n°142 / juillet-août 2018 / GRATUIt
Art & CulturE
Hauts-de-France / Belgique
Ostend Beach festival © Stijn Vanderdeelen - www.styn.be
sommaire LM Magazine #142 Juillet-Août 2018
News – 06 livres – 08
Frédéric Rébéna, Fabcaro, Frank Santoro
reportage – 10
Speedway Warneton Crash-test
portfolio – 20
Annelie Vandendael Au naturel
rencontre
David De Beyter – 16 Le casse du siècle Mathieu Fonsny – 40 Le Dour du propriétaire Mélissa Laveaux – 62 Retour aux sources Monsieur Poulpe, Jonathan Cohen et Xavier Gens – 80 Bande organisée Catel – 94 Croque-madame
Dossier spécial festivals / part 2 – 28
Summer of Photography, Les Ardentes, Rock Werchter, Main Square Festival, En Nord Beat, Ostend Beach Festival, Dour Festival, Festival du Conte de Chiny, Cactus Festival, Festival de la Côte d'Opale, TW Classic, Francofolies de Spa, Tomorrowland, Rock en Stock, A Woodstock Reunite, Les Nuits Secrètes, Dekmantel, Dranouter, Esperanzah !, Ronquières Festival, Lokerse Feesten, W-Festival, Jazz Middelheim, Brussels Summer Festival, Pukkelpop, Festival int. des Arts de la Rue de Chassepierre, Cabaret Vert, Les Rencontres Inattendues, Touquet Music Beach…
écrans – 80
Budapest, Tully, L'Empire de la perfection, Parvana, Trois contes de Borges, L'Île au trésor, Une Pluie sans fin
exposition – 90
Get Up, Stand Up !, Catel, Nan Goldin, Au temps de Galien, Agenda…
le mot de la fin – 106
Magazine LM magazine – France & Belgique 28 rue François de Badts 59110 La Madeleine - F tél : +33 (0)3 62 64 80 09
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Direction artistique / Graphisme Cécile Fauré cecile.faure@lastrolab.com
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Couverture Annelie Vandendael annelievandendael.com
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Ont collaboré à ce n° : Thibaut Allemand, Julien Bourbiaux, Audrey Chauveau, Mélissa Chevreuil, Mathieu Dauchy, Marine Durand, Sarah Elghazi, Raphaël Nieuwjaer, Annelie Vandendael et plus si affinités.
LM magazine France & Belgique est édité par la Sarl L'astrolab* - info@lastrolab.com L'astrolab* Sarl au capital de 5 000 euros - RCS Lille 538 422 973 Dépôt légal à parution - ISSN : en cours L’éditeur décline toute responsabilité quant aux visuels, photos, libellé des annonces, fournis par ses annonceurs, omissions ou erreurs figurant dans cette publication. Tous droits d’auteur réservés pour tous pays. Toute reproduction, même partielle, par quelque procédé que ce soit, ainsi que l’enregistrement d’informations par système de traitement de données à des fins professionnelles, sont interdites et donnent lieu à des sanctions pénales. LM / Let'smotiv est imprimé sur du papier certifié PEFC. Cette certification assure la chaîne de traçabilité de l’origine du papier et garantit qu'il provient de forêts gérées durablement. Ne pas jeter sur la voie publique.
Papier issu de forêts gérées durablement
Benedetto Bufalino, La caravane piscine, 2018, Le confort moderne, Poitiers
news
Bath mobile Comment Benedetto Bufalino part-il en vacances ? Quelle question… En caravane-piscine, évidemment ! Se servant de l'espace public comme d'un terrain de jeu, cet artiste lyonnais est passé maître dans l'art de détourner de (gros) objets du quotidien. On lui doit notamment la cabine téléphoniqueaquarium ou la voiture de police-barbecue (pour se détendre après les échauffourées, cf LM 133). à quand le sauna-mobylette ? www.benedettobufalino.com
#6
Claquette-banane vs Crocs-chaussette Vous en rêviez ? Non ? Eh bien Nike l'a quand même fait. La marque à la virgule sort la claquette-banane, histoire de ranger deux ou trois bricoles tout en se baladant dans le plus simple appareil. Dans le même rayon "fashion-victim", on trouve aussi la Crocs avec chaussette intégrée. La classe, on vous dit…
© KarTent
carton plein
© DR
Entrée du Fort d’Emines © Frédéric Pauwels / coll. HUMA
Spécialement conçue pour les festivaliers, cette tente pour deux personnes est hyper facile à monter et 100 % recyclable. Pour cause : elle est en carton (pirouette, cacahouète…). Et s'il pleut ? Selon ses concepteurs, les Néerlandais de la société KarTent, cet abri de fortune résisterait à l'eau durant au moins trois jours. Emballant ! kartent.com
Emines-18
Passager 23
Le fort d'Emines est quasi resté dans son jus depuis 1918. Mais encore ? La Province de Namur transforme ce lieu de mémoire en musée éphémère, en y dévoilant les œuvres du sculpteur Renato Nicolodi, du plasticien Juan Paparella ou de Georges Rousse, maître de l'anamorphose, soit l'art de révéler des images selon un angle précis. Et ça, c'est très fort.
Il y a une vie après les festivals. Et de sacrées aventures à partager au frais, comme au Passager 23. Cet escape game invite les joueurs à résoudre des énigmes en équipe. Qu'il s'agisse de retrouver des codes secrets planqués par Joséphine Baker ou de voyager dans le temps, voilà une expérience grandeur nature dont vous ne reviendrez pas – façon de parler…
Namur (Saint-Marc), 08.07 > 11.11, fort d'Emines, dim : 13 h 30 > 17 h (visite toutes les 30 min), 5 / 3 € / gratuit (-7 ans), www.emines-18.be
s w ne
Valenciennes, 9 Place d'Armes, mar > jeu & dim : 10 > 22 h 30, ven & sam : 10 h > 00 h 30, 2 à 6 passagers : 35 > 19 € par personne (tarif dégressif si plus nombreux), passager23.fr
livres
Fabcaro
Frédéric Rébéna
Moins qu'hier, plus que demain
Bonjour tristesse (Rue de Sèvres)
(GlénAAARG!) « Sur ce sentiment inconnu dont l’ennui, la douceur m’obsèdent, j’hésite à apposer le nom, le beau nom grave de tristesse ». Vous avez sans doute reconnu le bel incipit de Bonjour tristesse… absent de cette infidèle adaptation BD. Est-ce grave ? Non, car elle n'en trahit pas la trame. Orpheline de mère, Cécile, 17 ans, passe l'été au bord de la grande bleue avec son père et sa jeune maîtresse. Débarque Anne, une vieille amie de la famille décidée à remettre de l'ordre dans ce ménage. Jouant avec les émotions de chacun, l'ado tente de se débarrasser de l'intruse. Débute alors un ballet malsain sous le soleil écrasant, parfaitement traduit par le jeu d'ombre et de lumière, la palette pop art et le trait noir de Rébéna, tranchant comme la cruauté du "charmant petit monstre". 96 p., 18 €. J. Damien
Fabcaro est de retour. Quelques mois après Et si l'amour c'était aimer ? paraît cet album ayant pour thème, une fois encore, l'amûûûr. En fait, un recueil de planches parues dans l'excellente mais défunte revue AAARG!. Tel Joyce dans Ulysse, on découvre ici les tranches de vie de plusieurs couples durant 24 heures. Du cocu heureux au père indigne, en passant par la femme déçue par un premier rencard, le Montpelliérain croque un paquet de situations. Il évite toute blague téléphonée grâce à son sens de l'absurde et du découpage. Car, soulignons-le : ces gags, inadaptables à l'écran, possèdent un rythme, une mécanique de précision jamais prise en défaut. Fabcaro est un véritable horloger de l'humour. 64 p, 12,75 €. T. Allemand
Frank Santoro
#8
Pittsburgh (Éditions Çà et Là) Après les remarquables romans graphiques Storeyville et Pompéi, Frank Santoro revient avec un récit autobiographique. Dans Pittsburgh, l’Américain décrypte une famille, la sienne, déchirée par les conflits et les silences. Il retrace la généalogie de la séparation de ses parents conjointement à l'effondrement de sa ville. La soul made in Motown, chère à son père, percute ainsi la noirceur d’une cité souffrante. Une instabilité graphique bluffante, où la peinture croise le crayon, sert néanmoins un récit qui progresse des sixties aux années 1990. De la guerre du Vietnam aux récentes crises économiques, les dessins nerveux et effets de collage se livrent avec des jeux de transparence. 224 p., 28 €. Julien Bourbiaux
reportage
# 10
Bangers, avril 2018 Š Xavier Verquin
Speedway Warneton Les fous du volant Une orgie de métal plié, un concert de moteurs rugissants, de crissements de pneus… et beaucoup de crashs. Non, ça ne tourne pas très rond chez ces pilotes de l'extrême. Plutôt ovale, comme l'anneau de vitesse de Warneton avec ses deux virages inclinés façon Daytona. Voilà près de 40 ans que ce petit coin de campagne de la Province de Hainaut vibre au rythme de son speedway, l'un des plus fameux circuits de stock-car d'Europe. évidemment, il fait un carton.
reportage
Andere, octobre 2016 © Xavier Verquin
Roland Vandermeersch © J. Damien
# 12
C
omme toute sous-culture qui se respecte, le stock-car (littéralement "voiture de série") est né à la marge. Cette histoire commence aux USA, en pleine prohibition. Les contrebandiers trafiquaient leurs autos pour semer les policiers et, petit à petit, des compétitions virent le jour, avec leur lot de frictions.
Comme le rock, le concept a fait tache d'huile, et comme le rock, ce sont les Anglais qui lui ont donné ses lettres de noblesse – en sublimant le froissement de tôle. C'est d'ailleurs dans la perfide Albion que Roland Vandermeersch s'est pris de passion pour ces courses musclées. Le natif d'Ypres, autrefois pharmacien, a toujours été un fondu de vitesse. En 1980, notre homme achète un vaste terrain à Warneton. Ainsi naquit Camso (pour Comines Auto Moto Speedway Organisation) et l'une des pistes les plus ahurissantes du Vieux Continent. Depuis, de mars à décembre, plus de 200 fous (ou folles) du volant y croisent le fer. Ils viennent du nord de la France, des Pays-Bas, de
Warneton, 2016 © René Smeets
Belgique ou d'Angleterre, là où le stock-car est encore roi. Le dôme du tonnerre Ici se côtoient véhicules de série bon marché aux couleurs pétaradantes ou belles américaines aux moteurs puissants (V8). Dans les gradins, entre deux cornets de frites, quelques bières et un fond d'Eurodance, le public est plutôt familial. Mais personne ne s'y trompe. Parmi les huit catégories, la plus attendue est bien celle des "bangers". Quèsaco ? Pour situer, c'est un peu comme du catch… mais avec des voitures. « C'est une course de vitesse où tout est permis, sauf rouler en sens inverse ou foncer dans la portière du chauffeur. Par contre on peut envoyer
le pilote qui précède dans le mur… c'est full-contact ! », assure Roland Vandermeersch, aujourd'hui âgé de 71 ans. Dès lors, les 430 mètres de bitume de Warneton prennent les allures d'une arène moderne. Les gladiateurs sont casqués et bien harnachés au sein de bagnoles dépouillées : en gros, il reste le volant, le moteur (d'origine), un siège et trois pédales. à la fin, ne subsiste de ces bolides qu'une bouillie de métal – que n'aurait pas reniée un certain César. à ce jeu du "pousse-toi-delà", certains ont leurs petits secrets. « Le plus efficace c'est de viser le pneu arrière, pour le crever… », suite
nous glisse l'un des concurrents, malicieux. Il n'y a certes rien à gagner (à part une coupe, et pas mal de bleus) mais sur le macadam, on ne plaisante pas. La caravane casse
# 14
En dehors du circuit, dans une vaste zone s'apparentant à une casse automobile géante, l'ambiance est à la rigolade, et l'heure est à la réparation. Ici on tente de redresser une portière au pied de biche, là de ressusciter un moteur fumant… à l'image de Greg, habitué des lieux depuis 1998. Ce Calaisien de 44 ans est le fondateur de la team No Limit, rassemblant toute une clique de passionnés de mécanique. « Le stock-car, c'est d'abord l'occasion de se réunir
Caravan race, avril 2018 © Xavier Verquin
entre potes en jouant aux autos-tamponneuses, mais grandeur nature ! ». Et qui dit nature dit camping. Et qui dit camping dit ?… Caravanes, bien sûr ! Ce seront elles les stars de la saison, le premier dimanche de septembre. « Il y aura aussi un tremplin, et le but sera d'effectuer le plus de tonneaux possible… ». Et là, ça casse ou ça casse. Julien Damien Speedway de Warneton 10 chemin Lutun, 7784 Warneton, 30 > 20 €, enfants 11 > 15 ans : 3 € / gratuit (-11 ans) www.camso.com Prochains rendez-vous : 19.08 : Bangerstox team races, Camso V8, Bangerstox Wolf versus Belgium 02.09 : European Champ Bangers unlimited, Caravan race, Camso V8 "Budweiser 200", Mascar, Ramp roll over, Memorial John Vandekerckhove, Bangerstox Old skool à lire / La version longue sur lm-magazine.com
Et le César est attribué à…
© Julien Damien
Crash de l'année, avril 2018 © X. Verquin
portrait
# 16
In rainbows, 2017
Trophy I (Not for a trophy but a good crash), 2014
David De Beyter Métal hurlant Photographe né en 1985 à Roubaix, David De Beyter se passionne depuis quatre ans pour les "Big Bangers", des fondus de stock-car élevant le crash de voitures au rang d'art de vivre. Il a tiré de ces scènes de destruction des images où le chaos le dispute au mystère. Apparue en Angleterre à la fin du siècle passé, cette pratique amatrice s'est répandue en Hollande, dans le Nord de la France ou en Belgique.
