LM magazine 119_Hauts de France_Belgique

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N째 119 / J U I N 2016 / GRATUIT

HAUTS-DE-FRANCE & BELGIQUE Cultures et tendances urbaines



Sommaire LM magazine n°119 - Juin 2016

80

06

Cinéma

News

The Witch, American Hero, Panique à Needle Park

La grande vadrouille

10

Loisirs Flex in the City, BattleKart, Baby-Foot humain, Foot Foraine

86

Part 1 : Juin 2016

28

Événement 2666 de Julien Gosselin

Dossier spécial Festivals Hauts-de-France & Belgique

20

Portfolio Sam Chivers : La traversée fantastique

Latitudes Contemporaines, Y’a Pas L’Feu, Les Folies, Lille Piano(s) Festival, Graspop Metal Meeting, Best Kept Secret, Festival Pic’Arts, Le Rock Dans Tous Ses États, Festival Au Carré, Verdur Rock, Paradise City, Rock Werchter, Couleur Café, Main Square Festival…

90

Livres P. Zachmann, J. Franzen…

96

Exposition La Vie sexuelle de Tintin, Aldo Bakker, Home Cinema, Eugène Leroy… Agenda

68

Musique Neil Young, Cypress Hill, Christophe, La Mverte, The Brian Jonestown Massacre, Parquet Courts…

78

Disques

114

Le mot de la fin Velocipedia

Flex in the City © Nicola Geismar / Volcano Road © Sam Chiver / Graspop Metal Meeting 2015 © Looy Robin / Julien Gosselin © Simon Gosselin / La Vie sexuelle de Tintin © Jan Bucquoy


LM magazine France & Belgique

28 rue François de Badts 59110 LA MADELEINE - F tél : +33 362 64 80 09 - fax : +33 3 62 64 80 07

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Direction de la publication / Rédaction en chef Nicolas Pattou nicolas.pattou@lastrolab.com

Direction artistique / Graphisme Cécile Fauré cecile.faure@lastrolab.com

Rédaction Julien Damien redaction@lm-magazine.com

Couverture Sam Chivers The Apex of Youthful Manliness www.samchivers.com

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Administration Laurent Desplat laurent.desplat@lastrolab.com Réseaux sociaux Sophie Desplat Impression Imprimerie Ménard 31682 Labège Diffusion C*RED (France/Belgique) ; Zoom On Art (Bruxelles)

Ont collaboré à ce n° : Thibaut Allemand, Elisabeth Blanchet, Rémi Boiteux, Sam Chivers, Marine Durand, Audrey Jeamart, Thomas Lansoud-Soukate, Benjamin Leclerc, François Lecocq, Raphaël Nieuwjaer, Marie Pons et plus si affinités.

LM magazine France & Belgique est édité par la Sarl L'astrolab* - info@lastrolab.com L'astrolab* Sarl au capital de 5 000 euros - RCS Lille 538 422 973 Dépôt légal à parution - ISSN : en cours L’éditeur décline toute responsabilité quant aux visuels, photos, libellé des annonces, fournis par ses annonceurs, omissions ou erreurs figurant dans cette publication. Tous droits d’auteur réservés pour tous pays. Toute reproduction, même partielle, par quelque procédé que ce soit, ainsi que l’enregistrement d’informations par système de traitement de données à des fins professionnelles, sont interdites et donnent lieu à des sanctions pénales. LM / Let'smotiv est imprimé sur du papier certifié PEFC. Cette certification assure la chaîne de traçabilité de l’origine du papier et garantit qu'il provient de forêts gérées durablement. Ne pas jeter sur la voie publique.

PAPIER ISSU DE FORÊTS GÉRÉES DURABLEMENT



News

Fête du Front populaire. Stade Buffalo. Montrouge (Hauts-de-Seine), 14 juin 1936. Photographie de Gaston Paris. © DR © Gaston Paris / Roger-Viollet

Des nouvelles du Front À l’heure où la France passe ses nuits debout et ses journées à questionner le monde du travail, l’exposition 1936, le Front populaire en photographie rappelle le pouvoir du peuple. Des rues gagnées par la foule, des poings levés, les premières vacances à la mer… Ces clichés des tout jeunes Capa, Cartier-Bresson ou Doisneau témoignent de ces luttes menées pour le progrès social. Certes, « l’histoire ne repasse pas les plats » comme disait Céline. Mais parfois, elle bégaye… Jusqu’au 23.07, Paris, Hôtel de Ville, salle Saint-Jean, tlj sauf dim : 10 h > 18 h 30, gratuit, www.paris.fr

Le WhiteHall Court, bâtiment autrefois réservé à l’agence du MI6, aujourd’hui acquis par Igor Shuvalov, Vice-Premier ministre Russe © DR

La grande évasion Évadons-nous dans les rues londoniennes, ils sont nombreux à le faire. Fiscalement, surtout… Lancé par une organisation luttant contre « le blanchiment d’argent à travers les investissements massifs dans des parcs immobiliers de Londres », le « Kleptocracy Tour » consiste en une visite guidée, en bus, des luxueuses demeures acquises avec des fonds douteux. Et le crime paie plutôt bien… kleptocracytours.org


© ArcelorMittal Orbit

Glisse olympique C’est bien beau de bâtir des œuvres monumentales à l’occasion de grands événements sportifs, mais qu’en faire une fois que la planète ne vous regarde plus ? Tenez : la Tour Orbit, imaginée par Anish Kapoor et élevée à Londres lors des JO de 2012. Que va-t-elle devenir ? Un toboggan, évidemment ! Plutôt maousse pour le coup : 80 mètres de long, 11 virages et 40 secondes de descente. Une glisse olympique à tester dès le 24 juin.

Détournement d’avion Le camping vous rebute ? Prenez donc place à bord d’un Boeing 767, pour votre premier été en tant que membre de la Quirky Glamping (contraction de glamour et camping). Sur un coup de tête du fortuné David McGowan, l’avion va être transformé en hôtel de huit chambres. Posé dans la station balnéaire d’Enniscrone, en Irlande, il sera l’attraction d’un village ayant pour thème… les transports en commun ! On embarque ? Mouais… © Genesis Skywalker Design

Nuit perchée « Que feriez-vous si l’appartement de la Tour Eiffel était tout à vous pour une nuit ? » Voilà la question posée par Abritel-HomeAway. La réponse doit être la plus originale possible en 140 caractères. En jeu : une nuitée dans le monument parisien durant l’Euro. Le premier étage sera aménagé pour l’occasion par l’architecte d’intérieur Benoît Leleu. On se demande tout de même comment trouver le sommeil dans une piaule qui clignote toutes les heures… www.abritel.fr/info/eiffel-tower


8 MUSIQUE

La photo du mo

Ugo Rondinone, Seven Magic Mountains, Las Vegas, Nevada, 2016 © Gianfranco Gorgoni. Courtesy of Art Production Fund and Nevada Museum of Art

is

Colore Un mirage ? Non. Une prouesse technique signée du plasticien suisse Ugo Rondinone, qui a élevé ces totems de pierres colorées dans le désert du Nevada, au bord de la route menant vers Las Vegas. Dénichés, sculptés puis peints sur place, ces rochers ont été alignés dans un équilibre chaotique, culminant à dix mètres de hauteur, pour former « sept montagnes magiques » – Seven Magic Mountains. Cette œuvre magistrale de land art a nécessité cinq ans de travail et sera visible jusqu’en mai 2018. Avant de redevenir poussière. sevenmagicmountains.com

Pors & Rao, The Uncle Phone © Gallery Ske

Appel longue distance Omniprésent le smartphone ? Le duo d’artistes formé par Søren Pors et Aparna Rao détourne avec ironie cette envahissante technologie. Ce téléphone (en état de marche) dont le cadran est éloigné de deux mètres du combiné nécessite la coopération de deux personnes pour être utilisé. On peut voir dans cet Uncle Phone une allusion à la ligne de communication directe établie entre les USA et l’URSS, en pleine Guerre Froide, et la distance idéologique qui les sépare. Une œuvre simple comme un coup de fil. www.porsandrao.com



10 LOISIRS

Š Nicola Geismar


11 LOISIRS

Flex in the City Texte & Photo Elisabeth Blanchet

Une activité physique ne se pratique pas forcément en salle ou dans quelques espaces réservés en ville. La cité entière s’offre comme un vaste terrain de jeu pour les adeptes de glisse (skate, roller, BMX...), sports collectifs, danse ou arts martiaux. Dépassant le seul culte de la performance, une nouvelle option gagne même les rues de Londres : « Flex in the City ». Découverte d’un mouvement qui réinvente l’usage des équipements urbains, au gré d’une balade aussi musclée que créative, entre friches industrielles et parc flambant neuf.


12 LOISIRS

« Voir la ville comme un e suis venue pour améliorer ma souplesse et espace ouvert, les rues travailler mes muscles. C’est super de m’exercer dehors, comme une vaste toile et avec du mobilier que je n’aurais jamais pensé utiliser », ses équipements comme déclare Sansita entre deux numéros d’équilibre. Elle fait des outils » partie de la douzaine d’inscrits à la session « Flex in the City », organisée par l’inventrice du concept, Nicola Cher Geismar. Cette fois, on s’entraîne autour du tout nouveau Queen Elizabeth Park à Stratford, site des JO de 2012. Ancienne danseuse de hip-hop, cette dynamique Londonienne de 37 ans guide sa troupe vers les quartiers industriels de Homerton. Sur le chemin, on s’intéresse à des barres de métal courbées destinées à attacher des vélos. Qui aurait cru que ces structures aux allures insipides puissent se transformer en supports pour une séance de stretching ? C’est toute l’idée de Nicola : « voir la ville comme un espace ouvert, les rues comme une vaste toile et ses équipements comme des outils », >>>

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14 LOISIRS

« On utilise ce que

explique-t-elle avant de s’arrêter devant un lampadaire, parfait pour l’on déniche dans un exercice de « pole dance ». Sous les yeux des autres protagonistes, la rue pour réaliser Maisy, 12 ans, grimpe au candélabre et dévoile des talents certains de des figures » gymnaste. Mais pas besoin d’être une Nadia Comaneci en herbe pour se prêter au jeu. « Flex in the City s’adresse à tout le monde ». D’ailleurs, Nicola ne sait jamais à l’avance qui va s’inscrire à ses sessions, toujours gratuites, en accord avec des partenaires différents. En ce moment, elle participe à un festival organisé par la ville de Londres. C’est vers une large rampe d’escalier que la séance continue. Parents comme enfants s’y collent. Nicola suggère des figures mais lâche aussi les rênes. « Quand j’ai une majorité de mômes, je les laisse souvent diriger. J’ai toujours un plan mais je m’adapte en fonction du public et des énergies de chacun ». Des graffitis corporels – Comment Nicola a-t-elle créé cette discipline ? En 2011, elle se blesse au genou en dansant et ne peut plus malmener son ligament. Elle reconsidère alors sa carrière, enseigne le pilates, se met au pole dance artistique... « Je n’avais plus envie


d’imposer les mêmes exercices à mon corps, enfermée dans un même lieu ». L’interaction avec l’environnement extérieur est donc capitale. C’est devenu le fondement de Flex in the City. « On utilise ce que l’on déniche dans la rue pour réaliser des figures, du stretching ». Cette pratique ne se limite d’ailleurs pas à la force et à la souplesse. « On recherche l’équilibre dans l’embrasure d’une porte ou devant du street art ». Car il s’agit aussi de jouer avec l’art dans la rue. « Plutôt que de regarder l’œuvre, on préfère s'amuser avec elle, s’y fondre, en la touchant même furtivement ». Ni parkour, ni street dance, ni sport, Flex in the City prend donc une autre dimension. « C’est une création artistique, comme des graffitis physiques, pas seulement du fitness mais un art de vivre inspiré de l’esthétique hip-hop ». Et celui-ci se propage dans le monde, de Londres à New-York. « Je cherche à développer une communauté de personnes prêtes à s’exprimer physiquement, en connexion directe avec leur univers urbain ». Après les friches industrielles de Homerton, retour aux structures modernes du Queen Elizabeth Park. C’est entre deux sculptures de miroirs que la séance s’achève. Ni Sansita, ni Maisy, ni les autres ne semblent vouloir quitter les lieux. Pourtant, une bonne heure s’est déjà écoulée. Nicola a réussi son pari : petits et grands élèves ne verront plus jamais la ville comme avant. L’espace public est devenu leur terrain de jeu.

À visiter / www.cityismyplayground.com


16 LOISIRS

BattleKart La piste aux pixels

Texte Julien Damien Photo J. Damien / Wapict

Mêler le gameplay du jeu vidéo Mario Kart aux sensations procurées par le pilotage d'un vrai karting ? C'est la grande idée qu'a eue Sébastien Millecam durant ses études d'ingénieur, à Mons. En juillet, ce Mouscronnois de 27 ans ouvrait à Dottignies BattleKart, une attraction unique au monde. En piste !

N

ous prenons place sur la grille de départ. 3, 2, 1… partez ! L'accélération du bolide électrique, dans la pénombre, offre une sensation de vitesse impressionnante. Des bonus apparaissent sur le sol. Il suffit de rouler dessus pour bénéficier d'un turbo, d'un bouclier ou d'un missile, dont on use aussitôt sur le manant qui vient de nous doubler, en pressant


17 ÉCRANS

un bouton situé sur le volant. Dans le mille ! Le voilà immobilisé (et furibard). Un virage négocié en dérapage et hop, nous le dépassons. Un coup d'œil sur l'écran à droite du volant nous permet de constater que nous sommes en tête... jusqu'à la ligne droite suivante où nous perdons le contrôle à cause d'une flaque d'huile. Nous finissons dernier. Un nouveau circuit se dévoile. Vengeance... Réalité augmentée – Vous l'aurez compris, BattleKart nous plonge littéralement dans un jeu vidéo. Comment ? Grâce à 48 projecteurs situés au plafond qui dessinent les circuits sur le sol en béton. 336 capteurs permettent à un serveur de calculer la position des véhicules « au centimètre près, 270 fois par seconde », et aux pilotes d'interagir avec les items en pixels, de ralentir le kart s'il roule dans le décor virtuel, etc. Une partie peut accueillir six joueurs, sur deux pistes de 2 000 m2. BattleKart compte déjà 15 000 visiteurs depuis son ouverture, et pourrait bien envaMouscron (Dottignies), rue de Valemprez 20 A, hir la planète. Une soixantaine d'inmar & jeu : 16 h 30 > 20 h, mer & dim : 13 h 30 > 20 h, ven : 16 h 30 > 00 h, vestisseurs – américains, allemands, sam : 13 h 30 > 00 h, 48 € la partie de 30 min, qataris… – s'intéressent de près à ce 36 € pour 20 min, 18 € pour 10 min, 10 € pour 5 min, www.battlekart.eu concept loin d'être game over.


