DE L’URBAIN ANTHROPOCENTRÉ À L’URBAIN ÉCOSYSTEMIQUE : QUELLE ÉVOLUTION DE LA RUE À PARIS ?
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REMERCIEMENTS
Je souhaite remercier en premier lieu mon directeur de mémoire Nils Le Bot pour son accompagnement tout au long de ce semestre et ses précieux conseils sur la méthodologie de recherche, ainsi que tout mon groupe de mémoire avec qui les échanges ont toujours été constructifs. Je remercie également Léa Mosconi qui m’a accompagné durant un semestre de S8 sur ce sujet de mémoire et permis d’aborder sereinement ce travail de recherche.
Je tiens à remercier toutes les personnes que j’ai pu contacter durant mes recherches, spécialistes ou non du sujet, mais qui m’ont tous apporté de précieux éléments de réponses face aux questions que je me posais : Yoann Le Mener pour son aide dans la compréhension du fonctionnement des projets d’aménagements et de végétalisation des rues à Paris, Corinne Coughanowr pour notre échange passionnant sur l’implication citoyenne et le mouvement des villes en Transitions, Michelle Zaoui, Laurence Lejeune, Vincent Merigou et Thierry Dodard et Christine Puron au sein des services de la ville de Paris, et Manon Besançon au CAUE75 pour leur aide dans la recherche des cas d’études, Laetitia du mouvement des colibris, ainsi que Muriel du jardin des Oursons. Florent Morisseau, Alexandre [nom de famille inconnu] et Laurent Vaillant, riverains impliqués des rues étudiés avec qui j’ai pris plaisir à échanger, Ainsi que tous les autres riverains et commerçants rencontrés qui ont pris la peine de répondre à mes questions.
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SOMMAIRE
Remerciements Introduction
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CHAPITRE 1 - INTÉGRER LE VIVANT DANS LA RUE PARISIENNE L’importance des méthodes de production de l’urbain écosystémique
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CHAPITRE 2 - PERCEPTION ET REPRÉSENTATION DE LA RUE PARISIENNE Une nouvelle vision de l’espace public
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CHAPITRE 3 - LA RUE BIODIVERSE Un espace public mixte voirie/espace vert pour de nouveaux usages
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Conclusion Bibliographie Index Annexes Table
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INTRODUCTION
Biodiversité urbaine, nature en ville… Ces termes prônant la prise en compte du vivant dans l’aménagement de l’espace public sont depuis plusieurs années au centre de la réflexion urbaine pour des raisons tant écologiques, sanitaires que biodiversitaire, et de nombreuses études ont montré son importance1. Mais cette végétalisation combinée avec l’arrivée d’espèces animales et végétales plus nombreuses - en nombre d’individus mais pas forcément en nombre d’espèces - semble modifier l’utilisation que nous faisons de l’espace public2. Premièrement nous n’en seront plus ces seuls usagers, et l’homme est souvent peu réceptif au partage de son habitat3. Deuxièmement car le vivant, contrairement aux espaces minéralisés qui recouvre nos villes aujourd’hui, nécessite une attention particulière, ou tout du moins d’une prise de conscience et un respect des
CLERGEAU Philippe « La biodiversité dans les stratégies d’aménagement urbain », Métropolitiques, 21 novembre 2019. URL : https://www.metropolitiques.eu/La-biodiversitedans-les-strategies-d-amenagement-urbain.html ET de nombreuses études de l’APUR (Atelier Parisien d’Urbanisme), et de l’ADEME 2 GILSOUL Nicolas, « Bêtes de ville », Fayard, 2019 / Des moutons pour tondre en ville, Le Monde, 2013, https://www.lemonde.fr/planete/article/2013/04/12/des-moutons-pour-tondreen-ville-vrai-gain-pour-l-environnement_3158721_3244.html 3 GILSOUL Nicolas, interview dans « Ville Végétale, ville animale », De cause à effets, le magazine de l’environnement, France Culture, 1H 1
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habitants, concernant la fragilité de ces écosystèmes qui les entourent. Enfin, le vivant semble avoir un impact significatif sur le lien social ; aujourd’hui à Paris, de nombreuses associations, collectifs d’habitants ou simples citoyens lambda militent pour la prise en compte de la biodiversité dans la ville, prouvant que la question n’est plus simplement d’ordre scientifique4. De nombreuses initiatives se mettent en place dans la ville dense pour tenter de retrouver la biodiversité que les habitants considèrent comme « perdue »5. L’évolution du vivant en ville semble ainsi modifier les habitudes de ces citoyens qui peuvent s’investir dans leur quartier. Et il semblerait que la question de la biodiversité dans l’urbain soit surtout un fort vecteur de reconnexion sociale6, et une possibilité donnée aux habitants pour s’impliquer dans la fabrique de la ville. Ces initiatives Bottom Up - qui partent du citoyen puis grandissent pour atteindre les politiques - peuvent s’associer au mouvement
des
villes en transitions7
fondé sur
le principe
d’implication du citoyen dans sa ville, en lui proposant d’agir pour faire face au risque d’effondrement8. Dans le cas de la biodiversité en ville, le changement de paradigme n’est pas forcément, comme pour les villes en transition, ou tout du moins uniquement, la chute pétrolière, mais plutôt une prise de conscience du déclin de la biodiversité, du bien-être lié au végétal, de son apport éducatif et surtout des services rendus par les écosystèmes. Ceux-ci ne sont pas voués à nous servir, mais à Suivi du « parcours Biodiversité » proposé par METZLE-CHAUVEAU Emmanuelle dans le 4eme arr. le 14 Mars 2020, et échange avec les habitants du quartier soucieux de cette problématique 5 BAILLY Emeline, MARCHAND Dorothée, MAUGARD Alain, 2019, Biodiversité urbaine pour une ville vivante, PC, ISBN : 978-2-37819-006-4 6 ARNOULD Paul, LE LAY Yves-François, DODANE Clément et al., « La nature en ville : l'improbable biodiversité », Géographie, économie, société, 2011/1 (Vol. 13), p. 45-68. URL : https://www.cairn.info/revue-geographie-economie-societe-2011-1-page-45.htm 7 Crée par Rob Hopkins en 2005, Cf argumentaire sur les villes en transition réalisé avec Charles BOULLENGER et Clément SAIBI pour le cours d’Anthropocène, architecture et vulnérabilités en 2020 en annexe 8 SERVIGNE Pablo, STEVENS Raphaël, Comment tout peut s’effondrer, Editions du Seuil. Collection Anthropocène ISBN : 978.2.02.122331.6 301 p 4
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‘cohabiter’ avec nous9. Nous appartenons à ces écosystèmes et la biodiversité qui en découle est essentielle à notre survie. La crise sanitaire liée au SRAS-Covid19 nous a fait prendre conscience que l’Humain n’était finalement pas une toute puissance, pouvant à sa guise exploiter toute forme vivante et inerte sur Terre, mais une espèce parmi tant d’autres, vulnérable. Les confinements consécutifs nous ont également montré que le vivant n’avait pas disparu des villes et qu’une modification - certes extrêmement conséquente et brutale - de nos usages de la ville permettaient à certaines espèces de se réapproprier l’espace public en un temps record10. La question des usages semble donc cruciale car à double sens : il est nécessaire de changer nos modes de vie pour permettre à la biodiversité de s’approprier la ville, et la cohabitation qu’engendrera cette biodiversité, voulue pour une meilleure résilience de la ville, fera probablement apparaitre de nouveaux avantages et inconvénient dans la façon de vivre l’espace public. La tendance à faire disparaitre les véhicules motorisés des cœurs de ville (certes progressive) est déjà un grand tournant dans l’évolution de l’espace public, et la restitution du sol au profil des transports doux modifie déjà les usages de l’espace public11. Mais l’arrivée d’une biodiversité conséquente dans nos villes accompagne cette troisième révolution de la rue12 qui s’émancipe de l’omniprésence BAILLY Emeline, MARCHAND Dorothée, MAUGARD Alain, 2019, Biodiversité urbaine pour une ville vivante, PC, ISBN : 978-2-37819-006-4 « […] Adopter le paradigme du vivant est faire preuve d’humilité et sortir de la surplanification » WALLER Marion, Urbaniste, philosophe, conseillère urbanisme et attractivité à la mairie de paris dans Accueillir le Vivant de ChartierDalix 10 Interview de GILSOUL Nicolas pour La nouvelle République, le 20 mars 2020, URL : https://www.lanouvellerepublique.fr/environnement/confinement-les-animaux-ont-quartierlibre 11 TCHERNATINSKY Loic, Rapport de licence, l’évolution des aménagements de l’espace public par l’exemple des berges de seine Parisiennes https://issuu.com/loic.tchernatinsky/docs/tchernatinskyloic.rdl_rendu_final ) 12 Sous la direction de LANDAU Bernard et DIAB Youssef, Rues de demain, Ecole des ingénieurs de la Ville de Paris-Ecole supérieure du génie urbain, Presses de l'Ecole nationale des ponts et chaussées, 19 Aout 2021, 243 pages 9
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de l’automobile pour tenter de donner au vivant – Humain, Animaux, Végétaux - une place majeure dans l’espace urbain. Cette intégration de la biodiversité en ville n’a pas seulement vocation à réduire le déclin des espèces animales et végétales menacées13 mais rend également de nombreux services à l’Homme, dans la résilience des villes au réchauffement global (îlot de chaleur, crues…) et dans la santé publique (Qualité de l’air, du sol, de l’eau, bénéfices psychiques de la nature)14. Ce re questionnement de l’espace public peut également permettre l’expression et l’implication du citoyen dans ces projets. Ce fut le cas avec le réaménagement des grandes places parisiennes, et de certains parcs à Paris, pour lesquels la transformation de la façon d’aménager les espaces publics, avec une prise en compte importante du citoyen dans la co-conception et co-construction, montre la volonté de la Ville de Paris de rendre l’habitant acteur de son lieu de vie15. Cependant tous les espaces publics n’ont pas la même valeur dans les usages et les façons dont le citoyen l’intègre à son mode de vie - La place, le boulevard, le square, la rue n’ont pas la même intensité d’usage. Et comme Thierry Paquot la défini16, la rue, occupe une place particulière dans la famille des espaces publics, « l’antichambre du logement » à savoir un lieu clé dans la relation qu’a le citoyen à l’urbain. Pourtant à partir de l’arrivé de l’automobile en ville, la rue a peu à peu perdu son intérêt sociologique de regroupement d’une communauté pour devenir un système infrastructurel de déserte17. L’arrivée de Fondation Nicolas Hulot, Le déclin massif de la biodiversité, 31 Aout 2021, URL : https://www.fondation-nicolas-hulot.org/le-declin-massif-de-la-biodiversite-en-8-enjeux-cles/ 14 Etude Plante&Cité financée par Val’Hor, BENEVEG : Les bienfaits du végétal en ville, 2014 15 Projet de la place de la Nation ou de la Bastille, pour lesquels les riverains ont eu un réel impact dans les propositions et la conception des projets de réaménagements, d’après un échange avec Michèle Zaoui, Cheffe de projet au Pôle de la qualité de cadre de Vie, Secrétariat Général de la Ville de Paris 16 PAQUOT Thierry, Améniser, Revue Topophile, URL : https://topophile.net/savoir/ameniser/?utm_source=mailpoet&utm_medium=email&utm_ca mpaign=lt35 « je propose d’inventer un verbe, qui manque à notre langue : le verbe « améniser ». Que signifie-t-il ? Rendre amène — c’est-à-dire aimable, agréable, hospitalière — la ville et tout particulièrement ses rues. Celle-ci sont les antichambres des logements. » 17 Sous la direction de LANDAU Bernard et DIAB Youssef, Rues de demain, op.cit. 13
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nouveaux projets de transformation de la rue18 au profit du piéton, des mobilités douces et de la biodiversité posent ainsi des questions de nouveaux usages et de nouvelles perceptions de cet espace public particulier. État de l’art La thématique de la nature en ville n’est pourtant pas
nouvelle, mais le terme de biodiversité, contraction de biologique et diversité, apparait seulement dans les années 80. Le terme « Diversité biologique » est crédité à Raymond F. Dasmann en 1968 mais n’est réellement repris par Thomas Lovejoy qu’en 1980. La contraction « Biodiversité » apparaitra en 1986 avec le congrès The National Forum on BioDiversity. A partir de cette période ; et avec le rapport Meadows (1972) sur les limites de la croissance19, la biodiversité urbaine fait son apparition parmi les recherches scientifiques. Pourtant, elle reste peu exposée au grand public, et il faut attendre le grenelle de l’environnement
en
2007,
pour
voir
l’introduction
du
terme
20
« biodiversité » dans le langage courant . Bien que le terme soit utilisé dans les politiques de développements durable à différentes échelles, en région parisienne, c’est à partir de cette date que vont se mettre en place plusieurs instances publiques, dont NatureParif qui deviendra l’Agence Régionale de la biodiversité d’Ile de France (ARB) ou la DRIEE (2010) pour, entre autres, comprendre, étudier l’environnement et intégrer la biodiversité dans la ville.
Projets à Paris de Rues Végétales, Rues Oasis, Rues aux écoles MEADOWS Donnella et Dennis, The Limits of Growth, 1972 (Trad : Halte à la croissance) « Si une étude commandée en 2007 par la Commission européenne à l'Institut Gallup sur le sens du terme « biodiversité » montrait qu'un quart du public français interrogé affirmait n'avoir jamais entendu le terme et que 41 % répondaient l'avoir entendu mais ne pas le comprendre (Eurobarometer, 2007), une autre enquête réalisée en 2013 par le Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Credoc) annonçait que 62 % de la population française disait savoir ce qu'est la biodiversité (Croutte, 2013). » GRAMOND Delphine, La ville durable, un territoire d'avenir pour la biodiversité urbaine ? publié dans Projets de paysage, 17/01/2016 18 19
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La réflexion autour d’un urbanisme interconnecté, et centré sur le vivant, la nature émerge dans les années 1990 avec le courant de pensée du Landscape urbanism aux Etats-Unis. Il s’exportera dans les années 2000 en Europe. En France, c’est Philippe Clergeau, professeur en écologie au Muséum National d’Histoire Naturelle (MNHN) et consultant en écologie urbaine qui va être un des acteurs principaux démontrant l’importance de la biodiversité urbaine, en tant que réel
planificateur urbain21. Au travers de nombreuses recherches et publications au sein du MNHN, et d’autres instances, il va appuyer l’importance des trames vertes et bleues en milieu urbain et l’intégration de faune et de flore à toutes les échelles de la ville. Ces études, ainsi que de nombreuses autres comme celles de l’APUR (Atelier Parisien D’Urbanisme), le CEREMA (Centre d’Etudes sur les Risques, l’Environnement, la Mobilité et l’Aménagement) et l’ADEME (Agence De l’Environnement et de la Maitrise de l’Energie) vont permettre aux professionnels de la ville de réfléchir à de nouveaux moyens de faire la ville, en se basant sur un aspect biodiversitaire et écosystémique22. Aujourd’hui, la thématique de la biodiversité urbaine n’est plus seulement gérée par les professionnels de la ville mais également par les citoyens, qui, avec l’aide des mairies, comme c’est le cas à Paris23, investissent l’espace public pour le rendre à la faune et la flore. De nombreuses associations et mouvements se sont aussi formées pour faire valoir ce droit à la végétalisation des villes (Plantation rébellion, Park(ing) day …). Ainsi des initiatives se créent de
toute part pour intégrer la biodiversité en ville, et de nombreux retour
« La biodiversité ne doit pas être seulement un accessoire indispensable à l’urbanisme comme l’éclairage public par ex mais un véritable élément de planification au même titre que la mobilité » Philippe CLERGEAU 22 Les agences d’architecture tels que ChartierDalix ou d’urbanisme comme TER 23 Via l’agence d’écologie urbaine, service au sein de la Direction des Espaces Vert et Environnement 21
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et recherches sont fait pour expliquer ses services écosystémiques24, l’apport de biodiversité en nombre d’espèces animales et végétales, ou encore la conciliation de la densification du bâti et de la biodiversité, comme le programme de recherche BAUM lancée par le PUCA25. Cependant le prisme des usages et des perceptions des citoyens n’est souvent que partiellement interrogé, en tout cas en France, notamment car les projets en ville dense n’étaient pas encore assez
développés dans ce sens pour permettre des recherches approfondies. Quelques ouvrages, tel que Biodiversité urbaine pour une ville vivante, co-écrit par Emeline Bailly, Dorothée Marchant et Alain Maugard, interrogent pourtant ces questions d’usages et de perception à travers des regards variés, d’urbaniste, de psychologue environnemental ou d’ingénieur. Il semble alors pertinent de comparer à la réalité du terrain ces ouvrages prospectifs avec les quelques projets existants qui fleurissent notamment à Paris. . Hypothèses et problématique La multiplication de ces projets de transformation de l’espace public au profit d’une mixité d’espèces (animales et végétales) amène à s’interroger sur leur impact, à la fois en termes d’urbanité mais surtout dans la façon dont ils vont requestionner les usages et les perceptions de l’espace public. Ces espaces publics ne sont plus qu’une voirie, un flux mais semblent devenir des lieux mixtes, entre espace vert et rue. Sont-ils toujours des objets de desserte ? Deviennent-ils des
Le nombre d’articles scientifiques et de thèses sur le sujet permet de comprendre l’importance de la biodiversité urbaine notamment à Paris, et son utilité pour la ville dans des domaines variés : l’article de Lapp Karim, « La ville, un avenir pour la biodiversité ? », Écologie & politique, 2005/1 (N°30), p. 41-54 ou bien de Nathalie Blanc, « Des milieux de vie à l'écosystème urbain », Écologie & politique, 2004/2 (N°29), p. 99-110 expriment parfaitement ces notions 25 Ce programme de recherche en cours, lancée en 2019, pose la question de la conciliation entre densification du bâti et déploiement dans la matrice construite de la ville, d’un réseau d’espaces naturels propices à l’accueil de la biodiversité le plus riche possible (BAUM : Biodiversité, Aménagement urbain et Morphologie) 24
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finalités pour le citoyen ? Augmentent-ils les échanges entre riverains ? Leur bien-être ? Permettent-ils de nouvelles activités ? Impactent-ils l’harmonie et l’esthétique parisienne ? En questionnant précisément les projets d’intégration du vivant dans la rue Parisienne qui tendent à se démocratiser26, il convient de comprendre si cette intégration de biodiversité en ville modifie les usages et les perceptions de la rue, c’est-à-dire, comprendre si les projets de transformation de la rue en ville dense, ont un impact dans la façon de voir, ressentir, utiliser : en somme, vivre ces lieux. Corpus Pour réussir à comprendre cette évolution, l’analyse de cas d’études
sera
l’élément
principal
de
la
recherche,
basée
principalement sur des entretiens de citoyens impliqués, ou non dans les projets de ces cas d’études. Ces rues, au nombre de 3, ont été définies suivant différents critères, de taille, d’aspect, de temporalité du projet de débitumisation et végétalisation et d’importance de l’emprise du vivant en rapport à la taille de la rue (différentes strates de végétation, désimperméabilisation partielle des sols…). Ainsi,
en
travaillant sur des cas d’études précis que sont la Rue Léon Séché, première « Rue végétale » mise en place par la mairie de Paris en 2016, La rue Gustave Goublier, projet initié par les riverains en 2018, ainsi qu’un projet de « Rue Végétale » non réalisé mais souhaité par les riverains, la rue Erard, il sera possible de comprendre les modifications des perceptions et des usages de la Rue Biodiverse27, en se basant sur les
témoignages
et
les
aprioris
des
riverains
(Habitants
commerçants).
En témoigne la création d’un service dédié au sein de la direction des espaces verts de la ville de Paris début 2021 (Service 100Ha) 27 Expression de Philippe CLERGEAU, professeur au Muséum d’Histoire Naturelle et consultant en écologie Urbaine 26
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et
La recherche a également pointé l’importance de la méthode d’intégration du vivant en ville, puisque les projets était soit réalisés par la mairie sans concertation (ou très peu) avec les riverains (Approche Top Down28), soit souhaités et portés par les riverains pour une réalisation avec l’aide de la Mairie par la suite (Approche Bottom Up). Il s’agira alors d’un axe de recherche vérifier l’impact dans l’évolution des usages et des perceptions, de la façon dont sont mis en œuvre ces projets. Cette recherche s’appuie donc également sur les entretiens de deux acteurs impliqués, le directeur du service 100Ha, service en charge de la débitumisation et la végétalisation de 100Ha au sein de la Direction des Espaces vert et de l’Environnement (DEVE), Yoann Le Mener, ainsi que la fondatrice de Paris15 en Transition, un mouvement associé aux Villes en Transition qui prône l’implication du citoyen, Corinne Coughanowr Autrice a l’Institut Momentum, Traductrice de Rob Hopkins). Ces divers entretiens, ainsi que la compréhension du fonctionnement des différents cas d’études et le croisement de ce corpus avec divers ouvrages, articles ou conférences plus théoriques vont permettre une meilleure compréhension de la façon dont ces nouveaux types d’espaces publics mixtes - voirie et espace vert - et leur mise en œuvre font évoluer l’espace public parisien.
Top Down et Bottom Up sont deux modalités de gouvernance proposant une approche ascendante ou descendante, http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/top-down-etbottom-up 28
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Méthodologie L’objectif
de
cette
recherche
est
de
comprendre
si
l’intégration de biodiversité en ville, à Paris, par des projets complets à l’échelle d’une rue (espace public spécifique), participe à une évolution des perceptions et des usages de cet espace public par les usagers. Elle vise également à analyser si leur méthode de production — à savoir initié par les habitants (Bottom Up) ou par la mairie sans concertation (Top down) — a un impact sur cette évolution de la façon dont les citoyens s’approprient le lieu. Pour cela, après avoir brièvement fait un état de l’art des initiatives existantes (Bottom Up et Top Down) concernant l’intégration de biodiversité dans la rue à Paris, l’étude cherchera à comprendre la manière dont la ville de Paris, via le service 100Ha de la direction des Espaces Verts, mets en place ces projets de débitumisation et de végétalisation des rues actuellement en interrogeant son directeur, Yoann Le Mener. La comparaison au point de vue d’un acteur impliqué dans le « Faire » par les habitants, Corinne Coughanowr du mouvement des villes en Transition sera effectué avec des questions similaires sur l’implication du citoyen dans la mise en place des projets pour comprendre comment sont envisagées les inter acteurs dans les deux types de production urbaine. Avec l’analyse descriptive des cas d’études de rues, végétalisées et débitumées, réalisées ou en cours de réalisation, nous chercherons à saisir l’impact des modes de production de l’urbain écosystémique, pour pouvoir développer et comprendre les évolutions de ces nouveaux lieux. Par la suite, l’étude s’intéressera aux témoignages de riverains (Habitants et Commerçants) de rues définies précédemment comme représentatives d’un nouveau type d’aménagement de l’espace public en termes d’intégration de biodiversité.
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* Tableau résumé des caractéristiques des rues retenues comme cas d’étude ©Document personnel
* Strates végétales : Herbacé, Arbusive, Arborée DE L’URBAIN ANTHROPOCENTRÉ À L’URBAIN ÉCOSYSTEMIQUE : QUELLE ÉVOLUTION DE LA RUE À PARIS ?
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La méthodologie précise employée concernant les entretiens et le choix des rues sera explicité plus en détail dans le premier chapitre. Toutefois l’objectif global de ces entretiens de riverains sera de permettre la création d’un corpus, et ainsi une analyse croisée entre -
La compréhension de l’évolution des perceptions et des usages de ces rues, en comparant les aprioris et les témoignages du vécu des riverains des différentes rues,
-
L’impact du mode de production de ces projets (Bottom Up ou Top Down) sur cette évolution
Il s’agira donc de trouver des liens ou des oppositions dans les témoignages de citoyens impliqués dans un projet de transformation de la rue, avec celui de citoyens non impliqués dans les mêmes rues. La prise en compte des 3 rues, transformées de manière différentes, permettra de croiser ces témoignages pour comprendre l’impact du mode de production des projets dans les usages et les perceptions du lieu.
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1| INTÉGRER LE VIVANT DANS LA RUE PARISIENNE
L’IMPORTANCE DES MÉTHODES DE PRODUCTION DE L’URBAIN ÉCOSYSTÉMIQUE
Il pourrait paraitre à premier abord un point paradoxal de ce mémoire. Bien qu'il s'intéresse aux lieux dans lesquels on tente de réintroduire une certaine biodiversité, c'est à dire, une faune, une flore et les relations entre elles, il ne va s'intéresser exclusivement qu’aux relations et aux usages qu'ont l'Humain de ces espaces publics. L'architecte-urbaniste pense les lieux pour l'Homme, et il n'a pas les outils pour, ni étudier, ni dessiner, ni penser réellement le vivant. Pour cela il doit s'appuyer sur le travail d'écologues et de paysagistes qui détiennent les compétences pour fabriquer des habitats pertinents pour la faune, la fonge et la flore.
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Nous partirons donc du postulat que les projets d’aménagement étudiés sont supports de biodiversité. Ils ont en effet été choisis pour leur diversité de plantes (visuellement), représentant plus ou moins les diverses strates de végétation - herbacée, arbustive, arborée permettant une connexion au sol profond, et font l’objet d’études sur la biodiversité de la part des services de la ville de Paris. Il est également nécessaire de ne pas oublier que la biodiversité ne s'exerce pas seulement dans le milieu restreint et clos29 qu'est la rue mais doit, pour exister, découler de trames à l'échelle du quartier, de la ville et même de la région30. La question "Est ce que les projets fonctionnent quant à la biodiversité présente ?" n'est donc pas la question interrogée par ce mémoire, qui s'intéresse plutôt à l'espace public - donc lieux d’interactions pour l'Homme - et à son évolution induite par ces projets de débitumisation et de végétalisation.
A comprendre dans le sens ‘fini’ CLERGEAU Philippe et BLANC Nathalie, Trames vertes urbaines. De la recherche scientifique au projet urbain. Editions du moniteur, Paris, 2013 29
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A– Contexte : À Paris, des projets précurseurs ?
La végétalisation de Paris n'est pas nouvelle, Hausmann et Alphand considéraient déjà les arbres comme solution aux enjeux de la ville de l’époque, que sont les problématiques d’insalubrité et d’épidémies. En effet, au 19eme siècle, après une expérience avec une souris et un brin de menthe31, on va déduire que la végétation purifie l’air. Le préfet va donc instaurer une « nature en ville » pour raisons sanitaires : on pense à ce moment que les arbres épurent l’air des maladies. Cet impact sanitaire de la nature sur la ville va être contredit au milieu du 20e siècle, avec la fin de la pensée hygiéniste. L’arrivée de l’automobile en ville fera baisser le 13% le nombre d’arbres à Paris en comparaison à 190032. Et ce n’est qu’au début du 21e siècle que de nouvelles raisons d’intégrer la nature dans la ville vont être évoqués (Bien être, raisons climatiques…). Pourquoi ce mémoire ne s’intéresse donc pas à l’impact de la ‘nature’ sur les usages et les perceptions de la
Pavillon de l’Arsenal, Exposition de Philippe RAHM « Histoire Naturelle de L’Architecture », 2021 32 Entretien de Benoît DE SAINT MARTIN, responsable de la Division Sites et Paysages de l’Agence d’Ecologie Urbaine de la Ville de Paris, pour l’Agence Parisienne du Climat, 17 Décembre 2020, URL : https://www.apc-paris.com/actualite/comment-vegetaliser-espacespublics-a-paris 31
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rue parisienne, et plutôt à sa ‘biodiversité’ malgré le manque d’outils pour la définir réellement ? Philippe Clergeau exprime encore une fois avec précision l’importance du mot ‘Biodiversité’ dans la réflexion d’intégration du vivant en ville : « Concrètement, si l’on parle de nature en ville, on peut continuer à mettre des rosiers, des platanes, finalement en rester à nos pots de fleurs, d’où l’importance de parler de biodiversité urbaine. »33. Ainsi il ne s’agit pas ici d’analyser toutes les rues dans lesquels il peut y avoir un arbre, un pot de fleur ou une mauvaise herbe qui pousse sur le trottoir, ce qui n’aurait finalement que peu d’intérêt dans la recherche d’une évolution urbaine globale en ville dense. Et Philippe Descola, titulaire de la chaire d’Anthropologie de la nature au collège de France reconsidère le terme de nature. Sa définition l’oppose en effet à la culture et à l’Humain. Crée par les occidentaux, on ne retrouve pas ce terme dans toutes les cultures, et il est alors ici utile d’utiliser un mot qui n’est pas anthropocentré, mais permet de définir le ‘non-humain’34.
Philippe CLERGEAU, Entretien pour Lumières de la Ville, https://lumieresdelaville.net/philippe-clergeau-importance-non-bati-conception-urbaine/ 34 Philippe DESCOLA, Entretien de Hervé Kempf pour Reporterre, « La nature, ça n’existe pas », 1er Février 2020, URL : https://reporterre.net/Philippe-Descola-La-nature-ca-n-existe-pas 33
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« [La nature]
c’est une façon d’établir une distance entre les humains
et les non- humains qui est née par une série de processus, de décantations successives de la rencontre de la philosophie grecque et de la transcendance des monothéismes, et qui a pris sa forme définitive avec la révolution scientifique. La nature est un dispositif métaphysique, que l’Occident et les Européens ont inventé pour mettre en avant la distanciation des humains visà-vis du monde, un monde qui devenait alors un système de ressources, un domaine à explorer dont on essaye de comprendre les lois. » Philippe DESCOLA, Entretien de Hervé Kempf pour Reporterre, « La nature, ça n’existe pas », 1er Février 2020, URL : https://reporterre.net/Philippe-Descola-La-nature-ca-n-existepas
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Le fait de s’intéresser à la Biodiversité permet de raccrocher la recherche à des interactions inter-espèces, et la nécessité d’une variété, hétérogénéité, en somme d’une sorte de profusion du vivant dans l’espace public. C’est d’ailleurs en partie sous ces critères que les objets d’études de la recherche ont été définis. L’intégration de biodiversité urbaine à Paris fait partie intégrante de nombreux plans et projets de la ville depuis plusieurs années, et il existe une multitude d’initiatives, venant d’acteurs divers, du plus petit citoyen à la plus grosse direction de la ville. À Paris, près de 2800 espèces sauvages ont été observées entre 2010 et 2020, parmi lesquelles 831 espèces de Flore, 350 espèces de Fonge et 1 618 espèces de Faune35. Il est donc indéniable que l’urbain offre refuge à plus qu’uniquement l’Humain, et ce, grâce à plusieurs dispositions urbaines dans la ville : Les trames vertes et bleue énoncées plus haut sont en grande partie structurante dans le maintien et l’évolution de la biodiversité : on peut citer certains grands axes ou la petite ceinture, principal corridor linéaire écologique36 mais également les grands parcs et cimetières considérés comme réservoir de biodiversité (Les bois, jardin des plantes, cimetière du père Lachaise, Buttes-Chaumont…). Pour compléter cette matrice existante, des projets divers sont mis en place, sur les places, les avenues et les rues dernier point sur lequel nous travaillons ici - pour transformer ces espaces publics, les rendre plus amène37 et y intégrer la biodiversité. En cela, la ville fait travailler ces services mais intègre aussi le citoyen au travail de redéfinition de ce qu’est l’espace public, et notamment la rue
Les chemins de Nature à Paris, 2eme Edition 2020, Ville de Paris « Diagnostic de la trame verte et bleue à Paris ». Paul-Robert Takacs, Chargé d'études floristiques à la Division de la biodiversité Agence d’Ecologie Urbaine, Ville de Paris. Conférence 2015, URL : https://www.dailymotion.com/video/x3saz1c 37 Thierry PACQUOT, Améniser, Revue Topophile, Op.cit. 35
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Cartographie des Trames vertes à Paris © Document personnel, basé sur ‘Les chemins de Nature Ed.2, Ville de Paris’
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parisienne. C’est sur le détail de ces projets que nous allons nous attarder pour comprendre les jeux d’acteurs. Mais il semble avant tout important de resituer la recherche dans un territoire plus grand, la France, pour se rendre compte que le phénomène d’intégration massive de biodiversité n’est pas un cas isolé à Paris. Certaines grandes villes Françaises, élues au rang de « Villes les plus vertes de France »38 : Angers, Nantes, Metz impliquent budget et investissements massifs pour végétaliser. Leur densité plus faible que Paris facilite également l’augmentation du nombre de m² d’espaces verts par habitants (100m² à Angers par exemple39). Concernant les rues, même si des projets de cheminement végétal se concrétisent, rare sont les rues réellement transformées pour intégrer une biodiversité conséquente (incluant plusieurs strates de végétation, un sol en partie débitumé et perméable, une végétation généreuse et diverse ; dans un centre-ville dense)40. En ce sens, certains projets à Paris peuvent être qualifiés de précurseurs par leur ampleur de végétalisation vis-à-vis de la taille des rues et de la densité associée.
D’après l’Observatoire Unep-Hortis des villes vertes D’après Isabelle LEMANJAU, adjointe aux espaces verts d’Angers, sur France Culture Il est évident que de tels projet existent en banlieue, ou dans des villes peu denses, mais l’impact de tels projet n’est perceptible sur le citoyen que si un manque d’espace vert se fait sentir, comme c’est le cas à Paris 38 39
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Divers projets émergeant d’une multitude d’acteurs 1.
La ville de Paris et ses services
La végétalisation de l’espace public est un axe majeur de la mandature actuelle de la maire de Paris. L’urbanisme de la ville se réinvente pour « répondre aux enjeux de paysage, bien-être, de biodiversité, et à ceux imposés par le changement climatique »41. Pour mener à bien cet ambitieux projet, la ville se base sur plusieurs outils. Tout d’abord, les plans climat, biodiversité et gestion de l’eau42 ainsi qu’une étude de l’APUR et lien avec l’AEU (Agence D’Ecologie Urbaine)43, qui ont permis d’énoncer des chiffres clairs : 100Ha débitumés, 100 Rues Oasis créées, 170 000 arbres supplémentaires plantés durant la mandature44. Ces annonces ont été suivies de la création fin 2020 d’un service dédié à la Direction des Espaces Verts et Environnement, pour assister la Direction de la Voirie et des Déplacements dans la transformation des voiries, le service 100Ha. Cet AMO a pour but d’aider à débitumer l’espace public dans les projets de réfection, réaménagement et transformation des voiries parisiennes, avec pour objectif la débitumisation de 100Hectares à Paris. L’interview de son directeur dans la suite de la recherche permettra d’entrevoir les objectifs et la manière dont ces sujets sont abordés par la ville. La clarification des objectifs politiques de la ville est nécessaire dans cette recherche pour valider une volonté forte et déjà engagée
Entretien de Benoît DE SAINT MARTIN, responsable de la Division Sites et Paysages de l’Agence d’Ecologie Urbaine de la Ville de Paris, pour l’Agence Parisienne du Climat, 17 décembre 2020, URL : https://www.apc-paris.com/actualite/comment-vegetaliser-espacespublics-a-paris 42 Plan biodiversité Paris 2018-2024, adopté le 20mars 2018 a l’unanimité par le conseil de Paris 43 APUR, Cahiers 1 et 2 : Orientations pour des espaces publics végétalisés à Paris, Décembre 2020 44 Chiffres annoncés par Christophe NAJDOSKI, adjoint à la maire de Paris en charge de la végétalisation de l’espace public, des espaces verts, de la biodiversité et de la condition animale, via son compte Twitter le 21 octobre 2020 41
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d’évolution et de transformation de l’espace public au profit d’une cohabitation avec le vivant. Ainsi, la rue parisienne fait l’objet depuis maintenant pratiquement 7ans d’expérimentations dans ce sens, avec des projets comme les ‘rues végétales’, ou les ‘rues aux écoles’, pour lesquels une réflexion est non seulement faite sur « le renforcement de la présence végétale » mais aussi sur l’implication du citoyen dans son espace urbain proche45. Réellement précurseur, l’ambition de ces rues végétales était à l’époque (2014-2020) d’une rue par arrondissement. L’étude de l’APUR en 2020 affiche une possibilité de création de 38ha de surface végétalisable avec la plantation de 7550 arbres dans des rues définies comme « Rues-jardins de proximité », « sélectionnées pour leur proximité avec des équipements de la vie locale [Ecole, parcs, jardins, terrains de sport…] » auxquelles s’ajoutent une « typologie de rues singulières à Paris : les rues courtes, à dominante résidentielle, situées hors des flux de circulation. » 46. Cela représente 145km de rues jardins crées soit près de 12% du réseau viaire parisien47 Cette évolution de la rue n’est donc plus anecdotique et à titre d’exemple, mais devient bien un mouvement de fond dans la transformation de l’espace public parisien mis en place par la ville de Paris. Pourtant ce changement de paradigme ne s’est pas fait unilatéralement, et les citoyens sont aussi impliqués dans ces évolutions.
Définition de la rue végétale selon le site de la ville de paris, URL : https://www.paris.fr/pages/les-rues-vegetales-2990 46 La « Rue-jardin de proximité » est l’évolution de la « Rue végétale ». APUR, Cahier 1 : Orientations pour des espaces publics végétalisés à Paris, p.34 47 Sur un total de 1700km de voiries 45
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Résumé du rapport d’orientation pour des espaces publics végétalisés à Paris ©APUR
Propositions de création de rues jardins de proximité ©APUR, Orientation pour des espaces publics végétalisés
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2.
Les citoyens : Initiatives
personnelles et associations En plus des projets réalisés directement par la mairie, des outils sont mis en place pour que les citoyens puissent s’accaparer le sujet et les projets. Le plus important est le permis de végétaliser. Dispositif mis en place depuis juin 2015, qui permet « à chacun de jardiner dans l'espace public, de préférence en pleine terre »48, il offre ainsi de nouveaux droits au citoyen. Des droits, mais également des devoirs. Le titulaire a en effet en charge « l’aménagement (pose de jardinières, de bordure… sauf dans le cas de retrait du revêtement du sol), la plantation, l’arrosage, l’entretien régulier, le nettoyage, l’affichage autorisé, durant toute l’année. »49. Une nouvelle gestion de l’espace public, partagée entre les différents acteurs semble donc se mettre en place. Dans le processus d’élaboration de ces projets, le citoyen a été également impliqué beaucoup plus en amont, dans la concertation du PLU bioclimatique. Dans les documents de restitution il est possible de rendre compte que la végétalisation de l’espace public et la biodiversité sont des éléments essentiels de ce nouveau plan local d’urbanisme pour le citoyen, puisque le thème ‘Nature, Biodiversité et Paysage’ est ressorti comme la deuxième plus grande préoccupation après ‘Espace public et mobilité » au sein des 7 grands thèmes50. Dans les réponses des 5000 votants au sein du thème ‘Nature, Biodiversité et paysage’, 42% des votes ont représenté une demande de végétalisation.51
Définition du permis de végétaliser selon le site de la ville de Paris, URL : https://www.paris.fr/pages/un-permis-pour-vegetaliser-paris-2689 49 Ibid. 50 En volume de votes, tiré du Bilan de la consultation Elargie préalable au lancement de la procédure de révision vivant à l’adoption du PLU Bioclimatique de Paris, Novembre 2020, Etat d’esprit Stratis, P.4 51 Ibid. p.10 48
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Graphique résumant les votes des citoyens lors de la concertation pour la création d’un PLU Bioclimatique à Paris (5000 Votes) sur le thème de la nature et de la biodiversité ©Document personnel, données Ville de Paris
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Ce changement de paradigme sociétal se retrouve également dans les propositions au budget participatif. Ce processus démocratique de participation au budget de la ville mis en place en 201652 a permis aux citoyens de faire en 2021, 2565 propositions, tous thèmes confondus. Parmi eux, 341 ont intégré une notion de ‘végétalisation’ soit 13%. Et dans les 62 propositions retenues pour un budget global de 75 millions d’euros, 20% traitent de ce thème. Ce n’est donc pas seulement une volonté politique de la mairie mais une attente forte de la population et une implication du citoyen dans la fabrique de sa ville : il est force de proposition dans la transformation de l’espace public. Avec d’autres initiatives comme les jardins partagés53, l’habitant s’approprie l’espace public et participe pour certains projets à toutes les étapes dans la production de l’urbain. Au contraire, certains projets de transformation de rues ne vont pas intégrer la parole et l’action des riverains, laissant aux services de la ville toute la conception, transformation et gestion des lieux. Il semble alors utile d’interroger les modes de production et de transformation de l’urbain dans une optique d’intégration de biodiversité. Qu’ils soient mis en place par l’administration (la mairie) avec une approche Top Down, ou bien par une volonté des citoyens, avec une approche Bottom Up, il y a-t-il une différence dans les usages et les perceptions de ces nouveaux espaces publics ?
Site de budget participatif de paris, URL : https://budgetparticipatif.paris.fr/bp/jsp/site/Portal.jsp/ 53 Un jardin partagé est un jardin « conçu, construit et cultivé collectivement par les habitants d’un quartier ou d’un village », URL : https://jardins-partages.org/ 52
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B– Quelle approche pour produire l’urbain écosystémique à Paris ?
1. Bottom Up et Top Down : deux manières de penser et produire l’urbain Lorsque l’on s’intéresse à la manière dont les villes, et notamment l’espace public sont produits et gérés, deux approches sont généralement évoquées. On parle alors d’approche Top Down et d’approche Bottom Up, traduisant respectivement une prise de décision par les pouvoirs publics, ou par l’usager, le citoyen54. Ces deux modalités
de
gouvernance,
définissant
d’abord
des
logiques
économiques et financières et popularisé par le milliardaire Warren Buffet55 se sont par la suite étendues à des logiques de gouvernances globale des villes avec notamment l’arrivée en 2005 du mouvement des
Villes
en
Transition56.
