Bref Aéro 363- mars/avril 2017

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BREF Mars/avril 2017 • N° 363

AÉRO

ÉDITO

À MESDAMES ET MESSIEURS LES CANDIDATS À LA PRÉSIDENCE DE LA RÉPUBLIQUE.

Votre candidature à la Présidence de la République vous amène constitutionnellement à postuler à la qualité de Chef des Armées, et à la Présidence des Conseil et Comité Supérieurs de la Défense Nationale. Cette fonction entraîne de facto des responsabilités particulières dans le domaine des industries de l’Aéronautique, Espace et Défense, dont la CFE-CGC AED est le SEUL SYNDICAT NATIONAL (30 % des voix en consolidé dans la filière) en sa qualité de miroir du GIFAS.

Sommaire Actualités

Élections et représentativité

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Les nouvelles sections

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Le mot de la santé

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Le mot de la prévoyance

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Délégué syndical dans une PME, un engagement fort

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Les nouvelles désignations

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Lecture enrichie de Bref Aéro

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Vie des entreprises Dassault Falcon service : atterrissage à Mérignac Spatial, lorsque l’Europe joue contre les industriels sans s’en apercevoir

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OPA Safran/Zodiac : la CFE-CGC dans les starting blocks

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Responsabilité sociétale en entreprises : la CFE-CGC de Safran s’empare du concept

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4 juillet 2017 : 4ème réunion plénière du réseau de développement durable AED

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Dassault aviation et la tri annualisation avortée

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MBDA France : des enjeux de taille

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C’est dans l’air

La ceinture d’Aphrodite

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POUR VOUS AVEC VOUS

PARTOUT

Notre industrie reste encore le leader européen et un champion de l’exportation avec en 2016, un CA global d’environ 58Md€, dont 84 % à l’exportation. Cette industrie offre encore plus de 185 000 emplois « directs », pour la plupart hautement qualifiés, 60 000 recrutements ces 4 dernières années, plus de 600 000 emplois au total, un tissu industriel local fort autour de PME-PMI innovantes. Il ne nous appartient pas, en tant qu’organisation syndicale de définir la politique de Défense de la France, bien que nous ayons quelques idées ! Cependant nos revendications s’articulent autour de quatre thèmes majeurs :  la Recherche et Développement: c’est au moment où une industrie va bien qu’il faut investir. Or, les budgets de R&D sont à leur niveau d’étiage et nous nous faisons distancer par nos collègues allemands qui, eux, investissent massivement dans le secteur. Un budget annuel minimum de 150M€ est nécessaire pour nous maintenir dans la course avec les britanniques et les allemands ;  la modernisation de notre industrie en termes d’outils de production : si les grands groupes commencent à prendre le virage de l’industrie du futur, les industries de la supply chain doivent revoir leur organisation pour passer à un mode de production nouveau tout en continuant à innover. Ces entreprises n’auront pas les volumes nécessaires de production pour rentabiliser ces investissements massifs. Le rôle de l’État sera donc déterminant. Là encore la France doit réussir à développer le fameux « Mittelstand » allemand, pivot du succès industriel de ce pays ;  l’évolution des métiers et des compétences sera profonde dans les prochaines années. Le recrutement, l’alternance, la formation seront au centre de tous les défis pour maintenir les salariés dans l’emploi dans un secteur qui va (comme beaucoup d’autres) subir de plein fouet la transformation de son modèle industriel. Cette transformation « numérique » ne doit, selon nous, pas tuer le travail, mais changer le travail. L’État ne peut qu’avoir un rôle majeur dans ce processus ;  enfin, il faut instaurer un « european buy act » fort. Il est navrant de voir des pays européens se fournir de manière délibérée dans des pays anglo-saxons alors que les industries européennes disposent des produits attendus. Tout ceci est, bien sûr, sans parler du nécessaire effort sur le budget de la Défense, considéré trop souvent comme une variable d’ajustement du budget de l’État. Ce budget est passé en deux décennies de 2,86 % à 1,43 % du PIB, soit un recul de 26 % en euros constants, alors que les tensions mondiales n’ont jamais été aussi fortes. Un budget aux alentours de 2 % du PIB permettra à la filière de continuer à développer emplois et compétences. Mesdames, Messieurs les Candidats à l’élection présidentielle, nous nous tenons à votre disposition pour tout éclaircissement, complément d’information, toutes questions, ou remarques de votre part. Ludovic ANDREVON Président de la CFE-CGC AED


