LM magazine 127 - mars 2017

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n°127

Hauts-de-france & belgique Cultures et tendances urbaines

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mars 2017

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sommaire magazine

LM magazine n°127 - Mars 2017

News – 08 Société

Les nouveaux encyclopédistes Wikipédia – 12 Mundaneum – 16 Les belgicismes – 22

Portfolio – 26 Helena Frank Animée par le dessin

Rencontre – 62 Lucas Belvaux En terrils minés

Reportage – 76 Bébé au musée Esthètes en herbe

Soft Gallery Collaboration © Helena Frank

rencontre – 100 Vimala Pons et Tsirihaka Harrivel Les équilibristes

portrait – 110 Frédéric Ferrer Chaud devant !

le mot de la fin – 130 Johnson Tsang Esprit tordu


sommaire sélection

LM magazine n°127 - Mars 2017

Musique – 34

NAME d’hiver, Aquaserge + Juniore, Les Enchanteurs, Blonde Redhead, Katerine, Roméo Elvis & Le Motel, Leon Vynehall, Bonobo, Sampha, Les Paradis Artificiels, Gojira, The Lemon Twigs, Peter Doherty, Vald, Kehlani, 808 State, Agenda…

exposition – 76

Bébé au musée, Joana Vasconcelos, Institut du Monde Arabe, Michel Nedjar, Gipi, Poétique des sciences, Dali - Pitxot, à poils et à plumes, Agenda…

théâtre & danse – 100

GRANDE -, La piste aux espoirs, Nous voir nous, Gianni Schicchi, Frédéric Ferrer, Apocalypse bébé, Black Clouds, Truckstop, Le temps et la chambre, Le Grand Bain, La Cosa, Agenda…

Joana Vasconcelos, Jane, Avril 2016, 100 x 70 x 140 cm © Courtesy Joana Vasconcelos et Patinoire Royale de Bruxelles

Disques –

58

Grandaddy, Ibibio Sound Machine, Alice Jemima, The Shins, Children of Alice

Livres –

60

Jane Kramer, Paul Nougé, Vanyda & Jean-Luc Cornette, Peter Behrens, Jef Hautot & David Prudhomme

écrans –

62

Chez nous, Grave, Certaines femmes, 20th Century Women, Les Figures de l’ombre, Lion, La confession, Festival 2 Valenciennes



LM magazine France & Belgique

28 rue François de Badts 59110 La Madeleine - F tél : +33 (0)3 62 64 80 09 - fax : +33 (0)3 62 64 80 07

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Direction artistique / Graphisme Cécile Fauré cecile.faure@lastrolab.com

Rédaction Julien Damien redaction@lm-magazine.com

Couverture Helena Frank Collaboration with Women’s Health magazine helenafrank.com

Hugo Guyon info@lm-magazine.com

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Ont collaboré à ce n° : Sonia Abassi, Thibaut Allemand, Rémi Boiteux, Julien Bourbiaux, Madeleine Bourgois, Mélissa Chevreuil, Mathieu Dauchy, Marine Durand, Helena Frank, Vincent Lançon, Raphaël Nieuwjaer, Marie Pons, Marie Tranchant et plus si affinités.

LM magazine France & Belgique est édité par la Sarl L'astrolab* - info@lastrolab.com L'astrolab* Sarl au capital de 5 000 euros - RCS Lille 538 422 973 Dépôt légal à parution - ISSN : en cours L’éditeur décline toute responsabilité quant aux visuels, photos, libellé des annonces, fournis par ses annonceurs, omissions ou erreurs figurant dans cette publication. Tous droits d’auteur réservés pour tous pays. Toute reproduction, même partielle, par quelque procédé que ce soit, ainsi que l’enregistrement d’informations par système de traitement de données à des fins professionnelles, sont interdites et donnent lieu à des sanctions pénales. LM / Let'smotiv est imprimé sur du papier certifié PEFC. Cette certification assure la chaîne de traçabilité de l’origine du papier et garantit qu'il provient de forêts gérées durablement. Ne pas jeter sur la voie publique.

Papier issu de forêts gérées durablement



Mur, 2016 © Miguel Ángel Belinchón

news

à pleins cubes ! Quel crack ce Belin ! Déjà célèbre dans le milieu du street-art pour ses graffs "photo-réalistes", cet Espagnol emprunte désormais au cubisme pour composer de gigantesques portraits. Une série inspirée par un voyage à Malaga, ville de naissance de Picasso, que Miguel Ángel Belinchón Buje (pour l'état civil) a baptisé "postnéocubisme". Ses modèles sont souvent choisis parmi ses proches, dont il décompose les bobines pour les éparpiller sur les murs de la planète façon puzzle. belin.es

Qu’elle se fasse couper les cheveux au cutter (le secret d’un carré réussi), apparaisse la tête tranchée en deux ou avec un troisième œil dans la bouche, Izumi Miyazaki affole toujours plus le web avec ses autoportraits. à mille lieues de l'exercice narcissique du selfie, cette Japonaise se met en scène avec ironie, empruntant autant à l'absurde qu'au surréalisme. Bizarre… vous avez dit bizarre ? izumimiyazaki.tumblr.com

© Izumi Miyazaki

Selfou


Museum Night Fever © anonymouse_mmx

L'ennui au musée ? 23 institutions bruxelloises vous ouvrent leurs portes toute la nuit, proposant concerts, ateliers, performances... soit un regard décalé et festif sur leurs collections.

Souris City Droit du travail, égalité des sexes… on le sait, la Suède est en avance sur tout. Mais de là à ouvrir des magasins pour les souris. Blague à part, ces mini-échoppes qu’on trouve au ras des trottoirs de Malmö sont l’œuvre du collectif Anonymouse_MMX. Ces artistes ont façonné des boutiques de fromage à taille de Mickey avec des canettes, des allumettes ou des boutons. Mais on ne sait pas si elles ouvrent le dimanche. instagram.com/anonymouse_mmx

Bruxelles – 11.03, 19 h > 01 h, pass : 22  > 11 €, www.museumnightfever.be

Maxi'Mômes à Wazemmes (Lille), le printemps rime avec enfants. Eh oui, la maison Folie leur dédie un festival ! Au menu : des jeux, des ateliers et des spectacles jamais au ras des pâquerettes. Lille – 22 > 26.03, maison Folie Wazemmes, 5 / 3 € par spectacle (2 € à partir de 3 résa.), maisonsfolie.lille.fr

Mons Street Festival Roger Waters, The Wall (Live In Berlin, 1990) © DR

La cité du Doudou se met à l'heure de la street-culture, au sens très large du terme : graff, beatbox, expos, concerts hiphop, stage de Parkour, danses urbaines... On fait le mur ? Mons – 23.03 > 09.04, La Maison Folie, Théâtre Le Manège, Espace Street Art, 15 > 5 € / gratuit, surmars.be

Another brick Voilà le premier effet bénéfique de la présidence Trump. En réaction à son plan de construction de mur séparant le Mexique et les USA, Roger Waters envisage de rejouer The Wall à la frontière des deux pays. Sorti en 1976, ce disque mythique de Pink Floyd avait été interprété devant les vestiges de celui de Berlin, en juillet 1990. Selon le songwriter de 73 ans, « il reste plus que jamais d'actualité ». Hélas.

On le devient La maxime beauvoirienne est bien connue, et plus que jamais d'actu. Du 7 mars au 21 avril, le CCRC célèbre le "deuxième sexe" à travers des conférences, concerts, spectacles... Il reste tant à faire. La Louvière – 07.03 > 21.04, CCRC, Le Palace, 16 > 8 €. Colloques, conférences et débats sont gratuits, www.ccrc.be


Sous les pixels exactement

On connaissait l’art brut, primitif… eh bien voici l’art mauvais. à Boston, un musée lui est dédié depuis 1993, exposant les plus vilaines toiles qui soient, à l’image de cette Mona Lisa transsexuelle, un brin déroutante... La collection du Museum of Bad Art est constituée de 600 trésors dénichés dans des vide-greniers, voire des poubelles, mais attire 8 000 visiteurs par an. Croûte alors ! museumofbadart.org

Passé maître dans la sculpture sur bois, Hsu Tung Han inaugure une série de personnages pixellisés, semblant se dématérialiser. Cet artiste taïwanais les peaufine en assemblant des cubes, à la manière d’un puzzle. Grâce à ce procédé, il confère à ses statues une incroyable sensation de mouvement. Une prouesse qui ne laisse personne de marbre. blog.xuite.net/hsutunghan6/wood

Banan’art Vous la reconnaissez ? Difficile de trouver fruit plus illustre que cette œuvre d’Andy Warhol (exception faite de la pomme d’Apple, peut-être). Un Japonais au pseudo énigmatique, « Endcape », s’est amusé à reproduire la fameuse pochette du premier album du Velvet Underground. Pour réussir ce tour de force, il ne lui aura fallu qu’une banane et une simple épingle. Un bel hommage, à l’heure où l’on célèbre les 30 ans de la disparition de l’icône du pop art. twitter.com/endcape

© endcape - Instagram

© Hsu Tung Han

Mana Lisa by Anonymous, Donated by A. Schmidt, Vancouver, Ca © MOBA

De l’art ou du cochon ?



Société – Reportage 12

Wikipédia Va savoir !

Texte Julien Damien Photo Wikimedia Foundation © Lane Hartwel / Julien Damien


Les serveurs de Wikimedia Foundation © Victor Grigas

Seize ans après son lancement par les Américains Jimmy Wales et Larry Sanger, le 15 janvier 2001, Wikipédia est devenu le premier site web non-commercial consulté au monde (derrière Google ou Facebook). Comptez 500 millions de visiteurs uniques par mois (près de 20 en France), plus de 30 millions d’articles rédigés par 2 millions de contributeurs, dans 293 langues ! Mais savons-nous seulement comment cette encyclopédie libre fonctionne ? Aussi loin qu’il se souvienne, Dominique Cambrésy a toujours aimé collecter des informations. « Tout petit déjà, je réalisais des fiches sur tout et n’importe quoi : les capitales du monde, la liste des rois de France… ». Forcément, quand Wikipédia a pointé le bout de ses pixels, ça l’a intrigué. Ce prof de mathématiques du nord de la France a commencé par y corriger quelques fautes d’orthographe avant de se prendre au jeu. « Quand vous cliquez sur le bouton "modifier", c’est un nouveau monde qui s’ouvre ». Celui du savoir en accès libre. D’une communauté, aussi. Depuis mars 2007, "Cbyd" de son p’tit nom de wikipédien, fait partie des 15  000 contributeurs francophones

Dominique Cambrésy et Florent Lamiot

actifs sur l’encyclopédie. Ce père de famille « avide de savoir » y passe environ « 20 heures par semaine ». Revendique la création de 1 200 pages et co-anime une WikiPermanence à Lille, afin d’éclairer les néophytes.


: tous les premiers mardis du Faux WikiPermanence Raoul Dufy. mois, 18 h, espace Coroutine, 8 rue Molière à Documentaire Un Vrai Faussaire © Jean-Luc Leon / Pretty Pictures. Lille, lacoroutine.org

Ses domaines ? La littérature, les maths et les biographies de scientifiques africaines méconnues. « à mon échelle, je change le monde ».

à la source Mais, concrètement, comment fonctionne Wikipédia ? C’est simple : n’importe qui peut écrire ou corriger n’importe quoi. Mais pas n’importe comment. « D’abord, l’article ne doit pas comporter une tonalité trop dithyrambique, publicitaire, explique Dominique. Surtout, il doit être systématiquement "sourcé", à partir de journaux, d’ouvrages ou même de blogs sérieux. C’est l’un des principes fondateurs. Une production inédite, sans références, sera rejetée ». Qui veille au grain ? Les membres de la communauté. « Si vous publiez

une bêtise, un contributeur s’en apercevra via sa notice de suivi. Je contrôle par exemple 1 500 articles, grâce à une case dans mon espace perso où me sont signalées toutes modifications. Je peux les valider ou les supprimer. Si vous écrivez par exemple "pipi-caca-prout" sur la page d’Emile Zola, ça ne tiendra pas plus de 15 secondes. évidemment, les propos racistes ou homophobes sont éliminés sans délai ». Que répondre aux critiques qui mettent en cause la véracité du contenu de ce média ? « Ils ont raison, mais c’est la seule encyclopédie contenant autant d’informations. Et puis, vous pouvez toujours tourner les pages d’un encyclopédie en papier pour chercher le bouton "modifier"… Wikipédia est vivant, perfectible en temps réel ».


Encyclopédie

Media Encyclopædia Universalis

s

S sc oci so ien été ci ce et al s es

Te e ch ap t sc nol pl ien og iq c ie ué es s es

M et ath lo ém gi a qu tiq e ue

S bi anté en e -ê t tre

P et hilo pe so ns ph ée ie

R e elig de t sy ion cr stèm s oy e an s ce s

du site. Et à innover. En sus de cette encyclopédie libre, la galaxie wiki, c’est aussi une immense base de données (Wikidata), une médiathèque servant à stocker des photos, vidéos ou sons (Commons), un dictionnaire (Wiktionnaire)… Bref, « c’est un écosystème sous licence libre où tout s’imbrique ». La prochaine étape ? La Wikiversité ! « Des cours universitaires, conçus de façon collaborative ». Comme Dominique aime répéter à ses élèves : « seul on va plus vite, ensemble on va plus loin ».

S p cie et hysi nce na qu s tu es re lle s

Nouveau modèle Pour Dominique, ce site véhicule « une philosophie : nous partageons une autre vision de la société, une façon de démocratiser le savoir loin de tout système marchand ». Car ce mastodonte en ligne gratuit vit uniquement grâce aux dons des utilisateurs. En 2016, la Wikimedia Foundation (le siège, basé à San Francisco, où travaillent 200 salariés) a récolté 82 millions de dollars pour en dépenser 66. à quoi sert cet argent ? à financer l’hébergement

Encyclopædia Britannica

Voici la taille de Wikipédia, les domaines qu’il renseigne et leur degré de modification. En bas à gauche : celle d’encyclopédies classiques.


Mundaneum


Portrait d’Henri La Fontaine devant les 12 millions de fiches du Mundaneum.

Aux racines du web Texte Julien Damien Photo Mundaneum / Nicolas Pattou

Internet serait-il une histoire belge ? On peut le penser, en visitant le Mundaneum de Mons. Surnommé "le Google de papier" par Le Monde, ce lieu d’exception, à la fois centre d’archives et musée, rend hommage à l’aventure homérique de Paul Otlet et Henri La Fontaine. à la fin du xixe siècle, bien avant qu’Alan Turing ne pose les bases du langage informatique ou que Jimmy Wales et Larry Sanger ne lancent Wikipédia, ces deux Bruxellois ont nourri une ambition aussi démesurée que visionnaire : collecter, indexer et rendre accessible l’intégralité du savoir humain.


Société – Reportage 18

C

omme toutes les belles histoires, celle-ci couve sa petite ironie. C’est en effet à une dizaine de kilomètres du data center de Google montois que l’on trouve le Mundaneum. Si le premier a été implanté en 2015*, et traite les données des utilisateurs du moteur de recherche, le second a été imaginé 120 ans plus tôt, et pourrait bien être son ancêtre… Jugez plutôt.

en 1913, Henri La Fontaine reçoit le prix Nobel de la paix En 1895, Paul Otlet et Henri La Fontaine (prix Nobel de la paix en 1913) ont une idée de génie : créer un système recensant l’ensemble du savoir humain, quel que soit le domaine (sciences, arts…) ou le format (livres, affiches, journaux…). Bref, d’indexer tout ce qui est susceptible de porter une information, et cela grâce à un langage standardisé et compréhensible par tous. Ils vont ainsi mettre au point la "classification universelle décimale" (soit le numérique d’avant-hier). Celle-ci se matérialise en de petites fiches cartonnées de 12,5 sur 7,5 cm sur lesquelles sont indiqués le sujet, le nom de l’auteur, celui de l’ouvrage, son année de publication, l’endroit où il est stocké dans le monde et un code chiffré permettant de les classer. Rangés

dans de grands meubles à tiroirs en chêne formant le "répertoire bibliographique universel", ces petit bouts de papiers composent dès lors… un moteur de recherche !

Des utopistes dénigrés ? En 1920 est ainsi inauguré le Palais mondial-Mundaneum, au Cinquantenaire à Bruxelles. « Un espace immense avec des salles dédiées à l’histoire des sciences, des techniques, de la géographie… », explique Charlotte Dubray, la directrice actuelle. Mais le déclin s’amorce dès 1934. Promoteurs du savoir comme arme de paix, ces deux progressistes se heurtent à la violence de leur époque. Nous sommes à la veille de la Seconde Guerre mondiale… « Ils sont expulsés des lieux, ne sont plus soutenus politiquement. Ils étaient plutôt de gauche, pacifistes, alors que les catholiques étaient au pouvoir. On les taxait d’idéalistes, voire d’antipatriotes ». Leur collection est transbahutée d’un endroit à l’autre, pillée… Henri La Fontaine et Paul Otlet disparaissent respectivement en 1943 et 1944. Leur projet tombe dans l’oubli avant d’être redécouvert dans les années 1960 par Boyd Rayward, un jeune chercheur australien… Humanistes En 1993, ce trésor emménage à Mons, attirant un nouveau public, avant de bénéficier d’un coup de projecteur international.

* le second dans les environs, après celui de Saint Ghislain en 2010.


La classification décimale universelle sera adoptée par de nombreuses bibliothèques dans le monde.

En 1910, Paul Otlet imagine une Cité mondiale (centre international de la connaissance pour la paix, associant musées, bibliothèques et universités). Le Corbusier en réalise les plans et maquettes. Envisagé à Genève, Bruxelles ou Anvers, ce projet ne verra pas le jour.


« Le New York Times publie en 2008 un article attribuant la paternité du web aux Belges ! » S’appuyant sur les travaux de Rayward, le journaliste américain Alex Wright publie en 2008 un article éloquent sur le sujet, dans le New York Times, attribuant la paternité du web aux Belges ! C’est cette fabuleuse histoire qui est aujourd’hui racontée au Mundaneum de Mons. Niché entre les rues de Nimy et celle des Passages, cet ancien grand magasin de type Art déco datant des années 1920 a été rénové en 2015, à l’occasion de la désignation de la cité du Doudou en

capitale européenne de la culture. Il abrite aujourd’hui 12 millions de fiches et 6 kilomètres d’archives, notamment des documents personnels sur le féminisme, l’anarchisme et le pacifisme. Un fonds inestimable dans lequel puise l’institution pour organiser des expositions temporaires. Actuellement, l’accrochage baptisé Si on osait la paix ? s’intéresse aux mouvements pacifistes en Belgique. Nous rappelant que ces deux visionnaires demeuraient avant tout de grands humanistes. Mons – Mundaneum, Rue des Passages 15, mar > ven : 13 h > 17 h, week-end : 11 h > 18 h, 6 / 4 / 2 €, www.mundaneum.org Si on osait la paix ? Le pacifisme en Belgique, d’hier à aujourd’hui – jusqu’au 14.05 Retrouvez la version enrichie de cet article sur lm-magazine.com



Société – Rencontre 22

MICHEL FRANCARD La belgitude des mots Propos recueillis par Julien Damien Photo DR

En rac d’idées de lecture ? Seriez-vous un peu lent de la comprenure ? Voilà un tof dico ! Ne trouillez pas, il s’agit-là de belgicismes. Pas des carabistouilles, non, mais des mots ou expressions typiques du plat pays. On a babeluté un peu avec Michel Francard, professeur de linguistique française à l’Université catholique de Louvain, qui a boulotté dur pour en recenser plus de 2000... oufti !