Mouvement
Bottom
Up
s’étant
Définition de « Top-down » et « Bottom-Up » d’après le glossaire de Géoconfluences, Novembre 2020 55 Définitions et historique des stratégies « Top-Down » et Bottom-Up dans les gestions de portefeuilles financiers, Ooreka Epargne 56 Mouvement fondé par Rob Hopkins en 2005, à Totnes en Angleterre qui sera la première ville à expérimenter ce mode de gouvernance. 54
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exponentiellement développé entre 2005 et 201557, il tient son originalité dans son optique de résilience locale58, à l’échelle d’une ville ou d’un quartier et partant des initiatives citoyennes pour faire évoluer la ville. L’état d’esprit est qu’à travers le positivisme et la volonté d’agir, on peut mener de nombreuses actions concrètes, parfois simples, qui peuvent mener à la résilience d’une ville ou d’un quartier. De l’autre côté, nos villes actuelles sont pratiquement intégralement gérées par les pouvoirs publics - Top down - et les citoyens ont été longtemps exclus des prises de décisions. Une lente transformation vers une prise en compte plus poussée du citoyen s’opère depuis quelques années59. De plus, ces deux approches décisionnaires peuvent s’appliquer à tous les pans de l’organisation et la gestion des villes, et c’est le cas pour la transformation de l’espace public par la végétalisation et la débitumisation qui nous intéresse ici. En effet, les quelques projets de rues végétales pilotes réalisés depuis 2016 montrent une diversité de façon de produire l’urbain, voulu, conçu et géré par les citoyens, ou bien voulu, conçu et géré par les services de la ville. Il est aussi important de bien ancrer la recherche dans son contexte, à savoir l’espace public parisien. En ville dense, la complexité de gestion dû à un nombre d’interactions incalculable est bien différente de celle des premières expérimentations des villes en Transitions - Totnes est une ville de 7700Habitants. Pour comprendre
D’après les politistes John Barru et Stephen Quilley, c’est « le mouvement écologiste ayant connu la croissance la plus rapide dans le monde anglophone au cours de la dernière décennie. À ce titre, il mérite une attention particulière ». SEMAL Luc, « Chapitre 6. Politiques locales de décroissance », dans : Agnès Sinaï éd., Penser la décroissance. Paris, Presses de Sciences Po, « Nouveaux Débats », 2013, p. 139-158. URL : https://www.cairn.info/penser-la-decroissance--9782724613001-page-139.html 58 HOPKINS Rob, The Transition Handbook: From Oil Dependency to Local Resilience, Green Books, 2008 (ISBN 9781900322188), p. 141 59 Avec notamment les outils présentés plus haut, comme le budget participatif, les consultations diverses…. 57
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sa complexité et les potentiels des différents modes de production de l’urbain, il a été utile de réaliser deux entretiens. Le premier avec Yoann Le Mener, le directeur du service 100Ha, service de la Direction des Espaces Verts et Environnement (DEVE) de la ville de Paris en charge de la supervision de tous les projets de débitumisation et de végétalisation de la voirie, dont les projets de rues-jardins, pour comprendre les objectifs du service, comment il aborde la transformation de l’espace public, et quelle est l’implication des citoyens dans leurs projets. Cet entretien de 35min dans les locaux de la DEVE a été réalisé le 22 novembre 2021. Le second avec Corinne Coughanowr, cofondatrice de Paris15 en Transition - 1ère association inscrite dans le mouvement des villes en Transitions à Paris - traductrice de Rob Hopkins et autrice à l’Institut Momentum, pour comprendre à quel point le citoyen est, et peut s’impliquer pour faire évoluer son quartier en ville dense, dans le cadre de la végétalisation et l’intégration de biodiversité. Cet entretien de plus d’une 1h (incluant une dérive dans le quartier), a été réalisé le 30 novembre 2021 chez Mme Coughanowr.
Le travail sur les objets d’études que sont les rues végétalisées et débitumées nécessitaient effectivement en amont un travail théorique de comparaison des points de vue d’acteurs ayant une vision globale sur le sujet, afin d’aborder la complexité parisienne dans les prises de décisions et la mise en place des projets d’intégration de la biodiversité dans l’espace public. Cela dans le but de proposer une recherche ancrée dans une continuité d’action urbaine et émettre des hypothèses quant à la manière dont ces projets peuvent bouleverser, à la fois la production de l’espace public, et son usage et ses perceptions.
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2. La complexité parisienne
Il est ressorti de ces entretiens de nombreuses complexités vis-à-vis des modes de production de l’urbain. Dans des villes comme Paris, ces nouvelles typologies mixtes voirie-jardin impliquent plusieurs directions dans leur transformation puis leur gestion. Et Michel Desvignes explique dans une de ces conférences que cela entraine une difficulté de réalisation de ces espaces mixtes. « Ça ne va pas de soi pour des raisons strictement d'administration qu'il est difficile de faire ces typologies mixtes [Espace vert-Voirie]. »60. D’après Yoann Le Mener, les échanges inter-directions ne sont pas problématiques, lui-même étant de la Direction de la Voirie avant la création de son service à la Direction des Espaces verts. Cependant ces projets nécessitent des aller-retours nombreux et à toutes les étapes du projet, que ce soit dans la phase d’étude (réseaux, flux etc.), travaux (réalisation des chaussées, et intégration du végétal) ou de la gestion future (nettoyage des voiries, et entretien des espaces végétaux). A cela s’ajoute des discussions avec de nombreux autres acteurs, comme les Architectes des Bâtiments de France, dans certains quartiers, qui peuvent parfois s’opposer à certains massifs végétaux pour préserver des perspectives ou la majesté d’un lieu61. Et ces opérations d’évolution de la rue s’inscrivent dans un ensemble très large d’opérations selon Yoann Le Mener : que ce soit celles inscrites dans la mandature et budgétisés, ou bien dans les démarches embellir mon quartier avec une enveloppe budgétaire globale, une grande phase d’identification des potentiels est nécessaire pour réaliser les projets, pour laquelle de nombreux acteurs sont mis à contribution. Michel DESVIGNES, Conférence du 20 Avril 2021 en visioconférence, ENSAPVS « […] il nous a été demandé d'avoir, si on souhaitait développer une strate basse en complément des arbres, qu'elle soit la plus basse et la plus sobre possible, pour pas écraser la majesté d'un lieu, une perspective. » Yoann Le Mener, entretien du 22 novembre 2021 60 61
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« […], à chaque fois, au sein d'un quartier, Il y a un potentiel qui est identifié, à partir de propositions des riverains, des propositions de la mairie d'arrondissement, des études de faisabilité techniques »62
Dans la réalité, toute la démarche de concertation, c’est-à-dire d’échange
avec
les
citoyens
est
portée
par
les
mairies
d’arrondissements. L’implication du citoyen dans ces projets est alors conditionnée à une volonté forte de la mairie d’arrondissement. Or il est remonté dans les deux entretiens que toutes les mairies n’étaient pas autant impliquées dans ces sujets-là. Dans le 15e arrondissement par exemple, Corinne Coughanowr, ayant fait partie des conseils de quartiers, a, pendant plusieurs années, essayé d’insuffler des initiatives auprès de la Mairie, sans réel résultat concret. « Donc pour moi la mairie ce n'est pas l'entité la plus ouverte, si tu veux. Bon ils changent petit à petit. […] ils apprécient mieux tous ces efforts. Est-ce qu'ils sont vraiment moteurs ? C'est dans le vent donc ils deviennent plus moteur qu'avant, mais [ce n’est pas eux qui vont] tirer, à mon avis. ». De son côté Yoann Le Mener a également évoqué la nécessité d’une « mairie d’arrondissement qui est très motivée et motrice, qui est déjà en lien étroit avec ses conseils de quartier » pour pouvoir impliquer les citoyens dans le projet. Actuellement, bien que la majorité des projets du service 100Ha soient encore en cours d’étude, peu de projets débutés impliquent les citoyens, car bien souvent,
62
Ibidem
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« la mairie d'arrondissement n'a pas connaissance comme ça, de personne qui pourrait, ou de collectif qui pourrait être intéressé »63. Dans les faits, le seul projet que le directeur du service 100Ha ait pu citer avec un potentiel d’implication des citoyens, était la rue Erard, un des objets d’études pour cette recherche. Il est donc difficile, depuis les deux points de vue, de réussir à la fois à impliquer les citoyens, et à s’impliquer en tant que citoyen. Le levier semble être du côté de la mairie d’arrondissement qui fait office d’intermédiaire essentiel. Cette
implication
du
citoyen
dans
les
projets
de
transformation de l’espace public est également présente lorsque l’on parle de la gestion de ces espaces mixtes dans le long terme. Selon Corinne Coughanowr, qui a participé à de nombreuses associations et initiatives, il est possible de laisser la gestion au citoyen, mais la complexité réside dans le maintien d’une dynamique de groupe. Il est, pour elle, nécessaire de se regrouper en collectif, association ou justes voisins pour planter et s’occuper d’espaces végétalisés dans l’espace public, pour qu’il y ait une convivialité, une collaboration et donc un but d’échange à cette action64. Or d’après l’observation de la cofondatrice de Paris15 en Transition, à Paris les associations s’essoufflent assez vite « Ça [a] affaire avec l'implication des gens dans les associations. Parce que je trouve que, le même écho commence à être là depuis au moins 5 ans [dans toutes les associations], il y a un noyau qui va se retrouver pour essayer de faire quelque chose, et quand on essaie de fédérer
63 64
Ibidem Corinne Coughanowr, entretien du 30 novembre 2021
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d'autres personnes, ils viennent une fois, peut-être 2 fois et après plus. » Dans la plupart des associations, il ne s’agit alors que de la fin d’une aventure commune. Mais dans le cas de la gestion d’un espace vert, il y a une nécessité d’entretien du vivant qui ne peut être abandonné. Et les services de la ville n’ont pas trop de regard sur l’entretien fait par les citoyens, selon Yoann Le Mener. L’agence d’écologie urbaine, service de la DEVE, a la charge de superviser les permis de végétaliser mais peut difficilement reprendre avec réactivité tous les espaces abandonnées, faut-il encore donner une définition de l’entretien souhaité et essentiel, pour définir lequel est abandonné ou non. Pour Corinne Coughanowr, l’implication est plus importante dans les espaces clos tels que les jardins partagés, et lorsque la répartition est bien effectuée. « On doit mettre quand même une sorte de barrière autour parce que bon il faut que ça soit fermé. Parce que sinon tout et n'importe quoi peut survenir, ça veut dire [que] les gens ils peuvent faire n'importe quoi, si les gens qui passent sont ivres, ils vont arracher les plantes […] Si on a son plot à soi, on est peut-être plus intéressé que si c'est un truc général […] si c'est à soi on sait très bien, on en a la responsabilité, on s'est un peu battu pour avoir le plot donc voilà, c'est la nature humaine. » Cependant l’espace public doit rester accessible à tous, la question de la privatisation entre alors en jeu : si le projet est pensé, géré et entretenu par une association ou un collectif, à quel point l’espace public l’est-il encore ?
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La complexité de ces projets mixtes se joue alors à plusieurs niveaux, des propositions de projet à la gestion sur le temps long, et il est maintenant nécessaire de comprendre plus en détail sur des projets précis, réalisés ou en cours de réalisation, à quel point ils peuvent impacter les usages et les perceptions de la rue parisienne.
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C– Les rues ‘végétales’ : Des cas d’études synthèse d’une évolution globale 1. Une nouvelle typologie de rue Le travail de recherche des cas d’études s’est réalisé en plusieurs étapes. Tout d’abord il a fallu s’assurer qu’il existait à Paris des projets assez poussés en termes d’intégration de biodiversité et ayant subi une transformation assez importante pour qu’ils puissent réellement induire une évolution de l’espace public. Il existe en effet de nombreuses initiatives d’intégration de « nature en ville », comme défini ci-dessus par Philippe Clergeau, comme des bacs à fleurs, des pieds d’arbres végétalisés etc. mais qui ne représentent pas une réelle transformation de la rue parisienne. Il a alors fallu se tourner vers les initiatives plus globales en termes d’intégration du vivant, incluant une débitumisation et ce sont les rues pilotes appelées par la ville de Paris ‘Rues végétales’ qui se sont le plus rapproché de ces critères. Comme définie dans le paragraphe présentant les différentes initiatives de la ville de Paris, la rue ‘Végétale’ est selon le site de la ville de Paris, une rue « où l’herbe pousse sur les trottoirs et en pied des façades, une rue où les habitants peuvent venir jardiner et se rencontrer »65. Il y a donc à la fois dans ces rues la notion de végétalisation et d’interaction sociale : « Dans ces rues d'un nouveau
D’après la définition donnée sur le site de la ville de Paris, URL : https://www.paris.fr/pages/les-rues-vegetales-2990 65
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genre, la présence du végétal doit pouvoir inciter à un nouvel usage de l’espace public. La rue végétale est une rue à vivre autant qu’une rue où l’on passe, une rue conviviale et attractive pour les riverains et pour les usagers de l’espace public en général, une rue support de lien social. »66 Il est important de notifier que ces projets sont des projets à haute signification politique, en étant un engagement de la 1ère mandature d’Anne Hidalgo, Maire de Paris, dans le cadre du plan Biodiversité67. On compte alors 13 rues végétales référencées, réalisées entre 2016 et 2020, chacune dans un arrondissement différent et avec des spécificités différentes. Ainsi elles représentent par leur visée politique et biodiversitaire des exemples de projets impactant et précurseurs qu’il convient d’analyser plus en détail pour comprendre si une réelle évolution dans ses usages et ses perceptions existe. 2. Les cas d’études Chaque rue ‘végétale’ a ces spécificités, et est très différente des autres. Il a donc fallu pour choisir les cas d’études les plus appropriés, les sélectionner selon plusieurs critères. L’importance de la quantité de végétation (et de biodiversité) au regard de la dimension de la rue, et son type de mise en œuvre (pleine terre, bac…) était le critère principal. En effet la transformation de certaines rues ne consistait qu’en la mise en place de grands bacs sur des places de parking. C’est le cas pour la rue du retrait (20e arr.) ou la rue Corvetto (8e arr.). Pour d’autres, ce sont seulement ces mêmes places de parkings qui ont été débitumées, et sur lesquels ont été mis en place des parterres de plantes en pleine terre. C’est le cas des rues Pierre Haret
Ibid. Engagement d’une rue comestible et une rue végétale dans chaque arrondissement d’ici 2024. Synthèse du plan biodiversité de Paris 2018-2024, Ville de Paris 66 67
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Cartographie des rues ‘végétales’ réalisées entre 2016 et 2021 © Document personnel
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(9e arr.), Lacharrière (11e arr.), Montcalm (18e arr.) ou Borda (3e arr.). Ces transformations ne justifiaient pas, au vu des définitions de la biodiversité, une évolution mesurable de l’espace public dans les perceptions et les usages. Le choix des rues s’est alors plutôt orienté sur des projets comprenant différentes strates ; herbacés, arbusive et arborées, et pour lesquelles la part du végétal était visuellement impactante dans l’espace public. Dans les 4 rues restantes, la rue de Sully (4e arr.) ne comprenait aucune habitation ni commerce (arrières et bâtiments administratifs) et n’a donc pas été retenue. La rue Georges Thill (19e) présentait, de même que la rue Gustave Goublier (10e arr.) et la rue Léon Séché (15e arr.) toutes les caractéristiques recherchées. Cependant, la végétalisation n’impactait qu’une partie de la rue, devant une école, et l’espace était alors plus une placette devant une école qu’une rue, rendant plus difficile l’analyse et la comparaison sur les thèmes souhaités. Ainsi les deux rues restantes présentaient des caractéristiques plutôt similaires sur le plan de la végétalisation (comparées aux autres rues) et de la taille des rues. La recherche d’informations sur ces 3 dernières rues retenues a conforté le choix pour la rue Gustave Goublier et la rue Léon Séché ; la rue Georges Thill n’ayant aucune information accessible, et se rapprochait plutôt d’un projet de ‘rues aux écoles’ végétalisé. La rue Gustave Goublier étant gérée par une association de riverains, il a été plutôt simple de les contacter. Végétalisée et partiellement débitumisée en 2018, cette rue est un exemple de projet ‘Bottom up’, souhaité, porté et encore actuellement gérée par les habitants. Les riverains regroupés en association ont ainsi eu un poids plus important pour avoir de l’impact dans les décisions concernant leur rue (Piétonnisation, végétalisation, mise en place d’événements).
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Plan de la rue Gustave Goublier (XXe arr.) ©Document personnel
Proposition de projet par les riverains ©The Windows, 2015, URL : https://www.slideshare.net/GrgoryMAC/projetjungle-rue-gustave-goublier-version-rduite
Photographies de la rue Gustave Goublier (XXe arr.) ©Mairie de Paris, 2019
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Pour la rue Léon Séché, la recherche de personnes impliqués a été plus compliquée. Aucun contact n’était accessible lors de recherches classiques. J’ai alors joint la Direction des Espaces Verts et Environnement (DEVE), et après 4 redirections au sein des services, il a été possible d’échanger avec les services de gestion, exploitant de la rue Léon Séché, en la personne de Thierry Dodard. Après explication du peu d’implication des riverains dans ce projet, j’ai pu obtenir le contact du seul riverain impliqué. C’est par cet habitant que j’ai pu obtenir des réponses sur la manière dont le projet avait été réalisé et sur son évolution depuis 2016. Sa mise en place il y a 5 ans permettra d’avoir un recul suffisant sur le long terme de ces projets. Voulu et réalisé par la Mairie, ce projet est un exemple de production urbaine ‘Top Down’, par les élus, pour les habitants. La recherche s’appuyant également sur la comparaison des témoignages de riverains de ces rues avec ceux d’une rue en projet souhaitant cette transformation, il a fallu rechercher une rue actuellement en projet. Pour cela, j’ai contacté diverses instances, et associations susceptibles d’être au courant de tels projets. Les associations, comme Colibris, Growsters, Natureandus ne m’ont pas apporté d’éléments pertinents, et que peu de réponses. De même que les mairies d’arrondissement, malgré plusieurs relances n’ont pas su me répondre, l’Agence d’Ecologie urbaine et notamment le service s’occupant des permis de végétalisé (La main verte) n’était pas au courant des projets en cours. Les échanges avec le CAUE de Paris ont permis de ressortir quelques rues, mais les projets étaient plutôt des ‘rues aux écoles’ incluant une végétalisation partielle, pour lesquelles le CAUE travaillait en collaboration avec les enfants. Finalement, c’est grâce aux échanges avec le service 100Ha de la DEVE qu’il a été possible de retenir un projet de végétalisation et débitumisation de rue, non réalisé au moment de
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Plan de la rue Léon Séché (XVe arr.) ©Document personnel
Photographies de la rue Léon Séché (XVe arr.) ©Mairie de Paris, 2017
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l’étude, pour laquelle des riverains portaient une volonté forte de transformation : la rue Erard dans le 12e arrondissement. Rue plus grande que les deux autres cas d’étude, elle revêt globalement les mêmes caractéristiques, comme la présence de quelques commerces ou des stationnements automobiles nombreux des deux côtés de la chaussée (dans le cas de l’avant projet pour les autres rues). Ces similitudes permettent d’effectuer une comparaison sur une base commune. Au contraire, les différences de situation et de quartier permettent également d’interroger le possible impact du quartier et son influence dans la perception et l’usage de ces nouveaux types de rues.
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Plan de la rue Erard (XIIe arr.) ©Document personnel
Photographies de la rue Erard (XIIe arr.) ©Documents personnels DE L’URBAIN ANTHROPOCENTRÉ À L’URBAIN ÉCOSYSTEMIQUE : QUELLE ÉVOLUTION DE LA RUE À PARIS ?
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3. Méthodologie de recherche Les entretiens réalisés dans ces rues ont pour objectif de comprendre si des évolutions dans les perceptions et les usages de l’espace public que sont ces rues transformées existent, à travers le témoignage des citoyens. Ainsi, la comparaison entre des aprioris des riverains d’un rue pour laquelle un projet est décidé mais pas encore réalisé, et des témoignages du vécu de riverains vivant ces ‘ruesjardins’ va permettre de mieux comprendre leur impact. La manière dont ces entretiens ont été réalisé est en partie basée sur la méthode proposée par le CEREMA pour observer et écouter les usagers de l’espace public68. Ainsi le type d’entretien retenu se rapproche le plus du micro-trottoir, c’est-à-dire une méthode qui permet « de recueillir le point de vue subjectif et l’expérience des usagers sur l’espace qu’ils utilisent, la manière dont ils le fréquentent et la perception qu’ils en ont : ressentis, motivations des usages, conditions et confort, vécu individuel ou collectif, etc »69. Celle-ci s’adaptait le plus facilement étant donné le nombre d’entretien réalisé (12) et le type d’espace public concerné. En effet, les autres méthodes comme la carte mentale ou le récit de vie70 sont moins pertinent sur des espaces si restreints que sont ces petites rues. Les entretiens de cette étude qualitative ont été préparés en amont avec une série de questions prédéfinies (cf. annexe p.111), basée sur les hypothèses de recherche émanant des différentes lectures. L’ordre des questions était également important pour s’assurer que les éléments d’hypothèses recherchés ne soient pas amenés par les questions. Chaque entretien commençait donc par une question de
CEREMA Centre-Est, Rapport, Espace public : méthodes pour observer et écouter les usagers, Juillet 2020 69 Ibid. p.36 70 Ibid. p.37 68
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définition du quartier, et de la rue sans mentionner le thème du végétal et de la biodiversité. Pour la majorité des questions, la dénomination « projet de transformation » ou « transformation » est délibérément utilisé pour éviter d’aiguiller les réponses avec l’utilisation de « biodiversité urbaine », « nature en ville », « rue végétale » ou « vivant dans l’espace public ». Le nombre de question assez important est dans le cas d’un entretien ou l’interrogé serait peu expressif, comme cela a pu se produire. Dans d’autres cas, des questions globales ont pu suffire, et l’interviewé a été laissé libre de s’exprimer, avec parfois des questions pour recentrer la discussion. Par ailleurs, pour les habitants impliqués de la rue Léon Séché et Gustave Goublier, les contacts en amont par mail et téléphone n’ont pas permis de laisser le flou sur le sujet, ils étaient donc au courant de la recherche au moment de l’entretien. Tous les entretiens n’ont pas été réalisés le même jour, mais dans un délai d’une quinzaine de jours. Tous ont été réalisé dans l’après-midi, lorsque le jour était encore levé. Les entretiens des commerçants ont été effectués dans leurs boutiques respectives tandis que ceux des habitants, dans la rue concernée.
Enfin, l’objectif des entretiens étant d’avoir des points de vue variés, la pluralité des cas d’études a permis de recueillir le témoignage de citoyens sur les projets réalisés : un habitant impliqué dans un projet Bottom Up, un habitant non impliqué dans un projet Bottom Up, des commerçants plus ou moins impliqués dans un projet Bottom Up, un habitant impliqué dans un projet Top Down, un habitant non impliqué dans un projet Top Down, et des commerçants plus ou moins impliqués dans un projet Top Down.
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Tableau représentant les entretiens réalisés, en fonction du mode de production du projet, et de l’implication des citoyens dans ceux-ci ©Document personnel
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Il est important de noter qu’une recherche plus longue aurait permis de s’appuyer sur des entretiens de riverains d’une même rue, avant et après projet de végétalisation et débitumisation, pour ainsi recueillir l’évolution de leur vision de cette transformation de leur rue. Cependant, réinterroger, même plusieurs mois après, les mêmes individus pourraient également influencer leurs secondes réponses, basées sur leurs préconçus de la première interview. La différenciation
des entretiens pourra peut-être permettre ici des réponses plus directes
et
franches,
avant
comme
après
les
projets
de
transformation. Le fait d’interroger à la fois des riverains impliqués et des riverains non impliqués dans le projet permettra de prendre un peu de recul sur la manière dont les choses sont vues par chacun. Il est utile de noter également qu’un nombre d’entretien plus important aurait permis une recherche plus complète, avec pour chaque catégorie 2, 3 voire 5 individus au lieu d’un seul (soit 5X12 =60 entretiens de 10 à 30min). Le temps nécessaire pour un tel corpus (recherche des individus à interroger, temps sur place, retranscription, analyse des réponses…) n’était pas compatible avec le temps alloué au Mémoire d’Architecture.
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Au travers des 3 cas d’études, l’ambition des deux parties suivantes est de comprendre si on observe une évolution, d’une part, dans les perceptions de la rue, à savoir comment l’esthétique de ces nouveaux espaces public est perçue et évolue avec le temps, ainsi que les ambiances qu’ils produisent en fonction des temporalités. Dans un second temps, il sera possible d’observer l’évolution des usages qui est induite par ces transformations, dans les interactions et les implications nouvelles qui s’offrent au citoyen, et les contraintes que ces formes urbaines produisent.
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PERCEPTIONS ET REPRÉSENTATIONS DE LA RUE PARISIENNE UNE NOUVELLE VISION DE L’ESPACE PUBLIC
La perception humaine est une donnée complexe à recueillir car elle implique les sentiments. Ainsi le Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales (CNRTL), donne pour une des définitions de la perception : « Opération psychologique complexe par laquelle l'esprit, en organisant les données sensorielles, se forme une représentation des objets extérieurs et prend connaissance du réel. »71. René Huyghe, historien et psychologue de l’art Français et membre de l’Académie Française affirme par ailleurs l’impact à la fois de l’émetteur et du récepteur de ces perceptions dans Dialog avec le visible72
Définition du mot ‘perception’ selon le CNRTL, URL : https://www.cnrtl.fr/definition/perception 72 René HUYGHE, Dialog. avec le visible, 1955, p. 313. 71
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« Nos perceptions du monde physique s'organisent en nous (...) sous forme d'images qui représentent avec le plus de fidélité possible ce qui se passe autour de nous. Mais perceptions, sensations, ne tombent jamais dans un terrain neutre ; elles engendrent immédiatement une réaction affective, une émotion, qui varient selon la nature de ce qui les provoque, mais aussi selon la nature de celui qui les reçoit. » Comment
alors
prétendre
recueillir
et
analyser
ces
perceptions ? Il a fallu tout d’abord être conscient de la partialité des réponses, et de leur politisation possible. Pour obtenir des réponses le plus exploitable possible et non orientées, les questions posées ont été le plus large possible et n’indiquant pas le thème de la recherche en premier abord. Il a également fallu être conscient que les réponses données ne reflètent pas forcément l’entièreté de la position et de la perception du citoyen mais plutôt celle qu’il souhaite montrer. Toutefois, cette expression est également intéressante. L’étude n’est pas allée jusqu’à demander les sentiments perçus de manière directe mais s’est contentée de comprendre quelles pouvaient être les ambiances de ces rues, et comment était vue la nouvelle esthétique de ces lieux par ces riverains.
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A– Une redéfinition de l’esthétique de la rue influant sur la notion d’appartenance
L’esthétique Parisienne est un sujet d’actualité, en témoigne l’exposition au Pavillon de l’Arsenal « La beauté d’une ville » inaugurée en mai 2021, ainsi que l’ouvrage associé. Elle est au cœur du débat politique et citoyen sur la question de la gestion de l’espace public, et son
renouveau
notamment
concernant
la
propreté
ou
l’encombrement de celui-ci73. Et l’esthétique est une discipline de la philosophie « motivée par la perception et la sensation du beau »74. Subjective, il convient donc de l’analyser avec précaution pour tirer des schémas globaux sur la façon dont la rue est vue sans donner des avis personnels relevant des goûts.
En témoigne le #SaccageParis et les manifestations associées pour protester comme la saleté de la ville, ainsi que le sondage IFOP selon lequel 84% des parisiens jugent que leur ville est ‘sale’. 74 CNRL, Définition d’Esthétique, adj. et subst. Fém, URL : https://www.cnrtl.fr/definition/esth%C3%A9tique 73
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1. L’hétérogénéité des espaces publics L’intégration d’une biodiversité en quantité non négligeable dans un espace public engendre la création selon Michel Desvignes d’une « typologie mixte », qu’il décrit pour les places transformées, comme des lieux qui ne sont « ni une place, ni un jardin mais une chose intermédiaire »75. La même réflexion pourrait s’appliquer à la rue, qui devient un entre deux entre un jardin et une voirie. L’utilisation du mot « rue » n’est tout de même pas nécessairement obsolète, définissant uniquement selon le dictionnaire de Merlin et Choay « une voie bordée de maisons ou de murailles dans une ville ou un village »76. Il n’implique donc pas l’usage précis de cet espace sinon qu’il permette à minima la déserte locale. Nous nous demandons alors si cette typologie d’espace public, de rue mixte, impacte la vision qu’en ont les riverains. La principale observation remarquée concerne la différence de point de vue entre les riverains impliqués dans le projet, ou bien qui ont au moins vu l’état antérieur, avec ceux qui ont seulement vécu le projet réalisé. Ainsi certains habitants ou commerçants récemment arrivés - après la réalisation
des
travaux
-
interrogés
ne
considéraient
pas
particulièrement la végétalisation et la débitumisation comme une force ou une particularité de la rue, si bien qu’ils ne le mentionnaient pas dans les premières questions concernant la description du quartier et de la rue. C’est également un constat qu’on put faire les deux habitants les plus impliqués dans les 2 rues, selon lequel il fallait potentiellement rappeler l’état antérieur aux nouveaux habitants pour qu’ils se rendent compte de l’évolution.
VisioConférence de Michel DESVIGNES, ENSAPVS, Février 2021, MERLIN Pierre et CHOAY Françoise (1988) Dictionnaire de l’urbanisme et de l’aménagement. Paris, Presses universitaires de France, 723 p. 75
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Rue Gustave Goublier, 2010 ©Blog ruegoublier.blogspot.com
Rue Gustave Goublier, 2017 ©Association Riverains de la Rue Gustave Goublier (ARRGG)
Rue Gustave Goublier, 2022 ©Photographie personnelle
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Photographies de la rue Léon Séché en 2009, 2016, 2017 et 2020 © Mosaïque basée sur les images Google StreetView
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Photographies de la rue Gustave Goublier en 2009, 2017, 2018 et 2020 © Mosaïque basée sur les images Google StreetView
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« Mes nouveaux voisins qui sont très sympa et qui arrivent au niveau du numéro 1 de la rue Gustave Goublier, ils me disent attends c'est pas possible cette rue on a pas acheté un endroit pour que ça soit comme ça [à cause des problèmes sociaux], il faut la faire avancer et tout, je leur dis mais regardez dans le rétro, regardez d'où on vient… »
Habitant de la rue Gustave Goublier,
Président de l’association de la rue, 15 Novembre 2021
Lorsque les questions deviennent plus spécifiques et que l’on interroge ces riverains sur l’impact visuel et esthétique de ces transformations, la totalité des riverains ayant au moins vu une photo de la rue antérieure était d’accord pour affirmer que l’évolution était positive sur le plan esthétique. Même la rue Gustave Goublier, plus encline aux problèmes sociaux (drogue, prostitution, Sdf) était pour la majorité des riverains, habitants et commerçants, « [un] endroit est plutôt mignon […] on peut dire que c’est un peu intime, avec les plantes »
Gérant du coiffeur Farmavita, rue
Gustave Goublier, 5 Novembre 2021
L’observation qui a pu en ressortir est ainsi l’arrivée depuis quelques années de plusieurs familles avec des enfants en bas âge dans la rue77, synonyme selon les habitants d’une rue agréable. Cette observation est plus difficile à mettre en perspective dans la rue Léon Séché, la majorité des logements étant gérés par Paris Habitat. Finalement, cette végétalisation variée apporte une certaine identité à la rue, qu’il est possible de s’approprier car « La nature évoque pour chacun des souvenirs d’autant plus si les milieux sont
« des jeunes parents qui achètent leur premier bien » Gérant du coiffeur Farmavita, rue Gustave Goublier 77
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Diversité de végétation rue Léon Séché © Photographies personnelles
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variés »78. Avec les dispositifs non linéaires mis en place dans ces deux rues (Bosquets en quinconce, pots de différentes hauteurs, pleine terre, différents types de sols), la rue se distingue des rues avoisinantes et s’approprie son propre rythme, différent d’une rue linéaire avec des rangées de voitures des deux côtés. Avec un nombre important de ces rues mixtes, on obtient donc une diversité d’espaces publics, une hétérogénéité des parcours qui permet, par la « diversité des espèces donc des couleurs, des odeurs, […] des stimulations beaucoup plus importantes pour tous »79. Pourtant, concernant la vision globale des rues analysées, les commerçants ont également, à plusieurs reprises fait remarquer une certaine perte de visibilité de leur commerce. Il est en effet selon eux plus difficile d’exister, et de se rentre visible, leur devanture de commerce étant parfois cachée par la végétation abondante. « […] après le fait qu’il y a ait les plantes et tout ça, ça peut détourner un petit peu l’attention on va dire. […] il vaut mieux miser sur la communication, les réseaux, le digital. »
Gérant du salon de coiffure Farmavita, Rue Gustave Goublier,
5 novembre 2021
La beauté relative de ces espaces est également souvent mise en perspective avec l’entretien qui en est fait. Les mêmes défauts reviennent dans une grande partie des échanges ; il semble que la végétalisation de ces rues exacerbe les défauts d’entretien et de saleté de l’espace public.
78 79
Emeline BAILLY, Biodiversité Urbaine pour une ville durable, op.cit. p.79 Ibid.
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2. Une esthétique moins cadrée et contrôlée La beauté est en effet relative, et la biodiversité urbaine accentue les défauts pour 2 raisons principales : un manque d’entretien
mineur
peut
déjà
engendrer
des
dégradations
importantes, et les emprises des végétaux évoluent avec le temps pouvant ne pas satisfaire toute la population impactée. Ensuite, l’implication du citoyen dans la gestion de ces espaces induit qu’ils peuvent avoir leur propre vision d’un « bel espace vert », différent de celui de son voisin ou de ce que l’on pourrait appeler une esthétique commune. Une esthétique vivante et évolutive Dans le détail, les critiques esthétiques des rues analysées sont pour la quasi-totalité des riverains interrogés résultantes d’un manque d’entretien. Les espaces plantés deviennent en effet des poubelles et des plantes indésirables - indésirables selon les riverains s’installent avec des emprises importantes. Résulte de ce constat une interrogation sur la pertinence de ces espaces végétalisés chez une partie des commerçants. Les employés d’un salon de coiffure rue Gustave Goublier, Chez Marcy’s, considèrent même qu’une partie pourrait être supprimé car pas assez entretenue ! « […] et la verdure bah l’enlever elle [ne] sert à rien, toutes les plantes, soit bien les refaire, soit les enlever parce que ça [ne] sert à rien. »
Employé du salon de coiffure Marcy’s, Rue Gustave
Goublier, 5 novembre 2021
Dans la rue Léon Séché également, le manque d’entretien impacte de manière importante l’esthétique globale de la rue selon une partie des riverains, et les points de vue divergent selon qu’il faille laisser la nature s’exprimer ou bien l’entretenir au point qu’un des commerçants ne la
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considère pas plus belle que lorsque c’était une voirie avec deux rangées de voitures garées de chaque côté. « Alors on [ne] peut pas dire que ça [la rue] soit plus belle, parce que moi je trouve qu'il y a moins d'entretien. Et les gens ne balayent pas la rue pendant plusieurs semaines hein ! » Gérant d’une parfumerie, Rue Léon Séché, 20 novembre 2021 L’évolution de l’emprise des massifs durant les années impacte la perception des riverains, mais est également une question plus globale parfois inhérente aux architectes des bâtiments de France, ou du moins à intégrer dans le projet en amont. Ainsi l’entretien avec Yoann Le Mener, directeur du service 100Ha avait également traité du fait qu’une réflexion était menée sur les projets, en lien avec les ABF pour être sûr de conserver les vues et les perspectives importantes. « Il nous a été demandé d'avoir, si on souhaitait développer une strate basse en complément des arbres [dans les projets de végétalisation et débitumisation des rues], qu'elle soit la plus basse et la plus sobre possible, pour pas écraser la majesté d'un lieu, une perspective »
Yoann Le mener, Directeur du
service 100Ha, DEVE, Mairie de Paris, 22 Novembre 2021
Cependant, cela relève réellement de la gestion nécessaire par la suite qui induira ces nouveaux volumes. La nature fourni les formes, elle évolue suivant de nombreux paramètres et l’espace public devient ainsi, d’après les exemples étudiés, soumis à liberté de formes, couleurs et volumes non maitrisée.
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Evolution naturelle de la végétation rue Léon Séché et rue Gustave Goublier © Photographies personnelles
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Une esthétique citoyenne et individualisé D’un autre côté, la mise en place des nombreuses initiatives de gestion de l’espace public par les riverains devient une part intégrante de l’esthétique des lieux. Il n’y a plus de responsable de l’esthétique globale de l’espace public, puisque chacun a l’autorisation de s’occuper de son morceau d’espace public comme il le souhaite (sous réserve d’avoir un permis de végétaliser et de respecter certaines règles élémentaires). Ainsi chaque citoyen peut décider de sa propre esthétique de la rue, planter son pied d’arbre comme il le souhaite, avec les végétaux qu’il souhaite, mettre la barrière de protection qu’il souhaite avec les moyens qu’il a. Il suffit de se promener dans Paris pour observer les pieds d’arbres en permis de végétaliser pour se rendre compte de la diversité d’esthétiques possible. Et bien que les services de la ville tentent d’homogénéiser le tout en proposant et installant depuis cette année des protections de pied d’arbres identiques pour tous les permis de végétaliser, il est difficile d’obtenir un rendu homogène80. Ces projets sont l’occasion pour les riverains de faire valoir leur perception de la beauté de l’espace public. Ils ont en effet leur mot à dire, comme ce fut le cas rue Léon Séché lors de la mise en place du projet, sur la couleur des mobiliers de la rue (bacs et bancs). Bien que non impliqués dans les réflexions, lors des travaux, certains riverains se sont opposés à la couleur des mobiliers en bois installés et ont demandé le changement de leur couleur.
Il y a une volonté de la mairie de Paris, avoir une cohérence globale des pieds d’arbres, d’après Yoann Le Mener, lors de l’entretien du 22 Novembre 2021 80
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« Ils [les services de la DEVE] ont mis des bacs, il y a une certaine unité dans le choix des mobiliers, après on aime ou on n'aime pas… […] et en fait il y a des habitants qui ont râlé, et qui voulait repeindre comme ça en marron […] ils l’ont pas fait eux même mais ont demandé à ce que ça soit repeint ».
Habitant impliqué, rue Léon Séché, 14
novembre 2021
Du côté de la rue Gustave Goublier, ce sont les riverains, qui durant le projet, ont pu définir, en collaboration avec les services de la ville pour les questions relatives aux réseaux et sécurité, des forces et des emplacements souhaités. Nous observons alors une redéfinition dans ce cas précis de la prise de décision concernant l’esthétique de la rue : Ce ne sont plus les services de la ville qui proposent l’esthétique, mais ils se contentent de la valider81 et une certaine liberté est laissée aux habitants. L’esthétique de ces rues-jardins ne s’arrête donc pas au type de végétaux, leur forme et leur couleur mais implique de nombreux thèmes sous-jacents, comme leur emplacement, le choix des mobiliers, les types de sols et les protections du végétal, qui sont des sujets peu abordés actuellement dans la transformation des rues parisiennes classiques, car déjà prédéfinis, mais qui se réinventent ici par la multiplicité des acteurs qu’ils impliquent. La multiplication des possibilités en termes de rendu qu’offre la biodiversité (couleurs, textures, volumes, sons, mouvements) est une formidable opportunité de redéfinition de l’esthétique globale de l’espace public
Il est important de notifier que cela a pu être possible grâce à l’implication de riverains architectes et urbanistes (2) ayant des connaissances dans le domaine. 81
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« Embellir consiste à introduire de l'altérité dans les grands processus
d'uniformisation
de
la
technique
contemporaine »82 L’évolutivité incontrôlable, ou non contrôlée, qui résulte d’un apport massif de végétation dans l’espace urbain dense est le point de bascule dans
la
définition
d’une
esthétique
‘acceptable’
pour
tous,
puisqu’exacerbant les tensions entre le beau « cadré » - entretenu - et le beau « naturel » - non entretenu -.
82
Pierre CAYE, La beauté d’une ville, op.cit. p.85
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B– La création d’ambiances variables suivant les temporalités
Ajouté à la perception visuelle du lieu, les autres sens sont également interrogés lorsque l’on traite du ressenti d’un espace. Dans notre cas ce sont principalement l’ouïe et l’odorat, et dans une moindre mesure le toucher, et le goût qui permettent de définir des ambiances propres à l’espace public concerné. Dans les cas d’études des rues ‘végétales’, aujourd’hui appelées par l’APUR rue-jardin, la notion de jardin, est finalement revenue plusieurs fois dans les entretiens. Mais les ambiances ressenties ont pu être variées, et la vision de cette nouvelle typologie comme
un
jardin
n’est
pas
forcément
positive.
Suivant
les
temporalités, les ambiances perçues et extériorisées durant les entretiens par les riverains interrogés ont pu être très variées. Entre les soirées bruyantes le soir dans cet espace apaisé, la notion de parc à chien ou celle d’un lieu « intime » et « mignon », il était alors intéressant de comprendre la manière dont les riverains percevaient les ambiances de la rue, en fonction des temporalités, pour quelles raisons et quelles pouvaient être leur évolution sur le temps long.
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Dans un premier temps, il a été demandé lors de chaque entretien de définir la rue en 5-10mots. Dans les 2 rues, bien qu’une partie des riverains n’ait pas joué le jeu et répondu sans synthétiser, différents mots ont pu être utilisés pour qualifier les ambiances des rues, que l’on peut globalement résumer par « Calme », « agréable », « tranquille », « intime », « sympa », « mignon ». Ces ressentis partagés contrastent, notamment pour la rue Gustave Goublier dans le 10e avec l’ambiance générale du quartier, la rue étant situé entre le boulevard de Strasbourg et la rue du faubourg saint martin, soit un quartier très animé et bruyant83. Du côté de la rue Erard, les aprioris concernant les potentielles ambiances d’une rue jardin sont très proches des témoignages des deux autres rues. « Agréable » « qualité de vie » « naturel » « limiter le bruit » « casser la circulation », aucun élément négatif n’apparait à premier abord dans l’imagination d’ambiances de ces lieux.