Actualités ÉLECTIONS ET REPRÉSENTATIVITÉ ÇA GAGNE AVEC Airbus Cybersecurity, qui a vu, fin janvier, sa représentativité passer de 25 % à 38 %. Soulignons que sur 8 élus dans la Délégation Unique du Personnel, il y a 4 femmes ! Europropulsion Kourou, où avec un élu dans la DUP (pour 4 possibles), la représentativité de la CFE-CGC est à 27 %. Toujours chez Europropulsion et toujours une DUP, cette fois à Suresnes, carton plein avec 6 élus sur 6 pour la CFE-CGC. Chez Roxel France, la CFE-CGC est la 1ère organisation syndicale, avec un poids en C.E. 2ème et 3ème collèges additionnés de plus de 63 %. Enfin, chez Sabena Technics et sur ce même périmètre 2ème et 3ème collège, la CFE-CGC obtient une représentativité de 56 %. Bravo à l’ensemble de ces sections syndicales, qui trouvent au travers de ces résultats la récompense de leur travail quotidien !

n°4 LE MOT DE LA PRÉVOYANCE : La désignation des bénéficiaires - Règles fiscales -

Dans les contrats collectifs de prévoyance il n’y pas d’imposition sur les capitaux décès. Ces capitaux ne rentrent pas dans l’actif successoral. Il n’y a donc pas besoin d’effectuer une désignation de bénéficiaire pour cette raison. Par conséquent, le capital décès, versé dans le cadre des contrats de prévoyance portés par un contrat collectif est donc hors succession, et ce, indépendamment du choix de désignation de bénéficiaire effectué par le salarié entre la désignation particulière ou la clause contractuelle.

Cette règle est différente dans le cadre de l’assurance vie. Si vous décidiez de ne pas désigner de bénéficiaire(s) dans votre contrat, le capital décès sera versé par défaut à vos héritiers, mais selon les règles applicables aux successions, c’est-à-dire qu’il rentre dans l’actif successoral.

Patrick FRODEFOND Expert CFE-CGC AED Protection sociale

n°3 LE MOT DE LA SANTÉ :

Anticipez dès aujourd’hui les risques de demain

Christophe DUMAS Secrétaire général CFE-CGC AED

NOUVELLES DÉSIGNATIONS SAFRAN Issy les Moulineaux : Ould Bouamama est désigné délégué syndical sur le site de Paul Louis Weiller SAFRAN POWER UNITS Toulouse : Rémi Stephan est désigné délégué syndical, il remplace Gervais Madelaine ROXEL St Médard en Jalles : Isabelle Rabier-Billet (ex RSS) est désignée déléguée syndicale SABENA TECHNICS Bordeaux : David Galea remplace Alain Bortolussi en tant que délégué syndical

...

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Les besoins en santé sont propres à chacun. Selon les antécédents, l’hérédité, l’activité, le mode de vie... certains seront davantage sujets aux ennuis de santé. Les problèmes de vue et d’audition, à différents degrés, restent néanmoins une constante que l’on observe avec l’avancée de l’âge, et qui représentent d’importants frais médicaux, très mal remboursés par la Sécurité sociale.

Des prothèses dentaires peuvent coûter entre 500 et 900 euros, et des prothèses auditives entre 750 et 2 000 euros. Tentez de dresser un bilan de vos besoins actuels et d’anticiper vos besoins futurs, afin que les garanties de votre contrat de complémentaire individuelle senior soient au plus près de ces derniers. Patrick FRODEFOND Expert CFE-CGC AED Protection sociale