Qu’est-ce qu’un belgicisme ? C’est une déclinaison orale et écrite du français pratiquée en Belgique. On retrouve ce genre de particularités dans d’autres pays. L’adjectif "cru" dans l’expression "il fait cru", signifiant "il fait froid", est aussi employé dans l’Est de la France, en Suisse romande, au Québec… On parlera alors d’helvétisme et de québécisme. Quelles sont les origines des belgicismes ? D’abord, l’interférence avec les langues proches. On note ainsi deux sources linguistiques principales : germanique, pour le flamand, et romane, via le wallon et le picard. Le picard en Belgique, est d’ailleurs très proche de celui pratiqué en France.

Babeluter : Papoter, bavarder. Incroyable ce qu’elle babelute ! Avez-vous un exemple ? On peut citer "archelle" qui désigne une étagère murale sur laquelle on suspend des ustensiles, ou le verbe "berdeller" (soit "ronchonner"). Une deuxième grande catégorie de belgicismes provient des archaïsmes. Certains usages oubliés en France depuis belle lurette perdurent en Belgique comme "endéans", qui signifie "dans un délai de". On dit : "l’endéans 15 jours". La troisième source relève des innovations. Le GSM ne doit rien à personne !

lexique Abile ou Abiye : Interjection qui invite à se dépêcher. Abiye, nous allons rater le train ! Advocaat ou Advokaat : Liqueur de consistance assez épaisse, à base d’eau-de-vie et de jaune d’œuf, titrant de 15 à 20 degrés Autogoal : Au football, but marqué par un joueur contre son camp. Perdre à la suite d’un autogoal. Bob / Bobette : Personne qui accepte de ne pas consommer d’alcool lors d’une sortie et chargée de reconduire ses connaissances à leur domicile en voiture. Qui fait le bob ce soir ? Brol : Désordre ; fouillis. Objet sans valeur, à mettre au rebut. Ils ne vendent que des vieux brols ici. Chèvrechoutiste : Qui tente de concilier l’inconciliable, de satisfaire tout le monde. Le conseil communal s’est accordé sur une résolution chèvrechoutiste. Dîner : Repas de midi. Après un dîner aussi copieux, l’après-midi risque d’être difficile ! Djok : Lieux d’aisances. J’ai passé la nuit sur le djok. Drache nationale : Dénomination d’une averse lorsqu’elle tombe le 21 juillet (fête nationale belge). Extra-time : Dans une compétition sportive, période supplémentaire accordée en vue de départager les équipes. Le but a été marqué durant le premier extra-time. Faire la file : Attendre son tour dans une file de personnes. Nous avons fait la file devant l’entrée du cinéma.


BOULETTE

BOULET "Vitoulets"

En recense-t-on plusieurs sortes ? Oui, il n’est d’ailleurs pas question que de mots. Parfois, un même terme recouvre un sens différent de chaque côté de la frontière. On parle de belgicismes sémantiques. Citons "auditoire": en France, il désigne un ensemble de personnes assemblées dans un lieu donné tandis qu’en Belgique il évoque une salle de cours pourvue de gradins. On trouve aussi des expressions, telles que "tirer son plan" ("se débrouiller"). Enfin, citons les belgicismes de prononciation. Par exemple : on ne prononce pas le "s" de thermos en Belgique. Y a-t-il des emplois spécifiques à certaines régions du royaume ? Oui, on appelle cela des belgicismes "emblématiques". Ils sont très connus dans une région donnée mais très peu en dehors. "Boulet" désigne une boulette de viande à Liège. Par contre du côté du Hainaut on les nomme "vitoulets" !

Y-a-t-il des domaines propices aux belgicismes ? Oui, la gastronomie en regorge. D’innombrables produits ou recettes typiques enrichissent notre vocabulaire. à l’image du cuberdon, une friandise en forme de cône, initialement de couleur framboise, une pâte dont raffolent les belges. On peut aussi parler du waterzoï, cette soupe de poisson ou parfois de poulet...

Croller : Donner la forme d’une boucle à des cheveux. Quand il fait humide mes cheveux crollent. Le champ domestique, aussi ? Oui ! En Belgique on a une "brique dans le ventre", c’est-à-dire le goût de construire. C’est l’équivalent en France de "la maladie de la pierre". Les Belges ayant une "brique dans le ventre" connaissent bien la "frigolite", ce polystyrène utilisé comme isolant.


Qu’en est-il de "Dikkenek" ? C’est un emprunt au flamand pour caractériser un vantard, un frimeur, surtout connu des Bruxellois, flamands ou francophones. Or depuis la sortie du film il s’est propagé en Wallonie. On remarque aussi une certaine influence de la langue anglaise, comme le "ring", le "frigobox"... On ne peut nier cette influence, mais elle reste très limitée. En tout cas, par rapport à la France. D’ailleurs, notons que frigobox (une glaciaire) est un rapprochement de "box" et de "frigo". C’est un faux anglicisme, il n’existe pas en anglais ! Quelles sont les expressions qui vous amusent particulièrement ? "Pincer son français", pour taquiner nos voisins ou "ne pas avoir toutes ses frites dans le même sachet" signifiant être un peu dérangé.

Flamingant : Nationaliste flamand. Une manifestation de flamingants à Bruxelles a dégénéré. Fransquillon : En Belgique francophone, personne qui parle français avec affectation. C’est un fransquillon qui te donne du soixante-dix et du quatre-vingt-dix pendant toute la conversation. Fritkot ou Friture : Construction assez sommaire où l’on vend des frites. Godferdom : Nom de Dieu ! Sacrebleu ! Kot : Chambre ou petit studio que l’on loue à un(e) étudiant(e). Godferdom, il a sacrément augmenté le loyer des kots ! Manneke : Garçon ; jeune homme. Et alors, manneke, ça vient ? Maronne : Pantalon. Tu n’as rien dans la maronne, froussard ! Mitraillette : Demi-baguette fourrée de viande cuite et de frites, le tout abondamment garni de sauce. Pils : Bière blonde de qualité ordinaire. Rattachisme : Courant d’opinion qui est favorable au rattachement de la partie francophone de la Belgique, en cas de disparition de cette dernière.

"Rocade""Rocade"

E Périphérique UEHÉRIQURing : RIP qui contourne le PÉRIPHÉPRÉIQ

RING RING

centre d’une ville. La circulation est à l’arrêt sur le ring de Charleroi.

à lire : Dictionnaire des belgicismes, de Michel Francard, Geneviève Geron, Régine Wilmet, Aude Wirth (De Boeck supérieur), 406 p., 29,50 € Tours et détours, de Michel Francard (Racine), 176 p., 14,95 €

Rouf-rouf : Précipitamment et sans apporter le soin nécessaire. Elle a fait ses devoirs rouf-rouf, puis elle est partie jouer. Tchouler : Pleurer à chaudes larmes.


Portfolio – Portrait 26

Bonne mine

à visiter helenafrank.com

Helena frank

Texte Julien Damien

« Je ne sais rien faire d’autre que dessiner », avoue Helena Frank. On en conviendra en jetant un œil à ce portfolio : ce n’est déjà pas mal, non ? Cette Suédoise s’est installée au Danemark pour suivre des études à la prestigieuse école de cinéma de Copenhague. « Mais après avoir reçu mon diplôme de directrice d’animation, je me suis découverte illustratrice et n’ai jamais fait machine arrière ». Pourvu que ça dure ! élégantes et narratives, ces images sont obtenues avec une technique des plus sophistiquées : un crayon et du papier ! Très détaillées, « elles sont parfois surréalistes mais toujours ancrées dans le quotidien ». Telle cette scène, dans le train, où un papy enquiquine son jeune voisinage avec un ghetto blaster (notre couverture). « Oui, l’anticonformisme reste l’un de mes sujets favoris ». Ses compositions se distinguent aussi par leurs couleurs sourdes. « J’utilise cette palette afin de souligner mon tracé ». On notera que ses personnages sont souvent affublés de têtes d’animaux – « c’est ce que m’inspire la figure des gens ». Mais pourquoi sont-elles énormes ? « Je ne sais pas ! Je m’efforce de ne plus les réaliser ainsi mais c’est plus fort que moi, confie-t-elle. Sans doute suis-je avant tout intéressée par les visages. Ou alors, mon sens des proportions est complètement foireux ! ». Non, cette artiste ne manque pas d’humour. C’est d’ailleurs l’un des ingrédients essentiels de son œuvre. « Les idées sont tellement plus faciles à partager lorsqu’elles sont drôles. Sinon, cela devient prétentieux ». Et contrairement à ses créatures, Helena n’a pas la grosse tête.


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Dj Koze © DR


Musique – événement 35

NAME d’hiver Le NAME c’est un peu comme les JO. Ou les soldes. On trépigne avant l’édition estivale en oubliant la petite sœur hivernale. Une minute… comment ça, un NAME d’hiver ? Ben oui, le festival des musiques zélectroniques – comme dirait Pujadas – joue les prolongations en mars ! Pour ne rien gâcher, ça se passe à la Condition Publique – avec un crochet par le Magazine Club. L’ancien fleuron textile de la métropole lilloise, reconverti en haut lieu culturel, est l’écrin tout trouvé pour accueillir quelques contremaîtres du BPM. En cela, Pantha du Prince comblera les fans d’ambiance éthérée (et de petites cloches), invités à prendre de la hauteur sur un dancefloor dévasté la veille par la house sans chichis de DJ Koze. à moins que ce ne soit la faute de Tale of Us avec ses grosses lignes de basse et ses mélodies hypnotiques… J.D.

Roubaix – 03 > 05.03, La Condition Publique ven : 22 h > 06 h, dim : 13 h > 22 h, Pass 2 jours : 40 > 32 €, ven : 33 > 27 €, dim : 18 > 15 € (+ Lille, Magazine Club, sam : 23 h, 10 €), www.lenamefestival.com Prog : Tale Of Us, DJ Koze, Agents Of Time (live), Efdemin, Rebolledo, Etapp Kyle, Antigone, Vaal, Mainro, Péo Watson (03.03) // Hap, Frankey & Sandrino, Alessio Pagliaroli (04.03) // Pantha Du Prince (live), Adriatique, Ruede Hagelstein (live), APM001, BLAC (05.03)


Le grand huit C’est une soirée peu commune. En invitant deux groupes a priori aux antipodes l’un de l’autre, Le Grand Mix prenait un risque. Vraiment ? En fait, cette double affiche nous invite à voyager d’un bout à l’autre de l’éventail de la pop francophone. D’un côté, Aquaserge. Dans le circuit depuis un bail maintenant, ce collectif toulousain à géométrie variable a publié trois albums dans l’indifférence quasigénérale avant de recevoir une reconnaissance amplement méritée avec son dernier essai, Laisse ça être. Un titre en clin d’œil aux Beatles (Let it Be) dont on espère qu’il n’annonce pas une séparation prochaine. Durant sa carrière, Aquaserge a également collaboré avec Laetitia Sadier ou April March, et signe des chansons diplômées de l’école de Canterbury (The Soft Machine et Robert Wyatt, Gong) arborant de divins arrangements brindezingues façon Frank Zappa. De l’autre côté, donc, on (re)découvre Juniore, dont le premier LP s’est fait attendre durant pas moins de quatre ans. Le quatuor, mené par la chanteuse et guitariste Anna Jean et le bassiste et producteur Samy Osta réécrit des scopitones en noir et blanc. Des pop songs uchroniques où se croisent les ombres de Françoise Hardy et du producteur cinglé Joe Meek. Des chansonnettes légères évoquant La Femme ou Jacqueline Taïeb. Et, faisant oublier toutes ces (belles) références, Aquaserge + Juniore aligne des classiques instantanés tels La Fin Tourcoing – 03.03, Le Grand Mix, 20 h, Du Monde, Marabout ou encore Panique. 13 > 5 €, www.legrandmix.com Alors, plutôt kaléidoscope avec Aquaserge Et aussi / Juniore Bruxelles – 29.03, Le Botanique, 20 h, ou Twilight Zone avec Juniore ? On a choi18 > 12 €, www.botanique.be si… de ne pas choisir. Vincent Lançon Béthune – 12.05, Le Poche, 20 h 30, 9 €, www.lepoche.fr

Juniore © Julia Grandperret

Musique – Sélection 36

Aquaserge + Juniore



Formule magique Non, la scène culturelle du bassin minier du Pas-de-Calais n’est pas moribonde. Pour preuve Les Enchanteurs. En sus d’insuffler un brin de folie au sein de villes pas forcément habituées à vibrer, ce festival itinérant a imposé une patte, un style : défricheur, chaleureux et toujours étonnant. Une affluence qui a triplé en 17 ans (10 000 mélomanes), 30 concerts disséminés dans 27 communes… Le succès des Enchanteurs ne se dément pas. Rappelons le principe : favoriser les coups de cœur musicaux dans des lieux improbables. Ici une ferme réhabilitée, là une petite salle des fêtes… Au programme : des "frenchies" dans tous les styles, quelques pointures (Flavia Coelho, Idir). Et puis la satisfaction de découvrir des artistes dont tout le monde parlera bientôt. Il en sera peut-être ainsi de Macadam Bazar et son melting-pot volcanique d’hymnes rocks et tsiganes. Pas de "stars" donc, mais des musiciens précieux, tel Kent. L’ex-Starshooter étrenne son 18e album à Sallaumines, et renoue avec ses vieux démons électriques. On vous recommande Bassin Minier du Pas-de-Calais jusqu’au 14.04, divers lieux, pass tous aussi Télégram, le projet de Laurent Kebous. concerts : 80 €, 10 concerts : 30 €, La voix des Hurlements d’Léo dévoile ici concert : 21 > 5 €, festival-lesenchanteurs.com une facette folk méconnue. Enfin, un mot Sélection : Flavia Coelho, Les Fouteurs de Joie (03.03) // Macadam Bazar (04.03) // sur Droit de Cité, sans qui ce festival n’exisTagada Jones & Les Ramoneurs de Menhirs (10.03) // Les Oreilles Rouges, Idir (11.03) terait pas. Créée par des villes peu fortunées // Kent (14.03) // Délinquante (17.03) // qui ont joint leurs moyens pour se doter Boulevard des Airs (18.03) // Mike et Riké Sound System (21.03) // Les Mauvaises d’une vraie politique culturelle, l’associaLangues… (24.03) // Les Prout (25.03) // Les Wampas (30.03) // Bastien Lallemant (01.04) tion fête ses 25 ans… mais c’est elle qui // Télégram (02.04) // Motivés (07.04) // distribue les cadeaux ! J.D. La Green Box (08.04) // Féfé (13.04)…

Mike et Riké Sinsemilia sound system © DR

Les Enchanteurs



© DR

Musique – Sélection 40

Blonde Redhead On ne présente plus le trio formé par la Nippone Kazu Makino et les jumeaux italiens Simone et Amadeo Pace. Fleuron de la scène noise-rock new-yorkaise à la fin des années 1990, Blonde Redhead a amorcé un virage pop décrié par les puristes en 2004 avec la sortie de Misery is a Butterfly. Depuis, le groupe innove et se réinvente aux confins d’une dream-pop éthérée et minimaliste, piochant ses influences chez Sonic Youth ou dans les BO d’Ennio Morricone. En tournée mondiale pour fêter ses vingt ans, on espère que la bande dispensera quelques inédits, avant la sortie du nouvel EP, 3 o’clock. H.G. Lille – 04.03, L’Aéronef, 20 h, 26 > 19 € // Bruxelles – 06.03, Botanique, 19 h 30, 24 > 18 € Liège – 08.03, Reflektor, 20 h, 20 € // Courtrai – 09.03, De Kreun, 20 h, 22 > 16 €

Lens – 03.03, Le Colisée, 20 h 30, 25 > 12,50 € Calais – 04.03, Centre culturel Gérard Philipe, 20 h 30, complet ! Armentières – 24.03, Le Vivat, 20 h, 21 > 7 € Valenciennes – 25.03, Le Phénix, 20 h, 36 > 10 €

© Eric Garault

Philippe Katerine Le trublion de la chanson française est de retour. Bonne nouvelle : il délivre sa poésie loufoque dans toute la région. Accompagné de la pianiste Dana Ciocarlie, le natif de Chantonnay (véridique) joue son dernier "film" sonore, soit un concert intime sur le fond et la forme. Il embrasse avec légèreté et une certaine pudeur les souvenirs d’enfance ou le deuil (« Les objets vivent plus longtemps que les gens »). Une comédie sentimentale aux frontières de l’absurde. H.G.



