Les Berges de Seine Parisiennes : Manifeste d'un nouvel espace public

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LES BERGES DE SEINE PARISIENNES : MANIFESTE D’UN NOUVEL ESPACE PUBLIC Quels usages de l’espace public les aménagements des berges de seine parisiennes engendrent-ils et qu’apportent-t-ils à la ville ?

Loic Tchernatinsky

- rapport de licence 2019 DE territoires de l’architecture

ensa paris val de seine

Louisette Rasoloniaina


SOMMAIRE Introduction

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Développement I. Contexte et Historique de l’espace public des berges de Seine Parisiennes

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a. L’espace public et les berges en urbanisme

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b. Les berges dans l’histoire de Paris, quel espace public ?

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L’Espace Public « Project For public Spaces » L’Espace public quelles définitions? La Seine et ses berges

Paris créé par le fleuve

Espace public majeur pendant plusieurs siècles Voies sur berges puis piétonisation

c. Les berges à Paris : Un lieu constitutif de la ville

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Un lieu physiquement central dans la ville Un lieu symboliquement central Un lieu fonctionnel

II. Une évolution des usages et des aménagements : Les berges comme lieu de vie?

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a. Espace public, espace piéton

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Un lieu pensé pour les transports doux La question écologique Un lieu comme lien de la ville

b. De nouvelles temporalités

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c. Des aménagements dans l’ère du temps, exemple de Barges et berges (Réinventer la Seine)

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Journée Semaine Saison

Un engouement national (et international) Un lieu, plusieurs usages Flexibilité et temporalité, évolutivité, réversibilité

III. Les limites de l’aménagement de cet espace public

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a. La Forme et l’Usage

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La forme et l’usage

La discipline des usages

Quelle population attirée par ces aménagements ?

b. Festivalisation de la ville

L’espace public comme spectacle L’ «Instrumentalisation» politique Quelle population attirée par ces évènements ? c. L’espace public divertissant

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Un espace Ludique Un espace moins authentique? Ouverture sur paris

Conclusion

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Bibliographie

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FLEUVE REINVENTER LA SEINE

USAGES VILLE

HISTOIRE

AMENAGEMENTS

PARIS BERGES

LIEU

spectacle

LUDIQUE

SEINE

ESPACE PUBLIC

TEMPORALITE

IDENTITE

Credit carte de Paris page de garde (modifiée) : cmap.comersi


INTRODUCTION Après avoir vécu 3 ans en Corée du Sud (expatriation) et très souvent profité des larges berges aménagées du fleuve Han, je suis arrivé à Paris, pour mes études d’architecture en suivant l’actualité : les berges de seine en plein changement d’usage. Ces nouveaux aménagements des Berges de Seine qui font partie d’un réaménagement généralisé des berges, rives et bords de mer partout dans le monde, et qui posent la question de la réappropriation et de la symbolique des berges m’ont surtout fait réfléchir sur la question de l’espace public. En plein centre de Paris, la multiplication d’aménagements destinés à tous types de publics semble montrer une évolution de l’espace public vers un lieu plus mixte et accueillant de tous. Car les usages de l’espace public évoluent aussi (les temporalités changent, les besoins, et les populations également) et les berges offrent un espace public unique en plein centre de la capitale propice à l’expérimentation. C’est dans ce contexte que l’appel à projet « réinventer la Seine » a ces dernières années ouvert la voie à de nouvelles façons d’habiter et de vivre l’espace public qu’est le bord du fleuve. Mais ces aménagements pérennes ou éphémères ne vont pas toujours dans le sens de la mixité sociale, et certains pourraient tendre vers une discipline des usages catégorisant le lieu, et ce souvent à cause de volontés politiques.

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Quels

usages de l’espace public

les aménagements des berges de seine parisiennes engendrent-ils et qu’apportent-t-ils à la ville

Après avoir suivi un colloque sur la fabrique de la ville (AMO en novembre 2018) j’ai pris conscience de l’existence de multiples initiatives ayant pour but d’engendrer une mixité et redynamiser les berges. C’est le cas du projet Barges et Berges, mené par l’agence BRS dans laquelle j’ai par la suite effectué mon stage de L3. Ainsi à travers ce rapport de licence, qui s’appuie sur de nombreuses observations sur site, ainsi que des ouvrages et articles, je vais chercher à réfléchir à l’évolution de l’espace public parisien via l’aménagement des berges et ainsi me demander quels usages de l’espace public les aménagement des berges engendrent-ils et qu’apportent ils à la ville? Ce court rapport tentera d’apporter des éléments de réponses à cette question après avoir replacé l’espace public des berges de Seine parisiennes dans son contexte historique, et montré l’importance des berges dans la composition de la ville, en analysant l’évolution des usages et des aménagements puis en montrant les limites de ces aménagements.

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I. CONTEXTE ET HISTORIQUE DE L’ESPACE PUBLIC DES BERGES DE SEINE PARISIENNES a. L’espace public et les berges en urbanisme Pour parler de l’espace public des berges parisiennes, il me semble important d’introduire et de définir les différents termes, dont celui d’Espace Public. En effet ce terme présente plusieurs définitions en fonction de la profession qui l’utilise. Une des façon de le définir pourrait tout d’abord être par le biais du «Project for Public Spaces», une organisation à but non lucratif cherchant à réfléchir sur les espaces publics qui renforcent les communautés. A travers leur diagramme «What makes a great place?», ils ont définit l’attractivité d’un espace public selon 4 critères principaux: * Les usages et les activités * Le confort et l’image * La sociabilité qui s’en dégage * L’accessibilité du lieu. Au travers d’une cinquantaine de mots, on peut donc se rendre compte de ce qu’attendent les gens d’un «bon» espace public. L’équipe définit donc de tels lieux comme l’espace d’interaction avec l’étranger, avec l’autre, et notamment avec le politique.

