je suis né dans une famille de musiciens. Mon père est violoniste, ma mère pianiste et ma sœur violoncelliste. J’ai commencé par le violon, mais je n’étais pas très assidu... En réalité, je voulais d’abord devenir écrivain. Puis, quand j’ai eu 14 ans, j’ai fait partie d’un orchestre de jeunes. Lors d’une tournée au Guatemala et au Panama, on a joué devant des milliers d’enfants, qui n’avaient jamais entendu de musique classique. Voir leur réaction fut un moment incroyable. J’ai alors pensé à en faire mon métier. À partir de là, j’ai étudié beaucoup plus sérieusement, notamment au conservatoire de Boston.
Quels seraient vos compositeurs préférés ?
Beethoven, Schubert, Chostakovitch... c’est difficile de choisir. Mais je dirais Mahler, peut-être parce que je suis totalement plongé dans son œuvre en ce moment !
Quels sont les atouts de l’Orchestre national de Lille ?
Son énergie volcanique, quels que soient les concerts. L’ONL fait toujours preuve du même engagement, partout en région, même dans des salles moins impressionnantes que le Nouveau siècle. D’ailleurs, je souhaite poursuivre cette mission dans les Hauts-deFrance autant qu’à l’international. Je rêve par exemple d’une "tournée Eurostar" avec des concerts à Amsterdam, Bruxelles, Lille, Paris et Londres.
« La musique classique n’est pas réservée à une poignée d’initiés »
Il paraît que vous souhaitez faire découvrir au public un répertoire qu’il ne connaît pas forcément… Oui, je souhaite explorer la musique américaine, mais aussi l’œuvre des compositeurs détruite par les nazis, considérée comme "dégénérée".
Pavel Haas, Gideon Klein, Viktor Ullmann sont par exemple très importants pour moi. Nous vivons des temps difficiles. La musique ne nous impose aucun modèle de pensée, mais elle peut nous permettre de comprendre l’Histoire.
Quelle "couleur" aura cette saison ?
Pour mes quatre premiers concerts je ne focaliserai pas sur un compositeur. Je préfère montrer la variété infinie de la musique classique. Et avec un tel orchestre, on peut en explorer toutes les facettes. Sky is the Limit !
Par exemple, pouvez-vous nous parler de ce programme autour de Ives, Gershwin et Ravel ?
Je tiens à jouer de la musique américaine, comme le Concerto pour piano en fa de Gershwin. Ou encore Three Places in New England de Charles Ives, selon moi le compositeur le plus révolutionnaire du xx e siècle. J’aime aussi beaucoup les œuvres françaises. Ce même soir nous interprétons Le Tombeau de Couperin et La Vals e de Ravel. Il y a des ponts évidents entre les musiques française et américaine.
Ces dernières années, l’ONL s’est beaucoup ouvert au public. Souhaitez-vous poursuivre dans cette voie ?
Oui, pour moi il est primordial de briser ces murs entre l’orchestre et le public, qui a parfois peur de venir aux concerts. Je reste persuadé que tout le monde peut apprécier la musique classique, ce n’est pas un genre réservé à une poignée d’initiés.
ONL
Lille - Nouveau siècle, 30 place Mendès France, onlille.com
Sélection / 12.10 : À la découverte de l’orchestre // 17 & 18.10 : Ives, Gershwin & Ravel
24 & 25.10 : Rone- L(oo)ping (complet !)
30 & 31.10 : Ciné-concert Le Dictateur
06 > 09.11 : Bizet par Jean-Claude Casadesus 07.11 : Musique de chambre avec les musiciens de l’ONL#1 // 16.11 : Mystère à l’orchestre
21 & 22.11 : Danses symphoniques
29.11 > 05.12 : Schubert par Jan Willem de Vriend // 02.12 : Musique de chambre avec les musiciens de l’ONL#2 // 11 > 17.12 : Concert de fin d’année
À visiter / joshuaweilerstein.com
À lire / La version longue de cette interview sur lm-magazine.com
CARIBOU
Honey
(Merge Records / City Slang)
Pas de vacances pour le studieux Dan Snaith : le Canadien a multiplié cet été les DJ sets improvisés dans des lieux relativement confidentiels. Le plus scientifique des producteurs a certainement profité de cette mini-tournée pour tester ses nouveaux précipités, mis en boîte avant que l’été n’arrive. "En boîte", c’est d’ailleurs le crédo de Caribou, qui semble à 46 ans plus que jamais déterminé à astiquer les dancefloors. Honey démarre ainsi à 140 bpm, à mille lieues des formats pop de Swim (2010). Puis le tempo s’adoucit et ménage une place aux gimmicks vocaux qui constituent la signature du divin chauve. Celui-ci n’a jamais autant économisé sa voix si délicate, qu’on retrouve sur des comptines azimutées (Campfire, Only You). Ce sixième album est certainement le plus hédoniste, mais Danny se garde bien de tout jeunisme : il livre ainsi une étonnante relecture du tube de 1987 Pump Up The Volume de MARRS. Un remix ? Plutôt une réinterprétation des recettes club d’antan. Les clubbeurs ont vieilli, serait-on tenté de comprendre à l’écoute de ces douze (courts) titres. Ça tombe bien, Caribou permet aussi de savourer sa musique dans un canapé (en tapant du pied). Mathieu Dauchy
EZRA COLLECTIVE
Dance, No One’s Watching (Partisan)
Deux ans après un second album acclamé dans ces pages comme sur scène, Ezra Collective, fer de lance d’une scène jazz londonienne décidément vivante (The Comet Is Coming, Kokoroko, Moses Boyd) est enfin de retour... mais demeure un chouïa en deçà de nos attentes. La bande a toujours le nez au vent et ne s’interdit rien dans le vaste catalogue des musiques noires – du reggae dub d’ouverture en passant par l’afrobeat, le jazz ou la soul. Si l’ensemble paraît dense (19 titres), la brièveté des morceaux laisse peu de place à la liberté, à la folie, au grain de sable qui ferait un peu dérailler la mécanique. En somme, cette petite flamme qui ferait de ce troisième essai un vrai grand disque. Voici donc un pis-aller en attendant les concerts... Thibaut Allemand
SOPHIE – Sophie (Transgressive Records / PIAS)
Sophie, une artiste aux mille promesses jamais totalement réalisées… pour cause de décès, voici trois ans. Transgenre dans tous les sens du terme, cette Écossaise mêlait dans un même mouvement sons kitsch et approche futuriste, radicalité underground et atours commerciaux – au point de produire Madonna herself. Rempli de featurings, ce disque posthume semble construit en deux parties et, passée une ouverture peu aimable (ambient soporifique et dance music plutôt banale) révèle tous ses charmes : beats déstructurés, vocaux surpitchés, approche quasi-noisy, ballades élégiaques et dérangées… Dommage que Sophie ne puisse jamais projeter ces morceaux sur scène. Reste un disque à moitié réussi, legs d’adieu de celle qui aurait pu changer la face des années 2020. T. Allemand
MUSTANG – Mégaphénix (Vietnam)
À l’heure de son cinquième album, Mustang n’a rien perdu de son mordant ni de son acidité. En témoignent La Porte au nez, chronique rire jaune de l’insuccès, ou Chanson française, ballade synthétique empreinte de douces vacheries. Ailleurs, Jean Felzine et ses acolytes croquent l’héritage maléfique de Steve Jobs après avoir rendu hommage au pionnier Ted Nelson, le temps d’un morceau skate punk (Wikipedia). On croise, dans ces douze chansons, les ombres de Pierre Barouh, Ennio Morricone et Nobuo Uematsu (compositeur de la BO de la saga Final Fantasy ). Enfin, la présence d’invités de choix (Thomas de Pourquery, Arthur Teboul) devrait, on l’espère, attirer de nouvelles oreilles vers ce trio, assurément le plus sous-estimé de ces quinze dernières années. Thibaut Allemand
LA FEMME – Rock Machine
(Disque Pointu / Idol)
Toujours aussi productive (un LP par an depuis 2021), la bande de Sacha Got et Marlon Magnée n’est pas plus avare en transformations. Après un mirifique voyage hispanique (Teatro Lúcido) et une escale tropicale moins convaincante (Paris-Hawaï ), La Femme s’essaie à la langue d’Elvis. Présenté comme « une ode au rock’n’roll », chanté en anglais (avec un accent "so french") ce disque ménage toutefois peu de place aux guitares. Traversé de synthés et de boîtes à rythmes, ces morceaux évoquent plutôt une bande FM cold-wave des années 1980 (Clover Paradise ou Love is Over n’auraient pas juré à l’Haçienda). On y entend aussi du saxophone (Yeah Baby ) et même... de la cornemuse (l’épique ballade Amazing). Un album inégal, certes, mais toujours aussi foutraque - tant mieux ! Julien Damien
Alcide Dessine
DÉCALEZ, C’EST GAGNÉ !
Je vais bouffer deux fois plus de poulet, comme ça, ton combat, il sert à rien !
Chaque jour, inlassablement, Merlin prenait un malin plaisir à faire chier sa sœur végétarienne.
Depuis deux ans, Facebook et Instagram s’affolent et s’esclaffent au rythme des publications d’un certain Alcide Dessine. Sa recette ? Un trait soigné, des jeux de mots en veux-tu en voilà et, surtout, des saynètes décalées sur, pêle-mêle, l’arrivée de l’ADSL en Lozère, l’intelligence artificielle infoutue de tondre la pelouse ou la "déconstruction". À l’occasion de la parution de son premier livre, rencontre avec un auteur mystérieux – mais qu’on connaissait un peu, sans le savoir.
C’est alors que partout en Lozère, pour célébrer l’arrivée de l’ADSL, les villageois se mirent à danser le twist.
« Je m’appelle Stéphane. J’ai
48 ans. Je suis marié, j’ai deux enfants. Je suis directeur d’une petite école rurale ». On attend la chute, habitué à ses cases jouant habilement sur le nonsense. Elle ne viendra pas : pour une fois, Alcide Dessine est sérieux.
