Lm magazine 105 france belgique mars 2015

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GRATUIT

nord & belgique Cultures et tendances urbaines





Tête de chaperon rouge, Larme et Endormie, 2009 © Nathalie Lété

Sommaire

LM magazine n°105 - Mars 2015

08 - News

54 - Livres

Immeuble froissé, ça cartoon, Review-Master, White Trash, Spirouland, La « cartocrise », Basket bling-bling, La Fête de l’Anim’

Grover Lewis, Marceline Loridan-Ivens, Guy Delisle, Fanny Chiarello, Aeschimann & Nicoby

16 - Style

56 - écrans

Les cafés-laveries : machine avant !

The Voices, Birdman, à la Folie, Red Army, American Sniper

22 - Portfolio

64 - Exposition

Chris Labrooy, fou du volant

Marcus Miller

Van Gogh au Borinage, Futur Archaïque, Sebastian Diaz Morales, Luc Tuymans, Simon Faithfull, Anne Teresa De Keersmaeker, Mon Dodo… Agenda

36 - Musique

86 - Théâtre & Danse

Benjamin Clementine, FKA Twigs, Panda Bear, Sam Smith, Entretien avec François Bou, Jeff Mills, D’Angelo, Festival Les Enchanteurs, Résonance Plurielle #2 / Rock’n’Coal, Ennio Morricone

Cabaret de Curiosités, Festival Via, Libertés de Séjour, Les Misérables, Cosi Fan Tutte, Platonov, Jos Houben, Vivons heureux en attendant la mort, Elles en rient encore, Lucrèce Borgia, Jouvence… Agenda

32 - Interview

52 - Disques The Pop Group, The Monochrome Set, Will Butler, Clarence Clarity, Blackmail

108 - Agenda concerts 114 - Le mot de la fin Super Flemish par Sacha Goldberger


LM magazine France & Belgique

28 rue François de Badts 59110 La Madeleine - F tél : +33 362 64 80 09 - fax : +33 3 62 64 80 07

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Direction artistique / Graphisme Cécile Fauré cecile.faure@lastrolab.com

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Couverture Chris Labrooy Auto Aerobics www.chrislabrooy.com Publicité pub@lm-magazine.com

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Ont collaboré à ce n° : Ont collaboré à ce n° : Thibaut Allemand, Rémi Boiteux, Madeleine Bourgois, Julien Collinet, Mathieu Dauchy, Christophe Delorme, Paul Derc, Hugo Dewasmes, Marine Durand, Audrey Jeamart, Nicolas Jucha, Chris Labrooy, Thomas Lansoud-Soukate, Raphaël Nieuwjaer, Clémence Rolin, Lina Tchalabi, Marie Tranchant et plus si affinités. LM magazine France & Belgique est édité par la Sarl L'astrolab* - info@lastrolab.com L'astrolab* Sarl au capital de 5 000 euros - RCS Lille 538 422 973 Dépôt légal à parution - ISSN : en cours L’éditeur décline toute responsabilité quant aux visuels, photos, libellé des annonces, fournis par ses annonceurs, omissions ou erreurs figurant dans cette publication. Tous droits d’auteur réservés pour tous pays. Toute reproduction, même partielle, par quelque procédé que ce soit, ainsi que l’enregistrement d’informations par système de traitement de données à des fins professionnelles, sont interdites et donnent lieu à des sanctions pénales. LM / Let'smotiv est imprimé sur du papier certifié PEFC. Cette certification assure la chaîne de traçabilité de l’origine du papier et garantit qu'il provient de forêts gérées durablement. Ne pas jeter sur la voie publique.

Papier issu de forêts gérées durablement



Frank Gehry, Dr Chau Chak wing building at the University of Technology Sydney © Andrew Worssam

8 news

News

Paper Bag Ce bâtiment à l’apparence d’un papier froissé est l’œuvre du génial architecte Frank Gehry, responsable des voiles en verre de la Fondation Vuitton, à Paris, ou du musée Guggenheim de Bilbao. Il s’agit là de l’Université de Technologie de Sydney. Pour élever ce « Paper Bag », comme le nomment les Australiens, il aura fallu quelque 320 000 briques façonnées sur-mesure. www.foga.com

© JumpFromPapper

ça cartoon ! Le design de ces sacs « JumpFromPapper », œuvres de deux créatrices taïwanaises, offre un rendu cartoon en 2D impressionnant. Ils semblent tout droit sortis de la Toonville de Roger Rabbit, ou encore du film Mary Poppins. Comptez quand même une centaine de vrais euros pour le dépaysement… www.jumpfrompaper.com



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© DR

news

(re)View-Master Vous vous souvenez des View-Master ? Ces visionneuses dans lesquelles on insérait des mi-diapositives en (vague) 3D ? Eh bien Mattel et Google relancent le concept, en le modernisant. Ces jumelles fonctionneront cette fois avec un smartphone et des « experience disks », qui promettent une immersion à 360 degrés dans tout un tas de nouveaux mondes à explorer. www.view-master.com

© Seph Lawless

Troublantes ces images d’un centre commercial envahi par la neige. Elles sont l’œuvre du photographe Seph Lawless, déjà connu pour son travail sur l’exploration urbaine (urbex). Après la tempête qui a frappé l’Ohio début février, il a immortalisé le Rolling Acres Mall, abandonné depuis 2008. Paysage apocalyptique ou poétique ? à vous de voir. www.sephlawless.com

© DR

Chaos poétique

Spirouland Astérix, Mickey… et maintenant Spirou. Un parc à thème consacré au groom imaginé par Franquin va voir le jour cette année, à Monteux, près d’Avignon. 25 attractions où l’on retrouvera les personnages qui peuplent cette BD (Fantasio, Zorglub) mais aussi le Marsupilami, et (bizarrement) Lucky Luke. à quand un parc Gaston Lagaffe ? Avec des manèges qui ne fonctionnent pas, évidemment… www.parc-spirou.com



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© DR

news

La cartocrise Chacun sait que la Culture est menacée en France… Pour appuyer cette réalité, Emeline Jersol, médiatrice au Boulon à Vieux-Condé, a créé et mis en ligne cette « cartocrise ». Interactive, celle-ci recense via un code couleur (vert pour la musique, jaune pour le théâtre, etc.) les festivals annulés et les structures qui ont fermé, faute de subvention, depuis les dernières élections municipales.

Basket bling-bling Dénonçant l’abondance de l’argent dans le sport, et ironisant sur le train de vie des athlètes, Victor Solomon a réalisé des paniers de basket dont les panneaux sont constitués de vitraux et les filets en or ou en cristal, dans la pure tradition de Louis Comfort Tiffany. Une série d’œuvres baptisée Literally Balling qui lui a demandé plus de 100 heures de travail. Alors doucement sur les dunks… www.literallyballing.com

C’est animé près de chez vous C’est LE rendez-vous régional de l’animation. Arts numériques, courts ou longs-métrages, mais aussi expositions, ateliers, performances (dont un mapping sur la façade de l’Opéra)… Durant trois jours, Lille, Tourcoing et Roubaix font tout un cinéma autour de la création 2D et 3D. Invité d’honneur de cette 11e édition de la Fête de l’Anim’, Michel Ocelot, le papa de Kirikou, nous dévoile ses secrets de fabrication. 27>29.03, métropole lilloise, www.fete-anim.com

Kirikou et les bêtes sauvages, de Michel Ocelot et Bénédicte Galup © 2005 Les Armateurs / Gebeka Films / France 3 Cinéma / Studio O

© Victor Solomon

Cartocrise - Culture française tu te meurs sur http://umap.openstreetmap.fr






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Les cafés-laveries

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Tambour battant

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Wasbar Texte Julien Collinet Photos Dries & Yuri / Wasbar, Courtrai © Nick Proot

Loin des néons blafards et de l’austérité du lavomatic®, les Wasbar (contraction de « wash » et de « bar ») fleurissent dans les grandes villes de Belgique néerlandophone. Ces enseignes à l’atmosphère colorée et au design soigné proposent de nettoyer ses caleçons tout en profitant d’un brunch, d’une gaufre, d’une bière voire d’une coupe de champagne. Cet après-midi, les tables des nombreux bars branchés de la charmante cité gantoise font le plein de jeunes gens bien décidés à combattre la morosité du dimanche. Wout ne déroge pas à la règle. Il s’apprête à rejoindre deux de ses amis. Petite particularité : l’étudiant en école de commerce traîne un lourd sac de vêtements jusqu’au restaurant où il fera sa lessive. Le

Wasbar concilie en effet lavomatic® et bar convivial. « Je déteste faire ma lessive. Au moins ici je ne perds pas mon temps, je peux profiter de mes amis », explique Wout, tout en commandant un burger et un bloody mary. à côté, un père de famille et son épouse remplissent trois machines à laver de linge sale, pendant que leurs deux enfants dessinent sur un coin de table. « J’ai >>>


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« J’ai été traumatisé par le lavomatic ® » a été traumatisé par le lavomatic® », s’amuse Yuri Vandenbogaerde, le fondateur du concept. Comme à la maison. Le jeune trentenaire a créé les Wasbar avec son mari, Dries Henau, en 2012 après avoir gagné une émission de télé-réalité récompensant des entrepreneurs. « On habitait dans 40 m2 et on n’avait pas de place pour une machine. On préférait laver le linge chez nos parents que dans une laverie mal entretenue. Alors, on s’est dit qu’il devait exister une manière de rendre ce moment convivial ». La formule n’est pas nouvelle. De tels lieux existent déjà en Allemagne, ou

aux Pays-Bas. En France aussi, un café-laverie avait vu le jour à Rennes en 2011 avant de fermer ses portes il y a deux ans. Un autre a ouvert à Lille, en fin d’année dernière (voir p.20). Mais ici, loin du simple service de restauration, le couple a poussé le concept jusqu’au moindre détail. La décoration a été confiée à un studio de design, les murs sont recouverts d’élégantes couleurs pastel, le mobilier prend des allures vintage, et les lave-linges et séchoirs portent un prénom de grand-mère ou de grand-père (Éliane, George, Jacob, Germaine, Philomène...). « Tout a été pensé pour créer une marque, et on voulait que les clients se sentent comme à la maison ». Doté d’un évident esprit entrepreneurial, le duo a négocié des partenariats avec une grande enseigne


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d’électroménager. Même les tabliers du personnel sont sponsorisés par une marque de jeans, et l’argent liquide est banni pour gagner du temps. Bio et bobo. « On travaille également avec une marque de lessive 100% écologique » se félicite Yuri. « Ça ne coûte pas plus cher et ce sont des efforts que nos clients apprécient ». Plus fort, il est même possible de privatiser en partie les lieux pour des soirées ou d’éventuels concerts ! Dès lors, une question subsiste : quelle est la vraie fonction du Wasbar ? Un café-restaurant branché ou une authentique laverie ? Un peu des deux finalement. Certes, un public inattendu, osons le mot « bobo », s’y presse pour la carte et le mobilier mais une part importante des clients fait encore

tourner les machines. Dans les deux autres laveries situées dans la même rue, l’ambiance est toute différente. « Pourtant nous sommes tout aussi accessibles, insiste l’entrepreneur. Tout le monde est bienvenu ! On a un voisin de quartier de 84 ans qui vient faire sa lessive toutes les semaines chez nous ». Fort de ce succès, d’autres Wasbar ont vu le jour ces derniers mois à Anvers et Courtrai avant, sans doute, de conquérir l’Hexagone. à tambour battant, rien d’impossible. Wasbar Nederkouter 109, Gand Steenpoort 2, Courtrai Graaf van Egmonstraat 5, Anvers www.wasbar.be lun>ven, 10h, 22h / week-end, 10h>18h, 0,15€ par minute ; 5,25€ pour 35 minutes ; 7,50€ pour 50 minutes.

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Wash&Co La fibre sociale

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Texte & Photos Clémence Rolin

Les Lillois n’ont plus d’excuses pour éviter la corvée du linge sale. Chez Wash&co, premier café-laverie du nord de la France, situé en plein centre de la capitale des Flandres, on peut attendre la fin de sa machine sans être lessivé par l’ennui. Laver, oui, mais pendant ce temps-là ? Nulle échappatoire à l’attente sur des bancs inconfortables. C’est à partir de ce constat que Xavier Damie, trentenaire et ancien commercial, a voulu joindre l’utile à l’agréable, en ouvrant en fin d’année dernière un espace

de 100 m2 où l’on peut fuir la ronde hypnotique du linge dans le tambour. « Une laverie gourmande » explique-til, où avant de lancer le nettoyage on choisit son café et on hésite entre la tartelette aux pommes et le brownie. Différents menus sont proposés selon


le calibrage de votre lessive, de 8 à 18 kg. Reste à patienter, surpris de se détendre à côté d’un engin lancé à toute blinde. Car « Wash&Co est un lieu de vie dont les machines font partie intégrante, comme les canapés ». L’entrepreneur tient à ce décor qui décrasse l’image des lavomatic® : des couleurs harmonieuses, une lumière chaude et surtout… des appareils modernes quasiment silencieux.

le gérant cultive ce ton décontracté. « Aujourd’hui les usagers sont demandeurs de conseils et d’une présence », assure-t-il. Un groupe d’amis est entré sans bagages, pour un café dans une atmosphère qu’ils apprécient. De l’autre côté, des étudiants jouent aux cartes : « Il n’y a qu’une lessive ici, nous on accompagne ». Vous l’aurez compris, au Wash&Co, seules les chaussettes naviguent en solitaire.

Dans le même panier. Cette touche per-

sonnelle fait son effet : Chacun vaque à ses occupations, comme chez soi, wifi et télé à disposition. Au comptoir,

Wash&Co, Lille, 151 rue Léon Gambetta, mar>sam, 9h>20h / dim, 10h>19h30, Formule (lavage + café) à partir de 5,50€



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En roue libre

Chris Labrooy Texte Julien Damien Photo Land of the free © Chris Labrooy

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hris Labrooy aurait pu assouvir sa soudaine fascination pour les voitures à travers les joies du tuning… mais non ! Il préfère les imbriquer et les tordre dans tous les sens comme des jouets. Le résultat est assez étonnant. Des structures monumentales constituées de berlines ou de pick-ups américains trônent sur des parkings ou flottent dans les airs. De splendides œuvres digitales, si réalistes qu’elles paraissent vraies. « Je travaille dur pour réaliser une photo qui semble réelle. J’aime piéger le public, confie ce designer et illustrateur d’origine écossaise. D’ailleurs, je reçois beaucoup d’emails de gens qui souhaitent voir ces sculptures, persuadées qu’elles existent ! ». Evidemment, tout est virtuel. « La photographie est parfois utilisée comme référence, mais l’ensemble est créé en 3D par ordinateur ». Ainsi, pour la série Auto Aerobics, Chris a modélisé les terrains de basket et les bâtiments en grès brun typiques de Brooklyn, à New-York. « J’utilise des paysages familiers car ils maintiennent une tension entre l’ordinaire et l’extraordinaire ». Ce directeur artistique reconnaît sa passion pour la technologie numérique, qui lui octroie une liberté totale : « si vous pouvez l’imaginer, alors vous pouvez le créer », clame-t-il. « En travaillant de cette façon, je peux contrôler tous les éléments qui servent une composition : la météo, l’intensité de la lumière et des ombres, les matériaux, les surfaces... ». Sa prochaine série aura pour cadre Tokyo. Chris veut désormais « explorer la riche culture auà visiter : www.chrislabrooy.com tomobile japonaise ». Roulez jeunesse !


Auto Aerobics.


Auto Aerobics.


Tales of auto elasticity.



Tales of auto elasticity.


Tales of auto elasticity.