« Les Big Bangers forment une communauté à part dans le milieu du stock-car, explique David De Beyter. Un peu à la façon des cercles propres suite
portrait
# 18
Memorial I, 2015
à la scène hardcore ou metal ». Mais l'artiste ne s'intéresse pas tant aux courses, plutôt « aux gestes périphériques » exécutés en dehors des circuits, dans des champs ou sousbois. Passé par l'école du Fresnoy à Tourcoing, le trentenaire a découvert ces esthètes de la casse par hasard, au cœur des paysages flamands d'Ypres. Inspiré par cette imagerie convoquant le style Mad Max, il s'est lié d'amitié avec des membres de ces groupes, immortalisant leurs
« auto-sculptures » à travers la photographie ou la vidéo. Dérapages contrôlés David De Beyter entretient une démarche à la fois documentaire et conceptuelle, à l'image de cette vieille berline américaine plantée à la verticale dans un no man's land, à Comines. « C'est du "stunt", ça vient des états-Unis. La voiture est amarrée à un bout de bois, brûlée puis une autre lui fonce dessus. Ces performances sont réalisées
Auto-sculpture I, 2015
durant les ducasses, l'été, devant une centaine de spectateurs. Je leur ai juste demandé de la repositionner dans un autre endroit, car l'arrièreplan paysager m'intéressait ». On serait ainsi tenté de voir dans ces rituels de démolition un nihilisme propre à l'époque, ou une critique acerbe de la société de consommation, érigeant en totems fumants son corollaire contemporain : la consumation. « Oui, il y a chez eux un "je-m'en-foutisme" un peu punk, mais aucun discours
politique ni intention artistique ». Ces Big Bangers restent uniquement guidés par la beauté du geste, comme le résume ce message tagué sur ce capot froissé : "Not for a trophy but a good crash". Julien Damien
à visiter / www.daviddebeyter.com à lire / Damaged Inc., de David De Beyter (RVB Books), 64 p., 25 €, rvb-books.com Retrouvez l'interview de David De Beyter sur lm-magazine.com
# 20 portfolio
Annelie Vandendael Cadre naturel Non, les gens en maillot de bain ne sont pas (forcément) superficiels, pour reprendre un titre de film. En attestent les photographies d’Annelie Vandendael. Joyeux et colorés, drôles et sensuels, ces clichés sont à rebours des codes de la mode, défiant le diktat de la perfection érigé sur papier glacé. « J’ai entamé ce travail il y a quelques années. à ce moment-là, dans beaucoup de magazines, les filles devaient être parfaites, belles ou minces, explique la diplômée de l’Académie royale des beaux-arts de Gand. Je déteste les images trop retouchées ! Pour ma part, je dévoile la vraie beauté des gens, y compris leurs défauts. C’est ce qui les rend uniques ». Ce n’est ainsi pas sans ironie que la Belge (dont le premier client fut un certain Paul Smith) a baptisé cette série Sois belle, invitant le sexe dit faible à détourner une fâcheuse injonction… « Et surtout, ne te tais pas ! ». L’artiste dépeint « l’être humain comme un élément naturel plutôt qu’un objet ». D’où la présence de cette faune hétéroclite, entrant parfois en symbiose avec nos bipèdes dénudés. Pour obtenir cette esthétique surannée, la trentenaire privilégie l’argentique et ne se sépare jamais de son Hasselblad. Magnifiées au centre d’astucieuses compositions, ces jeunes femmes (« des copines de voyage ») jouent aussi à cache-cache avec le spectateur, ayant toutes la bobine dissimulée : ici derrière un flamant rose, là un mégaphone... « Le corps parle de lui-même, les visages sont inutiles. Les personnalités se révèlent grâce aux poses, paysages ou couleurs ». Sans artifices donc, mais pas mal d’éclat. Julien Damien
à visiter / www.annelievandendael.com à lire / l’interview d’Annelie Vandendael sur lm-magazine.com
24 Am erdam
Rotterdam C terb y Dover
Oo ende Middelkerke 8 Dunkerque 30
12 22 Brug
Lokeren
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29 27 Hasselt Boom 14 16 18 32 5 Wer ter Amougi Gent D uter 9 3 21 Boulogne/ 15 26 V.-d’Ascq 33 L sin 31 Tirlemont 2 19 6 B lleul To n Le Touquet 3723 E pl 28 Ronquier 4 Lie 39 Mons Bethune 1 Hornu 17 38 36 Nam 10 Do Lens Spa Floreffe 25 7 Ar s Maubeu 20 Aul ye-Ay i
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Lille
Amiens
Rouen
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35
11 Chiny 34 Chassepierre
luxembourg
Charleville-Mezier
© Chok Chaipoo / Fotolia
# 28
Paris
dossier spécial festivals Part 2 : juillet-août 2018
1 – Summer Grand-Hornu, Pluridisciplinaire, jusqu'au 31.08, Hornu, p. 32
21 – Suikerrock, Musique, 27 > 29.07, Tirlemont, p. 58
2 – L'été au LaM, Pluridisciplinaire, jusqu'au 16.09, Villeneuve-d'Ascq, p. 32
22 – Moods ! , Musique, 27.07 > 09.08, Bruges, p. 58
3 – Summer of Photography, Exposition, jusqu'au 14.10, Bruxelles, p. 30
23 – Rock en Stock, Musique, 28 & 29.07, Étaples, p. 54
4 – Les Ardentes, Musique, 05 > 08.07, Liège, p. 34
24 – Dekmantel, Musique, 01 > 05.08, Amsterdam, p. 58
5 – Rock Werchter, Musique, 05 > 08.07, Werchter, p. 36
25 – Esperanzah!, Pluridisciplinaire, 03 > 05.08, Floreffe, p. 62
6 – En Nord Beat, Musique, 06 & 07.07, Bailleul, p. 36
26 – Festival Dranouter, Musique, 03 > 05.08, Dranouter, p. 60
7 – Main Square, Musique, 06 > 08.07, Arras, p. 36
27 – Lokerse Feesten, Musique, 03 >12.08, Lokeren, p. 66
8 – Ostend Beach Festival, Musique, 07 & 08.07, Ostende, p. 38
28 – Ronquières Festival, Musique, 04 & 05.08, Ronquières, p. 66
9 – Bruxelles fait son cinéma, Cinéma, 08 > 20.07, Bruxelles, p. 38
29 – Jazz Middelheim, Musique, 09 >12.08, Anvers, p. 69
10 – Dour Festival, Musique, 11 > 15.07, Dour, p. 40
30 – Nostalgie Beach Festival, Musique, 11.08, Middelkerke, p. 69
11 – Festival Interculturel du Conte de Chiny, Théâtre, 13 > 15.07, Chiny, p. 44
31 – Brussels Summer Festival, Musique, 14 > 18.08, Bruxelles, p. 69
12 – Cactus Festival, Musique, 13 > 15.07, Bruges, p. 46
32 – Pukkelpop, Musique, 15 > 18.08, Hasselt, p. 70
13 – Le Manifeste, Théâtre, 13 > 15.07, Grande-Synthe, p. 48
33 – W-Festival, Musique, 16 > 19.08, Amougies, p. 68
14 – TW Classic, Musique, 14.07, Werchter, p. 50
34 – Festival International des Arts de la Rue de Chassepierre, Arts de rue, 18 &19.08, Chassepierre, p. 72
15 – Festival de la Côte d'Opale, Musique, 15 > 22.07, Boulogne-sur-Mer, Desvres, Outreau, Le Portel, Condette, NeufchâtelHardelot, p. 50 16 – Boomtown, Musique, 17 > 21.07, Gand, p. 52 17 – Les Francofolies de Spa, Musique, 19 > 22.07, Spa, p. 52 18 – Tomorrowland, Musique, 20 > 22.07 & 27 > 29.07, Boom, p. 52 19 – A Woodstock Reunite, Musique, 27.07, Lessines, p. 54 20 – Les Nuits Secrètes, Musique, 27 > 29.07, Aulnoye-Aymeries, p. 56
35 – Cabaret Vert, Musique, 23 > 26.08, Charleville-Mézières, p. 74 36 – L'Intime Festival, Littérature, 24 > 26.08, Namur, p. 77 37 – Touquet Music Beach Festival, Musique, 24 > 26.08, Le Touquet-Paris-Plage, p. 78 38 – Les Solidarités, Musique, 25 & 26.08, Namur, p. 77 39 – Les Rencontres Inattendues, Musique / Philosophie, 31.08 > 02.09, Tournai, p. 76
# 30
Marcelo Brodsky, 1968. The Fire of Ideas!, 2018 Courtesy of Marcelo Brodsky, Rolf Art & Henrique Faria’s Gallery
Warsaw Pact troops invasion, Prague, Czechoslovakia, August 1968 © Josef Koudelka / Magnum Photos
exposition
Summer of Photography
festivals
Botanique, MAD, Contretype… Voilà quelques-uns des 16 lieux associés au Summer of Photography. La biennale bruxelloise, sous la houlette de Bozar, délaisse son traditionnel fil rouge pour embrasser des thèmes variés. Toutefois, calendrier oblige, Mai 68 et plus généralement les soulèvements des peuples, sont au cœur des débats. Que nous a laissé Mai 68 ? Le Palais des beaux-arts de Bruxelles ne pouvait écarter le sujet, lui dont le hall fut occupé à l’époque par 200 artistes et écrivains. Mais Resist !, l’exposition phare de cette septième biennale, regarde au-delà des manifestations parisiennes. Elle envisage les mouvements protestataires des années 1960 dans leur globalité. « Le parcours débute par du photojournalisme, et témoigne aussi bien des lancers de pavés à Paris que des marches afro-américaines ou de la vie quotidienne dans le bloc de l’est », détaille la commissaire, Christine Eyene. Au fil de cet accrochage en six chapitres, c’est aussi l’évolution de la photo comme média qui surgit des murs de Bozar, de l’archive utilisée tel un témoignage à l’émergence de l’activisme artistique. D'un printemps à l'autre Cet été, l’esprit de révolte règne aussi au Botanique. L’institution accroche le célèbre reportage en noir et blanc de Josef Koudelka sur l’invasion de la Tchécoslovaquie par l’URSS et ses alliés en août 1968, qui étouffa le Printemps de Prague. Autre révolution, autre mœurs, c’est le réveil de la population cairote, en 2011, que la Carolo Pauline Beugnies a capturé dans Génération Tahrir. Présentée au Centre culturel Jacques Franck, sa série traduit une volonté d'émancipation universelle de la jeunesse. Marine Durand Bruxelles, jusqu’au 14.10,
divers lieux, tarifs et horaires, www.bozar.be Resist ! The 1960s Protests, Photography and Visual Legacy Bozar, jusqu’au 26.08, mar > dim : 10 h > 18 h (jeu : 10 h > 21 h), 10 / 8 €, bozar.be
L'industrie…. et après ? Contretype, jusqu'au 02.09, mer > ven : 12 h > 18 h, sam & dim : 13 h > 18 h, gratuit, contretype.org Josef Koudelka - Invasion Prague 68 Botanique, jusqu'au 12.08, mer > dim : 12 h > 20 h, 5,50 > 3,50 € / gratuit (-12 ans), botanique.be
Pauline Beugnies - Génération Tahrir Centre culturel Jacques Franck, jusqu'au 09.09, mar > ven : 11 h > 18 h 30, sam : 14 h > 18 h 30, dim : 14 h > 22 h, gratuit, lejacquesfranck.be Au cœur de Mai 68 : Photographs of Philippe Gras Alliance française BruxellesEurope, 02.07 > 28.09, lun & jeu : 8 h 30 > 18 h, ven : 8 h 30 > 12 h 30, grat., alliancefr.be
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L'été au LaM
Summer Grand-Hornu
Durant l'été, le LaM dévoile ses collections sous le prisme du collage et de la récupération, grâce à l'exposition Débris-Collages. On y découvre les affiches lacérées de Jacques Villeglé, précurseur du street-art, des œuvres de Miró, Picasso… Bordé par un joli parc, le musée villeneuvois nous invite aussi à prendre l'air. De jour (à travers un bal populaire) comme de nuit ! Après le cinéma sur l'herbe, on s'endort ainsi au pied des sculptures, bercés par des conteurs, la tête dans les étoiles…
Ateliers, jeux, pique-niques… Non, pas moyen de s'ennuyer cet été au Grand-Hornu. En marge de l'installation végétale de Jef Geys (Quadra), il est question de plantes (et même d'un apéro floral…), mais aussi de design responsable. L'exposition Halte à la croissance ! offre ainsi une belle réflexion sur notre société de (sur) consommation. Oui, il serait temps de ralentir un peu, par exemple en piochant un bon roman dans la "boîte à livres", allongé dans le "carré des transats". Là, on est bien…
Villeneuve d'Ascq, jusqu'au 16.09, LaM,
Grand-Hornu, jusqu'au 31.08, Mac's et CID, mar > dim : 10 h > 18 h, 8 > 2 € / gratuit (-6 ans), www.mac-s.be, www.cid-grand-hornu.be
pluridisciplinaire
gratuit, www.musee-lam.fr
# 32
pluridisciplinaire
Jusqu'au 16.09 : Exposition Débris-Collages : récupérer, assembler et reconstruire, mar > dim : 10 h > 18 h, 10 / 7 € // 13.07 : Bal Pop Tronic et DJ Moulinex // 18.08 : Nuit des étoiles : ciné-goûter, projection d'un programme de courts-métrages, cinéma en plein air, contes célestes 25.08 : Family day : Le Jardin aux oiseaux par Les Chanteurs d'oiseaux, ciné-concert de papier par Muzzix…
Expos – Mac's, jusqu'au 23.09 : Jef Geys. Quadra // 01.07 > 21.10 : Albedo. Ann Veronica Janssens & Jean Glibert // CID, 01.07 > 21.10 : Halte à la croissance ! Venez faire la fête au Grand-Hornu ! – 21.07 : "Bidouille et débrouille", jeux géants, histoires en kamishibaï, bal aux lampions, concert des Has Been, feu d'artifice… // 15.08 : Apéro floral…
Les Ardentes Douze ans. Seulement ? Eh oui, la première édition eut lieu en 2006. Pourtant, ce festival s'est imposé en quelques temps comme l'un des meilleurs rendez-vous estivaux du plat pays. Les Ardentes font certes partie du décor, mais ne font pas de la figuration ! La preuve en une poignée d'artistes immanquables. Thibaut Allemand
# 34
The Internet On commence par une injustice : sans doute à cause d'un nom difficilement "googlisable" (un comble !), The Internet n'a pas encore connu le succès qu'il méritait. Lié au collectif Odd Future (pour mémoire : Tyler, The Creator, Frank Ocean…) ce groupe a développé un son bien à lui, mixant "vieux" hip-hop boom bap, effluves funk et R'n'B futuriste,
quelque part entre les recherches soniques de N.E.R.D et le groove alangui d'un D'Angelo. Un peu plus d'un an après l'excellent premier essai solo, la bande emmenée par la chanteuse Syd "Tha Kyd" Bennet publie le très recommandable Hive Mind (conscience collective, en VF). Et améliore toujours sa connexion.
The Internet © Jabari Jacobs
festivals
musique
Si Mezzanine (1998) demeure insurpassable, Massive Attack publiait l'an passé le single The Spoils, où l'on retrouvait, outre la voix vénéneuse de Hope Sandoval, la passion du downtempo opiacé et l'amour des cordes façon David Whitaker. On n'attend, finalement, rien de plus de ce concert – et quelques tubes post-dub dont le tandem a le secret, évidemment. Au fait, surveillez les murs de Liège. Il ne serait pas étonnant d'y trouver un Banksy le lendemain de ce set…
Suprême NTM « On est encore là / Prêts à foutre le souk et tout le monde est cor-da ». Elles sont quand même bien pratiques, ces deux lignes. Elles permettent aux deux pré-retraités de tenter un come-back à intervalles réguliers (quand l'argent vient à manquer, quoi). NTM fait partie du paysage. Un morceau de patrimoine. Qui ne fait plus peur à personne : JoeyStarr voulait cramer l'élysée, il s'est goinfré avec Hollande… N'empêche, sur scène, les deux quinquas tiennent encore la barque. NTM, nos Rolling Stones à nous ?