1. L’importance des temporalités dans le ressenti de la rue Dans la réalité vécue des rues transformées - Léon Séché et Gustave Goublier - la notion de temporalité intervient assez rapidement. Les commentaires sur la vie nocturne des rues ont été unanimes ; l’aménagement d’espaces, de rues, non plus seulement destinés à la circulation et la voirie engendre des nuisances, principalement auditives. « Le soir c'est très bruyant, parce qu’en fait il y a des bancs ont été installées, en fait ça a été végétalisé, installé pour
83
Toujours d’après les entretiens avec les riverains
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faire de sorte un endroit très convivial, mais le problème c'est que le soir du coup, ça résonne énormément et surtout l'été parce qu’il y a les fenêtres ouvertes et en fait ça résonne beaucoup dans ce genre d'immeubles, donc c'est assez désagréable le soir quand on veut être tranquille » Habitant non impliqué, rue Léon Séché, 20 Novembre 2021
Que ce soit dans la rue Léon Séché, dans un quartier calme du 15eme arrondissement ou rue Gustave Goublier dans un quartier très dynamique du 10eme arrondissement, la présence d’un lieu végétalisé, agréable et propice à l’arrêt prolongé a eu pour effet de créer des lieux de regroupement pour les jeunes le soir, étant un lieu ouvert à tous, toute la nuit contrairement aux principaux parcs parisiens. La présence d’un mobilier mi banc mi bac à végétaux accentue les possibilités d’occupation de l’espace public par des populations jeunes le soir. La nuit, ce sont également SDF et individus drogués qui s’installent, rue Gustave Goublier, utilisant les espaces végétalisés comme toilettes, ou bien pour cacher des effets personnels. Une ambiance malsaine et très particulière s’instaure ainsi, poussant les riverains à envisager la fermeture de la rue par une grille84, ou pour certains commerçants à supprimer les espaces plantés. La nuit, la végétalisation crée ici des lieux sombres et propices aux trafics divers. « Et justement les espaces entre les végétalisations sont bien des espaces pour se planquer. Se planquer, fumer, boire, pisser… enfin bon. »
Employé de l’Hôtel littéraire, Rue Gustave
Goublier, 5 novembre 2021
Solution envisagée rue Gustave Goublier et en discussion dans l’association de riverains ARRGG, pour laisser la rue ouverte la journée mais pouvoir la fermer la nuit et ainsi éviter ces nuisances. La mairie n’est pas favorable à cette solution (novembre 2021) 84
DE L’URBAIN ANTHROPOCENTRÉ À L’URBAIN ÉCOSYSTEMIQUE : QUELLE ÉVOLUTION DE LA RUE À PARIS ?
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Finalement, les habitants non impliqués dans les projets de transformation de la rue ont souvent mentionné un manque d’anticipation des différentes temporalités dans la conception du projet, « C’est juste que je pense que quand on fait ce genre de projet, il faut penser à l'après, à la tranquillité des riverains ce genre de choses… »
Habitant non impliqué, rue Léon Séché, 20
Novembre 2021
Au contraire la journée, les deux rues sont globalement bien perçues par tous les riverains questionnés, la rue Léon Séché animée par le café et le restaurant de burger qui installent leurs terrasses, dynamisent cette rue passante, tandis que la rue Goublier est plus calme avec ses salons de coiffure et son hôtel qui n’empiètent pas sur l’espace public. Lors des différentes analyses sur place, il a été possible de remarquer dans la rue Léon Séché une appropriation du mobilier mis en place, avec à chaque fois des gens assis, en train de dessiner, lire ou tout simplement regarder les plantations. Cela malgré la présence du square Saint-Lambert jouxtant la rue. Cependant, il est important de rappeler que l’étude se base principalement sur le témoignage des riverains et qu’une observation prolongée des rues à toutes les temporalités n’a pas été effectué. Toutefois, sur 5 visites de la rue, a des horaires (fin de matinée et après-midi) et des jours différents (en semaine, le samedi et le dimanche), le mobilier était toujours utilisé. Les ambiances de la rue varient donc suivant les temporalités, bien qu’elles ne soient pas non plus uniquement induites par la présence de biodiversité. Il est difficile de différencier la piétonnisation du processus, qui transforme également l’espace public en traitant la question des mobilités. La biodiversité urbaine joue tout de même son
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Rue Léon séché _ Eté, Automne, Hiver © Photographies personnelles DE L’URBAIN ANTHROPOCENTRÉ À L’URBAIN ÉCOSYSTEMIQUE : QUELLE ÉVOLUTION DE LA RUE À PARIS ?
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rôle dans la création d’une atmosphère propre à la rue, par la création d’une intimité85, d’un lieu de vie. Il n’a pas été possible dans cette recherche de déterminer dans le détail les éventuelles évolutions de perception vis-à-vis des temporalités saisonnières, bien que la présence de végétation en quantité non négligeable implique des modifications de couleurs, formes, odeurs, lumière, température en fonction des saisons et de la floraison. Cette hypothèse nécessiterait potentiellement dans le cas d’une étude a base d’entretiens mensuels ou saisonniers, durant une année pour comprendre ces éventuels ressentis.
2. « Améniser » la rue : biodiversifier pour plus de sécurité ? L’évolution de ces rues dans une optique biodiversitaire semble alors, d’après les premiers éléments, tendre vers une aménisation des rues. Mot inventé par Thierry Paquot, améniser signifie « - Rendre aimable, agréable, hospitalière - la ville et tout particulièrement ses rues »86, cela par « les six sens […] l’imprévu, la turbulence, la transgression »87, il semble s’appliquer parfaitement aux rues-jardins étudiées qui développent par le biais du vivant une dynamique, permettant de défiger la rue minérale parisienne telle que nous la connaissons. Le point de vue de Caroline Mollie coïncide par ailleurs à cette réflexion, considérant que « un projet végétal peut redonner une âme » à des espaces publics en désuétude88.
Selon un des entretiens réalisés rue Gustave Goublier Thierry PAQUOT, Article de la revue Topophile, Améniser, 26 septembre 2021, URL : https://topophile.net/savoir/ameniser/ 87 Ibid. 88 Caroline MOLLIE, dans le podcast tenu par LUNEAU Aurélie, GARRIC Audrey, 14/03/2020, « Ville Végétale, ville animale », De cause à effets, le magazine de l’environnement, France Culture, 1H Elle traite alors à ce moment des « Parkings, entrées de villes, les périphéries. » 85
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Le principal élément permettant de rendre plus hospitalière la rue est la suppression de l’emprise automobile, à savoir les emplacements de stationnement, remplacés par des bosquets, et la voirie piétonnisée et en partie débitumée (pavés végétalisés) « C’est agréable parce que on n'a pas trop peur de sortir sur une rue où il y aurait des voitures des choses comme ça, donc c'est agréable »
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La suppression d’une certaine linéarité causée par les stationnements automobile (de bouts en bouts des 2 rues, de chaque côté de la voirie) permet de créer un nouveau dialogue entre les pleins et les vides ainsi libérés, et dynamiser un espace qui ne fonctionnait que dans un axe. Il faut toutefois relativiser sur la suppression totale de l’automobile, puisque ce n’était pas la première volonté, notamment pour les commerçants dans la rue Léon Séché et la rue Erard. La notion de clients locaux ou non est alors apparue. Le gérant de la parfumerie rue Séché, présent depuis 12ans a ainsi remarqué un changement de clientèle, plus locale, depuis la suppression de la voirie automobile. Selon lui, son commerce est alors moins visible dans un certain sens puisque les automobilistes n’ont plus de vision sur sa vitrine. D’un autre côté, elle est toutefois plus visible car il n’y a plus de voitures stationnées devant sa boutique. Rue Erard, les commerçants interrogés ont rapidement émis l’avis de ne pas supprimer totalement le flux automobile qui apporte son propre dynamisme et permet d’alimenter les commerces. Ils étaient, comme les habitants, tout de même pour réduire le danger relatif à l’automobile (circulation, pollution et bruit) sans quoi l’intégration d’une biodiversité serait moins impactante dans les ambiances de la rue.
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« Je pense que le nerf de la guerre c’est, pour nous de réduire la circulation, la circulation automobile, ça crée beaucoup de pollution, ça crée beaucoup de… bah les gens ils n’ont pas envie de se poser devant les pieds d’arbre, on a moins envie de jardiner » Habitant impliqué, Rue Erard, 6 Novembre 2021 Outre la sécurité relative à l’automobile, l’intégration de biodiversité a fait, selon les riverains, ressortir plusieurs points relatifs à la sécurité et l’atmosphère ambiante. La thématique abordée par le biais de la temporalité journalière, avec le changement d’ambiance la nuit, est un des freins à l’aménisation de la rue par sa transformation dans une optique de biodiversité selon la majorité des riverains. Dans la rue Gustave Goublier, il y avait déjà auparavant différents problèmes sociaux, notamment de la prostitution dans la rue et des problème relatifs au deal. La requalification de la rue a certes permis aux riverains de se réapproprier leur rue durant la journée, et de supprimer les problèmes inhérents à la prostitution. Mais la présence de mobilier pour le végétal n’a semble-t-il fait qu’empirer la situation concernant le deal. « Quand tu finances des bacs qui sont à 50 cm du sol qu'estce qui se passe, ça sert d'espace où les mecs viennent s'asseoir, ça sert d'endroit où les mecs ils achètent leur dose » Habitant impliqué, Rue Gustave Goublier, Président de l’association de la rue, 15 Novembre 2021
« Ça [la végétalisation] a apporté sur le plan décoratif, mais pas sur le plan social […] La rue reprend ses droits, tout le temps, tout le temps, tout le temps. C’est-à-dire que tous les efforts consentis n’ont que des effets temporaires. Et ça c’est assez déprimant. » novembre 2021
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Habitant non impliqué, Rue Gustave Goublier, 5
La localisation du projet dans le choix des quartiers est donc essentiel, tout comme le positionnement des espaces végétalisés dans la rue pour anticiper les usages non conventionnels qui pourraient apporter une ambiance spécifique à la rue. Dans un quartier tel que celui du faubourg Saint martin (Rue Gustave Goublier), extrêmement pauvre en espaces verts, la moindre végétation est finalement soumis à des sollicitations tellement importantes, dû à la densité de population environnante, que ce qui en ressort n’est plus acceptable pour les riverains « Toutes les semaines, tu viens récupérer dans la terre, des sacs à main qui ont été arrachés avec des étuis carte bleue et qui sont balancés là, qui sont planqués au milieu des arbres, quand ils viennent dealer leur dose de crack ben ils viennent se planquer là tu vois, ils se chopent dans la rue ici, » Habitant impliqué, Rue Gustave Goublier, 15 Novembre 2021 La rue Léon Séché ne rencontre pas ces problématiques propres au quartier de la rue Goublier. Du côté du 15e arr., les problématiques sécuritaires relevés par les riveraisn impliquent les chiens non tenus en laisse et les vélos. « Encore hier j’ai vu une dame qui balançait une balle à son chien comme si c'était son jardin privé. Moi si je suis avec mon fils, son chien est peut-être gentil mais ça se trouve il va être excité devant un bébé, mon fils et il a qu’un an et demi ça se trouve il va lui sauter dessus et voilà » Habitant non impliqué, rue Léon Séché, 20 Novembre 2021
Lorsque l’on compare les témoignages entre ces deux rues, on se rend finalement compte que ces rues végétalisées exacerbent, tant le positif que le négatif déjà présent d’un quartier. Les problématiques rencontrées sont principalement des éléments rencontrés par le passé
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mais amplifiées dans ce lieu de vie : propreté, calme, deal… La sécurité y est donc relative au quartier, et le fait que les rues soient petites, n’a pas permis de déterminer si les citoyens et les citoyennes se sentaient plus ou moins en sécurité la nuit comparée à une rue classique (Ombres des arbres, Zones et recoins sombres, bruits etc.) 3. Le contraste entre le temps long du vivant et le temps politique L’espace public s’est toujours renouvelé au fil des années, et des mandatures. Il reste cependant globalement similaire depuis l’arrivée de l’automobile en ville, dès les années 60, avec une place majeure pour la voiture, et des trottoirs de part et d’autre des rues. Depuis une quinzaine d’années, un renouvellement lent s’effectue au profit de l’individu, du piéton, et des mobilités douces. Les matériaux employés, minéraux, restent cependant sensiblement identiques, et la réflexion se concentre sur les proportions données à chaque mobilité. La nouvelle typologie d’espace public dont nous traitons ici, les rues végétales – ou rues jardins - s’émancipe de cette réflexion sur la proportion pour plutôt tenter d’intégrer un nouvel élément dans la rue, le vivant. Celui-ci implique alors une notion jusqu’alors uniquement abordée avec les arbres d’alignement, le temps long dans l’espace public. L’évolution rapide du végétal lorsqu’il est géré et entretenu de manière peu regardante comme c’est le cas dans les rues étudiées, introduit dans l’espace public la question d’un paysage modulaire, évoluant au fils des saisons et des années. Ainsi, entre l’année de plantation de la rue Léon Séché, 2016 et aujourd’hui 2021-2022, les arbres se sont étoffés, les massifs ont grandis, l’herbe a poussé par endroit, a été remplacée par d’autres végétaux à d’autres, des plantes ‘indésirables’ (orties) sont apparus. In fine, la volumétrie et l’ambiance végétale de la rue ont changé en l’espace de quelques années.
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Et en replaçant dans l’urbanisme global à Paris, cette évolution s’inscrit dans la création d’une maille, comme le décrit Thierry Paquot, « [La Biodiversité urbaine est] comme un Ryzome qui n’a pas de tête, de début, de fin mais qui est un maillage vers lequel il faut tendre. »89. Cette réflexion implique ainsi une nouvelle perception de la ville, celle de la ville vivante, présentant un métabolisme90 propre qui s’enrichi, s’appauvri, fluctue au fil des jours, des mois, des années. La vision long terme – sur des dizaines d’années – s’oppose alors au temps politique – 6 ans – dans le choix des projets à mettre en place, leur objectif, et la biodiversité qui y est associée. Il ne s’agit plus seulement de refaire voirie et trottoir, un travail important d’entretien et de gestion post travaux est nécessaire sur la durée, et doit être pris en compte pour continuer à produire les ambiances souhaitées par le projet. L’exemple de la rue Léon Séché illustre parfaitement cette opposition temps long / Vivant, ayant été réalisé comme projet pilote par la mandature précédente, il n’y a aujourd’hui quasiment plus aucun entretien par la ville, et les échanges concernant la recherche avec les différents services de la ville (Mairie d’arrondissement et adjoint aux espaces verts, Direction des espaces verts, Direction de la voirie) ont toujours résulté par le fait que le projet avait été réalisé par la mandature précédente et qu’ils n’avaient par conséquent pas connaissance des éléments et des détails sur le projet.
PAQUOT Thierry, d’après FAVRE Tao Bienvenue dans l’anthropocène, Documentaire France culture, Janvier 2019 90 Concept de métabolisme urbain énoncée par Philippe CLERGEAU dans La beauté d’une ville, op.cit. p.437 89
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En prenant l’exemple d’une autre rue végétalisée partiellement, la rue Montlyon, il est possible d’observer le changement d’ambiance qu’implique la végétalisation ; durant 9 ans, entre 2008 et 2017, la rue est restée totalement identique en tout point, tandis que durant les 4 années qui ont suivis, suivant l’évolution du végétal, et sans travaux supplémentaires, la rue a eu plusieurs visages.
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Mosaïque de photos et collage de l’évolution de la rue Montlyon sur 13ans ©basées sur les photographies GoogleStreetView
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C– L’impact du mode de production de l’urbain écosystémique dans les perceptions de la rue Parisienne
La manière dont le projet est amené, pensé, et produit semble influencer les perceptions qu’ont les riverains de cet espace public. Cela vaut pour les différents temps du projet, puisqu’un projet dans lequel les riverains sont moteurs (Rue Gustave Goublier) et impliqué leur permet de réellement comprendre l’évolution de leur rue, et de surtout voir ce qui a été fait, de pouvoir le comparer avec l’état antérieur. De même que les riverains non impliqués dans ces rues ‘Bottom up’ sont un peu moins positifs vis-à-vis des aménagements réalisés, mais globalement conscients de l’effort réalisé par leurs voisins91. Il y a dans ces rues quelque chose qui lie ces riverains, et le fait qu’une association s’en occupe permet de maintenir en vie une gestion et une vie de rue qui n’existe pas dans le cas du projet de la rue Léon Séché, en approche
Des commerçants de la Rue Gustave Goublier ont pu avoir des doutes sur la gestion totale des espaces verts par les riverains, pensant qu’ils ne s’occupaient que des pots Hors sols, et que la mairie devait s’occuper des espaces de pleine terre. 91
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‘Top Down’. Il demeure toutefois un manque d’implication général rue Gustave Goublier qui semble être due aux problèmes évoqués plus haut, de dégradation et deal dans la rue qui freinent grandement l’envie d’entretenir et partager dans cette rue selon le président de l’association. Plus que l’approche de production de ces espaces, ou la biodiversité en elle-même, il semble donc que le principal élément perçu est toujours la fréquentation du lieu corrélé à l’apport d’espaces de pleine terre et de mobilier spécifique. Du côté de la rue Léon Séché, la réalisation par la mairie, sans concertation et réelle implication du citoyen dans le projet est la principale cause de non-dynamisme du projet, selon Florent Morisseau, le paysagiste ayant été impliqué les premières années. En résulte finalement un désintéressement involontaire de la part des riverains puisqu’ils ne sont tout simplement pas au courant qu’il est possible de s’impliquer et de végétaliser par eux même. Ainsi, ils ont plutôt tendance à donner les points négatifs comme le non-entretien et une végétation à l’abandon, ou bien la rue comme un parc à chien92. C’est lorsque l’on demande s’ils considèrent que l’aménagement est plutôt positif ou négatif comparé à l’état antérieur que l’on obtient une réponse positive. Lorsque les riverains ne sont pas impliqués lors du projet, la rue n’est finalement pas réellement perçue comme un espace à s’approprier pour jardiner ou une extension des habitations, mais tout de même comme une amélioration du cadre de vie, de réduction du bruit et des nuisances, et donc susceptible d’augmenter l’agréabilité du lieu. L’élément souvent revenu lors d’échanges avec des citoyens impliqués, que ce soit dans les rues analysées ou bien Corinne Coughanowr, est le manque de communication des services de la C’est le cas du gérant de la parfumerie, ou bien d’un habitant, tous deux non impliqués dans le projet 92
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mairie pour faire l’aménagement en lien entre services publics et citoyens. Finalement, soit le projet est réalisé par les citoyens, et il est nécessaire d’avoir un projet complet avant de le proposer à la mairie, comme ce fut le cas rue Goublier, « Et je me rends compte qu'en fait si tu ne viens pas avec des solutions clé en main à la mairie, il ne se passe rien, et c'est ce que je déplore » Habitant impliqué, président de l’association de la rue Gustave Goublier, 15 Novembre 2021
Et dans ce cas, l’entièreté du projet est à la charge des riverains (entretien et gestion, sauf financement et réalisation des travaux), ou bien la mairie ne semble pas prioriser le fait d’impliquer les citoyens dans le projet d’aménagement, par les divers moyens possibles, si bien que les citoyens ne sont finalement même pas au courant de leurs possibilités et leurs droits vis-à-vis de la biodiversité de l’espace public (plantation, entretien…) « Les services de la ville ils ont fait le plan de plantation et cetera […] ils auraient pu mettre tous les végétaux ici, et organiser une plantation collective avec tous les habitants de la rue qui voulait se mobiliser, ça ça aurait pu être aussi une dynamique qui aurait pu voilà. Alors que là ce sont les jardiniers qui ont tout planté. » Florent Morisseau, habitant impliqué, paysagiste, Rue Léon Séché, 14 novembre 2021
L’approche de production de ces aménagements influence donc principalement la pérennité de la dynamique de rue souhaité par l’instauration de projet de rue-jardin.
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Ce nouveau système de rue permet des variations de perception, dans les ambiances et l’esthétique globale beaucoup plus hétérogènes qu’antérieurement, par l’apport d’une biodiversité qui rythme la rue dans les temporalités, journalières comme annuelles. La question de la gestion des massifs végétaux devient centrale car elle régit dorénavant l’esthétique de la rue, une rue auparavant cadrée et immuable sans travaux couteux et complexes. Les ambiances qui en découlent se retrouvent ainsi liées à une utilisation des cinq sens renforcés par la multitude d’éléments foisonnants, beaucoup plus sollicités qu’une rue ‘classique’, asphaltée d’immeuble à immeuble : •
La vue : couleurs, formes de la végétation, du mobilier
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Le toucher : pavés végétalisés, terre, feuilles, orties, branches tombées au sol
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L’odorat : parfum des végétaux, de la terre mouillée, mais aussi déjections, ou ordures très présentes dans la pleine terre
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L’ouïe : plus rare, dû au bruit constant en ville, mais bruit du vent, des feuilles au sol, potentiellement des oiseaux…
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Le goût : plus rare encore, mais existant dans certains permis de végétalisés avec la culture de plants de tomates, de fruits ou légumes variés…
Ces aménagements permettent également d’envisager une nouvelle façon d’utiliser l’espace public, en redéfinissant son fonctionnement même, et la responsabilité des citoyens dans sa gestion. Il redéfini la question de privatisation dans l’espace public, avec la possibilité pour le citoyen de s’octroyer un morceau de rue, un pied d’arbre ou un bac. En offrant une façon d’occuper et d’être dans l’espace public au citoyen, ces aménagements semblent proposer une certaine opportunité de création de liens avec le vivant, entre Humains ou potentiellement avec le règne animal et végétal. Cela implique également un nouveau type de respect de l’espace public, qui passe de minéral et inerte, à végétal et vivant.
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LA RUE BIODIVERSE
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UN ESPACE PUBLIC MIXTE VOIRIE-ESPACE VERT POUR DE NOUVEAUX USAGES
Ces projets permettent en théorie l’apport d’une certaine vitalité sociale, en offrant la possibilité à la communauté de participer à la définition d’un espace qui lui appartient, l’espace public. La biodiversité urbaine permet donc selon Emeline Bailly de « favoriser l’ancrage dans le lieu proche »93, alors que la rue est devenue depuis plusieurs décennies à Paris seulement un lieu de circulation, de passage. La mise en place de projets qui se veulent plus inclusif dans l’intégration du citoyen au processus de création et de gestion de l’espace public, pose alors question quant aux dynamiques qui peuvent effectivement se mettre en place en réponse à cet aménagement.
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Emeline BAILLY, Biodiversité urbaine pour une ville vivante, op.cit. p.90
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A– L’apparition de nouvelles interactions à l’humain et au vivant
1. La biodiversité dans l’espace public comme créateur de lien social Nous avons ici souhaité nous intéresser à travers cette recherche à la présence ou non de nouveaux liens sociaux par les usages de la rue à travers sa végétalisation et biodiversité. Comme le défini le paysagiste Denis Delbaere, les espaces publics de nature symbolisent une nouvelle forme de sociabilité plus diffuse promouvant « l’entre soi »94. Cela semble induire de nouvelles connections, plus proches qu’auparavant, avec ses voisins, les commerçants dans un cercle restreint, autour d’une occupation, ou tout du moins d’un intérêt commun que sont les espaces de biodiversité, qui se développent, représentent la rue, et nécessitent un entretien.
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Ibid. p.87
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Et cet entretien de l’espace public, s’il est réalisé par les riverains comme c’est le cas pour la rue Gustave Goublier, est effectivement un outil de connexion des habitants. Le nouveau président de l’association l’est d’ailleurs devenu en allant discuter avec des riverains en train de s’occuper de la végétation après son emménagement il y a quelques années « […] puis un matin en descendant, j'ai vu qu'il y avait 5-6 personnes en train de piocher avec un verre de rouge et de discuter, tu vois ? Donc j'ai posé la question et ils m'ont expliqué »
Habitant de la rue Gustave Goublier, Président de l’association
Arrggg, 15 Novembre 2021
Du côté de la rue Léon Séché, le seul riverain impliqué a également fait part de l’intérêt qu’il pouvait susciter pour les riverains alentours, et des contacts qu’il pouvait avoir avec ceux-ci, des échanges autour de ce qu’il pouvait faire, sans pour autant les rallier à sa cause d’entretenir ces espaces de végétation. « si si carrément, il me disaient ‘Ah bah c'est super ce que vous faites, est ce qu'on peut…’ etc, et puis je leur donnais les marches à suivre, mais pour autant ça n'a pas poursuivi » Habitant impliqué, Rue Léon Séché, 14 Novembre 2021 Et cette idée de création de lien entre les riverains est effectivement un des points qui ressort des aprioris de ce que pourrait être la rue Erard une fois débitumée et végétalisée. « […] discuter, passer un bon moment, les gens sont demandeurs de conseils pour les plantes donc ça créerait du lien je pense. » Fleuriste, Rue Erard, 5 novembre 2021 Il y a effectivement une attente forte de ces lieux pour créer du lien social, dans une partie des entretiens mais paradoxalement, les
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habitants non impliqués étaient plutôt dans l’explication que personne ne les avait incité à venir participer, et que les horaires de boulot n’aidaient pas dans ce sens, comme rue Léon Séché « On ne m’a jamais sensibilisé là-dessus, ne m’a jamais proposé […] on ne m’a jamais dit que c'était possible, donc je n’ai pas cherché. » Habitant non impliqué, rue Léon Séché, 20 novembre 2021
Ainsi d’un premier abord, l’apport en lien social de l’aménagement de la rue ne semble pas globalement faible, mais dans une ville aussi dense que paris, où le lien social s’est dégradé d’années en années, et en particulier dans l’espace public, il est à relativiser. En effet, la notion d’espace public est fortement corrélé à la présence de sociabilité, comme le définit Isaac Joseph « tour à tour métaphore de la ville comme lieu de rencontre, de la cité comme centre du débat politique, et de la société urbaine comme société démocratique ». C’est donc dans la présence même d’interaction qu’existe l’espace public, et qu’il est possible d’éviter le repli sur soi des riverains.95 Dans le cas de nos rues mixtes, la présence de végétal est alors un réel atout dans la proposition d’une dynamique permettant de créer du lien social. Il crée un sujet commun, sur lequel les riverains peuvent échanger, apprécier ou critiquer et former une sphère commune. L’autre nouveauté qu’apporte ces lieux, est la présence d’un lien social que l’on pourrait qualifier de lien social actif puisqu’il se fait par l’action, la réalisation d’une tâche commune dans la rue, à savoir entretenir et s’occuper de la gestion des espaces verts.
« L’existence et la fréquentation effective des espaces publics dépendent elles-mêmes fortement de la qualité des interactions qui y prennent place : c’est lorsque ces interactions sont marquées par la méfiance ou la pratique déclinante des rituels de civilité, que, petit à petit, chacun se replie sur le monde rassurant de la sociabilité privée. » CUSSET Yves, « Les évolutions du lien social, un état des lieux », Horizons stratégiques, 2006/2 (n° 2), p. 21-36. DOI : 10.3917/hori.002.0021. URL : https://www.cairn.info/revue-horizons-strategiques-2006-2-page21.htm, Paragraphe 48 95
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Les échanges avec les commerçants sur la question du lien social ont été plus mitigés encore, puisqu’il semblerait que le potentiel dynamisme social engendré par cet aménagement soit plutôt durant des horaires où les commerces sont moins susceptible d’être ouverts (le dimanche par exemple). Ainsi, certains commerçants de la rue Gustave Goublier ne savaient même pas si c’était réellement les riverains qui s’occupaient de l’entretien, ou alors que de certaines parties, puisque celui-ci se fait le dimanche, ou en dehors de leurs heures d’ouvertures. Il n’y avait pas réellement de lien fort entre les commerçants et les habitants autour du projet. Pour un des commerçants, la végétation avait même potentiellement l’effet inverse dans les échanges sociaux, avec une tendance à cacher son commerce et donc réduire les contacts avec les riverains qu’il aurait pu avoir par sa vitrine. « Parce qu’il y en a pas mal qui se faisaient [NDLR des évènements de riverains dans la rue] mais on ne les a jamais vu, après le fait qu’il y a ait les plantes et tout ça, ça peut détourner un petit peu l’attention on va dire. Donc on ne remarque pas spécialement le salon, ici pour ceux qui veulent voir mon commerce il vaut mieux miser sur la communication, les réseaux, le digital. » Coiffeur Farmavita, rue Gustave Goublier, 5 novembre 2021 La dernière possibilité de création de lien social passe par l’organisation plus générale d’évènements, qu’ils soient gérés par les riverains eux-mêmes, une association ou bien même la mairie. Dans les rues observées, il a été observé peut d’évènement de ce type, et surtout, aucun réellement lié à la mise en place des espaces verts dans la rue. Pourtant, rue Erard, le collectif engagé, à la fois dans le jardin partagé de la rue, et de l’entretien de quelques pieds d’arbres, organise via un groupe WhatsApp (d’une 30 personnes environ) des petits événements autour des pieds d’arbres et de leur gestion. Ces
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évènements existent donc et sont également décrits par Corinne Coughanowr dans notre entretien comme un des éléments essentiels à la réussite d’un projet de rue végétalisée, qui ne peut fonctionner selon elle sans implication constante des citoyens.
2. Un nouveau type d’interaction, au vivant La nécessité de coexister, et respecter le vivant D’autres liens peuvent se créer avec le vivant, autre que l’Humain, puisque cette nouvelle typologie d’espace public offre des possibilités de connexion au vivant, plus ou moins évidentes par l’arrivée de d’animaux et de végétaux dans la rue. Ceux-ci ont ainsi leur propre occupation de l’espace et ont en quelques sortes leurs propres droits d’usage de l’espace public. Il est d’ailleurs de plus en plus question d’accueillir en ville une multitude d’espèces, et ainsi de cohabiter, de créer une certaine convivance, comme le définit Daniel Moster à propos des relations inter espèces, « Vivre ensemble sur le même territoire, indépendantes affinités qui peuvent exister entre les uns et les autres »96 S’il est alors compliqué pour un architecte-urbaniste de mesurer précisément les interactions entre l’Homme et les différents êtres vivants, il est toutefois possible d’observer une certaine acceptation sur son territoire – car l’Humain s’est approprié le territoire de la ville, un animal qui s’y baladerait est un évènement, en témoigne les nombreux articles de presse, notamment pendant le premier confinement lié au SRAS-Cov-2 – d’espèces considérées auparavant comme nuisibles ou
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BAILLY Emeline, Biodiversité urbaine pour une ville vivante, op.cit.
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dérangeantes, ou au contraire d’espèces bénéfiques. Et cette acceptation, ce lien au vivant se définit par l’implication de certains riverains, habitants ou commerçant à prendre soin des espèces (principalement végétales), d’en ajouter, éventuellement en retirer pour en laisser pousser d’autres ; de s’en occuper. Et la démoralisation exprimée par tous les citoyens impliqués dans les projets, concernant les vols de plantes à répétitions, démontre à la fois un attachement à ces espaces, pourtant dans l’espace public, mais pour lesquels ils passent du temps et de l’argent, et un détachement d’une partie de la population de l’utilité ‘publique’ de ces projets « J'avais fait des ateliers avec des enfants et donc quand ils plantent et qu’après elles sont arrachées et abîmés, ou que ça sert de cendrier géant, effectivement c'est un peu démoralisant » habitant impliqué, Rue Léon Séché, 14 Novembre 2021 Des nuisances et nuisibles à accepter D’un autre côté cette part vivante de l’espace public ne fait pas l’unanimité, et est encore considérée par une partie de la population comme source de nuisances, et n’est donc pas réellement acceptée. La principale nuisance est due à l’augmentation du nombre de chiens venant faire leurs déjections dans la rue. Ainsi, ce n’est pas directement lié aux espèces introduites dans la rue mais une cause induite, car la présence de nombreux végétaux et de zones de pleine terre attire les propriétaires de chiens, si bien que les riverains rue Léon Séché, et notamment les commerçants, s’investissent dans la rue uniquement pour empêcher les chiens de faire leurs besoins devant leurs magasins « Les excréments qui ne sont pas forcément ramassés, les gens pensent vraiment que c'est un espace pour les chiens en liberté. » Habitant non impliqué, Rue Léon Séché, 20 novembre 2021
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« à la limite je vais clôturer [le pied d’arbre devant son magasin] comme ils ont fait les autres à côté [le gérant du restaurant de burger et l’agent immobilier, qui ont clôturé et planté le pied d’arbre communément devant leurs commerces]. » Gérant de la parfumerie, Rue Léon Séché, 20 novembre 2021 C’est également la crainte principale rue Erard, avec le vol de plantes, de voir le futur projet se détériorer à cause des dégradations et les déjections. « Ils vont ramasser [les déjections canines] si c’est sur le trottoir, mais ils ne vont pas ramasser si c’est sur de la terre. » Fleuriste, Rue Erard, 5 novembre 2021 « Y’a des vols de plantes, enfin voilà y’a des comportements d’une petite minorité qui font que c’est dur à entretenir. » Habitant impliqué, rue Erard, 6 novembre 2021
La prolifération de nuisibles dû à la présence massive de végétal n’a pourtant pas été un élément relevé, ni pendant les entretiens, ni lors des différentes analyses sur place. Même lors de questions sur ce thème les riverains n’ont pas énoncé de remarque à ce sujet. Il peut tout de même être utile de signifier la présence d’une vidéo tournée en janvier 2020 montrant la prolifération de rats dans la rue Gustave Goublier par une journaliste résidant dans la rue97. Cependant, rien ne permet d’exprimer une corrélation certaine entre cet évènement et le végétalisation, et le problème est aujourd’hui résolu selon les riverains.
Vidéo réalisée en janvier 2020 par Elise CHASSAING, riveraine rue Gustave Goublier, publiée sur la chaine Youtube de l’association de la rue arrgg, URL : https://www.youtube.com/watch?v=6bdIvpWZz04 97
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Ainsi, ces interactions, à la fois positives et négatives, interhumains et inter-espèces se créent et la rue devient un lieu d’échange et de diversité d’espèces qui cohabitent. La rue retrouve, par l’apport d’un aménagement végétal, en partie sa fonction de lieu de rencontre. Malgré tout, la transformation des rues analysée, et les aménagements proposés peinent à eux seule à réellement mettre en place une dynamique d’interaction citoyenne pérenne et autonome. Il semble que finalement, la majorité des interactions soit induite par l’implication dans l’entretien et la gestion de ces espaces de biodiversité. Se pose alors la question de la cogestion de l’espace public, entre les citoyens et les services de la mairie qui peut en plusieurs point réinterroger l’usage de ces espaces publics.
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B– La cogestion de l’espace public par l’entretien végétal, un catalyseur social
L’implication de tous dans le processus de conception et de gestion de son espace public proche, c’est-à-dire de celui qu’on arpente chaque jour, sa rue, sa place, est un élément essentiel à l’appropriation et la pertinence de ces espaces publics selon de nombreux architectes-urbanistes, à l’instar de Ricardo Bofill selon qui chacun doit participer à créer son cadre de vie. L’intégration du vivant dans l’espace public est ici un levier qui semble ainsi permettre de responsabiliser le citoyen sur le respect de ce qui l’entoure, et à renforcer son intégration à une communauté autour d’un sujet commun comme le développe Patrick henry, qui définit « la végétalisation de la ville comme moteur de la remise au centre de l'habitant dans la fabrique de l'urbain » 98. Se pose alors la question des manières d’impliquer le citoyen à travers ces réaménagements de l’espace public, et des différents leviers qui permettent d’en faire un réel moteur de développement social et non seulement des évènements ponctuels.
Patrick HENRY, L’intranquillité des territoires, Conférence de l’Institut Paris région, 9 février 2021 98
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1. Le vivant pour responsabiliser le citoyen et l’impliquer dans le fonctionnement de son quartier Il est revenu plusieurs fois dans les entretiens une envie des riverains
non
impliqués
de
participer,
mais
le
manque
de
communication, de ne pas savoir à qui s’adresser, que l’on ne leur propose pas directement de le faire a été le principal frein. La mise en place de ces nouvelles formes de participation dans l’espace public semble nécessiter un accompagnement fort, que ce soit de la part de la mairie, dans le cas des rues réalisés par une approche Top Down, ou bien des riverains et associations impliqués dans le cas des approches Bottom Up. D’autres acteurs peuvent également aider à l’information et l’implication des citoyens, et ainsi faire un relais, comme les gardiens d’immeubles ou les bailleurs lors de locations. « J’aimerais
bien
végétalisation]
[participer
mais
c'est
vrai
à
l’entretien
que
la
et
plupart
la des
immeubles ici c'est Paris habitat, et je pense que Paris habitat ne nous implique pas forcément dans cette démarche donc je n’ai pas cherché plus loin. » « Non on ne m’a jamais sensibilisé là-dessus, on ne m’a jamais proposé, ni la gardienne de l'immeuble ni la mairie, je n’ai jamais vu. Je sais qu'il y a pas mal d'endroit, je crois qu'il faut un permis [de végétaliser] mais on ne m’a jamais dit que c'était possible, donc je n’ai pas cherché. » « Ah oui j'aurais aimé [participer], surtout avec mon fils et tout, ouais j'aimerais faire ouais » Séché, 20 Novembre 2021
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Habitant non impliqué, Rue Léon
La part de propriétaires et de locataires pourrait également expliquer une participation plus ou moins, forte, les locataires étant en général moins impliqués dans la gestion des parties communes et des espaces communs, mais les outils utilisés pour cette recherche n’ont pas permis d’établir des conclusions sur ce sujet. Ainsi, dans la rue Léon Séché, réalisé par les services de la mairie, la présence d’initiatives aurait pu selon tous les riverains interrogés aider à impliquer les citoyens, par la mise en place d’évènements organisés, d’explications claires sur les objectifs, des délais, les façons de faire. « Est-ce qu'on leur apprend à faire ou pas [aux habitants] ? non non, rien on met juste un panneau. Est-ce qu'on a expliqué, encouragé les gens ? avec une animation quoi ? non » Gérant de la parfumerie, Rue Léon Séché, 20 Novembre 2021 « Ils [les services de la mairie] auraient pu mettre tous les végétaux ici, et organiser une plantation collective avec tous les habitants de la rue qui voulait se mobiliser, ça aurait pu être une dynamique qui aurait pu [fonctionner] » Habitant impliqué, rue Léon Séché, 14 Novembre 2021
« Mais je pense que ce qui a manqué là, surtout c'est de la communication [de la part de la mairie] pour aller chercher les habitants. » Habitant impliqué, rue Léon Séché, 14 novembre 2021 Au lieu de cela, rue Léon séché, la non-présence d’initiatives aidant à l’implication des citoyens a réduit significativement la portée du projet à une simple requalification paysagère, en misant sur l’intérêt que pourraient potentiellement porter les riverains postérieurement à la réalisation des aménagements, sans les y inclure réellement.
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L’importance d’un éveil de la population aux enjeux de ces projets
est
pourtant
essentiel
pour
permettre
leur
bon
fonctionnement, et ainsi éviter les anciennes pratiques qui ne sont plus en adéquations avec le lieu. Rue Gustave Goublier, certains coiffeurs nettoient encore le trottoir donnant directement dans les végétaux avec des produits toxiques, « Quand je vois qu’ils ne passent pas [les services de nettoyage de la ville] et que ce n’est pas tenable, je passe un coup de javel en attendant. »
Gérant d’un coiffeur, Rue Gustave
Goublier, 5 novembre 2021
Ces mauvaises pratiques, non expliquées, mais pas forcément volontaires, s’ajoutent aux dégradations ‘volontaires’, comme les vols de plantes et les déjections canines qui découragent les citoyens déjà impliqués, et démotive ceux qui souhaiteraient participer. Il y a alors un objectif de responsabilisation du citoyen qui entre en jeu, encore plus important que dans une rue classique car ces incivilités y sont exacerbées, et impactent directement certains citoyens impliqués « Après c’est dur de s’occuper de pieds d’arbres en permis de végétaliser, parce que souvent ils ne sont pas protégés, donc finalement même si vous avez toute la bonne volonté du monde, vous n’avez pas de barrières, donc au final ça va être piétiné, et voilà régulièrement tous les mois il faut faire l’entretien » Habitant impliqué, rue Erard, 6 Novembre 2021 D’un autre côté, l’implication dans la gestion rien que par une petite minorité peut avoir un effet positif sur l’usage général de la rue, et elle donne un but commun aux habitants de la rue s’ils en sont à l’initiative. C’est le cas rue Gustave Goublier, où cela permet de lancer des échanges et réunions sur comment faire au mieux, même si les problèmes sociaux dépassent dans cette rue la simple question de
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végétalisation. Tout de même, l’hypothèse de la surveillance par une présence soutenue des riverains est émise plusieurs fois, comme probable solution pour réduire les dégradations « S’il y avait une présence plus soutenue des habitants peut être
que
ça
serait
respecté
aussi
par
les
autres
effectivement. » Habitant impliqué, rue Léon Séché, 14 novembre 2021 Il n’a toutefois pas été possible de vérifier cette hypothèse au travers des rues étudiées dans la recherche. L’implication autour du végétal et du vivant est alors surtout une nouvelle manière d’occuper l’espace publique, et d’offrir une possibilité aux citoyens de comprendre des enjeux plus globaux sur la façon dont il est possible d’être plus résilient face à des évolutions naturelles de leur environnement, et de participer à l’amélioration constante de leur lieu de vie.