32 musique


Marcus Miller Afrodisiaque

Propos recueillis par Hugo Dewasmes Photos Cathrin Cammett

La plupart du temps associé au jazz, le bassiste et clarinettiste Marcus Miller a toujours évité les querelles de styles. Mieux, sa musique dresse des ponts entre des cultures apparemment éloignées. Après tout, comme le disait le bluesman américain Taj Mahal : « La Nouvelle-Orléans est juste la partie la plus au Nord des Caraïbes... ». à la faveur d’un nouvel album (Afrodeezia), parfaite synthèse de ses influences artistiques et voyages, Marcus Miller pose ses valises à Lille et Bruxelles. Rencontre avec une légende vivante. Avez-vous vraiment débuté votre carrière en studio avec Miles Davis ? Oui, je l’ai rencontré pour la première fois à 21 ans, en 1981, lors d’une séance d’enregistrement. à cette époque, personne n’avait eu de ses nouvelles depuis près de 5 ans. Lorsque je l’ai vu franchir le seuil de la porte du studio, c’était dingue, vous vous « Je propose une vision rendez compte… Miles Davis !

moderne et respectueuse Comment cela s’est-il passé ? J’étais intimidé certes, mais il des anciens » n’était pas aussi grand que je l’imaginais. Et dès que nous avons commencé à jouer, je n’étais concentré que sur la musique, prêt à sortir le meilleur son. Donc ça s’est bien passé. Ensuite, ne vous a-t-on pas limité au jazz ? Les gens ont toujours besoin de vous classer. Mais je joue de la soul, de la musique africaine, caribéenne, du rhythm and blues… Peu importe le genre, je suis un musicien, tout simplement. Je viens de New York, avec toutes les influences que cela comporte. Je n’en suis que le reflet. >>>


34 musique

Vous venez de rejoindre le fameux label Blue Note. Qu’est-ce que cela signifie pour vous ? Être sur le même label que tous ces géants du jazz des années 1960, c’est un honneur. Depuis les années 1980, ce label s’est ouvert à d’autres styles, et ma musique s’inscrit parfaitement dans cette perspective. J’aime l’idée d’être une partie de cette histoire.

à écouter / Afrodeezia, sortie le 16.03 (Blue Note)

Comment présenter Afrodeezia, votre nouvel album ? J’ai voulu suivre la trace des musiques noires jusqu’aux états-Unis. J’ai donc travaillé avec des artistes venus des territoires que j’avais traversés avec l’Unesco (ndlr : Marcus Miller fut le porte-parole du projet La route de l’esclave). Du Mali aux Caraïbes en passant par le Brésil, la Nouvelle-Orléans… Dans cet album, j’ai proposé ma vision de cet héritage. Une vision moderne et respectueuse des anciens.

Comment cela se traduit-il sur scène ? J’ai invité des percussionnistes. Cela faisait longtemps que je ne l’avais pas fait, mais vous ne pouvez pas jouer une musique qui tire ses influences de tous ces pays sans intégrer une grande section de percussions. Vous avez travaillé avec des artistes français (Nougaro, Jean-Michel Jarre, France Gall). Comment voyez-vous, musicalement, la France et la Belgique ? Il y a toujours eu de grands jazzmen dans ces pays. J’ai récemment joué aux côtés de Selah Sue lors d’un concert. Au moment du rappel, je l’ai invitée à interpréter un blues. Et à la fin, elle m’a dit : « il faut que je t’avoue que c’est la première fois que je chante un blues ! » Cela signifie que même si elle n’avait jamais joué cette musique, elle l’avait en elle depuis toujours. J’aime partager avec 21.04, Lille, Théâtre Sébastopol, 20h, 49>37€, www.theatre-sebastopol.fr ces artistes, on se comprend au 22.04, Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, premier accord. 33€, www.abconcerts.be




37 musique

Benjamin Clementine

Fruit mûr Texte Thibaut Allemand Photo Akatre

Toujours se méfier des coqueluches. Elles font un peu tousser mais, bien soignées, on les oublie vite. Benjamin Clementine est une coqueluche. L’Anglais a une gueule, une allure, une voix, une histoire. Aura-t-il disparu demain ? Peut-être. Qu’importe. Restera un singulier premier album et le souvenir de concerts qui touchent. En plein cœur. Jeff Buckley, Nina Simone, Gil Scott-Heron, Scott Walker, Jacques Brel… Les grands noms auxquels on compare Benjamin Clementine filent le vertige. Situé en haut d’un tel pinacle, le risque est grand de dégringoler. Alors profitez-en car pour l’heure, Benjamin Clementine conjugue grâce des débutants et parfaite maîtrise de son savoir-faire. On s’explique. Et l’on s’autorise un arrêt à la case légende : cette histoire de génie découvert dans le métro parisien ajoute évidemment au romantisme du personnage. Elle explique aussi sans doute son écriture : il s’agit d’accrocher le passant, de le retenir un instant encore, sans toujours se soucier d’une mélodie. Comédien. Forgée sur les voies, cette voix chaude et expressive réussit son pari. Ce chant en montagnes russes caracole sur un piano souvent fou, martelé au rythme de l’inspiration du bonhomme – pas un hasard si l’on songe à Sinnerman, de Nina Simone, à l’écoute d’Adios. Sur les planches, Benjamin Clementine conserve la même allure, la même tenue. Avec, parfois, quelques accents d’écorché vif un brin surjoués. Si le géant noir en fait son fonds de commerce, il aura tout perdu. Mais avec de telles valses électriques, de telles ballades brûlées par la foi, des crève-cœur tels Nemesis, Condo06.03, Lille, Le Splendid, 20h, 25,30€, lence ou Cornerstone, on pardonne tout à www.le-splendid.com Clementine. « At least, for now », pour re09.05, Bruxelles, Le Botanique, Chapiteau, prendre le titre de son premier album. 19h30, 29>23€, www.botanique.be


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FKA Twigs

Un lendemain qui chante Texte Mathieu Dauchy Photo DR

La vidéo du titre Water Me - un gros plan sur un visage angélique qui se dilate pour exhiber des yeux disproportionnés - avait tout de la tentative d’hypnose… Un essai visiblement réussi, puisqu’un an et demi plus tard, FKA Twigs est sur toutes les lèvres. Et sa voix dans toutes les têtes. Cette vidéo n’était toutefois qu’une ébauche, préalable à la sortie d’un second EP, de l’univers richement codifié et habilement campé par Tahliah Barnett. À 27 ans, la Britannique truste les débats sur – rien de moins – que le futur de la musique. Celle de FKA Twigs se déploie en d’aventureuses fréquences audibles mais également en un univers sombre et extrêmement soigné. La chanteuse serait une danseuse contrariée, et les films qui circulent, officiels ou pirates, dévoilent une athlète qui s’exprime autant par le corps que par la voix. YouTube la raille gentiment dans une vidéo intitulée « How to pick up a microphone FKA Twigs style », et l’un de ces clips la met en scène en situation de bondage. Dès lors, le 21e siècle sera-t-il celui des show-girls contorsionnistes ? Tahliah Barnett n’est pas qu’une image. Elle prétend diriger les canons de la pop. R’n’b cosmique, électro suave, soul éthérée… la diva était attendue au moins autant que Lana Del Rey pour son premier long format. Sobrement appelé LP1, il n’a pas déçu, précis d’ambiances sophistiquées qui mettent en valeur le plus bel apport d’un ensemble cohérent : une voix sublime. Ce qui devrait continuer, dans le futur, à définir 02.03, Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, Complet !, www.abconcerts.be une chanteuse.



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© Fernanda Pereira

musique

Panda Bear Si on peut reprocher à cette bande d’allumés qu’est Animal Collective une surenchère psychédélique, chaque escapade solo de ce membre-clé renoue avec une pop certes déviante, mais beaucoup plus épurée. Noah Lennox - aka Panda Bear sample avec génie, et dans un seul mouvement, tout ce qui a fait la musique de ses 50 dernières années, de la surf-music à l’électro. En musicien accompli, il jongle avec les sonorités hirsutes, les harmonies vocales obsédantes et nous introduit dans un dédale de formes bizarres, mais sublimes. Julien Damien 05.03, Bruxelles, Le Botanique, 20h, 20/17/14€, botanique.be

© DR

Sam Smith Pendant masculin (en plus lisse) de Jessie Ware, Sam Smith confirme que les grandes voix soul sont désormais à chercher du côté de la perfide Albion. Sorti de l’anonymat grâce à des featurings pour Disclosure (Latch) et Naughty Boy, ce vague sosie de Boy George a mis tout le monde d’accord avec un premier album (In The Lonely Hour) écoulé à 3 millions d’exemplaires, et quatre Grammy Awards, en février. Romantique à souhait (sans forcément tomber dans le sirop), ce crooner de 22 ans chante surtout l’amour. Et devrait, avec des titres comme Stay With Me, relancer le débat sur la pertinence de la disparition des slows en boîtes de nuit. Julien Damien 01.03, Bruxelles, Forest National, 20h, Complet !, 05.07, Arras, Main Square, 49€, mainsquarefestival.fr



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Francois Bou

Revis(it)e ses classiques Propos recueillis par Julien Damien Photo Ugo Ponte

Fort d’un auditorium tout neuf, l’Orchestre National de Lille s’apprête a tourner une page de son histoire avec le départ de Jean-Claude Casadesus. Pour assurer cette transition et entrer de plain-pied dans ce nouveau siècle, il compte sur un directeur général opiniâtre. Entretien avec François Bou.

Quelles sont vos missions ? Mon poste a été créé pour trouver un nouveau directeur musical à l’horizon 2016-17. Une recherche exceptionnelle car on ne peut pas remplacer Jean-Claude Casadesus. Nous devons envisager un autre modèle où l’o.n.l. existe par lui-même, s’impose par son excellence artistique. Au-delà de cette transition, je dois assurer l’avenir de l’orchestre.

« L’o.n.l. s’est construit

Et quel est votre projet ? Je ne pars pas de rien. L’o.n.l. existe depuis 40 ans et s’est humanistes » construit sur des valeurs humanistes, artistiques. Mon projet est d’adapter ces principes à la société d’aujourd’hui, aux nouvelles pratiques culturelles et technologiques. Pierre Boulez dit souvent : « l’art c’est comme la bicyclette, si on n’avance pas, on se casse la figure ».

sur des valeurs

Vous annoncez « partir à la reconquête du public ». Comment ? En se recentrant sur le grand répertoire tout en cultivant notre force : un orchestre de 100 musiciens. Cela dit, nous dépasserons encore ce répertoire, en regardant à la fois le passé (la musique classique) et le futur : la musique contemporaine, la création.


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Originaire de Saint-Quentin, François Bou fut directeur artistique délégué de l’o.n.l. entre 1999 et 2007 avant d’être nommé en 2009 directeur général de l’Orchestre symphonique de Barcelone et National de Catalogne.

Et très concrètement ? En travaillant les formats. Par exemple les concerts flash (45 mn à l’heure du déjeuner) remportent un franc succès. Autre nouveauté : les « famillissimo », à destination des familles. On a commencé avec Frankenstein durant halloween. Il y a aussi les préludes, à 19h : vous vous installez au bar pour écouter de la musique de chambre en accès libre, c’est très décontracté. Avez-vous des objectifs précis ? Nous visons un taux de remplissage de 90%. L’o.n.l. est un service public, il doit s’ouvrir au plus grand nombre. Et on a besoin de recettes propres plus importantes. Comment se traduit votre « politique audiovisuelle » ? On s’est équipé d’un studio numérique. Il est mis à la disposition des maisons de disques, des producteurs délégués ou des compositeurs pour travailler sur la création sonore comme la spatialisation. Il perLe Nouveau Siècle, 3 place Mendès France, Lille, met aussi d’amplifier notre diffusion www.onlille.com par le biais du streaming et des directs.


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Jeff Mills

Danse avec le Louvre Texte Thibaut Allemand Photo Shauna Regan

L’un des pères de la techno de Détroit au musée ? Et pourquoi pas ! Imaginant une création autour de l’Egypte antique, Jeff Mills s’invite au Louvre-Lens. Ce n’est pas la première fois que ce précurseur fait un pas de côté en forme de pas de géant. On en voit sourire. Jaune. Ceux-là se souviennent de Jeff Mills en membre d’Underground Resistance, légendaire collectif intransigeant et ultra-politisé. C’est oublier qu’il ne fricota avec Mad Mike et sa bande que deux ans durant. Dès 1992, Jeff Mills quittait la Motor City, s’installait à New-York, puis à Chicago. Depuis, l’architecte de formation a fait trembler les murs du Berghain (Berlin), retourné comme une crêpe Astropolis (Brest) et, surtout, extirpé la techno des clubs et des hangars. Citons sa réécriture, en l’an 2000, de la bande originale de Metropolis (1927). Ou ce concert, en 2005, aux côtés de l’Orchestre Philharmonique de Montpellier. Entre autres faits d’armes. À Lens, le compositeur accompagne les derniers jours de l’exposition Des animaux et des pharaons en connectant musique, danse et cinéma. Le thème majeur est celui du cycle : du soleil, de la sécheresse, des crues du Nil… Cycle de la vie, aussi. Dirigés par le chorégraphe Michel Abdoul, trois danseurs sont filmés et leurs mouvements projetés sur écran. Là, Mills mixe son et vidéo, mêlant les corps à des images du temps jadis. On ne sait rien de plus sur cette performance (forcément) exceptionnelle. Mills s’est-il assagi ? Sans Life To Death And Back doute. En tout cas, l’electro sort 07.03, Lens, Musée du Louvre-Lens, 19h, 17>10€, www.louvrelens.fr encore une fois du rang.



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D’Angelo

D’Attaque Texte Mathieu Dauchy Photo DR

Le retour de D’Angelo en décembre s’est fait à pas feutrés. Cela faisait pourtant 14 ans que le successeur du mythique album Voodoo était attendu. Revenu d’un abîme de tourments, l’Américain réactive sur Black Messiah le groove sensuel qui a fait sa gloire. Lui permettra t-il de retrouver son trône ? Il aura donc fallu près de 15 ans pour que D’Angelo propose une suite à Voodoo, sommet d’une année au moins, d’une décennie certainement. En l’an 2000, Michael Eugene Archer est à la fois le nouveau Prince, le nouveau Marvin Gaye et le nouveau sex-symbol. Tous abdos dehors, armé d’une voix miraculeuse et entouré d’un all-star band (Questlove à la batterie, Roy Hargrove à la trompette, les rappeurs Method Man et Redman), il charme amateurs de jazz comme de R’n’B, affole les teenagers en émoi comme les critiques. Un raz-de-marée qui rend possible cette affirmation : un enfant né au début du xxie siècle a de fortes chances d’avoir été conçu sur la musique issue de Voodoo. Ce sont ces enfants du nouveau millénaire qui se presseront peut-être dans les rares concerts de la tournée « The Second Coming » du rescapé de la soul qui passe par Bruxelles et Paris. L’idole des nuits courtes dissimule désormais une plastique lestée d’années d’excès, mais – quelques vidéos le prouvent – D’Angelo est toujours capable du groove sensuel qui a mis le monde à ses pieds. Black Messiah, disque racé de funk jazzy replace son auteur en bonne 07.03, Bruxelles, Forest National, 20h, place dans l’organigramme de la black music. 51€, www.forest-national.be



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Les Enchanteurs Texte Julien Damien Photo La Maison Tellier © François Berthier

S

ouad Massi, Arthur H, Massilia Sound System… l’affiche des Enchanteurs tient de la gageure en ces temps de disette. Pour sa seizième édition, ce festival disséminé dans 25 villes du Pas-de-Calais, durant cinq semaines, réussit le pari d’attirer de grands noms, qui plus est dans des lieux inattendus (gymnase, médiathèque...), tout en sortant des sentiers battus (citons les inclassables KKC Orchestra ou Délinquante). Ce programme est servi d’une manière éminemment démocratique : une dizaine d’euros en moyenne. « Notre événement conjugue accessibilité et curiosité », résume Grégoire Thion, de Droit de Cité. Cette association a été créée en 1991 par des petites communes du bassin minier, qui ont mutualisé leurs moyens pour offrir une manifestation de qualité. « Aujourd’hui, on peut organiser des concerts là où il n’y en a jamais ». On pense aux chanceux qui écouteront Alain Chamfort dans l’intimiste MAC de Sallaumines. 13.03>18.04, divers lieux, pass 80€, rens. : De belles têtes d’affiche, certes, « mais www.festival-lesenchanteurs.com il s’agit aussi de découvrir » insiste GréProg : Danakil (13.03) / HK & harmonie de Harnes (14.03) / La Maison Tellier (18.03) goire. Là, on ne saurait trop vous conseiller / Natacha Atlas, Souad Massi (21.03) / Alain Chamfort (24.03) / Arthur H (28.03) / KKC l’Espace Jean Ferrat, à Avion, pour céder à Orchestra (07.04) l’envoûtante country de La Maison Tellier.



