/ SEPTEMBRE 2024 / GRATUIT
IL ÉTAIT
Il y a dix ans, nous étions déjà étonnés d’inscrire le nombre 100 sur notre magazine. C’est dire la surprise, et tout de même la fierté, de vous présenter cette 200e édition de LM... avant de souffler nos 20 bougies en 2025 ! À l’heure où le papier n’a plus vraiment bonne presse, où l’information est toujours plus dématérialisée (d’autres plus imposants que nous ont cessé d’imprimer), nous tenons encore à la beauté de l’objet, au fond et à la forme. Un peu comme des artisans remettant mille fois (ou au moins 200) l’ouvrage sur le métier, nous prenons soin de peser chaque mot et virgule, de débattre de chaque argument, de trouver la meilleure image. Et cela en toute indépendance. Distribué gratuitement (sans aide financière) dans les Hauts-de-France et en Belgique, ce livre de poche sonde l’actualité culturelle par tous les bouts, mais pas n’importe comment. En proposant des reportages, des portraits, des chroniques, des interviews au coin de la rue ou au-delà des mers, observant notre époque avec du recul et un petit pas de côté. Bref, en privilégiant la nuance aux idées toutes faites et aux clivages systématiques, en empruntant les chemins de traverse plutôt que les autoroutes du "j’aime" ou "j’aime pas". Tout cela ne serait pas possible sans le dynamisme de notre Eurorégion, la fidélité de nos partenaires, les propositions pertinentes de nos contributeurs et bien sûr vous, qui nous lisez. Alors rien que pour ça, 200 fois merci !
PANO RAMA 26
LE FRESNOY
Studio national
Toute ressemblance avec la réalité n’est pas une pure coïncidence.
20 SEP. 2024
–5 JAN. 2025
Vernissage 20 sep. - 18h>minuit
Expo-Apéro 3 oct. / 7 nov. / 12 déc - 18h et 18h30
Expo-Goûter 9 oct. / 13 nov. / 11 déc - 15h30
Expo-Brunch 13 oct. - 10h>12h30
Expo-Kids 17 nov. - 14h30>18h
Midi-Expo 21 nov. - 12h45 et 13h15
Tous les dimanches exposition en accès libre et visites guidées gratuites : Exposition à 16h, circuit de production à 17h
NEWS – 10
SOCIÉTÉ
FLANDRENSIS – 14
Petit pays
KEVIN FAFOURNOUX – 18
Nom d’un prénom !
FRANÇOIS PROST – 24
Remise en boîte
SANDRO GIORDANO – 30
L’art de la chute
PORTFOLIO – 36
RAFAEL ALEJANDRO
Il était une fois en Amérique
MUSIQUE –
46
Demain Rapides, Raismes Fest, Aquaserge, Earl Sweatshirt, Richard Hawley, The Pretenders, The Undertones, The House of Love, The The, Baby Volcano, Dylan LeBlanc, Ibibio Sound Machine, The Lemon Twigs, Voyou, Real Estate, Bodega, ONL, Muse & Piano
DISQUES & LIVRES –
68
ÉCRANS –
72
Festival 2 Cinéma de Valenciennes, Septembre sans attendre, Le Léopard des neiges, Langue étrangère, Le Procès du chien, Ma vie ma gueule, After
RENCONTRE
VHILS – 80 Au creux du mur
HECTOR OBALK – 104 La tête dans les toiles
DAKH DAUGHTERS – 116 Artistes en résistance
EXPOSITION –
80
Vhils, Stephan Vanfleteren, Bouddha. L’expérience du sensible, Corneille au fil de la joie, Panorama 26, Double jeu, Agenda
THÉÂTRE & DANSE –
104
Hector Obalk, Harmony, Voice Noise, Une Idée géniale, Le Mal du hérisson, Ukraine Fire, Waly Dia, Polifemo, Neiges éternelles, Bate Fado, Shibuya, Maudits sonnants, Dimanche, Agenda
MAGAZINE
Direction de la publication
Rédaction en chef
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Rédaction
Julien Damien redaction@lm-magazine.com
Clémence Ménart info@lm-magazine.com
Publicité pub@lm-magazine.com
LM magazine – France & Belgique
28 rue François de Badts
59110 La Madeleine - Ftél : +33 (0)3 62 64 80 09
Direction artistique
Graphisme
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Couverture
Rafael Alejandro rafalejandro.com c @rafalejandro_g
Administration
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Réseaux sociaux
Sophie Desplat Cécile Fauré
Impression Tanghe Printing (Comines)
Diffusion C*RED (France / Belgique) ; BHS.media (Bruxelles / Hainaut)
Ont collaboré à ce numéro : Selina Aït Karroum, Rafael Alejandro, Thibaut Allemand, Mathieu Dauchy, Marine Durand, Hugo Guyon, Raphaël Nieuwjaer et plus si affinités.
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PLAYLIST LM
La bande son de la rédaction
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Ne pas jeter sur la voie publique.
Papier issu de forêts gérées durablement
TOUT NU ET TOUT BRONZÉ
C’est une exposition inédite. Le Mucem met à nu l’histoire du naturisme en France, pays demeurant la première destination touristique au monde dans ce domaine. De sa naissance à la fin du xixe siècle, en réponse à l’industrialisation massive, jusqu’à l’émergence d’un véritable militantisme, ces quelque 600 photographies, films ou revues auscultent un mode de vie largement méconnu. Le petit plus ? Une fois par mois, on peut visiter le musée dans le plus simple appareil ! Paradis naturistes Marseille, Jusqu’au 09.12, Mucem, tous les jours sauf mardi : 10h-19h, 11 > 5€ (gratuit -18 ans), mucem.org
ON AURA
TOUTOU VU !
C’était un photographe qui avait du chien. Disparu en novembre dernier, Elliott Erwitt aura photographié des centaines d’anonymes, de stars, de figures politiques... mais aussi moult canidés (« ces gens avec des cheveux », disait-il), qu’il affectionnait particulièrement. À l’occasion de la Journée mondiale des animaux, le 4 octobre, la rétrospective qu’on lui consacre à Bruxelles accueille les toutous et leurs maîtres. Une visite complètement wouf.
Bruxelles, 04.10, 5 Grand Place, 10h-18h 16 > 8€ (gratuit -6 ans), expo-elliotterwitt.com (rétrospective jusqu’au 05.01.2025)
ET LA LUMIÈRE FUT
D’UN SQUALE !
Histoire d’attaquer la rentrée à pleines dents, on ne loupera pas la cinquième édition du Paris Shark Week, le premier festival de cinéma exclusivement consacré aux requins. Outre une conférence sur la "Sharksploitation" (avec Xavier Gens, le réalisateur de Sous la Seine) et quelques pépites japonaises du genre, on découvre une douzaine de documentaires. Soit autant de bonnes raisons de nous réconcilier avec les squales, pas si affreux et méchants.
Paris, 13 > 15.09, Club de l’Étoile, 1 séance : 8/5€ • pass : 70€, parissharkweek.com
Édifice néo-gothique élevé au xixe siècle, la cathédrale Notre-Dame de la Treille demeure un jalon du patrimoine lillois, et s’apprête à vibrer comme jamais. Entre théâtre, vidéo mapping à 360 degrés et musique spatialisée (avec chœur et grand orgue), le spectacle Luminiscence promet de révéler le monument sous un jour inédit, rendant grâce à ses bâtisseurs comme à l’histoire de la capitale des Flandres.
Lille, 06.09 > 31.10, Cathédrale Notre-Dame de la Treille 35 > 15€, luminiscence.fr
FESTIVAL DÉCOUVERTES,
IMAGES ET MARIONNETTES
Le théâtre d’objets tous ses états. Durant une dizaine de jours, Tournai célèbre un art séculaire et en perpétuelle réinvention. De la chorégraphie robotique d’Ugo Dehaes aux jeux de mains d’Hopeful Monster, en passant par la marionnette à taille réelle (et terriblement humaine) d’Othmane Moumen, cette biennale tire les ficelles de tous les imaginaires. Et brouille parfois les pistes, comme lors de ce "bal marionnettique" où l’on ne sait plus qui de l’Homme ou du pantin mène véritablement la danse... Tournai, 25.09 > 04.10, Centre de la marionnette, Maison de la culture, Grand ‘Place, Halle aux draps, 24€ > gratuit, festivalmarionnette.be
LA NUIT DES MUSÉES À MONS
Où s’amuser lors de la Nuit des musées ? Dans la cité du Doudou, pardi ! On y mène par exemple une enquête grandeur nature sur la fameuse légende des "anges de Mons", avant de démanteler un drôle de complot au Mundaneum : et si c’étaient les chats qui menaient la marche du monde ? Le temps d’explorer l’invisible au MuMons, de s’adonner au "light painting" dans les Anciens abattoirs, et on termine la soirée avec une "silent party" à l’Artothèque. Mons, 04.10, divers lieux en ville, musees-expos.mons.be
Flandrensis
PETIT MAIS COSTAUD !
Texte : Julien Damien
Photo : © Léo Delafontaine / DR
Depuis la Belgique, dans un petit hameau situé en Flandre occidentale où il habite, Niels Vermeersch mène une drôle de double vie. Fonctionnaire le jour, ce jeune père de famille règne durant son temps libre sur une colonie de milliers de manchots empereurs. Il devient alors son Altesse royale Nicholas de Mersch d’Oyenberghe, grand-duc de Flandrensis. Ne cherchez pas sur une carte, vous ne trouverez pas cet endroit... qui est pourtant bien réel. Pour cause, il s’agit d’une micronation. Et aussi minuscule soit-elle, celle-ci affiche une grande ambition : sauver la planète.
C’est « par ennui », dit-il, qu’il a fondé son pays, en 2008.
« J’étais encore étudiant, célibataire et j’avais beaucoup de temps à perdre », raconte Niels Vermeersch. En surfant sur le Web, il découvre le concept de micronation. Il a d’abord voulu en rejoindre une, « mais j’ai trouvé plus drôle de créer la mienne, d’être mon propre patron ! ». Ainsi naquit le Grand-duché de Flandrensis, dont les armoiries s’inspirent du tout premier drapeau belge, apparu en 1830. On y retrouve notamment les deux iconiques lions, symboles de bravoure. « J’ai aussi remplacé la bande jaune par une blanche, pour symboliser un nouveau départ », explique ce féru d’histoire. Ne restait plus qu’à lui
trouver des frontières physiques. Ce sera... en Antarctique !
Le silence est d’or. Il faut savoir que, depuis 1959, un accord international bannit toute revendication territoriale sur le continent blanc. « Oui, mais rien n’est précisé dans le cas d’un individu », sourit Niels.
« Un endroit qui n’a pas été abîmé par les humains »
Le Flamand a donc envoyé une lettre frappée de son blason à tous les pays signataires du traité de l’Antarctique, mais aussi à l’ONU, pour en revendiquer cinq îles.
« Personne n’a jamais répondu, j’en ai donc conclu qu’ils n’y voyaient pas d’objection ». C’est bien connu : qui ne dit mot consent ! >>>
Niels Vermeersch, aujourd’hui ma rié et père de famille, est donc de venu son Altesse royale Nicholas de Mersch d’Oyenberghe (du nom d’un lointain ancêtre chevalier), soit le grand-duc de Flandrensis...
« Penser grand, agir petit »
Mais ce qui ressemblait au départ à une bonne blague s’est mué en une très sérieuse aventure, car cet état poursuit désormais un grand objectif : sauver la Terre.
Géant vert. En effet, Niels, n’a pas choisi ces îles de l’Antarctique complètement au hasard : cellesci sont uniquement peuplées de manchots empereurs. « C’est l’un des rares endroits au monde qui n’a pas encore été abîmé par les humains, assure Niels. Et il faut que ça le reste ». C’est d’ailleurs la devise de sa micronation : "no humans, only nature". Flandrensis est ainsi la vitrine farfelue d’une ONG luttant contre le dérèglement climatique. Son site Internet fourmille de conseils écologiques
(comme la transformation de son jardin en sanctuaire naturel) ou d’actions concrètes (ramassage de déchets, plantation d’arbres...) menées un peu partout sur le globe par des "ambassadeurs". Par ailleurs, le grand-duc envoie régulièrement des courriers aux dirigeants politiques pas assez "verts". À Emmanuel Macron par exemple, ou dernièrement à l’Iran ou la Chine. Là non plus, il n’a pas reçu de réponses. Pourtant, les grands de ce monde devraient se méfier... En 2017, lorsque Donald Trump a annoncé le retrait des États-Unis de l’accord de Paris, 250 Américains ont rejoint Flandrensis, qui compte aujourd’hui 1 019 citoyens de 71 nationalités différentes. D’où cette seconde devise : « Penser grand, agir petit », souligne Niels, persuadé que « si chacun réalise des actions au quotidien, ça peut changer le monde ». Ou, dit autrement : « micronation, maxi mission ! ».
À visiter / flandrensis.com
À lire / La version longue de cet article sur lm-magazine.com
Kevin Fafournoux NOM D’UN
PRÉNOM !
Il a submergé les années 1990 et l’état civil à la faveur de la pop culture américaine, mais sa disgrâce fut aussi violente que son succès. Avec Sauvons les Kevin, documentaire attendu cet automne, Kevin Fafournoux tente de réhabili ter un prénom mal-aimé et devenu source de toutes les moqueries. Concrétisé via une campagne de financement participatif, ce film « sur les Kevin, avec des Kevin et réalisé par un Kevin » tente de comprendre les raisons du malaise, décortique les clichés et dénonce un ostracisme pas si rigolard.
Pourquoi vos parents vous ont-ils appelé Kevin ?
Je suis né en 1987, soit avant le début de cette mode, qui a surgi en 1991. Ce sont un peu des précurseurs ! Ils aimaient bien sa consonance et voulaient un prénom court, car j’ai un nom de famille assez long, et aussi quelque chose de celtique, même si on n’est pas bretons mais auvergnats.
Quand avez-vous constaté que quelque chose "clochait" ?
J’ai commencé à essuyer pas mal de blagues à l’école, puis ça s’est amplifié avec Internet, qui a permis de véhiculer ces moqueries,
comme le "Kevina" d’Élie Semoun ou les "tops des pires prénoms". Mais j’ai vraiment ressenti un malaise à mon arrivée dans le monde
« Ce prénom est identifié à une classe sociale »
professionnel, il y a une quinzaine d’années. Je débarquais à Paris, où il y a une forme d’élitisme, et ce prénom est identifié à une classe sociale. J’avais l’impression de devoir briser la glace avec une petite blague : "Bonjour je m’appelle Kevin, je ne suis pas forcément en phase avec mon prénom"... >>>
Quels clichés véhicule-t-il ?
C’est un équivalent de beauf, d’illettré, de relou... J’ai réalisé un micro-trottoir pour ce film et ce sont les principaux mots clés. On l’associe aussi au tuning et même au Nord-Pas de Calais, quitte à alimenter une autre discrimination...
« Un équivalent de beauf, d’illettré, de relou »
Comment expliquer ce mépris ?