2. Un entretien partagé, une organisation difficile Cette amélioration passe par l’aggradation des sols, comme définie par Céline Mayer et Yannick Ferry, régénération des sols et mot contraire à dégradation99. La mise en place de cet aménagement offre au citoyen la possibilité, pour la première fois dans l’histoire de la rue d’améliorer par lui-même l’espace public en ville, quand sa seule action possible était auparavant de le dégrader (la rue est d’ailleurs l’espace de dépôt des ordures depuis plusieurs siècles100). Ce nouveau droit, droit de faire la ville, de changer l’esthétique d’un morceau de ville, crée
Céline MAYER et Yannick FERRY (Cocottes Urbaines), L'aggradation : La Nature comme remède pour des Villes et Paysages Résilients » Visioconférence Frugalité Heureuse & Créative, 15 Février 2021 100 Une des définitions de la ‘voirie’ est par ailleurs « Lieu où l'on portait les ordures, les immondices, les vidanges, les fumiers et les débris d'animaux. », d’après le CNRTL, URL : https://www.cnrtl.fr/definition/voirie 99
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pourtant un flou sur la question de l’entretien de l’espace public. Auparavant entièrement géré par les services municipaux, il est maintenant divisé entre ces services, des habitants seuls, des commerçants ou des associations de citoyens. L’organisation de ‘Qui entretien quoi ?’ devient alors complexe et même dans les rues ou la gestion est clairement définie, tout le monde n’est pas au courant du fonctionnement de l’entretien. Rue Gustave Goublier, l’entièreté des espaces verts de la rue sont entretenus par les riverains, pourtant les commerçants n’étaient en majorité pas au courant ou du moins qu’en partie que tout était géré par les riverains. « Je pense que c’est plutôt la mairie [qui se charge de l’entretien] » Gérant du salon de coiffure Farmavita, 5 Novembre 2021 / « je crois que c’est les habitants […] Nan personne je pense, je n’ai jamais vu personne. » Employé du salon de coiffure Marty’s coiffure, 5 Novembre 2021
/ « L’association, enfin cette partie-là c’est la
mairie [les espaces de pleine terre], cette partie-là aussi c’est la mairie mais après c’est l’association, les gros pots. » Employée de l’hôtel littéraire, 5 novembre 2021
L’entretien effectué n’est alors plus réellement soumis à des résultats précis, bien que la réalisation du projet d’aménagement rue Goublier par la mairie ait eu pour condition sine qua none l’entretien par les riverains. Il faut alors pour effectuer ce devoir, une gestion qui, rue Gustave Goublier, est assurée et organisée par l’association (Arrgg). D’après le président de l’association, les riverains sont un peu démotivés par le contexte social de la rue, les dégradations ayant lieu principalement la nuit qui ternissent le côté positif et agréable du projet, et ce sont alors toujours les mêmes habitants qui s’impliquent et réalisent les tâches ‘ingrates’
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« Tu mets les tuteurs, tu commences par enlever les préservatifs et les canettes de coca, les sacs McDo, les vêtements jetés dedans. Tu mets tout ça dans un sac poubelle, t’enlève les capsules de bière… Ça t’occupe déjà bien 2h, tu bêche un peu, puis tu remets des tuteurs pour les arbres […] »
Habitant impliqué, Rue Gustave Goublier, Président de
l’association Arrgg, 15 Novembre 2021
D’un autre côté, la présence de l’association permet de maintenir un cadre et de garder une dynamique autour de ce ‘devoir’ de s’occuper de la rue, puisque rue Léon Séché, la dynamique n’a pas pris. Finalement, depuis 2020, les services de la voirie ont repris la gestion de la totalité de la rue101, après seulement 3 permis de végétaliser partiels depuis 2016102. C’est une crainte soulevée rue Erard, par le président du jardin partagé annexe à la rue, selon qui l’entretien de pieds d’arbres par le citoyen n’est pas pérenne, il y a des hauts et des bas, et les gens restent rarement plus de 2-3ans. « C’est difficile de tenir 10ans, parce que bon ce n’est pas un jardin paysagiste non plus, au bout d’un moment bon vous savez fait pousser végétaux, bon bah c’est bien mais ça reste limité quoi. » Habitant impliqué, rue Erard, 6 novembre 2021 Il est vrai que la gestion par un citoyen de son pied d’arbre peut devenir lassant, mais avec la mise en place de projet beaucoup plus globaux de rue-jardin, complet dans la diversité de végétaux proposés (en taille, emprise, forme…), l’objectif devient un réel investissement, une accroche, une appropriation de sa rue par les habitants.
Le café s’occupe tout de même encore des pieds d’arbres sur la place créée en bout de la rue, et le restaurant de burger du pied d’arbre devant son emplacement 102 « 3 permis de végétaliser délivrés : englobant 6 pieds d’arbre en gestion citoyenne dans le cadre du permis et 2 jardinières en bois mise en place par la mairie dans le cadre de " la rue végétale". Ces permis ont été délivrés le 26/06/2016, le 29/09/2016 et le 12/07/2018 » D’après Christine PURON, équipe Pôle ressource Jardinage urbain, Agence d’écologie Urbaine, DEVE 101
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Et l’implication dans l’entretien par les commerçants dans les rues analysés est assez hétérogène, puisqu’il n’y a de leur part aucune volonté de participer rue Gustave Goublier, malgré leur adhésion à l’association de la rue et des tentatives d’intégrations de la part des riverains impliqués. « Une habitante elle m’a dit « est ce que vous pouvez arroser » […] Après j’ai dit bah non c’est l’eau de la serpillère… »
Employée du salon de coiffure Marty’s, Rue Gustave Goublier, 5
Novembre 2021
Au contraire, rue Léon Séché, ce sont les commerces qui aujourd’hui participent le plus activement, puisque les employés du café entretien 3 pieds d’arbres, qu’ils ont eu même choisis et planté pour convenir à l’image du café, et le restaurant de burger, qui a également planté le pied d’arbre devant sa devanture, en collaboration avec l’agence immobilière à côté. Pourtant ces initiatives d’entretien découlent en partie de l’observation d’un manque d’entretien de la part de la mairie, et donc une certaine obligation de leur part d’offrir un espace agréable à leurs clients en terrasse, empêcher les chiens de venir uriner en installant des petites barrières, en plantant des végétaux vivaces…. Leur participation à l’entretien de la rue ne s’est en tout cas pas effectué à partir du lancement du projet, avec des participations aux réunions de concertations mais plutôt par dépits et nécessité d’agir pour leur commerce. Rue Erard, les commerçants interrogés sont favorables à la végétalisation de leur rue, mais la participation à l’entretien est plus mitigée. « Oui s’il faut pourquoi pas. [Q : Ça ne serait pas quelque chose que vous feriez naturellement ?] Non » primeur, Rue Erard, 5 Novembre 2021
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Gérante d’un
Il n’y a alors dans les rues Léon Séché et Gustave Goublier finalement pas réellement de gestion du vivant ‘pour’ le vivant, c’est-à-dire que la mise en place de ces aménagements pilotes de rue ne modifient actuellement pas la motivation générale d’implication des riverains pour prendre soin de leur rue, mis à part des initiatives ponctuelles considérées comme ‘nécessaires’103 . La motivation pour participer à l’entretien semble alors plutôt personnelle dans la majorité des cas pour rencontrer des nouvelles personnes, avoir une occupation - et n’est pour l’instant pas assez coordonnée pour réellement créer une dynamique de groupe et ainsi avoir une gestion pérenne de la rue par les riverains. Cette gestion pérenne passe également par l’implication de
nouvelles
personnes
dans
le
processus,
à
savoir
qu’un
renouvellement et un roulement dans les riverains impliqués semble inévitable.
3. Penser l’implication dans le temps pour éviter le désintéressement Le principal problème énoncé à la fois par Corinne Coughanowr et les différents riverains impliqués dans les rues étudiés durant les entretiens est la baisse de l’implication au fur et à mesure des mois « Quand on essaie de fédérer d'autres personnes, ils viennent une fois, peut-être 2 fois mais après plus » Corinne Coughanowr, 30 Novembre 2021
Cela se comprend puisque les riverains ont également d’autres occupations, parfois déménagent où se désintéressent. Cependant, l’entretien des végétaux, d’espèces vivantes nécessite une implication L’association ARRGG (Association de Riverains de la Rue Gustave Goublier) a pour devoir d’entretenir les espaces verts, les commerçants rue Léon Séché s’en occupent pour assurer une cohérence visuelle de leur commerce, et éviter les dégradations 103
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constante dans le temps, suffisante pour assurer leur survie dans l’espace contraint qu’est la rue. La rue évolue alors en un lieu qui nécessite de la part de tous une attention particulière, sans quoi le dépérissement des espèces végétales transformerait intrinsèquement son esthétique, son ambiance et son fonctionnement biodiversitaire. Il est alors nécessaire de voir un renouvellement des citoyens impliqués 104
C’est d’ailleurs par la présence d’aménagements végétaux, et de l’entretien par quelques riverains de la rue que l’actuel président de l’association Arrgg, rue Gustave Goublier, l’est devenu, en allant participer à l’entretien après son emménagement. Le fait d’avoir des espaces végétaliser à entretenir a donc été moteur dans la dynamique de vie de l’association. Une
problématique
urbaine
du
désintéressement
–
ou
non
intéressement, dès le départ comme rue Léon Séché – dans la gestion de la biodiversité de la rue, réside dans la présence de mobiliers non adéquates aux usages réels de la rue. En effet rue Léon séché, l’aménagement a été pensé pour une implication importante des citoyens, avec des bacs, des espaces dédiés à bonne hauteur pour jardiner. Or cette rue maintenant entretenue par les services de la ville ne répond plus à cet usage. L’aménagement réalisé est ne correspond donc pas puisque l’entretien, beaucoup plus occasionnel et rapide que prévu ne prends plus en compte les divers détails destinés à la diversité possible de jardinage. Les projets actuellement pensés par le service 100Ha sous la direction de Yoann Le Mener prennent pourtant en compte dans la réalisation des aménagement la participation citoyenne dans les cas où elle est définie, comme rue Erard.
Dans le cas où les espaces verts sont gérés et entretenus par les citoyens, ce qui n’est pas toujours le cas, mais fait partie des souhaits de la mairie de Paris, de voir les citoyens s’impliquer, et assumer l’entretien avec les permis de végétaliser 104
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« Sur la rue Erard, on sait qu'on a des parcelles à laisser en gestion aux riverains, on regardera […] quelles sont les zones qu’ils souhaitent avoir en exploitation et puis nous ce qu’on on en pense du point de vue paysager global et en intégrera ça au projet comme ça oui bien sûr… »
Yoann Le Mener, Directeur
du service 100 Ha de la DEVE, 22 Novembre 2021
L’aménagement de l’espace public, pensé en collaboration avec les riverains implique donc la mise en place d’un mobilier public différent en fonction du choix d’implication des riverains à l’instant t. Et comme vu précédemment, en cas de de non-implication ou désintéressement avec le temps, ces mobiliers deviennent désuets. Outre le mobilier et les aménagements minéraux qui peuvent ne pas convenir aux usages réels de l’espace public, le manque d’entretien peut également amener le développement de végétaux, d’espèces vivantes considérés comme indésirables en ville par une partie de la population. 4. Apprendre à laisser la biodiversité s’autogérer dans l’espace public La notion d’indésirable est pourtant relative puisque la tendance à Paris est tout de même de laisser la végétation s’exprimer105. Il y a une différence entre laisser un semblant de développement à la nature, et ne pas la maitriser du tout « La nature qui s'implante par elle-même et qu'on laisse aller sans la maîtriser, je ne suis pas tout à fait certain qu'on soit dans cette dynamique-là »
Yoann Le Mener, Directeur du service
100Ha, DEVE, 22 Novembre 2021
Par différents biais, en interdisant les pesticides, avec la gestion différenciée (approche raisonnée de la gestion des espaces verts), la mise en place des plans biodiversité 105
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Avec l’apparition d’aménagement végétal dans l’espace public, en plus d’une partie de la gestion laissée au citoyen, l’autogestion de la biodiversité implique de nouvelles façons d’aborder la rue. Bien que non définie clairement comme une volonté politique, l’autogestion est bien présente dans l’espace public notamment dans les rues analysées. Rue Léon Séché, l’entretien peu cadré des espaces verts par les services de la ville permet l’apparition d’espèces diverses, non plantés en premier abord, une flore diversifiée c’est-à-dire plus de biodiversité. Cette gestion très souple qui s’explique à la fois par le manque de dialogue entre les citoyens impliqués et les services de la mairie, « Mais rapidement des difficultés sont apparues, nous n’avions qu’un seul habitant comme contact. Et au fil des mois, des années nous avons récupéré en gestion les bacs. » Thierry Dodard, responsable de l’entretien de la rue Léon Séché, DEVE, Ville de Paris (Echange mail)
Ces nouvelles typologies de rue impliquent également la nécessité d’échange rapproché entre les différentes directions de la ville, Espaces verts, Voirie, Propreté pour mener à bien l’entretien des zones de la rue, chacune étant gérée par une direction et des services différents. Ainsi l’autogestion apporte dans l’espace public qu’est la rue une nouvelle forme d’évolution de l’urbain, permettant l’apparition d’éléments non définis par l’Homme, évoluant sous d’autres critères que politiques, fonctionnels ou esthétiques, mais simplement naturels.
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C– Entre forme et fonction, des usages induits par l’aménagement
La manière dont la rue est utilisée évolue également dans le sens d’une certaine privatisation de l’espace public, puisque ces aménagements mixtes offrent une opportunité au citoyen, à l’habitant ou au commerçant de s’approprier une part de l’espace public. On observe alors une individualisation de ‘parcelles’ de l’espace public106 qui se caractérise par l’octroi du permis de végétaliser, une autorisation d’occuper personnellement l’espace public pendant une durée précise. Dans le cas des rues-jardins, ce phénomène peut représenter une part importante dans l’emprise de la rue. Et ces espaces végétalisés représentent également un nouveau type d’obstacle dans l’espace public, qui en remplaçant les voitures garées vient réoccuper cette emprise par une barrière non franchissable.
A. de BIASE, C. MARELLI, O. ZAZA, Embellir la rue, La beauté d’une ville, Pavillon de l’Arsenal, 2021, P.248 106
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1. Une appropriation et individualisation de l’espace public par les riverains La privatisation de l’espace public, très abordé pendant la pandémie du SRAS Cov19 avec l’apparition des nombreuses terrasses éphémères à Paris et dans les grandes métropoles, est dans notre cas d’étude beaucoup plus subtil et discret. Elle interroge pourtant la manière dont l’espace public est aujourd’hui occupé dans ces rues jardins, en permettant a quiconque le souhaitant d’occuper cet espace ‘Public’. Étrangement le droit de végétaliser l'espace public, plutôt que de favoriser la mixité et le partage de l'espace public peut rapidement permettre à des individus de s'approprier un morceau de sol, d'y mettre des barrières et de le cultiver par eux même. Plusieurs études montrent qu'un pied d'arbre végétalisé peut impliquer de nombreux acteurs107, privé par sa fonction de culture, gérée par une poignée d’individus précis. D’un autre côté, ces aménagements possiblement appropriables sans réelles contraintes108, et la nouvelle configuration de la rue offre des « possibilités d’usages plus libre, moins soumis aux codes sociaux et aux normes qui régissent l’espace public »109. Les rues étudiées
reflètent
ces
usages
plus
libres,
notamment
dans
l’appropriation des lieux la nuit par les jeunes, rue Léon Séché, ou par les dealers sur Gustave Goublier. L’appropriation réelle des espaces plantés en tant que jardin est moins observable dans les cas d’études du côté des habitants, où même rue Gustave Goublier l’association permet l’implication de tous et le peu de riverains impliqués rend difficile l’observation de ce phénomène.
Ibid. Mis à part des contraintes d’emprise pour laisser des espaces de circulation et des contraintes de choix globaux de végétaux régionaux 109 Emeline BAILLY, Biodiversité urbaine pour une ville vivante, op.cit. 107
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Végétalisation d’un pied d’arbre et mise en place d’une barrière autour par le gérant du restaurant de burger, pour empêcher les déjections canines et le piétinement ©Photographies personnelles
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Toutefois Michel Desvignes explique qu’il est également nécessaire
de
opportuniste »
faire des
« attention espaces
de
à
l’exploitation
biodiversité
commerciale
urbaine110,
qu’un
commerçant pourrait effectuer pour annexer une part de l’espace public, et c’est, dans une moindre mesure ce qu’il se passe rue Léon Séché. Cette annexion d’une partie de l’espace public, comme pour les terrasses, peut ici s’expliquer par une nécessité de rendre leur commerce visible et attractif – c’est le cas du café rue Léon Séché – empêcher un maximum les chiens de faire leurs besoins et la dépose de déchets devant leur commerce en occupant l’espace – dans le cas du restaurant de burger et de l’agence immobilière.
2. Une nouvelle forme d’obstacle, végétalisé et évolutif Outre la privatisation par le citoyen, il est possible de qualifier d’une certaine privatisation par le vivant d’une partie de l’espace publique. La rue n’est plus ‘aseptisée ‘ elle évolue, elle bouge, les végétaux occupent de l’espace, ils grandissent, s’étoffent, et des obstacles apparaissent. Ainsi l’emprise des parkings pour voitures, est maintenant occupé par des plantes, avec le même rôle de barrière infranchissable sur la voie publique. Finalement l’espace n’est pas rendu au piéton mais remplacé en partie par les végétaux et le mobilier attenant. Le bac végétal ou le parterre planté est un obstacle, et devient, à son échelle, une fracture de l’espace public. Ces aménagements végétaux ont pu représenter 3 types d’obstacles majeurs dans les rues étudiées, que ce soit un obstacle visuel, cachant
DESVIGNES Michel, Conférence Secrets de Fabrique, 20 avril 2021, ENSA Paris Val de Seine
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Végétalisation en front de commerces, ayant pris en volume par rapport au projet initial et impactant la visibilité de ceux-ci ©Photographies personnelles
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les vitrines des commerces – dans le cas de la rue Gustave Goublier, selon le gérant d’un salon de coiffure – ou bien obstacle physique dans le cas d’un déménagement par exemple, où le foisonnement végétal réduit la facilité d’accès aux appartements, d’après le président de l’association Arrgg. D’un autre côté, l’obstacle peut également se définir plus subtilement par la présence d’éléments saillants sur la chaussée. Lors d’un entretien rue Léon Séché, une petite fille passant en trottinette avec sa mère se prend la roue dans les pavés végétalisés, et tombe au sol. Sa mère l’aide à se relever et lui dit « Ce n’est pas très très pratique sur les pavés ça c’est sûr ». Les aménagements ne sont plus seulement destinés à l’homme, comme ce fut le cas les décennies précédentes, mais également au reste du vivant. L’accessibilité, qui est sensée être régie par des règles précises111, est donc ici soumise aux aléas du vivant dans le cas d’un entretien un peu négligé, qui pourrait amener un débat citoyen compliqué sur les priorités dans l’aménagement de l’espace public. Il est en effet indéniable que la manière dont l’Humain utilise l’espace public doit être au centre de la réflexion des aménagements, mais Philippe Clergeau exprime clairement que « La biodiversité ne doit pas être seulement un accessoire indispensable à l’urbanisme comme l’éclairage public par ex mais un véritable élément de planification au même titre que la mobilité »112 Penser le vivant dans la rue Parisienne, pour offrir une meilleure résilience de cet espace public et le faire basculer dans une nouvelle forme de réflexion urbaine, la réflexion écosystémique.
L’accessibilité de la voirie et des espaces publics, URL : https://www.ecologie.gouv.fr/laccessibilite-voirie-et-des-espaces-publics 111
112
Philippe CLERGEAU, La ville biodiversitaire ! Revue Openfield, 10 Février 2016, URL : https://www.revue-openfield.net/2016/02/10/la-ville-biodiversitaire/
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CONCLUSION
Le travail de recherche a eu ici pour objectif de comprendre l’impact de l’intégration de biodiversité dans les usages et les perceptions de la rue parisienne à travers l’analyse de différentes rues pilotes
aménagées
dans
cet
objectif.
Actuellement
en
fort
développement à Paris, ce type de rue mixte Voirie/jardin interroge la définition même de la rue, et plusieurs conclusions peuvent être tirées de la recherche et de l’analyse menée, sur son évolution.
Avec la compréhension des jeux d’acteurs autour de ces projets de réaménagement de l’espace public, et en particulier les petites rues parisiennes, l’étude a pointé l’importance de la méthode de production de l’urbain (cf. Chapitre 1 p.27). Suivant l’implication ou non des citoyens dans le projet de départ, on observe une différence d’usages sur le temps long. La pérennité de l’implication du citoyen dans ces espaces publics pensés pour créer du lien social, passe alors par l’organisation d’un groupe moteur, d’une association pour fédérer – comme c’est le cas rue Gustave Goublier – autour de la gestion de la rue. Rue Léon Séché, la non-intégration aux réflexions durant la mise en place du projet est un des éléments ayant mené au peu
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de la ville résume par ailleurs l’échec vis-à-vis de la volonté politique d’impliquer le riverain, sans l’aider dans la démarche. D’un autre côté, le service de la ville en charge des projets de végétalisation de rue – Service 100 Ha – intègre dans ses projets des espaces participatifs de végétalisation uniquement dans le cas où des citoyens seraient déjà moteurs, organisés, ou volontaires pour participer. Les projets sont alors adaptés à une volonté de participation dans la gestion de l’espace public (cf. Chapitre 1 p.30). Ce fonctionnement implique une attention forte nécessaire de la part des services d’entretien de la ville, pour être en capacité de reprendre cet entretien d’espaces verts possiblement délaissé par le citoyen – nous avons vu qu’il est rare que les citoyens soient personnellement impliqués plus de 2-3ans, sauf dans le cas d’une association. L’aménagement de cette nouvelle typologie de rue n’est pourtant pas uniquement destiné à créer du lien social. Sur des questions de perception, on observe un changement de paradigme. La mise en place de ces aménagements végétaux permet d’offrir à l’espace public une multitude de visages, car il évolue sur le temps long (cf. Chapitre 2 p.65), et de nombreux acteurs peuvent prendre la charge de son évolution (les services de la ville, les citoyens, la biodiversité ellemême). L’esthétique devient un aspect encore plus prégnant et visible que dans une rue classique, et la manière dont la végétation est entretenue – avec plus ou moins de latitude laissée au développement naturel des végétaux – impacte fortement le sentiment de propreté et de beauté de l’espace public pour les citoyens (cf. Chapitre 2 p.48-54). -
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EVOLUTION DES PERCEPTIONS
IMPACT DE L’APPROCHE DE PRODUCTION DE L’URBAIN
d’implication sur place. La reprise de la gestion de la rue par les services
EVOLUTION DES USAGES
Concernant les usages de la rue, on observe une évolution dans le sens d’une réappropriation de l’espace public pour divers motifs. Embellir l’espace de sa rue, c’est un élément peu démontré dans les rues analysées, concernant les citoyens, mais que l’on retrouve tout de même chez les commerçants, avec une volonté de donner une valeur ajoutée à leur commerce en annexant matériellement l’espace public (cf. Chapitre 3 p.89-91), par l’occupation des pieds d’arbres, la mise en place d’une végétation spécifique et de barrières de protection. Contraindre certains usages, principalement concernant l’automobile, pour réduire son emprise et améniser la rue (cf. Chapitre 2 p.61-64). La mise en place des aménagements végétaux et la création d’une rue plus calme a également permis rue Gustave Goublier de supprimer – ou drastiquement réduire – le problème de prostitution de rue. Permettre de nouvelles interactions, par le jardinage et l’entretien de la rue, entre riverains et entre commerçants, et à moindre échelle entre le citoyen et le reste du vivant (cf. Chapitre 3 p.76-80). Cependant ces aménagements représentent également un nouvel obstacle dans l’espace public, permettant un type de ‘privatisation’ de l’espace public, par l’habitant et le commerçant qui s’approprient une zone de l’espace public donnée (cf. Chapitre 3 p.89). De plus, en remplaçant l’obstacle qu’était auparavant l’automobile – masse immobile garée – par des massifs de même taille, toujours aussi infranchissables, le risque d’impact négatif sur les commerces et les riverains est important (comme c’est le cas rue Gustave Goublier) (cf. Chapitre 3 p.91-93). De nombreux facteurs entrent alors en compte dans le positionnement des espaces végétalisés. Le travail de recherche a également pu mettre en évidence le fort impact que pouvait avoir le contexte social du quartier sur ces projet et donc sur l’évolution de la rue. Rue Gustave Goublier, il a pu être observé que les aménagements végétaux pouvaient résoudre une
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prostitution – mais en exacerber d’autres – Lieu de vente de drogue, dégradations – par la mise en place de mobiliers non adéquats, non justifiés et permettant des usages non anticipés. Ainsi ce mémoire met en exergue un changement dans la manière de concevoir la rue parisienne, une nouvelle façon de réaménager l’espace public, mais également de le voir, le ressentir, et l’utiliser, qui tend à se développer de manière importante au cours des prochaines années, et qui nécessite de changer notre rapport au vivant pour mieux l’accueillir et cohabiter avec lui. La mise en place de ces aménagements biodiversitaire est une formidable opportunité d’améniser la rue en ville dense, en offrant au citoyen la possibilité d’être acteur de la gestion de l’espace public et de pouvoir y apporter sa vision. La manière de penser l’espace public, pour le citoyen, comme réel lieu de vie et non plus comme l’espace résultant de bâtiments et d’une voirie permet aujourd’hui de redéfinir l’importance du non bâti dans la conception urbaine113. Et l’intégration d’un non bâti vivant dans l’espace public implique de nouveaux droits et de nouveaux devoirs, nécessitant une responsabilisation de tous afin de permettre une cohabitation.
Ce travail a permis de comprendre le positionnement des différents acteurs (services de la ville, citoyens, associations) dans ce nouvel élément de la fabrique de la ville. Cependant, il est utile de noter ici les limites du travail effectué, qui découle du peu de rues aujourd’hui
"Le non bâti doit avoir une place aussi importante que le bâti dans la conception urbaine" Philippe CLERGEAU, 2020, URL : https://lumieresdelaville.net/philippe-clergeau-importancenon-bati-conception-urbaine/ 113
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APPORTS ET LIMITES DE LA RECHERHCE
partie des problématiques présentes auparavant – Stationnement,
FUTURS PROLONGEMENTS
réalisée dans le cadre des rues végétales, réduisant ainsi les possibilités de comparaison et la diversité des cas d’études. L’utilisation d’un cas d’étude de rue non aménagée, la rue Erard, n’a pas permis d’apporter tous les éléments souhaités sur les aprioris vis-à-vis d’un futur projet d’aménagement végétal. Cela est en parti dû à la temporalité de la recherche par rapport au projet de la rue Erard, dont l’esquisse n’était pas commencée au moment de la recherche114. Il a alors été compliqué de ressortir des éléments pertinents de riverains n’ayant aucune idée de comment pouvait se traduire physique le projet, et répondant alors à côté aux questions. Certains éléments ont toutefois permis de mettre en relation aprioris et vécus et ainsi de comparer les cas d’études. La situation sociale de la rue Gustave Goublier a également pu compliquer par moment la recherche, poussant les riverains interrogés à divaguer sur ces problématiques qui éclipsent l’unique sujet de la biodiversité urbaine et des aménagements végétaux. Il a toutefois été possible avec les témoignages recueillis, et par la mise en lien avec les ouvrages prospectifs sur le sujet de valider ou invalider les hypothèses évoquées dans ce mémoire.
Il serait possible de prolonger la recherche en s’intéressant à une rue ou plusieurs, qui ne serait pas encore aménagée dans le cadre d’une végétalisation et d’une débitumisation, mais en projet, comme la rue Erard, et l’analyser sur le temps long. Ainsi il serait possible de recueillir les témoignages des différents acteurs, services de la mairie, mairie d’arrondissement, riverains, commerçants, agents d’entretien, à différentes temporalités du projet - avant-projet, pendant, à la fin des travaux, un an après – et ainsi pouvoir s’approcher encore plus de la réelle évolution ressentie et vécue par ces. A contrario de la recherche actuelle, qui a permis de comparer des méthodes de production de
C’était pourtant le seul projet ayant des riverains impliqués dans le futur projet selon le directeur du service 100Ha, mais la mise en place récente du service – quelques mois – a fait que ce projet n’était pas assez avancé. 114
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l’urbain, suivant si le citoyen y était impliqué, cette recherche pourrait offrir de nouvelles perspectives quant aux usages non anticipés, par l’usage d’une méthodologie d’observation sur le temps long.
L’intégration de biodiversité dans la rue Parisienne par la mise en place d’aménagements spécifiques de rues-jardins est une opportunité qui va, si elle s’amplifie et se développe suffisamment115, considérablement modifier la façon dont l’espace public de proximité est utilisé et perçu. En offrant une diversité d’usages (de la voirie permettant un flux intermodal, à l’espace de promenade, en passant par un espace de jardinage – de reconnexion à la terre), ces lieux appropriables par tous seront plus résilients face aux enjeux urbains actuels, de connexion sociale et biodiversitaire. Le développement d’une esthétique non plus seulement centrée sur le minéral, mais prenant en compte tous les éléments qu’offrent la biodiversité en termes de paysage, permet d’envisager la production d’un urbain écosystémique et non plus anthropocentré.
Les financements et les objectifs politiques étant fixés, cette hypothèse est extrêmement probable 115
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116
116
« On aurait tort de ne pas comprendre parmi les Paysages qui doivent être respectés, préservés et sauvegardés, ceux que la ville forme et où le travail de la Nature et celui de l'Homme se sont, à travers les siècles, étroitement mêlés, pour engendrer des merveilles. » 116
Georges DE MONTENACH, Le Paysage et la ville, in Congrès international pour la protection
des paysages, Paris, Société pour la protection des paysages de France, 1910, URL : https://topophile.net/savoir/paysages-urbains-ou-les-servitudes-debeaute/?utm_source=mailpoet&utm_medium=email&utm_campaign=lt41
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117
Marianne Williamson Il est beaucoup plus subtil mais efficace de créer le monde que l’on veut que de détruire celui que l’on ne veut pas
Cette
citation
d’une
autrice
américaine, reprise par le mouvement des Transitions
Towns
représente
pour
– moi
villes
en
l’essence
transition même
– de
l’architecture et de l’urbanisme, considérant que ces domaines nous offrent la possibilité d’agir, essayer, construire, améliorer, réutiliser, pour tenter de créer un monde qui nous convient. Ce mémoire tente ici de montrer les initiatives prises par tous les acteurs de l’espace public parisien, pour l’améliorer, à leur échelle. Certes, certaines de ces initiatives n’ont pas fonctionné comme souhaité, mais elles ont eu le DE L’URBAIN ANTHROPOCENTRÉ À L’URBAIN ÉCOSYSTEMIQUE : et leur documentation ici mérite d’être testées, | 133 QUELLE ÉVOLUTION DE LA RUE À PARIS ? permettra je l’espère d’aider à créer ce monde.
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DE L’URBAIN ANTHROPOCENTRÉ À L’URBAIN ÉCOSYSTEMIQUE : QUELLE ÉVOLUTION DE LA RUE À PARIS ?
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EXPOSITIONS CHIAMBARETTA Philippe, PCQ-STREAM, « Champs Elysées, Histoire & Perspectives », Exposition au Pavillon de l’arsenal, Du 14 Février au 10 mai 2020 RAHM Philippe, Histoire Naturelle de L’Architecture », Exposition, Pavillon de l’Arsenal, Du 24 Octobre 2020 au 11 Avril 2021 « Site Tour Eiffel », Exposition des lauréats au Pavillon de l’arsenal, Du 22 Mai au 30 Juin 2019 « Maine Montparnasse », Exposition des lauréats au Pavillon de l’arsenal, Du 11 Juillet au 1 septembre 2019 « Les Parisculteurs », Exposition au pavillon de l’Arsenal, 4 novembre 2016 au dimanche 26 février 2017 http://www.parisculteurs.paris/ « La ville fertile, Vers une nature urbaine », Cité de l’architecture et du patrimoine, 23mars au 24 juillet 2011, URL : https://www.citedelarchitecture.fr/fr/pub lication/la-ville-fertile WEIL Gad, Biodiversiterre, Expositions annuelles dans Paris depuis 2016, URL : https://www.biodiversiterre.com/ PODCAST - CONFERENCES ATELIER 3 « Désartificialiser et renaturer les villes : un potentiel immense » Conférence de l’institut Paris Region, 1 Avril 2020, URL : http://www.institutparisregion.fr/environ nement/zero-artificialisation-nette-enile-de-france/desartificialiser-etrenaturer-les-villes-un-potentielimmense.html DEVILLE Damien, « L’écologie relationnelle : la voix de la diversité », Conférence TedXDijon, 20 décembre 2018, URL : http://www.damiendeville.eu/
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GARDETTE Hervé, « La nature est-elle faite pour vivre en ville ? », La Transition, France Culture, 10 Avril 2020, URL : https://www.franceculture.fr/emissions/l a-transition/la-nature-est-elle-faite-pourvivre-en-ville HENRY Patrick, L’intranquillité des territoires, Conférence de l’Institut Paris région, 9 Février 2021 LUNEAU Aurélie, GARRIC Audrey, « Ville Végétale, ville animale », De cause à effets, le magazine de l’environnement, France Culture, 14/03/2020, FAVRE Tao, GILLON Gaël, Bienvenue dans l’anthropocène, Documentaire France culture, (4 épisodes), Janvier 2019. [Invités : Antoine Lagneau (chargé de projet à l’Agence régionale de la biodiversité en île de France, spécialiste en agriculture urbaine), Dominique Bourg (philosophe), Gilles Bœuf (écologue, ancien président du Muséum national d'histoire naturelle ( MNHN ) ),Marc Barra (écologue à l’Agence régionale de la biodiversité en île de France), Nathalie Blanc (sociologue au CNRS), Philippe Clergeau (écologue au Muséum national d'histoire naturelle ( MNHN ) ), Thierry Paquot (philosophe)] MAYER Céline et FERRY Yannick (Cocottes Urbaines), L'aggradation : La Nature comme remède pour des Villes et Paysages Résilients » Visioconférence Frugalité Heureuse & Créative, 15 Février 2021 MUSEUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE, « Pour que nature vive », Série de 12 Podcasts, Avril à Mai 2020, URL : https://www.mnhn.fr/fr/explorez/podcast s/pour-que-nature-vive CLERGEAU Philippe, Conférence « Urbanisme et biodiversité », Espace des Sciences de Rennes, 4 décembre 2018 URL : https://www.espacesciences.org/conferences/urbanisme-etbiodiversite
DESCOLA Philippe, Penser la nature à l’heure de l’Anthropocène, Cycle de conférence au MuCem de Marseille, 18 Mai 2017, URL : https://www.youtube.com/watch?v=6l9B fm6rEOc DESCOLA Philippe, « Humain, trop humain », Collège de France, 5 novembre 2015, URL : https://www.youtube.com/watch?v=yY_ mVVtkQi4 DESCOLA Philippe « La nature, ça n’existe pas », Reporterre, 1 février 2020
https://soundcloud.com/radiogroundco ntrol/4-philippe-descola-la-nature-canexiste-pas DESVIGNES Michel, Conférence du 20 Avril 2021 en visioconférence, ENSA Paris Val de Seine TAKACS Paul-Robert, Diagnostic de la trame verte et bleue à Paris, Agence d’écologie Urbaine, Ville de Paris, Conférence 2015, URL : https://www.dailymotion.com/video/x3sa z1c iodiversite-urbaine-quelle-biodiversiteobservee-et-quelle-biodiversite-percuesur-les-espaces-verts-et-les-espacesmarginaux.pdf
THESES - MEMOIRES - TRAVAUX D’ETUDIANTS GEOFFROY David, Biodiversité urbaine : quelle biodiversité observée et quelle biodiversité perçue sur les espaces verts et les espaces marginaux ? URL : https://www.researchgate.net/profile/Da vidGeoffroy/publication/332320375_Biodive rsite_urbaine_quelle_biodiversite_observ ee_et_quelle_biodiversite_percue_sur_le s_espaces_verts_et_les_espaces_margin aux/links/5cadb5b0299bf193bc2db8ed/B
LOUP HADAMARD Manon, PONTOIRE Anna, THOMANN Evelyne, Comment faire d’un quartier urbain dense et historique, un milieu plus favorable à la biodiversité ? Muséum d’histoire naturelle et AgroParisTech, 2019 BORNOZ DARCES Héloïse, Biodiversité et chantier, Construire sur un monde vivant, Mémoire ENSA Malaquais, 2018 SOSOLIC Victoria, Comment intégrer les "non-humains" au projet d'édifice ? : Redéfinir le sens d'une architecture écologique au regard des politiques de la nature de Bruno Latour, MES 2768, 2016
HENRY Alexandre, Aménagement des éco–quartiers et de la biodiversité. Architecture, aménagement de l’espace. Thèse, AgroParisTech, 2012. Français. NNT : 2012AGPT0091. pastel00910820 LE BOT Jean Michel, L’association du public aux projets de trames vertes urbaines Quelles perceptions de la biodiversité par les habitants ? https://pascalfrancis.inist.fr/vibad/index.php?action=g etRecordDetail&idt=25557038 HABRE Maria, Le Végétal Un outil de réappropriation collective de l'espace urbain parisien, MES 2560, 2016 THOMAZO Chloé, Quels processus pour la réintroduction de la nature en ville ? : De l'imaginaire collectif au réel administratif, MES 2417, 2015 TCHERNATINSKY Loïc, l’évolution des aménagements de l’espace public par l’exemple des berges de seine Parisiennes, Rapport de licence, ENSPAVS, 2019 https://issuu.com/loic.tchernatinsky/docs /tchernatinskyloic.rdl_rendu_final )
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INDEX
Aggradation des sols, ...................................................................................................................................................................................................84 Ambiance, ..................................................................................................................................................................................................... 59 Amène Voir améniser Améniser, ....................................................................................................................................................................................................... 61 Autogestion, ................................................................................................................................................................................................ 88 Bottom Up, .................................................................................................................................................................................................. 27 Cogestion Voir gestion Cohabiter, ...................................................................................................................................................................................................... 78 Esthétique, ...................................................................................................................................................................................................48 Gestion, ............................................................................................................................................................................................................ 81 Individualisation, ..................................................................................................................................................................................... 89 Interaction, .......................................................................................................................................................................................... 79, 80 Interactions, ................................................................................................................................................................................................. 76 Lien social, ............................................................................................................................................................................................. 76, 77 Obstacle, ......................................................................................................................................................................................................... 91 Participation, ....................................................................................................................................................................................... 81, 87 Paysage modulaire, ............................................................................................................................................................................... 65 Privatisation, ........................................................................................................................................................................................ 89, 91 Résilience locale, ...................................................................................................................................................................................... 27 Temporalité, ........................................................................................................................................................................................59, 60 Temps long, ................................................................................................................................................................................................. 65 Top Down, ..................................................................................................................................................................................................... 27 Typologie mixte, .......................................................................................................................................................................................48
Noms propres ADEME, ……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………… 10 APUR, ………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………10, 23, 24, 62 BAILLY Emeline, ..….…………………………………………………………………………………………………………………………………………………11, 79 CEREMA, .…………………………………………………………………………………………………………………………………… …….…………………………10, 44 CLERGEAU Philippe, …………………………………………………………………………………………………………………………………18, 19, 35, 96 COUGHANOWR Corine, ……………...……………………………………………………………………… 12, 15, 30, 31, 32, 33, 74, 82, 90 DESCOLA Philippe, ……………………………………………………………………………………………………………………………………………………… 19 GILSOUL Nicolas, …………………………………………………………………………………………………………………………………………………………… 71 HOPKINS Rob, ……………………………………………………………………………………………………………………………………..………………………… 30 LE MENER Yoann, ……………………………………………………………………………………………………………………………… 12, 30, 32, 59, 91 PAQUOT Thierry, …………………………………………………………………………………………………………………………………..………… 64, 68, 91
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SOMMAIRE DES ANNEXES
Déroulé général du mémoire
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Questionnaire d’entretien citoyens
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Détail des entretiens (temps, date, situation…)
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Entretiens des citoyens
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Entretien de Yoann le Mener, directeur du service 100Ha, DEVE et questionnaire d’entretien
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Entretien de Corinne Coughanowr, Co-fondatrice de Paris15 en Transition, traductrice de Rob Hopkins, autrice à l’institut Momentum , et
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questionnaire d’entretien Lexique/Définitions
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Liste des personnes contactés dans le cadre de la recherche
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THEME L’ESPACE PUBLIC L’évolution et la transformation de la Rue
SUJET Intégration du vivant (végétal et animal), de la biodiversité dans la Rue parisienne par l’aménagement urbain
PROBLEMATIQUES Différentes manières de produire et d’intégrer le vivant dans la ville, en partant des habitants (Bottom Up) ou directement par les services de la ville (Top Down). Ces nouvelles façons de faire l’urbain, et l’intégration de biodiversité dans l’espace public semblent créer de nouvelles esthétiques, ambiances, interactions et implications de la rue.
QUESTION L’intégration de la biodiversité urbaine/ du vivant en ville (à choisir) modifie-t-il les usages et les perceptions de la rue parisienne, et les méthodes de production de l’urbain influencent elles ces évolutions ?
DEVELOPPEMENT
I. II. III.
Les méthodes de production de la biodiversification de la rue (Bottom Up ou Top down) et leurs implications à Paris (Entretiens et présentation des cas d’études) Les évolutions de perception de la rue biodiverse (Comment les riverains [Habitants et commerçants] la voient, la ressentent) (Entretiens des riverains) Les évolutions d’usage de la rue biodiverse (Comment les riverains [Habitants et commerçants] l’utilisent, interagissent entre eux, l’entretiennent) (Entretiens des riverains)
CORPUS Approche déductive Littérature, podcasts, conférences diverses (Cf bibliographie + Document Corpus) + I. Méthodes de production de la végétalisation de la rue : Entretien avec le service en charge des projets la débitumisation et la végétalisation de 100ha a Paris pendant la mandature 2020 : Yoann Le mener : Méthode de production TOP DOWN Entretient avec la fondatrice du mouvement Paris15enTransition, autrice à l’institut Momentum, impliquée dans le mouvement des villes en transition, Corinne Coughanowr traductrice de Rob Hopkins : Méthode de production BOTTOM UP
II et III. Comparatif de rues parisiennes Entretien avec les riverains (Habitants et commerçants) et comparaison des aprioris et des vécus • •
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• RUE LEON SECHE (2016, TOP DOWN) RUE GUSTAVE GOUBLIER (2018, BOTTOM UP) RUE ERARD (NON REALISE, BOTTOM UP)
QUESTIONNAIRE ENTRETIENS Notes : Pour la majorité des questions ma dénomination « projet de transformation » ou « transformation » est délibérément utilisé pour éviter d’aiguiller les réponses avec l’utilisation de « biodiversité urbaine », « nature en ville », « rue végétale » ou « vivant dans l’espace public ». Ces questions nombreuses sont dans le cas d’un entretien ou l’interrogé serait peut expressif. Dans d’autres cas, des questions globales pourront suffire pour extraire les données voulues. L’ordre des questions est défini de manière à ne pas donner d’information sur le sujet précis dans les premières questions, afin de ne pas influencer les réponses. Ainsi plusieurs questions sur le quartier et la rue en général ont toujours été posées en premier pour définir un cadre très large de réponse. Par la suite, les questions plus précises ont pu rediriger certains entretiens qui s’éloignaient trop du sujet recherché. H = Habitant, C = Commerçant / LS = Rue Léon Séché, GG = Rue Gustave Goublier, E = Rue Erard
GLOBAL 1. 2. 3. 4. 5. 6.
[H et C]/ [LS , GG et E] Depuis combien de temps êtes-vous dans le quartier, quel métier faites-vous, où habitez-vous exactement (situation dans la rue)? [H et C]/ [LS , GG et E] Est-ce que vous pouvez me présenter en quelques mots votre quartier ? 5-10 mots pour le définir [H et C] / [LS , GG et E] Votre rue ? 5-10mots pour la définir [H et C] / [LS , GG ] A quelle image, quel moment pensez-vous quand vous vous imaginez votre rue ? [H et C] / [LS , GG ] Qu’est-ce que vous pouvez me dire sur sa transformation ? [H et C] / [LS , GG ] A quel moment avez-vous été au courant du projet de végétalisation et débitumisation ? / Avez-vous participé au projet de conception ? pourquoi ? si non auriez-vous aimé que l’on vous propose d’être impliqué ?