«Les grands espaces publics sont les lieux où se déroulent les célébrations, les échanges sociaux et économiques, les rencontres entre amis et le mélange des cultures. Ce sont les «porches d’entrée» de nos institutions publiques - bibliothèques, maisons de campagne, écoles - où nous interagissons les uns avec les autres et avec le gouvernement. Lorsque ces espaces fonctionnent bien, ils servent de scène à notre vie publique.» Traduction DeepL de la citation Project for public Spaces

Dictionnaire de l’urbanisme et de l’aménagement, 1988, PUF (1ère édition) 2 La ville sans qualités, 1998, La Tour d’Aigues, l’Aube, 1998 1

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De nombreux philosophes, sociologues, urbanistes, architectes ont tenté de définir l’espace public, mais je pense utile pour cela de l’opposer avec l’espace privé. Pour moi ces deux termes forment la ville que nous connaissons, l’espace urbain, comprenant des habitations, des immeubles, qui sont privés, et des rues, des places, des avenues, publiques. A cela s’ajoute des espaces entre les deux, semi-publiques tels que les halls d’immeubles ou bien les centres commerciaux, les équipements etc. Dans cette vision des choses l’espace public serait alors l’espace qui est accessible par tous, tout le temps, et libre d’usage. La définition qu’en donnent F. CHOAY et P. MERLIN1 est que «On peut considérer l’espace public comme la partie du domaine public non bâti, affecté à des usages publics». Cette définition assez large peut être complétée par celle du sociologue Isaac Joseph2 qui nous dit que «la notion d’espace public, tour à tour métaphore de la ville comme lieu de rencontre, de la cité comme centre du débat politique, et de la société urbaine comme société démocratique, peut sembler faire tournoyer autour du même mot un espace de recherche infiniment distendu par ses objets et ses terrains». Ainsi il rejoint Habermas3 sur le fait que l’espace public est, plus qu’un lieu de rencontre, un lieu politique, de démocratie, et de publicité. Finalement l’espace public dans sa définition urbanistique pourrait se résumer à l’espace offert à tous, mais il est plus que ça dans sa dimension sociologique; un espace nécessaire au bien être d’une communauté. L’espace public. Archéologie de la publicité comme dimension constitutive de la société bourgeoise, 1960 3


François Thomas le résume d’ailleurs bien dans son article4 en réfléchissant à l’évolution du concept d’espace public, avec la question de sa disparition dû aux changements de nos modes de vies ou bien son évolution vers des lieux «qui restent des lieux privilégiés d’identité collective tout comme de flânerie individuelle»5

Plusieurs mots sont utilisés pour définir les bords de la Seine à Paris, dont Berges, Quais, Rives... Il est intéressant de remarquer que dans le cas parisien ces mots sont devenus des synonymes bien que leurs définitions divergent. Les berges, qui ont pour définition «Talus naturel, bordant le lit d’un cours d’eau, dans les parties non pourvues de quais»6 deviennent ainsi un synonyme de quai, qui sont des pourtant des berges aménagées.

©Project for Public Spaces

Ainsi dans ce rapport je vais m’intéresser à l’espace public des berges de seine dans Paris. Cet espace public particulier par sa localisation, son dialogue avec la ville et le fleuve, et sa transformation n’a cessé d’évoluer et de changer au fil des siècles, mais toujours en ayant une place centrale dans la ville.

L’utilisation du mot ‘Rives’ est aussi très présent à Paris (rive Droite/Rive Gauche) avec l’aménagement en 2012 des quais de Seine qui a donné naissance au parc des Rives de Seine. Cet espace des berges va donc devenir un ‘lieu’, car l’espace public ne peut exister sans la communauté qui l’anime. Mais ce lieu n’est pas nouveau, car Paris s’est crée par le fleuve, et la ville a toujours évoluée avec lui.

L’espace public, un concept moribon ou en expansion? , Géocarrefour, Vol 76 n°1, 2001. pp. 75-84 5 Ibid. 6 Dictionnaire Larousse 4

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b. Les berges dans l’histoire de Paris, quel espace public ?

On retrouve ainsi tous types de biens, fruits et légumes, viandes, poissons et même vins et boissons principalement stockés tout le long des berges de Paris. Le fleuve et les berges sont alors littéralement centrales dans la vie quotidienne des parisiens, qui s’y retrouvaient le soir ou le dimanche pour danser, boire et manger près des étals de vins. Les berges étaient donc très animées, par la présence des marchands et donc une certaine vie de village: «On allait y faire ses achats, prendre le bac, entendre les bonimenteurs ; on y lavait le linge, on y nettoyait les tripes, on y travaillait. Et puis on se baignait dans son eau, on la buvait [...]»1

La ville ne peut pas survivre sans son fleuve : il a une utilité dans quasiment tous les domaines. On peut remarquer que ces utilisations sont finalement assez proches des usages recherchés aujourd’hui (espaces pour les piétons, où l’on peut faire du sport, se retrouver entre amis, manger...). La Seine est un véritable espace public. C’est à partir de 1750 que le fleuve et ses berges vont connaitre une rupture avec la ville. Entre 1758 et 1769, le prévôt des marchands et le roi prévoient un programme général d’aménagement avec la destruction de toutes les constructions en bord de Seine et sur les ponts et l’aménagement des quais . Tout cela dans la volonté de fluidifier le trafic fluvial. Les activités sur les berges sont progressivement évincées, notamment les blanchisseries, trop proches des bâtiments prestigieux selon le pouvoir royal. Le fleuve autrefois foisonnant de vie se transforme en «canal» et «Le fleuve devient ainsi «étranger à sa ville».» La création des canaux de l’Ourcq et le canal saint Denis avec l’arrivée de Napoléon diminue encore l’activité marchande du fleuve. S’ensuit une dés-urbanisation et désobstruation des berges de Seine parisienne, accentuées par la création dans les années 1840-1850 des lignes ferroviaires desservant Paris et donc de la perte de l’exclusivité fluviale. ©Musée Carnavalet / Roger-Viollet, modifiée

La Seine a en effet toujours occupé une place centrale dans l’évolution de Paris, et ses berges ont joué un rôle prépondérant à toutes les époques. Le centre de Paris s’est toujours situé sur l’île de la cité, et le fleuve était l’axe principal, car l’axe Nord-sud était difficile d’utilisation à cause de la topographie. Les ponts étant particulièrement onéreux à construire, il n’y en avait que très peu (2) jusqu’au début du 17eme siècle, et les traversées se faisaient principalement en barque. L’eau du fleuve était aussi la principale source d’eau potable pour les habitants. C’est à partir du XVIIe siècle que les berges deviennent un véritable centre commercial à ciel ouvert. En effet, le fleuve étant la principale source d’approvisionnement, les biens de consommation se vendent à même les berges ou sur les bateaux.

A partir des années 1630 se développe la baignade dans la seine. La Seine est alors considérée comme un lieu de loisirs, ou tout le monde se retrouve pour nager et faire du sport. Les usages de la Seine sont très variés à cette époque, et surtout vitaux. «Perspective de la ville de Paris, vue du Pont Rouge». Eau-forte, vers 1660

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S.n, s.d, URL: http://gensdelaseine.com/fr/ accueil/ 1


Mais ce règne de l’automobile va être de très courte durée car dès le début des années 70, un changement de mentalité va faire inverser la tendance d’automobilisation des berges, et des réflexions sur l’embellissement et la restauration de la portion fluviale de paris vont êtres envisagées (Charte d’aménagement de 1978). On passe donc d’une volonté d’efficacité et de rapidité à une volonté de bien être de la population. Ce changement de mentalité n’est pas spécifique à Paris mais fait parti d’une réflexion mondiale sur la place des berges dans la ville et dans l’espace public. C’est le cas de Séoul, une ville particulièrement engagée dans cette recherche du bien être en ville et de la transformation de ses espaces publics.