Migos
© DR
Longtemps, Outkast tint le haut du pavé à Atlanta, grâce à un hip-hop nourri de multiples influences (funk, soul, jazz, rock…). Aujourd'hui, Migos a pris la place. Ces trois-là ne réinventent pas la poudre : filles, came, thune… On connaît la chanson. Ces pieds nickelés vendent leurs disques par camions entiers sans jamais s'ouvrir à la pop mainstream (pas de Hey Ya! dans cette trap lugubre et asséchée). Nouvelle preuve, pour qui en doutait encore, que le rap est devenu la musique populaire mondiale. Liège, 05 > 08.07, Parc Astrid,
13 h, 1 jour : 60 €, 4 jours : épuisé !, www.lesardentes.be 05.07 : Le Motel, Eddy de Pretto, Vald, Damso, Suprême
Ntm, Caballero & Jeanjass, Damian Jr Gong Marley, Playboi Carti… // 06.07 : Ibeyi, Mc Solaar, L'Or du Commun, Wiz Khalifa… 07.07 : Bigflo et Oli, Orelsan,
Niska, Lil Pump, Omar Souleyman, Juicy, Sopico, Chaton… 08.07 : Therapie Taxi, Massive Attack, Angele, Moha La Squale, Migos, Skepta, The Internet, Young Fathers…
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© Massena
Massive Attack
Main Square © Jérome Pouille musique
Rock Werchter
Main Square
Nick Cave ? OK. David Byrne ? C'est fait. Anderson .Paak aussi… Fichtre ! On évoquait le mois dernier Rock Werchter sans même glisser un mot sur Jorja Smith. Révélée par Drake, l'enjôleuse Britannique est en passe de s'imposer comme la nouvelle diva du R'n'B – rien que ça. Sinon, on attend aussi quelques inédits de Gorillaz, dont le sixième album, The Now Now, vient déjà de paraître.
Concerts de Depeche Mode et de Liam Gallagher obligent, la journée de samedi affiche complet depuis belle lurette… Y a pas de Justice ! Ben si justement, le dimanche. Sans oublier quelques ambianceurs de haute volée durant les trois jours. Plus à un gros coup près, le Main Square convie ainsi trois générations de rappeurs : Nekfeu, Roméo Elvis, Orelsan et IAM. Un de perdu…
Werchter, 05 > 08.07, Festivalpark, 13 h,
Arras, 06 > 08.07, La Citadelle, ven : 15 h 30, sam : 13 h 30, dim : 12 h 30, 1 jour : 54 €, sam : complet !, 3 jours : 129 €, mainsquarefestival.fr
1 jour : 102 €, pass : 238 €, rockwerchter.be Gorillaz, Vince Staples, Kali Uchis, The Killers, Franz Ferdinand, Anderson .Paak, Jack White, MGMT, Jorja Smith, Arctic Monkeys, Nick Cave, Noel Gallagher, David Byrne…
Nekfeu, Paul Kalkbrenner, Gojira, Roméo Elvis, Depeche Mode, Liam Gallagher, The Blaze, Jamiroquai, Orelsan, IAM, Justice…
En Nord Beat
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Loin des mastodontes de l'été, En Nord Beat défend une idée plus conviviale de la fête. Monté par une bande de potes mélomanes, le festival n'a toutefois pas à rougir de son affiche. Jugez plutôt : Molécule, Salut c'est cool, les pionniers du punk hardcore GBH… et puis quelques bons rappeurs comme Hugo TSR ou Demi Portion. Décollage immédiat ! Bailleul, 06 & 07.07, Parc Legrand-Grubbe, ven : 16 h 30, sam : 14 h 30, 1 jour : 22 / 18 €,
2 jours : 39 / 32 € / gratuit (-12 ans), www.ennordbeat.fr
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Ostend Beach Festival
Bruxelles fait son cinéma
Sur la plage abandonnée, BPM et bons DJ… Tout est dit, non ? Le soleil s'attarde moins en mer du Nord qu'aux Baléares, certes, mais ces quatre scènes ostendaises rivalisent avec les meilleurs "beach festivals" d'Europe. Pour preuve la présence de Rødhåd, l'un des boss de la techno allemande (résident du Berghain), ou encore celle de Felix da Housecat, pionnier de la house made in Chicago. Bref, la tête dans les étoiles, les pieds dans le sable… et quelques croquettes de crevettes, au passage !
Voilà 18 ans que ce festival promène ses écrans à Bruxelles, ressuscitant une vieille tradition (méditerranéenne) du 7e art : le cinéma de plein air. Pour voir quoi ? Un peu de tout, mais pas n'importe quoi. De la comédie, avec C'est tout pour moi, premier film (autobiographique) de la tordante Nawell Madani. Du biopic, avec Django (où Reinhardt est incarné par Reda Kateb). Du drame avec le gracieux Fais de beaux rêves de Marco Bellocchio… Bref, de belles toiles, mais sous les étoiles.
Ostende, 07 & 08.07, plage, 12 h, 1 jour : 54 €,
Bruxelles, 08 > 20.07, divers lieux en plein-air,
2 jours : 79 €, www.ostendbeach.be
début des projections vers 22 h 10, gratuit, bruxellesfaitsoncinema.be
07.07 : Claptone, Rødhåd, The Advent, Art Department… 08.07 : Woodie Smalls, Camelphat, Felix da Housecat, Green Velvet, Cherry Moon Legends, Jaydee, Phi Phi, Quincy, Yves Deruyter, Emmanuel Top, Fred Hush, Peo Watson…
08.07 : C’est tout pour moi (Koekelberg) 09.07 : Au revoir là-haut (Schaerbeek) 10.07 : Visages Villages (Watermael-Boistfort) 14.07 : Django (Jette) // 16.07 : Le Sens de la fête (Saint-Josse-ten-Noode) 19.07 : Fais de beaux rêves (Anderlecht)…
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Tr e n t i è m e édition pour ce festival, devenu en moins de temps qu’il ne faut pour dire doureuuuh (le cri de guerre officiel) un incontournable de l'été. L'an passé, 242 000 curieux avaient foulé la Plaine de la Machine à Feu et ses sept plateaux thématiques. De l'eau a coulé sous les ponts depuis les cinq premiers concerts donnés en 1989, et les prestations de Bernard Lavilliers ou Gamine. Les choses ont-elles changé ? Dans la forme, oui. Dans le fond, pas vraiment. Le line-up s'est enrichi, diversifié, mais reste défricheur – en particulier au rayon hip-hop et electro. Mathieu Fonsny, co-programmateur avec Alex Stevens, lève un coin de l'affiche. Propos recueillis par Julien Damien
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Trentenaire à vif
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Dour Festival
Comment le Dour Festival est-il né ? En 1989, à l'initiative d'un habitant, Carlo Di Antonio, qui souhaitait dynamiser sa ville. à l'époque existaient déjà de gros festivals en Belgique, plutôt en Flandres, comme Pukkelpop ou Rock Werchter. Ils trustaient tous les grands noms du rock anglo-saxon. L’idée a donc été de programmer ce qu'on ne voyait pas ailleurs. D'abord du rock français puis, dès le début des années 1990, Carlo a invité De La Soul ou Public Enemy, alors que le hip-hop à cette époque n'était pas très à la mode. Il a initié cet esprit puis est devenu ministre, en 2011, et nous a laissé la main. Quel est l'ADN de votre événement ? Nous creusons depuis toujours les sous-genres et les contre-cultures qui, fatalement, deviennent populaires. On le voit avec le hip-hop, qui s'impose comme la pop d'aujourd'hui. C'est la même chose pour la techno qui s'est infiltrée partout. L'autre point fondamental, c'est le public. Dour reçoit une communauté de mélomanes, de curieux qui se retrouvent pour partager leurs goûts. 95 % des festivaliers réservent le
camping pour les cinq jours, soit l'expérience complète. Comment concevez-vous le line-up ? Il y a plusieurs équilibres à trouver. D'abord entre les "découvertes" et les têtes d'affiche, lesquelles restent importantes car elles offrent des moments fédérateurs, comme le concert de The Chemical Brothers cette année. On jongle aussi entre les styles, programmant aussi bien du dub que de la drum and bass, du metal, de l'electro… Nous ménageons aussi une belle place aux artistes belges. Cette édition affiche quasiment 50 groupes wallons, flamands ou bruxellois sur 230. Enfin, on essaie d'inviter autant d'hommes que de femmes… L'idéal serait d'obtenir la parité. Quels sont les artistes que vous êtes particulièrement fiers de recevoir ? Je ne vais pas le cacher, je suis ravi d'accueillir Tyler, The Creator. Booba aussi, très difficile à produire en festival. Il y en a tellement d'autres… suite
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On peut citer Honey Dijon, une DJ oscillant entre disco et house, certainement la prochaine sensation dans ce milieu "crossover". Et puis, on soutient Amelie Lens depuis le début, et elle répond toujours à nos invitations, c'est une vraie histoire d'amitié…
« Nous creusons depuis toujours les sous-genres et les contre-cultures » Quels noms nous invitez-vous à découvrir ? Les rappeurs flamands de Stikstof, mais aussi DC Salas, un Bruxellois délivrant une techno "intellectuelle"
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Dour, 11 > 15.07, Plaine de la Machine à Feu, mer : 18 h, jeu > dim : 13 h, 1 jour : 75 € (camping inclus), 5 jours : 170 €, www.dourfestival.eu
11.07 : DJ Premier, Action Bronson, GANGUE, Selah Sue, Juicy, Modeselektor, Diplo, Jon Hopkins, Mr. Oizo
et dansante, un peu comme Nicolas Jaar. Je vous recommande aussi les filles de Juicy et Farrago, un producteur de techno belge très prometteur au même titre que Cellini, dans cette veine sombre et martiale. Enfin un dernier Belge pour la route, entre lounge et trip-hop : YellowStraps. Hasard du calendrier, le dernier jour du festival correspond à celui de la finale de la Coupe du Monde. Avez-vous prévu quelque-chose ? Oui, de fêter la victoire de la Belgique contre la France ! à lire / l’interview intégrale sur lm-magazine.com
12.07 : The Chemical Brothers, Booba, Joey Bada$$, Son Lux, Angèle, Dj Tennis, Âme II Âme, DC Salas 13.07 : Soulwax, Caballero & JeanJass, Parcels, The Black Madonna, Fatima Yamaha, Daniel Avery, Honey Dijon, YellowStraps 14.07 : Paul Kalkbrenner, alt-J,
L’Entourage, Princess Nokia, Mount Kimbie, Baxter Dury, Paula Temple b2b Rebekah, Bagarre, L’Impératrice, Malik Djoudi 15.07 : Tyler, the Creator, Nekfeu, Lomepal, Stikstof, Beth Ditto, Polo & Pan, Flavien Berger, Agoria, Rødhåd, Amelie Lens, Farrago, Cellini…
du
conte de Chiny
© Olivier Calicis
Festival interculturel
théâtre
Les enfants ne sont pas les seuls à aimer les histoires. à Chiny, petite ville médiévale bordée par la Semois, ils sont plus de 5 000 à se retrouver en juillet pour un voyage en sons et paroles. Cette année, 120 spectacles s'offrent à toutes les oreilles. Les plus petits se tournent vers les comptines du ménestrel belge Piwi, ou suivent avec Luigi Rignanese les aventures de Vardiello, "roi des Nigauds" qui, à trop jouer au malin, en a perdu la tête… Les plus avertis rougissent de plaisir avec les amants sensuels de la violoniste Anne Grigis (Les Ardents), et réfléchissent avec les Histoires tombées du ciel juives, chrétiennes et musulmanes de Jean-Jacques Fdida. Raconter pour rencontrer l’autre, c’est aussi le credo de ce rendez-vous interculturel. Au son du tambour, du cuatro, des guitares et de l’accordéon, Philippe Sizaire et Naira Andrade nous emmènent donc en Amérique latine, à la découverte des Femmes du fleuve. Toujours au fil de l'eau, on embarque avec Christian Schaubroeck au petit matin en quête de récits nichés le long de la rivière. Enfin, citons ce concours où s’affrontent 10 talents de la région. Bienvenue à ces nouvelles voix ! Les bons contes font les bons amis. Marine Durand
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Chiny, 13 > 15.07, divers lieux. Entrée site : 6 € / jour, 2 jours : 10 €, (5 > 12 ans : 2 €) / gratuit (-5 ans), 1 spectacle en salle : 7 / 4 €, 5 spectacles : 28 €, (5 > 12 ans : 16 €), conte.be
13.07 : Catherine Pierloz et Simon Gauthier : à la croisée des voix…
14.07 : Piwi vous rencont(r)e : Munoki l'enfant courageux, Christian Schaubroeck : Les Barques de l’aube et promenade contée, Anne Grigis : Les Ardents, Luigi Rignanese : Tutti Santi, Philippe Sizaire et Sophie Cavée : Il était une fois… 15.07 : Christian Schaubroeck : Les Barques de l’aube et
promenade contée, Simon Gauthier : Le Vagabond céleste, Jean-Jacques Fdida : Histoires tombées du ciel, contes juifs, chrétiens et musulmans, Luigi Rignanese : Vardiello, ex-roi des Nigauds, Philippe Sizaire et Naira Andrade : Femmes du fleuve, Piwi vous rencont(r)e : Eddy prince des tout-petits…
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Nils Frahm © Alexander Schneider
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Cactus Festival
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musique
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Chi va piano, va sano. Hors de question pour le festival Cactus de jouer la carte de la démesure ou de concurrencer les mastodontes sur leur terrain. Non. À Bruges, on mise sur la qualité : un rendez-vous intimiste, dans un proverbial écrin de verdure, et quelques invités triés sur le volet. Après tout, à quoi bon vouloir toujours plus grand ? Le verdoyant Minnewaterpark constitue l'enjeu et la limite de la jauge, et c'est tant mieux. C'est donc en comité restreint (humain, tout simplement) que l'on assiste à des concerts qui sortent souvent de l'ordinaire. Il n'est ainsi pas certain que Triggerfinger, habitué des routes l'été (et l'hiver aussi), livre ici le même set que devant des dizaines de milliers de spectateurs (partout ailleurs). De même, on imagine que la timide Charlotte Gainsbourg sera un chouïa plus à l'aise pour défendre son cinquième album. Filtre magique Ce cadre provoque également de jolis carambolages : on attend de pied ferme l'über-urbain Sampha, Londonien pur jus et intime de Kwes, Ghostpoet ou SBTRKT, livrer son R'n'B mâtiné de soul électronique au milieu des arbres… Le parc brugeois peut également devenir le lit idéal de douces rêveries, et si la revenante Goldfrapp privilégie ses balades à ses tubes dancefloor, on pourra narguer les étoiles, béat. Quant à Slowdive, entendons-nous bien : ces seconds couteaux shoegaze jouissent aujourd'hui d'un culte uniquement grâce à la patine du temps et au révisionnisme poussant à tout réévaluer à la hausse. Et, non, ce n'est pas toujours justifié. Allez, le Cactus méritait bien une petite pique ! Thibaut Allemand
Bruges, 13 > 15.07,
Minnewaterpark, ven : 16 h, sam & dim : 11 h, 1 jour : 59 / 49 €, 2 jours : 98 / 85 €, 3 jours : 122 / 110 €, www.cactusfestival.be
13.07 : Triggerfinger, Lamb, Buffalo Tom, Jasper Steverlinck, Douglas Firs 14.07 : Emeli Sandé, Arsenal, Charlotte Gainsbourg, Sampha, Her, Intergalactic Lovers, Tune-Yards, Témé Tan
15.07 : Nils Frahm, Mogwai, Slowdive, Strand Of Oaks, Goldfrapp, Suuns, Ryley Walker, The Mystery Lights
La Sextape de Darwin © Bekir Aysan
festivals
théâtre
Le Manifeste Avignon c’est surfait. En juillet, venez à Grande-Synthe ! Imaginé en 2004 par la Compagnie des Mers du Nord, ce « rassemblement international pour un théâtre motivé » provoque la rencontre entre artistes et habitants, histoire de la jouer collectif en questionnant le monde tel qu’il va. Avec un budget réduit mais une énergie à revendre, Le Manifeste est un festival inspiré et engagé. Ici, les laboratoires de création participative ont la même importance que les spectacles. « On essaie d’initier un rendez-vous populaire, aux antipodes des grand-messes de consommation culturelle », affirme Brigitte Mounier, la coordinatrice. « Politique au sens premier », cette agora éphémère explore cette année les thèmes des minorités et des identités (sexuelles, nationales…). Celles-ci résonnent avec la question migratoire, prégnante dans la région. La parole est donnée aux exclus du système. On croise des indiens d'Amazonie luttant pour leur survie et contre le progrès dans Gavião de duas Cabeças. On rencontre aussi des queers ou des Samis, population installée en Laponie et menacée par le changement climatique, représentée par la chanteuse à la voix de cristal Elle Marja Eira. Même la rue est investie à travers une marche "Reclaim the future", regroupant tout ce beau monde, le 14 juillet. Une autre fête nationale, militante et cosmopolite ! Sarah Elghazi Palais du Littoral, 15 h, 1 jour : 7 / 4 €, 3 jours : 18 €, lemanifeste.com
Débat avec A.-L. Amilhat-Szary : La frontière est mobile, qu’on se le dise !, Ouvre le Chien : Haskell Junction…
13.07 : Cie des Mers du Nord : La Sextape de Darwin,
14.07 : Concert d'Elle Marja Eira‘s Band…
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Grande-Synthe, 13 > 15.07,
15.07 : N. de Kersabiec, M.A. Macloed, B. Mounier : Deeds not Words, Renaud Cojo : L’état de frontière, MateriaBruta : Gavião de duas Cabeças, Rencontre avec les artistes, Bal de clôture…
Festival de la Côte d'Opale Cette manifestation a toujours soigné son affiche, en conviant des figures populaires et "classieuses", pour reprendre un néologisme de Gainsbourg. L'épithète vaut aussi bien pour François Morel (dans un hommage vibrant au music hall) que Stephan Eicher. à ce propos, le Suisse, jamais là où on l'attend, a quitté son orchestre d'automates. Sans remords ni regrets, il partage la scène avec la rappeuse Steff la Cheffe, virtuose du beatboxing, et la fanfare aux accents balkaniques Traktorkestar ! Boulogne-sur-Mer, Outreau, Desvres, Neufchâtel-Hardelot, Le Portel, Condette, 15 > 22.07, divers lieux, 1 concert : 33 > 15 €, www.festival-cotedopale.fr
15.07 : Sanseverino (Desvres) // 16.07 : François Morel (Outreau) // 17.07 : Gauvain Sers (NeufchâtelHardelot) // 18.07 : Aldebert (Boulogne/Mer) // 19.07 : Julien Clerc (Boulogne/Mer) // 20.07 : Bigflo et Oli (Boulogne/Mer) // 21.07 : Stephan Eicher & Traktorkestar feat Steff la Cheffe (Le Portel)…
Richard Ashcroft © Capitol Records
musique
TW Classic
Taquins, on a parfois raillé le line-up (un tantinet rétro) de ce festival. Cette année, on s'incline devant le passage de Kraftwerk. Loin de se contenter de rejouer leurs classiques, les pères de la techno font honneur au concept wagnérien d'œuvre totale. Leurs concerts s'apprécient comme des performances synesthésiques, mêlant créations 3D et son spatialisé. En attendant le show, on patiente avec le boss de la soul, Nathaniel Rateliff, mais on snobe Richard Ashcroft – plus très en verve… Werchter, 14.07, festivalpark, 13 h, 82 €,
www.twclassic.be Editors, The National, Kraftwerk 3-D, dEUS, Nathaniel Rateliff & The Night Sweats, BLØF, Richard Ashcroft…
François Morel © Frank Loriou / Agence VU
festivals musique
Francofolies de Spa © Sonia Chapelle
musique
Boomtown
Francofolies de Spa
Voici une programmation pop-rock qui dope les fêtes de Gand. Entre concerts payants (à l'Handelsbeurs et l'Opéra) ou gratuits, sur des scènes extérieures, à vous de choisir. En accès libre, on ne boude pas notre plaisir devant Kevin Morby ou Absynthe Minded – même si on peut toujours lâcher un bifton pour écouter Adamo ou Suzanne Vega.