50

© Martin Shakeshaft

musique

Résonances Plurielles #2 / Rock ‘n’ Coal La grève des mineurs de 1984 constitue le conflit social le plus marquant de l’histoire de la Grande-Bretagne. Epicentre de ce combat homérique, Sheffield fut plongée durant un an dans le chaos. Un mouvement réprimé dans le sang par la Dame de Fer, mais soutenu par les artistes (The Clash, U2, Dire Straits...). 30 ans plus tard, « Rock’n’ Coal » restitue ce bouillonnement créatif à travers une programmation éclectique toute en rock, charbon et culture populaire. Citons Which Side Are You On ?, titre d’un film de Ken Loach, qui devient ici un projet musical compilant des reprises – par des groupes régionaux et anglais – de morceaux dédiés aux grévistes. Julien Damien 27>29.03, Oignies, 9-9 bis, pass, 18/15/12€, 9-9bis.com Concerts Which Side Are You On ?, ven & sam, 20h30, 11/8/5€ // film de Ken Loach, sam, 16h30

© DR

Ennio Morricone Charles Bronson et son angoissante ritournelle à l’harmonica, Clint Eastwood en poncho qui siffle dans le désert, Robert De Niro en gangster opiomane et nostalgique… Ennio Morricone, c’est plus de 500 musiques de films et un demi-siècle de cinéma qui s’écoute. Le maestro italien honore le Zénith de Lille de sa présence pour diriger durant deux heures un grand orchestre et un chœur de cent personnes. Un concert spaghetti-caviar. Christophe Delorme 22.03, Lille, Le Zénith, 20h, 155,50>73€, www.zenithdelille.com



52 disques

Disque du mois

The Pop Group Citizen Zombie (¡K7 Records / Differ-Ant)

À l'heure où des crétins jettent des bananes sur les Noirs, où certains se ressourceraient volontiers à l'eau de Vichy tandis que des paumés vont voir en Syrie si l'herbe est plus verte, on peut se désoler de l'état de la pop – au sens large. Une apathie joyeuse, un cocon hors du monde réel. Oui, ça fait parfois du bien. Mais on ne crache pas sur des œuvres en prise avec leur temps – le théâtre, le cinéma, les arts plastiques ne s'en privent pas, quid de la musique ? On s'est donc réjoui du retour de The Pop Group et de son discours ancré très à gauche. Un come-back qui remet certaines choses en place : lorsqu'on parle de post-punk, on songe souvent à Gang Of Four, Wire, ou PiL. Souvent oubliée, la bande menée par Mark Stewart fut déterminante quant au rapprochement entre punk-rock, dub, jazz ou hip-hop, assorti d'un sous-texte hautement politisé. Ce troisième album voit le groupe reprendre les choses où il les avait laissées en 1980. Tout n'est pas parfait, mais la science du mélange est toujours là et la rage demeure intacte. Bref, un disque idéal en ces temps troublés. Ah, je me suis peut-être emballé dans les premières lignes : on me fait signe que Kanye est Charlie. Tout va bien alors. Thibaut Allemand

The Monochrome Set, Spaces Everywhere (Tapete Records / Differ-Ant)

Ce n’est pas la première fois que la formation culte du tournant des années 1970-80 revient. Mais ce nouveau passage de la comète est étincelant : Spaces Everywhere apporte la démonstration que son excentrique leader Bid est, au moins, l’égal d’un Neil Hannon. Il en partage l'élégance, l'humour, la brillance. Des orchestrations délicieusement surannées de Raincheck à la ravissante énergie rock qui court ici, le Monochrome Set de 2015 est en forme olympique. Dans le grand livre de la pop, Bid est au post-punk ce que Huysmans est au naturalisme : une excroissance altière, baroque et fantaisiste. à l'image de Fantasy Creatures, morceau qu'on écoutera en boucle, sans snober le reste de cet album concis et parfait, dont on ne regrette que l'inappropriée pochette. Rémi Boiteux


Will Butler Policy (Merge Records / Differ-Ant)

Vous appréciez l'énergie d'Arcade Fire mais goûtez moins ses concepts maximalistes ? L'album de Will – derrière ses claviers et basse, le plus discret des frères Butler – est fait pour vous ! S’y retrouve, dégraissée, l'essence des morceaux les plus traditionnellement rock du groupe. Plus clubs que gros stades, Policy se nourrit à l'arborescence punk – les racines garage, les branches ska, les ramifications new-wave – et sait aussi tamiser la lumière (Finish What I Started). Le chic final naïf Witness aurait presque pu figurer sur la BO d'American Graffiti car c'est avec gourmandise que Will se sert au festin du rock U.S. En huit titres la richesse de sa palette éclate. Et on accorde toute notre confiance à un homme qui nous dit (sur What I Want) connaître une super recette de macaroni au poney. Rémi Boiteux

Clarence Clarity No Now (Bella Union / PIAS Cooperative)

Pourquoi faire simple lorsqu'on peut tout compliquer ? C'est ce que l'on se dit, réjoui, en découvrant cette vingtaine de morceaux. Le Londonien tord le R&B, lui insuffle un soupçon de drill&bass, sature les guitares, ramollit les claviers, déstructure les rythmes et glisse des breaks impromptus. Franchement, on sort lessivé de l'écoute de ce disque où le trop-plein règne en maître. Lessivé, mais (plutôt) convaincu par le talent de cet héritier de Prince à composer des hits. En fait, l'Anglais reprend les choses là où Pharrell Williams les avait laissées avec N.E.R.D. et The Neptunes – une palanquée de tubes mainstream mais vicelards. Espérons simplement que jamais Clarence ne se balade attifé comme cette andouille de Pharrell, justement. Thibaut Allemand

Blackmail Dur Au Mal (Yuk-Fü)

En 2012, Blackmail publiait Bones, premier essai à l'os et (trop peu) remarqué conjuguant les sons extasiés de l'acid-house, la noirceur de Suicide et l'hédonisme sans lendemain de Primal Scream. Des derniers, ne reste plus grand-chose. Armé d'un clavier Korg MS-10, d'une Roland TR-808 et de quelques percussions, le trio français se coltine sa langue maternelle et dessine des morceaux aux contours flous, où les refrains sont quasiment absents et le chant, plutôt rare. La bande dépeint en noir (et parfois, en anthracite) son quotidien. Tout, ici, est inspiré par la zone, le vide, l'attente, le RER et les tours. Pourtant, on ne s'ennuie pas une seconde à l'écoute de ses ritournelles malades pour des dancefloors au papier de verre. Thibaut Allemand


54 livres

Livre du mois

Grover Lewis Le cinéma infiltré (Capricci)

« Les petits divertissements hollywoodiens ont défini les contours d’une époque, transformé la nation en une communauté d’expériences partagées. Nous avons tous appris les codes de l’amour et de la guerre au cinéma ». Il faut attendre les derniers textes de ce superbe recueil d’articles de Grover Lewis pour que la mélancolie perce et s’installe. L’Américain avoue alors son rapport intime au cinéma. Sa tristesse aussi d’un Hollywood disparu – celui de Griffith ou du producteur Harry Cohn. Avant cela, c’est le bouillonnement et la folie des tournages que sa plume, toujours alerte, saisit. On croise au fil des reportages au long cours – publiés dans les Rolling Stones et Playboy de la grande époque – Sam Peckinpah, Milos Forman, Robert Mitchum ou Steeve McQueen. Sans compter le petit peuple du cinéma, figurants, acteurs plus ou moins sur le retour, producteurs et autres jeunes filles attirées ou pourchassées par les équipes de tournage. Les anecdotes croustillent, les bons mots s’empilent. Mais c’est surtout le style qui séduit. Sobre, précis. Lewis était capable des plus élégantes descriptions comme de s’effacer pour laisser la parole aux gens rencontrés. Un auteur précieux, donc. 248 p., 19€. Raphaël Nieuwjaer

Marceline Loridan-Ivens

Et tu n’es pas revenu (avec Judith Perrignon / Grasset)

Marceline Rosenberg a 15 ans lorsqu’elle est déportée à Auschwitz avec son père. à l’été 1944, ce dernier parvient à faire passer un message à sa « chère petite fille », dernière preuve de vie griffonnée sur un bout de papier. Elle n’en garde en mémoire que quelques bribes : « Tu n’as pas signé Papa. Mais de ton prénom, et en yiddish, Shloïme. (…) Tu avais sûrement besoin d’affirmer ta judéité ». Soixante-dix ans plus tard, la cinéaste, intime de Simone Veil, lui répond dans une longue lettre autobiographique. Alternant les souvenirs inhumains du camp avec ceux, douloureux, d’une existence impossible à reconstruire, elle porte aussi un regard dur sur le regain d’antisémitisme qui touche la société française. Le témoignage nécessaire d’une enfant de 86 ans, à jamais privée de paternel. 112p., 12,90€. Marine Durand


Guy Delisle

Fanny Chiarello

Le Guide Du Mauvais Père, T3

Dans son propre rôle

(Delcourt / coll. Shampooing)

Coup dur pour Guy Delisle : ses Chroniques de Pyongyang (2002) devaient être portées à l’écran avec Steve Carell mais, vu le pataquès qui a entouré The Interview (2014), le projet est annulé. On se console avec le troisième tome de son indispensable Guide du mauvais père, compilant les strips de son blog et quelques planches inédites. En quelques cases au trait ultra-simple, on retrouve tout le tact, l’adresse, la mesure et le sens de la formule qui firent le sel des deux premiers tomes. Ou comment dégoûter son môme des jeux vidéo, oublier le prénom de l’un d’eux ou apprendre à bien prononcer une insulte. Ah, chose neuve et pas dénuée d’intérêt : les gamins ont grandi et ont du répondant. On attend avec impatience la crise d’adolescence… 192p., 10€. Thibaut Allemand

(L’Olivier)

Le nouveau roman de Fanny Chiarello narre la rencontre de deux femmes, Fennella et Jeannette. L’une est domestique dans une demeure aristocratique, et muette. L’autre bonne dans un grand hôtel et accablée par le deuil de son mari. Mais est-on réellement ce que l’on paraît être ? Nous sommes à la sortie de la Seconde Guerre mondiale, en Angleterre, en 1947. Le rapprochement est inattendu (un courrier mal adressé et un goût commun pour l’opéra) mais a lieu quand même. Au contact l’une de l’autre, Fennella et Jeannette se révèleront une part d’elle-même, ce qui leur permettra d’avancer à nouveau dans la vie. Fanny Chiarello mène son roman avec exigence et subtilité. Celui-ci vient de recevoir le prix Landerneau Découvertes. 240p, 18€. Paul Derc

Aeschimann & Nicoby La Révolution Pilote (Dargaud)

Alors là, dans le genre «mise en abyme»… Au tournant des seventies, Pilote, « le journal qui s’amuse à réfléchir » d’après son slogan, a révolutionné la BD. Son rédacteur en chef, René Goscinny, accueille des géants en devenir : Gotlib, Fred, Druillet, Mandryka, Bretécher ou encore Giraud. Dans l’effervescence post-68, la contestation tous azimuts gagne les rangs du magazine. C’est ce que tentent de comprendre le journaliste Éric Aeschimann et le dessinateur Nicoby. S’entretenant avec les intéressés, rendant hommage à leur trait, le tandem livre ses hypothèses, ses doutes, avec en fil rouge une fameuse et houleuse réunion qui marqua un tournant dans l’histoire du journal. Drôle, érudite, légère, instructive, voici une BD qui s’amuse à réfléchir. 144p., 17,95€. Thibaut Allemand


56 ĂŠcrans


57 écrans

The Voices

Les voix du saigneur Texte Audrey Jeamart Photo Reiner Bajo / Le Pacte

Marjane Satrapi, réalisatrice du multi-récompensé Persepolis (2007), de Poulet aux Prunes (2011) puis du boudé La Bande des Jotas (2013) s’essayant à la comédie horrifique ? C’est le sourcil levé que nous accueillons la nouvelle, tant le genre est délicat. Mais force est de reconnaître que le défi est relevé haut la main… ou la tête !

A

uréolé du Prix du Jury et du Prix du Public au dernier festival de Gérardmer, The Voices suit les mésaventures sanglantes de Jerry (surprenant Ryan Reynolds), employé d’une usine de baignoires dans une paisible petite ville américaine. Amoureux de Fiona la jolie comptable (délicieuse Gemma Arterton), Jerry tombe par accident dans un engrenage meurtrier. Sauf que – et c’est là l’excellente idée du film – Jerry est psychotique : il croit entendre son chat et son chien lui parler. Et il ne prend pas les médicaments qui lui feraient prendre conscience de l’horreur de la situation. Mr Moustache. Tout le récit suit ainsi le point de vue de cet esprit malade, qui dialogue non seulement avec ses animaux de compagnie (mention

spéciale pour Mr Moustache, matou voyou jouant le rôle du petit démon sur l’épaule de son maître) mais aussi avec les têtes coupées qu’il entrepose dans son réfrigérateur… C’est ce décalage constant qui permet à la réalisatrice iranienne de s’adonner pleinement, sur fond horrifique, à la comédie. Un équilibre pourtant difficile à trouver, dont les fleurons du genre (ReAnimator de Stuart Gordon en tête) remontent aux années 1980 et les exemples récents (Shaun of the Dead d’Edgar Wright, en 2004 déjà) se comptent sur les doigts de la main… tranchée, bien sûr !

De Marjane Satrapi, avec Ryan Reynolds, Gemma Arterton, Anna Kendrick, Jacki Weaver… Sortie le 11.03.


58 écrans

Birdman

Super anti-héros Texte Nicolas Jucha Photo Twentieth century fox

Riggan Thomson a connu la gloire dans la peau du super-héros Birdman. Vieux et tourmenté, il vit mal cette petite mort qu’est la fin de sa carrière de comédien. Il souhaite alors se réinventer en adaptant une pièce de Raymond Carver à Broadway. C’était sans compter avec l’hostilité des puristes. Et ses problèmes d’égo...

Q

uelle est la différence entre la célébrité et le prestige ? Mike Shiner, comédien adulé de Broadway interprété par Edward Norton, y répond au début du film : « la célébrité n’est rien d’autre qu’une lointaine cousine partouzeuse du prestige ». Ce mépris à l’égard d’un passé auquel il tente de survivre, Riggan Thomson (Michael Keaton) l’affronte en adaptant sur les planches la pièce What we talk about when we talk about love de Raymond Carver. Un défi de taille pour cet acteur, hanté par l’image du super-héros qu’il a jadis incarné. Avec Birdman, Alejandro González Iñárritu sert une comédie dramatique originale et enlevée. Il aborde avec justesse la question de l’estime de soi via un acteur dont le narcissisme est compensé par une grande générosité sur scène. Dans un univers presque clos (limité au théâtre et ses environs proches), le cinéaste mexicain multiplie les prises de vue au plus près des personnages pour mieux traduire leurs émotions. Et durant deux heures, le rythme ne faiblit pas. Il balance sans cesse entre la farce satirique et la tragédie d’un homme ridicule. Le spec- De Alejandro González Iñárritu, avec tateur se délecte des situations absurdes tout Michael Keaton, Zach Galifianakis, Edward Norton… En salle. en explorant des questions universelles.



