Joyeuses fêtes ! CARTE CADEAU
Offrez de l’émotion !
STYLE
– 12
BRUSSELS PINBALL MUSEUM
Perds pas la boule
BRODE PUTE
Dame de pique
COMMENT J’AI MANGÉ MON SAPIN DE NOËL
Recettes épineuses
PORTFOLIO –
30
SKIO Poétique de la ville
RENCONTRE
JENNIFER LUFAU – 18 Game ouvert
DIPTYQUE THÉÂTRE – 96
L’homophobie hors-jeu
ÉTIENNE SAGLIO – 108 Il était plusieurs fois
MUSIQUE –
40
Rejjie Snow, Alfie Templeman, Bagarre + Dombrance, Los Bitchos, DJ Hell, Vitalic, Algues vertes, Typotypex, Grégoire Gerstmans, Aldebert, The Wackids, Muddy Monk, Justice, King Hannah, Tiken Jah Fakoly, JPEGMafia, The Libertines
ÉCRANS
– 60
Grand Tour, Leurs Enfants après eux, En Fanfare, Vingt dieux, Noël à Miller’s Point, Saint-Ex, La Divine, Sarah Bernhardt, Jouer avec le feu, Planète B, Spectateurs !
EXPOSITION – 68
Musée Matisse, Kelu Abstract, Surréalisme : bouleverser le réel, Chambre 207, Esprit critique, Après la pluie, Gordon Matta-Clark, Daniel Turner, Agenda
THÉÂTRE & DANSE – 96
Les Crampons, Éducation nationale, David et Jonathas, Lady Agatha, Guillermo Guiz, Benjamin Tranié, Bérengère Krief, Paul de Saint Sernin, Vers les métamorphoses, Festival Ocytô, Fred Blin, Des Chimères dans la tête, Animal, Les Souliers rouges, Blanche Neige ou la chute du Mur de Berlin, Magnééétique, Le Magicien d’Oz, Baoum !, Blizzard, Simon La Gadouille, Alice et le miroir, Pestacles !, Histoires en série, Une Histoire subjective du Proche-Orient mais néanmoins valide… je pense, Rue des Italiens, Agenda…
LE MOT DE LA FIN
– 130
VOGUE LA GALÈRE
Gérard-Philipe Grand Théâtre
9 janvier olivia ruiz
Grand Théâtre - 20h30 - concert
18 janvier tiken jah fakoly
Gérard-Philipe - 20h30 - reggae
24 janvier l’île des esclaves
Grand Théâtre - 20h30 - Théâtre comédie
25 janvier maëlle et moma elle
Gérard-Philipe - 20h30 - Pop
30 janvier smile
Grand Théâtre - 20h30 - théâtre
Retrouvez le programme ici
Retrouvez-nous sur les réseaux sociaux de la ville. Gérard-philipe - ccgp grand théatre de calais - officiel
infos billetterie : www.billetterie.calais.fr
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Diffusion C*RED (France / Belgique) ; BHS.media (Bruxelles / Hainaut)
Ont collaboré à ce numéro : Selina Aït Karroum, Thibaut Allemand, Hugo Guyon, Raphaël Nieuwjaer, Nicolas Scauri, Arnaud Stoerkler et plus si affinités.
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Peintures fraîches
La Galerie du temps fait peau neuve ! Inaugurée il y a pile 12 ans, l’exposition permanente du Louvre-Lens est intégralement repensée, avec l’arrivée de 200 nouvelles œuvres (notamment Les Quatre saisons d’Arcimboldo).
Sur place, le principe reste le même : 5 000 ans d’histoire de l’humanité à parcourir sans rencontrer un seul mur. Soit autant de surprises à découvrir le 4 décembre, le jour de l’anniversaire du musée, et durant un week-end festif tout en fanfares, spectacles et DJ sets !
Lens, 07 & 08.12, Louvre-Lens, gratuit, louvrelens.fr
OBJECTIF NUL
Si vous avez la chance de partir en vacances cet hiver, n’oubliez pas votre Nonna’s Cam ! Déve loppé par les designers argentins Pedro Mezzini et Augusto Callegari, cet appareil photo est équipé d’un faux doigt en plastique placé juste en bordure de l’objectif. Mais pourquoi ? Afin de systématiquement foirer tous vos clichés, comme au bon vieux temps de l’analogique. Cheeeeese ! surfers.cargo.site
LA NOTE JUSTE
C’est une invention qui va faire du bruit. Pour lutter contre le harcèlement de rue, le Caennais Quentin Duteil a conçu grâce à son imprimante 3D le sifflet "repousse relou". Doté d’une double sortie d’air, pour créer deux sons de fréquences différentes, l’objet émet une note stridente particulièrement désagréable, apte à faire fuir l’agresseur ou simplement alerter les passants. Notons qu’il coûte 1,50€ sans apporter de bénéfices à son créateur - et c’est pas du pipeau ! repousse-relou.odoo.com
LOÏC PRIGENT
Mille milliards de rubans (Grasset)
Avec pour fil rouge une question simple (qui a inventé le prêt-à-porter ?) et une période historique clairement délimitée (1850-1912), ce petit livre dissèque l'évolution des formes et des matières, s'arrête sur les fashionistas de l'époque (l'impératrice Eugénie, Pauline de Metternich) et propose des points de vue étonnants : la réorganisation de la ville de Paris par Haussmann en larges boulevards évite les barricades… et permet aux imposantes robes de crinoline de circuler plus facilement ! Ces recherches, précises et sérieuses, sont contées avec un sens certain de la formule et, surtout, une passion contagieuse pour son sujet. 208 p., 19€. Thibaut Allemand
RICHARD BALLS
Shane MacGowan (La Table Ronde)
Shane MacGowan est mort à 65 ans en novembre 2023. En soi, ce fut un exploit pour l’âme des Pogues, véritable chandelle brûlée par les deux bouts. Cet Irlandais né… dans le Kent aurait pu donner lieu à mille et une biographies en forme de réservoir à anecdotes éthyliques. Ce n’est heureusement pas le parti de Richard Balls. Le journaliste préfère interroger l’intéressé, ses proches, sa famille... En résulte une biographie détaillée, souvent drôle, qui évite le piège du panégyrique et, en 450 pages très denses, cerne son sujet : ses racines, son rapport à l’anglicité, son impact culturel… Slàinte Mhath ! 450 p. 26€. Thibaut Allemand
MARION MONTAIGNE
Tu mourras moins bête - T6
(Delcourt)
Pourquoi les tyrannosaures avaient-ils de si petits bras ? Notre aspirateur a-t-il une personnalité ? Peut-on fabriquer un couteau avec ses excréments ? Rouler en mobylette sur la Lune ? Autant de questions qu'on ne se posait pas forcément, mais auxquelles Marion Montaigne apporte des réponses essentielles et ô combien drolatiques. Le sixième tome (In Moustachum Veritas) de cette BD de vulgarisation scientifique use de la même recette qui a fait le succès de notre professeur Moustache : un trait simple mais bien énervé, des informations glanées auprès des chercheurs et un régal d'humour trash et potache, qui confine au génie. Certes, on mourra quand même, mais on se sera bien marrés. 256 p., 20,50€. Julien Damien
Brussels Pinball Museum
PERDS PAS LA BOULE
Une moquette aux motifs fluo, des bornes d’arcade antédiluviennes avec Pac-Man et consorts, un juke-box repassant des tubes de Van Halen et, surtout, des flippers en veux-tu en voilà... Fichtre, nous voilà revenus dans les années 1980-90 ! « De toute évidence, une rupture du continuum espace-temps a provoqué l’émergence de cette réalité alternative ». En fait, quitte à contredire ce bon vieux docteur Emmett Brown, on a plutôt poussé les portes du Brussels Pinball Museum, petit temple dédié au "billard électrique", comme il dirait.
Créé à Chicago dans les années 1930 par des ouvriers au chômage après le krach de 1929, le flipper s’est vite imposé comme la star des bistrots... avant d’être supplanté par l’essor des jeux vidéo, à la fin du siècle dernier. Mais depuis quelques temps, il est redevenu un peu plus qu’un simple objet de décoration pour salons fortunés. Bénéficierait-il d’une extra ball ? C’est en tout cas ce que veut croire Ludo, qui vient d’inaugurer son musée-bar à jeux, à Auderghem. Ce passionné considère ainsi la petite bille en acier chromé comme un contre-pied salutaire à l’ère numérique, « où chacun joue dans son coin, derrière un écran ou en réseau avec des inconnus, déplore-t-il. Ici il y a du contact
social, de l’humain ». Et surtout des machines rutilantes datant pour la plupart des années 1990, que cet « autodidacte, hyperactif et insomniaque » récupère à droite et à gauche. Il les « retape » soigneusement - quand il ne les modifie pas, ajoutant ici un gyrophare, là « une loupiote sur une goulotte ».
« AVEC LE FLIPPER
IL Y A DU CONTACT SOCIAL, DE L’HUMAIN »
Flippant. Au Brussels Pinball Museum, dans un décor de circonstance (on y trouve un gremlin, les Nike autolaçantes de Marty McFly...), une trentaine de ces merveilles d’électromécanique sont disposées sur deux
étages et brillent de leur design à la mode hollywoodienne, bumpers scintillants, batteurs et flashers épileptiques... Parfois, elles semblent carrément vivantes : même inactives, elles émettent de petits "bips". « Elles nous appellent pour jouer... », explique Ludo, sans rire. Chacune a sa propre histoire,
« CERTAINES MACHINES NOUS
APPELLENT POUR JOUER »
ses règles, sa technologie (mention spéciale aux hologrammes d’aliens à dézinguer de Revenge From Mars) voire sa petite personnalité, à l’image de cette machine
à la gloire de la famille Addams, littéralement possédée. Pour cause, la bille perd la boule, monte ou descend à sa guise – oh, point de spectres ici : des électro-aimants ont été disposés sous le plateau. Parmi les autres vedettes des lieux, on citera aussi ce flipper Terminator 2 (dédicacé par Edward Furlong aka John Connor), le Medieval Madness (avec ses catapultes, ses têtes de trolls et son château qui explose !) ou en-
core ce Pin Bot à la voix robotisée
– qui apparaît d’ailleurs dans le film Big, avec Tom Hanks. Bon, sur ce, on vous laisse, on est en pleine multiball, et pas loin du tilt...
Brussels Pinball Museum
Auderghem
Chaussée de Wavre 1501
jeu : 11h30-23h
ven : 11h30-23h30
sam : 12h-23h30 • dim : 12h-23h (lun > mer : sur reservation)
1h : 9/6€ (-16 ans), 2h : 12/8€,
3h : 15/10€ (gratuit -6 ans)
+32 (0)2 332 23 70
brusselspinballmuseum.com
Rester curieux
⟶ La Médiathèque en ligne des films, de la presse, des BD, des mangas, des cours en ligne… gratuits, 7j/7, 24h/24
Retrouvez la sélection des fêtes !
Jennifer Lufau
GAME OUVERT
C’est toujours la grande star sous le sapin de Noël. Pourtant, s’il s’est imposé comme la première industrie culturelle mondiale, le jeu vidéo n’est pas encore le champion de la diversité. Jennifer Lufau lutte justement pour ouvrir un peu le jeu. Fondatrice de l’association Afrogameuses, consultante en authenticité, cette Parisienne milite pour une meilleure représentation des femmes et minorités ethniques dans le gaming. Elle intervient à plusieurs niveaux : la conception des personnages, les studios, l’e-sport ou sur les plateformes de streaming. Prêts à démarrer une partie plus inclusive ?
Quel est le but d’Afrogameuses ?
Visibiliser les joueuses noires ou afrodescendantes, et toutes les personnes sous-représentées dans ce milieu. En somme, changer l’image que l’on peut avoir du gameur lambda, qui n’est pas forcément un jeune homme blanc coincé dans sa chambre et associable... Il s’agit aussi de faire évoluer l’industrie du jeu vidéo.
De quelle façon ?
D’abord en révélant toute la diversité des joueurs et joueuses, puis en les encourageant à prendre leur place dans le secteur. Nous luttons également contre la toxicité en ligne. Les joueuses sont souvent démunies face au cyberharcèlement, au sexisme, au racisme. Nous incitons enfin les studios à
favoriser la diversité dans leurs équipes et dans les jeux.
Avez-vous des chiffres quant à la représentation des femmes et des personnes de couleur dans les jeux vidéo ?
C’est une denrée rare car les statistiques ethniques sont interdites en France, mais pas dans les pays anglo-saxons... D’après une étude datant de 2021 de Diamond Lobby, l’un des plus grands sites Web d’évaluation de jeux au monde, 79,2% des personnages principaux sont des hommes, 54,4% sont blancs et seulement 8,3% sont des femmes de couleur. On sait aussi qu’en France la présence des femmes dans les studios stagne. Elles sont seulement un quart dans le secteur
et occupent souvent des postes subalternes. Les jeux autant que les studios ne reflètent donc pas la diversité de la société.
Comment expliquer la sousreprésentation des personnes de couleur dans le métier ?
Parce qu’il faut jouir de certains privilèges pour intégrer ce milieu, sortir d’une école qui coûte cher et bénéficier d’un réseau majoritairement constitué d’hommes blancs... Il suffit de regarder les photos des équipes des studios pour constater qu’elles sont très homogènes. On reste donc dans l’entre-soi et tout cela a un effet sur la conception du jeu. Les développeurs vont créer des personnages qui leur ressemblent...
D’ailleurs vous dites que les personnages noirs sont souvent bâclés dans les jeux... Ils sont généralement stéréotypés et obtiennent peu de premiers rôles. On déplore cette sous-représentation et un manque d’authenticité : souvent le même type de personnages avec une vieille coupe afro ou trois tresses...
Comment favoriser cette diversité ?
Cela passe par l’éducation, en rappelant aux personnes issues de la diversité qu’elles ont leur place dans ce secteur, dès l’enfance. L’idée n’est pas de censurer les studios mais d’enrichir leurs projets, de développer des représentations dénuées de clichés.
C’est important d’avoir des héros auxquels s’identifier car, sinon, on a l’impression de ne pas exister.
« NOUS LUTTONS CONTRE LA TOXICITÉ EN LIGNE »
Certains crient au "wokisme", par exemple contre Ubisoft qui proposera aux joueurs, dans le prochain Assassin’s Creed (Shadows), d’incarner une shinobi japonaise et un samouraï noir, Yasuke... Qu’en pensez-vous ?
Rappelons que Yasuke est un personnage historique. Ces réactions ne sont hélas pas surprenantes. Elles proviennent d’une minorité de personnes dénonçant un grand
remplacement dans le jeu vidéo, comme si les personnages noirs, LGBT ou féminins allaient évincer les héros virils et blancs... Ce n’est d’ailleurs pas ce que je souhaite, mais simplement enrichir le panel. Hélas, ces gens sont très "bruyants" et parviennent à en convaincre d’autres. À cause d’eux, le terme "woke" a perdu de son sens, car il s’agit à l’origine de prendre conscience des oppressions subies par les minorités.
« AVOIR DES HÉROS
AUXQUELS S’IDENTIFIER »
Le jeu vidéo serait donc plus politique qu’on ne le croit ?
Totalement, la politique investit tous les arts et donc le jeu vidéo. Ces gens nous accusent de le politiser mais il l’est déjà ! De façon
très directe, on a constaté durant les dernières élections présidentielles aux États-Unis et même en France, que des partis se sont invités dans les espaces numériques pour rallier les jeunes à leur cause. Les mouvements d’extrême droite sont d’ailleurs très présents sur ces plateformes.
Enfin, n’est-il pas aussi important d’incarner un personnage qui ne nous ressemble pas ?
Tout à fait, cela permet de développer son empathie et on en a bien besoin aujourd’hui... Le jeu vidéo reste le médium idéal pour se mettre à la place de l’autre, mieux le comprendre et l’accepter. Plus que dans les autres arts, il nous invite à faire des choix, incarner d’autres vies.
À visiter / afrogameuses.com
À lire / La version longue de cette interview sur lm-magazine.com
Brode pute
DAME DE PIQUE
De loin, l’éclat d’un décor riche et délicat. De près, le choc d’un petit mot comme "merde" ou "clito". Bienvenue chez Brode pute ! Cette artiste parisienne entrelace l’élégance de la broderie et l’irrévérence d’un langage, disons, fleuri. De quoi rendre le point de croix complètement punk ? Peut-être. En tout cas, on a trouvé nos prochains cadeaux de Noël...