C’est du bon, c’est du belge ! Qu’on ne vous surprenne pas à chantonner « Mais vous êtes fous ? Oooh ouiii ! » quand on vous parle de rap belge. Oublions le passé, une nouvelle vague secoue le plat pays. à l’image de deux de ses représentants les plus nobles, Roméo Elvis et son beatmaker d’acolyte, Le Motel. Des consciencieux La Smala au prometteur Hamza en passant par le mélancolique Damso, ils sont nombreux à défendre les couleurs du royaume. Parmi eux, l’hyperactif Roméo Elvis a débarqué avec un premier EP, Bruxelles c’est devenu la jungle, en 2013. On découvrait alors le phrasé soigné du Linkebeekois, âgé de seulement 20 piges. Deux ans et quelques collab’ avec le crew L’or du commun plus tard, le voilà qui jette son dévolu sur le producteur Le Motel. Ensemble, ils sortent La Morale, en 2016. « On commence peut-être en bas des listes, mais c’est pour finir en tête comme Cambadélis ». La voix grave et la vanne subtile, ce grand fan de Tyler, The Creator, pioche dans sa réserve à punchlines jusqu’à l’épuiser. Et sans jamais se prendre (trop) au sérieux, taclant à l’occasion les clichés du gangsta. De son Louvain – 08.03, Het Depot, 20 h, côté, Le Motel a encore élevé le niveau en 10 > 6 €, www.hetdepot.be rivalisant de trouvailles sonores. Les deux Bruxelles – 25.03, Botanique,19 h 30, 16 > 10 €, botanique.be associés préparent désormais un deuxième Liège – 13.04, Reflektor, 20 h, 18 €, volet : La Morale 2. Une suite qui n’aura rien www.reflektor.be Namur – 22.04, Institut Saint-Louis, à envier au premier volet, on l’espère. Alors, 13 h, 24 €, www.saintlouisfestival.be le rap belge, il est comment ? Balèze, et pas Liège – 07.07, Parc Astrid (festival qu’une fois. Sonia Abassi Les Ardentes), 12 h 30, pass jour : 55 €

© Guillaume Kayacan

Musique – Sélection 42

Roméo Elvis & Le Motel



© Steve Braiden

Musique – Sélection 44

Leon Vynehall Voici trois ans, l’Anglais frappait les esprits avec l’album Music For The Uninvited et l’imparable It’s Just (House of Dupree), sommet d’étrangeté vrillée. Ce DJ et producteur originaire de Brighton (il fut résident du fameux club Aka Aka Roar) est pourvoyeur d’une deep house aux discrets accents jazz et funk. Auteur d’un EP composé autour de… chants d’oiseaux (et promis, ça ne sonne pas Deep Forest !), Leon Vynehall s’est également occupé de l’album de Formation. Vu la polyvalence de ce fan absolu d’Aphex Twin (comme tout le monde) et de Man Parrish (comme beaucoup moins de monde) ses live promettent toujours leur lot de surprises. T.A. Saint-André Lez Lille – 10.03, Les Halls de la Filature, 22 h, 39 > 28 €, www.lesnuitsdelafilature.fr (dans le cadre des Nuits de la filature, avec Yuksek, Synapson…)

Figure de proue du label Ninja Tune depuis bientôt 15 ans, Simon Green, alias Bonobo, a marqué une bonne partie de la jeune génération (citons Fakear, Chet Faker ou Superpoze, au hasard). Inspirée par l’électro downtempo, le jazz ou des morceaux venus des quatre coins du monde, la démarche de l’Anglais relève autant de la "mélomanie" que de l’ethnologie. Un specimen rare, quoi. T.A. Bruxelles – 07.03, Ancienne Belgique, 20 h, complet !, www.abconcerts.be

© Neil Krug

Bonobo



Musique – Sélection 46


Sampha

L’effet papillon

Texte Mathieu Dauchy Photo DR

Habitué des seconds rôles au casting des meilleures productions R’n’B depuis 2010, le producteur-chanteur Sampha a enfin décidé de travailler pour lui-même. Son premier album, Process, met à l’honneur une voix cristalline déjà familière et un groove moderne aux vastes influences. "You’re giving me the coldest stare, like you don’t even know I’m here". Sur le premier album du beatmaker masqué SBTRKT, en 2011, le mémorable titre Hold On révélait, posé sur une modeste succession de notes, le timbre fragile de Sampha Sisay. Le jeune Britannique, 23 ans alors, sublimait ce disque de sa voix et de ses talents de producteur précoce. Il remplissait par la même occasion son carnet de commandes de noms prestigieux, glissant son patronyme au générique de productions majeures signées Drake (Nothing Was The Same, 2013), FKA Twigs (LP1, 2014), Frank Ocean (le "video-album" Endless, 2016) ou encore Kanye West (The Life Of Pablo, 2016). Premier rôle En somme, quiconque a un peu écouté ce que les Victoires de la Musique nommeraient paresseusement "groove urbain" entre 2011 et 2016 a forcément entendu la voix de Sampha. Une telle omniprésence rendait urgente la transformation de la chenille de studio en papillon de lumière. Et tandis que les productions de SBTRKT s’enlisent dans l’indigence, voilà que Sampha illumine déjà 2017 de son Process. Le producteur ne verse pas dans l’esbroufe mais y compile dix titres de soul moderne et économe chère au génial label Young Turks (The xx, John Talabot, FKA Twigs) qui l’héberge. Un premier rôle sur-mesure à découvrir avant tout sur scène.

Bruxelles – 12.03, Ancienne Belgique, 20 h, 24 / 23 €, abconcerts.be


Musique – événement 48

Les Paradis Artificiels ? Un festival propice aux jeux de mots faciles (des concerts d’enfer, les allusions à Baudelaire ou à Polnareff, tout ça…). C’est surtout l’occasion de chouettes soirées : neuf plus exactement, réparties dans cinq salles emblématiques de la métropole lilloise. Parmi les valeurs sûres (Birdy Nam Nam, Peter Von Poehl) et celles de demain (Marlin, Papooz), voici déjà quatre noms à retenir.

Papooz © Soko

Les Paradis Artificiels

Papooz Papooz, c’est un peu Simon et Garfunkel en vacances à la plage. Le monde n’est plus que peurs et ténèbres mais ils s’en fichent comme d’une guigne. Armand Penicaut et Ulysse Cottin nous ouvrent les portes d’un pays de drogues douces, d’amour et de confettis : la Papoozie ! On s’y déhanche sur des chansons nommées Trampoline, Good Times on Earth… soit des mélodies pop acidulées et saupoudrées de bossa-nova. Un son qu’ils qualifient de « tropical garage ». Hédoniste ? Assurément. Mièvre ? Même pas. Derrière cette nonchalance, on trouve deux redoutables songwriters, pourvoyeurs du tube de l’été dernier – Ann Wants to Dance. L’air de rien, évidemment. J.D. Papooz + The Pirouettes + Voyov : Tourcoing – 16.03, Le Grand Mix, 20 h, 19 > 5 €

Et aussi : Bruxelles (Les Nuits botanique) – 20.05, Le Botanique, 19 h, 20 > 14 €


© Yann Orhan

© DR

Cléa Vincent

Talisco

Cléa Vincent n’a pas attendu l’avènement de la nouvelle scène française (Aline, La Femme…) pour bricoler ses comptines. Ses marottes sont à chercher dans les eighties, du côté de Corynne Charby, Chagrin d’Amour ou (plus sérieusement) Michel Berger. Un hommage à une certaine chanson française, avec ses textes faussement naïfs et sa doucereuse mélancolie, que la Parisienne rehausse d’un soupçon de new wave, comme entendu dans Achète le moi ou Château Perdu. Oui, la pop, c’était mieux avant. J.D.

Comme quelques autres (ALB, au hasard) Talisco s’est forgé une petite célébrité en vendant ses talents à la publicité. C’est l’un de ses titres, The Keys, qui accompagne les longboardeuses de Bouygues Telecom – le genre de ritournelle qui colle aux neurones durant des heures… Pour son deuxième album (Capitol Vision), le Bordelais délaisse quelque peu les claviers pour les guitares, signant des productions plus rock-folk. Des hymnes tout aussi enjoués, mais cette fois taillés pour la scène. J.D.

Et

Cléa Vincent + Naïve New Beaters + Marlin Lille – 15.03, Le Splendid, 20 h, 26,80 € aussi : Amiens – 02.03, La Lune des Pirates, 20 h 30, 13 / 8 €

Talisco + Kid Francescoli : Tourcoing – 18.03, Le Grand Mix, 20 h, 19 > 5 €

Et aussi : Liège – 16.03, Reflektor, 20 h, 21 € Silly – 17.03, Le Salon, 21 h, 20 / 16 €

Mathieu Boogaerts Pour reprendre le titre qui ouvre Promeneur, son dernier LP, on peut s’interroger : Qu’en est-il de Mathieu Boogaerts ? Vingt ans après ses débuts (l’inusable Super, 1996), le quadra n’a pas changé, semble-t-il. Mélancolie à fleur de peau, mélodies jouées du bout des doigts, minimalisme porté en étendard. Cependant, l’éternel adolescent à la candeur assumée s’enrichit du recul d’un homme mûr qui se refuse à tout abandonner. Et nous de le suivre dans ses ritournelles faussement simples et profondément émouvantes. T.A. Mathieu Boogaerts + Peter Von Poehl Tourcoing – 14.03, Le Grand Mix, 20 h, 23,80 > 5 €

Lille, Tourcoing – 14 > 18.03, L’Aéronef, Le Spendid, Le Zénith, Le Biplan, Le Grand Mix, 30,80 > 5 €, www.lesparadisartificiels.fr Sélection : Mathieu Boogaerts + Peter Von Poehl (14.03 - Le Grand Mix) // Naïve New Beaters + Cléa Vincent + Marlin (15.03 - Le Splendid) / Sticky Boys + Overdrivers (15.03 - Le Biplan) // Papooz + The Pirouettes + Voyov (16.03 - Le Grand Mix) / SCH + Sofiane + Sianna (16.03 - L’Aéronef) // Claudio Capéo + Féfé (17.03 - Le Splendid) // Talisco + Kid Francescoli (18.03 - Le Grand Mix) / Birdy Nam Nam + Feder + Salut C’est Cool + Møme + Tommy Cash + Unno (18.03 - Zénith)…


© Travis Shinn

Sélection – Musique 50

Gojira

Bruxelles – 20.03, Ancienne Belgique, complet !, www.abconcerts.be

Le quatuor landais est une référence au sein de la vaste communauté metal. Surtout depuis L’Enfant sauvage, paru en 2012. Cet album gigantesque, empreint de spiritualité, jonglait avec virtuosité entre la puissance inhérente au death metal et des audaces techniques et mélodiques. Le groupe des frères Duplantier était abonné aux festivals idoines, bien sûr, mais commençait dès lors à tourner dans le monde entier. Avec le disque Magma, sorti l’an dernier, le monstre dépasse sa taille critique et ses deux nominations aux Grammy Awards – desquels il est reparti bredouille – lui ouvrent désormais les portes de BFMTV, du Figaro et des heures de grande écoute (même Vianney les cite !). Les fans du Nord de la France étant injustement privés du Magma Tour, il leur faudra se rendre à Bruxelles pour profiter du souffle ahurissant de ce groupe sur scène. M.D.



Passé décomposé Quelques mois après la sortie de leur renversant premier LP (Do Hollywood), on n’a pas encore fait le tour de toutes les lubies de The Lemon Twigs. Comme si les deux frangins D’Addario, pourtant nés à la fin des nineties, avaient vécu les seventies et, increvables nostalgiques, voulaient en saisir la substantifique moelle – enfin, celle qui servit à Todd Rundgren, Supertramp ou Elton John. Depuis une quarantaine d’années, au moins, la pop tirait sa force de sa simplification. Des pionniers du rock aux activistes techno, des figures glam aux petites mains de l’indie pop en passant par les voyous du punk, il s’agissait d’aller à l’essentiel, de rejeter la virtuosité ou le savoir-faire ostentatoire. Or, autrefois snobés ou moqués, soft-rock et prog-rock sont aujourd’hui réévalués – et leur précision méticuleuse avec. Exubérants et azimutés, The Lemon Twigs s’inscrivent dans ce courant post-moderne qui, de MGMT à Foxygen, envisage chaque chanson comme un immense sac à malices dans lequel on trouverait toutes leurs obsessions. Les frères D’Addario, arborant un look improbable (on pense à The Jook) font rentrer 45 titres à la minute dans le calibrage élastique de leurs pop songs. C’est parfois éreintant, comme une performance qui tournerait à vide. Et puis, allez savoir pourquoi, le morceau suivant nous happe et on saute à pieds joints dans ce tourbillon. The Lemon Twigs ont-ils l’avenir devant eux ? A priori, c’est le cadet de Tourcoing – 02.04, Le Grand Mix, 19 h, leurs soucis. Mais un futur antérieur, sans 16>5 € (-18 ans), www.legrandmix.com Bruxelles – 06.04, Ancienne Belgique, 20 h, aucun doute. Thibaut Allemand 15 €, www.abconcerts.be

© DR

Musique – Sélection 52

THE LEMON TWIGS



Musique – Sélection 54

Peter Doherty

© Roger Sargent

Un baladin libre d’aller où il le désire, un saltimbanque aux semelles de vent… N’en jetez plus ! On a tout entendu sur Peter Doherty, songwriter ingérable (d’après Alan McGee, qui en a vu d’autres avec The Jesus & Mary Chain ou Oasis). Pourtant, le grand échalas au visage bouffi monte sur scène pour soutenir un disque qui, d’après ses propres dires, n’aurait pas dû paraître (Hamburg Demonstrations, 2016). Ces vieilles chansons exhumées et autres pop songs déglinguées sont donc entonnées par un Doherty qui va au turbin, comme tout le monde. Surprenant. T.A. Bruxelles – 11.03, Cirque Royal, 20 h, 30 €, www.cirque-royal.org Lille – 23.03, Théâtre Sébastopol, 20 h, 39,50 > 34 €, www.theatre-sebastopol.fr

Mer 01.03 Drake Anvers, Antwerp Sportpaleis, 18h30, 97>52e RENAUD Lille, Le Zénith, 20h, 49>39e

Jeu 02.03 NEW MODEL ARMY Lille, Le Splendid, 20h, 28e Fishbach + Cléa Vincent Amiens, La Lune des Pirates, 20h30, 13/8e

Ven 03.03 The Weeknd Anvers, Antwerp Sportpaleis, 18h30, 53>39e Juniore + Aquaserge Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 13>5e COELY Dixmude, 4AD, 20h, 10>6e

Les Fouteurs De Joie + Fistool Oignies, Le Métaphone, 20h30, 15>9e Manu Dibango Hem, Zéphyr, 20h30, 23/18e Usé + Margaret Catcher Lille, L’Antre-2, 20h30, 10>2e YURI BUENAVENTURA Béthune, Théâtre, 20h30, 34/30e NAME : Tale Of Us + DJ Koze + Efdemin… Roubaix, La Condition Publique, 22h, 33>27e boys noize Bruxelles, Fuse, 23h, 18/16/13e

Sam 04.03 BLONDE REDHEAD Lille, L’Aéronef, 20h, 26>19e FATALS PICARDS Lille, Le Splendid, 20h, 27e

Flavia Coelho Arras, Le Pharos, 20h30, 7>1,50e

Hamilton Leithauser Bruxelles, Botanique, 20h, 20/17/14e

Katerine Lens, Le Colisée, 20h30, 25>12,50e

RENAUD Douai, Gayant Expo, 20h, 49>39e

Thievery Corporation Bruxelles, AB, 20h, 32/31e Dick Annegarn Lille, Théâtre du Casino Barrière, 20h30, 28/22e Katerine Calais, Centre Culturel Gérard Philipe, 20h30, 20e Compa + Argo + Ruffcast Crew Roubaix, La Cave aux Poètes, 23h, 12>8e

Dim 05.03 NAME : Pantha Du Prince (live) + Ruede Hagelstein (live) Roubaix, La Condition Publique, 13h, 18>15e Le bal des fabriques (Gourbi Club) Lille, maison Folie Wazemmes, 15h, Gratuit

Lun 06.03 Blonde Redhead Bruxelles, Botanique, 19h30, 24/21/18e

Mar 07.03 The Mystery Lights Lille, L’Aéronef, 20h, 7>5e


Idir Lens, Le Colisée, 20h30, 12e

Mer 08.03 Jagwar Ma Bruxelles, Botanique, 19h30, 20/17/14e

John Mayall Lille, Théâtre du Casino Barrière, 20h30, 56,50>40e

Roméo Elvis & Le Motel Louvain, Het Depot, 20h, 10>6e

Dim 12.03

Blonde Redhead Courtrai, De Kreun, 20h, 22>16e

Sieste acoustique de Bastien Lallemant Lomme, maison Folie Beaulieu, 15h30, 5€

Sttellla 60 Bruxelles, AB, 20h, 23e

Sampha Bruxelles, AB, 20h, 24/23e

Jeu 09.03

Mar 14.03

Ven 10.03 DELUXE + Ben l’Oncle Rap Oignies, Le Métaphone, 20h30, 21>15e La Rumeur Beauvais, L’Ouvre-Boîte, 20h30, 14>3e Tagada Jones & Les Ramoneurs De Menhirs Carvin, Salle des fêtes, 20h30, 16>10e

Mathieu Boogaerts + Peter Von Poehl Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 23,80>5e Kent Sallaumines, Maison de l’art et de la communication, 20h30, 16>10e

Mer 15.03

Thomas Fersen Roubaix, Le Colisée, 20h30, 35>10e

Jeu 16.03 Papooz + The Pirouettes… Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 19>5e SCH + Sofiane + Sianna Lille, L’Aéronef, 20h, 30,80e TALISCO + KONOBA Liège, Reflektor, 20h, 21e Emily Loizeau Boulogne-sur-Mer, Carré-Sam, 20h30, 10>6e Superpoze + NumeroBé… Amiens, La Lune des Pirates, 20h30, 14/9e

Ven 17.03 Hugh Coltman Hazebrouck, Centre André Malraux, 20h, 20 > 14 e KRS-One Louvain, Het Depot, 20h, 19>14e Claudio Capéo + Féfé Lille, Le Splendid, 20h, 30,80e

Toy + Birdpen Lille, L’Aéronef, 20h, 13>5e

Atari Teenage Riot + Manu le malin + david asko Lille, L’Aéronef, 20h, 22>14e

Albin de la Simone Lomme, maison Folie Beaulieu, 20h30, 9/5e

Naïve New Beaters + Cléa Vincent + Marlin Lille, Le Splendid, 20h, 26,80e

7 Weeks + The Distance Dunkerque, Les 4 Ecluses, 20h30, 9/6e

Cocoon Beauvais, L’Ouvre-Boîte, 20h30, 18>13e

Tinariwen Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 29/28e

Christophe Béthune, Théâtre, 20h30, 44/40e

Sam 11.03

Pone + Superpoze Lille, L’Aéronef, 20h, 22>14e

VALD

Bruxelles – 18.03, La Madeleine, 20 h, 27 €, www.la-madeleine.be Lille – 28.03, L’Aéronef, 20 h, 26 > 19 €, www.aeronef.fr

© DR

« Un jour dans une église y’aura ma gueule en aquarelle ». Ou comment Valentin Le Du prophétisait ses exploits en toute humilité. Blague pour les uns, virtuose pour les autres, Vald impose sa marque dans le rap game français. Pour son dernier opus Agartha, l’Aulnaysien s’est entouré de pointures (Seezy, Sirius, Dj Weedim). En résulte un album quasi-mystique (comme le laissait présager sa pochette), mais toujours avec de l’absurde en mégadose. En live, le rappeur nous assène ses punchlines dans une frénésie jubilatoire. Et un peu enfumée. H.G.


