Youth Lagoon, Everything is Recorded, The Limiñanas, Panda Bear, Saeko Killy
LIVRES
– 62
Love Saves the Day, Disco - 100 hits de 1972 à nos jours, Les Mémoires de la Shoah, Dis-moi qui tu hantes, L’Ange Pasolini
ÉCRANS
– 64
La Dame
PORTFOLIO
JOSÉ ELGUETA
Le Chamane du futur
José Elgueta
EDGAR-YVES
La Politique du rire
– 28
La Brigade du
RENCONTRE
- 112
MUSIQUE
– 38
Jonh Cale, Ditz, Sharon Van Etten & The Attachment Theory, Candeur Cyclone, Jamie xx, Bønanza + Émile Bourgault, Bloocat, The Dare, Étienne de Crécy, Sturgill Simpson, Dieuf-Dieul de Thiès, Un Survivant de Varsovie, Jungle Brothers, Benjamin Epps, Snapped Ankles, Bryan’s Magic Tears
Séries Mania, A Real Pain, Black Dog, Queer, À Bicyclette !, Peaches Goes Bananas, Au Pays de nos frères, Figra
R. Gilibert
Séries Mania, Le Sens des choses
EXPOSITION
– 78
Just My Luck, Lille Art Up !, Les Safra’Numériques, Lee Miller in Print, Studio Stone, Rodin/Bourdelle, Common Grounds, Agenda
THÉÂTRE & DANSE
– 104
Le Grand Bain, La Beauté du geste, Festival Legs, Edgar-Yves, Nora Hamzawi, Fanny Ruwet, Nordine Ganso, Alexis le Rossignol, Denali, Cécile, Hedwig and the Angry Inch, Carole Thibaut, Umuko, Agenda
Ont collaboré à ce numéro : Selina Aït Karroum, Thibaut Allemand, Pascal Cebulski, José Elgueta, Grégory Marouzé, Raphaël Nieuwjaer, Arnaud Stoerkler et plus si affinités.
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PLAYLIST LM La bande son de la rédaction
LM magazine France & Belgique est édité par la Sarl L’astrolab* - info@lastrolab.com L’astrolab* Sarl au capital de 5 000 euros - RCS Lille 538 422 973 Dépôt légal à parution - ISSN : en cours
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Ne pas jeter sur la voie publique.
Papier issu de forêts gérées durablement
Festival d’arts numériques & nouvelles technologies
100% Magie TOURS ET DÉTOURS
Deuxième édition pour ce festival de magie initié par la Rose de vents, et dont le charme agit toujours plus. Où l’on se laisse par exemple ensorceler par les talents divinatoires de Claire Chastel et Camille Joviado. Dans Les Clairvoyantes, ces cartomanciennes et mentalistes invitent le public à leur écrire des questions sur un petit bout de papier, qui ressurgiront de façon inattendue... De coups de théâtre, Time Inside Myself n’en manque pas non plus. Pour cause : ici Laurent Piron nous transporte littéralement dans son subconscient, au moment où il apprend qu’il va devenir père. Sur une scène jonchée de boîtes, ses angoisses et les objets prennent littéralement vie... Mais à force de jouer avec des forces surnaturelles, nos artistes ne risquent-ils pas de perdre le contrôle ? Les marionnettistes-comédiennes du Tangram Kollektiv vont en faire l’expérience. Dans leur spectacle, l’ombre a décidé de quitter toutes les choses qu’elle était censée accompagner, jouant à cache-cache avec la lumière ou leur piquant leurs affaires... Une histoire abracadabrantesque ! Villeneuve d’Ascq, 25.03 > 05.04, Espace Concorde, La Ferme d’en Haut, Cinéma le Méliès + Maison de la culture de Tournai & Phénix de Valenciennes, 1 spectacle : 21 > 5€, larose.fr Sélection / 25 & 26.03 : Compagnie Yvonne III - Les Clairvoyantes // 25 > 27.03 : Tangram Kollektiv - L’Ombre des choses // 28 & 29.03 : Thierry Collet - Magic Night //01 > 03.04 : Étienne SaglioVers les métamorphoses // 04 & 05.04 : Laurent Piron - Time Inside Myself
Ah, les mouettes. Leurs bombardements de fientes intempestifs, et surtout leur délicieux cri, strident à souhait... qui méritait bien son championnat du monde ! Organisée en marge du carnaval de Dunkerque, cette compétition n’a pas fini de nous clouer le bec. Pour cette douzième édition, quelques drôles d’oiseaux tenteront de "séduire" un jury composé de sept fines oreilles, pour ainsi succéder au tenant du titre. Qui ça ?
Dans le monde revu et corrigé par Karen Knorr, lions, paons et autres girafes se prélassent et déambulent comme si de rien n’était dans des palais indiens, temples japonais ou châteaux français. À travers de méticuleux montages, cette photographe (et taxidermiste) américaine imagine des fables visuelles où le règne animal n’a rien d’une vue de l’esprit. Présentée à 20 minutes de Rouen, cette exposition prend ainsi les atours d’un voyage fantastiquedans tous les sens du terme.
Saint-Pierre-de-Varengeville, jusqu’au 01.06 Centre d’art contemporain de la MatmutDaniel Havis, mer > ven : 13h-19h • sam & dim : 10h-19h, gratuit, matmutpourlesarts.fr
DISCO. I’M COMING OUT
Plus qu’une simple fièvre du samedi soir, le disco fut une révolution musicale et sociétale. Derrière un titre emprunté à un tube de Diana Ross (devenu un hymne de la communauté gay) se cache une rétrospective résonnant comme « un appel à la fête » autant qu’un écho aux combats des minorités afro-américaines, LGBTQ+ ou féministes. Dans une pénombre sculptée par des néons s’entremêlent ainsi utopie et hédonisme, œuvres, objets iconiques et, bien-sûr, bande-son de circonstance ! Paris, jusqu’au 17.08, Philharmonie, mar > jeu : 12h-19h ven : 12h-21h • sam: 10h-21h • dim : 10h-19h, 15 > 10€ (gratuit -12 ans), philharmoniedeparis.fr
The Grand Monkey Room, Château de Chantilly, 2006, Courtesy galerie Les filles du Calvaire
La Dame qui colle
LES MURS
ONT LA PAROLE
Aït Karroum
Depuis 2021, La Dame qui colle orne les villes de portraits de femmes victimes d’agressions sexuelles. Son but ? Lutter contre l’injustice et les rapports de domination. Affichées sur les murs grandeur nature, ces œuvres surgissent telles des sentinelles dans un espace public rongé par le harcèlement. Elles ont valeur de réparation comme d’affirmation de soi.
Elle les appelle ses « gardiennes de rue ». Ce sont des guerrières, des passantes figées dans une posture emplie de bravoure, leur regard planté dans le nôtre, puissant. Julie aka La Dame qui colle transforme les victimes en résistantes.
«
CE SONT DES GARDIENNES DE RUE »
« L’idée était de coller le portrait d’une femme qui a vécu une agression mais qui va se défendre, nous défendre », dit-elle. Ce projet a débuté il y a près de quatre ans. Originaire de la banlieue parisienne, cette Lilloise d’adoption passée par les Beaux-Arts de Bourges perçoit sa propre colère en écoutant celle des autres... Ces rencontres,
visages et parcours singuliers confortent son envie d’investir l’espace public, dans un geste qu’elle qualifie d’« hyper politique ».
Mise en lumière. Concrètement, comment procède-t-elle ? À l’issue d’entretiens, l’artiste laisse à ses interlocutrices le choix de la pose et des vêtements. Des séances photo saisissent leur vérité, sans effet de séduction, avant l’étape du dessin. « Je n’interroge pas la question de la beauté des femmes, je les expose pour ce qu’elles sont, pas pour ce qu’elles représentent ». Les portraits sont ensuite imprimés et numérotés, l’anonymat est préservé. Puis vient le moment de coller, dans des endroits stratégiques et symboliques, fréquentés ou plus reculés.
L’image se passe de tout commentaire. Elle manifeste une sororité sourde et libère une force lumineuse de la noirceur. La couleur est d’ailleurs apparue après des années de pratique en noir et blanc. Rejoignant sa propre série, la Lilloise s’est "autocollée", en banlieue parisienne, pour mettre un morceau de sparadrap sur sa propre histoire...
Au-delà du genre. Pour l’heure, La Dame qui colle a réalisé quelque 250 portraits (à partir de 23 modèles) visibles dans une trentaine de villes, dont Lille, Paris, Bruxelles, Avignon, où elle s’est rendue en plein procès de Mazan pour afficher la figure de Gisèle Pelicot. Présentées à échelle humaine, dupliquées à l’envi, ses œuvres agissent telles
des vigies lors de balades en ville. Elles rassurent au sortir d’un bar, au détour d’une rue mal famée ou en attendant un transport en commun. « Souvent, les femmes me remercient, m’indiquent les rues problématiques ».
« DES PORTRAITS DE VICTIMES QUI VONT SE DÉFENDRE »
Pour autant, Julie entend dépasser la seule cause féministe. Elle souhaite inscrire sa démarche au-delà des genres car, dit-elle, « l’injustice est globale et touche tout le monde ». Aussi, elle n’exclut pas de s’inspirer de modèles transgenres pour soutenir leurs revendications face à la résurgence du conservatisme...
À visiter / c @ladame_quicolle
La Brigade du respect DES MOTS SUR LES MAUX
La rue n’offre pas la même expérience à tout le monde, et les femmes ne s’y sentent pas vraiment à leur place. D’après un sondage Ipsos réalisé en 2024, 75 % d’entre elles déclarent même avoir déjà été victimes de harcèlement dans l’espace public, en France. Dans la métropole lilloise, la Brigade du respect lutte contre ce fléau en bombant sur les trottoirs des punchlines qui ne manquent pas de mordant. Rencontre avec celle qui préfère se faire appeler "J." pour conserver son anonymat, et membre active d’un collectif à la notoriété grandissante.
Le 8 mars 2019, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes. Au départ, elle ne comptait que deux membres qui ont posé une série de punchlines dites "empouvoirantes" dans le centre de Lille, dont celle-ci : « Girl, la rue t’appartient ». Au fur et à mesure, une émulation s’est créée autour du projet. Des passants ont commencé à prendre des photos et à les poster sur les réseaux sociaux, poussant la création du compte Instagram. Tout cela a pris assez rapidement de l’ampleur.
Quel est votre objectif ?
Lutter contre le harcèlement et toutes les autres formes de discrimination dans la rue, à travers
le street art. On parle d’espace public, mais à quel point l’est-il vraiment ?
« LUTTER CONTRE
LE HARCÈLEMENT À TRAVERS
LE STREET ART »
Certains se l’approprient en le squattant, quand d’autres ne font que passer, n’osant même plus s’arrêter. Il est donc question de réinvestir ces endroits, notamment les trottoirs.
Combien de membres le collectif compte-t-il aujourd’hui ?
À l’heure actuelle, nous sommes un noyau de six personnes, mais il y a également une petite dizaine de gens "satellitaires".
Selon leurs disponibilités, ils nous aident durant les sessions de pochage. Nous restons un collectif assez discret, préservant notre anonymat.
Pourquoi avoir choisi la technique du pochoir ?
Parce qu’on peut se l’approprier facilement. La Brigade n’étant pas une association, nous manquons de fonds pour l’achat de matériel. Les bombes de peinture, les plaques et la découpe laser ont un coût.
Comment choisissez-vous vos punchlines ?
C’est un travail en commun. Les fondatrices ont initié ces phrases puis d’autres sont apparues, par exemple : « On se lève et on se casse », en écho à l’intervention d’Adèle Haenel à la cérémonie des César, après la récompense de Roman Polanski. Pour nous, c’était
important de la réutiliser. Certaines sont également issues de collaborations avec des associations féministes, portant par exemple sur les discriminations raciales.
Quels seraient vos phrases préférées ?
Personnellement, « Girl, la rue t’appartient » me parle le plus, car c’est la toute première, mais aussi « Girl, ton corps t’appartient ».
Après, nous avons : « Que faire pour que les hommes cessent de violer, frapper, tuer, silencer, dominer ? ». J’ai l’impression qu’elle choque plus les passants. Pourtant, elle est photographiée et on la retrouve sur les réseaux sociaux. Donc elle questionne, alerte, alarme, dérange peut-être, mais je la trouve très forte.
Comment choisissez-vous les lieux où vous intervenez ?
Ce sont des endroits réunissant bars et restaurants. Nous cherchons aussi une certaine visibilité dans des quartiers plus populaires, des lieux moins touristiques comme Moulins, Lille Sud ou Wazemmes.
De façon générale, comment votre action est-elle perçue ?
Par les piétons, mais aussi par les institutions ?
Nous sommes plutôt soutenues. Je me souviens, et c’était assez
touchant, d’avoir croisé un monsieur assez âgé. Il avait lu un de nos slogans et nous avait dit : « Oh ! Ça va faire du bien à mes petites-filles ». C’était très chouette, car c’est exactement le type de réactions recherchées.
« J’AI L’IMPRESSION
D’ENRICHIR LA RUE »
Après, nous avons toujours le sacro-saint « Oui, mais pas tous les hommes... ».
Avez-vous croisé des personnes plus énervées ?
Parfois, mais en dialoguant, ça passe mieux. Certains policiers municipaux nous lâchent même un petit bonjour. Les grosses altercations restent assez rares.
Plus largement, pensezvous que l’espace urbain est sexiste ? Comment cela se traduit-il ?
Pour moi, il n’est toujours pas sécurisé ni sécurisant, aussi bien pour des femmes cisgenres que transgenres. Disposer ces punchlines au sol ne changera pas la face du monde, mais j’ai l’impression d’enrichir la rue, de permettre d’y trouver une place. Il y a encore beaucoup de travail, notamment pour les personnes en situation de handicap. Nous sommes loin d’un espace public ouvert à toutes et à tous, ce qui est bizarre au regard de son nom. À visiter / c @labrigadedurespect
À lire / La version longue de cette interview sur lm-magazine.com
Créé en 2021, ce festival a valeur de remède, à l’heure où les droits des femmes sont sans cesse remis en cause à travers la planète. Militant, mais pas excluant, ce rendez-vous donne surtout à voir des spectacles bouleversants ou drôles, à entendre des histoires d’émancipation, de légitimité, de sororité et de luttes qui nous concernent toutes et tous, par-delà les genres.
Féministe : un adjectif brandi avec plus ou moins de sincérité, parfois galvaudé. Ce festival s’est imposé comme tel par « nécessité », revendique sa programmatrice, Bérengère Deroux.