« Je suis consciente que mes créations ne plaisent pas à tout le monde ». Oui, mais voilà, Brode pute reste avant tout elle-même. Et puis, son travail fédère de nombreux amateurs. Aussi, la Parisienne continue d’élaborer depuis
son canapé, le soir ou le weekend, de gracieuses broderies florales ornées d’insultes ("Va boire l’eau de la Seine"), de grossièretés ("prout", "crotte") et d’autres mots grinçants à revaloriser d’urgence ("vagin", "SPM", l’acronyme
du syndrome prémenstruel). Des boucles d’oreilles "ouin ouin" au pull de seconde main barré d’un grand "merde", en passant par cette couronne décorative agrémentée d’un "nichon" sur fond de plantes et de fleurs, la quadra ne se refuse (presque) rien. Son public non plus. « Mon best-seller, c’est le slogan "Va bien te faire cuire le cul"», confie l’intéressée, dont
«
CASSER L’IMAGE DE LA BRODERIE TRADITIONNELLE »
les « broches à doigt d’honneur » fonctionnent aussi très bien. Il y en aura d’ailleurs « toute une armée » pour sa vente de Noël, qui bouclera début décembre un travail acharné. « Il me faut deux à cinq heures pour une broche, jusqu’à trente pour un pull recyclé », calcule la punk à chats, assistée par deux félins dans son activité domestique.
Au bout du fil. Ses cent mille abonnés sur les réseaux sociaux et l’épuisement quasi-constant de ses stocks en ligne disent tout du succès de Brode pute. Mais à quoi tient-il ? Probablement à sa manière de « casser l’image de la traditionnelle broderie à mamie, sans l’insulter », ose la prénommée Lucile. Témoignant d’un indéniable savoir-faire, ses œuvres sont emplies de délicatesse tout
en portant des messages corrosifs et féministes. Ce côté piquant s’est imposé dès les premiers coups d’aiguille, opérés en 2009 pour « se vider la tête le soir » après de longues journées de travail sur ordinateur. Comblée par la technique « créative et répétitive du point de croix », l’habitante de Saint-Denis s’éloigne vite des décos « cul-cul » pour bouger les lignes du bon et du mauvais goût. Le tout parfois en pyjama, « avec une pinte de tisane à portée de main », ce qui fait bien rire cette orfèvre du fil. Nous aussi !
Arnaud Stoerkler
À visiter / brodepute.bigcartel.com c @brodepute
Comment j’ai mangé mon sapin de Noël
RECETTES ÉPINEUSES
Vous ne savez pas quoi faire de votre sapin une fois les fêtes passées ? Ne le jetez pas, mangez-le ! C’est l’idée pas si saugrenue de Julia Georgallis. Alors que près de six millions de conifères sont coupés chaque année en France, et nombre d’entre eux abandonnés sur les trottoirs, cette cuisinière anglaise propose des recettes astucieuses pour se délecter de ses branches et épines.
« Je serai franche, il faut se donner un peu de mal pour réussir à tirer des conifères un mets délicieux », prévient Julia Georgallis en préambule de son ouvrage. D’ailleurs, et vous l’aurez sans doute deviné, il ne s’agit pas ici de croquer dans le premier tronc venu ! Plutôt d’utiliser certaines parties du "roi des forêts" pour donner à notre assiette un petit goût boisé. L’autrice y ajoute aussi tout un panel d’arbres qui, de près ou de loin, ont un rapport avec les fêtes de fin d’année. Que ce soit par filiation (le genévrier, un "cousin" du cyprès) ou par leur utilisation dans d’autres folklores, tel le bambou. Mais une chose est sûre, ses créations ne manquent pas de piquant.
Fibre écolo. Au gré d’une quarantaine de plats sucrés ou salés, la Britannique nous propose par exemple d’agrémenter le couscous (de Noël !) de pignons de pin, ou de relever les légumes de saison avec de la cendre de sapin, histoire de les nimber d’un doux parfum fumé. On se laissera aussi tenter par un sorbet de citron, huile d’olive et pin blanc, que les plus aventureux accompagneront de vodka infusée à l’épicéa... Au-delà de l’originalité culinaire, Julia Georgallis veut surtout nous encourager à « prolonger l’espérance de vie déjà bien courte de notre arbre de Noël ». Et, en cette période propice à la (sur)consommation, « favoriser la réutilisation et le recyclage ». Un sujet autrement plus épineux... >>>
RECETTES
MEMBRILLO AUX POMMES ET AU SAPIN
Cette pâte de fruits espagnole, habituellement préparée avec du coing, est ici revisitée avec de la pomme et des aiguilles de sapin ou d’épicéa. La patience est de mise : après avoir mélangé votre compote, laissez prendre entre dix jours et deux semaines !
SMERKA
Pour patienter, quoi de mieux qu’une petite boisson ? Cette potion est fermentée à partir de baies de genévrier, offrant un goût de gin sans alcool. Mélangez simplement les baies avec de l’eau, du miel et du citron, puis laissez la magie opérer pendant dix jours.
Garanti sans gueule de bois !
POISSON FUMÉ DE NOËL
Le poisson frais, choisi selon l’arrivage chez votre poissonnier, est mariné dans un mélange de branches de conifère, de cassonade, de sel, de citron et de betterave. Laissez le temps faire son œuvre : il faut prévoir entre deux jours et une semaine pour un résultat optimal.
À lire / Comment j’ai mangé mon sapin de Noël, de Julia Georgallis (Éditions du Rouergue), 140 p. 19,50€
À visiter / lerouergue.com ; juliageorgallis.co.uk
Mettez de la Culture sous le sapin
⟶ Offrez la C’ART
le pass musées métropolitain
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POÉTIQUE DE
LA VILLE Skio
Comme bon nombre de ses pairs, Nicolas Scauri, alias Skio, a commencé à peindre dans la rue, en bombant des trains et des murs, entre graffs et lettrages "vandales". D’abord à Nice où il a grandi, puis à Toulon où il a suivi des études de design. Rien que de très ordinaire, nous direz-vous ? Ça se discute... En tout cas, l’évolution de son art n’est pas commune. En deux décennies de pratique, ce quadragénaire désormais installé à Paris s’est fait un nom à travers le monde en développant un style à nul autre pareil. Nourries par une passion pour le Bauhaus ou le surréalisme mystique de Dalí, ses œuvres conjuguent figuration et abstraction, couleurs froides (voire glaciales) et tonalités plus chaudes, pour initier une réflexion des plus contemporaines. En l’occurrence sur « la place de l’Homme dans le paysage urbain », dit-il. Au sein de ses compositions, les formes géométriques symbolisent l’architecture complexe de nos cités bétonnées, où se fondent des visages au regard systématiquement absent. Cette oblitération laisse évidemment tout loisir au spectateur de se projeter dans ces portraits, qu’ils soient exécutés sur toile ou sur mur, « en digital et bientôt en volume ». De façon plus subtile, cette disparition traduit également l’anonymat des êtres humains dans l’espace public. Et puis, qu’en est-il de ces grosses lunettes de soleil éclipsant parfois les yeux des sujets ? Ne seraient-elles pas, aussi, une manière de pointer l’immixtion croissante du numérique, et plus largement des écrans, dans nos vies ? À vous de voir, et surtout de regarder... Julien Damien
À visiter / skio.fr, c @skio1
« QUESTIONNER LA PLACE DE L’HOMME DANS LA VILLE »
Eugénie
mar. 03 déc. |
Eddy de Pretto
mer. 04 déc. |
DER. PLACES
Livaï & Cosmo
mer. 04 déc. |
Diva Faune
jeu. 05 déc. |
Laurie Darmon ven. 06 déc. |
Marie S’infiltre ven. 06 déc. |
Danyl
sam. 07 déc. |
Pex
mar. 10 déc. |
Mauvais Œil mer. 11 déc. |
Eihwar
jeu. 12 déc. |
La Bulle Café - Lille
Le Zénith - Lille
La Bulle Café - Lille
La Bulle Café - Lille
Le Splendid - Lille
Le Zénith - Lille
Le Flow - Lille
La Bulle Café - Lille
La Bulle Café - Lille
La Bulle Café - Lille COMPLET
Sam Quealy
jeu. 12 déc. |
La Bulle Café - Lille
POP FACTORY #7
Muddy Monk + The Doug + Yoa ven. 13 déc. |
Le Grand Mix - Lille
Chill Bump
sam. 14 déc. | The Black Lab - Wasquehal
MOTOCULTOR
across europe tour 2024
Orphaned Land + Dirty Shirt + Royal Rage + Ring of Gyges dim. 15 déc. | The Black Lab - Wasquehal
Dadju & Tayc
mar. 17 déc. |
Gayant Expo - Douai mer. 18 déc. | Gayant Expo - Douai COMPLET
David Castello-Lopes
mer. 18 déc. |
Théâtre de Béthune DER. PLACES
RÉSA:
agauchedelalune.tickandyou.com et dans les points de vente officiels habituels graphisme : marceau truffaut - IG @hypothese.studio
Vitaa
jeu. 19 déc. |
Le Zénith - Lille Sto jeu. 19 déc. |
Chilla + Myra
ven. 20 déc. |
Chanje
sam. 04 jan. |
MOTOCULTOR
Le Splendid - Lille
Le Flow - Lille
La Bulle Café - Lille
across europe tour 2025
Infected Rain + Semblant + Elyose + Miruthan + Skin on Flesh sam. 11 jan. |
The Black Lab - Wasquehal
The Wanton Bishops
sam. 18 jan. | The Black Lab - Wasquehal
Pu y
mer. 22 jan. |
Arøne
L’Aéronef - Lille DER. PLACES
jeu. 23 jan. | La Bulle Café - Lille
SDM
sam. 25 jan. | Le Zénith - Lille DER. PLACES
Clara Luciani
mar. 28 jan. | Le Zénith - Lille DER. PLACES mer. 29 jan. | Le Zénith - Lille COMPLET
GAZO
jeu. 30 jan. | Le Zénith - Lille COMPLET
Caroline Estremo
Jeu. 30 jan. | Le Splendid - Lille COMPLET
Rejjie Snow
RAP TOUT-TERRAIN
Voici quelques années, jamais avare de clichés, on évoquait Rejjie Snow en citant l’Irlande, Dublin, les grands poètes (Wilde, Yeats, MacGowan…), la terre brûlée au vent et autres landes de pierres. Bref, la totale. Sauf que, excepté une pointe d’accent, rien chez Alexander Anyaegbunam ne sonnait irlandais. L’homme est installé à Brooklyn depuis un bail et son flow sonne désormais typiquement new-yorkais. Un cas à part ? Bon an mal an, le hip-hop britannique s’était construit en réaction à l’Oncle Sam. Ainsi des tropismes locaux qui jonchent The Streets : échos électroniques, influences jamaïcaines, accent à couper au couteau - sans même parler des créations locales : trip-hop, grime, etc. Rejjie Snow, lui, a toujours regardé vers les USA, s’inspirant de Nas ou d’Anderson.Paak et collaborant avec feu MF Doom. Le trentenaire semble enfin avoir trouvé sa propre voie en larguant les amarres pour regarder du côté du Brésil, par exemple. Pour preuve ces samples bossa nova, ces influences jazz et excursions sur des terrains electro ou R&B plus cabossés qui illuminent son nouvel album, Peace 2 Da World. On songe alors à Gil Scott-Heron, à Terry Callier… et celui qui jusqu’ici intriguait nous convainc vraiment.
Bruxelles, 04.12, Botanique, 19h30 29,50 > 23,50€, botanique.be
Alfie Templeman
Petit prodige pop a grandi. Deux ans après un Mellow Moon enchanteur, délicieux précipité de cinquante ans de pop, Alfie Templeman, 21 ans, a quitté le nid familial pour s’installer à Londres. Là, il a découvert les affres de la solitude dans une mansarde obscure et… non, on plaisante. Accompagné d’amis tels Oscar Scheller, Dan Carey et Nile Rodgers (excusez du peu), le Britannique poursuit sa quête tous azimuts de la pop song parfaite, disséquant Can, Dua Lipa, Tom Tom Club, Prince et Stereolab, entre autres influences revendiquées. Le résultat : un deuxième album qui tient toutes ses promesses, dans une veine electropop et funk du meilleur goût. T.A.
Bruxelles, 04.12, Botanique, 19h30, 24,50 > 18,50€, botanique.be
Bagarre + Dombrance
Le groupe Bagarre en quelques mots ? Pop, absurde, gabber, rigolard, electro, potache, house, radical, baile funk… La chienlit, quoi. Il nous faut un homme providentiel : c’est Dombrance, dont République électronique s’inspire des huit locataires de l’ Élysée depuis 1958. Un concept fumeux ? Que nenni ! La voici, la véritable dance music intelligente : une electro post-pompidolienne, du jerk électronique, des anthems rave… Bref, du Giscard-step comme on n’en fait plus. T.A.
Lille, 06.12, L’Aéronef, 20h, 25/19€, aeronef.fr
Los Bitchos
QUE LA FÊTE RECOMMENCE !
Sur le papier, Los Bitchos (nom rigolo, musique légère) relève de ces groupes dont on n’attend guère plus que du fun et de la bonne humeur. L’équivalent musical d’un feel-good movie du dimanche soir, donc. Estce grave ? Pas vraiment. On ne peut exiger de quiconque montant sur scène une œuvre impénétrable à l’impitoyable usure du temps. Par conséquent, on avait accueilli à bras ouverts ces quatre Londoniennes mêlant sons latinos, psychédélisme anatolien et rock ensoleillé. Leur premier album était produit par Alex Kapranos, leader de Franz Ferdinand dont les débuts, aussi arty fussent-ils, ne visaient qu’à « faire danser les filles » avec des titres tout aussi hédonistes – Take Me Out, c’est pas exactement du James Joyce, si ? Rebelote, donc, avec un deuxième essai enrichi par une solide expérience scénique. La rythmique véloce soutient des compositions qui creusent toujours ce sillon d’influences sud-américaines et caribéennes ou des sons chipés au hasard dans la grande sono mondiale. Franchement, un peu de légèreté ne fait pas de mal, par les temps qui courent. Thibaut Allemand Bruxelles, 04.12, Ancienne Belgique, 19h, 22/21€, abconcerts.be Lille, 07.12, L’Aéronef, 20h, 21/14€, aeronef.fr
DÉCEMBRE
01/12 Habibi + Hamada
06/12 Emilie Simon + Françoiz Breut
07/12 Typotypex à 15h et 17h
13/12 Festival Pop Factory Yoa + Muddy Monk + The Doug
17/01 Feldup + Grive
18/01 16h - Le goûter concert de Raoul Vignal (trio)
18/01 Raoul Vignal (trio) + Nick Wheeldon & The Make Art Band Gratuit abos 22/01 Festival Les Nuits de l’Alligator Quinn DeVeaux + Jon Muq
24/01 Mars Red Sky + Myar
25/01 Coelho + guest 29/01 Scred Connexion (Koma- Mokless DJ Idem) + Busta Flex
DJ Hell
Achtung ! Größe malentendu ! Depuis 25 ans, on a trop souvent résumé
DJ Hell à l’electroclash, ce syncrétisme entre new wave synthétique, techno froide et italo-disco, pour le dire vite. Une techno incarnée, à rebours de l’anonymat des 90’s. Certes, son label International Deejay Gigolo a contribué à l’éclosion de Fischerspooner, Miss Kittin & The Hacker ou Vitalic. Mais le sexagénaire possède d’autres cordes à son arc. Ainsi ses productions, héritières de Bowie, Eno, Kraftwerk et autres fondus de synthés sous la pluie, possèdent une insondable mélancolie.
Ceci posé, les sets de ce cousin germain de Moroder alignent une efficacité toute munichoise. T.A.
Charleroi, 07.12, Rockerill, 22h, 15€, rockerill.com
Vitalic
Longtemps, Vitalic fut irrégulier. Et puis, tout s’est accéléré : une sortie par an minimum, une BO, des remixes, un tandem impeccable (Kompromat)… Si Poney et La Rock 01 auront toujours notre affection, on ne saurait réduire le Dijonnais à ces deux tubes - la palette s’est élargie en 25 ans ! Avec une constante : des sets spectaculaires, impressionnants de maîtrise, comme si cette course contre la montre se doublait d’une quête perpétuelle de perfection. T.A.