Pour sa 25e édition, les Francofolies s'offrent un petit lifting. Le festival se concentre autour du Parc de 7 heures. Sinon, le principe reste le même. Ici, on défend la francophonie au sens (très) large, de Francis Cabrel à Roméo Elvis. Mais on s'autorise quelques incartades dans la langue de Shakespeare avec, par exemple, The Human League. Yes sir !
Gand, 17 > 21.07, Handelsbeurs : 17 / 15 €,
Spa, 19 > 22.07, Parc de 7 Heures & Place
Opéra : 65 > 15 €, concerts gratuits en extérieur, boomtownfestival.be
Royale, 13 h, 1 jour : 53,50 €, 4 jours : 113,50 €, francofolies.be
17.07 : Milow, Kevin Morby, Absynthe Minded… 18.07 : Suzanne Vega, Girls in Hawaii, BRNS… 19.07 : The Black Heart Rebellion, Spinvis… 20.07 : Adamo, Vive la Fête… 21.07 : Flying Horseman…
19.07 : L'Or du Commun, Roméo Elvis, Girls in Hawaii, Clara Luciani… // 20.07 : Cats on Trees, Francis Cabrel… // 21.07 : Calogero, Tim Dup… 22.07 : Cœur de Pirate, Mat Bastard, Vianney, Caballero & JeanJass, The Human League…
Tomorrowland Tomorrowland ? Des décors ahurissants et pas du meilleur goût. La musique ? Euh… Disons qu'il faut aimer l'EDM. Pourtant, depuis une paire d'années, le mastodonte a changé son fusil d'épaule et, même si on ne se rue pas sur toutes les scènes, on a levé un sourcil à l'annonce de Richie Hawtin, Jamie Jones ou Jennifer Cardini. Franchira-t-on le pas ? On verra ça demain…
# 52
Boom, 20 > 22.07 & 27 > 29.07, Zone de loisirs De Schorre, 12 h, complet !, tomorrowland.com
Boston Bun, Richie Hawtin, Jamie Jones, Fatboy Slim, 2 Many DJ's, Dixon, Ricardo Villalobos, Dave Clarke, Underworld, Maya Jane Coles, Tiga, Rødhåd b2b Âme, Tale of Us, Myd, Todd Terry, Damian Lazarus, Jennifer Cardini, Maceo Plex, Nina Kraviz, Gui Boratto, Dominik Eulberg…
Tiken jah Fakoly © Youri Lenquette
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musique
Rock en Stock Jamais avare de noms cocasses (Les Clébards, Les Rappeurs en Carton…) ce festival parvient toujours à convier de savoureuses têtes d'affiche sous son chapiteau. C'est d'autant plus le cas à l'occasion de cette 20e édition, placée sous le signe des retours tous azimuts. On citera les BB Brunes, enfin sortis d'un long congé sabbatique, ou Les Négresses Vertes, qui célèbrent à étaples les 30 ans de leur mythique album Mlah. Au rayon des références, on s'intéressera aussi à Tiken Jah Fakoly, infatigable prêcheur de la bonne parole de Jah – certifié conforme depuis 1987 ! étaples, 28 & 29.07, Parc du Valigot, sam : 14 h 30, dim : 13 h, 1 j : 25 €, 2 j : 35 €, rockenstock.fr
28.07 : Les Négresses Vertes, BB Brunes, Unswabbed, EFYX, Double T, Serial Kipper… 29.07 : Tiken Jah Fakoly, Hilight Tribe, Didier Chappedelaine et ses Maudits Français, Fath'son, Edgär, Les Rappeurs en Carton, Les Clébards, Social Diktat…
A Woodstock Reunite
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Lessines célèbre le cinquantenaire de Woodstock avec un an d'avance, conviant deux légendes du bluesrock qui brillèrent lors de la petite sauterie hippie de 1969. Pas aussi connu que ses contemporains de Led Zeppelin, Ten Years After n'en a pas moins signé quelques chefsd'œuvre (I'm Going Home). Et que dire de Canned Heat, dont l'hymne On The Road Again trône au panthéon du psychédélisme ? Lessines, 27.07, Cour de ferme de l'Hôpital
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Notre-Dame à la Rose, 42 > 28 €, 17 h 30, ccrenemagritte.be Ten Years After © Rob Blackham
Canned Heat, Ten Years After, Guy Verlinde & the Mighty Gators
Les Nuits Secrètes
Malik Djoudi ┬® Ph. Lebruman
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L'Avesnois ne manque pas de charme, ni de spécialités : la Boulette d'Avesnes, le Maroilles… et les Nuits Secrètes ! Entre la cité et le bocage, ce festival n'a de cesse de se renouveler en restant fidèle à son credo. Ici, on rend la qualité populaire tout en cultivant le mystère. De quoi en faire tout un fromage ! Le rendez-vous aulnésien fête ses 17 ans. On n'est pas sérieux à cet âge, clamait le poète. Sûr ? Petit Biscuit a pourtant décroché son bac S en enchaînant les Zénith… Soit. Les Denaisiens post-punk de T 21 renverront sans doute quelques festivaliers à leur adolescence. à commencer par Olivier Connan. « Ce fut l'une de mes premières claques », se remémore le directeur, qui doit avoir les joues bien rouges au vu des artistes passés par ici depuis 2002… Noces rebelles Si les Nuits broyèrent du noir en 2016, elles ont su se réinventer. La Grande Scène est devenue payante certes, mais l'affiche s'est bien étoffée. Le Jardin a lui laissé place à l'Eden, une ancienne usine de bombes reconvertie durant trois jours en club géant. La synth-pop entêtante d'Agar Agar devrait y mettre le feu… Pour le reste, la convivialité reste de mise. D'ailleurs, on peut désormais séjourner chez l'habitant. Plus fort : « il y a deux ans, un couple d'habitués s'est même marié en plein festival ! ». Bon, il y a moins radical pour impressionner sa moitié. Tenez, les parcours secrets : on monte dans un bus nous embarquant Dieu sait où (un château, une grange…) pour écouter Dieu sait qui. Malik Djoudi ? Clara Luciani ? Désormais programmée sur la Grande Scène, Juliette Armanet fut découverte ici par une poignée de veinards dès 2015… dans une église ! Sacrée révélation. Julien Damien Aulnoye-Aymeries, 27 > 29.07, centre-ville,
ven : 16 h, sam : 14 h, dim : 15 h, 1 jour : 40 / 33 € (Grande Scène + Eden), 3 jours : 80 / 77 €, 1 parcours secret : 8 €, 3 parcours secrets : 20 €, www.lesnuitssecretes.com
27.07 : Clara Luciani, Jain, Juliette Armanet (Grande Scène) Gaël Faye (Eden)… 28.07 : Alt-J, Eddy de Pretto, Petit Biscuit, Lomepal (Grande Scène), T21, Agar Agar, Rone (Eden)… 29.07 : Therapie Taxi, Feu! Chatterton, Bagarre, Shaka
Ponk, Vitalic (Grande Scène), Angèle, Panda Dub, BRNS, Tamino (Eden)… Parcours secrets : Otzeki, Sandra Nkake, Therapie Taxi, Agar Agar, Clara Luciani, Tshegue, BRNS, Malik Djoudi, Fantazio & Seb Martel…
Dekmantel © Yannick van de Wijngaert musique
Suikerrock
Moods !
Pour la 32e fois, ce festival installe sa machine à remonter le temps sur l'une des plus grandes places de Belgique. Au fil du voyage on retrouve des groupes qu'on croyait disparus. Après Status Quo l'an passé, Suikerrock ressucite Alanis Morissette, Kool & The Gang et l'immense OMD, groupe emblématique de la new wave des eighties (Electricity, Enola Gay…). La nostalgie camarade !
Au cœur du quartier historique de la Venise du Nord, on alterne scènes payantes, au beffroi, et gratuites, sur la Grand-Place. Des concerts au rabais ? Même pas. On trouve bien un groupe de reprises, comme à la fête de la musique (Nouvelle Vague) mais sans bourse délier, on applaudit aussi nos Perpignanais psychés préférés, The Limiñanas !
Tirlemont, 27 > 29.07, Grote Markt, ven : 18 h,
sam : 15 h 30, dim : 14 h, 1 jour : 49 € (6 > 12 ans : 15 €), 3 jours : 115 €, suikerrock.be 27.07 : Pitbull, Lost Frequencies… // 28.07 : A. Morissette… // 29.07 : OMD, Kool & the Gang
Bruges, 27.07 > 09.08, Grand-Place
et au beffroi, 20 h 30, 24 € > gratuit, moodsbrugge.be 28.07 : Nouvelle Vague (gratuit)… 01.08 : Heather Nova // 03.08 : Stef Kamil Carlens, The Limiñanas (gratuit) // 07.08 : Joan as Police Woman // 08.08 : Jonathan Jeremiah
Dekmantel Depuis Amsterdam, donner trois coups de pédales au sud-ouest. Pénétrer le bois. Trouver la clairière. Et admirer l'affiche… John Talabot, Orbital, Carl Craig… On en oublie. Mais on n'omet pas les sets de l'Allemande hiératique Helena Hauff ou de l'insigne DJ Stingray, compagnon de route du légendaire Drexciya. Enfin, on trépigne à l'annonce de Unit Moebius, dépositaire du "son de La Hague". # 58
Amsterdam, 01 > 05.08, Amsterdamse Bos, 1 j : 52 > 32 € (complet ven > dim), dekmantelfestival.com
01.08 : Four Tet, Tangerine Dream // 02.08 : J. Holden, J. Maus, Unit Moebius // 03.08 : J. Talabot, Orbital, R. Villalobos, Thundercat // 04.08 : DJ Stingray, Mount Kimbie // 05.08 : C. Craig, H. Hauff, Jamie xx…
Festival Dranouter
Selah Sue © Alexander Brown
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musique
En temps normal, Dranouter, c'est un village tranquille niché entre les champs et les collines des Flandres. Mais depuis 1975, au cœur de l'été, un étrange phénomène démographique démultiplie la population locale, qui passe de 500 à plus de 45 000 âmes ! « à l'origine, le patron du café du coin organisait des concerts, raconte Bavo Vanden Broek, directeur de la manifestation. Puis il a eu l'idée de monter un festival sur le terrain de l'école communale. Et ça a grossi, grossi… ». Jusqu'à s'imposer comme l'un des plus fameux rendez-vous folk en Europe. Pour sa 44e édition, cette grandmesse de la gratte (mais pas que) reçoit ainsi l'immense mais trop méconnu Richard Thompson. Cet Anglais est d'ailleurs considéré par Rolling Stone comme l'un des meilleurs guitaristes de tous les temps. On citera aussi le groupe québécois Le Vent du Nord, passé maître en podorythmie, soit une forme de percussion consistant à taper du pied sur une planche. Mais au fil du temps, Dranouter s'est aussi ouvert à la pop et au rock. Parmi ses quatre scènes (trois sous chapiteaux et une… dans l'église), on découvre ainsi Angèle, Selah Sue ou Les Négresses Vertes, venus fêter les 30 ans du mythique album Mlah. « La dernière fois que je les ai vus c'était ici, en 1992. Cela me touche vraiment de les accueillir ». Famille nombreuse, famille heureuse… Julien Damien
# 60
Dranouter, 03 > 05.08,
divers lieux en ville, ven : 16 h, sam : 13 h, dim : 13 h 30, 1 jour : 85 / 70 €, 2 jours : 115 / 100 €, 3 jours : 135 / 120 € , www.festivaldranouter.be
03.08 : De Temps Antan, Intergalactic Lovers, Angèle, Le Vent du Nord, Jake Bugg… 04.08 : Gogol Bordello, Les Négresses Vertes, Selah Sue, Absynthe Minded, Richard Thompson Electric Trio,
Pete Morton… 05.08 : Douglas Firs, ‘T Hof Van Commerce, Goran Bregovic and his Wedding & Funeral Band, Milow, The Mavericks, Jake Morley, Faces on TV…
festivals
Interview
Mélissa Laveaux
Voodoo Child
# 62
Propos recueillis par Audrey Chauveau Photo Mélissa Laveaux © Romain Staros Staropoli
D'emblée, on reconnaît chez Mélissa Laveaux le regard pétillant des créateurs passionnés. Guitariste, auteure, compositrice et interprète, la Canadienne concasse pop, rock, punk et le calypso hérité de ses origines haïtiennes. De retour avec un 3e album intitulé Radyo Siwèl, fruit de sa fascination pour l’histoire d’Haïti, elle se prête avec simplicité au jeu de l’interview. Rencontre avec une artiste au sourire généreux, afro-féministe militante et homosexuelle assumée. Comment présenteriez-vous votre musique ? ça dépend. Chaque disque représente une période de ma vie, différentes manières de m’exprimer. Mon premier opus était très folk canadien avec des références à mon pays d'origine. Le deuxième mélangeait pop rock et afro-beat. Dans Radyo Siwèl, je revisite les chansons haïtiennes des années 1920. On reconnaît parfois le son rock des seventies, ou celui d’un grand orchestre des années 1950. Ça bouge ! Disons que c'est du rock indé haïtien. Pourquoi une telle variation ? C'est lié aux guitares. à chaque fois, j’en choisis une nouvelle et mon son évolue. Cela dit, il y aura toujours un fond pop dans ma musique car j'ai baigné dedans. Mes textes racontent systématiquement
une histoire, je me contente de les interpréter. Vous parlez et écrivez en anglais, français et créole. Quelle langue traduit-elle le mieux vos émotions ou révoltes ? Comme de nombreux Canadiens bilingues ou trilingues dont les parents sont étrangers, les langues se mélangent. Il m’est impossible de choisir. En fait, cela dépend de la personne à laquelle je m’adresse. J'ai toujours quelqu'un à l'esprit lorsque j’écris et interprète une chanson, ma grand-mère, une amoureuse… n’importe qui. On chante plus joliment si le morceau est incarné, quand ça vient du cœur. Quelle place la culture haïtienne occupe-t-elle dans votre histoire ? Il est essentiel de savoir d’où l'on
suite
festivals
vient pour se construire. Et je suis particulièrement fière de mes origines haïtiennes. La résistance de ce peuple lors de l'occupation américaine de 1915 à 1934 force le respect.
