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Quel avenir pour les pétroliers ?
by link2fleet
L’Europe l’a annoncé : 2035 sonnera le glas des ventes de voitures neuves à motorisations thermiques. Que vont dès lors devenir toutes ces stations-service installées partout sur nos routes et, au-delà, les sociétés qui les gèrent ?
par Damien Malvetti
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La mesure de l’Europe ne concerne actuellement que les voitures particulières, mais les développements et évolutions dans les autres types de véhicules (véhicules utilitaires légers, camions, etc.) laissent à penser que les carburants traditionnels n’y ont plus vraiment d’avenir. Si on estime qu’une voiture a une durée de vie de 15 ans sur notre marché, un modèle vendu en 2035 pourrait circuler jusqu’en 2050 sur nos routes. « A priori, les carburants fossiles ont donc peu d’avenir au-delà de 2050, si toutefois toutes les hypothèses actuelles autour des véhicules électriques se réalisent et que le réseau d’infrastructures se développe en suffisance », indique Emmanuel Mignot, Administrateur délégué de Belgian Shell. « D’ici à 2035, on aura déjà le temps de voir comment tout cela va évoluer et d’y voir un peu plus clair. Je ne peux vraiment pas assurer qu’en 2050, on ne vendra plus une seule goutte de diesel et d’essence. D’autant que d’ici là, on aura certainement fait de très gros progrès en matière d’e-fuels. Et toute cette évolution dépendra aussi des décisions prises entretemps par les constructeurs automobiles… »
Il se pourrait donc bien que nos stations-service actuelles trouvent une seconde vie grâce aux biocarburants et carburants synthétiques. Chez TotalEnergies, on mise d’ailleurs beaucoup sur cette alternative et espère en devenir le leader d’ici quelques années. « Nous sommes actuellement le premier distributeur de biocarburants en Europe avec plus de 2,5 millions de tonnes de biocarburants incorporés dans les essences et diesel en 2019, et nous avons développé une véritable expertise des marchés et des clients. Pour répondre à notre ambition d’être un leader sur les marchés des biocarburants, nous avons transformé notre raffinerie de La Mède (France) en une bioraffinerie de taille mondiale », indique le pétrolier qui a engagé plus de 500 millions d’euros dans la recherche et le développement de ces biocarburants ces 10 dernières années.
Investissement dans l’infrastructure EV
Mais en attendant, les pétroliers ont bien compris qu’ils devaient aussi avoir un rôle à jouer dans la transition électrique. À côté des acteurs spécialisés, les pétroliers ont ainsi aussi commencé à développer leur propre réseau de bornes de recharge ces dernières années. TotalEnergies vient par exemple de remporter un appel d’offres du gouvernement flamand pour l’installation de 4.400 points de recharge au nord du pays d’ici à 2025.
Avec leurs stations-service disséminées sur les grands axes routiers, ils disposent des meilleurs emplacements pour installer des infrastructures de recharge. « En Belgique, comme sur tous les marchés où nous nous développons dans le domaine de la mobilité électrique, nous nous engageons à offrir une expérience client et des services de recharge électrique qui répondent à leurs attentes », indique Stefaan De Ganck, directeur de TotalEnergies Charging Solutions Belgique.
Shell partage la même vision, mais noue plutôt des partenariats avec des enseignes commerciales pour exploiter leur parking. Emmanuel Mignot précise : « Notre approche consiste à identifier les besoins d’un consommateur qui roule en véhicule électrique, et de suivre le client là où c’est le plus confortable pour lui de recharger. Un VE implique un temps de charge plus long que de faire le plein d’essence. Le réseau de stations-service actuel n’est donc pas nécessaire- ment la meilleure solution du point de vue du client pour y faire ses recharges, car il n’y a pas grand-chose à faire sur une station-service pour passer le temps. Sur ces stations, notre stratégie est donc de privilégier les bornes ultrarapides. Pour les bornes classiques, nous pensons qu’il est plus opportun de les installer à un endroit où les consommateurs restent plus longtemps, par exemple lorsqu’ils font des courses. C’est la raison pour laquelle nous avons noué récemment des partenariats pour installer des bornes de recharge sur les parkings des magasins Carrefour et Gamma. Ces projets vont nous mener à près de 450 bornes, soit 900 points de charge d’ici 3 à 4 ans et d’autres partenariats du même genre vont suivre prochainement. À terme, nous voulons disposer de 1/3 de bornes ultrarapides et de 2/3 de chargeurs rapides (22 kW) sur lesquels il est généralement possible de récupérer 50 km d’autonomie en 30 minutes de charge, soit le temps qu’il faut généralement pour faire une course. À noter aussi que Shell est un partenaire d’Ionity qui se développe énormément ces derniers temps avec des parkings de bornes ultrarapides le long des grands axes autoroutiers européens. »


Plus petit acteur, DATS24 avait d’abord beaucoup misé sur le développement d’un réseau de stations CNG. Malheureusement, la crise énergétique a fait exploser le tarif de ce combustible. DATS24 mise donc aujourd’hui aussi fortement sur le développement d’une infrastructure de recharge, mais uniquement là où ses stations-service sont installées.
La société du groupe Colruyt fait en revanche partie des pionniers en matière d’hydrogène puisqu’elle a lancé un grand plan de développement des points de ravitaillement de ce carburant 0 émission en collaboration notamment avec WaterstofNet, l’Union européenne, ALD Automotive, Hyundai et Toyota. n