PERCEPTION 7. [H et C] / [LS , GG ] Est-ce que le projet est réussi selon vous ? 8. [H et C] / [LS , GG ] Qu’est-ce qu’il a apporté en positif et en négatif ? 9. [H et C] / [LS , GG ] Etes-vous « fière » de votre rue et de ce qu’elle représente ? 10. [H et C] / [LS , GG ] Par rapport à avant la transformation, trouvez-vous la rue plus belle/Esthétique ? 11. [H et C] / [LS , GG ] Avez-vous vu une évolution depuis la mise en place du projet ?
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USAGES 1. [H et C] / [LS , GG ] Est-ce que ça a changé certaines de vos habitudes ? 2. [H et C] / [LS , GG ] Est-ce que cette transformation a engendré une évolution dans vos liens de voisinage ? 3. [H et C] / [LS , GG ] Est-ce que cette transformation a engendré une évolution dans votre rapport au vivant? 4. [H et C] / [LS , GG ] Qui s’occupe de l’entretien ? Si riverains, comment ça s’organise, sinon pourquoi pas vous ? 5. [H et C] / [LS , GG ] Qu’est-ce que vous pensez de l’entretien des espaces verts ? 6. [H et C] / [LS , GG ] Est-ce que ce type de projet devrait être étendu dans paris ? Pourquoi ? [C] / [LS , GG ] Quel impact cette transformation de la rue a eu sur votre commerce ? {C] / [LS , GG ] Comment vous considérez cette transformation vis-à-vis de votre commerce ? Pour le projet non réalisé [H et C] / [ E ] Etes-vous au courant d’un possible futur projet de végétalisation et débitumisation de votre rue ? [H et C] / [ E ] Qu’est-ce que ça apporterai selon vous ? en positif et en négatif [H et C] / [ E ] Pouvez-vous définir la rue transformée comme vous l’imaginez en 5-10mots ? [H et C] / [ E ] Qui s’occuperait de l’entretien ? [H et C] / [ E ] Participeriez-vous à la gestion, plantation et entretien ? pourquoi ? [H et C] / [ E ] Qu’est-ce que vous attendriez d’un tel projet ? / Pourquoi vous portez ce projet ?
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DÉTAIL DES ENTRETIENS RÉALISÉS Rue Gustave Goublier •
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COMMERCANT : Employées de l’Hôtel littéraire 7 Minutes / 5 Novembre COMMERCANT : Gérant d’un salon de coiffure « Farmavita » 8 Minutes 20 / 5 Novembre COMMERCANT : Employés d’un salon de coiffeur « Marcy » 7 Minutes / 5 Novembre HABITANT : Habitant depuis 84, non impliqué
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12 Minutes 40 / 5 Novembre HABITANT : Habitant et président de l’association de la rue, impliqué
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Env 1h / 15 Novembre
Rue Erard • • •
COMMERCANT : Fleuriste 6 Minutes / 5 Novembre COMMERCANT : Primeur 4 Minutes 40 / 5 Novembre HABITANT : Habitant impliqué dans la future transformation de la rue, coprésident d’un jardin partagé donnant sur la rue 13m20 / 6 Novembre
Rue Léon Séché • • •
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COMMERCANT : Manager du café COMMERCANT : Patron du snack de burgers COMMERCANT : Gérant d’un magasin de parfums, présent depuis 12ans, non impliqué 10Minutes / 20 Novembre HABITANT : Impliqué dans le projet de la rue au début 23 Minutes / 14 Novembre HABITANT : Non impliqué dans le projet, habitant depuis 3ans 11 Minutes 50 / 20 Novembre
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RETRANSCRIPTION DES ENTRETIENS
RUE GUSTAVE GOUBLIER EMPLOYEES – HOTEL LITTERAIRE Vous êtes là depuis combien de temps dans le quartier [l’hôtel] : 4 ans à l'hôtel, on travaille juste dans l’hôtel Si vous pouviez me décrire le quartier en quelques mots, comment vous le décririez : Quartier populaire après sur l’architecture je pourrais rien vous dire… Pas forcément sur l’architecture, sur l’ambiance, comment vous le vivez : Et bah au sein de la rue déjà, il y a une association qui lutte beaucoup contre les gens qui le soir sont, pas très disciplinés, ce genre de chose, beaucoup de bruit, regardez il y a un porche la, bah il y a des sdf, ça vit sa vie, c’est pas terrible. Et c’est vrai que nous pour notre clientèle touriste, arriver dans un quartier africanisé bah c’est pas la première image qu’ils ont de Paris on va dire, c’est pas la meilleure image c'est pas ça qui s'attendait ! « Ils s’attendent aux champs Elysées », peut être pas les champs mais enfin bon mais ils ne s’attendent pas à arriver dans un quartier ou il y a les rabatteurs pour les salons de coiffure, ils font leur business. Et sur l’aménagement de la rue, si vous deviez le définir en quelques mots ? Bah la comme vous avez vu c’est un peu végétalisé, je pense qu’on pourrait améliorer un peu les choses. Il avait été prévu tout un projet d’aménagement sur la rue du faubourg saint martin, végétaliser etc. mais bin je ne sais pas si ca sera toujours d’actualité a l’avenir. Sauf que Mme Hidalgo veut nous mettre 2 salles de shoot, enfin une salle de shoot au niveau de la porte saint Martin donc ça ça ne sera pas terrible. Et c’est censé être une rue piétonne et c’est pas très respecté ! Et donc quelle image vous avez de cette rue ? bah c’est une rue calme pour nos clients quand même, ils disent que c’est calme, ça reste calme par rapport au boulevard qu’on n’entend pas. Eh l’image… nous personnellement on est habitué au quartier donc c’est pas plus
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choquant que ca tout ce qui est autour quoi… La ce sont que des habitants donc c’est relativement calme Mais cette rue il y a eu des transformations qui ont été effectuées, un peu spécifiques par rapport aux autres rues, sur la piétonnisation et la végétalisation… Bah ca après ca, ici c’est public, contrairement au passage Brady [Rue parallèle de la même dimension, privatisée] qui est privé. L’idée c’est de la privatiser, cette rue. De faire comme le passage Brady, c’est-àdire que ce soit fermé et qu’a partir d’une certaine heure bah la rue ce soit fermé. Pour éviter justement tous ces aléas. Parce que finalement cette rue comme elle est calme et tout il y a des gens qui viennent faire leur business, se planquer, fumer du shit etc quoi Et justement les espaces entre les végétalisations sont bien des espaces pour se planquer. Se planquer, fumer, boire, pisser… enfin bon. Vous avez suivi le projet de transformation tout ça ? Non c’était déjà fait quand don est arrivé. L’association, parce que ça [la piétonnisation et la végétalisation] c’est venu de l’association hein, en concertation avec la mairie. Vous échangez avec l’association ? On fait partie de l’association, il y a des réunions qui sont faites, y’a pas longtemps encore un soir sous le porche, on s’est tous réunis pour un peu parler du quartier, comment on peut faire pour que, au moins cette rue, soit heu un peu plus vivable. Par ce que des fois c’est pas vivable. Mais c’est vraiment plus vers le porche la bas hein. Que c’est plus entre guillemets « tendu » Et cette végétalisation, vous pensez qu’elle a eu un effet sur ces problèmes ? Bah pour le moment l’effet est pas non, pas vraiment, en plus ca demande de l’entretien, et c’est l’associaiton qui s’occupe de l’entretient donc c’est pas toujours… enfin les gens essaient vraiment de faire que cette rue soit sympa mais l’effet est pas encore visible. Et donc au niveau de l’entretien justement qui s’en occupe ? L’association, enfin cette partie-là c’est la mairie, cette partie-là c’est la mairie mais après c’est l’association, les gros pots.
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Et donc c’est les riverains qui tournent ? ouais je sais pas trop, c’est le week end, après je sais pas trop comment ils s’organisent mais c’est les riverains.
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COIFFEUR-GERANT - FARMAVI Le gérant du salon de coiffure a souhaité que nous nous tutoyions pour cet entretien Ça fait longtemps que tu es dans le quartier ? Bah depuis le mois de mai, c’est assez récent ouais Ah oui donc c'est assez récent ouais et donc qu'est-ce que tu veux juste expliquer à ce que tu fais en quelques mots ? ouais alors [explications de son métier de coiffeur…] Est-ce que tu pourrais me présenter le quartier en quelques mots ? le quartier c’est un quartier qu’est quand même très afro, assez cosmopolite, après donc j'ai l'impression qu'il a tendance à se boboïser un petit peu j'ai vu qu'il y avait pas mal de magasin bio qui avait commencé ouvrir tout ça, ouais après au niveau du commerce et surtout énormément de boutiques de coiffure pour tous les grossistes, après il y a énormément de théâtre, je sais pas si t’as pu voir un petit peu, la juste la t’as le théâtre Le splendid, pas très loin t’en a 2 autres, énormément de cafés, resto, après c’est très cosmopolite au niveau des restos Et au niveau des aménagements urbains ? Il y pas mal de, y’a énormément de lignes de métros qui passent dans le quoi, c’est ca que tu veux dire par aménagements urbains ? bah la je vois qu’il y a énormément de pistes cyclables ca a l’air d’être assez récent Et donc sinon sur la rue, est ce que tu peux la définir ? La rue je t’avoue que c’est plutôt tranquille parce que comme t’as pas bcp de passage, après tu peux avoir quelques squatteurs ici qui sont là mais
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ca pose pas de problème parce que bon la mairie généralement ils entretiennent, nettoient, essayent de faire des choses. Après ça peut être développé comme t’as un hôtel dans le coin, un hôtel littéraire, heu t’as un institut de beauté donc je pense que c’est en développement En 5-10mots si tu devais définir la rue ? Heu c’est plutôt calme, donc je dirais calme, malheureusement sale, heu mais après c’est plutôt…. Sale, calme, qu’est-ce que je pourrais dire d’autre… …. Après c’est… y’a du potentiel, le fait que ce soit piéton, qu’ils aient enlevés les stationnements pour les scooters et les voitures. On peut dire que c’est un peu intime, avec les plantes, un peu tout ça. J’essaye de t’en trouver deux autres ! Après je pense que c’est en constante evolution ils sont entrain de refaire toutes les façades. Donc toi tu n’étais pas là quand ils ont effectué les aménagements et les transformations de la rue ? C’était déjà en cours, il y avait déjà les échafaudages Pas sur les immeubles mais sur la rue ? alors sur la rue, c’était déjà là, apparemment ça va faire déjà deux trois ans déjà Est-ce que tu penses que c’est réussi comme transformation ? Heu bah, j’pense que ouais bah ouais c’est quand même réussi mais après c’est plus un travail au niveau de la mairie pour la fréquentation et tout ça, mais sinon l’endroit est plutôt mignon tout ça donc bon, à développer encore plus Qu’est-ce que ça apporté ? Bah je trouve que ça a attiré peut-être un petit peu plus les familles heu, qui veulent acheter, nous on a deux nouveaux propriétaires installés en fait depuis l’été, tu vois c’est des jeunes parents qui achètent leur premier bien en fait donc heu voilà je pense que ça a plutôt dynamisé comme ça justement de devenir un peu plus familiale vu ce que j’en constate. Et sur les questions d’entretien, qui s’occupe de l’entretient de la rue ? Je pense que c’est plutôt la mairie parce que comme t’en a qui dorment ici sous le porche, tu vois ça pose des pb au niveau, sur la fréquentation et aussi l’hygiene donc généralement ceux qui s’occupent de la voirie ils nettoient au karcher devant le salon. Après quand je vois qu’ils ne passent pas et que c’est pas tenable parce que t’as des odeurs des trucs comme ça, je passe un coup de javel en attendant.
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Est-ce que tu es associé à l’association de la rue ? oui y’a une association, fin c’est, alors ils sont sur instagram, facebook, je crois c’est sur les riverains de Gustave Goublier, je crois que ça s’appelle Arrrrg, genre pas content *rigole*. Est-ce que t’es associé à ça ? heu bah je suis abonné a eux, après c’est vrai que généralement le président de l’asso c’est un des nouveaux propriétaires justement, et donc généralement il m’en parle beaucoup, si ils font des événements, y’a pas longtemps y’a eu un apéro avec tous les riverains du quartier quoi, les commerçants…. Parceque y’en a pas mal qui se fesaient mais on ne les a jamais vu, après le fait qu’il y a ait les plantes et tout ca, ca peut détourner un petit peu l’attention on va dire. Donc on ne remarque pas spécialement le salon, vaut mieux, Ici pour ceux qui veulent voir mon commerce il vaut mieux miser sur la communication, les réseaux, le digital. Donc la végétalisation bloque un peu ? C’est ça. Ça donne un côté intime super mignon mais franchement faut s’adapter avec. C’est quoi les côtés négatifs ? Bah c’est que y’a pas de visibilité, la pour avoir la visibilité j’ai du installer un drapeau, et encore fin tu vois, suivant si on est d’un coté de la rue ou l’autre, avec les échafaudages en plus on va pas directement quoi. Et au niveau de la propreté ? Parfois ça laisse a désirer. Mais ça c’est pas de la faute a ceux qui habitent en vérité. C’est plutôt ceux qui trainent… Parce qu’il y en a pas mal qui fument des pétards, tout le monde pisse ici, enfin… c’est pour ça que la mairie tu vois ils entretiennent. La justement celle qui travaille dans l’hôtel elle me disait que de temps en temps c’était un peu compliqué parce que ils fument devant l’hôtel et que la fumée bah ça peut être dérangeant pour les clients parce que la fumée ça rentre…
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COIFFEUSES – EMPLOYEES – MARCY’S COIFFURE Ca fait combien de temps que vous êtes ici ?moi je suis employée ici donc je suis pas la depuis longtemps, mais je crois qu’elle [la gérante] est installée ici depuis 4 ans à peu près. Moi je suis la depuis moins d’un an Est-ce que vous pourriez me décrire en quelques mots le quartier ? Bah après jtrouve les deux portes elles sont séparées, fin c’est deux univers un peu différents, porte saint martin et porte saint denis,mais ducoup je suis coté saint martin, c’est animé, y’a des restaurants, même jusqu’au soir jusqu’à 23h y’a beaucoup de monde Et concernant la rue, comment vous la décrieriez ? *Hésitation* Si en 5 mots vous deviez décrire la rue ? Franchement…. Ici c’est plutôt calme, cette rue en tout cas, y’a très peu de passage, après y’a quelques commerçants qui travaillent je crois, fin ils ont une clientèle ciblée donc les gens connaissent par rapport a ça, sinon elle est pas très passante. Donc plutôt calme. Vous êtes au courant qu’il y a eu un projet de réaménagement de la rue, piétonnisation…. La patronne elle est au courant de tout ce qu’il se passe dans la rue [discussion sur les horaires de la patronne] Et donc vous pensez quoi de la végétalisation et de la piétonnisation de la rue ? Bah c’est sale, c’est sale, ça pue ouais c’est vrai que comme c’est une rue plutôt calme bah les gens viennent squatter le soir mais nous on est plus la. Mais sinon bah y’a de la verdure mais bon elle est pourri *ses collègues rigolent* nan mais c’est vrai hein ! et ca pue vers la bas Ah oui c’est vrai que c’est le coin des clochards vers la bas non mais c’est pas forcément les clochards, c’est les gens juste qui pissent. C’est pas que les SDF, les SDF ils sont propres ils passent le balai, ils rangent leur matelas Ah oui c’est vrai j’avais vu la dernière fois ils font leur lit, mais c’est les gens ils font pipi. Mais sinon c’est mignon ils sont en train de refaire [les façades] voila…. S’il y avait des améliorations a faire ce serait quoi ? Peut-être mais je sais pas, le voisinage il pense a faire des barrières vous savez, comme le passage brady, vous voyez, mais après nous comme on a des clients je sais pas comment ils vont faire… ou sinon peut être plus de
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nettoyage, et la verdure bah l’enlever elle sert a rien, toutes les plantes soit bien les refaire, soit les enlever parce que ca sert a rien. Les gens ils en profitent pour pisser, la si vous passez la c’est…. Ouais ils fument ou ils pissent, même ils chient par terre… Qu’est ce que ca pue….Comme une idiote je passe sur le trottoir, et la … y’a des surprises. Le petit bosquet là en fait, ils pourraient l’enlever. Ouais faut l’enlever hein… Faut l’enlever parce que c’est un coin à pisseurs… Parce que qui est ce qui s’occupe de l’entretien ? Je sais pas mais en tout cas la gardienne un jour, je sais pas si c’est la gardienne ou une habitante elle m’a dit « est ce que vous pouvez arroser » donc je crois que c’est les habitants. Après j’ai dit bah non c’est l’eau de la serpillère… Nan personne je pense, j’ai jamais vu personne. Je vois làbas ils nettoient, mais sinon ici genre ils passent pas le jet d’eau sur la rue ni rien. En général c’est les commerçants eux ils passent devant ils font le balai devant, moi je le fais de temps en temps aussi mais sinon nada. Nan c’est vrai que depuis que je suis la j’ai jamais vu… Ouais à part la pluie… Donc c’est que du négatif donc… Y’a pas de positif dans la rue ? En fait c’est assez calme, c’est plus calme que château d’eau….
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HABITANT
Déjà vous vous habitez dans le quartier depuis longtemps ? Oh depuis 84, ma famille en fait est implantée, avait un appartement depuis la fin du 19e siècle. On connait un peu, on n’a pas habité pendant très longtemps mais on connait un peu le quartier quoi. La vous y habitez depuis combien de temps ? Ah bah là j’y habitait à une époque, là je suis revenu ici depuis 3-4mois. En fait j’y ai habité durablement depuis 84 à 2000. Donc en quelques mots comment vous pourriez décrire le quartier ? Le quartier actuellement ? Bah écouter c’est un quartier qui s’est gentrifier. On va utiliser le bon terme un peu bobo qui s’est gentrifié, mais qui conserve quand même ses racines. Heu donc une synthèse plutôt sympa, les problèmes inerrants au quartier sont toujours-là, c’est-à-dire prostitution, cambriolage tout ça, c’est toujours conforme au quartier, ça a en partir baisser mais c’est toujours là. Disons qu’on a une situation un peu étonnante ou on a un embourgeoisement du quartier d’un coté, mais de l’autre le quartier conserve quand même comment dire, ses qualités et des défauts en fait. Disons qu’il n’y a pas eu comme dans le marais, au nom d’un embourgeoisement comment dire, bon le, la perte de la culture faubourienne. Voilà, c’est une espèce de synthèse un peu bizarre mais voilà. Et plus précisément sur la rue, si vous deviez la décrire en 5-10mots ? La rue Gustave Goublier ? Bah écoutez c’est une rue qui est sympa, vous avez des copros qui se démènent depuis une 20aine d’années pour en faire un lieu de vie, ceci étant dit, on a l’éternel problème de ce passage. Bon moi depuis que je suis là en 84, ça sert de pissotière, ça sert de dépôt d’ordures, et on a quand même un petit peu marre comment dire, de voir crécher des gens là-dessous tout le temps. Qu’il y en ai de temps à autre on peut comprendre mais pas tout le temps. Y’en a marre. Donc voilà ça c’est le problème, et ça c’est le problème de ce passage. Voilà c’est pas génial de ce côté-là mais encore une fois ce serait de temps à autre ponctuellement on pourrait comprendre les gens sont assez compréhensifs ici, mais bon la tous les jours depuis 30ans la y’en a marre.
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Et sinon plutôt sur l’aménagement de la rue ? oui non non y’a des efforts importants qui ont été fait certainement par la municipalité a coup sûr, tout ca n’est pas accidentel, non non de ce coté la, je sais pas si c’est la mairie du 10e ou la mairie de Paris ils ont fait vraiment un véritable travail, tout ce qui est espace vert comme ca, passage piéton non non y’a un véritable travail qui a été fait. Donc rien à redire de ce côté-là. Vous n’étiez pas présent lorsqu’il y a eu ces transformations ? Non j’étais plus loin puis je suis revenu après, mais non non y’a un travail sérieux qui a été fait par la puissance publique la. Et est ce que vous pensez que c’est réussi ? Oui tout à fait, oui oui, ce qu’on peut regretter c’est que les copros se sont acharnées à créer a un moment donné un petit marché, vous voyez mais bon ca a moyennement fonctionné, on a ça qui désespère tout le monde [en montrant le Sdf assis sous le porche sur son canapé récupéré dans la rue], on en a un peu ras le bol, on a rien contre ces gens-là mais bon y’en a ras le bol. Parce que ça ne fait que toujours rappeler comment dire, le côté négatif du 10e, bon bah c’est ça, les pissotières publiques, la drogue, la prostitution donc un peu ras le bol quoi. Et donc le projet de réaménagement ici qu’est ce que ça a apporté ? Ben ça a apporté sur le plan décoratif, mais pas sur le plan social tant qu’on aura un problème de, les problèmes qu’on voit la… Je dis pas que ça a servi à rien, y’a des efforts qu’ont été faits, on le voit bien, et ils ont travaillés avec les copro, et ça de ce côté-là c’est très positif. Mais bon qu’est-ce que vous voulez. Donc ça n’a pas changé les habitudes ? Si ça s’est amélioré. C’est moins pire qu’avant mais heu bon on pourrait avoir maintenant des conséquences sociales qui soient un peu plus conformes aux efforts qui ont été faits. Hors c’est pas le cas. Ça s’est amélioré, disons les choses comme elles sont, y’a de gros efforts qui ont été faits, mais on continue à trainer avec des sdf, la rue qui sert d’urinoir, enfin voilà bref, des cambriolages, et y’a encore la 3 semaines j’ai trouvé des préservatifs dans l’escalier en face la. Donc prostitution dans les parties communes… C’est pas génial. Et ça c’est que qui est dommage, et ça ça use… Je peux vous dire que moi ça me dérange pas, mais qu’il y a des gens qui ont pas d’apriori mais qui en ont marre. Ça fout la merde quoi. Disons que le quartier s’est amélioré sur
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30ans, mais malheureusement on conserve comment dire certains de ses défauts. Voila. Et plus précisément sur la végétalisation de la rue… C’est une très bonne idée ! mais, si ça a amélioré les choses, on a plus les prostituées qui tapinent dans la rue, voilà, ça sert plus de, moi j’ai connu une époque ou ca servait a garer des bagnoles partout, ca servait de parking. Bon si si c’est considérablement amélioré bien entendu mais ça aurait pu amener des petits commerces des petits restau, bah y’en a pas, ça a pas marché ce truc-là. Y’a eu vraiment une volonté d’essayer d’investir, d’améliorer, d’aménager des activités culturels, des restaurants, c’est clair et net ça, tout a été fait, mais bon le problème c’est qu’on retombe un peu, ça sert à rien quoi, sur le plan social. Enfin excusez-moi dès que vous regardez la rue, bon, les commerces cassent pas des briques, la fréquentation, elle est pas catastrophique mais elle casse pas des briques non plus, disons qu’il y a eu de gros efforts de fait, de gros investissement mais on est retombés sur quelque chose d’assez neutre sur le plan social et culturel quoi. Ça a fonctionné à un moment donné, mais bon ca a pas résisté. Et sinon sur l’ambiance générale, est ce ça plombe aussi ou est-ce que ces transformations apportent quelque chose ? Non non non elles ont quand même amélioré les choses, et ça plombe pas, je veux dire les gens qui sont ici sont contents, ils regrettent un peu qu’il y ait ces problèmes là mais d’un autre coté ils y sont bien. La non non non globalement c’est a 80% positif. Et sur l’entretien, comment est-ce que ça s’organise ? bah ça va ils entretiennent mais bon qu’est-ce que vous voulez, alors là encore une moto qui a été foutu la dessous, alors moto, pissotiere, bon sdf moi depuis que je suis là depuis 40ans j’ai toujours eu des sdf. Si ils entretiennent y’a qu’à voir le, c’est taggé régulièrement ils nettoient, si si y’a vraiment un suivi constant ici, mais le suivi constant ne sert a rien. La rue reprend ses droits, tout le temps, tout le temps, tout le temps. C’est-à-dire que tous les efforts consentis n’ont que des effets temporaires. Et ca c’est assez déprimant. Vous voyez ce que je veux dire, c’est récurant ca revient tout le temps tout le temps. On se dit ça y est y’a des efforts qui sont fait par les copropriétés, par la mairie et pourtant on retombe toujours sur les même problèmes, prostitution urinoirs, sdf, toujours présents.
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Et sinon mis a part ca, il y a des activités qui se font dans la rue ? Bah la rue non bah si si dans cet immeuble la y’a des efforts qui ont été fait, parce que la copro s’est bougé les fesses quoi, y’a des activités culturelles des choses comme ça Parce qu’il y a une association ? Oui il y a une association et ca fait 30ans qu’elle se démène, en accord avec la mairie. Mais bon ils peuvent faire ce qu’ils veulent qu’est-ce qu’ils peuvent faire fasse a ça. Si vous préférez ils ont amorcé au maximum, c’est un travail de longue haleine. Ce que vous avez ici c’est 20ans de boulot, ça s’est pas fait comme ça en 2ans quoi. Mais, c’est une amélioration c’est mieux qu’avant mais ce n’est pas conforme a ce qu’on pourrait espérer. Et sur le travail de débitumisation et de végétalisation, vous pensez vraiment que ça a apporté ? Oui oui c’est une amélioration très nette, mais ça n’a rien apporté sur le plan social Ça a apporté sur quoi ? Bah ça a apporté sur le fait qu’il y a plus des bagnoles partout, y’a plus de prostituées qui tapinent dans la rue, heu et que c’est plus agréable en verdure comme ça que sans. Heu y’a encore pas si longtemps que ça y’avais des bagnoles garées des deux côtés. Mais ce qu’on aurait aimé c’est que les efforts finissent par des effets en termes de vie, de commerce et cetera. On est pas désespérés du tout hein, et pas mécontent d’être ici hein que les choses soient claires., y’a très peu de turn over, les gens sont bien.
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HABITANT – Président de l’association Arrggg, association des riverains de la rue Gustave Goublier Alors déjà moi pour me présenter je suis Alexandre, j'habite là depuis quoi depuis 2 ans maintenant avec ma femme, avant on habitait dans le 18e arrondissement, j'ai 48 ans je suis dit directeur général d'une agence de communication à Paris mais je suis parisien d'adoption depuis 25 piges. j'ai toujours essentiellement habité dans des quartiers populaires, et j'étais très attaché au 18e ma femme aussi on a vécu là-bas pendant pas mal de temps et on a choisi de déménager pour acquérir un appartement plus grand qui nous apporte plus de confort on a petit garçon en garde partagée, on avait une toute petite chambre qu'on voulait agrandir, il y avait une propriétaire à côté avec qui on voulait racheter pour avoir une chambre plus grande qui nous faisait des idées non clairement à un moment j'ai dit WTF on va pas attendre toute notre vie, on va déménager. et on est venu dans le 10e arrondissement On nous disait que ça ne correspondait bien que c'était toujours un quartier populaire et que c'était plein centre. [… discussion sur leur vie personnelle] Et on est arrivé là on a fait 6 mois de travaux on a une surface de 100 m², on est au 2e étage du 3 rue Gustave Goublier. les 5 fenêtres du grand salon qui donne sur le passage donc on le vit vraiment ce passage. [ Discussion sur leur vie antérieure] Donc j'ai l'habitude des endroits où y'a des tensions [Discussion sur leur vie antérieure et sur le 18e]. On a fini les travaux juste avant le premier confinement, on a un très bel appart on a pas le droit de se plaindre on a des très belle vie et tout, j'ai découvert l'ambiance du quartier comme ça : confinement personne dans les rues… mais très vite on n'a… pas déchanté mais on s'est rendu compte qu'on n'était pas dans un quartier aussi simple quand on l'imaginait c'est à dire que ça ce résumé pas à la mixité sociale pourquoi parce que proximité des gares, proximité des gares c'est quoi, bah souvent c'est quand même là il y a une population une faune qui vit de mendicité qui vit de larcins et de deal, la gare était enfermée et Ben les mecs qui ont toujours besoin de bouffer et de faire de la thune donc ils ont migré en étoile un peu à partir du point de chute qui reste les gares, donc gare de l'Est / gare du Nord, énormément dans la rue dans laquelle on se trouve [Rue du faubourg saint martin] c'est une rue très confronté au deal, c'est une rue chanmé, y a tous les commerces que tu veux, super ambiance que j'adore et tout mais qui est aussi en proie par rapport à ça, et aussi dans tous les endroits un
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peu plus planqués dont fait partie la rue Gustave goublier. donc devant cet état de fait et devant cette insalubrité soyons clairs, ces violences et cette insécurité, on a décidé de reprendre une association qui battait de l'aile puisque les mecs qui ont créé cette association il y a 10 piges, c'était des vieux de la vieille qu’on tous déménagé à droite à gauche, qu'on fait un super boulot avec cette association, mais qui maintenant ont acheté des baraques ailleurs et puis c'est plus leur truc, ils ont plus envie de se battre. Et on s'est dit que c'était un peu con de laisser cette association mourir et donc on s'est proposé avec notre femme, en tant que nouveaux arrivants. [Interrompu par le serveur pour commander à boire] Donc on a repris cet asso, et on a découvert l'histoire de la rue au travers les gens qui l'ont fondé voilà c'est comme ça qu'on en est arrivé là c'était peut-être un peu long mais c'est important de savoir comment on en ait arrivé là. et de là je me suis intéressé à l'histoire de cette rue, donc dans son contexte c'est une rue qui existe depuis Haussmann, enfin tu connais Paris, t'as la seine, Paris c'est construit comme plein de villes dans le sens de la Seine avec des rues parallèles, et puis il y a eu une gare qui était la gare pour aller à Strasbourg Qui est celle qui est au bout, qui était là mais qui été séparé par une multitude de rue parallèle, qu'il fallait élargir tout ça et donner accès aux gens qui sortaient de la gare, à la Seine et au centre de Paris et c'est ouvert ce putain de grand boulevard de Strasbourg. ça a coupé le passage de l'industrie en 2 qui est dans la continuité de la rue Gustave goublier et ça a fait 2 rue dans la rue Gustave goublier. Eu début c'était un passage privé avec des grilles de chaque côté, et ça a été ouvert je crois à l'après-guerre. C’était toujours du domaine public mais il y avait une sorte de conciergerie qui qui était là et c'était très bien géré, puis après les grilles se sont enlevées, c'est devenu une rue passante avec des bagnoles, heu où tout le monde se garer en gitouse comme tout bon parisien qui se respecte, n'importe comment devant les les portes ça bloquait tout le monde Ça faisait chier tout le monde. Ça a toujours été une rue un peu coupe-gorge ou à l'abri des yeux à l'abri des regards de la maréchaussée tu viens dealer, tu viens pisser tu viens balancer le sac que t'as chouré voilà. L’association a énormément œuvrée pour la salubrité et la quiétude de cette rue elle a contribué à ce qu'elles deviennent piétonnes. Aujourd’hui y a pas de voitures qui peuvent passer par là et y'a plus de voitures qui peuvent se garer. Et
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cela ça remonte à 2011 un truc comme ça. Et c'était l'association moi je te parle qui s'est chargé de dealer ça tu vois en faisant des propositions, et une proposition c'était Je crois la végétalisation dans l'air du temps, et c'est comme ça qu'on en est arrivé à cette configuration qui aujourd'hui nous plaît énormément mais il reste toujours beaucoup de choses du quotidien à régler et c'est ce à quoi nous allons nous atteler nous en tant que asso « argh », En tant que représentant, c'est à dire à transformer cette rue non pas en un passage privé on veut que les gens puissent continuer de emmener leurs enfants à l'école en passant du boulevard De Strasbourg en passant par la rue Gustave goublier pour aller dans le quartier du château d'eau et tout, on veut que les commerces le peu de commerces, qui sont installés dans la rue Gustave Goublier continue de exercer leur activité, que l'hôtel continue à attirer les clients qu'ils attirent aujourd'hui, accueil et une réelle vie dans cette rue là, qu’il y ait plus de commerce, il y a des opportunités puisqu'il y a des choses vacantes aujourd'hui, mais pour autant on veut sécuriser en la fermant la nuit mais peut être en la fermant le dimanche. en mettant une grille de chaque côté et un digicode géré par SMS et par code téléphonique sur ton portable de chaque côté. pourquoi bah parce que tu as vu les arches tu connais les arches de la rue au niveau du 41, bah ces arches sont un refuge toute la misère du monde, on est dans un quartier très populaire un quartier connoté africain avec énormément de misère et d'exploitation humaine qui se synthétise par les commerces de cheveux destinés aux afro, parce qu'ils ont des cheveux particuliers et donc il y a tout un business autour de ça, autour d’ongleries, heu c'est commerces là sont détenus par finalement assez peu de gens à Paris qui ont le foncier, et qui exploitent des baux commerciaux à l'intérieur en mettant des hommes de paille dans les payant Black, et en payant surtout des rabatteurs que tu poses dans la rue qui sont très sympa si tu passes dans la rue du château d'eau et siffle toutes les blagues pour que il rentré ne leur fasse la Coupe de cheveux la plus chère, sauf que ces mecs-là sont payés, souvent sans papier, sont souvent payés au lancepierre quand ils sont payés, sont logés par les mêmes mecs qui détiennent les beaux dans des marchands de sommeil, dans des piaules en soupente comme il en existait dans notre immeuble y a encore moins de 10 ans, à 10 par piaule sans chauffage, et quand tu viens voir ces mec-là alors disant écoutez j'ai pas de problème pour que tu fumes ton buzz sous mon appart t'es bien sympa et tout, mais
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par contre si tu peux arrêter de hurler à 4h du matin quand t’es défoncé parce que ça me casse les couilles, le mec il est sous tu sais pas quoi, s'il va passer au crack parce que on n'est plus à la fumette on est un quartier qui est très en prise avec le crack, t'es sur des gens qui sont incontrôlables qui hurlent qui dégueulent, qui pissent, qui se battent, Et qui t'amène vraiment l'insécurité dont on parlait tout à l'heure donc quand tu parles avec eux pourquoi tu rentres pas chez toi bah tu comprends quand il t'a expliqué sa Life pourquoi il rentre pas chez lui, parce que son chez lui il est en sous pente dans une chambre de bonne ils sont 12 dans le bordel, tu lui dis pourquoi tu vas pas dans un bar, bah réfléchis un petit peu du bout de ton nez parce que le mec il a pas de tune pour un bar donc qu'est-ce qu'il fait il va acheter un ce qu'il a acheté dans la rue et il va le boire en bas de chez toi dans la rue il appelle ses potes et puis il s'installe là et puis il te défoncent tout, c'est à dire que le lendemain tu marches c'est des détritus ses excréments ils ont pissé sur ta porte 200 canettes c'est 30 joints, et ça te rend fou à force c'est pas une velléité de bobo parisien de venir si tu veux sécuriser cette rue écoutez elle est ouverte à tout le monde le jour, mais la nuit on ferme et on fait comme le passage Brady le passage du désir pour retrouver un peu de sérénité de propreté et que les gens qui passent dans la rue se sentent en sécurité parce qu'on a des histoires dantesques dans cette rue on n'est pas là pour parler de ça mais qui sont de l'ordre du viol des coups de couteau, de personnes agressées avec des enfants dans les bras, de prostitution dans les cages d'escalier, voilà un peu le portrait chinois que je peux te peindre de la rue. Et on aimerait pouvoir si tu veux compter sur 1 la mairie, 2 la préfecture de police, enfin 1 la préfecture de police parce que les questions de d'ordre public et de sécurité c'est la préfecture, 2 la mairie et 3 les architectes des bâtiments de France parce que tu peux pas faire n'importe quoi avec le 41 et ces arches qui sont très jolies. On pourrait dire c'est bon on bétonne tout et puis voilà [… discussion sur la privatisation de la rue, et l’enjeu politique] … donc c'est super ce qui a été fait, c'est génial ce qui a été entrepris, quand je vois les photos De cette rue avec les voitures qui étaient garées carrément le long des portes c'est à dire que Que t'ouvre la porte de chez toi, les mecs qui se garaient devant ta porte le matin, t'as appelé ton patron et tu lui disais je peux pas aller bosser parce que y a une bagnole, je sais pas la fourrière va passer pour retirer la
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caisse aujourd’hui c'est une rue ou t'as plus de bagnole les voitures sont plus garer ta des espaces verts qui ont été mis en chicane et ça apporte quelque chose à cette rue alors t'as aussi beaucoup de gens qui veulent les retirer parce qu'il faut savoir que c'est nous qui les entretenons des riverains d'accord et euh ils veulent les retirer bah oui parce que ça fait quelque chose devant ta vitrine, quand tu dois déménager ça fait quelque chose devant ta porte quand tu dois passer ton plumard et que t'as ça avec des plantes et tout voilà, euh ça attire tous les mecs qui viennent pisser qui sont en train de picoler depuis 2h fumer des joints et tout bah quand ils vont pisser c'est là, quand t'as un mec, moi toutes les semaines, tu viens récupérer dans La terre, bah en fait Bas des sacs à main qui ont été arrachés avec des étuis carte bleue et qui sont balancés là mes questions planqué au milieu des arbres, quand ils viennent dealer leur dose de crack ben ils viennent se planquer là tu vois, il se chope dans la rue ici, il marche du passage de l'industrie ou ils vont juste là-bas, c'est facile pour se barrer il y a les SDF qui sont les chouffes [guetteurs] qui sont sous les arcades, et ils passent d'un passage à l'autre c'est fini. Et donc toutes les solutions qui ont été mises en place ça a été Une nette avancée mais faut pas s'arrêter là. moi je suis pas pour retirer ces, je trouve que c'est mortel ces, cette végétalisation, moi je trouve ça chanmé, ça me casse les couilles aussi d’être tout l'été, d’arroser avec le jet d'eau à mettre mes gants en plastique… La mairie Elle entretient pas du tout, c'est que les riverains ? non à la mairie, elle envoie si tu veux les camions qui vont nettoyer la rue mais derrière c'est à nous de arroser c'est à nous d'entretenir les plantes, ils ont engagé les travaux ils ont financé les travaux ils ont fourni si tu veux et c'est pas rien tu vois les gros trucs et tout sauf que c'est très facile à dire parce que moi je viens d'arriver mais quand tu finances des bacs qui sont à 50 cm du sol qu'est-ce qui se passe bah ça sert d'espace ou les mecs viennent s'asseoir ça sert d'endroit ou les mecs ils achètent leur dose, c'est un endroit ou le soir il tchatche jusqu'à 3h du mat avec leur binouze et voilà ça sert de chiotte pour le sdf qui est au bout de la rue. bon bah voilà mais en tout cas c'est une première approche intéressante, c'est améliorable et on est là pour bosser dans ce sens-là mais, moi je suis là pour porter la parole des riverains et des commerçants de la rue je suis pas là pour porter ma parole, si tu veux moi personnellement je trouve que là végétalisation est très cool, je trouve ça chanmée. surtout le fait que ça a été fait à l'initiative des
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riverains ça me plaît, je peux pas dire que je sois socialo je peux pas dire que je sois très engagé sur côté communautaire comme ça j'ai pas de fibre particulière, mais je trouve ça cool Que ça soit à l'initiative des riverains que les ces choses-là aient bougé, tu vois qu'ils aient réussi à faire bouger une mairie à faire faire les travaux et à nous mener amener un cadre de vie qui est quand même vachement plus cool que les photos qui nous ont montré avant. mais maintenant on voudrait aller encore plus loin. mais ouais ça me fait pas marrer non plus je te dis le dimanche d'arroser quand j'ai envie d'aller faire mon footing quand j'ai envie d'aller me taper un brunch que j'ai envie de partir en week-end et que c'est à mon tour d'arroser, de ramasser les capotes usagées et voilà… donc c'est plus une contrainte qu'un plaisir ? c'est un plaisir aussi parce que quand j'ouvre ma fenêtre il y a des arbres, maintenant c'est un plaisir qui…. qu'est ce qui s'en occupe, c'est juste vous qui vous en occupez ou c'est plusieurs riverains? bah tu connais le truc C'est à dire qu’en tant qu’asso tu demandes aux gens de t’aider, ça vient petit à petit, on vient de reprendre l'asso donc on a fait tu vois un apéro là au début, à la rentrée la , pour rencontrer tout le monde qu’ils posent des visages sur nos noms, qu'ils hésitent pas à nous interpeller dans la rue quand il y a un souci, c'est plus facile si je te connais et qu'on sait qu'on est voisin, si t'es en galère avec ta un mec qui essaye de taper ton vélo sur la gueule, c'est plus facile de dire ‘ah Alex’ ou tu vois déjà que les gens se connectent entre eux qu'ils arrêtent de se déconnecter ou se connecter par les réseaux sociaux… Et de réfléchir réfléchir à c'est quoi comment on vit cette rue et ce à quoi on veut la faire tendre, tu vois, et c'est pas simple, il se trouve que dans mon entourage c'est beaucoup de gens qui font ton futur métier [discussion sur le métier d’architecte] Et je me rends compte qu'en fait si tu viens pas avec des solutions clé en main à la mairie il ne se passe rien, et c'est ce que je déplore. La, comment ça s'est passé pour le permis de végétalisation ? Et bien Rowell qui était à l'architecte alors ancien président de l'AG, Rowell strassard […], Et sur le projet de végétalisation ça s'est passé comment les riverains ont fait un projet ? pour moi ce sont les riverains qui ont monté le projet qu'il l’ont présenté à la mairie, en tout cas c'était sous leurs
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initiatives en gros on n'en peut plus des bagnoles et il faut trouver une solution et une des solutions c'est de la rendre piétonne de ne pas la fermer pour qu'elle continue de vire, de faire en sorte que y'a plus de voiture qui s’y gare et de l'occuper avec de la végétalisation, et ça faisait sens politiquement de végétaliser Paris, chacun veut le faire. et donc derrière quand t'as fait ça et que c'est à l'initiative des riverains, d'un point de vue politique c'est tout bon pour toi parce que t'es merde quelques tendances que ce soit, tu t'attribue le projet après, et dans mon quartier j'ai fait ça, non en fait c'est les habitants qui ont fait et c'est grâce à eux que les choses bougent, et c'est ce que je trouve intéressant… [ Discussion sur une initiative maladroite de la mairie sur des caves rebouchés par du béton pour que des camions poubelles puissent passer et qui ont engendré des problèmes de salpètre... et d’autres sujets connexes] Moi mes nouveaux voisins qui sont très sympa et qui arrivent au niveau du numéro un de la rue Gustave Goublier qui disent attends c'est pas possible cette rue on n'a pas acheté un endroit pour que ça soit comme ça, il faut la faire avancer et tout, je leur dis mais regardez dans le rétro, Regardez d'où on vient regardez comment tu vois… […] Une partie des commerçants avec lesquels j’ai échangé souhaite supprimer la végétation, quel est le point de vue des habitants ? titre perso, je suis pour les garder, Après, à titre collectif, j'ai compris que quand même les riverains étaient quand même pour le garder. Je comprends que les commerçants ne soient pas spécialement pour. Je comprends aussi que certains riverains, au vu de ce que je t'ai dit y soient aussi opposé. Globalement, les gens sont plutôt pour, Ce que veulent les gens ? Et là par contre, unanimes entre les commerçants et les riverains, Ils veulent de la salubrité dans cette rue et de la sécurité. Pour l'entretien, c'est juste toi qui t'en occupes ? Bah c’est l'association Mais est ce que le week-end je sais pas, y a des choses avec plusieurs personnes qui s'en occupent, est ce que ça crée des liens de voisinage ? Oui, c'est ça qui est intéressant et c'est d'ailleurs comme ça que j'ai rencontré les voisins. Parce qu'on savait que dalle. Les propriétaires qui en a acheté, c'était des sales cons Donc ils nous ont rien raconté, tu vois ? Et puis un matin en descendant, j'ai vu qu'il y avait 5-6 personnes en train de piocher avec un verre de rouge et de discuter, tu vois ? Donc j'ai posé la question et ils m'ont expliqué,
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« Nous, on est l’Arrgg, on est l'association de la rue » tu vois, c'était des vieux, donc bah j'ai dit que je venais d'emménager. « ah bah vous venez d'emménager, vous êtes proprio ? » et tout, Il me fait « Ah bah adhérer à l’Arggg, voilà qui on est… Venez nous filer un coup de main. » Et puis j'y suis allé par sympathie au début, parce que je me suis dit, putain. Putain, c'est eux qui entretiennent, qu'entretiennent le truc, Moi, je me disais que c'est des mecs en vert avec les blousons jaune quoi. Donc tous les végétaux de la rue, c'est l'association ? Parce que, par exemple, les commerçants ne savaient pas. Pour la majorité, c’étaient les gros bacs peut être par les riverains, mais après la mairie s'occupait d'une partie. Non, non, c'est eux. Viens tu mets les tuteurs, tu commences par enlever les capotes et les canettes de coca, les sacs McDo, Les mecs qui foutent leurs fringues dedans. Tu mets tout ça dans un sac poubelle, t’enlève les capsules de bière. Machin… Ça t'occupes déjà bien 2h, Tu bêche un peu, tu remets des tuteurs pour les arbres qui se pète la gueule et t’arrose un peu surtout parce que l'été c'est la canicule, les arbres ils en prennent plein la gueule quoi. Et voilà, c'est toi qui fait. Et est ce qu'il y a des commerçants qui participent à ça ? Non, en général non. Déjà, en général, on le fait dimanche parce que c'est le seul moment qu'on a. Justement, la semaine peut être que les commerçants pourraient arroser ou…. Ouais ouais mais non personne le fait. Et c'est nous qui achetons les tuyaux d'arrosage. Tu vois, moi, j'ai dû acheter un tuyau d'arrosage. Au début, on les a achetés sur nos deniers quoi. On a acheté nos gants et tout. Donc l'association si tu veux. Le but de l'association, c'est de réunir par le biais des adhésions. C’est 25 balles hein, est donation, le cas échéant, un petit pécule pour venir payer si tu veux ces 2-3 outils et ces jets d’eau, que t’achète dans l'année Pour faire tout ça ! Et donc il y a aucun lien avec les services de la DEVE, des espaces verts. ? Non ! En fait, ils ont accepté de faire le projet juste si c'était les riverains qui s'en occupaient ? Oui, c'était une condition sinéquanone. Et je sens que la mairie n'est pas du tout pour, que je me prends énormément la tête avec eux. Ils étaient énormément dans la composition avec la mairie de l'ancienne association. Ils étaient très, faut pas faire de vagues, faut pas faire les mettre à dos. Moi j'en ai rien à foutre, J’en ai rien à branler. Moi, c'est la sécurité de ma femme, de mon fils. Je peux pas concevoir qu'il y a des endroits comme ça qui soit des coupegorges, des zones de non-droit qui puisse se passer, Il continue de se passer des choses en toute impunité alors qu'on est à 100 M de la mairie, Accueil est pas de flic qui se déplace et qu'on reste dans notre
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merde. Donc moi j'ai fait venir à la presse pour lui mettre du poil à gratter à cordobat [maire du 10e arrondissement] est plutôt opposés à la fermeture de la rue, ça l’emmerde. [Discussion sur la privation des rues à Paris] Et sur la faune, est ce que il y a des animaux qui se sont développées à cause de la végétalisation ? Bah forcément t'as eu les rats, mais ça t'en a partout dans Paris. Est ce qu'il y a eu une faune ? Non à part les insectes et quelques parisiens qui s'y risquent, C'est pas là, qu’ils vont les piafs. Et ça augmenter le nombre de rats ou pas ? Je pense, oui, vu le nombre de boîtes à rats qui ont été émises par la mairie, Si si tu vas sur Youtube et que tu Tape rue Gustave Goublier tu vas tomber sur une vidéo. C'est une journaliste, Élise Chassaing qui a filmé sa fenêtre. [ Discussion diverse] Si tu devais décrire la rue en 5 mots, ce serait quoi ? *réflexion* Ça commencerait par du négatif, la rue du Pipi. Ça serait une rue que je qualifierai vraiment à potentiel à tous les niveaux ; social, culturel… Sans y voir forcément un œil d'investisseur immobilier, parce que j'en ai acheté un appartement et que je voudrais Lui donner une valeur ajoutée. Mais c'est une rue qui pourrait être un chouette truc. Dans laquelle il pourra y avoir plus de commerce. C'est une rue dans laquelle tu pourrais amener du lien social entre les gens, je m'en suis rendu compte en les mettant, En les convoquant un apéro, on avait acheté 3 bouts de saucisson et 3 bouteilles de pinard, On s'est mis à discuter ! Et cette rue le génère. Par elle-même, c'est ça fait une sorte de passage. Alors que t'es entrain, grand boulevard, beaucoup plus impersonnel. Et rue du Faubourg Saint-Martin, qui est aussi très impersonnel, je trouve que cette rue a une personnalité. Et c'est en cela que je trouve que c'est une rue qui a un potentiel énorme. Je sais pas si c'est au travers de la Végétalisation, c'est certainement pas au travers des bagnoles. Donc, et en fort potentiel. Aujourd'hui, au niveau du constat, c'est la rue du Pipi. Insécurité, insalubrité. C'est pas rue du Pipi, c'est insécurité, insalubrité. Fort potentiel. On est dans le centre de Paris et c'est une rue qui est encore mixte socialement, ça faut le garder. Il y a de tout, T'as du propriétaire, t'as dû le locataire, t'es pas encore une fois au fin fond du 16e donc, avec des propriétaires enfin… T'as des gens de toute univers, de toutes les cultures, de toutes les couleurs, Et c'est ça qui est cool. *un sdf nous interrompt pour
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demander des pièces* Après, qu'est-ce que je pourrais donner comme autre qualificatif ? Une rue qui n’a pas l'air de grand-chose mais qui a une histoire. C'est ce que je te disais en introduction, ce qui s'est passé avec Haussmann quand tu comprends pourquoi elle a été fait, pourquoi elle a changé de nom. Ouais, voilà, ça se limiterait à ça avec explicatif. Voilà.