« Et il le restera tant qu’il le faudra ». Quand elle a initié ce rendez-vous, en 2021, il s’agissait de
« défendre des projets portés par des femmes et qui ne trouvaient pas preneurs, car la plupart des décideurs étaient des hommes ». Depuis, la société a évolué, et cette parole s’est largement répandue sur les plateaux. Ces derniers mois n’en furent pas moins « éprouvants » pour les droits de la moitié de l’humanité, entre la culture du viol mise en lumière par le procès de Mazan, le retour des politiques anti-IVG aux ÉtatsUnis... S’il défend « la construction d’une société plus égalitaire, plus juste et inclusive », cet événement militant n’a pourtant rien
de querelleur, ni de misandre - un écueil pas toujours facile à éviter. En témoigne la présentation de Fils de bâtard d’Emmanuel De Candido. Dans ce spectacle poignant, ce "zinneke" raconte comment il a décidé de rechercher un père qu’il ne connaît pas... avant de se rendre compte que la véritable héroïne de sa vie, c’est bien sa mère, qui l’a élevé seule.
« Une histoire vraie, comme quasiment toutes les pièces que l’on présente », précise Bérengère Deroux.
Les préjugés à la barre
Toucher à l’intime pour mieux atteindre l’universel, c’est aussi ce que réalise avec maestria Sandrine
Juglair. Depuis toute petite, cette acrobate souffre d’un regard critique sur son corps, jugé trop "masculin". À travers Dicklove , elle a décidé de s’amuser de cette assignation, jouant de l’ambiguïté entre force et féminité autour d’une barre de pole dance et d’un mât chinois. En somme, de s’extraire des cases... comme Sarina.
Aveugle depuis l’enfance, cette chanteuse belge a toujours refusé d’être réduite à son handicap,
jusqu’à le cacher. Au fil « d’une playlist de la mort qui tue », derrière son piano, elle raconte son parcours tout en célébrant les artistes qui l’ont inspirée, de Billie Eilish à Joséphine Baker. Soit autant de guerrières qui ont changé la face du monde, avec puissance et douceur... Julien Damien
Mons, 26.03 > 04.04, Théâtre le Manège, Arsonic, Théâtre Royal, P’tite Maison Folie 1 spectacle : 12 > 3€ (- 12 ans) • soirée combinée deux spectacles : 20€, surmars.be
Rire sans tabou, pour convertir tout le monde. Voilà le credo de Sabine Vincent, qu’on trouve derrière la marque Ranafout. Cette créatrice défend le féminisme à coups de crayons estampillés "Patriarcaca" et de pin’s graphiques en forme de serviette hygiénique. Une manière de faire avancer la cause, dans un arc-en-ciel de délicieuses irrévérences.
Il y a de la rage et un côté "anar" dans les pièces de Ranafout. Mais au fond, cette artiste de Seine-Saint-Denis est une crème. La preuve ? En voici deux : elle ne peut s’empêcher d’écrire "Balclito" en rose bonbon et "Va mourir" dans un tendre cœur, sur ses pulls ou ses tasses. Pour sûr, Sabine Vincent défend une certaine esthétique du féminisme.
« MILITER AVEC DE L’HUMOUR ET DES COULEURS »
« Je voulais lever les tabous, parler tout haut de vulve et de femme castratrice. Militer avec de l’humour et des couleurs », résume la créatrice, qui a longtemps eu
les cheveux bleus - et tient notamment la basse d’un groupe punk rock. Les accessoires à messages sont à la mode ? L’habitante de Saint-Denis se plaît à les bousculer en proposant des pin’s en forme de slips ou avec le mot "Ragnagnas" en lettres sanguinolentes. Le prochain « évoquera peut-être la ménopause », puisqu’il faut rester créatif dans ce monde en pleine bourre de la phrase choc.
Sans complexe. Féministe, Sabine Vincent l’est vraiment devenue à la naissance de sa première fille. « Il y a vingt ans, c’était une insulte. Aujourd’hui, les gens me remercient d’en parler sans complexe. L’essentiel, pour moi,
c’est de rire ensemble », note « madame Ranafout », comme l’appelaient les premiers à s’esclaffer sur les marchés de Saint-Denis, en 2017, devant les punchlines que cette graphiste exposait pour s’aérer l’esprit. En bon cheval de Troie, ses produits qui déconstruisent la pensée dominante ont utilisé la magie du capitalisme numérique pour exploser leurs ventes depuis un an.
« Mes tasses viennent de Chine et mes pin’s d’Espagne, mais je fabrique mes autres accessoires
dans un fablab local. J’essaie de tout rapprocher peu à peu, pour créer de l’emploi dans le 9-3 », assure Ranafout. Elle reverse un euro à la Maison des femmes de sa ville à chaque pin’s "Ragnagnas" vendu, offre les bénéfices de son "Fuck Friday" à des associations et participe à un atelier de collages féministes le 8 mars. Derrière les mots, un vrai (et joyeux) combat.
À visiter / ranafout.fr, c @ranafout_
À retrouver / Memento Mori à Lille, Belge une fois à Bruxelles, Le Petit boudoir à Uccle
Que diable, un peu de magie dans ce monde de brutes ! Pour cela, on peut compter sur José Elgueta, qui définit son travail comme « de la science-fiction chamanique contemporaine ». Inspiré par le neuvième art (« pour sa façon de raconter des histoires visuellement ») comme le muralisme (« pour la relation entre l’image et l’espace »), cet illustrateur chilien n’aime rien tant qu’« imaginer des mondes alternatifs et explorer la condition humaine ». Ses œuvres jonglent ainsi avec des symboles séculaires et ceux de la culture pop, associant soleil ou tête de mort à un style très "streetwear", voire queer. Il s’agit de favoriser « des connexions avec l’ancestral et le spirituel dans un contexte moderne ». Rien d’étonnant donc à ce que la nature, « souvent oubliée dans nos sociétés », demeure « un élément clé » de ses compositions. C’est ici une jeune femme dialoguant amoureusement avec une fleur, là des garçons traversés par des lianes... « Mes personnages sont souvent intégrés à leur environnement, comme s’ils faisaient partie d’un écosystème visuel ». Serait-ce aussi pour cela que sa palette regorge de teintes beiges ou marron ? « Oui, j’aime utiliser des couleurs qui évoquent la terre et les éléments organiques. Ces tons sont liés à la nature, au rituel, au primitif et créent un sentiment d’intemporalité », explique ce fan de Takashi Murakami, Picasso ou, on vous le donne en mille... Jamie Hewlett, dessinateur en chef de la tribu Gorillaz. Ces soldates casquées et vues de profil en constituent d’ailleurs un fort bel hommage. Pas de doute, ça cartoon ! Julien Damien
À visiter / c @tukuart
À lire / L’interview de José Elgueta sur lm-magazine.com
« IMAGINER DES MONDES ALTERNATIFS ET EXPLORER LA CONDITION HUMAINE »
Freak Kitchen
lun. 03 mars | The Black Lab - Wasquehal
Thomas Dutronc
mar. 04 mars | Thé. Sébastopol - Lille COMPLET
Meute
mar. 04 mars | Le Zénith - Lille COMPLET
Sierra + Sure
mer. 05 mars | The Black Lab - Wasquehal
Lord Esperanza
mer. 05 mars |
Jahneration + Fatbabs
jeu. 06 mars |
Broken Back
ven. 07 mars |
La Bulle Café - Lille
Le Splendid - Lille
Le Splendid - Lille DER. PLACES
Halfpipe Records
Nollie In The Club
ven. 07 mars | The Black Lab - Wasquehal
Stories
sam. 08 mars | Le Zénith - Amiens
sam. 19 avril | Le Splendid - Saint-Quentin jeu. 24 avril | L'Embarcadère - Boulogne-/s-Mer
Stephane
Sam. 08 mars | The Black Lab - Wasquehal
Carmen
Sam. 08 mars | Lille Grd Palais - Lille DER. PLACES
Maxence
Sam. 08 mars | Slalom - Lille
Asian Dub Foundation
dim. 09 mars | Le Splendid - Lille DER. PLACES
Architects
lun. 10 mars | Le Zénith - Lille
Lutan Fyah + Jah Mason + Zhayna
mer. 11 mars | The Black Lab - Wasquehal
Jamie Cullum jeu. 12 mars | Le Colisée - Roubaix
Marion Roch
jeu. 13 mars | La Bulle Café - Lille
Arma Jackson + Enchantée Julia
ven. 14 mars | Le Flow - Lille
Contrefaçon
sam. 15 mars | Slalom - Lille
Franglish
dim. 16 mars | Le Zénith - Lille
Xavier Polycarpe
mar. 18 mars |
La Bulle Café - Lille J9UEVE
mer. 19 mars | Le Splendid - Lille
Spider Zed + 2TH
jeu. 20 mars | Le Splendid - Lille
Klone + The Old Dead Tree
ven. 21 mars | The Black Lab - Wasquehal
Sauvan jeu. 27 mars | Le Splendid - Lille Zélie jeu. 27 mars | Le Grand Mix - Tourcoing
Furlax
ven. 28 mars |
RÉSA:
agauchedelalune.tickandyou.com et dans les points de vente officiels habituels graphisme : marceau truffaut - IG @hypothese.studio
Pour une fois, ne perdons pas de temps à revenir sur la carrière du plus new-yorkais des Gallois. Oublions ses collaborations avec l’avant-garde de la Grosse Pomme (La Monte Young, Tony Conrad ou Terry Riley, entre autres). N’évoquons pas son apport fondamental au son du Velvet Underground. Passons sous silence son rôle de producteur pour quelques albums qui marquèrent la fin du siècle (Happy Mondays, The Stooges, Brian Eno, The Modern Lovers, Lio…). Rien sur ses BO pour Laetitia Masson ou Philippe Garrel. Inutile de s’appesantir sur son âge d’or en solo, c’està-dire les années 1970-75, qui le vit sortir une poignée de chefs-d’œuvre (Vintage Violence, Paris 1919, Fear, Helen Of Troy…). C’est acquis : voici un monument du vingtième siècle. Mais surtout, John Cale est vivant. Il compose, enregistre et signe des disques qui, certes, ne sont pas tous réussis, à l’image de Mercy (2023), décevant malgré la participation de grands noms (le regretté Tony Allen, Laurel Halo, Weyes Blood, Panda Bear et Avey Tare ou encore Fat White Family). En revanche, le récent POPtical Illusion (2024) prouve que l’homme demeure, à 82 ans, inspiré, pertinent et, surtout, inclassable.
Maasmechelen, 01.03, Centre culturel, 20h15 complet !, ccmaasmechelen.be Bruxelles, 04.03, Cirque royal, 20h, 44/40€ cirque-royal-bruxelles.be
Ditz
LE BRUIT ET LA FUREUR
Squid, Lambrini Girls, Ditz… Décidément Brighton, charmante bourgade de l’English Riviera, est en passe de devenir le repaire de tout ce que l’Angleterre compte de misfits et de rockers déviants. Formé voici dix ans, Ditz s’était fait remarquer avec The Great Regression (2022). Soit un condensé de quarante ans de rock revêche, qui les plaçait dans la lignée d’une scène américaine portée sur le boucan amené au rang d’art majeur – songez à Shellac, à The Jesus Lizard. L’ensemble combla également les petits cœurs sensibles, puisque ce gros nounours de Joe Talbot (Idles) ne tarit pas d’éloges sur ce quintette. Les Anglais radicalisent la formule et un deuxième essai, mixé par le légendaire Seth Manchester (Battles, Lightning Bolt) donne à entendre ce dont la bande est capable sur scène. En l’occurrence une mécanique implacable, une écriture au cordeau, des cathédrales soniques aux multiples coins et recoins – quelque chose qu’on n’avait guère entendu depuis 1998 et The Shape Of Punk To Come de Refused. Bref, une nouvelle pierre de touche d’une certaine idée du bruit. Thibaut Allemand Bruxelles, 02.03, Botanique, 19h30, complet !, botanique.be Lille, 08.03, L’Aéronef, 20h, complet !, aeronef.fr
La comédie musicale rock de Broadway aux 4 Tony Awards enfin en Belgique !
Hedwigand
the Angry Inch
20.04
LE THÉÂTRE LA LOUVIÈRE
22.03
LE THÉÂTRE LA LOUVIÈRE
Subtil et stylé, Albin de la Simone continue de nous enchanter. (France Inter)
toute la saison ↓
Albin de la Simone
Sharon Van Etten & The Attachment Theory
Révélée en 2012 avec Tramp, Sharon Van Etten, autrice d’une flopée d’albums confidentiels, se tenait là-haut, aux côtés des Cat Power ou PJ Harvey. Elle joua même son propre rôle dans la troisième saison de Twin Peaks, en 2017. Or, son huitième LP, écrit avec son groupe de scène, embrasse des territoires cold wave à peine effleurés sur le précédent. Composé dans le désert de Mojave et enregistré à Londres sous la houlette de Marta Salogni (Memento Mori, de Depeche Mode), ce disque délaisse l’introspection au profit du collectif. De quoi donner, sur scène, de belles étincelles noires et blanches. T.A.
Anvers, 07.03, De Roma, 20h, 33/31€, deroma.be
Candeur Cyclone
Confessions suicidaires, scansions naïves, volonté d’exister… Candeur Cyclone, c’est l’adolescence, avec ce qu’elle a d’entier, d’idéaliste. D’irritant et de mal dégrossi, aussi. Dans ce mélange d’énergie punk rock, de flow rap autotuné, d’éclats techno et de mélodies pop, Mina et Marius, sortes de petits cousins d’Eloi, remuent souvent, émeuvent parfois. Warning ! Ces deux-là ont déjà 23 ans. Que deviendra Candeur Cyclone, l’âge adulte enfin assumé ? T.A.
On ne va pas vous faire le coup de la métaphore éculée sur la chrysalide et le papillon. N’empêche, il y a bien de cela dans le parcours de Jamie xx, jeune Anglais pâlot (pléonasme) devenu, en une quinzaine d’années, expert ès-tubes indie, réclamé derrière les manettes des plus grands, acclamé dans les clubs comme sur les scènes.
C’est dans la pureté du noir et blanc que surgit Jamie xx. C’était en 2009. Jamie et ses amis (Romy Madley Croft et Oliver Sim) apparaissaient mal fagotés, timides et gauches, mais ô combien inspirés à l’heure de composer des chansons d’une tristesse et d’une profondeur insondables. Le premier essai de The xx, à l’épure héritée de Young Marble Giants, demeure toujours aussi pertinent. Cependant, la couleur est revenue dans la vie de Jamie Smith, par des biais variés. Le Londonien a essayé, tâtonné, collaborant avec Gil Scott-Heron, Frank Ocean et Tyler, The Creator, alignant les remixes (Glasser, Nosaj Thing, Adele, Radiohead, Four Tet, on en passe) et, surtout, signant deux albums éminemment personnels.