Selon le sociologue Baptiste Coulmont, cette mode marque une émancipation des classes populaires et moyennes, employés et ouvriers, qui ont choisi des prénoms à consonance américaine par le biais de la pop culture : Kevin, Jordan, Ryan... Cela a été perçu comme du mauvais goût par les classes supérieures de laquelle, traditionnellement, les
prénoms découlent pour atteindre celles du dessous.
Quelle fut l’ampleur de la mode des Kevin ?
C’est un phénomène inédit. Entre 1991 et 1994, c’est le prénom masculin le plus donné en France, écrasant les "classiques" comme Nicolas ou Alexandre. En 1994, plus de 14 000 garçons ont été appelés ainsi. Les courbes de l’Insee le montrent : la vague monte très haut durant quatre ans et redescend d’un coup.
Mais pourquoi Kevin en particulier ?
Dans la dernière décennie du xx e siècle, il est partout ! Au cinéma, à la télé, dans le sport, la musique... C’est Kevin McCallister dans Maman j’ai raté l’avion qui fit un carton durant Noël 1990 ou encore les séries américaines qui ont débarqué en France comme Melrose Place, Beverly Hills ... Et puis bien sûr Kevin Costner.
Durant cette période, c’est une star interplanétaire enchaînant les succès : Danse avec les loups, Bodyguard, Robin des bois ... Il y a aussi eu l’influence des boys bands comme Backstreet Boys et son leader Kevin Richardson.
« Le prénom le plus donné en France entre 1991 et 1994 »
Quelle est l’origine de ce prénom ?
Il provient d’Irlande, plus précisément de Glendalough, une petite ville au sud de Dublin, où vivait Saint-Kevin au vie siècle. Cet ermite s’est installé dans une grotte, délivrant sa bonne parole à des milliers de personnes pendant sept ans.
C’est tout de même le deuxième saint le plus connu d’Irlande après Saint-Patrick ! Le prénom a ensuite gagné les États-Unis avec la vague d’immigration irlandaise, avant d’arriver en France et en Europe.
Que signifie-t-il au juste ?
"Bel engendré", "beau garçon" ou "de noble famille" en vieil irlandais.
C’est hyper "quali" dans ce pays, et assez drôle quand on y pense, au regard des clichés actuels.
Qu’espérez-vous à travers ce documentaire ?
Si je suis honnête avec moi-même, en réalité ce film ne pourra pas changer les choses, car les clichés ont la peau dure. Néanmoins, je souhaite une sorte d’éveil général des consciences concernant ce mal-être. Montrer que ce n’est pas juste une blague...
Sauvons les Kevin Documentaire de Kevin Fafournoux, sortie en octobre.
À visiter / kevinfafournoux.com c @sauvonsleskevin
À lire / La version longue de cette interview sur lm-magazine.com
Kevin
COURS PARTICULIER
En 2017, ils jetaient un premier pavé dans la mare en pointant les absurdités de l’orthographe française. Arnaud Hoedt et Jérôme Piron s’attaquent cette fois à un autre mastodonte : l’école. Dans Kevin, les trublions belges se penchent sur l’échec scolaire et le déterminisme social. Vaste programme !
C’est un prénom lourd de sens, charriant son lot de stigmates sociaux comme d’inégalités. Ce Kevin-là, Arnaud Hoedt et Jérôme Piron l’ont rencontré lorsqu’ils étaient enseignants à Bruxelles. Malgré leur bonne volonté, ils n’ont pu empêcher l’échec scolaire du jeune homme... Pourquoi ? C’est la question centrale de leur nouvelle création. Nourri d’analyses scientifiques, ce spectacle participatif décortique ainsi notre système éducatif, sans donner de leçons. Devant un grand écran et armé d’une bonne dose d’humour, le duo énumère les bonnes et mauvaises idées de cette école censée accueillir « tous les enfants », mais ne leur donnant pas les mêmes chances, en particulier à ceux issus des classes populaires ou de l’immigration. Ainsi, 34% de Joséphine obtiennent la mention "très bien" au Bac, contre moins de 7% de Kevin. Au-delà du constat, les ex-profs imaginent aussi des solutions, opposant par exemple un « tronc d’enseignement commun jusqu’à 15 ans » face aux classes de niveaux. Car c’est un fait : si mettre tous les meilleurs élèves ensemble provoque une émulation, rassembler ceux en difficulté dans le même groupe les tire systématiquement vers le bas... Alors, ne serait-il pas temps de revoir cette copie ? Julien Damien Amiens, 25 > 27.09, Comédie de Picardie, mer : 19h30 • jeu & ven : 20h30, 20 > 12€, comdepic.com Bruxelles, 06 & 07.11, Wolubilis // Lille, 04 & 05.03.2025, maison Folie Wazemmes (La Rose des Vents)
automne 2024 En septembre à La Condition Publique
11.09
CLUB ALIM
Concert - ALIM Grems
13.09
CLUB ALIM
Soirée Stand Up - ALIM Club Comedy #7
20.09
CONCERT - HALLE A
K’S CHOICE avec AGDL
21 & 22.09
JOURNÉES EUROPÉENNES DU PATRIMOINE 2024
Avec restitution du projet d’Arthur Chiron “Paris-Roubaix (USA)”
21.09
CONCERT - HALLE A
BU$HI + MUSSY avec AGDL
27.09
CLUB ALIM
Concert - ALIM Frieda + Guest
LA CONDITION PUBLIQUE
FÊTE SES 20 ANS venez fêter les 20 ans de la CP avec October Make et la Compagnie des Tiers-Lieux
François Prost
BOÎTES DE JOUR
Texte : Julien Damien
Depuis 2011, François Prost sillonne les routes départementales de l’Hexagone pour photographier des façades de discothèques. Réalisées en plein jour, ses images immortalisent cette esthétique kitsch typique des boîtes de nuit de la France dite "périphérique". Rassemblés dans le livre After Party, dont la seconde édition paraît en septembre, les clichés de ce Parisien né à Lyon documentent avec un humour tendre des lieux dédiés à la fête et désormais en voie d’extinction.
Des colonnes romaines en stuc, des têtes de sphinx en veux-tu en voilà, des cocotiers synthétiques, des façades rose bonbon et puis des noms aux saveurs antiques ou exotiques, de "l’Acropol" au
« Une manière de rendre hommage à ces lieux »
"Cabana Coco"... Voici le genre d’images peuplant After Party , série recensant les architectures vernaculaires de discothèques de la France des campagnes. Mais
ne voyez dans cette démarche aucune condescendance ni moquerie facile. Juste « un peu de malice », concède François Prost, ancien graphiste devenu photographe avec ce projet, dont le procédé sériel intrigue : le cadrage est toujours identique, le cliché pris à la même distance et, surtout, en plein jour, éclairant ces petits temples de la nuit d’une lumière nouvelle. « C’est une manière de rendre hommage à ces lieux dans lesquels on a tous un souvenir », explique le quadragénaire, qui
lui-même a fréquenté, durant ses jeunes années, ces établissements où les moins de vingt ans ne s’encanailleront peut-être plus.
Gueule de bois. Comme toutes les bonnes idées, celle-ci est née « par hasard ». Un dimanche matin de 2011, François est en balade à vélo avec un ami, quelque part en Bourgogne. « J’avais un peu d’avance sur lui, et me suis retrouvé à l’attendre sur le parking d’une discothèque. On y trouvait des bris de verre, des mégots, des
flyers déchirés... soit les vestiges de l’agitation de la veille mais dans un environnement assez bucolique et calme. Le décalage était très fort ». La mélancolie pas loin non plus. « C’est un peu le lendemain de fête, les lumières se rallument, on découvre que la boîte est une ancienne ferme ou un préfabriqué... ». Les excès et la magie de la nuit se sont éclipsés, comme s’éteignent peu à peu les stroboscopes à mesure que les zones rurales se dépeuplent et que la
chets en Belgique) à vélo, en train ou en voiture, avec l’idée d’archiver
À lire / L’interview de François Prost sur lm-magazine.com
Sandro Giordano
L’ART DE LA CHUTE
Depuis plus de dix ans, le photographe italien Sandro Giordano met en scène de stupéfiantes chutes. Composées avec des comédiens, ces images pour le moins casse-gueule, aussi loufoques soientelles, demeurent emplies de sagesse. Acteur durant une vingtaine d’années avant de passer derrière l’objectif, ce fan de Charlie Chaplin et de Laurel et Hardy pointe avec malice ces petits travers aux grandes conséquences qui font vaciller notre espèce.
Plus drôle sera la chute ! À travers la série In Extremis (bodies with no regret), Sandro Giordano met en scène de sacrées gamelles, avec un sens certain du burlesque et de l’ironie. Au fil de ces images, les corps révèlent d’improbables contorsions, la face aplatie contre le sol, telles des poupées désarticulées. « Mes photographies sont des histoires courtes reflétant un monde qui s’écroule, commente l’artiste. Chaque cliché montre des personnages usés qui
s’écrasent sans chercher à se sauver ». Eh oui, à y regarder de plus près, ces compositions n’ont rien d’accidentelles.
« Mes photographies reflètent un monde qui s’écroule »
Ces gadins offrent une spectaculaire allégorie de la fragilité de notre humaine condition, brisée par ses obsessions, comme la nourriture, le sport, l’alcool, le travail... quitte à rater l’essentiel ?
« Exactement, confirme le Transalpin. J’aime exagérer les névroses et les angoisses dont, pour le meilleur ou le pire, nous souffrons tous. Nous courons chaque jour comme des fous et passons à côté des choses importantes de la vie, à commencer par les relations humaines et la recherche de sérénité ».
Humanité possédée
D’ailleurs, vous remarquerez que nos malheureux cascadeurs, aussi mal tombés soient-ils, ont tous
sauvé un objet dans une main. Ici un verre, là un téléphone ou une raquette de tennis, soit autant de symboles de ce qui a précipité leur effondrement.
« J’exagère les névroses dont nous souffrons tous »
« Nous accumulons des choses inutiles, imaginant qu’elles rempliront notre existence, mais c’est le contraire qui se produit. Nous pensons les posséder mais en réalité
ce sont elles qui nous possèdent », philosophe Sandro Giordano, qui a lui-même vécu l’expérience de la culbute rédemptrice. « Ce projet a débuté comme une blague, après une mauvaise chute à vélo. En tombant, je me suis cassé le poignet parce qu’au lieu de lâcher la barre protéinée que je mangeais en pédalant, je l’ai instinctivement serrée dans la main. J’aurais peutêtre pu amortir le choc si je l’avais laissée ». Un mal pour un bien ? Sans doute. « Après l’accident, j’ai
commencé à réfléchir au stress qui pourrit notre vie. Si nous nous blessons, c’est que quelque chose ne va pas, notre corps envoie des signaux. Il faut donc tomber pour se relever. À travers mes photos, j’envoie un message clair à tout le monde : soyons prudents ». Bien reçu !
À visiter / sandrogiordanoinextremis.it c @__remmidemmi
À lire / L’interview de Sandro Giordano sur lm-magazine.com
Rafael Alejandro
IL ÉTAIT UNE FOIS EN AMÉRIQUE
Né à Cuba, installé aux ÉtatsUnis depuis 2016, Rafael Alejandro n’aime rien tant que le mélange des genres. Dans ses collages numériques, il télescope pop culture et mode, art contemporain et design, photographie et dessin... « Je travaille avec des techniques mixtes, en mariant des photos à des illustrations, confirme l’intéressé. Je mêle aussi les textures, couleurs et formes, fusionnant le tangible et l’imaginaire pour déployer de nouveaux récits ». Quitte à jouer avec les proportions, à l’instar de ce portrait de feu-Sinéad O’Connor, tout en énergie et fractures - ce crucifix brisé entre ses rangers. En creux, ses œuvres esquissent également un bel hommage au pays de l’oncle Sam. Une nation divisée comme jamais mais qu’il saisit dans toutes ses dimensions, avec ses cow-boys
À visiter / rafalejandro.com, c @rafalejandro_g
et sa culture hip-hop, ses santiags et ses sneakers. « J’ai vécu entre Miami, New York et le Texas, mes images reflètent les diverses influences de ces lieux », confie l’artiste, dont le syncrétisme n’est pas sans rappeler celui de Beyoncé, qui s’est réappropriée la musique country pour (tenter de) réconcilier les Américains. La superstar est d’ailleurs représentée dans ce portfolio dans toute sa démesure, avec des jambes quasi interminables, un gigantesque chapeau et des doigts revolvers - prête à dézinguer les fâcheux. S’il use d’une palette vibrante, Rafael Alejandro ne craint pas non plus d’utiliser le blanc. « C’est même un élément essentiel. Cette teinte crée un contraste et en même temps un équilibre dans mes compositions ». Le résultat, lui, n’en est que plus renversant. Julien Damien
À lire / L’interview de Rafael Alejandro sur lm-magazine.com
Symphony X
sam. 14 sept. | The Black Lab - Wasquehal
Anna RVR
mer. 18 sept. |
Thé. Sébastopol - Lille DER. PLACES
K’s Choice
ven. 20 sept. |
La Condition Publique - Roubaix
Bu$hi + Mussy
sam. 21 sept. | La Condition Publique - Roubaix
Hector Obalk
Toute l’Histoire de la peinture jeu. 26 sept. | Théâtre Sébastopol - Lille
Thibault Cauvin & -ML’Heure Miroir
sam. 28 sept. |
Le Nouveau Siècle - Lille COMPLET dim. 29 sept. |
Le Nouveau Siècle - Lille DER. PLACES
Drag Race France
Saison 3
lun. 30 sept. | Théâtre Sébastopol - Lille COMPLET mar. 01 oct. | Théâtre Sébastopol - Lille mer. 02 oct. | Théâtre Sébastopol - Lille
Souldia jeu. 03 oct. |
La Bulle Café - Lille
Florence Black + Bad Situation + Seeds of Mary mer. 09 oct. | The Black Lab - Wasquehal
David Castello-Lopes jeu. 10 oct. |
Le Kursaal - Dunkerque mer. 18 déc. | Théâtre de Béthune - Béthune Clio ven. 11 oct. |
Les Frangines ven. 11 oct. |
Médine
Tournée acoustique ven. 11 oct. |
La Bulle Café - Lille
Le Splendid - Lille
Le Splendid - Lille
Inès Reg
CPLT
mar. 15 oct. | Le Kuursaal - Dunkerque COMPLET mer. 16 oct. | L’Embarcadère - Boulogne -s/mer sam. 21 dec. | Le Tigre - Compiègne sam. 01 fév. 2025 | Scénéo - Longuenesse ven. 09 avril 2025 | Le Zénith - Lille sam. 10 avril 2025 | Le Zénith - Lille
Paloma
mer. 15 oct. | Casino - Arras mer. 30 oct. | Théâtre Sébastopol - Lille
Myrath mer. 16 oct. | The Black Lab - Wasquehal
Nikola jeu. 17 oct. |
Slimane
jeu. 17 oct. |
La Bulle Café - Lille
Le Zénith - Lille COMPLET ven. 18 oct. | Le Zénith - Lille COMPLET
MPL sam. 19 oct. |
RÉSA:
agauchedelalune.tickandyou.com et dans les points de vente officiels habituels graphisme : marceau truffaut - hypothèse-studio.com
La Condition Publique - Roubaix
MC SOLAAR
dim. 20 oct. |
La Cdt° Publique - Roubaix COMPLET
Youssef Swatt‘s
mar. 22 oct. |
Stony Stone mer. 23 oct. |
Barbara Pravi
La Bulle Café - Lille
La Bulle Café - Lille
mer. 23 oct. | Théâtre Sébastopol - Lille
Soolking
mer. 23 oct. | Le Zénith - Lille Luidji
jeu. 24 oct. | Le Zénith - Lille Norsacce jeu. 24 oct. | Le Splendid - Lille Jwles jeu. 24 oct. |
La Bulle Café - Lille
Demain Rapides
ÇA COMMENCE AUJOURD’HUI
C’était censé être un blaze comme on en choisit dans le hip-hop, un nom qui claque. C’est devenu un talisman porteur de sens : Demain Rapides a connu une éclosion fulgurante sans répondre aux codes en vigueur, le tout en maîtrisant l’art de la patience. Le paradoxe, c’est qu’il nous tarde d’en entendre davantage.