A Paris, la mairie cherche également à offrir aux habitants plus d’espaces verts à travers la restructuration de l’espace public, et les berges de seine en sont le précurseur. Ainsi depuis le début des années 2000, des réflexions et des aménagements sont en cours pour faire de cet espace public un espace pour tous.

©Musée Carnavalet / Roger-Viollet, modifiée

Finalement les voies sur berges dans les années 60 vont finir de dissocier Paris et son fleuve. Des tunnels et routes vont rapidement êtres construits dans les années 60, permettant de traverser paris en 15min. L’accès au fleuve est perdu (ou limité) pour les piétons sur une bonne partie des berges de Seine, et à une époque où la voiture occupe une place centrale dans la création de la ville, les quais suivent la tendance.

Il suffit de prendre l’exemple de ses autoroutes urbaines transformées en espaces piétons ou bien la rivière Cheonggyecheon, anciennement recouverte par un viaduc automobile de plus de 6km, et qui a été rendue aux Séoulites en 2003, en l’aménageant pour le piéton. Pour m’y être promené plusieurs fois, il est vrai que ce lieu a indéniablement accru l’attractivité de cette zone de Séoul avec des lieux animés et d’autres plus calmes et naturels.

«L’Hôtel de la Monnaie et la Seine vus de la pointe de l’île de la Cité», 1777. Paris

© LAPI / Roger-Viollet

A partir de ce siècle, les parisiens vont montrer une relative indifférence à l’égard du fleuve. Avec l’arrivée des expositions universelles (début 1850), les berges prennent un caractère culturel, avec la création des pavillons le long de la Seine. La Seine devient une grande rue, un espace public particulier. Cependant les expositions étant temporaires, la Seine ne parvient pas à garder longtemps son caractère central et ses berges finissent par devenir des zones de stockages ou même des fourrières.

Travaux de construction de la voie rapide sur berges Georges-Pompidou, rive droite de la Seine, novembre 1964

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c. Les berges à Paris : Un lieu constitutif de la ville Nous avons donc vu comment avait évolué l’espace des Berges de Seine parisiennes jusqu’à aujourd’hui, mais la majorité des usages d’autrefois ne sont plus d’actualité, et le fleuve, bien que toujours utilisé, l’est moins en proportion qu’il y a quelques siècles. Pourtant les berges sont un lieu à part entière, car elles ont une identité forte dans Paris. Mais quels points en font justement un lieu constitutif de la ville? Leur place centrale physiquement est un des points principaux. En effet le fleuve coupe Paris en deux parties presque égales, et notre positionnement dans la ville se fait par rapport à celui ci (rive droite/rive Gauche). Ainsi le fleuve sépare mais lie également ces deux rives. Il offre aussi une possibilité de liaison rapide avec les villes alentours et une ouverture sur la méga-région qu’est la vallée de la Seine ( jusqu’au Havre). La seine à Paris est donc un lieu de regroupement idéal, et un espace public idéal car central géographiquement. Elle crée une liaison entre les différents quartiers parisiens, même parfois non mitoyens en offrant une ‘ligne de vie’ qui connecte, qui uni. De plus comme vu dans la première partie, Paris est centrée sur la Seine. Ainsi contrairement à d’autres villes ouvertes sur un port maritime comme Londres, Paris a toujours été tourné vers la Seine, et a construit son architecture urbaine autour d’elle (de nombreux bâtiments iconiques sont tournés, ou du moins accolés à la Seine). On comprend donc que la Seine et ses berges ont un impact important dans les flux parisiens et franciliens.

Devise de Paris en latin qui signifie ‘’Il est battu par les flots, mais ne sombre pas’’ 1

Aménagement conçu par l’architecte Jérôme Treuttel et le plasticien Franck Franjou pour l’éclairage nocturne, 2

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Mais les berges de Seine à Paris sont aussi un lieu fort symboliquement : c’est un lieu majeur de l’identité parisienne et de son histoire. Les différents blasons ou logos qui représentent Paris ou ses principaux services contiennent par exemple souvent une évocation de la Seine. C’est le cas notamment du Blason de Paris, de sa devise Fluctuat Nec mergitur.1 ou bien même du logo de la RATP. La particularité symbolique du fleuve et de ses berges est également sa ‘neutralité’ sur le plan social. Les berges étant légèrement excentrées de la vie parisienne, et longeant 10 Quartiers parisiens, elles ne souffrent finalement pas trop de ‘préjugés de zone’ comme le sont les quartiers parisiens. Ainsi plus que de les lier physiquement, les berges de Seine et le fleuve lient les quartiers parisiens symboliquement en renforçant l’identité commune parisienne, par la continuité et la fluidité. Les berges ont aussi la particularité d’être, bien qu’en plein centre de Paris, à l’écart de l’agitation de la ville, grâce à leur position basse, proche du fleuve. Cela permet de se rendre compte des qualités qu’un espace public sans voiture pourrait offrir aux citoyens. La symbolique est également présente par l’accumulation de bâtiments classés autour du lieu, qui font donc de la Seine une liaison culturelle majeure et inédite.

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taxis «volants» en cours d’expérimentation sur la Seine


L’exemple le plus probant est le port de Tolbiac qui est le premier à être aménagé en pensant à différentes temporalités2 ; transport fluvial la journée et promenade piéton le soir et le week-end, avec une mise en scène particulière de l’activité industrielle. Ainsi les aménagements allient utile et agréable, même si ces berges ne restent qu’un lieu de passage du fait de l’hostilité des bâtiments de chantier imposants. La seine est également utilisée pour le transport humain, mais principalement pour les touristes (bateaux mouches) car le transport tout public reste peu exploité, notamment à cause des limitations de vitesse sur la seine. Cependant des réflexions sont en cours, avec par exemple les Seabubbles3.Le Fleuve et ses berges sont donc vecteurs d’une mobilité économique de la ville.

Schéma du Port de Tolbiac hors exploitation

© Ports de Paris

Schémas du Port de Tolbiac en exploitation

©Mairie de Paris

Si la place centrale physiquement et symboliquement de la Seine à Paris est primordiale pour que le lieu soit constitutif de la ville, il faut également qu’il soit fonctionnel. Comme rappelé dans la première partie, la seine et ses berges ont toujours eu une utilité importante dans l’approvisionnement de Paris. Aujourd’hui encore plusieurs ports de marchandises, principalement pour les matériaux de construction sont présents dans paris Intra-muros, à chaque extrémité de la ville garantissant un accès aisé des péniches sans encombrer les berges de l’hypercentre. Le transport par voie fluviale étant beaucoup moins onéreux et compliqué à mettre en place, la mairie de Paris a préféré multiplier les usages des berges en mixant espaces de logistique fluviale et espace de promenade plutôt que d’engorger Paris de camions en supprimant le transport fluvial.