La métamorphose. Faisant fi du précepte de l’oncle Tati (« trop de couleurs distrait le spectateur »), l’Anglais signait In Colour (2015), merveille electropop présentant le dancehall hédoniste à un dubstep mélancolique. Mais c’est avec In Waves qu’il signait l’un des plus beaux disques de l’an passé, en condensant pas loin de quarante ans de musiques électroniques dans un album aux allures de DJ set imaginaire – et idéal. Adieu, les débuts tristounets de The xx, place à des morceaux insensés où la démesure (son savoir-faire technique) le dispute à l’intime. Car au fond, bien qu’épanoui, Jamie xx demeurera toujours ce post-ado timide et mal fagoté qui préfère passer des disques plutôt que danser dessus. Thibaut Allemand
Bruxelles, 09.03, ING Arena, 20h, complet !, ing.arena.brussels
Bønanza + Émile Bourgault
De Caravane à New Bleach, du punk-rock à l’indie-pop, voici une quinzaine d’années que ce Québécois balade ses guitares et claviers avec son complice Raphaël Potvin. Le voici en solo sous l’alias Bønanza, nageant dans des eaux plus funk et soul (pour « danser comme James Brown ») et un premier LP sous le coude, Prince Limonade, sucré et pétillant à souhait. Et puis, pour une fois, on arrivera à l’heure pour ne pas manquer la première partie, assurée par son compatriote Émile Bourgault. À seulement 19 ans, celui-ci s’est fait un nom au pays de Robert Charlebois avec des morceaux pop-folk et un album intitulé, on vous le donne en mille... Tant mieux ! J.D.
« Androïde, androgyne », chante-telle. On ajouterait éclectique. Nouvelle venue sur la scène musicale belge, Bloocat est du genre inclassable. En témoigne Sphinx, son premier album, qui oscille entre rap, electro, trip-hop ou même reggae, sans pour autant s’éparpiller. Ce grand écart est maintenu en équilibre par un spoken word tantôt rageur ou désenchanté, servant des textes qui font la part belle à une poésie urbaine percutante. J.D.
La Louvière, 12.03, Le Stock, 20h, 18 > 10€ cestcentral.be
Voici deux ans, à la sortie de The Sex EP, The Dare incarnait à lui seul les espoirs d’un New-York qu’on n’avait pas connu aussi caustique depuis les premiers ébrouements de LCD Soundsystem, peu après le 11-Septembre. Mais si James Murphy ruminait, pince-sans-rire, son vieillissement et sa potentielle ringardisation dans l’inusable Losing My Edge, la position de The Dare, alias Harrison Smith, est un chouïa différente. Ce gandin de 28 printemps s’avère à la fois producteur de tubes implacables (citons Guess, de la paire Charli XCX et Billie Eilish) et maverick expert ès-trollage à l’hédonisme peu finaud – Girls, tout en débauche rigolarde. Celui qui avait commencé au sein de projets indie rock aussi anonymes que génériques semble avoir trouvé la formule magique : une grosse louchée d’humour sehr schwer, façon International Deejay Gigolo, alliée à une touche d’indie dance telle que pratiquée par les précités LCD Soundsystem et la clique DFA Records. Le résultat amuse et, sans rien renverser, s’avère suffisamment accrocheur pour passer un bon moment. Thibaut Allemand
DR HOUSE – Un morceau du patrimoine de l’electro française, ni plus ni moins. Du mythique duo Motorbass formé avec le regretté Philippe Zdar à la trilogie Super Discount (sans oublier Tempovision !) Étienne de Crécy a écrit les plus belles pages de la French Touch, aux côtés de Daft Punk, Air ou Cassius. Pourvoyeur d’une house sophistiquée, tout en négociant des virages techno frappadingues, ce Lyonnais passé par Versailles s’est aussi fait un nom avec des concerts pensés comme des shows über-technologiques. Et ce n’est pas fini ! Le voilà de retour avec Warm Up, album où il expérimente tous azimuts, promettant son lot de surprises en live... Et sinon ?
PANSOUL
Un coup d’essai comme un coup de maître. En 1995, l’ingénieur du son publie avec Philippe Zdar (rencontré... lors d’un enregistrement pour Niagara) ce qui sera l’une des pierres angulaires de la French Touch Pansoul, c’est tout simplement « de la techno mixée par des mecs qui faisaient du hip-hop », selon l’intéressé.
Le Patron est devenu fou, Prix choc (et son refrain enfumé : "Sinsemilla, marijuana")... C’est avec ces intitulés anti-inflation, et surtout une house gracieuse, qu’Étienne de Crécy lance l’aventure Super Discount, qui deviendra une trilogie loin d’être au rabais !
VISION PÉRIPHÉRIQUE
Baxter Dury, Pos & Dave (De la Soul), Keren Ann, Damon Albarn, Alex Gopher, Air, DJ Mehdi ... Voici un (petit) échantillon des artistes ayant collaboré avec Étienne de Crécyqui a débuté ingénieur du son pour Bashung ou Daho !
SHOW DEVANT !
Étienne de Crécy sait comme peu d’autres mettre sa musique en scène. Ce fut l’échafaudage cubique habillé de filets-écrans de Square Cube, ou encore le maelstrom visuel et sonore de Space Echo. À quoi s’attendre pour la tournée de Warm Up ? Mystère...
Ces dernières années, la country fut investie par des personnalités inattendues. Outre Beyoncé ou Gwen Stefani, on songe surtout à l’ex-punk Orville Peck, devenu cowboy gay masqué. Ou Sturgill Simpson, qui frappa un grand coup avec Sound & Fury (2019), gigantesque carambolage de pedal steel, beats electro et de synthés disco. On le vit ensuite dompter un tracteur-tondeuse dans un LP bluegrass (le bien-nommé Cuttin’ Grass). Le natif du Kentucky vient de publier, sous le pseudonyme (volontairement) ringard de Johnny Blue Skies, un disque parfait de ballades mêlant country, pop, soul et blues. Plus classique, mais pas moins renversant. T.A.
Bruxelles, 21.03, La Madeleine, 20h, 39€, la-madeleine.be
Dieuf-Dieul de Thiès
Lorsque ce collectif se sépare, en 1983, peu s’en émeuvent, au-delà de la Gambie ou du Sénégal. Là-bas, le groupe s’est forgé une solide réputation en à peine quatre ans grâce à un son afro-jazzo-mandingue, mêlant guitares fuzz et traditions musicales ancestrales. Or, DDdT a publié en fin d’année son premier véritable album studio, édité par le label Buda Music (la série des Ethiopiques, ce sont eux). Cette fois, les oreilles européennes sont prêtes ! T.A.
Tourcoing, 20.03, Le Grand Mix, 20h, 18/14€ legrandmix.com (Le Temps d’une Lune)
Un Survivant de Varsovie
ROMPRE LE SILENCE
À l’heure où nous écrivons ces lignes, les USA et une bonne partie de l’Europe sont gouvernés par l’extrême-droite. Elon Musk effectue des saluts nazis, défendu par un Premier ministre israélien tenté de déplacer deux millions de civils pour satisfaire ses rêves expansionnistes. Ah, et un rappeur névrosé vend des T-shirts ornés d’un swastika. Écouter de la musique ? Pourquoi pas.
« Écrire un poème après Auschwitz est barbare ». Cette citation de Theodor W. Adorno (Prismes, 1955) a longtemps provoqué les débats. Que nous ne règlerons pas ici. Cependant, on peut lui opposer, l’air de rien, un… poème d’Evgueni Evtouchenko, Babi Yar. Nom d’un ravin situé à Kiev où eut lieu, les 29 et 30 septembre 1941, le massacre de 33 771 juifs par les Einsatzgruppen. Ce crime de masse fut passé sous silence par l’URSS, soucieuse de gommer les particularismes. C’est ce fameux poème qui le sortit de l’oubli, en 1961. Des vers à l’origine de la Symphonie n° 13 de Chostakovitch, pour qui « l’art détruit le silence ». Marquée par la mélancolie d’un Mahler, cette œuvre évoque les nombreux épisodes antisémites qui jalonnèrent l’Histoire (l’affaire Dreyfus, la vie tragique d’Anne Frank…) et déploie une puissance funèbre (ici servie par l’ONL) qui ne peut laisser insensible. Autre monument sur le même thème, l’oratorio d’A. Schoenberg, Un Survivant de Varsovie (1947) imagine le destin d’un Juif n’ayant pas eu la chance de fuir, comme le musicien, les persécutions. Barbares, ces pièces ? Non, bien sûr. Antidotes aux racismes ? Essayons, faute de mieux. T.A.
Lille, 16.03, Nouveau Siècle, 16h, 49 > 6€, onlille.com Programme / Schoenberg - Un Survivant de Varsovie // Chostakovitch - Symphonie n°13, "Babi Yar" (ONL. dir : Joshua Weilerstein, Philharmonia Chorus, récitant : Lambert Wilson)
Ils sont new-yorkais, et thuriféraires d’un hip-hop foncièrement positif, mâtiné d’influences pop, jazz ou psychédéliques. De la Soul ? Perdu. Il s’agit de leurs parrains, les Jungle Brothers. L’Histoire n’a pas été tendre avec eux, leur préférant leurs cadets, donc, ou A Tribe Called Quest au rayon Peace, Love, Unity. Pourtant, ces faux frangins et vrais novateurs (le tube I’ll House You, une collaboration avec Propellerheads) ont charbonné durant toutes les 90’s. Après un hiatus d’une grosse quinzaine d’années, Mike Gee, Afrika Baby Bam et DJ Sammy B sont revenus aux affaires en 2020. Les hommes ont vieilli, mais la flamme est toujours là. T.A.
Eeklo, 22.03, N9- Muziekclub, 20h, 28/25€, n9.be
Benjamin Epps
À rebours d’une certaine tendance du hip-hop à évacuer le passé, Benjamin Epps cite allègrement Notorious BIG et conviait MC Solaar, Lino (Ärsenik) ou encore Styles P sur un premier album de très bonne tenue. Sur le suivant, excepté un feat du pénible Abd Al Malik, le Gabonnais se débrouille tout seul comme un grand et poursuit dans une veine boom bap qui a toujours fait ses preuves. Novateur ? Sans doute pas. Efficace ? Assurément ! T.A.
Amiens, 21.03, La Lune des pirates, 20h30, 15/10€
Dunkerque, 23.05, Les 4 Ecluses, 20h, 15/10€
Bruxelles, 24.05, Ancienne Belgique, 19h, 17€
En mars à la Condition Publique
06 et 07.03
spectacle — Velvet
La rose des vents
08.03
concert Club Alim
Roots Rock Roubaix #4
14.03
spectacle — Suspended Chorus
Le Gymnase
Festival Le Grand Bain
19 et 20.03
spectacle — Les jolies choses
La rose des vents + Le Gymnase
Festival Le Grand Bain
21.03
concert Club ALim
Distinct Era #3
21, 22 et 23.03
défi Kino — Labo 148 x Séries Mania
Snapped Ankles
Depuis 2011, ce groupe de furibards anonymes arpente l’East End, autrefois dernier bastion et refuge avec le sud de la ville, d’une certaine idée de la bohème londonienne. Ça ne pouvait pas durer, et nos musiciens, parfois grimés en hommes-arbres ou coiffés d’une motte d’herbe, ont désormais du mal à payer le loyer, comme l’indique l’ouverture de leur nouvel album (Pay The Rent ). Ces chansons trempées dans la morgue pince-sans-rire et atrabilaire de The Fall évoquent souvent la folie douce de Devo et le savoir-faire de The Network. Soit un art punk électronique et volontiers épileptique, dopé aux rythmiques motorik et aux mélodies frénétiques. T.A.
Issu de la scène indie hexagonale (La Secte du Futur, Marietta…), Bryan’s Magic Tears reste une valeur sûre de la maison Born Bad. La bande menée par Benjamin Dupont délaisse un peu le garage pour mieux rebondir sur des rythmiques baggy et dessiner des mélodies éthérées façon Stone Roses. Elle appuie aussi sur des murs bruitistes tels qu’érigés par My Bloody Valentine, le tout relevé de discrets apports électroniques… Un délicieux songe rétromaniaque. T.A.
ZOUFRIS MARACAS + Cissou 11 25 29 LA VIE EN VRAI (AVEC ANNE SYLVESTRE)
Art contemporain & patrimoine
JE SUIS UNE MONTAGNE
Eric Arnal-Burtschy
Performance - En lien avec l’exposition 4-10
ZIGGY STARDUST - TRILOGIE 72 Léonie Pernet
En partenariat avec le Louvre-Lens
Cie Les Louves à Minuit
CØDA
Cie E.V.E.R - Camille Rocailleux À partir de 14 ans
YOUTH LAGOON
Rarely Do I Dream
(Fat Possum Records)
Et si l’intérêt principal d’un disque résidait dans ses défauts ? Et si ce qui rebutait de prime abord s’avérait un moteur créatif ?