© Julien Damien

Baby-foot humain Partie prenante

Barbant le baby ? Toujours rien compris au foot et à sa sacro-sainte règle du horsjeu ? Alors direction le Kipstadium de Tourcoing et son drôle de baby-foot humain. Un terrain gonflable de 15 m de long, un ballon en mousse (il vaut mieux…) et pas de poignées. Eh oui : ici, ce sont nous les joueurs ! À part ce petit détail, les règles sont quasiment les mêmes qu'au baby. « On peut réaliser des gamelles, jouer avec plusieurs balles… », explique le responsable, David Duquesnoy. Seules les roulettes paraissent plus difficilement exécutables (et puis de toute façon, elles sont interdites). Un match se dispute à six contre six (voire quatre) et les participants ne peuvent se déplacer que latéralement, les mains attachées à une grosse barre métallique – « si vous la lâchez, c'est penalty ! ». Nous voilà donc transformés en petits bonshommes manchots, ce qui met redoutablement à l'épreuve notre sens de la contorsion et, surtout, de la cohésion. « Si l'un part à gauche et l'autre à droite, ça ne va pas le faire… ». Sinon, pas besoin de se la jouer comme Ronaldo pour s'amuser. Il suffit de récupérer le ballon dans les pieds de l'adversaire (gaffe aux tibias…) et tenter de marquer des buts. Comme au baby. Sauf qu'à la fin, on est un peu plus essoufflés. À quand Kipstadium de Tourcoing, 70 rue de L'Union, 30 € / demi-heure, lun > ven : 10 h > 22 h 30, week-end : 10 h > le flipper géant ? Julien Damien 20 h 30, +33 (0)9 69 32 14 42, www.kipstadium.com


19 LOISIRS

Foot Foraine Terrain d'entente

Des passements de jambes à gogo, des contrôles du petit orteil, des thèses sur la pertinence du 4-3-3… Bon, et si on sortait un peu du terrain ? Entre deux matchs de l'Euro, la gare Saint Sauveur décale notre regard sur le ballon rond.

D'

abord, quitte à tacler sévèrement nos amis anglais, le foot n'a pas exactement vu le jour sur la perfide Albion. « On trouve traces d'un jeu de balle au pied à Florence, durant la Renaissance, en marge du carnaval. On appelait ça le "calcio" », nous glisse Caroline Carton, coordinatrice de Foot Foraine. Voilà ce qu'on découvre en se baladant à la Gare Saint Sauveur. Dans une scénographie restituant « l'ambiance d'une fête foraine vintage » se côtoient les œuvres de 11 artistes contemporains, mais aussi des jeux, des tournois décalés, des projections… Il s'agit d'« offrir une alternative à la fan zone classique en proposant une vision différente du foot ». Parmi les pièces exposées, on trouve La Tour de Baball, une pyramide de ballons illustrant « le caractère sacré de ce sport » signée du Sud-Africain Kendell Geers. Citons aussi Hooliganism de Malachi Farrell, une installation mettant en scène les dégâts causés au stade par une foule d'hystériques. Chacun peut enfin relativiser (et mouiller le maillot) sur un terrain "triolectique", en forme d'hexagone, où s'affrontent trois équipes ! Ou en grimpant sur des manèges de collection du xixe siècle, mais pas vieux jeu pour un sou. Julien Damien 03.06 > 06.11, Lille, Gare Saint Sauveur, mer > dim : 12 h > 19 h (ouvert lundi et mardi durant l'Euro), gratuit (manèges : 2€), www.lille3000.eu

Braschler Fischer, Faces Of Football, Gerald Asamoah

Malachi Farrell, Hooliganism, 1997



21 PORTFOLIO

Sam Chivers Nature hurlante Texte Julien Damien Illustration Institutional investor

«D

ans un futur proche, les machines domineront le monde dans l’unique but de nous anéantir, elles développeront des assassins androïdes à l’apparence humaine ». Bon, comme l’atteste cette vision apocalyptique façon Terminator, Sam Chivers n’est pas exactement ce qu’on pourrait appeler un optimiste. Ni un très grand fan de technologie. D’ailleurs, cet illustrateur anglais a fait des relations entre la science et la nature l’un de ses sujets de prédilection. Pour preuve ces paysages teintés de SF vintage. On ne s’étonne guère d’apprendre que ce diplômé de la Portsmouth University reste influencé par la bande dessinée française des années 1970-80, en particulier par des auteurs comme Moebius ou Caza. Mais c’est surtout dans la belle campagne de son East Sussex natal qu’il puise sa créativité, à la faveur « de longues promenades matinales ». Ainsi, « le ciel illuminé, l’ombre des grands arbres, les couleurs ardentes du lever du soleil surplombant les sommets des montagnes escarpées » lui offrent une infinie source d’inspiration. Cette contemplation sert des dessins qu’il retravaille sur ordinateur (telle cette foisonnante nature où posent les rockeurs qui font notre couverture). Il n’est d’ailleurs pas rare que le quadragénaire expérimente la paréidolie, ce phénomène optique consistant à associer des formes humaines ou animales à un élément issu de notre environnement – « n’importe qui ayant regardé la Lune y a vu deux yeux, un nez et une bouche ». Question imagination, on garde toujours une longueur d’avance sur les robots. À visiter / www.samchivers.com


Winters lookout



Dark days

Garden of mostly earthly delights


Lighthouse in the East


26 FESTIVALS



Rotterdam

28 C terb y Folk tone

amsterdam

FESTIVALS

Oo ende

Dover C s

16

15

18

Hardelot

6

Berck

twerpen

Brug

Dunkerque Houthem Menin

14

Perk

Kortrijk

19 8 To coing 2 22 Roub x

Comin Cambrin

3

Lille

7 Loos en Gohelle 29 12 27 Ar s

Bethune

25

10

D sel Wer ter

26

9

Peer

Bruxell

1 11 28 17 Wavre 24 Ottigni

Mons

23

cologne

Lie

Nam

5

Maubeu

4

luxembourg

Amiens

Rouen

Compiegne

13 20

Creil

Septmonts

21

Evreux

Paris

Festival Paradise City © ALOHAFRED (voir p. 58) 01 - D 02 -

Festival, Danse, jusqu'au  11.06, Bruxelles, p.34

14  >  19.06, Rebreuve-Ranchicourt, Estrée-Cauchy, Fouquières-lez-Béthune, Essars, Annezin, Loos-en-Gohelle, p.38

Latitudes Contemporaines, Danse, 01 > 17.06, Métropole Lilloise, p.30

03 -

Y'a Pas L'Feu, Musique, 03 & 04.06, Cambrin, p.34

04 -

Les 21 Rendez-vous de la BD d'Amiens, e

Exposition et Littérature, 03 > 05.06, Amiens, p.36 05 -

Les Folies, Pluridisciplinaire, 04 & 05.06, Maubeuge, p.36

06 - Cinémondes

: Festival International du Film Indépendant, Cinéma, 04 > 11.06,

Berck-Sur-Mer, p.38 07 - La

Constellation Imaginaire #2, Arts de Rue,

08 -

Lille Piano(s) Festival, Musique, 17 > 19.06, Lille, Villeneuve d'Ascq… p.40

est Kept Secret Festival, Musique, 09 - B 17 > 19.06, Peer, p.46 raspop Metal 10 - G Dessel, p.42 russels Film 11 - B Bruxelles, p.38 aites de la 12 - F Arras, p.44 13 -

Meeting, Musique, 17 > 19.06,

Festival, Cinéma, 17 > 24.06,

chanson, Musique, 18 > 25.06,

Creil Colors, Musique, 19.06, Creil, p.44


Festivals DOSSIER SPÉCIAL

Pa rt 1 : ju in 20 16

14 -

J'veux du soleil, Musique, 23 & 24.06, Comines et Houthem, p.48

22 -

15 -

Long Ma, Arts de rue, 23 > 26.06, Calais, p.66

23 -

Verdur Rock, Musique, 25.06, Namur, p.58

24 -

Nuit Africaine, Musique, 25.06, Ottignies, p.54

16 - L a Citadelle en Dunkerque, p.54

Bordées, Musique, 24.06,

17 -

Wacolor, Musique, 24.06, Wavre, p.48

18 -

Midsummer Festival, Musique, 24.06 > 16.07,

19 -

International Lille Tattoo Convention, Art, 24> 26.06, Lille, p.56

aradise 25 - P Perk, p.58

City, Musique, 25 &  26.06,

Hardelot, p.54

ock Werchter, Musique, 30.06 > 03.07, 26 - R Werchter, p.60

Grensrock Festival, Musique, 24 & 25.06,

27 -

e Rock Dans Tous Ses 20 - L 24 & 25.06, Evreux, p.52

Main Square Festival, Musique, 01 > 03.07, Arras p.64

Menin, p.48

États, Musique,

estival Pic'Arts, Musique, 24 & 25.06, 21 - F Septmonts, p.50

28 -

Couleur Café, Musique, 01 > 03.07, Bruxelles, p.62

estival Au 29 - F Mons, p.58

Carré, Pluridisciplinaire, 01 > 09.07,


Fruits of Labor © Miet Warlop

FESTIVALS

30


31 FESTIVALS

Latitudes Contemporaines danse

Un personnage juché sur des talons aiguilles, une basket et une jambe artificielle, capuche sur la tête et sac à dos… L'affiche donne le ton : le festival Latitudes Contemporaines mêle les genres et se mêle de tout ce qui nous regarde. Attention, ça risque de secouer sur les scènes de l'Eurométropole. Théâtre, musique, danse… On le sait, les frontières entre les genres sont poreuses. Mais qu'en est-il de celles qui se dressent entre les Hommes ? Les sexes ? Les religions ? Voilà autant de thèmes ô combien d'actualité qui traversent l'édition 2016 de ce festival. Celui-ci fait ainsi la part belle à la pluralité et donne une vraie place à la voix et au corps des femmes. Côté cultures, on foule les terres helvètes via un focus sur cette dynamique scène, représentée par l’énergie punk de KYLIE WALTERS et sa crête blonde, qui bousculent le vivre-ensemble et la tradition dans A U de CHRISTIAN UBL. La danseuse brésilienne ANA PI nous entraîne ensuite dans un tour du monde des danses urbaines, de Kingston à Johannesburg, avant que PRIEUR DE LA MARNE et CHASSOL délivrent leur set inédit, tout en grâce et gorgé d'exotisme. Girl Power Parmi ce déploiement de fortes personnalités, des femmes au caractère bien trempé mènent la danse. L’immense metteuse en scène ANGÉLICA LIDDELL déchaîne les passions en confrontant textes sacrés et corps féminin. Puis, la chorégraphe marocaine BOUCHRA OUIZGUEN réconforte en déplaçant le regard porté sur les femmes musulmanes à travers la prestation des Aïtas, femmes admirées ou rejetées pour leur émancipation. LÆTITIA DOSCH campe quant à elle pas moins de 80 personnages en un solo qui 01 > 17.06, Armentières, Courtrai, Lille, Roubaix, se feuillette comme Un album. Oui, Villeneuve d'Ascq, divers lieux, 16 > 2 € / gratuit, pass 4 nous voilà sous de bonnes latitudes. spectacles spécial étudiants : 21 €, pass 2 spectacles : Marie Pons

20 / 12 €, latitudescontemporaines.com


© Gregory Batardon

© Marc Ginot

Cocooning

Another Distinguée

À quoi ressemblerait notre époque si on l'observait depuis un futur proche, à la façon d'une fouille archéologique ? Derrière l'ironique titre Cocooning se cache une jungle étouffante, emplie de câbles électriques et d’écrans allumés. Au milieu de celle-ci, on trouve 27 corps à demi-enfouis, lancés dans une action répétitive. Le spectateur est invité à déambuler dans cette vision monumentale et assez cauchemardesque.

Retour flamboyant de la grande performeuse madrilène. Depuis les années 1990, la chorégraphe a créé près d’une cinquantaine de « pièces distinguées », soit des actions courtes d’une poignée de minutes, incisives, excentriques, féministes et pleines d’humour. Grande particularité, chacune d'elle est à vendre et peut être acquise par le public ! La Ribot présente ici un ultime cycle de 13 créations, à découvrir en exclusivité mondiale.

01 > 02.06, Lille, maison Folie Wazemmes, 20 h, 13 > 5 €

16 > 17.06, Lille, Le Prato, jeu : 19 h & 21 h, ven : 19 h, 13 > 5 €

[ Luis Garay ]

[ La Ribot ]

Lettres de non-motivation [ Julien Prévieux et Vincent Thomasset ]

Julien Prévieux s’est livré à l’exercice savoureux du détournement de la lettre de motivation, passant plusieurs années à répondre à des offres d’emploi en explicitant pourquoi il n’y postulerait pas. Vincent Thomasset s’empare de ces textes, joués par cinq comédiens, et met en scène avec humour l’absurdité dans laquelle baigne le monde du travail. 14.06, Lille, Le Grand Sud, 20 h, 13 > 5 €

Prog :

Alexandre Roccoli, Zig-Zag (01.06) // Christian Ubl & Kylie Walters, A U (03.06) // Ana Pi, Cécilia Bengolea & François Chaignaud, Le Tour du monde des danses urbaines en 10 villes (03 & 04.06) // Kate Moran, Rebecca

Zlotowski & Bertrand Bonello – Contrechamp / Champ (03 & 04.06) // Focus Danse Suisse (04.06) // Brahim Bouchelaghem, Battle Brams (04.06) // Lætitia Dosch, Un Album (04 & 05.06) // Bouchra Ouizguen, Ottof (10.06) // Prieur

de la Marne + Chassol (10.06) // Christian Ubl, FolksBal (11.06) // Miet Warlop, Fruits of Labor (15 & 16.06) // Vaguement compétitifs, La Violence des riches (étape de travail) (16.06) // Nadia Beugré, Legacy (17.06)...



34

D Festival

Mas-Sacre © S. Magnone

FESTIVALS

danse

Le corps comme un outil d'expression politique ? C'est ce qui ressort des chorégraphies présentées lors de cette cinquième édition du D Festival. Dans Mas-Sacre, MARIA CLARA VILLA LOBOS s'attaque à la société de consommation, l'abattage et la production industriels en mettant en scène ses danseurs au sein d'une usine à viande. De son côté, MARIELLE MORALES ralentit la course effrénée du monde en brouillant notre perception de la durée dans son étrange Rushing Stillness. On s'y presse ! Jusqu'au 11.06, Bruxelles, Le Marni, Théâtre Les Tanneurs, 11 > 1,25 €, pass 2 spect. : 15 €, dfestival.wix.com

Prog : Rushing Stillness, Marielle Morales (jusqu'au 02.06) // Mas-Sacre, Maria Clara Villa Lobos (03 & 04.06) // Isaac y Diola, Antia Diaz & German Jauregui (07 > 09.06) // Pesadilla, Piergiorgio Milano (07 > 09.06) // Happy Hour, Mauro Paccagnella & Alessandro Bernardeschi (10 & 11.06)

03 & 04.06, Cambrin, Stade municipal, ven : 19 h, sam : 17 h, 20 / 15€, pass 2 j : 30 / 25 €, www.festival-yapaslfeu.com

Prog :

Le Bal des Enragés, Gérard Baste + Xanax & Dr. Vince, The Rijsel Irish Boy'z, Kaophonic (03.06) // Les Tambours du Bronx, Asian Dub Foundation, La Fanfare Eyo'nle, La Familya + Village associatif + Forum social (04.06)

Attention : le nom de ce festival est mensonger ! Il y aura moult raisons de s'enflammer dans ce petit bourg du Pas-de-Calais. Les pyromanes sont à chercher du côté des TAMBOURS DU BRONX, qui incendient le chapiteau en tapant sur des bidons (et c'est numéro un, comme dirait Philippe Lavil), ou de l'ex-Svinkels et rappeur en santiags GÉRARD BASTE – dans un style plus Babou que Booba. On suspecte aussi ASIAN DUB FOUNDATION, en mode sound system, attisant les ardeurs avec ses brûlots d'antan.