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II. UNE ÉVOLUTION DES USAGES ET DES AMÉNAGEMENTS : LES BERGES COMME LIEU DE VIE? a. Espace public, espace piéton Lieu constitutif de la ville depuis sa création, les berges parisiennes commencent aujourd’hui à reprendre leur rôle central d’espace public, en permettant un accès à tous. Une des forces de ce nouvel espace que j’ai pu constater est le fait d’avoir un espace réservé aux transports doux (Vélos, rollers, trottinettes, piéton) et ainsi rendre cet espace particulièrement agréable. Car il semble évident que les grandes métropoles cherchent aujourd’hui à se tourner vers cette typologie de ville, une ville où le piéton serait prioritaire, une ville pour le peuple, pour les habitants, et non pour l’automobile. A Paris cette recherche de réduction de la place de la voiture dans l’espace public est omniprésente et expérimenté depuis les années 90 (Fermeture des berges le dimanche dès 1994). Aujourd’hui c’est au tour des 4 premiers arrondissements de faire l’objet d’une fermeture aux voitures le premier dimanche de chaque mois : ne peut on pas y voir ici la suite logique de la fermeture des voies sur berge? La voiture n’a plus sa place en ville. Cela s’explique par la volonté d’une ville plus saine, plus sécuritaire, où les enfants pourraient jouer dans la rue sans peur, où l’on pourrait faire du vélo sans risquer de se faire écraser. C’est ce que l’espace public des berges de Seine propose , comme une expérimentation de la ville à l’échelle piétonne.

Berges rive Droite (4eme arr.)

Ponts pour la biodiversité, au dessus d’autoroutes mais aussi en ville 2 Etude réalisé par le cabinet Astère pour l’UNEP 1

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Cette volonté d’éviction de l’automobile en ville vient également d’un changement de mentalité concernant la question écologique. Car les pics de pollution sont de plus en plus fréquents, et les parisiens sont à la recherche d’espaces plus sains et agréables. Les Berges de Seine représentent cet espace qui, avec ses zones vertes, arbres et rapport à l’eau traduisent la végétalisation de l’espace public. Car le fleuve n’est pas seulement un flux marchand, mais aussi, et surtout, un formidable écosystème abritant des centaines, voir milliers d’espèces animales et végétales. La minéralisation importante des berges dans Paris empêche cette biodiversité de s’épanouir, mais certains aménagements, comme les jardins flottants Niki de Saint Phalle, rive gauche permettent de créer des îlots de verdure, espaces publics source de bien être pour les passants mais aussi écologiques et encourageant la biodiversité. La longueur des berges de Seine dans Paris permet également de s’interroger sur la continuité de ces espaces verts, et c’est après avoir étudié en cours d’anglais en Licence 2 les écoducs1 que j’ai commencé à m’intéresser à la question de la biodiversité en ville, et particulièrement sur les berges de Seine. Car la situation géographique des différents parcs et bois parisiens permet d’imaginer une liaison entre le bois de Vincennes et le bois de Boulogne, par les berges de seine, et reliant les différents parcs comme le parc de Bercy, le jardin des plantes, le jardin des tuileries,le champs de mars et le jardin du Trocadéro, ainsi que le parc André Citroën. Cette coulée verte pour la biodiversité permettrait ainsi d’offrir à la faune et la flore un passage dans Paris, mais également de créer une promenade d’environ 20km, continue, végétalisé, et accessible à tous traversant Paris et les villes limitrophes. Conclusion faite pour le TD espaces publics (L3S6) pour le parc Tino Rossi (5eme Arr.) 3


Cet aménagement qui collerait plus au nom ‘Parc’ des rives de Seine aurait également un impact sur le bien-être. En effet, selon une étude2 réalisé en mai 2016, «Les espaces verts améliorent aussi bien l’état de santé auto-déclaré des habitants que leur état diagnostiqué par un médecin». Cela est dû à différents facteurs, dont le fait qu’ils encouragent la pratique sportive et améliorent la qualité de l’air. Ainsi de nos jours l’espace public se doit d’être vert, autant pour le bien être de la ville que de ses habitants. De plus l’étude nous apprends que les espaces verts ont tendance à renforcer le sentiment d’appartenance à une communauté. Espaces verts et parcs le long de la Seine

Et l’espace public se doit d’être un lien de la ville, c’est lui qui connecte les espaces privés entre eux, et qui réunit les habitants. Ces espaces publics peuvent réunir à différentes échelles et les berges de seine ont ce rôle à l’échelle de Paris : elles réunissent les différents quartier par le biais du fleuve, qui crée une unité et une identité parisienne. La Seine est un lien commun à 10 des 20 arrondissements, et ses berges sont, dans l’esprit parisien, un lieu de réunion et de rencontre3. Ce lien est inhérent au fleuve, et sa symbolique, mais doit également être appuyé par des aménagements. Car l’espace public permet cet extension de l’espace de vie à un point où ce ne sont même plus les parisiens qui vont rechercher le calme et la nature en banlieue, mais les banlieusards qui viennent sur les quais profiter de la vue, du cadre et du calme. Chacun peut alors s’identifier à un ‘groupe’ qui lui correspond (habitant d’un quartier précis, parisien, Francilien...) par ce partage d’un espace, les berges de seine.

Etude APUR, Le développement des parcours sportifs et équipements en accès libres

Le sentiment d’appartenance à une communauté passe aussi par plusieurs aménagements, dont le sport, et la culture. Le parc des rives de Seine a tenté de s’ouvrir aux nouvelles pratiques, dont le sport en pratique dite ‘libre’4, avec divers aménagements sur les berges, parfois sommaires mais plutôt efficaces. La culture est également un vecteur de fraternité et d’unité, et est assez présente sur les berges de seine (Sculptures du parc Tino Rossi, Expositions photo temporaires nouvelle barge Fluctart...). Ce sont ces aménagements variés qui amènent, ou non, une mixité sociale dans l’espace public. L’espace public des berges de Seine semble donc être un lieu de vie en pleine évolution qui reconnecte les habitants et la ville.