60 écrans mentaire Docu

à la folie

Entre les murs Texte Raphaël Nieuwjaer Photo Les Acacias

Depuis le début des années 2000, Wang Bing arpente les confins de la Chine, sa petite caméra numérique à la main. Cela avait donné à l’ouest des rails (2004), fresque sur une ville en décomposition, premier chef-d’œuvre. Dans à la folie, il suit des internés dans un asile du Yunnan. Et offre son film le plus doux.

L

a coursive d’un immeuble de béton défraîchi. Des chambres communes. Une pièce où trône une vieille télévision. Tel est le territoire qu’internés et cinéaste parcourent. Fidèle à son habitude, Wang Bing se laisse guider. Il accompagne les êtres dans leurs déplacements erratiques ou déterminés. La distance est toujours juste, même dans l’intimité la plus grande. Les raisons de l’internement ne sont qu’à peine dévoilées. Criminels, « fauteurs de trouble » et adolescents fragiles se retrouvent sans distinction derrière les barreaux – cela prouvant encore l’incurie de l’état chinois. Mais, pour Wang Bing, tous se découvrent dans le présent de leurs gestes, leurs paroles, leurs manières de se rendre visible ou invisible. Dans les chambres partagées par quatre ou cinq hommes, où l’on urine debout sur son lit dans une bassine, la couette est le dernier moyen de s’abriter. Mais à la folie ne cherche pas à révéler quoi que soit. Il enregistre plutôt ce besoin de proximité. Et cette nécessité de se construire un refuge. Pour soi et pour les autres. Dans l’oubli de presque tous, des hommes trouvent dans la douceur un moyen de survivre. Et l’image, qui ne vole rien, se glisse entre les gestes comme une caresse. De Wang Bing. Sortie le 11.03.



62

© Warner Bros

© Polsky Films

écrans

Red Army

American Sniper

Ce documentaire part sur les traces des membres de l’équipe soviétique de hockey qui régna au cours du siècle dernier, et révolutionna l’esprit de ce sport par sa discipline et un sens prononcé du collectif. Entre images d’archives et témoignages, Red Army soulève le paradoxe de ces hommes qui furent les glorieux représentants d’une idéologie communiste, et les premières victimes d’un système politique répressif. Le film propose ainsi une approche originale du contexte de la guerre froide. Hélas, la forme est trop convenue, pensée sur les standards de la fiction hollywoodienne : une trame où le sensationnel et l’anecdotique opèrent au détriment de l’analyse et d’une certaine prise de recul. Polsky voudrait traiter objectivement de l’histoire tout en nous divertissant. Un parti-pris difficile à tenir. Thomas Lansoud-Soukate

Eastwood, conservateur ? Certes. Réac ? Il faut le craindre. Après six ans de présidence Obama, le cinéaste livre un tract à la gloire de Bush Jr. American Sniper embarque sa caméra dans le viseur du tireur le plus meurtrier de l’histoire de l’armée américaine. Aucun recul, aucun retour sur les mensonges qui ont entouré l’invasion de l’Irak. Jusqu’au bout, on sera avec Chris Kyle, qui est plus qu’un héros : un demidieu. Son destin est tracé dès l’enfance, lorsque son père lui explique que le monde se divise entre loups, moutons et chiens de berger. Lui est fait pour protéger. Et s’il tue dans une guerre impérialiste, c’est avec « Dieu à ses côtés ». On regrette amèrement Mémoires de nos pères, qui montrait la fabrication de la propagande de guerre. Reste à espérer que ce ne soit pas le testament du grand Clint. Raphaël Nieuwjaer

De Gabe Polsky, avec Scotty Bowman, Slavia Fetisov… En salle.

De Clint Eastwood, avec Bradley Cooper, Sienna Miller, Luke Grimes… En salle.



Mons 2015

Et Vincent devint Van Gogh Textes Julien Damien Photo Le semeur (d’après Jean-François Millet), 1890, Huile sur toile, 64 x 55 cm, Coll. Kröller-Müller Museum, Otterloo, inv. KM 110.673 © Stichting Kröller-Müller Museum


65 exposition

Rarement une exposition aura disséqué avec une telle précision la naissance d’un artiste, a fortiori d’un génie tel que Vincent Van Gogh. Le Musée des beaux-arts de Mons (BAM) retrace son séjour au Borinage, entre 1878 et 1880, où s’est révélée son ambition. Quelque 70 œuvres – des toiles rares du maître, mais aussi ses premiers dessins, ses modèles – nous dévoilent l’apprentissage du peintre hollandais. Un voyage fascinant et émouvant.

P

longées dans la pénombre, par souci de conservation, sept lettres ouvrent le parcours. De petits papiers qui révèlent une écriture délicate, une très belle plume, et surtout un désir : celui de devenir artiste. Dans une de ces correspondances qu’il entretient avec son frère Théo, datée du 24 septembre 1880, Vincent Van Gogh annonce ses intentions : « Il s’agit pour moi d’apprendre à bien dessiner, à être maître soit de mon crayon, soit de mon fusain, soit de mon pinceau, une fois cela obtenu, je ferai de bonnes choses presque n’importe où, et le Borinage est tout aussi pittoresque que le vieux Venise… ». Voilà l’acte de naissance du peintre. Echecs à répétition. Après « Le Borinage est tout ses carrières avortées de commis à la galerie d’art aussi pittoresque que le Goupil & Co, puis d’instituvieux Venise » teur ou de libraire, c’est en tant que prédicateur protestant que Van Gogh arrive dans le bassin minier wallon, en décembre 1878. Il a 25 ans, et est accueilli pour une période d’essai de six mois à Wasmes, puis à Cuesmes, pour évangéliser les communautés rurales. D’origine aisée, le Néerlandais adopte les conditions de vie difficiles des mineurs et paysans. La découverte de ce monde dur et pauvre va le marquer à jamais. Mais cette mission s’avère un nouvel échec. Van Gogh entre alors dans une profonde dépression. Une période durant laquelle on ne sait pas trop ce qu’il fait, si ce n’est qu’il part un temps à Courrières (Pas de Calais). >>>


Les bêcheurs (d’après Jean-François Millet), 1889, Peinture à l’huile , 72 x 93 cm © Collectie Stedelijk Museum Amsterdam

La toile a été réalisée lors de son séjour à l’asile Saint-Paul-de-Mausole, à Saint-Rémy de Provence. On voit ici l’évolution du style de l’artiste, l’utilisation de la couleur, notamment du bleu de Delacroix.

Entraînement intensif. Il se remet à écrire à son frère, pour lui faire part de ses projets artistiques. « Théo le soutient, il sait que le dessin pourrait le sortir de cet état », indique Caroline Dumoulin, coordinatrice de l’exposition*. Il se fait envoyer Les Exercices au fusain de Charles Bargue, Le Guide de l’alphabet du dessin de Cassagne, Les travaux des champs de Jean-François Millet. Malgré sa connaissance du milieu de l’art, Van Gogh a en effet tout à apprendre, de la perspective à l’anatomie. Ainsi, les premiers dessins réalisés au Borinage témoignent d’un trait d’abord maladroit. « Au départ, il n’avait aucun talent et savait qu’il devait travailler ». Autodidacte, « très discipliné », il produit alors des dizaines de copies, dont ce Moissonneur à la faucille d’après Millet, réalisé à Cuesmes en 1880 et montré pour la première fois en Europe. Parmi tous ces dessins exposés au BAM, seuls cinq de ceux conçus au Borinage ont été retrouvés. Les autres ayant été détruits par l’artiste ou, vraisemblablement, donnés.


La veillée (d’après Jean-François Millet), 1889, Huile sur toile, 74,2 x 93 cm © Van Gogh Museum, Amsterdam (Vincent van Gogh Foundation), inv. s174V/1962

La Veillée est l’une des dernières œuvres de Van Gogh. Elle présente l’aboutissement de sa technique, notamment le travail de la couleur et le jeu d’ombres, ici créé par une superposition de lignes.

Trace indélébile. Ce séjour dans les environs de Mons demeure une période brève, mais essentielle dans l’œuvre de Van Gogh, qui puisera continuellement dans ses souvenirs de Belgique pour peindre : lors de son retour aux Pays-Bas, durant son passage dans le sud de la France ou son internement à Saint-Rémy-de-Provence. Des scènes au contact des ouvriers, des paysans, des tisserands qu’on retrouve ici sublimées dans une série de portraits, des représentations de chaumières (qu’il appelait des « nids d’hommes »), ou encore à travers Les Bêcheurs, Le Semeur, La Veillée, où explose son style, cette fois en grand format. Oui, le génie de Van Gogh est né au Borinage. Et le Borinage n’a jamais quitté Vincent. *Exposition montée par Sjraar Van Heugten, ancien directeur de collection du musée Van Gogh d’Amsterdam.

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Jusqu’au 17.05, Mons, BAM, mar>dim, 10h>18h, 15/12/3€ (- 12 ans), www.bam.mons.be


Van Gogh

Œ uvres es comment é ulin, Caroline Dumo de l’exposition coordinatrice

Rue à Auverssur-Oise 1890, huile sur toile, 73 x 92,5 cm © Ateneum Art Museum Finnish National Gallery - Hannu Aaltonen

" Van Gogh emménage à Auvers-sur-Oise car il souhaite approcher Pissarro. Durant cette période il réalise 70 peintures en dix semaines dont de nouvelles vues de chaumières. C’est l’une de ses dernières œuvres. Contrairement aux apparences, elle est bien achevée. C’est indéniable lorsqu’on observe le ciel : le blanc ressort fortement en arrière-plan. à cette époque le maître hollandais expérimente énormément. On est tenté de le comparer aux peintres fauve. Lui ne se considérait pas comme tel mais les fauvistes y ont vu les prémisses de leur courant. "

Le Moissonneur à la faucille Moissoneur à la faucille (1880) d’après Jean -François Millet, dessin, 55,5 x 30 cm © Uehara Museum of Modern Art Le moissonneur (1889), huile sur toile d’après Jean-François Millet, 44 x 33 cm © Van Gogh Museum, Amsterdam (Vincent van Gogh Foundation)

" Cette peinture a été réalisée durant son internement à Saint-Rémy. On y retrouve les couleurs utilisées par Delacroix, notamment ce jaune que Van Gogh appréciait tant. Il y a déjà ici une sorte de distanciation, de réinterprétation du sujet. Le dessin date lui de 1880. C’est une copie très proche d’une gravure de Millet, Travaux des champs. à cette époque, Van Gogh est encore au Borinage. C’est l’un des rares dessins de cette période qui a été préservé. On l’a retrouvé dans un petit musée privé, à Shimoda au Japon. Ces deux œuvres sont réunies pour la première fois. "



70 exposition

Futur Archaïque

à l’origine Texte Julien Damien Photo Futur archaïque, Peugeot Design Lab, Onyx sofa, Lave de Volvic et carbone, 2014 © DR

à rebours des visions convenues de l’avenir - entre dystopie digitalisée ou chaos de type Mad Max - Futur Archaïque marie la technologie à nos origines les plus primitives. Derrière cet oxymore se cache une exposition fascinante, où le design connecte le futur au passé, la science à la nature, et éclaire la nuit des temps. De ses voyages à travers le monde, le journaliste et sociologue Yves Mirande est revenu avec une conviction : « Le futur ne peut plus se penser sans intégrer nos racines ». D’où l’idée de monter cette exposition. Celle-ci rassemble au CID* du Grand-Hornu une soixantaine d’objets créés par de jeunes designers internationaux qui témoignent d’un retour aux fondamentaux (utilisation de matériaux naturels, de techniques ancestrales) mais « loin de tout passéisme ». Car cette dynamique revendique « l’archaïque » (du grec « arkhê » : « au commencement ») pour mieux l’inclure dans notre modernité. Une esthétique qui se traduit aussi bien dans les formes – comme cet impressionnant sofa mi-carbone miroche volcanique, signé du Peugeot Design Lab – que dans les matières – tels ces couverts fabriqués en farine de blé, par le duo italien Formafantasma. Ici, le plastique embrasse la pierre, l’organique épouse l’acier... Mais le propos s’étire au-delà du cadre du design. Mode de consommation, de production, respect de l’environnement… Futur Archaïque se Jusqu’au 19.04, Grand-Hornu, *Centre d’Innovation veut aussi le reflet « des changements et de Design, mar>dim, 10h>18h, 8/5/2€/grat – 6 ans, www.cid-grand-hornu.be qui s’opèrent dans notre société », 06.03, Visite guidée + soirée légumes oubliés (dégustation), 18h30, 8€, reservations@granddans un mouvement qui flirte avec l’art hornu.be ou +32 (0) 65 61 38 81 contemporain, et empreint de poésie.



72 exposition

Sebastian Diaz Morales

Rêve éveillé Texte Julien Damien Photo Suspension, Vidéo, 8 min environ, 2014 © Sebastian Diaz Morales, Production Mondriaan Fonds, Coproduction Le Fresnoy - Studio national des arts contemporains

Entre cinéma et art contemporain, Sebastian Diaz Morales bouscule notre perception du réel. Et nous invite, dans un geste qui tient de la sédition intellectuelle, à imaginer notre propre vision du monde. Avec Ficcionario, le vidéaste argentin signe sa première exposition monographique en France, au Fresnoy, où il fut étudiant voilà 10 ans. Il faut d’abord emprunter un tunnel plongé dans une pénombre bleue, sorte de passage Lynchien vers une autre dimension. Une fois au bout, on découvre la première vidéo du parcours, Insight. Présentée comme un tableau vivant, une équipe de tournage se dresse face à nous (sommes-nous les acteurs de leur film ?). Soudain, l’écran se fissure et vole en éclats, comme un miroir brisé. Nous voici embarqués, telle Alice glissant vers le Pays des merveilles, dans Ficcionario, cet espace où se mêlent réel et imaginaire. « Pour moi, il n’y a pas de scission entre la réalité et la fiction. La réalité n’est rien d’autre qu’une construction, selon Sebastian Diaz Morales. Dès lors, pourquoi ne pas la créer nous-mêmes ? ». Ici, c’est à nous d’imaginer nos propres histoires - et donc notre propre vision du monde - à travers six films qui laissent filtrer une indéniable poésie, mais aussi une dimension politique (Morales nous invite à dépasser les apparences et ne pas croire ce que l’on voit). Suspension, au cœur de l’exposition, figure la chute sans fin d’un homme dans l’espace et le temps. Qu’y voir ? Citant Borges, le vidéaste, qui préfère laisser parler son œuvre, Jusqu’au 26.04, Tourcoing, Le Fresnoy, conclut sobrement : « l’esprit rêvait, le monde mer, jeu, dim, 14h>19h, ven, sam, 14h>20h, 4/3€, www.lefresnoy.net était son rêve ».



74 exposition

The Valley, serigraphie, 2012.


