BREF
Juillet/août 2020 • N° 383
AÉRO
ÉDITO
UN GENOU À TERRE, LE SECOND PAS LOIN De retour de congés, parfois bouleversés par les contraintes sanitaires, vous observez avec intérêt les milliards d’euros dégagés par les annonces de plan de relance européen et/ou français. Vous attendez des annonces fortes dès la rentrée, annonces qui viendront stabiliser l’emploi dans la filière… pour l’instant, les annonces de plans sociaux s’accumulent et cela n’est que le début (vous lirez dans ce Bref Aéro, l’État de la « Nation » à mi-juillet). Une « deuxième vague » est attendue dès septembre entrainant une situation sociale fragile (euphémisme) dans nos entreprises. La filière se sent trahie par l’incessant « transport aérien bashing » français et craint que l’emploi ne soit sacrifié sur l’autel d’une transition énergétique, certes vertueuse, mais observée sur le seul territoire français et surtout beaucoup trop rapidement menée. La filière aéronautique a mis un premier genou à terre suite à la Covid-19. Il ne faudrait pas que le second suive.
Sommaire Actualités La pandémie, accélérateur de la « nationalisation » de l’Unedic ?
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Vie des entreprises
La CFE-CGC, à la vue de la situation industrielle française, l’aurait même placée à la place numéro 1 dans l’ordre protocolaire !
Face à la crise, Thales AVS crée un centre de compétences
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Plan de Transformation d’Activité chez Safran
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Crise Covid-19 en Guyane : un déconfinement raté !
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Airbus, nouvelle victime de la Covid-19 4 La CFE-CGC au cœur de l'action
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Petit tour d’horizon des entreprises
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C’est dans l’air
Comme les soldats de l’an II
La situation est d’autant plus préoccupante dans la supply chain, dans laquelle la pression des coûts n’incite pas les entreprises à relocaliser des fabrications (discours à 180° de celui tenu par le Gouvernement qui semble avoir compris que la France s’était, au fil des années, désindustrialisée et qu’il fallait d’urgence inverser la tendance). Il est vrai, enfin, que l’industrie fait son grand retour au sein du Gouvernement avec la nomination de Madame Pannier Runacher, en qualité de ministre déléguée à l’Industrie.
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POUR VOUS AVEC VOUS
PARTOUT
Votre syndicat expose ces sujets dans ses interventions, qu'elles soient auprès des ministères des Finances, de la Défense ou encore à l'Élysée et à Matignon. Nous menons également le combat auprès des instances territoriales (députés, présidents de région, etc.). Ceci, dans un seul but : éviter les licenciements contraints. En attendant que cette valse de milliards porte ses fruits, les délégués syndicaux CFE-CGC négocient poste après poste, emploi après emploi, des Plans de Sauvegarde de l’Emploi (élégante appellation des plans sociaux), des accords de performance collective ou encore d'activité partielle longue durée. L’emploi, rien que l’emploi. Obsession du moment de vos équipes de militants. L’emploi, rien que l’emploi dans un contexte de : fbaisse de charge ; ftransition énergétique avec tout ce que cela implique en termes de changement de métiers ; fd’incertitude sur le plan sanitaire. Le Gouvernement, lui, avec ses nouveaux milliards, revient avec une idée, très vintage, qu’un commissariat au Plan serait l’alpha et l’omega de la réindustrialisation du pays. D’autres pays démontrent qu’ils s’en sont beaucoup mieux sortis (pour n’y être d’ailleurs pas rentrés) sans recourir à ce type de comité théodule. Alors, la France, pays de l'industrie ? Chiche! Mieux vaut tard que jamais, nous y croyons! Et nous poursuivrons nos actions ! Ludovic ANDREVON Président de la CFE-CGC AED
Actualités
LA PANDÉMIE, ACCÉLÉRATEUR DE LA « NATIONALISATION » DE L’UNEDIC ? Le moins que l’on puisse dire c’est que cette pandémie, avec les décisions prises par le Gouvernement, met à mal les finances de l’Unedic.
CECI POUR DEUX RAISONS MAJEURES. L e versement de 100 % de leur indemnité pour la quasi-totalité des demandeurs d’emplois.