C’est le cas du quatrième album de Youth Lagoon. Pour rappel, cet Américain signait, en 2011, The Year Of Hibernation, petite réussite bedroom pop mêlant prises de son calamiteuses, songwriting inspiré et grands maux intérieurs. Deux ans après le plus acoustique Heaven Is A Junkyard, Trevor Powers, vague sosie de Phil Spector grimé en Marc Almond, revient à ses premières amours – psychédélisme confiné, confessions attrapées à la volée et field-recordings de l’intimité. Mais quelque chose cloche : ces rythmes rincés, déjà entendus. Or, c’est autour d’eux que l’Américain construit ses morceaux et redouble d’imagination. C’est de la musique sous contraintes, à la manière de l’OuLiPo. Ainsi, le "tatapoum" générique permet à Youth Lagoon de faire pleurer sa guitare façon The Durutti Column. Ailleurs, ce "poum-tchak" banal laisse les synthés évoquer des paysages jadis dessinés par Kate Bush. Quant au chant fragile et abîmé, le voici se dédoubler, entre complaintes maladives et chœurs séraphiques. Bref, un disque dont les imperfections font jaillir la grandeur. Thibaut Allemand
EVERYTHING IS RECORDED
Temporary (XL Recordings)
En 1998, UNKLE, projet musical mené par James Lavelle, boss de Mo’Wax, fit grand bruit. C’était une fête de famille réunissant le gotha de l’époque, de Thom Yorke à Mark Hollis, de Mike D (Beastie Boys) à… Jason Newsted de Metallica. L’objet de cette chronique relève aussi de l’envie musicale d’un producteur et boss d’un label. En l’occurrence Richard Russel, de XL Recordings, qui a fait valser le Rolodex : Sampha, Bill Callahan, Florence Welch, Jah Wobble… on en passe ! Le troisième volet de cette série fait défiler les joyaux soul, un hip-hop serti d’éclats de music-hall d’antan, du folk minimalo-futuriste, de la pop gospel… Soulignons le soin tout particulier apporté à la production. Comme quoi, les cordonniers aussi peuvent être bien chaussés. Thibaut Allemand
THE LIMIÑANAS – Faded
(Because Music)
Deux ans après l’excellent Boom Boom (cosigné avec Pascal Comelade), quelques BO et la réalisation du (formidable) dernier LP de Brigitte Fontaine, les Perpignanais poursuivent leur route, composent, enregistrent et invitent une palanquée d’amis. Le résultat : un neuvième essai où se bousculent les totems habituels (Stooges, Velvet, Suicide, Can, Dutronc…), les guitares fuzz, claviers analogiques et plugins VST. Au programme ? Un classique instantané (la chanson-titre, avec l’Anglaise Penny), de la pop nocturne (Catherine, avec Anna Jean), une variation stonienne (Prisoner of Beauty, avec Monsieur Bobby Gillespie), une reprise codéinée de Louie Louie Chacun de ces morceaux mériterait un ouvrage à lui seul et The Limiñanas, une statue place de la Loge. Ni plus, ni moins. Thibaut Allemand
PANDA BEAR – Sinister Grift
(Domino)
Une sinistre arnaque, vraiment ? Ne pas s’arrêter à cet intitulé, forcément trompeur. Si Animal Collective ne renoue que rarement avec son génie des années 2000, les parutions en solo de Noah Lennox, alias Panda Bear, sont toujours recommandables. Le nouvel et septième essai de l’Américain expatrié à Lisbonne témoigne encore une fois d’une obsession pour les harmonies vocales façon Beach Boys. Elles sont parfois mâtinées d’une certaine saudade portugaise, et d’une appétence pour les mélodies simples rehaussées d’effets variés. Co-réalisé avec Deakin (membre d’Animal Collective itou) Sinister Grift renoue avec la fraîcheur de Person Pitch (2007), un soupçon de mélancolie en sus. Thibaut Allemand
SAEKO KILLY –
(Bureau B)
Dream in Dream
Née et grandie à Tokyo, Saeko Killy s’est installée à Berlin en 2018 et déploie une electro rétrofuturiste qui ne pouvait que plaire à Bureau B. Tour à tour planants ou suffocants, bardés d’effets dub, laissant une large place à l’espace et au silence, ces morceaux chantés en anglais, en allemand et en japonais renouent avec une certaine idée de la Neue Deutsche Welle. Les oreilles distraites pourraient n’y entendre qu’une variation post-80’s telle que conçue voici vingt ans par Miss Kittin and The Hacker, l’ironie distanciée en moins. C’est heureusement bien plus que cela. Ceci est son deuxième LP. La suite dira si l’on tient là un simple essai, un exercice de style ou une œuvre en devenir – on penche évidemment pour cette option. Thibaut Allemand
TIM LAWRENCE
Love Saves the Day
(Audimat)
Comment raconter l'histoire du disco, véritable phénomène de masse et genre ô combien séminal ? À travers le parcours d'une figure, celle de David Mancuso. Né en 1944, grandi entre orphelinat et foyers de redressement, le New-Yorkais lance ses propres soirées, chez lui, lors de la Saint-Valentin 1970. Love Saves The Day fut l'intitulé de la première. On y croisa au fur et à mesure de grands noms tels Larry Levan ou Frankie Knuckles. Le tout par cooptation. Un machin snobinard pour happy few ? Non, une façon de créer un espace où chacun (noirs, gays, latinos, entre autres) danserait en sécurité. Et les oreilles bien traitées, puisque Mancuso fit construire un sound-system de pointe qui « faisaient vibrer les entrailles ». Puriste, il refusa de se professionnaliser, envisageant ses soirées comme des alternatives aux mastodontes (Studio 54, Paradise Garage…). Cet ouvrage donne à voir la naissance du mix, la promotion dans les clubs et l'impact socioculturel de ce que l'on n'appelait pas encore le clubbing. Se bousculent ici les témoignages de Mancuso lui-même (disparu en 2016) mais aussi Nicky Siano (DJ au Studio 54), la chanteuse Loleatta Holloway, Giorgio Moroder… Quelle somme ! 568p., 24€. Thibaut
BELKACEM MEZIANE – Disco, 100 hits de 1972 à nos jours (Le
Mot et le Reste)
Histoire de ne pas quitter la soirée trop vite, jetons-nous sur la réédition d'une courte histoire du disco. Passée une introduction revenant sur les enjeux politiques, sociaux, financiers, artistiques et soulignant le rôle prépondérant du producteur et de l'arrangeur, Belkacem Meziane déploie un vaste panorama mondial du genre en cent morceaux plus ou moins célèbres. Richement documentées, ses analyses fourmillent d'anecdotes sur des titres signés Manu Dibango, Carl Douglas ou Donna Summer. On croise également des noms parfois inattendus (The Sugarhill Gang), un chouïa honteux (Corona) et quelques héritiers (Jimmy Somerville, Daft Punk, Kylie Minogue…). Bref, un complément essentiel au livre ci-dessus. 244p., 22€. Thibaut Allemand
Allemand
A.
COJEAN,
T. ROJZMAN & T. BAUDOIN
Les Mémoires de la Shoah (Dupuis)
Quatre-vingts ans après la libération des camps, les éditions Dupuis publient une adaptation BD des reportages qu'Annick Cojean a écrits en 1995 sur les enfants de la Shoah. Il est question des descendants de rescapés du génocide, mais aussi des filles et fils de bourreaux nazis, qu’elle ira jusqu’à faire dialoguer. La journaliste accompagne alors une libération de la parole qui permet de changer la manière de parler de l’Holocauste. Loin des dates et des chiffres, ces témoignages impriment leur marque durablement. La lecture est parfois insoutenable mais ce passage au Neuvième art s’avère un défi réussi, tant il était difficile de mettre en images et en couleurs cette plongée dans ce que l'Homme a commis de pire. 144p., 25€. Pascal Cebulski
ALBAN LEFRANC
Dis-moi qui tu hantes (Éditions Verticales)
Au croisement des voix s'esquisse un portrait. Celui d'un écrivain fictif, dont l'œuvre semble maigre, et la déchéance cruelle. Julien Mana a été saisi par l'écriture, et pour un temps sauvé. Quand il est retrouvé mort dans un troquet parisien, chacun se souvient de l'effet que sa rencontre a eu sur sa propre vie. Histoires d'amour, de dépendance. Distance et oubli. Le procédé rappellera le Citizen Kane d'Orson Welles. Mana était-il bon écrivain ? Peut-être n'a-t-il été effleuré que par une promesse, trop prompt à se couler dans l'excès et le manque. Alcool, psychiatrie... Le ratage est spectaculaire. Mais la belle idée aura été de donner chair à l'un de ces noms s'accumulant dans les bacs de soldes, avant passage au pilon. 180p., 20€. R. Nieuwjaer
D. GOMBERT, A. DELALANDE & É. LIBERGE
L'Ange Pasolini (Denoël Graphic)
Voici 50 ans, Pier Paolo Pasolini était sauvagement assassiné sur une plage d'Ostie, près de Rome, par des garçons masqués. Était-ce là un guet-apens fomenté par un jeune prostitué ou un meurtre commandité par un consortium financier et politique ? Là n'est pas le sujet de cette BD, qui focalise sur les moments cruciaux de l'existence d'un homme en contradiction permanente - le propre du génie. Au seuil de la mort, ce pourfendeur de la société consumériste se confie à un ange. Le poète et cinéaste raconte dans un noir et blanc foisonnant une vie écartelée entre beauté et laideur, marxisme et catholicisme fervent... Une lecture essentielle, à l'heure où le monde s'enfonce toujours plus dans le cynisme et le mensonge. 104p., 26€. Julien Damien
Séries Mania
PETIT ÉCRAN, IDÉES LARGES
Mais qu’est-ce qui peut bien réunir Astérix et Obélix, Mussolini, une Nounou d’enfer, Alain Chabat ou (entre autres !) une famille de cannibales ? Séries Mania, pardi ! Pour sa huitième saison dans les Hauts-deFrance, le plus grand festival européen du genre propose une intrigue débordante de cliffhangers. Au générique ? Des stars du petit et du grand écran, des avant-premières internationales, des rencontres, de l’émotion, de la réflexion et même... un ancien président de la République. Sacré teaser.
Avant d’accueillir la première édition de Séries Mania à Lille en 2018, Martine Aubry en était « restée à Belphégor ». Depuis, la "dame des 35 heures" a rattrapé son retard et reconnaît que « l es séries sont devenues un miroir de nos sociétés ». Mais jusqu’à quel point la ressemblance estelle frappante ? Par exemple, la figure du président de la République, devenue héroïne du petit écran (de House of Cards à Baron noir ) est-elle vraiment pertinente ? On en discutera lors d’une conférence au Théâtre du Nord avec un expert : François Hollande (!), l’un des prestigieux invités d’une édition qui prend de la hauteur. « Cette année est celle du retour en force des séries
politiques, confirme la directrice générale, Laurence Herszberg. Plus précisément, elles nous éclairent sur la marche du monde, en revenant sur le passé mais avec une lecture contemporaine ».
Le monde en face
Parmi les 45 séries présentées (sur grand écran), on découvre ainsi Mussolini : Son of the Century.
Joe Wright, l’œuvre raconte l’ascension du "Duce" dans l’Italie des années 1920, et donc celle du fascisme. Tournée dans les studios de Cinecittà, la série offre un regard troublant sur la résurgence des populismes un peu partout sur la planète, de Trump à Giorgia
CELESTE
Meloni - qui se revendique héritière du dictateur, rappelons-le... Certes, l’Histoire ne se répète pas, mais elle rime souvent. A Life’s Worth, créée par Mona Masri et Oliver Dixon, illustre parfaitement cette fulgurance de Mark Twain, en revenant sur un drame pas si lointain : la guerre de Bosnie, à la fin du xxe siècle.
« Les vrais héros de cette programmation sont des héroïnes », assure Laurence Herszberg. Parmi elles, Celeste fera sans aucun doute l’unanimité. Cette austère (mais truculente !) inspectrice des impôts s’est donné une ultime mission avant de partir en retraite : faire tomber la plus grande popstar du pays, qu’elle soupçonne de fraude fiscale... Mêlant thriller et comédie, cette série espagnole signée Diego San José offre un rôle sur mesure à une grande complice d’Almodóvar : l’immense Carmen Machi.
En l’occurrence, la série focalise sur les casques bleus, empêchés d’utiliser leurs armes pour stopper le massacre de civils, témoignant de l’impuissance des institutions internationales à s’opposer à la barbarie, au cœur de l’Europe – ça ne vous rappelle rien ?
Chacun sa mifa
Au-delà de la géopolitique, une autre grande tendance se dessine à travers cette programmation : « les sujets concernant la famille ». Quelle soit hautement dysfonctionnelle (à l’instar des cannibales de la tribu des Rose, voir ci-contre), en pleine implosion (le divorce pas évident du couple iranien de At the End of the Night ) ou frappée par un secret inavouable. Ainsi de Querer, signée Alauda Ruiz de Azúa, brûlant récit sur le consentement.
La réalisatrice basque met ici en scène l’implosion d’un foyer après la décision d’une femme de dénoncer son mari (et père de ses deux enfants) qui la viole depuis 30 ans, dans l’apparente quiétude de leur appartement bourgeois de Bilbao...
Ex-fan des nineties
Si ce cru 2025 de Séries Mania fait la part belle à la réflexion et à l’émotion, il ménage aussi une belle place au rire et à la fête (ouf !) en faisant notamment vibrer la
LA + MORDANTE
LA + ANIMÉE
corde ô combien sensible de la nostalgie. C’est le cas au Tripostal de Lille, qui accueille l’exposition Forever 90’s . En suivant un parcours immersif, on (re)vit au sein de reproductions de décors mythiques un âge d’or de la série, de Buffy contre les vampires à Urgences , en passant par Twin Peaks, Friends, Une Nounou d’enfer... Par contre, rien sur Belphégor. Julien Damien
Lille & Hauts-de-France, 21 > 28.03 Nouveau siècle, Majestic, UGC, Théâtre du Nord & divers lieux, gratuit pass Séries Mania : 30€ (offre un accès coupe-file prioritaire), seriesmania.com
« Baroque, et un peu gore ». C’est ainsi que Laurence Herszberg qualifie cette création (française) de Tigran Rosine. Soit l’histoire d’une famille pour le moins dysfonctionnelle. Où l’on suivra les tracas d’un couple en apparence ordinaire, aux prises avec leurs deux ados épris de liberté... et une étrange tradition : ils sont les héritiers d’une lignée de cannibales aux règles très strictes. Ou comment évoquer la transmission à travers le prisme d’une horreur nappée de burlesque. Appétissant !
ASTÉRIX ET OBÉLIX : LE COMBAT DES CHEFS
Plus de 20 ans après son indépassable Mission Cléopâtre, Alain Chabat est de retour dans le village des Gaulois ! S’attaquant pour la première fois à l’animation 3D, il adapte Le Combat des chefs, album publié en 1966 dans lequel Panoramix perd la boule (et donc la recette de la potion magique) après avoir été assommé par un menhir lancé par vous-savez-qui... À Lille, on découvre les trois premiers épisodes de cette mini-série en exclu mondiale... et en présence de son auteur, par Toutatis !
A Real Pain
LES SURVIVANTS
Après la mort de leur grand-mère, deux cousins juifs américains entreprennent de visiter sa maison natale, en Pologne. Entre voyage organisé et sortie de route, chacun se confronte au poids de l’Histoire et à la douleur de survivre.