Actualités FERMETURE DE SMA BOURGES: DÉLÉGUÉ SYNDICAL DANS UNE PME, UN ENGAGEMENT FORT Il est des situations où l’engagement syndical prend toute sa dimension et dévoile toutes ses facettes dans la vie de nos entreprises. Une dimension toute particulière lorsqu’il s’agit d’une PME, filiale d’un grand Groupe. C’est l’expérience vécue, depuis octobre dernier, par Guilaine Taupin, déléguée syndicale chez SMA, filiale du Groupe Safran. Désignée déléguée syndicale chez SMA à Bourges depuis 5 ans, le mandat de Guilaine Taupin se déroulait dans un « train-train » quotidien sans embûches jusqu’à ce jour d’octobre 2016, où la direction de SMA décide d’un plan de redéploiement volontaire sur le site de Villaroche, en région parisienne. L’objectif annoncé : fermer le site de Bourges et concentrer toutes les activités de la société sur le seul site francilien afin de faciliter la communication entre les entités. Sont concernées une cinquantaine de familles pour lesquelles il faut envisager de la mobilité géographique, mais aussi du reclassement dans une région Centre, peu dynamique en termes de créations d’emplois. SMA Bourges, une famille dans la torpeur Un énorme challenge pour Guilaine Taupin. « Nous travaillons dans une petite entreprise (55 salariés à Bourges), tous très attachés à notre produit, ce plan a abasourdi les salariés ». Lors de son annonce de plan en CE, la direction se donne 8 mois (jusqu’en juin 2017) pour trouver des solutions pour tous les collaborateurs. « Face à des salariés dépités, j’ai pris la décision d’organiser des réunions d’informations afin de leur expliquer les tenants et les aboutissants du plan de redéploiement. Il fallait leur faire prendre conscience de la situation », confie la déléguée syndicale. Se succèdent ensuite de nombreuses réunions de négociation avec la direction et les ressources humaines. « Il était indispensable de trouver une solution pour chaque salarié. Des mobilités, des reclassements ont été cherchés et proposés à chacun. Une cellule psychologique a été mise en place pour accompagner les salariés, poursuit Guilaine. Nous sommes sur

un bassin d’emplois désertique dans le Cher. Un bassin que je connais bien étant, par ailleurs, fraichement élue Présidente de l’Union départementale CFE-CGC du Cher. J’ai activé tous mes réseaux départementaux afin de trouver des solutions acceptables pour les collaborateurs qui ne souhaitaient pas quitter le département. Il était primordial d’assister au mieux les salariés dans cette épreuve ». Du cas par cas Passée la période de stupeur, des solutions se mettent en place pour la majeure partie des salariés de Bourges : mobilités au sein des entités du Groupe Safran, reclassement dans les entreprises régionales. « En octobre, je craignais une fermeture. Avec un plan de sauvegarde de l’emploi, nous aurions été démunis. Grâce à ce plan de redéploiement sur 8 mois, nous avons pu négocier chaque dossier et surtout trouver des solutions pérennes pour tous les salariés. Je dis « nous », je devrais plutôt dire « je ». La CFE-CGC ayant une représentativité de 100 % au sein de SMA, je suis seule à la table des négociations. Et c’est difficile d’avoir la responsabilité de 50 familles sur les épaules. La situation est parfois cauchemardesque. Est-ce que je prends les bonnes décisions ? Ai-je bien négocié ? Tant d’interrogations qui font mon quotidien depuis 6 mois. D’autant que les salariés se tournaient tous vers moi, avec de la colère au début, du désespoir pour certains, des situations familiales compliquées. Mes choix pouvaient être lourds de conséquences… À Bourges, nous nous connaissons tous, nous sommes une famille ».

Donner ce que l’on est capable de donner Pour faire face à cette situation, Guilaine met à profit toutes les formations syndicales qu’elle a suivies ces dernières années. « On n’est jamais préparé à des événements tels que celui que vit mon entreprise. Heureusement, j’ai été soutenue par les coordinateurs du Groupe Safran. Mon réseau local (UIMM, institutionnel…) a été aussi d’une grande aide. J’ai pris la dimension du rôle de déléguée syndicale qui était le mien. Aujourd’hui, je suis soulagée, épuisée, mais soulagée. Je n’ai aucun regret. Et comme le dit si bien, Gabriel Artero, « ne donner au syndicat que ce que l’on est capable de donner », je m’approprie cette belle formule pour résumer ces derniers mois », conclut la dynamique déléguée syndicale. Il faut rester humble, les grandes sections peuvent se passer de mes contributions. À 57 ans, Guilaine a fait le choix de ne pas quitter le Groupe Safran. Elle a donc opté pour un célibat géographique en acceptant un poste à Chatellerault. Si ses mandats au sein de l’entreprise SMA cessent, son engagement CFE-CGC perdure au sein de l’Union départementale du Cher pour laquelle elle contribue au rayonnement et au développement de l’organisation.

EUROPROPULSION Suresnes : Antonio Caringi est désigné délégué syndical EUROPROPULSION Kourou : Philippe Boudot est désigné délégué syndical EUROPROPULSION : Antonio Caringi est désigné délégué syndical central ONERA : Cécile Gaillard remplace Béatrice Sorrente en qualité de représentante syndicale au CCE

NOUVELLES SECTIONS TYCO Electronics France Pontoise (95) :

le représentant syndical de section (RSS) est Philippe Beillon.

TESTIA France Toulouse (31) :

le représentant syndical de section (RSS) est Franck Bonard.