Ce qui se traduit par 7,2 millions de personnes en mars pour 3,3Mds€ ; 9,1 millions en avril pour 8,8 Mds€ et 8,1 millions en mai pour 4,9Mds€.
D’habitude l’Unedic ne verse en moyenne que 70 % des droits car 50 % des chômeurs travaillent tout ou partie du mois. D’où la montée importante de la catégorie A, près d’un million de personnes, notamment dûe au transfert des catégories (B et C) qui ne pouvaient plus trouver un CDD ou une mission d’intérim.
Le coût de l’allocation versée aux entreprises s’avère être de 10 €/h en moyenne, ce qui amène à un salaire mensuel moyen autour de 2 200 € bruts/mois. Nous voyons donc que ce sont surtout des « cols bleus » qui ont été concernés par l’activité partielle car en 2016, le salaire brut moyen en France était déjà de 3 000 €/mois.
Fin mai, un peu plus de 4,4 millions de salariés se retrouvaient en catégorie A et 6,1 millions toutes catégories confondues.
Alors que ce risque d’activité partielle n’est pas financé, et couvrait par solidarité des cas marginaux pour une somme de 30 millions d’euros/an, le coût va être multiplié entre 400 et 500, pour atteindre en 2020 près de 13 milliards d’euros pour l’Unedic, soit plus de 30 % des recettes de l’assurance chômage !
La généralisation de l’usage de l’activité partielle accompagnée de la modification des règles. Alors que l’indemnisation était forfaitaire (zéro reste à charge pour le smic/ horaire), elle est passée proportionnelle pour assurer un zéro reste à charge jusqu’à
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4,5 smic/horaire. Les populations et les règles d’éligibilité ont également évoluées pour couvrir le plus de personnes possibles. L’Unedic prenant en charge un tiers des dépenses.
Le déficit prévu pour l’assurance chômage en 2020 serait augmenté de 26 milliards pour passer à 63 milliards. Il devrait
même atteindre près de 80 milliards en 2021, voire même plus avec l’utilisation de l’activité partielle longue durée. Lorsque l’État, qui ne fait pas officiellement partie de la gouvernance, impose les dépenses et que le régime se retrouve obligé de financer des risques non assurés, on peut légitiment se poser des questions sur la gouvernance, la notion assurantielle et la soutenabilité du régime. Cette pandémie a surement accéléré le passage d’une gouvernance paritaire à une gouvernance au mieux tripartite, voire une « nationalisation ». Elle a surement également mis à mal la dimension assurantielle du régime pour le transformer en régime de solidarité à plus ou moins brève échéance. Les populations que nous représentons n’ont rien à espérer de bon via ces évolutions, bien au contraire.
Jean-François Foucard Secrétaire confédéral en charge de l’emploi et de la formation
Vie des entreprises
FACE À LA CRISE,
PLAN DE TRANSFORMATION
THALES AVS D’ACTIVITÉ CHEZ SAFRAN CRÉE UN CENTRE
DE COMPÉTENCES Thales AVS France doit affronter la crise de l’aéronautique qui frappe ses entités de production, de support client, mais aussi d’Ingénierie logiciel et matériel. Le Groupe a constaté, en particulier dans les domaines de la Défense et du Spatial, que ses besoins de recrutement en Ingénierie sont toujours à un niveau élevé. Par ailleurs, le niveau de compétences en Ingénierie chez AVS est reconnu dans tout le Groupe. Ainsi au 1er juillet, Thales AVS a décidé de créer un centre de compétences (ECC France) destiné à accueillir les équipes d’Ingénierie impactées par l’activité partielle. Ces équipes vont pouvoir travailler sur de gros projets des secteurs Spatial et Défense, entre autres. Les équipes resteront localisées sur leur site d’origine, et travailleront principalement à distance ce qui facilite la mise en œuvre. D’ici la fin de l’année, la montée en puissance pourra permettre de donner de la charge à environ 250 personnes. Marie-Hélène Miermont Déléguée syndicale centrale Thales AVS France