Est-ce par ironie que Jesse Eisenberg, révélé grâce à son incarnation de Mark Zuckerberg dans The Social Network (2010, déjà !), joue ici un concepteur de bannières publicitaires numériques ? Un peu plus discret ces derniers temps, l’acteur n’a en tout cas rien perdu de son débit mitraillette. Et toujours ce voile de mélancolie qui soudain froisse son visage d’éternel adolescent. Pour sa deuxième réalisation, il se taille un rôle sur mesure. Et offre à Kieran Culkin, découvert dans la série Succession, un personnage d’une grande densité, à la fois charmeur et pénible, énergique et dépressif. David et Benji se retrouvent donc sur la terre de leurs ancêtres. Ici, pas de satire du tourisme de la Shoah (comme dans le décapant Nein, Nein, Nein ! de Jerry Stahl, publié en 2023), mais une réflexion délicate sur un passé qui hante d’autant plus qu’il demeure inimaginable. Si le groupe de touristes peine à exister, Eisenberg parvient à filmer avec une rigueur et une simplicité bienvenues la séquence la plus difficile : celle de la visite du camp de concentration et d’extermination de Majdanek. Là encore, il faut composer avec l’absence. Une gravité soudaine rattrape les personnages, comme une ombre voilant à jamais leur conscience. Celle-ci marque aussi le spectateur. Raphaël Nieuwjaer
De Jesse Eisenberg, avec lui-même, Kieran Culkin, Will Sharpe... En salle
Juin 2008, aux portes du désert de Gobi, en Chine. Ancienne gloire locale, Lang est un motard de cirque, libéré pour bonne conduite après dix ans de prison. En réhabilitation, il est chargé de traquer les chiens errants, mais s’attache à l’un d’eux. Notre héros est aussi recherché par le gang du boucher Hu et se fond dans un décor aride, traversant une ville à la fois fantôme et bouillonnante avant les J.O de Pékin. Entre rencontres cocasses et bastons cartoonesques, le lonesome cowboy va croiser d’anciennes connaissances, peut-être même l’amour… Guan Hu livre une sublime peinture du réel, non dénuée d’ironie et de tendresse, dans une Chine en mutation. Prix "Un certain regard" à Cannes, Black Dog méritait la Palme d’or tant il déborde de maîtrise, dans la forme comme le fond. Selina Aït Karroum
De Guan Hu, avec Eddie Peng, Liya Tong, Jia Zhangke... Sortie le 05.03
QUEER
Adapté du roman de William S. Burroughs, ce film revient sur l’épisode mexicain de la vie de l’écrivain. Au début des années 1950, son avatar William Lee, incarné avec beaucoup de conviction par Daniel Craig, rencontre un jeune homme fraîchement démobilisé (Drew Starkey, belle gravure de mode). Queer ou pas queer ? Pour les personnages, le mot agit encore comme un stigmate. Il faudra qu’ils s’initient à la puissance hallucinogène de l’ayahuasca pour éprouver pleinement la communion des chairs. Dans un élan plastique à la fois monstrueux et sublime, les corps entrent en fusion, se perdent et se retrouvent. La mélancolie tient à ce que cette métamorphose ne peut être que fugace. Et William Lee de retomber dans cet état de manque qu’il aura cherché par tous les moyens à fuir. Raphaël Nieuwjaer
De Luca Guadagnino, avec Daniel Craig, Drew Starkey, Jason Schwartzman... En salle
Y. Drakoulidis, Pan
À bicyclette !
À LA MORT, À LA VIE
Accompagné de son ami Philippe Rebbot, Mathias Mlekuz accomplit le voyage que son fils Youri, 28 ans, a entrepris à vélo avant de décéder. De La Rochelle à Istanbul, les deux sexagénaires vivront une épopée riche en émotion, entre galères et embrouilles, tendresse et franche rigolade. Ou comment évoquer le deuil sans verser dans le pathos.
C’est un film hybride, à la croisée du documentaire et de la comédie dramatique, mariant humour et fraternité. Pour traverser l’Europe à bicyclette, Mathias Mlekuz s’est appuyé sur les carnets de route de son fils, embarquant avec lui son complice de toujours. Son objectif ? Parcourir les lieux qu’il a arpentés, rencontrer les mêmes personnes, notamment Marzi, la dernière fille qu’il a aimée. En somme, il s’agit de faire revivre Youri (quitte à injecter de la fiction de-ci de-là, pour rejouer certains moments insaisissables). Mais cette tentative suppose des chemins de traverse. Plus qu’un pèlerinage sur les traces d’un être cher, ce road trip est une ode à la vie, avec ses rires et ses larmes, ses engueulades et ses instants d’euphorie. Là où l’on attendait de la gravité, le film prend le parti de la légèreté. Chaque difficulté déclenche une histoire rocambolesque, chaque imprévu une occasion de s’élever. Et la joie s’invite tout au long du voyage. Celle de partir vers l’inconnu avec un ami, de rencontrer l’autre ou du simple bonheur d’exister. Mathias Mlekuz signe ici un grand film sur le deuil et la façon de l’affronter. Bathilde Fleuret
De Mathias Mlekuz, avec lui-même, Philippe Rebbot, Josef Mlekuz… En salle
Fuck the Pain Away, Slippery Dick, Fatherfucker : chaque titre de Peaches claque comme une fessée. Découverte au début des années 2000, la Canadienne n’a cessé d’offrir des performances exubérantes et orgiaques. Tournées en 16 mm, les scènes de concert au montage stroboscopique captent parfaitement cette énergie débordante. Mais le portrait que dessine Marie Losier se veut aussi plus intime. En famille, en couple, Merrill Beth Nisker (de son vrai nom) se révèle comme n’importe qui. Parmi les archives les plus drôles, citons celle montrant l’artiste, alors toute jeune, jouer de la guitare pour un groupe de bambins. Et c’est bien grâce à eux qu’elle a appris à s’amuser avec le public. Les enfants n’hésitant pas à cracher ou à griffer s’ils s’ennuient, comme de vrais punks... Raphaël Nieuwjaer
Documentaire de Marie Losier. Sortie le 05.03
AU PAYS DE NOS FRÈRES
Réalisé par les Iraniens Raha Amirfazli et Alireza Ghasemi, ce film dévoile le quotidien des réfugiés Afghans, en Iran. Construit sous forme de chapitres, Au pays de nos frères suit le destin de trois personnages, à partir des années 2000 et durant trois décennies. Il y a Mohammad, étudiant victime de violences sexuelles, Leila, domestique clandestine dont la vie bascule à cause d’une tragédie familiale, et Qasem, qui se voit offrir la nationalité iranienne suite à la mort de son fils. Interprété par des comédiens inconnus (tous exemplaires), cette œuvre à la fois coup-de-poing et délicate confronte le spectateur à la peur, au déracinement et à la solitude vécus par tout exilé. Une belle leçon d’altérité et d’humanité. Grégory Marouzé
De Raha Amirfazli & Alireza Ghasemi, avec Hamideh Jafari, Bashir Nikzad, Mohammad Hosseini... Sortie le 02.04
Figra
VOYAGE AU BOUT DU RÉEL
De la guerre oubliée du Soudan aux espions russes chez Trump, en passant par la jeunesse insoumise d’Iran, ce festival retrace une année de périls et d’espoirs dans le monde. Quelque 70 films signés par des journalistes et documentaristes sont projetés sur grand écran, à Douai. Un bon remède à l’infobésité.
Si vous souhaitez en savoir plus sur la guerre des gangs à Haïti, n’avez rien suivi du scandale de la chlordécone aux Antilles ou cherchez à comprendre les ressorts du conflit israélo-palestinien, alors ne manquez pas la 32e édition du Figra, le festival international du grand reportage d’actualité. Qu’ils durent 18 ou 90 minutes, ces films ont le mérite « d’aller au bout d’un sujet, pour exposer de manière réelle et étayée ce qui se passe sur la planète », résume Georges Marque-Bouaret, délégué général et fondateur de l’évènement.
Sentinelles. Loin du flux torrentiel de l’info instantanée, le Figra accorde du temps au public. Il expose ainsi clairement « le dessous des affaires » ou « les nouvelles formes de résistance aux régimes autoritaires ». Grâce au travail des « journalistes et documentaristes, ces sentinelles sans qui nous ne pourrions pas comprendre le monde ». Derrière les films en compétition se nichent de belles avant-premières, comme Dad’s Lullaby de l’Ukrainienne Lesia Diak, montrant les ravages post-traumatiques de la guerre sur un père de famille. Il y a aussi du théâtre documentaire, avec La France, Empire de Nicolas Lambert, qui raconte l’histoire coloniale de l’Hexagone à travers celle de sa famille. Citons également ce nouveau volet littéraire, avec une librairie partenaire (Sensations, à Douai) et une rencontre d’auteurs animée par Patrick de Saint-Exupéry, fondateur de la revue XXI, histoire de rester à la page. Arnaud Stoerkler
La programmation complète de spectacles, conférences et événements est à retrouver sur louvrelens.fr
Just My Luck
LES RANÇONS DE LA CHANCE
Qui n’a jamais rêvé de toucher le jackpot ? De remporter une somme astronomique à un jeu de hasard et changer de vie ? Pour autant, la chance et l’argent font-ils toujours le bonheur ? C’est justement le propos de Just My Luck. À travers cette exposition hybride et un brin décalé, Cécile Hupin et Katherine Longly rassemblent des témoignages de perdants ou "d’heureux élus", pour qui le gain ne fut pas toujours synonyme de bonne fortune...
On raconte que la loterie serait née avec Héliogabale. Au troisième siècle de notre ère, cet empereur romain de 14 ans imagine un petit jeu pour tromper l’ennui. L’adolescent réunit des citoyens dans une grande arène et leur catapulte tout un tas de "surprises" dans des sacs. Il y a là des titres pour des lopins de terre, des esclaves... mais aussi des serpents et des condamnations à mort. « Dès le départ, chance et malchance sont donc imbriquées. Provoquer l’une, c’est courir le risque de réveiller l’autre », philosophe Cécile Hupin, initiatrice avec sa complice Katherine Longly de Just My Luck. Guidées par leur goût pour « les histoires vraies » et « les titres de presse accrocheurs » (du genre : "Elle gagne au Loto et paie une nouvelle
L’autel de la chance… ou pas !
paire de seins à toutes les femmes de sa famille"), ces artistes belges sont parties en quête de gagnants de jeux de tirage, de grattage et de hasard, entre le Nord de la France et le plat pays. « Un travail de fourmi car, en général, soit ça s’est bien passé et les gens sont bien cachés, soit ils ont vécu une mésaventure dont ils n’ont pas envie de parler ».
Les boules. De bars-tabac en hôtels « super chics », le duo s’est alors rendu compte de « la variété de perspectives » qu’offrait le sujet, entre les réactions de proches d’heureux élus ou de ceux passés « à un cheveu du gain », comme un certain Paul.
« CHANCE ET MALCHANCE
SONT SOUVENT IMBRIQUÉES »
En 1994, les six numéros fétiches de ce Belge sortent au Loto ! Hélas, lors du tirage télévisé, deux
boules sont restées coincées dans la machine. La Loterie nationale annulera la session le lendemain... Oui, la chance "frappe", mais pas toujours comme on l’entend. Ainsi de l’histoire d’Ahmed Allay. Celleci se déroule en 1985. Originaire du Maroc, le jeune homme s’est installé avec sa famille à Nancy pour enseigner la physique-chimie dans une grande école et joue à l’occasion au Loto. Un jour, il remporte la modique somme de 4,7 millions de francs ! L’affaire se gâte chez son buraliste, qui lui annonce que son ticket n’a jamais été enregistré. Ahmed Allay porte plainte contre la Société de loterie nationale... qui l’accuse de tentative d’escroquerie en retour. Le pauvre homme sera condamné à 18 mois de prison.
Conte défait
La chance des autres peut aussi vous faire vivre un enfer.
Le prénommé Serkan le sait mieux que quiconque. En 2016, c’est dans sa boutique de Schaerbeek qu’un balayeur de rue joue et gagne à l’Euromillions. Le gain ? 168 millions ! Si l’homme disparaît vite, les médias se rabattent sur celui qui lui a vendu le graal. Serkan devient alors la petite star de ce conte de fées... Mais rapidement, les ennuis surgissent. « Au bout de quelques jours, certains ont commencé à lui réclamer des sous, pensant qu’il était le tributaire du gros chèque ou qu’il connaissait le gagnant, explique Cécile Hupin. Après avoir reçu plus de 800 lettres de demandes d’argent, il a dû fermer boutique. Aujourd’hui il est chauffeur de taxi ». Mêlant vidéos, photographies ou coupures de presse, Just My Luck entremêle ainsi histoires heureuses (car il y en a !)
ou dramatiques, interrogeant en filigrane notre rapport à l’argent et le rêve qu’il suscite. Dans l’exposition se dresse aussi un "autel de la chance", réunissant une collection de porte-bonheurs. Libre à vous d’y formuler un vœu et, qui sait, remporter le gros lot... Enfin, à vos risques et périls !
Julien Damien
Lille, jusqu’au 05.07, Théâtre du Nord, mar > ven : 12h30-19h sam : 14h-19h, gratuit institut-photo.com
À lire / Just My Luck de Cecile Hupin & Katherine Longly, sous la direction de Monique Pinçon-Charlot (The Eriskay Connection) 544p., 42€, eriskayconnection.com
Plus d’une centaine de galeries françaises ou internationales, 30 000 visiteurs attendus en quatre jours, trois expositions thématiques... En 17 éditions, Lille Art Up ! s’est imposé comme la plus grande foire d’art contemporain en région, offrant un vaste panorama de la création d’aujourd’hui. Au-delà des chiffres, cet événement est surtout affaire d’émotion, où l’on peut craquer au détour d’une allée sur une lithographie, un tableau ou une sculpture. Et les tentations sont nombreuses...
À chaque édition son thème. Après le dessin l’an passé, Lille Art Up ! entend "libérer la matière".
Concrètement ? « Il s’agit de remettre au premier plan la technique et le matériau, sous toutes ses formes, qu’il soit naturel ou de récupération », explique MarieFrançoise Bouttemy. La directrice artistique prend en exemple les sculptures en carton recyclé (et confondantes de réalisme) du Français Olivier Bertrand. Dans le même esprit, citons aussi les animaux préhistoriques de l’Allemande Ule Ewelt, conçus avec des éléments archaïques, comme la roche sédimentaire ou le charbon, joignant ainsi dans un même mouvement le fond et la forme.
Le Nigérian Oriolowo Henry (dit "Henry James") mêle quant à lui peinture et tissu dans des portraits célébrant les beautés de l’Afrique. Et illustre mine de rien une tendance prégnante dans la création contemporaine : le mariage avec l’artisanat, longtemps dénigré, mais dont les techniques sont aujourd’hui réactivées, entre textile, céramique, verre... Autre retour en force : celui de la figuration, « comme si les artistes s’attachaient à une forme de réalité »,
« REMETTRE AU PREMIER
PLAN LA TECHNIQUE ET LE MATÉRIAU »
à l’heure où celle-ci est remise en cause par l’avènement de l’IA. En témoignent les huiles sur toile de la Parisienne Lara Bloy, splendides mises en scène du corps et de ses états intérieurs.
Vive Leroy ! Parmi les temps forts de la foire, il y a bien sûr l’exposition Thema, focalisant sur un artiste bien connu de la région. En l’occurrence Eugène Leroy, maestro de la matière et de la lumière, et dont le MUba de Tourcoing présente une trentaine d’œuvres, entre peintures sculpturales ou fusains. On découvre également
l’avant-garde de l’art contemporain grâce à Révélation, nourrie par les travaux d’étudiants de l’Eurorégion, ou encore Interface, présentant de jeunes créateurs internationaux. On y admire notamment les Frictions de Tobias Krämer, qui insuffle de la vie à des tableaux en caoutchouc grâce à de petits robots. L’Allemand explore ici la relation entre résistance et fragilité, offrant plus que jamais... matière à réflexion.