Musique – Sélection 56

Kehlani

© Atlantic Records

Beaucoup ont aperçu Kehlani dans quelques tabloïds se délectant d’une tentative de suicide, l’an passé. Drôle d’endroit pour une rencontre... à 20 ans, elle est pourtant une des chanteuses de R’n’B les plus prometteuses du moment. Et, elle revient de loin. De la saison 6 du télé-crochet America’s Got Talent, et d’une collab’ malencontreuse avec Justin Bieber (Future, 2015). Un passé pardonné à la lueur de son premier album, SweetSexySavage, où elle chante les choses de l’amour un joint aux lèvres ou rappe d’un flow tranchant. Une future grande. S.A. Bruxelles – 22.03, Ancienne Belgique, 20 h, 22 / 21 €, www.abconcerts.be

Délinquante Méricourt, Espace culturel La Gare, 20h30, 11>5e

Sam 18.03 Birdy Nam Nam + Feder + Salut C’est Cool + Mome + Unno Lille, Le Zénith, 19h, 39/38e

Mer 22.03 Roberto Fonseca Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 26>5e WOODS Liège, Reflektor, 20h, 15e

Jeu 23.03

Katerine Armentières, Le Vivat, 20h, 21>7e Puggy Courtrai, De Kreun, 20h, 18>12e Askehoug + Eskelina Louvroil, Espace culturel Casadesus, 20h, 9/6€

Talisco + Kid Francescoli Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 19>5e

Buzzcocks + Gonzaï Lille, L’Aéronef, 20h, 22>14e

Pete Rock + Grazzhoppa Charleroi, Rockerill, 20h, 15/12e

Electro Deluxe Calais, Centre culturel Gérard Philipe, 20h30, 11>7€

ONL : Les Quatre Saisons (dir : Max Richter) Lille, Nouveau Siècle, 20h, 50>5e

Barcella Béthune, Le Poche, 20h30, 9€

Dim 19.03 Rover Béthune, Théâtre municipal, 17h, 34/30€ Clarika La Louvière, Le Palace, 20h, 15/12€ Warpaint Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 28/27e

STRANDED HORSE + THE WOODEN WOLF Dunkerque, Les 4 Ecluses, 20h30, 8e

Arnaud Rebotini & C. Zanési Lomme, maison Folie Beaulieu, 20h30, 9/5e

Sam 25.03

Woods Amiens, La Lune des Pirates, 20h30, 12/7e

ONL : Les Quatre Saisons Lille, Nouveau Siècle, 18h30, 50>5e

Ciné-concert Zone libre revisite 2001 Villeneuve d’Ascq, La Ferme d’en Haut, 21h, 7>2e

Radio Elvis Bruxelles, Botanique, 19h30, 18/15/12e

Mar 21.03

Ven 24.03

Korn Anvers, Lotto Arena, 18h30, 49e

Avishai Cohen Louvain, Het Depot, 20h, 33/27e

Roméo Elvis & Le Motel Bruxelles, Botanique, 19h30, 16/13/10e Danakil + Volodia Bruxelles, AB, 20h, 34/29e


Katerine Valenciennes, Le Phénix, 20h, 36>10e Keren Ann Charleroi, Eden, 20h, 22>16e General Elektriks + Space Alligators Oignies, Le Métaphone, 20h30, 19>13e

Mar 28.03 Bruno Mars + Anderson Paak Anvers, Sportpaleis, 18h30, 105>50e Austra + Pixx Tourcoing, Grand Mix, 20h, 19>5e

Mer 29.03

Ciné-concert : Invictus Kyle Eastwood Lomme, maison Folie Beaulieu, 20h30, Gratuit Les Wampas Drocourt, Espace Agora, 20h30, 16>10e

Ven 31.03

Jean-François Zygel Lens, Le Colisée, 20h30, 10>5e

Bruno Mars + Anderson Paak Anvers, Sportpaleis, 18h30, 105>50e

Juveniles + Il est vilaine + azur Lille, L’Aéronef, 20h, 18>5e

Rubin Steiner & Joy Sorman Lomme, maison Folie Beaulieu, 20h30, 9/5e

Juniore Bruxelles, Botanique, 19h30, 18/15/12e

Danakil Calais, Centre Culturel Gérard Philipe, 20h30, 15>11e

Suarez Mouscron, Centre culturel, 20h30, 31e

Birdy Nam Nam Bruxelles, AB, 20h, 28/27e

Kyle Eastwood Quartet Lomme, maison Folie Beaulieu, 20h30, 16/12e

Yves Jamait Calais, Centre Culturel Gérard Philipe, 20h30, 11>7e Omar Sosa, Seckou Keita… Calais, Le Channel, 21h, 7e Red Axes… Lille, Le Magazine, 23h, 10e

Dim 26.03 Tinariwen Calais, Le Channel, 17h, 7e Didier Lockwood Lille, Théâtre du Casino Barrière, 18h, 31e Chassol + Mammal Hands Louvain, Het Depot, 20h, 19>14e

Jeu 30.03 Jessy Lanza … Roubaix, La Cave aux Poètes, 19h, 12>8e Francesco Tristano Bruxelles, Flagey Studio 4, 20h15, 26>21e Coely Bruxelles, AB, 20h, 20/19e Le Peuple De l’Herbe Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 22,80>19,80e Max Jury + Diva Faune Lille, L’Aéronef, 20h, 18>5e Renaud Bruxelles, Forest National, 20h, 50,50>40,50e

Le Peuple de l’Herbe Dunkerque, Les 4 Ecluses, 20h30, 15/12e Marco Bailey Lille, Le Magazine, 23h, 10e

Sam 01.04 Benjamin Schoos Bruxelles, Botanique, 19h30, 17/14/11e Suarez Mons, Le Manège, 20h, 25>18e Wax Tailor Anzin, Théâtre, 20h30, 15/12e An Pierlé Béthune, Le Poche, 20h30, 9€

808 State

Bruxelles – 01.04, Square Brussels Meeting Centre, 22 h, 19,25 > 18 € (Listen ! : 30.03 > 01.04, divers lieux, 1 j. : 18 > 12 € / pass 2 j. : 31,25 / 30 €, pass 3 j. : 51,25 / 50 €, listenfestival.eu)

© DR

En dépit d’une reconnaissance méritée dans leur contrée, les Mancuniens n’ont pas eu le même succès de ce côté de la Manche. Inspiration majeure d’Aphex Twin ou Autechre, 808 State a également collaboré avec des artistes a priori éloignés (Alabama 3, Ian McCulloch) et quelques voisins (Guy Garvey, Bernard Sumner…). En 2017, on ne sait pas ce que proposent ces fers de lance de l’acid-house dans le cadre du Listen ! : A Brussels Future Music Festival. Une chose est certaine : ces trois-là manient la TR-808 comme personne. T.A.


Disques – Chroniques 58

GRANDADDY Last Place

(Columbia / 30th Century Records / Sony Music)

C'est un tic énervant chez les scribouillards musicaux : pour annoncer l'importance d'un disque, ils vous font souvent le coup du « le meilleur album depuis… placer ici le nom de l'album le plus célèbre et / ou le plus réussi, datant généralement de 15 ans ». C'est énervant, hein ? Et pourtant… Last Place est le meilleur album de Grandaddy depuis The Sophtware Slump (2000). On ne voulait vraiment pas en arriver à de telles extrémités, croyez-nous. Mais Jason Lytle et sa bande nous ont poussés dans nos derniers retranchements avec ce qui ressemble à un (second) chef-d’œuvre. Évidemment, les clins d’œil sont nombreux à ce grand disque post-bug : ambiances bucoliques parsemées de synthés détraqués, mélodies angéliques caressées de guitares électriques, sommets instrumentaux aux amples arrangements, chant de vieil ours au cœur tendre… Tout ce qui a fait la force du quintette de Modesto est là, 11 ans après un quatrième LP annoncé comme le dernier par ses auteurs. On imagine bien que ce n'est pas l'appât du gain, mais la nécessité qui a poussé nos héritiers de Neil Young et Electric Light Orchestra à se réunir. Celle de donner vie à 12 merveilles irréelles. Les plus belles depuis… Vous connaissez le refrain. Thibaut Allemand

IBIBIO SOUND MACHINE Uyai (Merge Records / Differ-Ant)

La brillante Eno Williams chante en Ibibio, un dialecte du Niger. La musique de son groupe, Ibibio Sound Machine, adopte quant à elle un langage universel. Il suffit de quelques mesures de ce synth-funk, qui doit autant aux racines du genre qu’à ses ramifications postmodernes, pour que les jambes s’emballent. Toujours épaulée par la guitare ghanéenne du vétéran Alfred Bannerman, Williams confirme les promesses de son classieux premier album. Uyai puise plus franchement dans les sonorités des années 1980 : les synthés volent aux cuivres seventies la part du lion. Portant un message féministe, ses rythmes font de chaque titre (des phrases électro de The Chant aux sonorités Marvin Gaye de Lullaby) un tube en puissance. Rémi Boiteux


ALICE JEMIMA

THE SHINS

Alice Jemima

(Aural Apothecary /

(Sunday Best / Pias Coop)

Columbia / Sony)

De Tracey Thorn à Sophie Ellis-Bextor, l’histoire des dancefloors chics est jalonnée de voix féminines à la mélancolie entraînante. Entre pop, house et cocktail music, les philtres d’Alice Jemima exhalent d’abord un parfum inoffensif (le gentil R'n'B d’Electric). On retrouve alors le goût de sucreries oubliées, comme I Love You Always Forever de Donna Lewis, tube anodin des années 1990. Le genre de petit miracle presque effacé que Jemima reproduit sur au moins trois titres : le single Dodged a Bullet, le plus effacé Falling Out of Love et l’absolument irrésistible When You Dance. Malgré un versant anecdotique (dont une reprise du No Diggity de Blackstreet), le charme liquoreux opère. Rémi Boiteux

Heartworms

Entre projets parallèles aux ambitions floues et albums en demi-teinte, on commençait à douter d’avoir un jour des nouvelles de James Mercer. Pour ceux qui vénèrent les grands disques de The Shins, Heartworms constitue un retour en grâce inespéré. Et pour les nouveaux, une des meilleures démonstrations du brio du personnage. En effet, renouant avec les tons de l’inusable Wincing the Night Away, ce nouvel album enchaîne les chansons à tiroirs comme on enfile les perles – Cherry Hearts aux échos new-wave, Fantasy Island au refrain crève-cœur. Un rock fifties, une pop eighties ou un folk du futur se toisent ici sous l’écheveau d’une production impeccable. Laquelle semble prendre autant de plaisir à triturer ces merveilles que nous à les écouter. Rémi Boiteux

CHILDREN OF ALICE Children Of Alice (Warp / PIAS)

Tout, dans cette quarantaine de minutes, fleure bon l'occulte, l'étrange, l'inexplicable, le non-dit… et l'heure du thé, aussi. Children Of Alice réunit de vieilles connaissances britanniques : James Cargill et Roj Stevens (les "rescapés" de Broadcast), accompagnés du graphiste et musicien Julian House (The Focus Group). Trait d'union entre Warp et Ghost Box, les trois amis composent des soundscapes escarpés, torturés, à la fois angoissants et terriblement familiers – des sons de tous les jours ou de l'enfance, comme issus de vieilles séries TV, des bruits de jouets d'hier… Regrettée chanteuse de Broadcast, Trish Keenan (1968-2011) était une inconditionnelle d'Alice au pays des merveilles. On retrouve ici la même douceur empoisonnée. Thibaut Allemand


Livres – Chroniques 60

Jane Kramer Le Dernier cow-boy (Éditions du Sous-Sol)

Henry Blonton est le gérant du Willow Ranch, niché au cœur des parcelles texanes, consacrées à l’élevage intensif. Cet admirateur de Glenn Ford n’est pas le héros qu’il rêvait d’être… Il sombre dans la mélancolie lorsque s’impose à lui la logique implacable du « réseau mondial de dépendances et de contingences » aussi appelé agroalimentaire. La lente transhumance du bétail est vaine à l’heure où les parcs d’engraissement alimentent les marchés. Henry, l’éleveur, est amer. Sa parfaite connaissance des bêtes et des pâturages s’avère inutile. En dépit des idées sexistes, racistes et du penchant pour la boisson de notre homme, la prose de Kramer parvient à inhiber notre sentiment d’antipathie. Il convient d’abord de saisir la complexité d’une petite histoire – la famille Blonton – noyée dans la grande. Nous sommes en 1977 et il est question d’une disparition. Celle de la figure sacrée du cow-boy, de sa solitude, de son sang-froid. De son honneur. De fait, Jane Kramer est à l’aise avec l’exercice du portrait. L’ancienne correspondante européenne du New Yorker rivalise de style sans jamais perdre de vue le terrain. La narration tire ainsi profit d’une investigation méthodique. La littérature du réel, en somme. 176 p., 18,50  €. Julien Bourbiaux

PAUL NOUGÉ Au Palais des images les spectres sont rois

(Allia)

C’est dans les marges que réside la pensée de Paul Nougé. Celles d’un mouvement lui-même en marge : le surréalisme. C’est à lui qu’on doit l’émergence de ce courant à Bruxelles dès 1925. Il a nourri le mouvement jusqu’au mitan des années 1960, à coups d’œuvres littéraires et de textes critiques. Cet imposant volume, malicieusement sous-titré Écrits Anthumes, en présente l’intégrale. Là encore, il faut regarder dans les marges. Du livre lui-même, où fourmillent quantité de notes. Elles permettent au néophyte de se repérer dans ce foisonnement de fulgurances. Poèmes, articles sur le cinéma et sur l’image, lettres, détournements, incursions scientifiques et jeux typographiques : cette œuvre, sur laquelle plane la figure de Magritte, pique joyeusement notre intelligence. 800 p., 35 €. Rémi Boiteux


VANYDA & J-L CORNETTE

PETER BEHRENS

Un Million d’éléphants

(Philippe Rey)

Les Insouciants

(Futuropolis)

Joli défi : s’inspirant de la vie de sa famille, et en mêlant la petite histoire à la grande, Vanyda, née d’un père Laotien, conte les 80 dernières années du Laos, des années 1930 à nos jours. Épaulée du scénariste Jean-Luc Cornette, la Lilloise revient sur les bouleversements économiques, sociaux, militaires (guerres d’Indochine et du Vietnam) à travers une multitude de personnages et un récit choral. Bien que l’ensemble soit un peu confus (on mélange parfois les protagonistes) et trop condensé (un tome supplémentaire n’eût pas été de trop…), on se passionne pour une histoire finalement méconnue, et l’on reste admiratif devant les talents d’aquarelliste de la jeune femme (ces décors !). 160 p., 23 €. Thibaut Allemand

À la fois roman intimiste et fresque magistrale, cet ouvrage observe l’itinéraire sinueux d’un enfant du siècle, Billy Lange. Né sur l’île de Wight en 1909, il suit sa famille en Irlande un temps (durant les prémices de la guerre d’indépendance) puis en Allemagne après la Grande Boucherie. Là, il assiste à la lente montée du poison outre-Rhin mais découvre également le jazz… et l’amour. D’insouciance, il est donc forcément question, dans tous les sens du terme. Avec ce roman extrêmement ambitieux, Peter Behrens (Les O’Briens) s’appuie sur le minuscule (deux êtres perdus dans la vieille Europe) et dresse un panorama forcément gigantesque d’un début de siècle européen. Chapeau ! 528 p., 23 €. Thibaut Allemand

Jean-François Hautot & David Prudhomme Mort et vif (Futuropolis) Plaqué par sa copine, Philippe Moline (dit « Flip ») redouble d’anxiété lorsque son employeur, leader européen de clés à sardines, met la sienne sous la porte. Une seule solution : fuir ! S’ensuit un road trip le long des routes d’Ardèche où le fantôme de Flip s’égare dans les stries du dessin de Prudhomme. L’ombre du héros – autant physique que psychologique – nourrit une histoire excentrique pétrie d’humour noir. Du contexte social tendu d’une fermeture d’usine, le récit de Jef Hautot bascule ainsi vers une réalité où rêve et mort s’entremêlent. À l’instar de Port Nawak, leur précédent titre, Hautot et Prudhomme cultivent l’absurde, le rendent explosif, quitte à dérouter, parfois. 80 p., 19 €. Julien Bourbiaux


Écrans – Rencontre 62

LUCAS BELVAUX

Sur le front

Propos recueillis par Hugo Guyon Photo Jean-Claude Lother, Synecdoche, Artemis Productions

La bande-annonce avait déclenché l’ire des cadres du FN. Florian Philippot et Steeve Briois qualifiaient le dernier film de Lucas Belvaux de « navet », avant même sa sortie. Sa diffusion à deux mois de la présidentielle semble en effet un défi lancé à Marine Le Pen. Dans Chez nous, le réalisateur belge décrit l’engagement puis les désillusions d’une infirmière au sein du Bloc Patriotique, parti dirigé par une inflexible quinquagénaire blonde. L’action se déroule dans une ville imaginaire du nord de la France baptisée "Hénard". Toute ressemblance avec des faits réels n’est bien sûr pas fortuite.


Comment le film est-il né ? Durant le tournage de mon précédent long-métrage à Arras (Pas son genre) : une histoire d’amour entre une coiffeuse et un philosophe parisien qui se terminait mal. à l’époque, on suivait la campagne électorale des municipales de 2014 où le FN atteignait des sommets dans les sondages... Je me suis alors demandé si cette coiffeuse voterait extrêmedroite, et pourquoi. Cette question méritait un développement. Porté par un autre personnage qui pourrait être sa cousine infirmière dans le bassin minier du Pas-de-Calais. De quoi Chez nous parle-t-il? C’est le parcours d’une fille sympathique qui est instrumentalisée par un parti et saisit la complexité de la

« La réalité est plus aberrante que la fiction » politique. En même temps, il s’agit de brosser le portrait objectif d’un mouvement populiste en Europe, avec toutes ses ramifications et stratégies électorales. Quelle fut votre approche ? Il s’agissait d’être le moins militant possible. Je m’appuie sur des faits objectifs recueillis au cours d’une longue enquête. Tout ce que je raconte est vrai tant sur le plan des discours que des tactiques politiques.


Comment vous êtes-vous documenté ? On trouve à peu près tout sur Internet, dans la presse ou les livres. Il y a une importante littérature sur le Front National. Même ce qu’il tente de cacher est trouvable en 10 clics, y compris les rapports avec la mouvance identitaire violente flirtant avec le néonazisme. Je souhaitais réaliser une synthèse sans focaliser sur les pires aspects, pour éviter la caricature. La réalité est d’ailleurs plus aberrante que la fiction. Ce n’est donc pas une œuvre anti-FN ? Ce n’est pas un film "anti" Le Pen. Je présente son parti sans y plaquer mes fantasmes, sans rien inventer si ce n’est le personnage de Pauline. Je

ne donne pas non plus de conseil de vote. Il n’est pas question de se poser en justicier, éventuellement en juge d’instruction. J’essaie de donner tous les éléments pour que le spectateur se forge une opinion. Vous insistez tout de même sur certaines pratiques "mafieuses" des membres du parti... Ce mouvement s’est construit sur une idéologie extrême et porte un programme d’une violence folle. Pourtant, le FN se banalise et cultive une image "mains propres, tête haute". Or, ce n’est pas du tout la réalité. C’est le parti qui compte proportionnellement le plus d’élus condamnés et de très loin : 4 fois plus que Les Républicains et 5 à 6 fois plus que les socialistes.