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b. De nouvelles temporalités Les usages semblent avoir évolué et cela est également dû à un autre aspect de la vie citadine, la question de la temporalité. L’espace public ne se vit pas linéairement. Il est ainsi intéressant d’observer les usages de l’espace public, ici les Berges de Seine, suivant des temporalités différentes. Car les espaces publics «voient leur fréquentation varier considérablement, et alternent entre plages « de sur et de sous-utilisation» selon les horaires.»1 et les usages sont totalement différents selon qu’il soit 9h du matin, ou 23h2, un lundi ou un dimanche, et même en janvier ou en juin. La question de l’usage du lieu n’est donc aujourd’hui pas une réflexion unilatérale et arbitraire, en prenant comme référence un moment précis (entrée et sortie du travail), mais bien l’agencement d’une multiplicité de moments, tous différents, mais tous importants. Ces temporalités sont exploitées par différentes populations, et les minorités s’approprient les lieux à des horaires où les majorités n’occupent plus l’espace public, comme le montre les études présentées en amphi de Catherine DESCHAMPS et Laurent GAISSAD3. On apprend ainsi que ces minorités, mal vues par la population, ne sont non seulement pas inclus dans la réflexion de l’espace public, mais surtout exclus de celui ci par divers moyens (bancs ou pics anti SDF, Éclairages très puissants pour empêcher le deal ou autres pratiques...)

Etude APUR, Les rythmes de l’espace public dirigé par Dominique Alba 1

Cohabiter les nuits Urbaines : Des significations de l’ombre aux régulations de l’investissement ordinaire des nuits, 2018, et cours S6 de Florian GUERIN, ensei2

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L’espace public n’appartient donc pas réellement à tous. Sur les Berges de Seine, on retrouve finalement assez peu de ces dispositifs ‘anti’, et on peut par endroit apercevoir des SDF réguliers, ce qui laisse à penser que l’aménagement n’est pas agressif vis à vis de ces populations comme il peut l’être à d’autres endroits pour des questions d’image commerciale (devant le GoSport place de la République). Concernant les temporalités hebdomadaires, l’espace public le week-end prend une tout autre forme que celui de la semaine, comme nous l’on montré les différentes expérimentations de piétonisation, des berges, puis Paris Respire4. Aujourd’hui, alors que les berges sont définitivement piétonnes, la question de temporalité s’adresse plutôt aux usages fait des Berges de Seine. Car si celles ci peuvent être usuellement utilisées comme trajet maison-travail la semaine, le Week-end elles se transforment en aire de jeux et de repos. L’afflux de touristes combiné aux parisiens et franciliens implique qu’il faut alors gérer des besoins très variés dans un seul espace. Car les temporalités différentes induisent également des populations différentes, et il faut alors réfléchir l’espace public comme l’intersection de temporalités et d’usages. Cette évolution des temporalités est principalement due à la multiplication des transports dans la capitale, qui permettent aujourd’hui de traverser la ville à toute heure sans trop de difficultés. La mairie de Paris a même récemment annoncé l’ouverture de certains métros toute la nuit certains week-end dès septembre5, preuve de la nécessité d’adapter la ville aux usages.

Enseignants à l’ENSAPVS et ayant étudiés respectivement la vision des prostituée de l’espace public et le milieu festif gay 3


© Photo personnelle © Laurent Didier Photographe

L’espace public évolue alors avec le temps, pour convenir le plus justement possible aux attentes de la population. Il devient alors réellement un lieu annexe au logement, que l’on peut s’approprier, notamment pour ses loisirs et l’utiliser librement. Il devient également un lieu d’escapade, qui, notamment pour Paris Plage, permet aux usagers, grâce à une mise en scène, de ‘s’évader’ de la ville et de voyager psychologiquement. Les nouvelles temporalités semblent donc être un facteur important de l’aménagement des berges, qui faut impérativement prendre en compte.

Berges rive Droite un mardi midi en mai

Berges rive Gauche en journée en Hiver

© Craig Morey (Flickr)

Si l’on regarde au niveau des saisonnalités; les berges de seine changent et évoluent avec les saisons. L’espace public se doit aujourd’hui de coller le plus possible à l’environnement et les saisonnalités. C’est ainsi qu’est apparu en 2002 Paris Plage. Pendant 2 mois, les quais rive droite sont transformé en ‘plage’, avec sable et transats. L’espace public semble alors dialoguer avec les éléments (soleil, chaleur) tout comme l’hiver où une patinoire est mise en place sur une péniche au niveau du pont de l’Alma.

Berges rive Droite en été lors de Paris Plage

Fermeture à la circulation de plusieurs quartiers parisiens certains jours ou heures 5 La nuit du samedi au dimanche, un week end par mois 4

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c. Des aménagements dans l’ère du temps, exemple de Barges & berges (Réinventer la Seine) La multiplicité des temporalité se traduit aussi par une multiplicité des usages, qui permet à l’espace public de mieux répondre aux attentes des habitants et des passants. Sur les berges, la proximité du fleuve permet de réinventer les usages et les formes de l’espace public en partant d’une nouvelle manière de pense l’espace public, non plus comme un espace immobile mais plutôt comme une somme d’éléments indépendants et facilement modifiables. C’est à travers un projet lauréat de Réinventer la Seine que j’ai pu avoir une réflexion sur la question de la multiplicité des usages et l’évolutivité en fonction des temporalités : le projet Barges & Berges2. Il s’agit ici d’espaces semi-public car certains équipements ne sont pas accessible à tous, mais c’est plutôt la réflexion entourant ce projet et la manière de réfléchir le multi-usage et la multi-temporalité qui m’intéresse. La particularité de ce projet est en effet de proposer, à la fois sur les quais et sur des barges, à Paris, Rouen et le Havre, des espaces sportifs, culturels mais également des logements répondants aux demandes tout au long de l’année. Ainsi «Les barges permutent, au gré des saisons, de la vie des territoires et de leurs habitants». On retrouve donc différentes barges avec des programmes variés, dont 2 fixes et 4 mobiles3 entre les différents ports d’attache le long de la Seine, qui permettent de faire vivre les sites toute l’année.

Aménagements du Fleuve Han et de la rivière Cheonggyecheon 2 Mené par l’agence BRS Architectes Ingénieurs dans laquelle j’ai effectué mon stage, suite à la découverte de ce projet 1

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Cette organisation permet ainsi de combiner plusieurs usages en un même lieu et de ne proposer que des usages en adéquation avec la temporalité. Une barge de coliving va par exemple remplacer une barge sportive l’été pour permettre une plus grande capacité d’accueil des travailleurs saisonniers et touristes. On remarque ainsi que de nouveaux usages et pratiques apparaissent4 (coliving, coworking, Living Lab, Fablab...) dans l’espace public , et que la mixité des usages est de plus en plus présente dans les projets de grande envergure ( Plus de 5 programmes dans 40% des projets de Réinventer la Seine selon l’inventaire des réinventer, City Linked, déc. 2018). Cette évolution du ‘Faire la ville’ semble aussi venir de la mondialisation : la diversité grandissante dans la population demande une diversification des usages pour répondre à toutes les demandes. Le projet Barges et Berges cherche donc à répondre à cette demande de mixité. Il est vrai cependant que la multiplicité d’usages précis et catégoriques à tendance à discipliner le lieu et donc cibler certaines populations mais nous y reviendrons dans la partie III.