La mutation de Damien en Demain a eu lieu en même temps que celle d’un pangolin dans un lointain labo ("askip"). Au sortir du confinement, armé de sa poésie, le Lillois aiguise ses prods avec un beatmaker puis glisse le pied entre la porte des salles de concert et le chambranle des dispositifs d’accompagnement. Les labels (Enlace, Bruit Blanc) le suivent, les pros l’encouragent. Il manquait vraisemblablement un variant comme lui dans le paysage. Demain Rapides se nourrit de pop, de rap et d’une electro poisseuse. « Je peux facilement évoquer une chute dans le vide ou des corbeaux dans mes textes », sourit avec sa dent en or le gaillard qui assure d’emblée les premières parties de Gwendoline, Spider ZED ou Hubert Lenoir. « Cette hybridité, c’est moi ». C’est aussi une chance.
Passer la seconde. À l’heure où le rap est la nouvelle variété, ce mélange trouve aussi bien sa place au milieu de la nuit en festival qu’en salle en début de soirée. Ainsi, pour sa deuxième tentative, Demain Rapides remporte le prix du jury des Inouïs du Printemps de Bourges, promesse de beaux lendemains. « Ces expériences, c’est de l’essence, du kérosène ». Son nouvel entourage professionnel a aussi boosté la seconde partie de son parcours. Il débarrasse les réseaux de ses prods, témoins d’un passé négligeable (selon lui) et s’attelle, avec son partenaire, au "jour d’après" de Demain. Soit avant la fin de l’année, promet-il. Mathieu Dauchy
Maisnil-lès-Ruitz, 31.08, Parc d’Olhain (festival Bivouac), 12h, 1 jour : 28€
Comines, 08.09, Grand Place, dans le cadre du Lys Festival, 16h, 36€, pass 3 j. : 86€, lelysfestival.fr Sélection / 06.09 : Martin Solveig, Synapson, Nhyx // 07.09 : The Avener, The Magician, Jax Jones, Boris Way // 08.09 : Demain Rapides, Colt, Zaho de Sagazan, Philippine Lavrey... Oignies, 14.12, 9-9 bis / Les Chaufferies, 20h, 10/7€ (gratuit abonnés), 9-9bis.com (+ Nerlov)
Raismes Fest
L’ÂGE DE METAL
Diantre, le château de la princesse d’Arenberg est pris d’assaut par des hordes chevelues et barbues ! Des vikings ? Plutôt leurs descendants, cette fois armés de guitares féroces... Vous l’aurez compris, pour sa 24e édition, le Raismes Fest convie des pointures du nord de l’Europe, à commencer par les Finlandais de Korpiklaani. Ce "clan de la forêt" se distingue par un heavy metal trempé dans la musique folklorique (avec accordéon et violon) et des hymnes grouillant de légendes. Le samedi, on guette les voisins norvégiens d’Audrey Horne (oui, c’est bien un hommage à Twin Peaks) qui braconnent toujours sur les terres d’Iron Maiden ou de Motörhead - mais on attend évidemment d’eux qu’ils délivrent l’épique Devil’s Bell... Le lendemain, place aux Danois de D-A-D (pour "Disneyland After Dark" !). Né dans les années 1980 (et déjà passé par Raismes il y a sept ans), le quatuor de Copenhague reste une valeur sûre du hard-rock à l’échelle planétaire, avec ses titres mélodiques et puissants. Côté français, on donne le change avec les Lillois (fous furieux) de Nemesis H.P. ou les Nantais de Cachemire, qui conjuguent langue de Molière et riffs en acier trempé ! J.D.
Raismes, 07 & 08.09, Parc du château de la Princesse d’Arenberg 11h30, 1 jour : 48€ • 2 jours : 86€, raismesfest.fr
Sélection / 07.09 : Korpiklaani, Nemesis H.P., Audrey Horne, Gotus, Dätcha Mandala, Kim Melville, Small Jackets // 08.09 : D-A-D, Cachemire, Sideburn, Thomas Frank Hopper, Jelusick…
Aquaserge
Depuis près de vingt ans, ces Toulousains défendent une approche protéiforme et sans frontières de la pop française. Salué par des pointures tels Bertrand Burgalat ou Laetitia Sadier, ce collectif à géométrie variable, qui compta longtemps en ses rangs un certain Julien Barbagallo, revisite son vaste répertoire. On peut s’attendre à un mélange de jazz, pop et expérimental. Bref, on se prépare à tout, sauf à s’ennuyer. T.A.
Bruxelles, 07.09, Botanique, 19h30, 20,50 > 14,50€, botanique.be
Earl Sweatshirt
Qui aurait parié que l’on puisse écrire, en 2024, sur ce bon vieil Earl Sweatshirt ? L’ex-ado turbulent du collectif Odd Future s’est (peut-être) assagi. Il s’est surtout forgé une discographie remarquable, constituée d’albums concis (jamais plus de 30 minutes, à l’exception du premier, Doris, 2013). Voir Dire, son dernier essai en date, ne déroge pas à la règle. Sur des instrus signées The Alchemist (qui prend un malin plaisir à pervertir des samples de soul sucrée) le récent trentenaire traîne son flow désabusé dans des soliloques ne cédant jamais à la tentation du refrain. T.A.
Bruxelles, 07.09, Ancienne Belgique, 19h, 36/35€ abconcerts.be
Richard Hawley
CROONER AUTHENTIQUE
« A working class hero is something to be », chantait un célèbre binoclard de Liverpool. Un autre, de Sheffield celui-ci, a bien reçu le message. Richard Hawley a fui un destin tout tracé grâce à sa guitare – et pas mal de talent, aussi. À 57 ans, le voici donnant quelques dates acoustiques, en solitaire. L’éternelle question des moyens de production ?
Richard Hawley réussit le tour de force de se créer un personnage tout en demeurant d’une sincérité désarmante. Né et grandi à Sheffield, il a longtemps arpenté les rues de la cité sidérurgique pour naviguer entre groupes sans lendemain (Treebound Story, The Longpigs) et coups de main à des gloires du cru – il fut guitariste additionnel de Pulp. Or, au moment où ces derniers signaient leur ultime album (We Love Life, 2001), lui faisait paraître son premier, Late Night Final. Un disque ténébreux et mélancolique, à classer aux côtés de quelques chefs-d’œuvre de Roy Orbison. Depuis, l’Anglais n’a guère changé son fusil d’épaule. C’est dans cette épure fifties réinventée, voix en réverb et échos de guitare Gretsch, que ses chansons prennent toute leur ampleur et touchent en plein cœur. A fortiori lors du concert de Tourcoing : pour de multiples raisons (financières, peut-être) Hawley joue seul, en acoustique. Un retour aux sources, car c’est ainsi qu’il assura quelques première parties de Frank Black, voici plus de 25 ans. C’est surtout l’occasion d’admirer ce musicien avec ses morceaux servis, forcément, dans un minimalisme qui leur sied parfaitement. Thibaut Allemand
ARTHUR TEBOUL & BAPTISTE TROTIGNON • GRÉGORY PRIVAT TRIO • AYỌ ANDRÉ MANOUKIAN 4TET ET DAFNÉ KRITHARAS • GHOST NOTE • SONA JOBARTEH
MASSOT - FLORIZOONE - HORBACZEWSKI TRIO • FAADA FREDDY • MARION RAMPAL
AVISHAÏ COHEN (TR) 4TET • JOSÉ JAMES • CHIEF ADJUAH (aka Christian Scott) • DELGRÈS
ANTONIO LIZANA • LEHMANNS BROTHERS • KNOWER • SEUN KUTI & EGYPT 80 • LIZZ WRIGHT
WAJDI RIAHI TRIO • PETITE LUCETTE • BARD HOP • SEAN MASON • MATTHEW HALSALL STÉPHANE GALLAND & RHYTHM HUNTERS • PAPATEF • NANA RASHID • NESRINE
AÂMA QUINTET • GUILTY DELIGHT • JEANNE MICHARD LATIN 5TET LE DÉPARTEMENT JAZZ DU CONSERVATOIRE INVITE STÉPHANE GALLAND…
Quoi de neuf ?
Texte : Thibaut Allemand
THE PRETENDERS THE UNDERTONES
The Pretenders, c’est d’abord une histoire d’embûches. Et Chrissie Hynde, 72 ans aujourd’hui, en a vu de toutes les couleurs ! La native d’Akron (Ohio) a traîné ses guêtres à Londres, où elle pige au NME. À Paris elle joue avec les Frenchies d’un certain Jean-Marie Poiré (de là vient l’inspiration du film Mes Meilleurs copains ), côtoie Nick Kent, Sex Pistols, tout le gotha punk et court d’échecs en ratages jusqu’en 1978. Depuis, à quelques décès près (de la formation originale, ne restent qu’elle et le batteur), The Pretenders perpétuent la tradition d’un rock mélodieux qui refuse toute médiocrité.
Seraing, 14.09, OM, complet ! Bruxelles, 15.09, Cirque royal, complet !
On connaît la légende : un beau soir de 1978, John Peel (le Michka Assayas de la BBC, en plus radical) diffusa cinq fois de suite Teenage Kicks, premier single de The Undertones. Jusqu’en 1983, c’est l’orgie avec des albums de pop nerveuse, véloce et mélodique, avant que l’inimitable falsetto de Feargal Sharkey ne vole de ses propres ailes. Reformés depuis, nos Irlandais ont publié deux disques dont tout le monde se fiche, tandis que le remplaçant Paul McLoone tente de faire oublier Sharkey. En vain.
Gand, 10.09, De Vooruit, 19h30, 30 /27€ viernulvier.gent
Si vous pensez qu’un musicien a tout dit dans son premier album, passez votre chemin. Ici, on s’intéresse aux artisans qui, dix mille fois, remettent l’ouvrage sur le métier. Au programme ? Une hard-working woman, des Irlandais qui ont chanté les frustrations adolescentes mieux que personne, un éternel oublié et les tenants d’une pop emblématique d’une époque lointaine mais intemporelle – à l’image de cette rubrique ?
THE THE THE HOUSE OF LOVE
Depuis 1981, Matt Johnson, dépositaire du nom de groupe le plus absurde du monde, déroule un sens du songwriting qui fait mouche à chaque fois. On en revient toujours à l’intemporel This is The Day et à des albums de la trempe de Soul Mining and Infected, pierres de touche d’une certaine idée de la pop indépendante, mélodieuse et engagée. Pourtant, son succès n’a jamais franchi les rives du Royaume-Uni, en dépit de la qualité constante de son travail. L’occasion, donc, de réparer une belle injustice !
Bruxelles, 19.09, Ancienne Belgique, complet ! abconcerts.be
Anvers, 21.09, De Roma, complet !, deroma.be
Né en 1986, The House of Love fut l’un des fers de lance de la seconde vague indie pop britannique – juste avant le raz-de-marée baggy, puis Britpop. Guy Chadwick et les siens ont signé quelques classiques (Shine On, Christine…). Un temps hébergée chez Creation Records (My Bloody Valentine, Oasis) la troupe file chez Fontana pour signer trois albums, entre 1990 et 1993, qui furent récemment réédités. C’est à cette occasion qu’elle remonte sur scène. Une nostalgie assumée, et la célébration d’un âge d’or.
Amiens, 21.09, La Lune des Pirates, 20h30 15/10€, lalune.net
Baby Volcano
Artiste performeuse, danseuse et costumière, Lorena Stadelmann s’est créé un alter ego pour ses projets musicaux. Coproduit avec Josué Salomon et Louis Riondel, mêlant hip-hop, electro, pop et effluves latines, Síndrome Premenstrual, premier EP paru en 2021, explorait les parties du corps (poumon, peau, cœur…). Physiques donc, sulfureux et explosifs bien entendu, ces morceaux, chantés dans la langue de Rosalía et d’Eloi, permettent à la Suisso-Guatémaltèque de déployer un propos écolo-chamanique, où le rythme et la transe se taillent la part du lion. Pas étonnant de la retrouver aux côtés de Lucie Antunes, autre artificière hypnotique. T.A.
Lille, 12.09, L’Aéronef, 20h, 8/5€ (grat. abonnés), aeronef.fr // Bruxelles, 13.09, Atelier 210, 21h, 12€
Dylan LeBlanc
Grandi entre le Texas et le Deep South (Louisiane, Alabama…), Dylan LeBlanc incarne une certaine idée de l’Amérique. Si sa voix haut perchée n’est pas sans rappeler celle de Neil Young, son propos regarde les vieilles histoires du sud. En témoignent les ballades acoustiques et country blues qui composent son cinquième album, Coyote. La tentative de rédemption d’un bandit mexicain ? Un morceau d’Americana à lui tout seul. T.A.