Lille, 06.12, Le Slalom, 23h59, 26 > 11€, slalomlille.com Bruxelles, 13.12, Fuse, 23h, 30/25€, fuse.be
Algues vertes
ZONE INTERDITE
La subversion se niche parfois là où on ne l’attend pas : ce ne sont plus des masses déchaînées ou des hordes armées qui effraient certaines autorités mais… un concert-BD. Eh oui. En tout cas en Bretagne, région concernée de près par ces algues vertes. Dans nos contrées, la soirée aura bien lieu. Réjouissons-nous ?
En 2019 paraissait Algues vertes, l’histoire interdite, une BD-reportage signée de l’enquêtrice Inès Léraud et du dessinateur Pierre Van Hove. Le sujet ? Une catastrophe sanitaire longtemps tue : depuis la fin des années 1980, trois hommes et une quarantaine d’animaux avaient trouvé la mort sur les plages. Le meurtrier ? L’hydrogène sulfuré (H2S) émanant des algues vertes, conséquence de l’élevage intensif. De quoi échauder les conglomérats agro-industriels locaux… et pas mal d’édiles. Menaces, procédures-bâillons, salons du livre annulés – on en passe. Son adaptation ciné par Pierre Jolivet, en 2023, connaîtra d’autres embûches… Ce concert-BD vient d’être déprogrammé à Plancoët (Côtes-d’Armor) –précisons qu’un élu local est également vice-président chargé de l’agriculture, au sein du conseil régional de Bretagne. Dommage. Car à la voix d’Inès Léraud et aux témoignages enregistrés se mêlent le travail visuel et les déflagrations post-rock des Brestois de Mnemotechnic. Les synthétiseurs analogiques et claviers modulaires de François Joncour, alias Poing, achèvent de transformer cette expérience en longue épopée aussi étouffante que cathartique. À ne pas manquer... tant que c’est autorisé ! Thibaut Allemand Lille, 08 & 09.12, L’Aéronef, dim :15h • lun : 10h30, 7€ (-12 ans) / 5€ (accompagnant), aeronef.fr Namur, 21.02.2025, Le Delta, 20h, 12 > 3€, ledelta.be
Mercredi 11/12 - 20h
Dimanche 15/12 - 16h
Mardi 17/12 - 20h
Lille, Nouveau Siècle
Feliz Navidad
La Grande récré
Texte : Thibaut Allemand
TYPOTYPEX
« A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu… » ainsi débute Voyelles, d’Arthur Rimbaud. Un poème symboliste annonciateur du surréalisme, qualifié de mystique, scientifique, voire érotique. Toutes ces interprétations tiennent la route, comme celle, musicale et visuelle, proposée par Chamberlain, la scénographe Sophie Cusset et les projections de Patrick Chevalvert. Armés d’un écran géant, d’un piano, de machines, de pinceaux et d’encre de Chine, ces artistes proposent un concert graphique qui prouve que l’œuvre rimbaldienne n’a pas fini de nous fasciner !
Faches-Thumesnil, 04.12, Les Arcades 17h30, 6€ // Tourcoing, 07.12, Le Grand Mix 15h & 17h, 5€, legrandmix.com
GRÉGOIRE GERSTMANS
À l’instar d’une Vanessa Wagner ou d’un Dorian Dumont, Grégoire Gerstmans est de ces pianistes classiques nourris à Philip Glass, Steve Reich, Arvo Pärt, Aphex Twin… À ce minimalisme sonore, cette économie de l’épure et cette recherche éperdue de suspendre le temps, le musicien ajoute des travaux vidéo inspirés de ses totems – Bill Viola ou Yves Klein. Nul doute que les marmots seront séduits par les douces mélopées de ce doux géant liégeois, doté de battoirs aux doigts de fée.
Bruxelles, 08.12, Botanique, 10h, complet ! botanique.be (+ pour les grands : 17h30, 16,50>10,50€)
Décembre arrive, l’heure des bilans. Vous êtes parents ? Ça arrive. Certes, cette année, vous avez raté quelques concerts, faute de trouver un mode de garde. Ou vendu un rein pour trouver la baby-sitter. Promis, on n’évoquera pas la fois où vous avez paumé le p’tit Timéo au beau milieu du festival de Dour… Bonne nouvelle ! Voici quatre dates pensées pour les enfants – et leurs daron.nes.
ALDEBERT
Du hard-rock pour enfants ? Et pourquoi pas ! Aldebert a touché à tout (chanson, jazz manouche, electro, musette, dub, zouk) et passé les 90’s au sein de White, formation metal qui connut sa petite heure de gloire. Il renoue donc ici avec ses premières amours : le Bisontin se voit "remplacé" par son jumeau, Hell’debert : un metalleux, un vrai, un dur, un tatoué, mais surtout un grand enfant qui aime jouer à (se) faire peur avec des blasts de batterie et des riffs saignants. Highway To Hell’debert ! Bruxelles, 13.12, Cirque royal, 19h, 43 > 30€ cirque-royal-bruxelles.be
Lille, 21 & 22.12, Théâtre Sébastopol sam : 15h &19h • dim : 11h & 15h, 39 /29€ theatre-sebastopol.fr
THE WACKIDS
Futur 2000, de The Wackids, se situe quelque part entre un juke-box géant et un karaoké décalé. Nos trois compères réinterprètent des tubes avec des jouets musicaux, des instruments pour enfants. Grâce à ce concert, spectacle humoristique et blind-test intergénérationnel, les gamins se rendront compte qu’ils en savent plus qu’ils ne le pensent sur le rock. Et leurs ancêtres s’apercevront que, non, ils ne sont pas trop largués –enfin, on leur souhaite !
Oignies, 17.12, Le Métaphone, 19h, 10 > 5€ 9-9bis.com
Douai, 14 & 15.03.2025, Hippodrome ven : 19h • sam : 15h, 25 > 5€ tandem-arrasdouai.eu
Muddy Monk CHANT DE COTON
Onirique. En voilà, un adjectif galvaudé ! Mais, promis-juré, il n’est pas meilleur terme pour qualifier les pop songs de Muddy Monk. Son electro rêveuse aux mots parfois cryptés, ses chansons ouatés s’inscrivent dans plusieurs traditions et dessinent, in fine, un autoportrait un peu flou.
Complice de Myth Syzer et Jimmy Whoo, Bonnie Banane ou encore Ichon, le Suisse Muddy Monk s’impose comme un apôtre de la douceur. C’est bien simple, lorsque l’on découvrit Baby et Divine voici quelques années, nous revint un vieux refrain de Graeme Allwright : « Tout est calme, reposé. Entends-tu les clochettes tintinnabuler… ». Une façon de brosser des chansons douces, de ne jamais lever le ton et de nimber le tout d’instrus au groove cotonneux. L’Helvète veloute ses productions qui semblent jaillir d’un demi-sommeil ou d’une délicieuse torpeur. Et comme par hasard, il est hébergé par un label nommé… Half Awake. Son troisième album, Bingo Paradis, ne déroge pas à la règle. Nonchalant mais pas je-m’en-foutiste, le natif de Fribourg se situe quelque part entre les expérimentations électroniques de François de Roubaix, les songes éveillés de Christophe, le post-modernisme de Daft Punk, la naïveté déviante de Philippe Katerine et l’approche rétrofuturiste de la clique Italians Do It Better. À la fois rejeton des jeunes gens mödernes et pur produit de son époque, garçon fragile mais solide d’une expérience façonnée par la scène et des heures passées en studio, cet Ultra Dramatic Kid est moins poseur que posé. Et c’est reposant ! Thibaut Allemand Tourcoing, 13.12, Le Grand Mix, 20h, 25 > 17€, legrandmix.com (Pop Factory 7 : + Yoa + The Doug) Bruxelles, 22.01.2025, Botanique, 19h30, 24,50 > 18,50€, botanique.be
Justice
LES DEUX FONT LA LOI
Depuis la séparation de Daft Punk, c’est LE duo star de l’electro à la française. Découverts par l’inénarrable Pedro Winter à l’aube des années 2000 (lors d’une soirée raclette !), Gaspard Augé et Xavier de Rosnay ont depuis brûlé les pistes du monde avec leur cocktail hautement inflammable de techno-rock-disco. Publié en avril dernier après huit ans de silence, leur quatrième (et sans doute meilleur) album, Hyperdrama, confirme tout le talent des Parisiens, qui ont le bon goût de s’arrêter à Bruxelles en cette fin d’année. En attendant, retour sur quelques affaires en cours...
NOM DE NOM !
Un nom qui claque, c’est important dans une carrière – demandez à Trisomie 21. Pour Gaspard Augé et Xavier de Rosnay, ce sera donc Justice , un mot simple, compréhensible dans toutes les langues, et capable de réconcilier délinquants récidivistes et magistrats sur le dancefloor.
REPRIS DE JUSTICE
De MGMT à Britney Spears, en passant par Franz Ferdinand, Justice a élevé le remix au rang d’art. C’est d’ailleurs comme ça que le duo a débuté, se révélant en 2003 avec une reprise pour le moins efficace de Never Be Alone des Anglais de Simian (devenu We Are Your Friends). Pour l’anecdote, c’était lors d’un concours de remix organisé par Radio Campus... qu’il a perdu !
RACLETTE PARTY
En 2003, le graphiste So Me est invité à une soirée raclette chez des amis, les parents de Gaspard Augé. Pedro Winter, co-fondateur du label Ed Banger avec lui et fondu de fromage, s’incruste. Les deux futurs Justice, un peu timides, l’invitent dans la chambre de Gaspard pour écouter We Are Your Friends. Verdict ? « C’est mortel. On se voit demain ».
LE MUR DU SON
Bercés par Metallica ou Nirvana, les deux justiciers se sont révélés en mêlant l’énergie du rock à celle de la techno, saupoudrant le tout de disco, de house, de funk et de pop. L’ensemble est servi avec des montées opératiques exacerbant les sentiments à leur maximum, de la joie à la mélancolie.
LA MESSE EST DITE !
Pourquoi avoir piqué le logo de Jésus ? L’affaire date de la sortie du single Waters of Nazareth, leur première composition, en 2005 « Lorsque nous faisions la pochette, nous avons remarqué que le "T" était la lettre centrale de Justice, et qu’elle pourrait être remplacée par une croix », selon Gaspard Augé. Et puis, « le rapprochement entre la musique de masse, de club et la messe nous semblait intéressant ». Amen.
King Hannah
ROYAL RETOUR
À l’origine, King Hannah se présentait en petit groupe anglais comme il en existe tant, jamais vraiment remis de quelques astres aux reflets de velours sombre. On songeait en vrac au Velvet versant élégiaque, à Mazzy Star, PJ Harvey, au Portishead des débuts voire, plus près de nous, à Sharon Van Etten, autre folk singer marquée par les noms précités. À ce jeu de joyeux dupes (rejouer les 90’s trente ans plus tard) le risque était grand pour King Hannah de créer un ennui… souverain. Fort heureusement, quelques concerts américains ont rebattu les cartes. Les conditions spartiates d’une tournée indé aux USA ont endurci et même transformé le duo. Finies, les humeurs souffreteuses et pâles comme des endives ! En se frottant aux grands espaces, Hannah Merrick et le guitariste Craig Whittle ont élargi leurs horizons musicaux, aussi à l’aise désormais dans le folk le plus terrien que dans le post-punk urbain. Ou comment une éducation à la dure et un fantasme enfin touché du doigt peuvent transfigurer un groupe. Un événement ? Un avènement ! Thibaut Allemand Bruxelles, 19.12, Ancienne Belgique, 19h, complet !, abconcerts.be (+ Sylvie Kreusch)
TIKEN JAH
FAKOLY
Ambassadeur du reggae africain, Tiken Jah Fakoly mène sa barque depuis une trentaine d’années. Son douzième album, Acoustic, concrétise un doux rêve caressé par les chantres du roots reggae des seventies : le retour en Afrique. Comment ? En délaissant basse et batterie, éléments-clés de la rythmique du genre (le riddim, ce sont elles). Et en utilisant, en lieu et place, des instruments traditionnels mandingues : la kora, le balafon, violon sokou et le ngoni, cette guitare traditionnelle malienne. Entouré de musiciens chevronnés (croisés chez Dee Dee Bridgewater ou Touré Kunda), l’Ivoirien illumine ses grands classiques de reflets inédits. T.A.
Béthune, 17.01.2025, Théâtre municipal 20h, 34> 17€, theatre-bethune.fr
Calais, 18.01.2025, C.C. Gérard Philipe 20h30, 22 > 11€, spectacle-gtgp.calais.fr
JPEGMAFIA
JPEGMafia a vécu mille vies : troll rigolo et poto de Danny Brown, bonne idée, ou GI au Koweït et collaborateur de Kanye West, pas jojo. L’Américain a surtout signé, cette année, un cinquième LP dont on n’a pas encore fait le tour. Un album en forme de montagnes russes, alignant bangers certifiés et élucubrations noisy. Le genre de disques qui redonne foi en un hip-hop en prise avec son époque (bien tordue, l’époque).
© Youri Lenquette
Thibaut Allemand Bruxelles, 28.01.2025, Ancienne Belgique, 19h, 29/28€, abconcerts.be
The Libertines
SUR LE RETOUR
Résumer The Libertines ? Un premier essai anecdotique pour certains, historique pour d’autres, un deuxième bien plus fragile mais important, enregistré dans un climat délétère. En 2004, l’affaire était pliée. Depuis ? Pas grand-chose – deux albums dont on se fiche éperdument. Alors, pourquoi revoir les Libertines 20 ans plus tard ?
On pourrait faire la fine bouche. Et ricaner face au fameux tandem Doherty et Barât, jadis chats de gouttière efflanqués devenus quadras à peu près rangés. Position facile ? Mais plus légitime que celle qui consiste à se pâmer devant n’importe quelle vieille gloire ayant survécu aux excès – voir l’unanimité douteuse devant les Stones depuis 40 ans ou, plus récemment, face à The Cure. Au moins, The Libertines assument leur besoin de payer le loyer car, hormis Pete Doherty, nos hommes ne sont guère productifs. On n’a pas vu le groupe depuis un bail. Mais on garde un souvenir ému du concert rennais du Britannique, en septembre dernier. Seul avec sa guitare en bois, ce bon vieux Pitou entonnait des mélodies célestes et brinquebalantes d’une voix pas toujours en place. Approximatif, certes, mais foutredieu, c’était vivant ! Il était touchant ce zouave, ex-héros des années zéros devenu père de famille bedonnant sur les côtes normandes. Alors qu’il reprenait des standards des Libs, on comprit ce qui manquait : l’électricité des guitares, la solidité complice de la rythmique, l’osmose de deux voix. Pour toutes ces raisons, ni fine bouche, ni ricanements. Simplement le plaisir de retrouver ces chansons pleines et entières. Thibaut Allemand
Bruxelles, 03.02.2025, Ancienne Belgique, 19h, complet !, abconcerts.be
Grand Tour
L’ODYSSÉE FANTASTIQUE
En 1918, Edward, un jeune fonctionnaire britannique en poste en Birmanie, s’enfuit pour échapper au mariage prévu le jour-même avec sa fiancée, Molly. Mais celle-ci, bien décidée à l’épouser, se lance à sa poursuite... Débute alors un périple enchanteur à travers l’Asie. Couronné du prix de la mise en scène à Cannes, Grand Tour est une expérience visuelle saisissante.
Si le film se déroule au début du xx e siècle, son originalité tient à un mélange audacieux entre fiction, réalité et différentes époques. En effet, Miguel Gomes inclut dans sa narration des prises de vue contemporaines, tournées dans les sept pays traversés par ses personnages, de la Birmanie au Japon, en passant par la Chine ou Singapour. Le spectateur se trouve ainsi embarqué dans une aventure se muant en road-movie onirique. Le contraste entre passé et présent est adroitement montré, notamment par l’usage du noir et blanc pour les scènes de fiction. Ce parti pris esthétique, rappelant les chefs-d’œuvre de Buster Keaton, permet au cinéaste portugais de créer des tableaux foisonnants, où chaque plan regorge de détails.