Contrairement à d’autres sociétés du secteur aéronautique, Safran souhaite préserver les emplois et les compétences. La Direction du Groupe a proposé aux partenaires sociaux, dès le début du mois de juin, de négocier un Accord de Transformation d’Activité (ATA pour les intimes). Les 4 mesures principales de cet accord portent sur : • u ne modération salariale et un gel des dispositifs liés à l’épargne salariale et à la retraite supplémentaire ; • des mesures incitatives au départ volontaire en retraite ; • u n dispositif d’Activité Partielle Longue Durée (APLD) ; • un accompagnement des salariés vers une mobilité interne ou externe et dans le développement de leurs compétences. 3 000 salariés sont visés par les mesures d’âges. La modération financière et les différentes mesures de mobilité devraient permettre de sauver 3 000 emplois. La mise en place du dispositif d’Activité Partielle Longue Durée (APLD) sauverait, quant à lui, 6 000 emplois. Safran s’est engagé à ne procéder à aucun licenciement économique jusqu’à la fin de cet accord qui arrivera à échéance le 31 décembre 2021. C’est un effort de plus de 20 % sur la rémunération globale pour la plupart des salariés du Groupe. Ce ne peut être acceptable que s’il
est temporaire et compensé lorsque l’activité repartira. Cet accord contient une clause dite « de retour à meilleure fortune » selon laquelle, en fonction de la reprise de l’activité du Groupe sur 2021, certaines mesures prévues par l’accord pourraient être partiellement ou totalement levées et une prime pourrait être versée. L’accord a été signé par toutes les organisations syndicales du Groupe le 8 juillet 2020. Reste maintenant à le décliner dans chaque société du Groupe. Karine Hague Déléguée syndicale Safran Landing Systems
et
a
agence de communication
Retrouvez l'accord intégral via l'application PictureExtend
CRISE COVID 19 EN GUYANE : UN DÉCONFINEMENT RATÉ ! Alors que l’épidémie n’était pas arrivée, la Guyane a été confinée au même moment que la métropole, de mi-mars à mi-mai. Ce fut une erreur ! 8 juillet, l’épidémie galope. La Guyane recense plus de 5 500 cas et pleure ses 22 victimes. Les hôpitaux sont surchargés, les personnels soignants à bout de souffle, le Plan Blanc est déclenché, les évacuations sanitaires vers les Antilles et la métropole sont quotidiennes et le pic de l’épidémie est attendu pour la deuxième quinzaine de juillet. Notre proximité avec le Brésil, dont la gestion de crise est à l’opposé de la nôtre et avec lequel nous partageons
une frontière d’une étanchéité toute relative, n’a pas été prise en compte. Après avoir subi un confinement inutile jusqu’au 11 mai, les nouvelles mesures sanitaires affectent les opérations du Centre Spatial Guyanais. Les activités de préparation des lanceurs Ariane et VEGA, et du dernier tir au banc du P120C, ont repris cahin-caha avec des contraintes telles que de nombreuses incertitudes planent sur les campagnes. La multiplication des cas contacts peut rendre indisponible tout un service ou secteur d’activité. La communauté spatiale européenne souffre de cette situation.
Cette épidémie nous impose de redoubler de souplesse, de créativité et d’ingéniosité dans notre organisation du travail pour éviter le chaos sanitaire. Les équipes CFE-CGC Arianespace et ArianeGroup sont plus que jamais force de dialogue, de propositions et de vigilance, en accompagnant les salariés au cœur de cette tempête. Marie Villareal déléguée syndicale CFE-CGC Arianespace Kourou Pascal Hubin, secrétaire du CSE ArianeGroup Kourou Sébastien Savreux, délégué syndical CFE-CGC ArianeGroup Kourou
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Vie des entreprises
La grave crise que traversent le transport aérien et l’industrie aéronautique, vient d’entrainer dans son sillage le chef de file de la filière : AIRBUS.
