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Miel Horsten, Group Regional Director d’ALD Automotive
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by link2fleet
Rachat de LeasePlan par ALD Automotive « Le cocktail parfait pour former l’architecture de la mobilité de demain »
C’est certainement LA transaction de l’année dans le secteur fleet. Après de nombreuses discussions, c’est finalement ALD Automotive qui va reprendre LeasePlan pour un montant estimé à 4,9 milliards d’euros. Que faut-il attendre de ce rachat et avec quelles conséquences pour les clients des deux entreprises ? Miel Horsten, Group Regional Director d’ALD Automotive, a accepté de répondre à nos questions.
entretien réalisé par Damien Malvetti
« 'NewALD’ représentera 3,5 millions de voitures au total en flotte, mais surtout un potentiel d’achat de 800.000 voitures neuves chaque année. »
»Via sa société mère Société Générale, ALD Automotive va donc acquérir 100 % du capital de LeasePlan auprès d’un consortium mené par TDR Capital. Le but de la transaction est clair : créer un nouvel acteur, provisoirement dénommé ‘NewALD’, dont l’ambition est de devenir leader en matière de mobilité.
link2fleet : Miel Horsten, quel est l’intérêt pour ALD Automotive d’acquérir un concurrent comme LeasePlan ? Miel Horsten : « Il y a 3 domaines clés qui donnent tout son sens à cette transaction. Tout d’abord la taille, puisque grâce à ce rapprochement, nous allons construire une société de leasing qui pèsera à elle seule 3,5 millions de véhicules. Rapprocher ces deux entités va permettre d’effectuer des économies d’échelle importantes. C’est aussi le cas pour le second domaine : la digitalisation. Ce défi nécessaire à notre secteur demande des investissements colossaux. La combinaison ALD et LeasePlan dispose d’un budget de 400 millions d’euros par an au niveau d’investissement dans le digital. Enfin, en matière de sustainability : la 'greenification' de la flotte est un enjeu majeur. Il faut du temps pour que les choses bougent, mais une fois que c’est le cas, la transition peut se faire rapidement. On le voit d’ailleurs en Belgique avec l’évolution de la fiscalité qui devrait donner un coup de boost à l’électrification du parc fleet. En tant que loueur, nous devons anticiper et préparer cette évolution avec nos clients. »
l2f : Vous avez mentionné la taille de la future entité. Avec un tel poids, le ‘NewALD’ va devenir une vraie force de négociation face aux fournisseurs et notamment aux constructeurs et groupes automobiles ? M.H. : « C’est le but ! Ce ‘NewALD’ représentera 3,5 millions de voitures au total en flotte, mais surtout un potentiel d’achat de 800.000 voitures neuves
chaque année. Ces chiffres vont nous permettre de booster notre force de négociation auprès des fournisseurs alors même que les constructeurs ont revu à la baisse leurs remises. On se prépare donc à un combat plus costaud face à eux, mais on sait qu’on sera davantage en position de force pour défendre les intérêts de nos clients. Face à la crise des semi-conducteurs, on doit se battre pour obtenir des volumes auprès des constructeurs, surtout en matière de véhicules électriques. Les constructeurs se rendent compte que leur métier est en pleine évolution. Dans quelques années, ils ne feront plus que vendre des voitures, mais devront s’adapter à une nouvelle réalité d’une société qui passe de la possession à l’usage. Le business-model des constructeurs sera forcé d’évoluer dans ce sens avec de nouveaux services et il va indéniablement se rapprocher de notre business-model. Nous allons bientôt jouer dans la même cour, mais nous avons la force d’être multimarques et de disposer des outils de consulting. Que ce soit en matière d’électrification, de fiscalité ou de mobilité. Dans tous ces domaines, nous allons vraiment avoir un rôle à jouer dans les prochaines années et je suis persuadé que nous serons l’acteur numéro 1, notamment grâce à nos volumes. »
Focus n°1 : les clients et le personnel l2f : LeasePlan et ALD ont souvent opéré des choix et stratégies opposés en mettant le focus sur des produits ou services différents. Aujourd’hui, il va falloir assembler ces deux stratégies pour en faire une seule. Cela ne risque-t-il pas d’être compliqué ? M.H. : « Il est vrai que dans une transaction comme celle-ci, on scrute souvent les différences entre les deux entreprises. Je regarde les choses d’un autre œil : 95 % de notre business-model est identique. Bien sûr, LeasePlan avait une longueur d’avance en matière de private lease, de gestion du last-mile delivery et certainement en matière d’électrification. Mais de son côté, ALD a su mettre en place des partenariats stratégiques ces dernières années, que ce soit avec Ford ou Tesla, avec l’app de mobilité Skipr ou avec l’allemand Fleet Pool spécialisé dans l’abonnement automobile. Bref, en additionnant toutes ces forces, je suis persuadé que nous aurons en main les ingrédients du cocktail qui formera l’architecture de la mobilité de demain. La nouvelle entité, dont le nom ne sera pas connu avant 2023, devra reprendre l’héritage de LeasePlan et celui d’ALD, car tous deux sont importants. »