Saint-Nicolas, 13.09, De Casino, 20h, 23 > 17€
Middelkerke ,15.09, Leffinge, 35€, 18h
Tourcoing, 19.09, Le Grand Mix, 20h, 18 > 10€
legrandmix.com
MEMENTO
DOMINIQUE A, SACHA TOOROP, STEPHAN OLIVA ET SÉBASTIEN BOISSEAUNÉ
VOYOU SEUL
LA PASSION DE CHANTAAAAL JORDAN DESCHAMPS
LES SOULIERS ROUGES
MARC LAVOINE ET FABRICE ABOULKER
ANIMAL CIRQUE ALFONSE
LE SALON DU RIRE FREDDY MAURIZIOTOUGAUX, MORINA OLIVIER LEBORGNE
VERSAILLES CIEDÉRIVATION
PLONGER LES MENTEUSES
ETC. PART.1
Ibibio Sound Machine
ÉNERGIE SOLAIRE
Paru au printemps dernier, Pull the Rope, cinquième album d’Ibibio Sound Machine, tient la corde et le cap d’un punk-funk sous amphétamine. S’y bousculent house gorgée de soul, disco éclatante, afrobeat et highlife. La leader anglo-nigériane Eno Williams n’est pas exactement pour rien dans la bonne humeur et l’énergie increvable qui se dégage de ce disque… comme des quatre précédents. Certains titres n’auraient d’ailleurs pas dépareillé sur la bande-son de la saison 3 de The Deuce – la 42e rue de New York dans les 80’s. Sauf qu’Ibibio Sound Machine vient de Londres, autre terre de mélanges, et ne singe ni ne pastiche ses aînés (ESG, etc.). Ce groupe propose, tout simplement, la bande originale d’un monde multicolore et ouvert, soit le générique idéal de notre époque troublée. Sur scène, outre des musiciens impeccables, on apprécie toujours les tenues chatoyantes (doux euphémisme) de la précitée Eno Williams, qui valent à elles seules le détour ! T.A. Middelkerke ,15.09, Leffinge, 35€, 18h, leffingeleurenfestival.be (Leffingeleuren Festival) Bruxelles, 16.09, Botanique, 19h30, 22,50 >16,50€, botanique.be
LE GRAND MIX
SCÈNE DE MUSIQUES ACTUELLES TOURCOING
11/09 Roar
SEPT.-OCT. 2024
15/09 Richard Hawley (acoustic)
19/09 Dylan LeBlanc & The Steel Vaqueros + Alberta Cross
21/09 Chameleons + The Wedding Present
22/09 Journée du Matrimoine : Visites + projection "Sirens" + Conférence
27/09 Daniel Norgren
28/09 Kazy Lambist + Nûr
04/10 Godspeed You! Black Emperor + Tashi Dorji
06/10 Fat Dog
09/10 Afterwork gratuit : Şatellites
10/10 Ministère A.M.E.R
11/10 Deadletter
12/10 Tourcoing Jazz Festival : José James
14/10 Anna Erhard
16/10 Emilíana Torrini
18/10 Tourcoing Jazz Festival : Seun Kuti & Egypt 80 + DJ Caroll
23/10 Fink + Finnegan Tui
24/10 Afterwork gratuit : Monster Florence
25/10 English Teacher
26/10 Hervé + Adahy
29/10 King Buzzo & Trevor Dunn
31/10 Porridge Radio
The Lemon Twigs
THAT ‘70S SHOW
Anachronique : "adj. Qui appartient à un autre âge", nous explique le p’tit Robert. Il pourrait citer The Lemon Twigs en exemple. Eh oui, comment qualifier autrement ces deux gandins, apparus en 2014 dans leur prime adolescence (15 et 17 ans à l’époque), cheveux longs, pattes d’eph et t-shirts en lycra ?
Plumage, ramage, tout paraît hors d’âge. Les albums de nos deux New-Yorkais font une fixette sur Todd Rundgren et les trois B : Beatles, Beach Boys, Big Star (Jody Stephens, batteur de ces derniers, apparaissait d’ailleurs sur leur deuxième disque). Alors, quoi ? De simples surdoués farfouillant les tréfonds de l’Internet à la recherche d’incunables sunshine pop, rock baroque et affiliés pour en livrer leurs propres décalques ? Il y a de ça, mais ce serait trop banal. Il y a aussi et surtout un complexe d’Œdipe jamais résolu. Fils de Ronnie D’Addario, un musicien de session resté dans l’ombre, les frères Brian et Michael naviguent dans les mêmes eaux que le paternel – au point qu’une structure espagnole réédita récemment les albums de l’ancien, profitant de cette notoriété. Ce qui, en soi, n’est pas un mal, mais laisse songeur : faire tout comme papa, c’est étrange, niveau émancipation. Mais peut-être moins important que, au hasard, les harmonies vocales en pagaille et en canon, les mélodies ensoleillées, les symphonies de poche… Bref, tout ce qui fait la magie d’un genre qui se fiche bien, finalement, des querelles de générations. T. Allemand Bruxelles, 17.09, Botanique, 19h30, 24,50 > 18,50€ // Lille, 24.09, L’Aéronef, 20h, 27/20€, aeronef.fr
Voyou
CŒUR TENDRE
En une poignée d’années, Thibaud Vanhooland s’est imposé comme une figure de l’electropop à la française... derrière un alias brouillant les pistes. Car ce Voyou n’a rien d’un mauvais garçon, c’est même tout le contraire. Mais ce Lillois grandi à Nantes cultive l’esprit de contradiction, qui infuse d’ailleurs dans ses chansons tendres et lettrées, à savourer comme autant de comptines pour adultes. Notre multi-instrumentiste moustachu aborde ainsi des sujets sérieux avec une légèreté d’oiseau tombé du nid. Il a le chic pour injecter de la joie dans la mélancolie du quotidien. Il évoque la perte, l’ennui, la solitude et la nostalgie de l’enfance évanouie... soit ces petits riens qui font tout sur des airs chaloupés, servis par sa fameuse trompette. Ses concerts sont à son image : festifs et généreux. En témoigne cette série de dates passant par La Louvière et Woluwe-Saint-Pierre avant un "bouquet final" à l’Aéronef de Lille. Entre DJ sets, invités surprises (dont Yelle) et drag show s’y déploient ses Royaumes minuscules, assurément bâtis avec un grand talent. J.D.
Woluwe-Saint-Pierre, 19.09, W:Halll, 20h, 29/25€, whalll.be La Louvière, 20.09, Le Théâtre, 20h, 35 > 10€, cestcentral.be Lille, 21.09, L’Aéronef, 18h, 25/19€, aeronef.fr (Bouquet final)
Real Estate
Real Estate, ce fut d’abord le doublé gagnant Days et Atlas, parus en 2012 et 2014. Puis des sorties souvent espacées, moins marquantes et éclipsées un temps par le confinement. Alors, quand les natifs du New Jersey signent en février dernier leur sixième album, Daniel, on se réjouit. Et ce furent des retrouvailles aussi agréables que sans surprise. Comme toujours, le timbre fragile et délicat de Martin Courtney survole de douces pop songs aux accords cristallins. Finalement ce groupe demeure, comme son nom l’indique, ce petit pavillon de banlieue à la pelouse bien taillée, dans lequel il fait bon venir se poser de temps à autre. T.A.
Louvain, 25.09, Het Depot, 20h, 21/18€, hetdepot.be
On se souvient, ému, d’une prestation donné par le quintette mixte de Brooklyn aux Transmusicales de Rennes, en 2018. C’était la "nouvelle sensation newyorkaise". Mais depuis cette hype éphémère, en dépit de sept albums, Bodega n’a guère bousculé les charts – et s’en fiche sans doute complètement. Acides et politiques, ses morceaux développent un songwriting ample, quelque part entre Parquet Courts (des amis), Weezer ou les trop méconnus Thermals. T.A.
Bruxelles, 30.09, Botanique, 19h30, 20,50 > 14,50€ botanique.be
Lille, 01.10, L’Aéronef, 20h, 8/5€, aeronef.fr
CONCERT D’OUVERTURE DE SAISON DE L’ONL
L’année passée fut la dernière d’Alexandre Bloch à l’ONL. Cette soirée accueille son successeur, Joshua Weilerstein. Pas exactement un inconnu, puisque ce NewYorkais officia comme directeur musical de l’Orchestre de chambre de Lausanne. Ce concert d’ouverture met Liszt à l’honneur, avec le Concerto pour piano n°2. Passées ces vingt minutes colorées, place à la Symphonie n°5 de Mahler, qui débute par une marche funèbre et s’achève par une victoire de la vie sur la mort. Quelle meilleure façon de commencer la saison ? T.A.
Lille, 26 & 27.09, Nouveau siècle, 20h, 49 > 6€ onlille.com
MUSE & PIANO
En écho avec l’exposition de rentrée du Louvre-Lens, ce festival s’intéresse à l’exil. De voyages intérieurs en balades romantiques, on prend la route avec Rachmaninov, Chopin ou Liszt, interprétés par la grande pianiste lituanienne Muza Rubackyté. Outre un marathon de dix concerts (en une journée !), Muse & Piano fait la part belle au jazz, musique de déracinés par excellence. Il convie ainsi Maxime Sanchez, ici en trio, pour une déambulation entre l’Afrique et l’Europe de l’Est. J.D.
Lens, 27 > 29.09, Louvre-Lens, 1 concert : 20€ > gratuit • pass : 40€, louvrelens.fr
Sélection / 27.09 : Concert jazz par le Maxime Sanchez Trio // 28.09 : Marathon de dix concerts, Grand récital de Muza Rubackyté...
JAMIE xx – In Waves
(Young / Beggars)
On a peine à croire qu’il ne s’agit là "que" du second LP de Jamie Smith. Impliqué dans les albums de The xx (et ceux, solos, de ses membres Romy et Oliver Sim), remixant ou collaborant à tout-va, l’Anglais demeure au cœur de l’actualité. Agencé peu ou prou comme un DJ set imaginaire, ce disque solaire et extasié plonge la tête la première dans une house galvanisante (Treat Each Other Right), dans un UK garage mâtiné de disco (Baddy On The Floor, avec Honey Dijon) et livre des bombes dancefloor comme si l’on était en 1997 – Life, avec la trop rare Robyn. Le conclusif Falling Together, porté par un spoken word de la danseuse Oona Doherty, navigue entre accents trance et percées acid. Cet hédonisme décomplexé séduit, et se voit doublé de morceaux "classiques" (Waited All Night avec Romy, pas loin de Everything But The Girl, une fois encore) ou d’autres plus étranges. Ceux-ci sont empreints d’une gravité soulful et oblique (Dafodil, avec Kelsey Lu, John Glacier et Panda Bear) et d’electro hypnotique montée sur beats hydrauliques (Breather, pas loin de Nathan Fake et de la maison Border Community). Accessible, mais complexe et complet, voici l’un des grands disques de l’an 2024. Thibaut Allemand
NILÜFER YANYA – My Method Actor
(Ninja Tune)
Baptisée ainsi en hommage à une star de la pop turque, Nilüfer Yanya s’est depuis fait un nom bien à elle sur la scène indie britannique. Dans la continuité de Painless, ce troisième disque forme un mélange des genres parfaitement harmonieux entre pop-folk, soul et grunge. En témoigne Like I Say (I run Away) qui débute sur un motif rappelant le fameux Unplugged de Nirvana pour s’achever sur une explosion de guitare électrique façon Pixies. Enregistrées à huis clos avec Wilma Archer, son acolyte de toujours, ces onze chansons évoquent le passage du temps et celui d’une vie à une autre (citons le mélancolique Made Out of Memory). Des thèmes qui toucheront sans doute ceux qui, comme la Londonienne, s’apprêtent à franchir le cap de la trentaine. Hugo Guyon
TORO Y MOI – Hole Erth
(Dead Oceans / Secretly Group)
Figure d’une certaine idée de la coolitude, Chaz Bear enlève définitivement l’étiquette "chillwave" qui lui collait à la peau. Après un tourneboulant Mahal (2022) qui concassait rock psyché, funk ou jazz, la tête pensante de Toro y Moi effectue un virage à 180 degrés. Son huitième album croise cette fois furia emo-punk (HOV, Tuesday) et la mélancolie autotunée du rap SoundCloud (pensez à Lil Peep ou d’autres noms en "Lil"). Un genre qui se prête à merveille au timbre doux et éraillé de l’Américain, à l’image de CD-R, rappelant l’étoile filante ILoveMakonnen. Bardé de samples et d’invités aussi prestigieux que dissemblables (Kevin Abstract ou Benjamin Gibbard de Death Cab For Cutie), Hole Erth témoigne de l’étendue de la palette musicale du Californien. Impressionnant. Julien Damien
MALIK DJOUDI – Vivant (Cinq7 / Wagram)
Solide et fragile. Solide, comme l’est sa discographie (quatrième album depuis 2017) ou ses choix de production et de couleurs musicales – une douce pop synthétique mélodieuse enrichie de basses volontiers girondes. Fragile, comme l’est sa position dans le paysage musical. C’està-dire celle de l’éternel discret pourtant adoubé par les plus grands, dont le parrain Étienne Daho, qui s’est forcément un peu reconnu dans ce Poitevin aux aspirations en grands écarts, entre amour de la chanson française et pop anglaise. Fragile, aussi, comme l’est sa voix, un falsetto haut-perché qui peut agacer, c’est vrai. Fragile, enfin, comme le charme de l’ensemble, qui tient à pas grand-chose. Solide, fragile, mais Vivant – et c’est bien le plus important. Thibaut Allemand
JON HOPKINS – Ritual (Domino)
En 2023, Jon Hopkins célébrait les dix ans de la sortie d’Immunity (contenant l’inusable Open Eye Signal), jalon d’une carrière ô combien bigarrée, écartelée entre plages éthérées et riffs de synthés électrisants, méditation et inclination pour le dancefloor. Ce dixième album se range assurément dans la première catégorie, comme son prédécesseur, Music For Psychedelic Therapy, dont il pourrait constituer une suite. Conçu comme un morceau de 41 minutes scindé en huit parties, mais à écouter d’un bloc (ou en boucle), Ritual mêlent basses profondes et percussions mélodiques. Jamais vraiment là où on l’attend (tant mieux !), le Britannique livre une expérience sonore tout en progression hypnotique, évoquant par endroits les Gymnopédies d’Erik Satie. Julien Damien
PIERRE MILLET-BELLANDO & M. LEROUGE
La Fabrique des news (Steinkis)
À l’heure de la "bollorisation" des médias, voici un album à mettre entre les mains d’un maximum de citoyens. Le journaliste Pierre Millet-Bellando et le dessinateur M. LeRouge se glissent dans les coulisses d’un "quatrième pouvoir" toujours plus à la botte des audiences. Comment ? En suivant le parcours d’un jeune reporter TV qui découvre la machine bien huilée de l’info en continu. Ils pointent alors les exigences des rédacteurs en chef qui priment sur la réalité du terrain. On retrouve aussi les députés traînant dans les couloirs de l’Assemblée pour lâcher leur petite phrase choc devant une caméra. Sans oublier les textos des proches du journaliste après un premier duplex, plus attentifs à sa coiffure qu’à la pertinence de son travail. Outre son propos critique, cette Fabrique des news offre de francs moments de rigolade grâce à des personnages reflétant admirablement notre époque. Ces situations, comiques ou désespérantes, font mouche parce qu’elles sentent le vécu. Ainsi du correspondant beau gosse très suivi sur les réseaux et "incarnant" tous ses sujets, ou de Madame Michu, stéréotype de la Française moyenne qui aimerait bien que les médias arrêtent, enfin, de la prendre pour une bille... 168 p., 20€. Marine Durand
JÉRÔME FERRARI
Nord sentinelle (Actes Sud)
Elles nous avaient manqué, les longues phrases tortueuses et les digressions magnifiques de Jérôme Ferrari. Avec Nord sentinelle, le prix Goncourt 2012 retrouve la terre corse, la singularité d’une île tour à tour gangrenée par le banditisme et le tourisme de masse. Au départ de ce bref roman prenant parfois les atours d’une fable, il y a un drame. Alexandre Romani a poignardé, pour un motif futile, un jeune homme de son âge originaire du continent. L’occasion pour le narrateur, membre de sa famille, de dresser le portrait d’une dynastie étouffée par la bêtise et la fatuité, de génération en génération. La plume est corrosive, l’auteur, impitoyable de drôlerie. Il en faut pour absorber toute la violence des instincts humains qu’il place ainsi sous nos yeux. 144 p., 17,80€. Marine Durand
SIMON FICHET – Tornade (Marchialy)
Elles captivent autant qu’elles terrifient, s’avèrent aussi imprévisibles que dévastatrices. En s’envolant pour les grandes plaines américaines pour réaliser un reportage sur les tornades, en 2015, Simon Fichet ne se doutait pas qu’elles le hanteraient à ce point, peuplant ses nuits de cauchemars. Dans ce récit cathartique, le journaliste raconte la traque d’un monstre se dérobant sans cesse à travers la périlleuse Tornado Alley, accompagné d’un collègue et de deux "storm chasers" novices. Au-delà de la documentation d’un phénomène météorologique ahurissant, il décrit surtout le tourbillon d’émotions qui le traverse. Entre angoisse et fascination, c’est une quête de soi qui se dessine en filigrane, et finit par nous emporter aussi. 224 p., 20€. Julien Damien
GIPI – Stacy (Futuropolis)
On ne présente plus Gipi. Depuis près de vingt ans, le Toscan règne sur la bande dessinée italienne. Dans ce dernier album, Gian Alfonso Pacinotti déconcerte. Un scénariste à succès, plutôt de gauche, nommé Gianni, évoque en interview un rêve étrange où il enlève, drogue et séquestre une certaine Stacy, qu’il trouvait plutôt « bonne ». Un rêve, hein. Mais dès lors, les réseaux s’emballent et voici Gianni mis au pilori : machisme, misogynie, etc. Tout à la fois description d’une solitude, récit d’un glissement vers la folie, Stacy se veut également critique des réseaux sociaux, de la téléréalité et d’une certaine gauche dite "bien-pensante". Cette BD oppressante met très mal à l’aise… et n’apporte rien de neuf sur des sujets finalement peu originaux. Dommage. 256 p., 25€. Thibaut Allemand
L-F BOLLÉE, C. DURIEUX & É. KLEIN
Au détour d’un rêve, le physicien Étienne Klein tombe nez à nez avec Albert Einstein, et lui présente notre monde contemporain dans une balade échevelée. L’occasion de confronter les théories du génie allemand, disparu en 1955, avec les progrès réalisés depuis. On mesure alors l’étendue des intuitions du moustachu et les sauts de géants effectués par la science en un siècle. Certes, la physique quantique, quoique vulgarisée, demeure absconse pour le commun des mortels – dont votre serviteur. Mais d’autres questions (l’espace, l’environnement…) sont parfaitement traitées. Le trait de Christian Durieux, dynamique et virevoltant, laisse espérer une adaptation sur grand écran, en dessin animé. En tout cas, on en rêve ! 160 p., 24€. Thibaut Allemand
Festival 2 Cinéma de Valenciennes
ÉMOTIONS PARTAGÉES
C’est un rendez-vous immanquable pour tout cinéphile des Hautsde-France qui se respecte. Au programme du Festival 2 Cinéma de Valenciennes ? Une cinquantaine de films internationaux, entre fictions et documentaires, des rencontres, masterclass et quelques secrets de tournage...