© J. Bujakiewicz

Y a pas l'feu

musique



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Les Folies

Pluridisciplinaire

© DR

FESTIVALS

Où passer ce premier week-end de juin ? À Maubeuge, pardi (n'en déplaise à Johnny) ! La Luna accueille trois soirées dans des styles différents, dont le projet reggae-rap CARIBBEAN DANDEE, de Nathy et JoeyStarr. L'ex-NTM nous rappelle qu'il reste bien plus qu'un juré hargneux de télé-crochet has been. On se balade aussi entre les remparts, profitant d'une trentaine de concerts ou spectacles gratuits, et quelques chefs-d'œuvre circassiens, dont Mad in Finland de la COMPAGNIE GALAPIAT, qui nous met une (vraie) claque. 03 > 05.06, Maubeuge, La Luna & en ville, 30 > 6€ / gratuit, www.festivallesfolies.com

Prog : Caribbean Dandee + Unno + Cirque : Cirkvost, BoO + Cie les petits bras, L’Odeur de la sciure (03.06) //

21e Rendez-Vous littérature de la BD d'Amiens

03 > 05.06, Amiens, Divers lieux, 10 h > 19 h, 3 € / gratuit (-12 ans), www.bd.amiens.com

Prog : EXPO : Bone, de l’autre

côté de la forêt (jusqu'au 15.08) + Catherine Meurisse (04 & 05.06) // CONCERT DESSINÉ : Lallemant & Berbérian (03.06) + De Cape et de crocs (03.06) + Dave McKean – Black Dog (04 & 28.06) // MARIONNETTES : Blast, Marion Belot (05.06)...

Comme tout festival qui se respecte, ce 21e Rendez-Vous de la BD propose son lot de rencontres, ateliers, lectures… et surtout maintes expositions. L'occasion de déambul(l)er dans le petit monde en noir et blanc de Bone, de JEFF SMITH, soit l'une des plus grandes saga fantasy jamais imaginées. On emprunte, aussi, ce pont entre les arts (littérature, peinture et BD) que bâtit malicieusement CATHERINE MEURISSE, survivante de Charlie et auteure du bouleversant La Légèreté. Angoulême ? Non, vraiment, on ne voit pas...

Catherine Meurisse © Dargaud, Rita Scaglia

Balthazar + Anorexic Sumotori (04.06) // Cœur de Pirate + Gavin James (05.06) // Cirque Galapiat, Mad in Finland + Café-concerts en centre ville… (03 > 05.06)



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CRI, Cie Kiai © Philippe Laurençon

FESTIVALS

arts de rue

La Constellation Imaginaire

Le festival qui invite l'art dans les rues du bassin minier est de retour ! Soit une ribambelle de spectacles renversants comme Cri de la COMPAGNIE KIAÏ : des circassiens mixant danse et arts martiaux sur trois trampolines. Dans un autre genre l'OUSCRAPO ILLUSTRÉ revisite le scrabble en incitant le public à créer de nouveaux mots en commettant des fautes d'"aurthographe". Décontracté, quoi ! 14 > 19.06, Bassin Minier, divers lieux, gratuit, www.culturecommune.fr

Prog : La Bugne, Le Facteur culinaire (14 > 17.06) // Cie Les Batteurs de Pavés, Germinal (14 > 19.06) //

Joan Català - Pelat (14 > 18.06) // Cie les Décatalogués, La méthode Urbain (17 > 19.06) // Kiaï, Cri (18.06) // Laitrum Teatre, Micro Shakespeare (18 > 19.06) // Cie Bigre !, Ouscrapo illustré (18 > 19.06) // Les Padox (19.06) // Cie Rosa Bonheur, Corpus Macadam (19.06) // Collectif de la Bascule, Rien n’est moins sûr (19.06)…

cinéma

Brussels Film Festival

Après Jacques Doillon l'an passé, le festival met à l'honneur un géant du 7e art européen ; le cinéaste allemand VOLKER SCHLÖNDORFF. Qui ça, s'exclame le béotien ? L'œuvre parle peut-être plus que le nom. Alors citons Le Tambour, La Mort d'un commis voyageur… parmi une quinzaine de ses films à (re)découvrir lors d'une rétrospective. Entre autres ciné-concerts ou exclusivités, on se rend au Théâtre 140 pour assister à la fête donnée en l'honneur de Guy Bedos. 17>24.06, Bruxelles, Flagey, Cinematek, Théâtre 140, 7,50 €, pass 5 films ou 5 personnes : 25 €, ciné-concerts : 15 / 10 €, www.brusselsfilmfestival.be

Prog :

Masterclass Volker Schlöndorff (18.06) // La fête à Guy Bedos, Théâtre 140, 20 h 30, 30 / 28 € (18.06)

Cinémondes

cinéma

Cinéma ou playa ? Les deux mon n'veu ! Voilà l'un des nombreux atouts de ce festival. Côté 7e art, on se réjouit de la venue de JACQUES-RÉMY GIRERD, référence du film d'animation (Mia et le Migou) et de celle du Coréen JEON SOO-IL (L'Écho du vent en moi, Pink). Entre avant-premières et hommage à Romy Schneider, on jubile devant quelques pépites, telle cette Nuit du lendemain (1968), avec Marlon Brando, tourné entre le Touquet et Montreuil ! 04 > 11.06, Berck-sur-Mer, Montreuil-sur-Mer, Hazebrouck, Calais, Fort Mahon, 4 / 2,50 € (-18 ans), pass Cinémondes : 40 / 25 €, pass journée : 10 / 6 €

Prog : Leçon de cinéma de Jacques-Rémy Girerd (08.06) // Leçon de cinéma de Jeon Soo-Il (11.06)



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Barbara Dang © Ugo Ponte / onl

FESTIVALS

musique

Lille Piano(s) Festival

17>19.06, Lille, Nouveau Siècle, Auditorium du Conservatoire, Gare Saint Sauveur, Palais des Beaux-Arts, Maison natale Charles de Gaulle, Furet du Nord / Villeneuve d'Ascq, Forum départemental des Sciences / Saint-JansCappel, Villa départementale Marguerite Yourcenar, divers horaires, 22 > 5 €, pass 3 j. : 10 € (offre tous les concerts au tarif réduit), lillepianosfestival.fr

60 heures de concert en trois jours, 20 000 auditeurs, 45 artistes. Voilà pour les chiffres. En parlant de comptes, cette 13e édition a bien failli ne pas voir le jour. L'union inédite des collectivités territoriales et de mécènes a sauvé in extremis cet événement ô combien populaire. « Un festival de vulgarisation sans vulgarité, et sans équivalent en France », rappelle son directeur artistique, Jean-Claude Casadesus. Il faut dire que ce rendez-vous puise son succès dans un répertoire d'une richesse infinie. « Le piano, c'est tout de même l'instrument qui a généré le plus de créations ». Et cette année, c'est toute la famille des claviers qui s'invite ! Du clavecin aux synthétiseurs en passant par l'accordéon… La capitale des Flandres s'apprête à vibrer aux rythmes d'un « kaléidoscope de styles » : de Ravel à Debussy, de Chopin à Billie Holiday, on dansera aussi le tango, sous le haut-patronage de Bach et Mozart. Soulignons également cette création française d'Amériques de Varèse, dans une version à… quatre pianos ! « Jamais on n'en aura vu autant sur la scène du Nouveau Siècle ». Jamais, non plus, on n'en jouera aussi longtemps : les étudiants du Conservatoire se lancent dans un marathon de 15 heures en s'attaquant aux Vexations de Satie, soit la répétition (840 fois !) d'un thème unique. Mais quand on aime, on ne compte pas… Julien Damien

Prog :

Satie (Gymnopédies), Fazil Say (Gezi Park 2), Mozart (Concerto pour piano n°23) par Fazil Say & J.-C. Casadesus (17.06)

Debussy (Nuages), Stravinsky (Le Sacre du printemps), Varèse (Amériques) par V. Wagner, M. Vermeulin, C. Tiberghien, W.Latchoumia /

Marathon Satie / Bal Tango / Billie Holiday, Passionnément (18.06) // Concerto & piano à 4 mains par B. Bérézovsky & J.-C. Casadesus (19.06)



42 FESTIVALS

Prog : Black Sabbath,

Megadeth, Foreigner, Bad Religion, King Diamond, Amon Amarth, Disturbed, Heaven Shall Burn, Sixx : A.M., Apocalyptica, Dark Funeral, Moonspell, Arcturus, Zakk Wylde, Amaranthe, August Burns Red... (17.06) Volbeat, Slayer, Bullet For My Valentine, Testament, Skillet, Nightwish, Ghost, Dropkick Murphys, Killswitch Engage, Abbath, Gojira, Satyricon, Obituary, Tesseract, Anti-Flag... (18.06)

© Jensdh Field

Iron Maiden, Anthrax, Saxon, Tremonti, Twisted Sister, Trivium, Powerwolf, Architects, Behemoth, Sacred Reich, La Muerte, Steak Number Eight, Oomph!, Eisbrecher, The Amity Affliction... (19.06)


Graspop Metal 43

FESTIVALS

meeting

musique

On ne change pas une équipe qui gagne ! Telle pourrait être la devise du Graspop Metal Meeting. Pour preuve, le festival prévient désormais lorsqu'un groupe est invité pour la première fois, ce qui signifie, en creux, que les autres sont des habitués. Et, in fine, que chacun s'y plaît bien. C'est l'important, non ? Pour une fois, on ne comparera pas le Graspop au mastodonte Hellfest, bien que les affiches soient très, très proches. Normal : metal oblige, il serait étonnant de ne pas trouver des points communs. Comme souvent, on ne peut passer sous silence des come-backs, comme ceux de TWISTED SISTER, de l'ex-Mötley Crüe Nikki Sixx (sous le nom de SIXX : A.M., vous avez saisi ?), et des groupes insubmersibles tels SLAYER, IRON MAIDEN, BLACK SABBATH, SAXON, SACRED REICH. On salue toujours l'abnégation d'APOCALYPTICA, quatuor à cordes bien décidé à prouver que METALLICA fout sa pâtée à Brahms. Hors du temps En revanche, on est plus circonspects sur la présence de MOTÖRBLAST, un tribute-band au gang du grand Lemmy. Un hommage qui met un tantinet mal à l'aise, le leader du power-trio poussant le vice et l'imitation dans les moindres détails, verrues incluses – véridique ! Enfin, on salue la venue (pas la première, ni la dernière…) de PARADISE LOST, dont l'album One Second (1997) avait sacrément divisé les fans en se plaçant sous le saint patronage de Depeche Mode. Preuve que le metal ne tourne pas en rond ! Fidèle à deux ou trois engagements et postures, le genre fait cohabiter plusieurs générations, en conservant peu ou prou la même tenue (éthique et vestimentaire). Alors, ne changeons (presque) rien, c'est parfait ! Thibaut Allemand

17 > 19.06, Dessel, 95 €, pass 3 j : 195 €, www.graspop.be


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Faites de la chanson musique

Captain Java © Céline Dely

FESTIVALS FESTIVALS

Huit jours dédiés à la chanson française. Celle qui ne passe pas forcément à la radio mais qu’on découvre dans toute sa diversité. Si on connaît bien les ballades rock de CYRIL MOKAIESH, celles de l’écorché JÉRÉMIE BOSSONE valent aussi le détour. Les spectateurs les plus téméraires peuvent se risquer sur scène accompagnés de pros, avant le bal festif de CAPTAIN JAVA, revisitant les tubes d’antan sous le regard bienveillant de Piaf, Gréco et consorts, dont on apprend les p’tits secrets dans l’expo Paroles et musiques. 18 > 25.06, Arras, Divers lieux, 20 / 15 €, pass 3 concerts : 40 / 30 €, pass 7 concerts : 80 / 60 €, + concerts gratuits

Prog :

Les Joyeux Urbains (18.06) // Cyril Mokaeish, Lenine Renaud… (19.06) // Jérémie Bossone…(20.06) // Ferrat « c’est un joli nom camarade »… (22.06) // Grand Format : révérence à Véronique Sanson (23.06) // Presque Oui (24.06) // Expo Paroles et musiques : Cave du Casino, 14 h > 18 h, 5 € (18.06 > 14.08)

19.06, Creil, Parc municipal de la Faïencerie, 17 h, gratuit, www.gam-creil.fr

Prog : Naâman, Faada Freddy, Flavia Coelho, El Gato Negro

musique

Prêts pour un voyage autour du monde sans bouger un orteil du parc de la Faïencerie ? Direction le Sénégal avec FAADA FREDDY, qui fait vibrer la corde sensible sans autres instruments que son corps et sa voix. NAÂMAN, blanc-bec normand de 26 ans, offre quant à lui une escale en Jamaïque avec son new roots, mélange pas vilain de reggae et de hip-hop. On chaloupe ensuite sur la "bossa muffin" de la Brésilienne FLAVIA COELHO avant de décoller sur les rythmes cubains d’EL GATO NEGRO. Sans plus se poser.

Flavia Coelho © DR

Creil Colors



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Best Kept

Secret

musique

Chaque année, on vous dit que ce secret ne sera pas gardé bien longtemps. Autant se répéter. Et tout dévoiler. Cette quatrième édition du festival hollandais aligne pointures et poids lourds, découvertes et raretés. Le tout dans un cadre champêtre et pépère, sur la frontière belge, à Hilvarenbeek pour être précis. À 51° 29' 10'' Nord 5° 08' 12'' Est pour être très, trop précis. Thibaut Allemand

Oneohtrix Point Never

On le reconnaît volontiers, certains des albums de Daniel Lopatin, alias Oneohtrix Point Never, patientent sagement sur nos étagères : ses déconstructions glitch et ambient semblaient un peu trop ardues pour nos esgourdes, mais on y reviendra, un jour ou l'autre. En revanche, l'approche ouvertement pop – enfin, à sa façon – adoptée sur Garden of Delete, son dernier LP en date, nous a immédiatement séduits. D'ailleurs, l'Américain ne complique pas sciemment, ni inutilement, son œuvre. Au contraire Lopatin est un gars simple, qui file un coup de main à Suuns à l'occase, et vient de produire le premier essai d'Antony sans ses Johnsons (Hopelessness signé Anohni).

Oneohtrix Point Never © DR

FESTIVALS


© Melanie Marsman

© Eliot Lee Hazel

Yeasayer

On l'attendait en vain, ils l'ont fait. Éternels seconds couteaux de la scène de Brooklyn, Yeasayer publie enfin LE grand disque dont on les supposait capables. Boursouflé et prétentieux selon certains, renversant et passionnant pour nous autres, Amen & Goodbye fait tournoyer la pop dans les grandes largeurs et revient avec une œuvre invraisemblable, mais ô combien réussie. Reste à voir si nos godelureaux sauront recréer la magie sur scène, tant ce quatrième disque doit à ses (terribles) conditions de production. On leur fait confiance.

Fat White Family

Ah ! Nos dégénérés préférés ! Il faut se dépêcher de les voir sur scène. Parce que c'est la sensation du moment ? Non : car on n'est pas sûrs qu'ils passent l'été. Moins poseurs que Pete Doherty (qui a pas mal pris, ces temps-ci, vous ne trouvez pas ?), les six Anglais sont camés jusqu'à l'os, se détestent plus ou moins cordialement mais restent ensemble car ils n'ont pas de plan B. L'argument vous paraît fallacieux ? Sans doute, mais pour jouer un mélange de punk rock, blues et baggy malade, paranoïaque et décharné, c'est amplement suffisant.