« Il ne faut pas abandonner face au mensonge » Pourquoi l’action se déroule-t-elle dans le Nord-Pas de Calais ? Je m’intéresse d’abord au vote FN issu de la classe ouvrière et populaire, lequel est différent du vote ultra-conservateur du sud. J’aurais pu tourner en Lorraine mais le NordPas de Calais est une région qui me touche plus en tant que Belge. Il y a aussi quelque chose de très cinématographique ici. Sa géographie raconte un siècle et demi d’histoire, la révolution industrielle, les deux guerres mondiales... Ça me paraissait évident de placer l’action sur ce territoire.

Cette stratégie de dédiabolisation peut-elle permettre à Marine Le Pen de remporter la présidentielle ? Si on laisse faire, oui. Mais il ne faut pas abandonner face au mensonge. Il faut continuer à alerter sur le danger que représente ce parti. Pas sur le plan de la morale. Il ne suffit pas de dire que le FN est une organisation fasciste, mais montrer en quoi elle l’est. Toute démonstration de ce genre est impossible sur Twitter en 140 caractères. C’est l’une des raisons de l’échec des démocrates face à Trump. Ils ont joué sur son terrain et ont été pris de vitesse. Au contraire, mieux vaut prendre du recul pour démonter méticuleusement son discours.

Chez nous De Lucas Belvaux, avec Emilie Dequenne, André Dussollier, Catherine Jacob, Guillaume Gouix… En salle


© Wild Bunch Distribution

Écrans – Sélection 66

Grave

Les plaisirs de la chair Grave, thriller cannibale franco-belge réalisé par Julia Ducournau (et produit par Julie Gayet) provoque l’émoi à chaque projection. De Toronto à Paris, Justine, ado en pleine initiation charnelle, ne laisse personne indifférent. Pour cause : la jeune fille a les crocs. Littéralement ! Dans la famille de Justine, tout le monde est vétérinaire et végétarien. C’est un précieux héritage. Forcément, quand celle-ci intègre, à seulement 16 ans, une école de véto où sa sœur aînée est déjà élève, cela tient du conte de fées. C’était sans compter sur un bizutage ô combien classique mais qui tourne mal. Justine est contrainte, pour s’intégrer au groupe, de manger un rein de lapin. Cru. Une blague potache qui s’avère être un déclic pour la jeune fille, qui en veut encore. Un autre animal ? Et pourquoi pas… un humain ? Cause de nombreux malaises durant ses premières projections, notamment durant le Festival de Toronto, Grave est un festin de scènes insoutenables. L’appétit venant en mangeant, la chétive Garance Marillier nourrit son personnage d’une épaisseur qui n’a d’égale que sa voracité. L’école de vétérinaire est devenue sa jungle. Pour survivre, elle n’a d’autre choix que de libérer ses pulsions les plus primaires. Le sexe, jusqu’ici refoulé, devient sa suprême félicité. à l’âge des premiers émois sentimentaux et des beuveries prétextes aux orgies, Grave est, plus qu’un seau d’hémoglobine, un vrai film sur le passage à l’âge adulte. Mélissa Chevreuil De Julia Ducournau, avec Garance Marillier, Ella Rumpf, Rabah Naït Oufella… Sortie le 15.03



Écrans – Sélection 68

Certaines femmes Histoires minimales

Texte Raphaël Nieuwjaer Photo LFR Films

Délicat, le cinéma de Kelly Reichardt ? Sans doute. Mais il y a dans cette délicatesse une radicalité dont peu de réalisatrices sont capables. En adaptant trois nouvelles de Maile Meloy, elle fait se côtoyer le presque-rien et le grandtout, et signe trois magnifiques portraits de femmes.


Écrans – Sélection 69

Depuis dix ans, Kelly Reichardt arpente des territoires que le cinéma américain – hollywoodien comme indépendant – ne fréquente plus guère. On se souvient des collines et des forêts de l’Oregon où se perdaient les pionniers de La Dernière piste (2011) et les activistes écolos de Night Moves (2014). Dans Certaines femmes, les plaines du Montana offrent à la réalisatrice une atmosphère, un souffle. Une vibration, à la fois lumineuse et sonore. Dans chacun des trois récits composant son film, l’air s’imprègne ainsi de mélodies familières : le rythme lancinant des trains de marchandise, le chant bienveillant des cailles, le grésillement mélancolique d’une radio. Lignes de fracture Trois femmes se débattent avec leur vie et tentent de s’accomplir. Laura, Gina et Jamie : elles sont avocate, employée de ranch, occupée à construire une maison... Elles se croisent sans se connaître, chacune absorbée par son quotidien. Certaines femmes est d’abord fait de frôlements, de rencontres inabouties. Cette mélancolie n’empêche pas l’humour. Pas de "grand" drame qui ne soit désamorcé par un sourire. Peut-être parce que Reichardt cherche à saisir l’impalpable, ces blessures qui entaillent l’existence d’autant plus profondément qu’elles peinent De Kelly Reichardt, à être nommées. D’où la difficulté aussi, à écrire sur un avec Laura Dern, Michelle Williams, tel film. Les mots l’alourdissent. Une chose est sûre : s’il Kristen Stewart... En salle s’échappe sous la plume, il reste dans le cœur.


Tu seras un homme mon fils Comment offrir à son enfant l’éducation juste ? L’aider à grandir avec les meilleures armes, celles qui feront de lui un adulte droit, sensible et équilibré ? Voilà une question qui traverse les frontières et le temps. Elle donne, dans le cas de 20th Century Women, un bien joli film. Après avoir placé l’intrigue de Beginners (2011) à Los Angeles, Mike Mills reste dans sa Californie natale pour son troisième long-métrage. Plus précisément, à Santa Barbara, durant l’été 1979. C’est l’année où Jimmy Carter, dans un discours télévisé, évoque la « crise de confiance » du peuple américain, celle du deuxième choc pétrolier, de la révolution iranienne… C’est surtout l’année où Jamie, 15 ans, bascule de l’enfance à l’âge adulte, sous le regard bienveillant mais anxieux de sa mère, Dorothea (Annette Bening). Cette dernière, quinquagénaire célibataire, demande à Abbie (Greta Gerwig), une jeune photographe punk, et à l’intrigante Julie (Elle Fanning), amie d’enfance et confidente du garçon, de l’aider à trouver sa voie et s’épanouir en tant qu’homme. Sans se douter que cela implique une plongée dans la scène rock ou l’exploration de l’orgasme féminin. Hommage aux femmes qui ont marqué la vie de Mike Mills, 20th Century Women excelle dans la restitution d’une époque perçue par certains comme la fin d’une ère. Mais la grande histoire, qui apparaît par bribes à l’aide d’une voix off et d’images d’archives, s’efface intelligemment pour laisser place à la petite, bien plus universelle, touchante et drôle. Marine Durand De Mike Mills, avec Annette Bening, Elle Fanning, Greta Gerwig… En salle

© Mars Distribution

20th Century Women



© 20Th Century Fox

Écrans – Sélection 72

Les Figures de l’ombre Succès inattendu aux USA, Les Figures de l’ombre prouve à un Hollywood toujours très blanc et masculin qu’un film centré sur des personnages féminins, et afro-américains, peut triompher. Il faut dire que l’histoire (vraie) a de quoi séduire. Alors que la ségrégation raciale sévit encore, des scientifiques noires vont permettre à la NASA de réussir son premier vol habité dans l’espace. En s’attachant à l’évolution du trio au sein de cette institution, le récit recompose, en miniature, la scène politique nationale, marquée par la lutte pour les droits civiques. Ici aussi, il faut se battre pour partager des toilettes… Certes conventionnel, le long-métrage de Theodore Melfi a néanmoins la vertu de mettre en lumière une aventure longtemps ignorée. Raphaël Nieuwjaer De Theodore Melfi, avec Taraji P. Henson, Octavia Spencer, Janelle Monàe... Sortie le 08.03


© Mark Rogers

De Garth Davis, avec Dev Patel, Nicole Kidman, Rooney Mara… En salle

© SND

Lion L’histoire semblait écrite pour Hollywood. Alors qu’il mène une vie pauvre mais heureuse en Inde, Saroo, 5 ans, s’endort seul dans un train. Il ne parvient à s’en échapper qu’une fois à Calcutta, à des milliers de kilomètres de son village dont il ignore le nom. Placé en orphelinat puis adopté par une famille en Tasmanie, il entame des recherches sur Google Earth, 20 ans plus tard, afin de retrouver son frère et sa mère. Adaptant, pour son premier long-métrage, le récit de son compatriote Saroo Brierley, l’Australien Garth Davis touche par la simplicité de sa mise en scène et des flash-back bien dosés. Les superbes images de l’Inde vue du ciel et les interprétations impeccables de Dev Patel et Nicole Kidman ne gâchent évidemment rien à l’ensemble. Marine Durand

La confession Printemps 1945, dans un village du sud-ouest de la France. L’occupation allemande a beau être sur le déclin, elle régit toujours la vie des habitantes, les seuls hommes étant des soldats germaniques. Jusqu’à l’arrivée du père Morin (Romain Duris), aussi jeune que séduisant, éloquent que confiant. Forcément, toute la gente féminine est conquise, ou presque. Barny (Marine Vacth), profondément nihiliste, voit ce « nouveau héros » d’un mauvais œil. La rencontre avec ledit sauveur sera un tournant, tant la païenne provoque l’abbé avec délectation. Cette libre adaptation de Léon Morin, Prêtre (prix Goncourt 1952) est portée par un duo magnétique. A-t-il goûté au fruit défendu ? Il ne tient qu’à vous de communier dans une salle obscure pour le découvrir. Mélissa Chevreuil De Nicolas Boukhrief, avec Romain Duris, Marine Vacth, Anne Le Ny… Sortie le 08.03


La séance est ouverte People, tapis rouge et champagne ? Tel est le cadre habituel d’un festival de cinéma. à Valenciennes, l’ambiance est différente. Ici, on privilégie les rencontres, la découverte, le débat... et on ne se contente pas de projeter des films. Bref, on n’a pas de plages, mais on a des idées. Intéressons-nous d’abord à l’affiche. Celle-ci a été réalisée par Laurent Lufroy, un pape du genre, qui a signé celles de Nikita, Le Fabuleux destin d’Amélie Poulain ou Irréversible. L’artiste se voit d’ailleurs consacrer une belle exposition. Oui, le Festival 2 Valenciennes met en lumière les métiers de l’ombre du cinéma. Dans cet esprit, les démonstrations du maître d’armes et cascadeur Michel Carliez s’annoncent captivantes. Celui-ci fut notamment la doublure de Depardieu dans Cyrano de Bergerac, travailla sur Fanfan la Tulipe et Le Bossu. Citons aussi la venue de Serge Bromberg, expert dans l’art délicat de la restauration de films. On lui doit la sauvegarde de chefs-d’œuvre de Keaton, Chaplin ou Méliès (la résurrection du Voyage dans la lune, c’est lui). Et les bobines dans tout ça ? Au même titre que les invités, tels Patrice Leconte, BHL ou François Berléand, on goûte une sélection de films d’auteurs (inédits) mais accessibles, comme Sage femme de Martin Provost, projeté en ouverture et réunissant deux Catherine emblématiques : Frot et Deneuve. Enfin, n’oublions pas que ce festival est réputé pour sa sélection de documentaires, qu’on retrouve souvent aux Césars, voire aux Oscars. Valenciennes – 13 > 19.03, Gaumont, Place d’Armes, 6 > 4 € Alors ouvrez l’œil. Julien Damien (soirées d’ouverture et de clôture : 8 €), 10 séances : 50 €, animations gratuites, www.festival2valenciennes.com

Sage Femme © Michaël Crotto

Festival 2 Valenciennes




Exposition – Reportage 77

Bébé au musée Prière de toucher

Texte & Photo Marie Tranchant

Il n’y a pas d’âge pour s’initier à l’art. Un dimanche matin sur deux, le Louvre-Lens propose des visites pour les bébés de 9 à 24 mois, par groupe de cinq. Une première approche ludique d’une œuvre ancienne ou contemporaine à partager avec parents ou grands-parents. En route pour une visite au musée en famille plus décontractée. Pour Soufiane et Elodie, originaires de Douai, c’est la troisième visite "Bébé au musée" avec leur fils, Adam, 21 mois. « On a envie de l’initier à l’art, de cultiver sa curiosité », explique le papa. Cette fois, c’est face à un grand miroir plié, au cœur de l’exposition temporaire Miroirs, que s’installe la famille. La création de François Morellet permet bien des mises en scène pour Loraine Vilain, la médiatrice qui anime la visite du jour. Au Louvre-Lens, les petits de 9 à 24 mois découvrent une œuvre pendant une demi-heure, de façon très ludique. « On fait appel aux cinq sens, avec des choses à toucher, des chansons, on les fait bouger, il faut capter leur regard et leur attention », détaille Loraine. Mise en place en 2014, l’opération fonctionne si bien que les visites affichent complet longtemps à l’avance. « Au musée, avec des enfants en bas âge, on a parfois peur de déranger explique Juliette Guépratte, chef du service des publics. Mais les œuvres s’adressent à tout le monde ».


Les interventions sont préparées en partenariat avec une crèche. Venus pour la première fois avec leur fille Alix, 15 mois, Dominique et Ingrid, de Biache-SaintVaast, ont adoré : « elle était réceptive, on ne savait pas comment elle réagirait, intéresser les petits bouts n’est pas toujours facile… ». Mais Loraine Vilain a l’habitude. Pendant la séance elle sort d’un carton une bouteille d’eau, un rond de métal, un morceau de verre et enfin un miroir. Autant d’objets qui réfléchissent l’image des bébés qui se regardent, font coucou, se déguisent avec un chapeau, un masque. Entre deux, la médiatrice chante une comptine. « Ce n’est plus Augustin, c’est Arlequin ! », s’amuse-t-elle pour faire sourire le garçon de 2 ans. Pari gagné Au fur et à mesure, la petite troupe se met en route. Les bambins se lèvent, marchent sur le miroir, jouent avec leur reflet. La pièce de François Morellet est un carré plié, alors on joue aussi avec les formes. Les enfants reçoivent leur propre carré de papier de couleur, puis un origami, et repartent avec le précieux souvenir. « C’est un début, on reviendra, promettent Didier et MarieChristine, les grands-parents d’Augustin. On avait décidé de ne pas offrir de jouets à Noël mais de s’inscrire à des activités avec notre petit-fils ». Alix, Adam et Augustin ont sans doute Louvre-Lens – un dimanche sur deux (hors vacances scolaires), prochaine visite découvert leur première œuvre d’art le 12.03 : 10 h 30, 11 h 30, 1,50 / 0,50 €, contemporain, mais pas la dernière. résa indispensable : + 33 (0)3 21 18 62 62,

en famille

www.louvrelens.fr



Exposition – Sélection 80

Joana Vasconcelos Sacrément gonflée

Texte Julien Damien Photo Material Girl © Photo A. Greuzat 2016 / Courtesy Joana Vasconcelos et Patinoire Royale de Bruxelles

Joana Vasconcelos fut révélée en 2012 lors d’une exposition au Château de Versailles. On découvrait alors ses "walkyries", gigantesques sculptures rondes et chamarrées. C’est cette œuvre baroque que célèbre la Patinoire Royale de Bruxelles, à l’occasion d’une rétrospective inédite en Belgique. L’énorme pieuvre suspendue qui accueille le visiteur résume bien le travail de Joana Vasconcelos. Baptisée Material Girl, cette sculpture rose de 25 mètres de long appelle tous les superlatifs : monumentale, ultra-colorée, délirante… Dans son atelier lisboète, où s’échinent plus de 50 personnes, l’artiste donne vie à de grosses structures gonflables

qu’elle habille de textiles et parures hétéroclites : broderies, crochets en laine, soieries et velours enrichis de paillettes, fleurs ou perles. 19 des 35 pièces présentées à La Patinoire Royale ont été créées pour l’exposition. Dans cette galerie de 3 000 m2, en sus de ces monstres tentaculaires, on admire des œuvres de taille plus modeste,


telles ces céramiques représentant d’inquiétants animaux (crapauds, guêpes ou serpents) mais vêtus d’un délicat manteau de dentelle.

riaux traditionnellement dévolus au

Féminité Au-delà de leur caractère spectaculaire, les créations de la Portugaise sont surtout empreintes de féminisme. Comme Annette Messager ou Louise Bourgeois, Joana Vasconcelos sublime des maté-

relégués dans les cuisines, explique

sexe dit faible. « Elle est issue d’un pays méditerranéen assez machiste, où la femme et ses aiguilles sont souvent Constantin Chariot, le directeur de la galerie. Elle se saisit ainsi de ces travaux jugés mineurs pour les élever au rang de grand art ». Propulsant la féminité sur un piédestal exubérant.

Joana Vasconcelos - De fil(s) en aiguille(s) Bruxelles – jusqu’au 25.03, La Patinoire Royale, mar > sam : 11 h > 13 h, 14 h > 19 h, gratuit, www.lapatinoireroyale.com


De l’autre côté du miroir L’institut du monde arabe a soufflé sa trentième bougie ! Tout un symbole pour cette organisation œuvrant au dialogue interculturel et à la réhabilitation d’un patrimoine qu’on appelait jadis "l’Orient". Signe de sa vitalité, l’organisme a élevé une antenne en région à Tourcoing en 2012. Focus sur un projet en constante évolution. Récemment émancipé de son grand frère parisien, l’IMA de Tourcoing a fait peau neuve en novembre en s’installant dans l’ancienne école de natation. Symbole de l’histoire industrielle locale, l’édifice s’étend sur plus de 3 000 m2. Une surface qui ne sera pas de trop au regard des missions de l’établissement. à travers sa programmation culturelle (cinéma, concerts, théâtre) ou pédagogique (cours de langues), l’objectif est de « combattre les clichés associés au monde arabe en rappelant sa multiplicité, à mille lieux de l’image monolithique d’un certain rigorisme religieux » selon Eric Delpont, directeur de l’IMA à Paris. Une idée qui traverse l’exposition visible actuellement, Le Monde arabe dans le miroir des arts. Celle-ci réunit des productions contemporaines du Proche et Moyen-Orient issues du fonds culturel de l’institut ainsi que des objets d’art traditionnel prêtés par le Louvre. Ces créations dialoguent avec des œuvres occidentales, dont les célèbres Femmes d’Alger de Delacroix. Dans cet espace, ce sont deux visions artistiques qui cohabitent, entre figuration Le Monde arabe dans le miroir des arts réaliste du monde en Occident et représenTourcoing – jusqu’au 31.12, mar : tation plus poétique, idéalisée, chez son 13 h > 18 h, mer > dim : 10 h > 18 h 3 > 2 €, ima-tourcoing.fr alter-ego oriental. Hugo Guyon

Poupées, égypte, vii-ixe s. Os sculpté et gravé. Musée du Louvre © Simon Castel, IMA-Tourcoing

institut du monde arabe




Exposition – Sélection 85

Michel Nedjar à l’état brut

Texte Madeleine Bourgois Photo Sans titre, 1993. Acrylique et cire sur papier; 119,7 x 80 cm. Coll. de l’artiste. Photo : N. Dewitte / LaM. © M. Nedjar, 2016

Le LaM consacre sa nouvelle exposition à Michel Nedjar. Les habitués du musée villeneuvois connaissent surtout ses troublantes poupées. Mais cette passionnante Introspective met en lumière un artiste protéiforme, en perpétuel renouvellement. Visite guidée. à quelques jours de l’ouverture d’Introspective, Michel Nedjar remonte le temps dans les salles du LaM. Il revient sur un parcours de plus de cinquante ans, non seulement avec ses poupées, mais aussi des dessins, des films… « C’est très intime, explique-t-il. Mais je ne peux pas exclure les gens que j’ai rencontrés, les souvenirs ou la sexualité, de mon travail. Tout est lié ». Cette foisonnante exposition puise avant tout dans la collection du LaM, qui possède près de 300 pièces de l’artiste sur les 350 ici dévoilées. Pour le reste, il a fallu fouiller dans la production prolifique de son atelier. D’autant que Michel Nedjar est un obsessionnel, spécialiste de l’accumulation. Une passion pour la récup’ que ce fils de tailleur tient de sa grand-mère, chiffonnière aux puces.