AIRBUS,
NOUVELLE VICTIME DE LA COVID-19 Lors du comité européen du 1er juillet 2020, la direction a annoncé un plan social visant la suppression de 15 000 emplois dans le Groupe dont 5 000 en France, comprenant le périmètre Airbus Commercial (Toulouse, Nantes, St Nazaire et son siège Airbus SAS) et Stelia Aerospace (Rochefort, Méaulte, Mérignac, St Nazaire et Toulouse). À ce chiffre, il faut ajouter maintenant 186 suppressions de postes au sein d’ATR et comme si cela ne suffisait pas : 1 00 suppressions de postes dans notre filiale Airbus Interior Services sur 140 salariés, annoncées le 8 juillet 2020 ! 1 69 suppressions de postes chez Stelia Composites sur 420 salariés, annoncées le 10 juillet 2020 ! Sans oublier les 2 665 postes supprimés chez Airbus Defense&Space, dont 464 en France, pour avoir une vision complète de la catastrophe sociale dans le Groupe Airbus. On n’arrête plus l’hémorragie, la décapitation de certaines activités est en route. Si on fait le compte, le « 15 000 emplois » n’est plus d’actualité en l’espace de quelques jours ! Ces annonces du 1 juillet sont intervenues trois semaines jour pour jour après celles du Gouvernement d’un plan de soutien de 15 Mrds d’euros en faveur de l’industrie aéronautique. Sans remettre en question la nécessité de mesures d’adaptation, la CFE-CGC considère que la direction d’Airbus er
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recourt trop vite à la solution radicale d’un plan social massif.
Daher, Sogeclair, AAA, Athos ou menacent à la porte comme chez Latécoère, Mécachrome.
Pour la CFE-CGC, la perte des emplois et des compétences est un risque lourd pour Airbus, qui prend le pari dangereux et irréversible de ne pas pouvoir répondre au besoin quand la situation du marché se rétablira. Car elle se rétablira.
La CFE-CGC demande à l’État actionnaire de : r appeler à la direction d’Airbus que les aides publiques ne sont pas là pour financer des licenciements ; a pporter son soutien au financement des mesures d’âge. À cet effet, une délégation CFE-CGC a été reçue le 10 juillet à l’Élysée pour explorer la piste des réductions/annulations de charges sociales pour favoriser un maximum de départs volontaires liés à l’âge.
La CFE-CGC va négocier avec la direction d’Airbus pour : s auver les emplois et les compétences par la mise en œuvre de tous les dispositifs possibles dont l’activité partielle de longue durée, le soutien à la formation ; a ider des mobilités sur des postes ouverts dans le Groupe ; t rouver des solutions alternatives comme la relocalisation d’activités ; p roposer des mesures d’accompagnement du type mesures d’âge. La CFE-CGC demande à la direction d’Airbus de se comporter de façon exemplaire, à la hauteur de ses responsabilités économiques, sociales et sociétales dans la filière aéronautique, en tant que donneur d’ordre. À cet effet, aucun départ contraint de salariés du Groupe ne pourra être envisagé ! Car derrière ce plan social, il est à craindre des épidémies d’annonces dans toute la filière si certaines n’ont pas déjà eu lieu comme chez
La mobilisation de la CFE-CGC est totale. Nous intervenons auprès de nos élus régionaux et départementaux, députés, conseillers, auprès des instances régionales pour faire entendre notre voix et celle de milliers de salariés inquiets pour leur sort. Cette inquiétude, les salariés d’Airbus l’ont exprimée lors de la journée historique de mobilisation le 8 juillet dernier (ils étaient plus de 8 000) à l’appel des organisations syndicales CFE-CGC, CFTC et FO. L’été 2020 sera très chaud, l’automne risque d’être meurtrier…
Françoise Vallin Coordinatrice Airbus Group
Vie des entreprises Après l'élaboration de son plan de relance, la CFE-CGC AED est plus que jamais dans l'action nouant ainsi de très nombreux contacts avec les Cabinets ministériels. À la suite des baisses de cadences annoncées par Airbus (et à la situation de son principal concurrent Boeing), le tissu industriel aéronautique espace défense souffre et de nombreuses PME de la supply chain affichent déjà des plans sociaux ou le feront dès fin août. Voici la situation, telle que remontée aux ministères de l'Économie et des Finances, de l'Industrie et à l'Élysée, dans la filière aéronautique à juillet 2020, avec parfois des éléments anticipant septembre 2020. Cette note sera amenée à être remise régulièrement à jour, beaucoup d’entreprises (en particulier PME) n’ayant pas encore clairement partagé leur stratégie post rentrée avec leurs partenaires sociaux. En complément de l’Activité Partielle Longue Durée necessaire, mais non suffisante pour passer la crise, la CFE-CGC identifie deux mesures complémentaires au plan de relance affichée par le ministère des Finances : a fin de limiter les licenciements contraints dans les entreprises, des mesures permettant des départs volontaires en particulier liés à l’âge devront être négociées dans le cadre des PSE. Ces départs permettent à l’État de ne pas renforcer les rangs des Assedic. Rappelons que dans les conditions actuelles du marché du travail, tout licenciement contraint créera vraisemblablement un chômeur de longue durée. Aussi l’État doit aider les entreprises à financer ces départs. La piste des réductions/annulations de charges sociales doit être explorée ; les PGE permettent de renflouer la trésorerie des entreprises. Une entreprise tourne sur 3 leviers : • les salariés : besoin de trésorerie pour payer les salaires ; • l’installation industrielle : des systèmes de crédit-bail permettent de supporter le coût ; • les stocks et encours (en particulier dans l’industrie). Aujourd’hui, les stocks et encours sont financés par l’exploitation. Mettre en place un outil de portage financier externe de ces stocks et encours permettrait aux entreprises et en particulier aux PMEs d’économiser sur leur exploitation, de dégager des ressources financières et par voie de conséquence, de résister à la crise de manière plus durable.