Un bon festival de cinéma, c’est évidemment des invités prestigieux (Lambert Wilson, pour n’en citer qu’un), des compétitions, des avant-premières... mais pas seulement. Il est aussi question de « partage, d’émotion et de plaisir », ajoute Jean-Marc Delcambre, le directeur du rendez-vous valenciennois, dont l’affiche résume bien les intentions. Issue de Plaire, aimer et courir vite de Christophe Honoré, celleci montre un Vincent Lacoste littéralement absorbé par le grand écran, sous le regard énamouré de Pierre Deladonchamps. Gageons que cette 14e édition nous tiendra tout autant en haleine. Parmi la cinquantaine de longs-métrages de cette « sélection resserrée » (entre fictions et documentaires) on découvrira par exemple, en
ouverture, Trois amies d’Emmanuel Mouret, passé maître dans l’art d’un marivaudage drôle et raffiné.
L’envers du décor. Au-delà des fictions, enquêtes et films d’animation ( Angelo dans la forêt mystérieuse et son petit aventurier zoologue), la grande spécialité du festival valenciennois reste la mise en lumière des métiers de l’ombre du septième art. En l’occurrence, on ne manquera pas la masterclass de l’immense PierreJean Larroque, chef costumier césarisé à quatre reprises (notamment pour Marguerite et Illusions perdues de Xavier Giannoli) ni celle de Constance Demontoy. Cette directrice de casting a travaillé pour la série Dix pour cent, Titane de Julia Ducournau et révélé un certain Pierre Niney, entre autres étoiles. Julien Damien
Valenciennes, 27.09 > 01.10, Cinéma Pathé, 1 séance : 8,50 > 5,50€ (Cartes CinéPass, CinéCartes Pathé et pass Culture acceptés), festival2valenciennes.fr
Septembre sans attendre
DÉSUNION LIBRE
Après Eva en août ou Venez voir, Jonás Trueba creuse le sillon d’un cinéma intimiste... et brouille toujours plus la frontière entre fiction et réalité. Dans son huitième long-métrage, sélectionné lors de la dernière Quinzaine des cinéastes à Cannes, le réalisateur espagnol confirme aussi une certaine obsession pour les questions existentielles. Ale et Alex sont ensemble depuis quinze ans lorsqu’ils décident de se quitter. Pourquoi ? On ne le saura jamais. Mais là n’est pas l’objet de Septembre sans attendre, qui refuse tout réalisme. Car nos deux protagonistes nourrissent une étrange obsession, soufflée un jour par le père d’Ale (et celui de Jonás Trueba). À savoir : les couples devraient célébrer leur séparation, plutôt que leur union… Autour d’eux, cette annonce suscite la surprise, l’enthousiasme ou la sidération. Mais leur détermination apparente est-elle vraiment sans failles ? Voici en tout cas un film de crise : de la quarantaine, mais aussi du rapport qu’entretient Trueba avec le cinéma. La frontière entre la fiction et la réalité est souvent poreuse. Par le jeu du montage, on comprend au fur et à mesure qu’il s’agit ici d’un film qu’Ale réalise. Malgré sa trame par essence dramatique, on retrouve les grands motifs des comédies romantiques, comme la relation avec les parents. Au fil des conversations, le couple se révèle à la fois fantasque et sensible. Nombre de leurs questions resteront d’ailleurs sans réponses… et c’est sans doute mieux ainsi. Clémence Ménart
Les nuits
Du 11 au 13 octobre 2024 des
��������Spectacles, expositions, lectures , animations...
Le 10e anniversaire sera FAN-TAS-TI-QUE !
Le Léopard des neiges
FÉLIN POUR L’AUTRE
Pionnier du cinéma tibétain, Pema Tseden est décédé brutalement l’an dernier, à tout juste 53 ans. Tourné dans sa province natale de Qinghai, Le Léopard des neiges s’offre comme le testament d’un auteur attaché à dépeindre sa culture, loin des clichés chinois mais aussi occidentaux.
Ceint dans sa veste aux manches interminables, Kimba fulmine. Durant la nuit, un léopard des neiges s’est glissé dans l’enclos où il garde son troupeau, tuant neuf moutons. Dans cette région de (très) haute montagne, où l’oxygène est aussi rare que la végétation, le coup est rude. Si les attaques ponctuelles sont acceptées par les éleveurs, le carnage dépasse ici l’entendement. L’arrivée d’une équipe de télévision locale est l’occasion de faire entendre ce point de vue mais, première surprise : la bête (numérisée) est là aussi. Certes, sous la garde sévère du berger et de sa famille, mais le film s’ouvre bientôt à l’histoire du fauve, à travers des séquences en un blanc et gris accordé à son pelage. Car le léopard n’est pas seulement un prédateur, un intrus ou une espèce protégée, mais un compagnon de vie, une présence familière et respectée.
Il apparaît ainsi qu’animaux humains et non-humains peuplent ces altitudes dans une relation d’interdépendance. Oscillant entre le fait divers et le conte, Le Léopard des neiges conjugue admirablement les échelles, du local au global, pour dépeindre un environnement complexe, où les rapports de voisinage croisent les lois internationales. Raphaël Nieuwjaer
De Pema Tseden, avec Jinpa, Ziqi Xiong...
LANGUE
ÉTRANGÈRE
Fanny est une adolescente timide et hypersensible. Lorsqu’elle part en Allemagne pour rencontrer sa correspondante Lena, passionnée et politisée, la Française est troublée. Elle cherche à lui plaire par tous les moyens... On perçoit dès lors le double sens érotique du titre. Toutefois, au-delà du coming-out, le film aborde d’autres sujets (parentalité, système éducatif…) et se focalise sur les relations franco-germaniques. Les deux jeunes filles incarnent ici une certaine idée de l’Europe, à la fois abstraite et tangible. Leur éveil n’est pas seulement sensuel, mais aussi politique, entre éco-anxiété, hantise de la montée de l’extrême droite et obsession de l’extrême gauche. Un film salutaire dans le contexte politique actuel. Selina Aït Karroum
De Claire Burger, avec Lilith Grasmug, Josefa Heinsius, Chiara Mastroianni… Sortie 11.09
LE PROCÈS DU CHIEN
Avril est une avocate peu sûre d’elle et abonnée aux causes perdues, mais bien décidée à gagner sa prochaine affaire. Sauf qu’elle accepte de défendre Cosmos, le compagnon de Dariuch, chômeur caractériel et malvoyant, et qui n’est autre qu’un chien... récidiviste et présumé misogyne ! Débute alors un procès surréaliste... Laetitia Dosch réalise un premier film drôle, mâtiné de fantaisie et de féminisme. Fidèle à ellemême, elle épingle la fureur politico-médiatique et un populisme qui a le vent en poupe. La comédienne-dramaturge poursuit sa réflexion sur le vivant, l’écologie et l’animalité. Aussi, pas question d’attribuer au fameux toutou un rôle de bête de foire, mais plutôt de se mettre à sa place. Le chien n’est-il pas le meilleur ami de la femme, aussi ?! Selina Aït Karroum
De Laetitia Dosch, avec elle-même, François Damiens, Anne Dorval, Jean-Pascal Zadi… Sortie le 11.09
MA VIE
MA GUEULE
Barberie Bichette, dit "Barbie", traverse une drôle de phase, où tout est sens dessus dessous. Confrontée aux rôles de sa vie (être la mère, la fille, l’amoureuse…), elle tente vaille que vaille d’avancer. Cette œuvre posthume de Sophie Fillières s’articule en trois parties : "Pif !", "Paf…", "Youkou !". Le ton est donné. Cri de guerre, ou ultime pied de nez au sens de la vie ? Agnès Jaoui incarne un rôle sur-mesure, tel un double allégorique de la réalisatrice, confrontée à la maladie et sa propre disparition. Touchant et clownesque, son personnage kaléidoscopique s’extirpe de divers enfermements (salle de bains, chambre d’hôpital…) et réinvente le langage avec candeur. Un portrait de femme tragi-comique, tout en poésie, quelque part entre Aki Kaurismäki et Annie Fratellini. S. Aït Karroum
De Sophie Fillières, avec Agnès Jaoui, Angelina Woreth, Valérie Donzelli, Philippe Katerine… Sortie le 18.09
Paris, la nuit. Un club techno improvisé dans un squat. La fête bat son plein, entre substances et insouciance. Félicie y rencontre Saïd et l’invite à poursuivre la soirée chez elle, en after. Elle est avocate, lui chauffeur Uber. Très vite, ils se livrent et débattent, entre militantisme et résignation. La caméra oscille du huis clos de cette rave sans fin au cocon du salon, cerne ses personnages et ne les lâche pas. Jusqu’où aller ? Quand dormir ou se réveiller ? Que reste-t-il après une nuit d’ivresse à refaire le monde ? Il y a du Rohmer dans cette dissection des rapports sociaux et amoureux, où la séduction se mue en débat d’alcôve... Anthony Lapia démontre sa maîtrise du cadre, du plan fixe et signe un manifeste radical où le politique s’invite dans la danse. S. Aït Karroum
D’Anthony Lapia, avec Louise Chevillotte, Majd Mastoura, Natalia Wiszniewska… Sortie le 25.09
Les Belles Sorties
����������Des spectacles à moins de 5 €, près de chez vous
Avec la MEL, la culture est accessible à tous !
SEPTEMBRE
⟶Vendredi 6 à 20 h
Il était une fois
Péronne-en-Mélantois
Chœur Régional Hauts-de-France
⟶Samedi 7 à 17 h
Olympique
Santes
Le Ballet du Nord
⟶Dimanche 15 à 17 h
Saturne
Baisieux
L’Oiseau-Mouche
⟶Mercredi 25 à 17 h
La fille en poils de chien
Pérenchies
Le Grand Bleu
Retrouvez le programme complet
⟶Vendredi 27 à 19 h
Saturne
Wervicq-Sud
L’Oiseau-Mouche
⟶Samedi 28 à 18 h 30
La fille en poils de chien
Tressin
Le Grand Bleu
⟶Samedi 28 à 20 h Saturne
Frelinghien
L’Oiseau-Mouche
⟶Dimanche 29 à 17 h Il était une fois
Roncq
Chœur Régional Hauts-de-France
Vhils
AU-DELÀ DES MURS
Texte : Julien Damien
Il s’est fait connaître en dynamitant (parfois littéralement) les codes du street art. Depuis plus de 15 ans, Alexandre Farto, aka Vhils, attaque les murs au marteau-piqueur, à l’acide voire à l’explosif pour y graver des visages, le plus souvent anonymes. À travers ce processus atypique, le Portugais humanise les rues du monde tout en révélant la mémoire enfouie de nos cités. À Bruxelles, il a sculpté une gigantesque fresque derrière la place de la Monnaie, et présente au MIMA une exposition d’œuvres créées sur mesure. Intitulée Multitude, celleci réunit des bas-reliefs façonnés dans la brique, des vidéos, des collages d’affiches creusés au cutter, et interroge notre rapport à la ville.
Originaire de la banlieue de Lisbonne, Alexandre Farto a débuté comme tout street-artiste qui se respecte : en graffant des trains avant de fuir la police. Aujourd’hui, le Portugais se fait appeler Vhils (ses lettres favorites) et s’est imposé comme l’un des créateurs les plus courus... en proposant l’exact contraire de ses contemporains.
« Un équilibre entre l’énergie brute et la minutie de l’artisanat »
Car depuis 2007, il ne recouvre plus les murs, il les « épluche », dit-il. « C’est une évolution naturelle de mon travail. Je souhaitais transcender la surface et explorer ce qui se trouve en dessous, explique l’intéressé. Il s’agit de découvrir quelque chose de plus profond, qui parle de nos expériences et souvenirs communs.
Creuser les murs c’est comme accéder à l’histoire de la ville, c’est de l’archéologie urbaine ».
Art de destruction massive. Pour cela, le Lisboète a employé une technique aussi inédite que spectaculaire, abandonnant les bombes de peinture pour... le marteau-piqueur et les burins. Le premier lui permet de « retirer rapidement de grandes sections de la surface du mur, créant ainsi le contour grossier de l’œuvre », tandis que les seconds « favorisent la précision et les détails ». De cette subtile dualité entre création et destruction surgissent alors différentes couches de matière (du plâtre, de la brique, du ciment...) offrant autant de contrastes et de reliefs à ses fresques... Il n’est pas non plus rare de le voir utiliser de l’acide ou des explosifs, introduisant « un élément de chaos contrôlé. Le défi consiste à maîtriser
ces outils puissants pour parvenir à cette finesse. C’est un équilibre entre l’énergie brute et la minutie de l’artisanat ».