Sans titre, 1977-78. Tissus et teinture ; 59 x 36 x 11 cm. Photo : La Fabuloserie, Dicy © Michel Nedjar, 2016

Evénement fondateur Pour guider les visiteurs dans cette immersion, les deux commissaires ont opté pour une présentation chrono-thématique. Chacune des six salles correspond à une période de la vie du plasticien, un atelier. En écho aux œuvres sont projetés des films expérimentaux réalisés par Nedjar lui-même. ☞


Gestuel, 1978. Photographie noir et blanc issue du film éponyme. Archives Michel Nedjar, LaM, Villeneuve d’Ascq. © Michel Nedjar, 2016

Les thèmes qui le poursuivront sont tous déjà présents dans la première section. On est accueilli par un tableau peint alors qu’il était adolescent, après le choc du visionnage de Nuit et Brouillard, d’Alain Resnais. Près de soixante ans plus tard, la Shoah hante encore son travail, à l’instar de ce reliquaire cousu qui contient des cailloux ramassés à Auschwitz. Création spontanée En face de cette œuvre de jeunesse, on croise une première poupée. Elle a suivi Nedjar dans tous ses déménagements et renferme, à elle seule, plusieurs traits caractéristiques de son art : l’objet trouvé, voire abîmé, la figure du double (elle est bicéphale), le rapport à la matière et la fascination pour cette figurine, bien sûr, que Nedjar qualifie "d’idole". Dans la salle suivante ont pris place les fameuses "chairdâmes", une multitude de personnages en tissu, évoquant tantôt des momies tantôt des grigris. Non loin, les bas-reliefs en papier mâché rappellent la culture maya. L’homme est un grand voyageur, très influencé par le primitivisme et le spiritisme. Comment travaille-t-il ? à l’impulsion. Une poupée naît en moins d’une journée : « il ne faut pas que ça traîne. » Plumes d’oreiller, morceaux de bois, un coup de fer à repasser Michel Nedjar, Introspective sur le dessin pour qu’il sèche plus vite. Oui, Villeneuve d’Ascq – jusqu’au 04.06, LaM, tout est bon pour créer. Et c’est plus fort mar > dim : 10 h > 18 h, 10 / 7 € / gratuit que lui. (-12 ans), www.musee-lam.fr


œuvres commentées (Sans titre) Présences par Jean-Michel Bouhours, co-commissaire de l’exposition.

« Voici l’une des toiles de la série Présences, que Michel a peintes avec les doigts, à la cire. Grâce à la lumière du fond, cette silhouette légèrement en plongée s’offre comme une ombre, une présence archaïque lointaine. Dans son œuvre, Michel Nedjar joue beaucoup avec les inversions, notamment le rapport présence/absence. L’ombre traduit l’absence d’un corps ». Sans titre (Poupée de voyage, Chine), mars 1997. Technique mixte; 30 x 11,5 x 5,5 cm. LaM, Villeneuve d’Ascq. Photo : M. Bourguet. © Michel Nedjar, 2017

Poupées de voyage par Corinne Barbant, co-commissaire de l’exposition.

Sans titre, septembre 1994. Acrylique et cire sur papier; 105 x 75 cm. Collection de l’artiste. Photo : N. Dewitte / LaM. © Michel Nedjar, 2017

« Les poupées de voyage, que Michel Nedjar a léguées au LaM, sont présentées pour la première fois ensemble. On en recense 172. L’artiste a fabriqué la première sur l’île de Pâques, avec un morceau de bois et de tissu. Puis, au fil des voyages, il en a conçu d’autres avec des objets trouvés à terre. Ces poupées symbolisent l’image d’une ville, et composent un voyage intérieur. Pour Michel Nedjar, garder trace de tout est une manière de conjurer la perte ».



Exposition – Sélection 89

Gipi

Hors des cases

Texte Thibaut Allemand Photo Gipi © Daniel Fouss / CBBD

Révélé dans nos contrées avec Notes pour une histoire de guerre (2005), Gipi est l’une des figures majeures de la bande dessinée transalpine. Introspectives et aventureuses, ses planches refusent de s’enfermer dans une case. L’exposition que lui consacre le CBBD témoigne d’ailleurs d’un éternel insatisfait, en recherche perpétuelle du fond, comme de la forme. Les yeux tournés vers les États-Unis, le Japon ou notre bonne vieille tradition franco-belge, on a tendance à oublier que l’Italie demeure également un territoire prolifique pour le neuvième art – et pas uniquement pour les Fumetti*. À 53 ans, Gipi (Gian Alfonso Pacinotti pour l’état civil, son pseudonyme étant ses initiales en phonétique) conjugue succès public et critique. Il ne compte plus les récompenses. Et ce, avec une œuvre pas facile de prime abord. Intimisme On évoque en effet un homme qui, marqué par les comics et les Fumetti de son enfance, s’en est détaché pour raconter le réel. En le sublimant, évidemment. En explosant les codes au sein d’un même album (noir et blanc ou couleur, aquarelle ou trait fin) en jouant avec les phylactères, en appuyant la dichotomie entre les récitatifs et le dessin. Ces jeux avec la narration (et le lecteur) sont finement mis en perspective dans ce parcours : à côté des dizaines de dessins exposés (de nature et de formats variés : planches originales, dessins d’étude, croquis…), des cartels, signés du commissaire JC De la Royère, affichent le pitch de chaque album, accompagné d’un mot, d’une impression de l’auteur. Toujours lucide, parfois sévère avec lui-même, Gipi éclaire (un peu) sa démarche, résumée par le joli titre de l’accrochage : la force de l’émotion. * Désignation italienne des bandes dessinées. Signifie « petites fumées », en référence à l’aspect des bulles servant à faire parler les personnages. Gipi ou la force de l’émotion Bruxelles – jusqu’au 03.09, CBBD, tous les jours : 10 h > 18 h, 10 > 3,50 € (-12 ans), www.cbbd.be


Nature et découverte Derrière son titre en forme d’oxymore, la nouvelle exposition du Fresnoy propose une promenade bouleversant les sens. Elle dévoile les œuvres d’artistes jouant habilement avec les techniques scientifiques pour magnifier les métamorphoses de la Nature. Dépaysement garanti. L’art et la science, un mariage impossible ? Pas forcément, comme en témoignent les quatre artistes conviés au Fresnoy. « Ils utilisent des pratiques scientifiques pour nous révéler des phénomènes physiques invisibles », selon la commissaire, Pascale Pronnier. Ainsi d’Hicham Berrada. Le Franco-Marocain mélange dans de petits aquariums divers produits chimiques, « comme un peintre use de son pinceau ». De ces expérimentations surgissent des paysages oniriques aux couleurs et formes fascinantes, vidéo-projetés sur de grands écrans courbés. Plus loin, la Belge Edith Dekyndt nous invite à une balade où le maître-mot demeure "synesthésie". Le Fresnoy frémit ici au rythme de L’ennemi du peintre. Cette installation sonore, visuelle et olfactive emprunte son nom à une fleur réputée inimitable. Elle restitue le dialogue qu’entretiennent ces plantes via des enregistrements sonores produits par un thérémine, tandis que des lys embaument les lieux. Dans un même esprit, les Américains Melissa Dubbin et Aaron S. Davidson « matérialisent l’immatériel », en sculptant par exemple le son ou en capturant le temps. Leurs œuvres réalisées à partir de fossiles dénichés dans le bassin lensois modèlent en images et sons une mémoire cachée là, juste Tourcoing – 04.03 > 07.05, Le Fresnoy, mer, jeu, dim : sous nos pieds... Julien Damien 14 h > 19 h, ven : 14 h > 20 h, 4 / 3 € / gratuit (-18 ans), www.lefresnoy.net

Céleste - Photographies 2014 © Hicham Berrada

Poétique des sciences



Antoni Pitxot, Ciel d’automne au cyprès, 1972 © DR

Exposition – Sélection 92

Dali - Pitxot Certains illustres amis peuvent vous faire de l’ombre. Le peintre Antoni Pitxot, proche de Salvador Dali, en sait quelque chose ! Liés par leurs familles, les deux artistes se vouaient un respect mutuel. Au point que le maître du surréalisme invita son cadet à concevoir les plans du musée de Figueres. C’est cette relation personnelle et artistique qui est ici mise en lumière. Outre les créations des deux Catalans (dont trois huiles sur toile de Dali), on découvre leurs sources d’inspiration communes. Point d’orgue de la visite : cette galerie de portraits des deux hommes, dont ceux de Pitxot, dévoilant des visions anthropomorphiques, inspirées des côtes de Cadaquès, sa ville natale. H.G.

à poils et à plumes L’Odyssée des animaux se prolonge de belle manière au Musée de Flandre. Après avoir observé la faune dans la peinture flamande du xviie siècle, ce deuxième volet explore le vivant via la création contemporaine belge. Ainsi, Jan Fabre, Wim Delvoye ou Marie-Jo Lafontaine composent une étrange Arche de Noé. La bête est tantôt le sujet, tantôt le support, fournissant des matières incongrues : carapaces de tortue, élytres de scarabée… H.G. Cassel – 04.03 > 09.07, Musée de Flandre, mar > sam : 10 h > 12 h 30 / 14 h > 18 h, dim : 10 h > 18 h, 6 > 4 € / gratuit (-18 ans), museedeflandre.lenord.fr

Koen Vanmechelen , Mechelse Bresse (He, KV), 2002, Os et plumes Cassel, musée départemental de Flandre © Jacques Quecq d’Henripret

Tournai – jusqu’au 16.04, Musée des beaux-arts de Tournai, tlj sauf mar et dim matin : 9 h 30 > 12 h / 14 h > 17 h (à partir du 01.04 : 17 h 30), 10 > 5 €, www.tournai.be



Exposition – Sélection 94

Steve Lazarides, l’ex-agent de Banksy, dévoile 80 œuvres du plus célèbre des inconnus. On retrouve cet esprit sarcastique constituant sa marque de fabrique, entre jeux de mots et détournements d’images. Ici, un émeutier balance un bouquet de fleurs en guise de cocktail Molotov. Là, des femmes pleurent la fin des soldes comme la perte d’un enfant... On découvre, aussi, un pan plus méconnu de son travail. Notamment des sculptures, ou cette huile sur toile représentant une madone tenant un bébé ceinturé d’explosifs. Anvers – Jusqu’au 19.03, Shopping Stadsfeestzaal, tlj : 11 h > 19 h, 19,50 > 8,50 € (-16 ans) / gratuit (-6 ans), theartofbanksy.be

SABENA - Voyager glamour

L’art de la couverture

SABENA, un acronyme qui réveillera des souvenirs chez certains mais qui ne dira rien aux plus jeunes. Pourtant, il fut un temps où la compagnie aérienne était le joyau d’une Belgique rayonnant à travers le monde. L’Atomium dévoile à travers des modèles réduits, costumes ou affiches vintage, l’histoire de cette pionnière chic de l’aviation, des débuts jusqu’à sa faillite brutale en 2001. Un vol direct pour une aventure humaine de 78 ans. Parés au décollage !

Que l’on ait lu ou non ces albums, on a tous à l’esprit l’image d’On a marché sur la Lune, signée Hergé, ou de La Marque jaune, par Edgar P. Jacobs. Ni chronologique ni exhaustif (tâche impossible), l’accrochage se penche sur les étapes de la conception d’une couverture, du premier jet à l’achèvement, en passant par la composition, le choix des couleurs… Enrichi de vidéos très instructives, il réunit des dizaines de moyens et grands formats qui ont marqué l’histoire de la BD.

Bruxelles – jusqu’au 10.09, Atomium, tlj : 10 h > 18 h, 12 > 4,50 € / gratuit (-5 ans), atomium.be

Bruxelles – jusqu’au 28.05, CBBD, tlj : 10 h > 18 h, 10 > 3,50 €, www.cbbd.be

Pierre et Gilles. Clair-obscur Le travail de Pierre et Gilles est bien connu. Leurs photographies peintes télescopent culture populaire (cinéma, BD…) et références tous azimuts, à la mythologie, aux religions ou aux contes. Elles magnifient des inconnus ou humanisent les stars de ce monde. à l’occasion des 40 ans de leur duo, cette rétrospective révèle une centaine de leurs œuvres, des années 1970 à nos jours, à travers un parcours thématique riche en surprises. Bruxelles – jusqu’au 14.05, Musée d’Ixelles, mar > dim : 9 h 30 > 17 h, 8 / 5 € / gratuit (-18 ans), www.museedixelles.irisnet.be

Laugh Now © Banksy / Steve Lazarides

The Art of Banksy



Exposition – Sélection 96

Poison

© IRSNB - Thierry Hubin

Des mygales velues, des serpents de toutes les couleurs, des grenouilles qu’il ne vaut mieux pas embrasser… Répartie dans 24 terrariums derrière des vitres blindées (!), une centaine de bestioles bien vivantes et venimeuses révèle toutes les facettes du poison. Si certaines peuvent nous liquider en moins de deux, d’autres nous sauveraient la vie. La toxine de ce mocassin à tête cuivrée (une vipère) aurait ainsi le pouvoir d’enrayer le cancer. Moche, mais sympa. Bruxelles – jusqu’au 03.09, Muséum des sciences naturelles, mar >  ven : 9 h 30 > 17 h, sam & dim : 10 h > 18 h, 9,50 > 4,50 € / gratuit (-6 ans), www.naturalsciences.be

en famille

Mode in Taïwan

Jeanloup Sieff

Il aura fallu attendre 2017 pour qu’un musée français s’intéresse aux couturiers taïwanais. On découvre ici le tricot virtuose d’Apujan, les silhouettes toutes en excroissances de Shao-Yen Chen ou l’exubérante « wishing dress » de Mei-Hui Liu. Dans un espace clairobscur jalonné de vitrines sans vitres prennent place près de 75 pièces. Point d’orgue du parcours : trois créations avec de la dentelle de CalaisCaudry.

On s’est tous arrêtés devant une photographie de Jeanloup Sieff. Ses tirages en noir et blanc de mode, de nus féminins ou ses portraits des icônes du siècle passé ont marqué notre histoire moderne. Citons ce cliché d’Yves Saint Laurent nu et assis en tailleur, celui d’un Coluche songeur ou encore de Serge Gainsbourg et Jane Birkin tendrement enlacés. Disposés chronologiquement, près de 180 de ses clichés dévoilent une œuvre foisonnante.

Calais – jusqu’au 23.04, Cité de la dentelle et de la mode, tlj sauf mardi : 10 h > 17 h (10 h > 18 h à partir du 01.04), 4 / 3 € / gratuit (-5 ans), www.cite-dentelle.fr

Charleroi – jusqu’au 07.05, Musée de la Photographie, mar > dim : 10 h > 18 h, 7 > 2 € / gratuit (-12 ans), www.museephoto.be

Les Objets domestiquent Le FRAC Nord-Pas de Calais inaugure trois nouvelles expositions confrontant l’art contemporain à d’autres champs. Celle-ci met en lumière les liens entre l’art et le design. De la composition de mobilier de Dejanov et Heger (Plenty Objects of Desire) à l’armoire sans fond détournée par Maurizio Cattelan (Sans titre), les pièces sélectionnées questionnent aussi notre rapport d’attraction / répulsion aux objets du quotidien. Dunkerque – jusqu’au 27.08, FRAC, mer >  ven : 14 h > 18 h, sam & dim : 11 h > 19 h, 3 / 2 € / gratuit (-18 ans), www.fracnpdc.fr



Exposition – Sélection 98

Comment représenter l’heure ? Un sujet simple qui n’en est pas moins intrigant. Cette exposition a été conçue par le MUDAC de Lausanne, ville réputée pour son horlogerie. En faisant dialoguer leurs œuvres avec des objets du xvie siècle à nos jours, les artistes et designers rivalisent d’inventivité pour détourner les traditions, telle cette pendule qui tricote les minutes au fil du temps. Une manière élégante (et pratique) de sortir du cadran. Hornu – jusqu’au 30.04, CID, mar > dim : 10 h > 18 h, 8 > 2 € / gratuit (-6 ans), www.cid-grand-hornu.be

LaToya Ruby Frazier et Lewis Baltz LaToya Ruby Frazier a grandi à Braddock, cité sidérurgique des états-Unis. Ses photos témoignent de l’impact de la désindustrialisation sur les hommes. Lors de sa résidence au MAC’s, elle s’est aussi penchée sur le Borinage en rencontrant d’anciens mineurs, dessinant à travers ces deux œuvres une histoire universelle. En parallèle, on découvre les clichés de Lewis Baltz, disparu il y a deux ans, et en particulier ses Sites of Technology, série dénonçant le revers d’une société technoscientifique.