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l2f : La nouvelle entité disposera aussi davantage encore de compétences pour créer de nouveaux services et produits. Y a-t-il déjà des idées ou projets sur la table ? M.H. : « C’est encore trop tôt pour imaginer de nouveaux projets. À l’heure actuelle, on est encore en phase de consultation et d'information et on estime que la transaction sera entièrement bouclée d’ici le quatrième trimestre de cette année. Et avant de parler de nouvelles idées, il faudra surtout mettre le focus sur le projet numéro 1 : les gens ! Qu’il s’agisse de nos équipes, mais aussi de nos clients. Dans une transaction comme celle-ci, il y a deux pans : d’une part une création de valeur, mais d’autre part, il ne faut pas perdre la valeur existante. Il faut rassurer et fidéliser le personnel et être là pour répondre aux interrogations des clients des deux entités. »
Objectif : défendre les clients l2f : Justement, est-ce que les clients se posent déjà des questions quant à l’avenir de l’entreprise ou de leurs contrats en cours ? Et comment réagissent les collaborateurs des deux entités ? M.H. : « À l’heure actuelle, nous n’avons pas encore de contacts avec les équipes de LeasePlan, et ce n’est pas prévu tout de suite. Mais je suis agréablement surpris par les premières réactions que nous recevons et par l’enthousiasme positif du marché. Les clients nous disent qu’ils sont contents ou qu’ils s’y attendaient. Je crois que tout le monde se rend
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compte que le secteur automobile est en train d’évoluer à la vitesse de la lumière. Les clients comprennent qu’en se rapprochant, les deux entreprises vont se renforcer mutuellement pour pouvoir encore mieux défendre leurs intérêts. Face aux évolutions du secteur, ils ont encore davantage besoin d’un partenaire qui gère leurs véhicules, garde leur TCO sous contrôle, leur propose des services comme l’assurance à un tarif abordable, etc. On voit vraiment que nos clients nous considèrent comme leur avocat face aux constructeurs. Quant aux contrats, aux logiciels, aux produits et aux services, il est certain que des modifications seront apportées, mais il est encore trop tôt pour savoir lesquelles et dans quelles mesures ? L’intégration se fera courant 2023-2024, mais avec l’objectif de continuer à livrer le même niveau de services, que ce soit pour les clients ALD ou pour les clients LeasePlan, et surtout de mettre sur les rails la plus grande entreprise de mobilité. »
l2f : Si on regarde l’évolution du secteur ces dernières années, on voit que les loueurs qui subsistent sont ceux qui sont soit rattachés à une banque, soit à un constructeur automobile. Ce rachat le prouve une fois de plus puisque LeasePlan était l’un des rares grands loueurs à ne pas dépendre de ce type d’entités. M.H. : « Effectivement, je pense que les partenariats sont l’avenir de notre secteur. Chez ALD Automotive, nous avons la force de frappe - et la sécurité - d’une
« À l’avenir, le business-model des constructeurs va évoluer et se rapprocher de plus en plus de celui de loueurs. »
banque grâce à notre maison-mère Société Générale, mais nous avons aussi mis en place des joint-ventures avec des constructeurs ces dernières années, que ce soit avec Polestar, smart ou encore Tesla. À l’avenir, nous n’aurons pas le choix : constructeurs et loueurs vont devoir travailler main dans la main. »
l2f : On sait que ‘NewALD’ est un nom de code provisoire pour la nouvelle entité. À quels critères devra répondre le nouveau nom ? Est-ce que le mot ‘automotive’ est encore adapté au marché actuel ? M.H. : « Le mot ‘automotive’ n’est plus tout à fait approprié avec notre business-model actuel. Le futur nom n’est pas encore connu, mais il faudra évidemment trouver quelque chose qui renvoie à l’historique des deux entreprises. Une marque forte avec une réflexion sur la nouvelle culture et qui présente le meilleur des deux mondes : l’automobile et la mobilité. Je suis en tout cas persuadé que ce sera une aventure fantastique ! Peut-être un peu turbulente parfois, comme beaucoup de mariages. Mais c’est en tout cas un privilège pour moi d’en faire partie. » n
1 » L’objectif de la transaction est de créer une nouvelle entité qui deviendra leader en matière de mobilité.
2 » « Nos clients nous considèrent comme leur avocat face aux constructeurs. »