LA CFE-CGC
AU CŒUR
DE L'ACTION
Bien sûr, si de telles mesures étaient mises en place, l’État devrait exiger clairement qu’elles se traduisent par des licenciements contraints en moins. Ludovic Andrevon Président de la CFE-CGC AED
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Vie des entreprises
GLOSSAIRE
PETIT TOUR D’HORIZON DES ENTREPRISES PSE : plan de sauvegarde de l’emploi. Ce genre de plan comprend en général des mesures sociales pour inciter les départs volontaires (création d’entreprise, mobilité externe, éventuellement départs liés à l’âge...). Cela peut aller jusqu’à des licenciements contraints avec mesures de reclassement ou autres. La CFE-CGC est contre les licenciements contraints. APLD : mesure d’activité partielle longue durée mise en place par le gouvernement permettant aux entreprises de faire face à une baisse de charge conjoncturelle (jusqu’à 40% sur 2 ans). Les salariés concernés sont donc à « temps partiel ». Ils perçoivent leur salaire sur le temps travaillé et l’allocation sur le temps chômé. RCC : rupture conventionnelle collective. Un accord d’entreprise peut être négocié et mettre en place des mesures sociales pour inciter des salariés à l’entreprise. APC : accord de performance collective. Négociation d’entreprise visant à mettre en place des mesures de compétitivité ou d’économie permettant de sauver des emplois. Ces mesures consistent le plus souvent à revoir à la baisse le statut social de l’entreprise sur une durée limitée.
GROUPE DAHER P SE lancé le 25/06/2020 sur 2 sociétés : • Daher Aerospace • Daher Technologies Accord de méthode signé le 24/06/2020 : • alignement de la durée de procédure à 4 mois pour les 2 sociétés ; • ouverture d’une période de volontariat par anticipation (acte de volontariat pendant les 4 mois de procédure, puis effectivité des départs volontaires après validation du plan par la DIRECCTE et si les mesures négociées sont acceptées par les volontaires) ; • o uverture de négociations connexes (APLD, Gestion prévisionnelle de l'emploi et des compétences, Intéressement, négociations annuelles obligatoires). S ituation : • 1 334 suppressions de postes et 218 modifications de poste ; • part structurelle (durable) 40 % - part conjoncturelle (durée limitée) 60 % ; • annonce de désengagement de Daher du site de production de Saint-Juliende-Chédon (41 - Loir et Cher) avec recherche de repreneur. Ce volet du plan est celui qui nous inquiète au plus haut point car le site de St Julien est notre centre de R&D pour l’ensemble des usines du Groupe. Ce désengagement, s’il s’opère, nous fera perdre tout l’éco-système industriel pour nous inscrire dans le plan de relance de l’Aéronautique annoncé le 9/06 par le Gouvernement et notamment les projets CORAC pour la décarbonation. u-delà des projets, cette cession nous interA roge sur la stratégie industrielle de Daher à moyen terme et ne comprendrions pas des acquisitions dans le cadre de la consolidation de la filière en laissant 300 familles sur le carreau dans une région déjà fort impactée par des fermetures de sites industriels après avoir touché des financements régionaux.