Cinéma sans frontières. Une autre force du film réside dans l’utilisation subtile de la voix off, qui passe d’une langue à une autre en fonction des escales. Tantôt en thaï, tantôt en japonais, cette narration plurilingue sert de fil conducteur et n’est pas un artifice : elle traduit le propos même du film, celui de l’unification. Loin d’être un simple récit de voyage, Grand Tour est une réflexion subtile sur le rapprochement des cultures, la dissolution des frontières entre Orient et Occident mais aussi entre le cinéma et le réel. Miguel Gomes livre une sublime réflexion sur le septième art. Un grand tour de force. Arthur Chapotat
De Miguel Gomes, avec Gonçalo Waddington, Crista Alfaiate, Teresa Madruga... En salle
Leurs enfants après eux
GÉNÉRATION DÉSENCHANTÉE
Adapté du roman de Nicolas Mathieu, prix Goncourt en 2018, le troisième film des frères Boukherma (reconnus avec le très réussi Teddy ) se déroule dans la zone sinistrée des hauts fourneaux de Lorraine, de 1992 à 1998. Au fil de quatre étés, nous suivons les turpitudes de quelques ados qui vivent leurs premiers émois, sur fond de grunge . Verdict ?
Juillet-août 1992, dans l’Est de la France. Pour tromper l’ennui dans cette vallée frappée par la désindustrialisation, Anthony, 14 ans, fait les 400 coups avec son cousin. Lorsqu’il rencontre Stéphanie au bord du lac, c’est le coup de foudre. Le soir même, pour la retrouver, il se rend à une fête en empruntant en cachette la moto de son père. Mais tout bascule. La perte de cette bécane devient le catalyseur du récit, entre désir de vengeance, amours contrariées et lutte des classes... Si le livre ne cachait pas son projet de grande fresque sociale sous couvert de roman d’apprentissage, les frères Boukherma misent ici sur l’aspect hautement sensuel de cette intrigue à tiroirs, filmant au plus près le désir adolescent. Hélas, le long-métrage souffre de longueurs, de rôles féminins inconsistants et d’une B.O. omniprésente façon Top 50. En accumulant les poncifs et surlignant chaque scène, on perd de vue l’essentiel, c’est-àdire les personnages, dont le cheminement reste flou. Cette adaptation manque hélas de relief, en dépit d’un décor idéal : la vallée de la Fensch et son emblématique haut-fourneau U4. Dommage. Selina Aït Karroum
De Ludovic et Zoran Boukherma, avec Paul Kircher, Angelina Woreth, Sayyid El Alami, Gilles Lellouche, Ludivine Sagnier... Sortie le 04.12
VINGT DIEUX
Après un drame familial, Totone se retrouve seul à élever sa petite sœur de sept ans. L’argent manquant rapidement, cet ado tout juste majeur s’accroche à un espoir : se lancer dans la production de fromage, gagner la médaille d’or du meilleur comté et 30 000 euros. Dans ce premier film, Louise Courvoisier dépeint la jeunesse de son Jura natal avec beaucoup de tendresse. Ici les jeunes s’amusent les weekends dans les bals ou devant les courses de bolides organisées durant les fêtes de villages. Le travail de fromager est lui décrit en détail, démontrant une admiration de la réalisatrice pour les gestes de l’artisan. Les jeunes acteurs, débutants et recrutés sur place, sont tout aussi attachants. Une œuvre authentique qui se déguste sans faim. Hugo Guyon
De Louise Courvoisier, Clément Faveau, Luna Garret, Maïwène Barthelemy... Sortie le 11.12
EN FANFARE
Thibaut Desormeaux est un chef d’orchestre reconnu mondialement. À la suite d’un diagnostic médical, il apprend qu’il a été adopté et découvre l’existence d’un frère, dans le nord de la France. Jimmy est employé de cantine scolaire et joue du trombone dans une fanfare quelque peu farfelue. C’est aussi un fin collectionneur de disques, une oreille absolue qui s’ignore… Sollicité par ce frangin surgi de nulle part pour un prélèvement de moelle osseuse, la routine du nordiste est sensiblement chamboulée. Avec une greffe en guise de retrouvailles, on se demande qui s’insinue dans le corps de l’autre et dans sa vie… Malgré quelques clichés tenaces (usine, bière, misère…), ce duo nous mène à la baguette et donne le tempo d’une comédie dramatique touchante sur fond de conflit social. Selina Aït Karroum D’Emmanuel Courcol, avec Pierre Lottin, Benjamin Lavernhe, Sarah Suco … En salle
Noël à Miller’s Point
DOUCE NUIT
Un dernier Noël avant que la maison familiale ne soit vendue ? Voilà qui annonce un canevas bien conventionnel. Présenté à la Quinzaine des cinéastes lors du dernier festival de Cannes, Noël à Miller’s Point offre au contraire un nouvel aperçu de l’inventivité de Tyler Taormina, déjà remarqué avec Ham on Rye.
Dans la voiture, la tension monte entre la fille et sa mère, tandis que le beau-père prépare son sourire réjoui de « pièce rapportée ». La tête à l’envers, le garçon regarde les façades illuminées des maisons défiler à toute allure. Au milieu des proches, la petite famille n’en oublie pas ses soucis. Mais la fête emporte le film vers d’autres horizons. Noël à Miller’s Point cherche d’abord à attraper des sensations. Il y a le chatoiement du sapin, les baisers collants des tantes, les tables débordant de nourriture... Tout comme avec Ham on Rye, il s’agit de redonner à un rituel fatigué son épaisseur sensible et son mystère. Le deuxième long métrage de Taormina pourrait n’être qu’une jolie boule à neige, si son microcosme ne bouillonnait aussi d’affects contradictoires, captés dans leurs affleurements les plus délicats. Être dedans ou dehors, se fondre dans la famille ou échapper à son étreinte douillette, c’est toute la question, et pas uniquement pour les ados dont le désir buissonnier les amène à découvrir l’envers inquiétant de leur bourgade. Le dernier Noël dans cette maison rend peut-être plus sensible une expérience commune : brillant d’un éclat particulier, cette fête passe toujours trop vite et trop lentement. Raphaël Nieuwjaer
LA DIVINE, SARAH
BERNHARDT
Au soir de sa vie, Sarah Bernhardt se remémore certains épisodes de son existence. Première star mondiale, l’actrice aux 112 rôles fut une femme libre et moderne, une amoureuse insatiable réputée pour ses extravagances et ses sautes d’humeur. C’est à travers ce prisme qu’elle nous apparaît ici. On découvre aussi une femme d’esprit, drôle et piquante. Mais derrière le visage de la noceuse, certaines failles refont surface… Guillaume Nicloux signe une œuvre touffue, emplie de costumes et fastueux décors. Une opulence qui écraserait presque son personnage. Sandrine Kiberlain excelle dans ce rôle kaléidoscopique privilégiant le tempérament et le quotidien de "la Divine" plutôt que son art. Un parti pris légèrement frustrant. Selina Aït Karroum
De Guillaume Nicloux, avec Sandrine Kiberlain, Laurent Lafitte, Amira Casar… Sortie le 18.12
1930, en Argentine. Antoine de Saint-Exupéry est pilote de l’Aéropostale. Quand Henri Guillaumet, son meilleur ami, disparaît dans la Cordillère des Andes, il part à sa recherche, coûte que coûte... Pablo Agüero rend ici hommage à celui qui survola son lieu de naissance. Le récit se concentre sur une semaine, déterminante dans la vie de l’aviateur et écrivain-reporter, façonnant son engagement et son œuvre poétique. Louis Garrel campe un doux rêveur acharné, la tête dans les nuages mais les pieds sur terre. Le film emprunte au conte et se vit tel un songe, à travers les neiges éternelles de la redoutable chaîne montagneuse. Le Petit prince, le mouton et le renard sont bien là, planqués dans le décor... Un beau moment de cinéma, quasi rétrofuturiste, qui émerveillera à tout âge.
Selina Aït Karroum
Jouer avec le feu
LA DÉRIVE DES SENTIMENTS
Pierre, cheminot, a élevé seul ses deux fils, jeunes adultes encore sous son toit. Tandis que le cadet poursuit brillamment ses études, l’aîné, sans emploi, se laisse entraîner par des groupuscules identitaires et s’imprègne de pensées nauséabondes. Lorsque son père tente d’intervenir, il est peut-être déjà trop tard...
Adaptant le roman Ce qu’il faut de nuit de Laurent Petitmangin, les sœurs Delphine et Muriel Coulin racontent une adhésion sourde et aveugle à des idées d’extrême-droite et sa réception dans le cercle intime (ici une famille monoparentale, en Moselle). Rien n’y est formulé clairement ni argumenté. Comme si l’on préférait croire à un mauvais rêve. La maisonnée, alors paisible, devient mutique, asphyxiante. Un piège où le clair-obscur règne : stores tirés, télé allumée, on en sort en marche arrière. Regarder derrière soi pour avancer... Trois hommes y tournent en cage, tout à leur routine où le temps s’est figé depuis la disparition de la mère. Un habitat fantôme, un horizon métallurgique et le stade pour refuge. Parmi les ultras, des identitaires sont parvenus à semer la (mauvaise) graine dans la tête d’un gamin lambda, doué en foot et pour pas grand-chose d’autre… Prix d’interprétation à la Mostra de Venise, Vincent Lindon incarne un papa poule sur le qui-vive, trop résigné pour canaliser les pulsions de son rejeton adoré. Il voit le danger, mais avec un train de retard. C’est tout le drame de l’histoire. Lorsque son enfant se révèle être un monstre, faut-il le défendre, lui pardonner ? Peut-on encore l’aimer ? Vastes questions... Selina Aït Karroum
De Delphine et Muriel Coulin, avec Vincent Lindon, Benjamin Voisin, Stefan Crepon, Arnaud Rebotini... Sortie le 22.01.2025
PLANÈTE B
En 2039, en France, tout va mal. Un voile épais de pollution recouvre le pays, les rares migrants disposant d’un droit de séjour sont identifiables par un QR code et sont corvéables à merci. Dans ce régime autoritaire, les disparitions se multiplient : manifestants, militants écologistes ou hackers.
Une partie d’entre eux se retrouve dans une mystérieuse prison virtuelle… Depuis quelques années, dans l’Hexagone, une nouvelle génération de réalisateurs s’aventurant dans le cinéma "de genre", et en particulier la SF, a émergé. Planète B en est un nouvel exemple réussi. S’appuyant sur très peu de décors et une réalisation plutôt sobre, Aude Léa Rapin et ses équipes ont réussi à créer une ambiance dystopique crédible, quelque part entre Matrix et Les Furtifs d’Alain Damasio. Hugo Guyon
De Aude Léa Rapin, avec Souheila Yacoub, Adèle Exarchopoulos, India Hair... Sortie le 25.12
SPECTATEURS !
Un écran blanc accroché à la nuit. Un rayon de lumière trouant les ténèbres. Et des corps assemblés sur des sièges plus ou moins confortables. Expérience ordinaire, et pourtant toujours magique, de la projection. Renouant avec son avatar Paul Dedalus, Arnaud Desplechin évoque la façon dont le cinéma (en salle, mais aussi à la télévision) a pu le saisir à différents moments de son enfance et de son adolescence. Ce faisant, il noue son parcours à celui de la multitude anonyme des spectateurs (le titre n’est pas au pluriel pour rien). Oscillant entre enquête, fiction et souvenir, le long métrage court le risque de la jolie vignette un brin nostalgique ou de la causerie faussement profonde. Mais Desplechin sait parler, avec acuité et générosité, des films des autres.
Raphaël Nieuwjaer
D’Arnaud Desplechin, avec Mathieu Amalric, Dominique Païni, Clément Hervieu-Léger... Sortie le 15.01.2025
Musée Matisse
LA MÉTAMORPHOSE
Certes, il a grandi à Bohain, dans l’Aisne, puis gagné Paris, parcouru le vaste monde pour enfin s’établir à Nice. Mais c’est bien au Cateau-Cambrésis qu’Henri Matisse a vu le jour, le 31 décembre 1869. Et c’est dans cette petite commune du nord de la France qu’il décida de « renaître », pour le citer, grâce à l’émergence sur sa terre natale d’un musée. Depuis, celui-ci n’en finit plus de grandir ! Après deux ans de travaux, voici enfin l’heure de redécouvrir ce lieu exceptionnel, célébrant le chef de file du fauvisme.
▲ Autoportrait d’Henri Matisse (fusain, détail), 1900 © Succession Henri Matisse/ Donation de l’artiste, 1952
L’histoire commence... par une grosse surprise. Au milieu du siècle dernier, un groupe de notables du Cateau-Cambrésis souhaite fonder un musée dans la commune, pas forcément dédié à Matisse d’ailleurs. Néanmoins, l’artiste étant né ici, ils espèrent un don de sa part, ne serait-ce qu’une ou deux œuvres... Mais l’homme, installé à Nice depuis longtemps, n’a pas oublié ses racines : il leur en accordera 82 ! Ainsi naquit le Musée Matisse, « le premier, et surtout le seul qu’il ait créé de son vivant », souligne Sophie Le Flamanc, la directrice adjointe.
Cette collection de toiles, dessins, gravures et sculptures est dévoilée en novembre 1952, dans une salle de l’Hôtel de Ville où se sont mariés jadis les parents du peintre. Trente ans plus tard, de
nouvelles donations (notamment d’Auguste Herbin et de Geneviève Claisse, deux figures de l’abstraction géométrique) rendent les lieux trop étroits. Le musée est alors transféré 200 m plus loin, au Palais Fénelon. Passé sous l’égide du Département du Nord en 1992, il ne cessera de prendre de l’ampleur...
Toujours à pied d’œuvre. En 2002, le bâtiment est ainsi doté de deux nouvelles ailes pour atteindre une superficie de 4 500 m2 mais, « dès sa réouverture, il était déjà trop petit ! ». Car au même moment, la veuve de Tériade, « éditeur ami de tous les grands artistes », offre plus de 400 pièces signées Picasso, Giacometti...
« LE SEUL MUSÉE CRÉÉ
DU VIVANT DE MATISSE »
Il faut donc, à nouveau, pousser ces murs qui abritent désormais quelque 2 555 œuvres, dont 886 du seul Henri Matisse. Comment faire ? « Nous avons racheté l’ancien marché couvert de la ville, adjacent au musée », explique Martine Arlabosse, vice-présidente en charge de la culture au Département du Nord. Soit une halle de 1 000 m2 découpée en trois niveaux avec, au premier étage, un plateau muséographique d’une hauteur de 5,25 m. Ce détail technique n’est pas anodin. Le but n’est pas tant d’exposer plus de créations de Matisse
▲ Henri Matisse, Jazz, Paris, Tériade, 1947, Planche VIII : Icare, planche au pochoir, donation Alice Tériade en 2000, musée départemental Matisse, Le Cateau-Cambrésis © Succession H. Matisse. Photo : Philip Bernard
que « de valoriser ses grands formats, au fil d’une scénographie plus aérée », ajoute Sophie Le Flamanc.
À la page. La directrice adjointe se réjouit notamment de la réunion ici des deux chefsd’œuvre du maître, Fenêtre à Tahiti I et II, soit des tableaux hauts de trois mètres - le premier ayant été prêté pour l’occasion par le musée Matisse de Nice. Ce n’est pas tout ! « Nous avons profité de ces travaux pour reconfigurer le parcours permanent, plus chronologique, mais aussi les vitrines, l’éclairage... ». Voici donc l’occasion d’admirer sous un autre jour l’œuvre d’un homme qui a laissé
« MIEUX VALORISER
SES GRANDS FORMATS »
une empreinte indélébile dans l’histoire de l’art, et pas seulement grâce à un usage audacieux de la couleur. Citons ses fameux papiers découpés, ses sculptures, « moins étudiées », avec ses monumentaux Nus de dos ou encore le portrait de ses petits enfants, unique. Pour cause, celui-ci fut peint à même le plafond de sa chambre et depuis son lit... à l’aide d’une canne de bambou ! Cherry on the cake, l’exposition d’ouverture focalise sur une facette méconnue de ce grand lecteur : l’illustration de textes littéraires, de Mallarmé à Joyce, entre autres surprises... Julien Damien
Musée Matisse
Le Cateau-Cambrésis, Palais FénelonPlace du Commandant Richez lun, mer, jeu & ven : 10h-12h30 & 14h-18h sam & dim : 10h-18h, 8/6€ (gratuit-18 ans) +33 (0)3 59 73 38 00, museematisse.fr
Comment j’ai fait mes livres jusqu’au 13.04.2025
12 décembre. 2024 < 31 décembre. 2025
Looking forward
Kelu Abstract
REGARDS CROISÉS
C’est une figure montante du street art dans les Hauts-de-France. Kelu Abstract s’est révélé avec ses portraits réalisés au pochoir sur les murs de la métropole lilloise (et au-delà) comme sur toile. Présentés en noir et blanc, ces personnages anonymes accrochent le regard et humanisent la grisaille bétonnée de nos villes. À la faveur d’une exposition à Marcq-en-Barœul, rencontre dans son atelier aux allures de caverne d’Ali Baba.