Luc Tuymans Forte impression

L’un des plus grands artistes contemporains du plat pays, Luc Tuymans, trouvait toute sa place au programme de Mons 2015. Une exposition unique en Belgique, à La Louvière, retrace un pan méconnu de son travail : son œuvre imprimée. En présentant une exposition majeure dans la ville de La Louvière, Mons 2015 a déjà réussi avec brio l’un de ses paris. Le centre-ville de la petite cité hennuyère qui peine à se relever de son lourd passé industriel voit défiler durant le week-end des visiteurs provenant des villes bien plus aisées du nord du pays. Cette affluence est due à Luc Tuymans, mondialement connu pour ses peintures figuratives. Une exposition au musée communal de la Haye avait bien eu lieu en 2012, mais cette rétrospective centrée sur son oeuvre graphique représente une grande première en Belgique. à bonne distance. Depuis la fin des années 1980, l’artiste anversois n’a cessé de produire des estampes, jonglant avec différentes techniques, de la lithographie à la sérigraphie, en passant par le polaroïd ou l’impression sur textile. Ces œuvres singulières supposent une autre méthode de travail : « la peinture est un acte solitaire alors que pour l’impression, plusieurs personnes interviennent et en premier lieu le graveur », confirme l’intéressé. S’attardant sur des thèmes tantôt profonds (l’holocauste, la religion), tantôt bucoliques, ses créations fantomatiques et aux tons pastel visent droit au but, tout en gardant une indéniable distance. Fasciné par le monde des images, Tuymans « s’attache à les réduire jusqu’à n’être plus que la trace ou la mémoire d’elles-mêmes », commente Catherine de Braekeleer, directrice du Centre de la Gravure de la Louvière. Outre de nombreuses natures mortes, les hommes, les pigeons (omniprésents), semblent ainsi vidés de leur âme, dégageant eux aussi une impression spectrale. La scénographie des lieux joue pour beaucoup. Dans un espace remarquablement aéré, la présentation chronologique fait sens, Jusqu’au 10.05, La Louvière, Centre de la Gravure et rend pleinement hommage à la et de l’image imprimée, mar>dim, 10h>18h, 7€ > grat -12 ans, www.centredelagravure.be démarche de l’artiste. Julien Collinet

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Peaches & Technicolor, serigraphies, 2013.



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Simon Faithfull

Le dernier aventurier Texte Marine Durand Photo REEF, Photographie de Gavin Weber © Simon Faithfull, 2014

Entre explorateur et artiste, Simon Faithfull n’a pas voulu choisir. Des étendues glacées de l’Antarctique à l’infini de l’espace, le Britannique conçoit chacun de ses projets comme une plongée grisante vers un inconnu pourtant familier : notre planète. Reef, sa dernière performance, est la plus ambitieuse qu’il ait jamais entreprise. Elle est au cœur de la rétrospective que lui consacre le Musée des beaux-arts de Calais. Un bateau de pêche de 32 tonnes. Cinq caméras sous-marines. Onze mois d’enregistrement en continu. Ces quelques chiffres suffisent à prendre la mesure de la dernière performance de Simon

Faithfull. Au mois d’août dernier, l’artiste a fait couler le Brioney Victoria au large de la station balnéaire de Weymouth, en Angleterre. Devenue récif artificiel, l’épave se transforme peu à


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peu tandis qu’un nouvel écosystème voit le jour, autour de ses parois de métal. « Comme je n’ai pas été conçu pour vivre sous l’eau, j’ai envoyé un substitut faire ce voyage à ma place, à la découverte d’un fascinant univers parallèle », précise ironiquement ce diplômé de la Central Saint Martins de Londres. à Calais, où l’installation tient la place centrale de l’exposition Récif 2, une traversée, le spectateur, plongé dans le noir, fait l’expérience des profondeurs, observant simultanément sur écrans le naufrage et les images capturées par les caméras. Vers l’infini et au-delà. Qu’il soit perçu comme poétique, nécessaire ou complètement décalé (il a filmé les derniers instants d’une chaise lâchée dans l’espace ou traversé un avion en flammes), le travail de Faithfull interroge notre perception de l’espace et du temps. Autour de Reef, huit œuvres cohabitent, toutes liées au paysage maritime. Dans ‘44’ (2005), on s’émerveille devant la variété de paysages qui défilent, captés pendant 44 jours depuis le hublot d’un navire brise-glace. Plus loin, des dizaines de croquis nous sont présentés, témoins des errances de Simon Faithfull à bord d’un porte-conteneurs au bout du monde ou d’un ferry entre Douvres et Calais. Au lendemain du vernissage

de l’exposition, l’infatigable découvreur s’envolera pour le Ghana afin d’achever un périple à pied entre l’Europe et l’Afrique, sur les traces du méridien de Greenwich. De quoi continuer à nous faire rêver encore longtemps.

Jusqu’au 22.06, Calais, Musée des beaux-arts, mar>sam, 10h>12h, 14h>17h, dim, 14h>17h, 2 / 1,50€ / gratuit -5 ans, www.calais.fr


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Work/Travail/Arbeid © Anne Van Aerschot

A.T. De Keersmaeker : Work/Travail/Arbeid Peut-on exposer la danse ? Faire d’une chorégraphie une œuvre exécutable et visible dans un musée, au même titre qu’un tableau ou une sculpture ? C’est la question à laquelle tentent de répondre A. T. De Keersmaeker et le Wiels. Work/ Travail/Arbeid a été conçu comme un spectacle de neuf semaines. Celui-ci est interprété (en live) au sein de l’institution bruxelloise durant les heures d’ouverture – en permanence accessible aux visiteurs – par sept danseurs de la compagnie Rosas et six musiciens de l’ensemble Ictus. Pour donner forme à ce projet audacieux, la chorégraphe flamande s’appuie sur son Vortex Temporum, créé en 1996. Une « danse de tempos », devenue nouvelle forme d’exposition, qui explore les limites temporelles de l’art de la chorégraphie. J. Damien 20.03>17.05, Bruxelles, Wiels, mer>dim, 11h>18h, 8/5/3/1,25€/ grat -12 ans, www.wiels.org

Mon Dodo © C. Bonamis / photothèque Département du Nord

Mon Dodo C’est sans doute l’une des principales préoccupations… des parents. Pour sa nouvelle exposition s’adressant aux enfants de 3 à 6 ans, le Forum départemental des sciences s’intéresse au sommeil. à quel moment de la journée a-t-on envie de s’assoupir ? Quels sont les signes de la fatigue ? Que se passet-il pendant qu’on dort ? Autant de questions auxquelles « Mon dodo » répond de manière ludique, interactive et ouverte. Les tout-petits, accompagnés d’adultes, testent des couchages différents – un grand lit, une natte sur le sol, un transat… –, tentent d’endormir un enfant perturbé par une lumière, un chauffage, un ordinateur allumés. Et apprennent que durant le sommeil, le cœur bat, la respiration et la digestion continuent. Et qu’on rêve. M. Tranchant Jusqu’au 15.11, Villeneuve d’Ascq, Forum départemental des sciences, mar>ven, 9h>17h30 // sam & dim, 14h>18h30 (sur résa), 5€, (1 enfant + 1 adulte)



82 théâtre exposition & danse

Dries van Noten, Show 75 Winter 2011-2012 © Patrice Stable

Agenda

Dries Van Noten / Inspirations Le créateur de mode anversois dévoile ses sources d’inspiration en réunissant des œuvres d’art issues de collections publiques et privées, mais aussi des photos, pièces de couture, de la musique... D’une vitrine à l’autre, chaque thématique est l’occasion d’une explosion de couleurs, d’un dialogue entre une étoffe et un extrait de film, d’un clin d’œil à une œuvre majeure de Rothko ou Picasso autant qu’à des références de la culture populaire. Anvers, jusqu’au 19.07, MoMu, mar>dim, 10h>18h, 8/6/3€/ gratuit -18 ans, www.momu.be

Modern Love

Garry Winogrand

Comment les technologies s’immiscentelles dans l’univers de la mode textile et vestimentaire ? Durant un an, la Cité de la Dentelle suit le processus de création d’un atelier de design : Modern Love. Le parcours révèle les secrets de fabrication de cette marque britannique, sa collection printemps-été 2015, et nous invite à devenir apprenti-designer en postant des créations sur le blog de cette exposition - forcément - interactive.

Cet artiste new-yorkais (1928-1986) est connu pour son approche à la fois esthétique et documentaire de la photographie. Woman are beautiful met en exergue son travail sur la femme, dans sa beauté quotidienne, au naturel et sans fard : des courbes que des vêtements peinent à cacher, des seins sous un simple débardeur, un corps nu dans un lac, un sourire, un regard… La sensualité du corps féminin s’expose discrètement.

Calais, jusqu’au 31.12, Cité de la Dentelle et de la Mode, tous les jours sauf mardi, 10h>18h, 5/3,50€, www.cite-dentelle.fr

Charleroi, jusqu’au 17.05, Musée de la Photographie, mar>dim, 10h>18h, 7/5/4€/ grat –12 ans, www.museephoto.be

Christian Boltanski Considéré comme l’un des plus importants artistes contemporains français, Christian Boltanski se voit consacrer, dans le cadre de Mons 2015, sa première grande exposition muséale en Belgique. Le MAC’s accueille les œuvres du plasticien dans un espace de plus de 5 000 mètres carrés. L’occasion de (re) découvrir un travail qui explore les thèmes du souvenir, de la mémoire et de la mort, notamment à travers une série d’installations réalisées avec des vêtements. Hornu, 15.03>16.08, MAC’s, mar>dim, 10h>18h, 8/5/2/1,25€/ grat -6ans, www.mac-s.be



84 théâtre exposition & danse

Agenda

De là-bas et d’ici Air Vest, Inde © Gilles Rondot

Du Maroc au Sri Lanka, en passant par le Brésil ou l’Inde, le photographe Gilles Rondot prend des instantanés de scènes de rue. Ses images dénoncent les effets de la mondialisation et les clichés standardisés de l’hyper consommation, qui contrastent avec les populations locales. Il nous montre, par exemple, une vieille femme allongée sur le sol, sous une publicité où l’on voit une fillette s’empiffrer... Cynique, mais vrai.

Lille, jusqu’au 29.03, maison Folie Wazemmes, mer>dim, 14h>19h, gratuit, mfwazemmes.lille.fr

Raphaële Duchange

Nathalie Lété

Plastique, mousse, papier aluminium, latex… les tableaux de Raphaële Duchange renferment une profusion de matière qui souligne l’idée de cumul. « Peindre, c’est célébrer le bâtard ! », déclare l’artiste qui se joue de l’instabilité. L’œuvre qui en découle forme une composition déroutante, dont le premier plan est généralement recouvert d’un voile peint. Un travail où se mêlent chaos et élégance.

Pénétrer dans l’atelier de Nathalie Lété, c’est plonger dans un univers habité d’objets colorés et faussement naïfs, entre le conte pour enfants, le film fantastique et une fable de Tolkien. Un petit chaperon rouge effrayant, un rôti, un œil, des animaux songeurs, etc. Qu’elles soient réalisées en céramique, tissu, papier, bois, carton, peinture ou dessin, ses œuvres laissent filtrer un sentiment de nostalgie. Et une indéniable poésie.

Roubaix, 20.03>19.04, La Condition Publique, jeu & ven, 13h30>18h / mer, 13h30>19h / sam & dim, 14h>18h, gratuit, www.laconditionpublique.com

Roubaix, 21.03>21.06, La Piscine, mar>jeu, 11h>18h, ven, 11h>20h, sam & dim, 13h>18h, 9/6€/ grat -18 ans, www.roubaix-lapiscine.com

Aloïse Corbaz en constellation Aloïse Corbaz (1886-1964) demeure une figure essentielle de l’art brut : internée dès 1920, la Lausannoise a multiplié les écrits et les dessins. Vivement colorés, ces derniers étaient minuscules (et cousus entre eux) ou gigantesques, tels les quatorze mètres de son Cloisonné de Théâtre, autour duquel s’organise cette exposition. Le parcours présente d’abord ses écrits avant de se conclure avec des relectures de ses œuvres par des créateurs contemporains. Villeneuve d’Ascq, jusqu’au 10.05, LaM, mar>dim, 10h>18h, 10/7€, www.musee-lam.fr

Toutes les expositions de l’Eurorégion sur www.lm-magazine.com



86 théâtre & danse

Cabaret de curiosités Aliens sur scène Texte Julien Damien Photo Le Progrès © DR

Valenciennes ? Du foot, des usines, des frites, Borloo… C’est tout ? Et le Cabaret de curiosités, pardi ! Laboratoire de création artistique – théâtre, danse, musique –, pépinière de jeunes talents, ce festival se démarque par une programmation hors des sentiers battus. à l’avant-garde ? On peut le dire. Cette année, le Phénix nous projette carrément dans l’espace, sur la trace des extra-terrestres, mais pour mieux coller à nos préoccupations bien humaines. Ce qu’on appelle prendre du recul.


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e thème de cette 14e édition, « All Aliens ! », renvoie bien sûr à une certaine esthétique SF, mais surtout à notre propre identité, notre civilisation, avec en filigrane la figure de l’étranger, sujet ô combien actuel… « C’est finalement une approche très anthropologique », sourit Romaric Daurier, directeur du Phénix de Valenciennes. Il s’agit ici de tout mettre à plat (avant de recommencer dans une autre galaxie ?), de décortiquer notre langage, nos façons de vivre ensemble, notre technologie… Et de dynamiter aussi, le sixième art. Pour cela, on peut compter sur Halory Goerger, artiste associé du festival (qui a trouvé un espace de création idéal au Phénix, tout comme Julien Gosselin – qui montera son prochain spectacle ici – soit deux figures de la scène française actuelle). événement phare du festival, Corps diplomatique, sa nouvelle pièce, envoie une troupe d’acteurs dans l’espace, histoire de transmettre l’essence de notre espèce, comme une plaque de Pioneer vivante, mais en plus barrée.

Chatroulette. Au rayon OTNI (objet théâtral non identifié), citons également iShow, de la compagnie québécoise « Les Petites Cellules Chaudes » (au Phénix pour une première création en France). La pièce explore notre mode de communication via les >>>

Sélection

Corps diplomatique Halory Goerger, artiste associé Après Germinal (l’un des spectacles français les plus joués à l’étranger), Halory Goerger et « L’Amicale de Production » (cette fois sans Antoine Defoort) poursuivent ce travail fait « d’improvisation de plateau » à travers cette nouvelle création. Le pitch ? Une troupe d’acteurs a été envoyée dans l’espace, à bord d’une navette spatiale, pour écrire, jouer et répéter une pièce qui serait une forme de témoignage de l’humanité. Ce corps diplomatique, qui dérive depuis 10 000 ans aux confins de la galaxie, vient de se poser au Phénix pour nous transmettre ce patrimoine. Problème, cette équipée intergalactique n’est pas très au point… 11, 12 & 13.03, Valenciennes, le Phénix, 20h, 9€, www.lephenix.fr

© Portrait of ASTP Crew - Nasa, domaine public

théâtre & danse


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réseaux sociaux – « la plus grande scène de théâtre au monde ». Autour d’une table, une quinzaine de comédiens sont postés derrière des ordinateurs et sont connectés au site web Chatroulette, qui permet d’intégrer des inconnus au spectacle, en temps réel ! Une mise en danger perpétuelle et un questionnement sur la notion d’espace public et privé, le voyeurisme, et notre rapport à l’autre, pas toujours reluisant… Si tout cela vous a donné des envies d’ailleurs – oui quittons donc ce monde pourri ! – rejoignez le banc de la conférence décalée de Frédéric Ferrer. Dans Wow !, celui-ci nous explique avec humour que nos jours sur cette planète sont de toute façon comptés… Dans ce cas, autant aller danser un peu en attendant l’apocalypse à l’Aliens’Club, déguisés en extra-terrestre. Sans se marcher sur les tentacules.