Badbadnotgood

Ces trois gaillards se sont rencontrés sur les bancs d'une école de jazz. Le trio reprenait, à la cool et en mode jazz des standards du rap – Wu Tang en tête. De quoi mettre la puce à l'oreille de Tyler, The Creator, qui leur proposa d'accompagner Frank Ocean. Un album plus tard (III, 2014), nos pieds nickelés cuivrés entraient en studio avec Ghostface Killah. Bien plus qu'un passe-temps, Badbadnotgood crée une œuvre qui titille les frontières entre les genres. 17 > 19.06, Hilvarenbeek, Beekse Bergen (NL), 69 €, pass 3 j : 147,50 > 125 €, www.bestkeptsecret.nl

Prog :

Beck, Beach House, Christine and the Queens, DIIV, Mount Kimbie, Wolf Parade, The Heavy... (17.06) // Editors, Air, Bloc Party, Caribou, Dinosaur Jr., Glass

Animals, Low, Roman Flügel, Sleaford Mods, Alice on the Roof, Black Box Revelation, Blossoms, Pional, Wild Nothing... (18.06) // Jamie XX, Ásgeir, Two Door Cinema Club,

Band of Horses, Half Moon Run, Oneohtrix Point Never, Unknown Mortal Orchestra, Yeasayer, Badbadnotgood, Beak>, Ezra Furman, Fat White Family... (19.06)


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musique

Woodie Smalls © Thomas Hoy

FESTIVALS

Grensrock

Un festoche gratuit ? Treize concerts ? Ça sent l’arnaque… Que nenni ! Pour preuve la présence des estimables Danois de GET YOUR GUN, débiteurs d’un blues-noise désarmant. Le rendez-vous nous invite surtout dans l’anti-chambre de la scène rock belge. Entre la folk stratosphérique de FLYING HORSEMAN, les ballades sauvages d’IT IT ANITA ou la krautpop de STADT, on se dit que le pays a de la ressource. 24 & 25.06, Menin, Brouwerspark, gratuit, grensrock.be

Prog : Simple Pigeons, Get Your Gun, Go March, Soldier’s Heart, Flying Horseman, The Sore Losers (24.06) // It It Anita, Supergenius, Stadt, Woodie Smalls, Terakaft, The Black Heart Rebellion, Vuurwerk (25.06)

J'veux du soleil musique

Wacolor

musique

Certes pas le plus mastard des festivals, mais pas le moins séduisant. Les bénévoles de la Maison des jeunes "Carpe Diem" ont bien bossé, comme l'atteste la venue d'ABA SHANTI-I. Ce ponte de la scène dub internationale côtoie le rap futé d'HIPPOCAMPE FOU, le rock mutant des Lillois de SHIKO SHIKO ou le beau bazar musical des Franco-Belges d'UNIK UBIK. Une prog' variée, mais pas avariée.

Bon, on ne se déplacera pas forcément à Wavre pour écouter QUENTIN MOSIMANN ou TRYO. Par contre, on prêtera une oreille attentive au flow mélancolique et jazzy du rappeur GUIZMO, ainsi qu’au rock vintage de JANE DOE AND THE BLACK BOURGEOISES. Et puis on pédalera pour mixer nos fruits et obtenir un jus gratuit sur le « vélo fruto » ! Pour le reste, à vous de voir. Les goûts et les couleurs…

23 & 24.06, Comines, Le Nautilys, Houthem, Sporthall, jeu, 20 h 30 ; ven, 17 h, 7 / 5€ / grat. (-12 ans)

24.06, Wavre, parking de l’ancien roller-skate-park, chemin de la Sucrerie, 14 h, 17 > 8 €, wacolor.be

Prog : Aba Shanti-I, Jamanah (23.06) // Hippocampe Fou, Unik Ubik, Bernard Orchestar, Shiko Shiko, DJ Grassmat, Paperking Radio... (24.06)

Prog : Quentin Mosimann, Tryo, Jane Doe And The Black Bourgeoises, Guizmo, Superska, Back on Stage, Zappeur Palace, Swizzle Stick, Lightning



Jeanne Added Š Marikel Lahana

FESTIVALS

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Festival

Pic'Arts

musique

À quelques encablures de Soissons, dans le petit village de Septmonts, on trouve un impressionnant donjon. C'est ici, dans la cour de ce vestige d'un château du xive siècle, que le Festival Pic'Arts pose ses amplis. Et ça fait 19 ans que ça dure. Loin des grosses machines estivales, ce festival se distingue donc, d'abord, par son cadre. Féérique, le cadre. Ce n'est pas nous qui le disons mais Victor Hugo, de passage ici en 1835 avec sa maîtresse Juliette. L'a-t-il honorée en haut de cette tour de 45 mètres, comme le supposa Jacques Higelin lors d'un concert donné ici en 2000 ? En tout cas, l'écrivain y laissa une éloquente inscription… Soit. On aurait aussi pu vous parler de ce sous-bois qui borde la scène, et où s'installe un chouette village associatif, mais on se rappelle que le décor ne fait pas tout. Alors, côté musique ? Échos magiques Dominique Letoffé, directeur de l'événement, veut préserver l'esprit « familial et convivial » qui hante les lieux. L'affiche est donc « grand public » (VIANNEY, HYPHEN HYPHEN, L.E.J, ce genre) mais s'autorise aussi quelques jolis paris. « On en profite pour faire découvrir des artistes moins connus, auxquels on croit beaucoup ». Là, on se dit que JEANNE ADDED a trouvé l'écrin rêvé pour déployer sa furie post-punk, et qu'on frissonnera d'autant plus à l'écoute de la voix cristalline du baroudeur roots JEHRO. Vendredi, le cocktail soul, funk et jazz de l'ELECTRO DELUXE BIG BAND chauffera à merveille la place pour les alchimistes pop de THE SHOES, qui devraient transformer le parc du château en dancefloor 24 & 25.06, Septmonts, Parc du Château, atemporel. On y verra peut-être se trémousser ven : 16 h 30, sam : 13 h 30, 44 / 34 €, pass 2 j. : 55 / 45 €, les fantômes de Victor et Juliette... Julien Damien www.festival-picarts.com

Prog : Hyphen Hyphen, Vianney, L.E.J, Electro Deluxe Big Band, The Shoes (24.06)

Zoufris Maracas, Jehro, Jeanne Added, Lilly Wood and the Prick, Black Bells "Tribute to AC/DC" (25.06)


Le Rock dans tous ses états 24 & 25.06, Evreux, Hippodrome, ven : 17 h, sam : 15h, 47 / 42 €, pass 2 j. : 66 > 54 €, www.lerock.org

À un moment, on a craint de ne plus jamais s'asseoir sur l'herbe de l'Hippodrome d'Evreux. Après une édition 2015 « difficile à monter » (pour cause de contexte économique morose, de baisse de subventions ou de têtes d'affiches qui filent vers l'Est ou les USA) le RDTSE aborde ses 33 ans avec des ambitions à la hausse (on en connaît au moins un qui a vécu une belle résurrection à cet âge). Le rendez-vous ébroïcien vise 20 000 festivaliers, deux fois plus que l'an passé. Sans toutefois modifier l'ADN qui a fait son succès : « une programmation éclectique, avec des têtes d'affiche populaires, mais qui reste exigeante et propice à la découverte », explique Hedi Hassouna, le directeur artistique. METHOD MAN & REDMAN, les « Bloqués » CASSEURS FLOWTERS ou LOUISE ATTAQUE se chargent donc d'attirer le chaland (avec classe, quand même), lequel sera sans doute content de repartir de Normandie avec plein de nouveaux sons dans son iPod. Comme le folk nonchalant du duo parisien PAPOOZ – « imaginez : Simon & Garfunkel en vacances à la plage ». Heureux, aussi, de participer à la virée punk des New-Yorkais de PARQUET COURTS. « Pour moi c'est le meilleur groupe de rock actuel, ça fait trois ans qu'on essaie de mettre la main dessus ». Oui, comme dirait l'autre, ça va mieux à Evreux. Julien Damien

Prog : Louise Attaque, Alice On The Roof, Stuck In The Sound, Naive New Beaters, Destruction Unit, AaRON, Grand Blanc, La Maison Tellier, Odezenne, 2 Many DJs, Nuit, Ed Banger House Party… (24.06)

Etienne de Crécy, Method Man & Redman, Converge, Casseurs Flowters, Parquet Courts, Hyphen Hyphen, Heymoonshaker, Papooz, Pone (live), Bantam Lyons, Nuit, Nuisible, Brav… (25.06)

Method Man & Redman © DR / Casseurs Flowters © David Tomaszewski

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23 Nuit Africaine e

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Dans un Bois des Rêves transformé en village africain, cette nuit met au jour toute la richesse musicale du continent noir. Des sacro-saintes percussions, élevées au rang d’orchestre par SYSMO, à l’Ethio-jazz d’ARAT KILO, on découvre le rockduro de THROES + THE SHINE, soit de l’electro angolaise revisitée à grands coups de guitare. Un dialogue Nord-Sud des plus salutaires par les temps qui courent... 25.06, Ottignies, Domaine provincial du Bois des Rêves, dès 15 h, 8 / 5€ / gratuit (-14 ans), nuitafricaine.org

Prog : Sysmo, Kel Assouf, Arat Kilo feat. Mamani Keita, Throes + The Shine, Mousta Largo, Geoffrey Oryema, Badi, Danseuses et Tambourinaires du Burundi, Aline Valentim…

musique

musique

Midsummer Festival La Citadelle en Bordées

À l’ombre de dunes boisées, près de la mer, on trouve le Château d’Hardelot. Au cœur de l'été, on y célèbre en musique (lyrique ou baroque) l’entente cordiale franco-britannique. Cette année, ce manoir néo-gothique s’enrichit d’un théâtre élisabéthain unique en France. Le cadre idéal pour fêter le 400e anniversaire de la mort de Shakespeare, guidés par PURCELL ou VIRGINIA WOOLF. Isn't it ?

Au cœur de la citadelle, entre terre et mer, on écoute des chants marins (MARÉE DE PARADIS, QUAI DES BRUMES), de drôles de types déguisés (REVOLVERS MAHOUÉ) ou franchement barrés (SHOEPOLISHERS, ON PREND L'AIR)… bref, on lâche les amarres ! Ceux qui n'ont pas le pied marin se posent plutôt devant le blues baroudeur de NASSER BEN DADOO. Une petite mousse moussaillon ?

24.06 > 16.07, Hardelot, Château d’Hardelot, divers tarifs, www.chateau-hardelot.fr

24.06, Dunkerque, Citadelle, 20 h, gratuit, citadelleenbordees.fr

Prog :

Purcell, Lully et Charpentier : A Fancy, musiques de scène au temps des Stuart par Céline Scheen et l’ensemble Caravansérail (30.06) // King Arthur par Lionel Meunier (01.07) // Tribute to Shakespeare par Christophe Rousset (02.07)...

Prog :

Marée de Paradis, Quai des Brumes, Foumagnac, On prend l'air, Les Barbeaux, Kalffa, Salt and Pepper, Blunt, Shoepolishers, Revolvers Mahoué, Nasser Ben Dadoo, Lénine Renaud, Triskel, The Witches…

Throes + The Shine © DR

FESTIVALS



Jean-Pierre Mottin Š Marc Delporte

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57 FESTIVALS

International Lille Tattoo Convention

art

Terre riche de tattoo-shops, la capitale des Flandres marque encore son intérêt pour cette culture. Si la pratique n'est plus vraiment underground elle n'en demeure pas moins artistique ! 180 tatoueurs venus du monde entier exposent ici leur talent, aux connaisseurs comme aux néophytes. Jetez l’encre ! « L’objectif de ce salon est de prouver que le tatouage est un art à part entière », annonce l’organisateur, Jean-Marc Bassand. Cette discipline n’est en effet plus réservée aux gros bras et autres loubards, mais touche un public de plus en plus large. Pour cette première édition de l'International Lille Tattoo Convention, les artistes ont été triés sur le volet. Car ce rendez-vous met un point d’honneur à inviter des créateurs reconnus. Bien que les Belges et Français soient majoritaires, Italiens, Australiens et autres globe-tatoueurs sont aussi de la partie, révélant les nombreuses tendances de cet art indélébile. Tendance En ce moment, le graphique et l’ornemental font carton plein. Ce style un peu abstrait proche du mandala (mais si, ces rosaces que l'on coloriait quand on était petit !) sera représenté par de nombreux artistes tels JEAN-PIERRE MOTTIN, WOODY ou encore ANAÏS B. Parmi les locomotives de la convention, on note des grands noms comme MORS, YONMAR et LENY mais aussi GREG BRIKO, cultivant une vision plus traditionnelle et old school (ces figures gitanes et traits épais). Les plus téméraires pourront d’ailleurs se faire graver les œuvres des créateurs qu'ils ont dans la peau. Et, qui sait, peut-être que votre tatouage sera 24 > 26.06, Lille, Lille Grand Palais, ven : 14 h > 23 h, sam : 11 h > 23 h, dim : 11 h > 20 h, 15 €, pass 3 j. : primé ? Ce qui ne manquerait pas de 35 € /  gratuit (-12 ans), lilletattooconvention.com piquant. Anne Demange (France) AD Tender, Alix Ge, Amanda Jak, Angie, Aurel WBN, Bart Balboa, Benjo San, Cesar Malflore, Christian, Dino Vallely, El Bent, El Pozan, Ento, Erik, Hana-Bi, Hemcé, Jule Up to Death, Julia Sweet Needle, Kimi Duck, Koa, Krlos Herreros, KV, Maeve, Marc X Resist, Mike, Mia Misshake, Morgane Anaïs, Nacib Tanuki, Neal Panda, Niko Prieto, Papee, Patrick

Bacquet, Seven Echek, Simon Cold Mind, Smab… // (Belgique) Anaïs B, Antoine Paul DZR, Chris Soul, Daf Vador, Entouane, Golden Dina, J-Laxxx, Jean-Pierre Mottin, Leny Tusfey, Mista Benji, Mors, Needles, Tom, Yonmar // (Australie) Matt Curzon, // (Italie) Rud De Luca, Serena Frizzera, Tommaso Gentili // (Allemagne) Maximilian Pau // (Angleterre) Le Hégarat…


58 FESTIVALS

Festival au Carré

Baloji © DR

pluridisciplinaire

Nostalgique de Mons 2015 ? Une vague de théâtre, musique et cirque déferle sur la ville. RENATA ROSA revisite la tradition musicale du Nordeste brésilien en mêlant violon et percussions, tandis que BALOJI charme la foule avec son rap teinté d’afro-soul. Un festival carré, mais plutôt détendu, pour preuve cette conversation improvisée avec BOULI LANNERS et DAVID MURGIA. 01 > 09.07, Mons, divers lieux, divers horaires, 11 > 3 € / gratuit, pass soirée : 30 / 16 / 11€, www.lemanege.com

Prog : Al Manara (01.07) // Jonsson & Jonsson, Cœur de Patate (marionnettes), Causerie avec David Murgia

et Bouli Lanners (apéro/débat) (02.07) // Renata Rosa (05.07) // Block (cirque) (06 & 07.07) // Une certaine rage, une rage certaine (cabaret) (07 & 08.07) Jerry Gonzalez (08.07) // Baloji (09.07)…

musique

Verdur Rock

Niché au sommet de cet écrin de verdure qu’est la Citadelle, le festival namurois a passé le cap de la trentaine sans s’assagir pour un sou. Cette 32e édition affine son identité rock, en recevant THE SORE LOSERS, le groupe le plus turbulent du plat pays. Coté français, on donne le change avec deux poulains tout aussi fougueux du label Entreprise, GRAND BLANC et BAGARRE. Du calme, quand même... 25.06, Namur, Citadelle – Site du Théâtre de Verdure, 11 h 30, 15 / 10€, www.verdur-rock.be