« Je préfère les pas de côté »
Les vignettes de ce Pas-de-Calaisien reposent sur une mécanique bien huilée : un dessin léché accompagné d’un texte au style soutenu et au ton ironique, détaché. « Si la légende explique le
dessin, ça ne sert à rien, abonde Alcide. Je préfère les pas de côté. Je réalise parfois des croquis par avance, sans savoir encore quelle en sera la chute ». On trouve dans ses œuvres des sarcasmes vis-àvis de la novlangue macronienne (la bienveillance, la start-up nation, etc.), des expressions prises au pied de la lettre, des jeux de mots vaseux, voire une certaine poésie absurde. On pense pêlemêle à Fabcaro, Willem, Pierre La Police ou M. la Mine. L’intéressé préfère citer « les comédies potaches du trio ZAZ », des humoristes comme Didier Bourdon,
Ça c’est tout Keyton, une invention par minute.
Indubitablement, Keyton était HPI.
Ricky Gervais ou François Rollin. « J’ai dû voir son spectacle, Colères, 12 000 fois ». Et confie ne connaître « strictement rien en bande dessinée, excepté Gary Larson, ce génie ».
Autodidacte. Tout de même, ce trait soigné, vaguement ligne claire, il ne sort pas de nulle part, si ? « J’ai commencé à dessiner vraiment par hasard voici trois ans, sur une petite tablette assez archaïque. Des choses en noir et blanc qui relataient la vie à l’école. Aujourd’hui, je débute par un photomontage et
je poursuis par calques successifs ». Outre ce travail pictural, on connaît Alcide Dessine via son groupe pop, Gang Clouds (eh oui!), et notre homme possède encore quelques marottes. « Comme tous les gens prétentieux, j’ai commencé un roman... toujours inachevé. L’écriture de scénarios, voire la scène m’intéressent également ». Bref, sous une forme ou une autre, on risque de retrouver bientôt Alcide dans les pages de LM . Thibaut Allemand
À lire / Alcide Dessine, Dessins sous Alcide (Éditions Lapin), 176p., 18€, librairie.lapin.org Sortie le 11.10
Alors votre commande est complète mais le Yop coco a été remplacé par des filets de merlu et le skyr à la mangue par du Tahiti Douche bois des tropiques. Ça va aller ?
Depuis qu’il faisait ses courses au Drive, chaque repas devenait pour Vincent une véritable aventure culinaire.
NICOLAS BARRAL
L’Intranquille monsieur Pessoa
(Dargaud)
Saisir Pessoa confine à l’impossible. Pourtant Nicolas Barral (auteur de plusieurs albums adaptés des aventures de Nestor Burma dans la lignée de Tardi) relève le défi en toute (in) tranquillité. Avec sensibilité et intelligence, dans le récit comme le trait, il choisit de narrer les dernières journées du discret et grandiose écrivain-poète. Notamment grâce à l’enquête de Simão Cerdeira, jeune journaliste chargé de la nécrologie de l'auteur, mais dont il ignore tout. Il devra composer avec les divers "hétéronymes" (ou avatars littéraires) dont le Portugais usait, comme autant de masques fictifs de sa plume. Parviendra-t-il à percer cet entêtant mystère ? Tandis que Fernando Pessoa nargue sa propre finitude, Simão rencontre différentes figures, plus ou moins illustres, de la société lisboète. Brossant au passage un beau portrait de la ville, Barral (qui était déjà revenu sur l’histoire de Lisbonne avec Sur un air de fado) séduit autant les connaisseurs que le grand public. Étonnamment limpides, ses planches mises en couleur avec Marie Barral traduisent à la fois la sérénité de façade et le bouillonnement intérieur d’un esprit hors norme. Une réussite. 136 p., 25€. Rémi Boiteux
BORIS SZAMES – John Wayne : la classe américaine (Capricci)
John Wayne (1907-1979), c'est une certaine idée du western et, par là, des USA. Il y en a d'autres : Clint Eastwood, John Ford… Mais Wayne n'a jamais eu l’ambiguïté du premier, ni l'humanité du second – à qui il doit pourtant énormément, voire… tout. Cette petite biographie au titre "hazanavicien" revient sur le parcours escarpé de ce cul-terreux devenu l'idéal-type du cow-boy de cinéma. On se replonge avec plaisir dans cet âge d'or du western, véritable machine à mythes pour Hollywood (la virilité drapée dans la bannière étoilée) mais, rappelons-le, capable de surprenants contre-pieds : L'Homme qui tua Liberty Valance, tout de même. Bref, John Wayne, c'est à la fois l'incarnation des valeurs de l'Amérique et sa mauvaise conscience. 120 p., 11,50€. Thibaut Allemand
TIMOTHÉE DEMEILLERS
Le Tumulte et l’oubli (Asphalte éditions)
1938. L’Allemagne nazie annexe la région des Sudètes (aujourd'hui en Tchéquie), car une minorité germanophone y vit - ça ne vous rappelle rien ? Et, si la fin de la Seconde Guerre mondiale est pour beaucoup synonyme de paix, elle marque aussi le début d'une phase d'instabilité dans cette partie de l'Europe de l'Est. Inspiré par sa propre famille, Timothée Demeillers raconte près de sept décennies d'une histoire méconnue. Ses deux héroïnes vont traverser des époques tourmentées, où les espoirs de changement sont souvent trahis (du poids écrasant du communisme jusqu'aux ravages du capitalisme). Bien que romancé, ce récit prend des airs de documentaire et résonne avec l'actualité, à l'heure où certains dirigeants réécrivent le passé pour assouvir leur appétit de pouvoir. 528 p., 24€. Arthur Chapotat
MICHAEL MCDOWELL Lune froide sur Babylon (Mr Toussaint Louverture)
Au début des années 1980, à Babylon. Dans cette petite ville perdue au fin fond de la Floride, la famille Larkin tente de survivre de son exploitation de myrtilles... et aux morts violentes qui s’enchaînent. La petite dernière, Margaret, 14 ans, est à son tour cruellement assassinée, mais n’en a pas tout à fait fini avec les vivants... Publié il y a 44 ans par un certain Michael McDowell (Blackwater, Katie), ce roman ressuscité par Mr Toussaint Louverture transcende les genres avec maestria, quelque part entre le slasher, l’épouvante et le drame. Il y a du Stephen King dans ce récit à rebondissements, mais aussi du Edgar Poe. Ces histoires de fantômes sont-elles bien réelles ? Le fruit d’une imagination torturée par la peur ? À vous de voir... 442 p., 12,90€. J. Damien
NOËL SIMSOLO – Conversations avec Sergio Leone (Capricci)
Initialement parues en 1987, ici enrichies d’une nouvelle préface et de trois entretiens inédits, ces Conversations s'avèrent indispensables. En l’occurrence pour comprendre comment un petit Romain est parvenu à une telle maîtrise de son art, révolutionnant le western, le rapport image-musique (grâce à Ennio Morricone) et signant enfin un chef-d’œuvre proustien (Il était une fois en Amérique). Plus qu'un intervieweur, Noël Simsolo devient confident des souvenirs, regrets et pensées de Leone. En rembobinant le fil de sa vie et la genèse de ses créations, celui-ci déroule une autre histoire du xxe siècle, où se croisent les figures de Welles, Eastwood, de Niro… Une somme mirifique. 256 p., 39€. Thibaut Allemand
DU 8 AU 17 NOVEMBRE
25ème édition FESTIVAL
Cécile de France
Sandrine Kiberlain
Invitées d’honneur
Compétition Européenne
9 longs métrages en première française en présence des réalisatrices et réalisateurs
75 inédits et avant-premières
Films de l’actualité en présence des équipes, Visions de l’Est, Découvertes européennes, Cinémas du monde, Focus sur la République Tchèque
Amour, perruque & musique
Filmer le XVIIIe siècle, une sélection de 12 films incontournables, ciné-concert
Il était une fois… la Yougoslavie
Une sélection de classiques et de films plus rares en version restaurée
Festival des enfants et des familles
Avant-premières, Ma première séance, ateliers, scolaires
Programme complet disponible le 28 octobre
Pour + d’infos : www.arrasfilmfestival.com
Maya, donne-moi un titre
L’ENFANCE DE L’ART
Maya et son papa vivent dans deux pays différents. Pour rester en contact, en particulier au moment du coucher, celui-ci demande chaque soir à sa fille de lui donner un titre. Dès lors, il lui concocte un dessin animé dont elle est l’héroïne... et principalement réalisé en papier découpé. Michel Gondry signe un retour aux sources rafraîchissant pour petits et grands, conté par Pierre Niney.
Avec ces aventures d’anti-fillette modèle, Michel Gondry ( La Science des rêves, Soyez sympas, rembobinez) synthétise sa vie, son œuvre… et sa paternité. Inaugurée pour les trois ans de sa fille, cette série de vignettes remuantes fait écho à la BD concoctée par fax pour son fils, vingt ans auparavant. Attaché à l’aspect artisanal, le Versaillais déploie cette esthétique cheap devenue sa marque de fabrique. En résulte une reconnexion immédiate avec l’âge tendre, dans sa dimension la plus brute et insolite, via un procédé volontairement rudimentaire.
Cinéma à la découpe. Influencé par le cinéma d’animation des pays de l’Est (Iouri Norstein, Břetislav Pojar), la citation est parfois évidente (l’intrépide our-
son Colargol, qui souhaite voler comme un oiseau). Cependant, quelques facéties littéraires surgissent sans crier gare comme ce "pays des chevaux coupés en quatre". Batteur (du groupe Oui Oui), réalisateur de courts-métrages, publicités et clips depuis la fin des années 1980 avant de devenir cinéaste, Michel Gondry nous projette dans un monde singulier. Nous voici quelque part entre la Figuration libre (Combas, Di Rosa) et le pop art, le Club des cinq et Lewis Carroll, les comics et les films de série B. Le tout orchestré avec un sens de l’absurde qui confère à l’art naïf. En somme, un artiste libre comme l’air.
