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Retards de livraison : comment gérer mon parc automobile ?

QUICK-CATCH

• Sur certains modèles, il faut compter plus de 15 mois de délai entre la commande et la livraison • Le problème se pose uniquement en Europe, en raison de l’obligation à passer à des véhicules électriques, gourmands en semi-conducteurs • Certaines sociétés de leasing proposent de prolonger les contrats actuels de véhicules sans ou à moindre frais • Pensez à optimiser votre parc en échangeant par exemple des véhicules entre conducteurs ou en attribuant des véhicules de pool • La location court-terme ou d’occasion peuvent aussi vous apporter des solutions

Retards de livraison

Comment gérer mon parc automobile ?

Arrêt de lignes de production en raison de la pandémie de Covid-19, pénurie de semiconducteurs et plus récemment de câbles produits en Ukraine en raison de la guerre qui frappe ce pays, le marché automobile n’est pas épargné ces derniers mois. Résultat : les délais de livraisons des voitures neuves explosent. Pour certains modèles, on parle de plus d’un an d’attente ! Comment gérer son parc automobile face à une telle situation ? link2fleet vous donne quelques conseils.

par Damien Malvetti

1 » Cette crise pourrait être une aubaine pour le leasing d’occasion, mais commence aussi à faire exploser les prix des voitures de seconde main. » Dans une interview accordée peu après sa victoire aux link2fleet awards 2021, Caroline Ceustermans, Fleet & Mobility Manager de Swift et fleet owner of the year 2021, nous avouait la difficulté de gérer une flotte dans une telle situation. « Ces derniers mois, je dois régulièrement annoncer à mes conducteurs que leurs véhicules sont reportés de parfois plusieurs mois et je dois trouver des solutions pour qu’ils restent mobiles en attendant l’arrivée de leur nouveau véhicule. Dans d’autres cas, il m’est arrivé de recevoir des véhicules dont certaines options étaient manquantes en raison de cette crise des semi-conducteurs. C’est difficile de faire accepter à un conducteur qu’il reçoit un véhicule moins bien équipé que ce qui figure sur son bon de commande. » Cette situation, c’est celle que connaissent tous les gestionnaires de flotte à l’heure actuelle. Et les constructeurs et importateurs sont malheureusement impuissants face à la situation mondiale. 15 mois, c’est par exemple le délai actuel entre la commande et la livraison d’une Audi Q4 e-Tron. Mais cet exemple est loin d’être isolé, tous les constructeurs subissent plus ou moins de façon équitable cette succession de crises qui touche le secteur.

Un problème très… européen !

« On est tous dans le même bateau », déplore Olivier Sermeus, COO d’Astara Western Europe, nouveau nom du groupe Alcomotive. « Le problème, c’est que pour atteindre les objectifs en matière de CO2 qui ont été fixés par l’Europe, on pousse les constructeurs et les importateurs à favoriser la vente des véhicules plug-in hybrides et full électriques, soit justement ceux qui nécessitent une plus grande quantité de semi-conducteurs. Ce n’est donc pas seulement la crise du Covid-19 qui a mené à cette situation, c’est aussi la hausse de la demande pour ces véhicules. Il suffit de regarder le marché de l’Amérique du Sud où il n’y a pas de demande pour des PHEV et full EV parce que la fiscalité ne l’impose pas : il ne connait aucun souci de livraison de véhicules ! Le problème actuel est uniquement européen. On essaie évidemment de trouver des solutions, comme proposer des voitures de remplacement à nos clients qui attendent leur nouveau véhicule, mais cela commence à devenir très compliqué car la demande ne cesse d’augmenter. Et malheureusement, je crains que nous ne sortions pas de cette crise avant début 2024, sans savoir ce qui peut nous tomber dessus ensuite… Il y a eu le Covid-19 puis la guerre en Ukraine. On n’est malheureusement pas à l’abri d’un troisième événement qui vienne encore empirer la situation... »

Privilégier les EV

Chez Volvo Car Belux, on est justement parti de cette obligation européenne de limitation des émissions de CO2 pour favoriser les modèles électriques sur les chaines de production. « Notre politique consiste à garantir une production plus rapide sur les véhicules full électriques et, ainsi, à orienter les clients professionnels à opter pour des EV. C’est aussi une façon de pousser l’électrification du parc fleet », confie Hamza Chaaban, COO. « Concrètement, nous produisons en priorité les modèles EV, puis les PHEV et seulement les modèles à motorisations thermiques. En termes de délais de livraison, cela se traduit par une durée moyenne de 6 à 7 mois pour un véhicule électrique et jusqu’à 10 à 12 mois pour un modèle thermique. » Eric Laforge, Head Of Stellantis LCV Enlarged Europe, nous confiait aussi récemment que « les délais de production et de livraison du Fiat e-Ducato sont beau-

coup plus courts que ceux de la version diesel du fourgon Ducato. » La politique semble donc être la même au sein du groupe Stellantis.