Prog :

The Sore Losers, Grand Blanc, Bagarre, Last Train, Victoria+Jean, Peter Kernel, Scrap Dealers, Liquid Zenith, Metropolitan Gallery, Rising Sparks…

musique

Paradise City

Nouveau venu parmi les éco-festivals, Paradise City promet une empreinte carbone minime et un cadre magique : le site est lové au pied d’un château du xve siècle. On y apprécie d’autant plus une programmation électronique très quali. Impossible de choisir entre les sets tendance Détroit d’AGORIA, l'érudition du boss du label Kompakt, MICHAEL MAYER ou la doublette SCHWARZMANN (Henrik Schwarz + Âme) ! 25 & 26.06, Perk, Château de Ribaucourt, 12 h, 1 jour : 130 > 50 €, 2 jours : 160 > 80 €, paradisecity.be

Prog :

Agoria, DJ Tennis, Michael Mayer, Pional, Red Axes... (25.06) // Schwarzmann, Mano Le Tough, Stephan Bodzin, Mathew Jonson, Aeroplane, Compuphonic, Lake People, Coma... (26.06)



Paul McCartney © DR

FESTIVALS

60


61 FESTIVALS

Rock Werchter musique

Promis, on a essayé. On a tergiversé, louvoyé, fureté, esquivé, fouiné des solutions, on a fourragé, biaisé, erré, tâtonné, tenté des synonymes… Mais on est bien obligé de l'admettre lorsqu'il s'agit de Rock Werchter : voici un proverbial « grand raout de l'été ». Que penser de cette affiche ? À peu près la même chose que chaque année : on reste divisé. On se réjouit de voir PAUL MCCARTNEY sur scène – et pas uniquement pour ses reprises des Beatles. On est impatient d'applaudir, en l'espace de trois jours, des noms légendaires tels NEW ORDER, PJ HARVEY, IGGY POP, BECK… Cependant, on regrette aussi l'aspect “grande surface” d'un tel line-up, dont la propension au gigantisme masque un peu la ligne artistique. Quelle est-elle, d'ailleurs ? Oh, elle relève du « polaroid de la création musicale à un instant T » – on a souvent entendu ce genre d'argument. On n'est pas dupe. Il s'agit avant tout d'attirer du monde. Est-ce blâmable ? Oui et non, c'est le fonds de commerce de l'organisateur après tout. Un système qui ne déplaît pas non plus à certains artistes à vrai dire. Grand Marnier Reste que pour nous, spectateurs, on peut avoir l'impression de manger du caviar à la chantilly flambé au Grand Marnier. Classe, mais un chouïa indigeste. N'empêche, on se demande quel titre reprendra TAME IMPALA, on souhaiterait découvrir le nouveau set de JAMES BLAKE, se forger une opinion sur les Britons bravaches de BLOSSOMS ou se laisser prendre par l'Haçienda en kit de JAGWAR MA... Et flûte, on craque. Grand raout de l'été 30.06 > 03.07, Werchter, attend un peu, on arrive… Thibaut Allemand Parc du festival, 100 €, pass 4 j : 236 €, www.rockwerchter.be

Prog :

Paul McCartney, Disclosure, New Order, Flume, Jake Bugg, James Blake, Kaiser Chiefs… (30.06) // Rammstein, The Offspring, At The Drive-In, Robert Plant, Black Box Revelation, Puggy, Richard Hawley, Blossoms,

Trixie Whitley, Jagwar Ma, Oh Wonder… (01.07) // Editors, Red Hot Chili Peppers, Paul Kalkbrenner, PJ Harvey, Tame Impala, Band Of Horses, Beirut, Badbadnotgood, Courtney Barnett, Savages… (02.07) //

Florence + The Machine, Macklemore & Ryan Lewis, Beck, Jamie XX, The Last Shadow Puppets, Foals, Lianne La Havas, Skunk Anansie, Alice On The Roof, The Strypes, Unknown Mortal Orchestra, Iggy Pop… (03.07)


Couleur C af é Nile Rodgers © DR

musique

01 > 03.07, Bruxelles, Tour & Taxis, 55 / 43 / 39 €, pass 3 j. : 110 / 95 €, www.couleurcafe.be

Couleur Café entend mettre en valeur « le métissage culturel et le respect des différences ». On entend d'ici ricaner les cyniques. Vrai que cette posture peut évoquer au mieux les babas sixties, au pire les grandes envolées façon Live Aid. Sauf qu'en 2016, ce genre de discours tend hélas à devenir minoritaire dans une Europeforteresse qui ne compte plus les murs ni les discours bien rances de droites plus ou moins extrêmes. Finalement, défendre encore et toujours le multiculturalisme dans une Belgique récemment frappée par le terrorisme relève du bon sens. De la bonne méthode. Mais au-delà de son sous-texte politique, et depuis 1990, Couleur Café demeure une grande fête, un village global au cœur de la capitale, un havre de paix où se croisent le funk canal historique de CHIC (avec Nile “Get Lucky” Rodgers, pour ceux qui ne suivent pas), le hip-optimiste de DE LA SOUL, la dabka électronique du quinqua syrien OMAR SOULEYMAN, sans omettre de jeunes pousses telles HUDSON MOHAWKE, dont le travail dans l'ombre (pour Drake, Pusha T, Lil Wayne ou Björk) fait paradoxalement de… l'ombre à ses propres prestations scéniques – celles-ci relèvent du concassage de beats et de l'essorage de textures dans un maelström abstract hip-hop du plus bel effet. À l'image d'un rendez-vous qui abolit les frontières – quelles qu'elles soient. Thibaut Allemand

Prog :

Brigitte, Selah Sue, Oxmo Puccino, Ibeyi, Method Man & Redman, Magic System, Chic Feat. Nile Rodgers, Romeo Elvis... (01.07)

Arno, Goran Bregovic, Ghinzu, Youssou N'dour, Julian Marley, De La Soul, Hudson Mohawke, Young Fathers, Jamie Woon... (02.07)

Soprano, Nneka, Inna Modja, Féfé, Bomba Estereo, Grandgeorge, Bunny Wailer, The Black Box Revelation, Trixie Whitley Omar Souleyman... (03.07)



Main Square Festival 64

FESTIVALS

© Jérôme Pouille / Live Nation France Festival

musique

Dans la cité de Robespierre, on rêve d'un autre monde avec Les Insus (c'est le moment), on salue le retour de LOUISE ATTAQUE tandis que les faux punks de THE OFFSPRING tentent de percer le secret de la vie éternelle d'IGGY POP. Bref, comme souvent, le Main Square n'a pas usurpé son titre d'incontournable de l'été. Mais à l'ombre de ces légendes se nichent quelques noms qu'il serait tout aussi dommageable de rater. En voilà déjà quatre. Sonia Abassi & Anne Demange

Disclosure

Cette fratrie electro connaît un succès fulgurant depuis la sortie d'un premier album, Settle (2013), bourré de tubes imparables (Latch, When a Fire Starts to Burn). Leur première tournée à peine achevée, ils ont remis le couvert à l'automne 2015 avec Caracal un LP qui caracola en tête des charts. Royalement accompagnés par Gregory Porter, Sam Smith ou The Weeknd, Guy et Howard Lawrence dispensent une house sous influence UK Garage. Leur credo ? Composer des morceaux destinés aux clubs reposant sur une structure pop (couplets et refrains, de préférence entêtants). Sur scène, les p'tits anglais (47 ans à eux deux) s'affranchissent de leurs machines, taquinent différents instruments pour bousculer les canons de la dance music. A.D.


© DR

© Cybele Malinowski

Flume

Après le triomphe de son remix de You & Me de Disclosure, Flume se distingue plus que jamais en solo avec ses propres hymnes pétris de trap, R&B fiévreux et autres beats électroniques. La citadelle arrageoise s'annonce comme la chambre d'échos idéale pour accueillir ses basses soufflées. On a toujours du mal à croire que la carrière de l'Australien ait commencé dans un paquet de céréales où il aurait trouvé un logiciel de MAO – si si, c'est lui qui le dit. A.D.

Nekfeu

Que ce soit la sur la scène des Victoires de la Musique ou Place de la République face aux "Nuit Debout", Ken Samaras galvanise la foule. Il faut dire que le Fennec triture avec un naturel désarmant la langue de Molière. Sa carrière a décollé dès la sortie d'un premier album en 2015 (le bien nommé Feu). Adoubé par la critique, plébiscité par le public, il délivre un rap sans œillère, à la portée universelle. Depuis lors, il ne cesse de dompter le mic à coups de punchlines brûlantes. S.A.

Editors

Pilot, The Pride, Snowfield… Les cinq British ont eu quelques difficultés à trouver une identité propre avant d’opter pour le blaze Editors. Et se forger une solide réputation aux côtés de Franz Ferdinand dont ils assurèrent la première partie en 2012. Le groupe puise son inspiration dans le post-punk, sa mélancolie et ses guitares saturées. Quitte à lorgner du côté d'Interpol avec qui on le confond souvent… Qu’importe, la voix profonde et les partitions 01 > 03.07, Arras, Citadelle, 49 € envoûtantes de Tom Smith nous font toujours un (complet le dimanche) // 3 jours : 115 €, mainsquarefestival.fr effet plus bœuf que bof. S.A.

Prog : Iggy Pop, Disclosure,

Louise Attaque, Ellie Goulding, Flume, Jake Bugg, Boys Noize, Jeanne Added, Yelawolf, The London Souls, Cayman Kings (01.07) //

Macklemore & Ryan Lewis, The Offspring, Nekfeu, Birdy Nam Nam, Walk Off The Earth, Marina Kaye, Salut C’est Cool, Mass Hysteria, Nathaniel Rateliff & The Night Sweats, X Ambassadors,

Bear’s Den, Lonely The Brave, Cardri (02.07) // Les Insus, Editors, Ghinzu, Years & Years, L.E.J, Odesza, Band Of Horses, Last Train, The Struts, Tiggs Da Author, A-Vox, Evrest (03.07)


66 FESTIVALS

Vous séjournez à Calais entre le 23 et le 26 juin ? Alors vous risquez d'y croiser KUMO, une araignée de 38 tonnes capable de s'accrocher aux bâtiments, et LONG MA, un cheval-dragon cracheur de feu haut de 12 mètres ! Pas de panique, il s'agit là des œuvres robotisées de la compagnie nantaise LA MACHINE, créée par François Delarozière. Pour autant, ces gigantesques monstres de bois et d'acier ne sont pas là pour admirer les plages du Nord. Né en 2014 lors du 50e anniversaire des relations franco-chinoises, le bienveillant Long Ma vient récupérer son temple sacré, subtilisé et dissimulé dans la cité de la Dentelle par la vicieuse Kumo. Cette joute se règle dans la rue (à l'ancienne), au milieu du public, dans un déluge d'effets spéciaux et rythmée par un orchestre de musiciens classiques. Une lutte au sommet ! Julien Damien


LongL'espritMa go n du cheval-dra

23 > 26.06, Calais, Le Channel et dans la ville, en journée + sorties nocturnes le vendredi et le samedi à partir de 22 h // Final : dimanche dans l’après-midi, gratuit, lechannel.fr

© Stephan Muntaner

arts de rue


68 MUSIQUE

Neil Young

Hors-piste Texte Thibaut Allemand Photo DR

Ce n'est pas la première fois que Neil Young pose ses valises dans nos contrées. Mais c'est toujours un événement. Au-delà des mythes et légendes entourant le Canadien, c'est surtout son répertoire sans cesse en mouvement, toujours remis à jour, qui soulève l'enthousiasme – quels titres pourra-t-il bien nous jouer ? Or, dans ce vaste recueil, deux albums un peu obscurs méritent de nouvelles réécoutes.

P

our présenter le Loner, on pourrait évidemment insister sur les grands jalons. Évoquer Buffalo Springfield et le supergroupe Crosby, Stills, Nash & Young. Aborder une palanquée d'albums-clés (Harvest, Tonight's the Night, On the Beach, Harvest Moon, Zuma…). Se souvenir de sets où l'acoustique intimiste se marie aux déflagrations électriques. Or, les pas de côté sont aussi passionnants. Deux grandes


œuvres se découpent dans le paysage. Il y a Trans, paru en 1982, où la voix la plus célèbre du folk de l'Ouest se pare de vocoder – un moyen de communiquer avec son fils, autiste – et signe un disque annonçant déjà Daft Punk. On exagère ? À peine. NEIL ON THE ROCK – Citons aussi Everybody's Rockin (1983), dont la pochette le présente sur fond rose et tout de blanc vêtu. Une photo dont même le revivaliste réac Robert Gordon n'aurait pas voulu. Un retour au rockabilly pur et dur et un pied de nez à sa maison de disque qui réclamait un second disque « moins country, plus rock'n'roll ». Elle fut servie… Il n'est pas sûr du tout (mais alors pas du tout !) que le grand Neil puise dans l'un de ces deux 13.06, Lille, Le Zénith, 20h, 95 > 67,50 €, disques durant son concert. Mais ça vaut www.zenithdelille.com // 24.06, Anvers, Palais des Sports, 20 h 30, 96 > 86 €, www.sportpaleis.be la peine de les (re)découvrir.