Selina Aït Karroum
Film d’animation de Michel Gondry, avec Maya Gondry et la voix de Pierre Niney. Sortie le 02.10
All We Imagine as Light
TENDRE EST LA NUIT
Grand prix du festival de Cannes, All We Imagine as Light confirme, après Toute une nuit sans savoir, la délicatesse du regard que Payal Kapadia porte sur la vie des femmes indiennes. Loin de Bollywood, la jeune cinéaste trace une voie dans laquelle le réalisme n’exclut pas le merveilleux.
Parce qu’elles sont tournées sur fond vert ou dans des décors aseptisés, bien des productions contemporaines se retrouvent tristement dépeuplées. Qu’un film soudain réussisse à donner le sentiment de la ville (avec sa foule, ses bruits, ses lumières) et voilà que le cinéma retrouve sa magie primitive. All We Imagine as Light séduit d’emblée par sa capacité à mêler sa fiction aux flux d’une ville-monde, Mumbai. Cette puissance documentaire se retrouve aussi dans la manière de dépeindre les personnages, ancrés avec précision dans un contexte social et économique. Parvaty loge illégalement dans un bâtiment sur le point d’être détruit. Prabha vit dans l’attente de son mari parti travailler en Allemagne. Et Anu, plus jeune, connaît loin des pressions familiales son premier amour. Toutes les trois travaillent dans le même hôpital, statut qui garantit leur indépendance et les place au contact de la fragilité des corps. Prendre soin, comprendre ce qui nous attache et nous entrave, c’est tout l’enjeu. Les frottements entre générations s’avèreront à cet égard libérateurs. Dans un second mouvement, le film se déplace vers le bord de mer, ouvrant de nouvelles zones d’intimité. Grâce d’une étreinte, d’un adieu. All We Imagine as Light possède la beauté des aubes longtemps attendues. Raphaël Nieuwjaer
De Payal Kapadia, avec Kani Kusruti, Divya Prabha, Chhaya Kadam... Sortie le 02.10
Musée de la Bataille de Fromelles
26 juin 2024 - 2 février 2025
Super Seniors
LES YEUX DANS LES VIEUX
Les vacances sont déjà un lointain souvenir, et l’arrivée de l’automne charrie lentement sa douce déprime... Voici le remède pour vous requinquer : Super Seniors ! Ce documentaire vitaminé dresse le portrait de quatre joueurs de tennis âgés de 82 à 95 ans. Une leçon de vie, drôle et émouvante.
Dans Super Seniors, Dan Lobb (ex-joueur et entraîneur professionnel) suit quatre tennismen "seniors". Il y a là Etty, la Parisienne qui refuse de dévoiler son âge, mais couronnée championne de France des plus de 80 ans. John, l’Américain de 87 ans, qui a remporté tous les titres des plus de 50 ans et doit désormais affronter un cancer... Leonid, Ukrainien de 95 ans, joueur amateur qui s’est mis à la balle jaune après la mort de son épouse. Et enfin King, champion new-yorkais dont la vie est jalonnée de tragédies. Malgré des parcours différents, ils partagent le même rêve : gagner les championnats du monde de la fédération internationale de tennis... Grâce à un montage équilibré, Dan Lobb révèle le quotidien, les entraînements et, bien sûr, les matchs de ces héros défiant le temps qui passe. Tous impressionnent par leur détermination, mais c’est Leonid qui émeut le plus. Ce petit homme discret, dont émane une poésie digne d’un dessin de Norman Rockwell, rêve d’obtenir sa première victoire... On le suit de son appartement en Ukraine jusqu’aux championnats du monde, avec l’espoir qu’il remporte son pari. Celui de Super Seniors est déjà gagné, en offrant un autre regard sur la vieillesse et une sacrée dose d’énergie ! Grégory Marouzé
LA SIRÈNE À BARBE
La Sirène à barbe est un véritable cabaret de drag-queens, à Dieppe. Nicolas Bellenchombre l’a fondé suite à une agression homophobe subie en 2018. Ce projet original (et politique, aussi) a élu domicile dans un ancien cinéma. Une façon d’éveiller les consciences, de créer un espace d’échange et d’expression sans pathos. Le réalisateur (alias Diva Beluga, pour la scène) a logiquement choisi ce lieu pour y réaliser cette fiction, où ses camarades de planches y interprètent leur rôle dans la vie. En résulte un film pétillant et sincère, entre show et entraide, rencontres d’un soir, paillettes et espoir. Un hommage vibrant au monde du music-hall et du drag, avec des personnages hauts en couleur qui donnent de la voix, au gré des marées et des beaux marins. Selina Aït Karroum
De Nicolas Bellenchombre et Arthur Delamotte, avec Maxime Sartori, Fabrice Morio, Alonso Ojeda… Sortie le 02.10
Pour sa première réalisation, Santos Blanco s’est immergé dans une douzaine de monastères à travers le monde. Il a rencontré des fidèles enclins à partager leur expérience, entre doutes et convictions, dont émane un profond sentiment… de liberté. Entre révélation, virage progressif et revirement soudain, ces « compagnes et compagnons de Dieu » ont trouvé « paix, force et lumière ». Outre d’audacieux travellings, l’image y est par trop léchée, parasitée par une musique omniprésente. Des plans parfois chargés, dont l’intention est sans doute de sublimer ces projets de vie louables, contredisent quelque peu l’ascèse requise… Toutefois, ce documentaire a le mérite de mettre en lumière les difficultés inhérentes à toute vie en communauté. Jusqu’à la crise de foi ?
Selina Aït Karroum
Niki
LA RENAISSANCE
Premier film de la comédienne Céline Sallette, Niki retrace la vie d’une artiste qui souhaitait renverser le patriarcat de son temps, pas si éloigné du nôtre. Ce biopic s’intéresse à la part d’ombre de la vie de Catherine de Saint Phalle, violée par son père lorsqu’elle était enfant, et qui dut se battre pour se reconstruire...
Une femme s’avance, saisit sa carabine et tire sur des objets blancs en plâtre où sont dissimulées des poches de peinture. En tirant, les balles transpercent les sachets et la couleur se déverse. Le geste destructeur devient par là-même créateur. Cette série des Tirs a fait la renommée de Niki de Saint Phalle dans le milieu artistique européen - et bien au-delà. La performance résume aussi parfaitement le propos de ce film. Soit l’histoire d’une femme violée par son père à l’âge de 11 ans, qui a subi les violences du milieu psychiatrique à 23 ans puis trouvé dans son art une forme de catharsis. Pour le rôletitre, Céline Sallette a fait le choix de l’évidence en se tournant vers Charlotte Le Bon, dont la ressemblance avec l’icône est frappante. Sa complicité à l’écran avec John Robinson, qui incarne l’écrivain Harry Mathews, le premier mari de Niki, est une des grandes réussites du long-métrage. Une autre de ses qualités réside dans sa capacité de suggestion. Sans possibilité de montrer les œuvres de Saint Phalle (les ayants-droits n’ayant pas collaboré au projet), Céline Sallette a composé habilement avec cette contrainte, focalisant sur la femme et sa renaissance. Une véritable héroïne. Hugo Guyon
De Céline Sallette, avec Charlotte Le Bon, John Robinson, Damien Bonnard... Sortie le 09.10
Cindy Sherman EFFET MIROIR
Voilà plus de 50 ans que Cindy Sherman multiplie des images d’elle-même dans des mises en scène se jouant des stéréotypes. À Anvers, le FoMu consacre à la photographe américaine sa première grande exposition monographique en Belgique. Réunissant une centaine d’œuvres, des années 1970 à nos jours, Anti-Fashion confronte commandes et créations personnelles, auscultant sa fascination pour la mode.
Elle est à la fois tout le monde et unique, déclinée à l’infini mais bien cachée. Voilà plus d’un demi-siècle que Cindy Sherman réalise des autoportraits sans rien révéler d’elle-même. Depuis ses débuts, l’Américaine demeure son propre modèle, utilisant son visage pour créer une foultitude de personnages, toujours seule. « Elle endosse tous les rôles, est à la fois styliste, maquilleuse, coiffeuse, mannequin et photographe », détaille Rein Deslé, curatrice au FoMu. Elle est ici grimée en clown chatoyant (et un peu inquiétant), là femme mystérieuse comme échappée d’un film d’Hitchcock ou apparaît en homme, façon flâneur androgyne. Au-delà de la performance technique (et de l’amusement manifeste), Cindy Sherman a surtout initié avant tout le monde
une réflexion sur la construction de l’identité et le rôle de l’image dans celle-ci. Sans jugement ni satire, mais avec une bonne dose d’ironie (voire de grotesque), cette artiste caméléon nous tend un miroir. Elle interroge les canons
« Elle endosse tous les rôles »
de beauté comme les stéréotypes (de genre, d’âge) imposés par la mode, la publicité, le cinéma et désormais les réseaux sociaux.
« Dans la mode, ses créations ont d’abord choqué »
Je t’aime moi non plus. À Anvers, une exposition introductive présente les fameux Untitled Film Stills, qui l’ont révélée dans les années 1970. Soit des clichés en noir et blanc où elle incarne des archétypes féminins (la vierge effarouchée, la bourgeoise solitaire) véhiculés par les films des années 1950 et 60. Ensuite, place à Anti-Fashion. Ce second accrochage explore cette fois son travail « à travers le prisme de la mode », dévoilant des col-
Untitled Film Still #17, 1978, Gelatin silver print © Cindy Sherman, Courtesy the artist and Hauser & Wirth
laborations avec les magazines Vogue ou Harper’s Bazaar, les maisons Balenciaga ou Comme des garçons. Des relations longtemps fragiles : « ses créations ont d’abord choqué. Beaucoup de commandes, considérées comme laides, "anti-mode ", furent refusées, explique Rein Deslé. Puis, dans les années 1990, les marques ont compris que ses photographies pouvaient servir leur image ». Vous avez dit cynique ? Au fil d’une scénographie parsemée de miroirs se déploie ainsi une œuvre ambivalente, où les apparences sont plus que jamais trompeuses... et trompées !