# 64
Que pouvez-vous nous dire du vaudou haïtien ? C’est un pilier de notre culture, à tel point que pratiquants ou non pratiquants veillent à ne pas traverser un cimetière un samedi soir en sifflant, par exemple ! Ça peut sembler anecdotique, mais le vaudou fut un outil important pour mon peuple… Dans quel sens ? Comme un moyen de résistance ! Contre les Français et les Américains qui craignaient la population à cause de cette religion. Ils ont
« J'ai toujours quelqu'un à l'esprit lorsque j’écris » même essayé d’interdire sa pratique, de fermer les lakous (ndlr. temples vaudous), cherchant à la diaboliser. En vain, car si mes ancêtres ont survécu à toutes ces années d’esclavage, cela prouve que la formule fonctionne… Comment peut-on décrire votre nouvel album, Radio Siwèl, majoritairement interprété en créole ? C’est une relecture de chansons datant de l’occupation américaine. Les paroles comportent un double sens et se moquent des Américains. D’autres appartiennent au folklore
pluridisciplinaire
haïtien et expriment les lamentations, la tristesse ou célèbrent le vaudou en cachette. à quoi peut-on s'attendre sur scène ? J’ai envie de m’exprimer en petit comité et de faire danser. Je présente chaque chanson pour que le public sache sur quoi il chaloupe. Les Haïtiens dansent tout le temps. Même au moment où Trump les a insultés, ils se sont réunis en masse devant la Trump Tower pour chanter. Alors on espère que les gens se trémousseront ! Floreffe, 05.08, Abbaye de Floreffe
Esperanzah! © Olivier Rinchard
(festival Esperanzah!), 20 h 45, 1 jour : 44 / 38 €, www.esperanzah.be
Esperanzah! Un autre monde est possible ! Tel est le slogan de ce festival né en 2002. Militant (mais pas moralisateur), Esperanzah! défend cette année la cause des femmes ou, plus précisément, "le déclin de l'empire du mâle", entre cinéma, débats et arts de rue. Côté musique ? Trois plateaux, avec chacun sa couleur musicale. Futuro fait la part belle aux groupes d'avantgarde (Acid Arab) et la scène Alpha aux musiques traditionnelles, représentées par Mélissa Laveaux ou Oum et ses sonorités arabes nourries de soul et de jazz. Enfin, le Jardin accueille les têtes d'affiche : Gaël Faye, Jain, ou Melanie de Biasio. Ça va déjà mieux, non ? Floreffe, 03 > 05.08, Abbaye de Floreffe, ven : 15 h, sam & dim : 12 h, 1 jour : 44 / 38 € / gratuit (-12 ans), 3 jours : 92 / 78 €, www.esperanzah.be
Musique – 03.08 : Jain, Roméo Elvis & Le Motel, Gaël Faye, Acid Arab… 04.08 : Bernard Lavilliers, Naâman, Goran Bregović, Médine, Oum, Juicy… 05.08 : Gogol Bordello, Grand Corps Malade, Melanie de Biasio, Her, Mélissa Laveaux… Cinéma – 03.08 : Dangerous Curves, Je n'aime plus la mer, Boys of Hong Kong… 04.08 : Amal, Ouaga Girls, La Sociologue et l'ourson, The Poetess… Arts de la rue – 03 > 05.08 : Afuma, Métalu à Chahuter, Cie Le Fil à la Patte, Cie Lorsque Soudain !, Giulia Palermo, Constanza Sommi…
co rd s Re ro s rB ne
Caballero & JeanJass © Guillaume Kayacan
W ar ar d/ ow H lla Be © n le Al ly Li
musique
musique
Ronquières Festival
Lokerse Feesten
On nourrit une inclination sans bornes pour ce festival sis sur le canal Bruxelles-Charleroi. Au pied du Plan incliné (un ascenseur élevant les péniches) se succèdent de joyeux drilles (Django Django), des habitués du coin (Girls In Hawaii, Triggerfinger, Intergalactic Lovers) et d'authentiques stars (Lily Allen, étienne Daho…). À noter que le hiphop est à l'honneur avec un revenant (MC Solaar) et deux loustics de la prolifique scène belge (Caballero & JeanJass). De belles ascensions en perspective !
à Lokeren, la programmation repose sur un savant mix entre artistes belges et stars internationales abonnées aux stades. Surtout, elle nous surprend en piochant dans le vaste patrimoine du rock, de l'electro ou de la pop. De Gary Numan à Front 242, de Prodigy à Simple Minds en passant par The Pretenders ou dEUS. Comment être blasés ? D'autant que des fleurons du hiphop sont aussi dans la place (Gucci Mane, Caballero & JeanJass…).
Ronquières, 04 & 05.08, Plan incliné, 12 h,
# 66
1 jour : 43 €, 2 jours : 69 € / gratuit (-12 ans), www.ronquieresfestival.be 04.08 : Asaf Avidan, Caballero & JeanJass, étienne Daho, Mc Solaar, Témé Tan… 05.08 : Django Django, Girls in Hawaii, Intergalactic Lovers, Lily Allen, Nada Surf, Triggerfinger…
Lokeren, 03 >12.08, Grote Kaai (Grand Quai), Red Bull Elektropedia Room (Sportlaan), divers horaires, 1 jour : 55 > 15 €, pass : 160 €, lokersefeesten.be
03.08 : Simple Minds, Arsenal… // 04.08 : Die Antwood, Coely, Caballero & JeanJass, Woodie Smalls… // 05.08 : Gojira… // 08.08 : Bad Religion, Suicidal Tendencies… // 09.08 : The Prodigy… // 10.08 : dEUS, Kasabian, Manic Street Preachers, Warhaus… // 11.08 : 2 Many DJ’s, Front 242, Gary Numan… // 12.08 : Gucci Mane…
Marc Almond © dR
festivals
musique
W-Festival
Tandis que le revival eighties dure plus longtemps que les années 1980 elles-mêmes, ce festival met à l'honneur les vrais de vrais. On retrouve ici les tauliers du Top of the Pops britannique et quelques fleurons new, dark et cold wave… En somme, de l'electropop à papa. Il est donc question de synthés, de voix tantôt sucrées, tantôt sépulcrales, de coiffures étranges aussi (n'est-ce pas, Limahl ?), mais surtout de hits atemporels. Kim Wilde en a ainsi livré une ribambelle, en même temps que Paul Young, Soft Cell, Heaven 17 ou ABC. On espère simplement que l'Anglaise ne s'attardera pas trop sur son nouvel album, le très moyen Here Come the Aliens – pour rester poli. On ne manquera pas non plus d'applaudir les vétérans de DAF, pionniers de l'EBM, dont les hymnes martiaux (Der Mussolini) ou plus mélancoliques (Sato Sato) inspirèrent à peu près tous les virtuoses de la techno. Aussi vrai pour A Split-Second qui a signé Flesh, considéré comme le titre fondateur du mouvement New Beat. Oui, la musique électronique est une "histoire sans fin", comme le chantait si joliment le susnommé Limahl. Julien Damien
# 68
Amougies, 16 > 19.08,
Site de l'aérodrome, jeu, sam & dim : 12 h, ven : 11 h 30, 1 jour : 40 €, 2 jours : 70 €, 3 jours : 100 €, 4 jours : 120 €, www.w-festival.com
16.08 : The Wedding Present, The Christians, Roland Gift (Fine Young Cannibals), Machiavel, A Slipt-Second, Wang Chung, Axel Bauer, Midge Ure, DAF… 17.08 : Altered Images, Peter Godwin, A Flock of Seagulls, Annabella’s Bow Wow Wow,
ABC, Kim Wilde… 18.08 : Front Line Assembly, Secret Service, Nouvelle Vague, Heaven 17, Limahl, The Voice of Kajagoogoo, Paul Young… 19.08 : Trisomie21, Suicide Commando, Captain Sensible, Marc Almond…
Nostalgie Beach Festival
musique
Ici, c'est un peu Classic 21 grandeur nature, mais à la plage (qui a dit "Rides et Chanson" ?). On ne sait si le souhait d'Alphaville (Forever Young) a été exaucé. Mais on ne rechigne pas à applaudir Madness ou ce bon vieux Jimmy Cliff. Pump up The Jam ("monte le volume") comme le scandaient les Belges de Technotronic ? Et pourquoi pas ? Middelkerke, 11.08, parc du festival, 11 h, 56 € / grat. (-12 ans), nostalgiebeachfestival.be
Madness, Jimmy Cliff, 10cc, Alphaville, Technotronic…
Jazz Middelheim
En face du musée de plein air de Middelheim, le parc Den Brandt donne le change avec ses grands hêtres, ses jolies fleurs… et son festival de jazz. On le sait, la note bleue est affaire d'ouverture. On le vérifie les pieds dans l'herbe en écoutant Kamasi Washington ou Yasiin Bey et Talib Kweli, qui ressuscitent le projet Black Star avec les cuivres de l'Hypnotic Brass Ensemble. Du lourd ! Anvers, 09 > 12.08, Parc Den Brandt, jeu > sam : 15 h 30, dim : 14 h, 1 j : 39 > 24 €, 2 j : 70 €, 3 j : 87 €, 4 j : 105 €, jazzmiddelheim.be
09.08 : Kamasi Washington, Yasiin Bey & Talib Kweli… // 10.08 : Philip Catherine, M. De Biasio… 12.08 : Steve Coleman, Archie Shepp…
Brussels Summer Festival Au cœur du Pentagone, le quartier central de Bruxelles (pas le repaire de Donald, hein…), le BSF nous donne un peu de baume au cœur avant la rentrée. Réduit à cinq jours (au lieu de dix), ce rendez-vous affiche un lineup toujours aussi alléchant. Parmi cette avalanche de jolis noms, on a repéré Clara Luciani, Les Négresses Vertes, DBFC, Roméo Elvis ou General Elektriks. Et vous ? Bruxelles, 14 > 18.08, Place des Palais, La Madeleine, Mont des Arts, Place du Musée,
1 jour : 35 / 30 €, 5 jours : 75 €, www.bsf.be
Jazz Middelheim © Maarten Mellemans
14.08 : Les Négresses Vertes… // 15.08 : Clara Luciani, DBFC… // 16.08 : Carpenter Brut, Orelsan, Roméo Elvis… // 17.08 : Calexico, General Elektriks, dEUS…
festivals
Pukkelpop
© Jokko
musique
On se rend rarement sur la plaine de Kiewit. On a bien tort. On attend toujours l'été. C'est toujours la foule. C'est embêtant. Pourtant, hors-saison, on pourrait faire un tour sur le bel aérodrome – le plus vieux de Belgique, vous le saviez ? Bref, comme chaque année, on file à Pukkelpop pour voir des dizaines d'artistes tous plus excitants les uns que les autres. Non, on n'a pas la vie facile. Thibaut Allemand
# 70
Rejjie Snow L'avenir du hip-hop se jouerait-il à… Dublin ? Après tout, la verte Erin a donné pas mal de poètes (Oscar Wilde, Shane MacGowan, William Yeats…) et l'art de la conversation est une tradition locale et ancestrale. Certes, Alexander Anyaegbunam (pour l'état civil) doit beaucoup au rap américain. À tel point qu'il s'est installé à Brooklyn, histoire d'être
au cœur de l'affaire. Le résultat est bluffant, quelque part entre les rimes jazzy d'un NAS et les bricolages avant-gardistes d'Anderson .Paak. Le flow, lui, fleure bon l'Irlande – on ne se débarrasse pas si facilement d'un accent ! C'est peut-être ce qui a décidé Kendrick Lamar de lui confier ses premières parties…
Voici une quinzaine d'années, N.E.R.D (Shay Haley, Chad Hugo et Pharrell Williams) et The Neptunes (les deux derniers) étaient les rois du monde. En déconstruisant le R'n'B pour le projeter dans un futur insensé, ils dessinaient la pop hybride d'aujourd'hui. Certes, le dernier album (qui convie M.I.A., Rihanna, Gucci Mane et Kendrick Lamar) n'est pas aussi novateur qu'autrefois. C'est bien pardonnable. De plus, au vu du savoir-faire du trio, la scène peut réserver un joli foutoir créatif…
© Shawn Brackbill
© Driely S.