Jacco Gardner

© Nick Helderman

Ceux qui ne trouvent leur bonheur que dans les sons jamais entendus auparavant en seront pour leurs frais – mais bon, après la musique sérielle, que faire ? En revanche, quiconque possède un cerveau (pour l'honnêteté intellectuelle) et un p'tit cœur qui bat (pour succomber aux mélodies parfaites) ne peut rester de marbre devant la pop baroque et psychédélique de Jacco Gardner. Le freluquet jouait récemment en Afrique, tenant la basse au sein de WITCH, légende du Zamrock. Ça en dit long sur les dons insoupçonnés du Hollandais. T.A. 18.06, Namur, Belvédère (Fête de la musique), 20 h, gratuit, www.belvedere-namur.be // 06.08, Genk, C-Mine (Absolutely Free Festival), 20 h, gratuit, kissmyaff.be

Ty Segall & The Muggers Cousin spirituel du regretté Jay Reatard, filleul sonique du stakhanoviste John Dwyer, Ty Segall peut se targuer d'avoir publié une quinzaine d'albums depuis 2008 (et presque autant au sein de diverses formations). Or, ce petit génie vaut mieux que de bêtes statistiques. Cette prolixité n'aurait aucun sens si l'Américain n'excellait dans le garage électrique comme dans le folk débranché. Et c'est sur scène que son talent prend toute sa (dé)mesure. T.A. 01.06, Bruxelles, Botanique (Les Nuits Botanique), 19 h 30, 26 / 23 / 20 €, botanique.be 26.06, Tourcoing, Le Grand Mix, 18 h, 19 / 16 / 5 €, www.legrandmix.com

On a aperçu Paprika Kinski, bassiste de formation et créatrice de mode, au sein du tandem Christ Waddle ou sous l'alias Wet Decision. À force de tâtonner, grattouiller, pianoter et chantonner, sont nées quelques mélodies accrocheuses et lignes de basse bondissantes – citons le disco codéiné Jamaica. Depuis, Paprika Kinski est devenu trio, la jeune Lilloise s'entourant de deux fines lames échappées des réjouissants Okay Monday. Sous le charme, l'insigne David Shaw a édité un premier EP sur son label, HMS. L'avenir leur appartient. T.A. 03.06, Roubaix, La Cave aux Poètes, 20 h, 12 / 10 / 8 €, www.caveauxpoetes.com

© Justine Buseyne

Paprika Kinski



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Cypress Hill

Frères pétard En 1991 le son hybride de trois colosses latinos, originaires de la Cité des Anges, déboule sur les ondes. Tatouages de taulards, nuages de weed et rythmes impétueux hissent rapidement Cypress Hill au sommet du hip-hop ricain. Retour sur le parcours de gars bigrement locos qui fêtent leur quart de siècle. 1986, Los Angeles. Muggs, B-Real, Sen Dog et son frère Mellow Man Ace forment Devastating Vocal Excellence, un groupe de rap qui mêle sons latinos, funk et rock. Mellow décampe vite. Pas grave. Le crew persévère et change de blaze pour devenir Cypress Hill. Leur premier album éponyme sort en 1991. Sur fond de guitare électrique, il se distingue avec le titre Pigs (flics, en anglais) : une comptine pour adultes inspirée d’un retour de soirée de B-real durant lequel il fut malmené par la police. La légende est en marche. Justice ou politique, aucun tabou ne résiste aux rappeurs, comme lors de ce fameux (ou fumeux) 26 juillet 1995. Nos MCs profitent de leur présence au très bobo Lollapalooza pour allumer un joint sur scène sur le planant I Wanna Get High. Face à une foule interloquée, ils trouvent leur soutien chez les agents d’entretien du festival, qui s'installent au premier rang. La feuille de cannabis en étendard, ils s’imposent comme piliers du rap west coast, qu’ils peuvent allier au reggae de Damian Marley comme à la batterie du metalleux Brad Wilk... Quitte à perdre des fans en route. Qu’importe, devenu mythe vivant, Cypress hill électrise le public à chaque prestation et se joint aujourd’hui à… Public Enemy et Rage Against The Machine pour former les Prophets 21.06, Bruxelles, Ancienne Belgique, 20 h, Complet ! of Rage. On a hâte. Sonia Abassi

© DR

MUSIQUE



74

© Lucie Bevilacqua

MUSIQUE

Christophe Le single des Stone Roses paru le 12 mai, All for One, étant totalement dispensable, Christophe concourt toujours au titre de come-back de l'année. Il faut dire qu'avec Les Vestiges du chaos, grand disque en forme de résumé d'une carrière aux multiples circonvolutions, le septuagénaire signe l'un de ses plus beaux albums – bien plus réussi que le boursouflé Aimer ce que nous sommes (2008). Sur scène, l'oiseau de nuit est capable de vous transformer une salle gigantesque en club intimiste, pour un moment de grâce, et de temps suspendu. T.A. 11.06, Lille, L'Aéronef, 20 h, 33 / 30 / 25 / 20 €, www.aeronef.fr // 08.07, Liège, Festival Les Ardentes, 55 €, www.lesardentes.be // 11.02.17, Bruxelles, Cirque Royal, 20 h, 57 > 30 €, cirque-royal.org

© Marie Athenais

La Mverte Techno glaciale et italo-disco fébrile, les sets du Parisien évoquent évidemment les pionniers eighties (Depeche Mode, Fad Gadget, The Normal, Liaisons Dangereuses), mais aussi et surtout ces francs-tireurs qui, au début des années 2000 et depuis leur QG du Pulp (Paris), transformèrent notre rapport à cette fameuse décennie longtemps maudite – à tort. Hébergé par David Shaw (eh oui, comme Paprika Kinski !), le Français possède en outre un alias qui claque au vent. Alors disons le franco : viva la muerte ! T.A. 09.06, Amiens, La Lune des Pirates, 20 h 30, 12 / 7 / 3 €, lalune.net // 16.07, Dour, Festival de Dour, 60 €, www.dourfestival.eu



© Sasha Eisenman

The Brian Jonestown Massacre C’est vrai, le rock’n’roll est mort. Enfin, presque. À l’heure où l’on fait croire aux Cubains que la musique du Diable est affaire de septuagénaires botoxés, les Brian Jonestown Massacre font figure de derniers des Mohicans. Anti-héros d’une mythologie marquée par la violence et la folie, Anton Newcombe aura réussi l’exploit, primo, de rester vivant – revenant de l’alcoolisme et l’héroïnomanie. Secondo, de rester créatif malgré les excès ou, pire encore, la sobriété. En atteste sa discographie, qui butine du psyché à la new-wave, du shoegaze au post-punk, comme un dernier grand inventaire avant liquidation. J.D. 25.06, Lille, L’Aéronef, 20 h, 22 > 11 €, aeronef.fr

Parquet Courts Mené par le Texan Andrew Savage, relocalisé à New York, Parquet Courts possède tous les attributs du groupe issu de la Grosse Pomme, ou du moins de la Côte Est. À écouter ces godelureaux suractifs (cinq albums en cinq ans, des maxis en pagaille…), on entend des échos du Velvet et des Feelies, de The Modern Lovers et de Yo La Tengo, sans oublier Guided By Voices. Bref, une tradition du rock des marges dans laquelle s'inscrit fièrement cette formation moins mineure qu'elle n'y paraît de prime abord. T.A.

© Ben Rayner

21.06, Anvers, Trix, 19 h 30, 17 / 15,50 €, www.trixonline.be // 25.06, Evreux, Hippodrome (Le Rock dans tous ses états), 15 h, 47 / 42 €, www.lerock.org/



78

Disques

Pantha du Prince THE TRIAD (Rough Trade)

Des nouvelles du prince ! Hendrik Weber sort d’un long silence : six ans qu’on l’attendait depuis son troisième et dernier album solo, le très remarqué Black Noise. Ce ne fut toutefois pas une période de sommeil (même s’il raconte volontiers que le nom Pantha du Prince lui est venu en rêve) puisqu’il a collaboré, notamment, avec le collectif de percussionnistes The Bell Laboratory. Une expérience marquante à l’écoute des cloches parcourant The Triad. De plus, l’Allemand se produit maintenant en live entouré d’un orchestre de clochettes. L’objet qui nous intéresse ravira les fans des atmosphères éthérées si caractéristiques de sa musique, qui prend un chemin plus « grand public ». Une vision rappelant celles de Rone ou Superpoze, autres transfuges synthétiques aux échappées pop. L’apparition de voix, comme sur Chasing Vapour Trails, est symptomatique. D'aucuns rangeront paresseusement la musique de Pantha du Prince à cheval entre le rayon electronica et house minimale…Pourtant, elle embrasse des horizons bien plus vastes. L'ouvrage n'est jamais plombé par de vagues ambiances feutrées et l'on traverse le dancefloor (cette basse sur Dream Yourself Awake !) en prenant de la hauteur. Une longue attente donc, et un retour princier. Benjamin Leclerc

Maria Usbeck AMPARO (Labrador / Differ-Ant)

Savoir que Maria Usbeck est la chanteuse de Selebrities et que son album est co-produit par Caroline Polachek de Chairlift ne suffit pas à traduire toute la délicatesse de ce carnet de voyages. Amparo pourrait être qualifié de chefd’œuvre world si le mot n’avait été aussi galvaudé. Les percussions exotiques, les chœurs enchanteurs, les atmosphères tropicales forment un circuit polyglotte. On savoure pleinement le relief, les ascensions soutenues par quelques notes de harpe autant que les pauses alanguies. Léger comme l’air et profond comme l’océan, le disque décrit un territoire aussi étrange qu’accueillant. Maria Usbeck réalise ici un beau miracle : on s’y sent à la fois au grand air et dans un cocon. Rémi Boiteux


Marissa Nadler

Kristin Kontrol

STRANGERS

X-COMMUNICATE

(Bella Union / PIAS)

(Sub Pop / PIAS)

Le folk gothique des précédents disques de Marissa Nadler avait révélé une personnalité originale et délicieuse. Si Strangers poursuit cette envoûtante lancée, ce septième album est aussi l’occasion pour la sirène ténébreuse d’élargir son espace. Tout ici est plus intense, plus fort, plus habité encore. La voix prend une dimension surnaturelle rappelant les sortilèges de This Mortal Coil, les compositions montent en spirale jusqu’au firmament, les rythmes lancinants percent l’âme pour y installer des mélodies. L’ampleur de Hungry is the Ghost ou la petite mécanique d’All the Colors of the Dark, parfaits exemples de la réussite de l’ensemble, nous emportent sur une île vénéneuse dont seule Marissa possède la carte. Rémi Boiteux

Derrière Kristin Kontrol se cache Dee Dee des Dum Dum Girls. Leur troisième album avait surpris par son tournant eighties, et cet opus solo enfonce bien le clou. Les synthés pop disputent aux guitares surproduites le style d’une époque dont la dame enfile les oripeaux avec gourmandise. Sa voix ne trompe pas : l’interprétation est elle aussi millésimée, comme sur l’athlétique et madonnesque morceau-titre. Si le tout fonctionne, c’est grâce à cette volonté décomplexée, dès Show Me, de fabriquer du tube freak. Volonté qui emballe lorsqu’elle achoppe sur des chewinggums soniques comme Skin Shed. Une pointe de lassitude sur la longueur, peutêtre, mais une bonne dose de plaisir (à peine) coupable, surtout. Rémi Boiteux

Fog FOR GOOD (Totally Gross National Product / La Baleine)

Cela faisait neuf ans que Fog n'avait pas donné de nouvelles. Pourtant, entre 2000 et 2007 Andrew Broder, proche de Why ? (le tandem Hymie's Basement), Dosh ou encore Doseone fit les belles heures de Lex Records et Ninja Tune. L'Américain signe ici son œuvre la plus aboutie. Les fondations sont posées dès la chanson-titre, ouverture magistrale évoquant The Beach Boys et Grandaddy – un bricolage tranquille, des rythmiques de bric et de broc et un souffle soul qui parcourt l'ensemble. Ce cinquième LP contient plusieurs pièces tenant en équilibre instable et précaire, toutes en mélodies retenues. Pour les amateurs, voici de belles retrouvailles hip-hop et pop, discrètes et chaleureuses. Pour les nouveaux-venus, un parfait panorama de ce merveilleux brouillard. Thibaut Allemand


80 ÉCRANS

The Witch

Promenons-nous dans les bois Texte Audrey Jeamart Photo Universal Pictures

Précédé d’une attente conséquente, rehaussée par l’accueil favorable qu’il reçut aux festivals de Sitges et de Gérardmer, The Witch, premier long métrage de l’Américain Robert Eggers, bénéficie d’une sortie en salles presque inespérée, à l’heure où le cinéma fantastique peine à être distribué.

D

ans un océan de produits formatés où règne la peur au rabais, The Witch fait un bien fou. En dépit de sa noirceur, on serait même tenté d'accueillir ce film comme une bouffée d’air frais. De fait, Robert Eggers revivifie le genre fantastique avec un « conte populaire de Nouvelle-Angleterre ». L’histoire se déroule en 1630, dans une famille


81 ÉCRANS

pieuse bannie de sa communauté, confrontée à la disparition de son nouveau-né tandis que ses récoltes pourrissent. Face à tant d'angoisse, elle commence à se déchirer. Peut-être à cause d'une force maléfique hantant la forêt voisine... Crise de foi – Intervention surnaturelle ou culpabilité humaine ? Le film cultive constamment la tension entre ces deux pôles. Il s'empare ainsi de l’essence même du fantastique, puisant dans l’incertitude, pour questionner en parallèle l'importance de la foi et le délitement d’une cellule familiale. Point de réponses, aucune résolution, mais une orchestration troublante des points de vue des personnages (avec l’adolescente de la famille au cœur de la tourmente). Cette mise en scène dépeint la manière dont les croyances vacillent, la confiance se dilue, les rapports humains se gangrènent. Assurément l’un des meilleurs films fantastiques que l’on verra De Robert Eggers, avec Anya Taylor Joy, Ralph Ineson, Kate Dickie… cette année. Sortie le 15.06.


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American Hero

Sexe, drogues et super-pouvoirs Que feriez-vous doté de super-pouvoirs ? Peut-être les utiliseriez-vous pour draguer des filles, voler de la drogue ou faire la manche, comme le nouveau personnage du cinéaste Nick Love. Dans sa sixième réalisation, le Britannique imagine un antihéros certes irresponsable, mais des plus attachants.

D

rogué et alcoolique, Melvin (fantastique Stephen Dorff) gâche sa vie avec talent. Encore installé chez sa mère, le trentenaire est pourtant un homme au potentiel étonnant. Il est en effet né avec un pouvoir de télékinésie qu'il néglige en se perdant dans d'interminables fêtes. Celles-là mêmes qui l’empêchent d’assumer son rôle de père. Mais, à la suite d'un accident, notre homme décide de reprendre sa vie en main. Dans l’espoir de devenir meilleur, il engage une lutte contre le crime... Si vous cherchez un blockbuster débordant de batailles dantesques et d'effets spéciaux, passez votre chemin. Ceci est un récit humain pétri d'humour et de tendresse. Dans une Nouvelle-Orléans encore traumatisée par le dévastateur ouragan Katrina, nous n’assistons pas à la naissance d’un super-héros, mais à celle d’un père, d’un ami et d’un fils. Tourné à la manière d’un documentaire, le film ne force jamais l'émotion et évite tout misérabilisme. Il nous plonge dans une Amérique aussi profonde que lumineuse, pauvre mais solidaire. Avant de déplacer des montagnes notre De Nick Love, avec Stephen Dorff, héros expédie la thématique du surhomme dans Eddie Griffin, Luis Da Silva Jr… Sortie le 08.06 une autre dimension, plus humaine. Sonia Abassi

© Chrysalis Films

ÉCRANS



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© Twentieth Century Fox / DR

ÉCRANS

DVD

Panique à Needle Park

Naissance d’un géant

E

n 1971, un jeune comédien fait ses premiers pas dans le 7e art sous la direction d'un cinéaste (presque) néophyte, issu du milieu de la photographie de mode. De cette rencontre va naître une œuvre, Panique à Needle Park, qui ne laisse cependant aucune place à l'amateurisme (et encore moins au glamour). Al Pacino révèle déjà une immense palette d'acteur : l'intensité d'un regard dévoilant les fissures du personnage avec en contrepoint cette gestuelle si démonstrative. Les images de Jerry Schatzberg plongent avec crudité dans les dédales de Needle Park, point de ralliement privilégié des toxicomanes de Manhattan. D’espaces exigus en paysages urbains sordides, la vision quasi documentaire du réalisateur capte l'existence d'une population à bout de souffle. La trame narrative du film se resserre autour d'un amour désenchanté. Kitty Winn, admirable de spontanéité, donne la réplique à Al Pacino. Tous De Jerry Schatzberg, avec Al Pacino, Kitty deux incarnent des êtres brisés, s’abandonnant les uns aux Winn, Alan Vint… autres, vivant de relations tarifées et de drogues plus ou (2 DVD, 1 livre, Carlotta Film, Éd. Ultra moins fraîches. Al ne le sait pas encore, mais le monde sera Collector, 50,16 ), Sortie le 22.06 bientôt à lui… Thomas Lansoud-Soukate



86 ÉVÉNEMENT

Julien Gosselin - 2666 Théâtre-monde

Salué pour son adaptation des Particules élémentaires de Houellebecq, Julien Gosselin dévoile à Valenciennes sa dernière création : 2666. Toujours accompagné de sa troupe « Si vous pouviez lécher mon cœur », le metteur en scène de 29 ans s’attèle à un projet hors-norme, qui s’étale sur 12 heures et redéfinit le concept d’œuvre totale. Texte Julien Damien Photo Simon Gosselin

L

es Tibétains ont une expression pour ça. Ils disent : « quand tu arrives en haut de la montagne, continue de grimper ». C’est un peu ce qui nous est venu à l’esprit quand on a appris que Julien Gosselin s’attaquait à 2666, roman inachevé du Chilien Roberto Bolaño paru en 2004, après sa mort. Un pavé de 1 400 pages découpé en cinq parties autonomes mais liées entre-elles. On y suit un mystérieux écrivain, un universitaire qui se prend pour Marcel Duchamp, un journaliste


qui enquête sur des meurtres de jeunes femmes au Mexique... Un labyrinthe dans lequel on n’est finalement pas surpris de trouver Julien Gosselin. Avant lui, en effet, personne en France n’avait osé porter sur scène Les Particules élémentaires de Michel Houellebecq, autre fresque réputée inadaptable. On connaît la suite : une claque lors du Festival d’Avignon en 2013, cinq nominations aux Molières, un succès critique et public. Défi – Bref, le natif d’Oye-Plage aime les défis. « C’est vrai, mais ce sont surtout mes goûts littéraires qui me dirigent vers ces œuvres-là ». C’est-à-dire des « romans-monde » qui embrassent une multitude de récits, de lieux, d’époques… « Après Les Particules j’avais besoin de trouver une matière au moins aussi ambitieuse, si ce n’est plus ». Ce sera donc 2666, qui mêle histoires d’amour, réalisme magique, polar… pour autant de thèmes abordés : la fin des utopies, la sauvagerie de l’Histoire et, surtout, « le combat que se livrent violence et littérature », selon cet ancien de l’École du Théâtre du Nord. >>>


88 ÉVÉNEMENT

« L’épaisseur du roman doit être ressentie par le spectateur, ça ne peut se réaliser que dans la durée »

« Plus j’avançais dans le roman et plus je me disais qu’il était impossible à adapter, en tout cas par moi. C’est finalement ce qui m’a poussé à le faire ». Le défi, toujours.