Julien Damien
Early Works + Anti-Fashion Anvers, jusqu’au 02.02.2025, FoMu mar > dim : 10h-18h, 12 > 5€ (gratuit -18 ans) fomu.be
Vivantes ! LUMIÈRE
SUR LES INVISIBLES
Elles sont boxeuses, marins-pêcheurs, exilées, aides-soignantes... Soit autant de femmes qui se battent au quotidien mais qu’on ne voit pas, ou si peu. Cette sélection d’images réalisées par huit lauréats de la "Grande commande pour le photojournalisme", lancée en 2021 par le ministère de la Culture, offre un regard kaléidoscopique sur ces "invisibles", et dézingue bien des clichés.
En France, jusqu’en 1963, elles furent interdites (par la loi Colbert) de monter à bord de navires de pêche. Dans la série Les eaux-fortes, Julie Bourges documente justement le quotidien de quatre femmes marins-pêcheurs d’aujourd’hui. Saisies dans le feu de l’action, des côtes bretonnes à la méditerranée, ses images montrent des héroïnes du quotidien bravant les éléments et, surtout, les préjugés, qui ont la peau dure dans ce monde masculin... Voici l’une des grandes réussites de cette exposition : Vivantes ! pose le regard là où il s’attarde rarement, et c’est bouleversant. En témoignent les sublimes tableaux photographiques d’Olivia Gay, immortalisant le travail d’aides-soignantes qui accompagnent les derniers jours de personnes âgées,
à leur domicile, ou encore les journées d’Amandine, dans cette campagne de la France dite périphérique. « Elle a aujourd’hui 25 ans mais a l’impression d’en avoir déjà 40 », souligne Ulrich Lebeuf, qui la suit depuis son adolescence, sans misérabilisme et avec une sincère admiration. Pour cause, la jeune femme s’occupe de sa mère souffrant d’addictions, de son fils de quatre ans, cumule deux emplois, des études de lettres modernes par correspondance... et nous donne une sacrée leçon de courage.
Et la lumière fut. Dans un registre plus joyeux, mais tout aussi iconoclaste, Stayin’ Alive de Julie Glassberg révèle des "seniors" plutôt énergiques, loin de cet habituel regard chargé d’empathie - voire infantilisant. Ses photos
montrent le désir, l’amour ou l’envie de s’amuser qui animent des personnes âgées, maquillées et apprêtées pour un bal ou un thé dansant... Au dernier étage du Colysée de Lambersart, l’installation de Mercedes Klausner offre enfin une superbe allégorie de "l’invisibilisation" des femmes. À travers son "filtre magique", l’Argentine réhabilite des autrices, artistes ou scientifiques effacées de l’Histoire, grâce à un habile procédé. Plongées dans la pénombre, des plaques de verre sur lesquelles la plasticienne a gravé leur portrait attendent d’être éclairées par la lampe de nos téléphones. Ces visages oubliés apparaissent alors sur le mur, jaillissant littéralement de l’ombre pour briller en pleine lumière... Julien Damien Lambersart, jusqu’au 08.12, Le Colysée mer > dim : 13h-18h, gratuit, institut-photo.com
Exils. Regards d’artistes
L’HISTOIRE EN MARCHE
Après nous avoir conduits dans les mondes souterrains, le Louvre-Lens explore la notion d’exil à travers l’histoire de l’art. De l’odyssée d’Ulysse aux nombreux drames des réfugiés du xxie siècle, en passant par les peintures de Chagall, survivant des persécutions antisémites, cette exposition met en perspective création et migration grâce à plus de 200 œuvres. Où il sera question de départ, de déracinement, mais aussi d’accueil, de rencontres et de partage...
C’est un sujet éminemment douloureux, et ô combien actuel au regard des multiples guerres et du réchauffement climatique qui jettent des milliers de réfugiés sur les routes. Mais l’exil est aussi une notion universelle, « inscrite dans notre condition humaine », rappelle Dominique de Font-Réaulx, commissaire de cette exposition qui réunit près de 200 œuvres anciennes et contemporaines. Ainsi, les grands mythes et récits fondateurs (le déluge, vu par Chagall) sont confrontés à des drames plus contemporains, représentés par les photographies des camps de rétention, de Mossoul à Calais, de Mathieu Pernot. Les figures intemporelles de "déplacés" tels Ulysse ou Énée
côtoient des récits d’habitants de la région lensoise. Ceux-ci sont matérialisés par des objets témoignant de leur propre exil ou familial : ici un chasse-mouche africain, là un bracelet libanais... Tout cela ne doit rien au hasard. « Il y a des résonances entre les époques, ajoute l’historienne de l’art. Il s’agit de prendre du recul, d’appréhender l’actualité sur un temps long, et de réaliser que nous sommes tous des exilés ».
Libre circulation. Au fil de cette visite, des motifs se détachent, souvent bouleversants, comme le souvenir ineffaçable de la terre qu’on a dû fuir, notamment symbolisé par une valise emplie de sable récolté sur une plage de
Gaza par Taysir Batniji, artiste palestinien réfugié en France... Tout aussi poignant est l’arrachement à sa terre natale, illustré par un tableau iconique : The Last of England. Prêtée par la Tate Modern, cette huile sur toile de Ford Madox Brown (1855) représente deux personnes quittant l’Angleterre pour recommencer leur vie à l’étranger. Cette peinture résume toute l’ambiguïté de l’exil « qui est à la fois une damnation et une chance », selon Dominique de Font-Réaulx. Victor Hugo ne la contredirait pas, lui qui écrivit ses plus belles pages (dont celles des Misérables) lors d’une retraite forcée (durant 18 ans) sur les îles anglo-normandes de Jersey et de Guernesey, après le coup d’état de
Napoléon III. On admire d’ailleurs à Lens un ensemble rare de photos et de dessins signés durant cette période par l’écrivain.
No man’s land. L’exposition s’achève sur un mot terrible : "nulle part", en référence à ces camps qui fleurissent un peu partout. Conçue avec des tampons administratifs inscrivant dans un nuage de lettres "Forever Immigrant" ("immigré pour toujours"), cette œuvre de Marco Godinho interroge avec poésie la liberté de circulation et nous renvoie à notre condition d’éternel déraciné...
Julien Damien
Lens, jusqu’au 20.01.2025, Louvre-Lens mer > lun : 10h-18h, 11/6€ (gratuit -18 ans) louvrelens.fr
Eugène Dodeigne ŒUVRE
PLURIELLE
D’Eugène Dodeigne, on connaît bien sûr les sculptures monumentales en pierre bleue de Soignies. Ses œuvres demeurent familières dans les Hauts-de-France, jalonnant les espaces publics, parcs et écoles, de Lille à Landrecies, en passant par Marcq-en-Barœul où l’on trouve son chef-d’œuvre : Le Groupe des dix. Mais ce Français né en Belgique avait plus d’une corde à son arc.
À Dodeigne, qui lui avait ouvert les portes de sa maison de Bondues, Germain Hirselj fit une promesse : « révéler un jour son œuvre, dans toute sa diversité ». Neuf ans après sa disparition, et après un contretemps pour cause de Covid, l’engagement est aujourd’hui honoré.
« Son œuvre dans toute sa diversité »
L’historien de l’art dévoile à la Piscine une rétrospective qui sera, dit-il, « la plus importante jamais consacrée » à cet éminent membre du groupe de Roubaix. L’exposition rassemble en effet près de 200 de ses créations, dont certaines rarement montrées.
Taille XXL. Eugène Dodeigne est né en 1923 près de Liège (où il ne vécut que six mois) dans une famille de tailleurs de pierre. Il fut initié au métier dès l’âge de 13 ans par son père, lequel sculptait des monuments funéraires. Voulant faire de son garçon un ouvrier qualifié, il l’envoie aux Beaux-Arts de Tourcoing. Très vite, les professeurs remarquent ses talents. Le jeune Eugène gagne Paris, où il découvre le Musée de l’Homme. « Ce sera son Louvre ». Comme Henry Moore ou Giacometti, Dodeigne se passionne pour les arts primitifs, sa première influence. « On a l’impression que ses œuvres plantées dans l’espace public
existent depuis une éternité, remarque Germain Hirselj. Comme si elles avaient été façonnées par de lointains ancêtres ».
Au-delà des clichés. Bien sûr, c’est d’abord ce travail sur la pierre de Soignies (« granitique, donc très dure ») qui assurera sa renommée. De cette roche bleutée, il élèvera des formes épurées d’où transpirent « une force, une brutalité parfois, mais une indéniable sensualité ». Dodeigne chercha à saisir la figure humaine et son mouvement, passant des heures à observer les danseurs du ballet du Nord. Pourtant, son
▲ Eugène Dodeigne (1923-2015), Homme assis, 1963
Huile sur toile, Roubaix, La Piscine – Musée d’art et d’industrie André Diligent © ADAGP, Paris, 2024
Photo : Alain Leprince
▲ Eugène Dodeigne (1923-2015), L’Élan, 1954 Bois, Coll. particulière © ADAGP, Paris, 2024
Photo : Alain Leprince
œuvre ne s’arrête pas à cette pratique. À Roubaix, on découvre ainsi son appétence pour le bois ( L’ Élan, lorgnant vers l’abstraction), ses bronzes, et puis ses dessins au fusain, ses peintures et même... ses photographies. L’artiste réalisa en effet quelque 2 000 clichés au cours de sa vie, immortalisant le dialogue silencieux entre ses sculptures et leur environnement. Les voici révélées sous un angle inédit.
Julien Damien Roubaix, 12.10 > 12.01.2025, La Piscine mar > jeu : 11h-18h • ven : 11h-20h sam & dim : 13h-18h, roubaix-lapiscine.com
Panorama 26 L’ÂGE DU MÉTA
« Toute ressemblance avec la réalité n’est pas une pure coïncidence », annonce la 26 e édition de Panorama. De la révolution industrielle jusqu’à l’avènement de l’IA, notre vie est sans cesse façonnée par la technologie. Les étudiants du Fresnoy mettent en scène cette fusion entre réel et virtuel, passé et futur, pour mieux raconter le présent.