N.E.R.D
John Maus
Complice de Panda Bear, d'Ariel Pink et protégé du génie méconnu Matt Fishbeck (Holy Shit), John Maus bénéficie ces derniers temps d'une reconnaissance amplement méritée. Son œuvre ? Une pop noire et synthétique, qui chipe des concepts à Deleuze, Foucault, Badiou ou Rancière, composant un sombre portrait de notre époque. Dit ainsi, ce n'est pas grand-chose. Mais voilà : les mélodies bien troussées, les idées de productions malignes, un jeu de scène violemment épileptique et déroutant font le reste.
Kendrick Lamar
© DR
Kendrick, encore lui. Les premiers attentats du petit Lamar datent d'il y a 16 ans, et l'Américain a depuis fait pas mal de chemin. Adepte d'un rap joué avec de "vrais" instruments (pensez aux Roots), le natif de Compton jongle avec tous les styles, du blues au jazz en passant par le funk. Cette virtuosité musicale s'accompagne d'une sagacité textuelle, le jeune trentenaire devenant chroniqueur engagé du triste état du monde. Pas un hasard, donc, s'il fut récemment honoré du prix Pulitzer ! Hasselt, 15 > 18.08, Kiewit, 12 h, 1 jour : 100 €, 4 jours : 205 €, www.pukkelpop.be
15.08 : Angèle, Coely, Warhaus… // 16.08 : Arcade
Fire, Bicep, Dirty Projectors, Dua Lipa, Grizzly Bear, Juicy, Rejjie Snow, Superorganism, Unknown Mortal Orchestra, The War on Drugs… // 17.08 : Roméo Elvis, Caballero & JeanJass, N.E.R.D.,
John Maus, Rhye, Travis Scott… 18.08 : The Blaze, Cigarettes After Sex, Jungle, Justice, Kendrick Lamar, King Gizzard & The Lizard Wizard, Sleaford Mods, Vitalic…
arts de la rue de Chassepierre des
Joli Vyann and L'Eolienne © Moving Productions
festivals
Festival international
# 72
Si on leur donnait la parole, les pavés et prairies de Chassepierre en auraient de belles à raconter ! 45 ans qu’y défilent clowns, équilibristes ou rêveurs fantaisistes, le temps d’un weekend. La bourgade wallone a beau accueillir le plus ancien festival dédié aux arts de la rue d’Europe, elle parvient encore à étonner. La preuve avec les apparitions / disparitions dans le paysage des Souffleurs commandos poétiques, qui interrogent le pouvoir de destruction de l’homme en se muant en êtres hybrides, mi-humains mi-animaux. « C'est une performance en continu se déroulant dans des endroits impromptus, de jour comme de nuit », éclaire Charlotte Charles-Heep, la programmatrice. Cette édition, guidée par le thème "Libres délires", est celle des audaces créatives. De ruelles en bosquets, laissez vos pas vous guider jusqu’aux acrobaties rock’n’roll du Cirque exalté. Tendez l’oreille vers les expérimentations acoustiques de la Fausse compagnie, ou cueillez les mots de Corneille et Molière, ricochant sur les moules à tartes d’Azimuts. On pourrait continuer des heures (58 compagnies sont au rendez-vous), mais on s'arrête sur les doux dingues de Joe Sature et ses joyeux osselets. Libérés de l’HP, ils comptent bien profiter de leur Autorisation de sortie pour revisiter la pratique de la musique et du théâtre, enchaînant des tableaux aussi improbables que mémorables. Marine Durand Chassepierre, 18 & 19.08, divers lieux, 11 h, 1 jour : 20 > 14 €, (8 > 12 ans : 10 > 7 €), 2 jours : 30 > 20 €, (8 > 12 ans : 15 > 10 €) / gratuit (-8 ans), www.chassepierre.be
Sélection : Chloé Moglia : Rhizome / La Burrasca : Obstinées / Joli Vyann and L'éolienne : Lance-moi en l’air / Les Souffleurs commandos poétiques : Corniches - Heaume Animal / Cirque exalté : Furieuse
tendresse / Joe Sature et ses joyeux osselets : Autorisation de sortie / Les Batteurs de pavés : Germinal / La Fausse compagnie : Le Chant des pavillons / Scopitone et Cie : Cendrillon + Top Fanfare, Fracaban, L'Chaim…
Suprême NTM © DR
# 74
musique
cabaret vert
festivals
Longtemps, Charleville-Mézières fut l'exemple typique de la ville de province d'où l'on veut s'échapper – la faute à Rimbaud. Or, depuis quelques années, le Cabaret Vert a replacé la cité ardennaise sur nos cartes imaginaires. Celles des endroits où l'on s'installerait bien, un de ces jours. Exagéré ? Peut-être. N'empêche que ces quatre jours donnent envie. La preuve, encore une fois, avec une affiche faisant la part belle à… toutes les musiques, des stars qui comptent aux artistes émergents. Ainsi, le hip-hop est largement représenté à travers plusieurs générations, de NTM à Travis Scott et Damso en passant par Booba. De notre côté, on ne ratera pas Svinkels, plus déconneurs, mais rivalisant sans mal avec les Ricains (réécoutez Dirty Centre pour vous en convaincre). Au rayon douceur, on trouve deux baladins. L'un américain, Kevin Morby, l'autre Helvète, Stephan Eicher. Ça déménage Côté musiques électroniques, le Cabaret inaugure une nouvelle scène : le Green floor. Elle reçoit la classe bourrue de Rebotini, le parrain Derrick Carter et le tabassage en règle de Charlotte de Witte. Les sets de la jeune Gantoise se distinguent par une techno pure (et dure) qui ne fait pas de prisonnier. À l'instar du punk-rock hirsute et prolo de Cabbage, d'ailleurs. Enfin, clou du festival : le label historique Trojan Records vient fêter ses 50 ans avec un sound-system mené par Mad Professor – entre autres. Bilan ? Charleville-Mézières prend alors des airs de Brooklyn, de Kingston, de Londres et même de Genève, tiens ! Et si c'était ainsi toute l'année ? On s'y installerait bien, pour vérifier. Thibaut Allemand
Charleville-Mézières, 23 > 26.08, Square Bayard,
jeu : 17 h, ven > dim : 14 h, 1 jour : 43 > 39 € (sauf dim : 7 €), 3 jours : 80 > 70 €, 4 jours : 115 > 99 €, cabaretvert.com
23.08 : DJ Snake, Travis Scott, Parcels, Amelie Lens, Darius DJ Set, Helena Hauff… 24.08 : Suprême NTM, Damso, The Black Angels, Svinkels, Kevin Morby, Cabbage, Felix da Housecat, Agoria…
25.08 : Booba, Phoenix, Moha La Squale, Charlotte de Witte, Hamza, Derrick Carter, Josh Wink, Arnaud Rebotini, Vladimir Cauchemar… 26.08 : Stephan Eicher & Traktorkestar, Les Négresses Vertes, Curtis Harding, Trojan 50th Celebration…
festivals
musique philosophie
© Véronique Pipers
Les Rencontres Inattendues
Associer philosophie et musique ? C'est le drôle de pari tenté en 2011 par la maison de la culture de Tournai, la Ville et la Province de Hainaut. Et ça marche ! Durant trois jours, penseurs, chanteurs ou comédiens se croisent et investissent les plus beaux lieux de la cité des cinq clochers (le jardin de l'évêché, l'Hôtel des anciens prêtres…). Parmi ces rencontres inattendues, on note celle entre Wagner et Nietzsche, dans une mise en scène où le premier est incarné par Alain Badiou, et le second par l'acteur Denis Lavant. écrite par le philosophe français à partir de correspondances savoureuses (et hargneuses) entre les deux génies allemands, ce spectacle est soutenu par un orchestre d'un centaine de musiciens ! Entre (re)découvertes de quelques maîtres (Rousseau, Platon…) ou rencontres sur "le canapé rouge"(notamment avec l'équipe de Philosophie magazine), des créations hybrides nous invitent à plancher sur des sujets étonnants, tel… le baiser. Accompagné par le saxophoniste Raphaël Imbert et le clarinettiste Charles Michiels, Alexandre Lacroix retrace avec malice l'histoire de ce geste tendre (une invention romaine, eh oui) à travers les âges. Il fallait y penser… Julien Damien
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Tournai, 31.08 > 02.09, divers lieux et horaires, spectacles : 16 > 4 €, nombreux événements gratuits, atelier musical du Bénin et atelier couture : 50 €, lesinattendues.be
31.08 : Petite histoire de la philosophie : Platon / On est tou.te.s un monde : rap & philo autour de la vraie vie… 01.09 : Petite histoire de la philosophie : Saint-Augustin / Philip Glass et la spiritualité hindoue / Les Yézidis, un peuple entre exil et résistance (expo),
Histoire philosophique du jazz / Alain Badiou et Denis Lavant : Wagner et Nietzsche - L'artiste et le philosophe : entre amour et haine… // 02.09 : éloge du baiser / Le canapé rouge : réunion de rédaction de Philosophie magazine en direct / Richard Galliano (concert)…
littérature
Acteur, humoriste, Benoît Poelvoorde est aussi féru de littérature. Le Namurois lui a même dédié un festival, dont voici le sixième chapitre. Au sommaire ? De "grandes lectures", soit des livres (récents ou non) "incarnés" par des personnalités, tel Mathieu Amalric s'attaquant à Des Jours sans fin de Sebastian Barry . Côté musique, on attend Dominique Dalcan. Enfin, de belles rencontres sont programmées, notamment avec les cinéastes Patar et Aubier (Panique au village). Oui, c'est animé près de chez vous ! Namur, 24 > 26.08, Théâtre de Namur,
ven : 20 h 30, sam & dim : 10 h, 1 jour : 12 €, 2 jours : 18 €, 1 grande lecture : 15 €, 6 grandes lectures : 63 €, 2 jours + 6 grandes lectures : 70 €, intime-festival.be
Sebastian Barry © F. Mantovani / Gallimard
Grandes lectures : Des Jours sans fin (S. Barry lu par Mathieu Amalric), La porte (Magda Szabo lu par Isabelle Nanty)… Entretiens et lectures avec les auteurs : Des Jours sans fin (S. Barry), Ce qu’est l’homme (D. Szalay), Fugitive parce que reine (V. Huisman), Les Oiseaux sans tête (E. Jeanmart), Tenir jusqu’à l’aube (Carole Fives), Ryoko Sekiguchi en discussion avec Dominique Dalcan…
musique
Les Solidarités Où passer le dernier week-end des vacances (sniff…) ? à la citadelle de Namur, pardi ! Pour ceux qui ont bossé tout l'été, ces 50 concerts répartis sur cinq scènes offrent une belle session de rattrapage. On y retrouve tous les squatteurs de festivals, et pas des plus vilains : Les Négresses Vertes, Eddy de Pretto, Hyphen Hyphen, Feu! Chatterton, Julien Clerc… ne manque que Juliette Armanet (ah si, elle y est aussi !). Namur, 25 & 26.08, Citadelle, 10 h 30, 1 jour : 34 €, 2 j : 45 € / gratuit (-12 ans), lafetedessolidarites.be
25.08 : Caballero & JeanJass, Eddy de Pretto, Feu! Chatterton, Hyphen Hyphen, L’Or du Commun, La Smala, Les Négresses Vertes… 26.08 : Aldebert, Calypso Rose, Chaton, Clara Luciani, Julien Clerc, Juliette Armanet…
Eddy de Pretto © V. Ducard
L'Intime Festival
festivals
Touquet Music Beach Festival La station balnéaire présidentielle se remet en marche. Pour la troisième fois, Touquet Music Beach Festival se pose sur la plage la plus "bath" des Hautsde-France. Alors, simple romance estivale ou vrai spot pour mélomanes ? Les clubbeurs de la west coast du 62 ont sans doute connu les "Nuits Touquettoises", rendez-vous qui transformait les chics rues du Touquet en dancefloor à ciel ouvert. Après une édition trop agitée en 2015, la paisible cité a revu ses animations musicales. Certes l'entrée est devenue payante, mais l'affiche a pris des couleurs, offrant aux plaisanciers une bande-son à la hauteur du coucher de soleil. La recette du TMB repose essentiellement sur une musique électronique fédératrice (Cassius, 2 Many DJ’s, Polo & Pan, Boys Noize…). Les romantiques enchemisés ne sont pas en reste avec la variété élégante de Juliette Armanet. La touche méditerranéenne est servie par les frenchies new-yorkais de Phoenix, dont le dernier album Ti Amo atterrit gracieusement sur le sable frais en fin de journée. Lomepal constitue l’attraction principale de la nation rap des 15-25 ans même si leurs parents goûteront sans doute aux textes finauds de ce lyriciste sensible. Le festival promet également des activités nautiques en journée et un dimanche gratuit pour les familles, dont le contenu reste mystérieux. De quoi faire des vagues… Mathieu Dauchy
# 78
Le Touquet-Paris-Plage, 24 > 26.08, front de mer,
17 h, 1 jour : 55 / 44 €, 2 jours : 70 €, touquetmusicbeach.fr
24.08 : Phoenix, Juliette Armanet, Lomepal, Cassius, Breakbot, Haute 25.08 : Boys Noize, 2 Many DJ’s, Polo & Pan, Malaa,
Caballero & JeanJass, Parcels, Vendredi sur Mer, Saint Lanvain 26.08 : Happy sunday en famille (gratuit)
Cassius © DR
musique
ĂŠcrans
# 80
Parce que c'est notre projet !
Interview
Budapest
Le sens de la fête Propos recueillis par Angélique Passebosc Photo Budapest © WBEI
Manu Payet cosigne le scénario d’une comédie réalisée par le Dunkerquois Xavier Gens, réunissant Jonathan Cohen (Serge le Mytho) et Monsieur Poulpe (Les Recettes pompettes). Inspiré d’une histoire vraie, Budapest raconte comment deux ex-étudiants d’une école de commerce ont fondé une société organisatrice d’enterrements de vie de garçon en Hongrie, avec l’aide d'un expatrié brindezingue. Au menu ? Pilotage de tank, tir à la kalachnikov, danse enchaînée à des stripteaseuses… Entretien (forcément) débridé. Comment présenteriez-vous le film ? Monsieur Poulpe : C’est une comédie où deux copains envoient tout valser pour s'amuser au travail… mais à leurs risques et périls. D’ailleurs, chacun d'eux a une approche différente, plus ou moins professionnelle, quitte à se perdre dans cette démesure… Jonathan Cohen : C’est exactement ça ! Malgré la bande-annonce un peu trash, Budapest traite de choses assez profondes : le rapport aux femmes et à la réussite. Les deux personnages sont prisonniers
de leur couple et de leur job, mais vont se reprendre en main. Qu’en est-il de votre personnage, le plus dingo de la bande, Monsieur Poulpe ? Georgio, l'expatrié, est toujours en décalage par rapport aux autres. C’est une petite comète traversant la vie de Vincent et Arnaud. C’est intéressant de le voir apparaître, disparaître puis revenir avec un plâtre sans connaître le moindre suite
# 82
Monsieur Poulpe, Jonathan Cohen et Xavier Gens © Angélique Passebosc
« Les enterrements de vie de garçon se déroulent comme ça à Budapest ! »
personnage révélateur de réalité. Ici c’est lui qui met au jour la vérité des relations entre les individus.
détail de sa vie. D’ailleurs, on ne sait pas ce qu’il devient à la fin… Comme Vincent et Arnaud, il reste un enfant, mais à un degré différent. Il ne porte aucun jugement, il est sans tabou et peut donc vriller à tout moment. J’ai eu la liberté d’imaginer son côté visuel : ses cheveux blonds, tatouages et mini-shorts. Xavier Gens : Georgio s’inscrit dans le schéma archétypal de la comédie : c’est le fou. C’est-àdire, dans la dramaturgie pure, le
Quelle est la part de fiction ici ? Monsieur Poulpe : Certaines parties ont évidemment étaient inventées. Mais la trajectoire des héros est bien réelle. On a d'ailleurs montré le film aux véritables protagonistes. Ils ont bien rigolé. Jonathan Cohen : En effet, ils n’ont pas vécu toutes ces péripéties… Mais les enterrements de vie de garçon se déroulent globalement comme ça à Budapest. Les gens payent pour faire la fête et en profitent au maximum.