Julien Damien
Lille, 13 > 16.03, Lille Grand Palais, jeu : 11h-23h • ven : 11h-20h • sam : 10h-20h • dim : 10h-19h, 18 > 12€ (gratuit -16 ans) • pass expo avec catalogue : 27€, lilleartup.com
En 2025, Amiens commémore les 120 ans de la mort de Jules Verne. Pour l’occasion, le Safran met les petits plats dans les énormes, entre installations, spectacles, concerts... jusqu’à décrocher la Lune ? Eh oui, le festival des arts numériques et des nouvelles technologies expose Museum of the Moon, du Britannique Luke Jerram, soit une sphère de sept mètres de diamètre reproduisant notre satellite avec une précision stratosphérique. Durant cette édition très spéciale (et spatiale), on se pose aussi sur le soleil grâce à Guillaume Marmin qui met en scène plus de 15 000 images de l’astre du jour (Oh Lord ), tandis que le collectif Lab 212 nous propulse très loin dans le cosmos. Constituée de faisceaux de lumière, son œuvre immersive (Novae) nous emmène au plus près des étoiles, de leur naissance à leur mort... Après avoir dialogué avec une météorite (!), on découvre aussi de nouvelles formes de vies. À travers Bleen, la plasticienne Caroline Delieutraz imagine en effet de troublantes hybridations, révélant des créatures couvertes d’écailles, de vaisseaux sanguins ou dormant dans des œufs, quelques part entre Mœbius et David Cronenberg. Voilà qui n’aurait sans doute pas déplu à l’auteur de Voyage au centre de la Terre... Julien Damien Amiens, 18 > 22.03, Le Safran & divers lieux, gratuit (sauf spectacles : 15,50 > 4,50€), amiens.fr
Elle fut mannequin, artiste surréaliste, photographe de mode, reportrice de guerre... et parfois tout cela en même temps. Lee Miller (1907-1977) laisse une œuvre aussi immense que protéiforme. À Anvers, le FOMU consacre à l’Américaine sa première grande rétrospective en Belgique. Rassemblant plus de 200 pièces, entre photographies, articles ou archives, cette exposition dresse le portrait d’une femme qui repoussa les limites de son art.
Quand Lee Miller pose dans la baignoire de l’appartement d’Adolf Hitler, à Munich en avril 1945, elle résume en une image son art si singulier. Tout y est, de sa propension à se mettre en scène (elle s’y savonne nue) à son goût pour la fronde (un portrait du Führer, qui vient de se suicider, la toise), en passant par sa vocation de journaliste (la boue du camp de Dachau sur ses chaussures souillant un tapis blanc). Ce cliché légendaire et une centaine d’autres sont visibles au FOMU, qui consacre une rétrospective inédite en Belgique aux mille vies de l’artiste. « Lee Miller oscillait avec habileté entre l’expérimentation et le réalisme documentaire. Elle a repoussé les limites de la photographie, l’utilisant à
la fois comme un outil artistique pour remettre en question notre perception. Mais aussi comme un moyen de raconter des histoires », juge Anne Ruygt, l’une des commissaires de cette exposition très complète.
Par-delà les clichés. Dès les années 1920, Lee Miller est remarquée à New-York par le fondateur du magazine Vogue, qui la propulse mannequin.
« ELLE A REPOUSSÉ LES LIMITES DE LA PHOTOGRAPHIE »
Mais une existence sur papier glacé ne suffit pas à cette créatrice dans l’âme. De fil en aiguille, elle devient une figure du surréalisme à Paris, et la muse de Man Ray !
Puis, croisant Picasso, elle fonde son propre studio photo et n’a pas fini de bousculer l’ordre établi... À une époque où l’on interdisait aux femmes de se rendre sur le front, l’Américaine fut par exemple l’une des rares reportrices accréditées durant la Deuxième Guerre mondiale.
« UN TALENT POUR SAISIR
À LA FOIS LA BEAUTÉ ET LA BRUTALITÉ »
Et l’une des premières à documenter la réalité des camps de la mort nazis. Par ailleurs, elle réalisera aussi « des photographies de mode anti-conformistes, confron-
tant l’élégance de ses modèles à des paysages déchirés par la guerre ». C’est cette carrière foisonnante que retrace le FoMu, à travers les magazines ayant publié ses photos. La scénographie emprunte ainsi la forme de livres ouverts. Ce parcours met en avant un « sens aigu de la composition », un « esprit intrépide » et « un talent pour saisir à la fois la beauté et la brutalité » du monde. À l’image de Fire Masks, où elle détourne des protections contre les bombardements allemands en objets de carnaval, tel un pied de nez à la barbarie. Arnaud Stoerkler
Anvers, 28.02 > 08.06, FOMU, mar > dim : 10h-18h, 12 >5€ (gratuit -18 ans), fomu.be
À lire / L’interview d’Anne Ruygt sur lm-magazine.com
Ce nom ne vous dit sans doute pas grand-chose. Pourtant, il fut une référence de la photographie au début du xxe siècle. Fondé en 1924 à Berlin par la Belge Wilhelmine Camille Honorine Schammelhout et le Russe Aleksander Serge Steinsapir, le Studio Stone laisse une œuvre aussi étonnante que diversifiée. À Charleroi, cette exposition exhume de l’oubli un couple d’artistes (dit "Cami et Sasha Stone") qui marqua l’entre-deux-guerres.
Ils comptèrent parmi les meilleurs photographes de leurs temps. Embrassant un large spectre de sujets, de l’architecture au reportage social, du nu au portrait de célébrités (dont Albert Einstein !), leurs images inondèrent les magazines et journaux d’avant-garde. D’abord au cœur du foisonnement artistique du Berlin des années 1920, puis à Bruxelles où ils s’installèrent au début des années 1930. La postérité, hélas, fut moins tendre avec Cami et Sasha Stone, ensevelis par les remous de l’Histoire. Sasha mourra en 1940, en fuyant l’avancée des nazis. Cami ne produira ensuite plus rien, tandis que leurs archives seront dispersées aux quatre vents...
L’épreuve du temps. C’est dire le travail de recherche qui a présidé à l’élaboration de cette
exposition, nourrie de pièces issues de 17 institutions. Et c’est une sacrée redécouverte qu’offre cet accrochage. Mais qu’est-ce qui rend les clichés du Studio Stone si particuliers ? La maîtrise de la lumière, cette contre-plongée donnant du mouvement à la composition et surtout ce regard sur le monde, humaniste et engagé. En témoigne ce photomontage représentant le visage de Rockefeller enténébré par une forêt de tours de pétrole, dénonciation frontale des abus du capitalisme. L’œuvre date d’un siècle, mais résonne furieusement avec l’actualité, à l’heure où Trump ne pense plus qu’à « forer »... Julien Damien
Charleroi, jusqu’au 18.05
Musée de la photographie, mar > ven : 9h-17h sam & dim : 10h-18h, 8 > 4€ (gratuit -12 ans) museephoto.be
À lire / La version longue de cet article sur lm-magazine.com
ŒUVRES COMMENTÉES
par Charlotte Doyen, commissaire de l’exposition
Sasha Stone, S.K.F. Roulements à billes, 1924-1929.
Coll. Amsab-IHS
Sans titre, Studio Stone, 1920-1929
« C’est une photographie publicitaire réalisée pour la société SKF. Elle fut présentée dans de prestigieuses expositions à Bruxelles en 1932, car assez avant-gardiste. Nous l’avons utilisée pour notre affiche, car elle résume bien la diversité de l’œuvre des Stone. On y retrouve le thème du corps, représenté par ce pantin, mais aussi celui de l’architecture industrielle, avec le roulement à billes, qui évoque la modernité propre à l’époque. On observe également ce jeu de lumières modelant le sujet (Sasha Stone fut d’abord sculpteur) et puis ce mouvement ascendant, obtenu grâce à cette légère contre-plongée typique du Studio Stone ».
2
Portrait réalisé sur le tournage de film Misère au Borinage, Cami Stone, 1933
« Celle-ci a été prise sur le tournage de Misère au Borinage, un film muet réalisé en 1933 par Henri Storck et Joris Ivens et dénonçant les conditions de vie des mineurs. L’image montre un gros plan rapproché sur cette mère tenant son petit garçon. On remarque une nouvelle fois cette légère contre-plongée et surtout le visage de l’enfant, très détaillé, marqué par la saleté. Cette photo a été publiée dans des journaux de l’époque pour fustiger la pauvreté dans laquelle vivaient ces ouvriers. Les Stone étaient très engagés sur la question sociale. On n’a pas retrouvé d’écrits attestant de leurs positions mais leurs clichés parlent pour eux ».
réalisée en partenariat avec le centre culturel et social Flers Sart
-— Musée de la Bataille de Fromelles
3 mars 2025 - 1er février 2026
Rodin / Bourdelle. Corps à corps
Antoine Bourdelle demeura longtemps dans l’ombre de Rodin, pour lequel il fut praticien durant 15 ans. En clair, il le seconda dans la réalisation de ses œuvres, avant de s’affranchir et de connaître le succès avec sa pièce emblématique : Héraklès archer. Pourtant, leur relation dépassa le simple rapport de maître à élève. Il est plutôt question de deux artistes ambitieux, épris de modernité et qui se vouèrent le plus grand respect. Cette exposition organise ainsi un "corps à corps" entre deux références de la sculpture du xxe siècle. Environ 170 créations offrent ici un vertigineux voyage dans l’histoire de l’art. J.D.
Roubaix, 01.03 > 01.06, La Piscine, mar > jeu : 11h-18h • ven : 11h-20h • sam & dim : 13h-18h 11/9€ (gratuit -18 ans), roubaix-lapiscine.com
Common Grounds
Peut-être vous êtes vous déjà assis sur une de ses œuvres sans le savoir ?
Pour cause, Lucile Soufflet a signé, entres autres mobiliers urbains, de fameux bancs publics un peu partout en Europe. À l’instar de son célèbre
Circular Bench, qui s’étire et s’allonge pour offrir diverses assises et s’adapter à l’environnement. Cette première exposition monographique dévoile les nombreuses facettes d’une créatrice qui sait joindre l’utile à l’agréable. J.D.
Hornu, 16.03 > 24.08, Centre d’innovation et de design, mar > dim : 10h-18h, 10 > 2€ (gratuit -6 ans) cid-grand-hornu.be
Par Toutatis, Obélix ne mangeait pas de sangliers ! Voici l’une des nombreuses surprises de cette exposition nous projetant 2 000 ans en arrière. Plus de 200 objets dévoilent les habitudes alimentaires des Gallo-romains. Entre Gaulois partisans du circuit court ou Romains "street foodistas" avant l’heure, cette cuisine antique se révèle étonnante. Si les premiers étaient par exemple adeptes de bière, les seconds coupaient leur vin à l’eau... Ils sont fous, ces Romains.
Bavay, jusqu’au 31.12, Forum antique, lun, mar, jeu, ven & dim : 9h-12h & 13h-18h • mer & sam : 13h-18h, 8 > 4€ (gratuit -18 ans), forumantique.fr
ANTONIN HAKO
Supercalifragilisticexpialidocious !
C’est vrai : ce mot rappelle immédiatement Mary Poppins. C’est aussi le titre de la nouvelle exposition d’Antonin Hako, montée avec les étudiants d’hypokhâgne et de khâgne de la spécialité "art" de la prépa d’Arras. À L’être-lieu, le peintre et son "crew" dévoilent une œuvre colorée et abstraite, ponctuée de symboles souvent cernés de traits noirs, et marquée par une énergie des plus contagieuses. Arras, 18.03 > 11.04, L’être-lieu Visites guidées : 19.03 > 06.04, lun > ven : 18h-20h • sam & dim : 14h-18h & 07 > 11.04, tous les jours : 14h-16h, gratuit, letrelieu.com
Le Musée des beaux-arts de Calais expose les œuvres récemment entrées dans ses collections (dont certaines jamais vues) dévoilant de "beaux visages". On découvre ici les photographies d’adolescents en gros plan de Philippe Bazin, les multiples figures qui composent la France vue par le pochoiriste C215, ou encore une Lio immortalisée par Pierre et Gilles. Rassemblant de grands artistes d’hier et d’aujourd’hui, cette exposition célèbre le portrait sous toutes ses facettes.
Calais, jusqu’au 31.08, Musée des beaux-arts, mer, sam & dim : 13h-17h gratuit, mba.calais.fr
Elle fut l’une des grandes figures de la "street photography" de la fin du xxe siècle, aux États-Unis. À Douchy-les-Mines, le CRP rassemble une cinquantaine des images d’Arlene Gottfried, disparue en 2017 à l’âge de 66 ans. Montée avec la galerie parisienne Les Douches (qui l’a révélée en France en 2016), cette exposition saisit en noir et blanc et en couleur le New York extravagant des années 1970 à 1990, et dessine en filigrane le portrait d’une artiste humaniste.
Au sein d’un musée rénové, on découvre une facette méconnue de l’œuvre de Matisse : l’illustration de textes littéraires. À partir des années 1930, ce grand lecteur pose des images sur les mots d’immenses auteurs, tels Joyce, Baudelaire ou Ronsard. Cette exposition focalise sur 14 de ces ouvrages, soit ceux pour lesquels son engagement fut total, du choix de la typographie à celui du papier. Au centre de ce corpus exceptionnel, on trouve aussi quatre livres de dessins signés du maître.
Le Cateau-Cambrésis, jusqu’au 13.04, Musée Matisse lun, mer > ven : 10h-12h30 & 14h-18h sam & dim : 10h-18h 8/6€ (gratuit-18 ans), museematisse.fr
DANIEL TURNER
Les lieux que nous traversons ontils un esprit ? Quelle est leur influence sur nos vies ? Telles sont les questions soulevées par Daniel Turner. Depuis dix ans, l’Américain récupère des matériaux sur des sites abandonnés pour réaliser des œuvres. Pour sa première exposition dans un musée belge, il a collecté des poignées de porte ou des radiateurs dans l’ancienne prison de Forest pour les transformer.
Cette décantation de l’invisible révèle ainsi la présence humaine qui a peuplé ces lieux.
Hornu, jusqu’au 06.04, MACS mar > dim : 10h-18h, 10 > 2€ (gratuit -6 ans) mac-s.be
À CORPS
Rassemblant les œuvres de quelque 25 verriers et plasticiens internationaux, cette exposition dévoile le corps dans tous ses états : en mouvement, dénudé, fragmenté... et toujours poétique. C’est par exemple la silhouette féminine fracturée, signée de la Hongroise Mari Meszaros, vibrante allégorie de la fragilité (ou de la transformation). Ou encore ces trois cœurs suspendus et connectés de l’Allemande Simone Fezer, spectaculaire évocation de la force du collectif.