Les murs ont des oreilles, paraît-il... et plus sûrement des yeux. Difficile en effet de ne pas se laisser happer par le regard perçant de ces personnages surgissant au coin de la rue, et dont l’expression intrigue. Sont-ils mélancoliques, fiers, voire dédaigneux ? « Ça, c’est à vous de décider, suggère Kelu Abstract. Ils n’affichent pas d’émotions marquées, à chacun d’y projeter les siennes ». De notre côté, c’est plutôt un sentiment d’émerveillement qui domine devant ces œuvres exécutées dans différentes nuances de blanc, de noir et de gris – avec parfois de subtiles touches de couleur ajoutées au pinceau.
Ces portraits mêlent le réalisme de la photographie (l’un des dadas de l’artiste) à l’éclat de la peinture, marquant le style littéralement humaniste du prénommé Luc.
Entre-deux. Celui-ci fut éducateur spécialisé durant une quinzaine d’années avant de vivre de son art, façonné en autodidacte.
« En parallèle de mon boulot, je peignais dans la cave de ma maison, au départ des toiles plutôt abstraites, d’où la seconde moitié du pseudo, explique ce père de cinq enfants. Un jour, je me suis mis à les poser dans la rue pour voir les réactions des gens. Certains les déplaçaient, d’autres les ramenaient chez moi... j’aimais bien ces interactions. Ensuite, je
suis passé aux affiches sur papier ». Puis, de fil en aiguille, au pochoir, désormais sa technique de prédilection, à l’instar de Jef Aérosol, « le maître » dit-il, avec qui il collabore régulièrement.
« RAMENER LA RUE
DANS LA GALERIE »
Dans le même temps, il a aussi délaissé l’abstraction pour la figuration.
En haut de l’affiche. Ses portraits subliment essentiellement des anonymes, qu’il prend luimême en photo, au détour d’une rencontre, ou déniche au hasard de ses pérégrinations sur le web,
avec une préférence pour « les personnages un peu androgynes, des mecs avec des traits féminins ou des nanas aux cheveux courts, toujours un peu entre deux ». Mais pile à l’endroit de la beauté, à l’image du Harlem Dude, son « portrait totem ». En constante évolution, ses créations dressent un pont entre l’atelier et l’espace urbain. À Marcq-en-Barœul où il
expose ces jours-ci, on découvre ainsi de nouvelles séries, soit des peintures agencées sur des fonds
constitués d’affiches découpées et collées, au fil de couloirs recouverts de graffs ou de tags, « histoire de ramener la rue dans la galerie ». Et de l’épater, sans aucun doute.
Julien Damien
Marcq-en-Barœul, jusqu’au 12.01.2025
Le Minorelle, mar > ven : 11h-18h
sam & dim : 10h-18h, gratuit marcq-en-baroeul.org
À visiter / keluabstract.com c @kelu_abstract
À lire / La version longue de cet article sur lm-magazine.com
Le surréalisme : bouleverser le réel
L’OBJET DU DÉLIRE
Tout a-t-il déjà été dit sur le surréalisme ? Loin de là. Cette exposition renoue ainsi avec son versant subversif, son ancrage dans la société et sa façon de s’emparer des objets du quotidien, pour mieux le faire dérailler. Foisonnant de peintures, d’écrits, de photos et de pièces iconiques (dont le chapeau melon de Magritte !), ce parcours focalise essentiellement sur les acteurs belges d’un mouvement tout en ruptures, libertés et utopies contrariées.
Quelque chose cloche dans cette première salle, pas vraiment d’équerre... « C’est vrai, les murs ne sont pas droits, mais c’est volontaire », confirme Marie Godet, la commissaire de cette exposition, dont l’entrée légèrement distordue traduit à merveille ce décalage cher à Magritte et consorts. En effet, bien plus qu’un mouvement artistique ou poétique, le surréalisme belge fut avant tout « une attitude ». Ses principaux acteurs n’ont jamais eu l’ambition de "faire de l’art" ni même de comprendre le monde. Ils ont plutôt cherché à le bouleverser, pour mieux le transformer. « Il s’agit de provoquer un déclic,
de nous amener à changer notre façon de voir les choses, de penser et d’agir ». Voilà justement le mérite de cet accrochage : revenir à l’essence même du surréalisme.
Détournement de fond
Dès 1926, Paul Nougé, poète et théoricien de ce courant, subvertit le quotidien des passants avec ses slogans détournant les affiches électorales. C’est l’un de ses grands préceptes : se saisir d’un objet du quotidien pour le modifier très légèrement « dans sa forme, sa matière, son échelle ou son contexte ». C’est par exemple la lunette à un seul verre et deux branches de Marcel Mariën
(l’iconique Introuvable, qui corrige pour le moins le regard). Pour cela, Paul Nougé conseillera de ne pas chercher l’inspiration auprès des artistes, mais chez « les coquettes, les escrocs, les gens de foire... ». L’exposition explore ainsi la relation qu’entretenaient les surréalistes avec la publicité ou la mode, pour lesquelles Magritte œuvrera par exemple longtemps, pour gagner sa vie.
Retour de bâton. Mais à partir des années 1960, le monde change. C’est l’arrivée de la société de (sur)consommation. Les publicitaires détournent à leur tour le surréalisme. Le monde
se l’approprie massivement et il devient un mot employé à tort et à travers, vidé de sa portée subversive. Est-il mort aujourd’hui ?
Peut-être, mais l’utopie et la liberté qu’il a instillées sont toujours inspirantes. À la fin du parcours, Marcel Mariën nous montre qu’on peut transformer un barreau de prison en lime. Comprendre : l’évasion est toujours possible, il suffit de regarder la vie autrement...
Julien Damien
Mons, jusqu’au 16.02.2025 CAP / Musée des beaux-arts mar > dim : 10h-18h, 9/6€ (gratuit -12 ans) musees-expos.mons.be
À lire / Les œuvres commentées par la commissaire d’exposition sur lm-magazine.com
Chambre 207
ENJEUX DE MÉMOIRE
Dans la nuit du 4 au 5 août 1983, Lucien André était sauvagement assassiné, avec six autres personnes, dans un hôtel d’Avignon où il faisait halte sur la route des vacances. Son fils, âgé de sept ans, dormait dans la chambre d’à côté. Il n’a depuis plus de souvenirs de ce carnage, comme s’ils avaient été effacés par le choc. Trente ans plus tard, il tente de reconstituer ce drame...
Documentaire, artistique, journalistique... la photographie a bien des usages. Avec Jean-Michel André, on lui découvre une nouvelle fonction : celle de la réparation. À partir de ce terrible crime, qui n’a jamais été totalement résolu (on évoquera une tentative de hold-up qui a dégénéré), cet artiste diplômé de l’école des Gobelins a conçu un « essai visuel », où l’intime côtoie l’universel. Il a photographié des lieux qu’il « a ou aurait pu traverser » avec son père. En Corse où ils devaient se rendre en vacances en ce terrible mois d’août. À Arles pour admirer les flamants roses, en Allemagne où Lucien André était consul, ou encore au Sénégal où l’artiste vécut durant les premières années de sa vie. Mêlées à des coupures de presse ou des éléments d’enquête, ses images montrent des paysages distordus dans le reflet d’une rivière, des panoramas désolés. Les sujets sont tantôt pris de très loin, les photos parfois floues comme le sont ses souvenirs... Il y aussi ce cliché d’un ciel orageux ressemblant à un tableau abstrait, où les ténèbres se mêlent à la lumière, spectaculaire allégorie d’une bouleversante quête de vérité et de résilience. Julien Damien
Lille, jusqu’au 02.02.2025, Musée de l’hospice comtesse, lun : 14h-18h • mer > dim : 10h-18h 6/4€ (gratuit -12 ans), institut-photo.com
5/10/2024 – 26/01/2025
museephoto.be - suivez-nous!
Esprit critique : détrompez-vous !
CURE DE DÉSINFOX
À l’ère des réseaux dits "sociaux" et du complotisme, comment séparer le bon grain de l’ivraie ? Faire le tri entre fake news et informations vérifiées, voire se délester de ses propres préjugés ? C’est à ces questions (et bien d’autres) que répond cette exposition interactive – et ludique ! À Liège, on affûte son esprit critique, mais toujours dans la bonne humeur.
Bienvenue à Crityk ! Voici la première surprise de cette exposition, qui se présente comme une ville imaginaire, avec ses lieux bien identifiés : ici une mairie, là une pharmacie ou encore un kiosque, un food-truck, une supérette... Nous sommes alors invités à parcourir chacun d’entre eux. Pas pour faire nos courses ou acheter un journal, non, mais pour mettre à l’épreuve notre esprit critique. Equipés d’un bracelet connecté qui enregistrera tous nos choix et réponses, nous voilà confrontés à une série de quizz, de jeux et surtout à des informations plus ou moins vraies.
Regard en biais
À la mairie, nous sommes par exemple invités... à voter. Trois politiciens (joués par le même acteur) tiennent chacun un discours
différent sur le dérèglement climatique, usant d’arguments pour certains fallacieux, et pourtant très crédibles... À la "stèle aux idées mortes", on apprendra que les épinards ne sont pas forcément riches en fer (tant mieux, on n’en mangera plus !) tandis qu’à la salle de spectacle, un mentaliste détricote les mécanismes de la manipulation, entre détournement d’attention et effet Barnum – un biais cognitif nous forçant à accepter une personnalité. Au terme de cette balade composée d’une vingtaine de modules, c’est l’heure du bilan. Avons-nous été roulés dans la farine ? Eh bien détrompez-vous ! Enfin, à priori… Julien Damien
Liège, jusqu’au 05.01.2025, Musée de la vie wallonne, mar > dim : 9h30-18h 7 > 4€ (gratuit -3 ans), provincedeliege.be
Après la pluie
GOUTTE QUE GOUTTE
Le mois de mai détient un record qui n’a pas réjoui les Bruxellois : 23 jours d’intempéries, contre une quinzaine habituellement. L’occasion pour le Musée des égouts de nous sensibiliser sur la pluie et ses conséquences dans nos villes modernes. Vos souvenirs scolaires vous rappelleront sans doute qu’elle suit un cycle naturel : elle est absorbée par le sol, s’évapore et forme des nuages avant de nous retomber dessus. Oui mais voilà, cette dynamique est enrayée dans nos cités toutes grises. Cette exposition didactique (et ludique) nous alerte ainsi, entre autres, sur les effets de la bétonisation massive des espaces urbains. Celle-ci complique le drainage de l’eau, augmentant le risque d’inondations et d’écoulements des égouts vers les rivières... Dans des villes plus végétalisées, ces précipitations pourraient s’infiltrer naturellement dans le sol, et réguler la température en période de canicule... Mais la pluie n’est pas seulement synonyme de mauvais temps, c’est également une ressource précieuse... et l’occasion de réaliser de jolis clichés ! En témoignent les photographies du Bruxellois Eric Ostermann, tout en reflets et distorsions, révélant la capitale belge sous un autre jour : mouillé, mais fichtrement drôle et poétique. Arthur Chapotat Bruxelles, jusqu’au 22.06.2025, Musée des égouts, mar > dim : 10h-17h, 10 > 4€ (gratuit -18 ans) sewermuseum.brussels
Gordon Matta-Clark
Figure de proue de l’"anarchitecture", Gordon Matta-Clark (1943 - 1978) fit de la ville son terrain de jeu, pour mieux dénoncer l’urbanisation forcenée. L’Américain s’emparait de bâtiments en friches ou de maisons abandonnées pour y percer les cloisons, en éplucher les façades ou les découper en deux. Foudroyé par un cancer à 35 ans, il laisse une œuvre inachevée mais au moins aussi spectaculaire que les compressions de César. Cette exposition réunit une sélection de photographies ou de films immortalisant des interventions iconiques. L’une de ses toutes dernières fut d’ailleurs exécutée à Anvers... où il trancha un immeuble de cinq étages en rondelles ! J.D.
Bruxelles, jusqu’au 21.12, La Patinoire Royale - galerie Valérie Bach mar > ven : 11h-19h • sam : 11h-18h, gratuit, prvbgallery.com
Daniel Turner
Les lieux que nous traversons ont-ils un esprit ? Quelle est leur influence sur nos vies ? Telles sont les questions soulevées par Daniel Turner. Depuis dix ans, l’Américain récupère des matériaux sur des sites abandonnés pour réaliser ses œuvres. Pour sa première exposition dans un musée belge, il a collecté des poignées de porte ou des radiateurs dans l’ancienne prison de Forest pour les fondre, les dissoudre et ainsi décanter l’invisible. J.D.
Hornu, 15.12 > 06.04.2025, MACS, mar > dim : 10h-18h, 10 > 2€ (gratuit -6 ans), mac-s.be
QUELS BEAUX VISAGES !
Le Musée des beaux-arts de Calais expose les œuvres récemment entrées dans ses collections (dont certaines jamais vues) dévoilant de "beaux visages". On découvre ici les photographies d’adolescents en gros plan de Philippe Bazin, les multiples figures qui composent la France vue par le pochoiriste C215, ou encore une Lio immortalisée par Pierre et Gilles, entre autres ! Rassemblant de grands artistes d’hier et d’aujourd’hui, cette exposition célèbre le portrait sous toutes ses facettes.
Calais, jusqu’au 31.08.2025, Musée des beaux-arts mar > dim : 13h-17h, gratuit, mba.calais.fr
YUIMA NAKAZATO
À l’heure où la mode demeure l’une des industries les plus polluantes au monde, Yuima Nakazato fait rimer "couture" et "futur". Diplômé de l’Académie royale des beauxarts d’Anvers, ce styliste japonais tisse savoir-faire traditionnel et haute-technologie pour confectionner des vêtements à la fois éblouissants et respectueux de l’environnement. Découpées au laser ou conçues à partir de fibres végétales, ses pièces hybrides suivent l’évolution des corps, dessinant un avenir sur mesure.
Calais, jusqu’au 05.01.2025, Cité de la dentelle et de la mode, tlj sauf mar : 10h-17h 7/4€ (gratuit -5 ans), cite-dentelle.fr
AUTOFICTION
SURRÉALISME, POUR AINSI DIRE...
Le surréalisme a cent ans. Si la peinture se taille la part du lion au gré des expositions "anniversaires", la photographie n’est pas en reste dans l’histoire de ce mouvement. En témoigne cet ensemble d’œuvres réunies à Charleroi. Signées par des maîtres du genre (Man Ray, Paul Nougé et son intrigante Subversion des images) ou des usagers occasionnels (Magritte), celles-ci révèlent une multitude d’approches et autant d’inventions poétiques.
Charleroi, jusqu’au 26.01.2025
Musée de la photographie, mar > ven : 9h-17h sam & dim : 10h-18h, 8 > 4€ (gratuit -12 ans) museephoto.be
Autrefois passeport vers la liberté, aujourd’hui synonyme de pollution et de surconsommation, l’automobile méritait bien sa "biographie". D’ailleurs, près d’un milliard et demi de voitures circulent aujourd’hui sur notre planète ! Réunissant visions de designers et d’artistes, cette exposition explore cette relation d’attraction-répulsion vis-à-vis de cet objet. Elle dévoile aussi les dernières innovations et les différents usages d’un concentré de technologie.
Hornu, jusque’au 16.02.2025, CID, mar > dim : 10h-18h, 10 > 2€ (grat. -6 ans), cid-grand-hornu.be
Urban Posting, Display Racks, Visitor Information, Cultural Spots, Hotels, Bars and Restaurants, Universities, Libraries, Bicycle parkings, Bus Stops, Indoor Posting (bars & restaurants), Banners on Street Lamps, Amusement Parks, ...