11>13.03, Valenciennes, Le Phénix, Espace Pasolini, l’H du Siège, Vieux Condé, Le Boulon, spectacle 9€, pass 15/10€, www.lephénix.fr Programmation au Phénix : 11&12.03 : iShow, 22h // Aliens’Club, 23h23 + 13.03, 22h30 // Portrait 9, Claude Ridder, 18h 11>13.03 : Corps diplomatique, 20h 11.03 : Minotaure 59, 22h // Afrogalactica, a brief history of the future, 17h 12.03 : Wow !, 18h // Le Progrès, 17h // 13.03 : The Lebanese Rocket Society, 18h Et aussi : 11.03 : Que ferez-vous de mon profil Facebook quand je serai morte ?, Espace Pasolini, 18h & 20h 13.03 : Mehdi-Georges Lahlou, l’H du Siège, 17h // Attractions Plurielles, Le Boulon, 20h

Sélection

Que ferez vous de mon profil Facebook quand je serai morte ? Amélie Poirier, collectif XXY Derrière cette question décalée, et pourtant très sérieuse (Mark Zuckerberg s’est penché dessus il y a un mois, en proposant aux Américains de supprimer le compte de leur avatar en cas de décès), on trouve la création d’une jeune artiste prometteuse. Originaire du Valenciennois, Amélie Poirier (collectif XXY) interroge notre identité numérique (notre « Je moderne »), par essence multiple, à travers un cyber- dispositif qui mêle chorégraphie, théâtre et autofiction. Sur scène, des danseurs incarnent le « réseau d’amis », et dressent le portrait d’une génération virtuelle. 11.03, Valenciennes, Espace Pasolini, 18h & 20h, 9€, www.lephenix.fr

© Le Phénix - Romain Carlier

théâtre & danse




91 théâtre & danse

Festival Via

Technopolis Texte Madeleine Bourgois Photo Biopigs, Cie du Zerep © Philippe Lebruman

Le festival Via prend cette année une dimension particulière, puisqu’il s’inscrit dans le cadre de Mons, capitale européenne de la culture. Spectacles, soirées, expositions, laboratoire connecté… De Maubeuge à la cité du Doudou, Via ausculte les rapports entre arts et nouvelles technologies. Zoom sur quatre événements au programme.

A

rmés de smartphones, nous sommes aujourd’hui tous des cinéastes ou des reporters en puissance. En quoi cela modifie notre rapport à l’image ? 25 artistes ou collectifs de l’exposition Home cinéma apportent ici un début de réponse. Le menu est excitant. On peut tester un jeu vidéo composé d’extraits de films célèbres, écouter le son émis par des objets posés sur une table, ou découvrir, en temps réel, les films les plus échangés en peer to peer. Une expérience virtuelle cinématographique en 3D (et 360°) plonge même le visiteur dans le studio du musicien Patrick Watson !

Maîtres ou esclaves ? Mais les nouvelles technologies ne sont-elles pas aussi une menace pour notre liberté ? La compagnie catalane Fura dels Baus interroge le concept d’encerclement que nous favorisons en nous prosternant devant les médias et les réseaux sociaux. Dans M.U.R.S., les spectateurs circuleront dans la Luna, guidés par leur portable. Ou contrôlés ? George Orwell n’est pas très loin… Dans un genre différent, Xavier Boussiron et Sophie Perez se jouent d’une autre marotte contemporaine, sur fond de narcissisme. Leur club de remise en forme qui tient de la salle des supplices est présenté comme un « ego-center » que l’on fréquente pour se redorer la personnalité. Rester dans la course et connecté à n’importe quel prix ? Sans doute pas. Un tour au café Europa reliant ici dix villes (de Sarajevo à Riga) par écrans interpo12>25.03, Mons, Maubeuge et Jeumont. sés, défend surtout – comme VIA – la notion Programmation sur www.mons2015.eu d’échanges culturels. Alors, restez branchés !


Libertés de séjour

Surprise du chef Texte Marine Durand Photo Hervée de Lafond et Jacques Livchine © Rodrigo Acuña Bravo

En confiant ses clefs à l’inimitable Théâtre de l’Unité, le Channel (scène nationale) pouvait légitimement s’attendre à deux semaines mouvementées. Jacques Livchine, co-fondateur de la compagnie, confirme mais sans trop en dévoiler. En effet, cette 8e édition de Libertés de séjour est placée sous le signe de la sérendipité.

Q

uelques mots suffisent à situer le personnage, au moment de revenir sur plus de 45 ans de performances avec le Théâtre de l’Unité : « On en avait assez de voir du public TLM – comprendre « toujours les mêmes » –, on avait envie d’embrasser le peuple, de s’adresser à la ville toute entière », raconte Jacques Livchine. Et ce pionnier du théâtre de rue, à qui l’on doit des monuments tels que La 2CV théâtre, jouée 400 fois à travers le monde, de lâcher : « Dehors, le public n’est pas dans le noir, on peut l’interpeller, le titiller. » Celui du festival Libertés de séjour découvrira quand même à l’aveugle 25 spectacles, historiques ou inédits. « Eh oui, pour une fois, vous ne saurez pas ce que vous venez voir. Il y a en marre qu’on vous mâche le travail » s’amuse le grand Jacques. Le programme ? Cryptique donc. Des noms de pièces codés, semblables à ceux des lignes du RER, et des indications distillées malicieusement ça et là : « Habillezvous chaudement », « Venez le ventre vide ». Des chiffres, alors ? Une centaine de comédiens, parmi lesquels des migrants venus d’Haïti ou du Nigeria et dont le témoignage aura une résonance unique dans la ville symbole qu’est Calais. Pour le 13> 29.03, Calais, Le Channel, programme tenu secret, 3€/gratuit (sauf Le FC2R, reste, il faut faire confiance. « C’est comme repas : 15€). www.lechannel.org ça que la vie redevient excitante ! ».



Les Misérables

© Yves Gabriel

La compagnie belge les Karyatides s’est fait une spécialité de raconter les grands romans de la littérature avec… des figurines ! Après Carmen et Madame Bovary, Karine Birgé et Marie Delhaye s’attaquent aux 2 000 pages du roman de Victor Hugo, qu’elles condensent en moins d’une heure sur un petit plateau. Narratrices et personnages, elles donnent vie à ce petit monde – Jean Valjean, Cosette, etc. – et livrent une adaptation pour tous les âges, pleine de poésie. Jusqu’au 07.03, Bruxelles, Théâtre National, dim, 15h / mer, 19h30 / mar, jeu, ven, sam, 20h30, 20>11€, www.theatrenational.be // 31.03, Hazebrouck, Centre André Malraux, 20h, 10/7/6€, www.centreandremalraux.com

Cosi Fan Tutte Ferrando et Guglielmo prétendent que leurs amantes, les sœurs Dorabella et Fiordiligi, sont fidèles. Le cynique Don Alfonso fait avec eux le pari du contraire. S’en suit un chassé-croisé amoureux qui annonce, à maints égards, ceux de Marivaux. Cet opéra de Mozart, composé à partir du livret de Da Ponte, marque les retrouvailles entre Jean Claude Malgoire et le metteur en scène Pierre Constant. Inspiré de la Commedia dell’Arte, ce « drame joyeux », nous parle des déchirements causés par l’incertitude des sentiments et l’innocence perdue. 10,13 & 15.03, Tourcoing, Th. municipal Raymond Devos, mar & ven, 19h30, dim, 15h30, 45/6€

20 & 21.03, Dunkerque, Le Bateau-Feu, ven, 20h / sam, 19h, 8€ // 25>29.03, Lille, Théâtre du Nord, mer & ven, 20h / jeu & sam, 19h / dim, 16h, 25>7€

© Jean-Louis Fernandez

Platonov La mélancolie d’un monde qui s’éteint, une jeunesse qui pleure ses rêves avortés et se raccroche désespérément à l’amour. Cette pièce écrite par un Tchekhov de 18 ans, à la fin du xixe siècle, nous renvoie notre époque en pleine figure. Le drame a pour décor la propriété en faillite d’Anna Petrova (Emmanuelle Devos). Cette veuve de général y reçoit chaque été ses amis : aristocrates, femmes éprises de romantisme, bourgeois intéressés. Parmi eux Platonov, intellectuel cynique, multiplie les aventures et symbolise une humanité paumée, noyée dans des fêtes alcoolisées. Et le désir…




97 théâtre & danse

Jos Houben

Artiste en liberté Texte Marine Durand Photo Marcel © Pascal Victor / ArtComArt

Comédien burlesque, clown, auteur, metteur en scène, comique… Difficile de remplir la case « profession » sur le CV de Jos Houben. « Je suis un omnivore », répond l’intéressé, fort d’une carrière théâtrale aussi riche qu’éclectique. De passage dans notre région pour un solo culte et une nouvelle création, l’artiste se dévoile.

A

la lecture des différents articles consacrés à Jos Houben, trois adjectifs reviennent, implacablement : il est grand. Il est drôle. Il est Belge. « Ajoutez extrêmement intelligent », plaisante le quinquagénaire, d’une voix où pointe un accent british follement élégant. En réalité, Jos Houben, c’est avant tout un corps, long, dégingandé, et capable des plus hilarantes imitations. Celle d’une poule, d’un homme ivre, et même d’un camembert dans L’Art du rire (2007), « masterclass » au succès international dans laquelle il dissèque les mécanismes de l’hilarité. « J’aime la liberté absolue que m’offre ce spectacle », lâche-t-il.

Aux origines. C’est pendant ses études de philo à Louvain qu’il découvre la puissance de la scène. « Ça me permet de toucher aux grandes contradictions de la vie ». à sa sortie de la prestigieuse école Jacques Lecoq – où il intervient désormais comme professeur – tout s’enchaîne : les succès populaires avec le Théâtre de Complicité, la reconnaissance mondiale grâce aux séries Mr Fixit et Brum, la consécration lorsqu’il joue Fragments, de Samuel Beckett, dirigé par Peter Brook. Marcel, sa nouvelle création, sonne comme un retour aux sources : en duo avec le comL’Art du rire, 24.03, Armentières, Le Vivat, 20h, 21/14/7€, www.levivat.net // parse des débuts, Marcello Magni, il explore 09.04, Aulnoye-Aymeries, Théâtre Léo les ressorts du gag, dans la pure tradition burFerré, 20h, 11/8€, www.lemanege.com // 18 & 19.05, Lille, Le Prato, 20h, 17>5€, lesque. « C’est un peu L’Art du rire appliqué, www.leprato.fr mais avec nos corps usés, moins souples. Marcel, 31.03 & 01.04, Arras, Théâtre d’Arras, 20h, 20>9€ // 02.04, Douai, L’esprit, lui, est toujours aussi indomptable. » L’Hippodrome, 20h, 20>9€ Et libre, à n’en pas douter.


98 théâtre & danse

Vivons heureux en attendant la mort

Pas étonnant, non Texte Thibaut Allemand Photo Fabrice Gardin

C’est étrange de retrouver sur scène la petite musique de Desproges jouée par un autre. En interprétant les textes du maître de l’humour noir, Dominique Rongvaux ne l’imite pas. Mais redonne vie aux mots d’un géant des lettres, souvent invoqué à tort et à travers.

D’

abord, les faits : Pierre Desproges (1939-1988) est irremplaçable. Ce n’est pas nous qui le disons mais Michel Drucker, chaque semaine, juste après la messe et avant Stade 2 – c’est vous dire s’il a raison. Dommage, car Desproges décédé, on peut lui faire dire ce qu’on veut – on connaît même un abruti fini qui s’est fait une Main d’Or (au moins) en se réclamant de son humour. Ceci posé, penchons nous sur notre affaire : Fabrice Gardin (Karl Marx, Le Retour, entre autres) met en scène Dominique Rongvaux dans un florilège de textes du regretté… comique ? Surtout pas ! Aussi drôle et féroce soit-il, le complice de Luis Rego avait ce mot en horreur. Auteur, donc. Rongvaux n’imite pas Desproges. Il le joue, comme il jouerait un autre auteur du répertoire. Et quel répertoire ! Ces circonvolutions hilarantes, rédigées au millimètre, n’ont rien perdu de leur fiel ni de leur sens de l’absurde, dénonçant bêtise, racisme, chauvinisme, petitesse de droite comme de gauche. Vivons Heureux… s’adresse autant aux inconditionnels du natif de Pantin 18.03>12.04, Bruxelles, Théâtre qu’aux néophytes amateurs d’humour grinçant. des Galeries, mar>sam, 20h15, sf dim, 15h, 25>10€, www.trg.be // Irremplaçable, Pierre Desproges ? Évidemment. 10> 14.03, Louvain-la-Neuve, Atelier Heureusement, son œuvre est immortelle. MoThéâtre Jean Vilar, mar>sam, 20h30 sf jeu, 19h30, 20>10€, www.atjv.be lière, poussez-vous un peu, merci.



100 théâtre & danse

Les Aléas © Benoît Pelletier

Lucrèce Borgia © Arnaud Bertereau / Agence Mona

Elles en rient encore

Lucrèce Borgia

Ce festival se présente comme « un défilé de sacrées bonnes femmes qui n’ont pas froid aux yeux » et multiplie effectivement les propositions hors-normes. On y voit des artistes s’envoyer en l’air, telle la trapéziste Chloé Moglia, dans sa vertigineuse et poétique pièce en trois volets : Les Aléas. On en admire d’autres se crêper le chignon, et même… s’y suspendre. Dans le très « freak-show » Capilotractées, les acrobates Elice Abonce Muhonen et Sanja Kosonen enchaînent les numéros (vraiment) spectaculaires avec leurs longs cheveux. Et pendant ce temps-là, Janie Follet se prend pour un gallinacé ! Dans Chair(e) de Poule, la comédienne / danseuse / chanteuse / humoriste reconsidère le corps féminin sous un angle animalier. Vraiment pas bête. Julien Damien

Pour ses premiers pas sur scène, Béatrice Dalle ne pouvait rêver meilleur rôle que celui de la vénéneuse et fascinante Lucrèce Borgia. Cette pièce de Victor Hugo narre la rencontre « amourhaine », à Venise, entre l’empoisonneuse et son fils, le soldat Gennaro. Ce dernier ignore tout d’elle, et surtout qu’il est le fruit d’un inceste entre cette femme que tous détestent et son frère. David Bobée dynamite cette fresque historique à travers une mise en scène croisant les disciplines, et très rock’n’roll. Les comédiens circassiens évoluent sur un sol gorgé d’eau où flottent des pontons de bois amovibles, tandis que leurs danses hip-hop, dialogues et tirades (fidèles au texte) sont rythmés par des solos live du guitariste Butch McKoy. Un grand moment de théâtre pop et métaphorique.

09>30.03, Lille, Le Prato + divers lieux, www.leprato.fr

Julien Damien

Programme : Aléas, 19 & 20.03, Le Prato, 20h, 17>5€ // Chair(e) de poule, 26.03, Le Prato, 20h, 17>5€ + 27.03, Neuville-en-Ferrain, 20h, 5€ // Capilotractées, 27.03, Harnes, C.C. Jacques Prévert, 20h, 17>5€…

17 & 18.03, Amiens, Maison de la Culture, mar, 19h30 / mer, 20h30, 28>13€, www.maisondelacultureamiens.com // 24>27.03, Douai, L’Hippodrome, 20h, 20>9€, www.tandem-arrasdouai.eu


Cosi fan tutte o p é r a

Wolfgang Amadeus Mozart Mardi 10 mars 2015 19h30 Vendredi 13 mars 2015 19h30 Dimanche 15 mars 2015 15h30

© Danielle Pierre

TOURCOING Théâtre Municipal R. Devos

Réservations : +33 (0)3 20 70 66 66 www.atelierlyriquedetourcoing.fr OPÉRATION SOUTENUE PAR LA RÉGION

La culture au cœur


102 théâtre & danse

Jouvence

Dévoiler ses sources Texte Madeleine Bourgois Photo Mon Élue Noire © François Stemmer

Temps fort, scène ouverte ou festival ? Peu importe le flacon... Jouvence est une belle occasion de découvrir pendant deux jours les artistes en résidence au Ballet du Nord. Originaires de Roubaix, Madagascar ou de Düsseldorf, ils dressent ensemble une cartographie de la création chorégraphique.