Monsieur Poulpe : D’ailleurs, dès 18 heures, des bandes de copains déguisés en bébé ou en légionnaire et déjà ivres morts se baladent dans les rues. Budapest parle d’alcool et de sexe. C’est un peu votre rayon, Monsieur Poulpe ? Effectivement. Je ne me suis pas senti dépaysé ici car ce sont des matières premières que je maîtrise ! J'ai apporté un supplément de naïveté et de candeur à un type touché par tous les vices. Budapest témoigne aussi d’une certaine réalité par rapport à ce genre de villes ou lieux de fête. Au début, tu trouves ça génial mais tu te rends vite compte que tout n’est pas rose…
« En France on peut aussi tourner une comédie en soignant l'image ! » En quoi cette comédie est-elle différente des autres ? Monsieur Poulpe : Xavier et Manu nous ont laissé une part d’improvisation importante. Il y a donc une certaine fluidité dans les dialogues, un ton naturel que l’on ne retrouve pas forcément ailleurs. J. Cohen : C’est peut-être l'une des seules comédies ayant cette facture particulière, à l’américaine.
Xavier Gens : Je souhaitais effectivement réaliser un film pop acidulé, coloré. Très dynamique aussi en y injectant les codes américains ou anglo-saxons. En France on peut aussi tourner une comédie en soignant l'image. Quelles furent les moments mémorables du tournage ? Monsieur Poulpe : Le premier jour on a écrasé un gosse avec le camion… (rires). Plus sérieusement, les scènes tournées dans ce club de tous les fantasmes ont été vraiment difficiles à jouer. Il fallait se concentrer sur notre jeu et oublier qu’une centaine de figurants faisaient semblant de coucher ensemble autour de nous. Ça nous a pris cinq jours pour tout filmer… Avant de vous rendre sur place, pensiez-vous qu’il était possible de se livrer à toutes ces activités ? Xavier Gens : Au début, je n’ai pas cru à cette histoire. Puis j'ai vérifié sur le site Internet de la société. La conduite de tank, le tir à la mitraillette ou l’attaque des chiens… J’ai trouvé ça délirant ! L’être humain est capable de tous les extrêmes pour s’amuser.
De Xavier Gens, avec Manu Payet, Jonathan Cohen, Monsieur Poulpe… En salle à lire / l'interview intégrale sur lm-magazine.com
Mère au bord de la crise de nerfs Entre blogs à succès, comédies sensibles (Un heureux évènement, de Rémi Bezançon) ou potaches (En cloque, mode d’emploi, de Judd Apatow), il n’est plus exactement sulfureux de s’attaquer au mythe de la mère parfaite. S'il pousse plus loin le curseur de cette désacralisation, Tully aborde aussi avec finesse le deuil des idéaux.
# 84
Avoir un enfant est un parcours semé d’embûches, jalonné de tireuses à lait et de pizzas décongelées. Marlo, qui accouche d’un "bébé surprise" à l’aube de la quarantaine, était pourtant prévenue. Elle compose déjà au quotidien avec les colères homériques de son fils, les questions assassines de son adorable gamine et le manque d’écoute de son mari. Proche de la dépression, elle se résout à embaucher une nounou de nuit. Débarque alors Tully, jeune fille enthousiaste et libre, avec qui elle noue une relation fusionnelle et reprend sa vie en main. Charlize Theron, sous les traits fatigués de la maman débordée, et Mackenzie Davis, en lumineuse bonne fée, campent un remarquable duo. Bienveillantes l’une à l’égard de l’autre, ces femmes ne signifient jamais la moindre trace de jalousie ou de rivalité… Certes, on attendait un poil plus de fantaisie de la part de Diablo Cody (au scénario) et Jason Reitman (à la caméra), soit « l’équipe derrière Juno et Young Adult » comme l’indique opportunément le plan marketing. Pour autant, le "twist" final offre une profondeur supplémentaire à ce feel-good movie sur la maternité, tout en l’éclairant d’un jour nouveau… Marine Durand
De Jason Reitman, avec Charlize Theron, Mackenzie Davis, Ron Livingston… En salle
© Kimberly French - Focus Features
écrans
Tully
écrans
© UFO Distribution
L'Empire de la perfection
Côté court
En exhumant les archives de l'INSEP*, Julien Faraut nous rappelle qu'il ne fut pas toujours nécessaire d'avoir un bras de la taille d'une cuisse pour gagner Roland-Garros. En sus, il révèle le travail d'un grand cinéaste des courts : Gil de Kermadec (1922 - 2011).
# 86
Premier directeur technique de la Fédération Française de Tennis, de Kermadec initia dans les années 1960 une série de films didactiques. D'abord répertoire de gestes canoniques (le "bon" service, le "bon" revers, …), celle-ci glissera vers le portrait. L'imitation et la discipline sont alors moins recherchées que le décryptage des singularités de chaque joueur. En 1985, le dernier opus de la collection est ainsi consacré au tempétueux John McEnroe. Essentiellement constitué des rushs de ce long-métrage, L'Empire de la perfection devient le terrain d'une passionnante confrontation entre mise en jeu et mise en scène. Comment la caméra peut-elle extraire du corps du champion un savoir reproductible ? Malgré le jeu si peu orthodoxe de l'Américain, de Kermadec puis Faraut n'ont pas renoncé à en offrir l'analyse. Ralenti, schématisation informatique, psychologie… tous les moyens sont bons pour saisir les techniques de celui qui est alors numéro un mondial. Mais McEnroe ne se laisse pas faire. Quand il ne pinaille pas sur un point, il menace le preneur de son de lui faire manger sa raquette. Acteur, oui, mais tout entier dévoué à son art : le tennis. Le reste l'agace, l'agresse. De fait, comme aucun autre, McEnroe côtoie la perfection. Et le mystère. Raphaël Nieuwjaer *En France : l'Institut national du sport, de l'expertise et de la performance
Documentaire de Julien Faraut, avec John McEnroe. Sortie le 11.07
Parvana, 11 ans, vit à Kaboul avec sa famille. Sa vie bascule lorsque son père est emprisonné par les Talibans. Sans homme à la maison, impossible pour les femmes de travailler, d'acheter à manger… Bref, de survivre. Une solution s'impose à l'adolescente pour sauver sa famille : se travestir en garçon, au risque d'être démasquée… Inspiré du livre de Deborah Ellis, ce conte aux couleurs vives dénonce la violation des droits des femmes. Mais lorsque la réalité se fait trop dure, Parvana s'évade en narrant la légende de Soliman et du Roi Éléphant. L’animation cède alors la place à des marionnettes de papier et des scènes empreintes d’humour. La parole et l’imagination constituent ici des armes face à la répression… Une leçon de courage pour petits et grands. Angélique Passebosc
© Le Pacte
de Nora Twomey, avec les voix de Golshifteh Farahani, Mina Khosravani, B. Djanati Ataï… En salle
© Vendredi Distribution
parvana
Trois contes de Borges Âgé et aveugle, Jorge Luis Borges s’entretient avec une jeune femme. Dès lors, les histoires surgissent. Le vieil écrivain rencontre au bord d’un fleuve celui qu’il fut (El otro) ; un mendiant offre l'hospitalité à un roi en exil dont le pouvoir tient dans une pièce à une face (El disco) ; un colporteur vend un livre au nombre de pages infini, et contenant donc tous les autres (El libro de arena). En transposant librement trois récits du célèbre Argentin, Maxime Martinot a trouvé la matière pour un formidable récit d’aventure. On est emporté par la luxuriance des langues, les remous des voix. Trois contes est aussi un grand film sur l'adaptation et la traduction, bousculant notre rapport aux mots et aux images. Il marque, enfin, la naissance d'un vrai cinéaste. Raphaël Nieuwjaer De Maxime Martinot, avec Hector Spivak, Juan Pablo Miño, Frédérique Monblanc… Sortie le 04.07
© Wild Bunch Distribution
© Les Films du Losange / Martin Rit
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L'Île au trésor
Une Pluie sans fin
En 1965, le "schéma directeur d’aménagement et d’urbanisme de la région parisienne" transformait un réseau d'étangs nichés dans une courbe de l'Oise en base de loisirs. Depuis, les parasols, pédalos et toboggans ont investi cet écrin de verdure sous vidéo-surveillance. Est-ce par antiphrase que Guillaume Brac nomme son documentaire L'Île au trésor ? Si les pirates de Robert Louis Stevenson semblent loin, le trésor, lui, n'a pourtant pas disparu. Il est fait d'une matière plus volatile, plus puissante aussi : le sentiment de l'été. Plénitude éphémère, exaltation fugace. C'est ce que le cinéaste saisit de plus précieux, dans ce lieu finissant aussi par produire une certaine image de la France : diverse, joyeuse, frondeuse parfois, mais accueillante malgré tout. R. Nieuwjaer
1997. La Chine industrielle est à l’orée de grands changements économiques, et s'apprête à récupérer Hong Kong. Yu Guowei, chef de la sécurité d’une vieille usine, enquête sur une série de meurtres de jeunes femmes. La poursuite des investigations s'avère destructrice… Qu’on se le dise, on aurait adoré vous conseiller Une Pluie sans fin. Si ce thriller chinois ne manque pas de qualités (une esthétique léchée façon Blade Runner, une psychologie des personnages digne d'un David Fincher), la lenteur de son rythme gâche hélas l'ensemble. Nombre de scènes et dialogues traînent en longueur, perdant une partie du public en chemin – notamment l’auteure de ces lignes. À recommander en cas de troubles du sommeil.
Documentaire de Guillaume Brac. Sortie le 04.07
De Dong Yue, avec Yihong Duan, Yiyan Jiang, Yuan Du… Sortie le 25.07
Mélissa Chevreuil
# 90 exposition
Get Up, Stand Up !
Têtes d'affiche Avant Facebook, Twitter et les hashtags, comment exprimait-on publiquement son désaccord ? Par l’affiche ! De Berkeley à Nanterre, étudiants, ouvriers et artistes ont fait preuve d’inventivité en la matière. Le MIMA, jeune musée de la culture 2.0 implanté à Molenbeek, revient sur une période riche en mouvements protestataires (1968-1973) à travers 400 affiches de 30 pays soigneusement mises en scène. Le pouvoir au peuple !
« Le peuple est descendu dans la rue avec ces visuels pour s'adresser aux puissants »
Qu’est-ce que l’affiche sinon une « trace graphique de notre histoire » ? Cette élégante formule n’est pas de nous mais de Michaël Lellouche, curateur de l’exposition Get Up, Stand Up !, et propriétaire d'une impressionnante collection en partie dévoilée à Bruxelles. Depuis 20 ans, ce journaliste compile des centaines d’images ou objets de lutte. Dans des circonstances et à des moments différents, « des gens comme vous et moi sont descendus dans la rue pour s’adresser aux puissants avec ces visuels, raconte-t-il. J’ai eu envie de m’intéresser à cette énergie du peuple ». Mise au poing En cette année anniversaire, les événements de Mai 68
suite
s’arrogent une place de choix dans l’exposition. Toutefois, « il était essentiel de replacer ces 50 jours dans un contexte global, avec des contestations amorcées dès l’engagement des états-Unis au Vietnam ». "La chienlit, c’est lui", "Hell no, we won’t go", "Sois jeune et tais-toi"… Les slogans que l’on découvre sur ces affiches, portés par un geste graphique radical ou décalé, se savourent comme des friandises visuelles. Le parcours ravive le mouvement des droits civiques américains, suit l’émergence du féminisme et de l’écologie, puis s’attarde sur la place des ateliers populaires dans la diffusion de la sérigraphie. Le poing, symbole fédérateur, s’étale sur un mur entier, tandis que les tracts contre la répression policière trônent sur des barricades.
# 92
Action ! à partir de 1973, la vague mondiale de contestation s’essouffle, et avec elle la production d’affiches engagées. « Nous n’avons retrouvé cette immédiateté qu’avec les réseaux sociaux, pensez aux Printemps arabes », remarque Michaël Lellouche. Une salle résume d’ailleurs les luttes majeures, de la fin du conflit vietnamien à aujourd’hui, à l’aide de vidéos et d'illustrations emblématiques telles que le récent "Je suis Charlie". Toutes ces révoltes
vous ont échauffé le sang ? Défoulez-vous donc sur les sacs de frappe de l’installation Frappez les gradés (1969). L’Argentin Julio Le Parc y a peint les traditionnelles figures d’autorité (père, professeur, juge…). Une autre façon de rester rebelle ! Texte Marine Durand Photo Collection Michaël Lellouche, MIMA 2018 Bruxelles, Jusqu'au 30.09, Millenium Iconoclast Museum of Art (MIMA), mer > dim : 10 h > 18 h, 9,50 > 5 € / gratuit (-12ans), www.mimamuseum.eu
exposition
# 94
Olympe de Gouges, Kiki de Montparnasse et JosÊphine Baker Š Catel Muller / Casterman
catel
Féminin pluriel
à
bien y regarder, son parcours ressemble un peu à celui de ses héroïnes : semé d'embûches, éclairé par les rencontres et à contre-courant du destin. Catel Muller a grandi dans un petit village d'Alsace, au sein d'une famille de scientifiques. « J'ai toujours aimé la BD, mais c'était un peu défendu, pas un métier, explique-t-elle. à cette époque, il n'y avait aucun modèle féminin, à part Claire Bretécher... ». Ado, notre auteure en herbe s'ennuie donc ferme au fond de sa classe de seconde S.