DASSAULT AVIATION Dassault cumule deux effets défavorables: le choc du marché civil, d'une part, et la baisse de production Rafale export, d'autre part. Si une commande Rafale n'intervient pas, Dassault pourrait envisager des réductions d'effectifs jusqu'à 800 emplois, en plus de l'arrêt des intérimaires et de la réduction de la sous-traitance. Dassault demande une prolongation du chômage partiel pour certains personnels des sites de Biarritz et Mérignac.
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Le seul argument de la Direction est le taux de chargement du site (exprimé en % du dimensionnement du site en chiffre d’affaires). Concernant la perte de compétences de nos équipes de R&D (du compagnon à l’ingénieur), la solution proposée est un transfert sur notre site de Loire-Atlantique avec, au passage, des demandes de subventions auprès de la Région Pays-de-Loire pour le financement d’un labo d’essais !!! Une première négociation pour la mise en place d'un PSE a été enclenchée le 1er juillet.
Vie des entreprises LATECOERE Le Groupe est confronté à une baisse de chiffre d’affaires de plus de 40 % pour 2020. Celui-ci devrait être équivalent pour 2021. Les sites étrangers ont ou sont en train de subir de grosses réductions des effectifs (Brésil -50 %, République Tchèque -30 %, Mexique, Tunisie, Maroc). Pour l’heure, aucun plan de réduction d’effectif n’est annoncé en France. Qu'en sera-t-il à la rentrée?
COLLINS Un plan de transformation sera vraisemblablement lancé à la rentrée. Contenu en réflexion et non connu.
CIMPA L’entreprise doit s’adapter à une surcapacité de 400 personnes (Toulouse et Nantes) : • ouverture d'une négociation en vue de la mise en place d'un accord APLD ; • ouverture d'une négociation en vue de la mise en place d'un accord RCC.
MECACHROME La société Mécachrome voit son chiffre d’affaires 2020 s’écrouler. Il s’établira de manière stabilisée et structurelle à -25 % du dimensionnement de l’entreprise. Un plan de transformation avait été annoncé avant la crise Covid-19. Les discussions reprendront certainement à la rentrée 2020 sur le sujet.
AAA L’entreprise engage une réorganisation afin de conserver sa compétitivité. Cela passe donc par 719 postes supprimés au niveau national. AAA compte 1 600 salariés. La négociation a démarré le 20 juillet.
ATHOS AÉRONAUTIQUE Athos Aéronautique emploie 450 salariés (métiers techniciens qualité et essais Aero). Laréduction des activités sur le périmètre avion commercial pour atteint 20 à 30 % du niveau d’activité pré Covid-19. L'activité partielle touche 60 % des effectifs. La négociation d'un APC a échoué. Cela n'aurait pas réduit le nombre de licenciements prévu. Les négociations d'un PSE se déroulent avec un terme prévu fin octobre. 240 suppressions de postes sont envisagées par la Direction (plus de 50 % de l'effectif à date). La CFE-CGC a demandé que soit prise en compte l’APLD afin de limiter le PSE.
Athos est pénalisé par son activité mono client ainsi que par son ADN de société de services. La recherche de nouveaux marchés ne permet pas une employabilité régionale et supposerait une fuite des compétences.
SOGECLAIR PSE en négociation de 245 postes sur un effectif de 545.
CORSE COMPOSITE La volonté de l'entreprise est de ne pas licencier, un accord de compétitivité ainsi qu'un dispositif de chômage partiel ont été mis en place très tôt.
AUVERGNE AERO Les informations sont à date et susceptibles d’évoluer compte tenu de la situation sanitaire et de l’orientation des donneurs d’ordre. • Baisse de l’activité d’environ 30 % chez SN Auvergne Aéronautique.
FIGEAC AERO (PICARDIE) FIGEAC AERO PICARDIE emploie 72 salariés. L’activité à Méaulte est principalement dépendante du donneur d’ordres STELIA (lui-même en grande difficulté). Cependant le chantier BOMBARDIER sauve la mise pour les rétrofits de plancher sur les rames de train, mais, cela ne concerne que 12 salariés.. I l faut rappeler que Figeac Aéro Picardie a déjà subi des licenciements il y a 2 ans, notamment sur les équipes de la structure… À ce jour, le chômage partiel est à plus de 50 % de l’activité.