Le point fort du projet Barges et Berges n’est pas seulement sa flexibilité saisonnière, mais également son évolutivité extrêmement aisée due aux barges mobiles. Si une barge ne répond plus aux demandes des habitants, elle est facilement remplaçable par une autre, sans travaux sur site. Cette réversibilité est donc facilement applicable tout le long des berges de seine, pour tout type d’espace public et de projets.

Lors du rendu de concours à l’été 2018 Vidéo explicative du projet : https://vimeo. com/237767491 3 4


Le changement des mentalités sur la question de l’écologie et du bien être en ville ont joué selon moi un rôle important dans la transformation de l’espace public des berges de Seine. Durant le XXe siècle, la création ‘d’espaces publics’ n’était finalement en général qu’une résultante du projet architectural et l’habitant n’était, par rapport à l’automobile que peu représenté dans ces espaces. Aujourd’hui l’évolution des usages et des aménagements des espaces publics tels que les berges de Seine à Paris nous montrent que l’espace public peut aujourd’hui devenir (ou redevenir?) un lieu de vie à part entière, et non plus seulement un espace de transition entre espaces privés.

©BRS architectes Ingénieurs

Cela permet également, en cas de catastrophe naturelle comme les crues, de garder un espace public intact. Le lieu évolue donc avec les évènements imprévus et non contre eux (comme le parc Nikki de Saint Phalle, sur barges également). Les berges de seine font ainsi l’objet de nombreux projet et propositions pour, plus que simplement leur rendre leur place d’espace public, en faire un véritable lieu de vie, en adéquation avec l’identité parisienne et son mode de vie.

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III. LES LIMITES DU NOUVEL L’AMÉNAGEMENT DE L’ESPACE PUBLIC DES BERGES a. La Forme et l’Usage De sa définition commune, l’espace public est «accessible à tous et [a] la capacité de refléter la diversité des populations et des fonctionnements d’une société urbaine.»1 Il doit donc, comme présenté dans la première partie, être partageable par tous, tout le temps, et dans une certaine mesure, pour tous les usages. Mais des limites à cette définition apparaissent aujourd’hui, et notamment à cause de l’aménagement fait de ces espaces. La forme qui leur est donnée tend vers certaines utilisations, qui ne sont pas toujours celles souhaitée par la population. Cela est d’autant plus vrai en prenant en compte la notion de temporalité, qui nécessite des aménagements évolutifs. Ainsi la forme et l’usage sont intimement liés et doivent être réfléchis conjointement. La création d’aménagements nouveaux peut tout à fait permettre aux usagers d’expérimenter des manières de vivre l’espace public qu’ils n’avaient pas imaginé, mais le plus souvent ces nouvelles propositions sont réinterprétés pour coller aux usages habituels. Sur les berges, les aménagements du sol sont quand même relativement simples et peu imposants. Cela est dû à une étude APUR qui est venu à conclure que «Il n’est pas nécessaire de modifier l’espace par des aménagements lourds et coûteux pour permettre de nouveaux usages, pour transformer l’affectation des domaines, pour changer durablement la perception d’un lieu, d’un milieu»2. Ainsi la forme ne prédéfini pas systématiquement l’usage du lieu, et ceux ci peuvent être seulement suggérés par les aménagements.

CASILLO Ilaria, « Espace public », in CASILLO I. et al. (dir.), Dictionnaire critique et interdisciplinaire de la participation, 2013 1

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Les Berges de Seine acceuillent aussi des ‘lieux privés’, tels que des bateaux discothèques, des bungalows de restauration, une piscine (Joséphine Baker) etc. Ces activités commerciales, ou autre, le plus souvent payantes, vont discipliner les usages. Je définirais la discipline des usages comme le fait de catégoriser, dans un espace public, les usages d’un lieu, souvent pour une partie de la population. C’est le cas par exemple des ‘restaurants’ sur berges (comme dans tout espace public), qui vont utiliser la moitié de la berge pour leurs chaises et tables privées, puis les rentrer une fois la nuit venue. C’est également le cas avec les espaces publics tels que les parcs pour enfant ou les zones sportives : Le parc pour enfant, bien qu’accessible à tous est en réalité réservé à une partie de la population (panneaux interdisant les gens de plus d’un certain age), et un lieu qui semble entièrement public au premier abord n’est finalement crée que pour quelques utilisateurs. Cette discipline des usages ne participe donc pas à la mixité de l’espace public. En effet le fait de cadrer et contrôler les activités, et de régir chaque espace, a souvent tendance à enlever à l’espace public sa fonction première de lieu de hasard et d’imprévu. Car l’espace public, est souvent le seul lieu où les rencontres entre personnes de groupes sociaux différents est possible, où du moins plus aisée.

Paris, Métropole sur Seine, APUR, Les éditions Textuel2010 3 Lieu très prisé des danseurs les soirs et le week-end 2


On peut donc se poser la question de l’attractivité de ces lieux prédéfinis : Quelle population attirent-ils? Et surtout, est ce eux qui attirent la population ou bien sont ils seulement des supports d’usages, parfois non prévus? Ce que j’ai pu remarquer de mon point de vue, est qu’il me semble que les aménagements pérennes tels que les arènes du parc Tino Rossi peuvent accueillir plusieurs usages et donc usagers en fonction des temporalités grâce à leur forme. Ces gradins en arc permettent à la fois d’y déjeuner le midi, discuter entre amis, se reposer près de la Seine, boire un verre ou même danser le tango ou la salsa3. Au contraire, si l’on prend l’exemple des aménagements Rive Droite des berges, les aménagements sont moins imposants (seulement des chaises de temps en temps) mais n’empêchent pas non plus cette multiplicité d’usage. De nombreuses inscriptions au sol ont été réalisées, pour permettre des activités (pour les enfants, pour faire du sport, culturels) sans entraver l’espace public et laisser aux autres usager de l’espace la possibilité de circuler ou profiter du lieu pour d’autres usages. Ainsi la forme ne semble pas être le seul facteur de définition de l’usage d’un lieu. A travers les formes, les aménageurs cherchent souvent à diriger et définir les usages, mais celles ci ne servent en général l’espace public qu’en partie, et les usagers contournent les usages premiers de ces ‘formes’. Cela est notamment dû à la pluralité des populations utilisant ces espace public, et qui induisent des usages très diversifiés en fonction des temporalités sur un seul lieu.