Lecture enrichie, mode d’emploi :

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Vie des entreprises

DASSAULT FALCON SERVICE : ATTERRISSAGE À MÉRIGNAC

SPATIAL,

lorsque l’Europe joue contre les industriels sans s’en apercevoir

La petite histoire de la bataille entre XecapS et LSA

Toute ressemblance avec des sociétés existantes ne serait que pure coïncidence (!) Airbus Safran Launchers et Arianespace sont très désavantagées par rapport aux autres opérateurs mondiaux qui bénéficient d’un marché de lancements institutionnels fermé à la concurrence (marché dit captif), tandis que l’Europe est la seule au monde à choisir l’ouverture illimitée à En novembre 2016, le nouveau centre Dassault Falcon Service, dédié à la maintenance des plus grands Falcon, a été inauguré par Eric Trappier, PDG de Dassault Aviation. Le centre de maintenance de DFS, situé à Mérignac, pourra compter sur la proximité des ressources du site ou sont nés les Falcon, il y a un peu plus de 50 Ans. Les nouvelles installations, de 49 000 m2, sont voisines de l’usine de Dassault Aviation Mérignac, où sont assemblés tous les Falcon. Elles complètent les infrastructures MRO (maintenance, réparations et révisions) de DFS, situées au Bourget. Le hangar bénéficie d’un accès à la piste et peut accueillir jusqu’à 6 avions de type Falcon 7X ,8X, et 5X. Dassault Falcon Service pourra aussi s’appuyer sur les compétences et le réseau de sous- traitants spécialisés de la nouvelle Aquitaine. Réciproquement, le tissu industriel local bénéficiera de cette implantation, notamment pour les métiers de mécaniciens et de chaudronniers. Un accord avec Aérocampus a été conclu afin d’aider au recrutement et à la formation de 70 experts et techniciens qui y travailleront à terme.

Jean-Pierre Gibeaud Dassault Aviation

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la concurrence (ex : les 3 prochains satellites militaires allemands seront lancés par SpaceX). La petite histoire, racontée ci-dessous, bien que simplificatrice, démontre les effets pervers d’une telle situation et plaide pour un engagement européen.

L’inégalité devant les vols institutionnels en 4 graphes Monde entier : 85 lancements

% des vols institutionnels en 2016 100 % 80 %

24 %

60 % 40 % 20 %

76 %

0% Europe

Institutionnel

USA

Russie

Japon + Inde

Chine

Commercial

Évolution sur 3 ans

Arianespace : 11 lancements

80 %

27 %

60 % Institutionnel 40 %

73 %

Commercial

20 %

Institutionnel Commercial

Imaginons deux sociétés produisant des lanceurs spatiaux, par exemple LSA et XecapS. Comparons l’évolution de leurs coûts et prix lorsque la cadence annuelle de production varie par rapport à une référence. Référence : 10 lanceurs produits annuellement, au coût complet annuel de 100 se décomposant de 20 % de coûts fixes et 80 % de coûts variables.

0% 2014

2015

2016

Hypothèse (pour l’exercice) : LSA et XecapS ont la même structure de coût. Les deux sociétés produisent alors au même coût unitaire de 10 (2CF+8CV). Mais :  XecapS bénéficie d’un marché captif de lancements institutionnels ;  LSA ne bénéficie pas d’un marché captif de lancements institutionnels.


Vie des entreprises Changement de cadence de production Deux clients institutionnels de LSA décident de contractualiser avec XecapS. LSA amortit maintenant ses coûts fixes sur seulement huit lanceurs :  son coût unitaire augmente de 10 à 10,5. XecapS considère ses coûts fixes amortis sur 10 et produit les 2 supplémentaires à coût marginal : le coût unitaire des 2 lanceurs supplémentaires XecapS baisse de 10 à 8. Avantage XecapS : grâce à ses lancements institutionnels, les 2 lanceurs supplémentaires de XecapS ont un coût de production inférieur de 24 % à ceux de LSA, ou présenté autrement : le coût de LSA est 31 % plus élevé que celui de XecapS ! Chapeau, mais ça ne s’arrête pas là ! XecapS qui fait de grosses marges sur ses lancements institutionnels décide de vendre les deux lanceurs supplémentaires sans marge pour casser les prix du marché et attirer ainsi encore plus de clients. Tandis que LSA pour vivre doit appliquer une marge, disons 8 % du chiffre d’affaires. Conséquence : le prix d’un lancement LSA est supérieur de 43 % à celui de Xecaps : énorme ! LSA s’enfonce : LSA devient plus cher et perd encore des marchés, XecapS devient plus compétitif et en gagne. Cerise sur le gâteau, ceux qui ont financé le développement du lanceur de LSA :  ne l’utilisent pas car trop cher, un comble !  pleurent car ils doivent payer une subvention pour maintenir l’exploitation du lanceur de LSA ; une honte !