La mise en abyme est vertigineuse. Invité à s’asseoir sur des bancs en bois disposés en cercle, le visiteur enfile un casque de réalité virtuelle pour rejoindre... un feu de camp. Levant la tête vers le ciel, il observe alors une constellation, non pas d’étoiles, mais de satellites, qui dessinent une nuit totalement artificielle. Signée Lucas Leffler, l’œuvre interroge l’impact de la technologie sur notre environnement. Elle nous convie dans le même geste à renouer avec notre humanité, en faisant communauté... Ainsi avance l’Homo numericus, dont le quotidien est désormais reconfiguré par sa propre créature : la machine.
Nouvelle vie. Au fil de cette promenade entre science et art, il sera question de surveillance, de frontières entre l’intimité et l’espace public... mais aussi de renaissance. En témoigne la très touchante installation de Chayarat Ritaram, qui explore la possibilité d’une réincarnation virtuelle en ressuscitant l’esprit de sa petite sœur. Disparue à l’âge de huit ans, la fillette apparaît ici sous forme d’avatar numérique, tandis que résonnent des prières bouddhistes. Plus loin, Mélia Roger tente de redonner une âme à la forêt dévastée. Une vidéo la montre au milieu de pins rasés (pour fabriquer des palettes), diffusant des sons enregistrés dans des bois encore vivants. L’artiste apporte ici un soin acoustique à un paysage saccagé par le capitalisme, offrant un pur moment de poésie technologique. Julien Damien
Tourcoing, jusqu’au 05.01.2025, Le Fresnoy, mer > dim : 14h-19h 4/3€ (gratuit - 18 ans), lefresnoy.net
Surréalisme, pour ainsi dire...
Mariën, Muette et aveugle, me
, ca 1940-1945.
Le surréalisme a cent ans. Si la peinture se taille la part du lion au gré des expositions "anniversaires", la photographie n’est pas en reste dans l’histoire de ce mouvement. En témoigne cet ensemble d’œuvres réunies à Charleroi. Signées par des maîtres du genre (Man Ray, Paul Nougé et son intrigante Subversion des images) ou des usagers occasionnels (Magritte), celles-ci révèlent une multitude d’approches et, surtout, d’inventions poétiques. Citons ce cliché de Marcel Mariën, montrant une femme nue, vue de dos et sur
lequel est inscrite une phrase : "Muette et aveugle, me voici habillée des pensées que tu me prêtes"... Bien vu, n’est-ce pas ? J.D.
Charleroi, 05.10 > 26.01.2025, Musée de la photographie mar > ven : 9h-17h • sam & dim : 10h-18h, 8 > 4€ (gratuit -12 ans), museephoto.be
Tout a-t-il déjà été dit sur le surréalisme ? Loin de là. Cette exposition focalise ainsi sur « son rapport à la société », en Belgique. De quelle manière ces artistes s’adressent-ils au public ? Qu’en est-il de la diffusion de leurs œuvres ? Foisonnant de peintures, d’écrits ou de photos, ce parcours montre par exemple comment, dans les années 1920 et 1930, ils subvertissent la publicité ou les affiches électorales... entre autres détournements de fond ! J.D.
Mons, 19.10 > 16.02.2025, CAP / Musée des beaux-arts mar > dim : 10h-18h, 16/12€ (gratuit -12 ans) musees-expos.mons.be
YUIMA NAKAZATO
À l’heure où la mode demeure l’une des industries les plus polluantes au monde, Yuima Nakazato fait rimer "couture" et "futur". Diplômé de l’Académie royale des beaux-arts d’Anvers, ce styliste japonais tisse savoir-faire traditionnel et haute-technologie pour confectionner des vêtements à la fois éblouissants et respectueux de l’environnement. Découpées au laser ou conçues à partir de fibres végétales, ses pièces hybrides suivent l’évolution des corps, dessinant un avenir sur mesure.
Calais, jusqu’au 05.01.2025, Cité de la dentelle et de la mode tlj sauf mar : 10h-18h, 7/4€ (gratuit -5 ans), cite-dentelle.fr
QUELS BEAUX VISAGES !
Le Musée des beaux-arts de Calais expose les œuvres récemment entrées dans ses collections (dont certaines jamais vues) dévoilant de "beaux visages". On découvre ici les photographies d’adolescents en gros plan de Philippe Bazin, les multiples figures qui composent la France vue par le pochoiriste C215, ou encore une Lio immortalisée par Pierre et Gilles, entre autres ! Rassemblant de grands artistes d’hier et d’aujourd’hui, cette exposition célèbre le portrait sous toutes ses facettes.
Calais, jusqu’au 03.11, Musée des beaux-arts mar > dim : 13h-17h, gratuit, mba.calais.fr
AUTOFICTION
ALAIN SÉCHAS
Alain Séchas s’est imposé à la fin du siècle dernier avec ses personnages à têtes de chat aux yeux exorbités. Puis il y eut des martiens, des fantômes, des pieuvres... Soit autant de figures burlesques déclinées sous forme de sculptures, dessins ou peintures, racontant dans des scènes à l’ironie grinçante les travers de notre espèce. Intitulée Je ne m’ennuie jamais…, cette rétrospective (la première dans un musée belge) rassemble quelque 200 œuvres d’un artiste attentif à son époque.
Charleroi, jusqu’au 05.01.2025, BPS22 mar > dim : 10h-18h, 6 > 3€ (gratuit -12 ans) bps22.be
Autrefois passeport vers la liberté, aujourd’hui synonyme de pollution et de surconsommation, l’automobile méritait bien sa "biographie". D’ailleurs, plus de 1,2 milliard de voitures circulent aujourd’hui sur notre planète ! Réunissant visions de designers et d’artistes, cette exposition explore cette relation d’attraction-répulsion vis à vis de cet objet, dévoile les dernières innovations en la matière et les différents usages d’un concentré de technologie.
Hornu, 06.10 > 16.02.2025, CID, mar > dim : 10h-18h, 10 > 2€ (gratuit - 6 ans)
CORNEILLE AU FIL DE LA JOIE
Guillaume Cornelis Van Beverloo, dit Corneille (1922-2010), fut l’un des grands coloristes du xxe siècle. Né de parents néerlandais à Liège, cet artiste s’émancipa de toutes contraintes pour faire danser les formes et sa palette vive sur la toile. Faussement naïves, ses créations tout en rondeurs célèbrent la beauté féminine comme celle de la nature. Ce membre du groupe CoBrA fut aussi un pratiquant assidu de l’estampe. 150 de ses œuvres se révèlent à la Louvière, au fil d’une vibrante ode à la joie. La Louvière, jusqu’au 03.11, Centre de la gravure et de l’image imprimée mar > dim : 10h-18h, 8 > 3€ (gratuit -12 ans), centredelagravure.be
DOUBLE JEU
Outre sa fameuse triennale, lille3000 fait la part belle aux artistes émergents. Dans un cadre intimiste, à raison d’expositions renouvelées toutes les deux semaines, on découvre des œuvres s’intéressant au sport et au mouvement. En témoigne le film de Clara Lemercier Gemptel, sur une équipe de cheerleaders ne formant qu’un seul corps, ou les photographies de Djavanshir.N, immortalisant les exploits de danseurs urbains au Myanmar.
Lille, jusqu’au 03.11, Maison St So de la Gare Saint Sauveur, mer > ven : 14h-19h • jeu : 14h-21h • sam & dim : 12h-19h, gratuit
RÊVER DEBOUT
C’est une rencontre entre tradition et innovation. Deux artistes diplômés du Fresnoy exposent leurs œuvres au milieu des collections du MUba. Le premier, Gregor Božič, s’est révélé en photographiant et filmant des arbres fruitiers à travers l’Europe, symboles d’une résistance à l’industrialisation des denrées. Le second, Léonard Martin, établit un dialogue entre peinture, cinéma, sculpture, mécanique et marionnettes pour former un langage, et une nouvelle lecture de l’histoire de l’art.
Tourcoing, jusqu’au 24.02.2025, MUba tlj sauf mar : 13h-18h, 5,50 > 3€ (grat. -18 ans)
L’EXPÉRIENCE DU SENSIBLE
Dodu ou effilé, les yeux ouverts ou clos, en bronze, bois laqué, ivoire... Le Musée royal de Mariemont dévoile les innombrables représentations d’un sage parmi les sages : Bouddha ! Cette exposition rassemble des pièces datant du xive siècle à nos jours, et restées dans l’ombre durant près de 85 ans. Issues de toutes l’Asie, depuis l’Inde jusqu’au Japon, en passant par la Chine ou la Thaïlande, ces statuettes ou peintures invitent à la contemplation comme à la méditation.
Morlanwelz, jusqu’au 20.04.2025, Domaine & Musée royal de Mariemont, mar > dim : 10h-18h, 8 > 3€ (gratuit -18 ans)
Paloma
TOUTES LES FEMMES DE SA VIE
Dans une loge où flotte le parfum des cosmétiques, Hugo Bardin se farde avec méticulosité. D'ici une heure, il sera maquillé, perruqué et costumé pour devenir Paloma, la drag-queen qui l'a fait connaître. Et ces derniers mois, impossible d'y échapper ! On l'a vue reine de la première saison de Drag Race France, puis jurée dans la version belge, chroniqueuse dans Quotidien, mannequin à l'ouverture des JO et premier personnage queer de la franchise The Walking Dead... Et pourtant, son premier spectacle ne dit (presque) rien d'elle ! Pourquoi ? Réponses...
Comment décririez-vous Paloma au PluriElles ?
Ce spectacle ne parle pas de Paloma, mais de tous les personnages qui la composent. C'est un seul en scène, dans la tradition de Muriel Robin, Valérie Lemercier, Élie Kakou ou Alex Lutz, dans lequel j'incarne des figures féminines, qu'elles soient gentilles, méchantes, névrosées, féministes...
C'est une lettre d'amour aux femmes ! Au départ, je suis comédien, metteur en scène, scénariste, ça me paraissait donc logique d'aller vers le théâtre.
« C'est une lettre d'amour aux femmes ! »
Je suis une drag-queen, certes, mais ce n'est pas un drag-show, ni du cabaret. Ne vous attendez pas à des changements de costumes toutes les cinq minutes. Je suis habillée en noir, j'ai une seule tenue qui évolue, un décor minimaliste, et tout se passe dans les perruques et le jeu.