Belles lettres – En résulte un spectacle d’une demi-journée, car « l’épaisseur du roman doit être ressentie par le spectateur. Il s’agit de pénétrer un monde, ça ne peut se réaliser que dans la durée ». Paradoxalement, le 6e art jouit de cet avantage par rapport au cinéma : « il permet de gérer le temps, de le ralentir ou l’accélérer ». La longueur de la pièce dépend aussi de la vision de la mise en scène. Le Nordiste, qui est avant tout venu au théâtre « par la littérature », respecte en effet grandement le texte, sa structure, ses personnages… lui restant fidèle comme l’était son adaptation des Particules. Ici, dans 2666, « il y aura donc cinq spectacles », conjuguant jeu d’acteurs, musique et vidéo. « Cette transdisciplinarité est une évidence pour moi : adapter des œuvres comme celle-ci nécessite un maximum d’armes pouvant former un univers rapidement ». Après trois semaines de travail au Phénix de Valenciennes, auquel ils sont associés, et deux représentations en avant-première, Julien Gosselin et sa 2666 troupe s’envoleront pour Avignon, où 18 & 25.06, Valenciennes, Le Phénix, ils sont désormais attendus. 13 h > 01 h 30, 22 > 9 €, www.lephenix.fr



Place Tian’anmen. Pékin, mai 1989.


91 LIVRES

Patrick Zachmann

L’Empire (vu) du Milieu Texte François Lecocq Photo Patrick Zachmann / Magnum Photos


À voir / Patrick Zachmann So Long, China (1982-2015) Jusqu’au 05.06, Paris, Maison européenne de la photographie, mer > dim : 11 h > 19 h 45, 8 / 4,50 € / gratuit (-8 ans), www.mep-fr.org À Lire / So Long, China, (Éd. Xavier Barral), 592 p., 45  €

Pékin, 2005.

Patrick Zachmann sillonne la Chine depuis 1982. Le photographe et réalisateur français signe aujourd’hui un livre magnifiquement édité par Xavier Barral, révélant la profonde mutation encore inachevée de l’Empire du Milieu.

S

i vous avez manqué la rétrospective de Patrick Zachmann à la MEP de Paris, ce livre permet de découvrir son fabuleux travail. De format réduit (17 x 23 cm) et de facture très soignée, il retrace en 345 images plus de 30 ans de reportages en noir et blanc, d’abord, puis en couleurs à partir de 2001. Né en 1955, membre de la prestigieuse agence Magnum à 35 ans, l’artiste a découvert la Chine grâce à un exilé rencontré dans le Chinatown parisien (xiiie arrondissement). Ce dernier l’a introduit dans le sud du pays, plaque tournante de la diaspora chinoise, favorisant ainsi de nombreux reportages. Il faut se rappeler qu’en 1982, le bloc communiste est totalement replié sur lui-même, cadenassé et nimbé de mystères pour tout Occidental qui parvient à y pénétrer. Fasciné par les questions d’identité, Zachmann arpente le territoire, se heurte aux non-dits et à la censure qui bâillonnent la population. Cela dit, au gré d’une vingtaine de séjours, il cherche toujours à en savoir plus. Des triades de Hong Kong dans les années 1980 jusqu’aux plateaux de cinéma, en passant par Taïwan, Tian’anmen, le tremblement de terre du Sichuan, Wenzhou ou la population flottante des Mingong, le photographe compose un vaste panorama. Celui-ci révèle dans la durée et le mouvement, au plus près de ses sujets, un pays en perpétuelle évolution.



94

Livres

Jonathan Franzen PURITY (L’Olivier)

« Pip » Tyler a 23 ans, un emploi abrutissant de démarcheuse téléphonique, des colocataires fantasques dans un squat à Oakland et une maman névrosée qui lui a toujours caché l’identité de son géniteur. Elle est aussi le premier des personnages que nous présente Jonathan Franzen dans son étourdissant Purity – le patronyme honni de la jeune femme. Viendront ensuite, au fil de ce roman versant peu à peu dans le thriller, un lanceur d’alerte devenu leader d’une organisation de hackers, un couple de journalistes d’investigation à l’équilibre précaire, une héritière ayant renié sa belle naissance… À l’aide de flashbacks structurant tout le récit et nous trimballant de l’oppressante Allemagne de l’Est aux moites forêts boliviennes, l’auteur dévoile les secrets de ses protagonistes et les liens qui les unissent. Cinq ans après l’épopée familiale de Freedom, Franzen n’a pas perdu le goût des grandes fresques foisonnantes, ni son talent pour se glisser dans l’esprit humain et le mettre à nu. On regrette une réflexion un peu rigide sur le pouvoir d’Internet, mais qu’importe : le style éblouit, les lignes se dévorent, et nous voilà déjà au bout du dernier opus de l’un des grands romanciers contemporains. 752 p., 24,50 €. Marine Durand

Marky Ramone PUNK ROCK BLITZKRIEG – MA VIE CHEZ LES RAMONES (Rivages Rouge)

De son vrai nom Marc Bell (mais aucun lien avec LFO), Marky Ramone fut le batteur historique des… Ramones – du deuxième album au dernier, avec une parenthèse à la fin des eighties pour cause d’alcoolisme aggravé. Il fut également préposé aux fûts avec Richard Hell. Ce n’est pas rien. Enfin, il était le dernier Ramone historique à ne pas avoir signé d’autobiographie. C’est chose faite. Dans un style alerte, sans jamais tirer sur la corde sensible et avec une franche acuité, la coupe au bol raconte (presque) tout. Les fans hardcore n’apprendront rien sur Johnny le réac, Joey le timide ou Dee Dee le camé. En revanche, ils y trouveront leur bonheur car, pour citer Jean-François Copé, Marky y livre « sa part de vérité ». Émouvant. 416p., 24 €. Thibaut Allemand


Leopoldo Lugones

John King

DES FORCES ÉTRANGES

(Diable Vauvert)

(Éd. Allia)

Les Forces étranges auxquelles se confronte l’Argentin Lugones dans ce petit recueil de nouvelles, ce sont toutes celles qui, à un moment donné, dépassent l’humain : celles de la nature, de la science, de l’occulte ou du spirituel. Ici, les chevaux se révoltent, le feu tombe du ciel et un son peut tuer. Dans un style limpide, mais qui évoque parfois un Jacques Abeille misanthrope voire un Raymond Roussel angoissé, l’auteur fait vaciller les convictions de ses personnages et trouble le lecteur. Si Leopoldo Lugones a connu un parcours idéologique erratique, on comprend à la lecture de ces textes aux conclusions souvent vertigineuses pourquoi un maître comme Borges le tenait en si haute estime. 128p., 7,50 €. Rémi Boiteux

ENGLAND AWAY

À la veille de l’Euro, le Diable Vauvert exhume le dernier roman du triptyque de John King, débuté avec Football Factory puis La Meute, et publié en France en 2005 (L’Olivier). Mais pas question de foot ici, plutôt de hooliganisme. Le peintre par excellence des subcultures anglaises nous emmène aux côtés de « supporters » de Chelsea cheminant vers Berlin pour assister à un match entre l’Allemagne et l’Angleterre. Au programme : du sexe, des bastons et, surtout, un discours empreint de haine, d’europhobie, de rejet des élites (tiens tiens…). King dissèque avec cette langue populaire qui lui est propre les mécanismes du nationalisme. Sans la juger, il achève le portrait d’une génération perdue, drapée dans la fierté d’une nation dont elle est devenue la honte. 400 p., 20 €. Julien Damien

Amos Vogel LE CINÉMA, ART SUBVERSIF (Capricci)

Longtemps épuisé, voici réédité l’un des ouvrages majeurs consacrés au cinéma. Publié en 1974, il n’a cessé d’être une référence pour les réalisateurs eux-mêmes, d’Herzog à Scorsese, en passant par Albert Serra qui signe ici une préface inédite. Fondateur du mythique ciné-club d’avant-garde « Cinema 16 », à New York, Vogel a été un acteur privilégié du bouillonnement du 7e art américain après la Seconde Guerre mondiale. Son livre en porte témoignage, sans s’y limiter, embrassant aussi bien la création japonaise qu’européenne. Ce montage de textes et d’images d’une rare intelligence analyse comment les films transgressent les règles et les conventions, morales ou éthiques. Ultime subversion : il incite encore à rêver le cinéma à l’heure où tout est presque visible. 352 p., 29 €. Raphaël Nieuwjaer


96 EXPOSITION

La Vie sexuelle de Tintin

Les poils mystérieux Texte Julien Damien Photo Courtesy Jan Bucquoy

La vie sexuelle de Tintin ? C’est vrai qu’on commençait à se poser des questions. Le Musée de l’Érotisme et de la Mythologie nous la dévoile à travers un sulfureux pastiche de Jan Bucquoy. L’iconoclaste Bruxellois déniaise le plus célèbre des reporters dans une BD où, cette fois, il a vraiment vu la lune...



98 EXPOSITION

L

a Castafiore a un petit faible pour Tintin, et pas seulement pour sa houppette. Elle l’invite donc à boire un verre chez elle. Mais très vite, les choses dérapent, et voilà notre petit blondinet qui perd son pantalon de golf devant les attributs insoupçonnés de la cantatrice… C’est le genre de scènes qu’imagine Jan Bucquoy dans La Vie sexuelle de Tintin, une parodie plus qu’érotique. Parue en 1993, cette bande dessinée ressort en couleurs. Pour l’occasion, le MEM en expose les planches en grands formats. Cellesci détournent les candides personnages de Hergé dans des situations qui n’ont rien à envier aux scénarios de Marc Dorcel. « Tout le monde y passe », s’amuse le Bruxellois. Même ce pauvre Milou ! On l’aura compris, il est ici question de liberté d’expression. « Bruxelles est une ville libre. Marx y a écrit son manifeste du parti communiste et Rimbaud publié Une saison en enfer », rappelle Jan Bucquoy. La fesse cachée d’Hergé – Mais derrière ces cases « olé olé » il s’agit aussi de culbuter l’icône belge. « Je veux montrer que Tintin n’est pas aussi pur qu’on le dit. C’est un héros parfait et con. Il est sans parents, ni passé ni avenir, sans sexualité. C’est un personnage vide et malléable ». Pour Jan Bucquoy, Hergé aurait fait de ce gentil bonhomme un support antisémite et raciste (sic), affirmant que son

modèle n’est autre que le rexiste Léon Degrelle. Il ravive ici un vieux débat qui compte ses adeptes et détracteurs partout dans le monde. Sacré culot – Le sexe, « révolutionnaire par essence », est un moyen pour l’agitateur d’exprimer cette thèse. Rien d’étonnant chez cet écrivain, cinéaste, performer qui n’aime rien tant que s’attaquer à toutes les formes de pouvoir. Comme l’atteste son « Musée du Slip », qui démontre que « tous les hommes sont égaux devant le slip – que l’on soit célèbre, riche, puissant ou les trois à la fois », ou encore sa décapitation d’une statue du roi sur la Grand-Place de Bruxelles ! Aujourd’hui, c’est Hergé qui y passe. Citant Hegel il dit : « le faux est un moment du vrai, voici donc un faux Tintin dans une vraie aventure ». Pas sûr que Spielberg l’adapte au cinéma…

Jusqu’au 31.07, Bruxelles, Musée de l’Erotisme et de la Mythologie, lun, jeu, ven : 14 h > 20 h, sam & dim : 11 h > 17 h 30, 10 €, www.m-e-m.be



100 EXPOSITION

Vinegar flask, Courtesy of Thomas Eyck, 2008 — 3dwn1up, Courtesy Particles Gallery, 2011 — Pipe, © Photo : Erik & Petra Hesmerg © Aldo Bakker, 2015


Aldo Bakker

Objets de désir Texte Marine Durand Photo Aldo Bakker © Erik & Petra Hesmerg

Séduite par le travail du designer Aldo Bakker, qu’elle avait repéré lors de l’exposition Le Labo des héritiers (2014), Marie Pok, la directrice du CID du Grand-Hornu, lui a laissé carte blanche pour mettre en scène sa première rétrospective. Le Néerlandais y dévoile des créations – ou devrions-nous dire créatures – saisissantes, en dehors de tout courant.

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ldo Bakker « ne fait rien comme tout le monde », note Marie Pok, rappelant le parcours singulier de cet enfant de la balle, dont les parents, Emmy van Leersum et Gijs Bakker, sont des créateurs de bijoux reconnus. Arrêtant prématurément ses études artistiques, il s’est formé auprès d’un orfèvre d’Utrecht avant de développer un processus de fabrication prenant le contre-pied de ses contemporains. « Au départ il y a la forme. Ensuite, il voit comment lui insuffler sa fonction. L’ergonomie n’est pas le souci d’Aldo ». Intuition – Courbes suggestives, silhouettes animales et familières, le mobilier et les petits objets de table présentés au CID déconcertent et fascinent, dissimulant leur fonction aux visiteurs trop pressés. N’est-ce pas un pingouin caché dans les lignes de cette flasque à vinaigre ? Cette chaise au dossier cylindrique nous veut-elle vraiment du bien ? « Je travaille de façon intuitive, en collectant des formes qui s’assemblent de façon naturelle lorsque vient le moment de leur donner un sens », répond l’intéressé lorsqu’on l’interroge sur ses inspirations. Les informations quant au parcours de l’exposition se révèlent tout aussi cryptiques : « Nous avons passé du temps à définir la place de chaque objet. Le résultat est une expérience sensorielle, impossible à décrire par des Aldo Bakker - Pause Jusqu’au 14.08, Hornu, Centre d’Innovation et de mots ou des photos ». À expérimenter Design, mar > dim : 10 h > 18 h, 8 / 5 / 2 € / gratuit (-6 ans), www.cid-grand-hornu.be jusqu’au 14 août.