 financent indirectement le concurrent XecapS ; bingo ! Pour une préférence Européenne Bêtes ou idiots ou les deux ? Pas complètement, car les États définissent leurs budgets par programmes et cela les contraint à rechercher l’offre de lancement au coût le plus bas et donc à regarder ailleurs. D’où le besoin d’un « Buy European Act », en français : une Loi d’Achats en Europe pour les produits et services stratégiques et de sécurité, comme le sont les lanceurs et les satellites : défense, positionnement, météorologie, observation … Il ne s’agit pas de protectionnisme, mais de souveraineté et d’indépendance pour l’Europe et d’équité commerciale pour les industriels européens car

les Européens sont les seuls au monde à ouvrir leurs lancements institutionnels à la concurrence ! La CFE-CGC se bat pour qu’Airbus Safran Launchers* ne prenne pas le même chemin que LSA. Nous l’avons dit et écrit à plusieurs reprises au ministère de la Recherche et de la Technologie française, à Bruxelles, et aux responsables politiques nationaux. Et nous le redisons dans le Livre Blanc que prépare notre syndicat CFE-CGC AED. L’Europe ne peut pas continuer à être aussi libérale et ne pas protéger son industrie spatiale. Il y va de notre indépendance à l’accès à l’espace et des 150 000 emplois de cette filière en Europe. La CFE-CGC demande une préférence européenne pour les lancements institutionnels, ni plus ni moins. Les autres continents le font tous, pourquoi pas nous ? * Airbus Safran Launchers (ASL) : coentreprise franco-allemande détenue par Airbus DS et Safran rassemblant leurs équipes travaillant dans le domaine des lanceurs spatiaux et des missiles stratégiques. 8 400 salariés dont plus de 6 000 en France.

Michel MERCIER Adhérent CFE-CGC Contrats-Ventes Airbus Safran Launchers Le Haillan

OPA SAFRAN/ZODIAC : LA CFE-CGC DANS LES STARTING BLOCKS ! Dès l’annonce de l’OPA lancée par Safran sur Zodiac, et à l’instar de ce que nous avions fait lors de la création de Airbus Safran Launcher, le syndicat CFE-CGC AED a lancé un groupe de travail associant les représentants CFE-CGC des deux groupes. Le but sera d’analyser les conséquences sur le plan industriel, de l’emploi et/ou du social de ce rapprochement sur l’ensemble des salariés qu’ils soient de Safran ou de Zodiac, afin de défendre au mieux leurs intérêts. Le 14 mars, il s’est tenu, au siège de notre syndicat, une première réunion qui a permis aux équipes de faire connaissance et de commencer à tisser des liens. De cette réunion

sont déjà sorties les premières interrogations, notamment, sur le Comité d’Entreprise de Safran SA, à la suite de l’absorption de Zodiac SA (la représentativité, des élections partielles ou pas, le nombre de sièges supplémentaires au CE), sur les différents accords applicables dès la fusion et sur le devenir du siège social de Zodiac SA à Plaisir (1 400 salariés). De nombreuses réunions de travail nous attendent afin d’être prêts face à la Direction de Safran dès la date effective de l’achat. Le syndicalisme, c’est savoir anticiper ! Daniel VERDY Coordinateur CFE-CGC Safran

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Vie des entreprises RESPONSABILITÉ SOCIÉTALE DES ENTREPRISES :