Vous incarnez tour à tour une mère de famille, une guide de musée excédée, une bimbo touchante... mais finalement, de qui se moque-t-on ? Ça ne m'intéresse pas de faire des blagues sur les gros, les lesbiennes ou les pédés, ou alors avec une audience complice. Je ne me moque pas de la couleur de peau des gens, des accents, je ne vais pas imiter le Chinois comme Michel Leeb il y a trente ans... Mon spectacle est queer et féministe. Je m'attaque au patriarcat, surtout, mais aussi aux réacs. Beaucoup de mes personnages sont odieux, et on rit d'eux, pas avec eux. Ma bourgeoise de Dinard par exemple, s'en prend à sa femme de ménage, mais c'est elle qui est grotesque. Après, j'aime quand ça dérange, l'humour noir !
En effet, le personnage de Néfertiti, la bimbo, est très drôle mais plutôt sombre, n'est-ce pas ?
C'est mon préféré ! J'adore les cagoles, et c'est pour ça que je
termine le spectacle avec elle : c'est le seul personnage qui ne ment pas, n'est pas frustré ou fâché contre les autres. Néfertiti est vraie, assume qui elle est et emmerde les rageux ! Pour moi, c'est ça les cagoles, des féministes boudées par les féministes, parce qu'elles incarnent certains clichés
« Je m'attaque au patriarcat et aux réacs »
de la féminité. Mais je les trouve tout aussi légitimes car elles sont authentiques, ne se laissent pas faire par les mecs, disent tout ce qu'elles pensent... Je les trouve touchantes. Et la mienne, plus particulièrement, parce qu'elle est pudique. Elle raconte sa vie, qui est atroce, mais oublie de dire le plus important : elle a un enfant dont elle a perdu la garde...
Ce spectacle où on ne parle pas de Paloma, se conclut pourtant par une chanson très personnelle...
C'est Rebeka Warrior qui l'a écrite. J'ai littéralement fondu en larmes en lisant son texte ! C'était un moment un peu difficile, j'étais sur Quotidien, je prenais beaucoup de haine dans la tronche, beaucoup d'homophobie. Je me demandais à quel point j'avais envie de m'exposer en tant que personne queer, alors qu'au départ je suis juste comédien. Cette chanson soulevait toutes ces questions.
Comment vivez-vous cette exposition médiatique phénoménale depuis Drag Race France ?
On est content de placer des dragqueens dans des émissions, parce que c'est à la mode, mais nous invite-t-on pour de bonnes raisons ?
On s'expose à une large audience, face à un public pas du tout averti ni concerné, et on est très loin de n'avoir que des supporters. J'ai
« J'ai conscience de l'effet "queerwashing" »
par exemple reçu des menaces de mort... Je suis donc partagée : j'ai eu énormément de chance car on m'a proposé des choses tout de suite. Mais j'ai aussi conscience de l'effet "queerwashing".
Avez-vous refusé de participer à certaines émissions ?
Paloma au PluriElles
Arras, 15.10, Casino, 20h, 36/31€, casino-arras.fr Charleroi, 29.10, Eden, 20h, 30€ eden-charleroi.be Lille, 30.10, Théâtre Sébastopol, 20h, 47 > 23€ theatre-sebastopol.fr / agauchedelalune.com
Oui, car je refuse d'être la "pétasse" de service. On reste dans le cliché de La Cage aux folles, considérées comme des idiotes, et ça donne du grain à moudre à tous ceux qui pensent qu'on se moque des femmes... Ça ne m'intéresse pas de perpétuer un préjugé. Même si je suis un mec d'1m84 qui ne dupe personne sur son identité, dans la tête des gens, quand je suis Paloma, je reste une figure féminine. Il ne faut surtout pas que j'apparaisse comme une bécasse. J'ai fait des choses qui ont du sens parce qu'elles peuvent toucher un public plus large que celui du drag.
À lire / La version longue de cette interview sur lm-magazine.com
Qui som ? PIÈCE D’IDENTITÉ
Comment tenir le coup ensemble ? Quel poids avons-nous face à l’Histoire qui nous submerge ? Cette pièce chorale fut l’une des créations phares du festival d’Avignon. Avec Qui som ? ("qui sommes-nous ?", en catalan), la compagnie Baro d’evel poursuit une quête métaphysique à l’énergie redoutable.
Ce premier volet d’un nouveau triptyque (après le diptyque Là, Falaise) interroge notre identité collective et notre humanité.
Qui sommes-nous face à l’Autre ?
Entre équilibre précaire, catwalk lunaire, jeux de guerre, traversée en pleine mer et rave désespérée, voici une succession de tableaux aussi désopilants qu’inquiétants. Comment faire face aux défis d’aujourd’hui, aux crises migratoires et environnementales ? Effet domino, ou papillon. Les corps grotesques sont en marche. Le dispositif scénique convoque le fantastique. Où sommes-nous ?
Aussi bien chez Kantor, Beckett, Pina Bausch que dans le clip de Thriller. Une ambiance nucléaire et de fin du monde, un labyrinthe de l’absurde où le rêve éveillé n’est pas loin. Parmi ce vacarme et ces
accumulations diverses, c’est magie blanche contre marées noires.
Cirque divers
Pour construire ce spectacle, Baro d’evel (que l’on pourrait traduire par "nom de Dieu !") a tiré son inspiration des masques béninois, du carnaval slovène comme des cérémonies mongoles ou indiennes. « Il nous faut fabriquer et pratiquer des rites exutoires, chanter, danser, bouger ensemble », précise Camille Decourtye, co-fondatrice de cette compagnie en quête d’un art total. C’est-à-dire en mêlant mouvement, acrobatie, voix, musique, matière et en ménageant une place aux animaux. De la rue à la salle en passant par le chapiteau, cette troupe fait preuve de la même générosité – et n’a pas fini de nous surprendre. Selina Aït Karroum
Liège, 11 & 12.10, Théâtre de Liège, 19h, 32 > 7€, theatredeliege.be
Bruxelles, 30 & 31.10, Halles de Schaerbeek, 19h, 26,50 > 10,50€, halles.be
Douai, 13 > 15.11, Hippodrome, mer & ven : 19h30 • jeu : 20h30, 25 > 6€ (Les Multipistes)
Samara
ESPRIT DE CORPS
Dans une société toujours plus fissurée, où le repli sur soi devient le maître-mot, que peut la danse ? Essayer de rassembler, de trouver un langage commun, tout en préservant nos différences. Dans sa nouvelle pièce, Lila Magnin puise dans l’énergie de la colère et du besoin d’exulter les motifs d’une possible harmonie.
L’époque est à l’hybridation : technique, culturelle, des genres. C’est justement ce qui fait la saveur des créations de Lila Magnin. Vidéaste, musicienne, danseuse et chorégraphe, cette artiste protéiforme s’est toujours située "entre deux". Après le solo Azad (prénom signifiant "libre"), la Bruxelloise signe une pièce pour cinq interprètes, explorant toujours plus les "dualités complémentaires". Créé durant la pandémie de Covid, période synonyme d’isolement comme de besoin de rassemblement, le spectacle a été baptisé Sāmara, et ça n’a rien d’un hasard. Ce terme sanskrit signifie à la fois "lieu de guerre" et "marche avec les dieux" (c’est aussi le prénom donné à la fille d’une amie). Ainsi, cette chorégraphie traduit aussi bien la colère et le désir de célébration, face à un monde confus et fracturé. Comment faire corps malgré les différences, les déchirements ? Quelle société allons-nous transmettre aux générations futures ? Sur scène, cinq hommes et femmes d’origines, de corpulences et de parcours distincts tentent d’accorder leurs gestes aux émotions. En somme, de former une unité tout en préservant la diversité propre à notre espèce. Julien Damien Mons, 02 & 03.10, Théâtre le Manège, mer : 18h • jeu : 20h, 18 > 3€, surmars.be Charleroi, 11 & 12.10, Les Écuries, ven : 21h • sam : 20h, 18 > 5€, charleroi-danse.be
Chantaaaal a eu une révélation, un coup de foudre. C’est une personne trèèès haut placée qu’elle épousera. création
La Passion de Chantaaaal
Seul-en-scène drag de Jordan Deschamps et Camille Fievez
Une plongée dans l’imaginaire et l’inconscient, avec les incroyables danseur·euses de la Shechter Company. Pour découvrir les paysages de nos rêves.
Hofesh Shechter
un évènement !