Les murs du sens. Pari réussi, tant cette violence créative tranche avec la délicatesse de ses œuvres, qui transpirent d’humanité. « C’est l’un des aspects essentiels de sa pratique : il représente principalement des visages d’anonymes, commente Raphaël Cruyt, le directeur du MIMA, qui lui consacre une fascinante exposition – où l’on découvre, entre autres, ses films ralentis à l’extrême ou ses antennes paraboliques sculptées à la disqueuse. Dans la ville, les hommages aux citoyens sont rares, si ce n’est à travers les monuments aux morts. Lui érige alors des ouvrages en interrogeant la
relation intime entre la ville et ses habitants ». Il relie, aussi, le passé au présent, à l’image de ce monumental visage de femme gravé à Bruxelles, derrière la place de la Monnaie, point de départ en 1830 de la révolution belge. Le portrait s’orne à sa gauche d’une petite fleur, évoquant aussi la révolution des Œillets, qui a libéré le Portugal de la dictature en 1974. « Cette œuvre symbolise l’esprit de changement et la lutte permanente pour la justice, rappelant le pouvoir de l’action collective », décrypte Vhils, pas dupe de la résurgence des nationalismes à travers le monde – un sujet à creuser, assurément.
Multitude - Bruxelles, jusqu’au 05.01.2025 MIMA, mer > ven : 10h-18h • sam & dim : 11h-19h 13,50 > 3€ (gratuit - 6 ans), mimamuseum.eu À visiter / vhils.com À lire / L’interview de Vhils sur lm-magazine.com
Stephan Vanfleteren
ENTRE OMBRE ET LUMIÈRE
C’est l’un des grands noms de la photographie contemporaine. Stephan Vanfleteren s’est révélé il y a une trentaine d’années avec des portraits ou reportages effectués à travers le monde, toujours en noir et blanc. Inimitable, l’œuvre du Flamand est désormais reconnaissable au premier coup d’œil... Vraiment ? À Bruxelles, cette exposition dévoile une autre facette de son travail : celui réalisé dans son atelier, où il s’est employé à dompter la couleur et surtout la lumière du jour.
Après avoir parcouru le globe, capturant tantôt la mélancolie d’un visage anonyme ou l’expressivité d’un paysage désolé, Stephan Vanfleteren a ressenti le besoin de se poser. Le natif de Courtrai a choisi de se consacrer à son art dans le huis clos de son studio, à Furnes où il vit désormais, et de laisser un peu de côté cette monochromie qui fit pourtant son succès. Un travail en toute intimité, éclairé par une lumière du jour fuyante et douce, typique de ce ciel plombé de la côte belge mais qui est, dit-il, « à l’origine de tout. Depuis plus de 12 ans, je vois ce phénomène envahir mon atelier. C’est un émerveillement dont je ne me lasse pas ». En résulte une
série de photographies en couleur, souvent prises devant des fonds gris, révélant une infinité de détails et de contrastes. Réunies dans l’ouvrage Atelier, elles sont aujourd’hui exposées, pour la première fois, au Hangar de Bruxelles.
Éclat naturel. Il y a là des portraits, bien sûr, à commencer par le sien, marqué par ce regard ténébreux et ces vibrations. Plus loin, on admire un visage de jeune fille empli de spleen ou celui d’un vieux pêcheur buriné par le travail et le passage du temps. Au fil de ces clichés, on trouve aussi des objets, comme cette bouteille renvoyée par la mer et semblant enfermer un morceau de soleil. Il y a éga-
lement des mains (dont celle de Nick Cave) et des nus, à l’image de cette femme posant à genoux, la tête renversée en avant dans une position insolite et dont la rondeur évoque les toiles de Botero. Citons enfin ses natures mortes, montrant en particulier des cadavres d’animaux ramassés près de chez lui, comme ce cygne inerte trouvé au bord d’une rivière et ici posé sur une table. Capturée dans une atmosphère en clair-obscur, la scène évoque là encore de grands noms de la peinture, tel Rembrandt ou Géricault, entre autres dompteurs de lumière...
Bruxelles, 13.09 > 21.12, Hangar, mar > sam : 10h-18h, 9 > 5€ (gratuit -16 ans), hangar.art
Marisa
Marisa LaM
Bouddha. L’expérience du sensible
LA VOIE DE L’ÉVEIL
Envie d’une rentrée zen ? Alors direction Morlanwelz. Le Musée royal de Mariemont y dévoile les innombrables visages d’un sage parmi les sages : Bouddha ! Cette exposition rassemble des pièces restées dans l’ombre durant près de 85 ans. Issues de toutes l’Asie, depuis l’Inde jusqu’au Japon, en passant par la Chine ou la Thaïlande, ces statuettes ou peintures invitent à la contemplation comme à la méditation.
C’est un trésor resté longtemps caché, endormi dans les réserves du Musée royal de Mariemont et redécouvert lors d’un inventaire, il y a deux ans. « On a trouvé des étagères et des étagères de statuettes toutes emballées, essentiellement de Bouddha, raconte la conservatrice Lyce Jankowski. Pour dire, à la surface des pièces, il y avait encore de la suie de l’incendie de 1960. Elles avaient été remisées lors de la reconstruction du musée, et n’avaient depuis jamais été ressorties, c’était un moment très émouvant ». Depuis son apparition en Inde, cinq siècles avant notre ère, "l’Eveillé" (en sanskrit) n’a jamais cessé de fasciner une humanité en quête de spiritualité, jusqu’à conquérir
l’Europe, il y a une soixantaine d’années, à travers le courant zen japonais. Considéré à la fois comme une religion et une philosophie, le bouddhisme est partout, « peuple nos jardins comme nos magazines de déco », mais le connaissons-nous vraiment ?
Tiens, voilà du Bouddha !
Cette exposition réunit une centaine de pièces du xive siècle à nos jours et issues de toute l’Asie, du Myanmar à l’Himalaya. Car ce n’est pas une mais bien plusieurs représentations de Bouddha qui sont dévoilées : dodu ou effilé, les yeux ouverts ou clos, en bronze, bois laqué, ivoire, lapis-lazuli...
Outre de nombreuses statues, on découvre aussi des thangkas, ces peintures sur tissu ou toile, des objets rituels comme le moulin à prières tibétain, des concepts (le karma, le dharma...) et puis les bodhisattvas. Les quoi ? Des guides chargés d’accompagner les humains vers l’éveil - et il y a du boulot... Le plus célébré demeure Avalokiteshvara, cet être à 1 000 bras (pour mieux nous aider) et 1 000 yeux (pour voir nos souffrances). Pour autant, « il ne s’agit pas seulement de submerger le public d’informations, précise Lyce
Jankowski. L’idée, c’est d’aborder les œuvres autrement qu’avec l’intellect. C’est une expérience sensible ». Au fil d’un parcours libre, en clair-obscur, « chacun pourra appréhender des notions fortes comme l’impermanence, les liens entre les êtres, méditer s’il le souhaite... ». Et peut-être atteindre le nirvana ? Julien Damien
Morlanwelz, 21.09 > 20.04.2025, Domaine & Musée royal de Mariemont, mar > dim : 10h-18h (01.10 > 31.03 : 10h-17h), 8 > 3€ (gratuit -18 ans) musee-mariemont.be
Corneille
L’HYMNE À LA JOIE
Guillaume Cornelis Van Beverloo, dit Corneille (1922-2010), fut l’un des grands coloristes du xxe siècle. Cet artiste s’émancipa de toutes contraintes pour faire danser les formes et sa palette vive au fil d’œuvres lumineuses. 150 de ses estampes se révèlent à la Louvière telle une vibrante ode à la joie.
Quel drôle d’oiseau, ce Corneille ! Né de parents hollandais à Liège, cet artiste ne fit à peu près rien comme les autres. Co-fondateur du fougueux groupe CoBra, il débutera par l’abstraction avant de choisir la figuration, à l’inverse de la plupart de ses contemporains. Surtout, il osera le bonheur pour conjurer l’atrocité, en l’occurrence celle de l’occupation nazie. Installé à Amsterdam durant la Seconde Guerre mondiale, l’homme frôle la mort. « Au sortir de tout cela, il fera un pacte avec luimême : celui de la joie, selon Christophe Veys, le directeur du Centre de la gravure et de l’image imprimée. Toute sa vie il ira chercher cette lumière partout dans le monde, les regards, les corps, et elle rejaillit ici ».
Sables émouvants. L’amour, la nature et la sensualité traversent ainsi une œuvre éclatante de couleurs et parsemée de motifs récurrents, comme la femme couchée et, bien sûr, l’oiseau. Il faut évidemment y voir un autoportrait de l’artiste, grand voyageur avide de liberté. Au-delà du style à la rondeur enfantine, Corneille fut aussi un redoutable expérimentateur. Pour ce peintre, sculpteur et céramiste, l’estampe fut une pratique constante. Il en éprouvera moult techniques : la lithographie, l’aquagravure ou la terragraphie, un procédé usant de sable coloré. « Il fut célèbre très tôt, ses créations étant déjà dans les musées il ne pouvait les montrer à sa guise. Il a donc décidé de les reproduire, pour mieux les diffuser ». Et répandre la joie. Julien Damien
Corneille au fil de la joie
La Louvière, jusqu’au 03.11, Centre de la gravure et de l’image imprimée mar > dim : 10h-18h, 8 > 3€ (gratuit -12 ans), centredelagravure.be
L’Homme crée la machine... qui le réinvente à son tour. Telle est la condition de notre espèce. De la révolution industrielle jusqu’à l’avènement de l’intelligence artificielle, notre réalité est sans cesse augmentée, voire façonnée par la technologie. Pour sa 26e édition, l’exposition des étudiants du Fresnoy interroge cette fusion entre réel et virtuel, mêlant techniques traditionnelles et cybernétiques, passé et futur, pour mieux raconter le présent. Au fil d’une cinquantaine d’œuvres, on découvre une faune synthétique engendrée par l’IA, un robot-virus affamé ou comment l’ADN de synthèse donne forme aux souvenirs, entre autres surprises... J.D.
Tourcoing, 20.09 > 05.01.2025, Le Fresnoy, mer > dim : 14h-19h, 4/3€ (grat. -18 ans), lefresnoy.net
Outre sa fameuse triennale (on attend une sacrée Fiesta en 2025 !), lille3000 fait la part belle aux artistes émergents des Hauts-de-France. Dans un cadre intimiste, à raison d’expositions renouvelées toutes les deux semaines, on découvre des œuvres qui ne resteront pas longtemps confidentielles. En témoignent les dessins au fusain célébrant le parkour de Violaine Desportes ou les tableaux vivants de Fredj Moussa. J.D.
Lille, 28.08 > 03.11, Maison St So de la Gare Saint Sauveur, mer > ven : 14h-19h • jeu : 14h-21h • sam & dim : 12h-19h, gratuit, garesaintsauveur.lille3000.com
LE 23 NOVEMBRE 2024
SON MUSÉE, SA TERRE NATALE
LE CATEAU-CAMBRÉSIS
Plus d’infos sur museematisse.fr
© Louis Kerckhof
JULES FRANÇOIS CRAHAY
Ce n’est pas le plus connu des créateurs belges, mais pas le moins doué. Tombé dans l’oubli, Jules Francois Crahay (1917- 88) est considéré comme l’un des derniers génies de la haute couture. Comparé à Christian Dior, le Liégeois s’est révélé avec des œuvres mêlant la légèreté et le strict. Passé par les maisons Nina Ricci et Lanvin, il a habillé des icônes telles que Claudia Cardinale ou Jackie Kennedy. Le voici célébré grâce a une soixantaine de ses pièces emblématiques.
Bruxelles, jusqu’au 10.11, Musee mode & dentelle, mar > dim : 10h-17h 10 > 4€ (gratuit-18 ans), fashionandlacemuseum.brussels
YUIMA NAKAZATO
À l’heure où la mode demeure l’une des industries les plus polluantes au monde, Yuima Nakazato fait rimer "couture" et "futur". Diplômé de l’Académie royale des beauxarts d’Anvers, ce styliste japonais tisse savoir-faire traditionnel et haute-technologie pour confectionner des vêtements à la fois éblouissants et respectueux de l’environnement. Découpées au laser ou conçues à partir de fibres végétales, ses pièces hybrides suivent l’évolution des corps, dessinant un avenir sur mesure.
Calais, jusqu’au 05.01.2025, Cité de la dentelle et de la mode, tlj sauf mar : 10h-18h 7/4€ (gratuit -5 ans), cite-dentelle.fr
DREAM TEAM
QUELS BEAUX VISAGES !
Le Musée des beaux-arts de Calais expose les œuvres récemment entrées dans ses collections (dont certaines jamais vues) dévoilant de "beaux visages". On découvre ici les photographies d’adolescents en gros plan de Philippe Bazin, les multiples figures qui composent la France vue par le pochoiriste C215, ou encore une Lio immortalisée par Pierre et Gilles, entre autres ! Rassemblant de grands artistes d’hier et d’aujourd’hui, cette exposition célèbre le portrait sous toutes ses facettes.
Calais, jusqu’au 03.11, Musée des beaux-arts mar > dim : 13h-17h, gratuit, mba.calais.fr
Elles virent le jour il y a 63 ans, et leur succès ne s’est jamais démenti. Qui ça ? Les vignettes Panini, pardi ! Les photographes Olivier Cablat et Elena Anosova s’inspirent ici des codes de ces portraits (cadrage centré sur le buste, resserré sur le visage) pour en offrir de drôles de variations. Le premier les détourne en un document savant et joyeux, tandis que la seconde immortalise l’équipe professionnelle de football adapté de l’Amiens SC, où chaque joueur se tient par l’épaule. Bien vu.
Calais, jusqu’au 29.09, Citadelle, lun > sam : 7h30 - 21h15 • dim : 8h -20h, grat., institut-photo.com
VIOLAINE DESPORTES
MERCEDES KLAUSNER
FREDJ MOUSSA
LUDIVINE LARGE-BESSETTE
JULIE GAUBERT
JULIEN KIEFFER
YONGKWAN JOO
CLARA LEMERCIER GEMPTEL
OLIVIER DE CARVALHO
DJAVANSHIR.N
LAURA HENNO
Depuis 2017, Laura Henno suit le cours de la vie à Slab City, où elle s’installe plusieurs semaines par an dans une caravane. Cette petite ville nichée au cœur du désert californien, sur le terrain d’une ancienne base militaire désaffectée depuis la fin des années 1950, accueille une communauté de marginaux. À rebours de tout voyeurisme, la photographe française saisit le quotidien, les joies ou peines des exclus de l’American Way of Life, dessinant un "outremonde" débordant d’humanité.
Charleroi, jusqu’au 29.09, Musée de la photographie, mar > ven : 9h-17h • sam & dim : 10h-18h, 8 > 4€ (grat. -12 ans) museephoto.be
TEXTIMOOV !