la CFE-CGC de Safran s’empare du concept L’aventure débute en octobre 2015, lorsque plusieurs mandatés du groupe Safran, membres du réseau Développement Durable de l’AED, se sont retrouvés à Toulouse pour une conférence sur la RSE : quel intérêt pour les représentants des salariés? Comprendre et s’approprier le concept de RSE. Une découverte La RSE est un concept vaste et complexe faisant appel à des notions parfois abstraites (ISO 26000, transparence, prise en compte des parties prenantes, loyauté des pratiques, respect des normes internationales). Pourtant, à y regarder de près, la RSE touche des sujets concrets comme la répartition de la plus-value, la santé au travail, le télétravail, les transports, l’alimentation servie dans nos restaurants d’entreprise, la qualité de vie au travail (isolation, températures, ondes électromagnétiques, etc.). On définit la RSE comme « la responsabilité d’une entreprise vis-àvis des impacts de ses décisions et activités sur la Société et l’Environnement ». Elle vise à obtenir un équilibre harmonieux entre performance économique, progrès social et protection de l’environnement. La RSE, c’est le développement durable appliqué à l’entreprise, et c’est aussi un vrai levier de performance économique (+13 % selon une étude du Commissariat général à la stratégie et à la prospective) et de bien-être au travail. Les CHSCT et les CE font ainsi de la RSE sans le savoir. Fort de ce constat, est née, au sein de Safran, la volonté de s’approprier ce vaste territoire pour ne pas le laisser aux mains des seules directions générales. Une première pierre En novembre 2015 : une présentation « RSE, changements climatiques et développement durable » a été faite en réunion inter-centres CFE-CGC Safran à Massy, suivie d’un appel à constituer un réseau. Aujourd’hui, le réseau RSE Safran existe et travaille. Il est composé de représentants de 6 sociétés du Groupe. Des échanges ont lieu chaque quinzaine sur l’actualité RSE/DD des sociétés complétés par la définition d’axes de progrès ou d’actions de lobbying. Le réseau RSE maintient des contacts permanents avec le responsable RSE du groupe. Une réunion plénière du réseau a eu lieu à la réunion inter-centres du Havre en novembre 2016 où un plan d’action RSE a été élaboré et validé par l’assemblée.

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Une présentation du rapport RSE Safran au Comité de Groupe a ainsi été demandée et obtenue. Des formations En parallèle à la mise en place du réseau, plusieurs délégués Safran ont suivi les formations RSE dispensées par la CFECGC : une première fut suivie en octobre 2015 dans le cadre de la COP21, une seconde en septembre 2016. Cette dernière formation était consacrée à l’acquisition d’arguments et de méthodologies pour challenger les directions générales et les inciter à s’engager plus fortement dans la RSE. La RSE a été mise à l’ordre du jour des travaux du groupe Développement Durable de l’AED. Lors de la réunion plénière du 8 juillet 2016 a été fait le bilan des formations RSE et des actions RSE dans le groupe Safran. Un travail avec le responsable RSE Safran La direction de Safran en charge de la RSE envisage de publier un rapport RSE intégré. L’équipe CFE-CGC a livré son analyse du contenu du rapport. Notre remarque sur la maturité de la démarche Safran (photo de l’existant, mais pas de plan d’actions) est partagée par la Direction. Notre maîtrise du sujet et la qualité de nos remarques ont retenu l’attention du responsable RSE de Safran. En réponse, Safran prévoit plusieurs communications autour du rapport RSE, les indicateurs et l’accord QVT. Un point important est la formation : il a été demandé de déployer des formations RSE dans toutes les directions du Groupe et des sociétés. Un plan d’actions L’objectif affiché du réseau RSE Safran est de pousser la Direction du Groupe à déployer plus amplement la démarche pour passer d’une approche déclarative (je liste mes impacts) à une approche transformative (le RSE inspire mes choix stratégiques). Une prochaine rencontre avec la Direction de Safran est prévue en mai 2017. Contacts RSE Safran : Laurent MARRAZZA laurent.marrazza@safrangroup.com Eugène REINBERGER eugene.reinberger@safrangroup.com

4 JUILLET 2017 : QUATRIÈME RÉUNION PLÉNIÈRE DU RÉSEAU DÉVELOPPEMENT DURABLE AED

Le réseau Développement Durable de l’AED organise sa réunion plénière le 4 juillet 2017 à Toulouse sur le site de Safran Power Units. En 2016, la troisième plénière a permis de faire se rencontrer une vingtaine de référents DD de différents Groupes et entreprises de l’AED, dont Airbus, Dassault, Safran, Thalès… Si votre section souhaite s’investir et participer à nos réflexions sur les thèmes du Développement Durable (DD), de la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) et de la Qualité de Vie au Travail (QVT), contactez-nous pour en savoir plus ! Pour tout renseignement, contactez Lidwine KEMPF : lidwine.kempf@airbus.com


Vie des entreprises

Dassault Aviation ET LA TRI ANNUALISATION AVORTÉE

La Direction a donc ouvert une négociation d’accord sur le sujet. La proposition globalement consistait pour les non cadres, sur les 5 usines diversement impactées par la sous-charge :  en 2017, à travailler entre 32 et 37 heures, payées 38 ;  en 2018 et 2019, à travailler entre 39 et 42 heures, payées 38, avec une majoration de 10% des heures supplémentaires.