Conséquences sur le long-terme

Bas Viveen, Directeur général de Peugeot Belux, pointe quant à lui les conséquences à long-terme que cette situation va générer. « Chez Peugeot, nous sommes très impactés par cette situation car nos véhicules sont très technologiques. Et technologie rime forcément avec puces. Notre portefeuille de commandes est bien rempli et heureusement, notre réseau est parfaitement capable d’expliquer l’impact de la situation actuelle sur notre production de véhicules. Malheureusement, il faudra prendre en compte l’impact à long-terme du contexte actuel avec les hausses de prix du gaz, de l’électricité, mais aussi l’inflation générale et l’augmentation des salaires. Un véhicule qui est commandé aujourd’hui sera produit dans 8 à 10 mois. On ne peut malheureusement pas prédire l’augmentation de l’inflation à long-terme, ce qui signifie que le coût d’un véhicule aujourd’hui et dans 8 à 10 mois pourrait être très différent. Nous devons donc rester vigilants pour garder la maîtrise de nos coûts. »

Anticiper pour mieux gérer

Plus que jamais, le meilleur conseil que les experts du secteur donnent aux gestionnaires de flotte, c’est l’anticipation. Si vous devez remplacer des véhicules existants ou commander de nouveaux véhicules, prenez-vous-y le plus tôt possible ! Et privilégier les véhicules de stock - tant qu’il en reste - ou les modèles pour lesquels les délais de production sont les plus courts. Votre Key Account, fleet manager ou concessionnaire pourra évidemment vous aiguiller en la matière. Notez aussi qu’en supprimant certaines options - qui nécessitent donc ces fameux semi-conducteurs -, vous pourrez peut-être réduire sensiblement les délais.

Voiture d’attente

Evidemment, vos conducteurs doivent rester mobiles en attendant leur prochain véhicule. Certains concessionnaires ou importateurs disposent d’une flotte de véhicules d’attente ou de remplacement qu’ils peuvent mettre à disposition pour une courte, voire une moyenne durée. Mais comme le soulignait Olivier Sermeus un peu plus haut, la demande grandissante commence également à réduire considérablement les stocks.

Prolongez vos contrats

Cette situation est peut-être l’occasion idéale pour effectuer une analyse complète de votre parc automobile afin de déterminer le kilométrage de chaque véhicule et l’échéance de chaque contrat. La crise du Covid-19 et la généralisation du télétravail ayant réduit considérablement nos déplacements, certains de vos véhicules ont peut-être parcouru beaucoup moins de kilomètres que ce qui était prévu dans leur contrat. Dans ce cas, il vous sera certainement possible de négocier avec votre loueur une prolongation du contrat actuel. Certains loueurs se montrent tolérants et flexibles en la matière et décident d’ailleurs de ne pas facturer - ou en tous cas pas entièrement - le dépassement de kilomètres comparé au contrat initial, tant que celui-ci n’est pas abusif évidemment. En prolongeant vos contrats, vous devriez, en plus, pouvoir profiter d’une mensualité logiquement réduite.

Switch entre conducteurs

En analysant votre parc automobile, vous pourrez aussi déterminer si certains conducteurs utilisent vraiment très peu leur véhicule ces derniers mois. Dans ce cas, il sera peut-être opportun de négocier avec vos conducteurs pour échanger des véhicules

2 » Depuis plusieurs mois, la pénurie de ces mini-puces fait trembler le secteur automobile européen.

entre ceux qui parcourent toujours beaucoup de kilomètres et ceux qui en font moins. De même, si vous disposez d’une flotte de véhicules de pool qui sert très peu, pensez à attribuer ces véhicules à des conducteurs qui en ont besoin dans l’attente de leur prochain véhicule. N’oubliez évidemment pas de signaler ces changements de conducteurs à la société de leasing si nécessaire.

Pensez au court-terme

Les sociétés de location court-terme peuvent également vous apporter des solutions rapides dans cette période. Elles disposent en effet souvent d’une large gamme de véhicules directement disponibles qui peuvent répondre aux besoins de vos conducteurs

Olivier Sermeus, COO d’Astara Western Europe « Le problème, c’est que pour atteindre les objectifs CO2 fixés par l’Europe, on nous pousse à favoriser la vente des PHEV et EV, qui nécessitent davantage de semi-conducteurs »

Bas Viveen, CEO de Peugeot Belux

Hamza Chaaban, COO de Volvo Car Belux « Un véhicule commandé aujourd’hui sera produit dans 8 à 10 mois. On ne peut malheureusement pas prédire l’augmentation de l’inflation à long-terme »