I

ls sont quatorze chorégraphes. Si certains sont confirmés, la plupart d’entre eux démarrent leur carrière. Le temps de ce week-end baptisé « Jouvence », Gaëlle Bourges, Benjamin Bertrand et les autres investissent quatre lieux de Roubaix. Leurs partis-pris esthétiques, leurs âges et leurs parcours diffèrent. Mais, ils ont en commun d’avoir été en résidence au Ballet du Nord en 2014. Dans ce vivier, on trouve des artistes reconnus dans la région, à l’instar de Maud Leroy qui propose In Memoriam, une création sur le deuil. Au programme également, Recording Fields, sert le point de vue de trois chorégraphes sur le monde de l’industrie : le passé textile de Roubaix, la métallurgie allemande et les mines de Silésie. Parfaitement à l’aise dans ce grand bain, Germaine Acogny présente Mon élue noire, une version revisitée du Sacre du Printemps d’Olivier Dubois, directeur du Ballet du Nord. De son côté, François Stemmer associe huit jeunes Roubaisiens et Béthunois à des professionnels dans une pièce 27>29.03, Roubaix, Le Colisée, L’oiseau-Mouche, La Condition (Seventeen) traversée par les œuvres de Bowie et publique et Le Gymnase, divers horaires, 8€ par spectacle, à partir d’Arthur Rimbaud. La programmation de toutes de 3 spectacles : 5€, à partir de 6 ces formes brèves permet d’assister à plusieurs spectacles : 4€ (hors Mon Elue Noire) Programme complet & réservation : spectacles dans la même journée. De quoi suivre www.balletdunord.fr, +33 0(3) 20 24 25 24 une salutaire cure de... jouvence, forcément.



104 théâtre & danse

Agenda

She-mâle She-mâle © Frédéric Iovino

Gille Verièpe / Cie DK 59

Cette chorégraphie de Gilles Verièpe interprétée par des femmes sonde leur part de masculinité. Sur scène, dépassant la question du genre, les sept danseuses interrogent l’ordre social et ses jeux de pouvoir, de soumission, de domination, etc. Entre violence et douceur, She-mâle laisse aussi place à l’improvisation, dans une quête gestuelle et de nouvelles individualités. 10.03, Dunkerque, Le Bateau-Feu, 20h, 8€, lebateaufeu.com

Eau sauvage

Nina

Valérie Mréjen / Cie Espace Commun

André Roussin / Bernard Murat

Eau sauvage est le premier parfum pour homme créé par Dior. Discret mais persistant, il a inspiré Valérie Mréjen pour l’écriture de ce livre, mis en scène par la compagnie Espace Commun. L’histoire aborde ce moment où l’on quitte l’enfance et qu’un nouveau rapport s’instaure avec nos parents. Seule sur scène, une comédienne - Bénédicte Cerutti -fait entendre le « dialogue » entre un père aimant mais maladroit, et sa fille.

Pas d’amant dans le placard dans ce vaudeville mis en scène par Bernard Murat. Pièce écrite en 1949 par André Roussin, Nina renverse les codes du genre. L’histoire ? Nina (Mathilde Seigner), libre et passionnée, fait se rencontrer son mari cocu (François Berléand) et son amant (François Vincentelli)… qui deviennent amis. L’habituel triangle amoureux en est tout retourné. Et nous aussi.

10>14.03, Béthune, La Comédie, 20h, 20>6€, www.comediedebethune.org // 16.04, Armentières, Le Vivat, 20h, 21/14/7€, www.levivat.net

13 &14.03, Roubaix, Le Colisée, 20h30, 50>8€, www.coliseeroubaix.com // 20.03, Bruxelles, Théâtre Saint-Michel, 20h30, 69>34€

Tchéky Karyo - Jimi Hendrix (monologue électrique) Zéno Bianu

Tchéky Karyo incarne les textes du dramaturge Zéno Bianu, imaginant les premiers instants de Jimi Hendrix juste après sa mort, en 1970. Notamment grâce au début du dernier poème du guitariste : « L’histoire de la vie est plus rapide qu’un clin d’œil ». Sur scène, la voix de l’acteur est amplifiée grâce à des effets sonores, comme une guitare électrique, pour une expérience théâtrale et musicale psychédélique. 14.03, Lomme, maison Folie Beaulieu, 20h30, 14/8€, www.ville-lomme.fr



106 théâtre & danse

Le jour où ma mère a rencontré John Wayne

Agenda

© Simon Wyffels

Rachid Bouali / Cie La Langue Pendue

Rachid Bouali transforme le quotidien en épopée drôle et poétique. Dans ce one-man-show, le Roubaisien raconte « le jour où » il a quitté le domicile parental. Et revient sur toutes ces anecdotes qui ont nourri son enfance. « Le jour où » il a pris l’avion pour l’Algérie… « le jour où » la famille a acheté sa première machine à laver… Peignant avec tendresse le portrait d’une mère, qui faisait de ses rêves tout un cinéma. 19.03, Ath, Le Palace, 20h, 15€ // 26.03, La Louvière, Le Palace, 20h, 15/12€, www.ccrc.be // 21 .03, Rémicourt

Enfants du pays

Solaris

Cie Artopie / En compagnie des anges / Théâtre la Bardane / Métalu à chahuter

Dai Fujikura / Saburo Teshigawara

En lien avec l’exposition « 30 ans d’acquisition en Nord-Pas de Calais » – quatre compagnies régionales ont créé une pièce à partir d’une œuvre. Ainsi, Laure Chailloux nous raconte avec son accordéon l’histoire qui unit une gardienne de musée à Sans titre d’Augustin Lesage. En s’appuyant sur des témoignages, la compagnie des Anges retrace via une performance électro-théâtrale la vie de ce même peintre, enfant du pays.

Recouverte d’un océan, la planète Solaris présente une forme avancée d’intelligence. à son contact, les humains se retrouvent face à leurs craintes et espoirs... Adapté du roman de SF de Stanislas Lem, cet opéra de Dai Fujikura et du chorégraphe Saburo Teshigawara en restitue le questionnement existentiel. En version très technologique : avec des images en 3D et une composition électro-acoustique réalisée par l’Ircam, qui figure l’océan.

21 & 22.03, Louvre-Lens, sam, 19h, dim, 11h, 15h, 16h, 17h, 9/5€, www.louvrelens.fr

24, 26 & 28.03, Lille, Opéra, mar & jeu, 20h, sam, 18h, 34/25/18/10/5€ -18 ans, www.opera-lille.fr

En attendant Godot Samuel Beckett / Cie des Fous à réAction

Estragon et Vladimir ont rendez-vous avec Godot, qui ne viendra jamais. Alors ils attendent… Ce chef-d’œuvre de l’absurde de Samuel Beckett interroge avec légèreté le sens de la vie. La compagnie Les Fous à réAction s’approprie la pièce tout en livrant sa propre vision : ici, l’action se situe sur un plateau de théâtre, et les personnages sont conscients d’être des acteurs... 26.03>11.04, Tourcoing, Le salon de Théâtre, mar & jeu, 19h30, mer, ven, sam, 20h30, dim, 15h30, 18>6€ // 26>30.05, Villeneuve d’Ascq, La Rose des Vents, mar, mer, ven, 20h, jeu & sam, 19h, 21>10€

Tous les spectacles de l’Eurorégion sur www.lm-magazine.com



certs Csoén lection Dim 01.03 Ariel Pink Tourcoing, Le Grand Mix, 18h, 16/13/5e Death DTA + Loudblast + Thurisaz Anvers, Trix, 18h, 28/25e Death From Above 1979... Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 19e Sam Smith Bruxelles, Forest National, 20h, Complet !

Lun 02.03 FKA Twigs + Dj Slow Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, Complet ! Ibeyi Bruxelles, Ancienne Belgique/ club, 20h, Complet ! Two Gallants + Theo Verney Bruxelles, Botanique/Orangerie, 20h, 20/17/14e

Ostyn Bruxelles, Ancienne Belgique/ club, 20h, 15e

Benjamin Clementine Lille, Le Splendid, 20h, 25,30e

Scarecrow + Amour Mutant Roubaix, La Cave aux Poètes, 20h, 12/10/8e

La Jungle + Master Master Wait... Charleroi, Rockerill, 20h, 6e

Katy Perry Anvers, Antwerp Sportpaleis, 20h30, 75>40e

Jeu 05.03 Dotan + Megan Washington Anvers, Trix, 19h30, 25/22e Jay Electronica Gand, Vooruit, 19h30, 24,75e Dorian Concept + A/T/O/S Roubaix, La Cave aux Poètes, 20h, 12/10/8e Orchestre National de Belgique Ozark Henry Bruxelles, Bozar, 20h, 28/20/16/10e

Yong Yello + Billie Leyers Anvers, Trix, 20h, 10/7e Secret Garden (Tribute To Depeche Mode) Verviers, Spirit Of 66, 21h, 12e

Sam 07.03 Suarez Louvain, Ferme du Biéreau, 16h30, 20h30, 25/23e Ostrogoth + Evil Invaders... Courtrai, De Kreun, 17h, 15/12e Hand in Hands Etterbeek, Espace Senghor, 18h, 10/8e

Panda Bear + Jib Kidder Bruxelles, Botanique/Orangerie, 20h, 20/17/14e

Intergalactic Lovers + I. Liebens Louvain, Het Depot, 18h30, 23/20e

Wallace Vanborn + Soviet Grass Bruges, Cactus Muziekcentrum, 20h, 15/12/10/7,50/5e

Mullova Classique & Jazz Lille, Nouveau Siècle, 18h30, 45>5e

Little Big Bruxelles, VK*, 19h30, 15/12e

Benjamin Booker + Wild Smiles Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 13/10/5€

Jeff Mills Lens, Musée du Louvre-Lens, 19h, 17>10€

Usher Anvers, Antwerp Sportpaleis, 19h30, 80,50>30,50e

Yelle + Clarens Lille, L'Aéronef, 20h, 16>8e

Museu Night Fever 2015 Bruxelles, Musée BELvue, 19h, 12e

Allah-Las Gand, Handelsbeurs, 20h15, 20/18,50e

Mar 03.03

Champs + Tula Bruxelles, Ancienne Belgique/ club, 20h, 15e Peace + The Mash Bruxelles, Botanique/Rotonde, 20h, 19/16/13e

Mer 04.03 Blockhead + DF Cam... Bruxelles, VK*, 19h30, 15/12e Krill Anvers, Trix, 19h30, 13/10e FAUVE≠ Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 26e Little Big + Mascarade Lille, L'Aéronef, 20h, 16>8e

Cubenx + Gordon Shumway... Amiens, La Lune des Pirates, 20h30, 5e Hooverphonic Anvers, De Roma, 20h30, 26/24e Smokey Joe & The Kid + Scarecrow Dunkerque, Les 4 Ecluses, 20h30, 10/7e Véronique Vincent & Aksak Maboul Tournai, Water Moulin, 20h45, 12/10e

Ven 06.03 Fùgù Mango + The Belgians + Mountain Bike + Applause... Bruxelles, Ancienne Belgique, 19h, 15/12/9e www.lm-magazine.com

Tinashe Anvers, Trix, 19h30, 21/18e BRNS + Thibet Mons, Alhambra, 20h, 15e Camelia Jordana Namur, Maison de la Culture, 20h, 27e D'Angelo Bruxelles, Forest National, 20h, 51e Deportivo + ThomC Namur, Belvédère, 20h, 10e La Muerte + Fifty Foot Combo Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 26e Mendelson + Oui Mais Non Lille, La Péniche, 20h, 9e


109 agenda

The Celtic Social Club Lille, L'Aéronef, 20h, 19/14/10e Kölsch + Beazar + Pierre + Deg Bruxelles, Fuse, 23h, 15/10/9€

Dim 08.03 Bogdan Clarks meets Sinatra Louvroil, Espace Culturel Casadesus, 18h, 10/8e/grat pour les femmes Eve Beuvens, Heptatomic + WRAP La Louvière, Le Palace, 18h, 15/12e Architects + Everytime I Die + Blessthefall + Couterparts Anvers, Trix, 19h, 23/20e Ex Hex + DVKES Anvers, Trix, 19h30, 13/10e Michaël Gregorio Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 40/38e

Lun 09.03 Spain + Jeff Beadle Liège, Caserne Fonck, 19h30, 16/12e Benjamin Booker + Wild Smiles Bruxelles, Botanique/Orangerie, 20h, 18/15/12e Weedeater + King Parrot... Lille, L'Aéronef, 20h, 16/11/8e Grand Corps Malade Bruxelles, Wolubilis, 20h30, 45e

Mar 10.03

St Paul & The Broken Bones Bruxelles, Botanique/Rotonde, 20h, 19/16/13e

Mer 11.03 Concert pour un être & portraits en mots (Chiara Zocchi) Valenciennes, Le Phénix, 17h, Gratuit Lordi Courtrai, De Kreun, 19h, 20/17e La descente d'Orphée aux enfers (Marc-Antoine Charpentier) Lille, Opéra, 20h, 34/25/18/10/5e The Subways + Dune Rats Bruxelles, Botanique/Orangerie, 20h, 20/17/14e Alien's club : Emil doesn’t drive Dj Set Valenciennes, Le Phénix, 23h23, gratuit

Jeu 12.03 Pneu + Totorro + La Jungle Bruxelles, Magasin 4, 19h, 8e Cléa Vincent + Robi Lille, La Péniche, 20h, 14/13e Husbands + Weekend Affair Lille, L'Aéronef, 20h, 11e/grat Nolwenn Leroy Lille, Théâtre Sebastopol, 20h, 53>35e Orchestre National de Belgique Ozark Henry Charleroi, Palais des Beaux-Arts de Charleroi, 20h, 30/28/24e

Cosi Fan Tutte Tourcoing, Théâtre Municipal R. Devos, 19h30, 45>6€

Oxmo Puccino Amiens, Maison de la Culture d'Amiens, 20h30, 32>15e

Fiction Plane + Atlantic Attraction Bruxelles, Ancienne Belgique/ club, 20h, 15e

Véronique Sanson Lille, Le Zénith, 20h30, 64>44e

Gisela João Bruxelles, Bozar, 20h, 16e

Louis Sclavis : "Atlas Trio" Dunkerque, Jazz Club, 20h45, 15/10/7e

La descente d'Orphée aux enfers (Marc-Antoine Charpentier) Lille, Opéra, 20h, 34/25/18/10/5e Rejjie Snow Lille, La Péniche, 20h, 13e

Ven 13.03 I love Rock’n Pop Lille, Théâtre de l'Hôtel-Casino Barrière, 19h30, 35e Cosi Fan Tutte Tourcoing, Théâtre Municipal R. Devos, 19h30, 45>6€ Dead Meadow + Moaning Cities Bruxelles, VK*, 19h30, 15/12e Nordmann + Manngold Bruges, Cactus Muziekcentrum, 19h30, 12/9/7/6,50/5e BRNS + Le Colisée Courtrai, De Kreun, 20h, 15/12/9e Birdy Hunt + Okay Monday Roubaix, La Cave aux Poètes, 20h, 12/10/8e Hooverphonic Gand, Capitole, 20h, 44/39/34e Jools Holland and his Rhythm & Blues Orchestra Louvain, Het Depot, 20h, 33/30/27e Le Concert d'Astrée Dunkerque, Le Bateau-Feu, 20h, 12e Ozark Henry Ostende, Kursaal, 20h, 50/45/35/30e Rejjie Snow + Dvtch Norri$ Anvers, Trix, 20h, 13/10e Soen + The Man Eating Tree Mons, Alhambra, 20h, 11e Shaka Ponk Saint-Omer, Scénéo, 20h, 45/36€ Veronique Sanson Bruxelles, Cirque Royal, 20h, 59/54/42e Avishai Cohen Anvers, De Roma, 20h30, 26/24e

The Germans Gand, Vooruit, 21h30, gratuit

Festival Les Enchanteurs : Danakil Oignies, Le Métaphone, 20h30, 21/15e

Alien's club : Emil doesn’t drive Valenciennes, Le Phénix, 23h23, gratuit

IPhaze + Al’Tarba & DJ Nix’on Dunkerque, Les 4 Ecluses, 20h30, 10/7e

www.lm-magazine.com


certs Csoén lection Daran Béthune, Le Poche, 20h45, 12/4/3e Alien's club : Selenian Valenciennes, Le Phénix, 22h30, gratuit Recondite Lille, Magazine Club, 23h, NC

Sam 14.03

Kyle Hall + Steve O’Sullivan... Bruxelles, Fuse, 23h, NC

Dim 15.03 Cosi Fan Tutte Tourcoing, Théâtre Municipal R. Devos, 15h30, 45>6€ Operamania Bruxelles, Forest National, 16h, 72>38e