Miroirs Révélateur ou trompeur, le miroir demeure un objet familier de l’histoire de l’art. Une trentaine d’œuvres issues de l’Antiquité à nos jours en révèlent ici les multiples facettes. Il reste bien sûr l’accessoire de beauté, comme le montre cette eau forte de Marcel Gromaire, mais est aussi synonyme de vérité et surtout d’illusion : citons le facétieux Markus Raetz, dont les glaces font apparaître une image différente de l’objet reflété ! à réfléchir… Lens – jusqu’au 18.09, Louvre, tous les jours sauf mardi : 10 h > 18 h, gratuit, www.louvrelens.fr

Hornu – 19.02 > 21.05, Mac’s, mar > dim : 10 h > 18 h, 8 > 2 € / gratuit (-6 ans), www.mac-s.be

Speedy Graphito, un art de vivre Le Musée du Touquet-Paris-Plage consacre une grande rétrospective à un pionnier du street-art français. Speedy Graphito s’est fait connaître dès les années 1980 avec ses graffs détournant la culture populaire. Celui qui se définit comme un « DJ des arts plastiques », jonglant avec la photo, la peinture, la sculpture, invente un monde où Picsou tague tandis que Blanche-Neige croque la pomme d’Apple. Ses œuvres interrogent notre mémoire collective, l’histoire de l’art ou le consumérisme. Le Touquet – jusqu’au 21.05, tlj sf mardi : 14 h > 18 h, 3,50 / 2 € / gratuit (-18 ans), letouquet-musee.com

en famille

The Sasa Clock © Matthew Booth

L’éloge de l’heure



Vimala Pons & Tsirihaka Harrivel Passage en revue Propos recueillis par Julien Damien Photo GRANDE - © Tout Ça / Que Ça


Théâtre & danse – Rencontre 101

On croyait bien connaître Vimala Pons, nouvelle égérie du cinéma d’auteur français. à seulement 31 ans, elle a déjà joué avec Alain Resnais, Jacques Rivette, Paul Verhoeven, Benoît Jacquot… Pour autant, celle qui crève l’écran dans La Loi de la jungle d’Antonin Peretjatko n’est pas qu’une actrice. Formée à l’école du cirque, elle brille aussi sur les planches en compagnie de son éternel complice, Tsirihaka Harrivel. Les voici dans GRANDE - où ils enchaînent les prouesses physiques, entre numéro de strip-tease acrobatique et lancer de couteaux, jouent des hymnes et des marches en direct dans un spectacle ovni « à compléter soi-même ». Comment ce spectacle est-il né ? Vimala : Tout a débuté au CNAC à Châlons-en-Champagne en travaillant sur la possibilité de parler dans un spectacle de cirque, en 2004. Notre projet s’est précisé lorsqu’on a joué de la musique ensemble, en 2011. Tsirihaka : Oui, on s’est penchés sur la musique de cirque, lequel a été inventé par un militaire, Philip Astley (1742-1814). Les premiers instruments utilisés renvoyaient au champ de bataille : le tambour, la cornemuse… Le cirque a ainsi créé beaucoup de marches et d’hymnes. On en a donc imaginé d’autres, comme « Bon, alors quoi ? » que l’on joue en direct, traduisant des doutes plutôt que des actes héroïques. L’autre inspiration de GRANDE -, c’est le music-hall, celui des débuts, très différent de celui qu’on a en tête, avec les danseuses…

Qu’a-t-il de si particulier ? Tsirihaka : Il était très proche du cirque, avec des numéros où des types se promènent avec 300 assiettes sur la tête, où des "monologuistes" apprennent un bottin par cœur… C’est un art précurseur, moins héroïque que le cirque, en rapport avec des choses du quotidien.

« On a repris au music-hall le principe de la revue d’actualités » Que verra-t-on sur scène ? Tsirihaka : On a repris au music-hall le principe de la revue d’actualités, qui était présentée par deux personnes : le compère et la commère.


© Sidonie Pontanier Vimala Pons dans La Loi de la jungle d’Antonin Peretjatko (juin 2016).

Il s’agit de redonner aux actes tout leur sens. à travers des rébus visuels, on fait tout ce qu’on dit et dit tout ce qu’on fait, le spectacle est très littéral. Moi, je m’accroche à des objets. Vimala en porte. On pose donc la question : que signifie porter ou s’accrocher à quelque-chose dans la vie ? Cela peut-être l’amour ou un jean.

cirque. Celui-ci rassemble tous les arts, il permet d’inventer en permanence, d’être en situation de transit, illégitime un peu partout.

Quelle spécialité affichez-vous ici Vimala ? Porter des objets sur ma tête, en équilibre. C’est une chose que j’ai besoin de faire dans la vie. Je me sens aussi proche des monologuistes, du music-hall tel qu’il était pratiqué autrefois.

Pourquoi avez-vous eu aussi envie d’être actrice ? à la suite de cette même insatisfaction. J’écrivais des scénarios seule tandis que je suivais des cours en fac d’histoire de l’art. Pour affiner des dialogues je me suis inscrite à un cours de théâtre et j’ai commencé à jouer. Ce travail d’écriture n’a pas abouti. Mais il est important pour moi de naviguer entre les deux registres : être acteur c’est répondre à un désir et écrire c’est en créer.

D’où vient d’ailleurs votre goût pour le cirque ? J’ai toujours voulu écrire. Mais, ne parvenant pas à réaliser un film, écrire un livre ou une pièce, je me suis naturellement dirigée vers le

Généralement, qu’est-ce qui guide vos choix au cinéma ? Je regarde d’abord la façon dont sera réalisé le film. Un dispositif de tournage original retiendra mon attention. Par exemple : placer la


Théâtre & danse – Rencontre 103 caméra à hauteur d’enfant, n’exécuter qu’une prise, filmer en 21 images par seconde au lieu de 24… Ce genre de défis m’excite vachement ! Depuis que le cinéma existe, il n’a été qu’à de rares occasions remis en question. Avez-vous l’impression de faire partie d’une nouvelle vague du cinéma français ? J’ai eu ce sentiment lors de la sortie de La fille du 14 juillet (2013). Le fait de tourner des films avec presque "rien" semblait favoriser l’émergence d’une nouvelle Nouvelle Vague mais je n’en suis plus si sûre. Heureusement, il existe toujours des auteurs qui défient les lois du marché et créent des œuvres singulières.

Qu’en est-il du second film ? Les Garçons sauvages a été réalisé par Bertrand Mandico sur l’île de la Réunion. Il met en scène des ados violents au début du xxe siècle. Je joue le rôle du leader de la bande. Ceux-ci sont envoyés en redressement sur un bateau duquel ils s’échappent et échouent sur une île où ils vont se transformer en filles… On se situe entre David Lynch et Pinocchio. C’est d’une grande maîtrise technique. En découvrant ces images on se dit que cela fait longtemps qu’on n’a pas vu de cinéma.

« Le cirque rassemble tous les arts, il permet d’inventer en permanence » Quels sont vos projets au cinéma ? Je joue dans deux films dont on compose pour l’un la musique avec Tsirihaka : Allons enfants de Stéphane Demoustier. Il raconte le périple d’une fillette perdue dans Paris. On a tourné en sauvage. La caméra se situe du point de vue de l’enfant. Elle rencontre des adultes et leur pose des questions innocentes, toutes simples, philosophiques…

Grande Lille – 15 & 16.03, Théâtre du Nord, 20 h 30, 17 > 5 €, www.leprato.fr Elles en rient encore Lille – 15.03 > 6.04, le Prato, le Théâtre du Nord, La Comédie de Bétune, 17 > 5 € par spectacle (abonnés théâtre du Nord: 13 €) Programme : Nyctalope de Law Cailleretz et Camille Guenebeaud (15 & 16.03) // Diktat de Sandrine Juglair (20 & 21.03) // VIVIX : Ovaires et contre tous ? de Sylvie Bernard (21, 22 & 23.03) // À mes amours d’Adèle Zouane (28.03)


à Nos Fantômes © Nèle Deflandre

Théâtre & danse – Sélection 104


La piste aux espoirs

Quel(s) cirque(s) !

C’est en accueillant le chapiteau d’Annie Fratellini, en 1987, que Tournai s’est prise de passion pour le cirque. Mais que d’évolution entre le concours pour amateurs créé il y a près de 30 ans, et le rendez-vous reconnu internationalement qu’est devenu La piste aux espoirs ! Constance Paris, la programmatrice, endosse son habit de Monsieur Loyal et nous présente cette 24e édition. Vitrine biennale offerte à de jeunes artistes, La piste aux espoirs « regroupe des spectacles coups de cœur couvrant l’ensemble des arts du cirque. Il y en a ainsi pour tous les publics », décrit la responsable. Cirque dans la rue ou sous chapiteau, voltige, jonglage et marionnettes… voilà un échantillon représentatif des six jours du festival. Et c’est souvent à la croisée des disciplines que l’on trouve les propositions les plus enthousiasmantes. Le duo des Menteuses (à nos fantômes) ajoute une bonne dose de références cinématographiques à son numéro sur corde lisse, celui de Mathieu ma fille foundation (Dad is dead) disserte sur l’identité sexuelle en multipliant les acrobaties sur un vélo. Et quand l’un des membres du Cirque Inextrémiste troque son fauteuil roulant pour prendre les commandes d’un tractopelle (Extension), il nous laisse carrément sans voix. Révéler des talents Outre une ambiance conviviale « propre à la Belgique », le festival mise sur un soutien aux futurs professionnels. « Ça leur permet de se faire repérer » et de créer des collaborations durables. Programmés dans La Piste aux espoirs en 2007, comme élèves de l’école supérieure des arts du cirque de Bruxelles, les quatre acrobates de Carré curieux y fêtent cette année leur 10 ans avec un panaché de leurs différents spectacles. Allez hop, en piste ! Marine Durand

en famille

Tournai – 07 > 12.03, divers lieux, divers horaires. 18 > 8 € / gratuit, www.lapisteauxespoirs.com

Programme : Tutti (École sup. des arts du cirque de Bruxelles) (07 & 08.03) // Forever, Happily… (Collectif Malunés) (08, 11 & 12.03) // Les idées grises (Cie Barks) (09.03) // Dad is dead (Mathieu ma fille foundation) (10.03) // Les Princesses (Cheptel Aleïkoum) (10 & 11.03) // All the fun (Ea Eo / Pol&Freddy) (10 & 12.03) // Premiers secours (Odile Pinson) (11.03) // Maiurta (Los Galindos), Belgitude à l’accent irlandais (Mômes circus), Flaque (Cie Defracto), À Nos Fantômes (Menteuses Cie), Extension (Cirque Inextrémiste) (11 & 12.03) // Dix bougies et un BBQ (Carré curieux), Chamôh ! (Cie Paris Bénares) (12.03)


Théâtre & danse – Sélection 106

Nous voir nous Miroir déformant

Texte Marine Durand Photo Thec

En 2008, Antoine Lemaire tirait le portrait d’une génération dépourvue d’idéaux dans Vivre sans but transcendant est devenu possible. Ce mal-être propre aux trentenaires, le jeune auteur Québécois Guillaume Corbeil l’a décrit à son tour dans Nous voir nous (2012), y ajoutant l’influence perverse des réseaux sociaux. Lemaire adapte ce texte, en créant une pièce mêlant théâtre et vidéo, à La Rose des Vents. « J’ai découvert Nous voir nous à Avignon il y a trois ans et j’ai été frappé par la justesse du propos, cette réflexion sur notre façon d’afficher notre intimité, raconte Antoine Lemaire. Il y a quelque chose de fascinant dans cet inventaire des dérapages possibles liés à l’utilisation de Facebook ». Place donc au grand spectacle de la vie telle qu’elle est mise en scène sur Internet. Sur un


plateau quasiment nu, cinq comédiens en ligne s’adressent au public et se renvoient la parole, exposant tour à tour fièrement ce qu’ils sont, aiment, lisent, connaissent, fantasment. D’abord bon enfant, l’énumération se mue peu à peu en compétition féroce, avant qu’un défilé de photos en fond de scène ne prenne le relais de la narration. Le règne de l’image Habitué à manier les outils multimédia dans ses œuvres, le metteur en scène a concentré son travail sur cette accumulation d’images. Mises bout à bout et commentées par les protagonistes, elles décrivent une nuit de fête à l’issue incertaine. « Au fur et à mesure que l’on avance Villeneuve d’Ascq – 28.02 > 04.03, dans la soirée, la vidéo devient plus abstraite, La Rose des Vents, mar, mer & ven : envahissante, et finit par submerger les person20 h, jeu & sam : 19 h, 21 > 13 €, www.larose.fr nages », décrit Antoine Lemaire. Tout comme Jeumont – 14.03, Centre culturel l’abondance d’informations personnelles que André Malraux, 20 h, 12 / 9 €, www.lemanege.com l’on projette à la face du monde finit par subArras – 04 & 05.04, Théâtre, merger notre identité réelle. mar : 20 h 30, mer : 20 h, 22 > 9 €, www.tandem-arrasdouai.eu


Escroc mais pas trop Il y a un an, le Bateau Feu s’associait aux scènes nationales de Besançon, Compiègne et Quimper pour former le collectif "la co[opéra]tive". L’objectif ? Démocratiser l’art lyrique. Après Les Noces de Figaro, voici son adaptation de Gianni Schicchi, petit bijou d’opéra bouffe. De Puccini on connaît La Bohème, Madame Butterfly… pas forcément Gianni Schicchi. Cet opéra (en un acte) n’est certes pas le plus célèbre, mais pas le moins drôle. L’histoire ? Un riche Florentin vient de passer l’arme à gauche. Sa famille est éplorée, et inquiète : qu’en est-il de l’héritage ? Le vieil homme a légué tous ses biens à un monastère… Que faire ? Appeler Gianni Schicchi. Cette crapule prend alors la place du mort pour dicter au notaire un nouveau testament… en s’attribuant sa part ! On l’aura compris, il s’agit là d’une farce. Du genre grinçante. Pas si fréquent dans l’art lyrique. « C’est un peu du théâtre chanté, selon le metteur en scène, Benoît Lambert. Il n’y a pas de chœur, c’est très dialogué mais, musicalement, c’est magnifique ». Citons le célèbre O Mio Babbino Caro. Sur le plateau ? Une chambre, un lit et 11 solistes. L’œuvre est censée se dérouler au Moyen âge, mais le directeur du Théâtre Dijon-Bourgogne la rapproche de nous en empruntant au cinéma, à la comédie gothique, « aux films de Tim Burton, à La Famille Addams… ». L’autre particularité de cette version tient à la musique, soutenue ici par… un seul piano « On va Dunkerque – 07 & 08.03, Le Bateau feu, mar : 20 h, ainsi offrir de la place au jeu ». Et un mer : 19 h, 15 €, www.lebateaufeu.com opéra bouffe à la sauce piquante ! Compiègne – 26 & 27.04, Théâtre Impérial, 20 h 30, Julien Damien

39 > 22 €, www.theatre-imperial.com

© DR

Théâtre & danse – Sélection 108

Gianni Schicchi



Frédéric Ferrer


Théâtre & danse – Portrait 111

Anti-sceptique Texte Julien Damien Photo Frédéric Ferrer, Les Vikings… © Cyrille Cauvet

Agrégé de géographie, cet ancien prof a quitté l’Education nationale pour se consacrer au théâtre. Désormais acteur et metteur en scène, Frédéric Ferrer s’est rendu célèbre avec des conférences-spectacles sur le réchauffement climatique. Une « dramaturgie du PowerPoint » aussi drôle qu’engagée.

S

ur scène : un grand tableau blanc, une petite table et un rétroprojecteur. Au milieu déambule un type en chemise à l’air plutôt sérieux. Oui, ça ressemble à un cours magistral, mais ça n’en est pas un… « Avant de commencer cette conférence, on va résumer la précédente » annonce notre hôte, provoquant l’hilarité dans la salle. L’incongruité du titre aurait dû nous mettre la puce à l’oreille : Les Vikings et les satellites. Frédéric Ferrer convoque ici Erik Le Rouge, découvreur il y a un millénaire du Groenland : "la terre verte". « Problème : ce pays est blanc. Donc soit il a menti, soit il faisait plus chaud au Moyen âge…». Une démonstration digne des plus graves climato-sceptiques, mais subtilement tournée en dérision.

P’tits canards Depuis 2010, Frédéric Ferrer nous fait rire avec ses "cartographies", des conférences-spectacles où les raisonnements de cet étrange spécialiste glissent invariablement vers

Sunamik Pigialik ? © Christian Kempf

l’absurde. Cela a commencé avec à la recherche des canards perdus, divagation sur un sujet bien réel : en 2009, la Nasa a largué 90 palmipèdes en plastique au cœur du Groenland pour mesurer la fonte des glaces. Hélas, on ne les a jamais retrouvés… Du pain bénit pour ce fan des Shadoks, dont les exposés (improvisés !) s’appuient sur des enquêtes menées auprès de scientifiques. « Je suis vraiment aller chercher ces canards au Groenland », confirme-t-il. ☞


« De fait, mes performances mettent toujours en jeu une question sérieuse non résolue. Je propose simplement une réponse plus décalée ».

L’infini et au-delà Pour autant, il ne s’agit pas de se moquer des savants. « Cette folie du chercheur à vouloir tout comprendre, telle la vie d’un mollusque près d’un lac, me passionne… Pour moi, c’est de l’ordre de la poésie. J’adore ce décalage entre le dérisoire et les grandes causes ». Il aborde ainsi ces grands dérèglements du monde via deux projets distincts dans la forme. D’un côté L’Atlas de l’anthropocène et ses cartographies, de l’autre des pièces portées par des comédiens : Les Chroniques du réchauffement. Citons Kyoto Forever 1 et 2 ou Sunamik Pigialik ? (Que faire ? en inuit), son premier spectacle jeune public, questionnant le devenir de l’ours polaire. Une conviction

écologique qui n’empêche pas les pas de côté. Frédéric Ferrer crée actuellement avec le chorégraphe Simon Tanguy Allonger les toits, une relecture du journal de James Tilly Matthews, premier cas de schizophrénie étudié. « Une proposition hybride qui, je l’espère, sera drôle ». Soyons sérieux : peut-il en être autrement ? Les Vikings et les satellites Wambrechies – 12.03, Salle des Fêtes, 17 h, gratuit, www.wambrechies.fr Sunamik Pigialik ? en famille Armentières – 01.04, le Vivat, 17 h, 7 €, www.levivat.net Villeneuve d’Ascq – 04 & 05.04, La Rose des Vents, 19 h, 12 > 6 €, www.larose.fr Maubeuge – 07.04, Le Manège, 10 h & 14 h, 4 €, lemanege.com Allonger les toits Villeneuve d’Ascq – 28 & 29.03, La Rose des Vents (dans le cadre du festival Le Grand Bain, voir page 119), mar : 21 h, mer : 19 h, 21 > 13 €, www.larose.fr

à visiter : www.verticaldetour.fr Allonger les toits © Nathalie Sternalski



© Lou Hérion Bruxelles – 07 > 25.03, Théâtre Varia, 21 > 7 €, mar, jeu, ven & sam : 20 h 30, mer : 19 h 30, varia.be

Apocalypse bébé Virginie Despentes et la scène, c’est une affaire qui roule. Elle a récemment lu le Requiem des innocents de Calaferte, accompagnée d’un groupe de rock. On a aussi assisté à l’adaptation par Cécile Backès de son manifeste féministe, King Kong Théorie. Voici donc celle d’Apocalypse bébé, pour lequel elle reçut en 2010 le prix Renaudot. On y suit deux femmes détectives à la recherche d’une ado délurée en fugue. L’enquête nous emmène de Paris à Barcelone, de la bourgeoisie aux banlieues crasses. Plus qu’un simple polar, ce roadtrip radiographie une société rongée par la solitude, le machisme, la violence… Sur le plateau, sept comédiens incarnent les nombreux personnages du récit, alternant les parties dialoguées et les adresses au public. La mise en scène de Selma Alaoui découpe les 14 chapitres en séquences épurées. Les lieux et situations s’enchaînent en un levé de rideau, restituant le souffle post-punk propre au roman, relevé d’un soupçon d’humour. Noir, évidemment. J.D.