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Home Cinema

Écran total Lille 3000 ouvre les portes de son Home Cinema. Ecrans, caméras, installations… Ce sont 28 œuvres d’artistes internationaux qui se croisent dans une gare Saint Sauveur plongée dans la pénombre et pleine de surprises. Préparez le pop-corn ! Depuis quelques années, les évolutions technologiques ont replacé le spectateur au centre de l’image. Eh oui, désormais, chacun de nous peut se muer en réalisateur, acteur et même diffuseur. « Si dans les années 1990, le home cinéma signifiait l’arrivée d’écrans panoramiques dans les salons, aujourd’hui les supports sont devenus interactifs, mobiles, tactiles… », affirme Charles Carcopino, le commissaire d’exposition. Avec son concept de video-painting, le duo américain Sweatshoppe transforme ainsi les visiteurs en protagonistes de son Kollage Kiosk. Une fois photographiés, nous sommes invités à peindre notre portrait avec un rouleau électronique sur un mur réactif. Du street art 2.0 (et un poil narcissique), en quelque sorte. Plus loin, Drive-in Theater de Jung Yeondoo nous embarque dans sa voiture équipée de caméras et d’un panneau déroulant en guise de décor. Garée face à un grand écran, nous voilà au volant d’un bolide, en plein road-movie ! De quoi nous rappeler des scènes mythiques du 7e art. En parlant de mémoire, Laure Milena & Raphael Elig ont mis le paquet avec Memory. Sur trois supports s’enchaînent des combinaisons de près de 500 films amateurs datant des années 1950 à 2015. Face Jusqu’au 04.09, Lille, Gare Saint à tous ces souvenirs, nous nous remémorons les Sauveur, mer > dim : 12 h > 19 h, gratuit, www.lille3000.eu nôtres. On se fait des films ? Anne Demange

Kollage kiosk © Sweatshoppe

EXPOSITION



104

© Zep

EXPOSITION

Open Museum #3 Zep Après Air et Donald Duck, Zep nous convie à une visite un peu spéciale dans le majestueux Palais des Beaux-Arts de Lille. Le papa de Titeuf ponctue le parcours de cet Open Museum d’un coup de crayon reconnaissable entre mille autres. Mais surtout, il porte un regard impertinent, drôle et instructif sur les collections du musée. Juxtaposés ou directement projetés sur les murs et les œuvres, ses dessins caricaturent les mouvements picturaux avec un humour qui ravira les connaisseurs autant que les néophytes. On se gondole ainsi devant sa relecture du Concert dans l’œuf de Jérôme Bosch, où Jimi Hendrix croise Bono et Elvis Presley. Pô pour les pôv’naz ! A.D.

Charles Le Brun Le peintre du Roi-Soleil Charles Le Brun fut durant près de 30 ans le premier peintre de Louis XIV. C’est à lui que l’on doit le décor de la galerie des Glaces du château de Versailles. Souvent réduite à un art académique, voire de propagande, son œuvre demeure pourtant des plus inventives. Parmi ces 235 pièces – peintures, tapisseries, gravures… – on admire pour la première fois Le Sacrifice de Polyxène, chef-d’œuvre oublié et découvert en 2012 dans une suite du Ritz ! J.D. Jusqu’au 29.08, Lens, Louvre, tlj sf mar : 10 h > 18 h, 10 / 5 € /  gratuit (-18 ans), www.louvrelens.fr

Charles Le Brun, Le Sacrifice de Polyxène, huile sur toile, 1647 © The Metropolitan Museum of Art, Dist. RMN-GP / image of the MMA

Jusqu’au 31.10, Lille, Palais des beaux-arts, lun : 14 h > 18 h, mer > dim : 10 h > 18 h, 7 / 4 € / gratuit (-18 ans), www.pba-lille.fr



Eugène Leroy en miroir

Et la lumière fuit D’Eugène Leroy on sait les toiles couvertes de multiples couches de peinture. Cette épaisseur de la matière, comme vivante, qui dévoile des formes à mesure que l’on s’en éloigne… Oui, l’œuvre du Tourquennois est bien connue. Vraiment ? Cette exposition nous prouve le contraire. Comment renouveler le regard sur un monument tel qu’Eugène Leroy ? C’est tout le défi d’un musée qui porte son nom – depuis 2010 et une donation par ses fils de près de 600 pièces. Une gageure ? Pas tant que ça. « Comme Picasso ou Matisse, son œuvre est si forte qu’elle ouvre d’innombrables perspectives », assure Evelyne-Dorothée Allemand, la directrice du MUba. La vraie question serait plutôt : en fera-t-on un jour le tour ? La thématique de cette exposition est ainsi celle du miroir, du reflet. De la lumière, donc. Celle que le peintre, mort en 2000 à 89 ans, n’a cessé de capturer dans ses nus, portraits, natures mortes… Elle rayonne d’abord sur ses marines (la mer, ce miroir infini) avant de se nicher dans des lieux humides (marécages, cours d’eau) et enfin révéler cet autoportrait qu’il esquissa dans une vitre, à 17 ans. Au fil de cette « promenade sensorielle », les paysages s’estompent pour ne laisser voir que l’essentiel : l’onde. Tout au long du parcours, les œuvres de Leroy sont confrontées à celles de photographes, vidéastes, ou peintres actuels, monEugène Leroy en miroir - Histoires trant « son extrême modernité, cette contemd’onde, histoires d’eau Jusqu’au 18.09, Tourcoing, MUba, tlj poranéité propre aux artistes qui marquent leur sf mar : 13 h > 18 h, 5 / 3 € / gratuit temps, et le dépassent ». Julien Damien (-18 ans), www.muba-tourcoing.fr

Eugène Leroy, Sans titre (marine), ca. 1960, Technique mixte sur papier, Donation Eugène Jean et Jean-Jacques Leroy © MUba Eugène Leroy Tourcoing, Photo © Florian Kleinefenn

106 EXPOSITION



108 THÉÂTRE EXPOSITION & DANSE

Comme des Garçons, A/W 2012-13, Photo : Mark Segal, Model: Monika Sawicka

Agenda

Game Changers. Réinventer la silhouette du xxe siècle La mode, une succession de tendances, de collections, de créatures longilignes défilant fièrement sur un podium ? Non, un outil de libération du corps de la femme ! Ce que démontrent des créateurs tels que Paul Poiret, Coco Chanel ou Cristóbal Balenciaga. Faisant valser les corsets et s’affranchissant de la silhouette « sablier », ils ont transformé le profil féminin au siècle dernier. Anvers, jusqu’au 14.08, MoMu, mar > dim, 10 h > 18 h, 8 / 6 / 3 € / gratuit (-18 ans), www.momu.be

Andres Serrano

City Lights

C’est à lui qu’on doit le fameux Piss Christ, soit ce cliché d’un crucifix immergé dans un bain d’urine qui avait déclenché l’ire de catholiques intégristes en 2011. Voici l’une des plus importantes rétrospectives consacrées au photographe américain Andres Serrano. L’occasion de découvrir une œuvre sulfureuse, marquée par la religion, le sexe ou la violence. En parallèle sera dévoilée dans différents lieux de la capitale sa série Denizens of Brussels, constituée de portraits de SDF.

Au cœur de Molenbeek, dans les anciennes brasseries Belle-Vue, le tout nouveau MIMA met à l’honneur la jeune scène artistique de Brooklyn. Dans ce temple dédié à la culture 2.0 on trouve, à l’occasion de cette première exposition : le kiosque monumental orné de gravures pop du duo Faile, la fresque psychédélique de Maya Hayuk ou les collages de la street-artiste Swoon. Dépêchez-vous, ces œuvres sont éphémères !

Bruxelles, jusqu’ au 21.08, Musées Royaux des Beaux-Arts, mar > ven : 10 h > 17 h, sam & dim : 11 h > 18 h, 14,50 > 8 € / gratuit (-6 ans)

Bruxelles, jusqu’ au 28.08, Millennium Iconoclast Museum of Art, mer > dim : 10 h > 18 h, 9,50 / 7,50 / 5 € (scolaires) / gratuit (-12 ans), www.mimamuseum.eu

Étienne Davodeau - Chroniques de la vraie vie Le style d’Étienne Davodeau est marqué par cette quête du « vrai ». Qu’ils se présentent sous forme de reportages, documentaires ou fictions, ses récits s’ancrent toujours dans la réalité. Ses personnages sont des gens « ordinaires », en prise directe avec notre société, le monde du travail… Ils racontent notre époque, sous le prisme de l’humanisme, comme en témoignent ces planches issues de la trentaine d’albums qu’il a signée. Bruxelles, 14.06 > 27.11, CBBD, tlj : 10 h > 18 h, 10 > 3,50 €, www.cbbd.be



110 THÉÂTRE EXPOSITION & DANSE

Agenda Capeline, veste à bords vifs, Couture été 2003, Collection Vice Versa, Maison Anne Valérie Hash © Fabrice Laroche

Anne Valérie Hash Décrayonner Labellisés « Haute couture », les vêtements d’Anne Valérie Hash passent pour la première fois des podiums au musée. Loin d’être un simple retour sur 13 ans de carrière, ce parcours dévoile un processus de création unique, au plus près de la matière. À la fois virtuoses et mystérieuses, 88 pièces, mélange de jersey de soie et de laine sèche, de dentelle et de coton, s’égrènent au fil de 13 « boîtes » thématiques, dépourvues de vitres pour réduire la distance entre le public et les étoffes. Calais, jusqu’au 13.11, Cité de la dentelle et de la mode, tlj sf mar, 10 h > 18 h, 7 / 5 / 4 / 3 € / gratuit, www.cite-dentelle.fr

Weegee by Weegee

Haute-à-Porter

Figure légendaire du photojournalisme, Usher Fellig (1899-1968), alias « Weegee », a passé une partie de sa vie à sillonner la nuit new-yorkaise, immortalisant les crimes, faits divers, bars ou boîtes de strip-tease… Drôles ou choquantes, ces images en noir et blanc révèlent l’envers du « rêve américain ». Elles dressent un portrait universel de la métropole moderne.

Des podiums à la vie de tous les jours… le grand écart ? Pas forcément. S’appuyant sur des pièces prêtées par de grands couturiers (Vivienne Westwood, Dries Van Noten, Jean Paul Gaultier...) mais aussi des films ou des photographies, voici dévoilés les liens entre haute-couture et prêt-à-porter. Pensé par le rédacteur et designer Filep Motwary, il embrasse plusieurs thèmes (la crinoline, le corset…) et décale notre regard sur la mode de ces trente dernières années.

Charleroi, jusqu’au 04.12, Musée de la Photographie, mar > dim : 10 h > 18 h, 7 / 5 / 4 € / gratuit (-12 ans), www.museephoto.be

Jusqu’au 11.09, Hasselt, Modemuseum, mar > dim : 10 h > 17 h, 8 > 2 € / gratuit (-12 ans), www.modemuseumhasselt.be

RC Louvre - Mémoires Sang & Or Lens, son musée, ses terrils... et son club de foot, pardi ! Quand deux grandes institutions locales se rencontrent cela donne... le RC Louvre. En marge de l’Euro 2016, le Louvre-Lens propose un éclairage inédit sur les « Sang et Or ». Un patrimoine revisité à travers des objets inédits (tel le classeur d’entraînement de Daniel Leclercq !) et des témoignages de ses supporters ou d’anciennes gloires (citons Tony Vairelles ou les frères Lech). Lens, jusqu’au 07.11, Louvre-Lens, tlj sauf mar : 10 h > 18 h, gratuit, www.louvrelens.fr



112 THÉÂTRE EXPOSITION & DANSE

Plate-forme de Valenciennes, 2014 © Jérémie Lenoir

Agenda

Jérémie Lenoir - Nord Prises à 450 mètres d’altitude suivant un axe Anvers – Arras, les photographies de Jérémie Lenoir nous révèlent des paysages plus énigmatiques qu’on ne le pensait. Vus du ciel, ces parkings, mines, carrières ou toitures évoquent des œuvres d’artistes contemporains tels Soulages ou Malevitch. Ce point de vue inédit sur l’Eurorégion invite le spectateur à prendre... de la hauteur. Lille, jusqu’au 09.07, Galerie Lasécu, mer & jeu : 14 h > 18 h, ven & sam : 14 h > 19 h, gratuit, lasecu.org

Ceci n’est pas l’Europe ! Coproduite par le Mons Memorial Museum et l’association Cartooning for Peace (créée par Plantu et Kofi Annan) cette exposition rassemble 120 caricatures. Teintées d’ironie, d’humour ou d’émotion, ces œuvres d’auteurs européens (Pierre Kroll, Nicolas Vadot ou Plantu), russes ou américains suscitent le débat. Ces petits dessins invitent notamment à réfléchir sur les grands desseins qui agitent une Europe en pleine crise identitaire. Mons, jusqu’au 26.06, Mons Memorial Museum, mar > dim : 10 h > 18 h, 6 / 4 €, www.monsmemorialmuseum.mons.be

Michel Jamsin Frères humains Peintre figuratif, expressionniste, Michel Jamsin mêle réalité et imaginaire en mettant en scène notre quotidien. Son traitement des formes et des couleurs, très pop, n’est pas sans rappeler Robert Combas. Engagée, politique, l’œuvre du Belge n’a cessé d’évoluer depuis les années 1960. Que ce soit à travers une épaisse pâte acrylique ou un émail cellulosique, le fondateur du groupe MAKA considère que la peinture reste une question de sensualité, tactile et visuelle. Mons, 04.06 > 28.08, Anciens abattoirs, mar > dim : 10 h > 16 h, 6 / 4 €, www.abattoirs.mons.be

De Stargate aux comics Les dieux égyptiens dans la culture geek (1975 -2015) L’influence de l’Egypte antique et de ses dieux sur la culture populaire ne se dément pas, du cinéma (Stargate, Le Retour de la momie) aux comics (Thor, Batman). En partie financée grâce à une campagne de crowdfunding, cette exposition confronte aux mythes ancestraux des planches de BD, des costumes ou objets issus de célèbres films et provenant de collections privées de fans (tel ce casque de Jaffa !). Morlanwelz, jusqu’au 20.11, Musée royal de Mariemont, tlj sauf lun : 10 h > 18 h, 5 / 2,50 / 2 / 1,25 € /  gratuit (-12 ans), www.musee-mariemont.be



114 LE MOT DE LA FIN

Velocipedia –

« Dessine-moi un vélo ». Voici la question que le designer italien Gianluca Gimini a posée à ses proches – des adultes, précisons – durant six ans, depuis 2009. Exécuté sans modèle, à main levée, on se rend compte que l’exercice n’est pas si facile. Pour preuve les modélisations en 3D que cet artiste installé à Bologne a tirées de ces croquis. On vous laisse juger du résultat. Ne riez pas, on voudrait bien vous y voir… www.gianlucagimini.it




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