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Rue ERARD
FLEURISTE – GERANTE – ORCHIDEES FLEURS Depuis quand êtes-vous installés ici ? Depuis avril ! Est-ce que vous pouvez décrire la rue telle qu’elle est là, en 5-10mots ? Comment je peux définir cette rue, alors ça c’est une bonne question… Sur le plan de l’architecture ? Sur les ambiances, sur l’aménagement, sur ce qu’elle vous évoque…. Nan bah je trouve cette première partie de rue très vivante, avec tous les commerçants y’a une bonne ambiance, y’a une vie intéressante en ce début de rue, ou cette fin de rue. Une vie de quartier de village là, y’a un côté village avec 1,2,3,4, on va compter le tabac donc 6 Commerçants. Il va y avoir un projet de végétalisation et débitumisation de la rue, vous êtes au courant ? Ah non bah vous me l’apprenez. Qu’est-ce que ça pourrait apporter selon vous ? en positif ou en négatif. Ah bah c’est difficile de végétaliser, je ne sais pas ou alors mettre un arbre, c’est quoi des arbres ? ca pourrait être a la place des voitures. Oui bah a la place des voitures ça serait pas mal, ça limiterai un peu le bruit, parce que ça reste assez bruyant ici avec la rue de Reuilly. Mais ne serait-ce que de mettre un arbre a l’entrée de la rue d’ailleurs, ça permettrait de casser un peu cette circulation qui serait assez dense. Mais après il ne faut pas virer toutes les voitures non plus, je trouve que c’est important de garder, il faut de la place pour tout le monde je suis pas anti voiture. J’aime les plantes et je préfère les arbres mais bon faut pas virer les voitures non plus. Et s’il y avait des espaces pour végétaliser l’espace public vous participeriez ? Bah oui avec plaisir oui Sur un tel projet qui s’occuperait de l’entretien selon vous ? Oh bah je pense que y’a pas de, enfin depuis le peu de temps que je suis là, les gens aiment les plantes donc je pense qu’il y aurait une prise d’initiative de la part de la population, y’a beaucoup de gens qui aiment les plantes et les fleurs.
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Qu’est-ce que ce projet pourrait apporter ? Ça pourrait apporter, non seulement un peu plus de verdure, puis un échange entre les personnes. Des liens entre les personnes Sur la gestion ? Oui et puis histoire de discuter, passer un bon moment, les gens sont demandeurs de conseils pour les plantes donc ça créerait du lien je pense. Et ça créerait des aspects négatifs ? Oh y’a toujours des gens qui n’aiment pas les plantes après, aspects négatifs de ce genre d’espace végétalisés, c’est que les propriétaires de chien heu fasse faire leurs besoins dans ce genre d’espace. Malheureusement c’est ce qui se passe hein, j’habite Issy les moulineaux, je le vois hein, y’a des espaces végétalisées, des petits murs hauts comme ça [50-60cm] hein, bon bah y’a les gens ils laissent leur chien… Ca pourrait porter atteinte au projet ce genre de choses ? Y’a toujours du bon et du moins bon. Pour moi, j’ai l’œil parceque je regarde les espaces végétalisés de manière générale dans les villes, et je vois la a Issy les Moulineaux, c’est assez énervant. Les gens n’interdisent pas à leur chien de monter, c’est des trucs hauts comme ca hein, et les gens les empêchent pas, il fait sa crotte, il fait son pipi, et puis ils ramassent pas ! Ils vont ramasser si c’est sur le trottoir, mais ils vont pas ramasser si c’est sur de la terre. C’est pour ça qu’ils le laissent monter, ça leur éviter de ramasser ! PRIMEUR – GERANTE Depuis quand êtes-vous installés ici ? Bah nous ça fait 3ans, on a acheté ouais. Si vous deviez définir la rue en quelques mots ? Bah après c’est un quartier sympa quoi, passager, y’a pas mal de bah de passage et c’est un quartier sympa. Il va y avoir un projet de végétalisation et de débitumisation de la rue, est ce que vous êtes au courant ? Ah non pas du tout Qu’est-ce que ça pourrait apporter ? Ah je sais pas du tout hein. Si la rue était plantée. Bah déjà je sais même pas si il a la place sur les trottoirs pour heu…
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Ça pourrait être à la place des voitures par exemple. Bah non parce qu’a la place des voitures après les voitures elles peuvent plus stationner, après les gens ils peuvent plus se garer ils vont plus s’arrêter en voiture quoi. Après c’est vrai que c’est pas mal si y’a des espaces et tout [végétalisées]. Qu’est ce que ça pourrait apporter selon vous ? plutôt positif, négatif ? Bah plutôt positif, déjà sur le côté y’a plus de choses et tout, et donc y’a moins de gens qui sont en train de boire toute la journée et tout. Et s’il y avait des espaces ou les gens pouvaient planter ? planter ouais, qui peuvent se poser, par exemple, quand il fait beau l’été faire un Picnic, là-bas y’a des bancs pour s’assoir et tout mais on pas s’assoir parce que c’est des gens qui font la manche qui sont la toute la journée. Et s’il y avait la possibilité de planter soi-même des choses dans la rue, ça vous intéresserait de participer a ça ? Entretenir ? bah oui s’il faut pourquoi pas. Ça serait pas quelquechose que vous feriez naturellement ? Non
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HABITANT – LAURENT VAILLANT Vous habitez la rue ? Juste à côté rue de Charenton, C’est vous qui vous occupez du jardin partagé ici [un peu renfoncé, Rue Erard] ? Ouais, enfin on est, y’a 140 Familles adhérentes au jardin et en effet moi je suis co-président, y’a un bureau élargi y’a plein de gens qui s’en occupent. Donc j’ai eu connaissance du projet de débitumisation et végétalisation de la rue Erard par le service de la DEVE en charge de ces projets, qu’est ce que ce projet exactement ? C’est un projet mené par la maire en effet. Mais il m’a été dit que les riverains avait
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poussé pour que ce projet particulier ce fasse ? Bah c’est une rue qui est… c’est un parking a ciel ouvert. Donc les gens, de part ce jardin, de par le tissu associatif, de par la densité de population, ils ont envie d’avoir autre chose, et ducoup bah ouais c’est une rue prioritaire on va dire il y a eu une espèce de lobbying, ou en tout cas depuis longtemps on attend que quelque chose soit fait pour la rue, mais pas que pour la rue Erard, pour la place bourgoin aussi [Petite place sur laquelle débouche la rue Erard] qui est vraiment un parking et beaucoup de circulation, et la rue de Charenton c’est pareil c’est une autoroute. Et donc qu’est ce que ca apporterai de végétaliser et débitumer la rue ? Bah heu une qualité de vie, c’est des ilots de chaleur aussi les bitumes. Y’a l’esthétisme, l’agréable, les gens quand ils sortent de chez eux ils ont pas envie de voir un parking je pense, il ont envie de voir un arbre, ca fait du bien, surtout après les confinements. Voila je pense que c’est un ensemble de choses, ca devient naturel. En plus c’est une rue qui est large, donc il y a un potentiel pour faire quelquechose. Et est ce qu’il pourrait y avoir des points négatifs ? Bah les points négatifs je pense qu’il faut trouver, il faut pas non plus etre comment dire, anti voiture, donc il faut aussi réfléchir à ce qu’on va faire de ces voitures, il faut pas non plus que les propriétaires ils se retrouvent du jour au lendemain … il faut des dispositifs pour accompagner les gens qui garent leur voiture, comme des tarifs préférentiels sur des parkings souterrains qui sont assez vides ici, heu et puis je pense que les côtes négatifs, là on parle de la végétalisation mais dans le plan de la maire là il y a surtout une réduction de circulation assez forte, toutes les rues autour elles vont passer a sens unique, ou elles vont même passer, la rue de Charenton elle va passer en vélorue, donc ca sera quasiment dédié au vélo et que forcément quand ca va se mettre en place, on sait que ca va etre congestionné le temps que ca se régule quoi. Le temps que les gens qui venaient en voiture avec leur petit confort, qu’ils comprennent que c’est pas possible quoi, soit qu’ils viennent en vélo, soit ils prennent les transports, soit ils prennent des axes qui sont moins saturés. Y’a toujours une période de régulation. Bon c’est jamais agréable pour eux parce que baj ils sont un peu forcé, mais bon c’est une période de quelques mois.
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Et, dans le cas d’un projet où ca serait végétalisé de façon un peu importante, qui s’occuperait de l’entretien ? Bah la le projet dont on parle c’est un projet de la mairie donc c’est la mairie hein. Après nous on s’occupe du jardin partagé et on s’occupe de quelques pieds d’arbre dans le cadre du permis de végétalisé sur la place, donc ca on s’en occupe, en tout cas on essaye de s’en occuper parceque c’est du bénévolat, donc parfois il y a de l’energie, parfois les gens sont occupés a autre chose. Mais voila nous aujourd’hui on s’occupe pas des parcelles de tout le quartier *rires*. Et est ce qu’il y a de l’attente pour le jardin partagé, est ce qu’il y en a beaucoup qui veulent participer et qui ne peuvent pas ? Heu bah la en fait, oui on a quelques personnes sur liste d’attente pour des parcelles , mais heu il faut surtout déjà parce que je pense qu’il y en a qui ont abandonné leur parcelle, donc il faut faire un peu cette balance mais heu je pense pas qu’il y ait un gros déficit, qui ferait que les gens soit prêt a …. Après c’est dur de s’occuper de pieds d’arbres en permis de végétaliser, parce que souvent ils ne sont pas protégés, donc au final même si vous avez toute la bonne volonté du monde, vous avez pas de barrières, donc au final ca va être piétiné, et voila régulièrement tous les mois aller faire l’entretien….Non je ne pense pas que c’est parce qu’il y a un peu de liste d’attente que les gens vont aller jardiner la bas. Si il avait des espace pour jardiner dans la rue, vous pensez que les gens participeraient ? Peut-être, c’est difficile a dire, après c’est vrai que nous souvent on a un profil de gens qui viennent prendre une parcelle, ils l’utilisent 2-3ans, ca les amuse mais c’est des petites parcelles, et puis c’est pareil pour les permis de végétaliser, ils se sont formés, ils ont appris et après ils sont passés a autre chose. C’est difficile de tenir 2 ans, 10ans je veux dire, parce que bon c’est pas un jardin paysagiste non plus, au bout d’un moment bon vous savez fait pousser vos carottes, vos tomates, bon bah c’est bien mais ca reste limité quoi. Et est ce que, je suppose que le jardin partagé un peu plus, mais est ce que les pieds d’arbres végétalisés ca crée des liens de voisinage ? Ouais on essaye, nous on a crée un groupe a côté du jardin où il y a une 30aine de personnes, donc même si la il a du mal a vivre, justement sur la place bourgoin, la ou il y a des bacs, des pieds d’arbres et des arbres fruitiers, et après y’a des gens qui avaient des
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pieds d’arbres dans le quartier, qui sont venus quand on a organisés des après midis, ils nous ont vu, ou ils ont vu les affiches qu’on avait mis, et ils sont venus nous rejoindre, et voila. Après ca vit, ça a grossi, et puis bah la c’est un peu a l’arrêt puisqu’on attendait de voir ce que la mairie allait proposer, parce que je pense que le nerf de la guerre c’est, pour nous de réduire la circulation, la circulation automobile ca crée beaucoup de pollution, ca crée beaucoup de… bah les gens ils ont pas envie de se poser devant les pieds d’arbre, on a moins envie de jardiner et puis voila forcément il y a une lassitude de voir que les pieds d’arbres fin ils peuvent être utilisés comme des poubelles. Donc il y a une petite baisse de moral, mais ça va revenir. Donc ce sont les dégradations qui démotivent ? Y’a de tout, y’a de la négligence, y’a des gens qui se rendent pas compte, y’a des gens qui vont faire une soirée, ou juste aller manger au resto ils s’en foutent c’est pas chez eux. Y’a des vols de plantes, enfin voilà y’a des comportements d’une petite minorité qui font que c’est dur a entretenir. Est-ce qu’au contraire y’a une autre minorité, je sais pas les commerçants du coins qui arroseraient ou des choses comme ca ? Ouais, rue de chaligny, ils ont demandé a ce qu’on les aide, et en effet, y’a des commerçants qui s’occupent d’arroser au quotidien, y’a une bonne émulation qui s’est créée.
En 5-10mots, si vous imaginiez la rue Erard après le projet, comment vous la définiriez ? Je pense qu’il faut être ambitieux, il faut faire une mini coulée verte, elle est large, il faut planter des arbres en pleine terre qui va relier la rue de Reuilly jusqu’au passage de Rambouillet et même jusqu’à la Seine, donc ouais aujourd’hui c’est un endroit de goudron et de béton, et en faire un cadre de verdure, limite un parc, ouvert, avec je sais pas des pavés engazonnés entre eux, des arbres en pleine terre, des arbustes, un truc sympa quoi, et un truc ou vraiment les voitures, peut être un truc en zigzag, avec des ralentisseurs, un truc qui soit joli, parce que la avec le cadre, énormément bétonné, il faut que ce soit fortement végétalisé pour compenser.
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Rue Léon Séché
HABITANT – Florent Morisseau Est-ce que vous pouvez me présenter rapidement qui est qui vous êtes quelle est votre implication dans le quartier? Alors moi je suis Florent morisseau je suis un paysagiste concepteur de métier par contre dans le cadre de du quartier je fais ça plutôt bénévolement et c'est dans le cadre d’un statut on va dire d'habitants du 15e arrondissement voilà c'est pas sous ma casquette professionnelle euh donc j'ai conçu l'ensemble de ce jardin ici le jardin des oursons j'ai dessiné les plans et cetera et après j'ai monté une association non je suis le président mais on s'occupe de l'ensemble du jardin avec 25 30 adhérents donc ça c'est une chose, mais c'est complètement dissocié de la rue Léon séché il y a eu une initiative on va dire de la mairie de Paris de la deve pour s'approprier l'espace public pour les habitants et puis euh pour jardiner les pieds d'arbres sauf que effectivement ça n'a pas très bien marché dans le sens où j'étais le seul habitant à ma connaissance à investir les lieux et après je pense qu'il y a eu un problème de communication pour adhérer les habitants comment ça s'est passé au début comment vous avez pu participer au projet ? Ah là parce que moi j'ai j'ai lu les panneaux et puis après j'ai pris contact avec eux et je me suis vraiment intéressé à ça donc voilà donc moi j'avais un pied plus une jardinière et après effectivement les gens étaient très demandeurs Mais en fait c'est assez surprenant il n'y a pas eu de manifestations ou d'implication d'autres habitants qui sont venus après je pense que s'il y avait eu plus d'habitants ce qui aurait été bien c'est de faire des ateliers collectifs de tous les habitants pour qu'ils puissent voilà investir les lieux. Ici par exemple au jardin des oursons on fait des, je sais pas une fois tous les 2 mois, on fait des ateliers collectifs tous ensemble et à l'énergie c'est très fédérateur plutôt que chacun cultive son pied d'arbre individuellement. Alors là en l'occurrence ça n'a pas eu beaucoup d'impact alors est ce que les gens pensent que ce sont pas tes pourtant à l'entrée il y a un panneau bien que voilà et c'est le seul
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panneau? C'est le seul panneau au début avant le projet il y avait juste une petite affichette? ouais c'est ça y avait juste le panneau c'était ce panneau-là, avant le projet c'était déjà ce panneau-là? Alors sa bonne question je sais pas je me souviens même plus du tout.. mais donc vous vous avez participé en cultivant les pieds d'arbres mais sur la conception du projet il y a eu des réunions de concertation ou ? il y a eu alors je sais pas si c'était une réunion de concertation j'avoue je sais plus je sais que moi j'étais venu une fois quand le projet a été présenté j'étais là en mairie et mais après c'est vrai que ça remonte quand même il y a un petit moment et je crois qu'il y a pas eu je pense qu'il y a peut-être eu un soucis de de effectivement aujourd'hui le nombre de personnes qui veulent jardiner c'est un peu étonnant que c'est pas pris ici quoi. est ce que vous pourriez à définir la rue en 5-10 mots ? Rue nouvellement aménagée ? Bah ce qui est très très important c'est que au départ il y avait le enrobé de façade à façade c'était une voie qui était circuler en double sens donc là ce qui est clair c'est qu'il y a une vraie réappropriation de l'espace public et une aménités paysagères sur cette rue Léon séché qui est vraiment propice à la fois au cadre de vie parce que finalement quand je dis réappropriation de l'espace public avant c'était une rue qui avait une ambiance très routière, très circulée, alors que maintenant on est vraiment dans quelque chose de complètement piéton, et dans le développement des circulations douces le vélo et cetera, on voit bien que, il y a des usagers qui se sont développés par rapport à la L'installation des jardinières et puis par rapport aux banquettes, les gens qui s'assoient, qui discutent, c'est vraiment propice à une certaine convivialité, en plus donc là il y a vraiment une réappropriation en termes d'usage et en même temps, il y a un travail on le voit bien sur la perméabilité des sols puisqu'il y a des pavés engazonnés, donc il y a tout un travail qui a été fait sur la gestion de l'eau sur retrouver un sol vivant par rapport aux pieds d'arbres, parce qu'avant il y avait des grilles d'arbres, c'était complètement minéralisé donc ça c'est vraiment c'est vraiment un plus quoi. Voilà la seule chose qui est regrettable c'est juste le problème de l’investissement des habitants qui n'a pas marché alors peut-être qu'il faudrait revenir en arrière et faire alors ça c'est peutêtre la mairie ou la DEVE qui pourrait focaliser , refaire un atelier de concertation là-dessus mais dans tous les cas c'est que des points
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positifs quand on voit la rue comme c'était avant, il y a un net progrès . et donc il n'y a pas de point négatifs ? non je pense que… Alors le seul grand point négatif mais qui n'est pas propice à la rue Léon séché mais qui est le problème de toute la végétalisation des pieds d'arbres comme ça c'est effectivement les dégradations, les dégradations… les chiens qui viennent gratter les propriétaires de chien qui font pas non plus, je fais pas une généralité mais il y en a beaucoup, je vois, qui laisse pisser leurs animaux dans les carrés qui sont investis, il y a des vols de plantes moi je sais à titre personnel, j'achetais des quantités de plantes pour pouvoir planter, alors qu'on fait ça pas pour… enfin les habitants font pas ça pour eux bien évidemment, mais aussi ça participe collégialement au niveau public pour tout le monde quoi. Le fleurissement de la ville… donc ça c'est le point négatif en termes d'usage quoi Quand vous jardiniez y avait pas des habitants qui étaient intrigués ? Ah bah si si carrément, il me disaient « Ah bah c'est super ce que vous faites, est ce qu'on peut… » etc, et puis je leur donnais les marches à suivre, mais pour autant ça n'a pas poursuivi euh parce que effectivement il fallait s'inscrire sur internet, ce qui est complètement normal, il faut un permis de végétaliser il faut monter un petit dossier, rapide hein, qui est très très simple, mais est ce que ça a pas été un frein je ne sais pas. Dans tous les cas je pense que sur un projet comme la rue Léon séché, je pense que il faut… si il y a chacun des habitants qui a son pied d'arbre ou son bac, ça c'est un fait mais après je pense qu'il faut qu'il y ait un élément moteur qui créé la dynamique et qui met tout ça en musique sinon chacun jardine dans son coin il faut qu'il y ait un référent je pense là-dessus. donc moi j'aurais pu être le référent effectivement mais le problème c'est que à côté ça a pas été pris donc je me retrouvais des fois à arroser tous les autres tous les autres bacs alors que j'en avais pas non plus la gestion puisque moi je m'occupais que du mien dans mon permis de végétaliser. Et donc c'était la mairie qui s'occupait du reste ? bah du coup effectivement oui oui elle s'en occupait après effectivement la direction des parcs et jardins a pris l'ensemble en totalité puisqu'elle voyait que il y avait personne quoi.
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Aujourd'hui on a l'impression que c'est peu entretenu, quand j'en ai discuté avec certains commerçants ils disent que c'est un peu laissé à l'abandon, qu'est-ce que vous en pensez ? bah de toute façon, sur la question de l'esthétique, alors peut être que y a pas trop d'entretien, heu ça il faudrait questionner les jardiniers de la ville, après je crois qu'ils sont un peu débordés partout, ils sont très très sollicitées partout donc il y a des priorités, et puis après il y a la question de la place de la nature en ville, c’est-à-dire que il y a des gens ils ont besoin que tout soit au cordeau qu'il n'y ait pas de mauvaises herbes et cetera aujourd'hui à la ville de Paris elle évolue beaucoup sur ce sujetlà sur la nature en ville l'interdiction des pesticides et cetera donc il faut laisser c'est une gestion vraiment différencier donc si les gens s'attendent à ce qu'il n'y ait aucun brin de mauvaise herbe ils sont à côté de la plaque donc ils ont pas forcément l'habitude de ça il y a effectivement une sorte de foisonnement dans la gestion des massifs qui n'est pas dû à une absence d'entretien c'est aussi volontaire de la part des de services delà des parcs et jardins après il faut les questionner là-dessus. Sinon dans l'évolution entre le moment où le projet a été terminé et aujourd'hui est ce qu'il y a eu une une évolution ? bah les végétaux sont beaucoup plus développés après c'est vrai qu'il y a peut-être pas assez de renouvellement des plantes mais il y a aussi des vols aussi donc elles sont pas eux remplacées aussitôt et ça je l'ai clairement vu quoi effectivement. Parce que vous dans votre bac de jardinage il y avait beaucoup de vol de plante? Ah oui ouais tout à fait, complètement C'est peut-être un peu démoralisant non ? bah c'est clair tout à fait tout à fait surtout quand que quand vous plantez moi je sais que j'avais fait des ateliers avec des enfants et donc quand les enfants plantent et que après elles sont arrachées et abîmés ou que ça serve de cendrier géant effectivement c'est un peu démoralisant quoi on peut retrouver au pied de vos plantes avec des excréments canins c'est vrai que c'est un peu démoralisant quoi d'une certaine manière. Ah c'est pas facile de concilier tous les usagers heu, dans tous les cas c'est une super bonne initiative d'avoir transformé cette rue en rue apaiser/partager carrément.
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Mais donc sur les prochains projets finalement ça serait quoi qu'il faudrait échanger où faire évoluer pour que ça fonctionne peut-être mieux ? Bah je pense qu'il faut qu'il y ait un référent dans la rue qui fédère aussi les habitants qui ont en charge l'entretien des pieds d'arbres et des jardinières et puis de créer des synergies et des ateliers un peu collectifs sur l'ensemble mais je pense que ce qui a manqué là, surtout c'est de la communication pour aller chercher les habitants aussi. Et sinon sur la biodiversité qui a pu se créer quand vous jardiniez ? alors la rue Léon séché je sais pas exactement parce que c'est vrai que je suis beaucoup plus dans le jardin des oursons et au jardin des oursons c'est vrai que c'est sûr qu'il y a une diversité beaucoup plus importante on voit des papillons pas mal de butineurs mais pas que des abeilles il y a plein d'autres butineurs y a des lézards alors bien évidemment il y a quelques rats ça c'est sûr mais il y a une diversité surtout on essaie de de mélanger les légumes et les fleurs ce qui fait qu'il y a un brassage et une certaine diversité végétale. Et dans la rue ça augmentait pas tant que ça les nuisibles où? non non non dans la rue pas particulièrement, après le problème des nuisibles c'est que ils sont attirés par les gens qui jettent des déchets par terre les gens qui mettent leurs déchets à côté des poubelles aussi il y a des gens aussi on voit dans le soir qui nourrissent volontairement les rats avec des restes de pâtes de riz et cetera donc c'est vrai que c'est sûr que ça c'est pas simple. [Suite de l’échange sur le sujet de la recherche et des autres rues de l’étude] Et moi je vois le nombre de sollicitations qu'on a pour le jardin pour venir [jardiner], alors que c'est un espace qui est finit, et souvent je les renvoie vers la rue Léon Séché, je leur dis de contacter la mairie parce que en fait il y a plein de personnes qui pourraient s'approprier les Bacs puisque j'ai plus de place ici mais je ne sais pas s'ils le font quoi. Peut-être aussi s'il y avait une présence plus soutenue des habitants peut être que ça serait respecté aussi par les autres effectivement. En tout cas c'est un beau c'est mieux qu'avant ça c'est sûr c'est clair.
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[Après avoir terminé l’entretien, depuis le jardin des oursons (à 50m) de la rue léon Séché, je suis retourné dans la rue. Florent Morisseau y est repassé et en a profité pour ajouter quelques informations ] … Ce qui est intéressant aussi c'est qu’ils ont mis des bacs, il y a une certaine unité dans le choix des mobiliers, après on aime ou on n'aime pas… d'ailleurs je t'ai pas dit, avant c’était une lazure comme ca, a l’origine et en fait il y a des habitants qui ont râlé, et qui voulait repeindre comme ça en marron. mais c'est pas pour autant ils ont… Ils ont râlé au bout d'une semaine, même le jour où c'est arrivé, ils ont ralé direct alors que c’était, c'était la teinte bois ils ont voulu peindre en marron parce qu'ils trouvaient ça affreux donc ils ont râlé, mais pour autant ils se sont pas investis. De toute façon les gens passent leur temps qu’a râler *A cet instant, une petite fille passant en trottinette avec sa mère se prend la roue dans les pavés végétalisés, et tombe au sol. Sa mère l’aide à se relever et lui dit « C’est pas très très pratique sur les pavés ça c’est sûr » *pleurs* L’interviewé ne réagira pas à cet incident* Les gens qui sont contents ils disent rien, non mais c'est vrai. Et par contre on écoute ceux qui râlent, ils ont un pouvoir de nuisance c'est incroyable. Mais par contre tu vois effectivement c'est beaucoup plus développé qu’à l'origine du projet c'était tout bas et là on voit bien que ça a pris, ça a pris fort quoi. [Moment d’observation de la rue] Et donc tu vois toutes les petites plantes en bord, là où il y a des petits trous, à chaque fois il y avait une plante là et du coup au début, comme c'était heu, les habitants qui s'en occupaient, enfin qui étaient censés s'en occuper, et que personne s’en occupait, bah forcément il y a des végétaux qui ont crevé parce qu'ils étaient pas arrosé au mois d'août tu vois. Et c'est seulement après, en voyant qu'il y avait pas de mobilisation qui se sont dit bon bah on va reprendre la gestion quoi. ouais tu vois il foutent même des œufs des trucs, c’est degeulasse….. Et là tu parlais de l'entretien à tout à l'heure, là tu vois il y a des orties et cetera c'est vrai que ça pourrait être nettoyé mais en même temps ça fait partie, de, du souhait de la ville de Paris aussi quoi. Donc voilà c'est ça [me montre le panneau de présentation de la rue] « demandez votre permis et végétalisez », mais les gens ils lisent pas en fait. En même temps l'été avec le café je crois qu'il y avait des
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tables et des parasols donc on le voyait pas beaucoup. bon alors donc il y a eu ça assez rapidement puisque c'était au moment de l'installation, sauf que voilà, « demandez votre permis de végétalisez et cetera » je sais pas si les gens faisaient le…. Peut-être qu’il aurait fallu, que la ville de Paris fasse un, pendant un week-end sur place avec une tente et explique voilà. Donc je pense que y a eu un loupé par rapport à ça voilà quoi, parce que y a aucune raison que ca n’ait pas fonctionné quoi. Et moi j'avais beau leur dire Regardez il y a un panneau allez voir c'est vrai que bon… Et les habitants qui venaient vous voir et vous disez pas pourquoi ils le faisaient pas? non non pas du tout il y en a beaucoup qui savaient pas parce que comme ça a été planté par la ville ils se sont dit, ça je t'es pas rajouter ça, mais c'est vrai que la majorité des gens que je voyais, ils disaient comme c'est la ville ils sont dit on n'a pas le droit d'y toucher c'est la ville qui s'en occupe tu vois, ça aussi ça c'est un point important en fait que j'ai pas souligné tout à l’heure, ils se sont dits c'est à la charge de la ville… alors que s'ils avaient juste laissé des espaces bitumée et des bacs vides pendant un week-end… oui voila, exactement, tout à fait… Ou même ! ils auraient pu effectivement parce qu’il y a une logique, les services de la ville ils ont fait le plan de plantation et cetera ils auraient pu mettre amener pendant le temps d’un week-end, tous les végétaux ici, Ah ça c'est bien ça, ils auraient pu mettre tous les végétaux ici, et organiser une plantation collective avec tous les habitants de la rue qui voulait se mobiliser, ça ça aurait pu être aussi une dynamique qui aurait pu voilà. Alors que là c'est les jardiniers qui ont tout planté quoi, tu vois.
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COMMERCANT – Gérant de Zen Horizon, parfumerie Vous vous êtes dans le quartier depuis combien de temps ? depuis 1112 ans. 12 ans ? donc le magasin aussi ? oui surtout magasin, j'habite pas ici, j'habite à bry sur Marne. Est ce que vous pourriez me présenter le quartier en quelques mots, comment vous, vous le voyez ? c'est un quartier tranquille, heu
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beaucoup de familles qui vient au parc…. voilà, c'est un quartier tranquille ça veut dire pas très animé, mais c'est un quartier très familial… 15e quoi. et sur la rue comment vous pouvez la décrire en 5-10 mots? c'est une petite rue, c'est une rue piétonne, voilà, qui communique entre la mairie et le parc saint-lambert. Ici la mairie, ici le parc saint-lambert. Donc il y a pas mal de passants quand même. c'est très passant. Elle est, comment dire… Agréable la rue, pas trop de bruit, on est près de la mairie, du métro voilà. Donc vous, vous étiez là quand il y a eu le projet de transformation de la rue ? oui j'étais là j’étais la… Avant c'était une rue comme les autres, maintenant y a plus de voiture. et donc qu'est-ce que vous pensez du projet qui a été réalisé ? moi je trouve c'est bien, c’est bien.. sauf il manque un peu d'entretien. Il manque d'entretien du point de vue des plantes, et du point de vue du balayage, de la propreté. Sinon ça va le projet est bon. Au moment où le projet a été conçu, est ce que vous vous avez été informé ? La mairie a organisé des réunions, mais moi personnellement je participe pas donc… Et pourquoi vous participiez pas ? Parce que j'habite pas ici, donc je viens de transport qui est assez long. Et c'était pas forcément des horaires qui ..? Oui avec les horaires d’ouverture, moi j'ai pas beaucoup de temps d’y aller. Parce que c'était quoi les horaires des réunions vous vous souvenez ? souvent je pense c'est dans la journée, ah et si si le soir vers 20h aussi mais je travaille jusqu'à 19h 19h30. et comment vous avez été au courant du projet il y a des gens qui sont venus ou alors il y avait des panneaux ? non j'étais pas au courant non j'étais pas au courant. et donc vous pensez que ça apporté quoi en positif ou en négatif ? En positif c'est que les gens aiment venir flâner, promener, en négatif c'est…. Bon comme y a pas de voiture mais ça c'est normal, c'est c'est la conséquence, mais souvent c'est des gens du quartier maintenant. Ah avant y’avais plus de gens qui venaient de plus loin? Peut-être un peu plus, mais j'ai des clients qui viennent un peu loin parce que j'ai des clients fidèles quand même donc….. mais sinon vous pensez que sur la visibilité de votre commerce ça a influencer ? bien sûr que ça a
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influencé nous notre commerce n'est pas très visible. donc vous êtes moins visible maintenant ? non plus visible, pourquoi parce que y a plus les voitures qui stationnent devant. Est-ce que vous la trouvez plus belle plus esthétique qu’avant la rue ? *rire* alors on peut pas dire que ça soit plus belle, parce que moi je trouve qu'il y a moins d'entretien, Et les gens ne balayent pas la rue pendant plusieurs semaines hein !, moi tous les jours je balaie le trottoir. Sinon à la mairie… je sais pas s'il y a un contrôle. Déjà est ce que y'a quelqu’un qui a un programme fixe , est ce qu'il y a un contrôle, est ce que c'est bien exécuté ? surtout en ce moment il y a plein de feuilles donc il faut un peu plus souvent quand même. Il y a des cigarettes aussi, les mégots de cigarettes... Mais sinon le projet globalement c'est plutôt positif ou négatif? moi je trouve c'est plutôt positif même si c'est pas bien fini… voila Et donc vous ça ne vous a pas intéressé de participer ? parce que c’est des bacs qui peuvent être plantés par les riverains, par les habitants s'ils veulent donc vous ça ne vous avait pas intéressé de participer ? non j'ai pas participé et je trouve que la mairie, bon je trouve que c'est beau comme principe, mais bon combien de gens viennent participer hein ? À la limite je vais peut-être clôturer ça [montre le pied d’arbre devant son commerce] parce que les gens, les chiens fais caca ici… Autour de l’arbre ? ou parce que les gens faient caca, pipi les chiens. Mais maintenant il est, il fait trop froid à la limite je vais clôturer comme ils ont fait les autres à côté [le gérant du restaurant de burger a clôturé et planté le pied d’arbre devant son commerce]. Mais regardez les gens, les habitants est-ce qu'il vienne entretenir ? personne ! à part la mairie, je pense que c'est pas un problème de budget, ça coûte pas trop cher. Le principe, il faut que les gens veulent quand même. Si les gens veulent pas, qu'est ce qu'on va faire ? Vous pensez que le projet a été fait trop sans concertation avec les habitants c'est ça ? je sais pas s'il y a concertation ou pas je sais pas. Vous ça vous gêne que les plantes soient un peu laissées, pousser comme ça ? je comprends que le principe c'est un peu de nature, on cherche pas à trop planter, mais quand même mettre un peu jolie, changer les plantes ça coûte pas trop et ça embellit le quartier vous voyez ? je comprends le principe c'est faire participer les gens bon ça
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ça fait des économies mais est ce que c'est faisable est ce que les gens sont intéressés ? Oui pourquoi les gens ne participent pas selon vous ? parce qu'ils ne voient pas l'intérêt, d'abord heu…pourquoi ils vont planter les plantes dans la rue, alors qu'ils passent le plus leur temps…. Alors qu'ils vivent pas ici. C'est normal qu'ils voient pas l'intérêt. Donc vous pensez que ça ce type de projet devrait être étendu dans Paris ou alors que non ? heu moi je dis pas sur les autres quartiers je sais pas En fait vous pensez que les les gens devraient être d'abord impliqué pour que ça puisse se réaliser ? ouais ouais, ouais. Mais impliqué, est ce que on l'incite ou pas. Est-ce qu'on leur apprend à faire ou pas ? non non, rien on met juste un panneau. Est-ce qu'on a expliqué, encouragé les gens ? avec une animation quoi ? non En fait il faudrait qu'il y ait plus d'interactions entre la mairie et services d'entretien et et les gens ? Oui peut être, s'il y a des animations des motivations, bah peut être le principe est bon ouais ouais. Mais si je pense que la mairie doit surtout faire un peu plus, parce que on est en manque quoi, y'a des moments comme ça il faut faire quelque chose.