Catel © Isabelle Franciosa
Quels points communs entre Kiki de Montparnasse, Joséphine Baker ou Benoîte Groult ? Elles ont toutes été croquées par Catel Muller, dite "Catel". Fictives ou réelles, gamines impertinentes, grandes romantiques ou militantes, ces "héroïnes au bout du crayon" nourrissent une belle rétrospective, la première que le CBBD consacre à une femme. On y découvre 300 pièces originales : croquis d'étudiante, aquarelles ou planches de ses célèbres "biographiques" ! Rencontre. Alors, plutôt que de s'intéresser aux équations, elle caricature son prof de maths en cochon. Le croquis lui vaut une convocation des parents. « J'étais morte de trouille... Mais contre toute attente, il leur a dit que j'étais super douée et qu'il me fallait suivre une voie artistique... il m'a sauvé la vie ! ». S'ensuivront des études aux Arts décoratifs de Strasbourg. L'Alsacienne monte à Paris puis fourbit ses armes durant 10 ans dans différentes maisons "jeune public". suite
Alice Guy © Catel
exposition
« J'ai très vite pu vivre de mes petits dessins, mais sans penser à la BD, ça me paraissait impossible ». Et pourtant…
# 96
Les clandestines à la fin des années 1990, une rencontre avec la coloriste Véronique Grisseaux la renvoie à ses premières passions. Elles créent le personnage de Lucie, une jeune célibataire un peu paumée, sorte de Bridget Jones à la française – et avant l'heure. Casterman leur commande trois albums. Ce succès lui donne des idées, « mais j'avais besoin d'aide au niveau scénaristique... ». En 2003, elle croise l'écrivain José-Louis Bocquet, lors du festival d'Angoulême. C'est
un coup de foudre artistique (et amoureux). Ensemble, ils publient Kiki de Montparnasse en 2007. Cette première « biographique » retrace l’histoire de la « Madonna » des Années folles. Catel la croque avec son trait si singulier : délié et enlevé. « Je me situe entre le classicisme et la modernité, la ligne claire de l'école belge et la culture du roman graphique », ditelle. Suivront Olympe de Gouges, rédactrice de la déclaration des droits de la femme et de la citoyenne en 1791 (guillotinée deux ans plus tard), puis Joséphine Baker... « Nous nous intéressons aux clandestines de l'Histoire, celles qui l'ont marquée mais qu'on n'a pas retenues ». Dans le même esprit, Catel et Bocquet planchent aujourd'hui sur Alice Guy, dont on découvre au CBBD quelques planches. « C'est la toute première cinéaste. Elle reste largement méconnue mais a pourtant signé, dès la fin du xixe siècle, plus de 500 films ». Pas rancunière, cette auteure prolifique s'attelle aussi, cette fois seule et pour la première fois, au portrait d'un homme. Pas n'importe lequel, car il s'agit de... René Goscinny ! Joli symbole, n'est-ce pas ? Julien Damien Catel. Héroïnes au bout du crayon Bruxelles, Jusqu'au 25.11, CBBD, tous les jours : 10 h > 18 h, 10 > 3,50 €, www.cbbd.be à visiter / www.catel-m.com à lire / l'interview de Catel sur lm-magazine.com
Aquarelle de Kiki de Montparnasse sur scène Š Catel
exposition
Full moon over Bois de Vincennes, Paris, 2004 © Nan Goldin
Nan Goldin
Jardins intérieurs
# 98
On connaissait Nan Goldin pour ses portraits crus ou intimistes d’oiseaux de nuit new-yorkais, témoins d’une vie d’excès au mitan des années 1980. Moins pour ses paysages fantomatiques saisis lors de promenades en pleine campagne. Et pour cause, ces photos n’avaient encore jamais été montrées en France… Comme souvent derrière un projet rare, il y a une rencontre. En l’occurrence, celle entre l’illustre photographe américaine (née en 1953) et Marie-Françoise Bouttemy, conservatrice du Centre culturel de l’Entente Cordiale-Château d’Hardelot. « Je préparais une rétrospective à Béthune quand elle m’a parlé de ses clichés personnels, sur le thème de la nature. Il y a une vraie signature graphique, et cet accrochage montre une part méconnue de son œuvre ».
Water lilies, France © Nan Goldin
La trentaine de tirages grand format, tous pris en mouvement et majoritairement entre la France et la Grande-Bretagne (conformément à la ligne directrice du lieu), invite à une déambulation contemplative. On y découvre le Bois de Vincennes sous la lune, hypnotique. Un détail de nénuphars au chromatisme franc. Une ligne d’horizon brumeuse où plage, mer et ciel se confondent, parfaite illustration du phénomène optique donnant son nom à l’exposition : Fata Morgana. Miroir des sentiments Les connaisseurs de l’œuvre de Nan Goldin reconnaîtront dans ces panoramas expressifs, crépusculaires, l’âme tourmentée de l’artiste. « On reste finalement dans le journal intime photographique, dans le doute, le mystère, la dimension fugace de l’existence ». Les profanes devraient apprécier les passerelles esthétiques dressées avec les peintures de Rothko ou Corot, exposées Nan Goldin, Fata Morgana çà et là dans le parcours. Enfin, un luxueux Condette, Jusqu'au 11.11, Centre culturel de l’Entente Cordiale - Château catalogue permettra à chacun de revivre d’Hardelot, mar > dim : 10 h > 12 h 30 & après sa visite cette balade inédite, entre 13 h 30 > 18 h, 5 / 3 € / gratuit (-18 ans), www.chateau-hardelot.fr chien et loup. Marine Durand
Médecin sans frontières
# 100
Il est, après Hippocrate, le plus célèbre médecin de l'Antiquité. Né en 129 après qui vous savez, Claude Galien exerça à Rome, où il soigna plusieurs empereurs. Le Musée royal de Mariemont reconstitue (ou dissèque ?) le parcours de ce génial praticien à travers des objets aussi rares que variés. Si Hippocrate (460 - 377 avant J.C.) demeure "le père de la médecine", Claude Galien en est au moins le prince. Né à Pergame, ce Grec débuta au sein de l'école locale de gladiateurs, peaufinant dès lors ses connaissances en chirurgie. Il fut ainsi le premier à s'intéresser au cerveau et aux yeux (ouille…). Ambitieux, cet anatomiste brillant gagnera Rome et deviendra le médecin personnel de Marc Aurèle. L'empereur lui confiera même la santé de son fils, le tyrannique Commode. Si ses prescriptions sont passées de mode (il confondit notamment le rôle du foie et du cœur) ses découvertes influencèrent jusqu'au xviie siècle le monde arabe comme l'Occident chrétien – et un certain Ambroise Paré. Nombre d'herboristes utilisent aujourd'hui encore certaines de ses recettes… Auteur prolifique, le bon docteur laissera à la postérité moult écrits, qui jalonnent cette exposition. Ces papyrus fragiles côtoient des instruments médicaux antédiluviens (tel ce double scalpel en bronze), mais aussi des portraits et statuettes de personnalités (ses patients) ou de divinités guérisseuses, des vases, des herbiers… En suivant la carrière et les ordonnances d'un médecin visionnaire, ce parcours amorce un fascinant voyage Morlanwelz, jusqu’au 02.12, Musée royal de Mariemont, dans le temps. Julien Damien mar > dim : 10 h > 18 h, 5 > 2 € / grat. (-12 ans), www.musee-mariemont.be
Inscription grecque du médecin Nikétès © Rijksmuseum van Oudheden, Leiden
exposition
Au temps de Galien
Le Général Bonaparte à Arcole, Antoine-Jean Gros (1770-1835) © musée du Louvre, 1938
Napoléon. Images de la légende À la faveur d’un partenariat établi en 2011 avec le Château de Versailles, le Musée des beauxarts d’Arras accueille plus de 160 œuvres issues de sa collection. Ces peintures, sculptures ou meubles, pour beaucoup commandés par l’Empereur lui-même, offrent une plongée exceptionnelle dans l’histoire européenne, de la gloire à l’exil du petit Corse. On découvre aussi les talents d’un redoutable communicant, qui utilisait l’art pour asseoir son pouvoir. Arras, jusqu’au 04.11, Musée des beaux-arts, lun, mer > ven : 11 h > 18 h, sam & dim : 10 h > 18 h, 7,50 / 5 € / grat. (-18 ans), napoleon.versaillesarras.com
Hervé Lesieur. à corps perdus Né en 1959 à Auchel, Hervé Lesieur est un artiste complet, réalisant aussi bien des performances que des sculptures, des dessins, de la vidéo… Suite à une résidence au Musée des beaux-arts d’Arras, il offre une relecture thématique des collections de cette institution. Une centaine d’œuvres explorent les thèmes du corps, du sacré ou du fantastique, instaurant un dialogue avec des pièces rarement montrées, tels des masques asiatiques du théâtre Nô ou une collection d’oiseaux naturalisés. Arras, jusqu’au 20.08, Musée des beaux-arts, lun, mer > ven : 11 h > 18 h, sam & dim : 10 h > 18 h, gratuit, www.arras
Magritte. Atomium Meets Surrealism Il y a 50 ans, Magritte cassait sa pipe (mais en était-ce bien une ?). Forcément, les expositions consacrées au surréaliste pullulent. Le voici à l’Atomium. Ce parcours a ceci de particulier qu’il nous immerge littéralement dans son œuvre. Ses toiles (Le Fils de l’homme, Le Double secret…) sont représentées à échelle humaine « comme un élément de décor, en 3D », rendant la visite aussi pédagogique que ludique – on peut s’asseoir sur des pommes vertes, flirter avec les nuages… Chapeau ! Bruxelles, jusqu’au 10.09, Atomium, tous les jours : 10 h > 18 h, 15 > 8 € / grat. (-6 ans), atomium.be
# 102
Jane et Serge. Album de famille par Andrew Birkin Emblématique d’une époque de libertés nouvelles, le couple formé par Jane Birkin et Serge Gainsbourg fut aussi intensément médiatisé. Resterait-il des pans de leur vie inconnus du public ? Oui. Ceux captés par l’objectif d’Andrew Birkin. Le frère de la Britannique longiligne expose ses clichés privés, pris entre 1964 et 1979. Entre les déjeuners animés à la campagne, les virées en voiture de luxe ou les moments de tendresse, ces photos lèvent le voile sur le quotidien d’un mythe français. Calais, jusqu’au 04.11, Musée des beaux-arts, mar > dim : 13 h > 18 h, 4 > 3 € / gratuit (-5 ans), calais.fr
Haute Dentelle © Valentino, printemps-été 2014 [dentelles Marco Lagatolla et Sophie Hallette]
L’usage récurrent de la dentelle dans la haute couture est un gage de modernité. Volants et jeux de transparence, dentelle de cuir découpée au laser… 14 vitrines présentent les créations d’autant de maisons de couture, chacune marquant de sa patte la luxueuse étoffe. De Chanel à Valentino, cette exposition révèle 65 silhouettes d’exception, célébrant des gestes stylistiques forts et un savoir-faire propre aux Hauts-de-France. Calais, jusqu’au 06.01.2019, Cité de la Dentelle et de la Mode, tous les jours sauf mardi : 10 h > 18 h, 4 > 3 € / gratuit (-5 ans), www.cite-dentelle.fr
Enchanté
Jef Geys. Quadra
« Comment un objet devient-il œuvre d’art ? ». Point de départ de l’exposition, la question semble tout droit sortie d’un sujet du bac philo. Une trentaine de photos, sculptures et installations apportent quelques réponses. Les productions de Bernd et Hilla Becher, Andy Warhol, César et une vingtaine d’autres enchanteurs apparaissent dans cinq salles thématiques. Celles-ci explorent les techniques ou intentions qui, soudain, font art, interrogeant notre capacité d’émerveillement.
Décédé le 12 février à l’âge de 83 ans, Jef Geys fut l’un des grands artistes belges de l’après-guerre. Conceptuelle, son œuvre multiplie les liens entre le quotidien et la politique. Quadra prend la forme de huit "jardins". Implantés au printemps sur le site du Grand-Hornu, ces bacs reproduisent les frontières de huit pays européens. Le Flamand y a semé des plantes typiques de ces territoires. Observant leur évolution naturelle, nous réfléchissons ainsi aux rapports de force entre les nations et les enjeux écologiques.
Dunkerque, jusqu’au 26.08, LAAC, mar > ven : 9 h 30 > 18 h, sam & dim : 10 h > 18 h, 4 / 2 € / gratuit (-18 ans + dimanches), musees-dunkerque.eu
Hornu, jusqu’au 23.09, Mac’s, mar > dim : 10 h > 18 h, 8 > 2 € / gratuit (-6 ans), www.mac-s.be
Françoise Pétrovitch Jouant de l’ambivalence entre le masculin et le féminin, l’enfance et l’âge adulte, l’homme et l’animal, l’œuvre de Françoise Pétrovitch met en scène des figures hybrides, tantôt douces ou effrayantes. La native de Chambéry use aussi bien de l’estampe, de la sculpture, de la vidéo et surtout du dessin, pour cultiver le mystère, comme le montre À vif. En parallèle, À Feu dévoile ses céramiques, complétant le portrait d’une artiste singulière. La Louvière, jusqu’au 16.09, À Vif : Centre de la gravure et de l’image imprimée, mar > dim : 10 h > 18 h, 7 > 3 € / gratuit (-12 ans), www.centredelagravure.be // à feu : Kéramis, Centre de la céramique, mer > dim : 10 h > 18 h, mar : 9 h > 17 h, 7 > 3 € / gratuit (-18 ans), www.keramis.be
L’Empire des roses Bienvenue sur les traces des Qajars. Encore méconnue en Occident, cette dynastie régna sur l’Iran de 1786 à 1925, contribuant à l’épanouissement d’un art fastueux (peinture, photographie…) comme en témoignent les 400 pièces ici réunies. Conçue par le couturier français Christian Lacroix, cette scénographie offre une déambulation dans un palais oriental, avec porte monumentale ou murs parés de soie, invitant le visiteur dans un conte digne des Mille et une nuits. Lens, jusqu’au 23.07, Louvre-Lens, tous les jours sauf mardi : 10 h > 18 h, 10 / 5 € / gratuit (-18 ans), www.louvrelens.fr
Carnets du Nord
Ola Cuba !
Lauréat en 1984 du prestigieux prix Niépce, Thierry Girard avait photographié le Nord-Pas de Calais entre 1977 et 1985. Il saisit alors cette région durant le déclin de l’exploitation minière. Ce parcours confronte ses clichés en noir et blanc de terrils ou cités ouvrières à de nouvelles images de ces territoires capturées en 2017. Le dialogue entre les époques offre une belle réflexion sur les métamorphoses d’un paysage désormais inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco.
à l’heure où la plus grande île des Antilles commence à s’ouvrir, cette exposition réunit les œuvres d’artistes ayant grandi durant "la période spéciale". Ces peintres, plasticiens ou photographes témoignent de la vie en pleine récession économique et coupée du monde, avec le système D pour horizon. à l’image d’Immanence de Yoan Capote, soit un immense portrait de Fidel Castro… réalisé avec des charnières de portes rouillées. Un regard sensible, perçant et inédit.
Lewarde, jusqu’au 26.08, Centre historique minier, tous les jours, 9 h > 17 h 30, accès au site et aux expositions + visite guidée : 12,50 > 6,70 €, www.chm-lewarde.com
Lille, jusqu’au 02.09, Gare Saint Sauveur, mer > dim : 12 h > 19 h, gratuit, www.lille3000.eu
© Hell’O
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Hell’O Enjoy the show... Hell’O est un duo d’artistes belges né il y a 10 ans. Débutée sur les murs, poursuivie sur le papier, la toile ou le textile, son œuvre est reconnaissable entre toutes. Son style se distingue par une ligne claire et des aplats colorés vifs ou pastel. Empruntant à la mythologie ou au surréalisme, Jérôme Meynen et Antoine Detaille créent des saynètes emplies d’humour, parfois macabres. Ce parcours dévoile une décennie d’un travail passionnant, rehaussé de pièces exécutées in situ. Mons, jusqu’au 29.07, BaM, mar > dim : 10 h > 18 h, 9 / 6 € / gratuit (-6 ans), www.bam.mons.be
Sand Castles © Calvin Seibert
le mot de la fin
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Calvin Seibert – Il y a les pâtés, les châteaux de sable… et puis une autre catégorie qu’on pourrait nommer "l’architecture de plage". Armé de ses truelles et d’un seau, inspiré par les lignes droites de Le Corbusier ou l’épure propre à l’école du Bauhaus, ce New-Yorkais élève de véritables palais éphémères. Un sacré créneau ! à suivre sur flickr et www.instagram.com/calvinseibert