SIMRA SERVICE ALBERT (PICARDIE) SIMRA est filiale de la société Segula. Actuellement, 150 salariés (60 % de l’effectif) sont en chômage partiel jusqu'au 15 septembre 2020.
• Grosses incertitudes quant à l’évolution de l’activité (chaines d’assemblages au ralenti chez les clients, leur niveau de stock…).
La Direction veut négocier le cadre d’une rupture conventionnelle collective.
• Quid des contrats qui arrivent à échéance.
Join venture entre Safran Aircraft Engine & General Electric : plan de charges 2020 post Covid de 140 000 heures pour un potentiel de 250 000 h ! Une semaine d’activité partielle par mois + 2 semaines supplémentaires d’ici fin 2020.
Pour faire face à la situation, l’entreprise a utilisé les leviers mis à disposition : • chômage partiel ; • diminution des contrats temporaires ; • obtention d’un prêt PGE ; • réorganisation. Malgré cela, la situation reste tendue, et un CSE extraordinaire est prévu la semaine du 13 juillet à l’issue duquel il faut s’attendre à l’ouverture de négociations pour trouver des solutions plus pérennes (APC, PSE…).
SOCIÉTÉ FERCHAU 26 postes supprimés sur 72. La procédure de négociation d’un PSE est enclenchée.
GROUPE ADF La négociation d’un accord de performance collective est lancée.
AEQUS (SADAM CHOLET) L'entreprise emploie 65 salariés dont une vingtaine de cols blancs. 50 % d’activité partielle jusqu’à fin septembre. Négociations avec les banques pour l’obtention d’un prêt garanti, mais déjà 2 refus. Pas de PSE annoncé pour l’instant.
FAMAT
LAROCHE INDUSTRIES (PICARDIE) Sur le site de Méaulte, Laroche Industries emploie 45 salariés au total sur activité outillage et de Qualité Aerostructure. À l’atelier, 40 % de compagnons travaillent du lundi au jeudi. Le reste est en chômage partiel. Rappel : en 2015 l'entreprise employait 120 salariés, en 2018 80 salariés, 60 en 2019 et 45 ce jour. La Direction cherche à négocier un Accord de Performances Collectives (APC). Sur le territoire albertin, certaines PME sont ou seront en grandes difficultés leur chiffre d’affaires s’est effondré de 50 à 70 %. • SDM Dupuis est en procédure collective (dépôt de bilan) : environ 40 salariés. • S UMA Aéro (environ 40 salariés) s’apprête à licencier pour raisons économiques 8 à 10 personnes. • INDUXIAL : (35 salariés) est une société dépendante à 80 % des activités de Stelia.
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C’est dans l’air
Comme les soldats de l’an II Ce n’est pas la première fois que l’on voit les directions s’affoler pour promulguer des annonces noires avant mi-juillet. Il peut y avoir une logique basique : le premier semestre compte vraiment six mois de travail (le second finalement n’en compte que cinq si on neutralise les congés d’été) et c’est en général au premier semestre que l’on prépare le mieux – ou pas – l’atteinte des objectifs de l’année. Ce raisonnement est empirique mais l’expérience est là : les printemps difficiles accouchent souvent d’étés meurtriers, même si les causes profondes sont de loin antérieures.
Après un étrange printemps 2020, pour l’industrie aéronautique s’est imposé un été noir. Les annonces de juillet ont été « suffisantes » pour plomber durablement l’ambiance des soirées barbecue. Il fallait soi-disant donner des informations aux salariés avant leur départ en vacances. C’était un impératif. Vu des directions, c’était une manière d’éviter au personnel de se ronger les sangs pendant ce qui devait être un moment de repos en famille … Mais finalement, laisser partir les salariés avec des mauvaises nouvelles maintenant certaines mais encore incomplètes – « et moi dans tout ça ? » – est-ce que c’est mieux ? Hasard du calendrier, dira-t-on. À d’autres. En fait, il s’agit d’acter un certain nombre de points avant une période de ralentissement des activités, pour avoir des bases de départ à la rentrée. Si l’humain devait être pris en compte, c’est dans les mesures annoncées elles-mêmes qu’on devrait le trouver.