HABITANT _ Non impliqué Donc vous vous habitez dans la rue ici, où ca exactement ? Oui, Numéro 6 Est ce que vous pourriez me décrire un peu le quartier ? alors c'est un quartier très familial, bah là pour le coup c'est piéton, bah beaucoup de commerces de proximité après je sais pas… il y a énormément de familles, d'enfants et ça bouge pas mal c'est un quartier résidentiel. Et plus sur la rue comment vous la définiriez en quelques mots ? alors assez agréable en journée, par contre le soir c'est très bruyant, parce qu’en fait il y a des bancs ont été installées, en fait ça a été végétalisé, installé pour faire de sorte un endroit très convivial, mais le problème c'est que le soir du coup ça résonne énormément et surtout l'été parce que il y a les fenêtres ouvertes et en fait ça résonne beaucoup
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dans ce genre d'immeubles, donc c'est assez désagréable le soir quand on va être tranquille, il y a beaucoup de gens qui vont s'installer là, après parfois c'est des jeunes qui vont fumer des joints des trucs comme ça. Bon c'est pas une grosse partie mais il y en a quelques-uns. Et du coup il suffit de 2 personnes qui parlent un peu fort et ça résonne énormément. Mais sinon à part ça c'est le seul petit inconvénient, mais à part ça c'est agréable. Parce que vous vous êtes là depuis combien de temps ? Bientôt 3 ans. Donc vous n'étiez pas là quand le projet a été réalisé ? Non je pense que ça avait été fait peu de temps avant mais. Oui à partir de 2016. Ah oui voilà, d’accord. Et donc qu'est-ce que vous pensez que ça apporté en positif et en négatif ? Bah en positif déjà parce que j'ai des enfants, ducoup c'est agréable parce que on n'a pas trop peur de sortir sur une rue où il y aurait des voitures des choses comme ça, donc c'est agréable mais heu… en positif c'est agréable c'est vert et en négatif je trouve que du coup tout le monde a tendance à promener son chien là donc souvent y a pas de laisse et donc je supporte pas de me dire que bah un jour peut-être il y a un chien qui va sauter sur mon fils alors qu'on n'a rien demandé, enfin que ca saute sur vous alors que vous partez au boulot, c'est pas le moment de se salir, heu et puis les extrêmement qui sont pas forcément ramassés, les gens pensent vraiment que c'est un espace pour les chiens en liberté. Donc ça c'est vraiment et parfois les poubelles aussi qui sont… ça traîne et c'est pas ramassé a temps. Vous pensez quand même que globalement c'est réussi ? Globalement je pense que c'est réussi mais je pense que le seul problème, c'est pas tant sur ce projet là, mais je pense que les gens sont pas assez civilisés, honnêtement, et il n'y a pas assez de, on va pas dire de police mais de petits contrôles pour les poubelles, pour voir si tout se passe bien, y’a jamais donc j pense que c'est pas assez cadré. Surtout pour les chiens, comme je vous le disais normalement, je pense que c'est interdit de laisser son chien sans laisse, il y en a énormément. Plus ici ? Ah oui oui tout le temps tout le temps ! Encore hier j’ai vu une dame qui balançait une balle à son chien comme si c'était son jardin privé quoi. Moi aussi je suis avec mon fils, son chien est peut être gentil mais ça se trouve il va être excité devant
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un bébé, mon fils et il a que un an et demi ça se trouve il va lui sauter dessus et voila, moi je trouve que c'est abusé même. Alors vous n’avez pas vu comment c'était avant mais peut être que vous avez vu les photos ? non j'ai pas vu le projet, mais j'ai vu des photos sur Google maps et tout, c'était une route, c’était une rue classique ? oui c'était une route avec des voitures de chaque côté. Non non je pense que c'est pas mal c'est juste que je pense que quand on fait ce genre de projet, il faut penser à l'après, à la tranquillité des riverains ce genre de choses… Parce que vous pensez que les riverains n’ont peut-être pas été assez impliqués ? bah peut être qu'ils ont été impliqués mais ils vont pas se dire bah tiens l'été jusqu'à minuit 1h du matin il va voir des gens dehors, Et du fait que les Immeuble soient mal isolées, il fait hyper chaud l'été forcément il faut ouvrir les fenêtres, voilà plein de choses auxquelles on ne pense pas, on se dit Ah ouais ça va être agréable, après y a peut être des inconvénients à certaines périodes de l'année ou certains horaires de la journée… ouais ouais Mais comment on pourrait réussir à [résoudre ces problèmes] ? bah peut être même des règles demander aux gens de s'asseoir sur les bancs mettre une heure buttoir, leur dire que à telle heure que ce soit silencieux, faire moins de bruit peut être avoir une police municipale qui tourne pour la tranquillité des riverains. Après proprement dit lié au projet je pense qu’il n'y a pas grand-chose à dire, je vois pas comment on pourra anticiper ça. [Une cliente arrive, une pause 3min dans l’entretien est effectuée] Est-ce que vous pensez que ça a pu changer les liens de voisinage ? je pense pas bah après je sais pas après j'ai un emploi du temps chargé, je travaille un peu loin d'ici donc je sais pas, je pars tôt je rentre tard, mais Ça fait 3 ans je connais pas forcément, même mes voisins d'immeuble, je connais pas forcément encore moins dans la rue. Donc ça n'a pas aidé à ce qu'il y ait des petites manifestations ? je ne pense pas à moins qu'il y a eu entre personnes qui étaient là depuis un moment peut être en tout cas moi je vois pas là différence et j'ai pas forcément sympathisé avec d'autres personnes. Et au niveau de l'entretien qu'est-ce que vous en pensez ? bah justement nettoyage je trouve que c'est pas top parce que des fois y'a des encombrants qui reste là pendant des jours, et des crottes de
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chien, après l'entretien général non j'ai pas de… je pense que ça va, je sais pas tous les combien de temps c'est nettoyé mais globalement on va dire que ça va. C’est aussi un projet qui a été fait pour que les riverains puissent planter les bacs tout ça, et vous vous avez pas participé ? pourquoi ? non bah on m'a jamais sensibiliser là-dessus, m'a jamais proposé, heu ni la gardienne de l'immeuble ni la mairie, j'ai jamais vu , je sais qu'il y a pas mal d'endroit je crois qu'il faut un permis mais on m'a jamais dit que c'était possible, donc j'ai pas cherché. Il y a un panneau à l'entrée qui dit que c'est possible de végétaliser qu'il faut demander un permis. Ah ouais ? ah d'accord ! Comme vous si vous l'avez pas fait c'est parce qu'on vous a pas proposé ? bah j'aimerais bien mais c'est vrai que ici là les immeubles la plupart c'est Paris habitat, et je pense que Paris habitat nous implique pas forcément dans dans cette démarche donc j'ai pas cherché plus loin. Mais c'est vrai que s'il y avait eu des événements ? Ah oui bah j'aurais aimé, surtout avec mon fils et tout, ouais j'aimerais faire ouais. Ouais ouais carrément Donc c'est plus parce qu’il manque quelque chose pour que ça s'organise autour ? oui de la com[communication], ou des événements, des trucs comme ça… Après peut être aussi, c’est que les vélos ont le droit de passer, c'est tout à fait normal et on voit une sorte de piste cyclable, mais en fait c'est pas vraiment balisé donc en fait je peux pas laisser mon fils à courir un peu là parce que il y a des cyclistes qui passent et c'est dangereux. En fait on voit pas la différence entre la rue piétonne et la piste cyclable. Si on devait reproduire ce genre de projet ? Nan je pense que c'est bien, je pense que c'est bien, après on peut pas faire l'éducation des gens… mais je pense que le vrai problème c'est pas tant le projet, c'est comment il va être utilisé par les usagers, voyez moi personnellement je vais pas dire que je suis parfait mais si je suis dehors à 22h je vais faire attention à comment je vais…, et là c'est des jeunes ça se comprend et ils font pas forcément attention ils vont rire un peu fort à 2h du matin et tout mais voilà, mais je pense que voilà c'est peut être sensibiliser les gens et peut être avoir des gens qui passent de temps
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en temps pour faire une sorte de médiation et sensibiliser les gens. Après le projet en lui-même d'un point de vue architectural je pense que c'est très bien oui. Je pense que même il manque énormément, même la rue lecourbe ce qui me frappe énormément, c'est que il n'y a pas d'arbres. C'est incroyable d'être dans une rue il n’y a vraiment pas d'arbre,c’est incroyable. Et l’été quand ça tape c'est vraiment horrible, horrible. Et il y a une différence ou pas [entre la rue Léon séché et la rue Lecourbe] ? oui parce que déjà, après bon à la disposition de la rue il y a plus d'ombre, Rue Lecourbe pas du tout et je pense que même s'il n'y a pas d'ombre dû au bâtiment, je pense qu’avoir des arbres d’un point de vue convivialité et ambiance c'est quand même mieux.
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ENTRETIEN YOANN LE MENER [Questions] ENTRETIEN SERVICE 100Ha 1_ Est-ce que vous pouvez me présentez votre service et votre fonction en quelques mots ? Quels sont les objectifs de votre service, dans la question de l’évolution de l’espace public ? // Combiens de projets en cours, et combien visés ?
2_ Comment vous définiriez les relations entre la direction des espaces verts et celle des voiries dans le cadre de ces projets, puisqu’elles sont extrêmement liées ? Est-ce que le fait que ça soit 2 directions différentes, cela engendre des difficultés pour créer des espaces mixtes (Voirie/Jardin) ? 3_ Comment vous mettez en place ces projets ? de quoi partent ils ? qui choisit les rues ? 4_ Qu’est-ce que ce travail de transformation des espaces publics induit selon vous dans l’esthétique de Paris et comment vous prenez en compte l’aspect patrimonial de la ville ? 5_ Comment est-ce que vous intégrer la part d’imprévu dans l’espace public ? La végétation évolue comme elle le souhaite, et les permis de végétaliser permettent des esthétiques très différentes, choisies par les citoyens 6_ Comment est anticipée la gestion et l’entretien de ces espaces ? Leur évolution sur le temps long (pousse, taille des arbres etc.). Puisque dans certains projets que j’ai étudiés, les rues ont été laissées à la gestion totale des riverains, pour certaines jusqu’au moment où la Deve a du reprendre la gestion puisque plus personne ne s’en occupait…
7_ Après discussion/entretiens de plusieurs riverains de rues végétalisés depuis plusieurs années, et de la rue Erard pas encore végétalisée, il est souvent revenu que le manque d’implication des citoyens était dû à un manque de communication de la part des services concernés, (En amont du projet, pendant, et après, pour la gestion), souvent les riverains n’était même pas au courant qu’il était
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possible de végétaliser par eux même, ou qu’il y avait un projet. Il y at-il des réflexions en cours, des projets pour tenter de ‘faire avec’ les riverains ? Quelle place ont-ils dans ces projets ? 8_ Comment vous voyez l’implication des citoyens, des riverains dans la conception, la mise en place de ces projets et l’après projet ? Est-ce qu’il faut laisser l’espace public aux services de la mairie ou bien que les habitants se l’approprient ? sur le temps long ? 9_ Une autre rue végétalisée, en 2018, la rue Gustave Goublier, dans le 10e arrondissement, est dans un quartier enclin a divers problèmes sociaux, et de drogue, sdf etc, ce qui fait que certains commerçants en sont à vouloir la suppression des espaces verts, qui finalement ne résolvent pas les problèmes (déjà présents auparavant), comment réussir à intégrer ces contraintes sociales dans la mise en place des projets ? Est-ce que le quartier influence également le type de projet envisagée ? /// Est-ce que la ville de paris bénéficie de l’aide de l’Agence de l’eau pour tout projet de débitumisation, et de déconnection de surfaces de sol au réseau d’eaux pluviales ? 100€/m²
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Yoann Le Mener _ Service 100ha, DEVE Pouvez-vous me présenter rapidement votre service et votre fonction en quelques mots ? Donc moi je suis Yoann Le Mener, responsable de la mission 100 hectares. Donc je fais partie de la direction des espaces verts et de l'environnement au Service Du paysage et de l'aménagement. Si vous voulez, je pourrais vous transmettre un organigramme de la direction, si ça vous intéresse. Sachant que nous, par rapport à nos collègues, donc qui sont au service paysage et de l'aménagement il y a plusieurs division études et travaux qui réalisent, comme le nom l'indique, à la fois la maîtrise d'ouvrage et la maîtrise d’œuvre de projets d’aménagement d'espaces verts (Rénovation, extension d'espace vert). Et nous ? Notre mission, elle a été créée il y a un an, un peu moins d'un an, pour, alors le nom 100 hectares vient d'un engagement de mandature de, non pas végétalisation, mais débitumisation de 100 ha d'espaces publics, avec une volonté de forte végétalisation dans cette débitumisation. Et on a été créé pour
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accompagner en tant que Amo, assistance à maîtrise d'ouvrage, la direction de la voirie et des déplacements. La direction se trouve de l'autre côté de la rue de Tolbiac, la, pour les assister dans tous leurs aménagements de l'espace public, pour le volet végétal/paysage. Donc ça veut dire quoi, c'est dès le stade du programme, les alimenter et en faire en sorte, avoir un regard sur le programme des opérations pour une bonne prise en compte des volets paysagers, végétales, biodiversité et cetera, tous les enjeux de politique qu'il peut y avoir derrière. Donc l'intégration du végétal dans le programme de l'opération d'aménagement des espaces publics. Donc voilà, stade programme, diagnostic. Et ensuite tout au long des études de la réunion, réalisation des travaux, de les assister, sur tous ces volets techniques, donc ça va être produire des esquisses paysagères, heu, ça va être réalisé plus concrètement, des plans de plantation, le choix des essences, le choix des palettes végétales... Suivent des questions plus techniques d'arrosage automatique ce genre de choses. Donc on a une équipe de paysagistes, techniciens et d’agents de maîtrise pour assister la Direction de la voirie et des déplacements sur tous ces sujets-là. Donc les 100 hectares sont intégrés dans ces projets-là ? C’est 100 hectares d'espaces publics, donc quand je dis espace public, c'est la voirie, qu'il nous faut végétaliser. Donc, c'est la direction de la voirie et des déplacements qui réalise et choisit les projets, et vous, vous essayez d'intégrer dans ces projets là une débitumisation ? C'est la DVD qui porte la maîtrise d'ouvrage de ces opérations-là, et la maîtrise d'œuvre est soit interne, soit externalisée Mais dans tous les programmes qui leur sont apportées par l'exécutif parisien, il y a ces enjeux de végétalisation qui apparaissent, c'est à dire que c'est, on n'essaye pas de raccrocher de la végétalisation tant qu'on peut, de fait, les projets qui sont portés, visent à végétaliser l'espace public après la question c'est comment on le fait ? Ou est-ce que c'est plus important de le faire en fonction des contraintes réseaux, usage et cetera ? Et donc ça, c'est vous qui définissez ça, qui définit ça ? Alors, quand on a une opération qui est actée où ? parce que ça peut se faire à 2 moments je dirais. Y a 2 types d'opération, Il y a les opérations qui sont qui sont inscrite dans le plan de la mandature, où on a un budget où on a indiqué à en début de mandature les espaces publics qui seront réalisés, On a des aménagements en place, par exemple Denfert Rochereau, Félix Éboué. Un certain nombre, voilà de projets
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qui ont été actés, validés d’aménagement d'espace public avec une végétalisation à la clé. Et puis il y a des programmes qui ont été validés, là, vous avez des cartes des quartiers de la démarche embellir votre quartier, avec une enveloppe budgétaire et un certain nombre de quartiers à réaliser dans la mandature. Et dans le cadre de cette démarche-là, à chaque fois, au sein d'un quartier, Il y a un potentiel qui est identifié, est identifié, à partir de propositions des riverains, des propositions de la mairie d'arrondissement, des études de faisabilité techniques qui sont faites et ensuite on propose des choses donc, tout ça pour dire qu'il y a une phase de, est identifié, Nous on peut analyser la ou c'est le plus opportun au sein d'un quartier de végétaliser, on regardait trame verte, au regard des conditions d’ensoleillement, au regard des îlots de chaleur, de la carence du quartier en matière d'espaces verts existants ce genre de chose. A ce moment-là, on va pouvoir orienter sur le fait de favoriser la végétalisation de telle rue plutôt qu'une autre. Et ensuite, une fois qu'une rue a été retenu, qu'un projet est retenu, là on va rentrer vraiment dans la conception paysagère du projet et là, effectivement, on pense ces questions est identifié, Implanter la végétalisation plutôt ici ou là. En fonction des usages, des contraintes, des réseaux qui sont une vraie grosse contrainte, c'est à dire que souvent, une fois qu'on a dégagé le potentiel planté, au regard des réseaux, voilà, il reste plus grand-chose à inventer non plus et derrière c'est faire le meilleur projet possible en fonction des usages, et cetera. Qu'est-ce que ça induit sur l'esthétique de Paris et comment vous prenez en compte l'aspect patrimonial dans ses projets ? Alors, il y a 2 questions dans la question, l'esthétique, c'est un vaste sujet. Il y a une grande réflexion sur ce sujet-là, qui traverse la mandature avec un projet politique, auquel on participe dans les services, d'écrire des lignes directrices pour une nouvelle esthétique parisienne harmonisée à l'échelle du territoire. Donc voilà la question de l'esthétique, on l'écrit au jour le jour, projet par projet, pour voilà, dans l'uniformisation de la serrurerie qu'on va mettre en œuvre, des palettes végétales et cetera. Dans le type de plantes ? Oui, voilà la forme des espaces plantés aussi, ce genre de chose, Et après, par rapport aux contraintes patrimoniales, c'est encore différent. Classiquement, comme pour tout projet, qu’on parle de végétation autre chose, On travaille en lien avec les architectes des bâtiments de France qui, en fonction du site, D'un classement potentiel du site,
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enfin, à proximité d'un MH, vous êtes au clair sur Monument historique inscrits, classés, les contraintes que ça peut engendrer ou pas en termes d'instruction des demandes d'urbanisme ou pas ? Plus ou moins oui… Tout Paris n'est pas soumis à un avis conforme des Abf. Voilà, donc on regarde au cas par cas, déjà à quel régime juridique on est soumis par rapport à ça, et puis ensuite, C'est un dialogue avec les architectes des bâtiments de France voir des inspecteurs des sites classés, pour avoir les projets qui s'adaptent au mieux à leurs contraintes. Végétaliser, ça peut poser des problèmes ? Ça peut ouais ouais, ça peut, on peut avoir, Bon, il y a des sensibilités, ça reste un architecte des bâtiments de France sur son secteur qui est maitre des avis qu'il rend donc, Donc voilà, il y a des sensibilités particulières des uns et des autres. Mais oui, il y a sur certains projets, on nous a demandé, Alors moi ça fait quelques mois que je suis là seulement donc j'ai pas connu de projet complètement retoqué en disant que c'était complètement impossible de végétaliser ici, En revanche, il nous a été demandé d'avoir, si on souhaitait développer une strate basse en complément des arbres, qu'elle soit la plus basse et la plus sobre possible, pour pas écraser la majesté d'un lieu, une perspective. Voilà donc on peut être confronté à ça. Justement, la végétation, elle, évolue comme elle le souhaite, et c'est peut-être dans la volonté de la mandature de laisser la nature se développer par elle-même, mais comment est gérée cette part d'imprévu dans l’esthétique de l’espace public ? Par la nature mais également par les permis de végétaliser qui octroient au citoyen de créer leur propre esthétique dans l’espace public ? Alors en 2 choses, la nature qui s'implante par elle-même et qu'on laisse aller sans la maîtriser, je ne suis pas tout à fait certain qu'on soit dans cette dynamique-là *rires*. Sur une rue que j'ai analysée justement, la rue Léon Séché, dans le 15e il y a, on peut le dire, très peu d'entretien, donc ça se développe tout seul. Alors certains s'en plaignent, d'autres trouvent que c'est très bien, mais il y a des orties qui poussent, les massifs ont changé dans leurs volumes… Alors que les végétaux poussent déjà, ça, c'est une certitude, c’est une évidence, après qu'il y ait des espaces qui soit laissé, un peu en friche, on parlait de gestion différenciée pendant un temps, c'était le gros terme à la mode il y a quelques années, mais c’était au sein des espaces verts, avec tout l'intérêt que ça peut avoir pour la biodiversité. Dans l'espace public, je ne sais pas si c'est, encore une fois-là… je ne suis pas
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sachant sur le sujet, je ne sais pas si c'est venu de façon délibérée, ou si c'est venu un petit peu par défaut, parce qu'on laissait des pieds d'arbres…. Un des gros potentiels qu'il y a eu, eu, c'est tous les arbres qu'on plante, on attend qu'il y a un foisonnement de la terre végétale qui se fasse, pendant 3 ans normalement, avant de faire une réfection définitive. Donc ces fameux pieds d'arbres vous voyez des entourages, des grands carrés de 3 par 3 avec un entourage en bois, on attend que la terre se tasse avant de faire la réflexion définitive autour du pied. C’est dans tous ces espaces là qu'on a eu une végétation un peu spontanée qui est apparue, pour le meilleur et pour le pire avec des fois des endroits où ça se passe très bien, puis d'autres où ça fait un petit peu laissé à l'abandon et ça plaît beaucoup moins. Donc est ce qu’aujourd’hui on cherche à développer ça j'en suis pas certain, je pense qu'on cherche plutôt à remettre la main, sur même quand c'est quelque chose de spontané, enfin d’essayer d'avoir une stratégie et de faire en sorte que qu'on sache où on va. En tout cas on définit les zones où on pense que ça peut bien se passer et d'autres où au contraire on souhaite avoir la main sur la façon dont on végétalise, et ensuite sur la question de la prise en main par des riverains, permis de végétaliser ce genre de chose, qui ont amené, pour le coup pas mal d’émoi, sur certains pieds d’arbres un peu laissés à l'abandon, alors il y a des aménagements, de goûts un peu douteux, finalement chacun choisit un peu comme il veux aménager donc… c'est ça, Ce qu'il ya c'est que il y a à la fois un manque d'uniformisation reproché par endroit, et puis moi je pense que c'est surtout le fait que ça soit laissé à l'abandon, on n'a pas trop de regard sur est ce que la personne qui était en charge du permis de végétaliser qui se l'ai vu attribuer est ce qu'elle avait toujours la main sur son pied d'arbre, est ce qu'elle allait toujours l'entretenir ou pas… je pense que c'est là-dessus qu'il y a eu un gros sujet, donc Là ça a été re-toiletté pour faire en sorte voilà qu'on reprenne contact avec toutes les personnes qui… donc ça c'est pas moi qui m'en charge c'est l'agence d'écologie urbaine, heu voilà faire en sorte de reprendre contact avec tous les permissionnaires. Et puis il y a maintenant, dans la logique de débitumisation, on accompagne davantage les permissionnaires en préparant des espaces qui vont être végétalisés donc on peut, plutôt que d'avoir simplement le pied d'arbre à exploiter on peut aller débitumer et élargir un petit peu cette zone, on prend ça en charge, en investissement, et également la liste de protection qui sera uniforme partout donc ça sur la question d'uniformisation c'est quelque chose
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d’important, et puis voilà comme on espère du coup comme ça qu'on aura un rendu un petit peu plus uniforme et un peu plus ... après il restera toujours le fait de devoir être vigilant sur le fait que les permissionnaires reste bien mobilisés pour entretenir l'espace qu'ils ont en gestion Justement j'ai discuté avec pas mal de riverains des rues étudiées, il est souvent revenu que le manque d'implication c'était aussi par un manque de communication des services, que ce soit en amont pendant ou après le projet, et donc la majorité ne savait même pas que ils avaient le droit de de planter alors qu'ils étaient pourtant intéressé, est ce que justement dans les projets en cours il y a des réflexions pour faire avec le citoyen, est-ce qu'ils ont une place dans ces projets ? Alors faire avec le projet dans une concertation classique ou faire aussi le projet de plantation et d'exploitation derrière et la gestion des espaces ? un peu tout ça, à quelle échelle ils sont impliqués ? toute la démarche de concertation est toujours portée par les mairies d'arrondissements c'est à dire que, en tant que porteur de projet, c'est la direction de la voirie et des déplacements qui portent les projets qui portent la maîtrise d'ouvrage, et il rentre dans le dispositif de concertation qui est prévu par la mairie donc la mairie d'arrondissement, côté DVD et comme DEVE donc l'agence d'écologie urbaine qui suit ces permis de végétaliser, on cherche autant que possible à avoir des surfaces délivrées en permis de végétaliser, ça fait parti des objectifs effectivement, et pour ça on s'appuie sur les mairies d'arrondissements on leur demande de trouver des personnes ou des collectifs, idéalement c'est souvent plutôt des collectifs, qui seront en mesure de suivre sur le long terme des projets comme ça, de conception, d'entretien, plutôt d’entretiens de permis de végétaliser. Donc soit on a une mairie d'arrondissement qui est très motivée et motrice sur la question, qui est déjà en lien étroit avec ses conseils de quartier qui connaissent déjà ces collectifs et cetera, et qui est capable de faire remonter ce genre de choses, donc c'est la rue Erard par exemple ce que je vous avais indiqué dans le 12e, où lorsqu'on a fait le comité de pilotage de ce quartier on nous a tout de suite indiqué que pour l'aménagement de la rue érard il faudrait prendre contact avec un collectif qui était très impliqué et intéressé pour approfondir un projet de végétalisation participative. C'est ceux qui s'occupe du jardin partagé à côté ? Je ne sais pas peut être
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vous avez les contacts de ces gens ? non je les ai pas, alors le projet est
encore en étude il a été annoncé au comité de pilotage mais je me suis clairement noté quelque part dans ma tête et sur mon cahier, en disant que quand on sera aux études il faudra prendre contact avec ces personnes-là, donc on reprendra contact avec la chargé de mission à ce moment-là pour avoir les contacts et prendre contact avec eux. donc voilà on a sur ce projet là je sais qu'on prendra contact avec eux et qu'on pourra avancer, si effectivement ils sont motivés comme on nous l'a dit, mais je vous cache pas que voilà on traverse des quartiers où… où la mairie d'arrondissement n'a pas connaissance comme ça, de personne qui pourrait, ou de collectif qui pourrait être intéressé, à quel point eux derrière font le travail de poser cette question au tissu associatif, aux établissements scolaires, enfin après il y a plein de relais locaux ça on sait pas euh… j'en sais rien... Et pour le coup faudra peut-être en discuter avec les personnes à l'agence d'écologie urbaine chez nous, savoir comment eux ils portent ce sujet auprès des mairies d'arrondissement, et comment ils sentent leurs interlocuteurs face à eux, est ce qu'ils sont vraiment demandeurs aussi de plus d'espace comme ça, géré par les riverains je ne sais pas je ne pourrais pas vous répondre. nous on ouvre la porte on a du potentiel de projet on dit que on sera, on travaillera avec les personnes quand nous présentera, mais clairement c'est pas nous qui faisons du porte-à-porte ou des campagnes d'information sur ce sujet. Et dans les projets que vous réalisez vous prenez en compte la volonté d'implication des riverains ? est-ce que le dessin est différent si le projet voulu par les citoyens ? oui oui je pense, alors je dis je pense parce que je suis là depuis 4 mois, la mission aller là depuis un an, 10mois, même pas 8 mois, donc on n'en a pas eu encore des projets même là, enfin il y a du potentiel qui arrive là on commence à peine les études, donc oui quand ça se présentera, je parle au futur, oui ça se passera comme ça effectivement, sur la rue Erard on sait qu'on a des parcelles à laisser en gestion aux riverains, on regardera sur les aspects à la fois, enfin quelles sont les zones qu’ils souhaitent avoir on en exploitation et puis nous ce qu’on on en pense du point de vue paysager global et en intégrera ça au projet comme ça oui bien sûr… mais c'est très minoritaire par rapport à tous les projets qu'on voit éclore où on peut végétaliser l'espace public. oui ouais donc j'ai j'ai que ce projet là à vous donner sur plusieurs dizaines de projets
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enclenchés, dont les études commencent et ou on se pose pas spécialement la question est ce qu'il y'a des personnes qui seront intéressées pour…. D’accord… et puis après il y a aussi sur une autre rue qui a déjà été végétalisée en 2018 la rue Gustave Goublier, dans le 10 e, qui est près de la gare de l'est donc c'est un quartier qui est assez enclin aux problèmes sociaux drogue SDF, et certains commerçants en sont à vouloir supprimer les espaces végétalisés, pourtant géré par les riverains parce qu'ils considèrent que ça posent plus de problèmes que de solutions, est ce que suivant les
quartiers… comment ça peut influencer le projet de végétalisation ? ce type de problématique vous voulez dire ? est-ce que ça ça influence les projets c’est ça ? oui est ce que ça influence les aménagements qui sont faits ? ça oui c'est sûr, quelle est la pression de stationnement et la sensibilité par rapport à ces questions-là, combien de places de stationnement on peut retirer, ça va jouer sur la forme de végétalisation qu'on peut avoir, si on est sur un quartier avec des flux et des usages, une pression d'usage piéton qui sont très très forts, ou est-ce que c'est au contraire c’est très calme avec des trottoirs relativement larges par rapport aux usages qui sont accueillis ? est-ce qu'on est sur des quartiers commerçants, festif, avec beaucoup de commerces de bouche, de restauration et cetera enfin tout ça ça va avoir un impact sur nous notre façon d’aménager l'espace effectivement ça c'est sûr. Et des quartiers où il peut y avoir ce type de mésusage, de difficultés avec des personnes à la rue… on va forcément le prendre en compte, après est-ce qu'on a une grille de décision avec, on fait rentrer dans les cases, en fonction du quartier et puis on a une typologie de végétalisation qui va derrière, non! Clairement non après c'est juste de la conception en bonne intelligence, au cas par cas, en essayant d'aller sur le terrain le plus possible et puis en se reposant aussi, c'est là qu'est l'intérêt de la concertation, c'est qu'on s'appuie sur le vécu des habitants leur témoignage, parce que nous quand on va voir la rue le lundi à 11h du matin, elle n'a pas la même allure que le samedi soir et que voilà donc… pour ça c'est important qu'on s'appuie sur la connaissance de la mairie d'arrondissement, des services de proximité qui exploitent les espaces au quotidien, et sur le témoignage des habitants quand on arrive à les avoir, je vous cache pas que moi j'ai eu quelques réunions publiques qui ont été faites sur les quartiers, les quartiers sont assez gros quand même hein, ils sont assez vaste, et quand on a une réunion publique à 10 15 20 personnes dans la salle, ou dans la salle numérique quand ça se fait en visio, bon bah, à moins de tomber sur le groupe d'habitants de la rue en question, ça…. , moi j'ai fait des
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projets, dans des postes antérieurs où on a eu des concertations qui nous ont réellement aidé sur les projets, on a pu vraiment adapter le projet à ce que nous apportaient les connaissances du lieu, les habitants. Parce que vous étiez où avant ? J'étais avant au service des aménagements des grands projets de la direction de la voirie et des déplacements justement, donc… oui la vraie concertation productive qui nous apporte et qui nous permet de faire le projet le plus adapté au lieu ça existe ça c'est clair, mais on n'a pas…. elle est pas systématique parce qu' on n'arrive pas toujours à toucher les personnes qui habitent tout simplement, à part présenter en réunion, puis on a clairement pas enclenchez la phase d'après dont vous parliez de, « qui souhaite végétaliser dans la rue » encore. Une dernière question, sur le fait que il y a 2 directions qui doivent travailler ensemble sur ces projets mixte, comment ça se passe, est-ce que ça pose des problèmes ? je sais pas… moi j'ai travaillé 10 ans à la direction de la voirie et des déplacements, j'ai toujours réussi à parler à mes collègues… parce que finalement on n'est pas que 2 hein, il y a aussi nos collègues de la propreté des espaces publics, quand on est sur des artères commerçantes on va avoir nos collègues de la direction de l’urbanisme qui s'occupe des terrasses, enfin si on ouvrir, si on veut aller hein…. après effectivement quand on parle de végétalisation à l'espace public, il y a 2 directions en particulier concernées… moi j'ai pas de difficulté particulière parce que je connais bien la maison d’où je viens… est ce que ça pose des problèmes je sais pas, en fait dans toute organisation il y a toujours des points positifs et des points négatifs donc effectivement, le fait d'être 2 directions pour élaborer des projets ça peut paraître moins fluide que d'en avoir une, okay. Maintenant, quand on parle d’élaborer un projet qu'est-ce qu'on prend en compte ? On parlais de tout ce qu’il fallait prendre en compte quand il fallait élaborer un projet, on prend notamment en compte les contraintes d’exploitation qu'on peut avoir localement et cetera, et donc ça qui ? donc admettons que nous notre entité soit rattachée à la direction de la voirie et des déplacements pour faire le projet, de toute façon ce service devrait communiquer avec le service des espaces verts, pour parler du futur entretien des espaces qui sont créés, avec quels moyen, qu’est ce qui est souhaité… donc de toute façon le dialogue il sera nécessaire. à moins de fusionner complètement les 2 directions, ça pourquoi pas, aujourd'hui c'est pas le cas, parce que ça reste fondamentalement pas le même métier les
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espaces verts et là voirie, après ça fait des mastodontes aussi donc… alors est ce que sur l'espace public on pourrait se sortir de ça, bah oui non de toute façon les personnes qui exploitent les zones végétalisées sur l'espace public c'est le service d'exploitation des jardins, donc c'est le même service que ceux qui exploitent les jardins, et donc de toute façon il faut du dialogue, il faudrait toujours du dialogue avec ces services là. Que nous on soit rattaché à la dev et qu'on sache du coup bien faire en sorte qu'il y ait bon dialogue entre la DVD et là DEVE, donc on soit intégré finalement à la DVD, dans les 2 cas il y a des avantages et des inconvénients. Voilà je crois que.. On a les mêmes élus, on sait se parler, on n'est pas loin donc voila après il faut que, il faut mettre les bons dispositifs en place, qui sont pas les mêmes selon la nature des projets, l'échelle des projets, enfin…. En tout cas je ne vois pas de blocage, si on n'arrive pas à végétaliser Paris, ce ne sera pas à cause de problèmes comme ça. Après l'organisation on peut toujours en parler des heures, il y aura toujours des points positifs et des points négatifs. Voilà.
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ENTRETIEN CORINNE COUGHANOWR Corinne Coughanowr étant américaine, la retranscription littérale peut paraitre quelques fois non grammaticalement correcte. La discussion a débuté en échangeant sur la personne qui m'avait donné le contact et le jardin partagé dans lequel je l'avais rencontrée
[Questions] ENTRETIEN Corinne Coughanowr 1_ Est-ce que vous pouvez me présentez ce que vous faites, votre lien avec le mouvement des villes en transitions ? 2_Quel rôle peuvent jouer les projets de végétalisation et débitumisation de rues dans une transition de Paris ? 3_Dans le cadre du mouvement des villes en Transitions, comment pensez-vous que la végétalisation et débitumisation des rues serait amenée et réalisée ? 4_ La majorité des projets actuellement réalisés implique peu ou pas les citoyens, et est entièrement réalisé par les services de la ville. Estce que ça pourrait avoir un impact sur l’utilité sociale de ces projets ? D’après le service concerné, les gens ne sont pas impliqués, même quand des réunions de concertations sont mises en place 6_Certains projets de rues végétales, comme la rue Léon séché, n’ont plus aucun aspect d’implication des riverains et en ont eu très peu dès le début du projet, quelles pourraient en être les causes ? 7_Quelles sont les clefs pour réussir à impliquer les citoyens ? 8_A quel niveau faut-il les impliquer ? 4_ Est-ce que le fait que chaque citoyen a la possibilité de donner à un espace public sa propre esthétique (en plantant ce qu’il souhaite, protégeant son pied d’arbre comme il le veut…) est un danger ou une force pour l’esthétique de Paris ? 5_Est-ce qu’une gestion de la végétalisation des rues par les riverains est une solution pérenne et viable ?
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02:19 Présentation du projet de mémoire
Pour que l'entretien soit plus clair est ce que vous pouvez me m'expliquer qui vous êtes en quelques mots et votre rapport au mouvement des villes en transition ? Bon le mouvement des villes en transition ça a commencé vers 2005-2006 , et j'ai connu l'existence de ce mouvement en 2007, et je me suis très vite intéressée parce que, vous connaissez le mouvement ? oui Ce qui m'a beaucoup plu c'est que c'était un effort positif, il y a Greenpeace il y a beaucoup de choses qui ont lutté contre l'exploitation de la nature machin truc, et heureusement ils sont là mais c'est pas mon style. Et j'ai beaucoup aimé le côté positif, le côté alternatif et voilà, et aussi local, et de prendre en compte la diminution des ressources naturelles et tout ça donc heu, instaurer une sorte de sobriété progressive pour ne pas gaspiller etc, et de faire ca aussi dans la convivialité, donc faire ca avec des gens du voisinage, enfin localement, de mieux connaitre ses voisins, les gens autour, et faire des projets avec eux, qui les intéresse. C’est-à-dire chaque mouvement, chaque initiative de transition, il est local et il va avoir son propre contexte, enfin suivant si c’est urbain, rural tout ça, et aussi selon l’intérêt des membres. Parce que bon si les gens sont archi fan des jardins partagés ils vont probablement faire quelque chose, si ils s’en fichent un peu du jardinage c’est pas la peine de les pousser ils vont peut-être faire autre chose [Explication d’un projet de panneaux solaires mis en place à Londres] Voilà donc je me suis intéressé a villes en Transitions et on a monté un groupe dans le 15e, surtout avec la collaboration de l’AMAP, donc en 2010, ça a duré jusqu'en 2010 pour trouver un groupe, j'ai parlé autour de moi mais bon. Pour le créer ou bien ? j'ai parlé pour le mouvement des villes en transition pour voir si on pouvait pas lancer quelque chose à Paris, donc j'ai été une fois à une sorte de conférence et j'ai rencontré des gens, dont une personne qui avait lancé l’AMAP ici dans 15e, et tout de suite dans les 10 min, voilà on est d'accord j’explique un peu le concept comment on s'organise, sachant que ça se repose sur « tête cœur et mains » ça veut dire qu'il faut comprendre les enjeux de notre époque, les limitations, il faut aussi les digérer, et c’est pas toujours facile. Et les mains ça veut dire qu’est-ce qu’on peut faire ensemble. Et ça veut pas juste dire blabla, ca veut dire agir. [… 8 :40 Explication des débuts du mouvement] Donc dans le 15e, on essaye de continuer à faire flotter des choses, mais j’ai vu que depuis au
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moins 5-6 ans, toutes les assos on du mal. Pourquoi ? Pourquoi, alors d’un côté, je pense qu’on a une vie urbaine métro boulot dodo, même si avec le confinement ça a changé un peu le mixte. Mais j’ai l’impression que les gens s’impliquent moins facilement. Alors l’exemple que je peux te donner qui a affaire avec les plantes on va dire, c’est qu’il y a 2-3 aux associations qui se sont mises ensemble, et ils ont annoncé le projet d’incroyable comestibles [13:30 …] c’était un peu a perpet dans le 15e, dans une salle loin de tous les métro, mais on était 40 personnes ! un grand succès hein, et ils ont très bien fait la chose ils ont mis un grand plan du 15, avec des points rouges et verts, et on devait mettre un point rouge sur notre adresse perso, et un point vert si on avait un projet de végétalisation, de pied d’arbre. […] Je pense que je venais de postuler [au permis de végétalisé], donc j’ai mis mon point rouge, et j’avais autour de moi 8 personnes (1 ou 2 rues quoi) donc on s’est réunis, quelquefois, j’ai même procuré les graines, donc on a fait une séance en février, ou on a planté plein de petits pots que j’ai mis au soleil la. Donc il y avait quelques personnes qui venaient pour aider à ça. Après on a installé des bacs, il y a quelqu’un qui a eu l’idée de mettre dans des petits bacs devant, c’était très joli quoi, donc on avait une série de légumes qui commençait à pousser, et un mois après on a mis tout ça sur une palette sur l’emplacement, vers 7h, et a minuit tout était volé, le bac entier. C’était trop joli hein ! Une semaine plus tard l’autre qui était plus grand était volé aussi. C'était un peu décevant. Donc la prochaine fois on a fait un truc moins joli, et on a tout de suite cloué à la palette avant de remplir avec la terre et les plantes. Après ça durait un peu mais des fois les gens ils allaient piquer une plante… C’était vraiment enrageant… […] donc j'ai continué un peu, mais les gens volaient un peu, j'ai fini par l'enlever il y a un an et demi, il faut dire qu'on a un voisin aussi qui est un peu compliqué [17:50…] donc alors qu'est ce qu'on en est, au fait moi je voulais, l'idée c'était de faire un groupe de voisins ensemble, et il faut dire que au bout de 3-4 séances plus personne se pointait, et ça ça affaire avec l'implication des gens dans les associations. Parce que je trouve que, le même écho commence à être là depuis au moins 5 ans [dans toutes les associations], il y a un noyau qui va se retrouver pour essayer de faire quelque chose, et quand on essaie de fédérer d'autres personnes, ils viennent une fois, peut-être 2 fois et après pas. Bon, c'est une chose, je sais pas, il y a des élections et qu'on peut faire un effort, il faut le faire jusqu'au bout de l'élection même là ils ont pas beaucoup réussi, mais les plantes on peut pas les laisser tomber hein,
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il faut les arroser. Voila donc c’était un peu décevant et je sais pas… […] Et par exemple j’ai la copine qui gère ca [Anika Bastide, de l’asso le sel de Paname] elle a dit, « c’est comme la consommation, on vient pour consommer mais on veut pas s’impliquer » pour certaines personnes c’est ça le problème, et je comprends on peut vite fait être trop submergé par trop de choses, mais ce que j’ai noté aussi c’est que les gens qui font trop de choses, ils finissent par se dissiper et ils font le burnout [21:00…] Voila donc pour le jardinage, vous avez peut être plein d’autres renseignements […] je me demande si dans le mouvement des villes en transitions y avait eu des projets de végétalisation comme ça ? En fait dans le mouvement des villes en transitions qui sort d’Angleterre à l’origine, il y a plusieurs livres qui sont sortis, j'étais un peu impliqué dans les traductions, une partie parce que c'est quand même un gros travail. Mais bon, donc il y a ce qu’il va se passer soit dans les films sur le mouvement soit dans les livres, il y a des exemples qui sont montrés, des choses qui ont bien marché, j’ai parlé de ce projet en Angleterre de panneaux solaires et cetera, mais il y a un très beau projet je pense que c'était à Bruxelles [Potager Alhambra à Bruxelles], et il y avait une petite rue dans un quartier, et c'était pas fameux. il y avait des familles qui habitaient là mais il y avait des gens qui allaient je sais pas proposer des drogues enfin je ne sais rien mais c'était un peu mouchoirs. et donc certains habitants ils étaient pas très content avec ça, et quelques-uns ont eu l'idée de mettre en place, merci la rue était comme ça ils ont eu l'idée de mettre pas pour bloquer complètement mais en plein milieu les bacs pour faire un jardin partagé, tu devais être au moins 2 fois à ce salon, peut-être plus ([50-60m²] et ça a pu intéresser suffisamment de personnes famille et tout ça, que les gens ils ont commencé à se mettre à l'œuvre à planter des choses à communiquer à se parler, et assez rapidement ça a complètement changé le ton de la rue, ça veut dire ça un petit peu découragé la vente de drogue ou j'en sais rien, ça veut dire que la présence des personnes un peu louches a été remplacé par des gens qui habitaient là et qui se mettaient dans la rue à jardiner. Et c'était un grand grand succès de ce point de vue parce que bon… enfin sur plusieurs plans car ils ont eu un jardin ils ont connu les voisins, ils ont changé l’atmosphère de la rue. Et ça ne s’est pas essoufflé ? Je peux pas dire comment c’est maintenant, mais ca a eu une certaine pérénitée, au moins quelques années.