Agrès sportifs utilisés comme espace de repos

Via-ferrata pour enfants utilisé comme porte Manteau et le sol en caoutchouc comme siège

Terrains de pétanque réservés aux consommateurs du café alors qu’aucun ne joue

Gradins du Parc Tino Rossi (Début d’après midi)

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L’évènementiel par la mise en place d’éléments urbains éphémères (Gradins en face du musée d’Orsay)

©Le Parisien

b. Festivalisation de la ville

Paris Plage et la mise en scène de soi

L’évènementiel par la culture avec la nouvelle barge Fluctuart

L’attractivité des berges de Seine se joue aussi en partie par les évènements qui y sont proposés. Ces évènements font partie intégrante de la ville dans le sens où ils dynamisent l’espace public en lui apportant des activités calendaires. Ces évènements très variés peuvent aller des cours de sports proposés par la mairie dans le parc Tino Rossi le dimanche matin, à l’aménagement pendant 2 mois de Paris Plage sur une grande partie des berges. Ce dernier tient d’ailleurs une place importante dans la festivalisation de la ville par sa dimension spatiale, économique et sociologique. C’est en effet un évènement qui transforme totalement l’espace public des berges, dans un but primaire d’offrir aux parisiens les plus modestes un lieu de vacances au centre de leur ville.

LALLEMENT Emmanuelle, « Paris-Plage : une fausse plage pour une vraie ville ? Essai sur le détournement balnéaire urbain »,2008 1

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La festivalisation permet de dynamiser et d’effacer la banalité de la ville, en proposant aux citoyens des activités qui sortent de l’ordinaire. Les berges de Seine sont beaucoup utilisées dans ce cadre et permettent ainsi de rendre sa dimension sociale à la ville et donc à l’espace public, en induisant la création de relations humaines et de lien social. La ville est ainsi source de rencontres et de hasards grâce à des évènements qui deviennent des points d’appels, et révèlent des espaces publics comme «œuvre éphémère»1. La ville comme évènement, ou plutôt l’espace public comme tel n’est pas seulement une volonté de répondre aux attentes des citoyens, mais c’est également dans la majorité des cas, voir tous, une communication politique. Ainsi Paris Plage est aussi une opération ‘marketing’ destinée à promouvoir Paris et à renforcer son attractivité. Lors du la première fermeture des berges l’été en 2001, l’événement n’avait pas eu l’effet esconté2. Paris Plage a été lancé en partie pour appuyer la politique de la mairie de réduire la circulation automobile dans la ville en fermant les voies sur berges. La Mairie se devait en effet de promouvoir sa décision controversée de piétonisation par un évènement de grande ampleur. Cet évènement étant le premier du genre dans le monde, il a eu un écho mondial, si bien que de nombreuses villes ont repris l’idée. Cette récupération politique de l’espace de tous, l’espace pour tous induit souvent que les décisions ne sont pas une réponse à l’ensemble de la population mais seulement une minorité.

Conférence de presse Denis Baupin et Bertrand Delanoë sur la fermeture des voies sur berge, 24 juillet 2001, JT soir Paris Ile de France, France 3 Paris, 1.40’ 2

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BAILLET Zoé, 2018, Les deux visages de Paris

Si l’on poursuit avec l’exemple de Paris Plage, les élus ont rapidement reconnu que l’espace était surtout devenu un lieu touristique3 et peu utilisé aux fins espérées en premier lieu (habitants ne partant pas en vacances). La localisation en hyper-centre ayant probablement découragé «les gamins des arrondissements périphériques»4 (pourtant les plus concernés). Comme le démontre Benjamin Pradel5,« Même si on observe un peu de mixité, la population qui fréquente les berges de Seine est relativement jeune, bien portante, elle se montre facilement à un flux de visiteurs ». En effet s’allonger sur un transat sur les berges lors de Paris Plage revient à se mettre en vitrine, et se faire prendre en photo par un flux de touristes. Cet évènement est assez particulier, mais l’idée principale ici est que l’espace public n’est pas seulement un espace attenant à notre espace privé, c’est aussi un espace de mise en avant de soi, ou l’on est observé en permanence. Les évènements, de plus en plus nombreux dans l’espace public amplifient cette mise en avant (cours de dance, de sport etc) tout comme les réseaux sociaux le font de leur côté (instagram, snapchat). Il ne faut pas oublier également que ces évènements ont également tendance à écarter les minorités des espaces publics qu’elles avaient l’habitude d’utiliser, dû à l’affluence importante (SDF, personnes âgées...) et donc de privilégier une population par rapport à une autre

François Dagnaud, actuel maire du 19e arrondissement de Paris 4

PRADEL Benjamin, SIMON Gwendal, Quand le citadin joue au plagiste. Paris Plages, des référents touristiques dans le quotidien urbain, ERES, « Espaces et sociétés » 2012 5

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c. L’espace public divertissant A Paris, les berges, ont vu apparaître un nombre important d’aménagements destinés aux loisirs et à la détente, créant une atmosphère de parc d’attraction (Jeux pour enfants (fig1), parcours sportifs, dessins au sol (fig4)…) Ces aménagements, communément appelés aménagements ludiques tendent à diversifier les propositions d’espaces publics notamment pour les enfants. Ces espaces ludiques dans la ville sont une réponse à la montée en puissance des jeux vidéos, car ils ont pour but d’inciter les jeunes à sortir et faire du sport1. Autrefois regroupés en petits parcs pour enfants, ces espaces tendent aujourd’hui à mieux s’intégrer, en s’étalant le long des berges et en ayant des formes plus ‘neutres’ et moins colorés tels que des planches dans un mur en guise de mini via-ferrata (fig2). Ces espaces ludiques sont également plus éducatifs (rondins de bois d’essences différentes avec leur nom dessus (fig3)) mais ne sont pas seulement adressés aux enfants :ils permettent à tous de s’amuser dans l’espace public (tables d’échecs, écriteaux explicatifs sur les plantes, tracés sportifs au sol...) et de véritablement vivre l’espace public.

Il convient donc de replacer l’exemple des Berges de Seine dans l’ensemble de l’espace public parisien. Car ce lieu si spécial est finalement peut être le précurseur de l’espace public parisien global, une sorte d’expérimentation des aménagements de celui ci. Car si la question de la piétonisation se posait autrefois pour les Berges de Seine, elle est maintenant incontestable sur celles-ci, et se pose dorénavant dans les premiers arrondissements de la ville avec l’opération Paris Respire (1 dimanche par mois, les 4 premiers arrondissements sont fermés à la circulation automobile, et tout Paris une fois par an).