Parmi les nombreux articles de la loi El Khomri, il en est un qui permet de moduler l’horaire de travail hebdomadaire (semaines courtes et semaines longues). Auparavant, cette modulation était possible dans le cadre d’une année de travail. La loi El Khomri a étendu cette période Au cours de la négociation, la CFE-CGC à 3 ans. a proposé de transformer les heures « en moins » de 2017 en jours non traAu sein de la Métallurgie, l’accord de vaillés. Ceci pouvait conduire, suivant les branche du 23 septembre 2016 a rendu sites, à des jours « off », compris entre 6 possible la modulation du temps de travail et 30 dans l’année. La récupération en sur 3 ans. La Direction de Dassault-Avia2018 et 2019 pouvait conduire à un allontion a souhaité utiliser ce dispositif pour gement de la journée de travail jusqu’à régler un problème temporaire de charge 48 minutes. de travail :  sous-charge en 2017 ;

La CFE-CGC s’est prononcée favorable charge excédentaire en 2018 et 2019. ment à l’accord, car il était assorti d’un

engagement de non-licenciement sur la durée des 3 ans. La CGT, qui avait défilé pendant plusieurs mois contre la loi El Khomri, a toujours été défavorable. La CFDT, après avoir défendu en alternative le chômage partiel (qui entraine un manque à gagner pour le salarié), a ensuite proposé que l’accord « tri annualisation » soit en préalable soumis au referendum des salariés, niant ainsi le rôle des organisations syndicales. Pour finir, elle s’est prononcée contre l’accord. En foi de quoi, la Direction a retiré le projet et a pris d’autres mesures : avances de production et baisse des effectifs, en ne remplaçant pas les départs en congés de fin de carrière (semblables au DCAA d’Airbus).

Bernard MATHIEU Délégué syndical central Dassault Aviation

MBDA France : des enjeux de taille Après avoir subi des déflations d’effectifs de manière régulière depuis plus de 30 ans, l’industrie missilière française enregistre, depuis 2015, une croissance significative de ses effectifs. Le bon niveau de prise de commandes de ces trois dernières années permet à MBDA France de voir l’avenir plus sereinement qu’il y a quelques années. Avec 10,5Md€ de carnet de commandes à fin 2016 pour un chiffre d’affaires de 1,7Md€, MBDA France a lancé, depuis mi-2015, un vaste plan de recrutements qui permettra de voir les effectifs passer de 4 080 salariés à fin 2014 à près de 4 500 à fin 2017, chiffre toutefois encore très éloigné des plus de 5 000 existants à la création de de la société en 2001. Cette augmentation du plan de charge et le départ en retraite de nombreux sala-

riés, de l’ordre 5 % des effectifs chaque la gestion des comités d’établissements année, entrainera à l’horizon 2018 un que pour notre statut social ? vrai bouleversement avec plus d’un De la bonne réponse à ces questions tiers de l’effectif de la société ayant une dépendra le résultat des échéances élecancienneté inférieure à 5 ans ! Ce chan- torales de novembre 2018. Un challenge gement constitue l’un des enjeux social motivant pour les militants CFE-CGC de principal de la société car il faudra, en MBDA France qui auront à cœur, comme effet, réussir l’intégration des nouveaux ils le font depuis de nombreuses années, embauchés et assurer le transfert des de promouvoir nos valeurs et répondre compétences sur des métiers à fortes aux attentes des salariés. Une opportunité également pour poursuivre l’augdominantes techniques. Enjeu important pour l’entreprise, mais mentation de nos adhérents et participer également pour la CFE-CGC, 1ère organi- à l’un des objectifs de notre dernier sation syndicale de la société avec une congrès de l’AED . représentativité de 46 % dans l’encadrement et plus de 59 % chez les ingénieurs Christian SIBUET et cadres, qui se doit d’intégrer ce phé- Délégué syndical central nomène. Comment se faire connaître de CFE-CGC MBDA France cette nouvelle population et intégrer au mieux leurs attentes tant au niveau de