BREF
AÉRO 8
Tentons de prendre un peu de hauteur : de toute manière, quel que soit le moment de son arrivée, une mauvaise nouvelle est une mauvaise nouvelle. Il s’agit maintenant pour nous, syndicalistes, de ne pas baisser la garde, de ne pas oublier sur la plage ou dans les gîtes ruraux l’énergie et la détermination qui étaient les nôtres avant les congés : le pire ne doit pas arriver, le syndicalisme de temps de paix doit laisser sa place à un syndicalisme de temps de guerre. Les batteries rechargées doivent maintenant donner leur plein rendement pour la défense des salariés et des entreprises. Ça aussi c’est facile à dire. Car nombre de nos élus doivent leur mandat aux ordonnances Macron, lesquelles rappelons-le ont eu pour conséquence un considérable renouvellement dans le syndicalisme. Les volontaires de 2018 ou 2019, qui pensaient avoir à gérer la transition entre C.E. et C.S.E – ce n’était déjà pas rien – ou des œuvres sociales, vont se retrouver en première ligne de combats syndicaux d’une virulence inattendue. Là aussi, il faut du courage, de l’énergie, et d’ores et déjà saluons la conscience professionnelle et sociale des élus CFE-CGC. Pour tenir, ces élus et mandatés ne devront jamais se sentir seuls au cours des semaines et des mois à venir. Que leur syndicat d’appartenance les accompagne, c’est normal, nous sommes là pour ça. Mais il faut aussi qu’ils puissent compter sur l’appui du corps social, autrement dit des adhérents et des sympathisants, de celles et ceux pour lesquels les élus vont se battre, vont consacrer leur temps sans
Juillet/ août 2020 • n°383 Directeur de la publication : Ludovic Andrevon Ont participé à la rédaction : JF.Foucard, MH. Miermont, C.Hague, F.Vallin, M.Villaréal, S. Savreux, P. Hubin, M.Comor, B.Mathieu, J.Courmont, P.Goudant, P.Martin, JL.Taillefer, C.Dumas Crédits photos : Adobestock, Jean-Paul Aussel Bref Aéro est une publication bimestrielle de la CFE-CGC AED 10-12 avenue de la Marne - 92120 Montrouge - contact@snctaa.fr Rédaction, conception, réalisation : Agence L’œil et la plume loeiletlaplume.com Impression : Imprimerie La Centrale de Lens Dépôt légal : août 2020 - CPPAP : 0124S08080
compter. Si nous prenons la peine de faire cette remarque, c’est que la mémoire sociale des Français est connue pour être courte : pendant la tempête on aura besoin de tout le monde, après la tempête il faudra savoir dresser les bilans mais surtout ne pas oublier les efforts de chacune et de chacun. La période actuelle, après la crise sanitaire – et en espérant que celle-ci ne se reproduira pas avec une violence renouvelée – va marquer toute une génération syndicale. Elle va forcer plus d’un millier d’élus, mandatés et délégués CFE-CGC de l’Aéronautique Espace Défense à se dépasser face à des agressions sociales qui étaient parfaitement imprévisibles lorsqu’ils se sont portés candidats. Elle va faire de tout ce corps de délégués des syndicalistes en acier trempé, formés aux plus dures des épreuves, aptes dorénavant à renverser des montagnes sociales. Elle va faire des Grognards de tous ces soldats de l’an II. Nous n’arriverons sans doute pas à atteindre toutes nos ambitions, à sauver tous ceux que nous aurions voulu sauver. Nous serons condamnés à des remords ou à de l’insatisfaction. Le regard des autres n’en sera que plus important pour tous. De ce fait, le petit geste d’encouragement, la petite marque de reconnaissance aiguilleront les super-syndicalistes quant à leur futur syndical dans les nouvelles élections professionnelles, eux qui se seront blindés dans les terribles expériences à venir. C’est dès aujourd’hui au plan collectif que se préparent ces prises de décision personnelles. Dès aujourd’hui que tous les adhérents doivent amener leurs collègues à prendre conscience de l’investissement des « camarades syndiqués », pour positiver et préparer demain la capitalisation sur cette expérience. Sinon, si le découragement et la démotivation devaient l’emporter, l’été 2020 s’avèrerait doublement meurtrier. Alors, quand vous croiserez un délégué CFE-CGC, dites-lui merci ! Christophe Dumas Secrétaire général CFE-CGC AED