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En fait pour moi ça fait partie d'une question de pérennisation, parce que comme je fais partie d'une amap […] Donc quelque part l’amap ca continue parce que les gens apprécient les légumes et tout ca donc.. On pas se permettre de on est présent cette semaine et la semaine suivante on s'en fiche, non c'est toutes les semaines. Donc je pense que l'important c'est de faire en sorte qu'on arrive à s'organiser , donc voilà tout le monde doit aider à faire les distributions, nous on est toujours présent pour ça… mais pour d'autres choses pour un jardin c'est très important. Alors par exemple bon je sais pas où ils en sont en détail, mais la mairie s'ils mettent quelqu'un en place pour le faire c'est son job donc il va le faire, mais pour les citoyens il faut avoir un nombre suffisant. alors l'histoire avec les incroyables comestibles, les personnes qui ont fait ça ils font aussi partie de ce jardin partagé que j'ai mentionné sainte-félicité. ils ont essayé de faire une réunion tous les mois pour que les gens puissent discuter. et il voulait faire une organisation très très simple pour ne pas être lesté, et même là c'était devenu un peu trop parce que d'un côté ils lancaient un mail en disant on va se réunir par exemple au jardin partagé, telle heure et vous pouvez apporter un petit truc à boire comme un apéro. Alors moi je suis évidemment pas dans ce jardin partagé c'est trop loin, il faut que ça soit à côté, mais je suis allé à ces réunions plusieurs fois, très sympa mais on était 3 peut être 4 sur 40. Et je pense que les 2 personnes qui ont lancé ça au bout d'un moment ça dise, bon voilà on va pas porter tout. Donc le jardin partagé en soi ça avait l’air de marcher bien parce que chaque personne avait postulé pour un plot, et là ça a marchait mais en termes d'une organisation plus large, avec les incroyables comestibles dans toutes les rues tout ça, pas trop quoi. Et certaines personnes avaient mis en place un bac juste devant le jardin partagé qui devait faire office d’incroyable comestible, même à côté du jardin il y a plein de gens, c'est tombé à l'eau. Il y avait un autre square général beuret, pareil. Et donc pourquoi ça fonctionne dans les jardins partagés et pas dans la rue ? c'est une bonne question, peut être tout à l'heure on peut sortir je peux te montrer ce qui se passe chez la copine là [Liliane], j'ai eu une personne au téléphone qui était bien impliquée, et qui ça fait beaucoup dans la permaculture elle a commencé à faire des petites séances pour enseigner la permaculture aux autres, elle avait négocié pour faire un jardin dans un institut de personnes handicapées mentalement, dans le 15e […] Il y a une sorte de manque de maillons,
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parce d’un côté il faut une certaine présence pour planter les graines, la il faut beaucoup de soin on peut pas partir une semaine ne pas les arroser, après on les plante, il y a différents moments où il y a plus besoin de plus de soins que d'autres, il faut désherber ceci cela, après il y a la récolte. […]
Si il devait y avoir un projet de débitumisation et végétalisation de cette rue, avec votre expérience comment vous pensez qu’il faudrait s’y prendre, dans la conception et la gestion ? Bon moi j'étais dans un conseil de quartier, c'était le quartier pas loin de la mairie du 15e puisque l'adresse de l’AMAP était dans ce quartier, et ils avaient demandé des gens pour représenter l'association. et à l'époque mon nom avait été tiré de l'urne. Et il y avait quelques autres personnes que je connaissais, donc on était quelques personnes qui se connaissaient, il y avait d'autres personnes qui se connaissaient aussi et qui étaient bien dans la petite poche de la présidente du Conseil de quartier. moi je suis d'origine américaine je suis là depuis plus de 30 ans mais j'ai toujours des choses à apprendre de la société française, et là c'est plutôt instructif de voir comment ça fonctionne un conseil de quartier tout ça. C'était intéressant ça veut dire il y avait la présidente, les copains de la présidente, et nous les autres j'avais l'impression que on se méfiait de nous. Alors j'avais les copains à côté de moi, vas-y Corinne avec tes idées écologiques tatata. Bon j'ai essayé de proposer certaines choses mais d'une façon politiquement accessible, parce que moi j'ai bossé dans le recyclage et la gestion des déchets, j'ai noté que les gens dans les réunions de quartier, ils sont toujours en train de pester parce que les gens laissent des tas d'ordures, des déchets, et j'ai dit que on pouvait peut être traité la question autrement pourquoi pas se demander pourquoi il y a ces déchets pourquoi y a pas là recyclage pourquoi on va pas encourager plus le recyclage, il y a pas de raison. donc j'ai proposé de faire quelque chose avec le service de propreté du 15e et je me suis approché de leur bureau, il y a des gens qui sont à communications là-bas qui sont sur plein de fête à la mairie, il y a une personne que je connais depuis elle est super sympa pleine de pêche et tout ça, donc on a fait un thème-là dessus mais c'était un peu compliqué, parce que quand j'ai été voir ces personnes-là on m'a dit Ah oui bon d'accord, mais bon quand la présidente a eu echo de ça, mais comment vous êtes allé sans me le dire. il me dit okay pour mon idée
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bah j'y vais mais bon j'ai eu les bretelles bien redressée enfin bon. à la fin du mandat s est un peu calmé c'est a demandé pourquoi on faisait pas plus de chose mais bon. Donc pour moi la mairie ce n'est pas l'entité la plus ouverte, si tu veux. Bon ils changent petit à petit. [45 :00 …] ils apprécient mieux tous ces efforts. Est-ce qu'ils sont vraiment moteur ? C'est dans le vent donc ils deviennent plus moteur qu'avant, mais c'est pas eux à tirer, à mon avis. En fait il faut que ça vienne des citoyens pour réussir à les faire bouger? En fait moi je trouve que ce qui va être pérennisé, il faut que ce soit un truc qui implique les citoyens. On peut pas l'imposer d'en haut, parce que le citoyen ça l'impressionne pas hein. Il faut une sorte de collaboration, un dialogue, un respect mutuel, respect du temps et de l'effort de l'autre. Ça change petit à petit mais jusque-là j'étais pas très impressionné. […] ça m'a pas paru une voie express pour faire faire des choses [le conseil de quartier]. Bon à la fin on a fait une soirée avec la participation de la propreté de Paris, j'ai eu des flyers des sortes de fiches d'info très pratiques anti gaspi, malheureusement les conseils de quartier, c'est des réunions publiques il y avait pas grand monde. il y avait peut-être 20 personnes […] À quel niveau il faut mettre les citoyens et la mairie en relation ? Oui bon alors est ce que c'est un problème de... par exemple il peut y avoir de la méfiance, on fait pas confiance à la mairie c'est du bla-bla, de la récupération. Bon si on claironne que c'est toujours de la récupération on n'avance pas beaucoup pour faire quoi que ce soit. Ca peut manquer de communication de la mairie, aussi, les citoyens ne sont peut être pas au courant de ce qu’il se passe ? En même temps il faut dire aussi que le citoyen, récemment dans les asso son n'est pas très impressionné, il y a certaines personnes motrices, et après pour impliquer les autres on a un mal fou quoi. donc je sais pas moi je… des fois on fait des événements, la fête des possibles par exemple à l'automne et donc on se met avec plusieurs assos pour faire ensemble parce que tout seul c'est trop lourd, et souvent on fait des stands il n'y a pas trop de gens qui viennent. Bon il y a le confinement il y a ceci il y a cela, les gens ils sont un peu écrasés avec ça, mais… après on échange entre nous parmi les différents stands, okay c'est bien sympa on apprécie les autres, on apprend et tout mais… pour atteindre le grand public c'est pas ça hein. Oui et le fait était aussi à l’époque ça pouvait être que à l'extérieur, il pleuvait, donc c'était pas super gai, et moi ma conclusion à la fin j'ai dit on a fait 3 fois plus d'efforts à cause
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de toutes les consignes supplémentaires, et on a eu 1/3 des personnes, donc c'est un peu décourageant quoi. Alors oui en terme des collaboration qui vont réussir je pense qu'il faut un noyau de personnes vraiment motivé, et qu’ils aient un peu d'encouragement. Tu connais le, comment ça s'appelle, c'est tous les ans vers février on soumet plein de d'idées ? le budget participatif ? oui c'est ça donc qu'on suggère l'idée soit pour l'arrondissement soit pour tout Paris, moi j'avais postulé pour un projet de végétalisation j'étais lauréat. donc j'étais convoqué à une réunion, il se trouve que j'étais lauréat parce que ils avaient pris tous les projets de végétalisation comme ça ensemble, la réunion c'était pour convoquer tout le monde avec ces idées là les discuter ensemble comment faire quelques projets, pas tous les 50. Et il se trouve que ce jour-là j'étais malade, donc j'ai pas pu y aller et c'était la croix de la bannière pour avoir la moindre réponse, retour sur cette réunion. On a décidé de 5-6 emplacements dans Paris et on fait ça. Donc Lauréat pas exactement. Alors mon idée, je sais pas exactement quelle forme j'avais proposé mais je rêve de ça *on se lève pour aller voir à la fenêtre* [présentation de son projet de création d’un jardin partagé dans la rue de Ségur à la place d’une contre allée de parking] C'est donc quelle aurait été l’objectif de de cette végétalisation ? Bah en fait j'ai visité pas mal de jardin partagés, et quand j'ai visité il y a même 10 ans, on doit mettre quand même une sorte de barrière autour parce que bon il faut que ça soit fermé. Parce que sinon tout et n'importe quoi peut survenir, ça veut dire les gens ils peuvent faire n'importe quoi, si les gens y passent ils sont ivres ils vont arracher les plantes enfin j'en sais rien. Donc ils disent c'est une association c'est clos, il y a une petite cabane avec des outils il y a des points d'eau. Après les trucs un peu en hauteur ils sont affectés 1m² par membre, et quand quelqu'un vient pour travailler son plot, bah le jardin est ouvert au public, et quand il part il ferme. […] alors c'est peut-être une bonne question de savoir est ce que ça va continuer alors comme ça [les autres jardins partagés], alors j'ai demandé à Liliane, à sainte-félicité est-ce que ça marche toujours, elle m'a dit oui oui. Alors quelque part je me demande un petit peu il y a peut-être un niveau de.… Si on a son plot à soi, on est peut-être plus intéressé que si c'est un truc général. Alors qui va venir arroser Ah oui c'est à tout le monde, j'ai pas le temps. Alors que si c'est à soi on sait très bien, on en a la
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responsabilité on s'est un peu battu pour avoir le plot donc voilà, c'est la nature humaine. […] Est ce que vous pensez que laisser chaque citoyen faire sa propre esthétique d’un pied d’arbre peut avoir un impact dans l’esthétique globale de Paris ? En fait j'ai vu pas mal de version de permis de végétaliser, j'ai vu pas mal d'exemple, et on voit assez vite si la personne a arrêté son plot hein. mais d'autres sont charmants, il y en a pas mal sur le esplanade des Invalides qui sont pas mal entretenus de tous styles, des fois c'est très formel… c'est ça, chacun est très différent des est ce que ca ne peut pas poser problème ? Oui, Mais là ça va ça passe très bien. je trouve que c'est pas mal réussi ça pourrait doubler tripler sans problème , après il faut les effectifs mais, ceux qui ont fait un effort, ils ont mis des petites barrières en bois c’est sympa, ils mettent des plantes. Ça a l'air d'être à une hauteur assez basse donc c'est pas trop comestible parce qu'on sait pas trop… mais en termes d'enjoliver, et de mettre même on va dire de la biodiversité il y a pas mal de plantes c'est pas mal. des fois c'est mieux que d'autres. moi je peux pas dire si exactement des gens ils vont jeter des papiers… J’ai eu des retours comme ça de dégradations., vols de plantes, chiens…. Et souvent les gens l’utilisent un certain temps et ils s’en lassent car c’est pas comme un jardin qu’on peut faire évoluer, les gens s’en lasse, donc
est ce c’est pas un risque dans le fait que ca soit les habitants qui aient la gestion de l’espace public, est ce qu’il ne vaut pas mieux que ca soit la mairie qui s’occupe de ces espaces ? En fait pour moi, j'avais postulé pour ce bac là, l'emplacement et j'ai suivi les consignes pour avoir un groupe local. et à la fin j'ai continué le bac toute seule, même si j'avais la concierge qui avait l'air intéressé vaguement, mais le problème à la fin je me suis dit l'objectif, je peux toujours mettre mes plantes sur le balcon comme ça là mais si c'est sûr dans la rue comme ça c'est pour avoir un échange avec un certain nombre de personnes, un noyau qui veulent faire des choses ensemble qui partagent un peu le travail et qui passe du temps ensemble. Alors il y a personne plus qui se pointe parmi ce groupe de personnes, où est la convivialité ? où est la collaboration ? moi je peux pas là forcer je peux pas l'obliger, enfin… je sais pas. C'est moi qui a fait l'effort d'avoir l'emplacement, l'autorisation, j'ai pris les graines, c'est moi l'experte locale… parce qu'il y a des gens qui ont jamais planté quoi que ce soit comme graine, mais c'est vrai que la première fois on est là est ce que ça pousse ça pousse pas est ce que c'est une mauvaise herbe, est ce que c’est la bonne graine, à la fin
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c’est très intéressant parce qu’on va apprendre sur l'aspect les plantes mais c'est très intéressant […] *sortie dans la rue* On dit que si c’est à coté d’un bar, des fois ca peut entrainer des dégâts parce que les gens ils ont bu, mais je me demande si c’est pas plutôt une protection, il y a eu des plantes qui étaient piquées par une dame, plusieurs personnes l’ont vu et ils ont mis un panneau un jour « Madame on vous a vu, arrêtez maintenant » et elle a arrêté ! Mais ce qui est amusant, c’est qu’il peut y avoir des gens qui apportent des choses et d’autres qui enlèvent, donc c’est un peu un flux. Il y a des gens qui apportent ? Oui, parce que moi une fois je suis rentré de vacances, je suis rentré et il y avait une 40aine de plants de tomates qui ont poussé spontanément sur mon balcon. Donc je lui ai donné une 10aine. […]
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LEXIQUE Urbanisme : 1.
2.
Ensemble des sciences, des techniques et des arts relatifs à l'organisation et à l'aménagement des espaces urbains, en vue d'assurer le bien-être de l'homme et d'améliorer les rapports sociaux en préservant l'environnement. Les clefs de l'urbanisme sont dans les quatre fonctions : habiter, travailler, se récréer (dans les heures libres), circuler (Le Corbusier, Charte Ath., 1957, p. 100). Cf. MERLIN Pierre, 2009, Essai de définition de l’urbanisme, L’urbanisme, Cairn, P.3-4, URL : https://www.cairn.info/l-urbanisme-9782130573920-page-3.htm?contenu=article
3.
« L’urbanisme n’est-il pas à la fois théorie et pratique, solidaire du projet de société dans son institution imaginaire comme dans ses institutions réelles, tributaire de savoirs multiples, scientifiques ou non, de savoir-faire, traditionnels ou novateurs, de coutumes et d’habitudes ? », « L’aménagement est une discipline de l’espace, ou des espaces, car on peut disposer avec ordre à l’échelle du territoire, voire de la planète, comme à celle de la plus petite unité physique… L’aménagement est donc inséparable de l’histoire, du patrimoine comme de la prospective. L’aménageur ne peut être inculte, il doit être imaginatif » CHOAY Françoise, MERLIN Pierre, 1988, Dictionnaire de l’urbanisme et de l’aménagement, Paris, PUF, 902 p.
4.
5.
« L’urbanisme désigne l’ensemble des sciences, des techniques et des arts relatifs à l’organisation et à l'aménagement des espaces urbains, en vue d'assurer le bien-être de l'homme et d'améliorer les rapports sociaux en préservant l'environnement. Études, opération, problèmes, projet, techniques d’urbanisme ; urbanisme banal, intelligent, moderne ; urbanisme national, régional. Les clefs de l'urbanisme sont dans les quatre fonctions : habiter, travailler, se récréer, circuler. » Le Corbusier « Appliquées à l’urbanisme, les ambitions du développement durable visent à améliorer la qualité de vie, à réduire les émissions de gaz à effet de serre et à stimuler l’économie locale tout en préservant les ressources naturelles et les paysages. Amélioration de la qualité de vie, réduction des émissions de gaz à effet de serre, atténuation et adaptation au changement climatique, préservation de la biodiversité :
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l’urbanisme est central pour répondre aux défis sociétaux du XXIe siècle. » ADEME Rue : https://journals.openedition.org/traces/3133#tocto1n2
Dictionnaire de Merlin et Choay : Du latin ruga (ride, sillon, puis, en bas latin rue), voie bordée de maisons ou de murailles1 dans une ville ou un village. Élément essentiel de toutes les cultures urbaines, depuis l’Antiquité, elle y présente des aspects et y joue des rôles différents. Dans le monde occidental, son évolution morphologique est fonctionnelle ; elle a suivi celle des sociétés et des techniques. Les étapes de son histoire coïncident avec celles de l’histoire des villes et de l’urbanisation. Sauf dans le cas d’agglomérations où elles suivent d’anciens tracés romains, ou dans la cas des «villes neuves» (dites «bastides » en France et en Grande-Bretagne), dont on trouve des exemples dans nombre de pays européens, les rues médiévales sont généralement sinueuses, irrégulières, épousant les accidents du terrain et reflétant les vicissitudes de l’histoire. Elles sont étroites, dépourvues de trottoirs, traversées par un caniveau central. Le pied des maisons est protégé par de grosses bornes en pierre. Comme en témoigne la toponymie (me des Bouchers, des Fourreurs, des Tanneurs, de la Vannerie, des Orfèvres, etc.), elles sont souvent spécialisées dans des activités particulières. Logement (aux niveaux supérieurs) et travail (en rez-de-chaussée) ne sont pas dissociés. L’inconfort de l’habitat autant que l’ouverture des échoppes ou ateliers sur la rue font alors de celle-ci l’espace public par excellence. Les miniatures du X V e siècle, notamment, nous en ont conservé l’image. La vie urbaine se passe dans la rue, lieu de la communication et des contacts sociaux, qui, lorsqu’elle s’élargit un peu, accueille également fêtes, processions, marchés (J. Hillairet, La rue SaintAntoine, Paris, 1970). À partir de la Renaissance, l’art urbain crée des rues «programmées» (Lavedan) répondant aux nouvelles normes et exigences de la technique (défense militaire, circulation en carrosse) et de l’esthétique : plus larges, rectilignes, régulières, bordées d’immeubles aux façades alignées et uniformes. Cependant, une partie des anciens réseaux médiévaux subsiste, en dépit de modifications parcellaires et de reconstructions (cf. en France certaines m es du vieux Bordeaux, bordées de leurs hôtels classiques), et suscitent des embarras de la circulation tels qu’une longue tradition les décrit en France, de Boileau à Maxime Ducamp, en passant par Voltaire. Certains de ces réseaux médiévaux se
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maintinrent d’ailleurs jusqu’à nos jours, dans nombre de centres historiques, en Italie, en Espagne, dans les pays germaniques, en France. La deuxième partie du XIXe siècle voit s’hypertrophier la fonction circulatoire de la rue. En France, ce nouveau rôle est illustré par l ’oeuvre de Haussmann, qui sert de modèle à l’Europe entière. Le préfet détruit d’anciennes voies, trop étroites, en «régularise » d’autres, perce de nouvelles rues pour adapter la ville aux conditions de l’ère industrielle (cf. Haussmann, Mémoires, Paris, 1890-1893, t. 2, t. 3, chap. 1). Des rues à usage résidentiel sont créées. Amorcé depuis l’âge classique, le repliement, dans les espaces intérieurs de bâtiments spécifiques (cf. entre autres, bâtiments administratifs, bourses, magasins, salles de spectacle), d’activités publiques et privées qui se déroulaient primitivement dans la rue médiévale, s’accélère avec notamment la révolution de l ’économie et des modes de production, le progrès des techniques de construction et de conditionnement des bâtiments, le développement du confort, l’évolution de la famille nucléaire, la bureaucratisation de l’État. Certains espaces nouveaux (boulevards, galeries marchandes, jardins publics et promenades) prennent un relais de la vie sociale tandis que la rue continue, malgré tout, d’accueillir certains petits métiers (cf. Paris Guide, 1867, rééd. partielle, Paris, 1983), et encore les « cris de Paris », tels que les décrit Marcel Proust. À partir du xxe siècle, l ’invention de l’automobile place la rue dans une problématique nouvelle. Dès les années 1920, Le Çorbusier dénonce « les rues pleines de bruit, de puanteur» qu’abolissent ses «villes-tours» (Vers une architecture, Paris, 1928). «La rue est devenue un démon déchaîné. MENACE DE MORT partout, dès le seuil de la maison franchi (...) les rues ne doivent plus exister, il faut créer quelque chose qui remplace les rues » (La ville radieuse, Paris, 1933). Dès lors inscrite au cœur du débat sur l’urbanisme, la suppression de la « rue corridor», devenue symbole d’archaïsme, souvent même de danger moral et social (Le Çorbusier), est préconisée par la doctrine des CIAM qui s ’impose dans les réalisations de l ’urbanisme à partir des années 1950, dans les rénovations urbaines, les grands ensembles suburbains, certaines villes nouvelles européennes (Grande-Bretagne, France). Ni les dalles, ni les espaces verts, ni les nouveaux centres commerciaux ne « remplacent» effectivement la rue. Celle-ci ne tarde pas à être réhabilitée au nom de valeurs diverses : convivialité, sécurité, tradition. La série des apologies de la me est ouverte par J. Jacobs dont l’ouvrage (The death and life of great American cities, New York, 1961), qui se situait dans un contexte spécifiquement américain, contribua néanmoins au
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renversement doctrinal de l’urbanisme européen. Suivaient les pamphlets du postmodemisme, militant au nom d ’un étalement urbain (cf. R. Krier, L ’espace de la ville, Paris, 1975). Le retour à la rue semble aujourd’hui, en partie, acquis. La ville de Louvain-la-Neuve, en Belgique, en donne un exemple où les concepteurs sont même revenus à la rue piétonnière. Parmi les partisans de la rue, beaucoup ne sont cependant pas assez attentifs aux révolutions sociétales et techniques (rôles des médias et des télécommunications, par exemple) qui, depuis l’époque médiévale, ont transformé son statut et au fait que la réhabilitation de la rue comporte une part de jeu et de faux-semblant (on ne doit pas oublier le rôle joué aux États-Unis par les modèles de Disneyland, dans le retour à la rue). Dans les centres historiques et en milieu urbain ancien où le réseau viaire originel devait être préservé, la rue piétonnière a pu apparaître dans de nombreux pays, en Europe (Allemagne, Pays-Bas, Suisse,, Autriche, avant la France) mais aussi aux États-Unis, comme une panacée contre les dangers corporels et la pollution, physique et visuelle, de l ’automobile. Une gamme de solutions a été expérimentée sur des zones plus (Munich, Amsterdam) ou moins importantes (Berne, Vienne, Lyon) ou ponctuelles (Nancy) : exclusion radicale des voitures ; autorisation de circulation automobile réservée aux riverains (Sienne) ; exclusion seulement à certaines heures ou certains jours (quartier des grands magasins à Tokyo le samedi). L’expérience montre que la création de mes piétonnières n ’est pas sans inconvénients. D ’une part, leur aménagement selon des stéréotypes internationaux, influencés par le modèle des centres commerciaux américains (éclairages, pavages, bacs à fleurs) les banalise et leur fait souvent perdre une partie de leur caractère. D ’autre part, leur vocation piétonnière induit un ensemble d’effets économiques et sociaux qui, souvent, y dégradent la qualité de la vie quand ils ne chassent pas les populations originelles : implantation de commerces liés au tourisme, en particulier la restauration bon marché (cafés, crêperies, fastfnod) ; envahissement par les touristes en même temps que par des populations marginales, clochards, drogués, etc. « L’effet Beaubourg » se retrouve à travers la France, par exemple autour de la cathédrale de Strasbourg. En dépit de l’étroitesse de leurs rues et ruelles médiévales, certaines villes historiques Européennes (Tolède) ont préféré ne pas y interdire la circulation et ont ainsi, en partie, échappé à ces inconvénients.
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Biodiversité : 1. 2.
3.
4.
Diversité des espèces vivantes et de leurs caractères génétiques. (Dictionnaire Larousse) “Diversité des organismes vivants, qui s’apprécie en considérant la diversité des espèces, celle des gènes au sein de chaque espèce, ainsi que l’organisation et la répartition des écosystèmes.” (Définition donnée par le Journal Officiel le 12 avril 2009) Tissu vivant de notre planète. Le terme recouvre l’ensemble des milieux naturels et des formes de vie (plantes, animaux, champignons, bactéries, etc.) ainsi que toutes les relations et interactions qui existent, d’une part, entre les organismes vivants eux-mêmes, d’autre part, entre ces organismes et leurs milieux de vie. https://www.ecologiquesolidaire.gouv.fr/biodiversite-presentation-et-enjeux CLERGEAU Philippe : La biodiversité c’est la diversité naturelle des organismes vivants. On considère les diversités des écosystèmes, des espèces et des gènes en relation avec leur organisation et leur répartition (pas que richesse mais aussi fonctionnement). Dans Conférence à l’espace des sciences « urbanisme et biodiversité » https://www.youtube.com/watch?v=VkchjsBC_l8 « La biodiversité c’est une richesse en espèces, mais surtout un tissu de relations entre ces espèces avec leur environnement. » P. Clergeau dans Accueillir le vivant, ChartierDalix BŒUF Gilles sur la différence nature/biodiversité : « la nature rassemble l’ensemble des systèmes existants – constitué en même temps que la Terre –, alors que la biodiversité est la fraction vivante de la nature, née sur un substrat minéral, sur une géodiversité antérieure. La biodiversité ne se réduit toutefois pas à un seul inventaire d’espèces : au-delà du nombre de papillons dans un champ ou de bactéries sur une surface, elle recouvre l’ensemble des relations entre les êtres vivants et aussi avec leur environnement
5.
Convention sur la biodiversité écologique (1992) définit la diversité biologique comme suit : « La variabilité des organismes vivants de toute origine y compris, entre autres, les écosystèmes terrestres, marins et autres écosystèmes aquatiques et les complexes écologiques dont ils font partie ;
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6.
7.
cela comprend la diversité au sein des espèces et entre espèces ainsi que celle des écosystèmes (Article 2, p. 3) » (ONU, 1992). https://journals.openedition.org/vertigo/16807#quotation Variété des organismes vivants, leurs gènes et la multiplicité des habitats dans les établissements humains et autour de ceux-ci (Muller, 2010) Le terme biodiversité a été proposé par le biologiste américain Wilson en 1987 http://geoconfluences.enslyon.fr/glossaire/biodiversite
NB : Werner et Zahner (2009) confirment que les zones urbaines sont souvent pourvues d’une grande richesse d’espèces et peuvent représenter des centres de biodiversité locale et régionale. Ecosystème : Ensemble formé par les organismes vivants et leur environnement Durable : •
Fondamentaux du rapport Brundtland et cadre de référence ministériel de 2006 : cinq finalités 1. La lutte contre le changement climatique ; 2. La préservation de la biodiversité, des milieux et des ressources 3. La cohésion sociale et la solidarité entre les territoires et les générations ; 4. L’épanouissement de tous les êtres humains 5. Une dynamique de développement suivant des modes de production et de consommation responsables.
Et 5 éléments déterminants pour réussir : • • • • •
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Avoir une stratégie d’amélioration continue dans le temps Organiser la participation de toutes les parties prenantes Déterminer la méthodologie du pilotage Avoir une approche systémique Planifier une évaluation partagée.
Nature : 1.
2.
DESCOLA Philippe : La nature est un terme occidental que l’on ne retrouve pas dans toutes les cultures. C’est une façon d’établir une distance entre les humains et les non- humains qui est née par une série de processus, de décantations successives de la rencontre de la philosophie grecque et de la transcendance des monothéismes, et qui a pris sa forme définitive avec la révolution scientifique. La nature est un dispositif métaphysique, que l’Occident et les Européens ont inventé pour mettre en avant la distanciation des humains vis-à-vis du monde, un monde qui devenait alors un système de ressources, un domaine à explorer dont on essaye de comprendre les lois. La nature permet de signifier la distance qui s’est établie entre les humains et les non-humains https://reporterre.net/Philippe-Descola-La-nature-ca-nexiste-pas HEIDEGGER : la nature est une sorte de boîte vide qui permet de donner une saillance à tous les concepts auxquels on va l’opposer.
Le Vivant : 1. 2.
3.
Qui a les caractéristiques de la vie, par opposition à ce qui est inanimé, inerte : Organisme vivant. Larousse Qui vit, qui est en vie ; dont les fonctions de la vie se manifestent de manière perceptible. Une obsession pareille à celle des créatures qui portent en elles jusqu'à leur dernier jour la peur d'être enterrées vivantes (J. Bousquet, Trad. du sil., 1936, p. 97). Qui est doué de vie ; qui possède les propriétés physicochimiques caractérisant la vie et qui la différencient de l'inerte, du minéral. Cellule, germe, matière, molécule, organisme vivant(e) ; êtres vivants ; espèces vivantes. C'est cet aspect si différent dans les manifestations des corps vivants comparées aux manifestations des corps bruts qui a porté les physiologistes (...) à admettre dans les premiers une force vitale (Cl. Bernard, Introd. ét. méd. exp., 1865, p. 96).
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Ville anthropocentrée : 1.
Définition personnelle : Ville construite exclusivement pour et par l’homme en tenant peu compte des questions de biodiversité et du vivant
Ville écosystémique : 1.
2.
Définition personnelle : Ville qui n’est plus anthropocentrée, qui se construit pour et par le vivant (faune et flore, autant que pour l’humain) Ville résiliente qui intègre toute la communauté d’être vivant (humains et non humains) sur son territoire et préserve leurs milieux. « Nous aurons accompli un grand pas le jour où nous donnerons des droits, non plus seulement aux humains, mais à des écosystèmes, c'est-à-dire à des collectifs incluant humains et non-humains, donc à des rapports et plus seulement à des êtres » (Philippe Descola, Interview par Olivier PascalMoussellard, Télérama n°3392, janvier 2015) CLERGEAU (Ville nature) : Une ville qui n’est plus anthropocentrée, une ville qui accepte le vivant en son sein. L’enjeu aujourd’hui n’est pas tant de verdir, nous savons le faire, mais de restaurer la biodiversité, c’est-à-dire non seulement la diversité des espèces végétales et animales, mais surtout les relations qu’elles entretiennent entre elles.
Urbain écosystémique : 1.
Définition personnelle : Territoire construit par l’homme mais en tenant compte de la faune et la flore et en l’intégrant aux réflexions et mises en place de la ville.
SRCE : Le Schéma Régional de Cohérence Écologique constitue un document cadre régional qui vise la préservation et à la remise en état des continuités écologiques à l’échelle régionale
Réseau écologique : “Concept en écologie du paysage, dont l’objet est d’assurer des connexions entre les habitats naturels des espèces par des corridors, afin de maintenir la connectivité du paysage, qui est une des conditions principales de la survie des espèces.” (Debray, 2011)
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Résilience : 1. 2.
3.
Capacité à se régénérer après une perturbation ou à résister à celle-ci « Le mot résilience est issu du verbe latin Resilio, resilire. Ce verbe a deux significations : Rebondir et se reculer vivement. » (Ile de France 2015 bio région, Institut Momentum p.38) Capacité d'un écosystème, d'un biotope ou d'un groupe d'individus (population, espèce) à se rétablir après une perturbation extérieure (incendie, tempête, défrichement, etc.). (Larousse)
Espace public : • Project For Public Spaces : Attractivité de l’espace public selon 4 critères principaux : Usages et activités, confort et image, sociabilité qui s’en dégage, accessibilité du lieu. • F. Choay et P. Merlin « On peut considérer l’espace public comme la partie du domaine public non bâti, affecté à des usages publics » • Isaac Joseph : « la notion d’espace public, tour à tour métaphore de la ville comme lieu de rencontre, de la cité comme centre du débat politique, et de la société urbaine comme société démocratique, peut sembler faire tournoyer autour du même mot un espace de recherche infiniment distendu par ses objets et ses terrains ». • Habermas : l’espace public est, plus qu’un lieu de rencontre, un lieu politique, de démocratie, et de publicité. • François Thomas : • Définition personnelle : l’espace public dans sa définition urbanistique pourrait se résumer à l’espace accessible et offert à tous, comme bien commun, mais il est plus que ça dans sa dimension sociologique ; un espace nécessaire a la sociabilité d’une communauté et intrinsèquement son bienêtre global • Thierry Paquot dans ‘l’espace public’ : Au singulier, l’espace public désigne la sphère du débat politique, la publicité des opinions privées. Au pluriel, les espaces publics correspondent au réseau viaire, rues et boulevards, places et parvis, parcs et jardins, bref à toutes les voies de circulation ouvertes aux publics, dans les métropoles comme dans les villages urbanisés. Les deux relèvent de la communication. • La mondialisation, la révolution communicationnelle, la vidéosurveillance, la multiplication des murs réels et virtuels « effacent » les espaces publics. L’urbanisation planétaire
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(centres commerciaux, tourisme de masse, mobilier urbain, enclaves sécurisées, etc.) transforme leurs usages et les uniformise. Pourtant, des résistances se manifestent (street art, spectacles de rue, code de la rue, cyber-rue, actions féministes, etc.) qui associent aux espaces publics, gratuits et accessibles, les trois qualités des villes : l’urbanité, la diversité et l’altérité. Perception : Acte de percevoir, son résultat. PHILOS., PSYCHOL. Opération psychologique complexe par laquelle l'esprit, en organisant les données sensorielles, se forme une représentation des objets extérieurs et prend connaissance du réel. Perception tactile, visuelle; perception spatiale; théorie de la perception. Un des effets du vêtement est de rendre le corps plus présent et plus sensible à lui-même par des perceptions de la peau (Alain,Beaux-arts,1920,p. 68)La perception est plus que la simple sensation : c'est la sensation suivie de l'acte intellectuel qu'elle suscite immédiatement et par lequel elle est interprétée (Méd. Biol.t. 31972) : 1. Nos perceptions du monde physique s'organisent en nous (...) sous forme d'images qui représentent avec le plus de fidélité possible ce qui se passe autour de nous. Mais perceptions, sensations, ne tombent jamais dans un terrain neutre; elles engendrent immédiatement une réaction affective, une émotion, qui varient selon la nature de ce qui les provoque, mais aussi selon la nature de celui qui les reçoit. Huyghe, Dialog. avec visible,1955, p. 313.
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CONTACTS Nom Prénom Laurence Lejeune
Fonction DEVE – Directrice, Ingénieure en Chef des services
techniques Michèle Zaoui Laurent Racape
Vincent Merigou Fabien Berroir Yoann Le mener Dodard Thierry Florent Morisseau ARGGG Jean-Pierre Charbonneau Emmanuel Metzle Corinne Coughanowr Besançon Manon Association Colibri 15e Puron Christine Takacs PaulRobert Katarina Dear Jeanne Victorine Cyprien Cambier Mata Walker Tristant False
Cheffe de projet au Pôle de la qualité de cadre de Vie, Secrétariat Général Adjoint au Maire du 15e arrondissement, chargé de la végétalisation de l'espace public, de la nature, de la préservation de la biodiversité et de la condition animale DEVE - Adjoint a la cheffe du service du paysage et de l’aménagement DEVE - Chef Gestion des espaces verts DEVE 15e Exploitant de la rue Léon Séché DEVE – Directeur du service 100Ha DEVE – Responsable atelier JA 15 CE Paysagiste, Agence Choreme, riverain de la rue Léon séché Association de riverains de la rue Gustave Goublier Urbaniste, Riverain de la rue Gustave Goublier Ancienne architecte, Organisatrice de parcours biodiversité à Paris 4e Cofondatrice de Paris 15 en transition (mouvement des villes en transitions), Traductrice de Rob Hopkins et autrice à l’institut Momentum Architecte au CAUE 75
Pôle Ressource Jardinage Urbain DEVE - Mairie de Paris Chargé d’études floristiques à la division de la biodiversité Nature&Us Atelier-wh COURTOISIE URBAINE COURTOISIE URBAINE Les blobs szlemp Riseup
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TABLE Remerciements Sommaire Introduction
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Etat de l’art Hypothèse et problématiques Corpus Méthodologie
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CHAPITRE 1 - INTÉGRER LE VIVANT DANS LA RUE PARISIENNE : l’importance des méthodes de production de l’urbain écosystémique
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A - À Paris, des projets précurseurs ? 1. Contexte historique et géographique
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2. Divers projets émergeant d’une multitude d’acteurs La ville de Paris et ses services techniques Les citoyens et les associations
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B - Quelle approche pour produire l’urbain écosystémique à Paris ? 1. Top Down et Bottom Up, deux manières de penser et produire l’urbain 2. La complexité parisienne
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C - Les rues ‘végétales’ : cas d’études synthèse d’une évolution globale 1. Une nouvelle typologie de rue, la rue végétale (ou rue-jardin) 2. Les cas d’études Rue Léon Séché, 2016, Top Down Rue Gustave Goublier, 2018, Bottom Up Rue Erard, non réalisée, Bottom Up (projet porté par des riverains) 3. La méthodologie de recherche
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CHAPITRE 2 - PERCEPTION ET REPRESENTATION DE LA RUE PARISIENNE : Une nouvelle vision de l’espace public A – Une redéfinition de l’esthétique de la rue influant sur la notion d’appartenance 1. L’hétérogénéité des espaces publics 2. Une esthétique moins cadrée et contrôlée Une esthétique vivante Une esthétique citoyenne B – La création d’ambiances variables selon les temporalités 1. L’importance des temporalités dans le ressenti de la rue 2. « Améniser » la rue : biodiversifier pour plus de sécurité 3. Le contraste entre le temps long du vivant et le temps politique C - L’impact du mode de production de l’urbain écosystémique dans les perceptions de la rue Parisienne
CHAPITRE 3 - LA RUE BIODIVERSE : un espace public mixte voirie/espace vert pour de nouveaux usages A – L’apparition de nouvelles interactions à l’humain et au vivant 1. La biodiversité dans l’espace public comme créateur de lien social ? 2. Un nouveau type d’interaction, au vivant La nécessité de coexister et respecter le vivant Des nuisances et nuisibles à intégrer
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B – La cogestion de l’espace public par l’entretien végétal, un catalyseur social 1. Le vivant pour responsabiliser le citoyen et l’impliquer dans le fonctionnement de son quartier 2. Un entretien partagé, une organisation difficile 3. Penser l’implication dans le temps pour éviter le désintéressement 4. Apprendre à laisser la biodiversité s’autogérer dans l’espace public C -Entre forme et fonction, des usages induits par l’aménagement 1. Une appropriation et individualisation de l’espace public par les riverains Par les commerçants Par les habitants 2. Une nouvelle forme d’obstacle, végétalisé et évolutif
Conclusion
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Impact de l’approche de production de l’Urbain Evolution des perceptions de la rue Evolution des usages de la rue Limites de la recherche Prolongements possibles
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Bibliographie
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Ouvrages / Articles Rapports / Etudes / Expositions Thèses / Mémoires
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Index Annexes
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Sommaire des annexes Déroulé Général résumé du mémoire Questionnaires d’entretien citoyens Retranscription des entretiens citoyens Questionnaires et entretiens Yoann Le Mener et Corinne Coughanowr Lexique Contacts
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Cette recherche traite de l’évolution de la rue parisienne au travers de projets de transformation urbains au profit d’une certaine biodiversité. Pour cela, à partir d’ouvrages et de ressources diverses dont de nombreux entretiens, il sera possible de comprendre les évolutions d’usages et de perceptions de la rue parisienne biodiverse. Esthétiques, ambiances, interactions, implications ou appropriations, la compréhension de ces notions dans les 3 cas d’études de rues va permettre d’obtenir des éléments d’évolutions globaux de l’espace public à Paris. Les entretiens de deux acteurs de la fabrique de la ville, Yoann Le Mener et Corinne Coughanowr permettront de comprendre la vision qui se dessine pour les rues à Paris, et surtout l’importance de l’approche de production urbaine - Top Down ou Bottom Up - dans ces usages et perceptions. Ainsi il sera possible d’entrevoir les éléments structurels d’une évolution de l’espace public qu’est la rue à Paris, vers un maillage urbain plus écosystémique.
ESPACE PUBLIC - RUE JARDIN - BIODIVERSITE URBAINE PRODUCTION URBAINE - USAGES - PERCEPTIONS IMPLICATION – ESTHETIQUE – AMBIANCE – INTERACTION
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