« Notre politique consiste à garantir une production plus rapide sur les véhicules full électriques et, ainsi, à orienter les clients professionnels à opter pour des EV »

pour une courte, voire une moyenne durée. Ici évidemment, il faudra prendre en compte le coût mensuel souvent plus élevé d’une location court-terme comparé à une location long-terme. Plusieurs sociétés de location court-terme ont d’ailleurs réagi dès les premières annonces des constructeurs et ont élargi leur offre. Hertz a par exemple annoncé récemment avoir passé commande de 65.000 nouvelles Polestar qui viendront grossir son catalogue international au fur et à mesure dans les 5 années à venir. Car Polestar fait justement partie des exceptions : la marque full électrique du groupe Geely assure pouvoir encore livrer dans des délais n’excédant pas 2 mois. « Car contrairement à certains concurrents qui fabriquent uniquement sur base des commandes, nous fabriquons à l’avance et disposons donc de véhicules de stock en suffisance », indique Filip Rouma, Key Account Manager de Polestar. « Mais la demande est forte et il y a de fortes chances que notre stock diminue rapidement. » Marque sœur de Polestar, Lynk & Co peut aussi vous apporter une solution facile à court-terme. La marque propose un service d’abonnement sans engagement : vous louez une voiture hybride rechargeable pour un montant fixe de 500 €/mois - tous frais compris excepté le carburant et l’électricité - et vous pouvez stopper le contrat à tout moment. Rendez-vous en pages 50 et 51 de ce magazine pour découvrir notre article sur le concept Lynk & Co.

Et pourquoi pas une occasion ?

Le leasing d’occasion en est encore à ses prémices sur notre marché, mais il se pourrait bien que la crise actuelle lui donne un coup de boost. Des sociétés comme Lizy se sont spécialisées dans le domaine et proposent de remettre sous contrat des véhicules de société en parfait état, ayant très peu roulé. On trouve donc dans l’offre presque tous les modèles disponibles actuellement en neuf sur le marché, y compris les dernières nouveautés électriques. Et cela bien sûr, disponible de suite et avec un loyer mensuel plus faible qu’un véhicule neuf. Olivier Sermeus met toutefois en garde : « La demande pour des voitures d’occasion grimpe, tout comme leur prix ! Il suffit de regarder les prix qui s’envolent sur certains modèles sur les plateformes d’occasion. Et plus le temps va avancer, plus l’offre va se restreindre. J’ai bien peur qu’à court-terme, cela va devenir compliqué de trouver des véhicules traditionnels en occasion, tandis que les véhicules électriques restent encore inabordables pour la majorité des clients, même en seconde main. » n

« Get eReady avec DKV Mobility »

Dans une société qui se veut toujours plus verte et plus durable, les habitudes de mobilité changent. C'est précisément la raison pour laquelle les entreprises doivent adapter leur business-model à l'évolution de l'esprit du temps. DKV Mobility en est un bon exemple. Bas Bullens, expert en mobilité et Sales Manager e-Mobility pour le Benelux, nous explique comment DKV Mobility fait face aux nombreux défis du secteur.

»link2fleet : Bas, comment DKV Mobility peutelle aider les entreprises à soutenir la mobilité électrique ? Bas Bullens : « D'abord, il y a la solution des cartes de paiement et de carburant. Cette solution @road permet aux employés de se recharger et de faire le plein pratiquement partout en Europe. Sous @work, nous entendons tout ce qui relève de l'infrastructure de charge des entreprises. Dans le cadre de notre troisième pilier, @home, toutes nos activités sont placées sous le signe de l'infrastructure de recharge professionnelle au domicile des particuliers, y compris le règlement des kWh via la DKV +Charge CARD. »

l2f : Comment cela fonctionne-t-il lorsqu'un employé recharge à la maison ? Est-il remboursé pour l'électricité utilisée ? B.B. : « Les employés utilisent une carte DKV à la borne de recharge de leur domicile. Les entreprises sont facturées pour les transactions de recharge à domicile via la facture habituelle. L'employé est remboursé pour sa consommation d'électricité à domicile, l'employeur pouvant déterminer le tarif du kWh pour l'employé. »

l2f : Quel réseau de bornes est accessible en Belgique et en Europe? Toutes les bornes sontelles compatibles? B.B. : « DKV dispose d'un réseau de premier plan dans l'UE et en Belgique. Il existe plus de 200.000 points de charge accessibles, dont 10.000 en Belgique. Chez nous, la couverture est même supérieure à 90 % ! Pour le ravitaillement, nos clients ont accès à pas moins de 2.500 stations de ravitaillement, avec des tarifs très compétitifs sur le carburant également. Cette large couverture des points et stations de charge est unique sur le marché. »

l2f : Quel est l’avantage de travailler avec DKV Mobility plutôt qu’avec un concurrent? B.B. : « Sur le plan financier, nous proposons des tarifs très compétitifs, tant pour l'e-mobilité que pour les carburants. Sur le plan administratif, c’est intéressant pour les gestionnaires de flotte, dont la charge est réduite au minimum, car toutes les dépenses sont répertoriées sur une seule facture claire. À cela s'ajoute le côté pratique pour le conducteur, qui peut trouver toutes les informations sur une seule application. »

l2f : Comment abordez-vous l’avenir chez DKV Mobility? Quelles sont vos ambitions? B.B. : « Nous sommes pour le ‘lead in green’ et nous aidons nos clients à réduire leurs émissions de CO2. Cela se fait via la digitalisation des services, la télématique et les rapports intelligents pour réduire les coûts et les émissions de CO2. D’où notre slogan : ‘You drive, we care’. » n

Voulez-vous en savoir plus sur DKV Mobility et en particulier l’eMobilité ? Contactez Bas Bullens à l'adresse Bas.Bullens@dkv-mobility.com ou par téléphone au +31 (0)6 209 86 152.

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