Sars-Poteries, jusqu’au 04.01.2026 MusVerre, mar > ven : 10h-12h & 13h30-18h sam & dim : 10h-18h, 8 > 4€ (grat. -18 ans)
BOUDDHA. L’EXPÉRIENCE DU SENSIBLE
Dodu ou effilé, les yeux ouverts ou clos, en bronze, bois laqué, ivoire... Le Musée royal de Mariemont montre les innombrables représentations d’un sage parmi les sages : Bouddha ! Cette exposition rassemble des pièces datant du xive siècle à nos jours, et restées dans l’ombre durant près de 85 ans. Issues de toute l’Asie, depuis l’Inde jusqu’au Japon, en passant par la Chine ou la Thaïlande, ces statuettes ou peintures invitent à la contemplation comme à la méditation. Morlanwelz, jusqu’au 20.04, Musée royal de Mariemont, mar > dim : 10h-17h 8 > 3€ (gratuit -18 ans), musee-mariemont.be
Cette fois, promis, on évitera de filer la métaphore aquatique pour évoquer ce festival de danse, qui n'a pas besoin de jeux de mots vaseux pour nous convaincre. Jugez plutôt : des spectacles signés d'artistes issus des quatre coins du globe, une vingtaine de lieux à travers les Hauts-de-France, des chorégraphes illustres et de jeunes pousses à découvrir... Forcément, on replonge !
Avec ses quatre semaines de programmation et sa quarantaine de représentations dans toute une région, le Grand Bain a peu d'équivalents en France. « C'est un sacré marathon », se réjouit Laurent Meheust, le directeur du Gymnase, à l'origine du festival. Mais au-delà des chiffres, ce rendez-vous est avant tout affaire de valeurs. Où l'on parle de « transmission de la culture chorégraphique », de partage et surtout « de diversité, dans la forme des spectacles mais aussi concernant les artistes ».
Nage libre. La soirée proposée par le collectif (LA)Horde en offre un parfait exemple. Soit quatre pièces comme une traversée de l'histoire de la danse, entre postmodernisme, voguing et performance pure. Plus particulièrement lorsque les 18 interprètes du Ballet national de Marseille jouent en simultané Hunt & The Ascension of Lazarus, solo culte de la Nord-Irlandaise Oona Doherty, s'inspirant des mots et gestes des jeunes exclus de Belfast. Parmi les temps forts du festival, on guette aussi En Fanfaaare !, la nouvelle création de Tatiana Julien, pièce immersive et synesthésique appelant au sursaut, dans un monde qui s'endort sur ses catastrophes. Enfin, tradition oblige, le festival se termine par une grande fête. En l'occurrence en forme de Poule Party, sans piscine ni palmier, mais dans une ambiance de basse-cour, de reggaeton, de funk... En somme, loufoque à souhait ! Julien Damien
Hauts-de-France, 04 > 28.03, Le Gymnase de Roubaix & divers lieux 1 spectacle : 37€ > gratuit, Carnet à partager : 6€ à partir de 10 places, gymnase-cdcn.com
Attention, ça va secouer ! Sur une scène évoquant un catwalk, où le public est disposé de part et d'autre du plateau, Tatiana Julien donne corps à la révolte. Lors de ce solo, elle compile les références, des textes de Malraux aux chansons de Mylène Farmer, entremêlant gestes empruntés au krump, au voguing ou au jeu vidéo Fortnite
Roubaix, 12.03, Théâtre de l'Oiseau-Mouche 21h, 12 > 6€
LES JOLIES CHOSES
(Catherine Gaudet)
SUSPENDED CHORUS
(Silvia Gribaudi)
Elle acoquine danse et humour comme peu d'autres, dézinguant au passage bien des clichés sur les canons de beauté. Dans sa dernière création, la chorégraphe italienne s'amuse des limites imposées par son corps de femme de 50 ans. Au menu ? De la technique, de l'autodérision, de l'émotion et des hectolitres de joie !
Roubaix, 14.03, La Condition Publique, 20h 12 > 6€ // Dunkerque, 18.03, Le Bateau Feu 20h, 10€
Cela ressemble d'abord à une boîte à musique, où cinq poupées humaines sont prisonnières d'un implacable mécanisme. Les gestes sont répétitifs et bien huilés, dictés par un tempo aliénant. Les corps sont mis à rude épreuve... Mais ces hommes et femmes vont peu à peu se libérer de cette machine infernale. Une allégorie dansée de la révolte.
C’est un fait, dans le bassin minier du Pas-de-Calais, on sait festoyer. Et pour une belle fête, quoi de mieux que de danser ? Du folklore aux chorégraphies virales sur les réseaux sociaux, en passant par les bals populaires, ce festival nous rappelle combien cet art reste le meilleur moyen de se réunir.
Pour sa quatrième édition, le festival La Beauté du geste se veut plus que jamais rassembleur. Sur le terrain d’abord, en fédérant les énergies de cinq structures culturelles. Mais aussi sur le plan formel, avec des spectacles observant un fil rouge : les danses folkloriques et leur transmission. Christian Rizzo est de la partie, avec la reprise au Colisée de Lens, dix ans après sa création, du cultissime D’après une histoire vraie. Soit celle de son émotion de chorégraphe devant les danses du pourtour méditerranéen. Ici, huit interprètes redéfinissent les contours de la masculinité en suivant le rythme du rock tribal délivré par deux batteurs.
L’Histoire en dansant. Tout aussi poignant, Gernika, au LouvreLens, s’empare d’un épisode tragique de l’Histoire : la destruction de la ville de Guernica, en 1937, par le régime franquiste. Sur scène, cinq performeurs mêlent leurs pas aux danses traditionnelles basques, et nous prouvent qu’après l’horreur de la guerre, la vie reprend toujours ses droits. À Loos-en-Gohelle, Culture Commune est aussi en premières Lignes#. S’inspirant de vidéos TikTok, cette chorégraphie se déroule dans un espace contraint, rappelant l’étroitesse d’un écran de smartphone, mais pour mieux nous inviter à sortir du cadre. Enfin, rendez-vous à la MAC de Sallaumines pour Piski de la Cie Presque Rien, alliant les gestes des corps éprouvés des mineurs de fond à ceux des danses polonaises, l’ombre et la lumière... Pascal Cebulski
Avancer tout en regardant en arrière ? Non, ça n'a rien d'évident - vous essaierez ! C'est pourtant le leitmotiv du festival Legs, qui puise dans l'histoire de la danse pour mieux éclairer les enjeux du présent. Si le marathon disco de l'Italo-Allemand Marco Berrettini colle immanquablement le sourire (et une furieuse envie de se déhancher !), la question politique, au sens noble du terme, imprègne largement cette programmation. En témoigne le Dharma Punk de Pierre Droulers. À travers cette performance-conférence, le Franco-Belge cherche dans le mouvement punk des années 1970-80 l'énergie nécessaire aux révoltes d'aujourd'hui. De résistance, il est aussi question dans Hopak d'Olga Dukhovna. Dans cette pièce pour deux interprètes et un accordéoniste, l'Ukrainienne sublime une danse folklorique de son pays, héritée des cosaques et dont les gestes (sauts, tours, coups de pied) sont inspirés de ceux du combat. Évidemment, dans le contexte de l'invasion russe, cette chorégraphie prend ici une autre portée... Enfin, clôturant le festival en beauté, l'Italien Virgilio Sieni met en scène une humanité devenue aveugle après avoir été frappée par un virus. Au gré d'une spectaculaire mise en scène, évoquant l'opacité d'une mer de lait, les interprètes ressuscitent des attitudes ancestrales pour survivre, et appréhender le monde autrement… Julien Damien Bruxelles, 19 > 29.03, La Raffinerie, 1 spectacle : 15 > 5€, charleroi-danse.be
Sélection / 19.03 : Marco Berrettini - Sorry, do the tour. Again ! // 20 & 21.03 : Didier EdihoTshota // 21 & 22.03 : Pierre Droulers - Dharma Punk, Olga Dukhovna - Hopak... // 22.03 : Marco Berrettini - El Adaptador // 26.03 : Marian Del Valle - Danses en dormance // 26 & 27.03 : Sina Saberi - basis for being // 28 & 29.03 : Dovydas Strimaitis / Still Waiting - Hairy 2.0, Erika Zueneli et Laura Simi - Saraband // 29.03 : Virgilio Sieni - Cecità…
Ce n'est pas le plus célèbre des stand-uppers, mais pas le moins doué. Bien au contraire. Quasiment absent des émissions de télé et des ondes, Edgar-Yves s'est pourtant imposé en une poignée d'années comme l'un des humoristes les plus courus du moment. Les plus corrosifs, aussi. Arrivé en France pour suivre des études de droit, avant de bifurquer vers la scène, le natif du Bénin asticote tous les sujets, du véganisme à la Françafrique, bousculant le politiquement correct avec une gouaille irrésistible. Entretien avec un gars "solide", comme l'annonce son dernier spectacle.
Vous avez un parcours atypique, êtes originaire du Bénin où votre père, Edgar-Yves Monnou, est un homme politique, n'est-ce pas ?
Oui, il est avocat et a occupé de nombreux postes importants, sauf président de la République. Il a été ministre des Affaires étrangères, ambassadeur en France...
Il m'a baptisé Edgar-Yves Monnou Junior, donc clairement le gars avait des plans pour moi, et ce n'était sans doute pas dans le "troubadourisme" !
« JE DIS LES CHOSES SANS
CRAINDRE DE DÉPLAIRE »
Alors, comment êtes-vous venu à la scène ?
C'était la dernière option pour moi, car j'ai à peu près tout raté ! À la fac de droit, j'étais un sacré branleur, je picolais, faisais la fête... Mais c'est en soirée, avec mes amis, que je me suis rendu compte qu'il y avait une voie pour moi dans
l'humour. Je l'ai donc annoncé à mon père...
Comment l'a-t-il pris ?
On peut dire que ça a été mon premier bide. On s'est fâchés, je me suis alors retrouvé seul, à la rue et j'ai dû me prendre en charge.
Vous avez ainsi construit votre carrière en self-made man ?
Je n'ai pas vraiment eu le choix, j'ai dû composer avec les circonstances. Pour réaliser mon rêve, je me suis donc défoncé, j'ai bossé. Ça m'a donné une faim à nulle autre pareille.
Vous avez même lancé un club de comédie...
Oui, le West Side Comedy Club, à Nantes. Je l'ai fondé après avoir galéré dans divers boulots et mis un peu d'oseille de côté. C'est une scène ouverte qui fonctionne toujours. Certains comédiens de la troupe sont devenus professionnels, comme Élodie Poux.
Ne pas suivre la voie tracée par votre père fut donc le bon choix...
Oui. J'ai le meilleur taf du monde : même quand il t'arrive la pire des merdes, il y a encore moyen de te faire un billet en la racontant !
Vous êtes-vous réconcilié avec lui depuis ?
Maintenant, il assure en interview qu'il a toujours su que j'avais un petit truc en plus. En bon homme politique, il fait de la récupération !
C'est un mantra. Dans ce monde, on nous dicte sans cesse comment se comporter pour être des gens bien. Être soi-même passe donc par le fait de dire "non". La raison pour laquelle on n'ose jamais, c'est parce qu'on a peur des représailles. "Solide", c'est le courage de dire "non" et d'être capable d'en assumer les conséquences, de vivre comme on l'entend.
Vous n'hésitez pas non plus à présenter des sketchs plus sensibles : vous abordez la colonisation, la situation politique en Afrique...
Oui, je parle de ce que je vis, de ma réalité de fils d'homme politique. Je suis Afro-Européen, j'écris donc des sketchs qui font le pont entre les deux continents. Je reviens par exemple sur la
corruption mêlant de riches industriels français à des élites africaines. Je dis les choses sans craindre de déplaire à tel ou tel.
D'ailleurs vous avez été censuré sur C8 après un sketch sur Vincent Bolloré... Pourquoi ?
J'avais été invité sur un plateau d'humour, dans une émission d'Hanouna. Je présente mon fameux sketch sur la corruption, les rapports France-Afrique et donc Vincent Bolloré. Quand j'ai terminé, j'ai senti que l'atmosphère avait un peu changé. J'ai été coupé au montage.
« L'HILARITÉ ABSOLUE VIENT
DE LA TRANSGRESSION »
Ensuite, j'ai été invité dans une émission sur Comédie +, une autre chaîne de Bolloré.... et j'ai rejoué ce sketch. Cette fois ils m'ont "blacklisté" du groupe Canal !
Vous n'avez donc pas froid aux yeux...
En réalité, je suis prêt à tout pour une tranche de rigolade. C'est de la provoc pure et dure, ma vision de l'artiste, du troubadour : un mec à qui on interdit de dire un truc et qui va justement démarrer par ça. L'hilarité absolue vient de la transgression. Je cherche donc plus à me marrer qu'à jouer les Che Guevara !
Il paraît que vous souhaitez lancer un festival d'humour en Afrique de l'Ouest...
Oui, qui révélerait des talents locaux, pas un festival avec Franck Dubosc en ouverture. Je ne voudrais pas être le cliché du gars qui a réussi à l'étranger sans revenir au pays pour apporter quelque chose. Donc j'y travaille. Je suis Franco-Béninois, donc riche des deux cultures... mais
j'ai les papiers, pas besoin de me maquer avec une blanche pour rester ici !
À lire / La version longue de cette interview sur lm-magazine.com
Ouvrez les vannes !
NORA HAMZAWI
Nora Hamzawi n'a pas attendu le chaos du monde pour être angoissée. Mais la Cannoise a une thérapie imparable : elle soigne ses névroses par le rire. Et ça marche !
Dans son troisième spectacle, la quadragénaire nous enjoint à prendre la vie du bon côté. Armée de son débit mitraillette, elle sublime la banalité du quotidien en observations cinglantes. Du genre : « Quand je demande : "qu’est-ce que tu préfères ?" et qu’on répond "comme tu veux", c'est l'horreur, la mi-molle de l’existence... ». Dur !
Le Touquet, 08.03, Palais des congrès, 20h30 42/36€, letouquet.com
Valenciennes, 09.03, Le Phénix, 20h, 25/20€, lephenix.fr // Douai, 14.05, Théâtre municipal 20h30, 20 > 5€, douai.fr
On avait découvert cette Bruxelloise avec Bon anniversaire Jean et son aptitude à transformer le malaise en rire. À l'heure du toujours-difficile-deuxième-spectacle, Fanny Ruwet s'est-elle assagie ? Pas vraiment... tant mieux !
Dans On disait qu'on faisait la fête, on apprend notamment la meilleure manière de faire disparaitre un corps ou de trouver de nouveaux amis en étant sobre.
