5 minute read

Vie étudiante 2.0

Cet article a été rédigé avant l'annonce des nouvelles mesures sanitaires du 23 octobre dernier et donc avant que l'enseignement supérieur ne passe en code rouge ; espérons que les idées énoncées ci-dessous pourront bientôt être appliquées.

PAR ALEXANDRE SOMMA

Advertisement

Si la crise liée au covid-19 continue, que se passera-t-il? Que deviendra la vie estudiantine sur les campus? Bien malin celui qui saura prédire l’évolution de l’épidémie et de la situation sanitaire en Belgique. Ce que l’on sait aujourd’hui, c’est que dans un premier temps, elle sera, comme pour le cursus académique, partagée entre le présentiel et le distanciel. Mais est-ce vraiment tenable à plus long terme? Heureusement, des pistes se dessinent progressivement.

La crise sanitaire a obligé les universités à s’adapter, y compris par rapport à l’organisation de la vie estudiantine sur les campus. Les systèmes mis en place ont différé, allant de l’installation de chapiteaux permettant l’organisation d’activités à l’interdiction pure et simple de se réunir. C’est dans ce contexte que les étudiants et surtout les organisateurs d’évènements doivent se réinventer en fonction des protocoles locaux flous et inégaux des établissements universitaires. Cependant, voici environ deux mois que l’on a repris le chemin des campus, et force est de constater qu’interdire purement et simplement ne fonctionne pas. La population commence à se lasser des mesures restrictives de liberté. En effet, d’un côté, il est difficile d’interdire aux étudiants de profiter de leur vie estudiantine pendant une période non seulement longue mais aussi indéterminée ; et de l’autre, il faut apprendre à vivre avec le virus jusqu’à ce qu’un vaccin ou un traitement efficace soit disponible en Belgique.

Un élément clé est probablement de miser sur la responsabilité et l’intelligence collective eu égard à la situation épidémiologique locale. Chacun doit comprendre qu’il en va de sa propre sécurité mais aussi de celle des autres de se protéger correctement et de respecter du mieux possible les règles afin de pouvoir continuer ses activités sans mettre des vies en danger. Les jeunes sont souvent les plus frileux à respecter les consignes parce qu’ils ne comprennent pas toujours les enjeux et surtout parce que, selon moi, ils ont connu une liberté que les générations précédentes n’ont pas connue, d’où la difficulté d’être privés de tout et de se conformer aux règles. Par ailleurs, les jeunes sont ceux qui ne sont pas les plus touchés en matière de gravité des symptômes de la maladie. La vie étudiante doit évoluer en tenant compte de ces deux paramètres : la situation épidémiologique locale et la responsabilisation des jeunes.

Pour raviver la vie des étudiants, le distanciel apparait comme une option intéressante. Primo, son organisation se révèle être très peu couteuse ; ce qui renforce aussi l’accessibilité au dit événement. Deuxio, son organisation est assez simple: une connexion internet, un créneau horaire, et c’est parti! Oubliés la location d’auditoire et les innombrables contacts avec les autorités universitaires pour s’assurer que tout est OK. Tertio, le distanciel garantit le risque zéro ; une aubaine! Enfin, pour que ça soit un succès, encore faut-il trouver la bonne idée, le bon concept ; une chose loin d’être aisée. Mais pour cela il faut que les universités aident les organisations estudiantines notamment pour les facilités pratiques d’organisation d’événements. Car si souvent, l’organisation d’activités ne demande que peu de matériel, celui-ci est indispensable et n’est pas toujours facilement accessible pour les organisateurs d’activités. Les universités ont un véritable rôle à jouer dans le maintien d’une vie étudiante en ligne et sécurisée.

Si le distanciel a bien des avantages, il ne peut pas être la seule et unique solution, surtout à long terme. De fait, si pour quelqu’un de déjà impliqué au sein d’une communauté étudiante, ce peut être satisfaisant, ce n’est pas le cas pour celui qui n’en fait pas encore partie. Le distanciel ne permet pas de créer une véritable relation avec une personne. Pour les nouveaux arrivants sur les campus étudiants (je pense tout particulièrement aux BAC1), il est très important d’entrer en contact physique avec un groupe pour adhérer par la suite à la vie étudiante 2.0. C’est pourquoi, il faut se réinventer en gardant toujours à l’esprit un équilibre entre convivialité

Drink de rentrée du CEL ULB dans le respect des normes sanitaires

et sécurité. Ce n’est pas impossible, plusieurs exemples existent et cela fonctionne.

De mon point de vue, les activités en extérieur, tout en respectant la distanciation sociale, sont à privilégier, car elles permettent de garantir une sécurité optimale. Les universités doivent tenir compte de la situation épidémiologique locale, c’est une nécessité car il serait injuste de pénaliser l’ensemble des étudiants belges alors que certains campus sont tout à fait «safe» mais surtout parce que l’évolution de l’épidémie varie très fort ponctuellement et géographiquement. L’Université Libre de Bruxelles (ULB) a bien compris cela et a tout de suite installé des chapiteaux à destination des cercles étudiants. D’ailleurs, le drink de rentrée de la section ulbéiste de la FEL s’est organisée de cette manière.

Ensuite, je suis d’avis que les activités en intérieur doivent reprendre progressivement, en prenant en compte, bien évidemment, les différents protocoles en vigueur, qu’il s’agisse de celui relatif à l’enseignement supérieur, de celui propre à l’université au sein de laquelle se tient l’activité, de celui encadrant les activités des organisations de jeunesse (auquel la FEL et ses sections sont aussi soumises) ou encore du protocole du lieu d’accueil de l’activité (e.a. visite d’un Parlement). Vous l’aurez compris, je trouve regrettable que certaines universités tombent dans la caricature et rendent difficiles – voire impossibles – l’organisation d’activités. D’une part, parce que c’est indispensable pour soutenir l’économie de notre pays et les différents secteurs qui ont eu difficiles comme l’Horeca, les musées, les théâtres et les infrastructures sportives. D’autre part, parce que ces différents lieux qui ont rouvert ont bien conscience de la situation et qu’ils mettent tout en place pour accueillir les clients dans la plus grande sécurité tout en gardant l’aspect convivial ou sportif de leurs infrastructures.

En guise de conclusion, je dirais qu’il importe de trouver un juste milieu entre les activités virtuelles et celles en présentiel pour réinventer la vie estudiantine. Il faut proposer une offre innovante aux étudiants et ne pas attendre que l’épidémie passe tout simplement. C’est évidemment plus facile à dire qu’à faire, mais il est essentiel que la vie sur les campus et entre les étudiants reprenne. C’est le rôle de l’État, mais c’est aussi et surtout le rôle des universités et des organisations estudiantines d’assurer cette mission de responsabilisation des jeunes. Qu’ils prennent à cœur et assument avec sérieux cette tâche, car s’ils expliquent clairement les enjeux aux jeunes, ils pourront faire le pari mesuré et nécessaire de leur faire confiance afin que tous puissent profiter au mieux de leur vie estudiantine tout en respectant la sécurité des autres. Il s’agit ni plus ni moins de retrouver progressivement, en fonction de l’évolution sanitaire, les libertés de chaque étudiant. 

This article is from: