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Michaël Grandfils, directeur du Lab Box (D’Ieteren)
Michaël Grandfils Co-founder & Managing Director Lab Box « En matière de mobilité, le plus difficile, c’est d’amorcer la pompe »
Poppy, Lizy, Mbrella, EDI, Husk ou encore Skipr ou mobvious, toutes ces start-up axées sur la mobilité ont un point en commun : elles émanent du Lab Box. Ce ‘laboratoire‘ de D’Ieteren a pour but de lancer de nouveaux concepts innovants en matière de mobilité sur le marché belge. Rencontre avec son directeur, Michaël Grandfils.
par Damien Malvetti » link2fleet : Monsieur Grandfils, présentez-nous en quelques mots le Lab Box et son fonctionnement. Michaël Grandfils : « Le Lab Box est une start-up studio, c’est-à-dire une sorte de laboratoire qui permet à des start-up de se lancer. Soit les idées viennent directement de membres de l’équipe Lab Box, soit elles émanent de l’extérieur et sont intégrées par la suite au Lab Box. Tous les projets débutent d’une idée, on étudie ensuite l’intérêt sur le marché. Et si intérêt il y a, on lance le service ou le produit et le Lab Box sert alors à soutenir sa croissance et, dans certains cas, à l’accélérer ensuite dans le cadre de son développement sur le plan international. D’Ieteren nous permet de bénéficier de synergies et d’un savoir-faire incontestable, mais nous laisse tout de même une importante indépendance dans nos décisions et notre façon de fonctionner. Aujourd’hui, on dispose d’un portefeuille composé de start-up qui s’imbriquent et se complètent parfaitement, créées sur base des besoins des clients. Notre souhait est de disposer d’une offre la plus complète possible, sachant que les besoins de mobilité diffèrent fortement d’une personne à l’autre. »
l2f : En quelques années d’existence, le Lab Box a déjà quelques belles réalisations à son actif : Poppy, Lizy ou encore EDI sont déjà des succès commerciaux. M.G. : « Effectivement. Poppy, spécialisé dans le car-sharing et Lizy, plateforme digitale de leasing de seconde main, sont deux belles réussites. Poppy a notamment bénéficié de la reprise de Zipcar pour se lancer rapidement à Bruxelles. Mais d’autres start-up font aussi très bien. Skipr, notre app de mobilité vient par exemple de lever des fonds externes pour soutenir son développement. EDI est pour sa part l’acteur numéro 1 sur le marché en matière de bornes de recharge. La demande dans l’infrastructure de recharge électrique devient de plus en plus importante. Nous avons aussi investi dans l’ancienne start-up CarAsap, spécialisée dans le transport avec limousines et chauffeurs et l’avons renommée Husk. On se lance uniquement dans des projets pour lesquels nous estimons qu’il y a vraiment une demande et dans des produits qui n’existent pas encore. »
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QUICK-CATCH
• Les start-up qui composent le Lab Box sont nées sur base des besoins des consommateurs. • D'Ieteren laisse au Lab Box une grande indépendance dans la façon de fonctionner. • Michaël Grandfils estime que l'évolution vers une mobilité alternative passera forcément par le B2B. • Il pense que la voiture conservera un rôle structurel dans la mobilité future en Belgique.
1 » Michaël Grandfils - Co-founder & Managing Director Lab Box En phase avec le B2B et le budget de mobilité
l2f : La majorité de vos start-up sont tournées vers le marché B2B. Est-ce à dire que la transition de la voiture individuelle vers la mobilité alternative passera forcément par le marché professionnel ? M.G. : « Le marché B2C belge est compliqué, car c’est un petit marché. La Belgique a cette spécificité du B2B avec un grand nombre de voitures de société. Le but du Lab Box est d’arriver à proposer des
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alternatives et d’accélérer le déploiement de nouvelles formes de mobilité. Si on veut faire bouger le marché, il faut donc passer par le B2B. Le marché professionnel va vite comprendre que le verdissement de la flotte et le passage vers d’autres formes de mobilité ont un impact important sur l’ensemble du pays. Nos solutions sont donc presque entièrement tournées vers ce marché. Seuls Poppy et EDI sont pensés pour le B2C, avec tout de même entre 10 et 15 % de clients B2B pour le premier et 50 % pour le second. »
l2f : Est-ce la raison pour laquelle beaucoup de vos start-up cadrent parfaitement avec le budget de mobilité ? M.G. : « Oui, Skipr offre une app smartphone ainsi qu’une carte de paiement donnant accès à toute une série de solutions de mobilité, My Move est clairement développé pour répondre au budget de mobilité puisqu’il s’agit de proposer aux entreprises une plateforme de gestion de flotte et de clés digitales pour déverrouiller des voitures, des vélos, trottinettes ou scooters électriques. L’idée étant d’encourager les sociétés à remplacer leur flotte actuelle par une flotte flexible. Mob Box est basé sur le conseil en mobilité, tandis que Mbrella a été développé pour offrir un ‘one-stop shop’ de la mobilité B2B qui plus est directement relié aux secrétariats sociaux. Plus récemment, nous avons lancé Mobvious, une plateforme digitale de chauffeurs à la demande qui se charge de la livraison des véhicules de leasing lors de leur retour en fin de contrat. Et ce en passant par leur passage au garage pour l’entretien ou au contrôle de technique. Nous croyons énormément au concept du budget de mobilité. »
l2f : Le passage de la propriété de la voiture individuelle à une mobilité alternative n’est pas toujours facile à mettre en place ? M.G. : « C’est évident qu’il est difficile de faire changer les habitudes. Le plus compliqué, c’est d’amorcer la pompe. Une fois qu’on s’essaie à d’autres formes de mobilité, on se rend rapidement compte que c’est bien et que ça apporte toute une série d’avantages. Beaucoup de ménages belges disposent encore de deux véhicules, mais il est par exemple tout à fait possible de s’en sortir avec un seul véhicule. Le cadre légal du budget de mobilité peut fortement aider en ce sens. On parle d’ailleurs de revoir quelque peu ce cadre et notamment d’élargir les possibilités et d’augmenter le taux de CO2 des véhicules éligibles dans le pilier 1 à un niveau raisonnable (120 g) de façon à étendre la gamme de véhicules disponibles. Cela permettrait à davantage d’employés d’opter pour le budget de mobilité. Nous prônons aussi pour l’élargissement du budget de mobilité à tous les travailleurs, y compris ceux qui ne disposent pas d’une voiture de société. Cela aiderait forcément à développer l’intérêt pour les solutions de mobilité alternatives. »
3 » Poppy a su s'imposer comme service de voitures et transports partagés à Bruxelles et Anvers.
l2f : Votre portefeuille est aussi résolument tourné vers l’avenir avec un service de transport autonome ? M.G. : « Ush est effectivement un système de shuttle autonome et électrique. C’est l’étape intermédiaire vers la mobilité autonome électrique qui prépare aux futurs robots taxis. C’est encore un projet très expérimental dédié à des cas de niche, mais ce faisant, nous accompagnons déjà les sociétés qui veulent tester cette solution. Par exemple sur des sites industriels, des hôpitaux, des aéroports. Il existe déjà toute une série de cas où la mobilité autonome est possible, même si à grande échelle, ce n’est pas pour demain. »
l2f : Justement, comment voyez-vous la mobilité dans 10 ans en Belgique ? M.G. : « Je pense que la voiture gardera un rôle structurel. Le transport public conserva aussi selon moi une place importante parce qu’il restera la meilleure façon de déplacer des masses d’un point A à un point B. On devrait aussi voir se développer de plus en plus de systèmes de shuttles pour du transport à la demande. D’autre part, je crois énormément à la voiture électrique. Le TCO et la fiscalité vont de toute façon contraindre les entreprises à passer à l’électrique. Je pense que la transition va se faire assez rapidement. Et puis, la mobilité autonome devrait aussi gagner en importance. À l’avenir, je pense que notre mobilité sera beaucoup plus complexe et fragmentée que ce qu’on connaît aujourd’hui. Et c’est tant mieux, car ça la rendra plus fluide, plus efficace et inclusive. » n
Les sociétés qui font partie du Lab Box
Le principe du Lab Box est donc de soutenir le lancement sur le marché de nouvelles sociétés autour de la mobilité. Les entreprises qui en font partie évoluent donc régulièrement, soit parce qu’elles sont capables de prendre leur envol, soit parce que le projet peut être abandonné en cours de route. Voici un aperçu des start-up qui en font actuellement partie.