Roubaix, 13.03, Le Colisée, 20h, 39 > 15€ coliseeroubaix.com
C'est vrai, l'époque ne prête guère à rire - ni même à sourire. Voilà donc quatre bonnes raisons de travailler ses zygomatiques. Où l'on exorcisera nos angoisses et nos malaises, avant de réfléchir au sens de la vie... et même parler d'amour ! Texte : Julien Damien
NORDINE GANSO ALEXIS LE ROSSIGNOL
À 28 ans, Nordine Ganso cartonne avec son premier spectacle, Violet, mais reste toujours aussi fleur bleue. Ce stand-upper se distingue par sa douceur, sa tendresse et ne peut s'empêcher de parler des femmes et de l'amour - qu'il a connu très tard, comme il vous le racontera... Le Bordelais affiche aussi une science de l'impro, jouant à l'occasion les entremetteurs ou les thérapeutes pour couple. Pour dire, il a même vécu une demande en mariage sur scène !
Lille, 20.03, Théâtre Louis Pasteur, 20h complet !, zenithdelille.com
Ne pas se fier aux apparences. Ce « mec un peu paumé avec une tête de comptable » connaît le sens de la vie. Enfin, c'est ce qu'annonce son spectacle... De son expérience de roi de la crêpe au Mexique à celle du ramassage de volailles, Alexis Le Rossignol puise dans son parcours des anecdotes racontant une certaine idée de la lose et de la fainéantise - ou de la décroissance, c'est selon.
En 2019, Cynthia, 19 ans, est retrouvée dans une rivière en Alaska, une balle dans la nuque. Deux inspecteurs s’intéressent aux dernières personnes à l’avoir vue en vie, ses amis Denali et Kayden. Ils vont alors mettre au jour une histoire d’ados désœuvrés, rivés à leurs écrans, où les coupables ressemblent à des victimes... À partir de cette histoire vraie, Nicolas Le Bricquir signe une pièce aux airs de thrillers, façon True Detective. Inspiré des codes des séries, le spectacle avance entre flashbacks et interrogatoires, rythmé par des SMS défilant à l'arrière de la scène. Un grand moment de théâtre, dans la forme comme le fond. B.F. Roubaix, 11.03, Le Colisée, 20h, 39 > 15€ // Cambrai, 13.03, Théâtre municipal, 14h15 & 20h30 24 > 8€ // Calais, 15.03, Le Grand Théâtre, 20h30, 22 > 11€ // Huy, 18.03, Centre culturel, 20h 35 > 20€ // Bruxelles, 20 & 21.03, Wolubilis, 20h30, 45 > 35€ (jeu : complet !)
Cécile
C'est un ballet minimaliste à la mécanique bien huilée. Sur scène, trois acrobates-danseurs répètent le même mouvement, celui d'une boucle infinie. Mais, surprise !, le plateau s'incline lentement, jusqu'à former un angle de 50 degrés. Ils vont devoir trouver le moyen d'assurer leur cohésion... Créé par le collectif flamand Sinking Sideways, ce spectacle pose une question ô combien actuelle : comment rester unis au bord du précipice ? B.F.
Attention, événement ! Il a fallu attendre plus de 15 ans pour que ce show créé à Broadway, et joué depuis à guichets fermés, trouve enfin sa version française. On doit ce petit miracle au comédien et metteur en scène Dominique Guillo, qui en livre une adaptation exaltée - et exaltante. L’histoire ? Elle est des plus... rock’n’roll. Jugez plutôt : Hedwig, chanteur transgenre, nous raconte son parcours, de son adolescence dans un corps de bad boy efféminé à Berlin-Est jusqu’à sa fuite vers les États-Unis. Pour cela, il lui fallut se transformer en fille afin d'épouser un soldat américain tombé amoureux de lui – condition sine qua non pour franchir le mur. Hélas, un chirurgien véreux bâcle l’opération, et le voilà dans la peau d’une créature mi-homme mi-femme. Son GI la quitte, et Hedwig se retrouve seule, paumée au pays de l’oncle Sam... avant de créer son groupe : The Angry Inch ! Quelque part entre la comédie musicale, le stand-up et le concert glam-rock, ce spectacle total nous transporte du rire aux larmes en un riff métallique de guitare. Surtout, il offre une réflexion jubilatoire sur la quête d’identité et la différence –pas du luxe, en ces temps troublés. Julien Damien
La Louvière, 22.03, Le Théâtre, 20h, 37 > 10€, cestcentral.be
Juppin
Théâtre Royal des Galeries
Directeur : David Michels
Toussaint
Mise en scène et costumes : Cécile Florin
Scénographie : Francesco Deleo
Lumières : Laurent Comiant
Colombani
Juliette Manneback
Hugo Gonzalez
Carole Thibaut
Artiste engagée, figure du féminisme, Carole Thibaut donne « la parole à des voix éclipsées » : celles du "deuxième sexe" et des ouvriers. Dans Longwy-Texas, elle devient conférencière de sa propre histoire, enchaînant les diapositives derrière un pupitre pour raconter la fin de la sidérurgie en Lorraine, qui employa son père. À Lille, on découvre aussi sa dernière création, Ex-Machina. Au fil de ce cabaret survolté, la voici dans la peau de Marilyn ou allongée dans une baignoire de sang. Elle traverse tous les âges de la vie d’une femme confrontée à la domination patriarcale, « cette machine à produire des monstres ». J.D.
L'umuko, c'est un arbre aux fleurs rouge vif qui pousse au Rwanda, aussi nommé "le gardien de la mémoire". Dorothée Munyaneza, qui a quitté son pays pour l'Europe il y a trente ans, n'a pas oublié cette plante sacrée, ni sa terre natale. Dans cette pièce, la chorégraphe célèbre la créativité de Kigali en mettant en scène cinq jeunes artistes de la capitale rwandaise, conjuguant passé et futur à travers la musique, la danse et la poésie. J.D.
(Gioacchino Rossini / J-F Sivadier & V. Timsit / D. Ceretta)
C’est un fidèle compagnon de route de l’Opéra de Lille. Depuis 2004, Jean-François Sivadier a présenté ici, pêlemêle, Madame Butterfly, Les Noces de Figaro, Carmen... et Le Barbier de Séville donc. C’était pour clôturer la saison 2013, et personne n’a oublié sa version explosive du classique de Rossini. La voici recréée... et renouvelée ! Au programme ? Des blousons noirs, un Don Basilio aux lunettes fumées et adepte de ganja (!), de l’humour à revendre et surtout une joie contagieuse.
Après nous avoir démontré que le hasard n’existe pas ou téléporté dans les années 1930, Viktor Vincent nous convie à un voyage en train. Une nuit, il se réveille seul et aperçoit son reflet dans la vitre, mais ce n’est pas le sien… Et nous voilà embarqués dans un périple au-delà des apparences, où le quotidien n’est pas si ordinaire… Dans une ambiance feutrée, le Valenciennois livre un show dont il a le secret, entre mentalisme et illusion. En un mot ? Fantastique !
C'est le récit poignant d'une époque où l'amour était synonyme de mort. Dans À l’ami qui ne m’a pas sauvé la vie, roman largement autobiographique paru en 1990, Hervé Guibert témoigne des "années Sida". L'écrivain y raconte sa séropositivité, son découragement et fait le procès pour trahison d'un ami qui lui promettait de soigner ce qui est incurable... Dans cette adaptation épurée, Arnaud Vrech met en scène la découverte de la maladie et la façon dont elle détruit les relations.
Béthune, 05 > 07.03, La Comédie (salle Jean Genet), mer & ven : 20h • jeu : 18h30, 10 > 6€
NOS CORPS EMPOISONNÉS
(M. Bachelot Nguyen / Lumière d'août)
L'agent orange. Voilà comment l'armée américaine baptisa l'herbicide qu'elle largua sur le Vietnam entre 1961 et 1971 pour détruire la forêt. Mais ce produit continua à tuer longtemps après la guerre... Entre performance, vidéo et images d’archives, ce spectacle raconte la lutte de Tran To Nga, rendue malade par ce poison. Aujourd'hui âgée de 82 ans, la Vietnamienne se bat toujours contre les firmes responsables de cette substance, qui n'ont jamais reconnu leur culpabilité... Armentières, 04.03, Le Vivat, 20h, 21 > 2€, levivat.net Lille, 06 & 07.03, Le Grand Bleu, jeu : 19h • ven : 20h, 13 > 5€, legrandbleu.com
19—29
La danse donne rendez-vous à son histoire
charleroi -danse .be
PIANO RUBATO
VELVET (Nathalie Béasse)
Le velours du titre, c'est celui du rideau de théâtre. C'est même le personnage central d'une pièce en forme d'hommage à un art séculaire de raconter des histoires, et à son envers : le décor. Dans la nouvelle création de Nathalie Béasse, les objets s'animent comme par magie et le plateau devient un terrain de jeu pour l'imaginaire. Sur des musiques de Bach ou du Velvet Underground, trois interprètes subliment quasiment sans un mot le pouvoir de la scène.
Roubaix, 06 & 07.03, La Condition Publique, jeu : 20h • ven : 19h 21 > 5€, larose.fr
(Mélissa Von Vépy / Cie Happés)
"Rubato" est un terme musical signifiant "voler", en italien. Donnée par le chef d'orchestre, cette indication invite l'interprète à jouer en toute liberté. Voilà qui sied bien à ce spectacle mariant musique et performance aérienne. Pour le créer, le compositeur Stéphan Oliva et l'acrobate Mélissa Von Vépy ont inventé un incroyable piano-agrès. Soit une sculpture équipée d'une voile, qui tangue comme un bateau au rythme des notes de l'un et des mouvements de l'autre, dans un accord parfait.
Vieux Condé, 08.03, Le Boulon, 20h30, 10/6€ leboulon.fr
RESTER RIVAGE
(M. Bourin, C. Décloitre & L. Durix Cie Hej Hej Tak)
En 2024, Marie, Caroline et Lauriane découvrent lors d'une randonnée en Lozère qu'un village (Naussac) a été totalement englouti par les eaux. C'est Josette, une ancienne habitante de cette commune devenue un lac, qui leur a raconté. Que s'est-il passé ? Quels souvenirs les gens de la région gardent-ils de ces lieux ? S'appuyant sur des témoignages, elles ont imaginé un spectacle documentaire interrogeant en filigrane notre rapport à la disparition et à l'héritage.
Armentières, 11.03, Le Vivat, 20h, 21 > 2€ levivat.net
UNE HISTOIRE SUBJECTIVE DU PROCHE-ORIENT
MAIS NÉANMOINS VALIDE... JE PENSE (Théâtre
Majâz)
Voici un spectacle essentiel, à l'heure où le sang n'en finit plus de couler au Proche-Orient. Lauren Houda Hussein y raconte sa drôle de vie, entre son Liban natal en guerre contre Israël, en 2006, et Paris où elle tombe amoureuse... d'un Israélien, au grand dam de son père. Accompagnée par le oudiste Hussam Aliwat, elle incarne une foule de personnages. Sa performance entremêle l'humour et le drame, l'intime et la géopolitique, avec un regard empli d'humanité.
Lille, 14.03, maison Folie Wazemmes, 19h30, 10/6€, maisonsfolie.lille.fr
En coréalisation avec Le Gymnase CDCN Roubaix I Hauts-de-France dans le cadre du Festival Le Grand Bain
Le Vivat I Scène conventionnée Armentières
Rosa Franck
PORTRAIT DE FAMILLE,
UNE HISTOIRE DES ATRIDES (Jean-François Sivadier)
Les mythes de la Grèce antique revus en trois heures et demie ! Du sacrifice d'Iphigénie à la guerre de Troie, en passant par le vengeance d'Oreste, Jean-François Sivadier revisite sous l'angle tragi-comique de grands textes signés Euripide, Eschyle, Sophocle et Sénèque mettant en scène les Atrides. Marquée par le meurtre, le parricide, l'infanticide ou l'inceste, cette famille est ici incarnée par une troupe de 14 comédiens lors d'une grande fête aussi épique que politique.
Béthune, 19 > 21.03, La Comédie (Salle Maria Casarès) mer & ven : 20h • jeu : 18h30, 10/6€, comediedebethune.org
CHERS PARENTS
(E.& A. Patron / Cécile Florin)
Pierre, Jules et Louise sont frères et sœurs et adorent leurs parents. Enfin, jusqu'à la grande annonce. Ceux-ci ont en effet gagné une grosse somme au Loto... et plaquent tout pour ouvrir un orphelinat en Asie, sans lâcher le moindre centime à leur descendance ! À partir de ce moment, la belle unité de notre "famille en or" se fissure pour virer au règlement de comptes... Signée Emmanuel et Armelle Patron (qui sont frère et sœur), cette comédie raille avec justesse la valeur des sentiments. Bruxelles, 19.03 > 13.04, Théâtre royal des Galeries, 20h15 (matinée :15h), 29 > 10€, trg.be
LE REPAS DES FAUVES
(Vahé Katcha / Julien Sibre)
Nous sommes à Paris, en 1942, en pleine Occupation. Sept amis fêtent un anniversaire... quand deux officiers allemands sont abattus au pied de leur immeuble. En représailles, la Gestapo décide de prendre deux otages par appartement. Le commandant de l'opération laisse toutefois à nos fêtards l'opportunité de finir leur dîner, et de choisir euxmêmes les deux malheureux. Récompensée de trois Molières, cette comédie noire marie habilement suspense et humour, avec des dialogues finement ciselés.
VERS LES MÉTAMORPHOSES (É. Saglio / Cie Monstre(s))
Passé maître dans l’art délicat de l’illusion, Étienne Saglio n'a de cesse de se réinventer. Dans son nouveau spectacle, il se métamorphose ! Coiffé d’un masque en carton, il devient un chien pour courir plus vite ou un oiseau pour s'arracher de la pesanteur terrestre, rapetisse ou grandit au gré de tableaux époustouflants. Jouant avec les échelles et les perspectives, entremêlant théâtre d’ombres, musique et marionnettes, il nous projette dans une fable initiatique et hautement poétique.
Urban Posting, Display Racks, Visitor Information, Cultural Spots, Hotels, Bars and Restaurants, Universities, Libraries, Bicycle parkings, Bus Stops, Indoor Posting (bars & restaurants), Banners on Street Lamps, Amusement Parks, ...
BEKIR CEYLAN
Ici une Frida Kahlo tatouée et un poil irrévérencieuse, là une Mona Lisa légèrement "bling-bling" derrière ses lunettes fumées... Bekir Ceylan excelle dans le détournement d’icônes avec ce qu’il faut d’humour et d’ironie. Tant mieux, on a tous besoin de se détendre un peu, non ? Né en Turquie, aujourd’hui installé à Gand, ce graphiste revisite principalement la peinture classique et la pop culture. Il invente à l’occasion de savoureux jeux de mots comme Vincent Van Ghost, Monday Lisa ou Tinder Surprise ! behance.net/bekirceylan • À lire / La version longue de cet article sur lm-magazine.com