© Sonia Barcet

© Andrea Dainef

Black Clouds

Truckstop

Fabrice Murgia pousse toujours plus loin la réflexion sur les frontières. Dans sa nouvelle création, il s’intéresse à Internet. Des escroqueries orchestrées par les brouteurs, ces pirates du web ivoiriens qui séduisent des Occidentaux, à la fracture numérique Nord-Sud, voici une plongée drôle et poétique dans le deep web. Interprétée par quatre comédiens, nourrie de vidéos, voici une pièce onirique et, pourtant, terriblement réaliste. Mons – 17 & 18.03, Théâtre le Manège, 20 h, 15 > 9 €, surmars.be

Construit comme un polar dont le dénouement est d’emblée révélé, ce texte de Lot Vekemans nous invite dans un bar routier tenu par une mère et sa fille. Un jour, un camionneur désœuvré séduit la jeune femme, lui promettant un avenir loin du Truckstop, au grand désarroi de sa maternelle… Au matin du 16 juin, tout s’arrête brutalement. Mis en scène par Arnaud Meunier, cet huis clos aborde les questions sociales déchirant notre société mondialisée, laissant les plus faibles au bord de la route.

Anvers – 29 & 30.03, Het Toneelhuis, 20 h, 20 > 8 €, toneelhuis.be

Béthune – 14 > 17.03, La Comédie, 20 h, 20 > 6  €, www.comediedebethune.org

Le texte de Botho Strauss est un défi pour qui souhaiterait l’adapter, tant il déconstruit les codes théâtraux. L’essai est ici transformé par Alain Françon, entouré d’une distribution remarquable. Sur scène : une chambre. Des personnages s’y croisent, mais sans vraiment se rencontrer, se parler. Pourquoi ? Est-ce un lieu réel, fantasmé ? Le spectateur explore alors un endroit où le temps et l’espace ne semblent plus liés. Lille – 01 > 12.03, Théâtre du Nord, mar, mer & ven : 20 h, jeu & sam : 19 h, dim : 16 h, 27 > 7 €, www.theatredunord.fr

© Michel Corbou

Le temps et la chambre



Polis © Jihye Jung

Théâtre & danse – événement 118


Le Grand Bain Tête la première

Quatre ans, c’est jeune à l’échelle d’un festival de danse. Mais cela suffit au Grand Bain pour devenir un rendez-vous artistique attendu dans l’Eurorégion. L’édition 2017 reste fidèle à ses principes : une grande diversité de formes permettant à chacun de « s’immerger dans le paysage chorégraphique contemporain ».

Aucun fil rouge ne relie les 16 spectacles présentés à Roubaix, Armentières, Arques ou Villeneuve d’Ascq. Mais comme chaque année, « des thèmes communs émergent », note Céline Bréant, directrice du Gymnase et coordinatrice du festival. Soit « la question de l’étrangeté des comportements humains, mais aussi celle de la singularité de nos parcours ». Avec la création Allonger les toits, le metteur en scène Frédéric Ferrer et le chorégraphe Simon Tanguy proposent une conférence dansée autour du premier patient diagnostiqué schizophrène, digressant sur le corps affecté (voir page 110). Plus intimiste, Mickaël Phelippeau (Avec Anastasia) signe le portrait chorégraphique d’une lycéenne au parcours atypique. Bienvenue au club Retour aux sources du langage hip-hop, réflexion sur l’invention du mouvement, danse à ressentir ou à écouter… le Grand Bain sonde la scène contemporaine. Il déniche des pièces innovantes tout en invitant des références internationales. Le prodige belge Jan Martens soutient ainsi trois jeunes talents via une carte blanche, et présente, pour la Métropole lilloise – 27.03 > 07.04, première fois à Roubaix, son Le Gymnase, Studio du CDC, La Condition Publique, Théâtre de l’Oiseau-Mouche, Ecole du Ballet du Nord hit The Dog Days Are Over. En (Roubaix) // Le Vivat (Armentières) // La Rose des Vents (V. d’Ascq)…, spectacle : 21 > 5 €, 3 spectacles : 21 €, clôture enfin, place à l’enTous spectacles : 50 €, gymnase-cdc.com fant du pays Thomas Lebrun, Sélection : Jaguar (M. Monteiro Freitas avec A. Merk) qui souligne la puissance (27.03) // A taste of poison (N. Mossoux & P. Bonté) / Allonger les toits (F. Ferrer & S. Tanguy) (28 & 29.03) // fédératrice de la danse avec Gomme (Y. Rahmani & L. Touzé) (28 > 30.03) // une proposition burlesque sur Avec Anastasia (Mickaël Phelippeau) ( 31.03) // The Dog Days Are Over (Jan Martens) (01.04) // Jours étranges le clubbing, des années 1970 (D. Bagouet & C. Legrand) (04.04) // BAMBI un drame familial (M. Tompkins ) (05.04) // L’Aveuglement (M. à aujourd’hui. On se jette à Benoît) (06 & 07.04) // Les rois de la piste (T. Lebrun) l’eau ? Marine Durand (07.04) // Minuscule tentation (I. Micani & Spike) (08.04)


Le nd a n Gr Bai

La preuve par 3

Jaguar [de Marlene Monteiro

Polis

Freitas, avec Andreas Merk]

L’Anthracite]

Un look entre tennismen rétro et pros du fitness, une gestuelle empruntant aussi bien au mime qu’à l’expressionnisme allemand… Oui, le duo que forment Marlene Monteiro Freitas et Andreas Merk est singulier. Jaguar puise ses influences dans les contes d’Hoffmann comme dans le carnaval cap-verdien, et ouvre le festival de la plus belle des manières.

Chorégraphe de la compagnie lilloise L’Anthracite depuis 10 ans, Emmanuel Eggermont développe une écriture précise et minimaliste. Il a conçu Polis à la faveur de plusieurs résidences où les habitants ont exposé leur rapport à la ville. Le résultat ? Un spectacle pour cinq interprètes interrogeant notre aptitude à vivre ensemble.

Roubaix – 27.03, Théâtre de l’Oiseau-Mouche, 20 h, 15 > 5 €

Roubaix – 30.03, Le Gymnase, 20 h, 15 > 5 €

[d’Emmanuel Eggermont /

They Might Be Giants

[de Steven Michel /

Carte blanche à Jan Martens] Interprète dans plusieurs pièces de son compatriote Jan Martens, le jeune Steven Michel prend ici la casquette de chorégraphe, pour un premier solo éveillant l’imagination du spectateur. Rythmes saccadés, flashs lumineux et mouvements traversés d’une certaine animalité, le danseur, en mini-short assorti au fond de scène, sert une fantaisie visuelle rafraîchissante. Roubaix – 31.03, Théâtre de l’Oiseau-Mouche, 21 h, 15 > 5 €



Envoie du bois ! C’est un spectacle pour quatre garçons bien taillés et 1600 bûches. Dans La Cosa, Claudio Stellato imagine une aire de jeu pas comme les autres. Ici, les codes du cirque, de la danse et du théâtre s’entremêlent pour servir une pièce débordante d’énergie, drôle et délicate. D’emblée Claudio Stellato affiche son goût pour le renouvellement. « Je ne veux pas m’enfermer dans une discipline, mais sans cesse rebondir ailleurs » lance-t-il. Dans ses spectacles les corps dialoguent avec les objets. Après avoir conçu sa première pièce dans le noir (L’Autre), cet Italien installé à Bruxelles se promène régulièrement en forêt. Il y trouve alors une matière à travailler, le bois, et trois compagnons de jeu, dont deux n’ont jamais mis les pieds sur scène… Ensemble, ils apprennent à empiler et lancer les bûches. Un « jeu d’enfants » et une forte envie « de se confronter à la vitesse, à l’action ». Dans La Cosa le bois vole en tous sens, passe de main en main, les quatre interprètes jouent de la hache en rythme et la notion de danger plane en permanence. Tout le monde a peur de se prendre une bûche sur la tête, dans le public comme sur le plateau ! Et l’humour surgit des situations absurdes déclenchées par ces personnages. « La coopération est aussi un thème fort de cette œuvre, l’idée que tu n’arrives à rien seul ». De fait, La Cosa est un jeu de construction avec des morceaux de bois érigés en arches tenant comme par magie, en abris éphémères ou en édifices à l’équilibre précaire. Une poésie ténue portée Vieux Condé – 31.03, Le Boulon, 20 h 30, 9 / 6 €, www.leboulon.fr par une force brute de décoffrage. Marie Pons

Bruxelles – 16.09, Centre culturel Jacques Franck, www.lejacquesfranck.be

© Geert Roels

Théâtre & danse – Sélection 122

La Cosa



Voyage dans l’Empire mongol François Bernard Mâche / Alain Patiès

Qaraqorum fut la capitale de l’Empire mongol au xiiie siècle, tel que narré par Guillaume de Rubrouck. Envoyé dans les Steppes en 1253 par Louis IX, ce moine franciscain découvrit alors un royaume où cohabitaient harmonieusement religions et cultures. Un sujet qui résonne plus que jamais avec notre triste actualité, et dont s’emparent le compositeur François Bernard Mâche et le metteur en scène Alain Patiès, créant un grand moment de théâtre musical et philosophique. Tourcoing – 03 & 05.03, Théâtre municipal Raymond Devos, ven : 20 h, dim : 15 h 30, 25 / 23 €, www.atelierlyriquedetourcoing.fr

Rain

Neige

Anne Teresa De Keersmaeker / Rosas / Ictus

Orhan Pamuk / Blandine Savetier

Depuis les années 1980, Anne Teresa De Keersmaeker ne cesse de renouveler le langage chorégraphique. Créé en 2001, ce ballet culte offre un concentré de son style : la répétition, la forme mathématique, la spirale… Encerclés par un rideau de pluie formé de cordelettes, 10 danseurs suivent la musique entêtante de Steve Reich (Music for 18 musicians) jouée en direct par l’ensemble Ictus. Ce dispositif tourbillonnant donne vie à une énergie communicative.

Dans une ville de l’est de la Turquie, bloquée par la neige, un poète cherche à percer le mystère entourant plusieurs suicides de jeunes filles voilées. Sur fond de fortes tensions entre islamistes et nationalistes, sa quête se mêle à son désir de reconquérir un amour de jeunesse. Tiré d’un roman fleuve d’Orhan Pamuk, cette pièce s’appuie sur le contexte politique turc pour mieux aborder le sempiternel conflit entre tradition et modernité.

Louvain – 08 > 10.03, 30CC, 20 h, 30 > 22 €, 30cc.be Charleroi – 14.03, Palais des beaux-arts, 20 h, 15 > 10 €, www.charleroi-danses.be

Dunkerque – 14.03, Le Bateau-Feu, 19 h, 8 €, www.lebateaufeu.com

Le Principe d’Archimède Josep Maria Mirò / Bruno Tuchszer / Grand Boucan

Soupçonné de pédophilie, un maître-nageur devient le bouc-émissaire de parents échaudés par de récents faits-divers. Le poison lent de la rumeur va s’infiltrer dans les relations entre les employés de la piscine et les habitants. Sans trancher, le texte de Maria Miro laisse la liberté aux spectateurs de démêler le vrai du faux. Derrière le crime présumé, la pièce nous alerte sur les dangers d’une société soumise à la vindicte populaire. Tourcoing – 09 > 10.03, Théâtre Municipal Raymond Devos, jeu : 19 h 30, ven : 20 h 30, 20 > 8 €, lavirgule.com Saint-Omer – 16.03, La Barcarolle (Salle Vauban), 20 h 30, 4 € // Noyelles-Godault – 31.03, Espace Giraudeau, 20 h, 7 > 4 € // Carvin – 28.04, Centre Effel, 14 h 30 & 20 h 30, 7 > 4 €

L’Histoire des Mongols, Rachid ad-Din © BnF / DR

Théâtre & danse – Sélection 124



Théâtre & danse – Sélection 126

Le Mouvement de l’air Claire Bardainne et Adrien Mondot

© Romain Etienne

Bardainne et Mondot avaient démontré leur talent en cosignant Pixel de Mourad Merzouki. Leur dernière création s’avère aussi bluffante. Mariant chorégraphie et art numérique, les Lyonnais donnent cette fois vie… au mouvement de l’air. Ici, trois danseurs s’envolent dans un décor interactif constitué de vidéos. Flottant sur des feuilles de papier ou au cœur d’une tornade, ils brouillent un peu plus la frontière entre réel et virtuel. Hasselt – 16.03, Cultuurcentrum, 20 h, 22 > 11 €, www.ccha.be Maubeuge – 31.03, La Luna, 20 h, 12 / 9 €, www.lemanege.com

La porte à côté

Mission

Fabrice Roger-Lacan – Alain Leempoel

David Van Reybrouck / Raven Ruëll

Deux quadragénaires que tout oppose, hormis leur quête d’amour, vivent sur le même palier. Elle est psy, lui vend des yaourts et tous deux se détestent. Mais au fil des chamailleries et prises de bec, des liens vont se nouer… Fabrice Roger-Lacan se distingue par ses dialogues truffées de références psychanalytiques. Une passion qu’il partage avec son illustre grand-père, Jacques Lacan. En résulte un vaudeville brillant.

Un père blanc un peu gâteux raconte le demi siècle qu’il a passé au Congo. Sa "mission". Entre anecdotes souvent drôles et récits de la misère qui frappe le pays, il livre une critique de l’Europe et une touchante déclaration d’amour à l’Afrique. En s’appuyant sur des témoignages qu’il a recueillis auprès des derniers missionnaires belges au Congo, David Van Reybrouck exhume à travers ce spectacle-documentaire la question coloniale avec justesse et humanité.

Bruxelles – 15.03 > 09.04, Théâtre des Galeries, 20 h 15 ( + dim : 15 h + sam 25.03 : 15 h), 25  > 10 €, www.trg.be

Arras – 21 & 22.03, Théâtre, mar : 20 h 30, mer : 20 h, 22 > 9 €, www.tandem-arrasdouai.eu

Bérengère Krief Le plan cul régulier de Kyan Khojandi (dans Bref) brille dans un one-woman-show très girly. Elle y autopsie les rapports filles-garçons, sans pincettes et avec une sacrée gouaille. Cette Lyonnaise de 32 ans n’a pas son pareil pour soulever des questions existentielles : « Est-ce vraiment une bonne idée de monter dans une Opel Corsa en pleine nuit avec quatre inconnus ? ». Tandis que son cours de répartie anti-relou nous plie toujours en deux ! Anzin – 23.03, Théâtre municipal, 20 h 30, 20 €, www.ville-anzin.fr Bastogne – 28.03, Espace 23 (Festival du Rire de Bastogne), 20 h, 20 €, festivalduriredebastogne.be



Théâtre & danse – Sélection 128

Le Vaisseau fantôme Premier chef-d’œuvre de Richard Wagner, Le Vaisseau fantôme est tiré d’une légende de marins popularisée au xixe siècle. Le Hollandais maudit est condamné à errer éternellement sur les océans pour avoir défié Dieu. Seule l’amour d’une femme peut mettre fin à sa damnation… La compagnie catalane La Fura dels Baus propose une mise en scène novatrice de cet opéra fantastique, sans rien trahir de la puissance de sa musique et de son émotion. Lille – 27.03 >13.04, Opéra, 20 h, sf sam : 18 h, 69 > 5 €, www.opera-lille.fr

© Jean-Louis Fernandez

Richard Wagner / Àlex Ollé / Eivind Gullberg Jensen

Réparer les vivants

Mon fric

Emmanuel Noblet / Maylis de Kerangal

David Lescot / Cécile Backès

Réparer les vivants raconte la folle épopée d’une transplantation : celle du cœur de Simon, 19 ans, en état de mort cérébrale suite à un accident de la route, dans la poitrine de Claire, 50 ans, condamnée par la maladie. Emmanuel Noblet donne vie à la chaîne humaine se constituant au fil du récit en incarnant seul (presque) tous les personnages. Le décor se résume à une planche de surf et deux chaises… Précise et poétique, la langue de Maylis de Kerangal n’en est que sublimée.

Parlons peu, parlons fric. Ecrite par David Lescot et mise en scène par Cécile Backès, cette pièce nous raconte la vie de « Moi », de sa naissance en 1972 à sa mort en 2040, mais sous le prisme de l’argent. Comment le gagner ? Le dépenser ? Peut-on vivre sans ? En s’adressant au public ou à des personnages azimutés (du babacool à la flambeuse) notre homme peint avec humour un monde étrange, habité d’obsessions plus ou moins rationnelles. Le nôtre, en fait…

Valenciennes – 28 > 31.03, Le Phénix, 20 h, sf mer : 18 h, 17 > 10 €, www.lephenix.fr

Béthune – 28.03 > 01.04, La Comédie, mar, mer & jeu : 20 h, ven : complet !, sam : 18 h, 20 > 6 €, www.comediedebethune.org

Mathieu Madénian Mathieu Madénian / Kader Aoun

Vue par Mathieu Madénian, la vie de tous les jours prend des atours hilarants. Dans ce stand-up aux accents pagnolesques, l’humoriste originaire de Perpignan saisit ce qu’il y a d’universel dans son quotidien pour nous faire rire, parfois du pire. De ses déboires amoureux d’éternel ado presque marié, à ses aventures médiatiques qui l’ont conduit du canapé de Michel Drucker aux colonnes de Charlie Hebdo, il se raconte sans se la raconter. Béthune – 31.03, Théâtre municipal, 20 h 30, 34 / 30 €, www.theatre-bethune.fr



Open Mind & Lucid Dream Series © Johnson Tang

Le mot de la fin 130

Johnson Tsang – Entre les mains de cet artiste hongkongais, la porcelaine semble se muer en pâte à modeler. On reste bouche bée devant la finesse des traits des visages, contrastant avec leur difformité surnaturelle. Gonflés comme des baudruches, écrasés entre des doigts ou étirés sur un mur, ces personnages aux yeux clos semblent perdus dans un rêve... ou un cauchemar ! à vous de voir. johnsontsang.wordpress.com




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