Depuis sa création en 2006, Futurotextiles dévoile les innovations qui agitent le monde du textile, entre haute technologie, mode, design et art contemporain. Évidemment, en cette année olympique, la manifestation initiée par lille3000 se met au sport, mais pas seulement. Investissant les trois étages du Tripostal, cette exposition propose également des tenues confortables en prévision de nos futurs voyages spatiaux - histoire d’être bien dans ses baskets, mais la tête dans les étoiles !
Lille, jusqu’au 29.09, Tripostal mer > dim : 11h-18h, 10/8€ (gratuit -18 ans et rez-de-chaussée), lille3000.com
MARISA MERZ
Maryann , Slab City, USA, 2023 ©
Laura Henno courtesy Galerie N. Obadia Paris-Bruxelles
ANOUK DESURY
On le sait, la vie est un combat de chaque instant. Anouk Desury illustre magnifiquement la métaphore. Cette photographe installée à Roubaix a suivi quatre jeunes boxeurs et boxeuses de sa « ville de cœur », en l’occurrence Aziz, Djamal, Moustapha et Shaïna. À travers cette série d’une trentaine d’images ( Les Poings ouverts ), elle montre leurs entraînements, mais aussi leur lieu de vie et leur parcours, dessinant le portrait d’une génération, entre rigueur, abnégation et espoir.
Roubaix, jusqu’au 29.09, La Piscine, mar > jeu : 11h-18h • ven : 11h-20h • sam & dim : 13h-18h 11/9€ (grat. -18 ans), roubaix-lapiscine.com
Considérée comme la seule artiste femme du fameux groupe Arte povera, Marisa Merz (1926-2019) demeure une figure majeure de la scène artistique italienne. Elle fut même récompensée d’un Lion d’or à la Biennale de Venise, en 2013. C’est dire l’importance de cette rétrospective (la première en France depuis 30 ans). Au LaM de Villeneuve d’Ascq, on découvre une œuvre foisonnante de matières, de techniques et d’émotions, traduisant la fragilité de l’art comme celle la vie.
Villeneuve d’Ascq, jusqu’au 22.09, LaM, mar > dim : 10h-18h, 11/8€ (gratuit -18 ans), musee-lam.fr
OUT OF HOME COMMUNICATION
Urban Posting, Display Racks, Visitor Information, Cultural Spots, Hotels, Bars and Restaurants, Universities, Libraries, Bicycle parkings, Bus Stops, Indoor Posting (bars & restaurants), Banners on Street Lamps, Amusement Parks, ...
Théâtre
vie sur Mars. Explorez-la.
Cie Fany Ducat
Collectif Greta Koetz
Sara Selma Dolores
Medhy Khachachi
Iacopo Bruno
+ Lara Ceulemans
Le Sbeul creation
Virginie Thirion
Simon Thomas / La Horde Furtive
Juliette Vernerey
Danse + cirque
Lila Magnin
Clément Thirion / kosmocompany
Koen Augustijnen + Rosalba Torres Guerrero
Etienne Saglio
Cie Dyptik
Juglair
Musiques actuelles
Isha & Limsa
Sarah McCoy
Jeanne Added
Antoine Flipo
Acid Arab
Musique classique et d’aujourd’hui
Hervé Borbé
Claire Désert
Quatuor Girard
Ensemble
Constantinople
Quatuor Tana
Ana Carla Maza Trio
Nesrine
Alexandre
Cavaliere Trio
Art Zoyd Studios
Les Violons de Bruxelles
Jean-Samuel Bez & Louise Akili
Et aussi
Festivals,
Saison
24-25 Mons (Be)
THÉÂTRE MUSIQUE DANSE CIRQUE
Hector Obalk
LA
TÊTE DANS LES TOILES
Quand le critique épate la galerie ! À mi-chemin entre le stand-up et le cours magistral, Hector Obalk raconte une édifiante histoire de la peinture. Accompagné de musiciens, il décortique devant un grand écran une sélection de toiles plus ou moins célèbres, signées Van Eyck, Léonard de Vinci, Le Caravage… Zoomant çà et là sur les détails de l’œuvre, il nous en dévoile les secrets, les significations ou des points techniques, sans jamais se départir d’un bon mot. Du grand art ? On peut le dire.
Quelle est la genèse de ce spectacle ?
J’ai été viré d’Arte en 2017, chaîne pour laquelle j’avais réalisé 23 documentaires, pour des raisons que j’ignore encore. J’ai donc décidé de raconter l’histoire de l’art sur scène, à la façon d’un stand-up. Et ça marche, puisque 150 000 personnes ont déjà vu mon show.
« J’embrasse exactement sept siècles de création »
Quelle forme prend-il ?
Je suis face à un mur d’images représentant des tableaux dans lesquels je plonge au fur et à mesure de mes explications. Car apprécier la peinture, en général, c’est effectuer des zooms arrière et avant avec les yeux.
Comment avez-vous choisi les œuvres que vous présentez ?
J’ai retenu les meilleurs tableaux des meilleurs peintres, je crois. Je n’ausculte que l’art occidental, mais c’est déjà énorme. J’embrasse exactement sept siècles
de création, de Giotto jusqu’à nos jours. À Lille, je m’intéresserai par exemple à La Vierge du chancelier Rolin de Van Eyck, L’Annonciation de Léonard de Vinci, L’Amour vainqueur du Caravage ou encore aux Grands arbres au Jas de Bouffan, de Cézanne.
Selon vous, comment faudrait-il regarder un tableau ?
Il n’y a pas de règle ni de théorie. C’est à force d’observer et d’écouter la manière dont d’autres grands amateurs les jugent qu’on finit par tout percevoir. C’est en tout cas le but de ce spectacle.
Émettez-vous parfois des avis négatifs sur les toiles que vous étudiez ?
Dans le spectacle, je compare de grands artistes à des créateurs encore plus remarquables… pour en dire finalement du mal ! Ainsi, je vais mettre en défaut Botticelli pour mieux mettre en valeur le génie de Léonard, ou même Van Gogh pour faire valoir celui de Cézanne. Cela peut choquer, je sais, mais cela permet au spectateur de comprendre
comment j’appréhende les tableaux et ce que j’apprécie chez eux.
Il paraît que vous n’êtes pas un grand fan d’art contemporain. Est-ce le cas ?
En fait, je suis collectionneur de peinture contemporaine. Le problème, c’est que "l’art contemporain" ne désigne plus la peinture
« Je plonge le spectateur dans les détails de l’œuvre »
d’aujourd’hui mais une création qui n’est ni picturale, ni photographique, ni sculpturale. À travers cette appellation, on regroupe toutes sortes d’installations ou d’objets tout faits. C’est un art mineur, presque toujours conceptuel, parfois spectaculaire et souvent dérisoire dont je ne m’occupe pas trop.
Ce spectacle sur l’histoire de la peinture rassemble des dizaines
de milliers de spectateurs. Comment expliquer un tel succès ?
D’abord, j’exclus de mes explications toutes références culturelles. Puis je plonge le spectateur dans les détails de l’œuvre en pointant le plus jouissif à regarder. J’apporte des éclaircissements après la "dégustation" et parfois une petite touche d’humour.
Au final, quel est l’objectif de votre spectacle ?
Rendre les gens heureux devant un ou deux tableaux qui resteront gravés dans leur mémoire. Ce que je donne à voir et à comprendre ne se trouve pas sur Wikipédia.
Selon vous, quel est le rôle du critique d’art ?
Non pas expliquer ni interpréter les œuvres, mais les faire aimer.
Toute l’histoire de la peinture en moins de deux heures
Lille, 26.09, Théâtre Sébastopol, 20h, 57 > 18€ theatre-sebastopol.fr // agauchedelalune.com
Harmony
LA VIE EN NÉVROSES
Fany Ducat pose à Mons le décor d’Harmony, son nouveau spectacle. Nous voici propulsés dans une banlieue pavillonnaire pas si paisible, aux côtés d’un groupe de voisins dont le quotidien déraille... Entre angoisse et humour dévastateur, la compagnie bruxelloise signe la chronique mordante d’une crise existentielle collective.
À l’origine de ce spectacle, il y a les romans graphiques de l’Américain Nick Drnaso. Et plus précisément deux albums, Beverly et Sabrina, qu’Alice De Cat, Charles-Hippolyte Chatelard et Antonin Jenny, les trois cerveaux derrière le patronyme Fany Ducat, apprécient beaucoup. « C’est une inspiration, pas une adaptation », précise toutefois la fille de la bande, décrivant au sujet d’Harmony une
« scénographie influencée par les couleurs, les aplats, les situations ». Soulignons aussi cette attention portée à la circulation des comédiens, presque une chorégraphie, et cet humour absurde déjà à l’œuvre dans leurs précédentes créations.
Peur sur la ville. Sur une scène aux tons pastel divisée en plusieurs espaces, on assiste au
ballet routinier d’habitants d’un quartier résidentiel. Il y a là Karine et son fils Tim, la vingtaine, Olivier, le professeur motivé ou Frédéric, commerçant mélomane... En tout sept personnages enfermés dans des vies bien rangées, aux prises avec leurs névroses (errances amoureuses, politiques...).
Les voici réunis autour d’un apéritif pour prendre leurs dispositions face à un événement
dramatique : la disparition d’une jeune fille dans le lycée du coin. De nouvelles peurs surgissent... Fany Ducat transforme alors le plateau en chambre d’échos de nos obsessions contemporaines, entre craintes sécuritaires et quête de sens. Et donne au titre de cette pièce un caractère délicieusement ironique.
Mons, 24 > 26.09, Théâtre le Manège mar & mer : 20h • jeu : 10h, 18> 10€, surmars.be
Voice Noise
LE CHANT DES POSSIBLES
Dans sa nouvelle création, Jan Martens donne, ou plutôt redonne (littéralement) de la voix. Il rend hommage à une vingtaine de chanteuses qui ont été injustement effacées de l’histoire de la musique et à des artistes contemporaines méconnues. C’est par exemple la soprano noire américaine Ruby Elzy, qui fit également les beaux jours du blues et gospel. Citons aussi la compositrice et interprète norvégienne Maja S. K. Ratkje, et ses performances électro-acoustiques saisissantes, ou encore le groupe britannique The Raincoats, icône du punk féministe. Sur le plateau, ce sont six interprètes que le chorégraphe flamand convoque dans cette pièce inspirée de l’ouvrage Le Genre du son, de la poétesse canadienne Anne Carson. Soit quatre danseuses et deux danseurs, qui se révèlent choristes dans ce format resserré et joyeux. À partir d’un postulat presque oxymorique (chorégraphier l’invisibilisation des femmes) un dialogue se noue. Les corps s’emparent de la scène, en solo ou en groupe, en communion ou en réaction face à la bande-son. Ainsi, la musique s’observe tandis que la danse se donne à écouter. À bon entendeur. Marine Durand Bruxelles, 24 > 26.09, La Raffinerie, 20h30, 20 > 5€, charleroi-danse.be Charleroi, 28.09, Les Écuries, 20h, 20 > 5€, charleroi-danse.be
La rose des vents
JEANNE LAZAR
LOLA
CYRIL
NATHALIE BÉASSE THIERRY COLLET ÉTIENNE SAGLIO
ANTOINE DEFOORT CIRQUE TROTTOLA BABX + ADRIEN MONDOT PATRICIA ALLIO…
Une Idée géniale
Stéréotypé, le vaudeville ? Détrompez-vous ! Depuis 2022, Sébastien Castro le remet au goût du jour, en s’inspirant des classiques de Georges Feydeau. Le pitch ? Arnaud craint que sa compagne ne le quitte, séduite par un agent immobilier. Il a alors une idée : embaucher un sosie dudit agent et lui demander de jouer les rustres auprès de sa dulcinée pour rompre le charme ! Mais c’était sans compter l’arrivée d’un faux jumeau... Vous suivez ? En tout cas, nul doute que vous succomberez à ce boulevard mené tambour battant où les trois hommes (incarnés par le même acteur, forcément) ne se croisent jamais. En un mot ? Génial ! C.M.
Bruxelles, 18.09 > 13.10, Théâtre royal des galeries, mar > sam : 20h15 • dim : 15h, 28 > 15€, trg.be
Le Mal du hérisson
Inspiré par le conte de Schopenhauer, le collectif Greta Koetz pose une question épineuse : pourquoi avons-nous tant besoin d’amour ? Dans une maison de campagne, des personnes souffrantes apprennent à vivre ensemble. Elles sont rongées par un même mal : une mystérieuse maladie les transforme progressivement en hérisson… Entre tragédie et utopie, sept comédiens et un musicien sondent notre rapport aux autres, et ce qu’il révèle de nous-mêmes - non sans piquant, évidemment. C.M.
Bruxelles, 24.09 > 05.10, Les Tanneurs, mar, jeu & ven : 20h30 • mer & sam : 19h15, 25 > 6€ // Mons, 08 > 10.10, Théâtre le Manège, mar & mer : 20h • jeu : 13h30, 18 > 10€
Dakh Daughters
RÉSISTANCE D’ARTISTES
Propos recueillis par Clémence
Après la parenthèse enchantée des JO, la menace d’une crise politique majeure demeure en France. Au milieu de tout ça, la guerre en Ukraine semble avoir quitté les esprits. Pourtant, à l’autre bout de l’Europe, elle fait toujours rage... De la rage justement, les Dakh Daughters en ont à revendre. Depuis plus de dix ans, cette compagnie féminine sillonne le monde pour porter la voix de son peuple et réveiller les consciences. Ruslana Khazipova, l’une des "filles du Dakh", nous raconte leur histoire et celle d’ Ukraine Fire , spectacle de cabaret punk aussi burlesque que poétique.
Comment votre compagnie estelle née ?
Comédiennes depuis plus de 20 ans, nous avons créé notre compagnie en 2012, sur une idée de l’une d’entre nous, Anna Nikitina. On a lancé cette sorte de girls band à la suite d’une représentation dans un cabaret à Paris. On a ensuite choisi notre nom et un maquillage distinctif : visages blancs, joues rouges et yeux noirs avec de longs cils. Au début, on portait des robes, mais aujourd’hui on préfère des t-shirts, des tutus noirs et de grosses chaussures. On ne ressemble plus à des jeunes filles, plutôt à des guerrières !
Comment définir votre pratique ?
Chacune de nos performances comporte de la musique. On sait toutes chanter et jouer d’un instrument. C’est l’une des grandes idées de Vladislav Troitskyi, le directeur du théâtre Dakh fondé à Kyiv en 1994. Pour lui, les artistes doivent être polyphoniques, toujours en mouvement. On tient beaucoup à ce mélange entre le théâtre et la musique.
Dans votre spectacle, vous mêlez aussi différents genres : les chants traditionnels, le punk, le reggae, le rap… Pourquoi ?
Parce qu’ils n’ont pas de frontières. On cherche justement à encourager le dialogue. On a le sentiment qu’il est de plus en plus difficile de se parler, et c’est ce qu’on souligne sur scène...
« On mesure l’importance des notions de liberté et de démocratie »
Par ailleurs, on a toujours utilisé les chansons traditionnelles ukrainiennes car elles reflètent nos racines. Ces chants polyphoniques sont uniques.