EXILS. REGARDS D’ARTISTES
Après nous avoir conduits dans les mondes souterrains, le Louvre-Lens explore la notion d’exil à travers l’histoire de l’art. De l’odyssée d’Ulysse aux nombreux drames des réfugiés du xxie siècle, en passant par les peintures de Chagall, survivant des persécutions antisémites, cette exposition met en perspective création et migration grâce à plus de 200 œuvres. Où il sera question de départ, de déracinement, mais aussi d’accueil, de rencontres, de partage et d’émotion... Lens, jusqu’au 20.01.2025, Louvre-Lens, mer > lun : 10h-18h 11/6€, (gratuit -18 ans) louvrelens.fr Jems Koko Bi, Empty, 2016, Courtesy Galerie Cécile Fakhoury © 2024, Bild-Kunst
EUGÈNE DODEIGNE
D’Eugène Dodeigne, on connaît bien sûr les sculptures monumentales en pierre bleue de Soignies. Ses œuvres demeurent familières dans les Hauts-de-France, jalonnant les espaces publics, parcs et écoles, de Lille à Landrecies, en passant par Marcq-en-Barœul. Mais ce Français né en Belgique avait plus d’une corde à son arc. À Roubaix, on découvre aussi son appétence pour le bois, ses bronzes et puis ses dessins au fusain, ses peintures et même ses photographies.
Roubaix, jusqu’au 12.01.2025, La Piscine mar > jeu : 11h-18h • ven : 11h-20h sam & dim : 13h-18h, 11/9€ (gratuit -18 ans)
RÊVER DEBOUT
C’est une rencontre entre tradition et innovation. Deux artistes diplômés du Fresnoy exposent leurs œuvres au milieu des collections du MUba. Le premier, Gregor Božič, s’est révélé en photographiant et filmant des arbres fruitiers à travers l’Europe, symboles d’une résistance à l’industrialisation des denrées. Le second, Léonard Martin, établit un dialogue entre peinture, cinéma, sculpture mécanique et marionnettes, initiant une balade ludique à travers l’histoire de l’art.
Tourcoing, jusqu’au 24.02.2025 MUba, tlj sauf mar : 13h-18h, 5,50 > 3€ (gratuit -18 ans), muba-tourcoing.fr
BOUDDHA. L’EXPÉRIENCE DU SENSIBLE
Dodu ou effilé, les yeux ouverts ou clos, en bronze, bois laqué, ivoire... Le Musée royal de Mariemont dévoile les innombrables représentations d’un sage parmi les sages : Bouddha ! Cette exposition rassemble des pièces datant du xive siècle à nos jours, et restées dans l’ombre durant près de 85 ans. Issues de toute l’Asie, depuis l’Inde jusqu’au Japon, en passant par la Chine ou la Thaïlande, ces statuettes ou peintures invitent à la contemplation comme à la méditation. Morlanwelz, jusqu’au 20.04.2025, Musée royal de Mariemont, mar > dim : 10h-17h 8 > 3€ (gratuit -18 ans), musee-mariemont.be
Porte d’Anderlecht Bruxelles 1000 Bruxelles museedesegouts.brussels #museedesegouts
Exposition Concours photo Family Sundays 21.09.24 22.06.25 DU AU
Diptyque théâtre
Après le monde du travail (Desirium Tremens) ou les relations entre les sexes (Inextinguible), c’est à l’homophobie dans le football que s’attaquent Mona El Yafi et Ayouba Ali. À travers Les Crampons –hommage à Justin Fashanu, l’autrice et le metteur en scène réhabilitent une figure homosexuelle du ballon rond trop méconnue. Ou comment aborder de front un sujet souvent tabou mais hélas omniprésent, et qui ne cesse de pourrir les stades.
Qui était Justin Fashanu ?
Mona El Yafi : C’était un footballeur d'origine nigériane évoluant en Angleterre. Il a marqué l'histoire en devenant le premier joueur noir à être transféré pour un million de livres. En 1990, il fut également le premier à faire son coming out. Cette décision a eu de lourdes conséquences. Il fut rejeté par le monde du sport, la communauté noire et même sa famille. Il s’est suicidé huit ans plus tard, en 1998.
Comment l’avez-vous découvert ?
Ayouba Ali : Par hasard, en tombant sur des articles et des documentaires. Étonnament, Justin Fashanu reste aujourd'hui méconnu, même dans le milieu du football, bien qu'il fut un joueur de premier plan.
« LES JOUEURS SONT RÉDUITS
À LEUR VALEUR
ÉCONOMIQUE »
Qu'est-ce qui vous a donné envie de porter son histoire sur scène ?
A.A. : Son parcours a fait écho à ma propre vie, car je suis un homme noir et homosexuel. Son histoire m'a donc profondément touché. Notre pièce confronte ainsi le monde du football à l’évolution de la société, le mariage pour tous, les mouvements Black
Lives Matter et MeToo. Et le moins qu'on puisse dire est que ce milieu n'est pas très progressiste.
Comment résumeriez-vous la pièce ?
M.E.Y. : L’intrigue se déroule dans un club fictif de Ligue 2 à une semaine d’un match crucial. Nous accédons à l’intimité de l’équipe grâce à cinq personnages : quatre joueurs et l’entraîneur. L’ambiance est très masculine. La pièce est structurée en deux parties. La première montre les interactions entre les protagonistes dans le club avant le coming out d’un joueur. Dans un second temps, le monde extérieur envahit la scène, à coups de tweets, de commentaires sportifs qui exposent publiquement la situation.
Quel est le personnage principal ?
M.E.Y. : Il s’agit de Makaio, un joueur très prometteur, mais il n’est pas là... Dès le début, on apprend qu’il a disparu à la suite de rumeurs sur son homosexualité. Toute la pièce est construite autour de cette absence. Celleci est accentuée par l’arrivée du "spectre" de Fashanu, dont l’histoire est rapportée aux joueurs.
Comment expliquer que le milieu du football soit à ce point homophobe ?
A.A. : Les avancées que nous avons connues dans la lutte contre
l’homophobie et le racisme sont essentiellement portées par des nations occidentales, mais on observe aujourd’hui un retour du conservatisme, religieux, culturel, qui selon moi explique en partie les résistances. Les enjeux économiques liés au football jouent également un rôle crucial...
« ON RESSENT
UNE FORTE RÉSISTANCE
AU CHANGEMENT »
En quoi ?
A.A. : Les joueurs représentent d’énormes capitaux et sont perçus avant tout comme des actifs financiers. Ils sont réduits à leur valeur économique, devenant des sortes de gladiateurs sacrifiés sur l’autel du spectacle et des profits.
M.E.Y. : En véhiculant une forte culture viriliste largement répandue, ce sport bénéficie d'une surexposition médiatique qui répond à ces enjeux économiques.
Le football reste-t-il le sport où ces discriminations sont les plus présentes ?
A.A. : Chaque semaine, de nouveaux scandales éclatent, des chants homophobes résonnent dans les stades. On ressent une forte résistance au changement dans ce sport, qui est paradoxalement censé être universel et fédérateur.
Les Crampons – hommage à Justin Fashanu Amiens, 03.12, Le Safran, 14h30 & 19h30, 5€ amiens.fr
Armentières, 05.12, Le Vivat, 20h, 21 > 2€ levivat.net
À lire / La version longue de cette interview sur lm-magazine.com
Éducation nationale
ÉNERGIE SCOLAIRE
Un spectacle sur l'enseignement... avec de vrais élèves dedans. Nourrie par une actualité brûlante et des immersions en établissements scolaires, la dernière mise en scène de François Hien confronte les spectateurs au quotidien d'un lycée lambda, un jour de rentrée. Un microcosme où professeurs et jeunes apprenants tentent de trouver leur place, ainsi qu'un sens à leur présence, malgré le manque de moyens, l'individualisation des parcours et les incidents en tous genres. Le plongeon dure trois heures et offre un panorama réaliste sur l'école d'aujourd'hui. Ni théâtre documentaire, ni fiction, la pièce est portée par une écriture directe et se vit comme une œuvre collective. Pour mieux prendre à témoin le public, une dizaine de comédiens professionnels partage la scène avec des élèves issus des lieux de tournée (ici les lycées Sophie-Berthelot de Calais et Jean Bart de Dunkerque). La spontanéité, les fulgurances et les fragilités de la troupe offrent une nouvelle version chaque soir. Digne d'une expérience en classe.
Arnaud Stoerkler
Calais, 06.12, Le Channel, 20h, complet !, lechannel.fr Dunkerque, 10 & 11.12, Le Bateau Feu, 19h, 10€, lebateaufeu.com
Les souliers
rouges
11, 12.12 20.12
David et Jonathas
BAROQUE EN STOCK
Est-ce un opéra biblique ? Une tragédie lyrique ? On n'a jamais trop su comment cataloguer David et Jonathas (1688) de Marc-Antoine Charpentier. Sous la baguette de Sébastien Daucé, et enrichi d'un nouveau livret théâtral, ce chefd'œuvre inclassable du baroque s'offre une nouvelle jeunesse à Lille.
Vainqueur du géant Goliath, David est chassé d'Israël par le roi Saül, jaloux de ses succès et de son influence. Le héros trouve refuge chez les Philistins, ses anciens adversaires, mais conserve une amitié indestructible pour Jonathas... le fils de Saül. Or, éclate une guerre entre Israélites et Philistins. Jonathas est tué. Saül demeure inconsolable et David devient roi. Combat fratricide, victoire endeuillée… Pas de doute, nous sommes en pleine tragédie. Un système « minutieux, bien huilé depuis toujours. La mort, la trahison, le désespoir sont là, tout prêts » pour citer Jean Anouilh.
Guerre éternelle. À l'origine, en 1688, le compositeur Marc-Antoine Charpentier (1643-1704) saisit l'occasion de donner la pleine mesure de son talent, après des années de règne de son rival Jean-Baptiste Lully. Destinée à éclairer les étudiants jésuites du Lycée Louis-le-Grand, l'œuvre mêle théâtre en latin (une partie perdue) et opéra en français. Charpentier insiste moins sur les rôles politiques et sociaux que sur la psychologie des personnages – l'influence de Racine, peut-être ? Pour cette mise en scène, Jean Bellorini et Wilfried N'Sondé ont imaginé la séquence théâtrale manquante. Le tandem introduit également un nouveau personnage : une femme qui accompagne Saül. De quoi moderniser une pièce majeure du répertoire baroque dont le propos, hélas, fait toujours tristement écho à notre époque. Thibaut Allemand
Lille, 06, 08 & 10.12, Opéra, ven & mar : 20h • dim : 16h, 75 > 5€, opera-lille.fr
Lady Agatha L’AVENTURIÈRE
Elle a écrit 84 livres, en a vendu plus de deux milliards... mais qui était vraiment la femme derrière l’autrice ? Une sacrée aventurière ! Inspirée par son autobiographie, ce biopic théâtral signé Cristos Mitropoulos et Ali Bougheraba retrace l’existence tumultueuse de la reine du crime : Agatha Christie.
Elle a fait le tour du monde, vécu deux guerres, fut soprano, infirmière, archéologue... « mais aussi la première Anglaise à monter dans un avion et même championne de surf ! », ajoute Fabrice Gardin, le metteur en scène. Pour raconter la vie trépidante d’Agatha Christie, de sa naissance en 1890 dans une famille bourgeoise jusqu’à son anoblissement, il fallait un spectacle au moins aussi survolté. « Le plateau ressemble à un grand bric-à-brac où sont disposés les accessoires et éléments du décor. Les comédiens le construisent à vue en fonction de la scène ». Retournez un échafaudage, il devient un bateau sur lequel on parcourt le globe. Ajoutez lui deux ailes et une hélice, et voilà un aéroplane ! Dans ce même esprit de théâtre de tréteaux, la petite troupe de six interprètes jongle avec les costumes et les rôles pour incarner une foule de personnages ayant réellement existés ou fictifs. Ainsi, Hercule Poirot ou Miss Marple s’invitent dans l’aventure, tandis qu’Agatha Christie (jouée par la pétulante Laure Godisiabois) multiplie les adresses à la salle, au fil d’un spectacle « empli d’humour et de clins d’œil, dans un esprit très BD ». Pour sûr, il y avait aussi du Tintin dans cette "Lady". Julien Damien Bruxelles, 04.12 > 12.01.2025, Théâtre royal des Galeries, mer & jeu : 20h15 • sam & dim : 15h & 20h15, 29 > 10€ + Le Crime de l'Orient-Express (reprise) : 18.01 > 01.02.2025, trg.be
Ouvrez les vannes !
GUILLERMO GUIZ
En une poignée d’années, Guillermo Guiz s’est imposé comme le meilleur humoriste de Belgique, juste derrière Jean-Claude Van Damne (qui, lui, a sa statue à Anderlecht).
Mais voilà, à plus de 40 ans, il s’interroge quant à son « statut de nouveau riche du stand-up » et ses valeurs. « Au début de ma carrière, je voulais faire rire pour remplir un vide existentiel, maintenant c’est pour financer mes nouveaux Velux », dit-il. Eh oui, comment manger une mitraillette belge dans un palace ? Vouloir taxer les nantis mais se rendre compte qu’on en fait partie ? Vastes questions… et drôles de réponses !
Lille, 13.12, Th. Sébastopol, complet ! (+ 19.03, 39/34€) // Charleroi, 12 & 13.03, Eden, 20h, 30€ // Valenciennes, 07.03, Cité des congrès La Louvière, 14.03, Le Théâtre, cestcentral.be
BÉRENGÈRE KRIEF
La quarantaine passée, l’ancien "plan cul régulier" de Kyan Khojandi dans Bref se pose des questions sur le sexe. Logique, nous direz-vous, sauf que Bérengère
Krief s’attaque au plaisir avec une certaine... profondeur. Évoquant ses plans foireux comme les bons conseils de sa maman (« attention ma fille, la grossesse c’est comme le Paic citron : une seule goutte suffit »), la Lyonnaise parle d’émancipation comme de sujets parfois tabous sans jamais se montrer vulgaire – ni cul-cul !
Lens, 11.01.2025, Le Colisée, 20h 28,80 > 14 ,40€, colisee.villedelens.fr
Lille, 23.01.2025, Théâtre Sébastopol, 20h 33€, tumetonnesproductions.com
Ils sont corrosifs, loufoques, burlesques ou poétiques… mais pareillement hilarants. Ces valeurs sûres (ou en devenir) de la gaudriole débarquent près de chez nous pour le meilleur et le rire – et ce n’est pas de la blague.
© Antoine de Bary
Texte : Julien Damien & Arthur Chapotat
BENJAMIN TRANIÉ PAUL DE SAINT SERNIN
À rebours de la mode du standup, Benjamin Tranié confirme son goût pour le comique de personnages. Après avoir incarné la faune hétéroclite d’un vieux rade en perdition, il nous convie à un mariage haut en couleur (Félicitations et tout et tout ). En l’occurrence celui de Philippe et Tiphaine. Lui est une vedette de télé, elle une fille-à-papa qui a 35 ans de moins… Du maire qui se roule un joint au DJ mégalo, le Columérien donne vie à un monde brindezingue, tout en gouaille et vannes borderline. Bruxelles, 16.01.2025, Cirque royal, 20h, 39/27€ // Boulogne-sur-Mer, 17.01.2025, L’Embarcadère, 20h, 37/29€, tumetonnesproductions.com // Valenciennes, 21.03.2025, Le Phénix, 20h, 20/15h // Lille, 22.03.2025, Théâtre Sébastopol, 20h, 37/27€
Nouveau "sniper" du PAF (dans Quelle époque aux côtés de Léa Salamé), Paul de Saint Sernin s’est révélé avec ses tacles bien sentis – Amélie Oudéa-Castéra et son « paragouvernement, sur le point d’être amputé de tous ses membres » en savent quelque chose. Grand amoureux de foot, c’est désormais sur scène qu’il aiguise ses punchlines. Et il n’épargne personne, à commencer par lui. Car pour ce fils de bonne famille (tendance aristo-catho), par ailleurs ancien journaliste sportif, l’important, c’est le collectif !
Lille, 06.02.2025, Théâtre Louis Pasteur 20h, 32€, tumetonnesproductions.com
Étienne Saglio IL ÉTAIT PLUSIEURS FOIS
Se transformer, changer de corps, de taille ou même d'espèce... Tel est le nouveau défi d'Étienne Saglio. Passé maître dans l’art délicat de l’illusion (souvenez-vous : Les Limbes, Le Bruit des loups), le magicien et metteur en scène n'a de cesse de se réinventer. Dans son dernier spectacle, Vers les métamorphoses, le Rennais révèle de nouveaux superpouvoirs. Il se mue en oiseau pour s'arracher à la pesanteur terrestre, rétrécit ou grandit au fil de tableaux époustouflants. Entremêlant théâtre d’ombres et marionnettes, l'artiste nous projette dans une fable hautement poétique, dévoile au passage quelques tours... mais pour mieux semer le trouble. Entretien.