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C’est dans l’air

La ceinture d’Aphrodite Christophe DUMAS Secrétaire général CFE-CGC AED

L’année 2016 serait prête à tomber dans l’oubli si ce n’est qu’avant de lui dire adieu, un grand nombre d’entreprises compilent leurs comptes, leurs chiffres, leurs bilans, pour préparer les assemblées générales dont la saison approche. Il faut plaire. Il faut dire la vérité, le mensonge ne pardonnerait pas. Mais avant tout, il faut plaire. L’investisseur doit sortir de la prochaine assemblée générale des actionnaires sûr d’avoir fait le bon choix. Il faut qu’il conserve ses actions, voire qu’il en achète d’autres, car dans le cas contraire la microbulle spéculative dans laquelle évoluent actionnaires et entreprise pourrait éclater, une OPA se déclencher, la direction être mise en cause. Bref, un cataclysme à l’échelle d’une entreprise, on l’évite grâce à une assemblée générale de bonne tenue. En cette période fébrile, chacun cherche sa ceinture d’Aphrodite, cette martingale qui fera que, même si certains résultats étaient douteux, l’entreprise sera irrésistible telle la charmante déesse sortant des flots. Il faut pouvoir expliquer à ceux qui auraient un peu de mémoire – il y en a – que certains engagements pris l’année d’avant n’ont pas été tenus. Il faut décrire à l’actionnaire sans pitié – il y en a – ce plan social que l’on a déployé dans le but inavoué, mais atteint, de soutenir le cours de l’action. Il faut vendre à l’actionnaire visionnaire – il y en a – ces projets mirifiques que l’on nourrit pour demain. Certains n’iront pas au-delà du coup médiatique, d’autres – rares – prépareront un avenir que la plupart du temps ni l’actionnaire intéressé, ni le patron qui les porte ne verront. Et chacun repartira de l’AG pour un an de plus, tel Pâris ayant promulgué son jugement, sans se soucier d’une éventuelle

BREF

AÉRO ÉRO 8

guerre de Troie qui pourrait s‘ensuivre, mais persuadé d’avoir fait LE bon choix. On pourrait en rire ou en pleurer, en tout cas on en reste souvent pantois. Qu’un milliardaire sud-africain persuade des gogos médusés que le voyage sur Mars c’est pour demain, libre à lui, sa boîte c’est son argent et il en fait ce qu’il veut. Mais que des patrons de grands groupes tentent de faire gober sans sourciller à leurs actionnaires que l’avion automatique – entendez : sans pilote, donc coûtant moins cher – c’est pour demain aussi, comme la dernière génération de réacteur nucléaire ou la captation d’énergie solaire en orbite avec sa transmission sur terre par microondes, on en arrive à se dire que l’Humanité a peutêtre tout inventé pour repousser à l’infini les limites de la crédulité. On en arrive surtout à se demander si le progrès ne va pas plus vite que l’intelligence des marchés, qui prennent des risques financiers que le technicien le plus pragmatique jugerait mirobolants. Car on peut faire la plus belle AG que l’on veut, y vendre les projets les plus fumeux, à la fin il n’y aura pas que du virtuel.

Mars/avril 2017 • n°363 Directeur de la publication : Ludovic Andrevon Ont participé à la rédaction : C.Dumas, P.Frodefond, M.Mercier, C.Sibuet, L.Marrazza, E.Reinberger, D.Verdy, B.Mathieu, G.Taupin, JP.Gibeaud Crédits photos : © MBDA - Fotolia Crédits vidéos : L’œil et la plume Enrichissement : Picture Extend by L’œil et la plume Bref Aéro est une publication bimestrielle de la CFE-CGC AED 10-12 avenue de la Marne - 92120 Montrouge - contact@snctaa.fr Rédaction, conception, réalisation : Agence L’Œil et la plume www.loeiletlaplume.com Impression : Imprimerie La Centrale de Lens Dépôt légal : avril 2017 - ISNN : 0293-8251 - CPPAP : 0114S 08080

Une puce électronique sur l’emballage d’un plat cuisiné, c’est digital, mais ça ne fait pas gagner Top Chef. Un téléphone dont la batterie explose, c’est digital, mais c’est interdit dans les avions. Alors que se profilent dans les agendas les assemblées générales de nos sociétés, nous voulons envoyer un message direct aux actionnaires : soyez intelligents. N’exigez pas des personnels de nos groupes une ceinture d’Aphrodite, ils ne sauront pas la produire de manière crédible ou durable. C’est le produit qui parle, pas la mode, pas la tendance, encore moins les chiffres auxquels, c’est bien connu, on fait dire ce qu’on veut. Nous ne doutons absolument pas que les actionnaires des sociétés de l’aéronautique, de l’espace et de la défense n’aient pas un fond d’intérêt pour nos domaines et nos produits. Nous ne doutons pas qu’ils soient bien formés et informés. Nous ne doutons même pas de leur intelligence. Mais encore faudra-t-il nous mettre d’accord pour savoir de quelle intelligence on parle. Rendez-vous à la prochaine AG.


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