Que vous permet ce cabaret ?
De parler de choses très concrètes, à cœur ouvert : de la douleur, de la vie... Nos spectacles sont sous-titrés pour que le public perçoive la beauté de notre langue, l’âme de notre peuple, à la fois classique et moderne.
Comment êtes-vous arrivées en France ?
Une de nos amies, Lucie Berelowitsch ( directrice du Préau, centre dramatique national de Normandie-Vire ndlr) a tenu à nous accueillir dans son théâtre. On avait passé les dix dernières années à tourner en Europe, à partager notre culture. On savait qu’on pouvait continuer notre combat en France. En mars 2022, on a donc quitté notre pays pour la rejoindre.
Vous avez multiplié ici les représentations de votre spectacle, n’est-ce pas ?
Oui, on a aussi créé de nouvelles chansons, sans nous présenter comme des victimes. Notre travail pouvait toucher beaucoup de monde, sans avoir forcément connu la guerre. En tant qu’Ukrainiennes, on mesure simplement l’importance des notions de liberté et de démocratie. Certains pays
ayant défendu ces valeurs en oublient aujourd’hui le sens.
« Notre message est très court : « réveillez-vous ! »
Nombreux sont ceux qui réduisent cela au fait de pouvoir faire ce que l’on veut. Mais ce n’est pas ça, la liberté !
Quel message souhaitez-vous véhiculer à travers Ukraine Fire ?
Il est très court : « réveillez-vous ! ». Ouvrez les yeux, prenez vos responsabilités, car le monde devient fou et personne ne vous aidera, à part vous-même. Il n’y a qu’à voir ce qui se passe ici en Europe, par exemple avec la montée de l’extrême droite...
Ukraine Fire Amiens, 05.10, Cirque Jules Verne, 20h30 25 > 16€, cirquejulesverne.fr maisondelaculture-amiens.com
À lire / La version longue de cette interview sur lm-magazine.com
Waly Dia
À BLAGUES RÉELLES
Un humoriste engagé. Une expression fourre-tout, galvaudée certes, mais qui trouve en Waly Dia un parfait ambassadeur. Apparu en 2011 dans On n’demande qu’à en rire mais révélé chez Charline Vanhoenacker, du temps où l’on pouvait rire de tout sur France Inter, le Grenoblois est devenu une fine plume de la satire politique.
Waly Dia s’est imposé avec un débit mitraillette, des infos vérifiées, un sens de l’improvisation jamais éprouvé et… quelques sujets polémiques. En presque trois ans, cet humoriste n’aura évité aucun thème d’actualité, de l’interdiction de l’abaya (« ils arrivent à tout relier à l’assassinat de Samuel Paty ! Sauf l’argent du fonds Marianne… ») aux dernières législatives (« pour le parti présidentiel, c’est mort. Les seuls jours où ils se maintiennent dans les sondages, c’est quand ils ne parlent pas… »). Dans son quatrième spectacle, Une heure à tuer, Waly Dia mêle one-man-show et stand-up. Surtout, il tire à blagues réelles sur l’extrême-droitisation de la société, les "bavures" des forces de l’ordre (« je suis comme l’IGPN, je ne suis pas là pour faire le procès des policiers ») ou le masculinisme, sans jamais pêcher par agressivité. Au final, il revendique une chose assez simple : « le droit de commenter les décisions de pouvoir » et de « dédramatiser la politique ». Inutile de dire qu’il tombe à pic. Clémence Ménart Le Touquet, 28.09, Palais des congrès, 20h30, 49 > 39€ // Liège, 21.10, Le Forum, 20h, 45 > 30€ Maubeuge, 17.12, La Luna, 20h, 20€ // Bruxelles, 18.12, Cirque royal, 20h, 45 > 35€
Polifemo
LE MYTHE SUR UN PLATEAU
Ce n’est pas le plus connu des compositeurs de la période baroque, mais pas le moins prolifique. Rival de Haendel, Nicola Porpora (1686 -1768) laisse à la postérité une cinquantaine d’opéras. Parmi eux le rarissime Polifemo, dont on découvre à Lille une version des plus spectaculaires, entre humour, tragédie et effets (très) spéciaux...
Créée en 1735 sur mesure pour Farinelli, le plus célèbre des castrats, cette œuvre croise deux récits mythologiques ayant le même protagoniste : le cyclope Polyphème. Cette créature sanguinaire apparaît dans l’ Odyssée d’Homère, où Ulysse s’échappe de sa grotte en lui crevant l’œil. C’est aussi le monstre de jalousie des Métamorphoses d’Ovide, tuant le berger Acis dont s’est épris la nymphe Galatée. Mais ce jalon de l’opera seria, par essence "sérieux", prend dans ce spectacle une autre dimension.
Comme au cinéma. Si la musique reste la même, élégante et traversée d’airs délicats (dont le fameux Alto Giove), le metteur en scène Bruno Ravella aborde l’histoire sous un angle tragi-comique,
avec une impressionnante mise en abyme. L’opéra est en effet abordé par le prisme d’un tournage de péplum, dans les années 1960. « On est dans les studios de Cinecittà. L’affiche du film constitue le rideau de scène. Dès qu’il tombe apparaît le plateau de tournage, avec ses projecteurs, ses cameramen... », indique Thomas Thisselin, responsable de la communication de l’Opéra de Lille. Au programme ? Décors en carton-pâte, héros bodybuildés et même... un gigantesque cyclope en latex ! « Ici, Acis est un peintre décorateur tombé sous le charme d’une des stars du film, qui raconte justement l’histoire originale d’Ulysse ». Ou comment ressusciter un chef-d’œuvre oublié en lui offrant les atours d’un spectacle grand public.
toujours finir ce qu’on a commenc é
Cie Il faut
Neiges éternelles
QUAND LA MUSIQUE EST BONNE
Dalida, Daniel Balavoine, Jean-Jacques Goldman, Mylène Farmer, Céline Dion, France Gall. Six artistes qui touchent au cœur, et autant d’icônes de la pop francophone que Jeanne Lazar place au centre de sa nouvelle création. Ou comment mêler, en musique, l’intime et le collectif, et raviver quelques souvenirs...
Les chansons populaires seraient-elles ringardes ? Pas selon Jeanne Lazar. « Jean-Jacques Goldman est le chanteur de la France périurbaine. C’est là d’où je viens et ce n’est pas sexy, pas "instagrammable", concèdet-elle. Mais les icônes de la pop culture nous encouragent à partir, à devenir qui on veut ». Voici le point de départ de la nouvelle création de cette jeune metteuse en scène, passée par l’École du Nord. Adolescente, elle a dansé son premier slow sur Pas toi, rêvassé des heures sur les titres d’Axelle Red, avant de tromper le blues du dimanche en compagnie de Daniel Balavoine une fois adulte. Toutes ces idoles formant notre histoire intime comme notre patrimoine musical sont célébrées dans cette pièce chorale. Le spectacle est constitué de six volets dont chacun s’arrête sur un moment charnière de la carrière d’une vedette. En filigrane, il s’agit aussi de « parler des difficultés et joies d’être artiste ». Sur un plateau coloré s’entremêle le jeu de trois comédiens, de nombreux extraits sonores, des témoignages de Français collectés à travers le pays et la musique live de Ricky Hollywood. À déguster comme une madeleine de Proust, la douceur pop en plus. Marine Durand Villeneuve d’Ascq, 03 > 05.10, La Ferme d’en haut (La Rose des vents) jeu : 19h • ven : 20h • sam : 15h & 19h, 21 > 5€, larose.fr
Une rentrée au théâtre
SCÈNES OUVERTES
Un air de fado souffle sur la rentrée du Tandem. Faut-il y percevoir une pointe de spleen ? Pas vraiment... c’est même le contraire ! Dans Bate Fado, les chorégraphes portugais de Jonas&Lander célèbrent l’énergie de cette danse tout en percussions et claquettes. Ici, on claque des mains ou des talons au rythme des guitares et de la voix puissante et (forcément) mélancolique d’un chanteur (Jonas lui-même). Autrefois interdit par l’église catholique puis la dictature de l’Estado Novo, ce morceau du patrimoine lusitanien prend ici les atours rebelles d’une invitation au lâcher-prise... Ça commence bien !
Douai, 11 & 12.09, Hippodrome, mer : 19h30 jeu : 20h30, gratuit (sur réservation) tandem-arrasdouai.eu
Texte : Julien Damien
Connaissez-vous Shibuya Crossing ? À Tokyo, chaque jour, plus de deux millions de personnes traversent cette place sans jamais se heurter. Lionel Bègue s’est inspirée de ce ballet millimétré pour créer une pièce pour sept interprètes riche en déviation. Il en dévoile un aperçu, lors de la soirée d’ouverture de la saison du Bateau Feu... qui promet d’ailleurs un automne mouvementé. Pour cause, en octobre, on y célébrera l’art du trampoline avant de se préparer pour le "grand soir", avec un bal circassien (et participatif) aux allures de grande fête populaire.
Dunkerque, 13.09, Le Bateau Feu, 19h, gratuit (sur réservation), lebateaufeu.com + 03 & 04.10 : Esquive 15 > 17.10 : En attendant le grand soir
Chic, les vacances sont terminées, on va enfin pouvoir retourner au théâtre ! Et ce mois de septembre démarre sur les chapeaux de roues. En attendant la suite, voici déjà quatre bonnes raisons d’adorer la rentrée.
MAUDITS SONNANTS DIMANCHE
Il n’y a pas que la Maison Folie qui déménage cette année à Mons : la programmation culturelle aussi ! En attendant MC Solaar en octobre, c’est la compagnie Transe Express qui ouvre la saison avec son emblématique Maudits sonnants . À la croisée du cirque, du théâtre, de la musique et des arts plastiques, ce spectacle met en scène des instrumentistes jouant dans un gigantesque carillon aux allures de lustre... perché trente mètres au dessus de la GrandPlace. Suspendus entre ciel et terre, ces sonneurs de cloche traduisent l’inexorable passage du temps.
Mons, 14.09, Grand-Place, 21h, gratuit surmars.be (Les Fêtes de Wallonie)
À la rentrée, c’est tous les jours Dimanche au Phénix, et ce n’est pas de tout repos pour les compagnies belges Focus et Chaliwaté, tant leur spectacle file à toute allure. Pour cause, il entremêle théâtre, marionnettes et deux histoires. Soit le repas dominical d’une famille dans une maison qui fond littéralement sous la chaleur, tandis qu’en arrière-plan, un grand écran diffuse les tribulations de reporters à la recherche d’espèces en voie d’extinction. Emplie de trouvailles et d’humour, la pièce illustre avec malice les conséquences du dérèglement climatique.
Valenciennes, 26.09 > 02.10, Le Phénix, 20h (sauf dim : 18h), 26 > 5€, lephenix.fr (+ Nivelles, 18.09, Centre culturel Huy, 21 & 22.11, Centre culturel)
QUEEN KONG
(H. Vignal / G. Lini)
C’est l’histoire d’une lycéenne qui a choisi de séparer l’amour et le sexe. Une fille qui assume ses désirs et affirme sa liberté, mais doit affronter le regard des autres. Car voyez-vous, ce n’est pas un garçon. La voilà harcelée sur les “réseaux sociaux”, mais elle ne se laissera pas faire… Adapté du roman pour ados d’Hélène Vignal par Georges Lini (Iphigénie à Splott), ce seuleen-scène révèle une langue crue et incisive, la revendication du droit des femmes à disposer de leur corps.
Watermael-Boitsfort, 23 > 28.09, La Vénerie, 20h, 23 > 7€, poche.be (avec le Théâtre de Poche de Bruxelles)
CORPS EXTRÊMES
(Rachid Ouramdane)
Chorégraphe et danseur, Rachid
Ouramdane applique sa même science de la virtuosité au cirque. Après Möbius, il invite une nouvelle fois acrobates et voltigeurs, mais aussi grimpeurs et funambules (ou “highliners”) en haute altitude à défier les lois de la gravité. Devant un grand mur d’escalade immaculé, dix aventuriers de l’extrême jonglent avec la peur du vide et ce désir ancestral propre à notre espèce de s’élever toujours plus haut – et c’est vertigineux.
Charleroi, 03 & 04.10, Palais des beaux-arts 20h, 18 > 6€, pba.be
DANS TON CUL
(V. Solanas / Cie Par-dessus bord)
Écrit par Valérie Solanas en 1965, Up Your Ass est le texte qui l’a poussée à tirer sur Andy Warhol. L’autrice de Scum Manifesto avait confié son manuscrit au roi du Pop art... qu’il avait perdu. Le voici enfin porté sur scène par Aude Denis, d’après une traduction de Wendy Delorme. L’histoire est celle d’une travailleuse du sexe, lesbienne et poétesse, héroïne d’une satire absurde (mais pertinente) de la société patriarcale et capitaliste. Une pièce radicale et visionnaire.
Lille, 20.09, maison Folie Wazemmes, 19h30 gratuit (Journées du Matrimoine)
LA NATURE EST UN ÊTRE HUMAIN
COMME LES AUTRES
(Cie Sens ascensionnels)
Plus qu’un spectacle, une balade utopique... et atypique. Équipé de casques, le public suit et écoute des comédiens en déambulation dans la ville. Reconsidérant l’histoire des lieux traversés à différentes époques, depuis la préhistoire à nos jours, notre joyeuse troupe s’interroge. Comment sommes-nous passés de Cro-Magnon à l’homme moderne ultraconnecté ? Et pourquoi cherchons-nous à dominer la nature plutôt que de vivre en symbiose avec elle ? Vastes questions... et drôles de réponses !
Vieux-Condé, 28.09, Le Boulon & divers lieux, 18h30, 16/12€, leboulon.fr (+ Grand bal au Boulon)
Opéra
Polifemo
Du 8 au 16 oct.
David et Jonathas
Du 6 au 10 déc.
Scènes de Montag aus Licht
18 et 19 jan.
Le Barbier de Séville
Du 27 fév. au 10 mars
Faust
Du 5 au 22 mai
Così fan tutti
5 et 6 juin
À vous l’Opéra !
Journée
Européenne du Patrimoine
22 sept.
opera-lille.fr
Danse
Nelken
Du 6 au 10 nov.
Sottobosco 19 nov.
VOICE NOISE 11 déc.
Chotto Desh 8 et 9 jan.
Mycelium
Du 25 au 27 mars
Roméo et Juliette 14 et 15 juin
Concerts
Ravel, Chostakovitch, Sierova 15 nov.
Nomades 17 déc.
Ode à sainte Cécile
Du 14 au 15 mars
Canciones
27 mai
Les Concerts du Mercredi à 18h
Du 9 oct. au 18 juin
Big Bang
Happy Days des enfants
23 et 24 nov.
Opéra Games
Du 19 au 22 fév.
Théâtre Royal des Galeries
Directeur : David Michels
Sébastien Castro
Denis Carpentier
Catherine Claeys
Cécile Florin
Mise en scène : Alexis Goslain
Scénographie : Francesco Deleo
Costumes : Sophie Malacord
Lumières : Laurent Comiant
Pierre Pigeolet
Du 18 septembre au 13 octobre 2024