Theatre of Dreams
toute la saison ↓
THÉÂTRE LA LOUVIÈRE
Un théâtre de la jubilation. (Le Figaro)
Danse macabre : les matières sombres
ANATOMIE DE L’HORREUR
Après l’acceptation de la différence avec Norman c’est comme normal, à une lettre près, la Kosmocompany est de retour avec un sujet aussi délicat que captivant. Pour cause, Clément Thirion et sa troupe dissèquent cette fois notre fascination pour la mort et la destruction, ce qu’elle révèle de nous. Des films catastrophe aux faits divers tragiques, des attentats aux tueries de masse, l’auteur-interprète multiplie les tableaux pour sonder cet attrait morbide, mais propre à l’humanité. Seul sur scène, il convoque des vidéos, pages Wikipédia ou rapports d’enquête du FBI pour mieux reconstituer des événements tragiques. L’invocation de Godzilla permet aussi d’illustrer, de manière plus légère, la puissance dévastatrice de la Nature et la folie de notre espèce. En toile de fond les beats electro de Björk croisent justement la fameuse "danse macabre" de Camille Saint-Saëns. Cette grandiloquence frénétique traduit toute l’énergie du chaos – c’est Satan qui frappe du talon pour réveiller les défunts... Jouant avec les échelles, Clément Thirion entretient ainsi un sentiment ambigu, étrange (littéralement monstrueux), mêlant dans un seul geste la vie et la mort, l’horreur et la beauté. Arthur Chapotat Bruxelles, 08 > 19.10, Théâtre Varia, mar & mer : 19h30 • jeu & ven : 20h30 • sam : 18h, 26 > 9€ Mons, 12 > 14.11, Théâtre le Manège, 20h, 18 > 5€, surmars.be
Musique . Performance
Danse . Musique
Tragédie
CRASH TEST
Une immense carlingue éventrée occupe la scène. De cet avion venant tout juste de s’écraser sortent seize jeunes gens. Ce n’est pourtant pas de cet accident dont ils vont parler durant deux heures trente, mais de la catastrophe qui engloutit notre monde. On comprend alors que cette carcasse métallique encore fumante est une spectaculaire métaphore du crash planétaire en cours, entre urgence climatique ou montée des extrémismes. Au fil de monologues, dialogues, ou épisodes choraux, ces rescapés pointent les responsabilités de l’humanité, évoquent le sentiment d’injustice de leur génération sacrifiée, leur colère, "l’héritage" calamiteux laissé par leurs aînés, mais aussi leurs propres renoncements, les rêves avortés... Le propos résonne d’autant plus qu’il est signé et interprété par les élèves-comédiens du studio 7 de l’École du Nord, soit de jeunes adultes protagonistes malgré eux d’une tragédie programmée : celle de l’effondrement de notre espèce. Mise en scène par David Bobée et Éric Lacascade (le parrain de cette promotion), la pièce, aussi sombre soit-elle, ménage toutefois un espoir. Au milieu de ces ruines jaillira peut-être une nouvelle promesse. En tout cas, leur histoire à eux ne fait que commencer... Julien Damien
Lille, 01 > 05.10, Théâtre du Nord, mar, mer & ven : 20h • jeu : 19h • sam : 18h, 18 > 9€ Valenciennes, 16 & 17.10, Le Phénix, 19h, 32 > 5€, lephenix.fr Douai, 16 & 17.01.2025, Hippodrome // Béthune, 28.01.2025, La Comédie Amiens, 23.05.2025, Maison de la culture
Visuel : Hélène Blanc –Licences PLATESV-R-2021-000130 ; PLATESV-R-2021-000131 ; PLATESV-R-2021-000132
DANSE PINA BAUSCH
DU 6 AU 10 NOV. 2024
Pina Bausch Mise en scène et chorégraphie
Peter Pabst Scénographie
Bienvenue au Grand Bleu !
Rentrée en fanfare pour le Grand Bleu, qui inaugure deux jours de fête avec ses artistes associés. Du "théâtre pour les jeunes d’aujourd’hui qui feront le monde de demain", sans négliger le passé. En témoigne la compagnie Oh ! Oui…, qui ressuscite lors d’un ciné-concert trois films d’un pionnier du cinéma d’animation : Charley Bowers, soit l’homme qui mettait en scène des souris armées de pistolets. Tandis que Sarah Carré (dé)tricote la relation entre une mère et son enfant à l’aide d’une écharpe, le collectif Maw Maw part à la recherche d’un drôle d’oiseau. Pour cause : il écrit des poèmes avec ses pattes... J.D.
Lille, 05 & 06.10, Le Grand Bleu, sam : 10h • dim : 11h, 5€, legrandbleu.com Sélection / Collectif Maw Maw - Le Langage des oiseaux // L’Embellie - Chère écharpe // Cie Oh ! Oui… - Bricolo + Le Joueur de flûte
Bon, le grand soir n’est pas pour demain... En attendant, on peut toujours se changer les idées ! Entourés du public, neuf circassiens ouvrent un drôle de bal, empli de voltiges et de portés acrobatiques. Électrisés par le set d’un DJ un peu clown sur les bords, ils se soutiennent, se rattrapent et célèbrent la joie simple d’être ensemble. Une douce folie contamine alors la piste, et les spectateurs ne peuvent s’empêcher, à leur tour, d’entrer dans la danse. J.D.
Dunkerque, 15 > 17.10, Le Bateau Feu mar : 20h • mer & jeu : 19h (Festival Allure folle)
DANSE | + 11 ANS
Shibuya
chorégraphie Lionel Bègue | un spectacle de Cabane
JEU. 7 NOV. | 19 H
VEN. 8 NOV. | 20 H
BILLETTERIE LEBATEAUFEU.COM
David Castello-Lopes
POUR DE VRAI
Du journalisme à l'humour, il n'y a parfois qu'un pas. Ex-chef du service vidéo au Monde, David Castello-Lopes s'est révélé avec des chroniques aussi tordantes que didactiques, nous expliquant des principes économiques complexes, l'origine de la myopie ou de l'émoji caca (!) avec ce même mélange de sérieux et de dérision. Entre ses pastilles pour Arte (Intéressant), ses drôles de questions sur France Inter (du genre : "est-il vrai que pierre qui roule n’amasse pas mousse ?") et ses interviews décalées pour Konbini, il a trouvé le temps d'écrire son premier spectacle, Authentique. On a vérifié deux-trois petites choses avec lui...
Vous avez un parcours assez atypique car, avant d'être humoriste, vous avez été journaliste, n'est-ce pas ?
Oui, d’ailleurs je le suis encore, dans une certaine mesure, au regard de ce que je produis pour Arte ou de mes chroniques sur France Inter. Certes, il y a pas mal de blagues dans ces contenus, mais tout cela s’appuie sur des recherches sérieuses et des faits vérifiés !
Le journalisme et l’humour ne sont-ils pas, a priori, antithétiques ?
Ça l'est pour ceux qui présentent le 20 h ou travaillent pour les pages géopolitiques du Monde, à l'AFP, car ils doivent rester le plus neutre possible, dans le fond comme la forme. Mais pour moi, pas du tout, car il n’y a pas qu’un seul type de journalisme. Parallèlement à certains médias, on peut injecter de l’humour dans l’information, sans
pour autant lui nuire. Au contraire, ça la renforce. Durant une soirée par exemple, lorsque vous racontez une histoire qui vous est arrivée, eh bien vous ménagez vos effets, placez des coups de théâtre, des formules rigolotes. En ce qui me concerne, le principe est le même.
« Les blagues sans fond ne me font pas rire »
Dans une société toujours plus défiante à l'égard des journalistes, mêler humour et "vraies informations" n'est-il pas sans risques ?
Je ne pense pas, c’est la responsabilité des journalistes d'être bien clairs entre ce qui est de l’ordre de la blague et ce qui ne l’est pas, ce qui est vrai ou pas.
Qu'est-ce qui vous a fait basculer vers une carrière d'humoriste ?
À vrai dire, je n’ai pas longtemps été un journaliste traditionnel.
J’ai commencé à Canal Plus et très vite proposé des chroniques dans lesquelles il y avait des chiffres, des faits vérifiés et des blagues (Le Chiffroscope, ndlr). Même quand j’étais chef du service vidéo au Monde, j'invitais à glisser une note d’humour dans les productions. Pour moi, dès le début, les deux ont été mêlés. Le vrai tournant ça a été la série Depuis quand, sur les origines des choses de la vie quotidienne. Je réalisais des reportages, rencontrais les gens sur place, dans un souci de précision, mais en même temps il y avait dans ces chroniques des chansons, des sketchs, un montage hyper serré...
« Impossible pour un être humain d’être authentique »
Alors, qu'est-ce qui fait la particularité de votre travail ?
J’aime défendre un propos, livrer une démonstration, partir d'un point A et arriver à un point B. Les blagues sans fond ne me font pas rire.
Pourquoi votre spectacle s'appelle-t-il Authentique ?
L’authenticité est un thème universel et très humain. On est la seule espèce animale à avoir conscience d’elle-même. On peut donc montrer un visage qui ne correspond pas à ce qui se passe dans notre tête. Dire à quelqu’un qu’on l’aime et penser tout le contraire... Il y a de bonnes blagues à faire sur le
sujet, comme le jour où j'ai découvert que les bébés se la pétaient !
C’est-à-dire ?
La fausseté des êtres humains commence très tôt. Je m’en suis rendu compte en voyant un bébé pleurant tout ce qu’il avait face à sa mère. Elle l’a mis sur son épaule. Il a continué à hurler, mais en souriant un peu. C’était un putain de bébé manipulateur ! Il "faisait genre" pour en tirer des bénéfices, c'est assez vertigineux.
Quels sont vos sujets de prédilection ?
J'observe les vecteurs de notre inauthenticité : la mauvaise foi, le regard des autres, la vanité... tous ces trucs qui pèsent sur notre sincérité et nous empêchent d'être nous-mêmes. D'ailleurs, je pense qu’il est impossible pour un être humain d’être authentique, mais on peut s’en approcher. Je parle aussi beaucoup de moi, du fait que j'étais un "boloss" au collège, de mon rapport à la séduction...
Que verra-t-on, concrètement, sur scène ?
Les gens qui aiment mes vidéos ne seront pas déroutés. C’est le même univers mais transposé sur scène. C'est un mélange de blagues et de choses sérieuses. Il y a un immense écran derrière moi, je joue de la musique, je danse, il y a du stand-up. La mise en scène est digne d'un montage sur YouTube. C’est une page vidéo dans la vraie vie, en quelque sorte.
Authentique
Dunkerque, 10.10, Kursaal, 20h, 38/33€
Mons, 13.11, Théâtre royal, 20h, 43 > 29€
Bruxelles, 14.11, Cirque royal, 20h, 39/34€
Béthune, 18.12, Théâtre municipal, 20h, 38/33€ agauchedelalune.com
À lire / Les Origines, David Castello-Lopes (Denoël), 256 p., 20€, denoel.fr
À lire / La version longue de cette interview sur lm-magazine.com
Ouvrez les vannes !
MALIK BENTALHA
Présenté à ses débuts comme le "digne héritier de Jamel Debbouze", Malik Bentalha a connu une fulgurante ascension, avant de subir un petit coup de mou. Le téléphone qui ne sonne plus, des accusations de plagiat, et même une dépression... Mais le Gardois a su se réinventer, notamment avec des parodies taillant L’Heure des pros, rebaptisée L’Heure de trop. C'est ce chemin, pavé de joies et de peines, qu'il évoque dans son troisième spectacle, Nouveau monde, délayant l’air du temps avec une pointe d'acidité.