Selon moi, l’espace public parisien a toujours été plutôt uniforme et sobre. Cette transformation en un espace de divertissement ne nuirait-elle pas à la cohérence et l’authenticité de la ville ? Certes la dimension symbolique de ces espaces ludiques comme rupture de la ville ordinaire permettent de rapidement s’intégrer dans un réel parc ‘hors’ de la ville (mais pourtant dans la ville), mais « Est-ce là un programme culturel au niveau de la Ville Lumière ?»2. Car il ne faut pas oublier que les Berges de Seine sont inscrites au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1991, on peut donc

Ces expérimentations laissent penser que, tout comme les Berges de Seine, l’espace public parisien va évoluer vers un espace axé sur les mobilités douces et le bien être des habitants. La qualification de Paris pour les Jeux Olympiques de 2024 va considérablement aider à faire évoluer l’espace public parisien3, et le débat sur la question de la création d’un espace public (trop) ludique sera probablement au centre des enjeux, car la majorité des épreuves s’intégrera au tissu urbain parisien. Ainsi le sujet ne sera plus ‘l’événement Paris Plage qui monopolise l’espace public des berges’, mais ‘l’événement JO 2024 qui monopolise l’espace public de Paris’.

HELLEMAN G., Villes ludiques : un modèle et une boîte à outils, 10 septembre 2018, 1

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s’interroger sur la pertinence de ce genre d’installations ludiques, notamment par rapport à l’histoire du site. En tout cas, il est visiblement évident que ces aménagements plaisent à une majorité de la population et dynamisent l’espace. La seule réserve serait donc esthétique, et principalement sur l’uniformisation de l’espace public mondial, car ces aménagements se développent petit à petit tout autour du globe. Paris, une ville si particulière sur le plan architectural peut elle donc se permettre une transformation en lieu de divertissement continu et sans identité?

FLONNEAU Mathieu, « Candide sur les nouvelles berges de la Seine. Un Paris pour Woody Allen ? », Métropolitiques, 3 Exemple du projet pour l’Avenue des Champs Elysées et de la transformation du quartier de la tour Eiffel 2


Fig 1. Espace réservé aux enfants (Parc Tino Rossi)

Fig 2. Via-ferrata pour enfants

Fig 3. Espace ludique pour les 3-9ans avec essences des bois gravés, utilisé comme banc par des adultes

Fig 4. Impressions au sol ludiques (mais à moitié effacées par des travaux sur les réseaux de la ville)

Fig 4. Balançoires et Hamac en corde utilisés par tous

Fig 5. Vélo-chargeur USB : Pédaler devant la Seine

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Quels

usages de l’espace public les

aménagements des berges de seine parisiennes engendrent-ils et qu’apportent-t-ils à la ville

?

CONCLUSION Les berges de Seine à Paris ont toujours occupé une place centrale dans l’urbanisme de la ville. Cependant ses utilisations depuis plusieurs siècles ont été extrêmement hétéroclites et destinés à des fins très variées (commerces, loisirs et circulation). Depuis les années 2000, comme pour les grandes métropoles du monde entier, la question de l’usage des berges comme lieu de loisirs s’est posée. Ainsi plusieurs aménagements ont été effectués, dans l’optique de « rendre le fleuve » à la population, dans l’optique de créer un nouvel espace public dans un tissu urbain déjà très dense. J’ai donc pu, en m’appuyant sur le contexte historique des Berges de Seine à Paris, observer l’évolution des aménagements dans ce nouvel espace public pour remarquer l’apparition de nouveaux usages, de nouvelles temporalités ainsi que de nouvelles réflexions écologiques.

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Cela m’a permis de me rendre compte que les solutions proposées tendaient vers une ville plus responsable et plus accueillante pour le piéton, pour le citoyen, et non plus pour la voiture. Ce rapport m’a également fait prendre conscience que les Berges de Seine révélaient certains défauts de l’espace public, notamment sur la question de l’intégration de la totalité de la population, avec certains évènements ayant tendance à écarter une partie de la population de son espace public habituel, au profit des loisirs d’une autre population. C’est également le cas avec la catégorisation des lieux sur les berges (tel que les parcs pour enfants ou les espaces sportifs, ou bien même les animations éphémères), qui font de l’espace public un jeu, et lui font ainsi perdre son identité et son authenticité, en le banalisant (l’espace public devient universel). Finalement les berges de Seine dans Paris sont un lieu d’expérimentation de l’espace public, où l’on observe des essais d’aménagements censés améliorer le confort en ville. J’ai ainsi pu remarquer que l’accumulation d’activités et d’usages présente sur les berges, dans l’optique de toujours avoir un espace animé, contrôlé et cadré, était en train de faire perdre à l’espace public sa force de lieu de rencontre imprévues et étonnantes. Au delà du sujet des Berges de Seine parisiennes, ce travail m’a fait réaliser que l’espace public évoluait avec son époque, et qu’à l’heure de la globalisation, le phénomène de l’investissement des berges dans les grandes métropoles mondiales devenait la signature et l’identité des villes globales.


Ce sujet centré sur la question urbaine et sociologique du réaménagement d’espaces publics m’a permis d’étudier un aspect de l’architecture qui a selon moi été abordé un peu tard dans le cycle de licence (seulement au S6), portant sur la question de l’espace public. L’aménagement des espaces publics Parisien étant un sujet d’actualité, il me paraîtrait intéressant de pousser ce rapport sur les différents thèmes abordés (temporalité, espaces verts, mixité des usages), qui me semblent tous être des sujets passionnants et qui auraient mérité d’être approfondis. Enfin, l’écriture de ce rapport m’a également amené à me questionner sur l’importance de l’espace public dans la ville, et donc son lien avec les bâtiments (logement, équipement etc). Trop souvent ces derniers ne dialoguent pas assez avec leur environnement social, et l’architecte réfléchi le bâtiment comme un objet. Ce rapport m’a permis au contraire d’avoir une nouvelle vision du projet en architecture, plus intégré à son contexte et lié à son environnement . Ce travail affirme mon souhait de tendre vers le domaine d’étude Territoires de l’Architecture, qui me parait correspondre en de nombreux points à mes centres d’intérêts et à mes envies d’orientation dans l’architecture. Ce DE me permettrait de pousser mes recherches sur la métropole du Grand Paris grâce aux séminaires centrés sur le sujet, ainsi que sur des sujets comme l’aménagement de l’espace urbain et de la stratégie territoriale.

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ESPACE PUBLIC USAGE BERGES LIEU TEMPORALITÉ

Pendant plusieurs siècles la Seine a irrigué Paris pour pratiquement tous ses flux, des marchandises aux flux humains, et les berges étaient centrales dans le fonctionnement de la ville. Après un éloignement à la fin du XXeme siècle, Paris cherche à nouveau à se reconnecter au fleuve en aménageant ses berges et créer un nouvel espace public pour répondre aux évolutions de la société. Ce rapport tendra à montrer comment les aménagements des berges de seine répondent aux nouveaux usages et aux nouvelles temporalités de l’espace public et ce qu’ils apportent à la ville, positivement et négativement.

FLEUVE REINVENTER LA SEINE

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