Quelle est la genèse de cette pièce ?
Lorsque je crée un spectacle, je ne sais pas exactement où je vais. Les idées et les images arrivent au fur et à mesure, je les laisse m’envahir puis les organise... Il y a dans ce processus quelque chose de l’ordre de la psychanalyse, renvoyant à ce qu’il y a de plus profond en moi. Ici, je raconte les métamorphoses d’un personnage. Ce sont des transformations subies, espérées ou laborieusement provoquées.
S’agit-il d’une quête d’identité ?
Peut-être... Vers les métamorphoses arrive à un moment particulier de mon parcours. Il correspond à une séparation, après 17 ans de vie commune. J’ai découvert le fait de vivre seul. D’autant plus que j’ai grandi avec un frère
jumeau. Ce spectacle évoque donc ce rapport à la solitude, la façon de se construire sans alter ego ou en le cherchant.
Que verra-t-on sur scène ?
La magie reste le langage principal pour raconter la transformation et le trouble ressenti par ce personnage. Il se demande qui il est dans cette histoire. Le réel est perturbé, il s’effrite. Les spectateurs ressentent aussi cette perte de repères, ne savent plus non plus qui est vraiment l’interprète.
Outre la magie, il y a donc du théâtre d’objets ici...
Énormément. Le personnage peut tantôt évoluer en marionnette très réaliste de 90 cm ou nettement plus grande. Il rencontre aussi un chien, et devient lui-même l’animal. Quelque part, la métamorphose est une rencontre. Quand on se côtoie, on se mélange, on se nourrit de l’autre.
« LES OBJETS VIVENT ICI
LEUR
PROPRE
VIE »
Qu’en est-il du décor ?
Depuis Le Bruit des loups, nous adoptions une scénographie imposante. Cette fois il n’y aura pas de forêt sur le plateau... mais une vaste grotte. Le décor est magique, évoluant au gré des hallucinations du personnage.
On parle souvent de magie nouvelle en qualifiant votre travail. Que recouvre ce terme ?
Il s’agit d'appréhender la magie comme un art contemporain, un outil pour raconter le monde d’aujourd’hui, comme le théâtre ou la danse. C’est aussi un clin d’œil au cirque nouveau ou au nouveau roman, une façon d’affirmer sa modernité. On reprend des
« LA MAGIE PERMET D'HABITER LE RÉEL »
techniques ancestrales mais en y adjoignant des procédés numériques, par exemple.
Cela dit, la marionnette tient une place importante dans vos créations... Pourquoi ce choix ?
C’est une des clés de voûte de mon travail, où les formes prennent vie.
L’animation vient du latin "anima", qui signifie donner une âme aux choses, que ce soit à un bout de plastique figurant un fantôme ou à des balles en ferraille se mettant à voler. J’ai développé cette idée et, avec les marionnettes, le trouble va vraiment loin. Avec un résultat de l’ordre du film d’animation, mais sur le plateau et pas à l’écran.
Vous étiez d’abord jongleur. D’où vous vient cet intérêt
pour la magie ?
Mon parcours est logique : c’est celui de l’autonomisation des ob-
jets. Quand on jongle, on les tient, les lance, les rattrape... Progressivement, j’ai eu envie de les lâcher un peu plus longtemps. Je leur ai donc appris à voler, j’ai donné des ailes à mes balles. Grâce à la magie, aux marionnettes, les objets ont commencé à vivre leur propre vie, sont devenus de plus en plus autonomes, à l’image du fantôme en plastique dans Les Limbes, que j’essaie d’apprivoiser mais qui se balade tout seul.
La magie est-elle une façon de fuir la réalité ?
Au contraire, pour moi elle permet d’habiter le réel. La magie lui donne de la saveur, de l’harmonie et même du sens.
Il y a quelque chose de l’ordre du "forain" dans votre art, n’est-ce pas ?
Oui, je viens clairement de là, des "sideshows" du cirque Barnum. Il y avait le chapiteau et, à côté, des baraques de foire, avec la femme à barbe, l’homme le plus fort du monde, etc. En tant que magicien et jongleur, c’est mon endroit, ma place. J’y invite les gens afin qu’ils s’éloignent du réel.
Vers les métamorphoses
Mons, 17 > 20.12, Théâtre le Manège mar, jeu & ven : 20h • mer : 18h 20 > 6€, surmars.be
Valenciennes, 01 > 03.04.2025, Le Phénix 20h, 26 > 5€, lephenix.fr
À lire / La version longue de cette interview sur lm-magazine.com
La Grande récré
Texte : Julien Damien
Les fêtes de fin d'année offrent l'occasion de se retrouver en famille. Et pourquoi pas au théâtre ? Entre conte, cirque et musique, voici une sélection de spectacles taillés pour petits et grands. Où l'on croise un as du ratage, des acrobates complètement givrés, des marionnettes en mousse de savon... entre autres !
FESTIVAL OCYTÔ
Oh c'est quoi ça ? © Denise Oliver Fierro
Troisième édition pour ce festival destiné aux petits et grands enfants, et toujours aussi chargé en ocytocine – soit l'hormone de l'amour et du lien. D'abord, on ouvre grand les oreilles et les yeux devant Oh c’est quoi ça ? , un ballet-concert jouant littéralement avec les mots, avant de prendre son pied avec la chorégraphie podale de Bérénice Legrand, qui rend hommage à un membre pas si bête ! Tandis que Lobsang Chonzor narre en musique son parcours depuis son Tibet natal, le mentaliste Charles Miraskill nous raconte la grande histoire (et les secrets) de la magie...
Valenciennes, 11 > 20.12, Le Phénix, 1 spectacle : 32 > 5€, lephenix.fr
Sélection / 11.12 : L’Encyclopédie de la parole - Oh c'est quoi ça ? // 14.12 : Bérénice LegrandP.I.E.D. // 16 > 18.12 : Charles Miraskill - Secret // 17 > 20.12 : Lobsang Chonzor - Moi, Lobsang…
FRED BLIN
C'est un spectacle formidablement catastrophique. « Il y aura des longueurs... on ne pourra pas se barrer pendant la pièce », prévient d'ailleurs son unique protagoniste, Fred Blin, pilier des Chiche Capon. Fagoté comme l'as de pique, cet énergumène à la voix délicieusement nasillarde foire à peu-près tout ce qu'il entreprend : danse, chant, jonglage... Mais qu'on ne s'y trompe pas, cette science du ratage méthodique est menée de main de maître, par l'un des clowns les plus doués de sa génération.
Calais, 07.12, Centre Gérard Philipe, 20h30 18 > 9€, spectacle-gtgp.calais.fr
ANIMAL
DES CHIMÈRES DANS LA TÊTE
Ici, les dessins sont plus qu'animés : ils prennent littéralement vie ! Logique, ce spectacle est signé par le chorégraphe Sylvain Giroud et la plasticienne Françoise Pétrovitch. Sur un grand écran défilent des images de chimères (comme un lapin avec une tête d’oiseau) tracées à l'encre et à l'aquarelle. Soudain, les voilà complétées par des membres bien humains : ici une jambe, là un bras, une main... jusqu'au moment où les créatures se retrouvent sur scène, lors d'un ballet hallucinant.
Bondues, 08.12, Espace culturel, 16h, 12/10€ balletdunord.fr
Tabarnak, le Cirque Alfonse nous invite à passer une journée à la ferme ! Évidemment, celle-ci est du genre déjanté. Au programme ? Wheeling en tracteur, pirouettes en brouettes, rodéos à dos de vaches, jonglage avec des bidons de lait au milieu des poules - qui ont des dents, forcément... Nos voltigeurs et acrobates québécois dansent, chantent et virevoltent dans tous les sens, sur fond de funk agricole. Ils sont fous, ces gens de la campagne...
La Louvière, 11 & 12.12, Le Théâtre, mer : 18h • jeu : 20h, 40 > 8€ cestcentral.be
LES SOULIERS ROUGES
Les Yeux revolver, Qu’est-ce que t’es belle... On doit à Marc Lavoine et son complice Fabrice Aboulker de grands tubes, mais aussi cette comédie musicale hors-norme, adaptée d’un récit d'Andersen. Soit l’histoire d’Isabelle, qui monte à Paris pour devenir danseuse à l'Opéra. Le diable lui offre alors des souliers rouges magiques qui lui promettent le succès, mais à une condition : ne pas tomber amoureuse... Et nous voilà embarqués dans un conte moderne sur fond de romantisme, de danse et de pop !
La Louvière, 20.12, Le Théâtre, 20h, 37 > 10€ cestcentral.be
MAGNÉÉÉTIQUE - FACE A & B
Après nous avoir scotchés avec Scoooootch !, Amélie Poirier remet au goût du jour un objet antédiluvien : la cassette audio. Et forcément, le spectacle se décline en deux versions. Sur la "Face A" (dès 3 ans) deux danseuses-chanteuses jouent avec les mots mais finissent par s’emmêler dans les bandes magnétiques. Dans la "Face B" (dès 7 ans) c'est cette fois une clownesse qui s'empare de la K7, jouant avec des souvenirs pour reconstituer, entre joies et peines, le fil de sa drôle de vie.
Armentières, 14.12, Le Vivat, Face A : 10h30, Face B : 16h, 8€, levivat.net // Valenciennes 19 > 21.03, Le Phénix, phenix.fr // Dunkerque 13 > 17.05, Le Bateau Feu, lebateaufeu.com
BLANCHE-NEIGE
OU LA CHUTE DU MUR DE BERLIN
La compagnie la Cordonnerie ne rafistole pas des chaussures mais crée des ciné-spectacles, entre cinéma, concert et théâtre. Elle revisite ici Blanche-Neige... devenue une ado gothique et (pléonasme) invivable. Notre héroïne vit dans une cité HLM avec sa belle-mère, une hôtesse de l'air un peu larguée. L'histoire se déroule en 1989 et reprend peu ou prou les éléments du conte originel, avec ses nains (de jardin), ses pommes (d'amour)... Mais cette fois, la méchante n'est pas celle qu'on croit !
Béthune, 12 & 13.12, La Comédie (salle Maria Casarès), jeu : 18h30 • ven : 14h30 & 20h 10 > 6€, comediedebethune.org // Amiens, 29.01.2025, Maison de la Culture, 18h30 25 > 8€, maisondelaculture-amiens.com
BLIZZARD
Attention, show devant ! Les Québécois de la Flip Fabrique font souffler un vent de folie sur Béthune. Dans une ambiance faussement polaire, avec brume et flocons, sept circassiens vêtus de gros anoraks (voire en sous-vêtements) enchaînent les prouesses acrobatiques, entre main à main sur un trampoline, corde à sauter collective ou jonglage avec des boules de neige (et des pelles...). Tout cela sous la haute autorité du ministère canadien « de la froidure et du brrrr », ça va de soi !
Béthune, 12.01.2025, Théâtre municipal, 17h 22 > 11€, theatre-bethune.fr
LE MAGICIEN D'OZ
SIMON LA GADOUILLE
Martin et Simon arrivent en même temps dans leur nouvelle école, en classe de CM1, et sont vite les meilleurs copains du monde. Tandis que le premier gagne en popularité, le second vit un autre destin. Un jour, il tombe dans une flaque de boue et devient la risée de tous. Martin s'éloigne alors de lui. Trente ans plus tard, il croisera à nouveau son chemin... Adaptant un texte de l’Écossais Rob Evans, le Théâtre du Prisme livre un spectacle musical touchant sur l'exclusion, l'amitié et le pardon.
Pas-de-Calais, 18 > 26.01.2025, divers lieux 5€, comediedebethune.org
Après Peter Pan ou Pinocchio, l'Éléphant dans le boa nous embarque dans une nouvelle aventure. La compa gnie douaisienne nous invite cette fois dans le Kansas, aux côtés de Dorothy Gale, emportée par une tornade jusque dans un pays magique, où elle rencontrera un lion peureux, un épouvantail en quête de cervelle, un bûche ron en fer blanc.... Vous l'avez ? Eh oui, il s'agit bien de l'histoire du Magicien d'Oz, ici racontée en musique, danse et, surtout, avec une bonne dose de magie.
Douai, 21.12, Théâtre municipal, 14h30 & 17h, 5€, douai.fr Hem, 17.12, Le Zéphyr, 17h, 16/10€ // Bondues, 18.12 Espace culturel, 16h, 15/10€ // Denain, 22.12, Théâtre municipal, 20h, 20/15€
BAOUM !
Après Trait(s), spectacle de cirque graphique inspiré des peintures de Miró et Kandinsky, la compagnie SCoM poursuit son hybridation des arts en associant cette fois une acrobate-danseuse et un beat-boxeur. Et, croyez-nous, ça va faire du bruit ! Entre le papier-bulle qui craque et la langue qui claque contre le palais, l'une traduit en mouvement les sons que l'autre produit avec sa bouche. C'est drôle, ça fait parfois sursauter... En somme, c'est un festival d'émotions !
Lille, 24 & 25.01.2025, Le Prato ven : 10h & 14h30 • sam : 16h, 10/5€, leprato.fr
PESTACLES !
ALICE ET LE MIROIR
Icône de la littérature, symbole de transgression et de jeunesse éternelle, Alice n'en finit plus d'inspirer les artistes. C'est le cas de la compositrice grecque Sofia Avramidou, qui lui a concocté un opéra sur-mesure, à destination des enfants. Adapté du deuxième volet des aventures de l’héroïne de Lewis Carroll (De l’autre côté du miroir), ce spectacle musical est interprété par une soprano, quatre solistes et... des marionnettes, pour autant de nouvelles merveilles.
Arras, 04.02.2025, Théâtre, 19h, 25 > 5€ tandem-arrasdouai.eu
Des pestacles ? C'est comme des spectacles, mais en mieux. Durant ce festival, on réflé chit par exemple au sens de la vie à dos de chameau, avec une marionnette grandeur nature, tout en ferraille et tissu. On assiste aussi à des moments de grâce absolue, quand une clownesse donne vie à des créatures en mousse aussi drôles qu'émouvantes... avec quelques vieilles casseroles et un peu de savon. Vous verrez, c'est très pestaculaire !
Calais, 05 > 09.02.2025, Grand Théâtre & Centre culturel Gérard Philipe 1 pestacle : 10/6€, spectacle-gtgp.calais.fr
Sélection / 05.02 : Julie Duquenoy - À dos de chameau // 07.02 : Laetitia Sioen - Les petites casseroles (que tu trimballes)
Lesrendez-vousànepasmanquer:
Baoum dès4ans 24/01-10h&14h30|25/01-16h encoréalisationavecleFlow
Bestiaire dès6ans 26/02-15h&19h|27/02-10h&14h30
Permit,ohpermitmysoultorebel dès6ans 5/03-15h&19h|6/03-10h&14h30
Moiaussi dès3ans 11/05-17h|12/05-14h30 encoréalisationavecleCirqueduBoutduMonde
©ValérieFrossart
Théâtre Royal des Galeries
Directeur : David Michels
Cristos Mitropoulos & Ali Bougheraba
Mise en scène : Fabrice Gardin
Scénographie : Léa Gardin
Costumes : Sophie Malacord
Laure Godisiabois
Laura Fautré
Sandra Raco
David Leclercq
Robin Van Dyck
Arnaud Van Parys
Vidéos : Allan Beurms
Lumières : Félicien Van Kriekinge
Musique : Laurent Beumier
Théâtre Royal des Galeries
Directeur : David Michels
Le Crime de l’Orient-Express
AGATHA CHRISTIE
Adapté au théâtre par Ken Ludwig
Version française Gérald Sibleyras
Mathilde Bourguet
Catherine Conet
Laura Fautré
Margaux Frichet
Michel Hinderyckx
David Leclercq
Jef Rossion
Robin Van Dyck
Cécile Van Snick et Arnaud Van Parys
Mise en scène : Fabrice Gardin
Scénographie : Ronald Beurms
Costumes : Françoise Van Thienen et Sophie Malacord
Lumières : Félicien Van Kriekinge
Vidéos : Allan Beurms
Musique : Laurent Beumier
Du 18 janvier au 1er février 2025
Histoires en série
LECTURES À SUIVRE
Oubliez Netflix, Canal+ et consorts. La série qu'offre Le Bateau Feu invite des comédiens en chair et en os pour conter un feuilleton en quatre épisodes, d'Hazebrouck à Dunkerque en passant par Guînes. Ça s'appelle Histoires en série, et la septième saison débute le 17 janvier.