Arras, 10.10, Casino, 20h, 50/45€ Béthune, 11.10, Théâtre municipal, 20h, 50/45€ Dunkerque, 12.10, Kursaal, 20h, 50/45€ Saint-Quentin, 07.11, Le Splendid, 20h30, 50/45€
AMINE RADI
Avant de monter sur scène, Amine Radi fut... expert-comptable. « Je m'occupais de l'argent des gens, c'est pour ça qu'ils n'en ont plus ! », rit-il. Le natif de Casablanca a donc bien fait de laisser tomber la calculette. D'ailleurs, ses sketchs cumulent désormais des millions de vues sur le Web. Son secret ? De l'autodérision et une science de l'impro qui a fait ses preuves. « Mon public, il est plus drôle que moi », assure l'expert-humoriste. Dans ce cas, on partage le prix du billet ?
Roubaix, 12.10, Le Colisée, 20h, 39 > 15€ coliseeroubaix.com Bruxelles, 02.11, Cirque royal, 20h, 33/29€ cirque-royal-bruxelles.be...
Ils sont provocateurs, burlesques ou poétiques… mais pareillement hilarants. Ces quatre valeurs sûres (ou en devenir) de la gaudriole débarquent près de chez nous pour le meilleur et le rire – et ce n’est pas de la blague.
Texte : Julien Damien
MARIE S'INFILTRE FRANJO
Marie Benoliel est à la fois autrice, chanteuse, performeuse... et surtout sacrément culottée. Cette "madame sans gêne" s'incruste un peu partout où on ne l'attend pas, en plein défilé Chanel comme à Dubaï, révélant un envers du décor fait d'ouvriers exploités et d'influenceurs décérébrés. Son passage de YouTube à la scène fut aussi trash et drôle, entre show burlesque, blagues potaches et provocation. En somme, elle n'a honte de rien et nous invite à faire, comme elle, preuve d'audace.
Le Touquet, 19.10, Palais des congrès, 20h30 complet !, tumetonnesproductions.com
Lille, 06.12, Le Zénith, 20h, 59 > 25€ Bruxelles, 19.12, Forest National, 20h, 50 > 25€
Parmi les humoristes qui montent, Franjo se pose-là, quelque part entre Pierre-Emmanuel Barré et Fabrice Éboué. Ici outrageusement misogyne (sa rencontre sur Tinder avec "Kimbourlay"), là taillant la théorie des genres ou la "bien-pensance" (« on fait barrage au RN tous les cinq ans, apparemment on est devenus des castors »), ce grand échalas se fiche comme de son dernier t-shirt du politiquement correct. Entre deux confessions sur son ex, il n'hésite pas non plus à vanner son publicqui en redemande !
Lille, 24.10, Théâtre Sébastopol, 20h, complet ! tumetonnesproductions.com
LA DERNIÈRE REPRÉSENTATION
THÉÂTRALE
(Aude Denis / Cie Par dessus bord)
Mais à quoi sert le théâtre ? Vaste question. Cette pièce nous projette en 2083 : l’art si cher à Molière a totalement disparu. Deux conférencières nous expliquent en quoi il consistait. Comment ça marchait exactement ? Qu’est-ce qu’un spectateur ? Quel était l’objectif ? Sans vraiment s’en rendre compte, nos deux historiennes vont se mettre à jouer… et faire du théâtre. Un duo qui nous démontre avec malice la nécessité du spectacle vivant. Houplin-Ancoisne, 03.10, Salle des fêtes, 20h // Prémesques, 04.10, Salle Saint-Laurent, 20h Noyelles-lès-Seclin, 05.10,Centre d'animation municipal, 19h // Lys-lez-Lannoy, 06.10, Théâtre de l'Eden, 17h, gratuit, levivat.net (Les Belles sorties de la MEL)
CORPS EXTRÊMES
(Rachid Ouramdane)
Chorégraphe et danseur, Rachid Ouramdane applique sa même science de la virtuosité au cirque. Après Möbius, il invite une nouvelle fois acrobates et voltigeurs, mais aussi grimpeurs et funambules (ou “highliners”) en haute altitude pour défier les lois de la gravité. Devant un grand mur d’escalade immaculé, dix aventuriers de l’extrême jonglent avec la peur du vide et ce désir ancestral propre à notre espèce de s’élever toujours plus haut – et c’est vertigineux.
Charleroi, 03 & 04.10, Palais des beaux-arts 20h, 18 > 6€, pba.be
SOMNOLE
LA POUPÉE DE MONSIEUR K
(Thomas Gunzig / LéZaâr Cie)
En novembre 1923, Kafka rencontre une fillette en larmes, dans un parc : sa poupée a disparu. Il la console et lui répond : « Elle n’est pas perdue, elle est partie en voyage ». Durant des semaines, il lui enverra des lettres signées par ladite poupée... Cette "correspondance" n'a jamais été retrouvée. Thomas Gunzig l'a donc imaginée pour écrire un spectacle mêlant théâtre d'objets et mime, tendresse et philosophie.
Mons, 06.10, Théâtre le Manège, 16h, 18 > 3€
(Boris Charmatz /Terrain )
Boris Charmatz s’inspire de cet état précédent le sommeil pour signer un étonnant solo. Empruntant à la gestuelle du somnambule, le voici sur un fil entre rêve et réalité, dans une performance épurée, tranchant avec ses pièces précédentes, formées de grands ensembles (La Ruée, 10 000 gestes). Accompagné d’un discret sifflement, le chorégraphe initie une transe entre soubresauts et mouvements millimétrés. Un spectacle s'apparentant à un rêve dansé - et qui n’a rien de soporifique ! Valenciennes, 07 & 08.10, Le Phénix, 20h, 26 > 6€, lephenix.fr
THÉÂTRE DE DOUAI
2024 - 2025
Aperçu de la 239 e saison
© Klara Beck
POLIFEMO
(N. Porpora / E. Haïm / B. Ravella)
Ce n’est pas le plus connu des compositeurs de la période baroque, mais pas le moins prolifique. Rival de Haendel, Nicola Porpora (1686-1768) laisse à la postérité une cinquantaine d’opéras. Parmi eux Polifemo, dont voici une version des plus impressionnantes, entre humour, tragédie et effets (très) spéciaux. Pour cause, l’histoire est racontée par le prisme d’un tournage de péplum, dans les années 1960. Lille, 08 > 16.10, Opéra, 20h (sauf samedi : 18h), 75 > 5€, opera-lille.fr
NOMADICS
(Lisbeth Gruwez & Maarten Van Cauwenberghe / Voetvolk)
Dans cette performance, Lisbeth Gruwez donne littéralement corps à la nature. Sur scène, huit interprètes incarnent des arbres, de l’herbe ou des rochers, donnant vie à un paysage calme ou déchaîné. Ils cherchent à entrer en symbiose avec les éléments, sur la "techno environnementale" de Maarten Van Cauwenberghe - composée avec le son de l'eau, du vent... Pour parfaire cette harmonie, les spectateurs sont invités à effectuer une randonnée avec les danseurs en amont du spectacle !
Roubaix, 11 & 12.10, La Condition publique, 19h, 21 > 5€, larose.fr // Gand, 21 & 22.11, De Vooruit, 20h, 22 > 14€, viernulvier.gent
TIMES SQUARE
EN SON LIEU
(Christian Rizzo)
Dans ce solo, Christian Rizzo brouille la frontière entre l’intérieur et l’extérieur. Sur scène, le danseur de hip-hop Nicolas Fayol évolue au centre d’un lieu indéfini, entre une roche, une paire de bottes ou des perches noires évoquant autant d’arbres – ou de lampadaires. Estil dedans ou dehors ? Ce sera à lui de le déterminer. En attendant, il se livre à une chorégraphie truffée d’appuis au sol et de mouvements ralentis, menant un voyage immobile entre deux mondes.
Douai, 16.10, Hippodrome, 20h30, 25 > 5€ tandem-arrasdouai.eu
(Clément Koch / Hélène Theunissen)
L'action se déroule dans un vieil immeuble du quartier de Times Square, place forte des théâtres de la "grosse pomme". Matt Donovan, ancien grand comédien, a perdu tout intérêt pour son métier, noyant son spleen dans le whisky. Un jour, une apprentie-actrice frappe à sa porte pour lui demander de l'aide. Elle a besoin de conseils pour décrocher un rôle dans Roméo et Juliette. Notre grincheux va peu à peu reprendre goût à son art et à la vie...
Bruxelles, 23.10 > 24.11, Théâtre royal des galeries, mar > sam : 20h15 dim : 15h • 28 > 15€, trg.be
OUT OF HOME COMMUNICATION
Urban Posting
Display Racks
Visitor Information
Cultural Spots
Hotels, Bars & Restaurants
Universities
Libraries
Bicycle parkings
Bus Stops
Indoor Posting
Banners on Street Lamps
Amusement Parks
3 octobre
Scarlett emportée par le vent
Grand Théâtre - 20h30 - théâtre comédie
10 octobre
Ultra Vomit et Crisix
Gérard-Philipe - 20h30 - Métal parodique
17 Octobre
L’amour chez les autres
Grand Théâtre - 20h30 - Théâtre comédie
19 Octobre
NNEKa et Radiomono
Gérard-Philipe - 20h30 - Pop
5 Novembre
Sol Invictus Cie Hervé Koubi
Grand Théâtre - 20h30 - Danse
www.spectacle-gtgp.calais.fr
Non, les bonbons c’est pour les jolis déguisements. Pour les déguisements de merde, c’est tartine de saindoux.
Tatie Sylvette ne transigeait jamais avec Halloween.
ALCIDE DESSINE
Un petit conseil, pour finir : avant de fêter Halloween, choisissez bien votre costume au moment de soutirer des sucreries à vos voisins, sous peine de repartir un poil déçus... C’est en tout cas ce que nous suggère Alcide Dessine dans l’une de ses cases, complètement à part. D’ailleurs, on vous recommande chaudement son premier livre, Dessins sous Alcide (et de lire son portrait, page 66). À mourir de rire... c @alcidedessine
À lire / Alcide Dessine, Dessins sous Alcide (Éd. Lapin), 176 p., 18€, Sortie le 11.10
Scénographie
Costumes
Lumières