Pianissima (concours) Marcq-en-Barœul, Théâtre Charcot, 09h, grartuit

Le Pont du Scorff Armentières, Le Vivat, 17h, 21/14/7e

Art Garfunkel Hasselt, Cultuurcentrum, 20h, 38e

Pianissima (récital) Marcq-en-Barœul, Théâtre Charcot, 17h, gratuit

Buzzcocks + Sunpower... Louvain, Het Depot, 20h, 21/18/15e

Samuel Blaser Villeneuve d'Ascq, La Ferme d'en Haut, 17h, 7>2e

Nits Ostende, CC De Grote Post, 20h, 16/14e

Daran Verviers, Spirit Of 66, 18h30, 25e

Soldout + The Lizzies Mons, Alhambra, 20h, 15e

The Wombats Anvers, Trix, 19h30, 23/20e

Ariel Pink Gand, Vooruit, 20h30, 15e

Sttellla Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 23e

Camélia Jordana Béthune, Théâtre de Béthune, 20h30, 22/18e Daran + Erwan#Erwan Arlon, L'Entrepôt, 20h30, 18/16e Festival Les Enchanteurs : HK & Harmonie de Harnes Harnes, Le Prévert, 20h30, 12>8e Opéramania Lille, Le Zénith, 20h30, 60>39e Soprano Saint-Quentin, Le Splendid, 20h30, 29e Tchéky Karyo (monologue électrique) Lomme, maison Folie Beaulieu, 20h30, 14/8e Chicane + Yves Deruyter + Sven Van Hees + Neon + Ken Ishii… Gand, Charlatan, 22h, 45/23e

Soprano Lille, Le Zénith, 20h, 39>29e Warpaint + The Garden Bruxelles, Cirque Royal, 20h, 26/23e

Lun 16.03 Jose Gonzalez + Olöf Arnalds Bruxelles, Cirque Royal, 20h, 26/23/20e Récital Gerald Finley Lille, Opéra, 20h, 23/18/14/9/5e Squarepusher Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 20/17/5e Vader + Hate + Shredhead Lille, L'Aéronef, 20h, 16/11/8e

Tiefschwarz + Raw District... Charleroi, Rockerill, 22h, 10e

Mar 17.03

Blaise Bandini + Goldhammer... Lille, Magazine Club, 23h, NC

Broken Back Lille, La Péniche, 20h, 12/10e www.lm-magazine.com

Gelber joue Rachmaninov Lille, Nouveau Siècle, 20h, 45>5e Hanni El Khatib Bruxelles, Botanique/Orangerie, 20h, 19/16/13e Jean-Louis Murat + Kris Dane Liège, Caserne Fonck, 20h, 26/22e Phuphuma Love Minus Valenciennes, Le Phénix, 20h, 22>13e Soko + Jeanne Added Lille, L'Aéronef, 20h, 16/11/8e Concert baroque Marcq-en-Barœul, Salle SaintPaul, 20h30, Entrée libre Hyphen Hyphen + Weekend Affair Dunkerque, Les 4 Ecluses, 20h30, 9/6e

Mer 18.03 Dope D.O.D. Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 21/18e H-Burns Lille, La Péniche, 20h, 13/12e Royal Blood + Mini Mansions Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 24e Festival Les Enchanteurs : La Maison Tellier Avion, Espace Culturel Jean Ferrat, 20h30, 10/8/6e Irish Celtic Spirit of Ireland Roubaix, Le Colisée, 20h30, 45>8e Narco Terror + Team Wild Lille, L'Antre-2, 20h30, 8/5/1e Oxmo Puccino Trio Lomme, maison Folie Beaulieu, 20h30, 14/8e

Jeu 19.03 Dead Meadow + Crusaders of Love Roubaix, La Cave aux Poètes, 20h, 12/10/8e Guillaume Perret Arras, Théâtre d'Arras, 20h, 8e


111 agenda

Le Roi David Marcq-en-Barœul, Eglise SaintPaul , 20h, 9/6/5e Axelle Red Courtrai, Schouwburg Kortrijk, 20h15, 31>26e Ablaye Cissoko & Volker Goetze Woluwe St-Pierre, W:Halll, 20h30, 15/13/10e Festival Les Enchanteurs : Volo & Mr Roux Divion, Salle des fêtes de Divion, 20h30, 21/10/8e Julien Doré Roubaix, Le Colisée, 20h30, 39>8e L + Cactus in Love Lens, Petit théâtre Médiathèque Robert Cousin, 20h30, 9,10>4,70e La Maison Tellier + La Goutte Dunkerque, Les 4 Ecluses, 20h30, 12/9e Lionel Richie Anvers, Antwerp Sportpaleis, 20h30, 72>47e

Ven 20.03 I love Rock’n Pop Lille, Théâtre de l'Hôtel-Casino Barrière, 19h30, 35e Evan Dando + Sara Johnston Anvers, Trix, 19h30, 19/16e Andrea Balency Lille, La Péniche, 20h, 12/11e Mermonte + Fat Supper Roubaix, La Cave aux Poètes, 20h, 12/10/8e Rocé + Mc Métis + La Mouche Louvroil, Espace Culturel Casadesus, 20h, 8/5e Salvatore Adamo Liège, Le Forum, 20h, 60,50/46,50/32,50e Archimede + Tony Melvil Espace Agora, Santes, 20h, 16>13€ Underworld Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 33e Batlik Lille, L'Antre-2, 20h30, 8/5/1e

Beat Assaillant + Feini-X Crew Arras, Le Pharos, 20h30, 9>3e Fest. Les Enchanteurs : Cabadzi Rouvroy, Salle des fêtes, 20h30, 10/8/6e Gospel pour 100 voix Lille, Le Zénith, 20h30, 59>39e Fest. Zik en Poche : School Is Cool + We Are Enfant Terrible… Béthune, Le Poche, 20h30, 7€ - Pass 2 j. 10€ Salut c'est cool + Rich Aucoin & Encore ! + Vandal + Blondin Lille, L'Aéronef, 21h, 19/14/10e Louisahhh!!! Lille, Magazine Club, 23h, 10€

Sam 21.03 Billy Elliot Lille, Théâtre Sebastopol, 15h, 20h, 23,80>21,80e Sleater-Kinney Anvers, Trix, 19h30, 27/24e Anakronic Lille, La Péniche, 20h, 12/11e Les Enchanteurs : Natacha Atlas Hénin-Beaumont, L'Escapade, 20h, 21/10/8e Flash Pig Valenciennes, Le Phénix, 20h, 16>9e Glass Animals Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 13/10/5e La colonie de vacances + afterlive de Alex&Annie Lille, L'Aéronef, 20h, 16/11/8e Shaka Ponk Bruxelles, Palais12, 20h, 40e Underworld Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 33e Festival Les Enchanteurs : Souad Massi + Flouka Oignies, Le Métaphone, 20h30, 16>10e Les Stentors Lille, Théâtre de l'Hôtel-Casino Barrière, 20h30, 34e www.lm-magazine.com

Peter von Poehl & Héla Fattoumi/ Eric Lamoureux Béthune, Théâtre de Béthune, 20h30, 16/14e Festival Zik en Poche : General Lee + The Prestige + Fake Off Béthune, Le Poche, 20h30, 7€ - Pass 2 j. 10€ Stabat Mater Furiosa Lomme, maison Folie Beaulieu, 20h30, 9/5e Ful & The Knife Gand, Vooruit, 21h, 20e Nina Kraviz + Makam A. Brehme Bruxelles, Fuse, 23h, NC

Dim 22.03 Duo Chelys Bruxelles, Bozar, 11h, 10e Ensemble Apotheosis Ostende, CC De Grote Post, 11h, 16/14e Claire Bergerault Marcq-en-Barœul, Théâtre de la Rianderie, 11h30, Gratuit Orchestre National de Belgique (Pyotr Tchaikovsky) Bruxelles, Bozar, 14h, 40/32/22/10e Emma Kirkby & Jacob Lindberg Bruges, Concertgebouw, 15h, 32/27/21/16e Tap Factory Lille, Théâtre de l'Hôtel-Casino Barrière, 17h, 34e Caudal + Convulsif... Bruxelles, Magasin 4, 19h, 8e Nicki Minaj Bruxelles, Palais12, 19h30, 79/49/42e The Dandy Wharols + Dark Horses Anvers, Trix, 19h30, 27/24e Ennio Morricone Lille, Le Zénith, 20h, 155,50>73e Id!ots + The Germans + Tubelight Bruxelles, Ancienne Belgique/ club, 20h, 15e Mulatu Astatke + GoGo Penguin Louvain, Het Depot, 20h, 25/22/20e


certs Csoén lection Noel Gallagher + Paul Newsome Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 37e

Barcella + Lisza Bruxelles, Botanique/Orangerie, 20h, 20/17/14e

Shemekia Copeland Hénin-Beaumont, L'Escapade, 20h, 10/8e

Oxmo Puccino Maubeuge, Théâtre du Manège, 20h, 11/8e

Lun 23.03 Paul Simon & Sting Anvers, Antwerp Sportpaleis, 19h30, 200,50>40,50e Charlie Winston Lille, Théâtre Sebastopol, 20h, 35>31e

The Spectors Bruxelles, Ancienne Belgique/ club, 20h, 15e The Gershwin's Porgy and Bess Roubaix, Le Colisée, 20h30, 80>15e

Jeu 26.03

Melvile sur scène Mons, Le Manège, 20h, 11e

Sub Rosa + Eagle Twin + Uzala Bruxelles, Magasin 4, 19h, 8e

SoKo Bruxelles, Botanique/Orangerie, 20h, 20/17/14e

Steven Wilson Anvers, Trix, 19h30, 28/25e

Glass Animals Gand, Handelsbeurs, 20h15, 16/14,50e

Mar 24.03 Asa Lille, Le Splendid, 20h, 29e Casadesus dirige Bizet Lille, Nouveau Siècle, 20h, 45>5e Les Enchanteurs : Alain Chamfort Sallaumines, MAC, 20h30, 16/14/12e Orchestre Symphonique d’Odense - Michel Legrand Amiens, Maison de la Culture, 20h30, 40>16,50e Piers Faccini Lille, L'Antre-2, 20h30, 8/5/1e The Gershwin's Porgy and Bess Roubaix, Le Colisée, 20h30, 80>15e

Mer 25.03 Les Biskotos Lomme, maison Folie Beaulieu, 15h30, 2e

Axelle Red Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 33e Casadesus dirige Bizet Lille, Nouveau Siècle, 20h, 45>5e Fest. Les Enchanteurs : Arthur H Bruay-La-Buissière, Espace Culturel Grossemy, 20h, 13e Groundation Lille, L'Aéronef, 20h, 23/19/14e James Taylor Lille, Théâtre Sebastopol, 20h, 95>56,50e Les Femmes S’en Mêlent n°18 : Billie Brelok + Little Simz Roubaix, La Cave aux Poètes, 20h, 12/10/8e Ozark Henry Liège, Caserne Fonck, 20h, 25/20e Zion Train Louvain, Het Depot, 20h, 18>13e Bison Bisou + So Was The Sun… Amiens, La Lune des Pirates, 20h30, 10e Les Enchanteurs : Collectif 13 Houdain, Complexe sportif Cailliau, 20h30, 16/14/12e

Ven 27.03 I love Rock’n Pop Lille, Théâtre de l'Hôtel-Casino Barrière, 19h30, 35e Compact Disk Dummies + DBFC Lille, L'Aéronef, 20h, 13/7/5e Magnus Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 24e Renaud Garcia Fons & Derya Türkan + L'Hijâz'Car Faches-Thumesnil, Les Arcades, 20h, 15/12/7e Team Wild Armentières, Le Vivat, 20h, 7e Arthur H Amiens, Maison de la Culture d'Amiens, 20h30, 36>15,50e Billy Elliot (la comédie musicale) Orchies, Le PACBO, 20h30, 15/12/5e Festival Les Enchanteurs : Tri Yann Houdain, Complexe sportif Cailliau, 20h30, 16/14/12e Mayra Andrade Lomme, maison Folie Beaulieu, 20h30, 9/ 5e /1 crédit loisirs Merzhin Marcq-en-Barœul, Théâtre Charcot, 20h30, 9/6/5e Ozark Henry Mouscron, Centre Marius Staquet, 20h30, 35/33/31e Résonances Plurielles #2 / Rock 'n' Coal : Tim Fromont Placenti + Martin James Oignies, Le Métaphone, 20h30, 11/8/5e

Sam 28.03 Curtis (Tribute to Joy Division) Arlon, L'Entrepôt, 20h, 12/10e GiedRé + Didier Super + C. Gervy Mons, Alhambra, 20h, 15e

Bach apocryphe Lille, Opéra, 18h, 10/5e

Jawhar Louvain, Ferme du Biéreau, 20h30, 16/14/13e

Klub des Loosers Bruxelles, Botanique/Orangerie, 20h, 21/18/15e

Anaïs Bruxelles, Botanique/Rotonde, 20h, 19/16/13e

Mars Red Sky Villeneuve d'Ascq, La Ferme d'en Haut, 21h, 7>2e

Les femmes s'en mêlent 2015 : Sallie Ford + Pins Lille, L'Aéronef, 20h, 19/14/10e

www.lm-magazine.com


113 agenda

Mayra Andrade Arras, Théâtre, 20h, 20>9e Billy Elliot (la comédie musicale) Orchies, Le PACBO, 20h30, 15/12/5e Camélia Jordana + Calling Off Calais, Centre Culturel Gérard Philipe, 20h30, 12/7/4e Résonances Plurielles #2 / Rock 'n' Coal : Dead Astropilots + Okay Monday + Faerground Accidents Oignies, Le Métaphone, 20h30, 11/8/5e Tape Cuts Tape + The Tone Zones + Ratzinger + Mittland och Leo Dixmude, 4AD, 20h30, 11/9/7e Max Cooper Liège, Caserne Fonck, 22h, 15/12e

Dim 29.03 Résonances Plurielles #2 / Rock 'n' Coal : Acid Brass Oignies, Le Métaphone, 14h30, gratuit

Aldebert Charleroi, Palais des Beaux-Arts de Charleroi, 16h, 1512/10/8e Billy Elliot (la comédie musicale) Oignies, Le Métaphone, 16h30, 12/9/6e Angelo Branduardi Lille, Théâtre de l'Hôtel-Casino Barrière, 17h, 73e The Ex + Frédéric Lejunter Lille, L'Aéronef, 18h, 16/11/8e Giedre Liège, Caserne Fonck, 19h30, 26/22e Raketkanon Gand, Vooruit, 19h30, 14,75e

Lun 30.03

Mar 31.03 Collegium Vocale Gent (Johann Sebastian Bach) Bruxelles, Bozar, 20h, 72/56/40/18e Penthesilea Bruxelles, La Monnaie, 20h, 185>9€ Fest. Les Enchanteurs : Les Divalala Auchy-les-Mines, Salle des fêtes, 20h30, 10/8/6e Skip&Die + DÒj Rkk Amiens, La Lune des Pirates, 20h30, 14/9e

Jeu 02.04

Mike Fletcher Bruxelles, Bozar, 20h, 16e

Ricard S.A Live Sessions : Fuzeta + Jabberwocky + Hyphen Hyphen Lille, L’Aéronef, 19h30, gratuit

Julien Doré Roubaix, Le Colisée, 20h30, 39>8e

Penthesilea Bruxelles, La Monnaie, 20h, 185>9€

www.lm-magazine.com


114

Super Flemish © Sacha Goldberger

le mot de la fin

Sacha Goldberger, Super Flemish Superman ou Batman en collerette, Hulk en culotte bouffante… Ce photographe français confronte les héros de la pop culture à la peinture flamande. Un méticuleux travail sur la lumière projette chaque membre de cette mythologie moderne au temps de la Renaissance. Une super héroïque fantaisie ! – www.sachagoldberger.com –




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