Une série sans écran ? C'est possible. Ce festival littéraire nous embarque dans une aventure inédite grâce à quatre personnages. Soit autant de chapitres, joués à plusieurs reprises sous la forme de lectures immersives dans toutes les Flandres françaises et jusqu'à la Côte d'Opale. Un véritable théâtre de poche, dont quelques éléments de décors et notes de musique tiennent lieu de fil rouge, dans une salle de classe ou une bibliothèque. Le texte, lu devant les spectateurs par un(e) comédien(ne), révèle une intrigue addictive, garantie sans ''cliffhanger''. Les quatre épisodes dévoilent en effet une histoire propre, avant d'en composer une plus grande.
Sur bonne écoute. Suivi en 2024 par 3 000 adeptes, le festival a confié sa septième édition à l'écrivain Arno Bertina ( Anima Motrix, Des châteaux qui brûlent...). Les confidences d'un groom, d'une bourgeoise ou d'un chirurgien gravement blessé brossent peu à peu le portrait de l'intriguant palace tunisien où ils sont tous réunis. « Cette proposition, d'une quarantaine de minutes par épisode, fait le pari de rassembler le public autour d'une écriture romanesque et du plaisir d'écouter des histoires », résume Ludovic Rogeau, directeur du Bateau Feu, qui porte l'événement et ses "spin-offs" (spectacles, lectures jeune public, ateliers de lecture à voix haute...). Aucun ''techno-cocon numérique'' ne ternira ce marathon, dont les épisodes se partagent puis se commentent autour d’un verre ou d'une soupe ! Arnaud Stoerkler
Dunkerque, 17.01 > 01.02.2025, Le Bateau Feu & divers lieux, 10€ > gratuit, lebateaufeu.com
Sélection / 17.01 : Babx, Adrien Mondot, Adrien M & Claire B – Piano piano 23 & 24.01 : Cie Les Dissolvantes – Bord de mer // 28.01 : Mathilde Monnier – Black Lights
01.02 : Intégrale des lectures...
Une histoire subjective du Proche-Orient mais néanmoins
valide… je pense
Derrière ce titre un peu long se cache un spectacle essentiel, à l'heure où le sang n'en finit plus de couler au Proche-Orient. Lauren Houda Hussein y raconte sa drôle de vie, entre son Liban natal en guerre contre Israël, en 2006, et Paris où elle tombe amoureuse... d'un Israélien, qu'elle rejoindra chez lui, au grand dam de son père. Accompagnée par le oudiste Hussam Aliwat, elle incarne, sur un plateau en clair-obscur, une foule de personnages, de la psy sosie de Meryl Streep au soldat bas de plafond, en passant par son paternel. Sa performance entremêle l'humour et le drame, l'intime et la géopolitique avec un regard empli d'humanité. J.D.
Armentières, 04.02.2025, Le Vivat, 20h, 21 > 2€, levivat.net Dunkerque, 06 & 07.02.2025, Le Bateau Feu, jeu : 19h • ven : 20h, lebateaufeu.com
Rue des Italiens
Adaptée du livre de Girolamo Santocono, cette pièce retrace le parcours d'une famille italienne venue travailler dans les charbonnages en Belgique, avec des milliers d'autres, dès les années 1950. Sur un plateau épuré, deux femmes et un homme racontent leur enfance à Morlanwelz, la dangerosité de la mine, l'immigration et son éternel corolaire, le racisme... Ou comment éclairer le présent à la lueur du passé, et la grande histoire à travers la petite. J.D.
Mons, 04 > 06.02.2025, Théâtre le Manège mar : 21h •mer : 18h30 • jeu : 13h30, 18 > 3€
Bruxelles, 14 > 22.02.2025, Th. des Martyrs, mar & mer : 19h jeu : 14h & 20h15 • ven : 20h15 • sam : 18h • dim : 15h, 22 > 6€
DAVID ET JONATHAS
OPÉRA M.-A. CHARPENTIER DU 6 AU 10 DÉC. 2024
Sébastien Daucé Direction musicale Jean Bellorini Mise en scène
CIRCUS REMAKE
(Maroussia Diaz Verbèke / Le Troisième cirque)
Ce spectacle est le remake de Circus Remix... Vous suivez ?
© Studio Cui Cui, Aude Boissaye
En tout cas, nul doute que vous vous laisserez embarquer dans cette création, qui voit cette fois deux artistes (Niń Khelifa et Theresa Kuhn) se partager le rôle de femme-orchestre que tenait Maroussia Diaz Verbèke. Une histoire de passation donc, et surtout un show kaléidoscopique, où les interprètes revisitent tous les codes du cirque !
Douai, 04 > 06.12, Hippodrome, mer & ven : 19h30 • jeu : 20h30
Bruxelles, 11 & 12.12, Halles de Schaerbeek, mer : 15h • jeu : 20h30, 16 > 8€
halles.be // Lille, 10.01.2025, Le Prato, 20h, 15 > 5€, leprato.fr
SUR L’AUTRE RIVE
(Cyril Teste / Collectif MxM)
Le collectif MxM de Cyril Teste s’est révélé avec ses "performances filmiques", intégrant à ses pièces des vidéos tournées en direct. Après La Mouette, il retrouve Anton Tchekhov pour adapter librement Platonov. Nous voilà sur l’autre rive, où se prépare une grande fête. Anne, criblée de dettes, a invité une petite société provinciale dans sa grande maison. Entre obsession pour l’argent et faux-semblants, l’amour et l’amitié semblent désormais impossibles... Amiens, 05 & 06.12, Maison de la Culture jeu : 19h30 • ven : 20h30, 25 > 8€ Roubaix, 18 & 19.12, La Condition Publique 20h, 21 > 5€, larose.fr
LA BOULE & CUIR
LACRIMA
(Caroline Guiela Nguyen)
La princesse d’Angleterre commande une robe de mariée à une prestigieuse maison française. Durant huit mois, le spectacle suit sa conception dans le plus grand secret, des ateliers de Paris à ceux de Mumbai, sur fond de labeur et de larmes... Après avoir fait entendre la voix des exilés vietnamiens dans Saïgon, Caroline Guiela Nguyen s’intéresse aux petites mains invisibles et au savoir-faire exceptionnel qui font briller la haute-couture.
Lille, 06 > 11.12, Théâtre du Nord, 19h (sam : 18h), 18 > 9€, theatredunord.fr
Douai, 18 & 19.12, Hippodrome, mer : 19h30 jeu : 20h30, 25 > 5€, tandem-arrasdouai.eu
(L. Lelarge & K. Marro / A. Ferrera & G. Polet)
Deux spectacles pour le prix d'un, et 50 nuances de cirque. Dans La Boule, Liam Lelarge et Kim Marro forment, non pas un duo, mais une seule entité à deux têtes et quatre jambes. De fusion, il est aussi question dans Cuir, où deux hommes attachés l’un à l’autre avec des harnais (Arno Ferrera et Gilles Polet) s’engagent dans un étonnant corps-à-corps. Décuplée par la complémentarité, cette nouvelle force leur autorise toutes les acrobaties. Arras, 10 & 11.12, Théâtre, mar : 19h30 • mer : 20h30, 25 > 6€, tandem-arrasdouai.eu
La Boule : Lille, 06 & 07.12, Le Prato, ven : 14h30 & 20h • sam : 20h, 15 > 5€, leprato.fr + Bruxelles, 13 & 14.12, Halles de Schaerbeek ven : 19h • sam : 18h, 12 > 8€, halles.be
LES FORTERESSES
(Gurshad Shaheman / Cie La Ligne d’ombre)
Marqué par son départ de l’Iran, Gurshad Shaheman développe un singulier récit : le sien, celui de l’exil. Figure du "théâtre de l’intime", il donne la parole à trois femmes, soit sa mère et ses tantes, prises entre la révolution de 1979, l’islamisation de leur pays et la guerre contre l’Irak. Sur fond de musique électroacoustique et de conversations persanes, entre Lille, Francfort et Téhéran, ces trois monologues entremêlent la petite et la grande histoire.
Lens, 12 & 13.12, La Scène du Louvre-Lens, jeu : 19h • ven : 20, 12 > 5€ Valenciennes, 24 & 25.04.2025, Le Phénix, 19h, 26 > 6€, lephenix.fr
DER LAUF
(Vélocimanes associés / Le Cirque du bout du monde)
La tête sous un seau, un homme jongle avec des assiettes, avant de se laisser entraîner dans un enchaînement d’événements incontrôlés… Alors, advienne que pourra ! Inspiré de Der Lauf der Dinge (soit "le cours des choses") film expérimental tourné en 1987, ce spectacle de cirque (situé « entre David Lynch et Intervilles ») fait la part belle à l’imprévisibilité propre à notre humaine condition. Au fond, c’est l’histoire de la vie, avec ses accidents plus ou moins heureux... mais en plus drôle !
Lille, 13 & 14.12, Le Prato, ven : 20h sam : 16h & 19h, 15 > 5€, leprato.fr
CHOTTO DESH
VIDÉO CLUB
(Sébastien Thiéry / J.L. Benoit) Justine (Noémie Lvovsky) et Jean-Marc (Yvan Attal) sont mariés depuis 25 ans. Entre petits mensonges et lassitude, ils vivent désormais plus de bas que de haut. Un jour, ils reçoivent un mail anonyme. Celui-ci les mène vers une vidéo révélant leur quotidien. Ils découvrent alors qu’une webcam les filme jour et nuit... et la médiocrité de leur couple. Trouveront-ils la force de le reconstruire ? Cette comédie sociale tend un miroir pas si déformant à notre époque, où l’intimité est devenue un spectacle.
Douai, 19.12, Théâtre municipal, 20h30 46 > 8€, douai.fr // Roubaix, 20.12
Le Colisée, 20h, 49 > 15€, coliseeroubaix.com
(Akram Khan, Sue Buckmaster)
Entre carnet de voyage et autoportrait, danse et vidéo, Akram Khan remonte le fil de ses origines, de la Grande-Bretagne au Bangladesh. Évoluant dans un décor animé et dessiné au crayon, le chorégraphe britannique raconte l’enfant qu’il était, tentant de convaincre son père (dont le visage apparaît sur le crâne rasé du danseur) de le laisser vivre de sa passion, et l’homme qu’il est devenu. Une quête d’identité envoûtante et un spectacle à la magie indéniable, à savourer en famille. Lille, 08 & 09.01.2025, Opéra, 20h, 24 > 5€, opera-lille.fr
LA VIE SECRÈTE DES VIEUX
(Mohamed El Khatib / Cie Zirlib)
Dans sa nouvelle création, Mohamed El Khatib, figure du théâtre documentaire, évoque l’amour au temps du grand âge, et brise le tabou de la sexualité de nos aînés. Qu’en est-il du désir au crépuscule de l’existence ? Sur le parquet d’une salle de bal, des personnes âgées de 76 à 102 ans évoquent leur vie amoureuse. Issues de divers milieux sociaux et toutes étrangères à la scène, elles parlent librement de leur intimité, de leurs premiers et derniers émois, au fil d’une pièce débordante d’humanité.
Arras, 13 > 15.01.2025, Théâtre, complet ! // Calais, 17 & 18 .01.2025
Le Channel, ven : 20h • sam : 19h30, 7€, lechannel.fr
BLOCKBUSTER
(N. Ancion / Collectif mensuel)
Attention, ceci n’est pas une pièce comme les autres ! Celle-ci prend la forme d’un mashup de 160 films hollywoodiens. Ce montage d’extraits de blockbusters, donc, est mixé en direct. Le Collectif mensuel assure les dialogues, le doublage, la musique et les bruitages devant le public. L’histoire met en scène l’insurrection du peuple contre un consortium de multinationales, organisant dans l’ombre une cure d’austérité… Un spectacle drôle et engagé ? Oui, mais avec du Bruce Willis dedans.
Oignies,10.01.2025, Le Métaphone, 20h 10/7€, 9-9bis.com
TRAGÉDIE
(David Bobée & Éric Lacascade)
Une immense carlingue éventrée occupe la scène. De cet avion venant tout juste de s’écraser sortent seize jeunes gens. Ce n’est pourtant pas de cet accident dont ils vont parler, mais de la catastrophe qui engloutit notre monde... On comprend alors que cette carcasse métallique encore fumante est une spectaculaire métaphore du crash planétaire en cours. Ces rescapés pointent les responsabilités de l’humanité, "l’héritage" laissé par leurs aînés, leurs propres renoncements… Une pièce choc.
Douai, 16 & 17.01.2025, Hippodrome, jeu : 19h30 ven : 20h30, 25 > 5€ // Béthune, 28.01.2025
La Comédie (salle Maria Casarès), 20h, 10 > 6€
MADAME ARTHUR FAIT DANSER DALIDA
Dans l’antre de Madame Arthur, la chanson française s’encanaille. Les divas portent la barbe avec panache, et la fantaisie seule fait loi. Le célèbre cabaret transformiste pose ses valises pleines de strass et de plumes à Oignies. Pour l’occasion, ces créatures de la nuit ont concocté un programme très spécial. Au Métaphone, Bili L’arme à l’œil, Maud’Amour, Charly Voodoo, Lola Dragoness et Von Flame revisitent au chant et au piano le répertoire de Dalida. Alors... laissez-nous danser !
Oignies, 18.01.2025, Le Métaphone, 20h, 20 > 15€, 9-9bis.com
© Simon Loiseau
LA VIE ET LA MORT DE
J. CHIRAC, ROI DES FRANÇAIS
(Cie Animaux en paradis)
La Cie des Animaux en paradis s'est lancé un sacré défi : dresser le portrait théâtral des huit présidents de la Ve république. Quelque part entre la comédie et l’enquête, cet épisode s’attaque à Jacques Chirac à travers un grand moment de "méta-théâtre ". Pour cause, on suit deux personnages... en train de monter une pièce sur "le Corrézien". Ils incarnent les nombreuses facettes d’un animal politique pour mieux les révéler. Armentières, 28.01.2025, Le Vivat, 20h, 21 > 2€, levivat.net
JE SUIS LE VENT
(Jon Fosse / Emma Gustafsson)
Un homme et une femme sont sur un bateau imaginaire, mais leurs chemins vont se séparer : l’un est en route vers l’au-delà, l’autre va devoir le laisser partir. Durant ce moment suspendu, ils se parlent une dernière fois. D’amour, de liberté, des choix que l’on faits... de questions existentielles ou presque banales. Dans un décor épuré, évoquant un entre-deux entre ciel et mer, ils nous embarquent dans un voyage poétique et philosophique, évoquant la mort et surtout la vie. Béthune, 21 > 23.01.2025, La Comédie mar & mer : 20h • jeu : 18h30, 10 > 6€ Lille, 30.01 > 01.02.2025, Théâtre de la Verrière jeu : 19h • ven : 20h • sam : 18h, 15 > 6€
LOS DÍAS AFUERA
(Lola Arias)
En 2024, Lola Arias révélait Reas, un film tourné avec 14 femmes et personnes transgenres détenues à Buenos Aires, la plupart ayant servies de "mules" pour des trafiquants de drogue. La réalisatrice et metteuse en scène argentine en retrouve six d’entre elles pour composer une pièce détonante. Dans le décor d’une prison, quelque part entre le documentaire et la comédie musicale, ces femmes réécrivent leur vie, envisageant la scène comme un espace de liberté.
Douai, 28 & 29.01.2025, Hippodrome mar : 20h30 • mer : 19h30, 25 > 5€
Bruxelles, 12 > 15.02.2025, Théâtre national mer & sam : 19h • jeu & ven : 20h, 30 > 7€
QUAND JE SERAI GRANDE, JE SERAI PATRICK SWAYZE (Chloé
Oliveres / Papy)
Chloé Oliveres a grandi dans les années 1980, s’est construite avec les romans d’Annie Ernaux, les pièces de Pina Bausch et... les films avec Patrick Swayze. La (crise de) la quarantaine venue, la comédienne monte pour la première fois seule sur scène. Elle nous parle d’amour, de sa volonté d’émancipation, de ses ambitions et illusions... Surtout, elle livre une désopilante relecture féministe de Dirty Dancing, déhanché lascif à l’appui. Mouvaux, 29 & 30.01.2025, L’étoile - Scène de Mouvaux, mer : 20h • jeu : 19h, 21 > 5€, larose.fr
La Condition Publique a 20 ans !
RDV le 24 janvier 2025 pour une nouvelle saison d’anniversaire : concerts, expositions, fabrique, spectacles